Rouelle imbolc 2012 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier
Rouelle imbolc 2012 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier
Rouelle imbolc 2012 - Assemblée Druidique du Chêne et du Sanglier
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Il y a un an commençait la réflexion sur le rassemblement des groupes<br />
druidiques en France. En gaule devrais-je dire. Une volonté ! Celle de travailler<br />
ensemble à une reconnaissance <strong>du</strong> druidisme comme religion, à l’instar<br />
de nos frères britanniques en 2010. Un long <strong>et</strong> <strong>du</strong>r chemin, au regard de la<br />
faible implantation <strong>du</strong> druidisme <strong>et</strong> de l’hégémonie des monothéismes sur le<br />
continent.<br />
Pourtant, contre toute attente, ce rassemblement a pris forme en mai 2011 à<br />
Aubazine avec la naissance de Comarlia, le Conseil des Clairières <strong>Druidique</strong>s<br />
Continentales qui réunit une vingtaine de groupes de toute la France. Depuis,<br />
le dialogue intergroupe continue, d’autres frères <strong>et</strong> sœurs nous rejoignent,<br />
d’autres perspectives se font jour. Ce fut le cas à Val Suzon en Bourgogne,<br />
aux sources de la Seine, aux pieds de Sequana, où 30 personnes ont ritualisé<br />
ensemble, rendant hommage à c<strong>et</strong> ancien <strong>et</strong> haut lieu de guérison gaulois<br />
au carrefour des anciens territoires E<strong>du</strong>en, Lingon <strong>et</strong> Man<strong>du</strong>bien. Fin mai,<br />
un nouveau rassemblement scellera c<strong>et</strong>te volonté, de nouveau, à Aubazine en<br />
Corrèze.<br />
Notre tradition renaît ! Nos anciens lieux de culte rejaillissent <strong>du</strong> passé. De<br />
plus en plus de personnes prennent contact avec nous. L’ADCS, avec ces<br />
anciennes <strong>et</strong> nouvelles clairières, les accueille. Tout ceci est un signe ! Signe<br />
que les Dieux renaissent, que nos ancêtres parlent à nos oreilles, que la graine<br />
plantée se développe, que le travail de nos anciens porte ses fruits. C’est une<br />
lourde responsabilité pour nous. Mais en ces temps d’Imbolc, nous savons<br />
pouvoir compter sur les Dieux pour nous donner le savoir <strong>et</strong> la force d’accomplir<br />
tout cela.<br />
Deruos - Sequana<br />
Imbolc<br />
page 2 : Brigit, femme de sagesse <strong>et</strong> Imbolc - Viviane<br />
page 4 : La Bougie <strong>et</strong> Poème d’Imbolc - Satinka<br />
page 6 : Brigantia, déesse d’Imbolc - Caillin Blaa<br />
page 7 : Le r<strong>et</strong>our de Bride, Imbolc <strong>et</strong> Ode à Brigitte - Earawiel<br />
page 10 : Imbolc - Dercos<br />
page 11 : Bride - Kermailune<br />
page 13 : Bavardages de saison - Eber<br />
page 16 : Vivre le feu d’Imbolc - Llyriann<br />
En parallèle...<br />
page 19 : Galungan, Bali si loin si proche - Satinka<br />
Coups de cœur<br />
page 22 : Les éléments <strong>du</strong> Barde <strong>et</strong> Les Gaulois à p<strong>et</strong>it pas - Astur<br />
page 24 : La Prophétie des runes - Kermailune<br />
Imbolc
Viviane<br />
Brigit,<br />
femme de sagesse<br />
Qui était Brigit ? Il n’est pas facile<br />
de répondre à c<strong>et</strong>te question, car<br />
nous avons per<strong>du</strong> de vue son origine,<br />
<strong>et</strong> à une époque tardive, il est difficile de distinguer<br />
la déesse celtique de la sainte chrétienne<br />
<strong>du</strong> même nom.<br />
Mais c’est peut-être une qualité de Brigit, de ne<br />
pouvoir être catégorisée aisément. Car dans la<br />
tradition de la Déesse <strong>et</strong> de la sainte, elle semble<br />
avoir été la bienfaitrice omniprésente de tous les<br />
aspects de la vie des gens <strong>et</strong> <strong>du</strong> pays. En fait,<br />
on peut dire que Brigit est ce qu’il y a de plus<br />
proche de la Grande Mère des Celtes.<br />
Son nom a beaucoup de variantes : Brigid,<br />
Brighid, Brid en Irlande, Bhrighde <strong>et</strong> Bride en<br />
Ecosse, Ffraid au Pays de Galles <strong>et</strong> Breeshey<br />
dans l’île de Man.<br />
Un glossaire de l’irlandais <strong>du</strong> X e siècle, décrit<br />
la déesse Brigit comme l’une des Tuatha Dé<br />
Danann, la fille de Dagda, mais elle était censée<br />
être la mère des trois dieux de Danu, qui<br />
reflète peut-être une tradition ancienne « matrifocale<br />
», à prépondérance féminine. L’auteur, un<br />
moine chrétien de Cashel, Cormac, l’appelle<br />
« une femme de sagesse »… une Déesse que les<br />
poètes adorent parce que sa protection est très<br />
grande <strong>et</strong> très renommée.<br />
La poésie, filidecht, était indissociable de la<br />
voyance, Brigit étant considérée comme la<br />
grande inspiration derrière la divination <strong>et</strong> la<br />
prophétie, la source des oracles. Cormac mac<br />
Cuillenain dit encore qu’elle avait deux sœurs<br />
– Brigit le médecin <strong>et</strong> Brigit le forgeron – mais<br />
on pense généralement qu’elles étaient toutes<br />
trois des aspects d’une triple déesse de la poésie,<br />
de la guérison <strong>et</strong> de la forge, qui sont des<br />
arts magiques de la transformation. Ailleurs,<br />
Brigit est considérée comme la déesse d’autres<br />
arts importants de la société celtique – teinture,<br />
tissage <strong>et</strong> brassage – <strong>et</strong> elle était une gardienne<br />
d’animaux de ferme, surtout les vaches.<br />
Brigit est profondément associée à l’Irlande, <strong>et</strong><br />
des rivières irlandaises portent encore son nom.<br />
Elle avait deux bœufs appelés Fea <strong>et</strong> Feimhean,<br />
qui donnèrent leur nom à une plaine dans le<br />
comté de Carlow <strong>et</strong> l’autre à Tipperary. Elle<br />
était la gardienne de TorcTriath, roi des sangliers<br />
sauvages, dont le nom fut donné à Treithirne,<br />
une plaine de l’Ouest <strong>du</strong> comté de Tipperary.<br />
Ces trois animaux totems poussaient un cri<br />
d’avertissement si l’Irlande était en danger.<br />
Dans l’histoire mythique des Tuatha Dé<br />
Danann, elle était la fille <strong>du</strong> Dagda <strong>et</strong> la femme<br />
de son ennemi, le roi Fomoir Bres. La spécialiste<br />
<strong>du</strong> celtisme, Miranda Green, la considère<br />
comme « une déité ancestrale, une Déesse Mère<br />
dont l’intérêt principal était le bien-être de l’Irlande<br />
».<br />
Mais l’illustration la plus simple de sa tutelle sur<br />
le pays, vient de la tradition populaire, qui dit<br />
que Brigit étendit son grand manteau sur son<br />
pays bien-aimé, <strong>et</strong> en fit ainsi l’Île d’Émeraude.<br />
(Extrait de texte de Mara Freeman, Vivre la<br />
Tradition celtique)<br />
Imbolc<br />
Le 1 er février, Imbolc, une fête que j’aime beaucoup,<br />
fête de Brigit, Déesse de la lumière <strong>et</strong> de<br />
l’eau.<br />
Bien qu’étant toujours en hiver, on pressent les<br />
premiers signes <strong>du</strong> renouveau. Quelques p<strong>et</strong>ites<br />
pousses sortent de terre, les premières fleurs, les<br />
perce-neiges ouvrent leurs jolies corolles dans<br />
l’herbe commençant à reverdir ou parfois dans<br />
la neige. Depuis Alban Arthan, le Soleil a grandi,<br />
les jours sont un peu plus longs, l’espoir des<br />
jours meilleurs aide à supporter le froid de la fin<br />
de l’hiver.<br />
Imbolc est une fête celtique très ancienne mais<br />
nous n’en avons que peu d’informations, le<br />
christianisme étant passé par là… néanmoins<br />
les coutumes sont restées très fortes dans les<br />
campagnes.<br />
Imbolc est placée sous le signe de la pur<strong>et</strong>é, de la<br />
lustration (une purification après l’hiver).<br />
C<strong>et</strong>te fête célèbre la Déesse-Mère Brigit qui<br />
accompagne le r<strong>et</strong>our de son enfant, le r<strong>et</strong>our<br />
<strong>du</strong> jeune Soleil, chaque jour un peu plus fort.<br />
C’est une fête essentiellement féminine, maternelle,<br />
lunaire, elle est associée à l’eau.<br />
Il est souvent d’usage que le rituel d’Imbolc, soit<br />
mené principalement par des femmes.<br />
Ses symboles sont le blanc, la neige, le lait, l’eau<br />
lustrale, la Lune, les chandelles représentant la<br />
Lumière.<br />
Pour honorer la Déesse-Mère, on place huit<br />
chandelles flottant dans une coupe d’eau.<br />
page 2 page 3<br />
Lors des rituels d’Imbolc, en notre lieu sacré, sa<br />
