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Le monologue au théâtre - Annabac

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<strong>Le</strong> <strong>monologue</strong> <strong>au</strong> <strong>théâtre</strong><br />

Vous devez lire la totalité du dossier (textes et questions) avant de choisir le<br />

travail d’écriture. <strong>Le</strong>s questions sont communes à tous les sujets : elles vous<br />

permettent d’approfondir la lecture des textes.<br />

Documents<br />

A– William Shakespeare, Hamlet, 1600-1601, acte III, scène 1.<br />

B– Molière, L’Avare, acte IV, scène 7, 1668.<br />

C– Jean Cocte<strong>au</strong>, La Voix humaine, 1930.<br />

D– Jean Anouilh, Antigone, Prologue, 1946.<br />

E– Jacques Schérer, La Dramaturgie classique en France, 1977.<br />

F– Hamlet: mise en scène de Peter Brook.<br />

Questions<br />

m 1. Analysez les situations d’énonciation et identifiez le(s) registre(s) des<br />

scènes ci-dessous. Dégagez la singularité de chacune d’elles. (2 POINTS)<br />

m 2. Lisez l’extrait placé sous le document F et dites en quoi la mise en<br />

scène d’Hamlet par Peter Brook rend compte de la situation d’énonciation<br />

et accentue le tragique de la scène. (1 POINT)<br />

m 3. En quoi la réflexion critique de J. Schérer éclaire-t-elle certains textes<br />

du corpus? (1 POINT)<br />

Écriture<br />

m Sujet I: Commentaire<br />

Vous ferez le commentaire de la scène de L’Avare de Molière (document B).<br />

m Sujet II: Dissertation<br />

Après vous être demandé quelles diverses formes peut prendre le <strong>monologue</strong>,<br />

vous vous interrogerez sur ses diverses fonctions dans une œuvre théâtrale.<br />

Vous appuierez votre réflexion sur les textes du corpus et sur les pièces<br />

de <strong>théâtre</strong> que vous connaissez.<br />

m Sujet III: Écriture d’invention<br />

«Être ou ne pas être?…», «Partir ou ne pas partir?…», «Pardonner ou ne<br />

pas pardonner?… c’est là la question.» Composez un <strong>monologue</strong> théâtral<br />

qui commencerait par l’expression d’une alternative et qui appartiendrait


<strong>au</strong> registre tragique. Vous veillerez à ce que le lecteur dispose des éléments<br />

nécessaires à la bonne compréhension de la situation.<br />

Document A Peut-être rêver<br />

<strong>Le</strong> roi du Danemark, père d’Hamlet, a été tué par son frère Cl<strong>au</strong>dius. Après<br />

avoir pris sa place sur le trône, il épouse la veuve de son frère qui est <strong>au</strong>ssi<br />

la mère d’Hamlet. <strong>Le</strong> fantôme du mort vient conjurer Hamlet de la venger.<br />

Hamlet hésite et, pour éviter de passer à l’acte, feint la folie…<br />

Il est même tenté par le suicide qui lui permettrait de se soustraire à sa vengeance,<br />

à son devoir, à son destin.<br />

Entre Hamlet.<br />

HAMLET. – Être, ou ne pas être, c’est là la question. Y a-t-il plus de<br />

noblesse d’âme à subir la fronde et les flèches de la fortune 1<br />

outrageante, ou<br />

bien à s’armer contre une mer de douleurs et l’arrêter par une révolte?<br />

Mourir… dormir, rien de plus; … et dire que par ce sommeil nous mettons<br />

fin <strong>au</strong>x m<strong>au</strong>x du cœur et <strong>au</strong>x mille tortures naturelles qui sont le legs<br />

de la chair: c’est là un dénouement qu’on doit souhaiter avec ferveur.<br />

Mourir… dormir! dormir! peut-être rêver! Oui, là est l’embarras. Car quels<br />

rêves peut-il nous venir dans ce sommeil de la mort, quand nous sommes<br />

débarrassés de l’étreinte de cette vie? Voilà qui doit nous arrêter. C’est cette<br />

réflexion-là qui nous v<strong>au</strong>t la calamité d’une si longue existence. Qui, en<br />

effet, voudrait supporter les flagellations et les dédains du monde, l’injure<br />

de l’oppresseur, l’humiliation de la p<strong>au</strong>vreté, les angoisses de l’amour méprisé,<br />

les lenteurs de la loi, l’insolence du pouvoir, et les rebuffades que le mérite<br />

résigné reçoit d’hommes indignes, s’il pouvait en être quitte avec un simple<br />

poinçon 2 ? Qui voudrait porter ces farde<strong>au</strong>x, grogner et suer sous une vie<br />

