le sexe des étoiles: dix stars dévoilent leurs secrets - Cineplex.com
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Qui l’eût cru? Jean-Nicolas Verreault, Anick Lemay et Gil<strong>le</strong>s Renaud font un retour à la terre. Rencontre<br />
du troisième type au beau milieu d’un champs de blé d’inde. I EMILIE VILLENEUVE<br />
Dans la forêt, <strong>le</strong>s arbres sont nus. Dans <strong>le</strong> champs, <strong>le</strong>s épis<br />
ont séché sur <strong>le</strong>urs tiges. Au bout du chemin de terre,<br />
on aperçoit une croix blanche. Un peu plus loin se<br />
dressent un petit enclos dans <strong>le</strong>quel cohabitent paisib<strong>le</strong>ment<br />
pou<strong>le</strong>s et biquettes, et une maison de bois au toit mansardé.<br />
À droite, l’eau a fui <strong>le</strong> lit de la rivière et <strong>le</strong>s feuil<strong>le</strong>s couvrent<br />
presque toute la surface du liquide noirâtre. Tout devrait être<br />
en place pour <strong>le</strong> tournage d’une autre scène du Survenant. Et<br />
pourtant…<br />
«C’est un peu la panique, avoue <strong>le</strong> réalisateur Érik Canuel<br />
avant que <strong>le</strong>s acteurs arrivent. Il n’y a pas d’eau et nous<br />
devons tourner <strong>des</strong> scènes sur <strong>le</strong> canal. On a été obligé de<br />
créer <strong>des</strong> digues.» Malgré <strong>le</strong>s efforts déployés pour garder un<br />
niveau d’eau acceptab<strong>le</strong>, quelques heures plus tard, la barque<br />
du père Didace touchera <strong>le</strong> fond. Mais, n’ayez crainte, <strong>le</strong><br />
gars <strong>des</strong> vues va arranger ça. C’est la magie du septième art.<br />
Une magie qui prend beaucoup de temps à opérer.<br />
L’atmosphère s’allège dès que Jean-Nicolas Verreault<br />
arrive sur <strong>le</strong>s lieux. Érik Canuel crie «Action!» et <strong>le</strong> beau<br />
blond – roux pour l’occasion – lève sa hache dans <strong>le</strong>s airs et<br />
fend une bûche d’un seul coup. «Jean-Nicolas est l’un <strong>des</strong><br />
rares acteurs à transporter autant de mystère avec lui», siff<strong>le</strong><br />
Canuel après avoir lancé un «Coupez!» bien sonore.<br />
L’équipe de Famous Québec restera plus de sept heures sur<br />
<strong>le</strong> plateau du Survenant. Le temps de voir <strong>le</strong>s acteurs passer au<br />
maquillage, aux costumes, tourner plusieurs scènes puis,<br />
excédés et heureux, manger <strong>le</strong>s douceurs que <strong>le</strong>ur a préparées<br />
la cuisinière de plateau, Ana-Maria dite «la sorcière»,<br />
une petite femme d’origine brésilienne à qui tout <strong>le</strong> monde<br />
semb<strong>le</strong> vouer un amour sans borne.<br />
Autre coup de cœur de l’équipe: Anick Lemay. La jeune<br />
<strong>com</strong>édienne prête ses traits à Angélina Desmarais, cel<strong>le</strong> dont<br />
<strong>le</strong> Survenant tombera amoureux. «Mon personnage soutient<br />
la trame romantique du film. C’est quand même une bel<strong>le</strong><br />
histoire. Tout réside dans la subtilité: contrairement à aujourd’hui<br />
où l’on baise dès <strong>le</strong> premier soir, ils ne s’embrassent<br />
même pas, se frô<strong>le</strong>nt à peine.» Fraîcheur et spontanéité sont<br />
résolument au menu en ce bel avant-midi de l’automne<br />
dernier.<br />
