Ainsi-squattent-ils---memoire-2010 - Habiter-Autrement
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La notion de « chez-soi » semble revêtir une forte charge affective. <strong>Ainsi</strong>, E. DJAOUI écrit que « les limites du<br />
chez-soi ne se confondent pas nécessairement avec celles, fonctionnelles, du lieu habituel de vie. Cet espace<br />
caractérisé par une grande subjectivité, peut recouvrir une partie (plus ou moins importante) du logement, - chambre,<br />
bureau, grenier, jardinet – voire des espaces autres comme des territoires extérieurs ; on peut se sentir « chez-soi »<br />
dans son lotissement, sa résidence, son quartier, son hameau et pas dans son logement » 34 .<br />
3.3. Concept de communauté<br />
• Du côté des auteurs<br />
Thomas DAWANCE écrit : « L'occupation illégale d'immeubles est une action qui comporte des risques.<br />
Ceux-ci sont principalement liés à l'exploration de bâtiments abandonnés, à l'incertitude quant à la durée de<br />
l'occupation, à la condamnation devant le tribunal, à la répression policière, au risque de représailles et de sabotage,<br />
ainsi qu'à la stigmatisation sociale. Par ailleurs, les habitants sont placés continuellement sous la menace d'une<br />
expulsion qu'il s'agit de maîtriser au mieux afin d'en minimiser les conséquences néfastes. Ils sont également soumis<br />
à d'autres formes d'agressions extérieures dont <strong>ils</strong> doivent se prémunir autant que possible. Cette mise en danger et<br />
cette incertitude face à l'avenir sont sûrement les principaux vecteurs de solidarité et de cohésion entre squatteurs.<br />
C'est le sens de la célèbre formule de Che Guevara : « La solidarité, c'est courir le même risque ». » 35 .<br />
Selon Sabine KLAEGER, « Le désir d'habiter ensemble est en même temps le refus de suivre le modèle<br />
classique en vivant soit seul, soit en couple ou en famille. Il s'agit de se regrouper pour vivre en collectivité, d'investir<br />
une surface importante pour disposer d'espaces personnels et aussi d'espaces collectifs qui serviront à mettre en<br />
place des activités, qui peuvent être orientées vers l'extérieur et ouvertes au public » 36 .<br />
Selon le Dictionnaire le Petit Robert, la communauté désigne un « groupe social dont les membres vivent<br />
ensemble, ou ont des biens, des intérêts communs ».<br />
D'après Cherry SCHRECKER, « la notion [de communauté] peut évoquer une manière de vivre ensemble<br />
caractérisée par la solidarité entre les membres d'un groupe et qui favorise le maintien ou le développement de la paix<br />
sociale. Habituellement, la communauté est conçue comme un état idéal ; un but à atteindre » 37 .<br />
Elle précise que selon ARISTOTE : « La communauté est antérieure à chaque individu : « en effet, si chacun<br />
isolément ne peut se suffire à lui-même, il sera dans le même état qu'en général une partie à l'égard d'un tout ;<br />
l'homme qui ne peut pas vivre en communauté ou qui n'en a nul besoin, parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait point<br />
partie de la cité : dès lors c'est un monstre ou un dieu ».<br />
Les squatteurs interrogés, évoquent la vie en communauté comme corrélée à un principe de solidarité,<br />
d'entraide.<br />
• Du côté des squatteurs<br />
Selon Stéphane, pour qui la vie en squat constitue une démarche militante, « La vie de squat en elle-même<br />
véhicule des valeurs communautaires : elle implique une vie de groupe, un rapport solidaire à l'autre ».<br />
Pierre décrit le fonctionnement d'un squat dans lequel il a habité : « C'était comme une famille. C'était plus<br />
petit [que le bâtiment Place des Vosges occupé actuellement par le Collectif Jeudi Noir], 8 personnes, il y avait un<br />
grand salon, une grande cuisine, une salle de bains, une cave à teufs, une galerie d'expo. On faisait la plupart des<br />
repas ensemble, on passait beaucoup de temps tous ensemble à discuter, à regarder des films bref c'est juste pour<br />
dire que certains à Jeudi Noir recherchent aussi la vie en communauté. A la Marquise ça n'a pas fonctionné ».<br />
J'ai interrogé les squatteurs rencontrés en leur demandant de classer ce qu'<strong>ils</strong> estimaient être un<br />
« avantage » de ce mode de vie et un « inconvénient ».<br />
Il apparaît de nombreuses similitudes. En effet, tous les occupants interrogés considèrent que la principale<br />
34 DJAOUI, Elian. Intervenir au domicile : ENSP, 2004, p.90<br />
35 DAWANCE, Thomas. Le squat alternatif autogéré, une alternative? : La revue nouvelle, février 2008, p.36<br />
36 KLAEGER, Sabine. La Lutine, Portrait sociostylistique d'un groupe de squatteurs à Lyon : L’Harmattan, 2007, p.46<br />
37 SCHRECKER, Cherry. La Communauté. Histoire critique d'un concept dans la sociologie anglo-saxonne : L’Harmattan,<br />
2006, p.11<br />
<strong>Ainsi</strong> <strong>squattent</strong>-<strong>ils</strong> – Mémoire de Cécile Louey – juin <strong>2010</strong><br />
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