La banque d'un monde qui change - Tennis Spora
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Loisirs 40 Ans <strong>Tennis</strong> sPorA<br />
« - Je n’y suis pas, dit Zapp, toujours au téléphone.<br />
- Ah, tu n’y étais pas, comme toujours ? et, dis-moi,<br />
c’est <strong>qui</strong> <strong>qui</strong> a passé son savon à s.e. Monsignore<br />
Mischi ?...Allo, allo ?<br />
Personne ne répond plus au (352) 46 15 51 ?<br />
Zapp ne serait-il plus là, comme par hasard ? »<br />
Tant pis. image suivante. Un peu floue. Voici un<br />
personnage un tantinet dodu <strong>qui</strong> pourrait bien être sa<br />
Présidence sérénissime, mon ami Affi. il est affublé<br />
d’un tutu de rat d’opéra, bas de soie assortis, perruque<br />
flamboyante et rouge à lèvres d’un rouge ségolène.<br />
sur un court de tennis, quelque part en Alsace-Lorraine,<br />
il exhibe à deux mains, comme un curé <strong>qui</strong> exhibe<br />
son ostensoir, une superbe raquette Donnay, signée<br />
Tapie. il semble gueuler à tue-tête. comme quand<br />
il interprétait avec brio et en « off » le Papageno de<br />
son pote Amadeus sur les tréteaux immortels du Big<br />
<strong>Tennis</strong> sPorA show. Peut-être un brin moins fort que<br />
ce dimanche à Lisbonne, à 9h13 du matin, quand il<br />
klaxonnait en accourant à toute berzingue et bras en l’air<br />
comme le bonhomme du Michelin d’antan :<br />
« De Jül as vir,…viir,viiir !!! »<br />
c’était le premier jeu du premier set du premier match<br />
d’une première rencontre de coupe d’europe et des<br />
alentours, perdue six à zéro. Le même grand jour,<br />
le grand soir tombant, mais sous un soleil de plomb,<br />
Monsieur Lé, Léi ou Léo, porte-drapeau solennel de nos<br />
espoirs déçus, mais solide comme un mur en béton,<br />
exhibait biceps, pectoraux et un bout<br />
de fesses sous le tuyau d’arrosage des<br />
pompiers lusitaniens.<br />
A cette heure, tonton Tunn, dit<br />
l’Amoroso, ronflait toujours à l’hôtel et<br />
au Hilton à deux pas, immuable sur<br />
son tabouret de bar, un jeune homme<br />
à valise noire sirotait son verre d’eau<br />
plate et attendait patiemment. en fin<br />
de nuit, à l’aube pointante, à l’heure<br />
des boniments officiels, un fifty pas<br />
one déclamait en flamand impeccable,<br />
digne du « beekerlek » zappiste, un<br />
panégyrique sans fin à la gloire du<br />
beurre de chez nous : « De boter as U<br />
belift ! » Le personnage fut fort applaudi par l’assistance<br />
émue et somnolente, <strong>qui</strong> avait tout compris, absolument<br />
tout, à l’image de ces joueurs de foot helvètes, du coté<br />
de Zurzach, ce jour plus lointain quand l’illustre f.c.<br />
Playboys du « café de Paris » leur avait servi, en rangs<br />
serrés, et sous l’œil hagard de Me fränz, accouru en<br />
taxi, l’hymne national du char à bancs de Hespérange.<br />
oui, je sais. A l’heure présente, marquée par votre<br />
sportivité tous azimuts et globalisée, tout le <strong>monde</strong><br />
n’est plus sur la même longueur d’ondes. Moi, pour<br />
commencer, pour les grandes bouffes, les gamineries<br />
des bals au cercle (hérités de feue l’Assoss) je n’ai<br />
jamais été tellement pour. ni pour les acrobaties de<br />
cabaret rétro. il eût fallu faire d’abord et toujours du<br />
sportif pur, comme moi, et pas du sport hors-jeu,<br />
par la bande, comme disent les joueurs de billard <strong>qui</strong><br />
savent de quoi ils parlent.<br />
« - Y a encore quelqu’un <strong>qui</strong> m’écoute, ajoute flix<br />