présence bienveillante est fortement ressentie.<br />
Je me rappelle un moment émouvant :<br />
« Le silence se fait <strong>et</strong> sa douce présence<br />
Se fait sentir, apportant réconfort <strong>et</strong> espoir,<br />
Quelques instants, le temps reste suspen<strong>du</strong>, à<br />
l’écoute…<br />
La Dame <strong>du</strong> printemps offre ses bénédictions…<br />
Maintenant il faut refermer la porte,<br />
Brigit est remerciée mais sa présence per<strong>du</strong>rera<br />
encore…<br />
Elle a déjà tant fait… »<br />
Brigit est aussi la Déesse de la poésie, de la guérison<br />
<strong>et</strong> <strong>du</strong> renouveau.<br />
C’est le moment d’en profiter pour nous rem<strong>et</strong>tre<br />
en question, faire notre ménage intérieur, faire<br />
en sorte que la Lumière repousse nos ténèbres.<br />
C’est l’espoir d’un nouveau départ, de la guérison<br />
de nos blessures intérieures.<br />
Brigit garde les yeux sur nous…
Satinka BRITT<br />
La Bougie<br />
Imbolc, c’est le symbole <strong>du</strong> r<strong>et</strong>our<br />
de la lumière solaire. Les nuits raccourcissent<br />
<strong>et</strong> les jours rallongent.<br />
Ce jour-là, on fête la Déesse : Brigit,<br />
car la Lumière est revenue, on se prépare<br />
à commencer une nouvelle vie. La chaleur <strong>du</strong><br />
soleil réveille <strong>et</strong> fertilise la Terre <strong>et</strong> provoque la<br />
germination des graines.<br />
Imbolc symbolise aussi la purification par le feu<br />
<strong>du</strong> Soleil, nécessaire au sortir de l’hiver. On profitera<br />
de ce moment sacré pour faire un rituel de<br />
purification pour soi-même ou pour le lieu que<br />
l’on habite.<br />
C’est aussi une fête de la fertilité <strong>du</strong> feu, <strong>et</strong> de la<br />
lumière, <strong>et</strong> dans les temps anciens on allumait<br />
pendant ce sabbat des brasiers <strong>et</strong> des flambeaux.<br />
Coutume qui est reprise aujourd’hui sous une<br />
forme plus simple par l’apport de 8 bougies<br />
dans le rituel.<br />
La bougie est un puissant symbole. On y trouve<br />
le feu, symbole d’énergie de lumière <strong>et</strong> de purification,<br />
également symbole <strong>du</strong> lien entre le<br />
monde réel <strong>et</strong> l’astral. L’image de la flamme qui<br />
monte symbolisera l’élévation spirituelle.<br />
D’un point de vue énergétique <strong>et</strong> d’harmonisation,<br />
la bougie a toujours été utilisée dans un<br />
cadre de protection. Donc, on n’hésitera pas à<br />
allumer une, voire deux ou trois bougies pour<br />
ré-harmoniser le lieu que l’on habite ou pour se<br />
purifier.<br />
Dans ce même esprit, la couleur de la bougie<br />
peut être importante, par le fait qu’elle condensera<br />
l’énergie correspondant à la symbolique de<br />
celle-ci.<br />
Symbolique des couleurs de la bougie :<br />
Couleur Ivoire/Blanc : Inspiration - Favorise<br />
l’ouverture d’esprit.<br />
Couleur Jaune : Éveille les facultés de l’esprit -<br />
Stimule la mémoire - Aide à recevoir la lumière<br />
divine - Incline à la prière - M<strong>et</strong> en relation<br />
avec les influences solaires.<br />
Couleur Or : Attire les honneurs <strong>et</strong> la richesse -<br />
Confirme l’idée <strong>du</strong> succès <strong>et</strong> de la réussite - Aide<br />
à recevoir les inspirations pour solutionner les<br />
problèmes très difficiles ou épineux - Symbole<br />
de la perfection absolue <strong>et</strong> de l’illumination.<br />
Couleur Saumon : Stimule l’action tranquille<br />
<strong>et</strong> l’harmonie intérieure - Développe la joie de<br />
vivre <strong>et</strong> l’enthousiasme ainsi que la gaité.<br />
Couleur Orange : Stimule les facultés intellectuelles<br />
- Excellent pour les activités intellectuelles<br />
(examens, concours).<br />
Couleur Rose : Suscite les élans de tendresse -<br />
Procure le contrôle des émotions -Renforce les<br />
qualités féminines - Développe la douceur.<br />
Couleur Rose vif : Redynamise la passion -<br />
Éveille la sensualité.<br />
Couleur Rouge vif : Amour divin, mais aussi de<br />
la justice divine – Passion - Force physique –<br />
Courage - Accroît le pouvoir de la volonté dans<br />
les rites pour augmenter ou stimuler la virilité.<br />
Couleur Marron ou Brun : Localiser les obj<strong>et</strong>s<br />
per<strong>du</strong>s - Concentration - Assure la stabilité -<br />
Télépathie - Protège les animaux domestiques.<br />
Couleur Vert pâle ou Vert pré : Développe<br />
les bons échanges commerciaux - Favorise la<br />
détente <strong>et</strong> le calme.<br />
Couleur Vert vif : Stimule l’énergie vitale -<br />
Propice à la guérison des maladies physiques -<br />
Augmente la fertilité <strong>et</strong> la fécondité.<br />
Couleur Vert sapin ou Vert foncé : Favorise la<br />
croissance - Assure la longévité.<br />
Couleur bleu ciel : Propice à l’inspiration <strong>et</strong><br />
la créativité - Couleur de la paix profonde -<br />
Procure un sentiment de confiance <strong>et</strong> de sécurité<br />
- Aide aux rêves prémonitoires<br />
- Facilite le pardon.<br />
Couleur bleu roi : Procure un sentiment de<br />
sécurité <strong>et</strong> de confiance - Augmente la concentration<br />
<strong>et</strong> la capacité d’organisation.<br />
Couleur mauve, lilas ou parme : Éveille ses<br />
talents cachés - Développe les hautes aspirations<br />
- Stimule les dons artistiques - Aide à<br />
conserver les secr<strong>et</strong>s - Couleur des mystiques <strong>et</strong><br />
des altruistes.<br />
Couleur Viol<strong>et</strong> : Accroît le potentiel psychique<br />
<strong>et</strong> pouvoir personnel - Stimule le don de guérison<br />
- La visualisation de c<strong>et</strong>te couleur perm<strong>et</strong><br />
de purifier son environnement - Favorise les<br />
états modifiés de conscience <strong>et</strong> les facultés de<br />
communication spirituelle - Facilite le dévouement<br />
<strong>et</strong> la compassion.<br />
Couleur Gris : Neutralise les influences<br />
négatives.<br />
Couleur Argent : Neutralise les influences<br />
néfastes - Encourage les dons de diplomatie<br />
- Attire favorablement le regard des Dieux -<br />
Procure le respect <strong>et</strong> la dignité.<br />
L’absence de couleur soit le Noir : Neutralise<br />
le mal - Utile pour tous les rites de passage -<br />
Aide à se débarrasser d’une mauvaise habitude<br />
- Indispensable dans les rites de transmutation.<br />
Voici pour finir, voici quelques citations qui<br />
m’inspirent :<br />
« Dans la flamme d’une chandelle toutes les<br />
page 4 page 5<br />
forces de la nature sont actives. » Novalis<br />
La cire, la mèche, le feu, l’air : eux qui s’unissent<br />
dans la flamme brûlante, mobile <strong>et</strong> colorée sont<br />
eux-mêmes une synthèse de tous les éléments<br />
de la nature. Mais ces éléments sont indivi<strong>du</strong>alisés<br />
dans c<strong>et</strong>te flamme unique.<br />
« C<strong>et</strong> astre tremblotant (une bougie) dont le<br />
jour les con<strong>du</strong>it est pour eux un soleil au milieu<br />
de la nuit. » Boileau<br />
« On peut allumer des dizaines de bougies à<br />
partir d’une seule sans en abréger la vie. On<br />
ne diminue pas le bonheur en le partageant. »<br />
Bouddha<br />
Poeme d'Imbolc<br />
Elle s’épuise, ses forces s’amoindrissent.<br />
Elle sait qu’en mourant,<br />
Cela sera la clef d’un nouveau commencement.<br />
Le jour se lève, tout doucement.<br />
Tout est figé, rien ne compte dans le temps.<br />
Je la vois qui s’épuise, ses forces s’amoindrissent.<br />
Elle, si fière, reste droite <strong>et</strong> étincelante.<br />
Elle sait qu’en donnant sa chair,<br />
Elle sera l’image d’une bonne mère.<br />
Unique, son alchimie est magique.<br />
Créée depuis la nuit des temps,<br />
Elle apporte la vie.<br />
Elle se vide <strong>et</strong> perd, peu à peu, d’elle-même.<br />
Elle aime ce moment fort, c<strong>et</strong> instant.<br />
La mort qui s’approche la rassurant.<br />
Le jour s’écoule tout doucement.<br />
La vie s’éveille pas à pas lentement.<br />
Je la vois, elle si fière, fondre en souriant.<br />
Goutte à goutte, touchant la terre,<br />
Elle sait qu’en se donnant ainsi,<br />
Elle s’offre un dernier instant.<br />
Unique, son alchimie magique opère.<br />
Là, aujourd’hui, pour elle c’est fini.<br />
Mais heureuse, là, elle nous quitte en donnant<br />
la vie.
