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1 L’aidant ? Celui ou celle qui vient en aide à une personne âgée ou en situation de handicap pour les activités de la vie quotidienne. Qu’ils soient familiaux ou professionnels, ils se confrontent bien souvent à l’isolement ou à la souffrance. Le Conseil général développe et encourage toutes les actions innovantes afin de soutenir les aidants dans leur rôle. Décryptage. Jeudi après-midi dans les locaux du Conseil général, immeuble Verdi à Bobigny. Une dizaine d’aides à domicile sont regroupées. Elles parlent du quotidien, des situations parfois difficiles auxquelles elles doivent faire face. « Ces professionnelles sont confrontées à la maladie, à la perte d’autonomie, à la mort… Elles sont au cœur des relations entre les familles qu’elles aident et les services pour lesquels elles travaillent. Elles peuvent être dépositaires de beaucoup d’affection mais aussi d’opposition, d’agressivité », explique Clémence Boudot, psychologue au Conseil général. Depuis l’année dernière, des groupes de parole permettent aux aidants professionnels de rompre l’isolement, d’aborder des problématiques pour tenter d’apporter des solutions. Ainsi, 150 aides à domicile ont bénéficié de ces échanges. Cette année, elles sont 175 à s’être inscrites. « Le partage des pratiques, savoir que l’on n’est pas seule à vivre une situation, qu’il existe des réponses… Tout cela est très bénéfique. Nous, nous sommes là pour les accompagner ». EN CHIF<strong>FR</strong>ES Les personnes âgées de plus de 60 ans représentent 15 % de la population totale du département (205 570 personnes), avec 57 % de femmes contre 43 % d’hommes. Le nombre de personnes de plus de 60 ans ou plus dépendantes et allocataires de l’ADPA est de 13 600 en 2009. La quasi-majorité des Séquanodionysiens de plus de 75 ans vivent chez eux ou avec leurs proches. Seulement 2,7 % d’entre eux vivent en collectivité. Les aidants familiaux (conjoint, enfants, frères et sœurs) représentent 60 % des accompagnants. 8 Grand format © S. HITAU L’association France Alzheimer oeuvre sans relâche depuis 1985 pour soutenir et accueillir les familles des malades, comme ici au foyer Le Patio des Pavillons-sous-Bois. En Seine-Saint-Denis, le nombre de personnes âgées dépendantes devrait augmenter de 50 % d’ici 30 ans. Pour les accompagner, on estime à 40 % le besoin d’accompagnement professionnel et à 60 % le besoin d’accompagnement par des aidants familiaux. UN PANEL DE SOLUTIONS Fort de ce constat, le Conseil général, à travers son schéma départemental en faveur de la population âgée, s’est engagé à encourager les actions qui soutiennent les aidants dans leur rôle. Déjà, l’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa), contribue à soutenir les aidants familiaux. « L’Apa finance les aides mises en place à domicile, l’accueil de jour, l’hébergement temporaire qui permettent à la famille de souffler un peu. Nous aidons également les familles dans la coordination des différents intervenants », explique Rita Vilarinho, médecin au Département. Mais le Conseil général veut aller bien audelà. Le dispositif « soutien aux aidants » qu’il met en place propose un panel de solutions adaptées. Les groupes de parole en font partie. Mais aussi l’aide à la création de cafés des «Soutenir les cafés des aidants, une priorité inscrite dans l’Agenda 21 de la Seine-Saint- Denis. » aidants, comme le préconise l’Agenda 21 de la Seine-Saint-Denis (fiche-action n°2). En complément des initiatives locales, Café des aidants à Noisy-le-Grand et Pause café aux Lilas, le Département souhaite à titre expérimental soutenir les communes qui mettront en place ce dispositif. Les cafés des aidants sont des groupes d’expression libre, non thérapeutique, qui s’intéressent à la situation des aidants. « On y puise des éléments d’information et de réflexion sur les pratiques de l’accompagnement et la façon dont la dépendance – qu’il s’agisse de personnes âgées, handicapées ou malades — modifient les liens affectifs. Chaque mois, un thème y est abordé. Le groupe est ouvert à tous, sans inscription. Vient qui veut », explique Anne Chaussin, psychologue au Département. En