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C 3 Textos

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TEXTOS CANTADOS<br />

Christoph Willibald Gluck (versión Berlioz)<br />

Orphée et Eurydice<br />

ACTE PREMIER<br />

La scène représente un bois de lauriers et de cyprès, un séjour agréable mais solitaire<br />

qui est entrecoupé pour former une petite plaine contenant le tombeau d’Eurydice.<br />

Au lever du rideau et pendant la ritournelle du chœur d’entrée, on voit une troupe de<br />

bergers et de nymphes dans la suite d’Orphée et tous portent des couronnes de fleurs<br />

et de myrtes; quelques-uns versent de l’encens dans le feu sacré, enguirlandent le<br />

marbre et couvrent son tombeau de fleurs, pendant que les autres chantent le chœur<br />

suivant qui est interrompu par les plaintes d’Orphée adossé sur le devant contre une<br />

pierre et répétant le nom d’Eurydice d’une voix gémissante.<br />

N.º 1 CHŒUR<br />

CHŒUR<br />

Ah! dans ce bois tranquille et sombre,<br />

Eurydice, si ton ombre<br />

Nous entend, ...<br />

ORPHÉE<br />

Eurydice!<br />

CHŒUR<br />

... Sois sensible à nos alarmes,<br />

Vois nos peines, vois les larmes<br />

Que pour toi l’on répand.<br />

ORPHÉE<br />

Eurydice!<br />

CHŒUR<br />

Ah! prends pitié du malheureux Orphée,<br />

Il soupire, il gémit,<br />

Il plaint sa destinée.<br />

ORPHÉE<br />

Eurydice!


TEXTOS CANTADOS<br />

CHŒUR<br />

L’amoureuse tourterelle,<br />

Toujours tendre, toujours fidèle,<br />

Ainsi soupire et meurt<br />

De douleur.<br />

ORPHÉE<br />

Vos plaintes, vos regrets augmentent mon supplice!<br />

Aux mânes sacrés d’Eurydice<br />

Rendez les suprêmes honneurs,<br />

Et couvrez son tombeau de fleurs.<br />

N.º 2 PANTOMIME ET CHŒUR<br />

CHŒUR<br />

Ah! Dans ce bois lugubre et sombre,<br />

Eurydice, si ton ombre<br />

Nous entend,<br />

Sois sensible à nos alarmes,<br />

Vois nos peines, vois les larmes<br />

Que pour toi l’on répand.<br />

ORPHÉE<br />

Éloignez-vous; ce lieu convient à ma douleur,<br />

Et je veux sans témoins y répandre des pleurs.<br />

(Les bergers et les nymphes se dispersent dans le bois.)<br />

Euridice, Euridice ombre chère,<br />

Entends-moi. D’ un tendre époux entends la plainte amère.<br />

Il invoque les dieux dans son cruel émoi,<br />

Mais l’ écho sans pitié répond à sa prière.<br />

N.º 3 ROMANCE ET RÉCITATIF<br />

ORPHÉE<br />

Objet de mon amour,<br />

Je te demande au jour<br />

Avant l’aurore;<br />

Et quand le jour s’enfuit,<br />

Ma voix pendant la nuit<br />

T’appelle encore.


TEXTOS CANTADOS<br />

Eurydice, Eurydice! De ce doux nom<br />

Tout retentit, ces bois, ces rochers, ce vallon.<br />

Sur ces troncs dépouillés, sur l’écorce naissante,<br />

On lit ce mot gravé par une main tremblante.<br />

Eurydice n’est plus, et je respire encore!<br />

Dieux, rendez-lui la vie, ou donnez-moi la mort!<br />

Accablé de regrets,<br />

Je parcours des forêts<br />

La vaste enceinte.<br />

Touché de mon destin,<br />

Écho répète en vain<br />

Ma triste plainte.<br />

Divinités de l’Achéron,<br />

Ministres redoutés de l’empire des ombres,<br />

Vous qui dans les demeures sombres<br />

Faites exécuter les arrêts de Pluton,<br />

Vous que n’attendrit point la beauté, la jeunesse,<br />

Vous m’avez enlevé l’objet de ma tendresse.<br />

Oh, cruel souvenir!<br />

Eh quoi! Les grâces de son âge<br />

Du sort le plus affreux n’ont pu la garantir?<br />

Implacables tyrans, je veux vous la ravir!<br />

Je saurai pénétrer jusqu’au sombre rivage,<br />

Mes accents douloureux fléchiront vos rigueurs;<br />

Je me sens assez de courage<br />

Pour braver toutes vos fureurs!<br />

L’AMOUR<br />

L’amour vient au secours de l’amant le plus tendre.<br />

Rassure-toi, les dieux sont touchés de ton sort.<br />

Dans les enfers tu peux te rendre;<br />

Va trouver Eurydice au séjour de la mort.


