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CHAP 1 – LES SOURCES DE LA CROISSANCE ... - SharePoint

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<strong>CHAP</strong> 1 <strong>–</strong> <strong>LES</strong> <strong>SOURCES</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>CROISSANCE</strong> ECONOMIQUE<br />

1.1 <strong>–</strong> <strong>LA</strong> <strong>CROISSANCE</strong> ECONOMIQUE EST-ELLE FACILEMENT MESURABLE ?<br />

Introduction :<br />

En 1820, le milliard d’hommes qui peuplait alors la planète produisait, du fait de son activité économique, pour<br />

un peu plus de 720 milliards de dollars de biens et de services évalués aux prix internationaux de 2011. En<br />

2011, les 7 milliards d’hommes en ont produit...80 000 milliards de dollars. Miracle des exponentielles, car<br />

cette multiplication par cent-onze correspond en fait à un rythme annuel moyen de croissance de 2,5%. Un<br />

chiffre bien faible en apparence, mais qui répété année après année durant cent quatre-vingt onze ans a<br />

bouleversé le mode de vie de très nombreuses personnes. Et a sans doute rompu bien des équilibres sociaux<br />

et environnementaux que les sociétés humaines avaient bâtis au fil des siècles. Une fois retirée de<br />

l’augmentation de la population, la production par tête a été multipliée par seize, soit un rythme annuel moyen<br />

de 1,5%.<br />

Cet enrichissement rapide de la population s’accompagne d’un certain nombre de questions. Comment a-t-on<br />

pu mesurer la richesse produite dans le monde en sachant que les biens et les services produits sont de<br />

nature différente (des produits alimentaires, des produits industriels, des services éducatifs, des services de<br />

transport, des services bancaires…) et en sachant que leurs prix évoluent dans le temps et dans l’espace ?<br />

Les méthodes choisies par les comptables nationaux pour évaluer la production sont-elles fiables ? Prennentelles<br />

en compte la totalité des richesses produites ? Mesurent-elles correctement la quantité de biens et de<br />

services disponibles pour la population ? Enfin, cet enrichissement de la population s’est-il traduit par une<br />

amélioration de la qualité de vie ?<br />

A <strong>–</strong> La notion de croissance économique<br />

1. La croissance correspond à une augmentation durable et à long terme du volume de la production. Cette<br />

définition implique un certain nombre de précision :<br />

La production est l’activité socialement organisée de fabrication de biens et de mise à disposition d’autrui<br />

de services, qui contribuent à satisfaire des besoins individuels ou collectifs.<br />

Les biens sont des objets matériels et stockables, pour lesquels il existe une demande, qui sont<br />

possédés initialement par leurs producteurs et qui peuvent être vendus à des clients par une<br />

transaction sur un marché (Automobile, ordinateur, tonne de cuivre, machine-outil...).<br />

Les services consistent en une prestation immatérielle et non stockable fournie au client. Le service<br />

rendu au client a lieu uniquement au moment de sa production, même si ce service permet l’obtention<br />

d’un bien matériel ou d’une connaissance utilisable ultérieurement (Le service d'un commerçant qui<br />

met à votre disposition une marchandise, le service éducatif d'un enseignant..).<br />

La Comptabilité nationale limite la production à l’activité économique socialement organisée consistant à<br />

créer des biens et des services s’échangeant habituellement sur le marché et/ou obtenus à partir de<br />

facteurs de production s’échangeant sur le marché. En conséquence, la valeur de la production mesurée<br />

par la Comptabilité nationale est la somme de la valeur de la production marchande et de la valeur de la<br />

production non marchande.<br />

La production marchande désigne la production « écoulée ou destinée à être écoulée sur le marché<br />

». Elle est évaluée aux prix de marché. Elle comprend notamment tous les biens et services vendus à<br />

des prix supérieurs à 50% des coûts de production (il existe donc des productions marchandes non<br />

rentables). La production vendue correspond au chiffre d’affaires du producteur. La production qui<br />

n’est pas immédiatement vendue est stockée .En conséquence :<br />

o Si le chiffres d’affaires est inférieur à la production totale, le producteur a dû stocker une<br />

partie de sa production ;<br />

o Si le chiffre d’affaires est supérieur à la production totale, le producteur a dû puiser dans ses<br />

stocks pour répondre à la demande. Il a déstocké.<br />

La production non marchande est évaluée aux coûts de production (salaires, coût du capital…) car<br />

elle n’a pas de prix de marché. Elle est fournie gratuitement ou à un prix inférieur à 50% du coût de<br />

production par les administrations publiques, les associations sans buts lucratifs (ISBLM) et les<br />

ménages (L’éclairage public, le service éducatif de l’éducation nationale l’éducation nationale, les<br />

paniers repas des Resto du cœur, la production des jardins des ménages…).


Valeur de la production marchande = Quantités produites x prix unitaire hors taxe<br />

Chiffres d’affaires = Quantités vendues x prix unitaire hors taxe<br />

Valeur de la production marchande = Chiffres d’affaires +/- stocks<br />

Valeur de la production non marchande = Quantités produites x Coût unitaire de production<br />

Valeur de la production = Production marchande + Production non marchande<br />

Cependant, la valeur de la production ne mesure pas ce qu'a réellement créé le producteur car une partie<br />

des biens et services intermédiaires n'ont pas été produit par lui mais acheté à d’autres producteurs. Pour<br />

mesurer la richesse produite par chaque agent, on calcule la valeur ajoutée brute qui est la valeur que<br />

chaque agent ajoute à la valeur des consommations intermédiaires qu’il a achetées (biens et services,<br />

achetés par l’entreprise, détruits ou transformés dans le processus de production). Elle mesure la richesse<br />

créée par chaque agent économique. La valeur ajoutée est brute parce que l’on n’a pas encore retiré les<br />

amortissements qui servent à maintenir constant le stock de capital fixe (équipements durables et<br />

bâtiments).<br />

Valeur Ajoutée (VA) = Production <strong>–</strong> Consommations intermédiaires (CI) = CA +/- Stocks - CI<br />

