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en VILLe >> Handicap : témoignage
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Vivre et travailler
avec un handicap
Le handicap n’est pas toujours visible. Il peut être clairement et définitivement quantifié ou évolutif. Pour des personnes atteintes
d’un handicap évolutif, s’insérer dans la société est réellement problématique. Guillaume Robert, victime d’un infarctus à 24 ans,
nous apporte son témoignage.
En septembre 2011, la ville de
Bischheim lançait une concertation
en vue d’élaborer une charte dont
l’objectif est d’améliorer l’intégration des
personnes en situation de handicap à la vie
de la cité. Cette future charte se basera sur
la loi du 11 février 2005 ayant pour objectif
de garantir l’accessibilité de tout pour
tous et de tous à tout. L’un des points forts
de cette loi de 2005 est d’avoir défini le
handicap au sens large. Car le handicap ne
se voit pas forcément et il revêt des formes
très diverses.
Les personnes atteintes « d’un mal
invisible », par exemple, rencontrent
des difficultés souvent méconnues ou
peu prises en compte dans la société. La
nécessité de se justifier au quotidien est
source de complications supplémentaires,
ce dont témoigne Guillaume Robert, 30
ans, devenu auto-entrepreneur par la force
des choses.
un handicap qui fait peur
Titulaire d’un bac pro de maintenance
des systèmes mécaniques automatisés,
d’un diplôme de cariste et d’un autre de
technicien de maintenance de systèmes
informatiques, Guillaume Robert
s’apprêtait à débuter un contrat au trésor
public lorsqu’il fut victime (3 jours avant)
d’un infarctus alors que rien, dans son
histoire ou son comportement, ne l’y
prédisposait. Après deux années de soins
et de rééducation, il est reconnu handicapé
par la MDPH (Maison Départementale des
Personnes Handicapées) dans une tranche
allant de 50 à 80%. « Le problème est que
ce handicap est évolutif. Il peut s’aggraver
et un nouvel infarctus pourrait avoir des
conséquences dramatiques » explique
Guillaume.
Après une période psychologiquement
difficile, Guillaume a dû se reconstruire,
apprendre à vivre « avec une épée de
Damoclès au-dessus de la tête » et renoncer
à ses projets professionnels. « Je ne dois pas
porter de charges lourdes, éviter le stress,
conduire avec une autorisation spéciale,
me protéger en période de grand froid ou
de canicule,… ce qui m’empêche d’exercer
le métier pour lequel je m’étais formé. Or,
une pension d’invalidité ne suffit pas pour
vivre. J’ai postulé à des postes que je pourrais
assumer mais personne ne veut prendre le
risque d’embaucher une personne avec un
handicap évolutif. Ma seule chance serait
de trouver un poste de salarié handicapé
dans la maintenance informatique mais les
offres sont rares ». Malgré ses traitements,
Guillaume Robert est pourtant en mesure
de travailler.
Se créer un emploi
« J’ai décidé en 2009 de créer une entreprise
d’assistance et de dépannage informatique à
domicile. Je suis un passionné d’informatique
et je peux sans problème intervenir chez des
particuliers ou dans des entreprises pour
installer des connexions, sécuriser un réseau,
former du personnel, …. En deux ans, j’ai
réussi à développer une clientèle sur la CUS et
le bouche-à-oreille fonctionne bien. Comme
pour tout entrepreneur, la demande est
fluctuante mais je suis content car le travail
me permet d’être actif. Je commence, peu à
peu, à être capable de repenser à ce jour où
j’ai eu mon infarctus. Je l’avais jusqu’à présent
occulté car c’était trop douloureux » précise
Les cahiers de Bischheim • MARS - AVRIL 2012
Guillaume Robert a dû s’adapter pour s’insérer au mieux dans la société.
Guillaume. Douloureuse aussi la nécessité,
pour ce grand jeune homme qui semble
en pleine forme, de devoir se justifier
dans le bus ou ailleurs pour s’asseoir, de
s’excuser de ne pouvoir porter une charge
lourde. « Je me suis souvent dit que, quitte
à avoir un handicap, je préférerais un bras
coupé ou quelque chose qui se voit, qui est
définitif et avec lequel on apprend à vivre en
s’adaptant » poursuit Guillaume.
Accepter son handicap, s’adapter,
Guillaume n’a pas vraiment eu le choix. Son
souhait ? « Que la société soit aujourd’hui plus
ouverte aux handicapés. Si l’amélioration des
infrastructures semble évidente comme le
prévoit la loi de 2005, il faudrait aussi que les
mentalités évoluent et que le handicap, quel
qu’il soit, cesse de faire peur ».
Star Komputer
Guillaume Robert
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Nicolas Target