Caillin Blaa<br />
Brigantia,<br />
Deesse d’Imbolc<br />
Imbolc, enfin ! Sortie de l’ombre,<br />
sortie des terres, l’introspection de<br />
la saison sombre fait place, doucement,<br />
à l’épanouissement vers l’extérieur. Le<br />
Soleil est présent de plus en plus longtemps <strong>et</strong><br />
réchauffe les cœurs <strong>et</strong> les esprits. En son hommage,<br />
nous avons mangé la gal<strong>et</strong>te symbolique.<br />
Dorée <strong>et</strong> chaude, à l’image de l’astre <strong>du</strong> jour. Les<br />
brebis commencent leur lactation. Le temps est<br />
venu de « lustrer », n<strong>et</strong>toyer les foyers, les fontaines<br />
mais aussi le chaudron, vider son âme des<br />
idées noires de l’hiver. Le temps est au renouveau,<br />
à la renaissance. Le temps est à l’éclosion,<br />
à l’ouverture.<br />
En Imbolc nous célébrons Brigit, Brigantia, la<br />
« très haute ». Brigit la fille, la femme, la mère.<br />
Déesse au triple visage, elle est la Roue de la<br />
Vie. Elle représente la classe sacerdotale par<br />
son aspect poétesse, la classe guerrière, Brigit la<br />
protectrice <strong>et</strong> les artisans, Déesse des forgerons.<br />
En ce sens, elle est également la patronne des<br />
Druides, Ovates <strong>et</strong> Bardes <strong>et</strong> prend ainsi une<br />
place toute particulière au sein <strong>du</strong> Druidisme.<br />
Brigantia est la Déesse de la fécondité, invoquée<br />
par les femmes en couches <strong>et</strong> dispensatrice<br />
de la vie. Elle<br />
succède à la sombre<br />
Cailleach de l’hiver<br />
<strong>et</strong> en son nom sont<br />
allumés des feux,<br />
des flammes, des<br />
bougies, des foyers.<br />
C<strong>et</strong> aspect fut repris<br />
dans le nom donné<br />
à la « chandeleur ».<br />
La chaleur donc,<br />
<strong>et</strong> le dynamisme<br />
font leur r<strong>et</strong>our.<br />
Nous voici à même<br />
de sortir de notre<br />
caverne, de donner<br />
vie à nos proj<strong>et</strong>s,<br />
d’utiliser sereinement<br />
les ressources<br />
puisées au fond de<br />
nous depuis Samonios. La terre est féconde, les<br />
graines prêtes à être plantées.<br />
Hormis les feux allumés, une autre tradition est<br />
d’offrir <strong>du</strong> lait à la terre, boire <strong>du</strong> lait lors de la<br />
nuit d’Imbolc. Le lait porte de multiples symboles<br />
de renouveau, de nourriture, d’abondance,<br />
de richesse, de maternité mais est surtout le premier<br />
breuvage qui pousse à la Vie, le nectar sans<br />
lequel nous ne pourrions devenir ce que nous<br />
sommes.<br />
Enfin, il est de mise de confectionner une croix<br />
de Brighid, à partir de brins d’herbe ou autres<br />
végétaux. De ce fait, non seulement nous travaillons<br />
sur un obj<strong>et</strong> symbolique, sacré, mais<br />
cela nous pousse aussi en dehors <strong>du</strong> cocon de<br />
notre habitation pour voir la nature commencer<br />
à reprendre p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it son activité.<br />
On respire l’air frais qui accélère notre rythme<br />
cardiaque, on entend le souffle <strong>du</strong> vent dans les<br />
arbres, on voit les premières éclosions annonciatrices<br />
<strong>du</strong> printemps, on goûte aux fruits gelés<br />
sur notre chemin <strong>et</strong> de nos mains on construit<br />
avec minutie la croix de Brighid, en entrelaçant<br />
les brins d’herbes, un à un, en spirale, acte transcendantal<br />
s’il en est.<br />
Nos cinq sens sont mis en éveil, <strong>et</strong> c’est cela,<br />
toute la magie d’Imbolc !<br />
Earawiel<br />
Le r<strong>et</strong>our de Bride<br />
La Cailleach Bheur (kal-yakh vîr)<br />
était la vieille femme de l’hiver en<br />
Écosse. Elle était très grande <strong>et</strong> très<br />
vieille, <strong>et</strong> tout le monde avait très<br />
peur d’elle. Son visage était bleu <strong>et</strong> elle n’avait<br />
qu’un seul œil. Ses dents étaient rouges comme<br />
de la rouille, <strong>et</strong> ses cheveux blancs étaient longs<br />
comme une fougère recouverte de neige. Quand<br />
elle était en colère elle était aussi féroce que le<br />
vent <strong>du</strong> nord, <strong>et</strong> elle rugissait comme l’océan<br />
déchaîné. Chaque automne elle frappait le sol<br />
de son marteau magique <strong>et</strong> changeait l’herbe<br />
en lames de glace. Tout au long de l’hiver, la<br />
Cailleach gardait captive une belle <strong>et</strong> jeune<br />
princesse <strong>du</strong> nom de Bride. Elle était jalouse<br />
de sa beauté, lui donnait des haillons pour se<br />
vêtir, <strong>et</strong> la faisait travailler dans la cuisine de<br />
son château, dans les montagnes. La jeune fille<br />
devait accomplir les tâches les plus serviles, <strong>et</strong><br />
la Cailleach la tançait constamment. La vie de<br />
Bride était vraiment malheureuse. La Cailleach<br />
Bheur gardait Bride captive, parce que son<br />
fils préféré, qui s’appelait Angus-le-Toujours-<br />
Jeune, était tombé amoureux d’elle. Angus<br />
vivait dans l’île verte Occidentale, aussi nommé<br />
le pays de jeunesse, <strong>et</strong> il ne vieillissait jamais.<br />
La Cailleach savait que s’il épousait Bride, il<br />
serait à même de prendre sa place comme Roi<br />
de l’Été, <strong>et</strong> Bride serait sa reine. Alors le règne<br />
de Cailleach toucherait à sa fin. Angus regarda<br />
dans le puits de jeunesse qui se trouve au cœur<br />
de l’île verte. Il vit des orages <strong>et</strong> il vit des vents,<br />
puis il vit Bride seule pleurant dans le château<br />
où elle était prisonnière. Il alla sans délai voir<br />
le Roi de l’île Verte, <strong>et</strong> dit : « Je dois aller tout<br />
de suite la libérer ! » Mais le Roi de l’île Verte<br />
dit : « Tu ne peux y aller maintenant, Angus,<br />
car Février, le mois <strong>du</strong> loup, est venu, <strong>et</strong> incertaine<br />
est l’humeur <strong>du</strong> loup. Attends un peu que<br />
l’herbe recommence à pousser <strong>et</strong> que les fleurs<br />
s’épanouissent ; alors tu libéreras Bride. » Mais<br />
Angus dit : « Je lancerai un enchantement sur<br />
l’océan <strong>et</strong> un enchantement sur la terre, <strong>et</strong> j’emprunterai,<br />
pour février, trois jours à août. » Et il<br />
emprunta trois jours à août, <strong>et</strong> le soleil sortit <strong>et</strong><br />
brilla comme de l’or pâle sur la montagne <strong>et</strong> la<br />
vallée, tandis que la mer était lisse comme <strong>du</strong><br />
page 6 page 7<br />
p<strong>et</strong>it lait. Angus monta sur son cheval blanc <strong>et</strong><br />
chevaucha vers l’est, jusqu’en Écosse, traversant<br />
les îles <strong>et</strong> le Minch, de jour comme de nuit, <strong>et</strong><br />
il atteignit les monts Grampians quand l’aube<br />
poignit. Tandis qu’il chevauchait, sa robe royale<br />
s’écarta, inondant les montagnes de lumière.<br />
Pendant trois jours, Angus parcourut la contrée,<br />
mais il ne trouva pas Bride. Un jour qu’il traversait<br />
une forêt épaisse <strong>et</strong> enchevêtrée, il entendit<br />
une voix douce <strong>et</strong> triste qui chantait parmi<br />
les arbres lointains. C’était Bride dans les bois,<br />
près <strong>du</strong> château, où la Cailleach l’avait envoyée<br />
chercher <strong>du</strong> bois pour le feu. Angus regarda la<br />
jeune fille qu’il n’avait jamais vu qu’en vision, <strong>et</strong><br />
l’appela par son nom. Quand elle leva les yeux<br />
<strong>et</strong> le vit, ce fut comme si le soleil perçait la glace<br />
autour de son cœur gelé. Elle se réchauffa de<br />
son regard, <strong>et</strong> ses mots d’amour firent fondre<br />
tous ses chagrins. Angus dit : « Je suis venu pour<br />
vous délivrer de la Cailleach Bheur, qui vous a<br />
r<strong>et</strong>enu prisonnière tout un hiver. » Bride répondit<br />
: « Pour moi c’est un jour de grande allégresse.<br />
» Angus dit : « Désormais, ce sera un jour<br />
de grande joie aussi pour tous ceux qui vivent en<br />
Écosse. » Car le jour où Angus rencontra Bride,<br />
était la première visite <strong>du</strong> printemps, qui fut<br />
toujours appelé par la suite « la fête de Bride ».<br />
La terre <strong>du</strong>re commençait à dégeler, <strong>et</strong> des brins<br />
d’herbe nouvelle commençaient à percer le sol<br />
ameublit. Des primevères jaunes pâles apparaissaient<br />
dans les bois <strong>et</strong> de jeunes feuilles se<br />
déployaient sur les branches, vertes <strong>et</strong> tendres.<br />
Mais le règne de la Cailleach n’était pas encore<br />
achevé. Quand elle découvrit ce qui était arrivé,<br />
elle <strong>et</strong> ses huit servantes sorcières montèrent sur<br />
leurs chèvres noires <strong>et</strong> hirsutes, <strong>et</strong> chevauchèrent<br />
à la rencontre d’Angus <strong>et</strong> de Bride, pour<br />
leur livrer bataille. Elle déchaîna d’abord le vent<br />
appelé le Siffl<strong>et</strong>, qui soufflait fort <strong>et</strong> strident,<br />
<strong>et</strong> faisait tomber des averses de grêlons froids.<br />
Il <strong>du</strong>ra quatre jours <strong>et</strong> tua les moutons <strong>et</strong> leurs<br />
agneaux nouveaux-nés sur les landes. Puis elle<br />
fit souffler le Vent au Bec Perçant, qui <strong>du</strong>ra neuf<br />
jours <strong>et</strong> perça la terre jusqu’au cœur, piquant <strong>et</strong><br />
mordant comme le <strong>du</strong>r bec d’un oiseau. Enfin,<br />
elle fit s’élever le vent tourbillonnant qu’on<br />
appelle le Balayeur, dont les rafales tourbillonnantes<br />
arrachaient les branches des arbres bourgeonnants<br />
<strong>et</strong> les fleurs aux couleurs vives de
leurs tiges. Angus se prit d’amitié pour les gens,<br />
dont les chevaux <strong>et</strong> le bétail mourrait de faim. Il<br />
repoussa les vieilles sorcières jusqu’au lointain<br />
Nord, où elles s’agitèrent <strong>et</strong> ragèrent comme des<br />
furies. Mais c<strong>et</strong>te nuit la Cailleach Bheur prit<br />
trois nuits à l’hiver, qui n’avaient pas été utilisées,<br />