2. La croissance est phénomène quantitatif que l’on peut mesurer. On retient en général le Produit Intérieur Brut<br />

(PIB) comme agrégat pour mesurer les quantités produites. Ce PIB doit être calculé en volume ou à prix<br />

constants pour éliminer la hausse des prix courants et pouvoir comparer les quantités produites évalués avec<br />

les mêmes prix de référence, les prix constants (voir TD et fiche méthode). Le Produit intérieur brut<br />

correspond donc à la richesse créée en une année par les agents économiques sur le territoire national (les<br />

résidents).<br />

Le produit est « intérieur » car il ne retient que la VA des unités résidentes quelque soit leur nationalité. Un<br />

résident est un agent économique qui réside au moins un an sur le territoire.<br />

On ajoute les impôts sur les produits (TVA + TIPP + Droits de douane) parce qu’ils augmentent le prix du<br />

marché (TIPP = taxe intérieure sur les produits pétroliers).<br />

On retire les subventions parce qu’elles permettent de diminuer le prix du marché.<br />

Le PIB (critère de la territorialité) =<br />

PIB marchand = Somme des VA + TVA + Droits de douane <strong>–</strong> Subventions<br />

+ PIB non marchand = Somme des services non marchands évalués aux coûts des facteurs<br />

PIB Marchand<br />

PIB<br />

Le PNB (critère de la nationalité) =<br />

PIB<br />

+ Revenus des facteurs versés par les non-résidents<br />

Revenus des facteurs versés à des non-résidents<br />

PIB non-marchand<br />

Le PNB mesure la richesse disponible pour les résidents avant amortissement alors que le PIB mesure la<br />

richesse créée sur le territoire national.


3. La croissance est un phénomène de long terme (plus de 5 ans) alors que l’expansion correspond à une<br />

augmentation de la production à court ou moyen terme, qui s’inscrit dans un cycle. Le trend de croissance<br />

correspond à la pente ou à la tendance à long terme de la croissance. Entre 1960 et 2011, le PIB français a<br />

été multiplié par 4,5 soit une hausse de 350% (4,5 <strong>–</strong> 1 x 100) ou une hausse de 2,99% par an en moyenne<br />

( <strong>–</strong> 1 x 100).<br />

Tendances longues de la croissance en France (PIB en euros constants 2005)<br />

1960-1974<br />

+ 5,2%/an<br />

On peut observer deux grandes tendances pour la croissance française que l’on retrouve dans la plupart des<br />

pays avancés :<br />

La croissance baisse au cours du temps, ce qui ne veut pas dire que le PIB baisse mais qu’il augmente de<br />

moins en moins rapidement : 5,2% par an en moyenne pendant la période 1960-1974, + 2,2% par an en<br />

moyenne pour les vingt années suivantes et + 1,5% par an en moyenne pour la période 1994-2011.<br />

Expansion<br />

1974-1994<br />

+ 2,2%/an<br />

Taux de croissance du PIB français en volume<br />

Ralentissement<br />

1994-2011<br />

+ 1,5%/an<br />

Récession<br />

La croissance du PIB varie à court terme de façon plus ou moins cycliques avec des phases :<br />

D'expansion : phase du cycle caractérisée par une accélération du rythme de la croissance qui se<br />

traduit par une hausse du taux de croissance. La production augmente de plus en plus vite (exemple :<br />

+ 4,5% en 1961, + 6,9% en 1962) et dépasse le sentier de croissance (trend).<br />

De ralentissement : le rythme de croissance décélère et le taux de croissance diminue. La production<br />

continue d’augmenter mais de moins en moins vite (exemple : + 4% en 1978, + 3,2% en 1979, + 1,8%<br />

en 1980 en France). Il y a une baisse de la croissance mais pas de la production.<br />

De récession qui se définit par une contraction de la production d'un pays pendant au moins deux<br />

trimestres consécutifs (exemple : en 1974, en 1993 et en 2009 en France). Le taux de croissance est<br />

négatif et la production recule. La dépression suppose une chute de la production forte et durable (la<br />

crise de 1929 par exemple) qui s’accompagne d’une déflation (baisse des prix et des salaires).


B <strong>–</strong> Une croissance inégale dans le temps et dans l’espace<br />

1. Pour analyser la croissance du PIB à long terme, il faut calculer le taux de croissance annuel moyen (cf.TD n°<br />

1) à partir de la formule suivante (voir TD sur la mesure de la croissance et fiche méthode) :<br />

n<br />

A <br />

( 1<br />

g)<br />

D<br />

A = Valeur d'arrivée<br />

D = Valeur de départ<br />

n = Nombre d'années<br />

g = taux de croissance annuel moyen<br />

A<br />

g ( )<br />

D<br />

1x100<br />

A/<br />

D 1x100<br />

Ainsi, le PIB mondial, selon les calculs d'Angus Maddison, est passé de 385 milliards de dollars PPA 2011 à<br />

720 milliards entre 1700 et 1820. Il a donc été multiplié par 1,87 (A/D) en 120 ans (n), ce qui se traduit par une<br />

augmentation moyenne du PIB mondial de 0,52% par an en moyenne ( <strong>–</strong> 1 x 100). On remarque que<br />

des taux de croissance annuels moyens présentant de faibles différences aboutissent à des écarts très<br />

importants de PIB au bout de deux siècles (près du double sur 100 ans pour 0,5 pt de croissance d'écart !).<br />

2 <strong>–</strong> Taux de croissance annuel moyen du PIB en volume par grande zone (en %)<br />

