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CONFERENCE DE MME FORTIN SUR LA MOTTE FEODALE - a3w.fr

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Nuit romane à la Croix-Comtesse : la motte féodale<br />

Histoire liée à l’apparition du site<br />

Présentation à l’entrée du site.<br />

Les causes<br />

L’effondrement de l’Empire carolingien<br />

Après la mort de Charlemagne, roi des Francs et Empereur d’Occident,<br />

Des querelles de succession conduisent à l’effondrement définitif de l’Empire<br />

carolingien au milieu du IXème siècle<br />

Les invasions barbares déstabilisent le pays<br />

o Des Hongrois à l’Est<br />

o Des Sarrasins au Sud<br />

o Des Normands au Nord<br />

⇒ Cela entraîne une situation d’insécurité permanente<br />

⇒ Et précipite la décomposition du pouvoir civil.<br />

La naissance du pouvoir de ban<br />

Profitant de cette situation, les plus puissants des anciens propriétaires terriens tentent<br />

d’accaparer pour leur seul profit les pouvoirs de justice, administration, sécurité<br />

auparavant dévolus au Roi : le pouvoir de ban<br />

On assiste à la naissance des principautés dans le premier tiers du Xème siècle<br />

Au-dessous de ces puissants seigneurs, les comtes, vicomtes et barons tentent à leur<br />

tour d’exercer le pouvoir de ban mais, dans l’impossibilité de dominer l’ensemble de<br />

leurs possessions, ils se voient forcés de déléguer leur autorité sur nombre de leurs<br />

terres<br />

De nouveaux centres de domination apparaissent : les châtellenies<br />

Les châtelains y sont détenteurs de fiefs modestes et commandent seulement à des<br />

tenanciers et à des vilains<br />

Les châtellenies<br />

o Résultent de l’éclatement du pouvoir<br />

o Sont l’aboutissement de ce processus de décomposition<br />

o Constituent le dernier degré de la pyramide féodale.<br />

L’expression du pouvoir<br />

Le château s’impose comme le lieu idéal de l’exercice de ce nouveau type de pouvoir<br />

Le nouveau système d’encadrement des hommes est organisé à partir et au moyen du<br />

château<br />

⇒ Il n’y a pas de pouvoir sans château.<br />

⇒ La conquête des nouveaux territoires est marquée par la construction de châteaux à la<br />

forme caractéristique : les châteaux à motte… dont la motte seule subsiste à La Croix-<br />

Comtesse.<br />

Le château devient<br />

Le symbole de la domination sur le territoire<br />

Le centre de la défense de ce territoire.<br />

1


Une situation privilégiée<br />

Comme les autres mottes castrales, la motte de La Croix-Comtesse s’élève à un emplacement<br />

privilégié.<br />

Une implantation privilégiée de la motte sur les axes de communication et d’échange<br />

A un carrefour de chemins médiévaux, marqué par une croix à l’époque médiévale<br />

⇒ Le toponyme de La Croix-Comtesse est probablement à mettre en lien avec cette<br />

situation<br />

Sur un passage routier important, générateur de produits fiscaux : le chemin rochellois<br />

ou chemin du sel qui conduit « l’or blanc » des Salines de l’Atlantique vers l’intérieur<br />

des terres, Limousin, Massif-Central, dans des couffins transportés par des ânes sur cet<br />

itinéraire Ouest-Est<br />

⇒ Cette implantation privilégiée de la motte sur les axes de communication et d’échange<br />

o Permet le contrôle des péages et du carrefour : à l’époque, les fiefs s’appellent<br />

des « fiscus », ce qui donnera le mot « fisc », terme qui désigne bien un<br />

premier usage de prélèvement sur la production et les échanges : les mottes<br />

sont donc des entreprises fiscales…<br />

o Permet un contrôle du fief.<br />

La relation aux dé<strong>fr</strong>ichements<br />

Entre le Poitou et les pays charentais, les mottes jalonnent les lisières Nord et Sud de la<br />

grande forêt d’Argenson<br />

Elles constituent des points d’appui dans les dé<strong>fr</strong>ichements des XIème et XIIème<br />

