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ARTÍCULOS PUIG ANTICH, JEAN MARC ROUILLAN, Delgado y ...

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<strong>ARTÍCULOS</strong> <strong>PUIG</strong> <strong>ANTICH</strong>, <strong>JEAN</strong> <strong>MARC</strong> <strong>ROUILLAN</strong>, <strong>Delgado</strong> y Granados.<br />

INDICE<br />

Premier récit : Marie Desplechin et la chute de Phnom Penh, le 17 avril 1975 « Quand<br />

j'avais l'âge d'être garde rouge » ..............................................................................................2<br />

18.04.89. Première rencontre à la prison de Douai après les " années de plomb " ....................5<br />

08.12.01. Des terroristes oubliés ......................................................................................................8<br />

19.09.04. LA MÉMOIRE DE DEUX INNOCENTS......................................................................9


SÉRIES D'ÉTÉ SOUVENIR<br />

Premier récit : Marie Desplechin et la chute de Phnom Penh, le 17 avril<br />

1975 « Quand j'avais l'âge d'être garde rouge »<br />

Il y avait toutes ces fois où ça n'avait pas marché. D'abord, Kennedy était mort. J'avais pourtant fait<br />

requête, et à qui de droit, pour qu'on lui sauve la mise. A l'annonce des coups de feu (sur RTL),<br />

j'avais filé de la maison, je m'étais précipitée à l'église, et agenouillée dans la fraîcheur, j'avais<br />

intercédé. Comme l'avait remarqué ma mère, ahurie par tant de ferveur, « c'est très gentil ». C'était<br />

très gentil, et ça ne servait à rien. Je n'avais pas l'oreille de Dieu, et l'Amérique, c'est loin. Quelques<br />

années plus tard, il s'est avéré que je n'avais pas non plus l'oreille des dirigeants fascistes. Dans une<br />

indifférence absolue à mes protestations, les bourreaux du général Franco garrottaient Puig Antich.<br />

Ce n'était pas faute d'avoir peint des affiches à longueur de journée, ni de les avoir collées sur les<br />

portes des salles de classe, au lycée. Rien n'y avait fait. Puig était mort, atrocement mort, et tout ce<br />

que j'avais gagné là-dedans, c'était de faire pleurer ma copine Laurence Lefèvre qui aimait les<br />

Beatles et se moquait bien de la politique. « Ils ont tué Puig », elle essuyait ses larmes de droite<br />

devant la porte du lycée. A force, elle s'était attachée. Elle n'était pas la seule. Il fallut des jours aux<br />

agents de service pour décoller la Perfax qui s'était incrustée dans les rainures du bois. Mon<br />

implication dans les affaires de ce monde, commencée de longue date et jamais découragée,<br />

n'aboutissait à rien de bon, elle n'aboutissait à rien. Jusqu'au 17 avril 1975.<br />

Le 17 avril 1975, j'ai très exactement 16 ans, 3 mois et 10 jours et je fais partie des Heureux du<br />

monde. J'habite l'Europe du plan Marshall, je suis née dans une famille petite-bourgeoise,<br />

j'appartiens à la première génération - aussi loin que remonte la mémoire familiale, et même avant -<br />

à n'avoir connu ni la guerre ni la faim. Les « trente glorieuses » viennent de prendre fin, mais nous<br />

n'en sommes pas encore avertis. Mon père n'a encore jamais connu le chômage, les parents forment<br />

encore des projets pour leurs enfants. Je suis une adolescente enthousiaste et presque grasse. Mes<br />

résultats scolaires sont encourageants, mais j'aurais du mal à situer avec précision le Cambodge sur<br />

une carte. Nous n'avons jamais étudié le Sud-Est asiatique en géographie. Et je ne parle pas de<br />

l'Histoire. Nous étudions l'Histoire de France exclusivement, l'Histoire de France en France, et si la<br />

décolonisation vient de faire son entrée dans les manuels, c'est avec une immense discrétion, et pas<br />

avant la terminale. Je suis ignare. Mais ce que je sais me suffit : les Américains couvrent le<br />

Vietnam de napalm et d'agent orange. Les Américains sont de beaux salauds, à la différence des<br />

Russes et des Chinois qui sont des peuples rêveurs et justes, dirigés par des héros, avec fermeté<br />

mais avec clairvoyance. Je crois, moi, que le monde sera juste un jour, et que nous y serons tous<br />

heureux. Quand je pense à tout ce bonheur et à toute cette justice à venir, je me sens l'âme pleine<br />

d'allégresse. Je suis gorgée de calcium, d'hormones et d'endorphines. Et je fais confiance aux<br />

camarades internationalistes pour que nous accomplissions ensemble le destin sublime de<br />

l'humanité.<br />

Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh. Les Khmers rouges sont des<br />

camarades comme nous les aimons, des amis du peuple chinois, des victimes de l'impérialisme. Et<br />

puis, ce sont des cousins, ils ont fait leurs études à Paris. En 1959, Khieu Samphan y a présenté sa<br />

thèse sur l'agriculture. Qui refuserait son crédit fraternel à un universitaire français ? Les Khmers<br />

rouges entrent dans Phnom Penh, les Américains en sortent, et c'est comme une prière exaucée.<br />

Enfin. L'intérêt militant que j'ai pour le monde n'est pas trahi. Il arrive que le monde y réponde.