accablante, si la crainte de quelque chose après la mort, de cette région inexplorée,<br />

d’où nul voyageur ne revient, ne troublait la volonté, et ne nous faisait<br />

supporter les m<strong>au</strong>x que nous avons par peur de nous lancer dans ceux<br />

que nous ne connaissons pas? Ainsi la conscience fait de nous tous des<br />

lâches; ainsi les couleurs natives 3 de la résolution blêmissent sous les pâles<br />

reflets de la pensée; ainsi les entreprises les plus énergiques et les plus importantes,<br />

se détournent de leur cours, à cette idée, et perdent le nom d’action…<br />

Doucement, maintenant! Voici la belle Ophélia 4 … Nymphe, dans<br />

tes oraisons souviens-toi de tous mes péchés.<br />

William Shakespeare, Hamlet, 1600-1601,<br />

acte III, scène I, trad. François-Victor Hugo, Hachette.


1. Au sens latin de fortuna, le hasard, le destin qui échappe à notre volonté.<br />

2. Poinçon: poignard.<br />

3. Natives: naturelles, innées, spontanées.<br />

4. Fille de Polonius, le chambellan de la cour; elle aime Hamlet, mais ce dernier se<br />

défie, après la trahison de sa mère, de ses propres sentiments à l’égard de la jeune fille.<br />

D’où l’ironie cruelle de ses propos.<br />

Document B<br />

Harpagon, un vieil avare, vient de se rendre compte qu’on lui a volé sa<br />

«chère cassette» lourde de dix mille écus, qu’il avait enterrée dans son jardin.<br />

HARPAGON, il crie <strong>au</strong> voleur dès le jardin, et vient sans chape<strong>au</strong>.<br />

Au voleur! <strong>au</strong> voleur! à l’assassin! <strong>au</strong> meurtrier! Justice, juste Ciel! Je<br />

suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent.<br />

Qui peut-ce être? Qu’est-il devenu? Où est-il? Où se cache-t-il? Que feraije<br />

pour le trouver? Où courir? Où ne pas courir? N’est-il point là? N’est-il<br />

point ici? Qui est-ce? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin… (Il se prend<br />

lui-même le bras.) Ah! c'est moi. Mon esprit est troublé 1<br />

, et j’ignore où je<br />

suis, et ce que je fais. Hélas! mon p<strong>au</strong>vre argent, mon p<strong>au</strong>vre argent, mon<br />

cher ami! on m’a privé de toi; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support,<br />

ma consolation, ma joie; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire<br />

<strong>au</strong> monde! Sans toi, il m’est impossible de vivre.<br />

C’en est fait, je n’en puis plus; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N’y<br />

a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent,<br />

ou en m’apprenant qui l’a pris? Euh? que dites-vous? Ce n’est personne. Il<br />

f<strong>au</strong>t, qui que ce soit qui ait fait le coup 2<br />

, qu’avec be<strong>au</strong>coup de soin on ait épié<br />

l’heure; l’on a choisi justement le temps que 3<br />

je parlais à mon traître de fils.<br />

Sortons. Je veux aller quérir 4<br />

la justice et faire donner la question à toute ma<br />

maison: à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi <strong>au</strong>ssi. Que de gens assemblés<br />

5<br />

! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et<br />

tout me semble mon voleur. Eh! de quoi est-ce qu’on parle là? De celui qui<br />

m’a dérobé? Quel bruit fait-on là-h<strong>au</strong>t? Est-ce mon voleur qui y est? De grâce,<br />

si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’estil<br />

point caché là parmi vous? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous<br />

verrez qu’ils ont part, sans doute, <strong>au</strong> vol que l’on m’a fait. Allons vite, des<br />

commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et


des bourre<strong>au</strong>x. Je veux faire pendre tout le monde; et si je ne retrouve mon<br />

argent, je me pendrai moi-même après.<br />

1. Troublé: dérangé.<br />

2. Faire le coup: le vol de la cassette.<br />

3. <strong>Le</strong> temps que: le temps où.<br />

4. Aller quérir: aller chercher.<br />

5. Gens assemblés: il ragarde soudain le public dans la salle.<br />

Document C<br />

Molière, L’Avare, acte IV, scène 7, 1668.<br />

Voici la fin d’un long appel téléphonique entre un homme qui est sur le point<br />

de se marier avec une <strong>au</strong>tre et son amante qui souffre d’être délaissée.<br />

Un regard pouvait changer tout. Mais avec cet appareil, ce qui est<br />

fini est fini ............................................................. Sois tranquille.<br />

On ne se suicide pas deux fois .....................................................<br />

