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Le problème du dopage en droit pénal comparé.

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<strong>Le</strong> <strong>problème</strong> <strong>du</strong> <strong>dopage</strong><br />

<strong>en</strong> <strong>droit</strong> <strong>pénal</strong> <strong>comparé</strong><br />

par Me Marie-José Mimiague,¹<br />

avocat au barreau de Bayonne<br />

Née au Pays Basque, le 3 janvier 1935, Marie-José Mimiague a fait des études<br />

suivies à Saint-Jean-de-Luz, puis à Bordeaux où elle comm<strong>en</strong>ce son <strong>droit</strong>. Très<br />

vite attirée par le <strong>droit</strong> civil, elle s’ori<strong>en</strong>te vers la section <strong>droit</strong> privé. A la fin de<br />

sa lic<strong>en</strong>ce, elle passe avec succès son certificat d’aptitude professionnelle à la<br />

profession d’avocat et prête serm<strong>en</strong>t le 13 novembre 1960. Collaboratrice p<strong>en</strong>dant<br />

quelques années <strong>du</strong> Bâtonnier R<strong>en</strong>é Volfard, elle est aujourd’hui inscrite au barreau<br />

de Bayonne.<br />

C’est M. Béanger, Procureur de la République à Bordeaux, qui lui a suggéré ce<br />

sujet de thèse pour le doctorat <strong>en</strong> <strong>droit</strong>, thèse prés<strong>en</strong>tée et sout<strong>en</strong>ue le 6 juin<br />

1973 à l’Université de Bordeaux I.<br />

Nous prés<strong>en</strong>tons de larges extraits de cet ouvrage considérable de près de 300<br />

pages et fort intéressant à plus d’un titre. Nous <strong>en</strong> avons toutefois exclu les<br />

passages purem<strong>en</strong>t juridiques, mais indiqué le plan complet de l’œuvre ².<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

« Se doper, se truquer, soi-même, face à l’effort, s’intoxiquer<br />

dans l’espoir de se surpasser, n’est-ce pas là rejoin-<br />

dre la malheureuse cohorte des drogués qui cess<strong>en</strong>t d’ être<br />

des hommes? »<br />

Paul Vialar<br />

<strong>Le</strong> 1er septembre 1966 à I’audi<strong>en</strong>ce sol<strong>en</strong>nelle<br />

de r<strong>en</strong>trée de la Cour d’Appel<br />

de Liège, M. Jean Constant, Procureur<br />

Général près ladite Cour, s’exprimait<br />

<strong>en</strong> ces termes:<br />

« Si j’ai choisi de vous <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir<br />

aujourd’hui <strong>du</strong> doping, c’est que mon<br />

devoir d’état m’impose — ainsi <strong>en</strong> décide<br />

le décret de Napoléon — de « prononcer<br />

un discours sur un sujet propre<br />

à la circonstance ».<br />

» Or, p<strong>en</strong>dant que j’écrivais ces lignes,<br />

la presse, la radio et la télévision démontrai<strong>en</strong>t<br />

que le sujet de « circonstance<br />

» aurait au moins le mérite d’être un<br />

sujet d’actualité.<br />

» Jour après jour <strong>en</strong> effet, elles se relayèr<strong>en</strong>t<br />

pour annoncer au monde, par<br />

priorité sur les nouvelles <strong>du</strong> conflit vietnami<strong>en</strong>,<br />

que le doping sévit dans toutes<br />

les compétitions sportives.<br />

» D’abord, c’était le champion Anquetil<br />

qui avait pris le risque d’être délassé<br />

dans la course cycliste Liège-Bastogne-<br />

Liège pour avoir refusé de se soumettre<br />

à I’analyse doping.<br />

» Peu après, au milieu de la fièvre collective<br />

qui saisit chaque année les<br />

innombrables ferv<strong>en</strong>ts <strong>du</strong> Tour de<br />

France, les journaux signalai<strong>en</strong>t que,<br />

¹ Me M. J. Mimiague, Guéthary, domaine de<br />

Kosk<strong>en</strong>ia. 64120 Bidart (France).<br />

² L’abondance des sujets nous contraint de scinder<br />

cet article. La deuxième partie paraîtra dans<br />

notre prochain numéro.<br />

313


pour protester contre I’opération antidoping<br />

m<strong>en</strong>ée par la Police de Bordeaux,<br />

les 122 coureurs <strong>du</strong> Tour de<br />

France avai<strong>en</strong>t fait grève, chose unique<br />

dans I’histoire de cette compétition et<br />

que, desc<strong>en</strong>dant de vélo après 6 km de<br />

course, ils avai<strong>en</strong>t parcouru, à pied,<br />

plusieurs c<strong>en</strong>taines de mètres, poussant<br />

tranquillem<strong>en</strong>t leur vélo à la main.<br />

» C’est évidemm<strong>en</strong>t sans surprise que<br />

I’on apprit quelques jours plus tard que<br />

4 coureurs au moins faisai<strong>en</strong>t I’objet<br />

d’une information ouverte par le Procureur<br />

de la République à Bordeaux.<br />

» Enfin, ceux qui s’intéress<strong>en</strong>t plus au<br />

football qu’au cyclisme sav<strong>en</strong>t que<br />

I’ombre <strong>du</strong> doping n’a pas cessé de<br />

planer sur les équipes internationales<br />

qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de disputer <strong>en</strong> Angleterre<br />

