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N°1 - Imbolc 2008 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier

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Bull<strong>et</strong>in des bosqu<strong>et</strong>s <strong>et</strong> clairiÄres de la FÅdÅration <strong>Druidique</strong> des Enfants de la Terre<br />

Sommaire<br />

Page 1 Sommaire <strong>et</strong> éditorial<br />

Page 2 Le culte des pierres – Britt<br />

Page 6 Hallstatt - Aodhfin Eoghan<br />

Page 9 Les fluides de la Lune- Bran<br />

Page 10 Le Druide Juge- Kermailune<br />

Page 11 Cosmogonie <strong>et</strong> poésie<br />

<strong>du</strong> rite- Bran<br />

Page 12 Les trois Druides – Aodhfin<br />

Page 17 La vieille – Eber<br />

Page 21 Simples <strong>du</strong> Lieu<br />

Astur & Armana<br />

Page 26 Idées lecture – Brigana<br />

Editorial<br />

<strong>N°1</strong> <strong>Imbolc</strong> <strong>2008</strong><br />

Les huit voiles de l’annÅe<br />

Quatre voiles au soleil<br />

Quatre voiles à la terre<br />

Poison ou élixir des huit coupes sacrées<br />

Douces ou amères, il faut boire <strong>et</strong> digérer<br />

Equinoxes <strong>et</strong> solstice, A la bonne heure<br />

Saurais je reconnaître la vieille saveur<br />

Debout face à ce qui descend.<br />

Equilibre d’ombre <strong>et</strong> de lumière<br />

ou arrêt <strong>du</strong> grand luminaire<br />

Un sperme fécondant pénètre la Terre,<br />

la matière, la Terra Mater<br />

Je contemple les quatre aurores, je suis présent<br />

Puis tenir, quarante jours en ma chair, incubant.<br />

De c<strong>et</strong>te gestation émergeront dans mon aire Froids <strong>et</strong><br />

brillants : <strong>Imbolc</strong>, Beltaine Chaud <strong>et</strong> sombre : Lugnasad<br />

<strong>et</strong> Samhain<br />

Ainsi se danse la rouelle des âges<br />

Qu’en mes saisons je sache franchir, vibrant, les huit<br />

voiles<br />

Le chant de mes mémoires s’élève alors d’une octave<br />

Bran<br />

La rouelle un des symboles les plus universels <strong>du</strong> monde celtique. Il dit les fluctuations de la vie, le<br />

rythme des saisons, le cercle des Humains, la célébration de l’année.<br />

Le Rouelle titre de notre bull<strong>et</strong>in. Nouveau bull<strong>et</strong>in, nouveau cycle , nouvel ordonnancement des<br />

choses.<br />

Le vent froid de Samonios est passé par là., balayant quelques unes de nos certitudes, de nos repères.<br />

A succédé la période la plus sombre, celle où plus rien ne semble possible , où tout semble enfoui à<br />

jamais dans la Terre gelée.<br />

Puis vient <strong>Imbolc</strong>, lumière blanche des aurores. Une Lumière nouvelle , encore froide mais portant en<br />

elle le germe <strong>du</strong> devenir. Manifestant cela : ce modeste bull<strong>et</strong>in. Voici donc le numéro un de la<br />

Rouelle. Fidèle à ses racines <strong>et</strong> pourtant porteur de renouveau. Bonne lecture à tous<br />

Eber<br />

Page 1


Du culte des pierres<br />

En 538 le synode d’Auxerre stigmatise<br />

ceux qui rendent un culte aux fontaines,<br />

aux bois <strong>et</strong> aux pierres. Voilà qui<br />

naturellement va éveiller notre attention.<br />

Bien mystérieux est ce culte des pierres<br />

maintes fois interdit par le christianisme.<br />

Une brève recherche montre qu’il s’agit là<br />

d’un culte universellement répan<strong>du</strong><br />

puisqu’il fera l’obj<strong>et</strong> d’interdictions<br />

également au Moyen Orient.<br />

Ces interdictions sont autant d’indices qui<br />

nous laissent supposer que les cultes<br />

naturalistes faisaient partie intégrante des<br />

religions païennes. Reste à savoir si ce<br />

culte était représentatif de l’ensemble des<br />

croyances ou s’il n’en constituait qu’une<br />

partie. Peut-être lié à la troisième<br />

fonction ?<br />

Pierres levées, rochers « marqués » ou<br />

rochers zoomorphes, pierres à<br />

cupules…sont souvent l’obj<strong>et</strong> de folklore.<br />

Il s’agit toujours de pierres remarquables<br />

par leur forme ou leur origine.<br />

La toponymie reflétant souvent l’intérêt<br />

qu’elles suscitaient.<br />

Il est assez peu de régions qui soient<br />

totalement exemptes de « pierres à<br />

légendes ».<br />

Et bien que beaucoup aient été détruites,<br />

déplacées ou recouvertes par des<br />

monuments plus récents il reste encore<br />

beaucoup de lieux propices à célébrer les<br />

anciens cultes.<br />

Certaines pierres levées, surtout<br />

lorsqu’elles sont isolées font penser à des<br />

silhou<strong>et</strong>tes humaines.<br />

Il suffit de les aborder un jour de brume ou<br />

avec un certain éclairage pour<br />

qu’apparaissent une fée, une Dame ou un<br />

moine …<br />

Certaines légendes parlent de personnages<br />

pétrifiés, ou de gardiens de pierre .<br />

Parfois les rochers prennent la forme d’un<br />

animal. Serpents, hiboux, dragons ne sont<br />

pas rares. Et sur certaines montagnes<br />

comme le Taenchel en Alsace les sentiers<br />

nous mènent à la découverte d’un véritable<br />

bestiaire fantastique.<br />

Lorsque les<br />

pierres sont<br />

réunies on<br />

évoque des<br />

« causeuses »<br />

, des réunions<br />

de commères,<br />

<strong>et</strong> parfois des<br />

amants au<br />

destin<br />

tragique.<br />

Plus<br />

nombreux encore <strong>et</strong> voilà des moines punis<br />

pour avoir commis des fautes ou des<br />

guerriers pétrifiés par on ne sait quelle<br />

magie.<br />

Les traditions populaires se perdent en<br />

conjonctures sur la présence de ces pierres<br />

« sacrées ». Ici la ruine d’une ancienne<br />

citée, là une bataille de géants, là encore le<br />

passage de Gargantua ou de Mélusine.<br />

Cité des fées, séjour des esprits, porte vers<br />

l’autre monde. Voilà qui explique le<br />

respect mêlé de crainte dont font l’obj<strong>et</strong><br />

certains de ces sites. Il suffit parfois de s’y<br />

promener à la tombée de la nuit pour y<br />

faire d’étranges rencontres.<br />

Si la tradition associe certains phénomènes<br />

curieux à toutes ces pierres, c’est que<br />

l’impression qui s’en dégage est souvent<br />

forte. L’énergie des lieux combinée à une<br />

position souvent reculée en font des lieux<br />

de « re-liance » particulièrement appréciés.<br />

Les Esprits « féeriques » sont<br />

particulièrement nombreux à proximité de<br />

ces endroits. Et on les surprend<br />

régulièrement à vaquer à leurs occupations<br />

domestiques. Ici elle allument des feux<br />

pour se chauffer, là elles recueillent l’eau<br />

dans des cupules. La porte de leur royaume<br />

n’est pas loin .Et si on croit les voir laver<br />

<strong>du</strong> linge ou faire des ablutions c’est peut<br />

être en référence aux rites de purifications<br />

qui pouvaient avoir lieu en ces endroits.<br />

Page 2


Certaines croyances font état de pierres<br />

germes plantées en Terre <strong>et</strong> ayant<br />

« poussé » pour pro<strong>du</strong>ire des blocs<br />

mystérieux. Ces pierres conserveraient<br />

leurs vertus « germinatives » tant que leurs<br />

« racines » seraient en place. De là à<br />

expliquer les<br />

rites de<br />

fertilité qui<br />

ont lieu sur<br />

certaines de<br />

ces pierres il<br />

n’y a qu’un<br />

pas. Les<br />

modernes<br />

parlent<br />

d’énergie<br />

tellurique là<br />

où les<br />

anciens<br />

parlaient de<br />

« magie » mais les choses se rejoignent<br />

souvent. Et une pierre « habitée » est aussi<br />

une pierre « vivante ». Un symbolisme<br />

comparable dans l’est de la France où<br />

certaines pierres sont réputées être à<br />

l’origine des naissances de la région. Ainsi<br />

est il bien connu que tous les enfants de la<br />

région de Remiremont (dans les Vosges)<br />

naissent de la Pierre de Kerlinkin.<br />

Un monolithe impressionnant qui semble<br />

avoir été un lieu de culte antique.<br />

D’autres pierres dites pierres à<br />

« glissades » ont le pouvoir de guérir la<br />

stérilité de certaines femmes en mal<br />

d’enfant. Il suffit qu’elles glissent « à nu »<br />

sur tel rocher ou tel menhir pour être<br />

certaines d’être mères rapidement.<br />

Le nom de certains rochers, comme ici le<br />

Sattelfels dit bien l’usage qui pouvait être<br />

le sien<br />

Le folklore décrit d’autres propriétés de<br />

certaines de ces pierres. Dont celle de se<br />

mouvoir. Ainsi, à certaines périodes de<br />

l’année des pierres, se déplacent « vont<br />

boire à la rivière » laissant à découvert <strong>et</strong><br />

pour un instant les trésors qu’elles<br />

recouvraient.<br />

Ces blocs « erratiques » sont ils<br />

d’anciennes pierres à ordalie, ou<br />

accomplissent ils un dessein dont nous ne<br />

savons plus rien ? C<strong>et</strong>te mobilité est elle<br />

comme le prétend Sébillot liée à la<br />

mobilité de leur ombre portée ?<br />

Toujours est il que l’on a gardé le souvenir<br />

de pierres qui<br />

dansent , de<br />

pierres qui<br />

tournent …<br />

Alors, le culte<br />

des pierres ?<br />

Même s’il est<br />

acquis que les<br />

mégalithes sont<br />

antérieurs à la<br />

présence des<br />

populations<br />

dites celtiques, il est probable que ces<br />

populations respectaient <strong>et</strong> honoraient<br />

d’une certaine manière, ces rochers aux<br />

formes parfois étranges , habités par des<br />

êtres surnaturels desquels ils tiraient leurs<br />

pouvoirs souvent mystérieux.<br />

Des multiples traditions qui nous sont<br />

parvenues nous pouvons nous faire une<br />

idée de ce qu’aurait pu être ce culte des<br />

pierres si important que de multiples<br />

interdictions des autorités ecclésiastiques<br />

ne parviendront pas à effacer<br />

complètement.<br />

Si le moderne parle d’énergies cosmotelluriques,<br />

nos parents contaient des<br />

Page 3


histoires de fées <strong>et</strong> d’esprits résidant dans<br />

les pierres. Le rituel bien mené, perm<strong>et</strong>tant<br />

d’en obtenir quelque faveur.<br />

Le contact avec la pierre est bien<br />

évidemment la forme la plus immédiate de<br />

rituel. Il s’agit simplement d’entrer en<br />

contact avec le mégalithe où d’y effectuer<br />

des glissades pour bénéficier de ses vertus.<br />

Le caractère éminemment phallique de<br />

certains menhirs isolés y est peut être pour<br />

quelque chose mais l’expérience montre<br />

que le caractère de certaines pierres à<br />

glissades prête assez peu à une<br />

interprétation freudienne.<br />

Les glissades répétées depuis la nuit des<br />

temps finissent d’ailleurs à marquer<br />

profondément le roc <strong>et</strong> attestent de la<br />

persistance de ces rites.<br />

Parfois il était recommandé de laisser une<br />

p<strong>et</strong>ite offrande après la glissade.<br />

Le contact avec les pierres était sans doute<br />

destiné à augmenter l’énergie vitale de<br />

ceux qui s’y adonnaient <strong>et</strong> donc la santé, la<br />

vigueur, la fécondité.<br />

Ainsi la coutume qui veut que pour guérir<br />

un enfant on doit le placer dans une<br />

anfractuosité <strong>du</strong> rocher. Faire une courte<br />

« dédicace » puis effectuer une offrande<br />

aux « esprits <strong>du</strong> rocher ».<br />

Quelle offrande ?<br />

Les usages diffèrent mais il est souvent<br />

question de nourriture, d’huile ou de corps<br />

gras . Parfois de p<strong>et</strong>its ex-voto en bois .<br />

Certains modernes font usage de cristaux,<br />

de croix tressées ou très simplement de<br />

fleurs.<br />

Il est un autre type de roche à faire l’obj<strong>et</strong><br />

de pratiques traditionnelles ce sont les<br />

pierres à cupules ou à empreintes.<br />

Rochers à bassins, pierres à sacrifice,<br />

miroirs célestes, cuveau des fées. On<br />

attribue d’ailleurs à l’eau qui est r<strong>et</strong>enue<br />

dans ces réceptacles un pouvoir de<br />

guérison équivalent à celui de certaines<br />

fontaines sacrées.<br />

On recueillait le précieux liquide pour le<br />

boire, l’utiliser pour la protection .On y<br />

faisait macérer des préparations<br />

médicinales, à certaines heures ( entre le<br />

coucher <strong>et</strong> le lever <strong>du</strong> Soleil ) ou certaines<br />