1700-1820 1820-1870 1870-1913 1913-1950 1950-1973 1973-2011<br />

Pays avancés 0,56 1,8 2,6 3,4 4,9 2,5<br />

Pays en développement 0,50 0,4 1,6 1,0 5,3 5,0<br />

- Afrique 0,20 0,5 1,4 2,7 4,8 3,5<br />

- Amérique latine 1,1 0,8 4,0 4,0 5,6 3,1<br />

- Asie (hors Japon) 0,55 0,1 1,1 1,6 4,7 6,7<br />

Total Monde 0,52 0,9 2,1 2,6 5,0 3,5<br />

(Source : Angus Maddison, Economie mondiale, une perspective millénaire, Ocde, 2001 actualisé 2012)<br />

soit<br />

2. Lorsque l’on observe les PIB et les taux de croissance annuels moyens du monde et des ses différentes<br />

régions depuis le XVIIIe siècle, on s’aperçoit que la croissance est :<br />

Un phénomène récent : Avant le XIXe siècle, la production mondiale augmentait très faiblement (Autour de<br />

0,5% par an en moyenne) et de façon très irrégulière, l'expansion étant suivie de profondes crises liées aux<br />

mauvaises récoltes. Au début du XIXe siècle la production réelle n’augmentait que de 1,8% par an en<br />

moyenne dans les pays avancés, ceux de de la Première révolution industrielle. Puis la croissance s’accélère.<br />

Il faut de moins en moins de temps pour que le PIB mondial double : 120 ans entre 1700 et 1820, 60 ans<br />

entre 1820 et 1880, 33 ans entre 1880 et 1913, 15 ans entre 1850 et 1965 et 12 ans entre 1998 et 2010. Ce<br />

taux a atteint les 5% par an en moyenne pendant les Trente glorieuses (1945-1975) dans les pays avancés<br />

et, de nos jours, des pays émergents, comme la Chine, peuvent dépasser les 10% l’an.<br />

Un phénomène irrégulier : On peut établir plusieurs périodes. La Deuxième Révolution industrielle (1870-<br />

1913) a connu une croissance mondiale près de 3 fois supérieure à celle de la Première (1820-1870). Cette<br />

accélération a été interrompue par les deux guerres mondiales et la crise de 1929 pour les pays occidentaux.<br />

La production mondiale n'augmente en moyenne que de 2,6% par an en moyenne entre 1913 et 1950. De<br />

même, les 30 glorieuses ont pris fin avec la « crise » des « 20 piteuses » (1975-1995) qui s’est traduite par un<br />

fort ralentissement de la croissance. Entre 1973 et 2011, on observe une perte de 1,5 point de croissance par<br />

apport à la période précédente. De nos jours, la croissance mondiale est tirée par le dynamisme des pays<br />

émergents (Chine, Inde, Brésil…).<br />

1 <strong>–</strong> Evolution des PIB mondial et régionaux (en milliards de dollars PPA de 2011)<br />

1700 1820 1870 1913 1950 1973 2011<br />

Etats-Unis 0 13 102 537 2 264 5 500 14 988<br />

Japon 16 22 26 74 266 2 050 4 590<br />

Europe occidentale 85 170 356 835 2 424 7 275 16 098<br />

Royaume Uni 11 38 104 233 594 1 153 2 398<br />

Allemagne 14 40 74 246 434 1 655 3 212<br />

France 22 62 75 150 360 1 113 2 310<br />

Total des pays avancés 105 206 500 1 516 5 265 15 749 40 200<br />

Europe de l'Est et Asie centrale 28 63 134 367 264 724 3 938<br />

Afrique 25 32 42 76 201 587 2 190<br />

Moyen-Orient 13 20 23 37 140 900 2 974<br />

Amérique-Latine 4 15 23 126 544 1 900 6 060<br />

Total Asie (hors Japon) 210 405 421 685 728 2 100 24 400<br />

Chine 86 238 197 250 224 676 12 770<br />

Inde 94 115 140 212 241 537 4 632<br />

Total des pays en développement 280 514 643 1 291 1 877 6 211 39 562<br />

PIB Mondial 385 720 1 143 2 807 7 142 21 960 79 762<br />

(Source : Angus Maddison, Economie mondiale, une perspective millénaire, Ocde, 2001 actualisé 2012)<br />

1<br />

n<br />

<br />

n


Un phénomène inégalement réparti :<br />

Le Royaume-Uni (vers 1780) et la France (vers 1840) démarrent les premiers dans le cadre de la Première<br />

Révolution industrielle (Charbon, Acier, Textile). Ces 2 pays représentent 15,6% de la production mondiale<br />

en 1870 et près de la moitié de la production industrielle mondiale. Les pays non occidentaux, qui<br />

représentaient plus de 72,7% de la production mondiale en 1700 ne suivent pas à cette époque le train de la<br />

croissance. Entre 1820 et 1870, leur croissance est 4,5 fois moins forte que celle des pays avancés.<br />

Cependant, à cette époque, la Chine est toujours la première économie mondiale, et de très loin. Elle réalise à<br />

elle-seule 33% du PIB mondial. L'Inde qui l'a longtemps égalée aligne un PIB deux fois inférieur.<br />

Les Etats-Unis, l'Allemagne et le Japon démarrent au moment de la deuxième Révolution industrielle<br />

(Electricité, Pétrole, Chimie, Automobile), dans les années 1870, et rattrapent assez vite le Royaume-Uni et la<br />

France. Entre 1870 et 1913, la part du Royaume-Uni dans la production industrielle mondiale passe du tiers<br />

au sixième et celle des Etats-Unis du quart au tiers. Au sortir de la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis<br />

réalisent près du tiers de la production mondiale contre 19,4% pour l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni<br />

réunis et 3,7% pour le Japon.<br />

Pendant les Trente glorieuses (1945-1975), les pays Européens et le Japon rattrapent progressivement le<br />

niveau de vie américain au moment où triomphent les industries liées au Fordisme (Automobile, équipement<br />

ménager…). La croissance du Japon dépasse les 9% par an en moyenne durant cette période et celle de<br />

l'Europe occidentale approche les 5% par an. Dans le sillage des pays « développés », les « nouveaux pays<br />

industrialisés » (NPI : Corée du sud, Taïwan…) amorcent leur démarrage à un rythme élevé (plus de 6% l'an<br />

en moyenne).<br />

Le ralentissement qui affecte l’économie mondiale depuis le milieu des années 1970 affecte davantage les<br />

pays d’Europe et le Japon que les Etats-Unis. Le rattrapage européen et japonais est interrompu. Les « pays<br />

