Europ Auction - Vente <strong>de</strong> prestige - Catégorie : mobilier et objets d'art 37
38 73 Europ Auction - Vente <strong>de</strong> prestige - Catégorie : mobilier et objets d'art BUREAU MAZARIN À CAISSONS en marqueterie Boulle d'écaille <strong>de</strong> tortue teintée rouge, <strong>la</strong>iton, nacre et <strong>la</strong>iton teinté. Il ouvre par six tiroirs disposés trois à trois autour <strong>de</strong> trois tiroirs en retrait. Il repose sur huit pieds en oblique réunis quatre à quatre par <strong>de</strong>s entretoises en X et terminés par <strong>de</strong>s pieds toupies. Ce bureau est richement décoré d'après l'ornemaniste Jean Bérain. Le p<strong>la</strong>teau présente ainsi un personnage coiffé d’un chapeau asiatique sous un dais entouré d'oiseaux et <strong>de</strong> chiens, on retrouve également quatre autres personnages aux angles. Le tout dans un univers composé <strong>de</strong> volutes en première partie et contre partie dévoi<strong>la</strong>nt un étonnant bestiaire animalier. Attribué à Nico<strong>la</strong>s SAGEOT, (1666-1731) reçu maître en 1706. Époque Louis XIV H 80, L 131, P 71 cm Bibliographie : Pierre Grand, " Le mobilier Boulle et les ateliers <strong>de</strong> l'époque " in l'Estampille / Objet d'art, n° 266, février, 1993. Ce bureau <strong>de</strong> forme rectangu<strong>la</strong>ire présente un somptueux décor en marqueterie Boulle et constitue une <strong>de</strong>s innovations majeures <strong>de</strong> l'ébénisterie sous le règne <strong>de</strong> Louis XIV. Le personnage central rappelle par son costume les fameux siamois qui vinrent en ambassa<strong>de</strong> à Versailles, en 1686, et qui frappèrent l'esprit <strong>de</strong>s contemporains. Ce bureau, outre sa forme caractéristique propre au Grand Siècle, est remarquable par son décor en marqueterie, où le <strong>la</strong>iton dominant se détache sur un fond d'écaille rouge. L'ensemble du meuble est ainsi décoré ; le p<strong>la</strong>teau, les tiroirs, les pans coupés mais aussi les pieds dont <strong>la</strong> cambrure rend très délicat le recours à cette technique. Le décor représenté où se déploient à l'envie guir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>s, draperies légères, <strong>la</strong>mbrequins, animaux et figures <strong>de</strong> grotesques sous <strong>de</strong>s baldaquins trouvent son inspiration dans l'Oeuvre du plus éminent ornemaniste sous Louis XIV, Jean Bérain (1639-1711), « Dessinateur <strong>de</strong>s Menus P<strong>la</strong>isirs du Roi ». Un tel décor se rapproche fortement d'un bureau réalisé par Nico<strong>la</strong>s Sageot (1666 - 1731), illustre représentant <strong>de</strong> <strong>la</strong> marqueterie Boulle au tout début du XVIII° siècle (Musée du Petit Pa<strong>la</strong>is). Nous pouvons situer les débuts <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Sageot aux environs <strong>de</strong> 1690. Nous savons que dès 1698 son atelier est suffisamment développé pour employer <strong>de</strong>ux alloués. Nico<strong>la</strong>s Sageot travaille comme ouvrier libre, Gran<strong>de</strong>-Rue du Faubourg Saint-Antoine jusqu'à l'obtention <strong>de</strong> sa maîtrise en 1706. La prospérité <strong>de</strong> Sageot va croissant ; en 1711 lors <strong>de</strong> son mariage avec Marie-Brigitte Roussel, fille <strong>de</strong> l'ébéniste Jacques Roussel, il déc<strong>la</strong>re possé<strong>de</strong>r 12 000 livres <strong>de</strong> biens, essentiellement en marchandises, ce qui est remarquable. En 1720, il a alors cinquante-quatre ans, il liqui<strong>de</strong> son atelier et vit <strong>de</strong> ses rentes. Plusieurs documents attestent cette cessation d'activité, tout en nous renseignant sur sa production. Il passe, en effet, <strong>de</strong>ux importants marchés commerciaux. Le premier avec Léonard Prieur, " marchand mercier grossier joaillier privilégié suivant <strong>la</strong> Cour ". Sageot lui vend pour 16 000 livres <strong>de</strong> meubles dont le détail figure dans <strong>la</strong> quittance : armoires à dômes, commo<strong>de</strong>s, bureaux, tous en marqueterie <strong>de</strong> cuivre et d'écaille <strong>de</strong> tortue et ornements <strong>de</strong> bronze doré. Ce marché révèle l'importante activité <strong>de</strong> l'atelier au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> cessation d'activité <strong>de</strong> l'ébéniste. Nous constatons, que Sageot a doublé ses biens <strong>de</strong>puis son mariage en 1711. Cette fortune, tout à fait remarquable chez un ébéniste <strong>de</strong> cette époque est un élément important pour nous convaincre <strong>de</strong> <strong>la</strong> réussite <strong>de</strong> cet atelier. Le talent <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Sageot s'illustre particulièrement dans <strong>la</strong> création <strong>de</strong> bureaux à caissons ou commo<strong>de</strong>s richement marquetés. Son travail est très <strong>la</strong>rgement inspiré par l'œuvre <strong>de</strong> Jean Berain, " Dessinateur <strong>de</strong>s Menus P<strong>la</strong>isirs du Roi " qui développe un répertoire ornemental d'une gran<strong>de</strong> richesse, ce qui permet à Nico<strong>la</strong>s Sageot <strong>de</strong> varier ses compositions. Nico<strong>la</strong>s Sageot révèle ainsi toutes les facettes <strong>de</strong> l'esthétique Louis quatorzienne incarnée par Jean Berain. 130 000/150 000