parce qu’Angus avait emprunté trois jours<br />
à août. Les trois jours d’hiver étaient les esprits<br />
de l’orage, <strong>et</strong> la Cailleach les déchaîna sur le pays,<br />
montés sur le dos de cochons noirs. Ils firent<br />
tomber la neige sur les champs fraîchement<br />
labourés, <strong>et</strong> soufflèrent le vent de la mort aux<br />
fenêtres des fermes, aux portes des étables. Les<br />
rivières débordèrent, <strong>et</strong> beaucoup de gens furent<br />
noyés. Le jour où cela arriva, on l’appela le Jour<br />
des Trois Porcs. Puis un beau matin, début mars,<br />
la Cailleach vit Angus chevauchant hardiment<br />
à travers les collines sur son cheval blanc, dis-<br />
persant ses servantes devant lui. Elle sentit avec<br />
certitude le flux de la vie parcourir les veines de<br />
la terre, <strong>et</strong> sut qu’elle n’avait pas la force de s’y<br />
opposer. Elle j<strong>et</strong>a à terre son marteau magique<br />
<strong>et</strong> devint une grosse pierre grise sur les pentes<br />
des montagnes, où elle fut contrainte de rester<br />
jusqu’au r<strong>et</strong>our de l’hiver. Angus <strong>et</strong> Bride se<br />
marièrent, <strong>et</strong> partout où ils posaient le pied, des<br />
pissenlits sortaient, que l’on appela « les p<strong>et</strong>its<br />
dentelés de Bride ». Comme ils chevauchaient<br />
à travers la Laude, la linotte chanta la beauté de<br />
Bride, aussi est-elle appelée « l’oiseau de Bride ».<br />
Quand ils arrivèrent sur le rivage de l’océan, le<br />
premier oiseau qui pépia de joie fut l’huitrier ;<br />
aussi l’appelle-t-on le « page de Bride ». Enfin<br />
le printemps était là.<br />
Texte de Mara Freeman, extrait de son ouvrage<br />
Vivre la tradition celtique au fil des saisons.<br />
Rec<strong>et</strong>tes<br />
Gâteau d’Imbolc<br />
a Un yaourt fermier ou de brebis (conserver le<br />
pot pour les mesures)<br />
a 2 pots de farine d’épeautre<br />
a 1 pot de maïzena<br />
a 2 pots de sucre brun<br />
a 1 cuillère à café de levure<br />
a 150 g de beurre<br />
a 3 cuillères à soupe de crème épaisse<br />
a 1 cuillère à café de cannelle<br />
a 1 pomme coupée en dés ou fines lamelles<br />
a 2 cuillères à soupe d’éclats de nois<strong>et</strong>tes<br />
Mélanger le tout (sauf la pomme). Si la pâte est<br />
trop épaisse, y ajouter un peu de lait.<br />
Verser dans un moule <strong>et</strong> garnir avec les morceaux<br />
de pommes.<br />
Laisser cuire 40 minutes environ au four à<br />
170°C.<br />
Lait d’Imbolc<br />
a 1/2 litre de lait de brebis ou de vache<br />
a 1 bâton de cannelle<br />
a 3 clous de girofles<br />
a 3 graines de cardamone<br />
a 2 cuillères à soupe de miel<br />
M<strong>et</strong>tre les épices <strong>et</strong> le miel dans le lait.<br />
Faire chauffer sans porter à ébullition, laisser<br />
reposer 10 minutes <strong>et</strong> filtrer.<br />
À consommer chaud ou froid.<br />
Que nous dit Imbolc ?<br />
Perception des premiers frémissements <strong>du</strong> printemps.<br />
La graine se prépare à donner naissance<br />
à la future plante. La vie en gestation dans le<br />
ventre nourricier de la Terre se manifeste, la vie<br />
reprend. L’herbe reverdit, la neige fond, c’est la<br />
période où naissent les chevreaux <strong>et</strong> les agneaux<br />
<strong>et</strong> le début de la lactation chez les femelles.<br />
On r<strong>et</strong>rouve l’aspect maternel <strong>et</strong> nourricier de<br />
la déesse. Placé sous le manteau bienveillant de<br />
Brigit, gardienne de la lumière <strong>et</strong> de la connaissance<br />
transmise. C<strong>et</strong>te fête lunaire associée à<br />
l’eau célèbre la Déesse mère qui accompagne le<br />
r<strong>et</strong>our de l’enfant divin.<br />
Sur le plan spirituel, c’est le temps de la « lustra-<br />
page 8 page 9<br />
tion » <strong>et</strong> un moment propice pour le jeûne <strong>et</strong> la<br />
purification physique par les plantes tel les premiers<br />
pissenlits (action hépatique <strong>et</strong> diurétique)<br />
mais aussi le jus de bouleau (action purifiante<br />
sur l’organisme).<br />
Imbolc est une célébration placée sous le signe<br />
de la pur<strong>et</strong>é, avec l’apparition des premiers<br />
perce-neiges, fleurs symbolisant la Déesse. La<br />
période d’Imbolc nous invite à nous purifier<br />
physiquement <strong>et</strong> spirituellement des miasmes<br />
de l’hiver. Métaphoriquement, à lustrer la coupe<br />
afin qu’elle reçoive la lumière <strong>et</strong> repousse nos<br />
ténèbres…<br />
Ode à Brigit<br />
Mère de poésie qui nous inspire<br />
Mère des forges nous enseignant son art<br />
Mère de guérison <strong>et</strong> de paix<br />
Maîtresse de magie se tenant près <strong>du</strong> feu<br />
Toi qui offre la conception à la trinité<br />
Toi qui allume le printemps pour stimuler la<br />
Terre<br />
Sous ton manteau l’ancien a une naissance<br />
nouvelle<br />
Sous ton souffle tout espoir se renouvelle
Dercos BRITT<br />
Imbolc<br />
Le souffle de la Terre<br />
Déchire le voile obscur,<br />
Et balaie l’hiver.<br />
Entendez le chant de la nature…<br />
Une ballade,<br />
Dans la nature.<br />
Une escapade,<br />
Pour observer le futur.<br />
Je m’assois<br />
Sur le somm<strong>et</strong> de la colline<br />
Et je vois<br />
La vallée qui s’illumine.<br />
Elle est au rendez-vous<br />
La Déesse-Mère<br />
Plus près de nous<br />
Avec son fils de lumière.<br />
Une inspiration.<br />
Une vibration.<br />
La renaissance en action !<br />
La Déesse étend ses bras<br />
Pour accueillir la vie.<br />
Accompagnée <strong>du</strong> Roi<br />
Elle repousse la nuit.<br />
Je sens son parfum salé<br />
Qui s’exhale de la Terre,<br />
Imprègne mon être apaisé<br />
Et purifie mes prières.<br />
Je ressens son souffle sacré<br />
Dans la bise glacée<br />
Dans ce bois qui renaît<br />
Sur mes joues, tel un baisé.<br />
La fée<br />
S’est réveillée.<br />
Un nouveau cycle commence.<br />
Une nouvelle danse<br />
Pour la renaissance !<br />
Ô mère !<br />
Matrice de la Terre<br />
page 10<br />
Tu accueilles le souffle divin de mon père,<br />
En ton sein<br />
Plus près de ton cœur.<br />
Et dans la chaleur<br />
D’une vie nouvelle ;<br />
Dans la lueur d’une chandelle<br />
Dans le feu purificateur<br />
Je t’offre mon cœur,<br />
Ma chaleur intérieure<br />
Mon brasier,<br />
Ma lumière de paix<br />
Mon amour éclairé,<br />
Ma passion purifiée.<br />
Ô Déesse,<br />
Matrice de ma Foi<br />
Prêtresse de la voie<br />
Accepte la bienvenue<br />
D’un homme en quête de salut<br />
Pour ton fils le Roi.<br />
Kermailune<br />
BRITT<br />
Imbolc<br />
Ma Dame de Poésie<br />
Chantant dans la nuit <strong>du</strong> printemps<br />
naissant<br />
Ma Dame de Guérison<br />
Guérissant dans la nuit <strong>du</strong> printemps<br />
naissant<br />
Ma Dame forgeronne<br />
Forgeant dans la nuit <strong>du</strong> printemps naissant<br />
Forgeant la guérison de la poésie<br />
Forgeant la poésie de la guérison<br />
Forgez, Forgez, Forgez le lumineux<br />
Et que <strong>du</strong> feu naisse la guérison<br />
Guérissez, Guérissez, Guérissez la parole<br />
Et que des mots naissent <strong>du</strong> feu de la forge<br />
Proclamez, Proclamez, Proclamez le lumineux<br />
Et que <strong>du</strong> couloir sombre naisse… La Vie<br />
page 11<br />
Forger, guérir, poésie. Trois domaines apparemment<br />
sans réels liens. La tradition irlandaise<br />
nous apporte un certain nombre de renseignements<br />
sur Bride (ou Brigit) <strong>et</strong> ces qualificatifs<br />
sont assez parlants.<br />
La forge a de tout temps été un lieu magique.<br />
Un lieu où le feu brûlait avec son pouvoir de<br />
destruction, mais surtout de transformation. «<br />
Passer au travers <strong>du</strong> feu » est une expression<br />
encore employée parfois de nos jours. Mais le<br />
feu consume aussi. Le passage par le feu, certes,<br />
mais pas n’importe comment. Le feu consume,<br />
mais il peut aussi détruire. Lorsqu’il détruit<br />
quelque chose dont on désire se débarrasser, il<br />
n’est pas forcément négatif. Nous employons<br />
aussi l’expression « jouer avec le feu », <strong>et</strong> ce<br />
n’est pas pour rien. On peut se brûler ou brûler<br />
l’autre sans raison ou par maladresse ou manque<br />
de sagesse. Le feu transformateur n’est donc pas<br />
une « arme » à manier sans précaution. Mais il a<br />
le pouvoir de transformer. Voir le passage d’un<br />
morceau de métal à un obj<strong>et</strong> utile est fascinant.<br />
Il n’y a pas seulement le passage dans le feu de la<br />
forge mais aussi ensuite le passage sur l’enclume,<br />
puis dans l’eau froide avant de recommencer un<br />
nouveau cycle. Ce qui est intéressant est qu’il<br />
n’y a pas de ratés dans c<strong>et</strong>te méthode. Si l’obj<strong>et</strong><br />
n’est pas tel qu’on le désire, on peut le rem<strong>et</strong>tre<br />
au feu, puis changer sa forme. Le forgeron possède<br />
là un pouvoir étonnant. Le pouvoir <strong>du</strong> feu,<br />
celui <strong>du</strong> marteau <strong>et</strong> celui de l’eau. Et celui de ne<br />
jamais se décourager <strong>et</strong> de rem<strong>et</strong>tre « l’ouvrage<br />
sur le métier » autant de fois que nécessaire.<br />
La poésie est un autre aspect de Bride. Au premier<br />
abord, on peut se dire que l’on est à l’autre<br />
extrême. Mais les mots peuvent aussi avoir un<br />
pouvoir de transformation. Nous avons tous un<br />
jour enten<strong>du</strong> une p<strong>et</strong>ite phrase qui a changé<br />
quelque chose dans notre vie. Et c<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite<br />
phrase n’était peut-être même pas poétique.<br />
Le langage poétique avec ses multiples sens<br />
est encore plus puissant. Il chante. Il chante les<br />
rythmes <strong>et</strong> les syllabes qui viennent <strong>et</strong> reviennent,<br />
comme les vagues de l’océan. Il mo<strong>du</strong>le les<br />
images en de multiples dimensions. Les mots<br />
ont le pouvoir de construire <strong>et</strong> de détruire, tout<br />
comme la forge <strong>et</strong> son feu ardent.
