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Le Régional 31 mars - 1er avril 2005 - No 269
Culture
Association des Musées de Pully
Mardi 22 mars dernier, les
Musées de Pully ont tenu leur
56e AG. Laurent Delaloye, président
de l’Association, est fier d’annoncer
que le Club des 100 compte à ce jour
112 membres, soit une augmentation
de 20 personnes depuis 2002, sans
parler des 3 membres d’honneur et des
188 autres adhérents à l’Association,
dont de nombeux couples.
Le soutien aux artistes se poursuit, ce
qui permet en même temps l’enrichissement
des collections du Musée. En
2004, le montant des acquisitions s’est
élevé à Fr 14’825.- soit Fr 1000.- de
plus qu’en 2003. Ainsi, entre autres,
une toile a été acquise à Stéphane
Ducret qui a lui-même offert une
encre au Musée. Deux tableaux de
Jean-Claude Hesselbach y sont également
restés, après son exposition. En
outre la BCV s’est jointe au Club des
100 pour sponsoriser certains achats.
Parmi les activités proposées aux
membres, une sortie à la Fondation
Giannada, pour visiter la fabuleuse
collection de peintres impressionnistes
réunie par Phillips aux USA. Une cinquantaine
de personnes se sont rendues
avec grand plaisir à Martigny.
Le Guide la Villa romaine, paru il y a
quatre ans, a été complété. En effet,
deux nouveaux décors sont terminés
sur le pilier nord, réalisés avec de nombreux
ensembles de fragments. L’inauguration
officielle aura lieu le 20 avril,
à 18h. Les heures d’ouverture de la
Villa ont été modifiées. Soit le jeudi,
de 14h à 18h, le vendredi et le
dimanche, de 14h à 16h, durant les
mois de mars à novembre.
Parmi les projets qui seront réalisés
jusqu’en 2007 au Musée de Pully, on
Danese ou 34 ans de design italien
Pour la première fois en Suisse, le
mudac présente l’activité complète
de l’éditeur milanais de design
italien, dont le nom est devenu
mythique pour beaucouup d’admirateurs
de cette forme d’art, Danese.
Pourtant quand le mudac était encore
à Lausanne le Musée des Arts décoratifs,
il avait exposé en 1973 Un exemple
de design italien, productions et éditions
de Danese. Et l’année suivante, en
1974, Jean-Pierre Goumaz a ouvert la
première boutique Danese à l’étranger,
à Lausanne également. Elle existe toujours,
transferée aujourd’hui de la rue
Centrale au 11 de la rue Saint-Martin.
Entre la capitale vaudoise et celle de la
Lombardie, il s’agit donc d’une longue
histoire d’amitié et d’admiration.
Danese: pionnier du design
En 1957, en Italie, s’intéresser au design
vous classait d’emblée parmi les artistes
d’avant-garde, et ceux-ci n’étaient
pas nombreux. C’est entourés de Bruno
Munari, Enzo Mari, Franco Meneguzzo
et Angelo Mangiarotti que Bruno
56e Assemblée générale.
admirera cet été Ramuz en 1896. Avec
la reconstitution du Bureau qu’il occupait
à Paris, à la Muette. Le peintre
Auberjonois illustra ses romans qui
seront exposés, ainsi que leur collaboration
avec Igor Stravinski. Cette manifestation
sera réalisée avec le concours
de la fille de l’écrivain, Mme Olivieri et
de son petit-fils, Guido Olivieri. Suivra
fin septembre un Panorama de l’expression
culturelle du Mexique, sur le
thème des peintures réalisées sur Les
Métamorphoses, d’Ovide.
Les galeries aujourd’hui
Pour clore l’AG, Françoise Jaunin,
journaliste spécialisée dans les Beaux-
Arts, exposa la situation des jeunes
artistes d’aujourd’hui par rapport à
celle qui était faite à leurs prédécesseurs
il y a une cinquantaine d’années
et de l’évolution du rôle des galeries.
Si on compte aujourd’hui de très nombreuses
galeries dans le bassin léma-
Mudac • Rétrospective de l’oeuvre de l’éditeur.