la Coupe <strong>du</strong> Monde.<br />

» Ainsi donc le doping, que d’anci<strong>en</strong>s<br />

ont qualifié de « Cancer <strong>du</strong> Sport »<br />

s’adjuge de manière spectaculaire<br />

I’avant scène de I’actualité sportive. On<br />

serait même t<strong>en</strong>té de dire de I’actualité<br />

tout court, tant le sport a pris une place<br />

prépondérante dans notre vie d’aujourd’<br />

hui. »<br />

<strong>Le</strong> Procureur Constant, après avoir<br />

rappelé que le fait des exercices n’était<br />

sans doute pas un phénomène spécifiquem<strong>en</strong>t<br />

moderne puisqu’Olympie, dans<br />

la Grèce antique, était pour les athlètes<br />

un lieu de pélerinage et qu’aux premiers<br />

frémissem<strong>en</strong>ts de la décad<strong>en</strong>ce<br />

de I’Empire Romain I’on a prét<strong>en</strong><strong>du</strong> que<br />

le Peuple ne demandait plus que « panem<br />

et circ<strong>en</strong>ses », poursuit <strong>en</strong> soulignant:<br />

« II est incontestable que notre Siècle a<br />

imprimé au Sport un nouveau visage;<br />

négligeant la fonction première <strong>du</strong><br />

sport qui est de contribuer à l’épanouissem<strong>en</strong>t<br />

physique et moral de la personne<br />

humaine par I’é<strong>du</strong>cation de la<br />

volonté, de la sincérité, <strong>du</strong> fair-play, il<br />

I’a projeté dans la vie sociale comme<br />

une vaste <strong>en</strong>treprise de spectacles<br />

livrée au professionalisme et à la commercialisation.<br />

» Aussi voit-on le sport <strong>en</strong>vahir les<br />

stades, passionner — sinon asservir —<br />

314<br />

des milliers de spectateurs, déifier des<br />

champions ou des équipes, s’emparer<br />

de la presse, de la radio et de la télévision,<br />

alim<strong>en</strong>ter la publicité qui se sert<br />

<strong>du</strong> triomphe d’un sportif pour lancer<br />

une marque de cigarettes ou de<br />

chewing-gum, bref risquer de dégénérer<br />

<strong>en</strong> une tyrannie collective. »<br />

Et le Procureur Constant d’ajouter:<br />

« N’est-on pas stupéfait de lire qu’une<br />

jeune Brésili<strong>en</strong>ne a t<strong>en</strong>té de se suicider<br />

<strong>en</strong> appr<strong>en</strong>ant la défaite de l’éuipe de<br />

son pays à la Coupe <strong>du</strong> Monde de<br />

Football ou que les plus grands cinémas<br />

français et itali<strong>en</strong>s ont été privés<br />

de la moitié de leurs spectateurs aux<br />

heures de la retransmission par la télévision<br />

des principales r<strong>en</strong>contres de<br />

cette compétition?<br />

» Cette extraordinaire frénésie pour les<br />

compétitions sportives a été malheureusem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>couragée dans un but<br />

mercantile et I’on sait combi<strong>en</strong> la<br />

commercialisation <strong>du</strong> sport pousse les<br />

compétiteurs « à I’acharnem<strong>en</strong>t dans la<br />

poursuite de la victoire et à toutes les<br />

t<strong>en</strong>tatives liées au désir exacerbé de<br />

vaincre ». »<br />

<strong>Le</strong> Doping est-il né de là?<br />

Son histoire va nous démontrer qu’il est<br />

vieux comme le monde.<br />

CHAPITRE I<br />

Histoire <strong>du</strong> doping<br />

<strong>Le</strong> mot doping dériverait <strong>du</strong> substantif<br />

hollandais « doop » désignant tout<br />

liquide épais employé comme lubrifiant<br />

ou excitant.<br />

Utilisé dans I’argot américain depuis<br />

bi<strong>en</strong>tôt un siècle, ce terme que des<br />

colons néerlandais avai<strong>en</strong>t importé<br />

devint: « to doop » et « doping ».<br />

L’usage des dopants est vieux comme<br />

le monde puisque I’on sait qu’une peinture<br />

allégorique chinoise <strong>du</strong> troisième<br />

millénaire avant Jésus-Christ montre<br />

I’Empereur accroupi <strong>en</strong> train de<br />

mâcher un brin d’éphédra, plante


stimulante par son principe actif:<br />

l’éphédrine, et ceci afin de montrer que<br />

I’Empereur doit être constamm<strong>en</strong>t<br />

éveillé pour la sauvegarde de I’Etat.¹<br />

<strong>Le</strong> <strong>dopage</strong> était <strong>du</strong> reste à I’origine<br />