Le 17 avril, avec quelques amis du comité d'action lycéen, nous nous armons courageusement de<br />

peinture et nous nous attaquons aux portes des salles de classe. Tout au long des couloirs, nous<br />

barbouillons des slogans qui disent assez notre soutien à la révolution khmère. Nous sommes pleins<br />

d'audace, nous risquons gros. Un avertissement. Un blâme. Un conseil de discipline peut-être. Je<br />

n'ai gardé aucun souvenir des slogans. J'espère qu'ils n'étaient pas : « Qui proteste est un ennemi,<br />

qui s'oppose est un cadavre », « Notre coeur ne nourrit ni sentiments ni esprit de tolérance », «<br />

L'Angkar voit tout, l'Angkar a les yeux de l'ananas »... Je l'espère sans trop y croire, je me souviens<br />

trop bien de l'excitation que suscitaient ces petites phrases effroyables. Nous étions comme des<br />

animaux grisés. Nous qui vivions comme des castors, nous en appelions à la fureur et au sang<br />

répandu, comme des hyènes, comme des requins, comme des varans. Nous qui dormions chaque<br />

soir dans nos lits, nous rêvions douillettement de Robespierre, parce qu'il était inflexible.<br />

Nous achevons donc notre oeuvre internationaliste sur les portes du lycée aux heures où l'Angkar<br />

rassemble les habitants de Phnom Penh en longues colonnes qu'elle chasse vers les campagnes.<br />

Khieu Samphan n'a pas étudié en vain l'agriculture à Paris : revenus à la terre, les citadins feront<br />

pousser l'homme nouveau. Tandis que s'éloignent les cohortes de condamnés, comme des Indiens,<br />

comme des Arméniens, comme des Juifs, nos jeunes camarades khmers, en émules de la révolution<br />

culturelle, organisent le saccage de la ville. Du monde ancien, il ne doit rien rester. Tout est<br />

systématiquement détruit, jusqu'aux pièces de tissu - dont on sait le degré de corruption - qui sont<br />

lacérées dans les magasins. Là-bas, le cauchemar a commencé. Ici, c'est la fête. Vive la Mort.<br />

Sur le front du lycée Baudelaire, les choses se compliquent. Nous sommes coincés au bout d'un<br />

couloir par le surveillant général qui nous enjoint de cesser les dégradations. La riposte est<br />

immédiate. Aux menaces, nous répondons par l'assaut : sur les dernières portes qui nous restent,<br />

nous le dénonçons pour ce qu'il est. Un nazi.<br />

Avons-nous été sanctionnés ? Il est probable que non. Je suppose que nous nous en sommes tirés<br />

avec un sermon, que nous avons écouté en ricanant. Mais je me rappelle le visage de cet homme<br />

dont j'ai oublié le nom et qui nous semblait très vieux (peut-être 40 ans). Il répétait sans fin : «<br />

Comment pouvez-vous dire que je suis un nazi ? Comment pouvez-vous dire que je suis un nazi ? »<br />

Il avait peut-être perdu un père dans la Résistance, ou une famille dans la déportation. Peut-être<br />

avait-il vu sa famille souillée par la collaboration. Et peut-être n'avait-il rien perdu du tout, lui, rien<br />

de tout cela. Mais il croyait que les mots avaient un sens, tous les mots, les nôtres aussi, il croyait<br />

que les mots sont comme des actes dont on est responsable. Il croyait que l'on ne parle pas<br />

impunément, pas plus que l'on n'écrit, pas plus que l'on ne hurle, et même avec les loups. D'une<br />

certaine façon, nous étions bien pareils, lui et moi. Nous pensions que les mots agissent sur le<br />

monde. Mais j'étais, moi, véhémente, mimétique et déterminée comme une petite enrôlée des<br />

Hitlerjugend, et lui n'avait rien d'autre à m'opposer que son effarement et sa question. « Comment<br />

pouvez-vous dire que je suis un nazi ? »<br />

Le régime rédempteur du Kampuchéa démocratique va durer quatre ans. Je passe mon bac, j'entre à<br />

l'université, je quitte Roubaix pour Paris, je vis avec un jeune homme qui est militant trotskiste. Des<br />

Khmers rouges et de leur entreprise de refonte de l'espèce, plus de nouvelles. Les Khmers<br />

n'intéressent plus. Encagés chez eux, ils ont perdu beaucoup de leur pouvoir de séduction. Les<br />

appels au secours arrivent, pourtant, témoignages misérables, dépouillés d'attirail idéologique. Il ne<br />

se trouve plus personne sur terre pour les entendre. Ni l'ONU, ni la Ligue des droits de l'homme, ni<br />

les journalistes, ni, bien sûr, les camarades. Et puis, le monde a changé. Nous sommes désormais<br />

libéraux et égotistes. Nous avons, de notre côté, pas mal de soucis avec l'OMC et l'autofiction.


