Le monologue au théâtre - Annabac
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(…) La situation n’est pas la même dans le domaine de la comédie.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>au</strong>teurs comiques ne renoncent nullement <strong>au</strong>x longs <strong>monologue</strong>s, si<br />
ceux-ci peuvent être amusants. Certains types de <strong>monologue</strong>s comiques<br />
sont même à l’origine de traditions et tendent à se perpétuer. <strong>Le</strong> Jodelet<br />
duelliste (1647) de Scarron contient un long <strong>monologue</strong> de Jodelet qui se<br />
prépare à se battre en duel; pour vaincre sa peur, il mime le duel et, bien<br />
entendu, il a le dessus. À la scène suivante, il est surpris dans cet exercice<br />
par son adversaire Alphonse, qui le bourre<br />
«De nasardes, soufflets, coups de pieds et de poings».<br />
De même, l’Amphitryon de Molière commencera par le <strong>monologue</strong><br />
où Sosie répète devant sa lanterne le récit de la bataille, avant d’être surpris<br />
et battu par Mercure. <strong>Le</strong>s 10 <strong>monologue</strong>s de L’École des Femmes créent une<br />
<strong>au</strong>tre tradition: tous sont dits par le héros, Arnolphe, qui y analyse comiquement<br />
son amertume. Molière prêtera de même, et avec les mêmes intentions,<br />
6 <strong>monologue</strong>s <strong>au</strong> héros de son George Dandin, et ce seront les seuls<br />
de la pièce. <strong>Le</strong> procédé sera repris en 1672 par Montfleury dans les 10 <strong>monologue</strong>s<br />
de sa Fille capitaine.<br />
Racine occupe dans l’évolution du <strong>monologue</strong> une place assez exceptionnelle.<br />
Alors que les tragiques ses contemporains, et notamment Quin<strong>au</strong>lt,<br />
n’utilisent pas ou presque pas le <strong>monologue</strong>, il fait, lui, un emploi assez<br />
important de ce ressort dramaturgique qui semblait condamné par l’usage.<br />
À l’exception d’Athalie, toutes ses pièces comportent des <strong>monologue</strong>s, parfois<br />
assez longs (…).<br />
S’il a employé le <strong>monologue</strong> plus que d’<strong>au</strong>tres en son temps, c’est<br />
qu’il savait pouvoir y mettre la poésie et la passion qui provoqueraient les<br />
appl<strong>au</strong>dissements du parterre, tout en évitant les reproches des théoriciens<br />
les plus difficiles.<br />
Jacques Schérer, La Dramaturgie classique en France, 1977, Nizet.