IV – La vie au front et à l’arrière

IV – La vie au front et à l’arrière
1) Au front, une violence de combat inédite
La boue
« Quelle vie ! La boue, la terre, la pluie. On est saturé, teint, pétri. On trouve
de la terre partout, dans ses poches, dans son mouchoir, dans ses habits,
dans ce qu’on mange. »
Henri Barbusse [soldat et écrivain français], Lettre à sa femme.
Les trous d’obus
« Nous avons passé trois jours couchés dans les trous d’obus sans la
moindre goutte d’eau à boire et dans une terrible puanteur de cadavres. Un
obus recouvre les cadavres de terre, un autre les exhume à nouveau. Dès
qu’on se met à creuser un abri, on tombe sur des morts. »
Karl Fritz [soldat allemand], 16 août 1916.
Les gaz
« Des hommes se roulaient à terre, convulsés, toussant, vomissant, crachant
le sang. Puis une terrible odeur, charriée par le vent, entra dans nos
narines. »
Octave Béliard [soldat français].

La nourriture
« On est crevé, on n’en peut plus. Pas de café, on a chaviré en route. Ils ne
protestent pas, ils savent que tout est misère dans ce monde de misère. Ils
remplissent leurs gamelles et mangent silencieusement leur ratatouille froide
– bœuf bouilli, pommes de terre vinaigrées – en cherchant à se préserver de
l’eau et de la terre ; mais ils ont les mains glaiseuse, et le pain qu’ils ont
touché crisse sous leurs dents. »
P. Truffau [soldat français], Carnets d’un combattant, 1917.
Les rats
« Les rats sont ici particulièrement répugnants, du fait de leur grosseur. C’est
l’espèce qu’on appelle "rats de cadavres". Ils ont des têtes abominables,
méchantes et pelées, et on peut se trouver mal, rien qu’à voir leurs queues
longues et nues. Ils paraissent très affamés. Ils ont mordu au pain de
presque tout le monde. (…) Dans le secteur voisin, les rats ont assailli deux
gros chats et un chien qu’ils ont tués et mangés. »
Erik Maria Remarke [écrivain allemand], A l’Ouest rien de nouveau, 1928.

Les tranchées : un système de fortification
Lignes allemandes
No man’s land
(zone de danger
maximal)
Lignes françaises

Poste d’observation d’une tranchée de première ligne,
Paul Castelnau, Hirtzbach, 16 juin 1916
Futaie protectrice
(les villages sont
derrière)
Arbre abattu par un obus ?
Abri
Sacs
de
sable
Barbelés
Créneau
Tôle
ondulée

Bois
permettant
de contenir la
terre, friable
(en été)
ou liquide
(en hiver)
Observateur dans une
tranchée de première ligne,
Paul Castelnau, Hirtzbach,
16 juin 1916

Tranchée étroite en cul-de-sac
Grosses poutres
Habit bleu horizon
Réseau de planches qui empêche les
mottes sèches de s’ébouler en été
Groupe de poilus devant
l’entrée d’un abri dans une
tranchée de première ligne,
Paul Castelnau, Hirtzbach,
16 juin 1916

Tranchée
allemande en
Argonne,
1915
Tranchée
allemande,
1914

Tranchées turques après leur prise par les Zouaves,
Sedul Bahr [i.e. Seddülbahir], 20 septembre 1915

Instruction des recrues avant leur envoi sur le front,
Lockstedt (près de Hambourg), 20 septembre 1915

Vestige de tranchée dans
le secteur de la Chapelotte
(Vosges), 2005-2006
A remarquer :
Le tracé sinueux
destiné à éviter les
tirs d’enfilade et les
éclats d’obus

Lieux stratégiques dans
une tranchée
Poste de commandement
dans une tranchée, 1915

Dépôt de munitions à l’arrière des tranchées,
devant l’entrée d’un abri souterrain, Notre-Dame-de-Lorette, 1915

Téléphone de communication avec les tranchées
mis à l’abri sous une tente camouflée, 1915

Poste de secours au Dardanelles, 1915

Le Kronprinz Médaillon serti
(avers et revers)
Balle (qui a blessé
le soldat ?)
1916 –
Souvenir du
30 e
Briquet
La femme, qui
manque au front…
Attendre
dans les
tranchées
Blé et vigne : la patrie
nourricière à défendre
et à retrouver

Douille gravée transformée en vase
Ensemble de bagues en aluminium, cuivre
ou étain, réalisées à partir de métal
récupéré de balles de fusil, boutons
d'uniformes…

Encrier, porte-plume, porte-crayon
Pressepapier
Porte-photo

L’écho du Boyau, 15 juin 1915 L’écho des Marmites, 29 février 1916

Rigolboche, 20 décembre 1917 La silhouette, 15 mai 1915

Cingoli-gazette, mai 1915 Contrôle de la censure sur le journal
de tranchées Cingoli-Gazette

L’écho des marmites, n°3, 15 février 1915.