confon<strong>du</strong> avec la thérapeutique et,<br />

comme cette dernière, avait des pratiques<br />

magiques ou le facteur psychologique<br />

pot<strong>en</strong>tialisait <strong>en</strong> plus I’action.²<br />

Dès I’Antiquité les athlètes t<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t<br />

d’augm<strong>en</strong>ter leur force physique par la<br />

consommation de viande.<br />

D’après divers comptes r<strong>en</strong><strong>du</strong>s de<br />

Milon de Crotone on sait qu’ils <strong>en</strong> dévorai<strong>en</strong>t<br />

des quantités considérables.<br />

Par ailleurs, pour obt<strong>en</strong>ir une influ<strong>en</strong>ce<br />

très déterminée sur les performances,<br />

ils absorbai<strong>en</strong>t des catégories de<br />

viande selon la discipline: les sauteurs<br />

par exemple mangeai<strong>en</strong>t de la viande<br />

de chèvre, les boxeurs et les danseurs,<br />

de la viande de taureau; les lutteurs<br />

poids lourds, de la viande grasse de<br />

porc³.<br />

Dans la Grèce Antique où la rate « se<br />

congestionnant et <strong>du</strong>rcissant » au cours<br />

des épreuves de fond était selon Philostrate<br />

« le plus grand obstacle à la<br />

légèreté et à la vitesse », on pratiquait<br />

— <strong>en</strong> dehors des décoctions de prêle<br />

— des applications de champignons<br />

desséchés et chauds et surtout la splénectonie<br />

(ablation de la rate) 4 ; de là<br />

sans doute I’expression « courir comme<br />

un dératé ».<br />

<strong>Le</strong>s vieilles formules de sorciers servant<br />

à la composition des philtres<br />

destinés aux guerriers et aux chasseurs<br />

étai<strong>en</strong>t des dopings.<br />

La Coca (Erythroxylon coca) connue de<br />

tout temps par les lndi<strong>en</strong>s d’Amérique<br />

qui <strong>en</strong> mâchai<strong>en</strong>t les feuilles, jouait un<br />

rôle important dans les divers tabous et<br />

rites religieux.<br />

Au Mexique, les indigènes qui faisai<strong>en</strong>t<br />

partie des troupes auxiliaires de Hernan<br />

Cortes pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t <strong>du</strong> peyolt ou jiculi<br />

(Mescaline), surtout p<strong>en</strong>dant les escalades<br />

afin de diminuer la fatigue <strong>en</strong>traînée<br />

par la marche . 5<br />

De même, les indigènes des hautes<br />

plaines de I’Equateur emploi<strong>en</strong>t une<br />

certaine espèce de g<strong>en</strong>tiane surnommée<br />

<strong>en</strong> Quichua « cashpa china-yugo »<br />

ce qui veut dire « I’herbe qui fait courir<br />

» car les coureurs incas la pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t<br />

avant leurs longues et rapides marches<br />

6. .<br />

Magie, sorcellerie, thérapeutique: I’objectif<br />

est le même, précise M. Jean<br />

Noury rapporteur de la Commission<br />

des Affaires Culturelles au Sénat: augm<strong>en</strong>ter<br />

artificiellem<strong>en</strong>t le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t de<br />

I’indivi<strong>du</strong>, c’est le <strong>dopage</strong>.<br />

Et Monsieur Noury de faire allusion au<br />

« doping légal » qui a sévi p<strong>en</strong>dant les<br />

7<br />

deux dernières guerres mondiales .<br />

La célèbre « gnole éthérée » mélange<br />

d’alcool et d’éther que I’on distribuait<br />

aux fantassins de 14-18 avant les attaques<br />

à I’arme blanche relevait <strong>du</strong> doping.<br />

C’est surtout à partir de la deuxième<br />

guerre mondiale que le doping a été<br />

utilisé, plus particulièrem<strong>en</strong>t par les<br />

pilotes et les troupes de choc: parachutistes<br />

et commandos.<br />

<strong>Le</strong>s Américains utilisèr<strong>en</strong>t I’orthédrine<br />

pour lutter contre le sommeil p<strong>en</strong>dant<br />

les grandes attaques.<br />

<strong>Le</strong>s pilotes de chasse allemande<br />

étai<strong>en</strong>t dopés par ce qu’ils appelai<strong>en</strong>t<br />

familièrem<strong>en</strong>t le « chocolat-dynamite »<br />

à base de pervitine.<br />

¹ Sénat No 14. 1re Session ordinaire 1964-1965.<br />

Annexe au P. V. de la séance <strong>du</strong> 27.10.1964. Rapport<br />

fait par M. Jean Noury. sénateur, p. 2.<br />

² Georges <strong>Le</strong> Moan: « <strong>Le</strong> <strong>dopage</strong> des intellectuels<br />

