ExtraitRALm-Rien du tout gascon.indd - Le chasseur abstrait
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ans quand mes parents ont eu la fâcheuse idée de mourir dans<br />
un accident de voiture. Et comme si cela ne suffisait pas, il a<br />
fallu que mes grands-parents maternels fassent partie <strong>du</strong> convoi<br />
funèbre : ils étaient aussi dans cette satanée bagnole ! Quant à<br />
moi, ce jour-là, j’étais chez ma grand-mère paternelle, mamie<br />
Marguerite. Je n’ai d’ailleurs jamais trop bien compris pourquoi<br />
je passais la journée chez elle quand le drame arriva. <strong>Le</strong> destin<br />
sûrement… Du coup, je me suis retrouvé orphelin. Je n’avais ni<br />
frère ni sœur, moi, qui aurait dû être l’aîné d’une fratrie que mes<br />
parents eussent voulu importante.<br />
Ma grand-mère paternelle était veuve, et mes parents étaient<br />
tous deux enfants uniques.<br />
Mon environnement familial jugé délicat, les services sociaux<br />
décidèrent de me placer en orphelinat. J’atterris à Arcueil, en région<br />
parisienne. Puis, de familles d’accueil en familles d’accueil,<br />
j’atteignis ma majorité. Mon bac en poche, mes dix-huit ans<br />
dans la valise, l’indépendance dans les tripes, je partis vivre ma<br />
vie. Verram ben, comme on dit ici ( on verra bien ).<br />
Après divers emplois, je suis arrivé dans cette boîte de marketing<br />
où tu travailles toujours, mon cher Oly. Tu te rappelles, au<br />
début tu étais mon chef…<br />
Allez, je peux te l’avouer maintenant : tu n’a pas été le plus<br />
terrible de ceux que j’ai connus ! Je t’appréciais même pour ta<br />
rigueur et ton honnêteté dans le travail. Mais bon, au bout d’un<br />
an, je suis devenu aussi chef, ton égal, quoi ! Cinq années professionnelles<br />
passées ensemble, ça crée des liens, hein ! Oly-ghost ?<br />
Bon, d’accord, j’arrête avec cette plaisanterie douteuse, d’accord,<br />
d’accord…<br />
Avant que je te raconte ma vie <strong>gascon</strong>ne, quelques mots sur<br />
ma grand-mère paternelle. La pauvre mamie Marguerite est<br />
morte quand j’avais dix-sept ans, décès que je n’appris que de<br />
longues années après. Remarque, elle avait l’âge comme on dit<br />
par ici, 96 ans. Elle montait à la capitale tous les ans à Noël<br />
pour me voir. Elle logeait à l’hôtel, restait trois jours, et puis<br />
repartait. Tous les ans, dans mon hiver parisien, j’attendais avec<br />
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