Une messe sur le front auprès d’un canon, 1915

Abbé Even, aumônier de
la 51 e division, casque
militaire sur la tête,
Paul Castelnau,
10 septembre 1917

Soldats au repos dans une tranchée aux Dardanelles, 1915

Se battre dans les
tranchées
Périscope de tranchées en
1 re ligne, 1915
Guetteurs
dans une tranchée
de 1 re ligne en Argonne,
1915

Vue depuis la première ligne de tranchées françaises, 1915

Soldats
lançant des
grenades
depuis une
tranchée de
la Wöevre
(Meuse),
1915

Soldats dans une tranchée de
la Meuse, vers avril 1915
En première ligne, 1915

Lance-bombes (mortier de 58
mm) dans une tranchée
française, 1915
Canon-révolver dans une
tranchée de Meuse, 1915

Soldats allemands
pendant la 1 re attaque aux gaz allemande, 22 avril 1915

Charge des soldats britanniques sortant d’une tranchée
aux Dardanelles, 1915

La relève
Les unités de la première ligne de tranchées sont remplacées au bout de 4 à 7 jours,
sauf pendant les grandes offensives. La relève est une opération dangereuse et
bruyante car un grand nombre de combattants sont regroupés. Elles s’effectue par
les boyaux, généralement de nuit. Les poilus attendent impatiemment de
« descendre », c’est à dire de quitter le première ligne et appréhendent d’y monter ».
Rentrée des
tranchées
au petit jour,
Etienne-
Auguste
Krier, 1915

Soldats
faisant leur lessive,
Fernand Cuville, 1917
Vivre
à l’arrière du front
Soldats faisant la barbe
dans un campement,
Fernand Cuville, 1917

Poilus faisant la popote
en plein air,
Fernand Cuville, 1917
Corvée de carottes au
Q.G. de la I re armée, Paul
Castelnau, 31 août 1917

L’heure de la soupe dans les tranchées à l’arrière à Soissons,
Fernand Cuville, 1917

L’heure de la soupe
au 370 e d’infanterie,
Fernand Cuville, 1917
Soldats faisant leur
cuisine sur un feu
improvisé avec du bois,
Soissons, Fernand
Cuville, 1917

Après la soupe : le repos, Fernand Cuville, 1917

Militaires sénégalais pendant l’heure de repos à Saint-Ulrich,
Paul Castelnau, 16 juin 1917

Poilu faisant sa
correspondance sur une
caisse en bois,
Fernand Cuville, 1917
Soldats allemands écrivant à
leur famille, 1914

Lettre d’un instituteur
mobilisé à sa famille
Les soldats ont écrit en
moyenne plus de mille lettres
ou cartes postales par
individu au cours de la guerre,
soit une par jour.

Carnet du soldat Lenoy

Vente des journaux
sur un éventaire,
Paul Castelnau,
6 septembre 1917

Les soldats se baignent à leur retour des tranchées,
Dardanelles, 1915

Une soirée à l’arrière front,
Contrisson (Meuse), Gaspard Maillol, 14 novembre 1915

Soldats en permission gare de l’Est, Paris, 4 janvier 1916

Mourir au front
Tranchée anglaise submergée par un assaut allemand, 1917

Cadavre d’un
caporal du 1 er
colonial
entouré d’un
dense réseau
de barbelés,
Heurtebise
(Aisne)

Cadavre allemand
et son fusil,
Oise, août 1918
Avion allemand LVG
abattu le 28 août 1918,
Somme, août 1918

Relève des morts et des
blessés dans la région des
monts de Champagne,
Printemps 1917
La relève des morts
aux Eparges, 1916

Sépulture de fortune sur le front, Jean-Baptiste Tournassoud

Tombe dans une
tranchée française, 1915
Des fantassins au
cantonnement devant la
tombe de leurs camarades,
Albert Samama-Chikli

L’échec de la guerre de mouvement fin 1914 aboutit
au creusement de tranchées sur tous les fronts.
Supportant la boue et les rongeurs, exposés au bruit
incessant des armes, les soldats souffraient aussi de
faim et de soif. Cette fatigue nerveuse et physique était
extrême en première ligne, où chaque camp essayait
d’user l’autre avec des armes destructrices nouvelles
(gaz). Le reste du temps, retranchés dans leurs
galeries, attendant les attaques ennemies ou l’ordre
d’assaut, ils s’occupaient en réalisant des objets
artisanaux.