et des sportifs ». Confér<strong>en</strong>ce prononcée à la Journée<br />

angevine de la Santé à Angers, le 16.10.1966.<br />

³ Sénat No 14. 1re Session ordinaire 1964-1965.<br />

Annexe au P. V. de la séance <strong>du</strong> 27.10.1964. Rapport<br />

fait par M. Jean Noury, sénateur, pp. 2 et 3.<br />

4 Assemblée nationale No 1189. 1re Session ordinaire<br />

1964-1965. Annexe au P. V. de la séance <strong>du</strong><br />

24.11.1964. Avis prés<strong>en</strong>té par M. Couderc, député,<br />

p.3.<br />

5 et 6 Doping des athlètes. Conseil de l’Europe<br />

(comité de I’E<strong>du</strong>cation extra-scolaire). 15-16 janvier<br />

1963, Strasbourg; 7-6 novembre 1963, Madrid. Cité<br />

par J. Jolain dans sa thèse sus-visée, p. 31.<br />

7 Sénat No 14. 1re Session ordinaire 1964-1965.<br />

Annexe au P. V. de la séance <strong>du</strong> 27.10.1964. Rapport<br />

fait par M. Jean Noury, sénateur, p. 3.<br />

315


<strong>Le</strong>s chasseurs anglais, dans le même<br />

temps, fir<strong>en</strong>t appel p<strong>en</strong>dant le « Blitz »<br />

à la b<strong>en</strong>zédrine ou à la méthédrine, à<br />

tel point qu’après les hostilités, certains<br />

grands journaux britanniques pur<strong>en</strong>t<br />

titrer « la méthédrine a gagné la bataille<br />

de Londres! »<br />

Nous appr<strong>en</strong>ons <strong>en</strong> outre¹ que le « Ministry<br />

of Supply» a fourni aux conting<strong>en</strong>ts<br />

britanniques <strong>du</strong>rant la guerre de<br />

1939-1945 72 millions de comprimés<br />

d’amphétamines.<br />

II y a lieu de croire cep<strong>en</strong>dant que ce<br />

<strong>dopage</strong>, pratiqué alors sur une grande<br />

échelle, a sans doute vulgarisé son<br />

usage par la suite et deux catégories<br />

sociales <strong>en</strong> ont particulièrem<strong>en</strong>t abusé<br />

ces dernières années: les étudiants et<br />

les sportifs.<br />

Ainsi donc la pratique <strong>du</strong> doping qui<br />

s’est développée au cours de I’histoire<br />

va évoluer au point de pr<strong>en</strong>dre de nos<br />

jours une importance considérable<br />

dans la société.<br />

C’est ce caractère d’actualité qu’il nous<br />

faut maint<strong>en</strong>ant examiner.<br />

CHAPITRE II<br />

<strong>Le</strong> caractère d’actualité <strong>du</strong> doping<br />

L’Américain Titchie Calder I’a résumé<br />

avec humour <strong>en</strong> lançant cette boutade:<br />

« I’homme moderne? Dans une poche<br />

la pilule qui tranquillise, dans I’autre<br />

celle qui dope. » ²<br />

De nos jours <strong>en</strong> effet à l’école, à<br />

I’Université, au mom<strong>en</strong>t des exam<strong>en</strong>s,<br />

sur les stades à I’occasion des compétitions,<br />

dans la vie aux périodes int<strong>en</strong>ses<br />

d’activité ou de surm<strong>en</strong>age, certains<br />

sont t<strong>en</strong>tés de rétablir un équilibre<br />

rompu ou d’accroître leur r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t<br />

par I’absorption de stimulants ou de<br />

tranquilisants. ³<br />

<strong>Le</strong> Conseiller P. J. Doll dans son comm<strong>en</strong>taire<br />

de la Loi <strong>du</strong> 1er juin 1965 sou-<br />

316<br />

ligne que « les sportifs et spécialem<strong>en</strong>t<br />

les jeunes ont une fâcheuse t<strong>en</strong>dance à<br />

avoir recours à des excitants <strong>en</strong> s’imaginant<br />

améliorer ainsi leurs performances.<br />

Ils sont attirés par la gloire, par le<br />

désir de briller. Ils sont d’autant plus<br />

<strong>en</strong>clins à vouloir triompher dans des<br />

compétitions que certaines fédérations<br />

offr<strong>en</strong>t à de très jeunes garçons la possibilité<br />

de gagner des sommes parfois<br />

considérables.<br />

« Ils se tourn<strong>en</strong>t donc vers le mirage<br />

t<strong>en</strong>tateur <strong>du</strong> doping. <strong>Le</strong> culte <strong>du</strong><br />