TEXTOS CANTADOS<br />

N.º 4 ARIETTE<br />

L’AMOUR<br />

Si les doux accords de ta lyre,<br />

Si tes accents mélodieux<br />

Apaisent la fureur des tyrans de ces lieux,<br />

Tu la ramèneras du ténébreux empire.<br />

ORPHÉE<br />

Dieux! Je la reverrais!<br />

L’AMOUR<br />

Si les doux accords de ta lyre […]<br />

ORPHÉE<br />

Dieux! Je la reverrais!<br />

L’AMOUR<br />

Oui; mais pour l’obtenir<br />

Il faut te résoudre à remplir<br />

L’ordre que je vais te prescrire.<br />

ORPHÉE<br />

Ah! qui pourrait me retenir?<br />

À tout mon âme est préparée.<br />

L’AMOUR<br />

Apprends la volonté des dieux:<br />

Sur cette amante adorée<br />

Garde-toi de porter un regard curieux,<br />

Ou de toi pour jamais tu la vois séparée.<br />

Tels sont de Jupiter les suprêmes décrets.<br />

Rends-toi digne de ses bienfaits!<br />

N.º 5 AIR<br />

L’AMOUR<br />

Soumis au silence,<br />

Contrains ton désir,<br />

Fais-toi violence,<br />

Bientôt à ce prix tes tourments vont finir.<br />

Tu sais qu’un amant


TEXTOS CANTADOS<br />

Discret et fidèle,<br />

Muet et tremblant<br />

Auprès de sa belle,<br />

En est plus touchant.<br />

(L’Amour s’éloigne.)<br />

N.º 6 RÉCITATIF ET AIR<br />

ORPHÉE<br />

Qu’entends-je? Qu’a-t-il dit?<br />

Eurydice vivra! Mon Eurydice!<br />

Un dieu clément, un dieu propice<br />

Me la rendra!<br />

Mais quoi! Je ne pourrai,<br />

Revenant à la vie,<br />

La presser sur mon sein?<br />

Ô mon amie, quelle faveur,<br />

Et quel ordre inhumain!<br />

Je prévois ses soupçons,<br />

Je prévois ma terreur,<br />

Et la seule pensée<br />

D’une épreuve insensée<br />

D’effroi glace mon cœur.<br />

Oui, je le pourrai!<br />

Je le veux, je le jure!<br />

Amour, amour, j’espère en toi<br />

Dans les maux que j’endure.<br />

Douter de ton bienfait<br />

Serait te faire injure.<br />

C’en est fait, dieux puissants,<br />

J’accepte votre loi.<br />

Amour, viens rendre à mon âme<br />

Ta plus ardente flamme;<br />

Pour celle qui m’enflamme,<br />

Je vais braver le trépas.<br />

L’enfer en vain nous sépare,<br />

Les monstres du Tartare<br />

Ne m’épouvantent pas.<br />

Je sens croître ma flamme,<br />

Je vais braver le trépas.


TEXTOS CANTADOS<br />

L’amour vient rendre à mon âme<br />

Sa plus ardente flamme;<br />

L’amour accroît ma flamme;<br />

Je vais braver le trépas.<br />

L’enfer en vain nous sépare, etc.<br />

ACTE DEUXIÈME<br />

PREMIER TABLEAU<br />

Une contrée épouvantable, hérisée de rochers, au delà du Styx; au loin s’élève<br />

une fumée épaisse, sombre, les flammes y jaillissent de temps en temps. Les<br />

spectres et les esprits commencent une danse qu’Orphée interrompt par<br />

l’harmonie de sa lyre; à la vue d’Orphée toute la troupe entonne le premier<br />

chœur qui suit.<br />

N.º 7 SCÉNE, CHŒUR, AIR<br />

CHŒUR<br />

Quel est l’audacieux<br />

Qui dans ces sombres lieux<br />

Ose porter ses pas,<br />

Et devant le trépas<br />

Ne frémit pas?<br />

(Les esprits dansent autour d’Orphée pour l’effrayer.)<br />

Pantomime des furies<br />

Que la peur, la terreur<br />

S’emparent de son cœur<br />

À l’affreux hurlement<br />

Du Cerbère écumant<br />

Et rugissant!<br />

ORPHÉE<br />

Laissez-vous toucher par mes pleurs,<br />

Spectres, ...<br />

CHŒUR<br />

Non!


TEXTOS CANTADOS<br />

ORPHÉE<br />

... larves, ...<br />

CHŒUR<br />

Non!<br />

ORPHÉE<br />

... ombres terribles!<br />

CHŒUR<br />

Non!<br />

ORPHÉE<br />

Soyez, soyez sensibles<br />

À l’excès de mes malheurs!<br />

CHŒUR<br />

Non! Non! Non!<br />

ORPHÉE<br />

Laissez-vous toucher par mes pleurs, etc.<br />

(Le chœur apaisé répond à Orphée avec un peu plus de pitié dans l’expression.)<br />

CHŒUR<br />

Qui t’amène en ces lieux,<br />

Mortel présomptueux?<br />

C’est le séjour affreux<br />

Des remords dévorants<br />

Et des gémissements<br />

Et des tourments.<br />

ORPHÉE<br />

Ah! La flamme qui me dévore,<br />

Est cent fois plus cruelle encore;<br />

L’enfer n’a point de tourments<br />

Pareils à ceux que je ressens.


TEXTOS CANTADOS<br />

CHŒUR (encore plus apaisé)<br />

Par quels puissants accords,<br />

Dans le séjour des morts,<br />

Malgré nos vains efforts<br />

Il calme la fureur de nos transports?<br />

ORPHÉE<br />

La tendresse<br />

Qui me presse,<br />

Calmera votre fureur,<br />

Oui, mes larmes,<br />

Mes alarmes<br />

Fléchiront votre rigueur.<br />

CHŒUR (encore plus doux)<br />

Quels chants doux et touchants<br />

Quels accords ravissants!<br />

De si tendres accents<br />

Ont su nous désarmer<br />

Et nous charmer.<br />

Qu’il descende aux enfers!<br />

Les chemins sont ouverts.<br />

Tout cède à la douceur<br />

De son art enchanteur,<br />

Il est vainqueur.<br />

ACTE TROISIÈME<br />

N.º 8 PANTOMIME<br />

N.º 9 AIR ET CHŒUR<br />

EURYDICE<br />

Cet asile<br />

Aimable et tranquille<br />

Par le bonheur est habité,<br />

C’est le riant séjour de la felicité.<br />

Nul objet ici n’enflamme<br />

L’âme,<br />

Une douce ivresse


TEXTOS CANTADOS<br />

Laisse<br />

Un calme heureux dans tous les sens;<br />

Et la sombre tristesse<br />

Cesse<br />

Dans ces lieux innocents.<br />

EURYDICE ET CHŒUR<br />

Cet asile aimable et tranquille, etc.<br />

(Pendant le postlude du chœur disparaissent Eurydice et les esprits bienheureux.<br />

Orphée est perdu dans l’admiration.)<br />

N.º 10 RÉCIT ET CHŒUR<br />

ORPHÉE<br />

Quel nouveau ciel pare ces lieux!<br />

Un jour plus doux s’offre à mes yeux.<br />

Quels sons harmonieux!<br />

J’entends retentir ce bocage<br />

Du ramage<br />

Des oiseaux,<br />

Du murmure des ruisseaux<br />

Et des soupirs de zéphire.<br />

On goûte en ce séjour un eternel repos.<br />

Mais le calme qu’on y respire<br />

Ne saurait adoucir mes maux.<br />

Ô toi, doux objet de ma flamme,<br />

Toi seule y peux calmer le trouble de mon âme!<br />

Tes accents<br />

Tendres et touchants,<br />

Tes regards séduisants,<br />

Ton doux sourire<br />

Sont les seuls biens que je désire.<br />

(Attirés par le chant d’Orphée, les esprits bienheureux se sont rapprochés. Orphée<br />

regarde autour de lui, le chœur s’en approche.)