En quatre ans, le Cambodge a perdu un quart de sa population. Plus de deux millions de personnes<br />

torturées, assassinées, affamées, exténuées. On parlait, ce printemps, de l'ouverture d'un procès.<br />

Trente ans après. Quand même, il faudrait se dépêcher, avant que les justiciables ne soient tous<br />

emportés par l'âge.<br />

Pour ce qui me concerne, je fais toujours partie des Heureux du monde. Personne ne m'a jamais<br />

demandé de rendre compte de mes actes le 17 avril 1975, quand j'étais enthousiaste et presque<br />

grasse, et que j'avais l'âge d'être garde rouge.


18.04.89. PREMIÈRE RENCONTRE À LA PRISON DE DOUAI<br />

APRÈS LES " ANNÉES DE PLOMB "<br />

Article paru dans l'édition du 18.04.89<br />

Dix ans... Le temps qu'un enfant devienne " haut comme ça ", soupire Franco Pina en portant la<br />

main à la hauteur de ses épaules. L'âge de sa fille, qui avait six mois lors de l'arrestation de son<br />

père, en mars 1980. Dix ans après l'attaque à main armée de Condé-sur-l'Escault, certains des<br />

inculpés ont des enfants. Tous ont des boulots. Une vie " tranquille ". Depuis leur libération, en<br />

1981, aucun d'entre eux n'a été inquiété par la justice. Aucune arrestation, aucune inculpation. Mais<br />

les affaires des années 70, elles, courent toujours, au rythme engourdi d'une justice qui ne semble<br />

pas très pressée d'examiner le passé. Un passé de plus en plus lointain, de plus en plus flou. Celui<br />

d'une génération qui avait fait le choix de l'illégalité par solidarité avec les " victimes de la<br />

répression. "<br />

L'Europe traversait alors les " années de plomb ". L'Allemagne était en guerre contre la Fraction<br />

armée rouge, l'Italie contre les Brigadistes, l'Espagne se remettait à peine de la mort du caudillo.<br />

Les réfugiés d'Argentine, du Chili, d'Uruguay, les insoumis, les " Italiens ", les anarchistes<br />

espagnols affluaient à Paris. Sans papiers. Sans statut. " La France refusait alors d'assumer son rôle<br />

de terre d'asile, explique Floreal Cuadrado. Nous avons donc remplacé l'Etat en mettant en place un<br />

réseau d'entraide pour les victimes de la répression. " Ancien militant des GARI, les Groupes armés<br />

révolutionnaires internationalistes, créés en 1973 au moment de la mort sous le garrot du libertaire<br />

espagnol Puig Antich, Floreal Cuadrado doit son prénom à des parents anarcho-syndicalistes venus<br />

en France après l'avènement de Franco.<br />

Le réseau se met en place en 1974-1975. Un groupe de militants " sans appellation contrôlée ",<br />

disent-ils aujourd'hui. Des amitiés nées dans les milieux libertaires et internationalistes de l'époque.<br />

Une structure de lutte animée par des militants " réfractaires aux partis ". Combien étaient-ils ? Une<br />

trentaine, disent certains, une cinquantaine, peut-être plus, ajoutent d'autres en évoquant les<br />

contours parfois flous de ce que Raymond <strong>Delgado</strong>, un ancien militant, lui aussi, des GARI,<br />

baptiste " la nébuleuse ". Des planques, des armes, des faux papiers.<br />

Floreal Cuadrado, alors dessinateur dans un cabinet d'architecte, se spécialise dans les fausses<br />

identités au point de s'y consacrer " à plein temps " dès le début de l'année 1977. Il vit alors dans<br />

l'illégalité _ mais pas dans la clandestinité _ grâce aux allocations de chômage. Dans son local de<br />

fortune, il a créé une véritable " bureaucratie parallèle " : une carte d'identité en vingt-quatre heures,<br />

une pièce " à la demande " nécessitant la fabrication d'un cachet en quinze jours. " Des délais<br />

semblables à ceux de l'administration, explique-t-il aujourd'hui. Et tout cela sans ordinateur ! " Le<br />

réseau donnait bien des coups de main aux réfugiés accueillis à Paris : des adresses, un peu<br />

d'argent, quelques abris.<br />

Activité silencieuse<br />

Certains des militants libertaires du groupe vivaient alors discrètement, afin de ne pas attirer<br />

l'attention. Pas de clandestinité mais quelques précautions : éviter les manifestations, les meetings,<br />

les réunions où les renseignements généraux ouvrent l'oeil. De toute manière, ces formes de<br />

solidarité ne les tentaient guère. Leurs activités silencieuses avaient sauvé plus d'un réfugié. Sans<br />

tapage et sans pétitions.<br />

Pendant des années, des centaines de militants politiques italiens, espagnols ou latino-américains<br />

ont trouvé refuge auprès de ce réseau. La plupart de ces clandestins ont obtenu une régularisation<br />

de leur situation en 1981. " Finalement, nous avions simplement quelques années d'avance, constate