dixième de seconde et la ‹‹ championité<br />

›› séviss<strong>en</strong>t de plus <strong>en</strong> plus ››. 4<br />

Si la pratique <strong>du</strong> doping est ignorée<br />

des sportives, chez les hommes elle est<br />

surtout répan<strong>du</strong>e dans le domaine des<br />

sports professionnels tels que cyclisme,<br />

football, boxe, ainsi que dans les secteurs<br />

qui, <strong>en</strong> raison même de la<br />

longueur ou de la <strong>du</strong>rée de I’épreuve<br />

considérée, font appel à toute la résistance<br />

physique de I’indivi<strong>du</strong> telles que<br />

les compétitions de fond ou de grand<br />

fond (épreuves d’<strong>en</strong><strong>du</strong>rance).<br />

CHAPITRE Ill<br />

La définition <strong>du</strong> doping<br />

II nous reste à étudier la définition <strong>du</strong><br />

‹‹ doping ››.<br />

Cette dernière a fait I’objet de nombreuses<br />

controverses, certains ayant<br />

été jusqu’à prét<strong>en</strong>dre que ‹‹ les<br />

substances dopantes sont les corps<br />

¹ M. Segers, J.-S. Jongers, L. <strong>Le</strong>willie: ‹‹ <strong>Le</strong> Doping<br />

›› Travaux de I’INEPS 1962. Cité par J. Jolain<br />

dans sa thèse de Doctorat <strong>en</strong> médecine No 234,<br />

Paris 1964, p. 32.<br />

² et ³ J. O., 4.11.1964. Sénat, 1re Session ordinaire<br />

1964-1965, p. 1258.<br />

4 P.J. Doll: ‹‹ La répression de I’usage des stimulants<br />

à I’occasion des compétitions sportives. ››<br />

Semaine juridique, 14 juillet 1965, 1 Doctrine, 1927.


chimiques n’<strong>en</strong>trant pas dans la catégorie<br />

des substances dites naturelles ››.<br />

La digitaline qui est bi<strong>en</strong> une substance<br />

naturelle ne serait-elle pas dès lors un<br />

ag<strong>en</strong>t de doping?<br />

Pour La Cava ¹, un doping est ‹‹ une<br />

substance excitante ou ergogénétique,<br />

non alim<strong>en</strong>taire, qui a pour but d’augm<strong>en</strong>ter<br />

artificiellem<strong>en</strong>t le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />

compétition ››.<br />

R. Guillet précise toutefois dans son<br />

livre ² que cette définition n’est pas tout<br />

à fait exacte car certaines substances<br />

employées par les sportifs ne sont pas<br />

des excitants et nous savons que le<br />

r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t physique de certains sujets<br />

peut être amélioré par des drogues calmantes<br />

dont le rôle est probablem<strong>en</strong>t<br />

de lever certaines inhibitions corticales.<br />

Pour Chaillet-Bert³ le doping consiste<br />

dans ‹‹ I’usage des substances ou<br />

d’actions stimulantes, avant ou p<strong>en</strong>dant<br />

la compétition, qui ont le pouvoir d’augm<strong>en</strong>ter<br />

le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t de I’indivi<strong>du</strong> ›› ce<br />

qui permettra à R. Guillet de poser la<br />

question de savoir si dans ce cas le<br />

massage pratiqué avant une épreuve<br />

est un doping 4 .<br />

Demole, <strong>en</strong> appliquant aux sportifs le<br />

terme de doping, parle de ‹‹ procédé<br />

déloyal de stimulation dont se serv<strong>en</strong>t<br />

les athlètes ››. 5<br />

Georges <strong>Le</strong> Moan définit pour sa part le<br />

<strong>dopage</strong> des êtres vivants comme tout<br />

procédé utillsé dans Ie but d’augm<strong>en</strong>ter<br />

<strong>du</strong>ne manière anormale et dangereuse<br />

les possibilités physiologiques de leur<br />

organisme. 6<br />

Quant à I’Association de Médecins<br />

Sportifs Allemands, elle a adopté la<br />

position suivante: ‹‹ tout médicam<strong>en</strong>t,<br />

indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>du</strong> fait qu’il soit actif<br />

ou pas, administré avec I’int<strong>en</strong>tion<br />

d’une élévation de r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t avant une<br />

compétition, est considéré comme doping<br />

››. 7<br />

A I’appui de la thèse fondant la définition<br />

<strong>du</strong> doping non seulem<strong>en</strong>t sur la<br />

santé publique mais <strong>en</strong>core sur I’éthique<br />

sportive il est fait état, au cours<br />

des travaux préparatoires de la loi<br />

belge 8 d’extraits d’un article paru dans<br />

une publication française ‹‹ <strong>Le</strong>s <strong>Le</strong>ttres<br />

›› sous le titre: ‹‹ <strong>Le</strong> sport malade<br />

<strong>du</strong> doping ›› dont voici la repro<strong>du</strong>ction<br />

9 : ‹‹ <strong>Le</strong> procès <strong>du</strong> doping est un<br />

proès scandaleux, d’une part, il crée<br />

de fausses valeurs dans I’univers <strong>du</strong><br />

sport qui ne devrait être que loyauté;<br />

d’autre part, il ruine des corps, des<br />

esprits, quand le sport ne devrait<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer qu’équilibre, beauté et santé.››<br />