siècles<br />

Elles jouent un rôle dans la stabilisation des champs cultivés<br />

Le parcellaire en lanières axées sur la motte figurant au cadastre d’aujourd’hui est<br />

probablement la traduction du finage du Moyen Age, c’est-à-dire des parcelles de<br />

terres cultivées par les villageois.<br />

⇒ Cette situation permet de tenir un rôle économique de premier plan<br />

o En protégeant les activités rurales environnantes, notamment l’agriculture<br />

o En assurant leur développement.<br />

Présentation de la motte de La Croix-Comtesse<br />

Présentation au bord du fossé.<br />

Qu’est-ce qu’une motte ?<br />

Description d’une motte<br />

La motte est une élévation de terre, parfois naturelle, le plus souvent artificielle : à cette fin,<br />

on creuse un profond fossé, rarement en eau, qui forme une partie de l’enceinte<br />

⇒ Les terres rejetées servent à surhausser l’espace interne<br />

⇒ L’élévation, au centre du fossé, d’un tertre que l’on appelle la motte.<br />

Le surplus des déblais est ordonné en cordon à proximité de la contrescarpe : il constitue une<br />

ligne défensive concentrique supplémentaire.<br />

La motte de la Croix-Comtesse<br />

La motte de la Croix-Comtesse est un vaste espace légèrement ovalaire, en forme de tronc de<br />

cône aplati et irrégulier dont les dimensions atteignent<br />

2


Trente-six mètres dans la plus grande largeur<br />

Quarante-deux mètres dans la plus grande longueur<br />

Moins de trois mètres de hauteur : de un à deux mètres, semble-t-il, selon les<br />

déformations du terrain<br />

L’emprise au sol couvre 1500 mètres carrés : la plate-forme sommitale doit être assez large<br />

pour ménager une terrasse souvent bordée par une palissade de pieux pointus<br />

Qu’on peut parfois reconstituer grâce aux trous d’ancrage des principaux poteaux qui<br />

ont subsisté,<br />

Elevée sans doute à hauteur d’homme, sinon plus.<br />

Aucune trace de rempart renforçant le fossé ne subsiste à La Croix-Comtesse.<br />

Le fossé<br />

Le fossé qui cerne la motte constitue une ligne de défense. A La Croix-Comtesse, cette douve<br />

est inégalement conservée<br />

Car le fossé est en partie affaissé<br />

Car il est comblé au Sud Ouest.<br />

Cependant, les relevés archéologiques attestent<br />

Un profil en forme d’auge ou de U<br />

Une profondeur de trois mètres<br />

Une largeur de surface de dix mètres au maximum.<br />

Rien n’indique plus comment on le <strong>fr</strong>anchissait. Souvent, une passerelle escamotable<br />

enjambait le fossé.<br />

Le château à motte<br />

La naissance du château à motte<br />

Au sommet de cette motte, les seigneurs édifient une architecture de faible superficie car la<br />

plate-forme possède des dimensions relativement réduites : souvent une tour en bois de plan<br />

carré ou rectangulaire.<br />

La symbolique du château à motte<br />

On assiste à la naissance du château à motte dans le courant du Xème siècle<br />

La diffusion du château à motte se répand rapidement de la Flandre à l’Aquitaine dès le<br />

premier quart du XIème siècle car cela correspond<br />

A la matérialisation dans la hauteur et la construction de la réussite politique de son<br />

possesseur favorisée par un moment d’écartèlement politique<br />

A la recherche d’une protection individuelle<br />

⇒ C’est un abri doublé d’un instrument de domination pour son propriétaire.<br />

On cessera de construire ce type de fortification au XIIème siècle suite à l’évolution de la<br />

poliorcétique (art de faire les sièges).<br />

Les conséquences<br />

La prolifération des mottes souligne la lente émergence des pouvoirs de l’aristocratie<br />

médiévale en affirmant la puissance légale ou usurpée du maître des lieux<br />

⇒ Les princes peinent à garder le contrôle du territoire et tentent d’enrayer la<br />

prolifération des forteresses privées<br />

Charles le Chauve le signifie dans le second capitulaire de Pitres, rédigé en 864 :<br />

