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Les clefs des Portes de demain - Le chasseur abstrait

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1<br />

Gilles SORGEL<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Portes</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>main


2<br />

INTRODUCTION<br />

Elles furent extraordinaires et paradisiaques, ces vacances "à la ferme" <strong>de</strong> 1996.<br />

La nature rutilait. La cour avec sa mare, son "tas" <strong>de</strong> fumier, sa fosse à purin et son pigeonnier, le verger,<br />

le potager, la prairie située <strong>de</strong>rrière le hangar à réserve <strong>de</strong> paille, tout semblait vibrer d'une fête perpétuelle.<br />

A 4 heures 30, très exactement, le coq, l'énorme coq, seul chef incontesté <strong>de</strong> la basse cour, ouvrait la porte<br />

au jour naissant et claironnait le réveil. Quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong> plus tard, une merlette flutait et, perchée sur le toit<br />

<strong>de</strong> l'étable, inspectait la cour et ses occupants ; puis, peu à peu, les chants <strong><strong>de</strong>s</strong> autres oiseaux venaient s'y<br />

joindre pour former un concert qui s'infiltrait aux quatre coins <strong>de</strong> l'horizon avec, parfois, le meuglement d'une<br />

vache en attente <strong>de</strong> traite ou le bêlement du bouc impatient <strong>de</strong> bondir, dans la prairie, en compagnie <strong>de</strong> ses<br />

cinq chèvres. Peu <strong>de</strong> temps après, l'air vibrait du battement <strong><strong>de</strong>s</strong> ailes d'une envolée <strong>de</strong> pigeons qui venaient<br />

piétiner le toit, au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la mansar<strong>de</strong>.<br />

Une porte claquait. Bruit <strong>de</strong> vaisselle. Robinet qui coule. Madame Grivelot, Simone, la fermière, s'attelait à<br />

sa tâche quotidienne, épuisante et ingrate. Une véritable paysanne, fille <strong>de</strong> paysanne, mo<strong>de</strong>lée dans le moule<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> la terre d'où sortent les femmes fortes, sèches et infatigables qui font le renom <strong>de</strong> nos campagnes.<br />

Faisant fi <strong><strong>de</strong>s</strong> machines, elle calait ses fesses sur son tabouret à trois pieds et trayait ses huit vaches, le sourire<br />

aux lèvres.<br />

Michel, son mari, semblait venir d'un autre mon<strong>de</strong> et, dès les premières minutes <strong>de</strong> notre séjour, me<br />

subjugua. C'était un être, <strong>de</strong> prime abord, indéfinissable. Relativement jeune, comme elle, la quarantaine peutêtre,<br />

le visage glabre, souriant mais les traits tendus, songeurs, sous <strong><strong>de</strong>s</strong> cheveux blanchis trop vite. Si, dans la<br />

journée, les cris <strong>de</strong> sa femme emplissaient la cour et, même, bien au <strong>de</strong>là, lui, parlait peu, ne prononçant que<br />

les mots indispensables, <strong><strong>de</strong>s</strong> mots apparemment pesés, d'une voix calme et douce.<br />

Je le vis souvent, le regard perdu, comme s'il écoutait et sentait cette nature envoûtante qui semblait<br />

recréer tout un mon<strong>de</strong> idyllique connu <strong>de</strong> lui seul. Un sage et un poète.<br />

C'est ainsi que, dès le <strong>de</strong>uxième jour, nous nous sommes retrouvés tous <strong>de</strong>ux, allongés sur l'herbe épaisse<br />

et chau<strong>de</strong> d'une allée du potager.<br />

Devant nous, une énorme touffe <strong>de</strong> sauge étalait sa multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> fleurs violettes dans un bourdonnement<br />

incessant d'abeilles. Il en détacha une fleur, la prit délicatement et la fixa pendant je ne sais combien <strong>de</strong><br />

secon<strong><strong>de</strong>s</strong>. J'étais littéralement hypnotisé.<br />

Puis il parla.<br />

Que la nature est belle ! Et, non seulement elle est un miracle constant <strong>de</strong> splen<strong>de</strong>ur, mais elle resplendit<br />

par son intelligence... Car je crois en son intelligence !... Une intelligence, bien entendu, difficile à cerner<br />

puisqu'elle ne gère qu'une existence végétative... Pourtant, si nous y regardons bien, elle nous crève les<br />

yeux. Ainsi, je suis continuellement en extase lorsque je réfléchis à ce que représente d'incompréhensible et<br />