époques ( St Jean..). On y trempait le linge<br />

de certains malades comme cela se fait<br />

dans les sources guérisseuses.<br />

On mélangeait parfois à c<strong>et</strong>te eau des<br />

parcelles de pierre, cumulant par le fait les<br />

vertus de l’eau <strong>et</strong> de la pierre. Ou, pour<br />

s’exprimer de façon plus actuelle : en<br />

renforçant la « mémoire vibratoire de<br />

l’eau » par le témoin « pierre ».<br />

Page 4


C<strong>et</strong>te eau est d’origine céleste, elle n’a<br />

jamais touché la Terre <strong>et</strong> porte encore<br />

l’empreinte des astres <strong>et</strong> <strong>du</strong> ciel.<br />

La cupule évoquant naturellement le<br />

symbolisme maternel. Il n’est pas étonnant<br />

alors que c<strong>et</strong>te eau au confluent des<br />

influences ouraniennes <strong>et</strong> chtoniennes soit<br />

dotée de pouvoirs particuliers.<br />

Lorsque les creux dans les rochers<br />

prennent des formes remarquables on parle<br />

d’empreintes, de pas. Ici c’est un cheval ou<br />

un âne qui a laissé l’emprunte de son sabot.<br />

Ici un « diable », ici encore un personnage<br />

célèbre. Saint ou Roi...<br />

Cachées sous ces oripeaux se tiennent<br />

vraisemblablement d’anciennes croyances.<br />

La plupart des rituels anciens reposent sur<br />

une même logique. L’usage de ces<br />

empreintes doit être conforme à leur<br />

aspect. Ainsi m<strong>et</strong>tre le pied dans un « pas »<br />

nous m<strong>et</strong> en contact avec l’énergie <strong>du</strong> lieu.<br />

On peut par ce rituel affirmer un pouvoir,<br />

prêter serment, se guérir.<br />

Lorsque les rochers prennent la forme d’un<br />

siège, il suffit de s’asseoir dessus pour<br />

bénéficier des influences <strong>du</strong> lieu.<br />

Pour qui a développé une certaine forme de<br />

sensibilité, il est assez aisé de constater que<br />

les rituels anciens ne s’adressent pas à une<br />

matière inerte.<br />

Nous parlons d’énergie, là où les anciens<br />

évoquent les « esprits » mais au fond l’un<br />

<strong>et</strong> l’autre constatent qu’il se passe quelque<br />

chose à l’approche de certaines pierres.<br />

Ici nous nous sentons plus légers, plus<br />

inspirés. Là au contraire nous nous sentons<br />

fatigués ou sommes mal à l’aise. Comme<br />

si notre énergie vitale se trouvait affectée<br />

par la présence de certains « blocs » .Il<br />

suffit pour l’expérimenter de s’approcher<br />

d’une de ces pierres, avec respect <strong>et</strong><br />

« écoute » <strong>et</strong> de sentir. Telle pierre sera<br />

ceinte de plusieurs cercles, telle autre sera<br />

« polarisée », chaude ou froide, humide ou<br />

sèche …Peut être sentirons nous une<br />

respiration, une pulsation au contact direct<br />

d’un menhir ?<br />

Nous pourrons aussi nous asseoir ou nous<br />

allonger sous un dolmen pour « entendre »<br />

ce qu’ils ont à nous dire. Et comprendre<br />

par l’expérimentation comment<br />

l’orientation, la position, la forme d’une<br />

pierre peuvent influer sur son caractère.<br />

Cultes anciens, pratiques modernes…<br />

S’il s’avère que de tout temps l’Homme<br />

debout, l’Enfant de la Terre s’est<br />

rapproché des pierres. Il n’est aucune<br />

raison pour que nous, ici <strong>et</strong> maintenant les<br />

négligions !<br />

Britt<br />

Page 5


-HALLSTATT-<br />

Période de l’âge de fer, c’est aussi le nom d’un<br />

site archéologique éponyme <strong>et</strong> d’un lac dans le<br />

Salzkammergut, en Autriche.<br />

Ce fut Georg Ramsauer qui entreprit les<br />

premières fouilles en 1846 <strong>et</strong> qui s’étalèrent<br />

jusqu’en 1876.<br />

C<strong>et</strong>te civilisation <strong>du</strong> premier âge de fer<br />

entr<strong>et</strong>enait des contacts étroits avec d’autres<br />

grandes civilisations méditerranéennes, vénète,<br />

étrusque <strong>et</strong> grecque. Les archéologues<br />

l’appellent « la culture d’Hallstatt ».<br />

La nécropole qui y fut découverte a livré prés de<br />

deux mille sépultures qui s’échelonnent <strong>du</strong> VIII°<br />

au V° siècle. Mais Hallstatt qui marque de son<br />

empreinte matérielle <strong>et</strong> artistique l’Europe<br />

Occidentale, caractérise plus précisément une<br />

grande région, en forme de croissant, bordant<br />

tout l’arc alpin septentrional, sur une<br />

profondeur de 400 Km environ, soit la<br />

Bourgogne, l’Alsace, la partie méridionale de<br />

l’Allemagne, la suisse, l’Autriche, la Bohême, la<br />

plaine hongroise <strong>et</strong> la Slovénie.<br />

C<strong>et</strong>te région révèle, surtout dans sa moitié<br />

occidentale, des tombes luxueuses en forme de<br />

chambre, recouvertes par de grands tumulus <strong>et</strong><br />

contenant un très riche mobilier, des bijoux en<br />

or, des armes de prestige, des céramiques de<br />

luxe <strong>et</strong> des obj<strong>et</strong>s d’importation (des céramiques<br />

grecques <strong>et</strong> massaliotes), ainsi que des pièces<br />

provenant de la grande Grèce.<br />

Le cratère de Vix, le chaudron <strong>et</strong> la banqu<strong>et</strong>te<br />

de Horchdorf en sont les plus célèbres. Ce<br />

mobilier témoigne d’un luxe évident mais aussi<br />

des relations avec la Grèce, l’Etrurie <strong>et</strong> la<br />

colonie phocéenne de Marseille.<br />

Plusieurs de ces tumulus, cités plus haut, ont<br />

livrés des statues de pierre grandeur nature<br />

paraissant représenter les défunts (Horchdorf<br />

par exemple).<br />

Le seul paradoxe reste qu’aucune<br />

représentation politique ou militaire n’orne les<br />

tombeaux. Seuls quelques poignards d’apparats<br />

figurent sur ces derniers. Aucun signe de force<br />

guerrière n’est invoqué dans les tumulus ou à<br />

proximité des corps.<br />

A contrario, les défunts ont cherché à se<br />

représenter dans la mort au même titre<br />

privilégié qu’ils avaient certainement dans leur<br />

vie. Les chars sur lesquels ils se déplaçaient étaient<br />

laissés dans la chambre funéraire ainsi que des<br />

banqu<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> des tissus précieux où ils<br />

s’allongeaient <strong>et</strong> des cornes à boire dorées dans<br />

lesquelles ils buvaient.<br />

En somme, tous les aspects agréables <strong>et</strong> luxueux de<br />

leur vivant les suivaient dans l’Autre-Monde.<br />

Pendant longtemps, les chercheurs avaient pensé<br />

qu’il s’agissait de chambres funéraires ayant<br />

appartenu à des princes ou à des personnalités de<br />

rang social élevé. Mais c<strong>et</strong>te image porta beaucoup<br />

de trouble sur l’idée que l’on se faisait sur la<br />

première période de l’âge de fer.<br />

Ce que dévoile Hallstatt peut être l’image d’un<br />

mode de vie d’aristocrates qui ne font pas d’eux des<br />

princes mais des personnes ayant bénéficié de<br />

contacts plus fructueux avec les promoteurs<br />

méditerranéens à la recherche de pro<strong>du</strong>its<br />

septentrionaux comme l’étain, l’ambre <strong>et</strong> les<br />

fourrures.<br />

Des funérailles princières ou guerrières ne sont pas<br />

exclues mais elles ne font pas l’unanimité.<br />

Certaines analyses sur l’échelle sociale attribuées<br />

par des protohistoriens sur Hallstatt démontrent<br />

des aspects matériels infiniment maigres en terme<br />

de hiérarchie sociale simplifiée. Ils n’ont cependant<br />

conçu les rapports sociaux que sur un mode de<br />

domination qui est restée dans leur analyse très<br />

indifférenciée.<br />

Dans les sociétés agricoles, le pouvoir aurait été<br />

détenu par le propriétaire des terres, des outils <strong>et</strong><br />

des semences. La possession des meilleures armes<br />

aurait donnés le commandement au chef dans la<br />

société guerrière. Mais les artisans hautement<br />

spécialisés dans le travail <strong>du</strong> métal ou les<br />

intellectuels qui réussirent à développer des<br />

contacts avec les étrangers <strong>et</strong> qui organisèrent en<br />

Gaule les relations d’hospitalité avec les Grecs,<br />

prirent rapidement une place prépondérante dans<br />

les hautes classes sociales auprès des aristocrates<br />

guerriers <strong>et</strong> de ceux qui prospéraient de leurs biens.<br />

En réalité, toutes ces catégories de citoyens de haut<br />

rang dépendaient étroitement les uns des autres.<br />

S’il existait une stratification sociale, elle demeurait<br />

rudimentaire <strong>et</strong> comprenait les esclaves, les sans<br />

droits rej<strong>et</strong>és hors de la société, les hommes libres,<br />

les travailleurs de la terre <strong>et</strong> de la matière <strong>et</strong> audessus<br />

la classe privilégiée composée de guerriers,<br />

de propriétaires fonciers, les commerçants, les<br />

Page 6


eligieux, les hommes dédiés aux pratiques de<br />

l’art <strong>et</strong> de la science.<br />

A l’exception donc, des quatre premières<br />

classes, tout le monde avait accès à un mode de<br />

vie aisé.<br />

Chronologiquement, Hallstatt se divise en<br />

quatre périodes. A l’origine, le site était une<br />

mine de sel dont l’extraction amena le peuple à<br />

la prospérité. Le site devint un lieu privilégié où<br />

les principaux personnages de l’époque, les<br />

gens aisés s’installèrent à Hallstatt.<br />

Le sel, lié au commerce de grande distance, est<br />

une richesse nouvelle. Il conserve les aliments <strong>et</strong><br />

sa consommation fortifie les animaux. Après<br />

avoir traité par dessiccation les eaux salées, les<br />

hallstattiens ont développé le premier <strong>et</strong> le plus<br />

grand centre d’extraction minière <strong>du</strong> sel gemme.<br />

Les mineurs <strong>et</strong> leurs chefs, les bûcherons <strong>et</strong><br />

charpentiers pour l’édification des mines, les<br />

riches familles des négociants des régions<br />

voisines vinrent s’installer sur les lieux.<br />

La période de -1100 à -800 est<br />

caractérisée par des épées de bronze <strong>et</strong><br />

de grandes épées de fer. Les défunts<br />

appartenant à c<strong>et</strong>te période sont<br />

vraisemblablement issu d’un peuple<br />

vénéto-illyrien qui s’étendra sur toute<br />

l’Europe centrale <strong>et</strong> l’Italie <strong>du</strong> nord.<br />

Ces cavaliers apparaissent p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it dans les<br />