Danese, entrepreneur et Jacqueline
Vodoz, photographe, ont fondé en
1957 leur entreprise. Ils seront rejoints
plus tard par Achille Castiglioni
(1983), Kuno Prey (1986) et Marco
Ferreri (1990).
A la base, il s’agit d’un dialogue entre
les artistes et Bruno Danese pour la
recherche de la perfection dans la création
d’objets utilitaires. Pas toujours
facile, chacun cherchant à imposer à
l’autre la conviction qu’il se fait de
cette perfection. Passionnant, dit
aujourd’hui Bruno Danese se souvenant
des débuts de ses éditions, comme
d’une redéfinition de la culture de
l’objet dans un respect mutuel des
engagements idéologiques de chacun
des partenaires. Principe essentiel:
tout doit être impeccable, réalisation,
matériaux, etc. Il ne s’agit pas d’usinage,
mais de produire des pièces
uniques, ou en très petites séries. Un
éditeur peut travailler, contrairement
nique, elles sont loin d’avoir pour les
jeunes artistes l’importance qu’eurent
jadis les rares espaces existants tenus
par des spécialistes. Comme il y a 50
ans, celles de Nane Cailler, ou plus tôt,
la première galerie Paul Vallotton ou
encore celle de Maurice Bridel par
exemple. Le titre de galériste n’est pas
protégé, tout un chacun peut donc
ouvrir une galerie quand bon lui
semble. Beaucoup parmi ces nouveaux
venus vendent de l’art comme ils le
feraient de la mode ou des boissons.
Le marché de l’art est né à la fin du
XIXe siècle, mais il n’a qu’un lointain
rapport avec celui d’aujourd’hui. Il
doit trouver un autre mode de fonctionnement
pour soutenir les jeunes
créateurs talentueux. Les foires et aussi
Internet ont changé la donne. Par
ailleurs les coûts sont toujours plus élevés,
à cause des moyens modernes
employés par les artistes. Et les acheteurs
sollicités par de trop nombreux
produits dérivés de la société de
consommation, sont beaucoup moins
motivés que par le passé. Les musées,
comme les critiques, ont leur rôle à
jouer. Les premiers devraient acquérir
des oeuvres avant qu’elles n’atteignent
des prix prohibitifs. Tandis que les critiques
doivent servir de courroie de
transmission entre les jeunes contemporains
et leurs lecteurs. Car les
artistes sont ceux qui ajoutent du sens
au monde, bien avant même d’être
reconnus officiellement. Françoise
Jaunin savait de quoi elle parlait, elle
qui, depuis une trentaine d’années,
informe ses lecteurs de l’évolution de
l’art pour qu’ils puissent à leur tour y
trouver joie et beauté.
Martine Thomé
aux fabricants, en utilisant divers
matériaux - dont il doit avoir une
connaisance approfondie des possibilités
- pour obtenir un seul objet. Ce qui
importe, c’est la qualité, et non le prix
de la réalisation. Des recherches ont
du reste été menées avec certains
industriels. Enzo Mari, quant à lui, a
conçu une méthode artisanale pour
travailler à la main la porcelaine.
Jusqu’à la vente de son entreprise en
1991, l’éditeur n’a fait que confirmer
son image d’avant-garde, offrant en
réponse à l’évolution du mode de vie
de l’époque, des objets toujours plus
originaux, alliant la beauté et la pureté
à l’utilisation pratique.
L’exposition en elle-même
Contrairement aux habitudes du
mudac qui présente deux sujets par
expo, tout le musée est occupé par
Danese. Il propose les différents domaines
d’activités conçus par l’entreprise.
Soit la production d’objets en petites
séries, les éditions d’art, les objets
fabriqués à la main ou les pièces
uniques, le graphisme et la communication,
les éditions pour enfants et les
projets didactiques.