TEXTOS CANTADOS<br />

CHŒUR<br />

Viens dans ce séjour paisible,<br />

Époux tendre, amant sensible,<br />

Viens bannir tes justes regrets.<br />

Eurydice va paraître,<br />

Eurydice va renaître<br />

Avec de nouveaux attraits.<br />

Pantomime<br />

ORPHÉE<br />

Ô vous, ombres que j’implore,<br />

Hâtez-vous de la rendre à mes embrassements.<br />

Ah! Si vous ressentiez le feu qui me dévore,<br />

Si vous étiez aussi de fidèles amants,<br />

J’aurais déjà revu la beauté que j’adore!<br />

Hâtez-vous de me rendre heureux!<br />

CHŒUR<br />

Le destin répond à tes vœux.<br />

(Eurydice est introduite par une partie du chœur.)<br />

Près du tendre object qu’on aime<br />

On jouit du bien suprême,<br />

Goûtez le sort plus doux.<br />

Va renaître pour Orphée,<br />

On retrouve l’Elysée<br />

Auprès d’un si tendre époux.<br />

(Eurydice est ramenée à Orphée par le chœur; sans la regarder, il saisit sa<br />

main et l’emmène. Le rideau se baisse lentement.)<br />

ACTE QUATRIÈME<br />

N.º 11 SCÈNE ET RÉCIT<br />

ORPHÉE<br />

Viens, viens, Eurydice, suis-moi,<br />

Unique et doux objet de l’amour plus tendre.


TEXTOS CANTADOS<br />

EURYDICE<br />

C’est toi? Je te vois?<br />

Ciel! devais-je m’attendre?<br />

ORPHÉE<br />

Oui, tu vois ton époux. J’ai voulu vivre encore,<br />

Et je viens t’arracher au séjour de la mort!<br />

Touché de mon ardeur fidèle,<br />

Jupiter au jour te rappelle.<br />

EURYDICE<br />

Quoi! Je vis, et pour toi?<br />

Ah, grands dieux, quel bonheur!<br />

ORPHÉE<br />

Eurydice, suis-moi,<br />

Profitons sans retard de la faveur céleste;<br />

Sortons, fuyons ce lieu funeste.<br />

Non, tu n’es plus une ombre,<br />

Et le dieu des amours<br />

Va nous réunir pour toujours.<br />

EURYDICE<br />

Qu’entends-je? Ah! Se peut-il?<br />

Heureuse destinée!<br />

Eh quoi, nous pourrons resserrer<br />

D’amour la chaîne fortunée?<br />

ORPHÉE<br />

Oui, suis mes pas sans différer.<br />

EURYDICE<br />

Mais, par ta main ma main n’est plus pressée!<br />

Quoi! Tu fuis ces regards que tu chérissais tant!<br />

Ton cœur pour Eurydice est-il indifférent?<br />

La fraîcheur de mes traits serait-elle effacée?


TEXTOS CANTADOS<br />

ORPHÉE (à part)<br />

Oh dieux! quelle contrainte!<br />

(haut)<br />

Eurydice, suis-moi,<br />

Fuyons de ces lieux, le temps presse;<br />

Je voudrais t’exprimer l’excès de ma tendresse;<br />

(à part)<br />

Mais je ne puis, oh! trop funeste loi!<br />

EURYDICE<br />

Un seul de tes regards ...<br />

ORPHÉE<br />

Tu me glaces d’effroi!<br />

EURYDICE<br />

Ah! barbare!<br />

Sont-ce là les douceurs que ton cœur me prépare?<br />

Est-ce donc là le prix de mon amour?<br />

Oh fortune jalouse!<br />

Orphée, hélas! Se refuse en ce jour<br />

Aux transports innocents de sa fidèle épouse.<br />

ORPHÉE (sent qu’elle est près de lui, il saisait sa main voulant l’emmener)<br />

Par tes soupçons, cesse de m’outrager.<br />

EURYDICE (indignée retire sa main)<br />

Tu me rends à la vie, et c’est pour m’affliger!<br />

Dieux, reprenez un bienfait que j’abhore!<br />

Ah! cruel époux, laisse-moi!<br />

N.º 12 SCÊNE ET AIR<br />

ORPHÉE<br />

Viens! Suis un époux qui t’adore.<br />

EURYDICE<br />

Non, ingrat, je préfère encore<br />

La mort qui m’éloigne de toi.


TEXTOS CANTADOS<br />

ORPHÉE<br />

Vois ma peine!<br />

EURYDICE<br />

Laisse Eurydice!<br />

ORPHÉE<br />

Ah! Cruelle! Quelle injusice!<br />

Ah viens! Je t’implore, suis mes pas!<br />

EURYDICE<br />

Parle, réponds, je t’en supplie!<br />

ORPHÉE<br />

Dût-il m’en coûter la vie,<br />

Non, je ne parlerai pas.<br />

ENSEMBLE<br />

Dieux, soyez-moi favorables!<br />

Voyez mes pleurs,<br />

Dieux secourables!<br />

Quels tourments insupportables!<br />

Quelles rigueurs<br />

Mêlez-vous à vos faveurs?<br />

(Chacun d’eux se dirige vers un autre côté de la scène où ils restent adossés à<br />

un arbre ou à un rocher.)<br />

EURYDICE<br />

Mais d’où vient qu’il persiste à garder le silence?<br />

Quels secrets veut-il me cacher?<br />

Au séjour du repos devait-il m’arracher<br />

Pour m’accabler de son indifférence?<br />

Oh destin rigoureux!<br />

Ma force m’abandonne,<br />

Le voile de la mort retombe sur mes yeux!<br />

Je frémis, je languis,<br />

Je frissonne, je tremble, je pâlis,<br />

Mon cœur palpite,<br />

Un trouble secret m’agite,<br />

Tous mes sens sont saisis d’horreur<br />

Et je succombe à ma douleur.


