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tout de suite <strong>pour</strong> ne pas me laisser <strong>le</strong> temps<br />
de trop me prendre la tête dessus et éviter qu’il<br />
ne sorte jamais.<br />
Il y a peu de temps, tu n'étais jamais allé aux Etats-<br />
Unis. Qu'en est-il aujourd'hui ? Il parait que tu as une<br />
phobie de l ’avion ?<br />
Je suis allé trois fois au Québec mais jamais<br />
aux States. C'est pas une énorme phobie mais<br />
c’est vrai que quand on me donne rendez-vous<br />
à Roissy ou Orly, je dors mal. Une fois dans <strong>le</strong><br />
zing je suis fataliste, je suis allé trois fois au<br />
Québec mais <strong>pour</strong> moi c'est une petite angoisse.<br />
On m ’a souvent proposé des concepts<br />
d’émission comme remonter la route du blues<br />
avec une équipe télé et souvent ce qui m'a<br />
retenu, c'est <strong>le</strong> fait d'al<strong>le</strong>r aux States. Il y avait<br />
un projet avec John Trudell, un mec que j'aime<br />
bien, on devait se balader dans des<br />
réserves indiennes parce que je suis assez<br />
branché sur <strong>le</strong>s indiens d'Amérique du Nord.<br />
La dernière fois que je l'ai rencontré, il m ’a<br />
dit : “dans un avion, tu fais comme si c’était<br />
un gros oiseau qui t’em menait sur son dos, il<br />
faut que ton esprit ail<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s nuages, il ne<br />
faut plus du tout penser à avoir <strong>le</strong>s pieds sur<br />
terre” , c'est une théorie philosophique qui<br />
n’est pas mal mais c’est vrai que je n'ai jamais<br />
mis <strong>le</strong>s pieds là-bas. Quand j'étais môme,<br />
j'avais envie d’y al<strong>le</strong>r mais je n'avais pas un<br />
rond et ça im pliquait que je revende une guitare<br />
et il n’en était pas question. Avec <strong>le</strong><br />
temps, j'ai vu pas mal de reportages, j ’ai écouté<br />
pas mal de musique, j'ai parlé avec pas mal<br />
de ricains ou de ricaines et l’envie ne me<br />
tenail<strong>le</strong> plus comme avant même si ça me botterait<br />
d'al<strong>le</strong>r traîner mes lattes à la Nouvel<strong>le</strong>-<br />
Orléans ou d’al<strong>le</strong>r faire un tour dans <strong>le</strong> sud. Il<br />
y a des moments où ma tronche me sert à<br />
voyager par la fiction plus que par la réalité.<br />
C'est évident que quand tu mets <strong>le</strong>s pieds<br />
quelque part et que tu rencontres des gens,<br />
que tu par<strong>le</strong>s avec des locos, ça peut t’amener<br />
à autre chose mais j'aim e bien ce côté fiction<br />
des choses.<br />
Dans <strong>le</strong> morceau «Doute Chronique», tu dis.- «j'm'ac-<br />
croche à qui, y ’a plus d'héros». Le penses-tu vraiment<br />
?<br />
On a l’impression parfois que <strong>le</strong>s seuls héros<br />
ou <strong>le</strong>s seuls guides qu'il peut y avoir, c’est<br />
encore par rapport à des thèmes religieux. On<br />
a vraiment du mal à prendre comme héros,<br />
comme sauveteurs des hommes politiques.<br />
Même <strong>le</strong> cinéma, l’artistique, est vachement<br />
démystifié. En même temps, c'est bien d'en<br />
passer par là car même si on a besoin un<br />
temps de rêver et de fantasmer sur des gens,<br />
je trouve que <strong>le</strong>s seuls héros qu’on peut avoir,<br />
c’est soi-même. Cette sorte de désenchantement<br />
va peut-être amener à faire prendre<br />
conscience que la force, on l'a en soi et que<br />
c’est peut-être ça <strong>le</strong> nouveau monde et non<br />