« Nous voulons et faisons savoir que quiconque aura construit actuellement des<br />

castella ou d’autres ouvrages défensifs sans notre permission devra les avoir détruits<br />

3


pour le mois d’août, car les habitants du voisinage en supportent beaucoup de<br />

dommages et de contraintes. »<br />

Le duc de Normandie précise<br />

« Il n’est permis à personne en Normandie de creuser un fossé en terrain plat sinon<br />

d’une profondeur telle que l’on pût rejeter la terre au sommet du tas sans relais… »<br />

Un moine n’a pas craint de qualifier de « châteaux adultérins » ces châteaux élevés<br />

contre la volonté des suzerains.<br />

Suger, l’abbé de Saint-Denis, parle de forteresses illicites, de châteaux subversifs, de<br />

châteaux scélérats quand ils appartiennent aux seigneurs rebelles.<br />

Les vestiges<br />

Compte tenu de la nature périssable du matériau, il reste peu de vestiges en élévation de ces<br />

premières forteresses de terre et de bois<br />

Des terrassements uniquement : levées de terre, mottes et fossés<br />

Quelques témoignages littéraires et artistiques, comme « La Broderie de Bayeux »,<br />

attribuée à la reine Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant pour commémorer la<br />

conquête de l’Angleterre et la bataille d’Hastings en 1066<br />

Des traces dans la toponymie : La Motte Beuvron, La Motte-Saint-Héray…<br />

Les avantages<br />

Cependant, la forteresse de terre et de bois of<strong>fr</strong>e plusieurs avantages<br />

Les châteaux à mottes sont faciles à défendre avec peu de monde<br />

Ils sont faciles à construire sans compétence particulière car on fait appel à des<br />

techniques usuelles pour les populations rurales<br />

o De lourds travaux de terrassement et de tassement des terres pour assurer la<br />

stabilité<br />

o Abattage et façonnage du bois…<br />

La construction est économique car on trouve sur place<br />

o Une main d’œuvre peu qualifiée<br />

De terrassiers<br />

De bûcherons<br />

De charpentiers<br />

o La main d’œuvre pour l’entretien nécessaire afin<br />

De contrarier l’érosion de la motte provoquée par les pluies et les eaux<br />

de ruissellement<br />

D’éviter l’éboulement des ouvrages<br />

D’empêcher le comblement des fossés…<br />

Ils sont rapides à construire ou à reconstruire avec des matériaux foisonnants sur le site<br />

o Argile pour la motte<br />

o Bois de la forêt environnante pour la tour, les palissades, les petites<br />

constructions annexes… car les travaux de dé<strong>fr</strong>ichement mettent en<br />

correspondance<br />

Les superficies nécessitées par les activités agro-pastorales<br />

Les pondéreux approvisionnements en bois d’œuvre.<br />

Le matériau bois est en abondance sur le site car les forêts, qui avaient<br />

bénéficié d’un temps <strong>fr</strong>ais et humide du VIème au VIIIème siècle, couvraient<br />

le tiers du territoire actuel de la France, n’ayant pas encore subi les vastes<br />

dé<strong>fr</strong>ichements du XIIIème siècle.<br />

4


Par exemple, le château d’Hastings, construit sur l’ordre de Guillaume le Conquérant,<br />

au lendemain de la victoire de 1066, fut achevé en deux semaines.<br />

Le temps moyen nécessaire à la construction d’un château à motte était d’environ deux<br />

mois pour une centaine de terrassiers et une quinzaine de bûcherons et de charpentiers<br />

Les inconvénients<br />

L’absence de vestiges tient à la vulnérabilité des châteaux à mottes qui ne résistent<br />

Ni au feu<br />

Ni à la sape<br />

Ni au temps…<br />

La transformation des châteaux à mottes<br />

L’exiguïté de la plate-forme sommitale se prêtait mal à des constructions résidentielles ou<br />