projet également, des formations actions destinées aux aidants des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Cette maladie génère un épuisement et un isolement plus marqués, renforçant la fragilité des personnes qui soutiennent les malades, d’où l’intérêt de prendre en compte cette situation spécifique. « Tout d’abord, il est important d’obtenir des informations sur la maladie, explique Catherine Ollivet, présidente de France Alzheimer 93. Le sentiment d’isolement est très fort. Il existe par ailleurs une extrême inégalité d’une ville à l’autre. Certaines possèdent des lieux d’hébergement, des formations, des aides gérontologiques, d’autres non ». Essayer de coordonner l’ensemble s’impose alors. Le Conseil général a par ailleurs mis en place une aide départementale à l’accueil de jour des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer dans les centres d’accueil de jour autonome (Adaja). CRÉATION DE PLUSIEURS RELAIS DES AIDANTS Les aidants familiaux, que ce soit un conjoint, des enfants, des frères et sœurs, représentent 60 % des accompagnants. Une étude financée par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie montre combien ces proches ont besoin d’un soutien individuel. Laurent Wajs, directeur de l’association Génér’Action (voir page 11), a participé à cette étude. « Les aidants veulent avant tout être considérés comme des individus, constate-t-il. Par ailleurs, ils ont beaucoup de difficultés à exprimer leurs besoins. » La création du Relais des aidants entend prendre cette problématique en considération, en proposant des solutions individualisées et pérennes. Cette structure d’accueil, animée par Génér’action et soutenue par le Conseil général, la Cramif, la Cnav, les actions sociales des caisses de retraite, ouvrira début 2010 à Rosny-sous-Bois. Deux antennes du Relais des aidants ont vu le jour, à la maison des retraités de Romainville et à Bondy. « Ce seront des lieux d’écoute, de rencontres individuelles ou collectives, de conseils, d’orientations. Des lieux totalement centrés sur les besoins de la personne, entièrement gratuits pour l’aidant », poursuit Laurent Wajs. Enfin, le Conseil général accompagne le développement des structures permettant un accueil de jour ou un hébergement temporaire pour les personnes âgées dépendantes. Il en existe 12 actuellement sur tout le territoire. Nadège Dubessay © S. HITAU TÉMOIGNAGE // MARTINE QUENTIN, JEUNE RETRAITÉE « J’ai besoin de prendre du recul » Martine Quentin accueille sa maman dans sa maison familiale. Elle témoigne de l’importance d’un soutien. Depuis quelques mois, ma mère vit avec nous à la maison. Elle a plus de 90 ans et elle ne pouvait plus rester seule. Elle a fait plusieurs chutes et c’était devenu une source d’angoisses. Très vite, le vieillissement, la fi n de vie sont venus sur le tapis. Je voulais m’armer pour aider ma mère et aussi pour me désangoisser. Je me suis rendue à la maison des retraités de Romainville afi n d’avoir des conseils, de comprendre les réactions d’une personne âgée. Et j’ai eu la chance de rencontrer l’association Génér’action. J’ai pu ainsi parler à des personnes extérieures à la famille qui ont très bien cerné ce que je pouvais vivre. Je sais que je peux compter sur cette association et c’est très important. Avec ma mère, j’ai vécu une grande connivence et aujourd’hui j’ai l’impression que ce lien s’effrite. Et j’ai besoin de comprendre pourquoi pour avancer. Tout cela vous remet en cause et c’est très diffi cile à vivre. Je fais mes premiers pas dans une relation d’aidante et je ne pensais pas que cela pouvait être aussi perturbant, lourd parfois. Avec ma famille, nous devons faire des compromis en permanence. J’ai besoin de prendre du recul et Génér’action m’a proposé des rencontres de groupes. Nous sommes de plus en plus nombreux à accueillir nos parents à la maison. Alors il faudra bien des structures, des associations pour nous soutenir. Les structures d’hébergement de jour permettent d’accueillir des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées. Seine-Saint-Denis.fr / décembre 2009 - janvier 2010 / n° 10 9
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