........................................... Peut-être, pour essayer de dormir ...........<br />

............................................................................ Je ne s<strong>au</strong>rais<br />

pas acheter un revolver. Tu ne me vois pas achetant un revolver !<br />

............................................................................................<br />

... Où trouverai-je la force de combiner un mensonge, mon p<strong>au</strong>vre<br />

adoré? .................................................... Aucune ..........................<br />

J’<strong>au</strong>rais dû avoir de la force. Il y a des circonstances où le mensonge est utile.<br />

Toi, si tu me mentais pour rendre la séparation moins pénible<br />

............................. Je ne dis pas que tu mentes. Je dis: si tu mentais et<br />

que je le sache. Si, par exemple, tu n’étais pas chez toi et que tu me dises<br />

............................. Non, non, mon chéri! Écoute .............................<br />

Je te crois ............................. Je n’ai pas voulu dire que je ne te croyais<br />

pas ............................. Pourquoi te fâches-tu? ............... Si, tu prends<br />

une voix méchante. Je disais simplement que si tu me trompais par bonté<br />

d’âme et que je m’en aperçoive, je n’en <strong>au</strong>rais que plus de tendresse pour<br />

toi ................................... Allô! allô! ..................................<br />

Allô ! ............................. (Elle raccroche en disant bas et très vite.)<br />

Mon Dieu, faites qu’il redemande. Mon Dieu, faites qu’il redemande.<br />

Mon Dieu, faites qu’il redemande. Mon Dieu, faites qu’il redemande.<br />

Mon Dieu, faites… (On sonne. Elle décroche.) On avait coupé. J’étais en<br />

train de te dire que si tu me mentais par bonté et que je m’en aperçoive, je<br />

n’en <strong>au</strong>rais que plus de tendresse pour toi .........................................


......................................... Bien sûr .........................................<br />

Tu es fou! ............................. Mon amour .............................<br />

................... mon cher amour ..........................................................<br />

............... (Elle enroule le fil <strong>au</strong>tour de son cou…) .............................<br />

................... Je sais bien qu’il le f<strong>au</strong>t, mais c’est atroce ...................<br />

................... Jamais je n’<strong>au</strong>rai ce courage ......................................<br />

Oui. On a l’illusion d’être l’un contre l’<strong>au</strong>tre et brusquement on met des<br />

caves, des égouts, toute une ville entre soi ...................................... Tu<br />

te souviens d’Yvonne qui se demandait comment la voix peut passer à travers<br />

les tortillons du fil. J’ai le fil <strong>au</strong>tour de mon cou. J’ai ta voix <strong>au</strong>tour de<br />

mon cou ............................. Il f<strong>au</strong>drait que le bure<strong>au</strong> nous coupe par<br />

hasard .......................................................... Oh! mon chéri!<br />

Comment peux-tu imaginer que je pense une chose si laide? Je sais bien<br />

que cette opération est encore plus cruelle à faire de ton côté que du mien<br />

............................. non ............................. non, non ............<br />

........................................................................ À Marseille? .......<br />

................................. Écoute, chéri, puisque vous serez à Marseille après<br />

demain soir, je voudrais ................. enfin j’aimerais ................. j’aimerais<br />

que tu ne descendes pas à l’hôtel où nous descendons d’habitude.<br />

Tu n’es pas fâché? ................. Parce que les choses que je n’imagine pas<br />

n’existent pas, ou bien, elles existent dans une espèce de lieu très vague et<br />

qui fait moins mal .................... tu comprends? ....................... Merci<br />

....................... merci. Tu es bon. Je t’aime ....................... (Elle se<br />

lève et se dirige vers le lit avec l’appareil à la main.) Alors, voilà ....................<br />

voilà .................... J’allais dire machinalement : à tout de suite<br />

............................. J’en doute ............................. On ne sait jamais<br />

............................. Oh! ............................. c’est mieux. Be<strong>au</strong>coup<br />

mieux .............................................................. (Elle se couche sur<br />

le lit et serre l’appareil dans ses bras.) Mon chéri ........................... mon<br />

be<strong>au</strong> chéri ............................. Je suis brave. Dépêche-toi. Vas-y. Coupe!<br />

Coupe vite ! Coupe ! Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime<br />

............................. (<strong>Le</strong> récepteur tombe par terre.)<br />

Jean Cocte<strong>au</strong>, La Voix humaine, 1930, Stock.