émergents » profitent de la crise pour rattraper leur retard. Mais, ce sont les NPI d'Asie, la Chine et l'Inde qui<br />

tirent cette croissance. Pour les pays d'Amérique Latine et pour l'Afrique, il s'agit de décennies perdues<br />

qu’elles essayent de rattraper depuis les années 2000. La récession des années 2009-2010, qui touche<br />

essentiellement les pays occidentaux alors que les pays asiatiques continuent sur leur lancée, accentue le<br />

rattrapage des pays émergents et le "basculement de la richesse" vers les pays du Sud. En 1973, les pays<br />

avancés réalisaient 71,7% de la production mondiale et les pays en développement 28,3%. De nos jours, la<br />

production des premiers ne représentent plus que 50,4% du PIB mondial et celle des pays en développement<br />

49,6%. La Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale ! On assiste donc à un nouveau<br />

« basculement » du monde.<br />

Répartition du PIB mondial par grands pays 1960-2012 (en % du PIB PPA mondial)


C <strong>–</strong> Les limites du PIB comme indicateur de croissance des richesses par habitant<br />

a) <strong>–</strong> L’évaluation du volume de la production se heurte à certains obstacles méthodologiques<br />

1. Élaboré aux États-Unis pendant la « Grande Dépression », le Produit intérieur brut (PIB) est devenu un<br />

indicateur de référence pour évaluer et comparer les performances économiques des différents pays du<br />

monde, voire le bien-être de leurs citoyens. Pourtant, en 2008, le Président Nicolas Sarkozy a mis en place<br />

une commission présidée par le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz pour réfléchir sur la<br />

pertinence de cet indicateur et sur la nécessité d’en développer d’autres qui prennent mieux en compte les<br />

conditions réelles et la qualité de la vie des citoyens. Le PIB mesure-t-il parfaitement la richesse créée dans<br />

un pays ? L’augmentation de la quantité de biens et de services correspond-t-elle à une amélioration du bienêtre<br />

? L’utilisation du PIB pose, en effet, une série de problèmes :<br />

2. 1 er problème : le calcul du volume de la production prend difficilement en compte l’amélioration de la qualité<br />

des produits (voir le TD sur la mesure de la croissance).<br />

La comparaison dans le temps des PIB suppose un système de prix commun, les prix constants. En effet, on<br />

ne peut pas additionner des quantités de voitures avec des heures d’enseignement ou avec services de<br />

télécommunications. On ne peut additionner que des valeurs c’est à dire des quantités multipliées par leur prix<br />

unitaire du moment, le prix courant.<br />

Valeur de la production = Quantités produites x Prix courant unitaire<br />

Cependant, d’une année sur l’autre, le prix courant d’un bien évolue. Il devient donc impossible de comparer<br />

des productions d’années différentes car les quantités n’ont pas été évaluées avec les mêmes prix. On est<br />

donc obligé de « déflater » la production en multipliant les quantités de chaque année par un système de prix<br />

commun, celui d’une année de référence. On obtient ainsi le PIB réel ou en volume ou à prix constant qui sert<br />

pour les calculs de la croissance.<br />

Volume de la production =<br />

Cependant, le calcul du volume de la production repose sur un indice des prix qui a du mal à évaluer<br />

l’amélioration de la qualité des produits. En effet, les statisticiens enlèvent une partie de la hausse des prix<br />

qu’ils constatent parce que cette hausse reflète une amélioration de la qualité du produit. Ils veulent raisonner<br />

à qualité constante. Ce faisant, ils peuvent sous-évaluer la hausse des prix et gonfler le PIB constant ou<br />

l’inverse ce qui va fausser les calculs de la croissance. Aux États-Unis, la Commission Boskin a ainsi conclu,<br />

en 1996, que l’inflation avait été surévaluée de 1,1 point de %, la croissance réelle étant, par conséquent,<br />

sous-évaluée dans la même proportion.<br />

Enfin, le calcul se complique avec les services commerciaux car le prix ne rend aucunement compte de la<br />

qualité du service rendu comme l'accessibilité du magasin ou le niveau des prestations fournies par le<br />

personnel, qui peut évoluer dans le temps ou différer d'un magasin à un autre<br />

3. 2 ème problème : la comparaison internationale des PIB suppose que les consommateurs ont le même type de<br />

consommation. Lorsque l’on veut comparer les niveaux de production de pays différents, on se heurte à une<br />

série d’obstacles (voir fiche méthode sur le calcul en PPA) :<br />

Le prix courant d’un produit n’est pas le même d’un pays à l’autre, ce qui augmente artificiellement la<br />

production du pays qui a le niveau des prix le plus élevé.<br />

La structure des prix, c’est-à-dire les prix relatifs d’un produit par rapport aux autres est également différente<br />

d’un pays à l’autre (« effet de structure »). Ainsi, si en GB un produit C permet d’acheter 2 produits A alors<br />

qu’aux Etats-Unis, un produit C équivaut à un produit A. La GB, qui produit beaucoup de A et peu de C est<br />

donc défavorisée par rapport aux Etats-Unis.<br />

Les taux de change courants sont soumis à de fortes variations depuis la fin du régime de fixité des changes<br />

(1973). Toute variation de change modifie artificiellement les écarts entre PIB.<br />

La méthode du calcul des PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA) élimine le problème de la variation des taux<br />

de change courant et des différences de prix entre pays en calculant un taux de change réel exprimant le<br />

même pouvoir d’achat d’un pays à l’autre. Pour cela, on calcule la valeur, en monnaie locale, d’un panier du<br />

consommateur identique dans chaque pays. On fait ensuite le rapport entre les différentes valeurs de ces<br />

paniers pour avoir les taux de change réels. On calcule ensuite les prix moyens internationaux à partir du taux<br />

de change en parité de pouvoir d’achat et on multiplie les quantités produites dans chaque pays. Cette<br />

méthode modifie sensiblement les écarts entre les pays du Nord et les pays du Sud comme le montre ce<br />

tableau suivant :