tombes accompagnés d’obj<strong>et</strong>s précieux comme<br />

des services à boisson, l’or, des pro<strong>du</strong>its<br />

exotiques importés déterminant une nouvelle<br />

classe dirigeante. La représentation <strong>du</strong> cheval<br />

monté est l’une des distinctions au pouvoir.<br />

Les tumulus de la nécropole de Chavéria, dans<br />

le Jura, ont livrés cinq épées hallstattiennes<br />

assortis d’éléments de harnachement ou, selon<br />

les tombes, d’un bassin à bords perlé en bronze.<br />

La période <strong>du</strong> VIII° avant l’E.V est<br />

déterminée par la découverte de glaives<br />

courts, d’obj<strong>et</strong>s de parure, de chars <strong>et</strong> de<br />

poterie. Il pratiquait à c<strong>et</strong>te période<br />

l’inhumation mais aussi l’incinération.<br />

Les armes font style d’un apanage pour<br />

reconnaître la prestance dont les épées, ornées<br />

de pommeaux revêtus de feuilles d’or ou<br />

sculptés dans l’ivoire <strong>et</strong> incrustés d’ambre,<br />

confirment leur caractère de privilège. Cependant<br />

les tombes de guerriers ne représentent qu’un quart<br />

de la nécropole <strong>et</strong> seulement dix-neuf d’entres elles<br />

offrent de grandes épées <strong>et</strong> des haches de parades.<br />

En revanche, les tombes des femmes dévoilent de<br />

nombreuses parures, des fibules volumineuses, des<br />

services en bronze constitués de seaux, des situles<br />

(seaux aux bords refermés), bassins <strong>et</strong> tasses.<br />

La période <strong>du</strong> VII° au V° siècle avant l’E.V<br />

voit naître l’ouverture d’une grande mine de<br />

sel à Hallein, non loin d’Hallstatt, qui offre<br />

un nouveau style de vie. Hallstatt décline,<br />

les tombes se font plus rares <strong>et</strong> moins riches<br />

à partir <strong>du</strong> V° siècle.<br />

Mais avant c<strong>et</strong>te période, les Celtes sont établis<br />

de la Bourgogne à l’Autriche. Ils se distinguent<br />

alors par leur opulence, en tant qu’une société<br />

brillante régie par un pouvoir princier <strong>et</strong><br />

reposant sur le clan, tant aussi par leur<br />

dynamisme <strong>et</strong> leur culture. Les principaux<br />

défunts qui sont enterrés <strong>du</strong>rant c<strong>et</strong>te période<br />

sont les princes. Leurs dépouilles sont parées de<br />

colliers d’or <strong>et</strong> placés dans des tombes à char<br />

enfouies dans de volumineux tertres funéraires.<br />

LE CRATERE DE VIX<br />

C’est en 1953 que René Joffroy découvrit une<br />

sépulture dans un champ sous un tumulus arasé<br />

dont il ne restait que quelques pierres éparses<br />

qui attirèrent l’attention des archéologues. Le<br />

caveau, comblé de terre, était resté inviolé.<br />

C’était en côte d’or, à Vix, prés <strong>du</strong> mont<br />

Lassois.<br />

Ce lieu funéraire était celui d’une femme âgée<br />

de trente-cinq ans allongée sur la caisse d’un<br />

Page 7


p<strong>et</strong>it char de parade dont les roues avaient<br />

été démontées. A proximité <strong>du</strong> corps, on<br />

avait placé trois bassins étrusques en bronze<br />

<strong>et</strong> des ustensiles nécessaires pour un<br />

banqu<strong>et</strong> : une phiale en argent à ombilic<br />

doré protégé dans un étui végétal ainsi que<br />

deux coupes attiques.<br />

La défunte portait un collier de perle <strong>et</strong><br />

d’ambre, des anneaux de chevilles en<br />

bronze, un bracel<strong>et</strong> de lignite, des fibules<br />

aux cabochons de corail, un torque à la<br />

nuque <strong>et</strong> un collier en or fin.<br />

Mais à proximité d’elle se trouvait le<br />

« Cratère de Vix », un vase mesurant 1,24 M<br />

<strong>et</strong> pesant 208,6 KG. Constitué de<br />

l’assemblage de plusieurs pièces séparées, il<br />

avait une contenance de 1100 litres.<br />

Le mobilier de la tombe date <strong>du</strong> V° siècle<br />

avant l’E.V. le corps de la princesse est paré<br />

de ses plus beaux bijoux <strong>et</strong> sa dépouille<br />

déposée sur la caisse d’un char dont les<br />

roues avaient été démontées <strong>et</strong> alignées le<br />

long de la paroi.<br />

Torque que l’on<br />

considérait autrefois comme un diadème<br />

Le couvercle <strong>du</strong> cratère ayant servi de passoire<br />

(peut-être à l’occasion <strong>du</strong> banqu<strong>et</strong> funèbre). Il<br />

pèse 13,8 KG.<br />

Détail <strong>du</strong> char d’apparat.<br />

Quelques photos d’obj<strong>et</strong>s découverts dans le<br />

tombeau d’Horchdorf…<br />

Aodhfin Eoghan<br />

Page 8


Beith : Drythyll<br />

Les fluides de la lune<br />

Qui suis je en mes lunes ?<br />

Sais-je me reconnaître en mes vides, en mes pleins.<br />

Qui s’apaise en mon sombre <strong>et</strong> s’agite en mon clair<br />

Mystère de l’eau <strong>et</strong> <strong>du</strong> végétal<br />

Danse les fluides, les essences.<br />

Dans mon arbre idéal, je vibre en cadence<br />

Treize coups après minuit, apparaît le royaume<br />

Le chasseur silencieux, arpente les ombres <strong>et</strong> l’argent<br />

Tantôt traque le rêve, tant tard proie des chimères<br />

Apparaît l’homme lune<br />

Pour se trouver, s’égare dans à la porte des brumes<br />

Bran<br />

Page 9


Le druide juge<br />

Le vent s’était levé ce matin là. Il était encore<br />

tôt. Mais la femme au ventre rond avait été prise<br />

sur le fait au lever <strong>du</strong> jour. Elle fut amenée<br />

brutalement devant la cour qui siégeait<br />

justement ce jour là. Un serviteur subalterne la<br />

condamna promptement à une peine de prison<br />

sans autre forme de procès, pour être rentrée<br />

dans l’enclos d’un four à pain <strong>et</strong> avoir croqué<br />

une miche chaude sortant <strong>du</strong> four….<br />

Une histoire qui pourrait s’être passée au temps<br />

des Celtes ? Qui sait….<br />

Nous savons que nos ancêtres n’écrivaient pas.<br />

Nous n’avons donc pas de « loi celtique »<br />

provenant, par exemple, de la période de la<br />

Tène. Les premiers écrits sont datés entre le 7 ème<br />

siècle <strong>et</strong> le 10 ème siècle. Même rédigées par des<br />

moines irlandais, on peut voir que les lois sont<br />

encore inspirées <strong>du</strong> droit coutumier <strong>et</strong> de<br />

paganisme. Rétablir l’honneur <strong>du</strong> lésé y est<br />

important…. Et l’honneur de la personne est<br />

différent suivant son statut. Une notion<br />

complètement absente de notre droit actuel.<br />

Vous paierez aujourd’hui la même amende, que<br />

le pain volé ait appartenu au boulanger de votre<br />

quartier ou au président de votre pays.<br />

La loi irlandaise est basée sur un système de<br />

contrats <strong>et</strong> de compensations pécuniaires : telle<br />

chose contre telle autre (par exemple colabourage),<br />

ou pour telle offense, telle amende.<br />

La saisie n’est pas un procédé nouveau. A<br />

l’époque, après un rituel de plusieurs jours <strong>et</strong> si<br />

vous ne payiez toujours pas votre dû, votre<br />

bétail risquait bien d’y passer… ou même votre<br />

enclume qui était attachée d’un ruban blanc pour<br />

vous empêcher magiquement d’y travailler. Pour<br />

avoir volé <strong>du</strong> pain, vous auriez certainement été<br />

condamné à rendre la quantité double de pain,<br />

mais pas à la prison. Ces dernières semblent être<br />

absentes de la société de c<strong>et</strong>te époque.<br />

L’exécution capitale était occasionnellement<br />

prononcée surtout par pendaison. Une personne<br />

pouvait aussi être bannie <strong>et</strong> quittait souvent le<br />

territoire de sa tribu. Pour revenir à notre<br />

histoire <strong>du</strong> début, notre femme enceinte peut<br />

souffler un moment, manger tranquillement son<br />

pain <strong>et</strong> repartir dans le vent : une femme<br />

enceinte avait le droit de se servir de nourriture.<br />

Voilà pour les textes de loi irlandais. Mais<br />

remontant encore un peu le temps <strong>et</strong>….<br />

Rendons à César…… ce qui lui appartient. Il<br />

déclare que les druides jugeaient <strong>et</strong> que la sanction<br />

suprême était l’interdiction des sacrifices, autrement<br />

dit l’impossibilité de survivre en société. Ceci<br />

concerne la Gaule. Nous avons un exemple proche<br />

dans le Mabinogi de Math : après que Gilwa<strong>et</strong>hwy<br />

ait violé la « porte-pieds » de Math avec l’aide de<br />

son frère Gwydyon, ces derniers quittent la cour<br />

mais continuent à se déplacer dans le pays jusqu’au<br />

moment où une interdiction de leur apporter<br />

assistance est prononcée contre eux. C<strong>et</strong>te<br />

interdiction comprend la nourriture <strong>et</strong> la boisson.<br />

Le druide juge était une « spécialisation bardique»<br />

que le druide pouvait acquérir. Même si le roi<br />

prononçait la sentence, elle lui était soufflée par son<br />

druide. Un roi-juge est exceptionnel. Amorgen était<br />

un barde par excellence. On le voit prononcer une<br />

sentence lors de son arrivée en Irlande. Il se r<strong>et</strong>ire<br />

avec les siens « à 9 vagues » des côtes pendant 3<br />

jours. On voit aussi Cuchulainn refuser de juger,<br />

fonction qui n’était pas la sienne.<br />

Mais revenons aux temps actuels. Un druide, peut-il<br />

toujours exercer la fonction de juge ? Certainement<br />

pas de la même façon que dans la communauté de<br />

nos ancêtres. Si votre vache préférée vient à<br />

disparaître, aucun druide actuel ne pourra forcer le<br />

voleur à vous la rendre avec une compensation pour<br />

le lait per<strong>du</strong>. C<strong>et</strong>te sorte de justice est ren<strong>du</strong>e par la<br />

société « civile ».<br />

Un druide pourra par contre, sur demande, dire ce<br />

qui est juste dans un différent entre deux personnes.<br />

Son travail est plutôt un travail de « mesure »<br />

comme un architecte que de juge au sens<br />

traditionnel qui pèse <strong>et</strong> compare. Il voit la situation<br />

telle qu’elle peut devenir. Selon la prière des<br />

druides, le sens de la justice provient <strong>du</strong> savoir, le<br />

savoir de la compréhension <strong>et</strong> la compréhension de<br />

la force. Et la force provient de la protection des<br />

Dieux <strong>et</strong> des Déesses. Le druide moderne ne<br />

désignera donc pas un « coupable » <strong>et</strong> un<br />

« innocent ». Il cherchera plutôt à comprendre ce<br />

qui s’est passé, à expliquer <strong>et</strong> à faire un travail de<br />

guérisseur <strong>et</strong> de réconciliateur. Finalement, il fait<br />

peut-être toujours le même travail. Il ne souffle plus<br />

la sentence au roi….. mais il souffle toujours….<br />

Page 10


Les Dieux s’approchent de l’Humanité<br />

Par la joie humaine ou divine ils sont reliés<br />

Ils inspirent sagesse <strong>et</strong> poésie<br />

De sages jugements <strong>et</strong> de la prophétie<br />

Les comblent de leurs bienfaits<br />

Les bénissent <strong>et</strong> répondent à leurs souhaits<br />

Comme une source extérieure<br />

Qui les abreuve <strong>et</strong> apporte le mouvement<br />

Comme une source intérieure<br />

Qui ouvre leurs chaudrons<br />

(Le chaudron de Poésie)<br />

Bibliographie :<br />

Guyonvarc’h CJ, Le Roux F. Les Druides,<br />

Ed. Ouest-France<br />

Raimund K. Le droit celtique,<br />

brève intro<strong>du</strong>ction<br />

Et merci à Eber pour son aide….<br />

Kermailune<br />

Cosmogonie <strong>et</strong> poÅsie <strong>du</strong> rite<br />

Le rite est un acte de poésie cosmogonique.<br />

Poétique parce que nous cherchons la beauté <strong>et</strong> la résonance de l'inspiration dans notre cercle, par le geste, la<br />

parole <strong>et</strong> parfois l'instrument sacré. Mais c'est aussi un acte cosmogonique puisque le rite est une représentation de<br />

l'univers qui tisse son influence dans la vie <strong>du</strong> lieu à un moment donné. Bien sûr vous me direz le rite est un<br />

moment éternel, mais l'éternité se tisse dans l'ici <strong>et</strong> le maintenant. Lorsque nous tissons le cercle, que nous<br />

appelons l'esprit <strong>du</strong> lieu, plantons l'arbre monde, traçons le cercle <strong>et</strong> appelons les directions, nous établissons notre<br />

cosmogonie. Nous disons en somme, en parole <strong>et</strong> en geste : « voici l'univers tel que nous le reconnaissons. » Nous<br />