La guérison est un autre aspect de Bride. Un<br />
passage dans la forge ou des mots bien choisis<br />
peuvent apporter la guérison. Les plantes médicinales<br />
ont aussi ce pouvoir. Au-delà de leurs<br />
molécules actives, elles ont des couleurs <strong>et</strong> des<br />
formes, des lieux de vie qui peuvent nous parler<br />
d’eux-mêmes. Les plantes ont aussi ce pouvoir<br />
positif <strong>et</strong> négatif : elles peuvent guérir… mais<br />
sont parfois aussi de belles empoisonneuses.<br />
Il existe une coutume irlandaise qui veut que<br />
l’on suspende aux arbres des morceaux de tissus<br />
blancs la veille d’Imbolc, avec des offrandes pour<br />
la Déesse, lui demandant de les bénir afin qu’ils<br />
apportent la guérison. Chaque année, le rituel<br />
est refait jusqu’à 7 ans sur les mêmes tissus qui<br />
sont ensuite appliqués sur la partie malade. Ils<br />
semblent avoir été utilisés spécialement pour les<br />
maux de tête.<br />
page 12<br />
Bride est aussi la Déesse protectrice de la naissance.<br />
Imbolc se fête à la période de la mise<br />
bas des agneaux. La naissance est elle aussi un<br />
passage qui peut apporter la mort ou la vie, à<br />
la mère <strong>et</strong> à l’enfant. La naissance n’est pas que<br />
physique. Elle peut revêtir de nombreux aspects.<br />
Mourir au célibat pour renaître marié par<br />
exemple. Les initiations ont toujours un aspect<br />
mort-naissance. Le pouvoir présent derrière ces<br />
expériences peut être impressionnant <strong>et</strong> il ne<br />
doit pas être pris à la légère.<br />
En Irlande, de nombreux puits sont dédiés à<br />
Bride. Le printemps pointe son nez <strong>et</strong> la fonte<br />
des neiges arrive. L’eau <strong>et</strong> surtout l’eau de purification<br />
est importante. On se débarrasse de tout<br />
ce qui a été accumulé pendant l’hiver afin d’accueillir<br />
ce qui vient. Ou plutôt celle qui vient....<br />
Bride.<br />
BRITT eber<br />
Bavardages de saison<br />
À Brigindo<br />
La très élevée rivière <strong>du</strong> savoir<br />
Brillante Déesse<br />
À la grande Reine, notre mère<br />
Nous voici arrivés aux limes hivernales.<br />
Même si le froid <strong>et</strong> la glace sont encore présents,<br />
ils commencent à céder doucement sous<br />
la poussée <strong>du</strong> jeune Soleil. La lumière augmente<br />
<strong>et</strong> en nous point doucement l’envie <strong>du</strong> « faire ».<br />
On nous assure que les anciens respectaient<br />
deux saisons.<br />
Peut-être devrait-on dire qu’ils adhéraient à<br />
un rythme saisonnier binaire. Une saison claire<br />
pour l’action, une saison sombre pour le repos,<br />
la méditation, la « génération ».<br />
Sans doute y avait-il là une nécessité vitale liée<br />
à la présence ou non de ressources telles que<br />
nourriture, chaleur, lumière. Contraintes que<br />
nous ne connaissons plus aujourd’hui dans un<br />
monde qui n’a de limites que « marchandes ».<br />
Quoi qu’il en soit, laissons vagabonder notre<br />
pensée <strong>et</strong> autorisons-nous à jouer avec l’image,<br />
le symbole.<br />
Les druides posaient pour principe que le Jour<br />
naît de la Nuit, que la Vie naît de la Mort, <strong>et</strong><br />
que peut-être les eaux fécondes <strong>du</strong> printemps<br />
naissent de la glace hivernale.<br />
Au-delà <strong>du</strong> parallèle évident avec ce que l’on<br />
constate sous nos latitudes, il s’agit alors de<br />
s’inscrire dans un rythme, dans un souffle.<br />
Souffle fait d’inspiration <strong>et</strong> expiration, générant<br />
la dynamique vitale.<br />
La modernité <strong>et</strong> peut-être une conception<br />
linéaire <strong>du</strong> temps nous font ignorer les rythmes.<br />
De plus en plus.<br />
Il faut faire, pro<strong>du</strong>ire. De plus en plus, de plus<br />
en plus vite <strong>et</strong> sans autre « repos » que celui<br />
nécessaire à l’entr<strong>et</strong>ien de la machine à pro<strong>du</strong>ire.<br />
S’arrêter un temps, réfléchir, méditer. Privilégier<br />
le sens en attente <strong>du</strong> faire. Cela ne se fait plus.<br />
page 13<br />
C’est pour beaucoup une perte de temps. Affolés<br />
que nous sommes à l’idée que ne rien faire, c’est<br />
ne plus exister.<br />
Pourtant, l’écoute des Anciens pourrait nous<br />
laisser entendre que le Silence est générateur,<br />
qu’il est un terreau fécond qui fait le lit <strong>du</strong> nouveau,<br />
<strong>du</strong> re-nouveau.<br />
À trop vouloir faire, sans cesse, <strong>et</strong> sans nous<br />
reposer la question <strong>du</strong> sens, nous ne faisons<br />
que suivre le même fil qui nous mène inéluctablement<br />
à une fin. Comme si c<strong>et</strong>te « fin » était<br />
consubstantielle à ce que nous sommes.<br />
La conception cyclique <strong>du</strong> temps pose d’autres<br />
questions, le renouveau périodique de la vie, de<br />
sa manifestation, nous interroge plus sur le sens<br />
que sur la finalité.<br />
Peut-être même nous interroge-t-elle sur la justesse<br />
de nos positions au-delà des « succès apparents<br />
» de nos actions.<br />
Une interprétation de la symbolique druidique<br />
propose deux principes, un principe d’action, un<br />
principe de « rétention ». Saison claire, saison<br />
sombre.<br />
Au sortir de l’hiver nous voyons la glace fondre,<br />
les eaux de la vie <strong>et</strong> de la génération devenir<br />
libres, fluides. De nouvelles Eaux. Pures,<br />
fraiches.<br />
L’hiver est comme l’Ancien Serpent qui r<strong>et</strong>ient<br />
les Eaux prisonnières dans ses anneaux. Il s’oppose<br />
à l’existence de la Vie, de la fluidité de la<br />
Vie. On l’appelle parfois le Dessécheur.<br />
Il est l’hôte des royaumes souterrains dont il<br />
connaît les secr<strong>et</strong>s.<br />
On trouve ce serpent (criocéphale) dans les<br />
mains de Cernunnos, mais aussi dans celles<br />
de divinités liées aux sources comme Borvo ou<br />
Sirona.<br />
Il n’est pas injustifié de considérer ce serpent<br />
comme symbole d’un principe cosmogonique<br />
actualisé de façon cyclique au rythme des<br />
saisons.<br />
Saison claire <strong>et</strong> saison sombre étant (toutes<br />
proportions gardées) de p<strong>et</strong>ites créations ou recréations<br />
<strong>du</strong> Monde.
Le serpent <strong>du</strong> mythe est bipolaire, complexe. Il<br />
est à la fois un principe de rétention, un principe<br />
centripète, comme le froid hivernal qui r<strong>et</strong>ient<br />
l’eau sous forme de glace ou le nuage qui r<strong>et</strong>ient<br />
la pluie. C’est aussi un principe fécondant, générateur<br />
lié généralement à l’idée de « sacrifice ».<br />
Le mythe nous renseigne sur un combat mené<br />
par un Dieu « céleste » contre le serpent. Le serpent<br />
est vaincu, libérant ainsi la « substance » de<br />
la manifestation.<br />
On dit que Smertrios le prévoyant (celui qui<br />
voit avant les autres ou au-delà des apparences)<br />
combat le serpent sur les flancs de la Montagne,<br />
sans doute près d’une grotte, entrée <strong>du</strong> Monde<br />
souterrain.<br />
Il attrape le serpent par la tête qu’il sépare <strong>du</strong><br />
corps, libérant ainsi les eaux nourricières. Il<br />
proj<strong>et</strong>te la tête au Ciel <strong>et</strong> rej<strong>et</strong>te le corps dans<br />
la grotte où il pourra sans doute se régénérer<br />
au contact des forces de Vie des Mondes<br />
souterrains.<br />
On dit parfois que c’est Taranis, le puissant<br />
taureau, qui a vaincu le serpent, le frappant de<br />
la foudre, <strong>et</strong> que depuis ce temps il est aussi<br />
nommé le Prévoyant ou le dispensateur.<br />
Au pouvoir coagulant <strong>du</strong> gel, répond le pouvoir<br />
solvant de la foudre.<br />
Le serpent ne meurt pas, même s’il est momentanément<br />
impuissant. Le principe « animique »,<br />
la tête, est séparée <strong>du</strong> principe corporel. Mais<br />
il va r<strong>et</strong>rouver son intégralité au<br />
contact des Mondes <strong>du</strong> dessous.<br />
C<strong>et</strong>te reconstitution aux sources de<br />
l’être <strong>et</strong> de la Vie (Cernunnos) perm<strong>et</strong><br />
le « nouveau » ou un re-nouveau<br />
cyclique. C<strong>et</strong>te re-création annuelle<br />
est la condition nécessaire pour que<br />
l’Ancien cède la place au Nouveau.<br />
Nous pourrions donc situer au<br />
moment d’Imbolc <strong>et</strong> aux approches<br />
de l’équinoxe, le moment où se joue,<br />
se rejoue, le drame créateur.<br />
L’hiver, sa personnification, son<br />
symbole, doivent être sacrifiés pour<br />
que les Eaux de la Vie soient libérées. Dans certaines<br />
régions, on brûle encore « symboliquement<br />
» la sorcière hiver pour favoriser la venue<br />
<strong>du</strong> printemps (ou parfois plus tardivement).<br />
On va trouver des traditions analogues à celle-ci<br />
dans d’autres régions celtiques ou germaniques.<br />
Ainsi la Calleiach écossaise, femme de givre,<br />
principe de rétention ou paradoxalement protection<br />
poussée à l’extrême. Elle est l’une des<br />
manifestations divines primordiales. Déesse de<br />
la forme. On l’honore parfois sous trois aspects.<br />
La Jeune, la Mère <strong>et</strong> l’Ancienne.<br />
Nous r<strong>et</strong>rouvons ici les mêmes aspects. Un<br />
côté sombre, fait d’extrême contrainte. Devenu<br />
incapable d’évoluer (trop ancien). Contraint de<br />
disparaître ou de se transformer pour laisser la<br />
place au nouveau. Pour autant ce principe de<br />
contrainte n’est pas « mauvais » en soi, sauf dans<br />
une théologie « linéaire » qui rêve d’absolu. Ce<br />
principe de contrainte, celui de l’« Ancienne »,<br />
est celui de la forme, nécessaire à la manifestation.<br />
Toute forme est contrainte, tout « faire »<br />
découle de la forme.<br />
L’alchimie hivernale se joue dans le secr<strong>et</strong> des<br />
profondeurs (la Cailleach est « voilée »). Elle est<br />
liée au mystère de la graine, de la germination,<br />
de la maternité.<br />
Il y a des parallèles intéressants à faire entre les<br />
mythes, le folklore. Ainsi : la Cailleach habite<br />
la Montagne, la Terre, elle est liée au « p<strong>et</strong>it<br />
Soleil », le Soleil d’hiver. On dit aussi qu’elle<br />
est liée à l’orage, ou plutôt aux nuages noirs qui<br />
génèrent les pluies d’orage.<br />
Lorsque vient la fin de l’hiver, elle est « poussée »<br />
dans sa caverne <strong>et</strong> en ressort sous la forme d’une<br />
jeune fille. Il est possible de voir là une analogie<br />