PIB 2010<br />

Montant des PIB par pays en valeur et en parité de pouvoir d'achat<br />

en milliards de $<br />

courants<br />

rang<br />

en milliards de $<br />

PPA<br />

Etats-Unis 14 624 1 14 624 1<br />

Chine 5 745 2 10 084 2<br />

Japon 5 390 3 4 309 3<br />

Allemagne 3 306 4 2 932 5<br />

France 2 555 5 2 146 9<br />

Royaume-Uni 2 258 6 2 181 8<br />

Italie 2 037 7 1 771 10<br />

Brésil 2 023 8 2 182 7<br />

Russie 1 477 10 2 919 6<br />

Inde 1 205 11 4 001 4<br />

(Source : FMI 2011)<br />

Cette méthode est cependant critiquable car elle suppose que le panier du consommateur soit identique d’un<br />

pays à l’autre ce qui est loin d’être le cas. Les biens composant le panier sont essentiellement des produits<br />

américains que l’on peut retrouver dans tous les pays de la planète.<br />

b) <strong>–</strong> Le PIB ne prend pas en compte la totalité des richesses produites<br />

4. 3 ème limite : Le PIB prend mal en compte les activités de l'économie souterraine : l'économie souterraine ou<br />

économie informelle, regroupe toutes les activités productrices qui échappent aux regards de l'Etat et à la<br />

comptabilité nationale. Au sens strict de l’Eurostat, cette économie comprend :<br />

Les activités productrices licites mais non déclarées : fraude ou évasion fiscale d’entreprises déclarées, travail<br />

au noir ou production non déclarée d’entreprises n’ayant pas d’existence légale.<br />

Les activités illicites telles que le trafic de drogue, la prostitution...<br />

Les comptables nationaux essaient d’évaluer ces activités à partir d’enquêtes. Ainsi, la production de l'Italie<br />

fait l'objet d'un redressement égal à 17% de son PIB déclaré. Celle de la France de 4%. Mais, il restera<br />

toujours une partie de la production qui échappera aux statistiques particulièrement dans les pays en<br />

développement. Au sens large, pour les économistes Schneider et Enste, il faudrait y inclure le troc de biens<br />

et de services, les compléments en nature, la production domestique, etc.<br />

5. 4 ème limite : le PIB sous-évalue les activités non marchandes : le PIB privilégie les activités marchandes même<br />

s’il prend en compte la production des services collectifs non marchands des administrations publiques et<br />

privées évalués à leurs coûts de production. En conséquence :<br />

Il sous-évalue l’autoconsommation des ménages (production des jardins, construction du logement,<br />

élaboration des vêtements…) qui représente souvent une grosse partie de la production dans les pays les<br />

moins avancés.<br />

rang


Le PIB sous-évalue les services collectifs non marchands produits par les administrations. En effet, ces<br />

derniers sont évalués à leurs coûts de production puisqu'ils n'ont pas de prix. Or, un certain nombre de ces<br />

services (santé, éducation...) peuvent être offerts par le marché. Si on comptabilisait une heure de cours<br />

offerte par le service public d’éducation au prix d’une heure de cours dans un établissement privé, la<br />

production du service public d’éducation serait bien supérieure .Un pays, qui privilégie les services publics,<br />

voit donc sa production être sous-évaluée (le prix du marché est toujours supérieur au coût) par rapport au<br />

pays qui privilégie les services du marché pour une même production. Enfin, l’amélioration de la qualité du<br />

service rendu n’est pas prise en compte dans la valeur produite alors qu’elle l’est dans le prix d’un produit<br />

vendu sur le marché.<br />

Evaluation<br />

des<br />

services<br />

publics<br />

Coût<br />

moyen de<br />

production<br />

Prix de vente<br />

Le PIB ne prend pas en compte la production non marchande, réalisée par la femme ou l’homme au foyer<br />

(travail domestique), le mari bricoleur, le bénévole ou l'entraide de voisinage, qui représente pourtant une<br />

fraction importante non négligeable de l'activité hors-marché. Or, ces activités sont génératrices de bien-être,<br />

soit à travers les biens et services qui sont ainsi autoconsommés, soit directement dans le cas du loisir. La<br />

commission estime la production domestique à 35 % du PIB dans le cas de la France, mais les comptables<br />

nationaux ne disposent pas toujours de données suffisamment précises pour tenir compte de cette production<br />

dans leurs agrégats. Des études plus précises sur le temps de travail domestique sont donc indispensables<br />

pour affiner l'évaluation de cette production.<br />

La monétarisation de ces activités fait augmenter le PIB sans croissance véritable de la richesse produite.<br />

Ainsi, le fait de faire laver son linge dans un pressing au lieu de le laver soi-même augmente le PIB sans que<br />

la richesse créée ait véritablement augmenté. Inversement, comme le soulignait Alfred Sauvy, « épousez<br />

votre femme de ménage et vous ferez baisser le PIB » ; de même, alors que le temps consacré aux<br />

déplacements, notamment domicile-travail, est implicitement traité comme du loisir, les dépenses qu’ils<br />

engendrent augmentent le PIB : plus on consomme de carburants, plus il y a d’embouteillages, plus il y a<br />

aussi d’accidents automobiles et plus la croissance est forte.<br />

c) <strong>–</strong> Le PIB mesure mal le niveau de vie des populations<br />

Coût<br />

moyen de<br />

production<br />

6. 5 ème limite : le PIB ne nous dit rien sur sa répartition. Bien que la plupart des commentateurs se concentrent<br />

sur l’évolution du PIB, c’est celle du PIB par tête qui importe pour comparer les niveaux de vie : cela permet<br />

de tenir compte des facteurs démographiques.<br />

PIB par habitant ou PIB par tête = PIB/Nombre d’habitants<br />

Ainsi, si la croissance de la population est supérieure à la croissance de la production, la croissance ne se<br />

traduira pas par une amélioration du niveau de vie des populations. Le PIB par tête diminuera en effet dans ce<br />

cas. Ainsi, en Afrique, le niveau de vie a très peu augmenté en un demi-siècle car la croissance de la<br />

population a été à peu près égale à celle du PIB.<br />

Croissance du PIB > Croissance de la population => Hausse du niveau de vie<br />

Croissance du PIB < Croissance de la population => Baisse du niveau de vie<br />

De plus, cette moyenne est toujours susceptible de masquer de grandes disparités dans sa répartition : son<br />

augmentation peut ainsi aller de pair avec une amplification des inégalités mettant en cause la cohésion<br />

sociale et génératrice de coûts sociaux liés à l’insécurité ou au stress. Si les richesses créées sont<br />

accaparées par une toute petite minorité de la population, on peut s’interroger sur l’utilité de la croissance.<br />