établissons un motif de la toile, un espace <strong>et</strong> pour que ce motif soit véritablement un espace sacré, cela demande de<br />

la part de chacun des ritualisants d'y m<strong>et</strong>tre une volonté de présence consciente dans l'instant éternel. C<strong>et</strong>te attitude<br />

de présence est, me semble t’il, ce qu'il y a de plus important. C'est la base sur laquelle la magie peut opérer <strong>et</strong><br />

l'Awen se manifester. Dans c<strong>et</strong>te présence je me reconnais comme partie intégrante <strong>du</strong> cycle de l'univers dans son<br />

essence locale. Ainsi je me représente en reliances, avec ceux qui sont dans le cercle avec moi, au coeur <strong>du</strong> terroir<br />

<strong>et</strong> de mes saisons. Ritualiser c'est tisser un motif vivant. Si le rite est un acte de présence à un moment donné, il<br />

est aussi important de se représenter dans ses reliances. Le rite est une pulsation dans le rythme de l'année, comme<br />

le battement <strong>du</strong> tambour dont la résonance se prolonge jusqu'au prochain battement. <strong>Imbolc</strong> n'est pas <strong>Imbolc</strong> sans<br />

son Alban Arthan. De même Alban Eilir existe déjà dans l'eau <strong>et</strong> le feu d'<strong>Imbolc</strong>. Les rites nous tissent dans la<br />

rouelle de l'année <strong>et</strong> nous aident à nous rappeler que nous sommes vivants dans la vie <strong>du</strong> lieu sacré <strong>et</strong> dans la<br />

mémoire des saisons. Ces représentations, ces images nous imprègnent <strong>et</strong> nourrissent nos âmes d'une célébration à<br />

l'autre. Elles donnent une impulsion, un élan <strong>et</strong> brillent comme des astres dans nos vies quotidiennes. Tout cela est<br />

beau <strong>et</strong> donne <strong>du</strong> Sens à nos existences.<br />

Bran<br />

Page 11


LES TROIS<br />

DRUIDES<br />

Partie 1<br />

LA CAUSE DE TOUS SES<br />

PROBLEMES<br />

Ä Les trois druides Å, notes personnelles de<br />

Gwilherm :<br />

Noter ses idÇes est aussi important que toute autre chose.<br />

Elles reprÇsentent l’empreinte d’un patrimoine, le<br />

refl<strong>et</strong> d’une idÇologie personnelle. L’homme pense<br />

ÇnormÇment <strong>et</strong> la notification de chacun de ses concepts<br />

laisse une trace Ñ travers le temps <strong>et</strong> l’espace.<br />

Je m’appelle Gwilherm. Je peux dire que ma vie<br />

s’Çtale sur des expÇriences spirituelles, sur l’Çlaboration<br />

de thÇories humanistes <strong>et</strong> sur la conception de rites<br />

initiatiques.<br />

Je suis au crÇpuscule de mon existence. Je vais bientÖt<br />

avoir quatre-vingt cinq ans <strong>et</strong> j’Çcris mon dernier tome<br />

sur mes expÇriences passÇes. Au cours de ma vie, j’ai<br />

pu rÇdiger sept livres titrÇs : Ä l’ombre de mon ego Å,<br />

Ä le grand-maÜtre Å, Ä les saisons de l’existence Å, Ä la<br />

nÇcropole des sages Å, Ä rites <strong>et</strong> Çpreuves Å, Ä le cœur<br />

astral Å <strong>et</strong> Ä regard intÇrieur Å. Aucun de ces livres<br />

n’a ÇtÇ proposÇ Ñ la publication <strong>et</strong> demeure dans un<br />

domaine personnel. Seul les initiÇs auront accàs Ñ mes<br />

connaissances.<br />

Ce dernier tome que je dÇveloppe r<strong>et</strong>race l’expÇrience<br />

initiatique unique d’un indivi<strong>du</strong>. Je me souviens encore de<br />

tous les dÇtails de c<strong>et</strong>te aventure. J’ai intitulÇ c<strong>et</strong>te pÇripÇtie<br />

Ä les trois druides Å.<br />

Cela remonte Ñ plusieurs annÇes dÇjÑ… cinquante-cinq<br />

ans pour ätre plus prÇcis. Je devais avoir trente ans Ñ<br />

l’Çpoque…<br />

*<br />

…La lourde porte, en bois de chêne massif, se<br />

referma derrière lui. Il scruta les alentours <strong>et</strong> aperçut<br />

un autel au centre de la pièce, <strong>et</strong> derrière ce dernier,<br />

sur sa droite, un immense bassin en argent doré<br />

comblait la salle.<br />

Il regarda brièvement le bassin <strong>et</strong> s’assit par terre. Il<br />

plia ses genoux <strong>et</strong> cala sa tête entre ses derniers tout<br />

en lâchant un soupir de lassitude.<br />

Que faisait-il là, dans c<strong>et</strong>te pièce ?<br />

Il laissa ses souvenirs parcourir sa mémoire <strong>et</strong> se<br />

remémora les événements consécutifs qui<br />

l’emmenèrent jusque là.<br />

Tout commença à c<strong>et</strong>te conférence dont le thème<br />

traitait de la magie occidentale à la période de l’âge<br />

de fer. On y parlait en d’autres termes de diverses<br />

divinités, des magiciens en période gauloise <strong>et</strong><br />

gallo-romaine, de différentes gravures, <strong>du</strong> culte des<br />

morts, des cérémonies funéraires <strong>et</strong> <strong>du</strong> parallélisme<br />

<strong>du</strong> folklore gaulois avec les divinités germaniques,<br />

romaines <strong>et</strong> indiennes.<br />

Toujours passionné par les sciences occultes <strong>et</strong><br />

divinatoires, il se rendit à c<strong>et</strong>te conférence sans se<br />

douter des conséquences à long terme qu’elles<br />

auraient sur lui.<br />

La soirée débuta par une intro<strong>du</strong>ction sur la magie<br />

occidentale en général avant d’en venir sur les rites<br />

gaulois, leurs cultes, <strong>et</strong> leurs divinités. Il écouta<br />

attentivement les orateurs, s’abreuvant de leurs<br />

discours avec passion, sans se lasser une minute de<br />

tous ces textes.<br />

La conférence fut clôturée par un lunch traditionnel.<br />

Il se rappela que la salle était décorée de tapisseries<br />

anciennes, de gravures mythologiques, de fresques<br />

illustrant diverses divinités <strong>et</strong> de textes en langue<br />

ancienne gravés sur des dalles de pierre.<br />

Les gens s’agglutinèrent sur les plats disposés <strong>et</strong> il<br />

trouva l’occasion pour faire plus ample<br />

connaissance avec certaines personnes de<br />

l’assemblée. Il se dirigea à son tour vers le buff<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

se servit une tranche de bœuf rôti avec de la salade<br />

de riz accompagné d’un beaujolais nouveau. Il<br />

Page 12


commença sa dégustation lorsqu’une personne<br />

l’accosta avec un vif intérêt.<br />

Il s’agissait d’une femme d’une trentaine<br />

d’années au physique agréable, les cheveux<br />

châtain clair <strong>et</strong> les yeux bleus. Elle portait une<br />

robe rouge <strong>et</strong> n’avait aucun maquillage ou des<br />

bijoux de toutes sortes. En un mot, elle était<br />

simple !<br />

Elle s’adressa à lui avec adresse <strong>et</strong> charme :<br />

« _ Que trouvez-vous d’intéressant parmi tous<br />

les suj<strong>et</strong>s énumérés ce soir ?<br />

_ Je dois reconnaître que les druides ont été ma<br />

préférence au cours de c<strong>et</strong>te conférence malgré<br />

que les autres suj<strong>et</strong>s aient suscité chez moi un<br />

grand intérêt.<br />

_ Saviez-vous que le druidisme a fortement<br />

contribué à lutter contre l’invasion romaine.<br />

Mais les castes guerrières gauloises avaient<br />

l’autorité <strong>et</strong> elles se laissèrent sé<strong>du</strong>ire par le<br />

christianisme... erreur fatale qui les amena à leur<br />

perte.<br />

_ Non, je ne savais pas ça.<br />

_ Si le druidisme est un suj<strong>et</strong> qui vous intéresse<br />

réellement, je peux vous m<strong>et</strong>tre en contact avec<br />

des personnalités expertes en la matière.<br />

_ Quel est votre nom ?<br />

_ Je m’appelle Isabelle Courtaud. Et vous ?<br />

_ Kévin Delporte. Enchanté de vous connaître.<br />

_ Moi de même. Tenez, voilà ma carte. Si vous<br />

êtes intéressé par ces personnes, téléphonez-moi.<br />

_ Enten<strong>du</strong> ! »<br />

*<br />

Ä Les trois druides Å, notes personnelles de<br />

Gwilherm :<br />

Faire le vide en soi <strong>et</strong> rechercher la paix intÇrieure reste<br />

nÇcessaire pour trouver la plÇnitude. La <strong>du</strong>alitÇ est le<br />

propre de l’homme…c’est Ñ lui de trouver sa voie <strong>et</strong> de<br />

conquÇrir son cœur !<br />

*<br />

Assis sur les dalles marbrées, Kévin se souvint<br />

de ces multiples circonstances qui le menèrent<br />

jusque là. Il repensa à Isabelle Courtaud, c<strong>et</strong>te<br />

satanée sorcière qui est à la source de tous ses<br />

ennuis. Ne jamais se fier aux apparences,<br />

maintenant, il le savait !<br />

Il se laissa de nouveau guider par sa mémoire <strong>et</strong> se<br />

rappela de monsieur Arthur Gimbert, un vieil<br />

homme d’une soixantaine d’années avec lequel<br />

Isabelle Courtaud le mit en contact. Ce dernier était<br />

un excellent orateur... En réfléchissant, cela le<br />

ramena à un de leurs dialogues...<br />

« _ La loi <strong>du</strong> plus fort régit toujours celle <strong>du</strong> plus<br />

faible, c’est bien connu, dit le sexagénaire.<br />

Toutefois, il est des gens qui se dressent devant des<br />

idéaux, face à des créatures sans foi ni loi. Qui de<br />

ces gens peuvent parler de règne sincère, d’absolue<br />

nécessité à faire le bien comme celui de vaincre le<br />

mal.<br />

Tant que l’idéal n’atteint pas son paroxysme, la<br />

plupart des gens pourront se vouer corps <strong>et</strong> bien à<br />

leur culte, sans craindre pour autant le lavage de<br />

cerveau.<br />

Il n’y a pas de sincères convictions sans l’esprit<br />

pour l’aiguiser <strong>et</strong> l’instinct pour l’appréhender.<br />

Mais soyez pur <strong>et</strong> digne face à vos idées <strong>et</strong><br />

