L'Aiguille creuse
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Très vite, en effet, l’un des battants céda. Ce fut le père Beautrelet qui<br />
se chargea de prévenir la jeune fille.<br />
Dix minutes après il sortait de la chambre avec elle et disait à son fils :<br />
– Tu avais raison… Mlle de Saint-Véran.<br />
Ils descendirent tous quatre. Au bas de l’escalier, Valméras s’arrêta et<br />
se pencha sur l’homme, puis les entraînant vers la chambre de la terrasse<br />
:<br />
– Il n’est pas mort, il vivra.<br />
– Ah ! fit Beautrelet avec soulagement.<br />
– Par bonheur, la lame de mon couteau a plié… le coup n’est pas mortel.<br />
Et puis quoi, ces coquins ne méritent pas de pitié.<br />
Dehors, ils furent accueillis par les deux chiens qui les accompagnèrent<br />
jusqu’à la poterne. Là, Beautrelet retrouva ses deux amis. La petite<br />
troupe sortit du parc. Il était trois heures du matin.<br />
Cette première victoire ne pouvait suffire à Beautrelet. Dès qu’il eut<br />
installé son père et la jeune fille, il les interrogea sur les gens qui résidaient<br />
au château, et en particulier sur les habitudes d’Arsène Lupin. Il<br />
apprit ainsi que Lupin ne venait que tous les trois ou quatre jours, arrivant<br />
le soir en automobile et repartant dès le matin. À chacun de ses<br />
voyages, il rendait visite aux deux prisonniers, et tous deux s’accordaient<br />
à louer ses égards et son extrême affabilité. Pour l’instant il ne devait pas<br />
se trouver au château.<br />
En dehors de lui, ils n’avaient jamais vu qu’une vieille femme, préposée<br />
à la cuisine et au ménage, et deux hommes qui les surveillaient tour à<br />
tour et qui ne leur parlaient point, deux subalternes évidemment, à en juger<br />
d’après leurs façons et leurs physionomies.<br />
– Deux complices tout de même, conclut Beautrelet, ou plutôt trois,<br />
avec la vieille femme. C’est gibier qui n’est pas à dédaigner. Et si nous ne<br />
perdons pas de temps…<br />
Il sauta sur une bicyclette, fila jusqu’au bourg d’Eguzon, réveilla la<br />
gendarmerie, mit tout le monde en branle, fit sonner le boute-selle et revint<br />
à Crozant à huit heures, suivi du brigadier et de six gendarmes.<br />
Deux de ces hommes restèrent en faction auprès de la roulotte. Deux<br />
autres s’établirent devant la poterne. Les quatre derniers, commandés<br />
par leur chef et accompagnés de Beautrelet et de Valméras, se dirigèrent<br />
vers l’entrée principale du château. Trop tard. La porte était grande ouverte.<br />
Un paysan leur dit qu’une heure auparavant il avait vu sortir du<br />
château une automobile.<br />
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