TEXTOS CANTADOS<br />

N.º 13 AIR<br />

EURYDICE<br />

Fortune ennemie,<br />

Quelle barbarie!<br />

Ne me rends-tu la vie<br />

Que pour les tourments?<br />

N.º 14 SCÈNE ET AIR<br />

EURYDICE<br />

Je goûtais les charmes<br />

D’un repos sans alarmes.<br />

ORPHÉE<br />

Ses injustes soupçons<br />

Redoublent mes tourments.<br />

Que dire? Que faire?<br />

Elle me désespère,<br />

EURYDICE<br />

Le trouble, les larmes<br />

Remplissent aujourd’hui<br />

Mes malheureux moments.<br />

ORPHÉE<br />

Ne pourrai-je calmer<br />

Le trouble de mes sens?<br />

Que mon sort est à plaindre!<br />

Je ne puis me contraindre!<br />

EURYDICE<br />

Je frissonne, je tremble.<br />

Fortune ennemie, […]<br />

ORPHÉE (à part)<br />

Quelle épreuve cruelle!


TEXTOS CANTADOS<br />

EURYDICE<br />

Tu m’abandonnes, cher Orphée!<br />

En ce moment ton épouse désolée<br />

Implore en vain tes secours;<br />

Ô dieux! À vous seuls j’ai recours.<br />

Dois-je finir mes jours<br />

Sans un regard de ce que j’aime?<br />

ORPHÉE (à part)<br />

Je sens mon courage expirer,<br />

Et ma raison se perd<br />

Dans mon amour extrême;<br />

J’oublie et la défense, Eurydice et moi même.<br />

(Il fait un mouvement pour se retourner et tout à fait se retient.)<br />

Ciel!<br />

EURYDICE<br />

Cher époux, je puis à peine respirer.<br />

(Elle tombe sur un rocher.)<br />

ORPHÉE (fort)<br />

Rassure-toi, je vais tout dire ...<br />

Apprends ...<br />

(à part)<br />

Que fais-je! ... Justes dieux,<br />

Quand finirez-vous mon martyre?<br />

EURYDICE<br />

Reçois donc mes derniers adieux,<br />

Et souviens-toi d’Eurydice ...<br />

ORPHÉE (à part)<br />

Où suis-je? Je ne puis résister à ses pleurs.<br />

(fort)<br />

Non, le ciel ne veut pas un plus grand sacrifice.<br />

(Il se retourne avec impétuosité et regarde Eurydice.)<br />

Oh ma chère Eurydice ...<br />

EURYDICE<br />

(Fait un effort de se lever, et meurt.)<br />

Orphée! Ô ciel! je meurs ...


TEXTOS CANTADOS<br />

ORPHÉE<br />

Malheureux, qu’ai-je fait?<br />

Et dans quel précipice<br />

M’a plongé mon funeste amour?<br />

Chère épouse! Eurydice!<br />

Eurydice! Chère épouse!<br />

Elle ne m’entend plus, je la perds sans retour!<br />

C’est moi qui lui ravis le jour!<br />

Loi fatale!<br />

Cruel remords!<br />

Ma peine est sans égale.<br />

Dans ce moment funeste<br />

Le désespoir, la mort<br />

Est tout ce qui me reste.<br />

N.º 15 AIR<br />

ORPHÉE<br />

J’ai perdu mon Eurydice,<br />

Rien n’égale mon malheur;<br />

Sort cruel! Quelle rigueur!<br />

Rien n’égale mon malheur!<br />

Je succombe à ma douleur!<br />

Eurydice, Eurydice,<br />

Réponds, quel supplice!<br />

Réponds-moi!<br />

C’est ton époux fidèle;<br />

Entends ma voix qui t’appelle.<br />

Eurydice, Eurydice!<br />

Mortel silence! Vaine espérance!<br />

Quelle souffrance!<br />

Quel tourment déchire mon cœur!<br />

Ah! puisse ma douleur finir avec ma vie!<br />

Je ne survivrai pas à ce dernier revers.<br />

Je touche encore aux portes des enfers,<br />

J’aurai bientôt rejoint mon épouse chérie.<br />

Oui, je te suis, tendre objet de ma foi,<br />

Je te suis, attends-moi!<br />

Tu ne me seras plus ravie,<br />

Et la mort pour jamais va m’unir avec toi.<br />

(Lorsqu’il est sur le point de se tuer, l’Amour apparaît.)


TEXTOS CANTADOS<br />

L’AMOUR (lui arrache le poignard)<br />

Arrête, Orphée!<br />

ORPHÉE<br />

Ô ciel! Qui pourrait en ce jour<br />

Retenir le transport de mon âme égarée?<br />

L’AMOUR<br />

Calme ta fureur insensée;<br />

Arrête, et reconnais l’Amour<br />

Qui veille sur ta destinée.<br />

ORPHÉE<br />

Qu’exigez-vous de moi?<br />

L’AMOUR<br />

Tu viens de me prouver ta constance et ta foi;<br />

Je vais faire cesser ton martyre.<br />

(Il touche Eurydice et la ranime.)<br />

Eurydice! Respire!<br />

Du plus fidèle époux viens couronner les feux.<br />

ORPHÉE<br />

Mon Eurydice!<br />

EURYDICE<br />

Orphée!<br />

ORPHÉE<br />

Ah! Justes dieux!<br />

Quelle est notre reconnaissance!<br />

L’AMOUR<br />

Ne doutez plus de ma puissance!<br />

Je viens vous retirer de cet affreux séjour,<br />

Jouissez désormais des plaisirs de l’amour.


