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Le visage de la peur

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PREMIÈRE PARTIE<br />

VENDREDI 12 h 01 - 20 h<br />

1<br />

Il se tenait sur ses gar<strong>de</strong>s. Il ne prévoyait pas <strong>de</strong> difficultés<br />

mais mieux va<strong>la</strong>it se tenir prêt et y faire front si c’était<br />

nécessaire. Il se gara <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, en face <strong>de</strong><br />

l’immeuble <strong>de</strong> trois étages en pierre meulière. Au moment où il<br />

coupait le moteur, il entendit ululer une sirène. Son<br />

mugissement venait <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue dans son dos.<br />

C’est pour moi, songea-t-il. Ils ont fini par découvrir que je<br />

suis leur homme.<br />

Il sourit. Pas question qu’ils mettent comme ça <strong>la</strong> main sur<br />

lui ! Il ne se <strong>la</strong>isserait pas cravater aussi facilement. Ce n’était<br />

pas son style.<br />

Frank Bollinger n’était pas homme à s’affoler pour un oui ou<br />

pour un non. En vérité, pour autant qu’il s’en souvenait, l’aile <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>peur</strong> ne l’avait encore jamais effleuré. Jamais, au grand<br />

jamais. Il connaissait l’art et <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> se protéger. À treize<br />

ans, il mesurait déjà un mètre quatre-vingts, et il n’avait cessé <strong>de</strong><br />

grandir que lorsqu’il avait atteint un mètre quatre-vingt-dix. Il<br />

avait le cou épais, les épaules <strong>la</strong>rges et les biceps sail<strong>la</strong>nts d’un<br />

jeune haltérophile. À trente-sept ans, il était en aussi bonne<br />

condition, extérieurement tout au moins, qu’à vingt-sept, ou<br />

même à dix-sept. Pourtant, chose curieuse, il ne prenait pas<br />

d’exercice. Il n’en avait ni le temps ni le goût : s’obliger à ces<br />

interminables séries <strong>de</strong> pompes, <strong>de</strong> flexions-extensions et <strong>de</strong><br />

sautillements sur p<strong>la</strong>ce, très peu pour lui. Sa taille et ses muscles<br />

massifs étaient un don <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature : simple affaire d’hérédité.<br />

Quoiqu’il eût un appétit vorace et n’eût jamais suivi le moindre<br />

3

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