CONNAISSANCES BOTANIQUES - Université d'Alger

L'EXPLORATION SCIENTIFIQUE OFFICIELLE 47
de l'autre le minéralogiste Ruvergie l, qui par goût et sans y
être obligé récolte aussi des plantes avec intelligence, et
Durieu 2 est tellement entendu, infatigable et fort, qu'il
suffirait seul pour terminer une flore, sur cinq
carrées,
cents lieues
en deux ans. Je n'ai jamais connu un botaniste pareil
pour le zèle, la patience, le savoir et l'art de dessécher des
échantillons aussi nombreux qu'élégants. Je le tiens dans ce
moment au canton de la Calle où l'on peut circuler en sécurité
et pénétrer à cinq, dix et vingt lieues dans le pays. Vous
n'avez pas d'idée de la richesse de cette bizarre contrée, dont
la température est d'une presque parfaite égalité,
ce qui
donne à sa végétation un caractère tout particulier. Il y a
de grandes forêts, des lacs d'eau douce et des lacs salés, j'y
ai vu des plantes que j'avais trouvées à l'Ile de France, mêlées
à des plantes de chez nous, Desfontaines J
y
a laissé échapper
les Nymphœa alba et lutea avec le Trapa natans ; il dit y avoir
vu le Quercus Robur, qui n'y a jamais existé,
et n'a pas vu
notre magnifique Quercus Mirbeckii que nous avons découvert
et qui est l'un des plus singuliers et magnifiques ornements
des bois. Je vous avoue qu'on herborisait, alors, d'une manière
bien légère, puisqu'en 14 mois,
n'ayant pas vu la moitié du
pays que parcourut notre illustre devancier qui resta, je crois,
trois ans, nous possédons déjà trois fois plus d'espèces que
1. Ravergie, minéralogiste,
scientifique de l'Algérie,
et de Philippeville.
membre de la Commission d'Exploration
a herborisé de 1840 à 1842 aux environs d'Alger
2. Voir la note 2, p. 41.
3. Desfontaines (René Louiche), professeur de botanique au Muséum,
membre de l'Institut, a exploré, de 1783 a 1786, les Régences de Tunis et
d'Alger et a publié le Flora Atlantica, Paris, 1798-1800, 2 vol. in-4° et atlas
de 201 pl.