TEXTOS CANTADOS<br />

N.º 16 CHŒUR FINAL<br />

CHŒUR<br />

Le Dieu de Paphos et de Gnide<br />

Anime seul tout l’univers.<br />

Au haut des airs<br />

Il atteint l’oiseau rapide ;<br />

Il embrasse la Néréide<br />

Jusque dans le sein des mers.<br />

Il embellit la jeunesse,<br />

Il réunit la grâce à la beauté.<br />

C’est lui qui pare la sagesse<br />

Des attraits de la volupté.<br />

C’est encore lui qui nous console<br />

Lorsque nous perdons ses faveurs :<br />

Ce dieu charmant, lorsqu’il s’envole,<br />

Nous laisse l’amitié pour essuyer nos pleurs.<br />

FIN DE L’OPÉRA<br />

Livret français de Pierre-Louis Moline d’après le livret italien de Ranieri de’<br />

Calzabigi


TEXTOS CANTADOS<br />

Christoph Willibald Gluck (versión Berlioz)<br />

Orfeo y Eurídice<br />

PRIMER ACTO<br />

El escenario representa un bosque de laureles y cipreses, lugar ameno aunque<br />

solitario, talado en parte para dejar una planicie pequeña donde está la tumba de<br />

Eurídice. Al levantarse el telón y durante el ritornelo del coro inicial, vemos que<br />

un tropel de pastores y ninfas llegan en pos de Orfeo, llevando todos coronas de<br />

flores y arrayanes; unos arrojan incienso al fuego sagrado, adornan el mármol con<br />

guirnaldas y cubren la tumba de flores en tanto que otros cantan el siguiente coro que<br />

interrumpen los lamentos de Orfeo, quien, en el proscenio, con la espalda apoyada en<br />

una piedra, repite el nombre de Eurídice con voz gemebunda.<br />

N.º 1 CORO<br />

CORO<br />

¡Ay! En este bosque apacible y umbrío,<br />

Eurídice, si tu sombra<br />

nos oye,...<br />

ORFEO<br />

¡Eurídice!<br />

CORO<br />

... a nuestras angustias atiende,<br />

ve nuestro dolor y estas lágrimas<br />

que por ti derramamos.<br />

ORFEO<br />

¡Eurídice!<br />

CHŒUR<br />

Compadécete, ay, del desdichado Orfeo<br />

que suspira y que gime<br />

y de su destino se queja.<br />

ORFEO<br />

¡Eurídice!


TEXTOS CANTADOS<br />

CORO<br />

La enamorada tórtola,<br />

siempre fiel, siempre amante,<br />

así suspira y muere<br />

de dolor.<br />

ORFEO<br />

¡Vuestros ayes y quejas mi tormento incrementan!<br />

A los manes sagrados de Eurídice<br />

rendid los honores supremos<br />

y cubrid su tumba de flores.<br />

N.º 2 PANTOMIMA Y CORO<br />

CORO<br />

¡Ay! En este bosque apacible y umbrío,<br />

Eurídice, si tu sombra<br />

nos oye,<br />

a nuestros angustias atiende,<br />

ve nuestro dolor y estas lágrimas<br />

que por ti derramamos..<br />

ORFEO<br />

Retiraos; conviene el lugar a mis penas<br />

y quiero sin testigos llorar aquí a mis anchas.<br />

(Los pastores y las ninfas se dispersan por el bosque.)<br />

Eurídice, Eurídice, cara sombra,<br />

atiende. De un tierno esposo oye la queja amarga.<br />

A los dioses invoca, presa de cruel anhelo,<br />

y el eco despiadado a su ruego responde.<br />

N.º 3 ROMANZA Y RECITATIVO<br />

ORFEO<br />

Objeto de mi amor,<br />

te reclamo a la luz<br />

antes de que amanezca;<br />

y cuando la luz huye,<br />

mi voz en plena noche<br />

aún te sigue llamando.


TEXTOS CANTADOS<br />

¡Eurídice, Eurídice! Con ese dulce nombre<br />

todo retumba, el bosque, las rocas, este valle.<br />

En los troncos desnudos, en la corteza nueva,<br />

una trémula mano lo ha dejado grabado.<br />

¡Eurídice está muerta y yo respiro aún!<br />

¡Devolvedle la vida, dioses, o a mí matadme !<br />

Me agobia la nostalgia<br />

y el recinto anchuroso<br />

de los bosques recorro.<br />

Mi suerte compadece<br />

el eco, que repite<br />

mi triste queja en vano.<br />

Dioses del Aqueronte,<br />

muy temidos ministros del reino de las sombras,<br />

que en la región oscura<br />

tenéis a vuestro cargo lo que ordena Plutón,<br />

a los que no enternecen juventud o hermosura,<br />

me habéis arrebatado a quien tanto quería.<br />

¡Ay, recuerdo cruel!<br />

¡Cómo! De su edad los encantos,<br />

¿del destino más trágico no pudieron librarla?<br />

¡Tiranos implacables, yo he de arrebatárosla!<br />

Yo sabré penetrar hasta la orilla oscura,<br />

mis doloridas voces habrán de enterneceros;<br />

¡Noto en mí coraje bastante<br />

para desafiar todos vuestros furores!<br />

EL AMOR<br />

El amor va a ayudar al amante más tierno.<br />

No temas, pues tu suerte enterneció a los dioses.<br />

Puedes bajar a los Infiernos;<br />

Vete a buscar a Eurídice al país de la muerte.<br />

N.º 4 ARIETTA<br />

EL AMOR<br />

Si los acentos dulces de tu lira,<br />

si tus acentos melodiosos<br />

consiguen aplacar la saña de esos dioses,<br />

podrá regresar contigo de la comarca de las sombras.


TEXTOS CANTADOS<br />

ORFEO<br />

¡Volvería a verla, oh, dioses!<br />

EL AMOR<br />

Si los acentos dulces de tu lira […]<br />

ORFEO<br />

¡Volvería a verla, oh, dioses!<br />

EL AMOR<br />

Así es, pero para ello<br />

tendrás que allanarte a cumplir<br />

esta orden que voy a darte.<br />

ORFEO<br />

¡Ay! ¿Quién podría detenerme?<br />

Tengo el alma dispuesta a todo.<br />

El AMOR<br />

Oye qué disponen los dioses:<br />

a esa amante adorada<br />

no has de echarle siquiera una ojeada curiosa,<br />

o estará para siempre separada de ti.<br />

De Júpiter son éstos los designios supremos .<br />

¡Has de merecerte sus dones!<br />

N.º 5 ARIA<br />

EL AMOR<br />

Sometido al silencio,<br />

refrena tu deseo,<br />

esfuérzate,<br />

y a cambio no han durar tus males.<br />

Bien sabes que un amante<br />

que sea fiel y discreto,<br />

que, mudo y tembloroso<br />

esté ante su adorada,<br />

mucho más enternece.<br />

(Sale el Amor.)