économiques<br />

⇒ Comme dans de nombreuses mottes, des bâtiments furent probablement élevés dans<br />

une basse-cour accolée au fossé, protégée<br />

o Sans doute par un second fossé car on semble encore en discerner le tracé<br />

o Peut-être par une palissade de pieux plantés le long du tracé du fossé<br />

Ce second fossé limitant la basse cour semble revivre aujourd’hui sous la forme de la Rue des<br />

Douves, de la Rue de l’Amitié et de la Rue de l’Effort dans lesquelles se love le village<br />

actuel : il faut souligner que le nom de ces rues n’est pas le <strong>fr</strong>uit du hasard : les noms sont<br />

issus de la mémoire collective, traduisant bien des siècles plus tard, un patrimoine disparu.<br />

L’ensemble constitue le castrum séparé en deux parties<br />

D’une part, la motte féodale : lieu dominant et symbole de l’autorité seigneuriale<br />

D’autre part, la cour où sont disposés les bâtiments réservés au service : une cour<br />

basse dont le nom « basse-cour » traduit bien les positions physique et hiérarchique<br />

⇒ De là surgira l’expression « mener la vie de château » marquant un fossé entre les<br />

deux composantes de la population du site.<br />

La fonction de la tour<br />

La tour de bois peut être résidentielle ou uniquement défensive.<br />

Une tour uniquement défensive<br />

Restituer dans le détail les modalités d’une occupation sur plusieurs niveaux dans la tour<br />

relève de l’impossible. Néanmoins<br />

Le manque de lumière et d’aération pour mener une vie normale permet d’affirmer que<br />

certains donjons<br />

o Ne pouvaient être occupés que par des gardes<br />

o Ne servaient que de refuges au moment des dangers : ils étaient alors de<br />

dimensions modestes.<br />

Dans aucun des donjons édifiés au XIIème siècle, on ne trouve trace de cheminée.<br />

Les cuisines sont des constructions annexes en bois ou en pisé<br />

⇒ La fonction est essentiellement défensive : la tour commande l’ensemble du site grâce<br />

à l’élévation conjuguée de la tour et de la motte.<br />

Le système défensif de ces premiers châteaux à motte ne consiste qu’en une<br />

accumulation d’obstacles<br />

o Fossés<br />

5


o Palissades et pieux<br />

o Motte…<br />

o Levées de terre<br />

La toponymie a conservé le souvenir de ces lieux de défense<br />

Plessis les Tours ou Plessis-Robinson, tiré du mot « plesses » issu de « palissades »<br />

La Ferté Saint-Aubin, associé à la fortification.<br />

Une tour résidentielle<br />

Dans un second cas, la tour peut abriter l’ensemble de la demeure seigneuriale, constituant<br />

ainsi la forme primitive du donjon résidentiel roman. Elle comprend plusieurs niveaux :<br />

Dans les profondeurs de la motte, sont creusés les caves et un puits, si indispensable<br />

en cas de siège<br />

Le rez-de-chaussée sert de grenier et d’entrepôt, de cellier : les biens de consommation<br />

à moyen ou long terme s’y entassent dans des jarres, des grands cof<strong>fr</strong>es…<br />

Le premier étage, purement résidentiel, est l’étage noble : il comprend<br />

o Un espace de vie et de réception: l’aula<br />

Les grandes salles d’apparat au-dessus d’un niveau de stockage et/ou de<br />

service constituent un programme précoce sur le continent :<br />

Sidoine Apollinaire et Grégoire de Tours évoquent déjà la disposition<br />

élevée de salles de festins<br />

Elle est présente dans un certain nombre de palais carolingiens<br />

⇒ Ces dispositions paraissent héritées de l’architecture palatiale de l’Antiquité<br />

o Un appartement privé<br />

Avec chambre : la camera<br />

Et chapelle : la capella<br />

Dès l’époque carolingienne, fortifiée ou non, une demeure seigneuriale comprend ces<br />

trois éléments fondamentaux : l’aula, la camera, la capella.<br />

Cependant, dans les résidences de l’aristocratie châtelaine, la tripartition est<br />

difficilement perceptible : par exemple, la chapelle est absente de beaucoup de sites.<br />

