L'Aiguille creuse

More documents

Recommendations

Info

Beautrelet s’arrêta. Vous voulez le savoir, Monsieur le juge d’instruction ? – Si je le veux ! Beautrelet avait une canne à la main, un bâton solide et noueux. Brusquement, d’un revers de cette canne, il fit sauter en éclats l’une des statuettes qui ornaient le portail de la chapelle. – Mais vous êtes fou clama M. Filleul, hors de lui, et en se précipitant vers les morceaux de la statuette. Vous êtes fou ! ce vieux saint était admirable… – Admirable ! proféra Isidore en exécutant un moulinet qui jeta bas la Vierge Marie. M. Filleul l’empoigna à bras-le-corps. – Jeune homme, je ne vous laisserai pas commettre… Un roi mage encore voltigea, puis une crèche avec l’Enfant Jésus… – Un mouvement de plus et je tire. Le comte de Gesvres était survenu et armait son revolver. Beautrelet éclata de rire. – Tirez donc là-dessus, Monsieur le comte… tirez là-dessus, comme à la foire… Tenez… ce bonhomme qui porte sa tête à pleines mains. Le saint Jean-Baptiste sauta. – Ah ! fit le comte… en braquant son revolver, une telle profanation !… de pareils chefs-d’œuvre ! – Du toc, Monsieur le comte ! – Quoi ? Que dites-vous ? hurla M. Filleul, tout en désarmant le comte. – Du toc, du carton-pâte ! – Ah ! ça… est-ce possible ? – Du soufflé ! du vide ! du néant ! Le comte se baissa et ramassa un débris de statuette. – Regardez bien, Monsieur le comte… du plâtre ! du plâtre patiné, moisi, verdi comme de la pierre ancienne… mais du plâtre, des moulages de plâtre… voilà tout ce qui reste du pur chef-d’œuvre… voilà ce qu’ils ont fait en quelques jours !… voilà ce que le sieur Charpenais, le copiste des Rubens, a préparé, il y a un an. À son tour, il saisit le bras de M. Filleul. – Qu’en pensez-vous, Monsieur le juge d’instruction ? Est-ce beau ? est-ce énorme ? gigantesque ? la chapelle enlevée ! Toute une chapelle gothique recueillie pierre par pierre ! Tout un peuple de statuettes, captivé ! et remplacé par des bonshommes en stuc ! un des plus magnifiques spécimens d’une époque d’art incomparable, confisqué ! la Chapelle- 46
Dieu, enfin, volée ! N’est-ce pas formidable ! Ah ! Monsieur le juge d’instruction, quel génie que cet homme ! – Vous vous emballez, monsieur Beautrelet. – On ne s’emballe jamais trop, Monsieur, quand il s’agit de pareils individus. Tout ce qui dépasse la moyenne vaut qu’on l’admire. Et celui-là plane au-dessus de tout. Il y a dans ce vol une richesse de conception, une force, une puissance, une adresse et une désinvolture qui me donnent le frisson. – Dommage qu’il soit mort, ricana M. Filleul… sans quoi il eût fini par voler les tours de Notre-Dame. Isidore haussa les épaules. – Ne riez pas, Monsieur. Même mort, celui-là vous bouleverse. – Je ne dis pas… monsieur Beautrelet, et j’avoue que ce n’est pas sans une certaine émotion que je m’apprête à le contempler… si toutefois ses camarades n’ont pas fait disparaître son cadavre. – Et en admettant surtout, remarqua le comte de Gesvres, que ce fut bien lui que blessa ma pauvre nièce. – Ce fut bien lui, Monsieur le comte, affirma Beautrelet, ce fut bien lui qui tomba dans les ruines sous la balle que tira Mlle de Saint-Véran ; ce fut lui qu’elle vit se relever, et qui retomba encore, et qui se traîna vers la grande arcade pour se relever une dernière fois – cela par un miracle dont je vous donnerai l’explication tout à l’heure – et parvenir jusqu’à ce refuge de pierre… qui devait être son tombeau. Et de sa canne, il frappa le seuil de la chapelle. – Hein ? Quoi ? s’écria M. Filleul stupéfait… son tombeau ?… Vous croyez que cette impénétrable cachette… – Elle se trouve ici… là… , répéta-t-il. – Mais nous l’avons fouillée. – Mal. – Il n’y a pas de cachette ici, protesta M. de Gesvres. Je connais la chapelle. – Si, Monsieur le comte, il y en a une. Allez à la mairie de Varengeville, où l’on a recueilli tous les papiers qui se trouvaient dans l’ancienne paroisse d’Ambrumésy, et vous apprendrez, par ces papiers datés du XVIIIe siècle, qu’il existait sous la chapelle une crypte. Cette crypte remonte, sans doute, à la chapelle romane, sur l’emplacement de laquelle celle-ci fut construite. – Mais, comment Lupin aurait-il connu ce détail ? demanda M. Filleul. – D’une façon fort simple, par les travaux qu’il dut exécuter pour enlever la chapelle. 47