Plus loin, I’auteur de I’article, Michel<br />

Vill<strong>en</strong>euve cite cette définition <strong>du</strong><br />

doping qui met, elle aussi I’acc<strong>en</strong>t sur<br />

le mépris de la loyauté sportive qui est<br />

à la base de la pratique <strong>du</strong> doping:<br />

‹‹ <strong>Le</strong> doping est I’administration à un<br />

sujet sain, par quelque voie que ce soit,<br />

d’une substance étrangère à I’organisme<br />

ou de quantités anormales d’ag<strong>en</strong>ts<br />

physiologiques, et dans le seul but<br />

d’augm<strong>en</strong>ter artificiellem<strong>en</strong>t et de façon<br />

déloyale la performance de ce sujet, <strong>en</strong><br />

¹ La Cava: ‹‹ <strong>Le</strong> doping. Ses limites, diagnostic et<br />

prév<strong>en</strong>tion. ›› C<strong>en</strong>tre médical sportif de Rome (FMSI),<br />

cité par R. Guillet dans son ouvrage ‹‹ <strong>Le</strong> doping<br />

de I’homme et <strong>du</strong> cheval ››, p. 10.<br />

² R. Guillet: ‹‹ <strong>Le</strong> doping de I’homme et <strong>du</strong> chevaI<br />

››, p. 10.<br />

³ et 4 Idem.<br />

5 V. Demole: ‹‹ Médecine sportive et doping.››<br />

Librairie de I’Université, Lausanne 1941. Cité par<br />

J.-P. Coquart dans sa thèse pour le doctorat <strong>en</strong><br />

médecine: ‹‹ Considérations sur le doping. ›› Bordeaux<br />

1963, No 220, p. 7.<br />

6 G. <strong>Le</strong> Moan: « <strong>Le</strong> <strong>dopage</strong> des intellectuels et des<br />

sportifs. » Confér<strong>en</strong>ce prononcée à la Journée angevine<br />

de la santé, à Angers, le 16.10.1966.<br />

7 Anales de Medecina For<strong>en</strong>se de la Asociacion<br />

Espanola de Medicos for<strong>en</strong>ses, p. 226.<br />

8 La définition proposée par le gouvernem<strong>en</strong>t aux<br />

Chambres légisiatives était la suivante: ‹‹ Est considéré<br />

comme pratique <strong>du</strong> doping, I’utilisation de<br />

substances ou I’emploi de moy<strong>en</strong>s <strong>en</strong> vue d’augm<strong>en</strong>ter<br />

artificiellem<strong>en</strong>t le r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t d’un athlète qui<br />

participe ou se prépare à une compétition sportive,<br />

lorsque cela peut être nuisible à son intégrité physique<br />

ou psychique. » Voy - Tvx préparatoires loi<br />

belge. Exposé des motifs. Doc. Parl. Sénat: Session<br />

1964-1965, No 95, p. 4.<br />

9 Tvx. préparatoires loi belge. Doc. Parl. Sénat:<br />

Session 1964-1965, No 233, p. 10.<br />

317


vue ou à I’occasion de sa participation<br />

à une compétition. »<br />

Et I’auteur de préciser: « Cette définition<br />

doit plus à la morale sportive qu’à<br />

des constatations médicales. Bi<strong>en</strong> que<br />

la médecine, elle aussi, arrive peu à<br />

peu à cerner le <strong>problème</strong>. »<br />

Malgré ces textes soulignant suffisamm<strong>en</strong>t<br />

qu’une définition <strong>du</strong> doping doit<br />

t<strong>en</strong>ir compte <strong>du</strong> caractère déloyal de<br />

cette pratique, I’am<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t proposé<br />

par le sénateur Lahaye sera repoussé,<br />

le gouvernem<strong>en</strong>t belge estimant <strong>en</strong><br />

effet que l’éthique sportive doit relever<br />

principalem<strong>en</strong>t des fédérations sportives,<br />

le législateur devant uniquem<strong>en</strong>t<br />

pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> considération le <strong>problème</strong><br />