avec la Nature qui reverdit au printemps, mais<br />
c<strong>et</strong>te approche « naturaliste » n’exclue en rien<br />
d’autres interprétations plus philosophiques.<br />
On dit aussi que l’« Ancienne » ne r<strong>et</strong>ient pas<br />
seulement les eaux de Vie mais aussi l’hydromel<br />
de l’inspiration. Et que ce qui est libéré à la fin<br />
de l’hiver c’est non seulement l’eau vivante mais<br />
aussi l’esprit.<br />
Nous pouvons poser l’hypothèse selon laquelle<br />
Imbolc, Ambiuolcato, serait le moment précis<br />
de c<strong>et</strong>te « libération des eaux », le moment des<br />
naissances. Tant matérielles que spirituelles.<br />
C<strong>et</strong>te « libération » se ferait sous l’impulsion <strong>du</strong><br />
« jeune Soleil » ou <strong>du</strong> jeune Feu. Nommons-le<br />
Grannos, dont le culte est à la fois solaire, lié aux<br />
eaux <strong>et</strong> aux forces de Vie.<br />
Elle pourrait également être le fait (nous l’avons<br />
vu) d’une divinité cosmique comme Smertrios<br />
ou Taranis.<br />
Hiérogamie sacrée que l’on va r<strong>et</strong>rouver dans les<br />
mythes liés à la souverain<strong>et</strong>é.<br />
Le Roi tire sa légitimité de la Terre. L’union <strong>du</strong><br />
Roi légitime <strong>et</strong> de la Terre engendre la prospérité<br />
<strong>du</strong> royaume.<br />
D’une certaine manière, le Roi légitime est celui<br />
qui n’est pas <strong>du</strong>pe des apparences <strong>et</strong> qui accepte<br />
d’embrasser la Déesse Sombre <strong>et</strong> de s’initier aux<br />
mystères de la Vie/Mort <strong>et</strong> peut ainsi mobiliser<br />
les richesses de l’Autre Monde au profit de son<br />
royaume.<br />
De multiples contes se font l’écho de ce mythe.<br />
Où le héros (l’initié ?), qui voit au-delà des<br />
apparences, embrasse une femme laide qui aussitôt<br />
se transforme en une femme magnifique.<br />
D’autres contes nous parlent aussi de femmes<br />
serpents qui, sous condition, amènent la prospérité<br />
sur une Terre dont leur époux est le Roi.<br />
page 14 page 15<br />
La tradition dit que « le jour de Bride, la<br />
Cailleach fait un voyage jusqu’à une île magique<br />
au milieu de laquelle se trouve un bosqu<strong>et</strong>. Au<br />
milieu de ce bosqu<strong>et</strong> se trouve une source : la<br />
source de Jouvence. À la première lueur de<br />
l’aube, l’Ancienne boit l’eau qui bouillonne <strong>et</strong><br />
s’écoule depuis une fissure de la roche. Aussitôt<br />
après, la « vieille » se transforme en Bride, la<br />
jeune vierge <strong>et</strong> la terre qui était grise <strong>et</strong> nue se<br />
pare de ver<strong>du</strong>re <strong>et</strong> de fleurs ».<br />
Les liens sont établis entre l’Ancienne <strong>et</strong> la<br />
Bride, Brigindo, Brigit.<br />
C<strong>et</strong>te Divinité tient une place particulière à ce<br />
moment de l’année.<br />
Les symboles <strong>et</strong> traditions associés à son culte<br />
s’éclairent alors à la lumière ce qui vient d’être<br />
présenté plus haut :<br />
a le Feu, la Lumière, qui participent au sacrifice<br />
<strong>et</strong> libèrent l’eau ;<br />
a L’Eau « première » qui est celle des lustrations<br />
mais aussi propice aux « bonnes » naissances<br />
;<br />
a L’Eau libérée, Mère de poésie, Mère des<br />
Arts, de la Santé, de la Fertilité.<br />
Tout rite est une actualisation <strong>du</strong> mythe. Un<br />
« jeu » sacré qui participe à une vision <strong>du</strong> Monde.<br />
Et sans doute même, dans l’esprit religieux, participe<br />
à sa régénération.<br />
Dans les lustrations rituelles, voyons les eaux<br />
premières, celles qui sont à l’origine de toute vie,<br />
celles qui portent l’inspiration.<br />
Dans le feu, uni à l’eau. Voyons le mariage sacré<br />
qui engendre la prospérité. Voyons aussi le symbole<br />
de la libération des contraintes de la forme,<br />
au profit <strong>du</strong> mouvement <strong>et</strong> de la Vie.<br />
J’en termine là avec ces bavardages de saison <strong>et</strong><br />
nous appelle à faire vivre nos symboles, à la fois<br />
dans nos rites mais aussi en essayant d’entendre<br />
<strong>et</strong> de tra<strong>du</strong>ire ce qu’ils nous disent.<br />
Les mythologues, savants, gardiens de la forme<br />
nous diront sans doute que nous nous égarons.<br />
Mais n’est-ce pas le propre <strong>du</strong> symbole que de<br />
susciter le sens ou la multitude de sens ?
Llyriann<br />
Vivre le feu<br />
d'Imbolc<br />
Le feu <strong>du</strong> redressement<br />
Si l’eau d’Imbolc nous renvoie souvent<br />
à une lustration corporelle, le feu<br />
lui me paraît bien plus exercer sa puissance<br />
sur l’esprit <strong>et</strong> donc procède à une purification <strong>du</strong><br />
psychisme. Au cœur d’un hiver qui voit le jour<br />
<strong>et</strong> la lumière gagner en temps <strong>et</strong> présence dans<br />
nos vies, il est nécessaire de nous laver de nos<br />
rési<strong>du</strong>s psychiques <strong>et</strong> noirceurs intimes, d’assécher<br />
nos marécages intérieurs, afin d’amorcer<br />
un nouveau redressement.<br />
Ainsi, invoquer à Imbolc le feu dans notre<br />
creus<strong>et</strong> intime <strong>et</strong> chercher à l’alimenter, c’est<br />
contacter notre Soi, notre soleil qui a germé à<br />
Alban Arthan, pour amorcer une lente remontée<br />
vers la lumière <strong>et</strong> entrer dans le nouveau<br />
monde. Pour nourrir ce feu, il faut lui livrer ce<br />
qui doit définitivement mourir. Des scories ou<br />
des cendres qui résultent de c<strong>et</strong>te fournaise, une<br />
nouvelle ardeur créatrice naît, <strong>et</strong> va aller crois-<br />
sante jusqu’à « exploser » à Beltaine.<br />
Mais je parlais précédemment de « redressement<br />
». C<strong>et</strong>te notion me paraît fondamentale,<br />
car le feu, vous le savez, porte en lui un principe<br />
de verticalité ascendante qui rejoint, par<br />
la flamme qui se dresse, la posture verticale qui<br />
fait de nous des hommes. Réanimer notre feu<br />
intime, c’est ainsi honorer <strong>et</strong> accomplir notre<br />
nature d’être verticalisé. C’est nous honorer<br />
nous-mêmes en réalité. Prendre ainsi soin de<br />
nous à Imbolc <strong>et</strong> nous faire plaisir 1 me paraît<br />
important car il s’agit de s’honorer soi-même en<br />
fin de compte, en particulier si tout cela se fait<br />
avec délicatesse <strong>et</strong> gratitude. Le plaisir apparaît<br />
ici comme une dimension ignée indispensable<br />
pour notre propre cheminement spirituel.<br />
Le feu de la renaissance<br />
Par le mouvement qui le caractérise, le feu est<br />
une invitation à s’élever <strong>et</strong> jaillir, mais également<br />
à danser frénétiquement comme des flammes,<br />
pour célébrer la vie qui renaît à Imbolc. Le feu<br />
renvoie au soleil évidemment, <strong>et</strong> de ce fait il<br />
est tel que ce dernier : une force<br />
concentrée, un magma irrésistible<br />
qui fait renaître la vie, jaillir<br />
de nouvelles pousses <strong>et</strong> rajeunir<br />
la nature. Nous-mêmes sommes<br />
affectés par ces énergies qui propulsent,<br />
transformées en désir<br />
pugnace parfois, <strong>et</strong> qui font<br />
remonter en nous la sève <strong>et</strong> réactivent<br />
notre sexualité. Déposer<br />
de ce fait dans le feu cérémonial<br />
d’Imbolc un bâton, avec lequel<br />
nous aurions cheminé jusqu’au<br />
lieu <strong>du</strong> rituel 2 , est une invitation<br />
à célébrer <strong>et</strong> invoquer le feu<br />
semence qui s’active en nous <strong>et</strong><br />
que nous alimentons dans nos<br />
cœurs <strong>et</strong> notre âme.<br />
Le feu de la forge intérieure<br />
Peut-être est-il bon enfin de<br />
demander à Brigindo de nous<br />
aider à activer notre forge intérieure<br />
<strong>et</strong> de laisser résonner le<br />
marteau qui nous lie divinement<br />
à elle. Pour allumer notre feu<br />
intime <strong>et</strong> l’alimenter, lors de méditation, pourquoi<br />
ne pas visualiser nos poumons comme une<br />
forge en activité dont le ronflement gagnerait<br />
en puissance à chaque inspiration ? Notre forge<br />
intérieure peut ainsi se nourrir <strong>du</strong> Souffle pour se<br />
m<strong>et</strong>tre en activité <strong>et</strong> enclencher inexorablement<br />
en nous la réalisation de l’Œuvre au nom de la<br />
Tradition. Imbolc est de ce fait une période propice<br />
au doux frottement qui fera jaillir l’étincelle<br />
de notre créativité <strong>et</strong> nous m<strong>et</strong>tre en position<br />
d’écoute intérieure afin d’œuvrer tout en étant<br />
connecté à l’Awen. C’est se lancer dans un chemin<br />
qui obéit au principe créateur fondamental<br />
qui nous anime (<strong>et</strong> qui est parfois bridé) <strong>et</strong> que<br />
nous devrions tous écouter… En c<strong>et</strong> instant de<br />
reconnexion, nous devenons alors notre propre<br />
forgeron qui symboliquement scelle à chaque<br />
coup son acte d’engagement dans le druidisme.<br />
L’eau apaisante<br />
Cependant, Imbolc est là pour nous préserver<br />
de la trop grande fulgurance de ce feu qui peut<br />
être violent en opérant en nous un changement<br />
page 16 page 17<br />
radical. Ainsi ce processus doit-il se faire dans la<br />
douceur <strong>et</strong> la paix. Et pour maîtriser <strong>et</strong> réguler<br />
notre feu intérieur, il y a l’eau de Brigindo qui<br />
tempère <strong>et</strong> apaise. Imbolc est propice pour créer<br />
en nous les vapeurs nécessaires à l’évacuation <strong>du</strong><br />
trop plein qui pourrait se tra<strong>du</strong>ire en surmenage.<br />
Accueillir ainsi l’eau en nous <strong>et</strong> laisser exprimer<br />
nos émotions participent à la régulation de<br />
notre feu intérieur. Et en appliquant l’eau sur<br />
notre corps, nous pouvons connecter ce dernier<br />
à notre esprit incandescent. Prendre ainsi une<br />
douche fraîche ou un bain pour apaiser l’esprit<br />
dans ces moments-là ou bien ritualiser nos<br />
contacts avec l’eau <strong>et</strong> purifier notre visage dans<br />
la fraîcheur d’une source sacrée nous éveillent à<br />
la tempérance, par la polarité dynamique Eau/<br />
Feu que porte en elle la déesse Brigindo.<br />
1. Certains diront se « chouchouter ».<br />
2. Par la marche, muni d’un bâton qui porte en<br />
lui la symbolique <strong>du</strong> feu, nous nous connectons<br />
également <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tons en mouvement en nous<br />
l’énergie ignée créative de la transformation.
