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ARTÍCULOS PUIG ANTICH, JEAN MARC ROUILLAN, Delgado y ...

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instruit de menaces, le général ne cesse de changer son programme. Un plan est cependant<br />

échafaudé.<br />

Francisco Granado est chargé d'acheminer les 20 kg de plastique et le détonateur à Madrid. Le<br />

jeune homme a émigré en France au début des années 1960, à la recherche d'un travail. Il s'est<br />

installé à Alès, comme ouvrier, a fait venir sa femme et sa fille, a eu deux autres enfants ensuite. Il<br />

est entré dans les rangs libertaires au hasard d'une rencontre dans un bar fréquenté par la<br />

communauté espagnole.<br />

C'est sa première action. Il franchit la frontière le 14 mai avec sa Renault, récupère les explosifs et<br />

se rend à Madrid. Il doit les remettre à un artificier qu'il ne connaît pas, le moment venu.<br />

Mais les semaines s'écoulent sans qu'il soit possible d'agir. Les instigateurs apprennent le 26 juillet<br />

que Franco est parti en vacances. L'opération est repoussée. A Paris, Octavio Alberola demande à<br />

Joaquin <strong>Delgado</strong> de se rendre à Madrid et de contacter les militants sur place pour les faire rentrer<br />

en France.<br />

Joaquin <strong>Delgado</strong> Martinez est le fils d'un exilé de la guerre civile, installé à Grenoble. Arrivé très<br />

jeune en France, naturalisé, ce célibataire a été élevé dans les idées anarchistes. C'est un activiste<br />

aguerri.<br />

Il entre en contact avec Granado. Ce dernier accepte de rentrer mais, en butte à des problèmes<br />

d'argent, doit d'abord attendre un mandat pour payer les réparations de sa voiture. Les deux<br />

hommes décident de rester quelques jours supplémentaires à Madrid. Ils ignorent qu'une autre<br />

équipe envoyée par la DI est au même moment dans la capitale. Et dès lors, tout dérape.<br />

ANTONIO MARTIN, 25 ans, et Sergio Hernandez, 20 ans, sont chargés de perpétrer deux attentats<br />

symboliques contre le service des passeports à la Direction générale de la sûreté et contre le siège<br />

des syndicats phalangistes. L'action est planifiée pour le début du mois d'août mais, craignant d'être<br />

repérés, les deux militants l'avancent au 29 juillet. L'engin déposé dans le premier lieu explose avec<br />

quatre heures d'avance, alors que le service des passeports est encore ouvert. L'attentat fait une<br />

vingtaine de blessés dont trois sont hospitalisés. La presse officielle s'empare de cette bavure et<br />

fustige les « bandits ».<br />

Quarante-huit heures plus tard, <strong>Delgado</strong> et Granado sont interpellés, les explosifs retrouvés.<br />

Arrestation fortuite ? Travail de police efficace ? Trahison ? Nul ne le sait. Conduits dans les<br />

bureaux de la Direction générale de la sûreté, les deux hommes signent des aveux sous la torture.<br />

Le 13 août, un tribunal militaire spécial condamne les deux hommes à la mort par garrot, sans qu'il<br />

y ait dans le dossier ni preuves ni témoins. L'avocat de la défense est un officier qui n'a jamais fait<br />

les moindres études de droit. Franco refuse la grâce.<br />

Sergio Hernandez et Antonio Martin sont effondrés. Le premier veut se dénoncer. La DI s'y oppose,<br />

jugeant inutile d'espérer la clémence du régime. Il publie cependant un communiqué affirmant que<br />

les auteurs de l'attentat sont deux autres anarchistes, en sécurité en France. Malgré les arguments de<br />

ses camarades, Antonio Martin vit très mal ce « coup terrible ». Sergio Hernandez avouera plus tard<br />

« un ». Il suivra pendant un temps une thérapie.<br />

La DI, elle, ne survit pas au drame. La police française se met à harceler l'organisation, arrêtant<br />

soixante personnes. En 1965, la structure est dissoute. Les trajectoires des militants divergent.<br />

Octavio Alberola poursuit l'action, ce qui lui vaut d'être emprisonné ou assigné à résidence à de<br />

multiples reprises, en France et en Belgique. D'autres se rangent. Le général Franco meurt le 20<br />

novembre 1975. Auparavant, il a encore signé huit condamnations à mort, dont celle du jeune<br />

libertaire catalan Salvador Puig Antich, exécuté le 2 mars 1974.<br />

Au début des années 1990, Xavier Montanya, un journaliste catalan, auteur justement d'un livre sur<br />

Puig Antich, s'intéresse à l'histoire de <strong>Delgado</strong> et Granado. En 1994, il entre en contact avec<br />

Antonio Martin et Sergio Hernandez. Les années ont passé, mais la souffrance est toujours aussi<br />

vive. Devant une caméra, les deux hommes, en larmes, admettent être les auteurs de l'attentat, pour<br />

que l'on sache, enfin, ce qui s'est passé, « un crime, disent-ils, un assassinat ».

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