défendez-les de manière sincère.<br />

_ Je suis sincère face à mes idées, quant aux idéaux,<br />

je n’en ai pas !<br />

_ C’est bien dommage, je vous l’assure. L’idéologie<br />

représente une fac<strong>et</strong>te de la source interne, portrait<br />

spirituel de l’être humain. Il n’est guère conseillé, je<br />

vous l’accorde, de tomber dans le fanatisme, erreur<br />

communément appliquée par la plupart des gens...<br />

C’est d’ailleurs bien dommage.<br />

_ Mademoiselle Courtaud m’a affirmé que vous<br />

étiez un druide. Est-ce vrai ?<br />

_ Tout à fait ! Le druidisme contemporain existe.<br />

C’est une communauté qui s’appelle «la gorsedd »<br />

Nous nous basons sur la fraternité, la spiritualité <strong>et</strong><br />

la nationalité.<br />

Sur la fraternité, nous travaillons sur l’amitié, le<br />

soutien mutuel, la sérénité <strong>et</strong> la tolérance.<br />

En spiritualité, nous cherchons ensemble, à partir de<br />

la tradition celtique, insulaire <strong>et</strong> occidentale, à<br />

définir <strong>et</strong> vivre une spiritualité commune. Nous<br />

effectuons aussi des cérémonies, des rituels <strong>et</strong> des<br />

rassemblements à la fontaine de Barenton, une<br />

clairière druidique.<br />

Et enfin, en nationalité, nous travaillons à la défense<br />

<strong>et</strong> au développement de tous les aspects de la<br />

spécificité de la Br<strong>et</strong>agne tel que la langue,<br />

l’histoire, la littérature <strong>et</strong> tout ce qui englobe le<br />

patrimoine celtique.<br />

_ Passionnant ! »<br />

Page 13


Sa prétention <strong>et</strong> son orgueil s’étouffèrent dans<br />

une inquiétante appréhension. Rien ne fut plus<br />

doux à ses yeux que de partir loin d’ici, loin de<br />

ces maudites idées qui l’ont mené jusqu’ici,<br />

dans c<strong>et</strong>te pièce aux lumières tamisées <strong>et</strong> à<br />

l’entourage inquiétant.<br />

Kévin se leva <strong>et</strong> fit quelques pas vers l’autel. Il<br />

semblait en transe, presque hors de lui-même,<br />

loin de sa propre conscience.<br />

Mille idées traversaient sans cesse son esprit <strong>et</strong><br />

un nom vint percer sa léthargie : Teutates. Il<br />

s’agissait d’un dieu celte. Le dieu de la guerre, si<br />

ses souvenirs étaient bons. Il fit de nouveau un<br />

r<strong>et</strong>our vers un passé encore trop proche.<br />

Cela remontait à trois ou quatre jours<br />

auparavant. Arthur Gimbert lui amena une<br />

gravure <strong>du</strong> XII° siècle.<br />

C<strong>et</strong>te dernière représentait un immense<br />

personnage, accompagné d’un Dieu qui<br />

plongeait un homme la tête en bas dans un<br />

cuveau. L’esquisse était troublante, déroutante.<br />

Le vieillard prit la parole :<br />

« _ Il s’agit de Teutatès. C’est le dieu de la<br />

guerre dans la culture celte. Il est associé,<br />

comme la plupart des dieux dans le folklore<br />

celtique, à une planète. En ce qui le concerne,<br />

c’est Mercure. Teutatès-Mercure se complète<br />

avec un des quatre éléments qui est l’eau. La<br />

représentation que vous voyez sur c<strong>et</strong>te gravure<br />

indique tous les éléments que je vous ai énoncés.<br />

La fonction guerrière est représentée ici par<br />

l’immense personnage qui donne en offrande à<br />

Teutatès un homme sacrifié par la noyade,<br />

l’élément <strong>du</strong> Dieu invoqué.<br />

_ Je trouve c<strong>et</strong>te gravure inquiétante. On dirait<br />

que quelque chose s’émane d’elle. Quelque<br />

chose de très fort, d’effrayant.<br />

_ Toutes les représentations mythologiques<br />

peuvent avoir des attraits effrayants car il s’en<br />

dégage une parcelle de vérité <strong>et</strong> on perçoit<br />

inconsciemment c<strong>et</strong>te certitude.<br />

_ Vous insinuez que Teutatès-Mercure a existé ?<br />

_ Non ! Bien sûr que non ! Je veux simplement<br />

vous dire que les sacrifices ont existé. C’est de<br />

c<strong>et</strong>te vérité dont je vous parle. Il s’agit de c<strong>et</strong>te<br />

certitude qui vous donne le sentiment que c<strong>et</strong>te<br />

gravure émane une onde néfaste. Les ondes ne<br />

sont pas toujours ce que l’on croit mais c’est<br />

notre façon de la percevoir qui lui donne tout<br />

son sens.<br />

La représentation de la gravure devient alors<br />

psychologiquement inconsciente. Elle analyse <strong>et</strong><br />

tra<strong>du</strong>it le dessin dans sa globalité <strong>et</strong> n’en r<strong>et</strong>ient que<br />

le principal. Ici, le sacrifice humain est le résumé de<br />

la représentation <strong>et</strong> elle évoque donc pour vous un<br />

châtiment que vous qualifiez d’inquiétant <strong>et</strong><br />

d’effrayant.<br />

_ Peut-être, mais l’idée que je me faisais des<br />

druides est quelque peu effritée.<br />

_ Et quelle idée vous faisiez-vous des druides ?<br />

_ Je les voyais comme des personnes sages, des<br />

magiciens en quête de vérité, des détenteurs de<br />

savoir <strong>et</strong> de spiritualité.<br />

_ Mais vos idées des druides restent juste. Il ne faut<br />

tout de même pas oublier qu’ils vivaient à une<br />

époque rude où les croyances sur des dieux<br />

vengeurs existaient.<br />

_ La forêt de Brocéliande était un lieu de sacrifices<br />

humains ?<br />

_ Bien enten<strong>du</strong>. Mais il faut savoir se situer à son<br />

époque. Aussi, la forêt de Brocéliande, aussi<br />

appelée la forêt de Paimpont, est un endroit empli<br />

de futaies, de taillis, de landes, de bruyères,<br />

d’étangs <strong>et</strong> de ruisseaux. R<strong>et</strong>enez plutôt ceci au lieu<br />

de faire revivre un aspect négatif <strong>et</strong> pourtant d’une<br />

banale normalité à ces époques de barbaries où seul<br />

des dieux assouvis pouvaient vous protéger de tous<br />

ces malheurs.<br />

Sachez rester humble face à vos convictions<br />

trompeuses <strong>et</strong> mal situées. Sachez interpréter selon<br />

votre époque <strong>et</strong> usez d’une culture dont peu d’entre<br />

nous avons la chance d’accéder.<br />

Envolez-vous vers d’autres sphères, découvrez des<br />

divinités protectrices, apprenez les bienfaits de la<br />

magie blanche <strong>et</strong> les vertus des plantes. Ayez un<br />

regard inter dimensionnel. Regardez la vie sous un<br />

autre angle. Aiguisez votre esprit <strong>et</strong> affûtez votre<br />

logique.<br />

_ Et que dois-je faire pour accéder à c<strong>et</strong>te<br />

communauté ?<br />

Le sexagénaire se dirigea vers une commode <strong>et</strong> en<br />

sortit une fiole opaque. Il revint vers Kévin <strong>et</strong> lui<br />

tendit c<strong>et</strong>te dernière.<br />

_ Qu’est-ce que c’est ? , Demanda Kévin.<br />

_ Il s’agit de liqueur de peyotl. Les sorciers<br />

amérindiens s’en servaient pour avoir la vision de<br />

leurs dieux. C’est une plante hallucinogène. Le<br />

rituel consiste à vider c<strong>et</strong>te fiole. Vous vous sentirez<br />

lourd, puis chancelant <strong>et</strong> enfin vous visiterez votre<br />

for intérieur qui se manifestera par des rêves qui<br />

vous dévoileront des vérités qui vous appartiennent.<br />

C’est à vous de les voir <strong>et</strong> de les reconnaître.<br />

Kévin s’empara de la fiole <strong>et</strong> l’ouvrit. Il porta c<strong>et</strong>te<br />

dernière à son nez afin de sentir la potion. Une<br />

odeur âcre s’en émanait. Il resta immobile quelques<br />

Page 14


secondes. Mille images traversaient son esprit <strong>et</strong><br />

mille mots contrôlaient ses émotions : savoir,<br />

magie, lucidité, spiritualité, sagesse, pouvoir,<br />

force, respect...Il but la potion en une gorgée.<br />

_ C’est fait ! , dit-il, souriant, au sexagénaire.<br />

_ Très bien, affirma monsieur Gimbert. Vous<br />

pouvez commencer le rituel mais prenez garde.<br />

La connaissance suprême ne s’acquiert pas aussi<br />

facilement que l’on souhaiterait. Si vous<br />

échouez, vous paierez de votre vie.<br />

_ Quoi ? Que dites-vous ?<br />

_ Vous avez bien enten<strong>du</strong>. Je vous souhaite bon<br />

courage dans votre quête de la vérité...« la vérité<br />

face au monde », c’est la devise de la<br />

« Gorsedd ».<br />

Kévin sentit son corps s’alourdir, devenir de<br />

plus en plus insensible. Il avança de quelques<br />

mètres puis sa vue se troubla. Il zigzagua sur<br />

quelques mètres supplémentaires puis s’écroula<br />

de tout son long. Il regarda autour de lui,<br />

désemparé, <strong>et</strong> la pièce disparut dans un nuage de<br />

fumée. Des formes surgirent de ces brumes<br />

compactes <strong>et</strong> tournèrent autour de lui. Il aperçut<br />

un taureau au pelage de jais, des griffons aux<br />

allures hostiles, un coffre inaccessible, un<br />

serpent ailé <strong>et</strong> trois femmes aliénées qui riaient<br />

aux éclats. Il contempla avec horreur <strong>et</strong> désarroi<br />

c<strong>et</strong>te vision <strong>et</strong> il perdit connaissance pour se<br />

réveiller ici, dans c<strong>et</strong>te maudite pièce.<br />

*<br />

Ä Les trois druides Å, notes personnelles de<br />

Gwilherm :<br />

L’incertitude est le propre de l’homme…c’est l’une des<br />

fac<strong>et</strong>tes de la <strong>du</strong>alitÇ.<br />

Rien n’est plus <strong>du</strong>r que de se vouer cœur <strong>et</strong> ãme Ñ ses<br />

dÇsirs, ses convictions <strong>et</strong> ses idÇes.<br />

La foi sert Ñ cela : contraindre notre esprit Ñ se fondre<br />

dans l’unitÇ, seule perspective consciente de l’ätre<br />

humain.<br />

*<br />

Il marcha prudemment vers l’autel <strong>et</strong> scruta<br />

scrupuleusement ce dernier. Il remarqua qu’un<br />

vieux parchemin était posé aux côtés d’une<br />

bougie éteinte <strong>et</strong> d’une coupe en étain remplie<br />

d’eau. Il saisit le parchemin <strong>et</strong> examina le<br />

papier. Il était épais <strong>et</strong> jauni par le temps. La<br />

graphologie <strong>du</strong> texte laissait apparaître une écriture<br />

en minuscule, aux formes arrondies <strong>et</strong> fluides. Il lut<br />

l’énoncé <strong>du</strong> parchemin :<br />

LES TROIS DRUIDES<br />

A l’aube d’une nouvelle humanitÅ, trois druides se dressÇrent devant le<br />

tout-puissant. Chacun Åtait le reprÅsentant d’une lÅgislation naturelle.<br />

Ils dÅtenaient respectivement la loi de l’empreinte, la loi de l’analogie<br />

<strong>et</strong> la loi de la rÅcolte.<br />

De ces trois lois rÅgissaient trois phases initiatiques :<br />

La phase de rÅgression ou mort initiatique. Isolement, Åloignement,<br />

attente É l’extÅrieur, le jeÑne, se dÅvÖtir, yeux voilÅs, mÅditation,<br />

passage sous un dolmen, rites de mort.<br />

La phase de renaissance : acceptation par le groupe, entrer dans le<br />

cercle ou le triangle, purification de la terre, l’air, l’eau, le feu, le soleil,<br />

imposition des mains, nom nouveau, vÖtements.<br />

La phase de rÅvÅlation : recevoir une tradition, une filiation, une<br />

connaissance, le livre <strong>du</strong> savoir druidique, des symboles, prÖter serment<br />