TEXTOS CANTADOS<br />

N.º 6 RECITATIVO Y ARIA<br />

ORFEO<br />

¿Qué oigo? ¿Qué me ha dicho?<br />

¡Ha de vivir Eurídice, mi Eurídice!<br />

¡Un dios clemente y propicio<br />

me la devolverá!<br />

¿Más qué? ¿No he de poder<br />

cuando vuelva la vida<br />

estrecharla en los brazos?<br />

¡Oh, amada, qué favor<br />

y qué orden inhumana!<br />

Preveo sus sospechas<br />

y mi terror preveo.<br />

Tan sólo con pensar<br />

en ese desatino<br />

el corazón se espanta.<br />

¡Mas podré hacerlo, sí!<br />

¡Lo quiero y lo juro!<br />

Amor, amor, en ti espero<br />

en estos males que padezco.<br />

Dudar de tus bondades<br />

sería ofenderte.<br />

Sí, dioses poderosos,<br />

acepto vuestra orden.<br />

Ven, amor, devuelve a mi alma<br />

tu llama más ardorosa;<br />

por esa por quien me consumo<br />

desafiaré a la muerte.<br />

Nos separa en vano el Infierno;<br />

No me atemorizan los monstruos<br />

que en el Tártaro se alojan.<br />

Noto que crece mi pasión,<br />

y desafiaré a la muerte.<br />

Me ha devuelto el amor al alma<br />

la llama más ardorosa;<br />

noto que crece mi pasión<br />

y desafiaré a la muerte.<br />

Nos separa en vano el infierno, etc.


TEXTOS CANTADOS<br />

SEGUNDO ACTO<br />

CUADRO PRIMERO<br />

Una región espantosa y erizada de rocas, allende la Estigia; se alza a lo lejos una<br />

humareda densa y oscura de la que brotan llamas de vez en cuando. Los espectros y<br />

los espíritus empiezan a bailar, pero los interrumpe Orfeo con la armonía de su lira;<br />

al verlo, todo el grupo entona el primer coro, que viene a continuación.<br />

N.º 7 CORO Y ARIA<br />

CORO<br />

¿Quién es el atrevido<br />

que esta oscura comarca<br />

osa hollar con sus pasos,<br />

y al verse ante la muerte<br />

no tiembla?<br />

(Los espíritus bailan alrededor de Orfeo para amedrentarlo.)<br />

Pantomima de las furias.<br />

¡Que el temor y el espanto<br />

el corazón le opriman<br />

ante el horrible aullido<br />

del Cerbero espumeante<br />

y atronador!<br />

ORFEO<br />

¡Dejad que os conmueva mi llanto,<br />

espectros, ...<br />

CORO<br />

¡No!<br />

ORFEO<br />

... larvas, ...<br />

CORO<br />

¡No!<br />

ORFEO<br />

... sombras horrendas!


TEXTOS CANTADOS<br />

CORO<br />

¡No!<br />

ORFEO<br />

¡No seáis, no seáis insensibles<br />

al exceso de mis desdichas!<br />

CORO<br />

¡No! ¡No! ¡No!<br />

ORFEO<br />

Dejad que os conmueva mi llanto, etc.<br />

(El coro, apaciguado, responde a Orfeo de forma algo más compasiva.)<br />

CORO<br />

¿Quién te ha traído a esta comarca,<br />

mortal presuntuoso?<br />

Es la morada espantosa<br />

del remordimiento acuciante<br />

y de los ayes<br />

y los tormentos.<br />

ORFEO<br />

¡Ay, la llama que me devora,<br />

es cien veces más despiadada!<br />

¡No hay en el Infierno tormentos<br />

como estos que a mí me aquejan!<br />

CORO (cada vez más apaciguado)<br />

¿Con qué concierto poderoso<br />

en la morada de los muertos,<br />

y por más esfuerzos que hagamos,<br />

calma nuestra arrebatada rabia?<br />

ORFEO<br />

El cariño<br />

que me impulsa<br />

vuestra ira aplacará.<br />

Sí, mis lágrimas,<br />

mis miedos<br />

calmarán vuestro rigor.


TEXTOS CANTADOS<br />

CORO (con mayor mansedumbre aún)<br />

¡Qué tiernos y suaves cánticos,<br />

qué acordes deliciosos!<br />

Unos acentos tan tiernos<br />

han sabido desarmarnos,<br />

dejarnos embelesados.<br />

¡Qué descienda a los Infiernos!<br />

Francos están los caminos.<br />

Todo cede a la dulzura<br />

de su arte encantadora.<br />

Triunfado ha.<br />

TERCER ACTO<br />

N.º 8 PANTOMIMA<br />

N.º 9 ARIA Y CORO<br />

EURÍDICE<br />

En este asilo<br />

grato y apacible<br />

vive la felicidad,<br />

es la risueña morada de la dicha.<br />

Nada hay aquí que inflame<br />

el alma.<br />

Una embriaguez suave<br />

deja<br />

en venturosa calma los sentidos;<br />

y la sombría tristeza<br />

se extingue<br />

en esta comarca inocente.<br />

EURÍDICE Y CORO<br />

En este asilo grato y apacible, etc.<br />

(Durante el postludio del coro salen Eurídice y los espíritus bienaventurados. A<br />

Orfeo lo embarga la admiración.)


TEXTOS CANTADOS<br />

N.º 10 RECITATIVO Y CORO<br />

ORFEO<br />

¿Qué nuevo cielo orna estos lugares?<br />

Más suave es la luz que ahora veo.<br />

¡Qué sonidos tan armoniosos!<br />

Oigo cómo retumba el soto<br />

con el gorjeo<br />

de las aves,<br />

el susurrar de los arroyos<br />

y con los suspiros del céfiro<br />

se goza en este sitio de un eterno descanso.<br />

Pero el sosiego que en él reina<br />

no podría aplacar mis males.<br />

¡Oh, tú, oh dulce objeto de mi pasión,<br />

tú sola puedes calmarme la inquietud del alma!<br />

Tu voz tierna, que inmuta;<br />

tus ojos seductores;<br />

tu sonrisa, tan dulce:<br />

sólo ansío esos bienes.<br />

(Atraídos por el canto de Orfeo, se han ido acercando los espíritus<br />

bienaventurados. Orfeo mira en torno; el coro se le acerca.)<br />

CORO<br />

Ven a esta morada apacible,<br />

Esposo amante, tierno enamorado,<br />

Desecha tus justos lamentos.<br />

Va a aparecer Eurídice,<br />

va a renacer Eurídice<br />

con nuevos atractivos.<br />

Pantomima<br />

ORFEO<br />

¡Oh, sombras a quienes imploro,<br />

devolvedla a mis brazos con la mayor premura!<br />

¡Ay, si os consumierais como yo me consumo,<br />

y si fuerais tan fieles amantes como yo,<br />

ya habría vuelto a ver a esa beldad a quien amo!<br />

¡Devolvedme la dicha con la mayor premura!


