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10 – « Ce soir à deux heures ou deux heures et demie, il y aura du sang 1». Je cherchais à le calmer et lui dis –« Tu n’es pas électeur, sois sage, ne te mets pas dans de mauvais draps. » » Entre onze heures et midi CAT’SOU rencontre, dans la cour de l’école, Baptiste AUGE « Listrou » qui dépose en ces termes : - « Je vis arriver Alexis PECH, les manches de son gilet de travail relevées jusqu’au coude. Il paraissait fort en colère et je lui demandais ce qu’il avait. Il me répondit :-« J’en veux à un membre du bureau et je veux faire un mauvais coup ». Je lui dis : » « Prends garde, tu as un cou pour la guillotine et celui qui tue doit mourir ». Il répliqua : -« Moi aussi je serais peut-être mort demain ». Vers midi, il retrouve Martin Pierre GALY chez « Jambin ». Ils reboivent de l’absinthe. Pourtant, tous les témoins affirmeront qu’il n’était pas ivre dans l’après-midi. On perd la trace de CAT’SOU jusqu’à deux heures de l’après-midi. A-t-il déjeuné à l’auberge de « Jambin » ou chez Firmin « Jacounet » ? A-t-il encore bu comme à son habitude ? C’est vers deux heures et demie que les faits vont s’emballer. Le scrutin va se clôturer. CAT’SOU revient dans le bureau de vote et se remet à faire du tapage. Le maire lui redemande de sortir puis « comme il s’y refusait, le maire le prit au collet et demanda main forte. Je me présentais avec l’aide d ’AUGE Jacques « Jacounas » et d’ AUGE Alexis « Goulié », garde champêtre. Le maire et moi pûmes le mettre dehors 2 ». Vers trois heures moins le quart, 20 à 25 électeurs 3 arrivent dans la salle de vote. Ils s’assoient sur les tables et font du bruit. Alexis SERIS « Papey », accompagné de son père, demande pourquoi il n’est pas inscrit sur la liste électorale. Profitant de la cohue, CAT’SOU s’approche du bureau et se saisit de l’urne, se précipite dans la cour suivi de tous les électeurs qui se trouvent dans la salle. Une bagarre commence. L’urne tombe dans la cour. CAT’SOU sort le couteau qu’il avait dans la poche et donne un coup à Félix NAN « Larché ». Le couteau est décrit par tous comme ayant une lame de trente à trente cinq centimètres, comme celui avec lequel CAT’SOU tuait les moutons. Il se rue sur le maire, mais est arrêté par Baptiste PECH « Mouton » qui le désarme en lui donnant un coup de poing sur le bras. Le couteau tombe dans la cour des filles par-dessus la murette 3 mètres en contrebas. Le couteau ne sera jamais retrouvé. L’urne retrouve sa place dans le bureau de vote. Félix NAN, appuyé sur le mur, la chemise tachée de sang accuse « C’est le CAT’SOU » avant d’être raccompagné chez lui par son fils Alexis. Il va être examiné par le docteur KANONY : « A notre arrivée nous trouvons le blessé au lit très abattu. A l’examen on découvre dans la région épigastrique une plaie dirigée transversalement, à bords nettement découpés. Cette blessure longue de 25 millimètres et profonde de 20 millimètres a donné lieu à une « hemorrhagie » abondante qui a produit l’état de prostration dans lequel se trouve le blessé.»… « Nous estimons que le nommé NAN Félix n’est pas en danger de mort des suites de la blessure ; mais qu’il subira une incapacité de travail totale et temporaire d’environ trente jours. » Qu’est devenu notre CAT’SOU pendant ce temps ? 1 Déclaration contestée par CAT’SOU 2 Déposition de Michel MIR, instituteur 3 Certains affirmeront 60 Bibliothèque municipale de Toulouse. Eugène TRUTAT Gendarme à cheval 1893
Il a tout simplement continué son petit bonhomme de chemin, en redescendant boire dans les tavernes du village. Pourtant, durant la nuit les événements vont s’aggraver ; Félix NAN meurt des suites d’une péritonite suraigüe consécutive à sa blessure. Le 7 mai, le coupable est arrêté et incarcéré à Tarascon avant d’être conduit le 9 mai à la prison de Foix. Un procès-verbal de gendarmerie signalera que CAT’SOU a refusé de faire le trajet à pied. L’intime conviction du juge d’instruction Armand DUFAU de MALUGUER sera vite forgée et l’affaire rondement menée. CAT’SOU accuse : -« ils m’ont payé et c’est Abel FRANC qui devait emporter l’urne avec moi et c’est Martin Pierre GALY qui m’a donné le couteau et 1 franc ». Les intéressés se défendent. Honoré DAUMIER Les humoristes de Jadis. Source : GALLICA Abel FRANC déclare : -« Je me serais bien gardé de fréquenter Alexis PECH avec lequel je suis brouillé. Il y a une quinzaine de jours, en effet, dans l’après-midi, je me trouvais avec lui, Jeannou « Sarragouéne » et le nommé Louis (qui est sourd) dans l’auberge de la « Hanchette » où nous bûmes une bouteille et demie de vin. Nous nous rendîmes ensuite à l’auberge « Jacounet » où nous bûmes quatre litres. Il refusa de payer son écot entier et nous échangeâmes quelques injures ; puis nous jetant l’un sur l’autre nous roulâmes à terre ; il m’a mordu aux deux pouces et à la main gauche. Ayant crié au secours, il m’a lâché et s’est enfui. Je ne lui ai pas parlé depuis cette époque ». Le 13 juin, le juge remet ses conclusions. 11
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