É l’ordre, serment de secr<strong>et</strong>, serment pour l’utilisation contrÜlÅe des<br />

pouvoirs, pacte de sang.<br />

De ces trois phases dÅcoulent trois unitÅs primitives : un Dieu, une<br />

vÅritÅ, une libertÅ, point oá se font Åquilibre toutes les oppositions.<br />

De ces trois unitÅs primitives s’Åmanent trois choses : la vie, le bien, la<br />

puissance.<br />

En Dieu, trois nÅcessitÅs importantes se dÅvoilent :<br />

Que Dieu soit nÅcessairement la vie É son maximum<br />

Que Dieu soit nÅcessairement la connaissance É son maximum<br />

Que Dieu soit nÅcessairement la puissance É son maximum.<br />

En Dieu, trois impossibilitÅs s’imposent. Il ne se peut que Dieu<br />

soit É la fois :<br />

La plÅnitude <strong>du</strong> bien en tant que devenir<br />

La plÅnitude <strong>du</strong> bien en tant que dÅsir<br />

La plÅnitude <strong>du</strong> bien en tant que possibilitÅs<br />

Dieu nous donne trois preuves de ce qu’il a fait <strong>et</strong> de ce qu’il fera en<br />

tant que nature :<br />

Sa puissance infinie<br />

Sa sagesse infinie<br />

Son amour infini<br />

Dieu, infiniment parfait, a nÅcessairement trois besoins en crÅant<br />

chaque chose<br />

Amoindrir le mal<br />

Accroàtre le bien<br />

Justifier des diffÅrences entre les choses.<br />

Il reposa le parchemin à sa place initiale.<br />

Il regarda autour de lui <strong>et</strong> aperçut trois gravures qui<br />

ornaient le mur Est. L’une d’elle, il l’avait reconnu,<br />

représentait Teutates-Mercure. Les deux autres,<br />

d’après certaines descriptions de monsieur Gimbert,<br />

devaient définir Esus-Mars <strong>et</strong> Taranis-Jupiter<br />

Page 15


décrivant respectivement la seconde branche<br />

guerrière <strong>et</strong> la fonction souveraine à qui l’on<br />

doit la corne d’abondance.<br />

Il examina les deux dernières gravures.<br />

Esus-Mars était en train d’abattre un arbre de la<br />

forêt où se cache le taureau aux trois grues<br />

tandis que celle de Taranis-Jupiter décrivait à<br />

côté d’un Dieu barbu, un personnage coiffé d’un<br />

casque à corne qui tient une grande roue aux<br />

multiples rayons.<br />

Taranis-Jupiter, il l’avait enten<strong>du</strong> dire, était le<br />

maître des loups, des griffons <strong>et</strong> des serpents à<br />

tête de bélier.<br />

Les gravures étaient certes passionnantes mais<br />

elles ne l’aidaient pas dans son désir de prendre<br />

la poudre d’escamp<strong>et</strong>te.<br />

Il poursuivit son exploration visuelle sur son<br />

environnement lorsqu’il vit une toile sur le mur<br />

Sud. Il s’approcha de c<strong>et</strong>te dernière <strong>et</strong> la détailla<br />

avec intérêt.<br />

La peinture représentait une déesse qui soulevait<br />

les eaux pour engloutir une cité. Kévin examina<br />

la toile avec fascination.<br />

La représentation était troublante. La cité peinte<br />

semblait fabuleuse mais aussi très ancienne. Une<br />

seule idée lui traversa l’esprit : l’Atlantide.<br />

Il se souvint d’une conversation où Arthur<br />

Gimbert s’entr<strong>et</strong>enait avec l’un de ses dévoués.<br />

Il expliqua à ce dernier que les druides auraient<br />

été des magiciens de l’Atlantide qui avait<br />

découvert les secr<strong>et</strong>s de la nature <strong>et</strong> ses<br />

merveilles. Certains d’entre eux voyaient en elle<br />

une approche positive de la terre <strong>et</strong> pratiquèrent<br />

la magie blanche afin d’harmoniser la vie de la<br />

population.<br />

Les autres percevaient dans la nature une<br />

tentatrice des forces occultes <strong>et</strong> négatives. Ils<br />

étaient adeptes de la magie noire <strong>et</strong> se vouèrent<br />

au culte de la luxure.<br />

Les magiciens adeptes de la magie blanche, peu<br />

intéressés par le matériel, sentirent le danger qui<br />

menaçait l’Atlantide <strong>et</strong> se dispersèrent à l’Ouest,<br />

vers les rivages d’Amérique <strong>et</strong> à l’Est, vers ceux<br />

de l’Irlande.<br />

Pour les adeptes de la magie noire, ils périrent <strong>et</strong><br />

disparurent avec l’Atlantide.<br />

Kévin détailla une fois de plus la peinture. L’eau<br />

représentait un élément important aux yeux <strong>du</strong><br />

druidisme ancien <strong>et</strong> contemporain. L’eau<br />

associait l’image d’une déesse. Elle était la<br />

représentation de la nature violée qui punissait<br />

les humains par des inondations. Étrange<br />

coïncidence lorsqu’on compare c<strong>et</strong>te apocryphe aux<br />

textes bibliques : l’arche de Noé ou les quatre<br />

cavaliers de l’apocalypse qui sont guerre, maladie,<br />

famine <strong>et</strong> inondation.<br />

Kévin pensa aux fontes glaciaires que subit notre<br />

planète actuellement.<br />

Est-ce un message de la nature afin de nous avertir<br />

d’une destruction imminente de notre monde.<br />

Probablement que oui !<br />

Il recula de quelques pas <strong>et</strong> pensa à la toile. Il était<br />

convaincu qu’elle détenait la réponse pour sortir<br />

d’ici. Il associa tous les éléments définis sur la<br />

peinture sur la situation actuelle <strong>et</strong> il comprit.<br />

Son regard se posa de nouveau sur le bassin.<br />

« L’eau, pensa t-il, le flot de vie qui coule en dedans<br />

<strong>et</strong> en dehors de l’homme. Le breuvage divin qui<br />

donne <strong>et</strong> maintient la vie mais dans lequel on peut<br />

aussi se noyer. »<br />

Il scruta l’eau aux refl<strong>et</strong>s argentés <strong>et</strong> fut soudain<br />

convaincus que la sortie se trouvait là.<br />

Après une mûre réflexion, il plongea dans le bassin<br />

<strong>et</strong> se dirigea vers le fond. Des roches crevassées<br />

constituaient les parois de ces derniers. Il nagea le<br />

long de ces dernières <strong>et</strong> aperçut une cavité qui<br />

débouchait sur une sortie.<br />

Il remonta à la surface <strong>et</strong> reprit son souffle. Il<br />

inspira profondément <strong>et</strong> plongea de nouveau.<br />

Aodhfin Eoghan<br />

A suivre…<br />

Page 16


La Vieille, la Cailleach Bheur,<br />

Frau Holle…<br />

Eber<br />

La Vieille déesse des païens est encore présente<br />

dans nombre de mythes <strong>et</strong> de symboles<br />

Européens dont elle constitue un des<br />

personnages clef. On la r<strong>et</strong>rouve également dans<br />

les légendes populaires de nombreux pays <strong>et</strong><br />

plus particulièrement ceux de tradition germano<br />

celtique. En Alsace Lorraine elle est Frau Holle.<br />

Dame Holle . En Ecosse elle est la Cailleach. En<br />

Allemagne Holda.<br />

Elle est souvent présentée comme un<br />

personnage ambivalent. A la fois terrifiante sous<br />

son aspect de « sorcière » <strong>et</strong> généreuse sous son<br />

aspect Dame Blanche<br />

La Vieille est évidement associée à la période<br />

sombre de l’année. C’est elle qui apporte le gel,<br />

glace les campagnes<br />

C’est elle<br />

encore qui<br />

souffle le<br />

vent froid<br />

<strong>du</strong> nord <strong>et</strong><br />

apporte la<br />

neige.<br />

La légende<br />

raconte<br />

qu’elle<br />

pro<strong>du</strong>it la<br />

neige en<br />

secouant<br />

ses oreillers<br />

Paradoxale<br />

ment<br />

pourtant<br />

elle est<br />

traditionnel<br />

lement associée à la distribution de cadeaux.<br />

Tout aussi curieusement les formes germaniques<br />

de son nom sont associées à la Lumière. Ainsi<br />

Perchta serait la « brillante ».. Qualificatif que<br />

l’on trouve en Celtie avec les noms de Belisama<br />

par exemple.<br />

Quant à « Holle » certains en font l’équivalent<br />

de « Esprit »<br />

Nous aurions donc à faire avec un « Esprit<br />

lumineux »<br />

Donc le cycle de manifestation se superposerait au<br />

cycle sombre/clair <strong>et</strong> par extension au cycle<br />

vie/mort.<br />

Le nom de Herke qu’on lui attribue parfois la<br />

m<strong>et</strong>trait en rapport avec la Terre. Le royaume<br />

souterrain des morts <strong>et</strong> des nouvelles naissances.<br />

La Terre étant le lieu de toutes les fertilités <strong>et</strong> donc<br />

celui où le germe engendre la nouvelle vie.<br />

On raconte qu’une veuve ayant deux filles obligeait<br />

la cad<strong>et</strong>te à se rendre tous les jours près <strong>du</strong> puit pour<br />

filer la laine jusqu’à ce que ses doigts saignent. Un<br />

jour épuisée la jeune fille laissa tomber sa<br />

quenouille dans le puit. Et pour la punir la marâtre<br />

l’y fit tomber elle aussi en lui ordonnant d’aller la<br />

chercher.<br />

C<strong>et</strong>te descente<br />

prend un<br />

tournant<br />

étrange. Au<br />

lieu de se<br />

r<strong>et</strong>rouver au<br />

fond <strong>du</strong> puit la<br />

jeune fille se<br />

r<strong>et</strong>rouve dans<br />

un pays<br />

merveilleux où<br />

après quelques<br />

« épreuves »<br />

elle fait la<br />

rencontre<br />

d’une vieille Dame qui lui demande de l’aider dans<br />

son travail <strong>et</strong> en particulier de secouer son édredon<br />

pour que tombe la neige sur le Monde.<br />

La jeune fille s’étant acquittée de son travail avec<br />

courage la Vieille la ramena dans son monde <strong>et</strong> la<br />

couvrit d’une pluie d’or.<br />

A son r<strong>et</strong>our la marâtre apprenant ces aventures<br />

voulut renouveler l’expérience <strong>et</strong> j<strong>et</strong>a la seconde<br />

fille dans le puit. Celle-ci se r<strong>et</strong>rouva dans le pays<br />

merveilleux mais elle n’avait pas l’habitude de<br />

travailler. Elle passa sans se soucier à coté des<br />

« épreuves » qui l’attendaient <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouva au<br />

service de la veille Dame.<br />

Mais elle était paresseuse son travail s’en ressentit<br />

.Et au bout de quelques jours Frau Holle la<br />

congédia. La fille s’attendait bien sûr à une pluie<br />

Page 17


d’or mais ce fut une pluie de poix qui tomba sur<br />

elle. Et plus jamais elle ne put s’en défaire.<br />

Nous r<strong>et</strong>rouvons ici l’ambivalence de la Vieille<br />

Déesse. Ambivalence qui se manifeste d’ailleurs<br />

au physique puisqu’elle se présentera tantôt<br />

comme une vieille sorcière aux dents pointues.<br />

Habillée de haillons <strong>et</strong> aux pattes d’oie<br />

Tantôt comme une belle Dame tout de blanc <strong>et</strong><br />

d’or vêtue.<br />

Il semble bien que la Vieille préside au cycle de<br />

la vie/mort,<br />

A la fertilité, à la fécondité, intervenant dans les<br />

naissances. On dit d’ailleurs dans certaines<br />

régions que les enfants naissent de la Terre ou<br />

de l’Eau. Et on montre dans les Vosges des<br />

rochers où naissent les bébés. Dans son aspect<br />

redoutable la Vieille participe à la chasse<br />

sauvage.<br />

C’est donc Elle aussi qui reçoit les guerriers<br />

morts au combat ou les enfants morts en bas<br />

âge.<br />

Ambivalence à nouveau<br />

Parfois Frau Holle est accompagnée d’une<br />

troupe de sorcières. Les « Femmes de la Nuit » .<br />

Qu’elle mène dans la campagne à la recherche des<br />

âmes per<strong>du</strong>es. Elles sortent de leur royaume<br />

souterrain <strong>du</strong>rant certaines nuits particulières. Le<br />

reste <strong>du</strong> temps elles y restent pour filer <strong>et</strong> tisser en<br />

compagnie des âmes « non nées »<br />

Car nous l’avons vu la Vieille habite sous Terre.<br />

Dans une grotte <strong>et</strong> parfois sous un lac. Nous<br />

r<strong>et</strong>rouvons c<strong>et</strong>te « proximité » avec l’élément eau<br />