Document D<br />

Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du ride<strong>au</strong>, tous les<br />

personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent <strong>au</strong>x cartes.<br />

<strong>Le</strong> Prologue se détache et s’avance.<br />

LE PROLOGUE<br />

Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone,<br />

c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit<br />

devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure,<br />

qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noir<strong>au</strong>de et renfermée que<br />

personne ne prenait <strong>au</strong> sérieux dans la famille et se dresser seule en face du<br />

monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle<br />

va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle <strong>au</strong>ssi, elle <strong>au</strong>rait bien aimé vivre. Mais<br />

il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son<br />

rôle jusqu’<strong>au</strong> bout… Et, depuis que ce ride<strong>au</strong> s’est levé, elle sent qu’elle<br />

s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit<br />

avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la<br />

regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.<br />

<strong>Le</strong> jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène,<br />

c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait<br />

vers Ismène: son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la<br />

réussite, sa sensualité <strong>au</strong>ssi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone, et<br />

puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où<br />

Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone<br />

qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux,<br />

et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi.<br />

Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit «oui»<br />

avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène<br />

riait <strong>au</strong>x éclats, là-bas, <strong>au</strong> milieu des <strong>au</strong>tres garçons, et voilà, maintenant,<br />

lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais<br />

exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait<br />

seulement le droit de mourir.<br />

Cet homme robuste, <strong>au</strong>x cheveux blancs, qui médite là, près de son<br />

page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue <strong>au</strong> jeu difficile<br />

de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était<br />

que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures,<br />

les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et<br />

ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches<br />

et il a pris leur place.<br />

Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain


de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser<br />

à d’<strong>au</strong>tres, plus frustes… Et puis, <strong>au</strong> matin, des problèmes précis se<br />

posent, qu’il f<strong>au</strong>t résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier <strong>au</strong><br />

seuil de sa journée.<br />

La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux<br />

petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la<br />

tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est<br />

bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’<strong>au</strong>cun secours. Créon est seul. Seul<br />

avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.<br />

Ce garçon pâle, là-bas, <strong>au</strong> fond, qui rêve adossé <strong>au</strong> mur, solitaire,<br />

c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à<br />

l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler <strong>au</strong>x<br />

<strong>au</strong>tres. Il sait déjà… […]<br />

Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous<br />

jouer leur histoire. Elle commence <strong>au</strong> moment où les deux fils d’Œdipe,<br />

Etéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de<br />

rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Etéocle, l’aîné, <strong>au</strong><br />

terme de la première année de pouvoir ayant refusé de céder la place à son<br />

frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa c<strong>au</strong>se ont<br />

été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est s<strong>au</strong>vée,<br />

les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Etéocle,<br />

le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le v<strong>au</strong>rien,<br />

le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie<br />

des corbe<strong>au</strong>x et des chacals. Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres<br />

sera impitoyablement puni de mort.<br />

Pendant que le Prologue parlait les personnages sont sortis un à un. <strong>Le</strong><br />

Prologue disparaît <strong>au</strong>ssi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant<br />

une <strong>au</strong>be grise et livide dans une maison qui dort.<br />

Document E<br />

Jean Anouilh, Antigone, 1946, La Table ronde.<br />

On reste confondu, en étudiant la littérature dramatique du début<br />

du XVII e siècle, de voir la place exorbitante que le <strong>monologue</strong> y occupe. […]<br />

Contre le <strong>monologue</strong> triomphant, l’offensive classique va se déchaîner.<br />

On le critiquera d’<strong>au</strong>tant plus qu’on l’<strong>au</strong>ra plus aimé. On le jugera<br />

invraisemblable, on ne l’admettra que s’il n’est pas trop long, ni trop fréquent;<br />

on ne le trouvera justifié que si celui qui le prononce est en proie à<br />

une passion violente.


(…) La situation n’est pas la même dans le domaine de la comédie.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>au</strong>teurs comiques ne renoncent nullement <strong>au</strong>x longs <strong>monologue</strong>s, si<br />

ceux-ci peuvent être amusants. Certains types de <strong>monologue</strong>s comiques<br />

sont même à l’origine de traditions et tendent à se perpétuer. <strong>Le</strong> Jodelet<br />

duelliste (1647) de Scarron contient un long <strong>monologue</strong> de Jodelet qui se<br />

prépare à se battre en duel; pour vaincre sa peur, il mime le duel et, bien<br />

entendu, il a le dessus. À la scène suivante, il est surpris dans cet exercice<br />

par son adversaire Alphonse, qui le bourre<br />

«De nasardes, soufflets, coups de pieds et de poings».<br />

De même, l’Amphitryon de Molière commencera par le <strong>monologue</strong><br />

où Sosie répète devant sa lanterne le récit de la bataille, avant d’être surpris<br />

et battu par Mercure. <strong>Le</strong>s 10 <strong>monologue</strong>s de L’École des Femmes créent une<br />