En parallele...<br />
satinka<br />
Bali, si loin<br />
mais si proche…<br />
Année <strong>2012</strong> : année magique…<br />
hormis le clin d’œil offert par les<br />
mayas, nous avons également en ce<br />
r<strong>et</strong>our de la Lumière (Imbolc/Équinoxe de<br />
printemps) un peuple qui honore ses divinités<br />
en parallèle de nous, ce sont les habitants de l’île<br />
de Bali.<br />
Comme tous les ans ces festivités se déroulent<br />
semestriellement sur l’île de Bali. En <strong>2012</strong>, les<br />
festivités auront lieu pour la première saison<br />
<strong>du</strong> 1 er au 11 février, puis pour la seconde saison<br />
<strong>du</strong> 29 août au 8 septembre (selon le calendrier<br />
Balinese). Donc tous les 210 jours les festivités<br />
de Galungan/Kuningan s’exécutent dans la joie<br />
partout au même moment sur l’île. On ouvre<br />
ces festivités le mercredi de la onzième semaine<br />
sous le nom de « Buda Kliwon Dungulan ».<br />
De l’origine de ces fêtes, on sait qu’il existerait<br />
deux versions : l’une provenant de la mythologie<br />
Balinaise, <strong>et</strong> l’autre semblant exister depuis la<br />
création <strong>du</strong> Monde.<br />
Mais voici ce qu’on raconte encore des nos jours :<br />
Il y a de cela très longtemps, plus de mille ans,<br />
un horrible roi dénommé Mayadenawa, descendant<br />
de Daitya <strong>et</strong> de la déesse Danu (Déesse des<br />
lacs <strong>et</strong> des rivières), régnait sur Bali. C’était un<br />
roi athé, terrible <strong>et</strong> très cruel. Il interdisait aux<br />
Balinais de célébrer <strong>et</strong> de fêter leurs dieux <strong>et</strong><br />
leurs déesses, ainsi que d’honorer leurs ancêtres.<br />
Sa cruauté, voire son immortalité, faisait que<br />
personne ne s’aventurait à le contrarier. Il aimait<br />
détruire : temples, fermes, villages, causant ainsi<br />
malheur, pauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> famine autour de lui.<br />
Le Kulputih, un prêtre indou puissant, était<br />
préoccupé par la douleur de ceux qui venaient le<br />
voir, les Balinais n’ayant plus rien pour vivre. Il<br />
médita au temple de Besakih pour demander un<br />
conseil aux divinités. Dans sa méditation, il reçu<br />
la révélation de Mahadewa (le Grand Dieu ou<br />
Dieu de la Montagne). Il devait aller à Jambu<br />
Dwipa (en Inde) <strong>et</strong> demander là-bas de l’aide.<br />
Le dieu Indra (Dieu <strong>du</strong> ciel, de la foudre, de<br />
l’atmosphère, des orages, de la pluie, il est aussi<br />
considéré comme le dieu de la fertilité avec l’eau<br />
qu’il apporte à la terre. Il est aussi assimilé à<br />
Surya, le dieu soleil, fils d’Aditi <strong>et</strong> de Kashyapa)<br />
page 18 page 19<br />
l’entendit <strong>et</strong> eu pitié. Il décida de descendre sur<br />
Terre porter secours aux habitants de l’île de<br />
Bali avec ses soldats. La guerre <strong>du</strong>ra plusieurs<br />
jours. En raison de sa puissance magique <strong>du</strong>e à<br />
ses origines, Mayadenawa pouvait se transformer<br />
en diverses formes de créatures. Toujours<br />
arrogant <strong>et</strong> sûr de lui, il réussit à empoisonner<br />
une source (c<strong>et</strong>ik de tirtha = eau toxique) qui<br />
rendit les assaillants malades. Indra s’en aperçut<br />
<strong>et</strong> en créa une nouvelle qui eut le pouvoir de<br />
guérir les malades.<br />
Ensuite, Mayadenawa, espérant échapper à<br />
Indra, se transforma en poul<strong>et</strong> (Manuk), en<br />
légume (Timbul), en feuille de palmier/noix de<br />
coco (Busung), en une sorte d’escargot (Susuh)<br />
<strong>et</strong> en Ange (Bidadari) puis en Déesse (Dewata).<br />
Comme Mayadenawa ne parvenait pas à <strong>du</strong>per<br />
l’armée d’Indra, il se transforma en « grosse<br />
pierre ». Indra à nouveau le découvre puis le<br />
transperce (sous son aspect « pierre ») avec une<br />
flèche magique, parvenant enfin à le tuer. Suite<br />
à c<strong>et</strong>te ultime blessure, son sang s’écoula le long<br />
de la montagne qui forma la rivière Pekerisan.<br />
Chacun des lieux où Mayadenawa s’était transformé<br />
garda le nom de ses transformations :<br />
Desa Manukya, Desa Timbul, <strong>et</strong>c.<br />
Sa mort était symbole de joie <strong>et</strong> de liesse : les<br />
Balinais étaient à nouveau libres d’adorer leurs<br />
divinités selon les rites de leur religion <strong>et</strong> d’honorer<br />
leurs ancêtres.<br />
Ne voulant pas en rester là, Indra maudit le flot<br />
<strong>et</strong> lança une malédiction : « Celui qui utiliserait<br />
l’eau pour irriguer le riz, la graine pousserait<br />
merveilleusement mais une fois la récolte effectuée<br />
celle-ci se couvrirait de sang <strong>et</strong> sentirait la<br />
pourriture. » On dit qu’à l’époque les jours de<br />
pleine lune, l’eau<br />
avait la couleur<br />
<strong>du</strong> sang…<br />
Bien enten<strong>du</strong>,<br />
c<strong>et</strong>te malédiction<br />
a été lancée il y a<br />
plus de mille ans<br />
<strong>et</strong> de nos jours<br />
celle-ci n’a plus<br />
d’eff<strong>et</strong> au point<br />
que les Balinais<br />
utilisent son eau<br />
sans dommage !
C’est depuis c<strong>et</strong>te époque que les habitants de<br />
l’île de Bali honorent leurs divinités par ces fêtes<br />
qui animent toute l’île. L’une pour l’ouverture<br />
des festivités dénommée : Galungan <strong>et</strong> l’autre<br />
pour la ferm<strong>et</strong>ure sous le nom de Kuningan.<br />
C’est un moment où les divinités <strong>et</strong> les ancêtres<br />
désincarnés peuvent venir sur Terre pour<br />
fêter la victoire <strong>du</strong> Bien (Indra) contre le mal<br />
(Mayadenawa) <strong>et</strong> s’installer dans les temples <strong>et</strong><br />
autels décorés pour eux.<br />
Pour les préparatifs, quelques jours avant c<strong>et</strong>te<br />
date, les habitants placent tout au long des<br />
routes des penjors (offrande en forme d’une<br />
grande tour, décorée d’une tige de bambou dont<br />
la courbe supérieure pend avec élégance) dont<br />
l’extrémité rappelle la queue de barong (dragon).<br />
Ces bambous seront décorés <strong>et</strong> garnis, les tiges<br />
symboliseront alors la rivière <strong>et</strong> les ornements<br />
liés à la terre symboliseront la récolte. Les<br />
Balinais disent aussi que le penjor représente le<br />
dragon, d’où l’espèce de colonne vertébrale faite<br />
de feuilles de palmier, un animal lié à la fertilité.<br />
Pendant les célébrations, il n’y a plus rien d’ouvert,<br />
ni école ni entreprise. Si autrefois c<strong>et</strong>te fête<br />
marquait la fin des récoltes, de nos jours, on<br />
garde trace de c<strong>et</strong> interdit : on ne peut en aucun<br />
cas aller travailler la terre : semer, planter, <strong>et</strong>c…<br />
Ces festivités <strong>du</strong>reront dix jours jusqu’au terme<br />
de la fête de Kuningan où alors tout brillera de<br />
mille feux : les temples seront parés de jaune<br />
(défini comme la couleur de la beauté <strong>et</strong> de la<br />
lumière). Kuningan est une fête particulièrement<br />
chargée en magie : outre les habituelles<br />
offrandes, purifications, chants, de nombreuses<br />
offrandes seront faites spécialement aux puissances<br />
souterraines.<br />
Voilà, ce qui me trouble dans ces festivités, c’est<br />
la similitude de l’interprétation de leurs rites<br />
avec nos rites.<br />
a Quand Mayadenawa meurt d’une flèche<br />
magique, cela me rappelle Apollon (chez les<br />
Grecs) dont la flèche représente l’image d’un<br />
rayon de soleil (Apollon est connu par certains<br />
sous le nom d’Hélios (Dieu <strong>du</strong> Soleil) de par<br />
sa chevelure couleur de blé d’or). Je vois, ici,<br />
Indra (la Lumière) tuant Mayadenawa (la Nuit<br />
période Noire) : pour moi, cela signifie que<br />
le Soleil reprend son élan dans le ciel d’hiver<br />
avant de monter jour après jour, toujours plus<br />
haut, dans le ciel de<br />
Printemps <strong>et</strong> qu’il<br />
devient vainqueur sur<br />
la période noire pour<br />
un temps.<br />
On trouve également<br />
une similitude avec<br />
nos fêtes, dans le rite<br />
décrit plus haut :<br />
a la Lumière gagne<br />
sur le cycle de la Nuit.<br />
Ce n’est pas sans rappeler<br />
la fête d’Imbolc qui a pour sens étymologique<br />
« lustration », s’agissant d’une purification<br />
qui prend place à la fin de l’hiver menant au<br />
culte <strong>du</strong> printemps, de la fécondité.<br />
a Dans la conception de leur benjor, une ressemblance<br />
avec nos « mais » ou « mats de mai »,<br />
décrits dans son livre par Antoin<strong>et</strong>te Glauser-<br />
Matecki : Rites, mythes <strong>et</strong> croyances <strong>du</strong> Cycle <strong>du</strong><br />
printemps.<br />
Alors on comprendra aussi mon enthousiasme<br />
sur ce suj<strong>et</strong>. Je pense qu’il doit y avoir un « initia<br />
primordial » qui nous unis malgré les kilomètres.<br />
Ces rites raisonnent <strong>et</strong> vibrent en moi…<br />
peut-être parce qu’en fait ces rites ne sont qu’un<br />
miroir de nos rites de fidélité à la nature ?<br />