TEXTOS CANTADOS<br />

CORO<br />

Responde el destino a tus votos.<br />

(Parte de los componentes del coro trae a Eurídice.)<br />

Junto al tierno ser adorado<br />

se goza de dicha suprema.<br />

Gustad el destino más dulce.<br />

Ve y renace para Orfeo;<br />

es recuperar el Elíseo<br />

estar junto a tan tierno esposo.<br />

(El coro lleva a Eurídice hasta Orfeo, quien, sin mirarla, la toma de la mano y se la<br />

lleva. El telón baja despacio.)<br />

CUARTO ACTO<br />

N.º 11 DÚO Y RECITATIVO<br />

ORFEO<br />

Ven, ven y sígueme, Eurídice,<br />

único y dulce objeto del amor más devoto.<br />

EURÍDICE<br />

¿Eres tú? ¿Te veo?<br />

¡Cielos! ¿Podía esperarlo?<br />

ORFEO<br />

Sí, estás viendo a tu esposo, ¡quise seguir viviendo<br />

y he venido a sacarte del reino de la muerte!<br />

Mi amor fiel enterneció a Júpiter,<br />

que a la luz vuelve a llamarte.<br />

EURÍDICE<br />

¿Cómo? ¿Por ti estoy viva?<br />

¡Ah, dioses, qué gran dicha!


TEXTOS CANTADOS<br />

ORFEO<br />

Ven tras de mí, Eurídice,<br />

sin tardar apuremos los favores del cielo;<br />

vámonos y huyamos de este lugar funesto.<br />

No, no eres ya una sombra,<br />

y el dios de los amores<br />

nos reúne para siempre.<br />

EURÍDICE<br />

¿Qué oigo? ¿Será, ay, posible?<br />

¡Cuán dichoso destino!<br />

¿Podremos, pues, hacer más fuerte<br />

la feliz cadena amorosa?<br />

ORFEO<br />

Sí, sígueme sin más tardanza.<br />

EURÍDICE<br />

¡Pero tu mano ahora la mía ya no oprime!<br />

¡Cómo! ¡Rehúyes mis ojos cuya mirada amabas!<br />

¿Tu corazón es ya indiferente a Eurídice?<br />

¿Quizá sin lozanía se han quedado mis rasgos?<br />

ORFEO (aparte)<br />

¡Oh, dioses, qué mandato!<br />

(en voz alta)<br />

Ven tras de mí, Eurídice,<br />

huyamos de este sitio pues corre prisa hacerlo;<br />

querría manifestarte mi extremoso cariño,<br />

(aparte)<br />

pero no puedo hacerlo. ¡Ay, qué ley tan funesta!<br />

EURÍDICE<br />

Una mirada sólo...<br />

ORFEO<br />

¡Transido estoy de espanto!


TEXTOS CANTADOS<br />

EURÍDICE<br />

¡Ah, insensible!<br />

¿Tu corazón me apresta deleites como éstos?<br />

¿Es acaso ése el precio que pagará mi amor?<br />

¡Ay, fortuna celosa!<br />

Orfeo por desdicha rechaza en este día<br />

el cándido arrebato de su devota esposa.<br />

ORFEO (nota que la tiene al lado, la coge de la mano y pretende llevársela)<br />

No me ofendas ya más y deja esas sospechas.<br />

EURÍDICE (retira la mano, indignada)<br />

¡Me devuelves la vida y es para afligirme!<br />

¡Dioses, yo os devuelvo un favor que aborrezco!<br />

!Ay, déjame, cruel esposo!<br />

N.º 12 DÚO Y ARIA<br />

ORFEO<br />

¡Ven! Sigue al esposo que te adora.<br />

EURÍDICE<br />

No, ingrato, que mejor quiero<br />

la muerte, que de ti me aleja.<br />

ORFEO<br />

¡Ve mi dolor!<br />

EURÍDICE<br />

¡Deja a Eurídice!<br />

ORFEO<br />

¡Ah, cruel, cuánta injusticia!<br />

¡Ven y sígueme, te lo imploro!<br />

EURÍDICE<br />

¡Habla, responde, te lo ruego!<br />

ORFEO<br />

Aunque me costara la vida,<br />

no, no he de hablar.


TEXTOS CANTADOS<br />

LOS DOS<br />

¡Sedme favorables, oh, dioses!<br />

¡Ved mi llanto,<br />

dioses piadosos!<br />

¡Qué tormentos insoportables,<br />

qué inclemencias<br />

mezcláis con vuestros favores!<br />

(Se van ambos hacia lados opuestos del escenario y allí se quedan, con la espalda<br />

apoyada en un árbol o en una roca.)<br />

EURÍDICE<br />

Pero ¿por qué persiste en seguir en silencio?<br />

¿Qué secretos quiere ocultarme?<br />

¿Del reino del reposo debía acaso sacarme<br />

si iba a castigarme con esta indiferencia?<br />

¡Ay, qué cruel destino!<br />

¡Las fuerzas me abandonan,<br />

y me vuelve a los ojos el velo de la muerte!<br />

Tiemblo y desfallezco,<br />

tirito, me estremezco y se me va el color.<br />

El corazón me late,<br />

me altera un turbio secreto,<br />

el horror se apodera de todos mis sentidos<br />

y a un dolor tan grande sucumbo.<br />

N.º 13 ARIA<br />

EURÍDICE<br />

¡Fortuna enemiga,<br />

qué crueldad espantosa!<br />

¿Me devuelves la vida sólo<br />

para que sufra este suplicio?<br />

N.º 14 DÚO Y ARIA<br />

EURÍDICE<br />

Gustaba de los encantos<br />

de un descanso sin cuidados.