Jean-Pierre Cazenave-Laroche. Durant toutes ces années, nous avons agi dans l'illégalité, mais la<br />

loi nous a rattrapés. " Pour certains, l'asile leur a été accordé tout à fait légalement " après l'arrivée<br />

de François Mitterrand. " 1981... " Un espoir et quelques petits changements ", résume l'un d'eux. A<br />

l'époque, pour la plupart, ils sont pourtant en prison. Les trois Italiens, Franco Pina, Enrico Bianco<br />

et Oriana Marchioni, son épouse, ont été arrêtés en mars 1980 et incarcérés. Franco Pina passera<br />

quatorze mois à Fleury-Mérogis en tant que DPS (détenu particulièrement surveillé). Seul en<br />

cellule, totalement isolé. Lorsqu'il sortait dans les couloirs de la maison d'arrêt, toutes les portes<br />

étaient bouclées afin qu'il n'ait aucun contact avec les autres détenus. Raymond <strong>Delgado</strong>, Martine<br />

Fournier, Sylvie Porte, Floreal Cuadrado et Werner Witteman ont, eux, été interpellés au mois de<br />

juin 1981 à Paris. Les planques ont été découvertes, les militants incarcérés. Ils ont alors vainement<br />

attendu une amnistie dont ils seront privés à la faveur d'un tour de passe-passe juridique qui, en<br />

quelques jours, les transforme en " droit commun ". Il faudra une grève de la faim et de nombreuses<br />

actions de soutien pour faire sortir les derniers militants détenus. Le réseau a alors été détruit. "<br />

Nous venions de vivre sept ans dans l'illégalité, note Floreal Cuadrado. Nous sortions de prison,<br />

nous étions marginalisés, les socialistes étaient au pouvoir. Il y avait une nouvelle donne. Nous<br />

avions besoin de souffler, de faire le point. " Des désaccords apparaissent, l'arrivée au pouvoir des<br />

socialistes les divisent. L'aventure collective est terminée.<br />

La vie " comme tout le monde "<br />

Depuis, ils vivent " comme tout le monde " et ne se revoient guère. Lorsque le président de la cour<br />

d'assises du Nord les a interrogés, le mois dernier, huit d'entre eux se sont retrouvés pour la<br />

première fois depuis des années. La police, elle, a pourtant mis un certain temps à les oublier. En<br />

1983-1984, les employeurs de Floreal Cuadrado seront contactés par la police, qui leur détaillera le<br />

passé politique de l'ancien militant des GARI. Le propriétaire de son logement, lui aussi, sera<br />

prévenu. Les pressions se multiplient suffisamment pour que Floreal Cuadrado quitte la France en<br />

1986.<br />

Ils ont désormais chacun leur vie, disent-ils. Chacun leurs convictions. Après sa sortie de prison,<br />

Franco Pina a travaillé dans une coopérative ouvrière de Lille avant de rejoindre Paris. Il a alors<br />

assuré l'entretien du théâtre André-Malraux de Rueil-Malmaison, où il est aujourd'hui régisseur<br />

lumière. Raymond <strong>Delgado</strong> travaille dans une imprimerie, Jean-Pierre Cazenave-Laroche est<br />

photographe, Martine Fournier, professeur, Floreal Cuadrado, graphiste. Ils vivent désormais " au<br />

grand jour comme des millions de Français. " Avec une histoire et des convictions en sus. Les<br />

actions illégales ont été abandonnées, mais ils restent " en éveil ", selon le mot de Raymond<br />

<strong>Delgado</strong>.<br />

Beaucoup combattent aux côtés du FLNKS pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.<br />

Beaucoup sont encore " militants ", même s'ils n'aiment guère ce terme. Tous, ou presque, se disent<br />

encore " libertaires " et " internationalistes ". Même s'ils recherchent de " nouvelles formes de lutte<br />

". " Depuis 1979, ce ne sont pas tellement nos convictions qui ont changé, explique Jean-Pierre<br />

Cazenave-Laroche, c'estle contexte. Je suis toujours en état de révolte mais autour de moi beaucoup<br />

de choses ont changé. Et je me suis adapté. " Ils ne sont pas des repentis pour autant. Leur combat<br />