Ainsi, le coefficient de Gini est un des indices couramment utilisés pour mesurer l'inégalité des revenus dans<br />

un pays. Il varie de 0 (égalité parfaite des revenus) à 1 (inégalité maximale). Du milieu des années 1980 au<br />

milieu des années 2000, les inégalités ressortent alors comme les plus élevées aux États-Unis et les plus<br />

faibles en France et en Allemagne. En évolution, les inégalités n'ont diminué qu'en France et à l'inverse elles<br />

se sont accentuées au Royaume-Uni et aux États-Unis. La commission Stiglitz propose d’utiliser le revenu<br />

disponible médian, qui sépare la population en deux groupes égaux, 50% au dessus et 50% au dessous<br />

plutôt que le revenu moyen.<br />

Marge<br />

Evaluation<br />

des mêmes<br />

services<br />

fournis par<br />

le privé


Coefficient de Gini (après impôts et transferts)<br />

Au-delà même de la distribution des revenus et des patrimoines, le PIB ne tient pas compte des inégalités<br />

dans l’accès aux services publics, à l’éducation, à la culture, à la santé, qui peuvent entraver l’obtention d’une<br />

croissance forte et régulière sur le long terme, précisément parce que ses concepteurs étaient convaincus<br />

qu’elles régresseraient spontanément avec au fur et à mesure du développement. Il n’est affecté par ces<br />

disparités que lorsqu’elles se traduisent par des réductions de la consommation globale.<br />

7. 6 ème limite : Le PIB par tête est un indicateur trop grossier pour mesurer le niveau de vie. Le niveau de vie<br />

correspond à la quantité et à la qualité de biens et de services dont dispose, en moyenne, un ménage ou un<br />

individu. Il mesure le niveau de consommation et ne doit pas être confondu avec le pouvoir d’achat du revenu<br />

disponible qui est la quantité de biens et de services que le revenu permet potentiellement de se procurer.<br />

L’Insee le calcule à partir du revenu disponible par unité de consommation. Dans un ménage, un certain<br />

nombre de biens et services sont consommés collectivement (automobile, logement…). L’arrivée d’une<br />

personne supplémentaire dans la famille n’entraînera donc pas une diminution du niveau de vie par personne<br />

d’une unité supplémentaire. C’est la raison pour laquelle, les économistes attribuent des coefficients à chaque<br />

membre du ménage :<br />

Coefficient 1 pour le premier adulte ;<br />

Coefficient 0,5 pour les autres adultes et les enfants de 15 ans et plus ;<br />

Coefficient 0,3 pour les enfants de moins de 15 ans.<br />

Ainsi, avec un revenu annuel de 40 000 €, une famille composée d’un couple et d’un enfant de 10 ans aura<br />

un niveau de vie par individu de (40 000/1,8) 22 222 € alors qu’avec le même revenu une famille de deux<br />

enfants de plus de 15 ans et d’un enfant de moins de 15 ans disposera de (40 000/2,8) 14 285 € par<br />

individu. Or :<br />

Le PIB par tête ne correspond pas au revenu disponible national net (RDNB) par ménage ou par individu pour<br />

plusieurs raisons :<br />

D’une part, une partie du PIB est consacrée à remplacer les équipements fixes qui se sont usés ou sont<br />

devenus obsolètes (dépassés) au cours de la production. L’amortissement du capital fixe (Stock de biens<br />

d’équipements durables, de bâtiments et de logiciels) est absolument nécessaire pour maintenir constante<br />

les capacités productives du pays. On doit donc l’enlever au PIB pour avoir le Produit intérieur net (PIN)<br />

qui nous donne la valeur des biens et des services réellement disponibles pour les agents économiques.<br />

PIN = PIB <strong>–</strong> consommation du capital fixe (Ou amortissement)<br />

D’autre part, le PIN n’est pas entièrement disponible pour les résidents (agents qui résident plus d’un an<br />

sur le territoire national). En effet, une partie des revenus générés par le PIB vont être distribués à des non<br />

résidents (profits rapatriés par une firme multinationale installée sur le territoire, dividende versé à un<br />

actionnaire résident à l’étranger…). Mais, en sens inverse, les résidents sur le territoire national vont<br />

recevoir des revenus provenant des PIB étrangers. Le revenu national disponible net est donc égal au PIN<br />

auquel on ajoute le résultat de la différence (le solde) entre les revenus en provenance des non-résidents<br />

et ceux que les résidents leur versent.<br />

RDNN = PIN<br />

<strong>–</strong> Revenus versés par les résidents à des non résidents<br />

+ Revenus versés par des non résidents aux résidents.<br />

Ainsi, le revenu disponible national net du Japon en 2008 ne représentait que 82% de son PIB alors que<br />

celui du Royaume-Uni était égal à 100% du PIB et celui des Etats-Unis à 98% de son PIB.