<strong>au</strong>tre tradition: tous sont dits par le héros, Arnolphe, qui y analyse comiquement<br />

son amertume. Molière prêtera de même, et avec les mêmes intentions,<br />

6 <strong>monologue</strong>s <strong>au</strong> héros de son George Dandin, et ce seront les seuls<br />

de la pièce. <strong>Le</strong> procédé sera repris en 1672 par Montfleury dans les 10 <strong>monologue</strong>s<br />

de sa Fille capitaine.<br />

Racine occupe dans l’évolution du <strong>monologue</strong> une place assez exceptionnelle.<br />

Alors que les tragiques ses contemporains, et notamment Quin<strong>au</strong>lt,<br />

n’utilisent pas ou presque pas le <strong>monologue</strong>, il fait, lui, un emploi assez<br />

important de ce ressort dramaturgique qui semblait condamné par l’usage.<br />

À l’exception d’Athalie, toutes ses pièces comportent des <strong>monologue</strong>s, parfois<br />

assez longs (…).<br />

S’il a employé le <strong>monologue</strong> plus que d’<strong>au</strong>tres en son temps, c’est<br />

qu’il savait pouvoir y mettre la poésie et la passion qui provoqueraient les<br />

appl<strong>au</strong>dissements du parterre, tout en évitant les reproches des théoriciens<br />

les plus difficiles.<br />

Jacques Schérer, La Dramaturgie classique en France, 1977, Nizet.


Document F<br />

ph © Pascal Gely/Enguerand<br />

Hamlet, de William Shakespeare.<br />

Adaptation et mise en scène de Peter Brook.<br />

HAMLET 1 . – P<strong>au</strong>vre Yorrick! (…) Où sont à présent tes facéties, tes<br />

chants, tes gambades, tes éclats de gaieté qui faisaient s’esclaffer les convives?<br />

Plus un seul <strong>au</strong>jourd’hui pour se moquer de ta nouvelle grimace? Quelle<br />

déconfiture! Va donc à présent retrouver ma Dame dans son boudoir;<br />

dis-lui que la plus épaisse couche de fard n’empêchera pas qu’elle en vienne<br />

là. Puisse-t-elle en rire!<br />

William Shakespeare, Hamlet, acte V, scène 1,<br />

trad. A. Gide, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade».<br />

1. Hamlet se trouve dans un cimetière et vient de déterrer un crâne: «C’était le crâne<br />

de Yorrick, le bouffon du roi.»


■ Travail de préparation<br />

PRÉPARER LES QUESTIONS<br />

p Question 1<br />

m Ce que l’on vous demande<br />

• Vous devez, pour chacun des <strong>monologue</strong>s, indiquer qui parle et à qui<br />

cette personne parle.<br />

• Vous tiendrez compte pour cela des indices personnels qui figurent dans<br />

les textes et vous n’oublierez pas qu’il s’agit de textes de <strong>théâtre</strong> (le public<br />

peut être destinataire des paroles).<br />

• Puis vous devez repérer les registres des différents textes (voir « <strong>Le</strong>s<br />

registres majeurs, p. 40) et préciser les indices qui vous ont permis d’identifier<br />

ces registres (vocabulaire, figures de style, modalité des phrases…).<br />

À partir de vos réponses <strong>au</strong>x questions ci-dessus vous pourrez facilement<br />

identifier ce qui fait la singularité, c’est-à-dire l’originalité, la spécificité de<br />

chacun des textes.<br />

La situation d’énonciation<br />

La situation de communication est la situation dans laquelle on communique<br />

avec quelqu’un d’<strong>au</strong>tre.<br />

Pour définir cette situation, on étudie plusieurs éléments: qui communique<br />

avec qui ? dans quel but ? par quel moyen (avec quel code ?)<br />

dans quelles circonstances (où? quand?)<br />

On peut communiquer par les gestes, les attitudes, les images, le langage<br />

et les paroles.<br />

Dans une situation de communication, si on communique par les<br />

paroles, on parle alors de situation d’énonciation.<br />

La situation d’énonciation est donc une situation dans laquelle des<br />

interlocuteurs produisent un message oral ou écrit par le langage.<br />

Pour bien définir et comprendre une situation d’énonciation, il f<strong>au</strong>t<br />

repérer un certain nombre d’éléments (voir table<strong>au</strong>).