pas toujours se dire que quelqu'un va pouvoir<br />
<strong>le</strong> faire à votre place et que si ça marche pas<br />
dans cette vie là, ça ira mieux dans une autre.<br />
Malgré tout, quand t’es ado, la musique ou<br />
certains textes sont des sortes de guides mais<br />
c'est pas <strong>pour</strong> ça que ça doit devenir des<br />
héros, c’est pas parce que ton héros est camé<br />
à mort que tu dois te camer aussi <strong>pour</strong> lui ressemb<strong>le</strong>r.<br />
J'ai été fan des musiciens, des émotions<br />
qu'ils me faisaient ressentir mais je n’ai<br />
jamais cherché à avoir <strong>le</strong>ur peigne ou <strong>le</strong>ur chemise.<br />
Je prenais davantage ça comme un tout,<br />
comme une philosophie, comme une manière<br />
de penser et de vivre. Tu peux aimer des gens<br />
sans <strong>pour</strong> autant <strong>le</strong>s mettre sur un putain de<br />
piédestal.<br />
Tu es un artiste qui travail<strong>le</strong> beaucoup avec d'autres<br />
artistes alors que, paradoxa<strong>le</strong>ment, tu es un peu en<br />
retrait du show-bizz. Comment se font ces rencontres<br />
?<br />
Ce sont <strong>le</strong>s hasards de la vie. On se croise, on<br />
par<strong>le</strong> un peu, on échange des numéros de téléphone.<br />
Je ne suis pas trop du genre à appe<strong>le</strong>r<br />
<strong>pour</strong> déranger <strong>le</strong>s gens ou <strong>pour</strong> proposer mes<br />
services alors souvent ce sont eux qui m 'appel<strong>le</strong>nt.<br />
Pour Johnny au Parc des Princes, je<br />
l'ai croisé dans <strong>le</strong>s backstages de l'Olympia, il<br />
m'en a parlé, m’a rappelé et j'étais content d'y<br />
être. Quand Véro Sanson m ’a appelé <strong>pour</strong> me<br />
dire qu’el<strong>le</strong> jouait aux Francofolies et me<br />
demander de jouer sur un titre, ça tom bait<br />
bien, c'était sur " On m'attends là-bas ", et<br />
j’aimais bien l'esprit un peu Stephen Stills du<br />
morceau. Il y a eu Monsieur Eddy, <strong>pour</strong> participer<br />
à son album précédent, et puis Jean-<br />
Louis Aubert ou Higelin ou Manu Dibango ou<br />
Alain Bashung. Il y a des gens avec qui je me<br />
sens bien. C’est <strong>pour</strong> ça que même par rapport<br />
à mon dernier album, quand j’ai eu des idées<br />
par rapport à Jean-Louis Aubert ou Richard<br />
Bohringer, j'ai décroché mon téléphone et puis<br />
ça s'est fait comme ça. Dernièrement, j’ai fait<br />
un truc avec Hubert Félix Thiéfaine qui est un<br />
mec que j’aime parce qu’il fait partie du même<br />
monde que moi.<br />
Justement, par rapport à HF Thiéfaine, dans une interview<br />
récente <strong>pour</strong> Rocksty<strong>le</strong>, il parlait de Paul Personne<br />
<strong>pour</strong> une aventure musica<strong>le</strong> possib<strong>le</strong>...<br />
(il lit) - Ah, super ! C’est sympa. Je suis ce qu'il<br />
fait depuis pas mal d’années et il m'a dit aussi<br />
qu’il avait des disques de moi. J’ai l'impression<br />
qu’on a la même trajectoire un peu parallè<strong>le</strong> à<br />
tout ce que l’on appel<strong>le</strong> show-biz, on passe<br />
pas très souvent à la radio, on passe très rarement<br />
à la télé et en même temps, on a un<br />
public et ça se passe bien. Quand j'ai eu l'oc-<br />
case de faire Taratata et qu’on m ’a dit que je<br />
pouvais inviter qui je voulais, je me suis dit<br />
qu'avec Hubert, on avait un point commun,<br />
c’était Bob Dylan, et que j'allais voir si on ne<br />