Revenu disponible national net en % du PIB<br />

Enfin, le revenu national disponible net par habitant oublie un certain nombre de services collectifs nonmarchand<br />

offerts gratuitement aux ménages (soins remboursés par la sécurité sociale, cours gratuits dans<br />

les établissements publics…) dont l’importance est inégale d’un pays à l’autre. Il faut donc les ajouter pour<br />

avoir le revenu national net disponible ajusté par habitant.<br />

Le revenu disponible net n’est pas suffisant pour avoir une bonne mesure du niveau de vie des personnes. En<br />

effet, avec un même revenu disponible, on peut acheter une proportion plus ou moins importante de biens et<br />

de services. Ainsi, avec 3 000€ de revenu disponible par mois, un ménage peut acheter 2000€ de biens et de<br />

services (il épargne donc 33,3% de son revenu disponible) alors qu’un autre ménage préférera consacrer<br />

2700€ à sa consommation (soit 90% de son revenu disponible). Le niveau de vie dépend donc de la<br />

consommation finale effective du ménage. Ainsi, si on prend le PIB par tête, le niveau de vie d’un japonais est<br />

inférieur de 26% au niveau de vie d’un américain. Cet écart passe à 33% si on prend en compte le revenu<br />

disponible net par habitant (les flux de revenus avec l’extérieur sont négatifs), à près de 40% si on prend le<br />

revenu disponible net ajusté (les services collectifs offerts aux japonais sont inférieurs à ceux offerts aux<br />

américains) et à 45% si la consommation finale effective est retenue (les japonais ont un taux d’épargne élevé<br />

pour garantir leur retraite).<br />

Niveau de vie relatif d’un certain nombre de pays (en % du niveau de vie américain)


d) <strong>–</strong> Le PIB par habitant mesure mal la qualité de la vie et le développement humain<br />

8. 7 ème limite : le PIB par tête n’est pas un indicateur suffisant le degré de satisfaction des besoins fondamentaux<br />

d’une population. En effet, la croissance des richesses matérielles n’entraîne pas automatiquement le<br />

développement économique des pays et le développement humain des populations.<br />

Le développement économique correspond à l’ensemble des transformations structurelles (économiques,<br />

sociales, politiques) qui accompagnent et entretiennent la croissance économique. Ces mutations sont<br />

structurelles (industrialisation, urbanisation, salarisation, tertiarisation…) et qualitatives (transformations des<br />

comportements, amélioration de la santé, allongement de l’espérance de vie, progrès des connaissances…).<br />

Elles rendent la croissance irréversible. Le concept de développement intègre l’idée de progrès social<br />

(amélioration des conditions de vie de la population, réduction des inégalités et de la pauvreté…). Le<br />

développement est donc un phénomène qualitatif alors que la croissance économique est un phénomène<br />

quantitatif.<br />

Le développement humain est une notion apparue en 1990 sous l'impulsion des économistes Mahbub ul Haq<br />

et Amartya Sen. Le développement humain est défini comme un processus « d’élargissement du choix des<br />

gens », mettant en avant la liberté de jouir d’une bonne santé, d’être éduqué et de profiter d’un niveau de vie<br />

décent. On s’intéresse donc à la satisfaction des besoins fondamentaux des individus. Cette notion souligne<br />

également que le développement humain et le bien-être vont bien au-delà de ces trois dimensions pour<br />

englober une gamme plus large de capacités ou capabilités incluant les libertés politiques, les droits de<br />

l’Homme et, reprenant Adam Smith, « la capacité d’apparaître en public sans avoir honte ».<br />

9. Le PIB par tête étant trop réducteur pour mesurer le développement, les économistes du PNUD (organisme<br />

de l’ONU pour le développement) ont élaboré en 1990 l'indicateur de développement humain (IDH) dont le<br />

calcul a été modifié en 2010 pour tenir compte d'un certain nombre de critiques. Il s’agit d’un indicateur<br />

composite qui cherche à mesurer le développement humain, situation dans laquelle une population aurait<br />

couvert la totalité de ses besoins fondamentaux.<br />

RNB par<br />

tête en PPA<br />

Durée moyenne<br />

de scolarisation<br />

IDH<br />

Niveau<br />

d’instruction<br />

Durée attendue<br />

de scolarisation<br />

Espérance<br />

de vie<br />

L'IDH est un indice composite, sans unité, compris entre 0 (absence de développement humain) et 1<br />

(Développement humain réalisé), calculé par la moyenne géométrique de trois indicateurs quantifiant<br />

respectivement :<br />

Le niveau de vie est donné par le logarithme du revenu national brut par habitant en parité de pouvoir<br />

d'achat (PIB par tête moins les revenus primaires à payer à des unités non-résidentes, plus les revenus<br />

primaires à recevoir des unités non-résidentes), afin d'englober les éléments de la quantité de biens et<br />

services disponible par habitant pour leur consommation. Autrement dit, la hausse du niveau de vie se<br />

traduit par une élévation de plus en plus faible de l’IDH.<br />

La santé/longévité (mesurées par l'espérance de vie à la naissance, c'est à dire le nombre d’années qu’un<br />

nouveau-né devrait vivre si les règles générales de mortalité au moment de sa naissance devaient rester<br />

les mêmes tout au long de sa vie), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins<br />

matériels essentiels tels que l'accès à une alimentation saine, à l'eau potable, à un logement décent, à une<br />

bonne hygiène et aux soins médicaux.<br />

Le savoir ou niveau d'éducation. Il est mesuré par la durée moyenne de scolarisation (Moyenne du<br />

nombre d’années d'éducation dispensées à des adultes de 25 ans ou plus au cours de leur vie) et la durée<br />

attendue de scolarisation (Nombre d'années de scolarisation dont un enfant d’âge d’entrée à l’école peut<br />

espérer bénéficier si les taux de scolarisation par âge devaient demeurer inchangés tout au long de la vie<br />

de l'enfant). L'éducation a tout d'abord des effets directs sur le revenu et la productivité de chacun. Elle<br />

traduit la satisfaction des besoins immatériels tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le<br />

lieu de travail ou dans la société, d'avoir une plus grande liberté de choix de vie. Enfin, il est prouvé que<br />

les personnes les plus éduquées déclarent un plus grand bien-être subjectif, sont en meilleure santé et ont<br />

plus de liens sociaux.