Seul le sommet de la tour remplit une fonction militaire : c’est le domaine<br />

o Des guetteurs<br />

o Des sergents attachés à la garde du logis<br />

o Des gardes « toujours prêts à intervenir.»<br />

⇒ Le donjon abritait donc une juxtaposition complexe d’êtres humains de condition<br />

sociale très diverse, voués<br />

o Les uns à des activités militaires<br />

Les miles : gardes à cheval<br />

Les milites castri : la garnison du château<br />

o Les autres à assurer la vie matérielle et l’entretien d’un petit groupe de<br />

privilégiés : le seigneur et sa mesnie, soit la maisonnée, composée de la<br />

famille, des compagnons et des serviteurs…<br />

Présentation de la basse-cour de La Croix-Comtesse<br />

Présentation au bord du fossé.<br />

Dans le cas où la tour n’est pas habitable, compte tenu de l’exiguïté des lieux, la maison<br />

seigneuriale et ses annexes se trouvent en contrebas, dans la basse-cour du château qui<br />

communique avec la motte probablement par un pont escamotable.<br />

6


Une basse-cour encombrée<br />

L’essentiel de la vie du château se déroule alors dans la basse-cour et, outre l’habitation<br />

seigneuriale, toutes sortes de constructions en bois à l’origine s’éparpillent dans cet espace<br />

taluté d’une manière qui semble plus ou moins anarchique comme plusieurs fouilles ont pu le<br />

révéler<br />

⇒ Les basses-cours des mottes castrales apparaissent en général encombrées<br />

De bâtiments et d’aménagements annexes<br />

D’espaces de circulation étroits.<br />

Les espaces de service<br />

Des constructions agricoles: silos, écuries à poulains, étables, granges…<br />

Des ateliers : les objets découverts par les archéologues permettent d’identifier<br />

o Des forges attestées par la présence de scories et objets métalliques retrouvés<br />

o Des ateliers de charpenterie ou menuiserie révélés par certains outils comme<br />

des gouges de menuisiers, des haches…<br />

Des constructions en bois réservées aux usages domestiques et comportant plusieurs<br />

foyers de plein air.<br />

Les bâtiments résidentiels<br />

Des bâtiments résidentiels pour le personnel du châtelain étaient disséminés dans cet espace<br />

Ils étaient couverts de matériaux périssables : chaume ou bardeaux<br />

Ils ne disposaient que d’un faible éclairage délivré par les foyers.<br />

Un lieu animé<br />

Cette basse-cour est le siège d’une intense activité :<br />

Activités agricoles, domestiques et artisanales d’une part<br />

Activités de loisirs pour le seigneur et sa mesnie d’autre part.<br />

Les activités rurales<br />

Présentation au bord du fossé.<br />

Les activités agricoles<br />

La culture<br />

Le matériel archéologique retrouvé au cours des fouilles sur plusieurs mottes, tels que<br />

faucilles, houes, fourches, haches, pelles… inclinent à penser que les paysans de la basse-cour<br />

pratiquaient plusieurs activités agricoles pour une production de type autarcique et que ce<br />

matériel participait à l’encombrement du site<br />

Une polyculture à dominante céréalière : blé, orge, seigle, millet, avoine… La culture<br />

de l’avoine se développe tout particulièrement autour de l’An Mil, en liaison avec<br />

l’essor de la cavalerie à cette époque<br />

Un peu d’horticulture : pois, fèves, chanvre…<br />

L’entretien de prairies à graminées pour l’élevage<br />

Un peu d’arboriculture : arbres <strong>fr</strong>uitiers, vigne plus importante qu’aujourd’hui<br />

De l’essartage : haches d’abattage et émondoirs rappellent l’importance de l’essartage<br />

et des dé<strong>fr</strong>ichements dans la naissance des mottes.<br />

7


L’élevage<br />

Les toits et enclos des différents animaux élevés occupent une partie de la basse-cour.<br />