Éléments Définitions Questions Indices<br />

à se poser à rechercher<br />

<strong>Le</strong> locuteur Celui qui Qui parle? Nom propre (parfois<br />

ou émetteur produit signalé <strong>au</strong> début)<br />

le message pronoms personnels,<br />

pronoms et adjectifs<br />

possessifs de la<br />

1 re personne; marques<br />

de jugement de celui<br />

qui parle: mots positifs<br />

ou négatifs, marques<br />

de ses sentiments;<br />

registre de langue<br />

<strong>Le</strong> destinataire Celui à qui À qui? Nom propre<br />

ou récepteur est destiné Apostrophe<br />

le message Pronoms personnels,<br />

pronoms et adjectifs<br />

possessifs de<br />

la 2 e personne<br />

L’énoncé La phrase ou le Quoi? Champ lexical<br />

ou message texte produits À quel sujet? dominant<br />

<strong>Le</strong> but Ce que Dans quel but: Registre du texte<br />

du message l’on veut – émouvoir? Forme des phrases<br />

transmettre – informer?<br />

– convaincre?<br />

<strong>Le</strong> contexte <strong>Le</strong> lieu Où et quand Marques ou indices de<br />

ou les et le temps est produit l’espace ou du temps:<br />

circonstances dans lesquels l’énoncé? – certains c. c. de lieu<br />

est produit (ici à ma g<strong>au</strong>che)<br />

l’énoncé – certains c. c. de<br />

temps (maintenant)<br />

– temps des verbes<br />

(présent d’énonciation,<br />

passé composé, futur)<br />

Un texte porte les marques de la situation d’énonciation si on peut<br />

repérer clairement dans le texte<br />

– des indices de présence de celui qui parle (qui il est, ce qu’il pense),<br />

– des indices de présence de celui à qui on parle (qui il est),<br />

– des indices sur le lieu et le temps où a été prononcé ou écrit le texte.<br />

Un récit à la 3 e personne ne porte pas les marques de l’énonciation: on<br />

ne sait pas en général (s<strong>au</strong>f quand le narrateur intervient) qui écrit (ou<br />

parle), à qui s’adresse le récit, où et quand le texte a été produit.


Comment bien repérer et respecter les éléments de la situation<br />

d’énonciation dans les sujets d’écriture d’invention?<br />

À l’examen, les éléments de la situation d’énonciation à respecter sont<br />

généralement indiqués.<br />

Avant de répondre <strong>au</strong> sujet, il f<strong>au</strong>t être très attentif <strong>au</strong>x mots du sujet<br />

qui indiquent quelle est cette situation d’énonciation.<br />

Ex.: «Un grand reporter revient d’un pays du tiers-monde. À son retour<br />

de voyage, il écrit une lettre ouverte pour dénoncer les atrocités commises<br />

à l’égard des plus p<strong>au</strong>vres. Écrivez cette lettre.»<br />

Qui parle? un grand reporter ➝ vous devez vous mettre à «sa place»<br />

(Écrivez cette lettre); donc employez la première personne du singulier.<br />

À qui? <strong>au</strong>x <strong>au</strong>torités de l’ONU ➝ le destinataire. Vous devez employer<br />

la deuxième personne du pluriel et adapter votre expression à ce type<br />

de destinataires (formules d’adresse officielles, etc.).<br />

Quand ? à son retour de voyage ➝ l’énoncé sera donc ancré dans le<br />

temps (vous devez faire référence à ce voyage).<br />

La double énonciation <strong>au</strong> <strong>théâtre</strong><br />

Au <strong>théâtre</strong>, le discours est marqué par une double énonciation : les<br />

personnages se parlent entre eux mais ils parlent <strong>au</strong>ssi à l’intention du<br />

public. Mais, en général, le public n’entre pas, n’intervient pas dans le<br />

dialogue qui se déroule sur scène entre les personnages, exception<br />

faite du cas des apartés et du <strong>monologue</strong>.<br />

<strong>Le</strong> <strong>monologue</strong>, la tirade et l’aparté<br />

• <strong>Le</strong> <strong>monologue</strong> est un discours prononcé par un personnage qui est<br />

ou se croit seul.<br />

Spécificité du <strong>monologue</strong>: <strong>au</strong> <strong>théâtre</strong>, l’une des conventions veut que<br />

les personnages sur scène ignorent le spectateur laissé dans l’ombre,<br />

totalement séparé de la scène et de ce qu’il s’y passe.<br />

<strong>Le</strong> <strong>monologue</strong> peut rompre avec cette convention, car le personnage<br />

peut s’adresser <strong>au</strong> public. En tout cas, les seuls <strong>au</strong>diteurs d’un <strong>monologue</strong><br />

sont le public (et parfois un personnage caché; le personnage<br />

qui <strong>monologue</strong> n’est pas <strong>au</strong> courant de sa présence).


