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SAVIGNY LE SEC - Le Journal de Saône et Loire

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En revanche, l’impôt <strong>de</strong> chacun peut s’alourdir, même lorsque le brev<strong>et</strong> n’augmente pas, si le<br />

nombre <strong>de</strong> contribuables diminue, puisque la somme est globalement imposée. Certains jouent <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te menace : ce sont les riches marchands qui, à la différence <strong>de</strong>s laboureurs, peuvent<br />

aisément se transporter dans un village voisin, après avoir au besoin négocié avec les habitants<br />

<strong>de</strong> celui-ci le montant <strong>de</strong> leur cote. Par exemple, le déménagement d’un contribuable payant 40<br />

livres par an, a pour conséquence que les habitants restants <strong>de</strong>vront se répartir c<strong>et</strong>te somme en<br />

sus <strong>de</strong> leur cote habituelle, puisque l’impôt est dû solidairement <strong>et</strong> qu’il est très difficile<br />

d’obtenir <strong>de</strong>s Elus une « modération ». En conséquence, les plus riches <strong>de</strong>s habitants parviennent<br />

à ne payer qu’une taille réduite par rapport à leurs facultés, tandis que les classes moyennes,<br />

pour peu qu’elles soient solvables, en supportent la plus gran<strong>de</strong> part. <strong>Le</strong>s plus pauvres ne sont pas<br />

épargnés <strong>et</strong> l’on voit jusqu’aux mendiants être assuj<strong>et</strong>tis : en 1770 la veuve Limbar<strong>de</strong>t, Marthe<br />

Coqu<strong>et</strong> <strong>et</strong> la veuve Monnot, toutes trois mendiantes, paient respectivement 5 livres 12 sols, 5<br />

livres 6 sols <strong>et</strong> 7 livres 18 sols, étant rappelé que le salaire journalier d’une femme est d’environ<br />

10 sols (1/2 livre).<br />

L’amplitu<strong>de</strong> du montant <strong>de</strong>s contributions est assez resserrée : toujours en 1770, le plus<br />

lour<strong>de</strong>ment imposé est un laboureur propriétaire qui paie 40 livres, les autres laboureurs payant<br />

entre 16 <strong>et</strong> 39 livres. Viennent ensuite les vignerons, 11 à 17 livres, puis les manouvriers, 8 à 12<br />

livres. <strong>Le</strong>s artisans se situent dans la tranche basse <strong>de</strong>s contribuables : charpentier, 11 livres,<br />

maréchal, 10 livres, couvreur, 11 livres. <strong>Le</strong> recteur d’école ne paie que 9 livres, il est vrai qu’il est<br />

ménagé, compte tenu <strong>de</strong>s services qu’il rend à la communauté.<br />

Il est bien évi<strong>de</strong>nt que le plus riche <strong>de</strong>s habitants n’a pas un revenu limité à quatre ou cinq fois<br />

celui d’un simple ouvrier agricole <strong>et</strong> que l’impôt est en fait dégressif à partir d’un certain niveau<br />

d’aisance <strong>et</strong> donc d’influence, dans un mon<strong>de</strong> aussi resserré qu’un village <strong>de</strong> quarante cinq foyers.<br />

Si l’on rapporte le poids <strong>de</strong>s contributions aux avoirs en capital <strong>de</strong>s contribuables, la différence<br />

<strong>de</strong> traitement est patente : en 1747 les revenus fonciers du plus gros propriétaire <strong>de</strong> Savigny<br />

sont évalués à 652 livres, sa part <strong>de</strong> taille est <strong>de</strong> 35 livres, soit 5,36 % <strong>et</strong> son imposition directe<br />

totale est <strong>de</strong> 108 livres <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie, soit 16,6 % <strong>de</strong>s ces revenus <strong>et</strong> moins <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> son<br />

capital, évalué à plus <strong>de</strong> 10000 livres. La même année un autre gros propriétaire, tirant 182<br />

livres <strong>de</strong> ses biens paie au titre <strong>de</strong> la taille 24,8 livres, soit 13,3 % <strong>et</strong> le cumul <strong>de</strong> son impôt<br />

direct atteint 40 livres 13 sols, soit 22,3 % <strong>de</strong> ses ressources en capital. François Prétot,<br />

qualifié vigneron propriétaire, ne tire que 11 livres <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie <strong>de</strong> son bien <strong>et</strong> doit louer le reste<br />

<strong>de</strong>s vignes qu’il cultive ; il supporte 12 livres d’impôt au total. La veuve Grifon, qui ne possè<strong>de</strong><br />

qu’un journal <strong>de</strong> vigne <strong>et</strong> une rente annuelle <strong>de</strong> 7 livres, soit au total un revenu hors salaire <strong>de</strong> 11<br />

livres 7 sols, paie 9 livres 8 sols <strong>de</strong> taille, à laquelle doivent s’ajouter les autres impôts directs :<br />

la capitation (2 livres 5 sols en 1755) <strong>et</strong> le Dixième (1 livre 17 sols 6 <strong>de</strong>niers). <strong>Le</strong> total <strong>de</strong> ces<br />

seules contributions, 13 livres <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie, dépasse donc ses revenus <strong>de</strong> son capital.<br />

On ne doit pas perdre <strong>de</strong> vue que l’idée selon laquelle l’impôt est un moyen <strong>de</strong> corriger les<br />

inégalités sociales est totalement étrangère à l’esprit <strong>de</strong> l’époque. Certains pensent qu’en taxant<br />

plus légèrement les hauts revenus, on encourage le dynamisme <strong>de</strong>s plus entreprenants <strong>et</strong> donc on<br />

contribue à la prospérité générale du Royaume.<br />

Parfois l’injustice est trop pesante mais les asséeurs ne prennent pas le risque d’alourdir <strong>de</strong> leur<br />

propre chef la cote d’un contribuable aisé, qui ne manquerait pas d’objecter que ses facultés<br />

n’ont pas évolué <strong>de</strong>puis les exercices précé<strong>de</strong>nts, <strong>de</strong> sorte que rien ne justifie une modification<br />

<strong>de</strong> sa quote-part dans la contribution collective. Il pourrait engager, pour être déchargé, une<br />

action judiciaire en « surtaux » dont l’issue pourrait lui être favorable <strong>et</strong> qui serait source <strong>de</strong><br />

frais judiciaires restant à la charge <strong>de</strong> la communauté. Ils s’adressent donc aux Elus afin <strong>de</strong> les<br />

suplier <strong>de</strong> le vouloir <strong>de</strong> leur office cotiser à la décharge <strong>de</strong> la communauté. Par c<strong>et</strong>te procédure

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