dossier - Solidar Suisse
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DOSSIER<br />
LA COUPE DU MONDE DE FOOTBALL 2014<br />
AU BRESIL<br />
Le 15 juin marque le début de la Coupe des confédérations au Brésil, qui peut être considérée<br />
comme la répétition générale du Mondial de football qui aura lieu dans une année. De nombreuses<br />
personnes n’ont cependant aucune raison de se réjouir, car les préparatifs de la<br />
Coupe du monde s’accompagnent d’expulsions forcées, de violations des droits humains et<br />
d’exploitation. <strong>Solidar</strong> <strong>Suisse</strong> résume ici les aspects les plus condamnables.<br />
Les matchs de la Coupe des confédérations, qui se tiendra au Brésil du 15 au 30 juin, se joueront<br />
pour la première fois dans six des 12 stades du Mondial qui ont été construits ou rénovés pour<br />
l’occasion. Il s’agira de la répétition générale de la Coupe du monde de 2014.<br />
Evènement festif? Pas pour tout le monde!<br />
La Coupe du monde, qui se déroulera au Brésil du 12 juin au 13 juillet 2014, est présentée comme le<br />
plus grand événement footballistique de tous les temps. Pourtant, tout le monde ne profite pas de<br />
cette fête. Expulsions forcées, atteintes aux droits humains et exploitation ternissent les préparatifs du<br />
Mondial. Les personnes qui en souffrent sont justement celles qui vivent déjà dans la pauvreté. Il n’est<br />
toutefois pas encore trop tard pour faire évoluer cette situation. La FIFA pourrait encore transformer<br />
cette Coupe du monde en une fête pour toutes et tous, en s’engageant contre les atteintes aux droits<br />
de la personne humaine et contre l’exploitation auprès du gouvernement brésilien et en oubliant l’idée<br />
d’obtenir des bénéfices à n’importe quel prix.<br />
Evacuations forcées des favelas<br />
L’Articulation nationale des comités populaires de la<br />
coupe (ANCOP) s’oppose aux expulsions organisées<br />
en prévision du Mondial. Le 28 mai 2013; elle a incité<br />
le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies,<br />
à Genève, à intervenir auprès du gouvernement<br />
brésilien pour faire cesser les évacuations forcées.<br />
Depuis le début des travaux pour la Coupe du monde<br />
2014 et les Jeux olympiques 2016, au moins<br />
200 000 personnes ont été expulsées de leur<br />
logement. Des quartiers entiers ont dû laisser place à la construction de stades et d'infrastructures<br />
comme des routes ou des aéroports. Parfois, les personnes disposaient de seulement 24 heures pour<br />
quitter leur maison. Celles ou ceux qui refusaient de partir ou qui opposaient de la résistance étaient<br />
évacué-e-s par la police. Certains logements ont été démolis sans avertissement préalable.<br />
D’après le droit brésilien, les habitant-e-s des favelas ont le droit au sol sur lequel est implantée leur<br />
maison et, par conséquent, ils doivent être consultés avant d’être délogés et ont droit à une indemnisation.<br />
Tous ces droits ont été bafoués en prévision du Mondial: les personnes ont été déplacées vers<br />
l’extrême périphérie des villes, à des dizaines de<br />
kilomètres de leur lieu de résidence initial, sans avoir<br />
été consultées. Ecoles, services de santé ou emplois<br />
s’y font rares. Les personnes qui jusque-là avaient un<br />
travail ne peuvent souvent plus y accéder en raison<br />
du manque de transports publics.<br />
A Genève, l’ANCOP a diffusé la vidéo «Fifa Worldcup<br />
2014 – who wins this match?», qui dénonce les<br />
expulsions et donne aux victimes la possibilité de
s’exprimer. Elle a déjà déposé plainte auprès de la rapporteuse spéciale de l’ONU pour le droit au<br />
logement Raquel Rolnik et des entités responsables des procédures régulières de réexamen de la<br />
situation des droits de la personne humaine au Brésil. Raquel Rolnik exige, elle aussi, la fin des évacuations:<br />
«Suite au manque actuel de dialogue, de négociation et de réelles participations en matière<br />
de conception et de mise en œuvre des projets pour la Coupe du monde et les Jeux olympiques, les<br />
autorités de tout niveau devraient mettre fin aux expulsions prévues jusqu'à ce qu’un dialogue et des<br />