était juste, disent la plupart d'entre eux. Même si des divergences les séparent maintenant. " Je<br />

pourrais redire ce que je disais il y a dix ans ", explique Franco Pina, dont l'extradition vers l'Italie a<br />

été refusée par la chancellerie à l'automne 1981. " Au fond, je pense que le monde n'a pas changé,<br />

mais maintenant, les actions symboliques auxquelles nous croyions ne voudraient plus rien dire.<br />

Aujourd'hui, je regarde autour de moi, et je ne vois rien. Rien qui bouge. " Franco Pina ne milite<br />

plus, ou presque. " Par manque de temps ", dit-il. Son travail est prenant. Il vient d'avoir un bébé,<br />

qui aura quatre mois au moment du procès.<br />

La veille du procès, comme ses camarades d'antan, Franco Pina devra se rendre à la prison de<br />

Douai, où il passera la nuit précédant l'audience. Cette prison, certains la connaissent. Plusieurs<br />

d'entre eux y ont été incarcérés après les arrestations qui ont suivi l'attaque à main armée de Condésur-l'Escault.<br />

A l'époque, on parlait d'eux comme de dangereux terroristes, et, lors de leurs


transferts vers les maisons d'arrêt de la région parisienne, tous les ponts d'autoroute étaient investis<br />

par des forces de police armées de mitraillettes. C'était il y a dix ans. Ils n'y sont plus jamais<br />

retournés depuis.<br />

CHEMIN ANNE


08.12.01. DES TERRORISTES OUBLIÉS<br />

Article paru dans l'édition du<br />

ILS SONT toujours en prison et complètement oubliés. Leurs noms et leurs visages étaient pourtant<br />

jadis affichés dans tous les commissariats de France et de Navarre. Jean-Marc Rouillan, Nathalie<br />

Ménigon, Georges Cipriani et Joëlle Aubron étaient, comme on dit, les personnes les plus<br />

recherchées par la police au milieu des années 1980. Ils avaient à leur actif un nombre<br />

impressionnant d'attentats et surtout en 1985 l'assassinat du général Audran et en 1986 celui du<br />

PDG de Renault Georges Besse. Ils ont été arrêtés, au petit matin du 21 février 1987, dans une<br />

ferme isolée de Sologne. Ils ont été jugés et condamnés à la réclusion à perpétuité. Qui s'intéresse<br />

encore à Action directe ?<br />

Le documentaire de Jean-Charles Deniau, diffusé hier soir sur France 3, raconte l'histoire de ce<br />

groupe terroriste d'extrême gauche. Il décrit le parcours de ces jeunes gens, qui n'étaient que des<br />

adolescents en mai 1968, et sont passés des années plus tard à l'action violente alors que les<br />

protagonistes de mai 68 prenaient discrètement, les uns après les autres, congé de l'utopie<br />

révolutionnaire. Pourquoi ces attentats et ces assassinats, alors que le mouvement lui-même refluait<br />

et que les organisations gauchistes voyaient fondre leurs effectifs ? L'histoire personnelle du<br />

fondateur d'Action directe, Jean-Marc Rouillan, confident et ami du militant antifranquiste Puig<br />

Antich, bouleversé par la mort de ce dernier qui a subi le supplice médiéval du garrot en Espagne<br />

en 1974, explique en partie cette dérive. Mais il reste un mystère Action directe, que cette enquête<br />

ne dissipe pas.<br />

L'Italie et l'Allemagne ont connu, dans les années 1970, des périodes de terrorisme sans équivalent<br />

en France. En Italie, les Brigades rouges ont fait vaciller l'Etat, lorsqu'elles détenaient Aldo Moro,<br />

au printemps 1978, dans une « prison populaire » et jouaient un jeu cruel avec leur otage avant de<br />

le tuer. La Fraction armée rouge, en Allemagne, multipliait à la même époque les opérations<br />

spectaculaires et sanglantes. Le terrorisme d'Action directe se produit dix ans plus tard, dans une<br />

France plutôt apaisée, où les anciens de mai 68 se fondent dans une société qui les accepte plutôt<br />

bien. C'est un paradoxe : les dirigeants de mai 68 ont beaucoup réfléchi à la violence et l'ont même<br />

prônée, tels Alain Geismar et Serge July en 1969 dans un livre intitulé Vers la guerre civile, mais<br />

ils ne l'ont guère pratiquée.<br />

Il y a quelque chose de désespéré chez les militants d'Action directe, qui n'existait pas chez leurs<br />

prédécesseurs. Ils étaient les enfants de mai 1968, mais aussi, et surtout, des mutants.<br />

PAR DOMINIQUE DHOMBRES


19.09.04. LA MÉMOIRE DE DEUX INNOCENTS<br />

Article paru dans l'édition du<br />

17 août 1963, deux jeunes militants antifranquistes vivant en France étaient exécutés à<br />

