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La Peste à Bagnères et dans le Haut-Adour<br />

1588 : LILOYE<br />

Récit de Navarrine de Pourgalane, 90 ans et relaté dans "Notre Dame de Mèdous" par<br />

l'Abbé Théas aus Editions Lethielleux Paris 1897: Liloye et la Peste de 1588.<br />

Texte original en vieux <strong>fr</strong>ançais.<br />

Statue en bois<br />

représentant Liloye,<br />

récemment restaurée<br />

et remise en place à<br />

la fontaine Rieunel,<br />

au Vallon de Salut<br />

de Bagnères.<br />

A dit sçavoir que, l'année avant que la contagion arrivat en la ville de Baignères, qui feust en<br />

l'annèe mil cinq cens huictante huit, l'hiver feust sy rude que l'Adour se glassa et qu'on faisait<br />

des trous en la glasse pour abreubé la bestailh et qu'on allait rompre la glasse auprès du<br />

molinet du molin avec de marteaux pour pouvoir moildre le bled et faire de faline, et qu'il<br />

faloit remettre le pain dans le four pour le faire desgeller ou le rompre avec une coignée et que<br />

jamais plus auparavant ny depuis on n'a vu une telle glasse...<br />

Que la mesme annèe devant la peste y pleust tant pendant quelques jours que l'eau entroit par<br />

toutes les maisons de la ville et passoit par dessus les ponts de l'Adour, et jamais plus on n'a<br />

veu une telle inundation d'eau; que la mesme année devant la peste, la veilhe de Pasques y<br />

tomba si grand quantitè de nege qu'on ne pouvait aller par les rues, n'y entré ni sourty de la<br />

ville et que les chabreaux ni aigneaux qu'on pourtoit au marchè moreurent par le chemin, et<br />

que jamais plus on n'a voeu une sy grande abondance de nege...<br />

Qu'en la mesme annèe devant la contagion, la veille de Saint-Jean, y fist un tel ouraige et<br />

gresla si estrangement que la gresle tuoit les oueseaux à la campaigne et les toicts des maisons<br />

estoient rompus et les arbres des champs arrachés ou les branches coupés, et que jamais plus<br />

on n'a veu une gresle si grosse; que trois ou quatre mois devant la contagion toutes les eaux<br />

tant de riviéres que de fontaines feurent chargés de poil de chébre, quy sembloit avoir de<br />

mouvement comme si l'eust de la vie, et que l'on croyoit que se feust quelque sorte de bermine


et qu'il fallait coller l'eau que les hommes et les bettes devoient boire et que jamaisplus on n'a<br />

veu l'eau si corrompue.<br />

Que quelque tems devant la contagion les truictes sourtoint du canal de l'Adour et entroient<br />

dans les ruisseaux de la ville et qu'on en prenoit grande quantité quy avoit un pann, d'autres<br />

deux panns de long et que jamais plus on a veu entré des truictes dans le canal de la ville.<br />

Qu'en cette mesme saison, quelque peu de temps avant la contagion, les chains et les chats ne<br />

faisoit qu'abbayé et urlè nuict et jour extraordinairement dans les maisons et par toutes les<br />

rues de Baignères et que jamais plus on n'avoit ouy un tel urlement de chains.<br />

Qu'en ce mêsme temps, il y avoit à Baignères une pauvre femme nommée Domenga Liloye,<br />

native de Beaudéan, et filhe de Mathèou de Youanollo, laquelle feust mariée avec un homme<br />

nommé d'Aurore duquel elle eust une filhe nommée Andrette âgée de treitse ou quatorze ans<br />

et belle comme un ange. Estant vefve, elle se retira au pied du Pouey de Baignères avec sa<br />

fille et elle estoit si debotte qu'on disoit communement, qu'en on voyoit quelqu'un pratiquè la<br />

dèvotion, qu'il seroit un jour une aultre Liloye et lad.<br />

Liloye ne paraisoit guere en public que pour aller à l'église et aux processions, elle marchait<br />

pied nue et passoit par dessus la glace et par les chemins les plus raboteus lorsqu'elle sy<br />

rencontroit, sans se détouner de sa debvotion et q'elle faisoit aller sa filhe de la mesme façon.<br />

Que tout le monde admiroit leur debvotion et mortification; que ladite Liloye avoit une<br />

particuliere debvotion à Notre Dame de Mèdous et qu'elle y aloit ordinairement chaque jour<br />

toute pied nue prier Dieu, et que mesme on l'a veue souvant y aller à genous, et qu'on a ouy<br />

dire à ladicte Liloye que Nostre Dame lui avait apareu en l'esglise de Mèdoux en forme d'une<br />

belle damoiselle bestue de blanc...<br />

Qu'il lui dict d'aller advertir Messieurs les ecclesiastiques et les consuls de Baignières qu'un<br />

grand malheur leur devait arriver bien tost s'ils ne faisoient promptement penitence et ne se<br />

mettoyent en prière, mais qu'ils fisent quelques processions generalles à l'esglise de Medoux<br />

et qu'elle les preserveroit de se malheur; et que ladicte Liloye parla aux messieurs de<br />

