Article en pdf - France Shotokan Ryu Kase-Ha

menta qu’elles furent prises quelques
temps avant qu’il ne commence au
Shotokan. Quand il fit la connaissance de
Yoshitaka, il avait pris un peu plus de
poids et avait un estomac qui se remarquait.
Il n’était pas gros ou musculeux
mais avait une puissance utilisant tout le
corps, ce qui rendait son karaté très puissant.
Le style de Yoshitaka, dit Kase, était
un Karate intégrant vitesse et puissance.
Dojo Shotokan
Et cependant, bien que
Yoshitaka apparut être en bonne santé et
fort en surface, il souffrait de tuberculose
depuis son enfance. En fait dit Kase, on
avait dit à Yoshitaka à l’age de sept ans,
qu’il n’atteindrait pas les vingt ans. Et
donc lorsqu’il eut vingt ans, puis vingt et
un ans… vingt-deux, il fut surpris, et il se
peut qu’il ait attribué sa survie, entièrement
ou en partie, à son entraînement en
karaté.
Kase pensait cependant, qu’il se
peut que Yoshitaka ait eu une sorte de
complexe par rapport à tout cela,
puisqu’il savait qu’à n’importe quel
moment, il pouvait tomber gravement
malade et mourir. Bien que Yoshitaka ait
enseigné au Shotokan dans ces dernières
années, Genshin Hironishi dit à Kase que
Yoshitaka devait dormir ou se reposer au
lit toute la journée pour conserver ses forces
pour ses séances d’entraînement du
soir.
Taïji Kase avait entendu quelques-unes
unes des histoires concernant
Yoshitaka. Il y eut celle du célèbre instructeur
Shito-Ryu qui, apparemment,
avait “une technique spéciale”, qui lui
donnait toujours la victoire. Quand il
essaya celle-ci contre Yoshitaka cependant,
il fut contré et renvoyé plusieurs
mètres en arrière, à travers le dojo. Un
autre professeur très connu, il s’agit de
Kanken Toyama, dit Kase, était supposé
avoir une technique secrète pour “déchirer
la chair”. Yoshitaka dit à Toyama
d’essayer cette technique sur les muscles
de sa cuisse. Toyama saisit la cuisse de
Yoshitaka mais rien ne se passa.
Yoshitaka lui dit d’essayer avec plus de
force… sans résultat. Kase riait en racontant
ces histoires.
L’entraînement au Shotokan
était-il difficile à cette époque? Oui, car
c’était la guerre, et l’attitude à l’entraînement
était très sérieuse. On pratiquait
beaucoup de kumite, gohon et sambon
kumite, et jyu-ippon, où l’on faisait tous
les efforts possibles pour frapper l’adversaire
avec l’attaque. Il y avait une sorte
de sambon kumite effectué de manière
“plus rapide” où l’on essayait d’atteindre
son partenaire. Les gens se faisaient-ils
mal où se blessaient-ils à l’entraînement?
Oh oui, quelquefois les étudiants d’université
venaient au dojo, et, comme ils
avaient souvent plus d’expérience, de
vitesse et de force, on avait beaucoup
d’appréhension à l’idée de leur faire face
en kumite.
En 1945, le Shotokan fut détruit
dans un bombardement aérien, ensuite
arriva la reddition du Japon, puis le décès
de Yoshitaka. Tout cela en quelques mois.
La pratique du karaté s’arrêta quelques
temps, mais ensuite finit par reprendre
petit à petit. Des 1947, dans le magazine
Life, il y eut un article de 2 pages sur la
pratique du karaté au Japon. Et quand je
montrai cela à Kase Senseï, il identifia
immédiatement les 2 personnalités du
Karate sur la photo principale comme
étant Hiroshi Kamata et Gojuru Harada.
Le Karate eut de la chance, en fait,
d’échapper à l’interdiction des forces
Americaines qui affectaient à cette époque
le judo et le Kendo. Kase expliqua
que c’était parce que les groupes de
karaté décrivaient leur art comme étant «
d’origine chinoise” plutôt que japonaise
et les Américains les laissèrent tranquilles.
Après la guerre, Taiji Kase
s’inscrit à l’université de Senshu où il
continua à s’entraîner et devint le capitaine
de l’équipe de karaté. Le senseï de
l’université était Genshin Hironishi, et
l’entraînement était dur. Ensuite Kase eut
vent que Shigeru Egami enseignait à
l’université de Chuo. Il alla donc également
à Chuo s’entraîner avec Egami
(“une technique très pointue”). En fait le
jeune Kase était passionné par le Karate.
Et quand je lui montrai une photo de
groupe prise en 1951, il désigna
quelqu’un au premier rang (je ne compris
pas bien le nom) et me dit que le célèbre
Tadao Okuyama logeait dans la maison
de cet homme. Kase prit donc contact
avec cette personne car il voulait apprendre
de l’énigmatique Okuyama.
Il y a ici une anecdote de karaté presque
oubliée. Quand nous discutions du
Shotokan pendant la guerre, Kase Senseï
mentionna que le groupe de Yoshitaka
était impliqué dans la formation des
agents secrets. “L’école Nakado?”,
demandai-je et Kase répondit oui. Et il
souligna que les autorités avaient
contacté Yoshitaka et lui avaient
demandé d’y enseigner. Mais il ajouta
que certains des élèves de Yoshitaka lui
conseillèrent de ne pas s’impliquer directement.
Ce fut donc Tadao Okuyama qui
fut finalement envoyé. Yoshitaka
Funakoshi était officiellement l’instructeur,
et il se peut qu’il y soit allé quelques
fois, mais c’est Okuyama qui effectua la
plupart de l’enseignement.
“Qu’enseignait-il?” demandai-je. “Des
techniques pour tuer!” répondit Kase.
De toute façon, il est clair que
Kase étudia avec Tadao Okuyama dans la
période après-guerre et me dit que
Okuyama avait “une technique très spéciale”.
Quand je lui demandai des précisions,
il secoua simplement la tête et sourit.
Okuyama était en effet spécial, et en
regardant encore une fois cette vieille
photo, avec tous les différents haut-gra-
Senseï OKUYAMA
OKUYAMA
-10- FSK-HA MAGAZINE N°2 - Mars 2006