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Ainsi-squattent-ils---memoire-2010 - Habiter-Autrement

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toujours disponibles et d'étudier leurs caractéristiques (l'entrée dans le bâtiment peut-elle se faire discrètement, le<br />

bâtiment est-il exposé aux yeux des voisins, l'état des installations électriques...).<br />

Les futurs habitants se réunissent régulièrement pour faire le point, réfléchir ensemble aux stratégies qu'<strong>ils</strong><br />

souhaitent mettre en place en terme de communication, de solution de secours, <strong>ils</strong> « visitent » le lieu plusieurs fois,<br />

estiment les travaux qui seront nécessaires... Enfin, après avoir réfléchi aux méthodes qui semblent les plus<br />

pertinentes pour investir le bâtiment, deux personnes entrent et passent la nuit dans le bâtiment afin de préparer<br />

l'arrivée des autres.<br />

Cette étape demande déjà d'avoir acquis une certaine expérience, de pouvoir mettre en place une<br />

organisation qui permette d'anticiper au maximum les difficultés qui pourraient surgir. Le squat organisé est souvent<br />

lié à une forme de transmission d'expérience. Les personnes les plus expérimentées « apprennent » aux débutants à<br />

s'organiser en leur donnant des astuces...<br />

2.2.3. Une forme de transmission d'expérience<br />

Selon Harry, squatteur, « L'ouverture, ça aussi, tu apprends au fur et à mesure. La transmission c’est dans le<br />

meilleur des cas. On peut t’apprendre comment survivre, ça arrive. Les Macaq ont fait clairement un transfert de<br />

compétences à Jeudi noir, comme les désobéissants font des transferts de compétences. Ca dépend ».<br />

Concernant l'ouverture du squat à laquelle j'ai pu assister, l'idée d'une transmission est très claire ; un groupe<br />

de squatteurs qui s'est institutionnalisé a constitué un second groupe à partir des personnes qui faisaient partie de la<br />

« liste d'attente » pour s'installer dans leur occupation, et les ont aidé à « ouvrir » leur lieu, <strong>ils</strong> les ont « formés ». En<br />

réunion d'habitants, certains occupants parlent de cette seconde occupation comme d'un « bébé ».<br />

3. Un habiter autrement?<br />

3.1. Répartition des espaces<br />

Les squats ne sont pas nécessairement des logements vacants. Il est possible que ce soit des bureaux, des<br />

hangars, des gares désaffectées... <strong>Ainsi</strong>, la question de la répartition des espaces, notamment en terme d'espaces<br />

publics et d'espaces privés, se pose.<br />

• Du côté des auteurs<br />

Selon Marion SEGAUD, « <strong>Habiter</strong> c'est, dans un espace et un temps donnés, tracer un rapport au territoire en<br />

lui attribuant des qualités qui permettent à chacun de s'y identifier. L'habiter est un fait anthropologique, c'est-à-dire<br />

qu'il concerne toute l'espèce humaine, il est un « trait fondamental de l'être » (Heidegger, 1958). Il s'exprime à travers<br />

les activités pratiques dans des objets meubles et immeubles ; il se saisit par l'observation et par le langage (la parole<br />

de l'habitant). [...] En fait, on pourrait dire que si l'habiter est un phénomène général, il y a autant de manières<br />

d'habiter que d'individus. Dans nos sociétés, c'est la conjonction entre un lieu et un individu singulier qui fonde<br />

l'habiter » 29 .<br />

D. ZENEIDI-HENRY, géographe sociale, écrit que : « Le squat naît dans la rue et a un lien indéfectible avec<br />

elle [...] sorte d'annexe de la rue, abri collectif et public dans une certaine mesure. Les territoires dans les espaces<br />

publics forment comme des passerelles qui mènent au squat, lui-même objet d'appropriation. [...] Il contribue lorsqu'il<br />

est fondé sur de nouvelles pratiques culturelles, à développer une autre forme d'urbanité, une autre façon de<br />

participer à la ville et au monde » 30 .<br />

Elle ajoute ensuite « On peut noter que plus le squat est élaboré, plus il a tendance à être régenté par des<br />

règles de vie collective et plus il se ferme à la rue et devient sélectif. L'évolution vers un espace domestique se réalise<br />

progressivement à travers l'organisation d'une division et d'une spécialisation spatiale » 31 .<br />

29<br />

SEGAUD, Marion. Anthropologie de l'espace, <strong>Habiter</strong>, fonder, distribuer, transformer : Editions Armand Colin 2008, p.65<br />

30<br />

ZENEIDI-HENRY, Djemila. Les SDF et la ville : géographie du savoir-survivre : Editions Bréal, Collection D'autre part,<br />

2002, p.255<br />

31<br />

ZENEIDI-HENRY, Djemila. Les SDF et la ville : géographie du savoir-survivre : Editions Bréal, Collection D'autre part,<br />

2002, p. 261<br />

<strong>Ainsi</strong> <strong>squattent</strong>-<strong>ils</strong> – Mémoire de Cécile Louey – juin <strong>2010</strong><br />

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