À midi, nous allons à la rencontre de Gil<strong>le</strong>s Renaud qui<br />
incarne <strong>le</strong> père Didace. «C’est un magnifique coin de pays,<br />
claironne d’emblée l’acteur avec la voix chaude qu’on lui<br />
connaît. Quand on est arrivé ici, on voulait tous acheter la<br />
famous québec 23 | avril 2005<br />
terre et la maison, même si ce n’est qu’un décor.» Nous avons<br />
d’ail<strong>le</strong>urs osé ouvrir la porte de la maisonnette qui, effectivement,<br />
sert à entreposer <strong>des</strong> harnais, <strong>des</strong> pel<strong>le</strong>s et <strong>des</strong> canards<br />
morts à moitié plumés (Anick Lemay devra plumer l’autre<br />
moitié dans une scène).<br />
Gil<strong>le</strong>s Renaud semb<strong>le</strong> parfaitement à l’aise dans ce<br />
mélange de nature sauvage, de trompe-l’œil et, surtout, dans<br />
ce rô<strong>le</strong> magnifique que lui a offert Érik Canuel: «Il y a eu<br />
plusieurs projets d’adaptation cinématographique du<br />
Survenant. Vers l’âge de 30 ans, j’ai même été approché pour<br />
jouer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>-titre, mais l’entreprise est tombée à l’eau. Je<br />
n’aurais jamais cru que lorsque ce projet verrait enfin <strong>le</strong> jour,<br />
j’aurais l’âge de jouer <strong>le</strong> père Didace!» s’exclame l’acteur de<br />
61 ans. Il s’agissait pourtant du personnage qu’il préférait,<br />
«peut-être parce que, <strong>com</strong>me lui, je suis sensib<strong>le</strong> aux aventuriers<br />
sans pourtant en être un moi-même».<br />
La bourrasque<br />
Rappe<strong>le</strong>z-vous l’ouvrage de Germaine Guèvremont: <strong>le</strong><br />
Survenant apparaît un soir d’automne. Il bou<strong>le</strong>verse l’existence<br />
<strong>des</strong> habitants du Chenal du Moine puis, au mois de septembre<br />
suivant, il reprend <strong>le</strong> large. Le Survenant est aussi<br />
arrivé dans la vie d’Érik Canuel tel<strong>le</strong> une bourrasque: «Je ne<br />
pensais pas m’attaquer à ce genre de monument avant d’être<br />
vieux», confie <strong>le</strong> cinéaste.<br />
Pour Canuel, cette adaptation constituait un défi de tail<strong>le</strong>.<br />
Non seu<strong>le</strong>ment parce que d’autres transpositions avaient<br />
déjà été faites (pour la radio en 1947 et pour la télévision en<br />
1954), mais aussi à cause du débat médiatique qui entoure la<br />
surexploitation du genre. Un Homme et son péché, Aurore, Le<br />
Survenant... Il n’en fallait pas plus pour crier au manque<br />
d’imagination. «Mais il ne s’agit pas d’un film sur <strong>le</strong> misérabilisme,<br />
précise Jean-Nicolas Verreault. C’est plutôt un prétexte<br />
extraordinaire pour par<strong>le</strong>r de liberté et de tolérance<br />
face aux étrangers. Non pas <strong>des</strong> conditions dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />
nos arrière-grands-parents vivaient au début du sièc<strong>le</strong><br />
dernier.»<br />
Il est plus de 17 heures lorsque notre photographe croque<br />
enfin <strong>le</strong>s visages <strong>des</strong> protagonistes du Survenant, tout juste<br />
avant qu’eux-mêmes ne croquent <strong>le</strong>s bons petits plats d’Ana-<br />
Maria. Érik Canuel <strong>le</strong> sait: «Il y a un vieil adage en cinéma qui<br />
dit que, quand tu as un bon kraft [cuisinier], tu as un plateau<br />
heureux.» Un constat qui s’impose de soi.