Du point de vue mythologique on a pu lire<br />
que dans plusieurs traditions, au solstice d’hiver<br />
des festivités s’organisaient aux longs des<br />
mois qui suivaient c<strong>et</strong>te fête en l’honneur <strong>du</strong><br />
r<strong>et</strong>our de la végétation, des fleurs, des sources <strong>et</strong><br />
de l’eau. C<strong>et</strong>te liaison donnant un lien entre le<br />
monde visible <strong>et</strong> le monde invisible (r<strong>et</strong>our des<br />
aïeux <strong>et</strong> des ancêtres mythiques). Or, tous ces<br />
obj<strong>et</strong>s symboliques accrochés sur ces benjors ou<br />
« mais » ne sont-ils pas la marque inséparable de<br />
l’amour, <strong>et</strong> de la lutte sur la Nuit ?<br />
a Pour terminer, les transformations qu’exécute<br />
Mayadenawa ne nous rappellent-elles pas<br />
l’histoire de Gwyon Bach <strong>et</strong> de Ceridwen ?<br />
L’histoire ne nous dit pas si Indra lui-même suivra<br />
ces évolutions. Comme le conseille Christian<br />
Mandon, il nous faut chercher la clef dans les<br />
légendes, contes <strong>et</strong> récits mythiques celtes mais<br />
aussi de ceux hindous. Après ces lectures, alors<br />
nous pourrons comprendre la similitude de ces<br />
rites adaptés à chacun <strong>et</strong> qui semblent bien avoir<br />
des racines communes…<br />
Coups de coeur<br />
page 20 page 21
Les Livres<br />
Les gaulois à p<strong>et</strong>its pas<br />
Auteur : Patrick Maguer (Inrap)<br />
Illustratrice : Marion Puech<br />
Coédition Actes Sud Junior <strong>et</strong> Inrap<br />
(2009).<br />
Excellent ouvrage pour les p<strong>et</strong>its <strong>et</strong><br />
les grands. Très simple d’accès, il perm<strong>et</strong><br />
une bonne information « juste » sur<br />
la vie qu’on pu mener nos ancêtres.<br />
Le tout agrémenté de belles illustrations<br />
sympathiques. À lire avec plaisir.<br />
Non, les Gaulois ne passaient pas leur temps à chasser le sanglier dans la forêt <strong>et</strong> à faire la guerre à Jules César !<br />
Des maisons confortables, différentes selon les régions ; une agriculture innovante ; une alimentation variée ;<br />
des villes entourées de remparts pour mieux se défendre ; un commerce florissant qui reposait essentiellement<br />
sur le troc ; une religion omniprésente avec les dizaines de dieux des forêts, des montagnes, des sources…<br />
« Nos ancêtres les Gaulois » étaient bien plus civilisés qu’on ne le croit souvent ! Écrit par un archéologue<br />
<strong>et</strong> conçu en coédition avec l’Inrap, ce livre, très documenté <strong>et</strong> enrichi par les résultats des fouilles récentes,<br />
propose un autre regard sur ce peuple celte, loin des clichés.<br />
Pour tout savoir sur les Gaulois !<br />
L’auteur : Patrick Maguer a fouillé de nombreux sites gaulois, notamment des fermes, dans l’ouest <strong>et</strong> le centreouest<br />
de la France. Il s’intéresse beaucoup à l’architecture des maisons de c<strong>et</strong>te période. Il est archéologue à<br />
l’Inrap <strong>et</strong> vit avec sa famille près de Châtellerault dans la Vienne.<br />
L’illustratrice : née à Toulouse en 1980, Marion Puech a étudié à l’école des Arts décoratifs de Strasbourg,<br />
avant de revenir s’installer à Toulouse. Elle travaille maintenant pour la presse <strong>et</strong> l’édition jeunesse. Elle a déjà<br />
illustré pour Actes Sud Junior La Santé à p<strong>et</strong>its pas <strong>et</strong> Les Aliments à p<strong>et</strong>its pas.<br />
Par Astur.<br />
Les Livres<br />
Les Éléments <strong>du</strong> Barde<br />
Histoire <strong>du</strong> bardisme celtique<br />
Auteur : Yvan Guéhennec<br />
Éditions Label LN<br />
Après la publication de Les celtes <strong>et</strong> la parole sacrée, Yvan Guéhennec présente un nouvel ouvrage de qualité<br />
concernant l’histoire <strong>du</strong> bardisme celtique.<br />
Présentation de l’éditeur :<br />
Héritiers des hommes d’inspiration, prêtres <strong>et</strong> orateurs fonctionnels indo-européens, les bardes ont joué un<br />
rôle déterminant dans le maintien de la Tradition chez les Celtes. De l’Irlande à la Br<strong>et</strong>agne armoricaine, via<br />
le Vieux Nord, le pays de Galles <strong>et</strong> les Cornouailles, ces bardes ont été les faiseurs de louange des héros <strong>et</strong> des<br />
princes qui gouvernèrent les mondes gaélique <strong>et</strong> brittonique. Membres de la classe sacerdotale, les bardesdruides<br />
ont travaillé au maintien de l’intégrité de la langue <strong>et</strong> de l’esprit celtiques. En Irlande, en Écosse <strong>et</strong> en<br />
Cambrie, ils ont survécu aux concepts religieux <strong>et</strong> politiques nouveaux qu’apportèrent le christianisme <strong>et</strong> les<br />
idées <strong>du</strong> haut Moyen Âge. De nos jours, le<br />
bardisme est encore vivant au pays de Galles,<br />
de façon organisée <strong>et</strong> admirée, il porte le<br />
souffle de la langue des poètes nationaux.<br />
L’auteur Yvan Guehennec, vann<strong>et</strong>ais, est<br />
professeur d’Histoire-Géographie. Spécialiste<br />
en culture <strong>et</strong> civilisation celtique, professeur<br />
de br<strong>et</strong>on <strong>et</strong> de gallois.<br />
page 22 page 23<br />
Par Astur.
Les Livres<br />
La Prophétie des Runes<br />
Auteur : Bianca Bastin<br />
Édifree.<br />
Ce livre, c’est un monde, tout un monde. Un monde d’humains côtoyant d’autres races <strong>et</strong> le monde d’une<br />
demi-elfe qui part à la recherche de ses racines <strong>et</strong> qui entreprend un voyage mouvementé avec son ami humain<br />
pour la contrée elfique. Un monde de guerre parfois aussi. Avec, au fil des pages, des clins d’œil<br />
à notre tradition <strong>et</strong> à la tradition nordique.<br />
Rien de bien inhabituel, me direz-vous. Les rayons des librairies sont remplis de ce genre de livres.<br />
Et vous aurez raison. Sauf que… ce livre a quelque chose d’extraordinaire : la porte entre-ouverte sur ce monde<br />
imaginaire appartient à l’une des nôtres…<br />
J’ai le plaisir de vous annoncer que Earawièl a fait paraître le premier volume de sa trilogie, atten<strong>du</strong> depuis<br />
longtemps.<br />
Par Kermailune.<br />
page 24<br />
l’assemblée druidique <strong>du</strong> chêne <strong>et</strong> <strong>du</strong> sanglier fédère des clairières<br />
<strong>et</strong> bosqu<strong>et</strong>s druidiques autour de principes <strong>et</strong> de valeurs communs.<br />
Autonomes quant à leur fonctionnement, ces clairières <strong>et</strong> bosqu<strong>et</strong>s se<br />
rencontrent sur ce qui les lie.<br />
Ils s’entendent ainsi sur :<br />
a Le respect des ancêtres <strong>et</strong> une pratique adaptée de l’ancienne spiritualité<br />
druidique. Pratique qui puise aux sources anciennes tout en<br />
respectant l’esprit <strong>du</strong> temps. Double mouvement entre Tradition <strong>et</strong><br />
Inspiration.<br />
a Le respect de la Terre <strong>et</strong> de la Nature.<br />
a Le polythéisme celtique vécu comme une religion naturelle, qui<br />
puise ses symboles au cœur de la Vie, dans les traditions dont on trouve<br />
trace dans les coutumes, le folklore de nos pays.<br />
Religion naturelle aussi parce qu’accessible à chacun, immédiatement.<br />
Religion naturelle enfin parce qu’inscrivant ses rites <strong>et</strong> ses célébrations dans les grands rythmes de<br />
la Nature.<br />
Vous pouvez r<strong>et</strong>rouver l’intégralité de nos publications <strong>et</strong> la présentation de l’<strong>Assemblée</strong> sur notre<br />
site : http://www.druides.org.<br />
Serpent d’Eau.<br />
Correction <strong>et</strong> mise en page : Yavanna.<br />
Crédit photographique <strong>et</strong> illustrations :<br />
Armana : pp. 6, 12 ; Llyriann : pp. 4, 10, 16-17, couverture <strong>et</strong> logo de l’ADCS ; Satinka : pp. 8-9,<br />
11, 14, 19-20, 25 ; Viviane : pp. 2-3.<br />
page 25
Coordonnées des bosqu<strong>et</strong>s, clairières <strong>et</strong> foyers membres de l’adcs :<br />
AelYs<br />
Cornouaille, Finistère.<br />
Yavanna, lucie.trellu@free.fr<br />
Altitona<br />
Alsace-Lorraine.<br />
www.druides.fr<br />
Eber, eber@druides.fr<br />
Barbal<strong>et</strong>ta<br />
Haute-Saone.<br />
www.ellwenna.skyrock.com<br />
Almenwen, sagona@hotmail.fr<br />
Edobola<br />
Poitou-Charentes.<br />
edobola.wordpress.com<br />
Astur, edobola@druides.org<br />
Epona<br />
Brabant Wallon, Belgique.<br />
Derwen, derwen35@gmail.com<br />
Etin<br />
Sud-Est, vers Avignon.<br />
Caillin Blaa,<br />
caillinblaa@gmail.com<br />
Médaillon attribué aux<br />
contributeurs de la <strong>Rouelle</strong><br />
extérieurs à l’ADCS.<br />
page 26<br />
Gabalia<br />
Lozère, Cévennes.<br />
Morgane,<br />
morgane@antredemorgane.com<br />
Helvétia<br />
Suisse romande.<br />
Kermailune,<br />
kermailune@wordpress.com<br />
Le <strong>Chêne</strong><br />
Gironde.<br />
laclairiere<strong>du</strong>chene.over-blog.fr<br />
Dercos, dercos@ymail.com<br />
Neved<br />
Cornouaille, Finistère.<br />
www.druidisme.fr<br />
Llyriann, llyriann@gmail.com<br />
Sequana<br />
Bourgogne <strong>et</strong> Île-de-France.<br />
Deruos, herwynn@live.fr