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Le contrôle
Ah, là là, sale journée aujourd’hui… ça a commencé par ce mange merde de Rigaudon, un
type qui est au RMI et qui arrive à en vivre, enfin presque…
Il entre, avec sa tronche d’emmerdé, que tu as toujours envie de lui offrir un rouleau de papier
cul, si vous voyez ce que je veux dire, et il demande un demi pain.
Ma gros… ma femme, madame Poissard, elle fait comme si qu’elle avait pas entendu, et
l’autre il se tourne vers moi et en se grattant du côté de sa grande absence, je veux dire entre
ses poches de pantalon, il me fait :
- Eh Poissard, faudrait un peu la déboucher, ta vendeuse !
Moi, j’ai pas voulu relever, des fois qu’un bon client entrerait et qu’il croirait que j’ai pas
d’humour, et je lui coupe un pain en deux, mais dans le sens de la longueur car il ne m’avait
rien précisé, hé, hé !
C’te fiote, il le prend ! Puis il se penche vers moi, pour pas que la mienne l’entende, et me
chuchote :
- Dis, Poissard, tu peux me faire crédit ?
Pas de chance, Hortense ! J’avais trouvé un nouveau truc pour les ardoisiers :
- Ah, mon pauvre Rigaudon, t’as vraiment pas de pot, je viens de passer un accord avec la
banque : ils se sont engagés à ne pas vendre de pain et moi j’ai promis de ne pas faire de
crédits !
De rage, il a balancé son pain par terre et il est sorti en me traitant de salaud de riche. M’en
foutais, j’ai ramassé le demi pain, l’ai essuyé et je l’ai remis dans la panière…
- T’as bien fait, Papa, on le refilera à m’ame Lebréchut, elle au moins elle paye ! Qu’elle m’a
dit ma gazelle…
Puis plusieurs clients sont entrés et au milieu, y’en avait un en costume : putain que je les
aime pas, les mecs en costard ! A tous les coups, c’était un représentant…
Alors moi, je le laisse s’approcher tout doucement, sans le regarder, et quand c’est à son tour,
j’y dis, sans le laisser parler :
- Alors, on fait un peu de tourisme ? Notez que vous avez raison de venir emmerder les gens
qui travaillent : quand on est fainéant, faut bien se distraire !
Et toc, prend ça dans tes gencives !
Le gars il me regarde, me sourit d’un air franchement niais, puis il sort une carte de sa poche :
services vétérinaire qu’il y avait de marqué dessus… Moi, du tac au tac :
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