Téléchargez le fichier pdf - Annabac

34 LE TEXTE DE THÉÂTRE
Le texte de théâtre est différent des autres textes littéraires: il n’est
pas seulement destiné à être lu, mais à être transformé en spectacle
par un metteur en scène et des comédiens.Ainsi, certains éléments
du texte doivent être prononcés par les acteurs, mais d’autres guident
le travail de mise en scène et ne doivent pas être proférés.
Les didascalies
Les didascalies désignent tout ce qui, dans le texte de théâtre, n’est
pas prononcé par les comédiens, et qui apparaît généralement sous
la forme de l’italique ou des majuscules (pour le nom du personnage
devant le texte qu’il doit dire); peu nombreuses dans le théâtre
classique, elles revêtent une importance grandissante au XX e
1
siècle. Plus précisément, on distingue:
• les didascalies initiales,qui comprennent tout ce qui précède le
texte proprement dit, c’est-à-dire la liste des personnages et les
informations sur les lieux et le moment où se situe l’action;
• les indications scéniques,qui englobent toutes les remarques sur
le lieu (par exemple un objet dont la présence est spécifiée) ou le
temps (par exemple lorsque le comédien doit faire une pause avant
de prononcer la suite de sa réplique), et toutes les indications
données au comédien sur le ton ou la gestuelle.
Les didascalies internes ne sont pas des didascalies à proprement
parler, puisque les indications scéniques sont directement prises en
charge par le dialogue, comme dans cette réplique d’Auguste dans
Cinna de Corneille (V, 1) qui indique à l’acteur les mouvements à
accomplir: « Prends un siège, Cinna ».
Le dialogue
2
Par le mot « dialogue », on désigne au théâtre l’ensemble des
propos échangés par les personnages, quelle que soit leur longueur;
le dialogue théâtral s’inscrit dans une situation de communication
particulière, qu’on appelle la double énonciation: à un premier
niveau énonciatif, un personnage parle à un autre personnage,
mais, à un second niveau, l’auteur parle aux spectateurs par l’intermédiaire
des personnages.
La réplique désigne les paroles qu’un personnage prononce
lorsque le personnage qui parle avant lui a fini de parler, et avant
que le personnage qui parle après lui ne prenne la parole.
© Hatier

Le dialogue théâtral est donc constitué d’un échange de répliques,
dont la longueur peut être très variable.
• La répartie est une réplique rapide, souvent spirituelle.
• La stichomythie désigne un échange de répliques très brèves, qui
n’occupent généralement pas plus d’un vers, voire d’un hémistiche.
• La tirade est une longue réplique.
• Le récit théâtral est une longue tirade, prononcée par un messager
qui expose aux autres personnages et aux spectateurs une
succession d’actions qui n’ont pu être représentées sur scène; c’est
par exemple le cas du récit de Théramène dans Phèdre de Racine,
qui raconte la mort d’Hippolyte.
Le monologue
3
Dans certains cas, un personnage parle seul sur scène, sans autre
destinataire que lui-même (et que les spectateurs): on parle alors
de monologue. Souvent critiqué pour son invraisemblance, le
monologue permet d’exposer l’intériorité du personnage et de
clarifier ses intentions.
Certains types de répliques se rapprochent du monologue:
• le soliloque, dans lequel le personnage ne s’adresse à personne,
pas même à lui-même, et semble divaguer;
• les stances,qui sont écrites à la manière d’un poème, avec des vers
de longueur variable; l’exemple le plus célèbre en est le monologue
de Rodrigue dans Le Cid (I, 6);
• l’aparté, réplique prononcée à l’intérieur d’un dialogue, mais
que les autres personnages ne sont pas censés entendre; il est destiné
à celui qui le prononce, comme s’il pensait à haute voix, et indirectement
aux spectateurs;
• l’adresse au public,qui se distingue de l’aparté par le fait que le
personnage adresse explicitement ses paroles au public, comme
s’il brouillait les deux niveaux de la double énonciation.
© Hatier