L’élevage est majoritairement porcin, destiné à la consommation<br />

Mais l’importance des équidés est à souligner<br />

Par l’omniprésence du cheval<br />

o Le cheval de selle et le cheval de combat sont attachés au prestige social du<br />

maître et sont les compagnons essentiels des milites castri composant<br />

l’aristocratie villageoise<br />

o Le sommier est un cheval de trait ou de bât qui participe aux multiples<br />

corvées de dé<strong>fr</strong>ichement, de transport de matériaux…<br />

Par l’importance de la mule qui est considérée aux Xème et XIème siècles comme<br />

un luxueux animal de selle, non comme une bête de bât<br />

Bœufs, vaches, ovins et caprins sont élevés pour<br />

o La viande<br />

o Le lait<br />

o La laine ou le cuir<br />

o Pour la force de travail qu’ils représentent.<br />

Quelques oiseaux de basse-cour : l’oie, la poule…<br />

o Dont on consomme les œufs et la viande<br />

o Dont on utilise la plume.<br />

Les activités artisanales<br />

Divers bâtiments sont dévolus à l’artisanat.<br />

La maréchalerie: un artisanat essentiel à l’agriculture et à la vie militaire<br />

o Pour la fabrication et l’entretien des outils et des armes<br />

o Pour le ferrage des chevaux des milites castri : dans un certain nombre de sites, on<br />

a retrouvé des mors, des éperons, des étriers, des fers d’équidés comme à Andone,<br />

près d’Angoulême<br />

Le travail de la peau était répandu: des alènes, des poinçons découverts sur les sites<br />

témoignent du travail sur le traitement des cuirs<br />

L’artisanat textile est attesté par divers outils<br />

o Des forces et des peignes utilisés pour le traitement de la laine des moutons<br />

o Des peignes à carder pour le travail du chanvre<br />

o Des fusaïoles servant à transformer la filasse en fil, des lissoirs en verre…<br />

évoquent les activités textiles liées au chanvre et au lin<br />

L’artisanat du bois de cerf dans les IXème-XIIème siècles connaît son âge d’or : Il<br />

utilise des bois de mue tombés à la fin de l’hiver et des bois issus des massacres de la<br />

chasse<br />

Une autre matière première est utilisée pour fabriquer de petits objets : la corne<br />

Plus tard, surtout au cours du XIIIème siècle, les ossements d’animaux domestiques<br />

deviennent progressivement la première matière première utilisée : les mammifères<br />

domestiques consommés produisent quantité d’os grâce aux activités de boucherie et<br />

de cuisine.<br />

Les activités domestiques<br />

La cuisine<br />

L’essentiel de la cuisson a lieu à l’extérieur car les salles sont peu ventilées.<br />

8


Les activités du châtelain et de sa mesnie<br />

Présentation au bord du fossé.<br />

Diverses sources attestent des activités du châtelain et de sa mesnie sur les mottes castrales.<br />

Les exercices militaires<br />

La Broderie de Bayeux et les textes suggèrent la pratique d’exercices d’entraînement<br />

militaire sur ces sites à vocation défensive<br />

La découverte du mobilier archéologique le confirme : pointes de flèches, épées,<br />

éperons…<br />

La préparation à la chasse<br />

Diverse formes de chasse sont attestées par les sources écrites et iconographiques nécessitant<br />

le recours à des animaux spécifiques<br />

⇒ La construction de bâtiments adaptés contribue encore à l’encombrement.<br />

La chasse au cerf menée avec des chiens particuliers : les brachets<br />

La chasse à courre exigeant<br />

o Une meute de chiens pour épuiser l’animal… et la place pour les héberger<br />

o Des montures dont certaines sont présentes dans la basse-cour, même si les<br />

prairies environnantes constituaient le principal habitat pour les équidés<br />

La chasse à l’autour ou au faucon nécessitant un petit espace de volerie<br />

La chasse au sanglier à l’épieu<br />

La chasse au lièvre ou au lapin à l’arc<br />

La chasse à la <strong>fr</strong>onde.<br />

Si ces trois dernières chasses ne requièrent pas d’espace particulier, elles exigent des espaces<br />