pouvait pas se faire une vieil<strong>le</strong> Dylannerie de<br />
derrière <strong>le</strong>s fagots. On l’a fait et on s'est bien<br />
marré. J'ai toujours été fan de la manière<br />
d’écrire de ce mec qui est complètement<br />
déjanté. C’est <strong>le</strong> seul à faire ça en France et<br />
j'aim e vachement ça. J'aime Higelin aussi<br />
parce qu’il a une manière d'écrire entre la réalité<br />
et la poésie qui est vachement balaize.<br />
Ta prochaine tournée commence dans quelques<br />
jours...<br />
Oui, ne me <strong>le</strong> rappel<strong>le</strong> pas trop...<br />
Si, justement, comment se sent-on à quelques<br />
jours du début ?<br />
Il y a des jours, ça va, et il y a des jours où<br />
je sens un noeud qui arrive entre <strong>le</strong> p<strong>le</strong>xus<br />
et l’estomac. Ca doit être encore mon vieux<br />
pote <strong>le</strong> doute qui vient me tenail<strong>le</strong>r, qui<br />
vient me fa it prendre conscience qu’il est<br />
im possib<strong>le</strong> d'être parfait et donc qu’il va fa lloir<br />
essayer d'être au mieux.<br />
Paul Personne n'est pas ton vrai nom, <strong>pour</strong>quoi<br />
avoir choisi ce pseudonyme ?<br />
Cel<strong>le</strong> là, ça faisait longtemps q u ’on ne me<br />
l’avait pas faite ! Je pensais que c’était<br />
oublié depuis longtemps, que tout <strong>le</strong> monde<br />
avait eu l'info et puis q u ’on en parlait plus...<br />
A cette époque, il devait y avoir des cam <br />
pagnes é<strong>le</strong>ctora<strong>le</strong>s à la télé avec tous ces<br />
mecs qui déboulaient et qui se prenaient<br />
<strong>pour</strong> <strong>le</strong> nom bril du monde ; parallè<strong>le</strong>m ent à<br />
ça, un pote m ’avait prêté “ L'Odyssée ” et<br />
il y avait ce passage avec Ulysse qui crève<br />
l'oeil du cyclope. Le cyclope d it " Qui es-<br />
tu ?" et Ulysse lui d it " Personne Au<br />
début, to u t <strong>le</strong> monde pensait à " Mon nom<br />
est personne " alors que ce n'était pas ça<br />
du tout. Donc, avec tous ces politiques, je<br />
me disais “ mais qu'est-ce qu'on est de<br />
plus qu’un être hum ain, <strong>pour</strong> qui se prennent-ils<br />
ces mecs là ? Quelque part on est<br />
vraim ent personne Et plutôt que d ’avoir<br />
un nom clinquant - j ’aurais pu m ’appe<strong>le</strong>r<br />
Paulo La Chance, ça aurait été m arrant <strong>pour</strong><br />
un mec qui fa it du blues - j'a i trouvé qu'en<br />
prenant un bout de mon prénom , c'est à<br />
dire en prenant Paul et puis Personne,<br />
c ’était bien, je trouvais que ça m ’a lla it bien<br />
en tem ps qu'être hum ain. Evidem m ent, <strong>le</strong>s<br />
journalistes ont fa it tous <strong>le</strong>s jeux de mots<br />
possib<strong>le</strong>s.<br />
Et tu n'en a jamais marre de ces jeux de mots ?<br />
Non, parce que j'y ai pensé avant. Dés <strong>le</strong><br />
m om ent où j'ai pris ce nom là, je me suis d it<br />
que <strong>le</strong> prem ier truc, c'était " tu vas voir qui,<br />
ce soir ? - Ben j'vais voir Personne ’’ ou<br />
tous <strong>le</strong>s plans du genre 1 Personne devient<br />
quelqu'un Ceux-là, je <strong>le</strong>s ai pensés à<br />
l’avance, y’en a deux trois qui m 'ont étonné,<br />
qui m'on fait rigo<strong>le</strong>r parce que je n’y avais<br />
pas pensé mais j'a i tendu <strong>le</strong> bâton <strong>pour</strong> me<br />
faire battre donc c'était p lutôt m arrant, m<br />
Printemps 97<br />
Photo : Claude GASSIAI