- oui, moi, dit une petite voix secrétarisante.<br />
- Moi <strong>qui</strong> ? dit flix, je ne vois pas.<br />
- Ben oui, c’est un peu loin, dit la petite voix.<br />
Vous voyez ?<br />
- Tenez, je vous passe Monsieur Joseph, à tout<br />
hasard. il passe par hasard.<br />
- Bluff story, dit flix. Alors passez-moi ledit Joseph ! »<br />
il doit s’agir de Josy (pour les dames !), issu du grand<br />
nord et importé du sud. il se faisait appeler dès fois<br />
Josef rosenfeld. Je l’ai connu une première fois au local<br />
de nicolaus Hoffmann. il était cul par terre avec son<br />
fauteuil renversé (la petite Marie venait tout juste d’avaler<br />
sa bénédictine), et il invitait à casser la gueule aux trois<br />
Prussiens <strong>qui</strong> avaient osé pousser la lourde. c’était<br />
son genre à lui, au Josef, après avoir martelé à mort les<br />
noires et les blanches du piano, en homme-orchestre<br />
qu’il fut à jamais, même sur un court de tennis, quand<br />
il prenait tout, tout, mais tout son temps pour lacer ses<br />
chaussures au moment propice.<br />
Autre bouton, autre image. nous sommes de retour au<br />
vénérable clubhouse, notre chère patrie à nous tous.<br />
Quelques demi-heures après minuit, me semble-t-il.<br />
et voici le grand bond en avant, style Mao à rebours<br />
ou grand écart en profondeur verticale cher à Hillary<br />
et chris. Le grand bond dans les abymes de maître<br />
nico par-delà la rambarde de la terrasse de chez Zapp.<br />
il, nico, s’est retrouvé sur le bitume, trois mètres en<br />
contrebas, sans mal gravissime, tran<strong>qui</strong>llement assis sur<br />
son petit derrière. Quelques gouttes de li<strong>qui</strong>de couleur<br />
<strong>Tennis</strong>see old mash/campari-picon perlaient, il est vrai,<br />
sur ses mains soignées et son pif enflé. ces gouttelettes<br />
n’étaient pourtant que la conséquence logique d’un saut<br />
périlleux précédant par-delà le zinc et en plein dans les<br />
verres de bière y rangées en ordre dispersé. Après cet<br />
exploit olympique, le tavernier maître de céans n’eut plus<br />
le courage d’offrir une nouvelle tournée générale, ce <strong>qui</strong><br />
était pourtant dans ses habitudes. il invoqua, à juste<br />
titre d’ailleurs, l’article 42 (le dernier !) des statuts de<br />
notre cher club : « Le <strong>Tennis</strong> sPorA décline toute<br />
responsabilité quant aux accidents que pourraient<br />
encourir ses membres au cours d’activités sportives…<br />
ou autres ». A l’hosto, une gente infirmière eut ce grand<br />
mot : « o Monsieur nico ? Déjà de retour chez nous ? »<br />
« chez nous », ça me chante quelque chose.<br />
Mercenaire premier en rang, cliquez s’il vous plaît,<br />
ou zappez ! A votre aise ! ….. - Ah non, non, non, nom<br />
de d…, (oh pardon, j’oublie où je suis) ! Pas ça !<br />
rien à voir avec le <strong>Tennis</strong> sPorA. encore que ?<br />
sait-on jamais : les personnages disparaissent sous une<br />
mer de chapeaux : chapeaux claques, melons, de paille,<br />
de couturier, de chapelier, de bijoutier, de roues. il s’agit<br />
d’une procession de noces, somptueuses et uniques,<br />
avançant sur le tapis rouge déployé devant la grande<br />
cathédrale du sacré-cœur-de-la-Gare.<br />
Derrière les rideaux discrets du local d’en face, quelques<br />
âmes pieuses ont la larme à l’œil.<br />
« - Au quai, dit Zapp, cette fois-là, il me semble que<br />
j’y étais. »<br />
« - Bluff story ! » dit flix ou quelqu’un d’autre.<br />
(pour transcription conforme : JPR et YM)