<strong>de</strong> merveilleux, cette petite fleur.<br />

Avez-vous lu "L'intelligence <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs" <strong>de</strong> Maeterlinck ?<br />

J'inclinai la tête car ce livre que j'avais lu et relu, m'avait passionné.<br />

Vous connaissez donc l'incroyable mise au point faite d'astuces extraordinaires, d'une complexité et<br />

d'une précision fascinantes, qu'elle s'est composée pour attirer les abeilles qui prennent son pollen, le<br />

véhiculent et le redistribuent sans même s'en rendre compte.<br />

N'est-ce pas purement prodigieux ?<br />

Il s'était tu, plongé dans ses pensées. Je n'osais rompre le silence.<br />

Voyez-vous, me dit-il enfin, qu'on ne me parle plus d'évolution naturelle et toute bête. L'intelligence <strong>de</strong> la<br />

nature, c'est une évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> tous les instants. Ainsi, <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> ont été effectuées sur <strong><strong>de</strong>s</strong> abeilles.<br />

Transplantées loin <strong>de</strong> leur région et <strong>de</strong> leur climat habituels, elles changent leurs habitu<strong><strong>de</strong>s</strong>. Elles<br />

s'adaptent. En Californie où elles trouvèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs 12 mois sur 12, elles vécurent au jour le jour et ne<br />

firent même plus <strong>de</strong> provisions. Transplantées à la Barba<strong>de</strong>, aux Petites Antilles, où elles se trouvèrent au<br />

milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> raffineries avec du sucre à volonté, elles cessèrent même d'aller butiner les fleurs.


Et cette évolution est universelle puisqu'elle se rencontre même parmi les microbes ! Il y a 40 ans<br />

environ, il suffisait <strong>de</strong> 40.000 unités <strong>de</strong> pénicilline par jour pour guérir un mala<strong>de</strong> atteint <strong>de</strong> pneumonie, il<br />

en faut aujourd'hui près <strong>de</strong> 20 millions pour obtenir un résultat équivalent... sur <strong><strong>de</strong>s</strong> microbes qui ne sont<br />

pas ceux soignés auparavant. L'évolution s'est faite mais non pas sur <strong><strong>de</strong>s</strong> microbes déjà traités. Elle s'est<br />

développée sur l'ensemble <strong>de</strong> la famille microbienne <strong>de</strong> ce type.<br />

Comment tout cela a-t-il été possible ? Renouvelé à <strong><strong>de</strong>s</strong> milliards <strong>de</strong> fois ? Pourquoi ? Par quoi ? Par qui<br />

? Pourtant cela est. Je ne comprends pas. Parce que c'est incompréhensible. Je voudrais bien comprendre<br />

pourtant.<br />

Ces mots résonnent encore dans ma tête. J'étais ébahi. J'avais, à côté <strong>de</strong> moi, un fermier naturaliste et<br />

philosophe.<br />

Je fus encore plus surpris lorsque je pénétrais, quelques jours plus tard, dans sa bibliothèque. Une pièce<br />

littéralement tapissée <strong>de</strong> livres à faire rêver un bibliothécaire à la retraite.<br />

- Et vous avez tout lu ? <strong>de</strong>mandais-je<br />

- Tout, sans exception.<br />

- Mon Dieu, mais quel savoir !<br />

- Oh ! Je ne sais grand chose, hélas ! Et c'est cela le drame, voyez-vous. J'en sais même <strong>de</strong> moins en<br />

moins. Pour chaque cas, trop <strong>de</strong> thèses se contredisent. Comment voulez-vous savoir quelle est la bonne ?<br />

