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Témoignage par critique du livre de Solange Langenfeld Serranelli ...

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Sur le plan pratique, la nullité d’une idée se masque <strong>par</strong> son application à <strong>de</strong>s cas qui<br />

n’en nécessitent pas l’emploi. Songez à l’homéopathie ou à la psychanalyse. Au vu <strong>de</strong>s cas<br />

présentés dans le <strong>livre</strong>, le conte thérapeutique s’adresse à <strong>de</strong>s personnes qui, quels que soient<br />

leurs souffrances et leurs problèmes vitaux, que je reconnais <strong>par</strong>faitement, ne présentent pas<br />

les plus graves problèmes mentaux rencontrés en psychiatrie, loin <strong>de</strong> là. Se composant à cette<br />

population propice aux meilleurs dénouements, l’auto-évaluation <strong>par</strong> un auteur dont j’espère<br />

avoir fourni <strong>de</strong>s arguments pour faire douter <strong>de</strong> l’honnêteté et <strong>du</strong> jugement, et <strong>de</strong> nombreux<br />

éléments rapportés dans le <strong>livre</strong> – un suici<strong>de</strong>, une personne qui ne reçoit pas le conte, absence<br />

d’effets constatés, effet difficile à mesurer, réactions insignifiantes, réactions non probantes –,<br />

<strong>de</strong>vraient amener tout esprit sérieux à dé<strong>du</strong>ire que rien n’a été prouvé ni confirmé <strong>par</strong> ce <strong>livre</strong><br />

quant à l’efficacité <strong>du</strong> conte thérapeutique. Avec toutes les réserves quant à l’utilisation <strong>de</strong><br />

cette métho<strong>de</strong> dans le cas <strong>de</strong> la psychiatrie, une étu<strong>de</strong> sérieuse com<strong>par</strong>erait <strong>de</strong>s évaluations<br />

indépendantes et à l’aveugle <strong>de</strong> différentes populations, spécialement à l’évaluation d’une<br />

population témoin qui ne recevrait aucune ai<strong>de</strong> présupposée. Cela n’a jamais été fait à ma<br />

connaissance, le <strong>livre</strong> d’une infirmière persuadée a priori ne peut se substituer à un début <strong>de</strong><br />

preuve scientifique. <strong>Langenfeld</strong> a essentiellement renforcé son système <strong>de</strong> croyances <strong>par</strong><br />

l’exploration désordonnée d’un point <strong>par</strong>ticulier, la phraséologie employée autorisant tous les<br />

montages et dispensant commodément d’hypothèses, <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> conclusions claires.<br />

D’ailleurs, elle conclut que le conte n’est finalement qu’un outil, et réaffirme le rôle<br />

primordial <strong>de</strong> l’infirmier en tant que personne humaine dans le processus thérapeutique.<br />

Il est vrai que ce <strong>livre</strong> ne peut être ré<strong>du</strong>it à une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s contes. Ils en sont le fil directeur,<br />

mais il est avant tout question <strong>de</strong>s expériences d’une infirmière en psychiatrie. Je suis alors là<br />

pour m’opposer à son récit fantaisiste et alerter <strong>du</strong> très grand danger <strong>de</strong> laisser braconner aux<br />

franges <strong>de</strong> la normalité une psychiatrie hospitalière extrêmement agressive, dont la première<br />

mission serait pourtant <strong>de</strong> se rendre utile ailleurs. Une victime d’un type malheureusement<br />

très fréquent. Renseignez-vous sur l’hospitalisation désastreuse imposée à la famille <strong>de</strong> M.<br />

Michel Prévidi, le jour même <strong>de</strong>s funérailles <strong>de</strong> sa fille aînée, décédée <strong>par</strong> suici<strong>de</strong>. Sa femme<br />

et son <strong>de</strong>rnier enfant, sa secon<strong>de</strong> fille, se sont suicidées quelques mois plus tard. Pour autant,<br />

je n’oublie pas tous les autres patients. Ceux qui, <strong>par</strong> infortune, sont déjà accablés <strong>de</strong> plus<br />

grands maux, et sont fatalement plus maltraités, plus longtemps, <strong>par</strong> cette même psychiatrie<br />

barbare.<br />

Je vais commenter quelques assertions trouvées au quatrième <strong>de</strong> couverture,<br />

probablement écrit <strong>par</strong> <strong>Langenfeld</strong> elle-même. Il est dit qu’elle exerçait dans une « unité<br />

psychiatrique d’admission ouverte ». Je crains que le public général ignore la réalité<br />

dissimulée <strong>de</strong>rrière cette faça<strong>de</strong> <strong>de</strong> mots. L’incohérence <strong>de</strong> <strong>Langenfeld</strong> à ce sujet est<br />

remarquable. À la page 20, elle déclare que les personnes hospitalisées dans le service sont<br />

toutes consentantes aux soins. Dans le <strong>livre</strong>, il est pourtant question <strong>de</strong> nombreuses<br />

hospitalisations sans consentement, <strong>de</strong> protestations <strong>par</strong>fois véhémentes quant aux<br />

hospitalisations, <strong>de</strong> contraintes, et même <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> la force. <strong>Langenfeld</strong> atteint la<br />

contradiction littérale concernant ses propres activités à la page 71 : « J’ai quelques entretiens<br />

avec Nadia. Je les lui impose, lui expliquant que cela fait <strong>par</strong>tie <strong>de</strong>s soins qu’elle est venue<br />

recevoir à l’hôpital. » Il faut encore noter, d’après les informations données à la page 69, que<br />

la jeune fille fut placée sous le régime unique <strong>de</strong>s mineurs, que <strong>de</strong> ce fait son consentement<br />

éventuel n’eût eu aucune conséquence quant à l’hospitalisation et au type d’hospitalisation, et<br />

qu’elle fut ap<strong>par</strong>emment hospitalisée contre sa volonté. Voici donc, pour renseigner le lecteur<br />

désinformé, ce que je connais d’une « unité psychiatrique d’admission ouverte » :<br />

hospitalisations sans consentement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux types (hospitalisation à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’un tiers et<br />

hospitalisation d’office), hospitalisations <strong>de</strong> mineurs, inaptes légalement au consentement,<br />

illégalité <strong>de</strong>s hospitalisations, changements <strong>du</strong> type d’hospitalisation, transferts dans les

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