appropriés<br />

Pour l’entraînement aux exercices d’adresse<br />

Pour le traitement du gibier selon différentes exploitations<br />

o Viande pour la consommation : chevreuils, sangliers, lièvres, oiseaux…<br />

o Fourrure pour les vêtements : blaireaux, renards et écureuils sont chassés pour<br />

leur fourrure.<br />

Les inconvénients du site<br />

Présentation au bord du fossé.<br />

La saleté<br />

La saleté règne sur ces sites encombrés<br />

Les détritus d’occupation s’entassent : déchets de cuisine, pots cassés…<br />

Les déjections des animaux s’accumulent: chiens, chats, chevaux, porcs…<br />

Les prédateurs attirés par ces déchets foisonnent : rats, souris, pies, insectes…<br />

La promiscuité dans un milieu confiné<br />

L’impression d’entassement dans un espace restreint et clos est flagrante<br />

La superficie non bâtie est restreinte<br />

Les secteurs non bâtis comportent des installations domestiques de plein air<br />

9


Le confinement à l’intérieur de l’enceinte est encore augmenté par la présence des<br />

animaux<br />

⇒ Il règne une grande promiscuité entre les hommes<br />

⇒ On comprend le goût des guerriers pour la chasse, les chevauchées, le grand air<br />

« Dans ces grandes demeures sans cloisons, obscures dès que la nuit tombe et remplies<br />

d’hommes », où les femmes n’étaient guère défendues, la maisonnée s’emplissait de bâtards.<br />

Georges Duby (« Guillaume le Maréchal, ou Le meilleur chevalier du monde »).<br />

L’inconfort<br />

Dans ces demeures où l’on s’entasse, pas de confort et des installations sanitaires et<br />

domestiques rudimentaires<br />

Presque pas d’exemples de cheminées murales : les fouilles des sites des Xème et<br />

XIème siècles montrent que, la plupart du temps, on se contentait de foyers au sol<br />

Sols de terre battue recouverts d’une litière de joncs, de paille ou d’autres végétaux<br />

Souvent, pas de local spécialisé pour la cuisine : divers foyers sont installés à même le<br />

sol<br />

Pas de latrines dans les constructions des Xème et XIème siècles : cet équipement<br />

apparaîtra seulement dans la seconde moitié du XIIème siècle dans les donjons de<br />

pierre quand des conduites d’eau seront aménagées dans l’épaisseur des murs.<br />

Des inconvénients mais un avantage<br />

Présentation au bord du fossé.<br />

La fouille archéologique donne l’image d’une vie quotidienne souvent médiocre dans<br />

des lieux malodorants, infestés de mouches et de gros rats noirs…<br />

Mais la basse-cour peut servir de refuge aux paysans des alentours : ils sont alors<br />

placés sous la protection du seigneur.<br />

Conclusion<br />

Dans cette motte castrale, milites et serviteurs, animaux familiers, domestiques et prédateurs<br />

se côtoyaient dans la promiscuité. Mais cette structure de représentation du pouvoir public ne<br />

prend tout son sens qu’associée<br />

Au domaine qui l’entoure<br />

Au massif forestier proche<br />

Aux établissements religieux voisins :<br />

o Abbayes de Saint-Séverin et de Saint-Jean d’Angély par exemple<br />

o Prieurés de Doeuil sur-le-Mignon, Availles-sur-Chizé, Villiers-sur-Chizé…<br />

La prolifération des fortifications de terre est liée<br />

Au déclin de l’autorité comtale<br />

A l’embellie démographique<br />

A l’optimum climatique de l’an mil<br />

A l’essor économique généralisé : « décollage » de l’Occident à la fin du Xème et au<br />

XIème siècle.<br />

10


La domus fortus<br />

Présentation devant la maison forte.<br />

Les limites fonctionnelles des fortifications de terre<br />

L’évolution des techniques militaires<br />

L’évolution des techniques militaires au cours du XIIème siècle fera apparaître les limites<br />

fonctionnelles des fortifications de terre, les Croisades ayant permis l’introduction de<br />

nouvelles armes<br />

La catapulte, menaçante pour les structures verticales des donjons de bois<br />

L’arbalète, venue de Byzance dès la fin du XIème siècle, généralisée à la fin du<br />