Madrid pour des attentats qu'ils n'avaient pas commis. Leur réhabilitation est sur le point<br />

d'aboutir, avec l'aide des deux vrais responsables<br />

Le bourreau a donné un tour de manivelle. Le collier du garrot a serré le cou de Francisco Granado,<br />

étouffant ses supplications et lui brisant les vertèbres cervicales. Le médecin légiste a constaté la<br />

mort. Le corps a été évacué. Les gardiens ont amené Joaquin <strong>Delgado</strong>, les yeux bandés. Silencieux,<br />

le prisonnier a été sanglé. Un tour de manivelle. La tête s'est affaissée.<br />

Ce récit, fait par l'un des bourreaux bien des années plus tard et rapporté dans un livre, Le Garrot<br />

pour deux innocents, de Carlos Fonseca (Editions CNT), est celui de l'exécution, le 17 août 1963, à<br />

l'aube, dans la prison de Carabanchel, à Madrid, de deux militants antifranquistes, âgés de 27 et 29<br />

ans. Ils ont été arrêtés dix-sept jours plus tôt. A l'issue d'une parodie de procès, les deux hommes<br />

ont été déclarés coupables d'actes qu'ils n'avaient pas commis.<br />

Plus de quarante ans ont passé. La transition démocratique de l'Espagne s'est effectuée de manière<br />

exemplaire, mais au prix d'une amnésie officielle sur la dictature de Franco et d'une loi d'amnistie<br />

votée en 1977. Cela, les proches des deux condamnés à mort ne peuvent l'accepter. Depuis dix ans,<br />

ils luttent pour que soit révisé le procès de ces Sacco et Vanzetti espagnols.<br />

Commencé dans l'indifférence, voire l'hostilité de ceux qui ne souhaitent pas rouvrir les plaies, ce<br />

combat pour le devoir de mémoire est en passe d'aboutir. Pour la première fois, le Tribunal<br />

constitutionnel vient d'ouvrir la voie à une révision du procès. Et le gouvernement de José Luis<br />

Rodriguez Zapatero s'apprête à déposer un projet de loi pour « la complète réhabilitation morale et<br />

juridique » des victimes du franquisme.<br />

Une victoire qui donne une valeur prémonitoire aux écrits de Robert Escarpit, dans Le Monde du<br />

22 août 1963 : « Francisco Granado et Joaquin <strong>Delgado</strong> ont donné leur vie pour quelque chose,<br />

mais, comme toujours, les bourreaux les ont exécutés pour rien. » A l'époque, l'innocence des deux<br />

hommes ne fait déjà aucun doute hors du pays.<br />

Leur destin est indissociable de l'histoire de l'anarchisme en Espagne. Réfugiés en France, les exilés<br />

de la guerre civile espèrent après la guerre la chute du franquisme dans la foulée du nazisme et du<br />

fascisme. Mais à partir des années 1950, le régime ne cesse de se renforcer et bénéficie d'appuis<br />

internationaux toujours plus importants. La guérilla intérieure, surnommée « le maquis », est<br />

pratiquement annihilée au début des années 1960. Les entreprises étrangères, comme Renault,<br />

s'installent. Les touristes affluent.<br />

Les militants antifranquistes s'insurgent de cette légitimation de la dictature. En 1961, lors d'un<br />

congrès organisé à Limoges, l'organisation anarchiste CNT (Confédération nationale du travail),<br />

qui revendique alors 20 000 adhérents, décide de créer un groupe clandestin, baptisé Défense<br />

Intérieur (DI). « Nous avions un double objectif, explique Octavio Alberola, 33 ans à l'époque, un<br />

clandestin qui en était un des principaux coordinateurs. Le premier était de réactiver la lutte à<br />

travers des attentats symboliques. Le second était d'éliminer Franco pour accélérer le processus<br />

démocratique. »<br />

Pour mener à bien les actions, plutôt que sur des cellules organisées, DI s'appuie sur les membres<br />

des Jeunesses libertaires. Ce sont des enfants d'exilés ou de migrants économiques. Ils ont 20 ans,<br />

ne se connaissent pas, n'ont aucune formation militaire. Leur coordination est difficile et assurée<br />

depuis la France.<br />

A partir de 1962, une série d'attentats symboliques frappe des intérêts espagnols à l'intérieur et hors<br />

du pays. Les anarchistes se mettent parallèlement à surveiller Franco. La chasse est difficile :


instruit de menaces, le général ne cesse de changer son programme. Un plan est cependant<br />

échafaudé.<br />

Francisco Granado est chargé d'acheminer les 20 kg de plastique et le détonateur à Madrid. Le<br />

jeune homme a émigré en France au début des années 1960, à la recherche d'un travail. Il s'est<br />

installé à Alès, comme ouvrier, a fait venir sa femme et sa fille, a eu deux autres enfants ensuite. Il<br />

est entré dans les rangs libertaires au hasard d'une rencontre dans un bar fréquenté par la<br />

communauté espagnole.<br />

C'est sa première action. Il franchit la frontière le 14 mai avec sa Renault, récupère les explosifs et<br />

se rend à Madrid. Il doit les remettre à un artificier qu'il ne connaît pas, le moment venu.<br />