Page 1 and 2: L'Aiguille creuse Leblanc, Maurice
Page 3 and 4: Chapitre 1 Le coup de feu Raymonde
Page 5 and 6: - Non… ne me laisse pas… j’ai
Page 7 and 8: de Dieppe une petite note relatant
Page 9 and 10: autre porte qui donne sur le grand
Page 11 and 12: - Et la mienne aussi, fit Victor. L
Page 13 and 14: - Non. Sous prétexte d’aller voi
Page 15 and 16: - Monsieur le juge d’instruction,
Page 17 and 18: manque une bibliothèque et une sta
Page 19 and 20: Jusqu’à onze heures, tout fut tr
Page 21 and 22: Chapitre 2 Isidore Beautrelet, él
Page 23 and 24: « - Ma foi, oui, je le crois. Tous
Page 25 and 26: Ganimard paraissait quelque peu int
Page 27 and 28: - Ils sont faux, a priori, fataleme
Page 29 and 30: - Avez-vous découvert les traces d
Page 31 and 32: - Depuis vingt ans, dit M. de Gesvr
Page 33 and 34: Beautrelet rougit de plaisir et ser
Page 35 and 36: facteur qui apportait une lettre po
Page 37 and 38: l’individu que Mlle de Saint-Vér
Page 39 and 40: également maculée de sang. Il y a
Page 41 and 42: - Arsène Lupin est mort. - Soit. M
Page 43 and 44: - Vraiment, monsieur Beautrelet…
Page 45: C’était M. Filleul qui arrivait
Page 49 and 50: Un domestique leur apporta une éch
Page 51 and 52: - Un peu de patience. Jusqu’ici v
Page 53 and 54: de ces chiffres représente une des
Page 55 and 56: m’échapper par cette fenêtre, f
Page 57 and 58: Chapitre 4 Face à face Six semaine
Page 59 and 60: devant dix témoins, qui n’avaien
Page 61 and 62: Krichnoff, et la mort horrible de l
Page 63 and 64: inattendue de votre enquête. Vous
Page 65 and 66: - C’est-à-dire, vous, libre de c
Page 67 and 68: Ils se turent encore une fois tous
Page 69 and 70: - Ne pleure pas, petit. Ce sont là
Page 71 and 72: péniblement, retombe et se relève
Page 73 and 74: il est guéri… désespéré, affo
Page 75 and 76: Le soir même du jour où son artic
Page 77 and 78: petit Beautrelet est admirable de p
Page 79 and 80: - Oui. Avant-hier il n’a pas quit
Page 81 and 82: - Mon enquête est terminée. Je sa
Page 83 and 84: conversation avec l’employé et a
Page 85 and 86: Il consulta un petit guide de poche
Page 87 and 88: Isidore décida de n’y point reto
Page 89 and 90: Chapitre 6 Un secret historique La
Page 91 and 92: - Vous ne franchirez pas si facilem
Page 93 and 94: L’un après l’autre ils franchi
Page 95 and 96: Très vite, en effet, l’un des ba
Page 97 and 98:
juge d’instruction au sujet de so
Page 99 and 100:
Beautrelet, debout, face au public,
Page 101 and 102:
« Elle s’assura que les gardiens
Page 103 and 104:
« Et par là nous sommes amenés
Page 105 and 106:
XIV, transmis à Louis XV, et brûl
Page 107 and 108:
laisser un document dont je pouvais
Page 109 and 110:
n’est-il pas permis, d’autre pa
Page 111 and 112:
- Ah oui, je sais, vous n’avez é
Page 113 and 114:
creuse. C’est ce que l’on peut
Page 115 and 116:
Beautrelet la rassura. : - Ce n’e
Page 117 and 118:
- Est-ce bien combiné ? Est-ce que
Page 119 and 120:
t’oublie donc que t’es avec Lup
Page 121 and 122:
prenant sa valise, il alla s’inst
Page 123 and 124:
Et tout le drame actuel, quel en fu
Page 125 and 126:
- Pas difficile… Et pourtant je n
Page 127 and 128:
semblait qu’il trouvât en chaque
Page 129 and 130:
Il se releva, descendit le chemin e
Page 131 and 132:
Chapitre 9 Sésame, ouvre-toi ! L
Page 133 and 134:
e . a . a . . é t r e t a t . a .
Page 135 and 136:
dessinaient précisément un rectan
Page 137 and 138:
À son réveil, le garçon d’hôt
Page 139 and 140:
- Soit. Mais alors je le coule à f
Page 141 and 142:
44e marche. Et maintenant, je fais
Page 143 and 144:
Mais, en face de lui, un nouvel esc
Page 145 and 146:
- Ah ! murmura le jeune homme malgr
Page 147 and 148:
En bas, le bruit se précisait. C
Page 149 and 150:
qui soit authentique. Quelle jouiss
Page 151 and 152:
proie ! Soulève la tiare de Saïta
Page 153 and 154:
- Fichtre, dit-il en riant, mes act
Page 155 and 156:
- Un canot automobile, dit Lupin, c
Page 157 and 158:
onduler gracieusement, se détendre
Page 159 and 160:
- Rien, patron. - Personne de suspe
Page 161 and 162:
- Non, je ne peux pas… c’est ab
Page 163 and 164:
Mais sa figure se creusa, transform
Page 165 and 166:
tout son brio pour faire échouer l
Page 167 and 168:
1915. Le capitaine Belval poursuit
show all

L'Aiguille creuse

Create successful ePaper yourself

Delete template?

Save as template?