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Reynouard – Lettre à Jean-Marie Le Pen

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Finalement, du fait de vos prises de position passées, votre situation actuelle est sans<br />

issue : si vous tenez votre discours traditionnel, 95 % des électeurs vous rejettent ; si vous<br />

jouez la carte de la « respectabilité », 80 % des électeurs vous rejettent encore et vous vous<br />

faites dépasser sur votre gauche par des gens qui, eux, tiennent le même discours sans traîner<br />

les boulets que vous traînez, donc qui peuvent prétendre <strong>à</strong> l’efficacité.<br />

Aller plus loin encore dans la voie de la « respectabilité »<br />

ne servira <strong>à</strong> rien<br />

Dès lors, que faire ? Beaucoup de vos proches prôneront la voie de la « respectabilité »<br />

toujours plus grande. <strong>Le</strong>ur espoir est qu’un jour, <strong>à</strong> force de professions de foi « politiquement<br />

correctes », les attaques dont vous et le FN êtes les victimes seront sans objet. Suprême<br />

naïveté, pour trois raisons.<br />

- <strong>Le</strong>s trois raisons d’un échec programmé<br />

1°) Un passé vous « colle <strong>à</strong> la peau »<br />

On ne se débarrasse pas de son passé, surtout quand vos adversaires savent que son rappel<br />

est une arme politique redoutable, parce qu’il provoque le rejet épidermique mentionné plus<br />

haut. A jamais, vous resterez le « facho », le « nazi ». Si, demain, votre fille Marine vous<br />

remplace, son nom de famille suffira pour que ce passé soit encore rappelé. Et même si le FN<br />

est repris par une personne qui ne s’appelle pas <strong>Le</strong> <strong>Pen</strong>, son simple statut de « successeur de<br />

<strong>Le</strong> <strong>Pen</strong> » suffira ; le slogan « F comme fasciste, N comme nazi » fonctionnera toujours...<br />

2°) <strong>Le</strong>s « leçons du passé » sont toujours invoquées contre vous<br />

En 2002, vous avez effectué une campagne électorale exemplaire, affirmant vos convictions<br />

républicaines et démocrates (avec notamment la brochure « 5 référendums pour un<br />

quinquennat »), tenant un discours modéré, lisse, sans « dérapages » et apparaissant comme<br />

un grand-père tranquille. Bref, vous avez joué <strong>à</strong> fond la carte de la « respectabilité ». Cela n’a<br />

servi <strong>à</strong> rien. Votre accession au deuxième tour n’a pas été due <strong>à</strong> un raz-de-marée frontiste,<br />

mais <strong>à</strong> l’effondrement du candidat Jospin. Et le 5 mai 2002, les 80 % en faveur de J. Chirac<br />

ont démontré que personne — ou presque — n’avait été convaincu par votre offensive de<br />

charme…<br />

Cela n’a rien d’étonnant. Vous présentez-vous comme un démocrate ? On vous répond<br />

comme cet immigré clandestin : « <strong>Le</strong> <strong>Pen</strong> est un nazi. Et comme Hitler, il veut être élu<br />

démocratiquement ».<br />

Tendez-vous la main au peuple en assurant que vous voulez son bonheur ? On lance<br />

comme J.-P. Fitoussi :<br />

Il ne faut pas être grand historien pour savoir que la stratégie de l’extrême droite est<br />

d’abord celle de promesses démagogiques pour conquérir le pouvoir et ensuite, une fois le<br />

pouvoir conquis, la violence dans toutes ses dimensions […].<br />

Tenez-vous des propos modérés ? On rétorque, comme ce lecteur de Libération, que vos<br />

discours et vos comportements « ne se sont que très momentanément adoucis pour pouvoir<br />

bientôt prendre une ampleur inouïe ».<br />

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