posé par les conséqu<strong>en</strong>ces néfastes<br />

causées à la santé des athlètes par<br />

I’abus des stimulants¹.<br />

Pour le Procureur Général Constant²<br />

s’il n’est pas douteux que la pratique <strong>du</strong><br />

doping constitue, comme on I’a dit et<br />

répété fort justem<strong>en</strong>t, une atteinte à la<br />

morale sportive qui justifie I’interv<strong>en</strong>tion<br />

<strong>du</strong> législateur, il ne faut pas confondre<br />

cette raison avec un élém<strong>en</strong>t<br />

constitutif de I’infraction dont il incomberait<br />

au Ministère Public de rapporter<br />

la preuve.<br />

<strong>Le</strong> groupe de travail constitué au sein<br />

<strong>du</strong> Conseil de I’Europe <strong>en</strong> Janvier 1963<br />

à Strasbourg estimant qu’il était indisp<strong>en</strong>sable<br />

de parv<strong>en</strong>ir à un accord international<br />

sur une définition de base<br />

pour qu’une action efficace soit <strong>en</strong>gagée<br />

tant des points de vue juridique,<br />

médical, sportif que social a conv<strong>en</strong>u<br />

des définitions suivantes <strong>du</strong> doping des<br />

athlètes <strong>en</strong> français et <strong>en</strong> anglais³.<br />

« <strong>Le</strong> doping est I’administration à un<br />

sujet sain, ou I’utilisation par lui-même<br />

et par quelque moy<strong>en</strong> que ce soit,<br />

d’une substance étrangère à I’organisme,<br />

de substances physiologiques <strong>en</strong><br />

quantités ou par une voie anormale, et<br />

ce dans le seul but d’augm<strong>en</strong>ter artificiellem<strong>en</strong>t<br />

et de façon déloyale la performance<br />

de ce sujet à I’occasion de sa<br />

participation à une compétition. Cer-<br />

318<br />

tains procédés psychologiques créés<br />

afin d’augm<strong>en</strong>ter la performance <strong>du</strong><br />

sujet peuv<strong>en</strong>t être considérés comme<br />

étant <strong>du</strong> «doping ».<br />

La définition proposée au premier<br />

colloque Europé<strong>en</strong> sur le doping réuni<br />

à Uriage-<strong>Le</strong>s-Bains les 26 et 27 janvier<br />

1963 est la suivante4 :<br />

« <strong>Le</strong> doping n’est pas la préparation<br />

physiologique de I’athlète. Cette préparation<br />

est ess<strong>en</strong>tielle et doit rester sous<br />

le contrôle médical.<br />

» Est considérée comme doping I’utilisation<br />

de substances et de tous moy<strong>en</strong>s<br />

destinés à augm<strong>en</strong>ter artificiellem<strong>en</strong>t le<br />

r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> vue ou à I’occasion de la<br />

compétition et qui peut porter préjudice<br />

à I’éthique sportive et à I’intégrité<br />

physique et psychique de I’athlète. »<br />

A la lecture de ces définitions, nous<br />

nous apercevons que la plupart d’<strong>en</strong>tre<br />

elles <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t I’atteinte<br />

portée par la pratique <strong>du</strong> doping<br />

à la santé physique et psychique des<br />

athlètes.<br />

<strong>Le</strong>s deux dernières, cep<strong>en</strong>dant, mérit<strong>en</strong>t<br />

d’être ret<strong>en</strong>ues dans la mesure où<br />

sans perdre de vue les dangers <strong>du</strong><br />

doping sur le plan sanitaire elles mett<strong>en</strong>t<br />

I’acc<strong>en</strong>t sur I’atteinte portée à la<br />

morale sportive par une pratique<br />

déloyale qui crée de fausses valeurs<br />

dans le monde des sports et qui constitue,<br />

selon certains, non seulem<strong>en</strong>t une<br />

tricherie mais <strong>en</strong>core « une véritable<br />

escroquerie » <strong>en</strong> faussant les résultats<br />

de la compétition qui ne correspond<strong>en</strong>t<br />

pas à la valeur réelle des athlètes <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce 5.<br />

¹ Dot. Parl. Sénat: Session de 1964-1965, No 233,<br />

p. 7 Rapport fait au nom de la commission de la<br />

commission de la Santé publique et de la famille.<br />

par M. R<strong>en</strong>quin.<br />

² J. Constant: « La répression de la pratique <strong>du</strong><br />

doping à l’occasion des compétitions sportives. »<br />

Journal des tribunaux, 15 octobre 1966, No 4545.<br />

³ et 4 Doping des athlètes. Une étude europé<strong>en</strong>ne.<br />

Conseil de I’Europe 1964, pp. 10 et 11.<br />

5 E. de Ridder: « De Zelfkant van de Sport »,<br />

Rechtsh-Weekbl, 1964-1965, col. 1533.