négociations puissent être engagés.»<br />
Larissa Araùjo, représentante du réseau des comités populaires, est à votre disposition pour vous<br />
donner encore plus d’informations sur les réactions du gouvernement brésilien et sur la situation sur<br />
place (voir coordonnées au bas du présent document).<br />
Marchand-e-s de rues<br />
La politique de la FIFA a également des conséquences dramatiques pour les marchand-e-s de rues.<br />
La FIFA exige, comme toujours lors d'évènements d'une telle ampleur, des droits de vente exclusifs<br />
pour elle-même et pour ses partenaires (Visa, Adidas, Budweiser, Coca<br />
Cola, etc.). La loi-cadre de la Coupe du monde prévoit des zones fermées<br />
aux abords des stades. Par ailleurs, la FIFA est parvenue à faire<br />
supprimer l’interdiction de vente d’alcool à l’intérieur des stades<br />
(initialement prévue pour éviter des actes de violence). Ces dispositions<br />
permettront à la FIFA de gagner des milliards, alors qu’elles menacent<br />
l’existence des marchand-e-s de rues. Ces derniers perdent en effet leurs<br />
emplacements de vente.<br />
Selon StreetNet International, fédération mondiale des marchand-e-s de<br />
rue, les licences des marchand-e-s de rues travaillant dans les villes hôtes<br />
ont déjà été retirées ou n’ont plus été prolongées à partir de l’année<br />
dernière et aucune nouvelle licence n’a été attribuée dans les centres<br />
touristiques. La répression policière dans les centres-villes a augmenté:<br />
les marchand-e-s se voient confisquer leurs marchandises sans<br />
compensation et assistent, impuissants, à la destruction de leurs lieux de vente. Ils doivent payer des<br />
amendes et sont victimes de violences physiques. En outre, beaucoup de marchand-e-s de rues ont<br />
perdu leur emplacement dans le centre-ville. Ils ont dû laisser place aux chantiers de construction des<br />
infrastructures liées à la Coupe du monde ou aux Jeux olympiques. Leur déplacement en périphérie<br />
des villes fait chuter leurs revenus et menace leur existence.<br />
Jusqu’à 300 000 marchand-e-s de rues pourraient être victimes de ces déplacements. Pour remplacer<br />
le commerce de rue, certaines autorités municipales ont fait<br />
construire des centres commerciaux. Mais ces centres n’offrent<br />
pas de place à tous les marchand-e-s de rue; ils sont souvent<br />
privés et trop chers – ou trop éloignés du centre-ville.<br />
C’est pourquoi StreetNet International exige que la FIFA modifie<br />
sa politique en matière de licences. La FIFA doit de plus<br />
pousser les autorités des villes hôtes à dialoguer avec les organisations<br />
locales de marchand-e-s de rues, afin de trouver<br />
des alternatives adéquates pour le commerce local.<br />
Construction de stades<br />
Les conditions de travail sur les chantiers des stades au<br />
Brésil sont souvent précaires. A ce jour, plus de<br />
500 000 ouvriers et ouvrières ont fait grève pour protester<br />
contre des salaires trop bas et des conditions de travail<br />
précaires. Beaucoup de ces grèves ont jusqu’ici porté leurs<br />
fruits: certaines des revendications des ouvriers et des<br />
ouvrières, telles que les augmentations de salaire et les<br />
indemnisations d’heures supplémentaires, leur ont été<br />
octroyées. Certains stades sont toujours en construction: la<br />
réouverture du stade Maracanã, à Rio de Janeiro, a ainsi<br />
dû être reportée trois fois et a déjà coûté une fois et demie<br />
la somme prévue. Malgré les protestations, l’ancien musée<br />
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de l’Indien, bâtiment historique situé à proximité du stade, a été évacué au mois de mai. L’une des<br />
exigences de la FIFA était que le musée soit remplacé par des parkings et des voies d’accès.<br />
Pour plus d’informations concernant l’avancement des chantiers et les conditions de travail des ouvriers<br />
et ouvrières, contactez Mauricio Rombaldi, coordinateur de campagne pour la Fédération syndicale<br />
internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) (voir coordonnées au bas du présent<br />
document).<br />
Débâcle de 2010 en Afrique du Sud…<br />
