Témoignage par critique du livre de Solange Langenfeld Serranelli ...

services dits fermés, fenêtres qui s’ouvrent sur une dizaine de centimètres, disposition
architecturale permettant le contrôle constant des allées et venues, porte d’entrée
constamment fermée par périodes, fuites, répression de comportements irréprochables
légalement, interdiction généralisée de posséder des téléphones portables et autres moyens de
communication, interdictions particulières de recevoir des visites, interdictions punitives de
sortir du bâtiment, interdiction généralisée de sortir de l’enceinte de l’hôpital hors
permissions, patients partiellement dévêtus en public et immobilisés notamment par un
infirmier assis dessus lors des injections par la force, unique chambre d’isolement dont
l’occupation habituelle conduit souvent à la recherche d’une place dans un autre service,
menaces de mise en isolement, mises en isolement punitives, dérapages violents de certains
membres du personnel.
Il est prétendu que, en opposition à la tendance de rationalisation des soins, une complainte
habituelle dans le métier, ce livre « propose au lecteur un véritable voyage au cœur de la
thérapie infirmière dans sa dimension la plus humaine : celle du soin relationnel centré sur la
personne. » Il faut savoir qui donne la leçon d’humanité. La même qui, comme je le dénonce,
trahit le secret qu’elle promit à un ancien patient, ment et nie sa volonté de mourir par deux
fois pour mieux l’utiliser à des fins de valorisation professionnelle. La même encore,
ignorante en tout sauf en cette mauvaise psychologie qui lui donne l’illusion de comprendre le
monde, qui explique que le respect de l’autre est évident dès lors qu’est atteint le troisième
stade d’un certain développement psychique, résumé aux pages 70 et 71. Les croyances
incultes de ce genre font la perversité du réductionnisme psychologique utilisé en psychiatrie,
j’espère le faire entrevoir.
Enfin, il est assuré que « les contes ont cette incroyable capacité d’aider à résoudre de grands
conflits intérieurs avec douceur. » Peu importe l’innocuité de ces histoires dérisoires, il faut
l’opposer à ce que prône Langenfeld, une psychiatrie fondamentalement hors-la-loi,
antisociale, ségrégationniste, arbitraire, inique, irrespectueuse, inhumaine, négatrice,
coercitive, violente, destructrice, en un mot, barbare.
J’ai énormément souffert de mon parcours psychiatrique. C’est une expérience
complexe qui détruit dans de multiples pans de la vie. L’incroyable duplicité de Langenfeld et
son irrespect absolu du patient m’ont empêché de cerner la plupart de ses conceptions à mon
sujet. Elle semble n’avoir rien compris de la minorité de faits portés à sa connaissance. Je ne
crois donc pas qu’elle ait pu s’imaginer à quel point sa version me serait cruelle. C’est
inversement lié au degré de malhonnêteté qu’elle s’est autorisé pour l’écriture de son chapitre.
Comme je l’ai dit, je ne pense pas qu’elle se soit permis envers ses lecteurs un échafaudage
qu’elle sût totalement artificiel. Cela reste toutefois une possibilité.
Pour avoir constaté trop de similitudes entre les présentations qui sont données du cas d’une
jeune fille et du mien, pour avoir remarqué des éléments très suspects dans le chapitre
consacré à une personne que j’ai bien connue, pour relever aussi cet indice chez une autre qui
laisse supposer des traumatismes importants causés par la prise en charge, j’estime probable
que, si jamais ils venaient à en prendre connaissance, d’autres patients seraient révoltés par ce
livre.
Il n’y a pas de lucidité chez Langenfeld. Je crains que le public spécialisé auquel
s’adresse son livre n’y trouve qu’un ronronnement familier et rassurant. Les étudiants en soins
infirmiers s’exposeraient à une vision incroyablement naïve de la profession à laquelle ils se
destinent.
À ceux désireux de mieux comprendre le point de vue de ces contradicteurs obstinés,
tellement incapables de se ranger aux avis officiels, peut être faut-il suggérer la lecture de l’un
des leurs ? Ils trouveraient matière à nourrir une véritable réflexion sur la psychiatrie française