• La tirade est différente: c’est une longue réplique qu’un personnage<br />

dit d’un trait à un <strong>au</strong>tre personnage. La tirade ne rompt pas avec la<br />

convention théâtrale mentionnée ci-dessus.<br />

• L’aparté est une brève réplique ou un mot qu’un personnage se dit à<br />

lui-même, en présence d’<strong>au</strong>tres personnages, et adressé <strong>au</strong>x seuls<br />

spectateurs. Il dévoile souvent des sentiments secrets, informe le spectateur<br />

et crée une complicité du personnage avec le public. Il peut provoquer<br />

le comique<br />

p Question 2<br />

m Ce que l’on vous demande<br />

• Mettez en relation l’image avec le texte qui l’accompagne. Servez-vous<br />

de votre réponse à la première question (sur l’énonciation) pour cerner ce<br />

que la photo rend concrètement sensible.<br />

• Posez-vous les questions suivantes: d’après le texte, à qui parle Hamlet?<br />

dans la mise en scène, comment Peter Brook a-t-il rendu cette situation?<br />

Que veut-il montrer par ce procédé? Que veut-il symboliser?<br />

p Question 3<br />

m Ce que l’on vous demande<br />

• Cherchez, dans le document D, les phrases qui peuvent s’appliquer à<br />

l’un ou à plusieurs des textes de <strong>monologue</strong>s proposés.<br />

• Montrez quelle caractéristique de ces <strong>monologue</strong>s ces phrases mettent<br />

en relief.<br />

PRÉPARER LES TRAVAUX D’ÉCRITURE<br />

p Préparer le commentaire<br />

m Trouver les idées directrices<br />

• Faites la «définition» du texte (voir «Comment trouver les idées directrices<br />

de commentaire », p. 72-73). Interrogez-vous notamment sur le<br />

registre du texte.<br />

• Extrayez de cette «définition» des questions à vous poser sur le texte ou<br />

ses centres d’intérêt; ce seront les idées directrices de votre commentaire.<br />

Étudiez:<br />

– le mouvement de ce <strong>monologue</strong>;


– la modalité des phrases et leur rythme.<br />

Ces analyses vous suggéreront peut-être une idée directrice de commentaire.<br />

• N’oubliez pas que vous pouvez trouver des idées directrices à partir des<br />

questions qui vous ont été posées ci-dessus.<br />

p Préparer la dissertation<br />

m Comprendre le sujet<br />

• <strong>Le</strong> sujet attire l’attention sur la spécificité du <strong>monologue</strong>.<br />

• Vous devez vous demander, très simplement : quelles formes peut<br />

prendre le <strong>monologue</strong> ? à quoi sert le <strong>monologue</strong> dans une pièce de<br />

<strong>théâtre</strong>?<br />

• Pour répondre, vous devez utiliser les textes proposés, mais il vous f<strong>au</strong>t<br />

<strong>au</strong>ssi vous constituer une « réserve » d’exemples de <strong>monologue</strong>s, en<br />

ayant soin de varier leur époque, leur registre (<strong>monologue</strong>s de tragédies,<br />

de comédies…), leur place dans la pièce (<strong>au</strong> début ; <strong>au</strong> moment de la<br />

crise; à la fin…), leur utilité.<br />

Petite «réserve» d’exemples de <strong>monologue</strong>s<br />

• Chez Molière: 1 re scène du Malade imaginaire (Argan vérifie sa facture<br />

de médicaments du mois); le <strong>monologue</strong> d’Harpagon (document B).<br />

• Dans la comédie: le long <strong>monologue</strong> de Figaro dans <strong>Le</strong> Mariage de Figaro<br />

(V, 3).<br />

• Dans la tragédie ou la tragi-comédie : « To be or not to be ? », Hamlet<br />

(document A); les stances du Cid de Corneille (I, 4); Phèdre (III, 2; IV, 5).<br />

• Dans le drame romantique: le <strong>monologue</strong> de Coelio à la fin des Caprices<br />

de Marianne de Musset; le <strong>monologue</strong> d’Hernani (I, 4) et celui de Don Carlos<br />

dans Hernani de Hugo, (IV, 2), les <strong>monologue</strong>s de Ruy Blas marchant<br />

«dans son rêve étoilé» (III, 4 notamment).<br />

• Dans le <strong>théâtre</strong> moderne: le Prologue dans Antigone d’Anouilh (document<br />

D); le «lamento» du jardinier dans Électre de Gir<strong>au</strong>doux (entracte);<br />

<strong>monologue</strong> de Winnie dans Oh! les be<strong>au</strong>x jours de Beckett (Winnie a la<br />

parole une grande partie de la pièce qui comporte un <strong>au</strong>tre personnage,<br />