Il est très probable que la Coupe du monde au Brésil se transforme en une débâcle similaire à celle<br />
qui a eu lieu en Afrique du Sud. Le premier Mondial organisé en Afrique a déçu de nombreuses personnes.<br />
Alors que la FIFA et ses partenaires ont enregistré d’importants bénéfices, l'Etat sud-africain<br />
a dû faire face à des coûts dépassant de 1709% les prévisions. Et pour l’Afrique du Sud, le bénéfice<br />
attendu de 700 millions de francs suisses s’est transformé en une perte de 2,8 milliards.<br />
La FIFA, a au contraire engrangé 3 milliards de francs suisses, le plus grand bénéfice de son histoire.<br />
Ses recettes ont augmenté de 50% par rapport à la Coupe du monde 2006 en Allemagne. Parmi les<br />
dix stades construits ou agrandis, trois au moins sont des «éléphants blancs»: ils sont bien trop<br />
grands pour pouvoir être exploités de manière rentable après le Mondial. Ils ont été construits suite à<br />
la pression exercée par le FIFA, malgré les objections de l'Association sud-africaine de football. Selon<br />
les estimations de l’ONU, près de 20 000 personnes ont été expulsées de leur logement pour permettre<br />
la construction, entre autres, de ces infrastructures. Environ 100 000 marchand-e-s de rue ont<br />
perdu les ressources leur permettant de vivre. La population n’a pas profité de cette Coupe du monde.<br />
Bien au contraire! Le gouvernement a réduit les prestations sociales pour compenser les pertes encourues.<br />
Un récapitulatif des principales conclusions de ce bilan est disponible à l’adresse<br />
suivante: http://www.solidar.ch/data/F03E3903/Bilan_Mondial_%202010_en%20bref.pdf<br />
…nouvelle débâcle au Brésil en 2014?<br />
Il semble qu’au Brésil la FIFA et ses partenaires profiteront de nouveau de la Coupe du monde, mais<br />
pas la majorité de la population.<br />
C’est pourquoi <strong>Solidar</strong> <strong>Suisse</strong> exige que la FIFA:<br />
• renonce aux évacuations de marchand-e-s de rues et au<br />
«nettoyage» des favelas par souci d’image; consulte et<br />
dédommage les personnes concernées si des déplacements sont<br />
absolument nécessaires;<br />
• garantisse des conditions de travail et des salaires équitables;<br />
• fasse payer des impôts sur leurs bénéfices à tous ceux et toutes<br />
celles qui profitent de la Coupe du monde – et qu’elle applique<br />
aussi cette règle à elle-même.<br />
Si vous avez d’autres questions concernant la Coupe du monde de football au Brésil, contactez les<br />
organisations ci-dessous:<br />
<strong>Solidar</strong> <strong>Suisse</strong>:<br />
Alexandre Mariéthoz, chargé de communication francophone, alexandre.mariethoz@solidar.ch,<br />
+41 79 203 96 37, www.solidar.ch/brazil<br />
Dossier de <strong>Solidar</strong> <strong>Suisse</strong> sur la Coupe du monde de football 2014 au Brésil, datant d’avril<br />
2012:http://www.solidar.ch/data/0DF06392/Dossier_layout_F.pdf<br />
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Expulsions<br />
Articulação Nacional dos Comitês Populares da Copa (Articulation nationales des comités<br />
populaires de la coupe, ANCOP),<br />
Larissa Araùjo représentante du réseau des comités populaires: +55 61 96845609<br />
Le réseau des comités populaires est constitué de mouvements sociaux, d’organisations de base, de<br />
représentant-e-s des communautés concernées, de scientifiques et d’autres personnes critiquant la<br />
procédure utilisée pour construire et rénover les stades pour la Coupe du monde et les Jeux olympiques.<br />
Informations concernant les ANCOP de différentes villes hôtes:<br />
http://portalpopulardacopa.org.br/<br />
Vidéo «Fifa Worldcup 2014 – who wins this match?» (en anglais, 10 min.):<br />
http://www.solidar.ch/index.cfm?ID=60E600F5-BDE0-1A1E-0DB324E1CE5EBB71&dtl=1824<br />
Marchand-e-s de rues<br />
StreetNet International, Fédération mondiale des marchand-e-s de rue:<br />
http://www.streetnet.org.za/index.php<br />
Construction de stades<br />
Fédération syndicale internationale des travailleurs du bâtiment et du bois IBB, coordinateur de<br />
campagne, Mauricio Rombaldi: mauricio.rombaldi@bwint.org<br />
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