—<strong>Anguillulose</strong> de l’immunocompétent • Phase de pénétration cutanée Elle se traduit par une dermatite d’inoculation avec sensation de brûlure ou de picotements puis par l’apparition d’une éruption érythématomaculeuse prurigineuse qui persiste 24 à48heures. • Phase pulmonaire La migration pulmonaire des larves irrite l’arbre trachéobronchique et provoque une simple toux irritative, une dyspnée avec parfois des signes généraux : fièvre, arthralgies et céphalées. Des crises d’asthme peuvent s’observer. • Phase digestive Elle est définie par une triade constituée de symptômes digestifs – douleurs abdominales, diarrhées, parfois nausées et vomissements –, de signes cutanés –prurit anal, éruptions urticariennes et larva currens –, et enfin de signes pulmonaires –toux irritative, douleurs thoraciques intermittentes, crises asthmatiformes, syndrome de Löffler. Des signes généraux peuvent se rencontrer : asthénie, anorexie, amaigrissement ;dans certains cas, la perte de poids peut atteindre 10 à20kg. Cette symptomatologie peut persister durant de nombreuses années en se renouvelant àintervalles irréguliers. —<strong>Anguillulose</strong> de l’immunodéprimé Il existe des formes graves parfois mortelles qui surviennent habituellement dans un contexte de déficit immunitaire. L’action des immunosuppresseurs et des corticothérapies est bien connue. D’autres facteurs interviennent :cancer, hémopathie, greffe rénale, infection àHTLV1. Ces formes malignes regroupent deux aspects : • l’hyperinfection des appareils digestif et pulmonaire avec une majoration des signes cliniques :douleurs abdominales intenses et diffuses, vomissements, diarrhée avec parfois un syndrome de malabsorption, des pneumonies alvéolaires, des abcès et des pleurésies. Les larves sont retrouvées dans le liquide d’aspiration bronchique et les expectorations ; • l’anguillulose disséminée se caractérise par un envahissement de l’ensemble des tissus, ycompris ceux qui sont normalement épargnés par ce parasite. L’issue est fatale dans 50 à90%des cas par complication infectieuse et/ou défaillance multiviscérale. L’atteinte neurologique par diffusion cérébrale des larves aété montrée. Diagnostic biologique —Hémogramme Il montre une hyperéosinophilie souvent très élevée, 50 à60%,enpériode d’invasion ou de réinfestation, et plus modérée, 10 à 30 %, dans les formes latentes. L’évolution est fluctuante, entretenue par les cycles d’auto-infestations. Une éosinophilie normale n’écarte pas le diagnostic, surtout dans des formes disséminées. —Diagnostic parasitologique Il permet de poser le diagnostic de certitude par la découverte de larves de Strongyloides stercoralis dans les selles fraîchement émises. Cependant, la faible ponte des femelles et l’irrégularité de l’élimination des larves exigent de répéter les examens et de pratiquer la méthode d’enrichissement-extraction de Baermann. Cette technique utilise l’hygrotropisme et le thermotropisme des larves. Des techniques de coproculture sur boîte de Pétri sont possibles, qui donnent de très bons résultats. Mais les résultats sont plus longs (2 à7jours). Les œufs et les larves peuvent aussi être mis en évidence dans le liquide d’aspiration duodénale, dans les crachats ou les prélèvements bronchoalvéolaires et LCR au cours des formes disséminées. —Sérologie Elle montre la présence d’anticorps chez 80 à90%des sujets. Des techniques d’immunofluorescence indirecte, d’agglutination conditionnée ou d’immunoenzymologie utilisant des antigènes de larves de Strongyloides stercoralis ou de Strongyloides ratti ont été développées. La spécificité varie de 73 à95%selon les études ; de nombreuses réactions croisées sont observées chez des patients infestés par d’autres nématodes (ascaris, ankylostomes, filaires) ou par des trématodes (douves et schistosomes). Ces examens n’apportent qu’un diagnostic présomptif et doivent être confirmés par l’examen parasitologique. Il faut noter que les anticorps peuvent persister plusieurs années après un traitement, même bien conduit. Traitement Le thiabendazole (Mintezol ® ) a été le traitement de référence, mais deux cures sont souvent justifiées ;cette molécule est assez mal tolérée. L’albendazole (Zentel ® )aaussi été proposé comme une alternative, car mieux toléré, mais il est moins actif et trois cures sont nécessaires.
L’ivermectine (Stromectol ® )est actuellement proposée àlaposologie de 200 μ g/kg/j en prise unique et par cures de 2à3jours consécutifs. Nicolas X, Chevalier B, Klotz F. Anguillule et anguillulose. EMC –Maladies Infectieuses 2004 ;8-514-A-60, 11 p. Rey Ph, Debonne JM, Bredin Ch, Klotz F. Colites parasitaires et immunodéficiences. Acta Endoscopica 2006 ;36/3 :343-355.