Baignières de la part de Nostre Dame, mais qu'ils ne tindrent compte de son advertissement.<br />

Que peu de temps après la peste vint à Baignières et qu'elle empourta de six pars les cinq du<br />

peuple et qu'il n'y resta en vie que ceux qui s'en estoient fuis fort loing de la ville; mais<br />

qu'après ceux qui se trouverent dedans feurent morts, la peste cessa...<br />

Que un an pres que ceux de dehors eurent bien fait purifier les maisons et qui y feurent<br />

retournés dans la Ville,une des principalles femmes de Baignères nommèe Simone de<br />

Souville dicte Morelle dict à Liloye en railhant que Nostre-Dame ni elle ne debvoient point<br />

avoir faict tant de peur à la Ville, parce que cette peste n'avoit esté que pour les pauvres et que<br />

les gens de peu seulement y estoient morts pour naoir eu moyen de se sogner; et que ladicte<br />

Liloye respondit à ladicte Simonne de Souville surnommèe Morelle qu'elle ne leur avoit dict<br />

rien que ce que Nostre Dame lui avait commandè de leur dire.<br />

Que la mesme Liloye continuoit toujours de <strong>fr</strong>equenter l'esglise de Medoux aussy bien au<br />

tems de la peste que au tems de la santé et qu'elle batoit sa poitrine avec une pierre pour<br />

demandé à Dieu et à Nostre-Dame misericorde pour le pauvre peuple de Baignières, et<br />

qu'enfin le peuple voyant un si grand fléau le peuble fist veu d'aller en procession à Nostre<br />

Dame de Medoux et que la peste cessa incontinenet que le veu fut faict; que alant en<br />

procession à Medus, ladicte Liloye et a filhe estoient habillés de blanc comme des religieuses<br />

et qu'elles y alloient neus pieds devant tout le peuble, ayant chacune un sierge blanc à la main,<br />

et que tous ceux quy peurent marcher, grands et petits, alarent aussi à ceste procession, et<br />

mesme les religieux de Saint-Dominique y feurent affin de randre graces tous ensemble a la<br />

Sainte Vierge de ce qu'elle leur avoit obtenu la santé de leur ville.<br />

Qu'apres que ce veu feust accomply et qu'on jouict d'une bonne et assurée santé, les messieurs<br />

de Baignières deslibererent d'entretenir ladicte Liloye et sa filhe aux despans de la


communauté en recognoissance de ce bienfaict et que Liloye les pria de la mettre avec sa filhe<br />

en quelque couvent de Religieuses ou elles pensent servir Dieu avec plus de recolection, ce<br />

que leur feust accordé; et que Martial Frexou, parrin de la filhe de Liloye, feust depputé de la<br />

ville de Baignières pour les conduire toutes deux mère et Filhe, à Valbonne quy est un<br />

couvent de religieuses de Saint Bernad au terroir ou abaye de Poublet(*) en Espaigne, et qu'on<br />

les conduisit en ses qartiers là parce que les couvents quy estoit en Bigorre et aux environs<br />

avoit esté ruinés par les Huguenauts, et plus a dict n'en sçavoir, mais ce dessus estre véritable<br />

pour l'avoir veu et entendu elle mesme, Recollée, apperceverée et a dit ne sçavoir ecrire, en<br />

présences desd. de Lanne, Dumoret, Carrere et Destors, Notaire de la Ville susdicte.<br />

La peste de 1653<br />

Sources : Archives Municipales de Bagnères Liasses du RP Laspalles<br />

En 1653, il y eut une nouvelle épidémie de peste.<br />

Diverses pièces des comptes du Trésorier municipal, conservés aux archives, notent que le 9<br />

novembre 1653, les Consuls payèrent la somme de 10000 livres au sieur Thomas de Gordan,<br />

maître désinfecteur des maisons, chargé de la purification des immeubles, et une somme de 79<br />

livres 6sols, allouée au sieur Mauras, apothicaire pour drogues fournies à cette occasion<br />

(Liasse 25, n° 25 et 26).<br />

Dans cette seconde période le mal fut moins considérable, mais l'épouvante fut aussi grande.<br />

Les principaux habitants désertèrent la Ville pour se réfugier dans les lieux circonvoisins. Les<br />

marchés furent interrompus, puis transférés à la Coume, sur la route de Toulouse, près de<br />