Mais les semaines s'écoulent sans qu'il soit possible d'agir. Les instigateurs apprennent le 26 juillet<br />

que Franco est parti en vacances. L'opération est repoussée. A Paris, Octavio Alberola demande à<br />

Joaquin <strong>Delgado</strong> de se rendre à Madrid et de contacter les militants sur place pour les faire rentrer<br />

en France.<br />

Joaquin <strong>Delgado</strong> Martinez est le fils d'un exilé de la guerre civile, installé à Grenoble. Arrivé très<br />

jeune en France, naturalisé, ce célibataire a été élevé dans les idées anarchistes. C'est un activiste<br />

aguerri.<br />

Il entre en contact avec Granado. Ce dernier accepte de rentrer mais, en butte à des problèmes<br />

d'argent, doit d'abord attendre un mandat pour payer les réparations de sa voiture. Les deux<br />

hommes décident de rester quelques jours supplémentaires à Madrid. Ils ignorent qu'une autre<br />

équipe envoyée par la DI est au même moment dans la capitale. Et dès lors, tout dérape.<br />

ANTONIO MARTIN, 25 ans, et Sergio Hernandez, 20 ans, sont chargés de perpétrer deux attentats<br />

symboliques contre le service des passeports à la Direction générale de la sûreté et contre le siège<br />

des syndicats phalangistes. L'action est planifiée pour le début du mois d'août mais, craignant d'être<br />

repérés, les deux militants l'avancent au 29 juillet. L'engin déposé dans le premier lieu explose avec<br />

quatre heures d'avance, alors que le service des passeports est encore ouvert. L'attentat fait une<br />

vingtaine de blessés dont trois sont hospitalisés. La presse officielle s'empare de cette bavure et<br />

fustige les « bandits ».<br />

Quarante-huit heures plus tard, <strong>Delgado</strong> et Granado sont interpellés, les explosifs retrouvés.<br />

Arrestation fortuite ? Travail de police efficace ? Trahison ? Nul ne le sait. Conduits dans les<br />

bureaux de la Direction générale de la sûreté, les deux hommes signent des aveux sous la torture.<br />

Le 13 août, un tribunal militaire spécial condamne les deux hommes à la mort par garrot, sans qu'il<br />

y ait dans le dossier ni preuves ni témoins. L'avocat de la défense est un officier qui n'a jamais fait<br />

les moindres études de droit. Franco refuse la grâce.<br />

Sergio Hernandez et Antonio Martin sont effondrés. Le premier veut se dénoncer. La DI s'y oppose,<br />

jugeant inutile d'espérer la clémence du régime. Il publie cependant un communiqué affirmant que<br />

les auteurs de l'attentat sont deux autres anarchistes, en sécurité en France. Malgré les arguments de<br />

ses camarades, Antonio Martin vit très mal ce « coup terrible ». Sergio Hernandez avouera plus tard<br />

« un ». Il suivra pendant un temps une thérapie.<br />

La DI, elle, ne survit pas au drame. La police française se met à harceler l'organisation, arrêtant<br />

soixante personnes. En 1965, la structure est dissoute. Les trajectoires des militants divergent.<br />

Octavio Alberola poursuit l'action, ce qui lui vaut d'être emprisonné ou assigné à résidence à de<br />

multiples reprises, en France et en Belgique. D'autres se rangent. Le général Franco meurt le 20<br />

novembre 1975. Auparavant, il a encore signé huit condamnations à mort, dont celle du jeune<br />

libertaire catalan Salvador Puig Antich, exécuté le 2 mars 1974.<br />

Au début des années 1990, Xavier Montanya, un journaliste catalan, auteur justement d'un livre sur<br />

Puig Antich, s'intéresse à l'histoire de <strong>Delgado</strong> et Granado. En 1994, il entre en contact avec<br />

Antonio Martin et Sergio Hernandez. Les années ont passé, mais la souffrance est toujours aussi<br />

vive. Devant une caméra, les deux hommes, en larmes, admettent être les auteurs de l'attentat, pour<br />

que l'on sache, enfin, ce qui s'est passé, « un crime, disent-ils, un assassinat ».