lorsqu’elle se présente sous son aspect<br />

« bénéfique ». Là Elle est la Dame blanche, la<br />

Dame de la Source.. (La dame <strong>du</strong> lac ?). On dit que<br />

la Dame Blanche a beaucoup d’enfants <strong>et</strong> la légende<br />

dit qu’il se trouverait une entrée de son Monde sous<br />

la cathédrale de Strasbourg.<br />

Alors bien sûr certains ont réussi à se rendre « de<br />

leur vivant »dans ce royaume. Souvent d’ailleurs<br />

guidés par une oie, un cygne ou une cigogne.<br />

Ils y restent quelques jours <strong>et</strong> en sortant<br />

s’aperçoivent que le monde a totalement changé.<br />

Au royaume de la Vieille le temps n’est pas le<br />

même.<br />

S’il y a des rapports évidents entre Frau Holle, <strong>et</strong> les<br />

Déesses germaniques comme Freyja<br />

des figures comme celles d’Ar<strong>du</strong>inna ne semblent<br />

pas étrangères à sa nature.<br />

Nous voyons bien<br />

également quelques<br />

rapports avec Brighid<br />

ou encore Rosmerta<br />

sous son aspect<br />

« pourvoyeuse ».<br />

Page 18


Autre jeu de mots lorsque les Femmes de la Nuit<br />

sont dites « Hexe »<br />

(sorcière) contraction de Hagedise ou « dise <strong>du</strong><br />

bosqu<strong>et</strong> sacré »<br />

La Dame Blanche pour sa part cristallise la<br />

blancheur de la lumière de la Lune, parfois liée à<br />

l’or <strong>du</strong> Soleil. Elle est pur<strong>et</strong>é, beauté, la<br />

bienveillance. Elle préside à l’é<strong>du</strong>cation des<br />

enfants, aux mariages aux naissances. Mais on<br />

dit parfois qu’elle apparaît gantée de noir pour<br />

prévenir de la survenue de malheurs.<br />

Ambivalence encore<br />

Si la Dame blanche est généralement généreuse,<br />

si elle apporte les cadeaux, l’abondance, c’est<br />

toujours sous condition.<br />

En revanche mieux vaut ne pas manquer à sa<br />

parole ou à son devoir.<br />

Les attributs de la Vieille nous font<br />

immédiatement penser aux Nornes, ces<br />

Maîtresses <strong>du</strong> destin auxquelles Holle emprunte<br />

les symboles <strong>du</strong> fil ou <strong>du</strong> fuseau.<br />

Comme Elles, Frau Holle décide de ce qui doit<br />

continuer <strong>et</strong> de ce qui doit être coupé. Persister ou<br />

mourir.<br />

Toujours à l’image de la Terre .A la fois Mère <strong>et</strong><br />

Tombe.<br />

Il semble évident également que Holle ait de tout<br />

temps présidé aux « mystères féminins » . Aux<br />

initiations des jeunes filles( comme pourrait le<br />

suggérer sa légende) <strong>et</strong> aux travaux <strong>du</strong> fil .<br />

Le plongeon dans le puit est un r<strong>et</strong>our au sein de la<br />

Mère.<br />

L’histoire parle de pains cuits, de pommes .. qu’il<br />

faut sortir <strong>du</strong> four, ranger, ordonner, maîtriser<br />

Dame Holle a des pattes d’oie .Et on sait que ces<br />

animaux comme les cygnes sont les véhicules des<br />

Dames <strong>du</strong> Sidh, de l’autre Monde.<br />

De là à faire de la Vieille le modèle divin de la<br />

« Fée » (fatum). De la Femme<br />

Sage<br />

Les femmes <strong>du</strong> Sidh ( Banshee<br />

) habitent habituellement sous<br />

Terre <strong>et</strong> certains tertres<br />

mégalithiques sont réputés pour être les portes<br />

d’entrée au royaume de l’Autre Monde.<br />

On r<strong>et</strong>rouve le même folklore ici <strong>et</strong> là en France<br />

avec les Dolmens. Sébillot note qu’en de<br />

nombreuses régions, les menhirs ont été considérés<br />

comme des quenouilles, des axes plantées par les<br />

fées, parfois par les géants. En Alsace, dans c<strong>et</strong><br />

endroit qu’on appelle le « Walhalla » se trouve un<br />

rocher gigantesque appelé « Le fuseau ». Celui de<br />

la Déesse bien enten<strong>du</strong>.<br />

On dit aussi que la Cailleach a formé les collines <strong>du</strong><br />

Comté de Ross <strong>et</strong> une grande partie des monts<br />

Ecossais, simplement en transportant les pierres<br />

dans son panier.<br />

En Finlande ce sont les filles des géants qui portent<br />

les pierres dans leurs tabliers.<br />

Permanence <strong>du</strong> lien à la Terre !<br />

Frau Holle est associée à un certain nombre de<br />

symboles<br />

Page 19


Le sureau : On dit que les âmes des morts<br />

séjournent dans le sureau <strong>et</strong> qu’il porte malheur<br />

de le couper. Le sureau est d’ailleurs l’arbre qui<br />

sert à confectionner les bagu<strong>et</strong>tes magiques des<br />

grimoires ; Celui qui sait s’en servir peut entrer<br />

en contact avec les pouvoirs de la Vieille.<br />

Mais attention toujours sous condition. Qui est<br />

généreux <strong>et</strong> travailleur se verra récompensé.<br />

Alors que l’avare ou le paresseux seront j<strong>et</strong>és au<br />

sol <strong>et</strong> la Terre par au dessus d’eux.<br />

Nous r<strong>et</strong>rouvons le caractère ambivalent de la<br />

Déesse. Elle est Reine <strong>du</strong> monde souterrain, <strong>du</strong><br />

royaume des morts <strong>et</strong> de ses richesses.<br />

Le chaudron : associé à la nourriture de façon<br />

évidente mais aussi au symbolisme de la<br />

vie/mort. Aux transformations <strong>et</strong> à la<br />

renaissance<br />

Les pommes associées à l’autre monde mais<br />

aussi à une certaine forme de sagesse/folie. Le<br />

pommier qui pousse à Avallon. Les pommes de<br />

l’éternelle jeunesse attribuées à I<strong>du</strong>nn.<br />

Les Germains ont d’ailleurs une rune spécifique<br />

pour Perchta dans laquelle on peut assez<br />

aisément reconnaître un chaudron.<br />

Et si la saison privilégiée de la Vieille reste<br />

Samonios : On pourra aussi la rencontrer au<br />

solstice, à <strong>Imbolc</strong> ou lors de la veille de Beltaine<br />

(Walpurgis Nacht)<br />

Page 20


Simples <strong>du</strong> lieu<br />

Hasard ou pas, j’ai trouvé simple l’idée que simples<br />

soient à ma porte.<br />

Longtemps j’ai regardé au loin pensant monts <strong>et</strong><br />

merveilles de la nature luxuriante <strong>et</strong> voilà qu’au détour<br />

de ma chaussure, mille <strong>et</strong> une merveilles se sont<br />

offertes à moi.<br />

Commençons par les premières, verveines se dérobant<br />

entre mes semelles, orties aux grands pieds, ou<br />

pâquer<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> pissenlits aux dents de lions.<br />

Au fil de la roue, les pousses arrivent par vague<br />

Ronde des p<strong>et</strong>its muscaris sous l’élégant panache <strong>du</strong> noyer, jolis oignons<br />

sauvages lâchés sous le cerisier <strong>et</strong> tilleul rutilant.<br />

de couleurs, d’arômes <strong>et</strong><br />

d’identités, fièrement<br />

enracinées sur leur terroir.<br />

Laissant la vie faire par des<br />

jachères vagabondes, havre<br />

de liberté <strong>et</strong> de simplicité<br />

pour ces dames, voilà la suite<br />

de la cour qui s’élance vers le<br />

ciel.<br />

Page 21


Poursuivant ma course par le sud, apparaissent les grandes sœurs chicorées <strong>et</strong> grandes mauves, orchidées<br />

sauvage luttant pour leur survie.<br />

J’ai accaparé un bout de terre <strong>et</strong> j’odore mes hôtes par mon frais parfum de menthe, je lutte aussi pour<br />

conquérir un bout de terre riche <strong>et</strong> je picote à qui veut bien me caresser les oreilles <strong>et</strong> je fais un purin de<br />

génie, je suis l’ortie vous l’aurez deviné.<br />

Et la course se poursuit par le pays des eaux où poussent<br />

arômes <strong>et</strong> primevères à l’ombre <strong>du</strong> grand marronnier<br />

.<br />

Page 22


Le nord m’appelle <strong>et</strong> la floraison est grande, c’est la ronde des touffes de mélisses égarées ici <strong>et</strong> là, nous<br />

r<strong>et</strong>rouvons les amies mauves, orties <strong>et</strong> chicorées qui se tendent la main ici <strong>et</strong> là hors de l’ombre des<br />

nois<strong>et</strong>iers <strong>et</strong> des robiniers, sous lesquels apparaissent viol<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites véroniques.<br />

La route est bordée<br />

d’une allée d’honneur<br />

où se positionnent les<br />

meilleurs <strong>et</strong> les<br />

plus beaux, bébé<br />

frêne à sa peau sculptée,<br />

l’ami sureau aux fleurs<br />

magiques suivi <strong>du</strong> prunellier aux dents acérées, accoudé à l’hôte tout vert aux feuilles cuisinières lauracées.<br />

La haie d’honneur est toujours là avec ses robiniers qui galopent sur le terrain libre, étouffant l’ami p<strong>et</strong>it<br />

buis au grand cœur.<br />

Ils sont<br />

dans la<br />

danse les<br />

vieux<br />

troncs<br />

creux<br />

évidés par<br />

le temps,<br />

montagnes<br />

de lierre<br />

qui<br />

prennent<br />

forme<br />

pour le<br />

bonheur<br />

des p<strong>et</strong>its<br />

occupants<br />

<strong>du</strong> lieu.<br />

Le vieux nois<strong>et</strong>ier est aussi là avec ses barres défiant<br />

quiconque de s’approcher <strong>et</strong> puis le club des lilas,<br />

Page 23


pousse toi de là que je me pousse.<br />

Je tiens l’angle <strong>et</strong> je suis le coin coing, j’ai fait 2 fruits <strong>et</strong> alors si tu en voulais plus tu n’avais qu’à les<br />

faire !!!!<br />

Je suis le robinier avec mes belles blancheurs aux parfums envoûtants, accoudé à un p<strong>et</strong>it troène, je suis<br />

aussi voisin d’un groupe de lilas épars <strong>et</strong> d’un cognassier égaré <strong>et</strong> pour finir le tableau je suis le noyer<br />

déraciné qui survit de la tempête dernière avec mon voisin amandier qui ne vit que par les derniers rameaux<br />

de son imposant tronc aux allures de cornes de cervidé.<br />

Pour terminer ma course, j’ai pris chaussures à mon pied <strong>et</strong> dans la danse je suis rentré, semant ici <strong>et</strong> là dans<br />

la spirale magique de la défunte terre brûlée des milliers de fleurs magiques pour remercier le lieu de<br />

m’avoir tant apporté par sa présence.<br />

Et vie est venue dans le creux de la terre, les couleurs sont apparues, des jaunes, des oranges, des p<strong>et</strong>ites, des<br />

grandes <strong>et</strong> même des tomates venues s’inviter à la danse le temps d’un instant.<br />

De la terre, j’ai ren<strong>du</strong> la joie de mon cœur, le partage de mon âme <strong>et</strong> le chant <strong>du</strong> lieu qui résonne encore sur<br />

la lande toute proche <strong>et</strong> silencieuse.<br />

Astur<br />

Photos Armana<br />

Page 24


IdÅes lecture <strong>Imbolc</strong> <strong>2008</strong><br />

Après notre balade écossaise pour les livres de<br />

Samonios dernier, voici c<strong>et</strong>te fois des ouvrages à<br />

tonalité plus br<strong>et</strong>onne ! Ainsi que le premier livre<br />

de notre ami Corvos, alias Bran, Macfuirmid de la<br />

clairière de Samara, <strong>et</strong> d’autres trouvailles<br />

variées.<br />

Bonnes lectures !<br />

Précis de<br />

cuisine<br />

féerique,<br />

Amandine<br />

Labarre,<br />

éditions AK,<br />

2007<br />

Vous connaissez<br />

peut-être déjà<br />

l’auteur par ses<br />

livres "L'Herbier Féerique" <strong>et</strong> les "Carn<strong>et</strong>s<br />