Mérilheu. La Municipalité fut obligée d'emprunter du blé, de l'orge, du seigle pour<br />

l'alimentation des malheureux habitants. Les assemblées communales ne se tinrent plus à<br />

l'Hôtel de Ville, mais aux Vigneaux. L'hôpital étant encombré, on dut placer des malades au<br />

quartier du Pont d'Arras. il fallut construire au dessus du Rocher de la Peyrie, au quartier du<br />

castéra (Métaou) et du côté de Salut des baraques en planches pour y loger les personnes<br />

atteintes et qui n'avaient pu trouver place ailleurs.<br />

La mortalité fut considérable. Le quartier le plus maltraité fut celui du pied du Pouey, où il ne<br />

resta presque personne. Les décédés étaient ensevelis au cimetière de l'hôpital Saint<br />

Barthélemy*, hors ville. Mais bientôt, on ne trouva plus personne qui voulut s'exposer à la<br />

contagion, en portant les décédés au cimetière. Des comptables remplaçant des consuls<br />

absents se rendirent à Asté où la peste sévissait et ils prirent deux hommes qui "servaient de<br />

corbeaux pour ensevelir les morts" pour remplir cet office à Bagnères. On acquitta leur<br />

dépense et on continua à les payer quand ils faisaient leur quarantaine. On faisait aussi<br />

ensevelir les pestiférés par des personnes atteintes elles-mêmes par la contagion. Vers la fin,<br />

un décès s'étant encore produit on fit venir d'Orignac, deux femmes infectées pour ensevelir<br />

un pestiféré.<br />

La maladie venue dit-on de Beaudéan, s'étendit ensuite à Asté puis à Campan. Elle passa<br />

ensuite à Gerde, Pouzac, Trébons, Montgaillard, Ordizan et Mérilheu.<br />

En 1654, la peste apparaissait à Lesponne. La même année, elle se déclara à Tarbes d'où elle<br />

gagna rapidement les localités voisines. La peste pénétra également dans la vallée d'Aure. Elle<br />

sévit à Cadéac où plus de 240 personnes moururent de 1653 à fin mars 1654, puis de fin<br />

septembre 1654 à fin janvier 1655.


*Ce Cimetière se situait à l’emplacement des terrasses des Thermes, au-dessus des terrains de<br />

tennis.<br />

Quelques dates* :<br />

1348 : Epidémie de peste noire en Bigorre, les trois quarts des habitants de Luz St Sauveur<br />

sont décimes.<br />

1506 : Première épidémie répertoriée de Peste à Bagnères<br />

1560 : Naissance à Beaudéan, de Liloye Jouhanolou, qui, en 1587 sauva une partie des<br />

habitants de Bagnères<br />

1587 : Epidémie de Peste à Bagnères, suite à un hiver extrêmement rigoureux durant lequel<br />

l'Adour a entièrement gelé et ou, selon les récits de l'époque "les oiseaux gelaient en plein<br />

vol" et les truites agonisaient sur les berges après avoir quitté la rivière.<br />

1589 : Deuxième épidémie de peste à Bagnères: Liloye sauve les habitants de la Ville<br />

1628 : réapparition de la peste en Bigorre: Une réunion de voisinage à lieu à Bagnères. La<br />

quarantaine est décidée pour les gens venant de Toulouse : Certains le furent à Merilheu.<br />

1631 : La Peste rode du coté de Lannemezan - Les étrangers sont expulsés de Bagnères.<br />

1633 : Cas de peste authentifié à Lescaladieu<br />

1648 : Enquête sur les épidémies de Peste à Bagnères et les miracles de Liloye<br />

1653 : Epidémie à Bagnères<br />

1654 : Un "chirurgien de la Peste" est appelé à Bagnères: On procède à la désinfection des<br />

maisons en y brûlant des herbes et l'on traite les malades avec des potions vendues par<br />

l'apothicaire Mauran. Des huttes en bois sont construites à Salut pour isoler les plus<br />

contagieux auxquels on porte de la nourriture plusieurs fois par semaine.<br />

La peste réapparaît à Lesponne ,avant de gagner la vallée d' Aure (240 Morts à Cadèac) puis à<br />

Tarbes.<br />

1813 : La Peste est de retour par l'Espagne - Les lettres en provenance de ce pays sont<br />

trempées dans le vinaigre pour désinfection.<br />

* Sources :<br />

- Glanes Bagnèraises – René Escoula - 1926 Editions de la Petite Gazette<br />

- Notre Dame de Mèdous - par l'Abbé Théas aus Editions Lethielleux Paris 1897<br />

- Calendrier historique de Campan – JJ Agostini - Editions Histodif – 1993<br />

- Archives Municipales de Bagnères – Liasses du Révérend Père Laspalles<br />

Chapelle de l’hospice St Barthélemy de Bagnères de Bigorre, sur la droite le Kiosque.

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