L’IDH est donc une moyenne géométrique des trois indicateurs :<br />

IDH =<br />

Le calcul des indicateurs se fait de la façon suivante :<br />

On prend la situation la moins favorable et la situation la plus favorable. Pour l’espérance de vie, cela<br />

donne de 20 ans à 83,2 ans (Japon 2010).<br />

On prend la situation d’un pays et on mesure l’écart par rapport à la situation la moins favorable. Ainsi, la<br />

France a une espérance de vie de 81,6 ans en moyenne. L’écart est donc de 61,6 ans (81,6 <strong>–</strong> 20).<br />

On calcule l’indicateur en faisant le rapport entre l’écart pour un pays et l’écart général (ici 63,2 ans). Ceci<br />

donne 61,6/63,2 ans = 0,974. Ce 0,974 signifient que la France a un écart de 2,6% par rapport à la<br />

situation idéale pour la durée de vie (voir fiche méthode).<br />

Indice<br />

Calcul des indices composant l'indice de développement humain.<br />

Mesure<br />

Longévité Espérance de vie à la<br />

naissance (EV)<br />

Education<br />

Niveau de<br />

vie<br />

Durée moyenne de<br />

scolarisation (DMS)<br />

Durée attendue de<br />

scolarisation (DAS)<br />

Indice de scolarisation<br />

combiné<br />

RNB par habitant<br />

en parité de pouvoir d'achat<br />

Valeur<br />

minimale<br />

Valeur<br />

maximale<br />

20 ans 85 ans<br />

0 année 13,2 années<br />

0 année 20,6 années<br />

0 0,951<br />

163 $ 108 211 $<br />

Formule<br />

IEV = EV - 20<br />

83,2 - 20<br />

IDMS = DMS - 0<br />

13,2 - 0<br />

IDAS = DAS - 0<br />

20,6 - 0<br />

IS =√IDMS x IDAS - 0<br />

0,951 - 0<br />

IR = . RNB - 163 .<br />

108 211 - 163<br />

L’IDH a l’avantage d’introduire des éléments qualitatifs dans la mesure du développement et de montrer que<br />

la corrélation entre niveau de vie et développement n'est pas parfaite. Un pays peut avoir un niveau de vie<br />

moyen élevé mais un IDH inférieur à celui d'un pays moins riche en moyenne par habitant. C'est le cas du<br />

Koweït, dont le RNB moyen par habitant est 8,8 fois supérieur à celui de Cuba alors qu’il occupe que la 63 ème<br />

place dans le classement de l'IDH contre la 51 ème pour Cuba en 2011. Les richesses ne sont pas toujours<br />

utilisées pour améliorer le bien-être de la population.<br />

Classement des pays<br />

L’indicateur du développement humain en 2011<br />

RNB par habitant Espérance de vie<br />

En $ 2005 PPA En années<br />

Niveau d’instruction IDH<br />

Durée moyenne<br />

Scolarisation 1<br />

Durée attendue<br />

Scolarisation 2<br />

Norvège 1 47 557 81,1 12,6 17,3 0,943<br />

France 20 30 462 81,6 10,6 16,1 0,884<br />

Cuba 51 5 416 79,1 9,9 17,5 0,776<br />

Koweït 63 47 926 74,6 6,1 12,3 0,760<br />

Chine 101 7 476 73,5 7,5 11,6 0,687<br />

Congo 187 280 48,4 3,5 8,2 0,399<br />

(Source : PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, http://www.undp.org/french/ 2012)<br />

On a reproché à l’IDH de ne pas prendre en compte l’inégalité de la répartition des revenus et les inégalités<br />

de genre. Le PNUD a tenu compte de ces critiques en produisant des indicateurs spécifiques. La commission<br />

Stiglitz-Fitoussi a proposé des indicateurs de conditions de vie qui font apparaître en des contrastes bien plus<br />

marqués dans les domaines de la santé, de l'éducation, des risques de chômage et de pauvreté ou de<br />

sécurité.<br />

Indice


e) <strong>–</strong> Le PIB reste cependant un indicateur indispensable<br />

9. Cependant, malgré toutes ces imperfections, le PIB ou le PNB demeurent le moyen le plus simple pour<br />

connaître la croissance économique d'un pays. Il ne faut pas, en effet, confondre croissance et progrès<br />

économique. La première porte sur l’augmentation des richesses quel qu’en soit les usages, la répartition ou les<br />

dommages causés à l’environnement alors que le progrès économique suppose une amélioration du bien-être<br />

des populations. Pour mesurer cette amélioration, de nombreux rapports ont proposé de prendre en compte le<br />

degré de satisfaction de la population soit par des enquêtes subjectives soit en retenant une panoplie<br />

d'indicateurs économiques, sociaux et environnementaux. En 2011, l'Ocde a mis au point l'indice " mieux vivre "<br />

comme alternative au PIB (http://www.oecdbetterlifeindex.org/). Cet indicateur, qui regroupe 19 variables, est<br />

destiné à mesurer le bien-être des habitants des 34 pays développés membres de l'OC<strong>DE</strong> (le niveau<br />

d'éducation, le niveau de sureté, le niveau de vie, la qualité de l'emploi, l'espérance de vie...). Or, on constate<br />

que le classement obtenu des pays reste assez fortement corrélé au PIB par habitant. Cependant ces types<br />

d'indicateurs sont plus adaptés à la notion de développement qu'à celle de croissance.<br />

f)<br />

Révisions sur le Net<br />

http://sesmassena.sharepoint.com/Pages/Fichesmethodes.aspx<br />

http://www.oecdbetterlifeindex.org/fr/#/54335225533<br />

http://www.statapprendre.education.fr/insee/croissance/combien/accueilcombien.htm<br />

http://www.ac-nice.fr/ses/termtd/mesprod.htm<br />

http://sesame.apses.org/index.php?option=com_content&view=article&id=252:activite-3-quelles-sont-leslimites-du-pib-2012-2013&catid=39:qui-cree-des-richesses-et-comment-les-mesurer-2012-2013

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