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Sur la littérature de langue basque au XVIIIe siècle

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artxibo-00632795, version 1 - 15 Oct 2011<br />

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Elles étaient même pour une <strong>la</strong>rge part improvisées, et souvent condamnées ou<br />

même interdites par les <strong>au</strong>torités. C'est ce qui explique en partie que, bien que<br />

perpétuant une tradition ancienne, signalées par les <strong>au</strong>teurs pour les XVI e<br />

(Oyhénart) et XVI? (Isasti) <strong>siècle</strong>s, peu <strong>de</strong> manuscrits en aient été s<strong>au</strong>vés.<br />

Le recueil <strong>de</strong> P. Urkizu contient une <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> pièces, plus ou moins<br />

complètes, datées <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du XVIII e<br />

<strong>siècle</strong>. Elles sont “écrites” en quatrains<br />

d'hémistiches selon l'usage, c'est-à-dire réellement en distiques <strong>de</strong> vers longs et<br />

en général inég<strong>au</strong>x (<strong>au</strong>tour <strong>de</strong> 15 syl<strong>la</strong>bes selon <strong>la</strong> vieille tradition). Leurs titres,<br />

traduits en français dans <strong>la</strong> mesure du possible, sont : “Le fabricant d'e<strong>au</strong>-<strong>de</strong>-vie<br />

et sa femme” (le thème apparaît <strong>au</strong>ssi dans les poésies satiriques du temps dénonçant<br />

les immoralités mo<strong>de</strong>rnes), Ba<strong>la</strong> eta vilota sans doute “La Balle (c'est le<br />

nom du mari) et La Pelote (celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme)”, Boubane (encore le mari) eta<br />

Chillober<strong>de</strong> (<strong>la</strong> traduction du nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme serait un peu inconvenante...),<br />

“Çabalçar (qui rappelle un nom <strong>de</strong> carnaval directement lié à ces spectacles : le<br />

“San Phantzar” bien connu cité dans une pièce du recueil...) et sa famille",<br />

“Chiberoua (c'est “La Soule”, lieu privilégié <strong>de</strong>s pastorales et <strong>de</strong>s farces, un <strong>au</strong>tre<br />

personnage se nomme Arnegui..., mais ici nom d'homme) et Marceline” (longue<br />

pièce <strong>de</strong> 436 versets), “Jouanic hobe (c'est une phrase : “il v<strong>au</strong>t mieux partir” !)<br />

et Ar<strong>la</strong>ita”, “Petit-Jean et S<strong>au</strong>badine” (daté <strong>de</strong> 1769 et <strong>de</strong> S<strong>au</strong>guis)...<br />

4. La poésie<br />

Puisque les Basques ont “assez (ce qui veut dire alors “suffisamment”) d'inclination<br />

à <strong>la</strong> poésie” comme le dit Oyhénart, il f<strong>au</strong>t s'attendre à ce que le XVIII e<br />

<strong>siècle</strong> ait <strong>la</strong>issé une production importante. Et pourtant les textes poétiques<br />

conservés <strong>de</strong> cette époque, si l'on excepte le théâtre versifié, ne forment pas un<br />

bien gros recueil. Du moins y en a-t-il et <strong>de</strong> genres suffisamment divers et d'assez<br />

bonne facture pour <strong>la</strong>isser <strong>au</strong>ssi à <strong>la</strong> poésie <strong>basque</strong> sa p<strong>la</strong>ce, dans ce <strong>siècle</strong> <strong>au</strong><br />

fond peu poétique sinon peu adonné <strong>au</strong> vers (Rousse<strong>au</strong>, c'est bien connu, les faisait<br />

comme exercices pour bien écrire... en prose !).<br />

Après Oyhénart. comme avant lui, <strong>la</strong> poésie <strong>basque</strong> passe par le chant (mais<br />

c'est ce que faisaient <strong>au</strong>ssi toutes les poésies anciennes, du moins strophiques, et<br />

<strong>au</strong> XV e<br />

<strong>siècle</strong> on mettait en musique les sonnets <strong>de</strong> Ronsard) ; et le chant structure<br />

<strong>la</strong> strophe <strong>de</strong>s poètes <strong>au</strong> XVIII e<br />

<strong>siècle</strong> comme plus tard, en forme parfois<br />

simple <strong>de</strong> quatrains à <strong>de</strong>ux rimes suivies ou croisées, parfois <strong>de</strong> vieux "tercets<br />

inég<strong>au</strong>x monorimes" : on est alors proche du style improvisé, normalement<br />

monorime. Mais les poètes du XVIII e<br />

<strong>siècle</strong> préfèrent <strong>de</strong>s formes plus complexes,<br />

correspondant <strong>au</strong>x chants alors à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, comme ce “pentagramme” Besta ona<br />

“Bonne fête” anonyme <strong>de</strong> 1766, qui combine <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> 4, 6 et 5 (d'où son nom)<br />

syl<strong>la</strong>bes à rimes croisées et suivies :<br />

Besta huntan<br />

cer dirot offrenda<br />

flocatchotan<br />

çaitçunic agrada<br />

Suntsun chirolec<br />

et 'atabalec<br />

ez duquete<br />

eguin beguitarte.

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