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du Seigneur sur lequel l’histoire se termine, le temps où, selon la prophétie, on att<strong>en</strong>d “des<br />

cieux nouveaux et une terre nouvelle” (Isaïe) ». La création du monde étant située <strong>en</strong> 5508 avant<br />

la Nativité du Christ, 5508+1492 = 7000, Ousp<strong>en</strong>ski effectue un rapprochem<strong>en</strong>t intéressant avec<br />

l’arrivée de Christophe Colomb au « Nouveau Monde », « découverte » qui pr<strong>en</strong>d une signification<br />

apocalyptique d’accomplissem<strong>en</strong>t des prophéties d’Isaïe et de saint Jean.<br />

2. La théorie sociale et politique de Joseph de Volokolamsk accepte les structures <strong>en</strong> place<br />

comme une donnée « naturelle » et confère au Tsar, <strong>en</strong> possession de qualités divines autant qu’humaines,<br />

un rôle « répressif » semblable à celui du père abbé au sein du monastère : « Le désordre<br />

et l’impiété peuv<strong>en</strong>t ruiner le monastère comme le royaume, aussi la discipline monastique et l’inquisition<br />

généralisée sont-elles nécessaires. En outre, la prospérité sur terre découle de<br />

l’observance de la loi divine, qui procure ainsi le meilleur des deux mondes. »<br />

3. Voir l’échange épistolaire <strong>en</strong>tre Ivan le Terrible et le prince A ndré Kourbski <strong>en</strong> exil :<br />

tirant conséqu<strong>en</strong>ce de l’illégitimité qui frappe le pouvoir royal, qui « néglige les traditions<br />

de la Russie, gouverne de façon cruelle et arbitraire contre l’avis de la noblesse et réduit son<br />

peuple <strong>en</strong> servitude », le prince Kourbski va attribuer la part divine qui traditionnellem<strong>en</strong>t résidait<br />

dans le Tsar à une nouvelle réalité sacrée : la « Sainte Russie », trahie par l’A ntéchrist<br />

qui tâche du sang des innoc<strong>en</strong>ts le pays et l’orthodoxie (Szamuely 1976 : 45).<br />

4. Saint Grégoire Palamas (1296-1359) est considéré comme le « théologi<strong>en</strong> de l’hésychasme »,<br />

spiritualité de la « quiétude » (hesuchia <strong>en</strong> grec) née dans les milieux monastiques d’Égypte et<br />

de Syrie vers le IVe siècle, qui privilégie « l’oubli de soi » qui conduit à l’humilité sereine<br />

et permet l’att<strong>en</strong>te confiante de l’Esprit Saint. La contemplation divine se trouve favorisée par<br />

l’invocation du Nom de Jésus, liée à des techniques respiratoires. En déf<strong>en</strong>dant ces méthodes<br />

d’oraison psychosomatique contre certains théologi<strong>en</strong>s « nominalistes » qui niai<strong>en</strong>t l’expéri<strong>en</strong>ce<br />

mystique de participation anticipée à la vie divine (le moine Barlaam, notamm<strong>en</strong>t), Grégoire<br />

Palamas va rédiger les Triades pour la déf<strong>en</strong>se des saints hésychastes, première synthèse théologique<br />

de la spiritualité des moines ori<strong>en</strong>taux, qui va dev<strong>en</strong>ir à partir de 1351 « doctrine<br />

officielle » de l’Église orthodoxe. La distinction palamite <strong>en</strong>tre ess<strong>en</strong>ce et énergie divines<br />

permet un dépassem<strong>en</strong>t de la « théologie apophatique » <strong>en</strong> déclarant que Dieu, transc<strong>en</strong>dant sa<br />

propre transc<strong>en</strong>dance, se r<strong>en</strong>d participable tout <strong>en</strong> restant inconnaissable. L’« union avec Dieu<br />

» reste donc possible, une fois l’homme par la prière rev<strong>en</strong>u à sa nature déifiée par la grâce<br />

originelle d’avant la Chute : la « transfiguration » du corps et de la raison par l’Esprit permet<br />

à Dieu de se r<strong>en</strong>dre réellem<strong>en</strong>t visible.<br />

5. Selon M. Evdokimov (1987 : 46 sq.), les « fols-<strong>en</strong>-Christ » constitu<strong>en</strong>t la réponse du peuple<br />

russe au pouvoir du Tsar se « sacrifiant » pour assumer la responsabilité et la charge morale<br />

du pays, car ils persist<strong>en</strong>t à lui rappeler les limites terrestres et la vanité d’une telle mission.<br />

6. A insi, parmi d’autres, les difficultés inhér<strong>en</strong>tes aux oppositions spirituel/matériel,<br />

idée/valeur, sujet/ objet et bi<strong>en</strong> d’autres, voir De Coppet 1998 : 165, note 12.<br />

7. «… la notion moderne de souveraineté exprime une idée de suprématie, tirée d’une laïcisation<br />

du pouvoir divin, et qui témoigne donc d’une vision superlative du pouvoir. […] l’État<br />

moderne saisit indifféremm<strong>en</strong>t les individus dès lors qu’il se trouve sur son territoire. À l’hétérogénéité<br />

de l’espace politique romain s’oppose l’homogénéité de l’espace politique étatique<br />

» (Beaud 1996 : 627).<br />

8. On peut poser l’hypothèse que le fils partant « avec la croix seule » s’appar<strong>en</strong>te pour un<br />

temps à un « errant », c’est-à-dire un « individu-<strong>en</strong>-relation-directe-avec-Dieu » (par « la croix<br />

»), <strong>en</strong> rupture avec l’ordre social de continuité et de perman<strong>en</strong>ce institutionnalisé dans la communauté<br />

du mir.<br />

9. Iouri Lotman et Boris Ousp<strong>en</strong>ski ont étudié le rapport <strong>en</strong>tre les mots obscènes ou jurons<br />

d’une part, et les off<strong>en</strong>ses faites à la Terre d’autre part. A insi, le mandem<strong>en</strong>t contre ceux qui<br />

jur<strong>en</strong>t dans la Russie traditionnelle, parfois attribué à Jean Chrysostome, est particulièrem<strong>en</strong>t<br />

explicite dans le li<strong>en</strong> qui est fait <strong>en</strong>tre les trois « mères » de chaque homme : « Il est inconv<strong>en</strong>ant<br />

pour un chréti<strong>en</strong> orthodoxe de jurer. À cause de la Très Pure Vierge Mère de Dieu […] car<br />

par elle nous avons connu le Fils de Dieu […] deuxièmem<strong>en</strong>t, de la deuxième mère, chère à tout<br />

homme, par laquelle nous sommes v<strong>en</strong>us au monde. Et la troisième mère, la terre qui nous fournit<br />

la nourriture et abondance de bi<strong>en</strong>s et à laquelle, sur l’ordre de Dieu, nous retournerons pour<br />

y recevoir la sépulture » (Lotman & Ousp<strong>en</strong>sky 1990 : 400-424).<br />

10. Zel<strong>en</strong>in 1994. Ses travaux (réalisés <strong>en</strong>tre 1910 et 1940 <strong>en</strong>viron) sur les morts « impurs »<br />

(zalojnyie) comme les suicidés, les sorciers, les pécheurs, les non-orthodoxes (<strong>en</strong> fait, tous<br />

ceux que l’on ne peut inhumer parce qu’ils souill<strong>en</strong>t la terre) constitu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core aujourd’hui<br />

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