Willie, mais invisible sur scène).<br />

• En début de pièce: <strong>Le</strong>s Guêpes d’Aristophane; Cinna de Corneille; <strong>Le</strong>s<br />

Plaideurs de Racine, Antigone d’Anouilh.<br />

p Préparer le sujet d’invention<br />

m Comprendre le sujet<br />

• <strong>Le</strong> sujet vous indique le genre <strong>au</strong>quel doit appartenir votre texte (le<br />

«<strong>théâtre</strong>») et la forme qu’il doit prendre (voir plus h<strong>au</strong>t «<strong>Le</strong> <strong>monologue</strong>»,


p. 100 et la dissertation ci-dessous). Vous pouvez donc inclure dans votre<br />

texte des appels <strong>au</strong> public (voir la dissertation p. 112 partie 3.2.).<br />

• <strong>Le</strong> registre <strong>au</strong>ssi est indiqué: «registre tragique». Vous devez connaître<br />

les caractéristiques et les marques du tragique.<br />

• <strong>Le</strong> texte <strong>au</strong>ra donc la forme et la présentation d’une scène de délibération,<br />

sous la forme d’une alternative (cf. la conjonction de coordination<br />

«ou» et la forme du verbe affirmative/négative).<br />

• Vous veillerez à bien commencer votre texte par la formulation demandée<br />

(«Partir ou ne pas partir? », « Pardonner ou ne pas pardonner? »).<br />

• <strong>Le</strong> <strong>monologue</strong> doit comporter des éléments qui font comprendre la<br />

situation.<br />

<strong>Le</strong> registre tragique<br />

• <strong>Le</strong> tragique se caractérise par l’expression la conscience des forces<br />

qui pèsent sur la destinée humaine.<br />

• <strong>Le</strong> registre tragique est approprié dans certaines situations, notamment<br />

dans le cas d’un choix fatal (il y a alors nécessité d’une délibération).<br />

• Ses marques sont : l’antithèse (figure particulièrement appropriée<br />

pour la délibération), l’hyperbole (ou exagération), les images du<br />

néant et de la faiblesse ou de la fatalité, l’exclamation, les interjections,<br />

le lexique de la violence, de la mort, de la fatalité.<br />

• Pour plus de précisions, voir «<strong>Le</strong> tragique», p. 165.<br />

La délibération<br />

• La délibération est une discussion que l’on mène avec soi-même ou<br />

avec d’<strong>au</strong>tres avant de se déterminer, de prendre une décision. Elle<br />

exige que l’on réfléchisse de façon personnelle sur un sujet et qu’on en<br />

analyse tous les aspects, qu’on en évalue toutes les conséquences.<br />

• Elle prend parfois la forme du «pour et contre».<br />

• Ses marques stylistiques sont: l’expression de l’alternative («ou»), de<br />

l’antithèse, de l’hypothèse («si», «dans le cas où»), le mode conditionnel<br />

pour les conséquences éventuelles de telle ou telle décision, l’interrogation<br />

souvent rhétorique (voir le <strong>monologue</strong> de Hamlet); quelquefois,<br />

notamment dans le cas du <strong>monologue</strong>, le locuteur se dédouble et<br />

utilise des indices personnels de la 1 re et de la 2 e personne pour se désigner<br />

soi-même (marque de dédoublement et de recul).


• Si elle se termine par une prise de décision, on y ajoutera l’expression<br />

du choix, de la décision prise et les marques affirmatives qui l’accompagnent,<br />

ainsi que l’impératif et marques de la détermination et<br />

de l’exhortation (voir fin des stances de Rodrigue dans <strong>Le</strong> Cid).<br />

m Chercher des idées<br />

• Imaginez d’abord la situation et précisez – pour vous-même – quel est le<br />

choix qui se présente à votre personnage.<br />

• Quelques pistes:<br />

– Partir ou ne pas partir à la guerre?<br />

– Avoir un enfant ou ne pas en avoir?<br />

– Euthanasier ou non?<br />

– Dénoncer ou ne pas dénoncer?<br />

– Publier ou ne pas publier (une nouvelle, une découverte alarmante)?<br />

– Dévoiler ou ne pas dévoiler?<br />

– Gracier ou ne pas gracier?<br />

– Mentir ou ne pas mentir?<br />

• Recherchez les conséquences qu’entraînerait chacun des choix possibles<br />

(la mort, l’exil, la perte d’un être cher).<br />

• Préparez une progression, en déterminant les grands mouvements du<br />

<strong>monologue</strong> et son issue.<br />

• Cherchez des mots du lexique du «choix» et des formulations de questions<br />

délibératives. Ex.: phrases à l’infinitif («partir? »); « f<strong>au</strong>t-il que…? »

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