Dans la première salle une installation
en spirale conçue par Enzo Mari
REGIONAL P 12 Date 01.04 N C M J
Titi vient d’apprendre qu’à
Paris, la Bibliothèque nationale
(BNF), institution officielle
réputée pour sa probité, gardienne
du patrimoine culturel, a falsifié
une photo de Jean-Paul Sartre, tirée
de ses archives. Elle était destinée à
annoncer une exposition organisée
par la BNF en hommage à l’écrivain
et philososphe disparu il y a 25
ans et né il y en a 100. Qu’avait
donc cette image pour qu’on ose
s’attaquer à un document d’archives,
irremplaçable témoin du
passé? Etait-elle obscène? On pourrait
le croire car Sartre accomplissait
un geste inadmissible de nos
jours. Il tenait discrètement entre
les doigts de sa main gauche posée
sur une table... une cigarette, tout
en regardant le photographe. Chacun
peut penser ce qu’il veut de la
lutte antitabac qui prend des proportions
toujours plus importantes
depuis une quinzaine d’années.
Mais elle s’adresse uniquement à
des hommes et des femmes (et des
jeunes) qui sont aujourd’hui bien
vivants. Le problème n’est donc pas
là. On n’a pas attendu la commercialisation
des cigarettes - qui doit
dater d’environ 150 ans - pour
fumer puisque Jean Nicot introduisit
le tabac en France au XVIe
siècle. Des hommes se mirent donc
raconte l’ensemble des éditions Danese,
chaque année étant illustrée par une
photographie, presque toutes signées
Jacqueline Vodoz. Des affiches d’époque
couvrent les murs. Puis, sur les
deux étages, répartis selon les domaines
d’activité, une multitude d’objets,
plus de 200. Il s’agit de petits objets,
on n’y présente par exemple aucun
meuble. Mais de multiples cendriers
(c’était l’époque heureuse où les fumeurs
pouvaient en griller une en paix et en
toute bonne conscience), vases, lampes,
calendriers, bougeoirs, plats, plumiers
et autres accessores de bureau, jeux
pour enfants, pendules, salières et poivriers,
couverts et d’autres choses
encore. Sans oublier tout un matériel
indispensable pour le graphisme et les
emballages, des esquisses et des dessins.
Et les deux sections réservées à
Enzo Mari (travail artisanal, original et
fort beau du fer, du verre, de l’argent
et de la porcelaine) et Franco Meneguzzo,
sculpteur, peintre et céramiste,
mais aussi auteur du premier logo
Danese. Quant aux jeux et objets destinés
aux enfants, ils sont magnifiques
d’inventivité pour développer leur
Titi est outré
à aimer la pipe (et George Sand
aussi). Des peintres devenus
célèbres firent le portrait de certains
d’entre eux. Va-t-on parcourir les
musées, un pinceau à la main, pour
ravaler ces toiles et ôter de la vue du
bien-pensant ces horribles objets
qu’ils portaient en bouche, ou à la
main? A l’heure où l’archéologie a le
vent en poupe et se targue, avec raison,
de découvertes importantes
concernant nos ancêtres et leurs
civilisations, va-t-on fausser leur
mode de vie, comme on cache un
crime? Le devoir de mémoire ne
doit pas s’arrêter aux holocaustes. Il
doit veiller à la préservation des
archives, ne pas refaire le nez de
Cléopâtre ni ôter le mégot présent
sur presque toutes les photos de
Gainsbourg, parfois aussi sur celles
de de Gaulle, de Malraux, ou le
cigare de Churchill. Titi est outré
de cette légèreté envers leur
mémoire.
curiosité et leur apprentissage de la vie.
Ils sont malheureusement (ou heureusement
pour Danase!) presque tous
épuisés depuis longtemps.
Les visiteurs découvriront sans doute,
parfois avec étonnement, un ou plusieurs
objets qu’ils connaissent ou possèdent
depuis longtemps, sans se douter
de son origine.
Ce jeu des découvertes fait partie du
plaisir à flâner entre les deux étages du
mudac. Et aussi permet de prendre
conscience de l’importance des designers
dans la société de consommation
d’aujourd’hui où ils ont imposer
pureté et rigueur. Une partie de leurs
créations ont été malheureusement
galvaudés, copiés à quelques détails
près, par les fournisseurs des grandes
surfaces de meubles et art de vivre,
mais avec le génie en moins.
Martine Thomé
Danese. Editeur de design italien,
Milan 1957 - 1991
Jusqu’au dimanche 15 mai 2005
mudac, place de la Cathédrale 6,
1005 Lausanne
Du mardi au dimanche, de 11h à 18h.
Fermé le lundi .