Féeriques de l'Herboriste" ? Amandine Labarre<br />

nous offre c<strong>et</strong>te fois un p<strong>et</strong>it bijou qui devrait ravir<br />

tous les cuisinier(e)s, qu’ils soient accomplis ou<br />

complètement débutants !<br />

Les rec<strong>et</strong>tes de plats <strong>et</strong> de boissons sont<br />

délicieuses, variées <strong>et</strong> accordées aux différentes<br />

fêtes celtiques, offrant pour le plaisir des papilles<br />

inspirations médiévales ou surprises végétales !<br />

Le site de l’auteur :<br />

http://amandine.labarre.free.fr/<br />

La danse des grands-mères,<br />

Clarissa Pinkola Estès,<br />

Grass<strong>et</strong>, 2007<br />

Sur la jeunesse de l’âge mûr <strong>et</strong><br />

la maturité de la jeunesse…<br />

Tout est dit !<br />

Ce p<strong>et</strong>it livre est un nouveau<br />

trésor, à l’image de Femmes<br />

qui courent avec les loups… A<br />

lire <strong>et</strong> à relire sans modération, pour recevoir la<br />

bénédiction qui enjoint de vivre pleinement, <strong>et</strong><br />

célébrer tous les âges de la vie !<br />

" Il existe une tradition ancienne qui veut que<br />

lorsqu'une fille se marie, les vieilles femmes<br />

essaient de tuer le marié avant qu'il ne gagne la<br />

chambre nuptiale. Et leur arme, c'est la danse. "<br />

Quand les " femmes qui courent avec les loups "<br />

atteignent la maturité, vient le temps de " la<br />

danse des grand-mères ". Vivre pleinement,<br />

développer sa vision intérieure, écouter son<br />

intuition, tel est le message de ces aînées que<br />

rien n'arrête. Elles sont une source inépuisable<br />

de force vitale <strong>et</strong> nous transm<strong>et</strong>tent<br />

inlassablement un trésor de sagesse. A travers<br />

les mythes <strong>et</strong> les métaphores, la psychanalyste <strong>et</strong><br />

conteuse Clarissa Pinkola Estés développe les<br />

thèmes qui ont fait d'elle un auteur de référence<br />

dans le monde entier. Sa voix touche le cœur <strong>et</strong><br />

l'intelligence des femmes de tous âges. »<br />

Mélusine <strong>et</strong> l’éternel<br />

féminin, Audrey Fella,<br />

éditions Dervy, 2006<br />

Eh bien ! Quel livre dense !<br />

Du haut de ces 400 pages,<br />

voici un ouvrage au contenu<br />

incroyable, <strong>et</strong> qui a <strong>du</strong><br />

nécessiter un travail de<br />

recherche colossal !<br />

Lorsque j’en suis arrivée à la<br />

moitié, je me suis demandé<br />

ce que l’auteur allait pouvoir ajouter de plus vu la<br />

richesse de ce que je venais de lire. Mais non, la<br />

lecture se poursuit, sans jamais lasser, tant<br />

Audrey Fella est capable de nous emmener à<br />

travers les traditions celtiques, nordiques,<br />

médiévales, littéraires <strong>et</strong> ésotériques sans jamais<br />

s’égarer <strong>et</strong> perdre de vue son propos.<br />

Voici donc un ouvrage incontournable sur<br />

Mélusine, <strong>et</strong> ce qu’elle représente.<br />

Page 25


Livre Corvos :<br />

Cosmogonies<br />

chamaniques, éditions<br />

<strong>du</strong> Corbeau, <strong>2008</strong><br />

“Notre âme primordiale<br />

se nourrit d’images. Tel<br />

nous nous représentons<br />

le monde à l’intérieur de<br />

nous mêmes, tel nous<br />

fonctionnons avec lui. Ce<br />

livre invite au voyage<br />

dans le monde des<br />

représentations cosmogoniques chamaniques. Il<br />

propose, au regard de la pensée animiste une<br />

observation de ce que nous sommes en tant<br />

qu’indivi<strong>du</strong>s dans l’univers dans lequel nous<br />

évoluons.”<br />

Puisque j’ai eu la chance de le relire avant sa<br />

parution, je ne peux que louer la qualité de son<br />

contenu, <strong>et</strong> partager ici mes premières<br />

impressions…<br />

A vrai dire, c<strong>et</strong>te lecture m’a un peu secouée,<br />

dans le bon sens <strong>du</strong> terme ! Entre certaines<br />

phrases qui me sont allées droit au coeur <strong>et</strong> que<br />

je garderai volontiers comme citations, <strong>et</strong> d’autres<br />

qui m’ont entraînée dans des remises en<br />

question qui me nourrissent encore aujourd’hui ; il<br />

y a des choses que je considérais comme<br />

acquises, sûres, stables, d’autres auxquelles je<br />

n’avais jamais vraiment réfléchi dans ma<br />

conception <strong>du</strong> monde, <strong>et</strong> de la place de l’humain<br />

dans celui-ci.<br />

C’est donc vraiment un livre dense <strong>et</strong> profond que<br />

Corvos nous propose ici, illustré de ses<br />

aquarelles, à lire <strong>et</strong> à relire, comme une<br />

inspiration.<br />

Pour plus de détails, <strong>et</strong> lire un extrait, le site des<br />

éditions <strong>du</strong> Corbeau :<br />

http://stores.lulu.com/corvos<br />

Une Br<strong>et</strong>agne si étrange, 1900-1920, James<br />

Eveillard <strong>et</strong> Patrick<br />

Huch<strong>et</strong>, éditions Ouest<br />

France, 1999<br />

Ce joli livre pourrait<br />

donner l’impression<br />

d’avoir un contenu bien<br />

récent pour les quêteurs<br />

<strong>du</strong> passé, mais il serait<br />

dommage de s’en<br />

détourner ! En eff<strong>et</strong>, l’auteur propose un contenu<br />

riche <strong>et</strong> abondamment illustré, <strong>et</strong> au détour de<br />

chaque page de nombreux souvenirs <strong>et</strong> surprises<br />

attendent leur lecteur.<br />

« De jeunes Br<strong>et</strong>onnes faisant les vendanges... à<br />

Carnac ! Un "darboteur" avec son bâton magique<br />

! Craou, l'arracheur de dents de Brasparts. Les<br />

cérémonies druidiques <strong>du</strong> Gorsedd de Nantes. La<br />

grande "foire aux socialistes" à Kerfot, près de<br />

Paimpol. La fête de l'aviation à Pontivy <strong>et</strong> ses...<br />

120 000 spectateurs !<br />

Voilà quelques exemples de c<strong>et</strong>te Br<strong>et</strong>agne<br />

d'antan, celle des premières années <strong>du</strong> XXe<br />

siècle qui vit l'âge d'or de la carte postale.<br />

Insolite, singulière voire surprenante, elle<br />

témoigne de la persistance de croyances <strong>et</strong><br />

superstitions bien vivantes (ah, les étranges<br />

pratiques autour des dolmens <strong>et</strong> menhirs !), tout<br />

autant que d'une vie politique tumultueuse<br />

(l'expulsion des congrégations, les Inventaires,<br />

<strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> de p<strong>et</strong>its métiers aujourd'hui disparus :<br />

marchand de cheveux, taupier, chiffonnier, <strong>et</strong>c.<br />

Plus qu'un simple obj<strong>et</strong> de curiosité, la carte<br />

postale se fait la gardienne de notre mémoire :<br />

une "Br<strong>et</strong>agne si étrange", certes, attachante,<br />

assurément. »<br />

Croyances <strong>et</strong><br />

superstitions en<br />

Br<strong>et</strong>agne, James<br />

Eveillard <strong>et</strong> Patrick<br />

Huch<strong>et</strong>, éditions Ouest<br />

France, 2004<br />

Des mêmes auteurs que<br />

le précédent, ces<br />

derniers ont c<strong>et</strong>te fois<br />

pour propos les<br />

croyances populaires de<br />

Br<strong>et</strong>agne, <strong>et</strong> leurs survivances. Je laisse le 4 ème<br />

de couverture vous en dire plus !<br />

« Depuis la nuit des temps, mille <strong>et</strong> une<br />

croyances <strong>et</strong> superstitions fleurissent en terre de<br />

Br<strong>et</strong>agne ; en 1799, Jacques Cambry en évoque<br />

quelques-unes : “ Un bruit fortuit répété trois fois<br />

leur prédit un malheur ; les hurlements d’un chien<br />

leur annoncent la mort ; le mugissement lointain<br />

de l’océan, le sifflement des vents enten<strong>du</strong>s dans<br />

la nuit, sont la voix <strong>du</strong> noyé qui demande un<br />

tombeau. Des trésors sont gardés par des géants<br />

<strong>et</strong> par des fées ; chaque pays a sa folie, notre<br />

Br<strong>et</strong>agne les a toutes… ”<br />

Page 26


Au XXe siècle, la carte postale témoigne de la<br />

permanence de ces étranges croyances : “ le<br />

menhir de Saint-Samson (près de Trégastel) <strong>et</strong><br />

toujours l’obj<strong>et</strong> d’un culte secr<strong>et</strong> de la part des<br />

femmes <strong>du</strong> pays ”… Les pardons, par centaines,<br />

perm<strong>et</strong>tent aux humains, comme aux bêtes, de<br />

se m<strong>et</strong>tre sous la protection d’un saint<br />

guérisseur…<br />

Qu’en est-il à l’aube <strong>du</strong> troisième millénaire ?<br />

A l’heure <strong>du</strong> règne de la Science <strong>et</strong> de<br />

l’ordinateur (<strong>et</strong> d’Intern<strong>et</strong> !), des jeunes femmes<br />

viennent encore se frotter contre certain menhirs<br />

“doués d’un pouvoir de fécondité”…des saints<br />

pour le moins peu “catholiques” sont vénérés<br />

dans des bois <strong>et</strong> forêts… un chat noir fait toujours<br />

aussi peur… Qui oserait passer sous une<br />

échelle ? »<br />

Fées, korrigans <strong>et</strong><br />

autres créatures<br />

fantastiques de<br />

Br<strong>et</strong>agne, Philippe le<br />

Stum, Editions Ouest<br />

France, 2001<br />

Pour qui voudrait<br />

découvrir le p<strong>et</strong>it peuple<br />

de Br<strong>et</strong>agne, voici<br />

l’ouvrage idéal. Compl<strong>et</strong>,<br />

concis, bien documenté<br />

tout en laissant la place à l’imagination <strong>et</strong> au<br />

rêve… C<strong>et</strong>te collection « Mémoires » est<br />

vraiment l’une de mes favorites !<br />

« L’imagination populaire des Br<strong>et</strong>ons est<br />

peuplée de créatures étranges, tantôt<br />

malicieuses, tantôt menaçantes, protectrices,<br />

sé<strong>du</strong>ctrices ou cruelles. Du légendaire médiéval<br />

sont issues les fées. Certaines sont célèbres,<br />

comme Viviane, qui a enchanté Merlin dans la<br />

forêt de Brocéliande. Mais les grottes littorales,<br />

les forêts <strong>et</strong> les fontaines étaient aussi les<br />

domaines de ces magiciennes. Pays de la mer, la<br />

Br<strong>et</strong>agne connut encore la sé<strong>du</strong>ction des sirènes<br />

<strong>et</strong> des morgans, dont quelques audacieux<br />

visitèrent les merveilleux palais aquatiques.<br />

Le p<strong>et</strong>it peuple des korrigans avait fait de la vieille<br />

péninsule sa terre d’élection, <strong>et</strong> les monuments<br />

mégalithiques qui la parsèment étaient, dit-on,<br />

leurs demeures. Les géants étaient leurs<br />

ennemis mortels. Malgré leur force <strong>et</strong> leur taille,<br />

ils n’eurent pas, dans c<strong>et</strong>te lutte, toujours le<br />

dessus. Si la plupart étaient débonnaires <strong>et</strong><br />

maladroits, plus redoutés étaient les ogres,<br />

souvent puissants magiciens.<br />

Pour la première fois, un ouvrage offre une<br />

présentation systématique de c<strong>et</strong> imaginaire. A la<br />

fois didactique <strong>et</strong> d’une lecture plaisante, il est<br />

établi sur l’étude <strong>et</strong> l’analyse des sources que<br />

constituent principalement les contes de tradition<br />

orale, recueillis par les folkloristes <strong>du</strong> XIXe siècle.<br />

Il est accompagné d’une riche illustration, en<br />

grande partie rare ou inédite. »<br />

Caillu Brigana<br />

Fédération des Bosqu<strong>et</strong>s<br />

<strong>et</strong> Clairières de l’ODET<br />

od<strong>et</strong>@druides.org<br />

http://www.druides.org<br />

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