Ainsi donc vont se manifester deux t<strong>en</strong>dances<br />

apparemm<strong>en</strong>t opposées quant<br />

au fondem<strong>en</strong>t qu’il convi<strong>en</strong>t de donner<br />

à la répression <strong>du</strong> doping.<br />

Nous p<strong>en</strong>sons comme lui que la diverg<strong>en</strong>ce<br />

de vue <strong>en</strong>tre les partisans de la<br />

notion de déloyauté et ceux qui veul<strong>en</strong>t<br />

restreindre leurs préoccupations au<br />

souci de protéger la santé physique et<br />

psychique des athlètes constitue un<br />

faux <strong>problème</strong> et qu’il est bi<strong>en</strong> certain<br />

<strong>en</strong> effet, qu’<strong>en</strong> luttant contre le doping<br />

sur le plan sanitaire, on restaure, par le<br />

fait même, la structure morale des compétitions<br />

sportives.<br />

Si donc la notion d’éthique sportive<br />

peut paraître totalem<strong>en</strong>t superflue dans<br />

la définition légale <strong>du</strong> doping, nous<br />

p<strong>en</strong>sons par contre qu’elle doit figurer<br />

dans le cadre d’une définition générale<br />

qui pourrait, selon nous être conçue<br />

dans les termes suivants:<br />

« <strong>Le</strong> doping est I’utilisation par un<br />

athlète, ou l’administration à ce dernier,<br />

par quelques procédés que ce soit, de<br />

substances et de moy<strong>en</strong>s, lesquels sont<br />

nuisibles à sa santé et sont destinés à<br />

modifier, <strong>en</strong> vue ou au cours d’une<br />

compétition sportive, sa condition physique,<br />

dans le but de le faire artificiellem<strong>en</strong>t<br />

et déloyalem<strong>en</strong>t parv<strong>en</strong>ir à un<br />

résultat supérieur à celui que lui aurai<strong>en</strong>t<br />

procuré ses capacités naturelIes. »<br />

Bi<strong>en</strong> que I’aspect immoral <strong>du</strong> doping ait<br />

été à maintes reprises souligné lors des<br />

travaux préparatoires de la loi française<br />

le réprimant, I’on notera que I’article 1o<br />

n’y fait aucune allusion.<br />

¹ Projet de loi t<strong>en</strong>dant à la répression de I’usage<br />

<strong>du</strong> doping à I’occasion des compétitions sportives,<br />

Sénat, 2e Session ordinaire de 1963-1964, No 328,<br />

rattaché par ordre au P. V. de la 3e séance <strong>du</strong><br />

30 juin 1964.<br />

² Rapport fait au nom de la commission des Affaires<br />

culturelles sur le projet t<strong>en</strong>dant à la répression<br />

de I’usage des stimulants à I’occasion des compétitions<br />

sportives, par M. Jean Noury, sénateur. Sénat:<br />

1re Session ordinaire, 1964-1965. Annexe au P. V.<br />

de la séance <strong>du</strong> 27 octobre 1964, No 14, p. 14.<br />

³ J.O., 4.11.1964, Sénat: 1re Session ordinaire<br />

1964-1965, p. 1259.<br />

L’exposé des motifs de la loi cep<strong>en</strong>dant<br />

<strong>en</strong> fait état: nous y lisons <strong>en</strong> effet que<br />

le projet de loi a pour but de mettre un<br />

terme à la pratique, par les sportifs, de<br />

procédés déloyaux sur le plan de la<br />

morale sportive, et, <strong>en</strong> outre, nuisible à<br />

leur santé ¹.<br />

Monsieur Noury rapporteur de la Commission<br />

des affaires culturelles au<br />

Sénat déclarait de même lors de son<br />

rapport ²: « <strong>Le</strong> sport, par définition, doit<br />

être une école de loyauté. L’athlète qui<br />

se dope <strong>en</strong> vue d’une compétition est<br />

un tricheur! II triche <strong>en</strong> cherchant à<br />

augm<strong>en</strong>ter artificiellem<strong>en</strong>t son r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t,<br />

il vole son classem<strong>en</strong>t, il viole la<br />

règle antique tant de fois rappelée<br />

« M<strong>en</strong>s sana in corpore sano ».»<br />

Quant à Monsieur Herzog, Secrétaire<br />

d’Etat à la jeunesse et aux Sports, il<br />

précisait devant le Sénat lors de la<br />

séance <strong>du</strong> 3 novembre 1964 ³: « La<br />

patrie de Pierre de Coubertin se devait<br />

d’être a I’avant garde <strong>du</strong> mouvem<strong>en</strong>t<br />

national et international. Celui, <strong>en</strong> effet,<br />

qui, il y a cinquante ans, a rénové les<br />

Jeux Olympiques voulait que cette<br />

confrontation mondiale de la jeunesse<br />

sportive soit une lutte non seulem<strong>en</strong>t à<br />

armes égales, mais aussi une lutte<br />

loyale. En utilisant des pro<strong>du</strong>its dopants<br />

il est certain que cette lutte<br />

devi<strong>en</strong>t profondém<strong>en</strong>t déloyale. »<br />

Qu’elle ait pour fondem<strong>en</strong>t la Santé<br />

publique ou l’éthique sportive, I’interdiction<br />

<strong>du</strong> doping est-elle justifiée?<br />

C’est ce qui convi<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>ant d’analyser.<br />

M.J.M.<br />

(A suivre)<br />

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