Xavier Montanya et la réalisatrice Lala Goma poursuivent l'enquête qui aboutit, un an plus tard, à<br />

un documentaire consacré à l'affaire, Granado et <strong>Delgado</strong>, un crime légal. Contactées, les chaînes<br />

de télévision publiques espagnoles refusent de s'associer au projet. Diffusé sur Arte, à la fin de<br />

1996, il n'est diffusé en Espagne qu'en novembre 1997 sur la chaîne publique, vers deux heures et<br />

demie du matin et quelque temps plus tard à une heure de plus grande écoute.<br />

Ce n'est là que le début du combat des familles. Le 3 février 1998, la veuve de Francisco Granado,<br />

Pilar Vaquerizo, et le f rère de Joaquin <strong>Delgado</strong>, Francisco, présentent une demande en révision de<br />

la sentence prononcée le 13 août 1963. Elle est rejetée le 3 mars 1999 par la cour militaire du<br />

tribunal suprême, qui estime que la condamnation a été conforme à « la législation en vigueur » et<br />

que les juges militaires s'étaient prononcés « en conscience ».<br />

Le 16 avril 1999, Pilar Vaquerizo et Francisco <strong>Delgado</strong> présentent un autre recours, devant le<br />

Tribunal constitutionnel, cette fois. Qui reste en suspens. C'est alors que se constitue le « Groupe<br />

pour la révision du procès Granado-<strong>Delgado</strong> ». Octavio Alberola part en campagne, donne des<br />

conférences, des entretiens à la presse, organise des manifestations, en Espagne mais aussi en<br />

France. Pourquoi la France ? Peut-être parce que ce pays aussi a un devoir de mémoire envers les<br />

exilés espagnols, si mal accueillis, parqués dans des camps. Et envers ceux qui se sont battus aux<br />

côtés des troupes alliées et ont été parmi les premiers à entrer dans Paris, avec le général Leclerc.<br />

Tout simplement aussi parce que Joaquin <strong>Delgado</strong> était français, comme sont français, également,<br />

la veuve et les enfants de Francisco Granado.<br />

En Espagne, le 1er juin 1999, tous les groupes parlementaires, à l'exception du Parti populaire (PP)<br />

au pouvoir, présentent une initiative conjointe devant le Congrès des députés pour demander « la<br />

commémoration de l'exil qui a suivi la guerre civile et la condamnation du coup d'Etat fasciste<br />

militaire contre la légalité républicaine de 1936 ». En mars 2001, le groupe parlementaire de la<br />

Gauche unie, proche des communistes, lance une nouvelle motion dans le même sens, approuvée<br />

par tous les autres groupes parlementaires. Sauf celui du Parti populaire, qui dispose alors d'une<br />

majorité absolue. Initiative rejetée.<br />

Il faut attendre le 20 novembre 2002 pour que le Congrès des députés vote à l'unanimité une<br />

déclaration condamnant « le soulèvement militaire de 1936 » et affirmant « le devoir de<br />

reconnaissance morale à l'égard de tous les hommes et femmes victimes de la guerre civile, et de<br />

tous ceux qui ont subi la répression de la dictature franquiste ». La déclaration approuve également<br />

« la reconnaissance et la protection économique et sociale pour les exilés de la guerre civile et les<br />

enfants de la guerre ».<br />

Sur ce point de l'indemnisation, l'affaire se double d'une injustice qui confine à l'absurde. Pilar<br />

Vaquerizo, la veuve de Granado, a demandé, en 1999, une aide accordée aux anciens prisonniers du<br />

franquisme. La direction générale du ministère des finances espagnol a rejeté sa demande parce que<br />

son mari, mort à 27 ans, n'avait pas 65 ans le 31 décembre 1990, comme l'exige la loi. De son<br />

côté,la Communauté de Madrid a repoussé sa requête parce qu'il n'a pas purgé le minimum d'un an<br />

de prison requis, ayant été exécuté au bout de dix-sept jours.<br />

Malgré ces rebuffades successives, les familles de Granado et <strong>Delgado</strong>, ainsi que celles des<br />

Catalans Joan Peiro et Salvador Puig Antich relancent, le 14 avril 2003, un recours en réhabilitation<br />

auprès du Tribunal constitutionnel. Le 13 juin 2004, celui-ci leur donne raison pour la première<br />

fois, considérant que les nouvelles preuves sont « clairement pertinentes » et que toute « dénégation<br />

n'est pas raisonnable ». Il demande au Tribunal suprême de réexaminer le recours en révision et de<br />

décider si les récents témoignages des multiples protagonistes sont crédibles.<br />

Lundi 12 septembre, Antonio Martin et Sergio Hernandez ont porté à l'ambassade d'Espagne à Paris<br />

une lettre adressée au ministre de la justice où ils s'accusent à nouveau des attentats et demandent à<br />

être entendus. Si procès en réhabilitation il y a, les proches des victimes ont exprimé le désir que<br />

soient appelés à la barre les responsables de l'époque encore vivants, comme Manuel Fraga, 82 ans,<br />

l'actuel président de la région de Galice, qui était, en 1963, ministre de l'information et du tourisme.


Au moment où l'on ouvre les fosses communes où sont enterrés les républicains fusillés durant la<br />

guerre civile, ils espèrent qu'un terme sera mis, enfin, à l'occultation collective.<br />

Benoît Hopquin et Martine Silber

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