TEXTOS CANTADOS<br />

ORFEO<br />

Sus injustas sospechas<br />

aún más me hacen sufrir.<br />

¿Qué diré? ¿Qué haré?<br />

¡Qué desesperación!<br />

EURÍDICE<br />

De turbación y lágrimas<br />

se colman este día<br />

mis horas desdichadas.<br />

ORFEO<br />

¿No podré sosegar<br />

mis sentidos turbados?<br />

¡Cuán aciaga es mi suerte!<br />

¡No puedo refrenarme!<br />

EURÍDICE<br />

Tirito y me estremezco.<br />

Fortuna enemiga […]<br />

ORFEO (aparte)<br />

¡Qué prueba tan cruel!<br />

EURÍDICE<br />

¡Me abandonas, querido Orfeo!<br />

Ahora mismo tu esposa afligida<br />

está implorando en vano tu socorro;<br />

¡Oh, dioses, sois mi único recurso!<br />

¿Debo acabar mis días<br />

sin que me mire el ser amado?<br />

ORFEO (aparte)<br />

Noto que me expira el valor<br />

y que la razón se me pierde.<br />

Es mi amor tan extremo<br />

que olvido defenderme; de mí me olvido, y de ella.<br />

(Hace ademán de volverse, pero se contiene.)<br />

¡Cielos!


TEXTOS CANTADOS<br />

EURÍDICE<br />

Querido esposo, ni respirar puedo.<br />

(Se desploma encima de una roca.)<br />

ORFEO (muy alto)<br />

Sosiégate, lo diré todo…<br />

Has de saber…<br />

(aparte)<br />

¡Qué hago!… ¡Oh, dioses…<br />

¿Cuándo detendréis mi martirio?<br />

EURÍDICE<br />

Recibe, pues, mi último adiós,<br />

y de Eurídice no te olvides…<br />

ORFEO (aparte)<br />

¿Dónde estoy? No es posible resistir a su llanto.<br />

(muy alto)<br />

No, el cielo no quiere tamaño sacrificio.<br />

(Se vuelve impetuosamente y mira a Eurídice.)<br />

Ah, mi querida Eurídice...<br />

EURÍDICE<br />

(Hace un esfuerzo para incorporarse y muere.)<br />

¡Orfeo! ¡Ay, cielos, muero!...<br />

ORFEO<br />

¿Qué he hecho? ¡Desventurado!<br />

¿Y en qué precipicio<br />

me ha sumido mi amor funesto?<br />

¡Amada esposa! ¡Eurídice!<br />

¡Eurídice! !Esposa amada!<br />

¡Ha dejado de oírme, la pierdo sin remedio!<br />

¡Y yo le he robado la vida!<br />

¡Ley fatal!<br />

¡Remordimiento cruel!<br />

Nada hay que iguale mi pena.<br />

En este funesto momento,<br />

muerte y desesperación<br />

es todo cuanto me queda.


TEXTOS CANTADOS<br />

N.º 15 ARIA<br />

ORFEO<br />

He perdido a mi Eurídice,<br />

Nada iguala mi desdicha;<br />

¡Suerte cruel! ¡Rigor extremo!<br />

¡Nada iguala mi desdicha!<br />

¡Sucumbo a tanto dolor!<br />

¡Eurídice, Eurídice!<br />

¡Contéstame! ¡Qué suplicio!<br />

¡Contéstame!<br />

Soy tu fiel esposo;<br />

oye mi voz que te llama.<br />

¡Eurídice, Eurídice!<br />

¡Silencio mortal! ¡Vana esperanza!<br />

¡Qué sufrimiento!<br />

¡Qué tormento me desgarra el corazón!<br />

¡Ay, ojalá el dolor acabe con mi vida!<br />

No sobreviviré a esta última desgracia.<br />

Tengo aún aquí al lado la puerta del Infierno,<br />

no tardaré en reunirme con mi esposa querida.<br />

Sí, voy en pos de ti, objeto de mi fe.<br />

¡Espérame, te sigo!<br />

No volveré a perderte.<br />

La muerte para siempre contigo ha de reunirme.<br />

(Cuanto está a punto de matarse aparece el Amor.)<br />

EL AMOR (arrancándole el puñal)<br />

¡Detente, Orfeo!<br />

ORFEO<br />

¡Oh, cielos! ¿Quién podría ya<br />

refrenar el impulso de mi alma extraviada?<br />

EL AMOR<br />

Calma tu furor insensato;<br />

detente, al Amor reconoce,<br />

que vela por tu destino.


TEXTOS CANTADOS<br />

ORFEO<br />

¿Y qué exiges de mí?<br />

EL AMOR<br />

Acabas de probarme tu constancia y tu fe;<br />

voy a acabar con tu martirio.<br />

(Toca a Eurídice y la reanima.)<br />

¡Eurídice! ¡Respira!<br />

Del esposo más fiel responde a la pasión.<br />

ORFEO<br />

¡Mi Eurídice!<br />

EURíDICE<br />

¡Orfeo!<br />

ORFEO<br />

¡Ah, justos dioses!<br />

¡Y qué extremado es nuestro agradecimiento!<br />

EL AMOR<br />

¡No volváis a dudar nunca de mi poder!<br />

Acabo de sacaros de esta comarca horrible.<br />

Gustad en delante los gozos del amor.<br />

N.º 16 CORO FINAL<br />

CORO<br />

El dios de Pafos y de Cnido<br />

da vida él solo al universo.<br />

Por las alturas<br />

alcanza al ave veloz;<br />

va a besar a la nereida<br />

a lo hondo de los mares.<br />

La juventud embellece;<br />

y aúna la gracia y la hermosura.<br />

Él es quien adorna el recato<br />

con voluptuosos atractivos.


TEXTOS CANTADOS<br />

También es él quien nos consuela<br />

cuando perdemos sus favores:<br />

si alza el vuelo, ese dios amable<br />

nos deja la amistad para el llanto enjugar.<br />

FIN DE LA ÓPERA<br />

Libreto francés de Pierre-Louis Moline según el libreto italiano de Raniero di<br />

Calzabigi

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