XIIème siècle<br />

⇒ Ces armes compromettent les structures de bois<br />

o Par leur portée qui excède désormais la largeur des fossés<br />

o Par le lancé de projectiles incendiaires.<br />

L’inadaptation résidentielle<br />

L’élévation sociale des détenteurs de mottes castrales ne se satisfera plus de cette première<br />

génération inconfortable de fortification de terre<br />

La double inadaptation stratégique et résidentielle rendra nécessaire le recours à la<br />

fortification-résidence de pierre<br />

La maçonnerie constituera le témoignage du prestige et de l’enrichissement du<br />

détenteur.<br />

La raréfaction du bois d’œuvre<br />

L’évolution de la construction vers la résidence de pierre devient inéluctable au XIIème siècle<br />

suite à la raréfaction du bois du fait des grands dé<strong>fr</strong>ichements.<br />

La domus fortus de La Croix-Comtesse<br />

Selon un texte du XVème siècle, Raoul d’Exoudun, seigneur de Chizé, et sa femme, la<br />

comtesse Aélis, séjournaient avec prédilection dans leur terre de Chizé et, pour « l’esbatement<br />

de la chasse, ils firent faire un édifice fortifié, entouré de douves à Villeneuve-la-Comtesse et<br />

à La Croix-Comtesse à la fin du premier tiers du XIIIème siècle<br />

Il s’agissait donc d’une fortification secondaire de la châtellenie de Villeneuve où<br />

résidait le seigneur : l’existence de certains souterrains partant de la motte vers<br />

Villeneuve-la Comtesse fut parfois évoquée…<br />

Cet habitat médiéval fortifié est désigné par les termes de « domus fortus » en 1251.<br />

Un nouveau système défensif<br />

La maison forte apparaît sur le territoire au XIIème siècle et se répand rapidement dans la<br />

première moitié du XIIIème siècle.<br />

Elle est plus apte à faire face au nouvel art de la guerre car elle intègre dans sa structure les<br />

apports de la technologie défensive utilisée dans les châteaux de pierre.<br />

⇒ Ce qui fait la maison forte, ce sont les éléments de défense active qui permettent de<br />

riposter efficacement à des assaillants :<br />

o Des fossés, considérés comme signe de forteresse s’ils ont une certaine<br />

profondeur<br />

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o Un mur d’enceinte, de pierre, de terre ou de bois formant un <strong>fr</strong>ont continu du<br />

côté de l’extérieur<br />

⇒ Ce qui définit la maison forte, ce sont les archères, les tours de flanquement, les<br />

chemins de ronde, les créneaux, ce qui rend le mur offensif et l’apparente à un<br />

véritable château : la maison forte de La Croix-Comtesse présente encore aujourd’hui<br />

des éléments défensifs, notamment dans la forme et la structure des fenêtres.<br />

o Une tour-porche munie des mêmes éléments de défense active, voire d’un<br />

pont-levis.<br />

Que devint la domus-fortus-relais de chasse ?<br />

Il est probable que ce relais de chasse fortifié fut abandonné pendant la Guerre de Cent Ans en<br />

raison de l’existence de dispositifs fortifiés plus robustes à proximité, notamment au château<br />

de Villeneuve-la-Comtesse.<br />

Conclusion<br />

C’est cependant cette motte qui structure le village d’aujourd’hui : le territoire communal est<br />

le résultat du démembrement partiel des terres cultivées par les premiers habitants.<br />

L’église vers laquelle nous allons nous diriger, fut édifiée sensiblement à la même époque que<br />

la domus fortus, au XIIème siècle sur l’autre partie haute du village<br />

⇒ Nous aurons donc mis nos pas du XXIème siècle dans les pas des Cruci-comtessins<br />

des XIème et XIIème siècles sur les deux hauts lieux de la commune de La Croix-<br />

Comtesse à l’occasion de cette nuit romane.<br />

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