La plupart du temps, chaque antagoniste est ce qu'on appelle "une personnalité" plus instruite et plus<br />

intelligente l'une que l'autre. Chacun croit réellement ce qu'il démontre. Qui donc a tort ? Qui donc a<br />

raison ? Aucun, peut-être. Sûrement même car il est à peu près certain qu'un troisième larron viendra les<br />

contredire avant d'être lui-même mis en contradiction.<br />

Pensez que <strong><strong>de</strong>s</strong> savants furent suppliciés parce qu'ils affirmaient que la terre était ron<strong>de</strong>. C'est ce que<br />

nous avons appris, tout récemment encore, à l'école et nous serions passés à la torture plutôt que <strong>de</strong> le nier<br />

alors que nous savons maintenant, grâce à nos fusées et à nos satellites, qu'elle ne l'est pas avec sa bonne<br />

face <strong>de</strong> poire.<br />

J'ai toujours rêvé d'une machine à voyager dans le temps qui nous permettrait <strong>de</strong> contrôler ce qu'on nous<br />

enseigne dans nos livres. Nous irions <strong>de</strong> stupéfactions en stupéfactions. Nous n'en sommes encore ni à<br />

l’Ilia<strong>de</strong> ni à l'Odyssée mais ce n'en est peut-être pas si loin.... En cette fin <strong>de</strong> vingtième siècle, malgré le<br />

règne du téléphone, du Concor<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la télévision, voyez ce qui se crée, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> faits apparemment bénins<br />

: <strong><strong>de</strong>s</strong> interrogations très vite transformées, par le bouche à oreille, en merveilleux miracles si ce n'est en<br />

tragédie.<br />

Alors, que reste-t-il, sans téléphone, sans avions ni télévision, après quelques siècles voire quelques<br />

millénaires ?<br />

Si nous pouvions y retourner, que verrions-nous à Rouen ? à Roncevaux ? à Gergovie ? à Rome ? à<br />

Jérusalem ? à Louksor ? à Thiahuanaco ? Et dans les grottes et en <strong>de</strong>hors <strong><strong>de</strong>s</strong> grottes <strong>de</strong> nos ancêtres <strong>de</strong> la<br />

préhistoire ? Et dans ce paradis terrestre, que découvririons-nous près <strong>de</strong> l'arbre interdit pendant qu'Eve<br />

croquait la pomme, une pomme qu'il faudrait lui laisser croquer... ?<br />

Non, nous ne savons rien ni <strong>de</strong> l'infiniment petit ni <strong>de</strong> l'infiniment grand, ni même <strong>de</strong> l'infini moyen qui<br />

tisse la trame <strong>de</strong> nos existences sans gran<strong>de</strong> importance. Nous découvrons, nous essayons <strong>de</strong> découvrir, petit<br />

à petit, mais le gouffre <strong>de</strong> l'inconnu est si profond que nous, nous n'y arriverons pas. Un <strong>de</strong> nos<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cendants, plus tard, beaucoup plus tard, peut-être. <strong><strong>Le</strong>s</strong> fils <strong><strong>de</strong>s</strong> fils <strong>de</strong> nos fils, un jour, c'est sûr...<br />

Lorsqu'ils seront sur le point d'achever leur transformation pour <strong>de</strong>venir, à leur tour, ainsi qu'il est dit dans<br />

les Ecritures, "<strong><strong>de</strong>s</strong> Dieux". L'apothéose <strong>de</strong> notre évolution suivant le Père Theillard <strong>de</strong> Chardin.<br />

Dans les trois Evangiles <strong>de</strong> Matthieu, Marc et Luc, il est écrit : "Il n'est rien <strong>de</strong> caché qui ne sera révélé ;<br />

rien <strong>de</strong> secret qui ne sera connu."<br />

Ainsi, voyez-vous, si nous poursuivons notre raisonnement, nous arrivons à cette évi<strong>de</strong>nce : le miracle<br />

n'existe pas.<br />

Je le regardais stupéfait car cette affirmation ne m'avait jamais effleuré.<br />

Vous semblez surpris. Mais je suis certain que vous allez l'admettre comme le croyant le plus ancré dans<br />

ses axiomes religieux se doit <strong>de</strong> le reconnaître : le miracle est, au moment où il se produit, un fait inexpliqué<br />

3


mais non inexplicable. Même si cela, ainsi que le pense notre ami, est l'oeuvre <strong>de</strong> Dieu. Même ainsi, car<br />

DIEU lui-même ne peut réaliser ce qui est irréalisable. Nombre <strong>de</strong> miracles, au fur et à mesure <strong>de</strong><br />

l'évolution <strong>de</strong> nos connaissances, reprennent la place qui leur est due, celle <strong>de</strong> faits divers <strong>de</strong>venus plus ou<br />

moins anodins.<br />

Ce qui est affolant, c'est <strong>de</strong> sentir, dans ce processus, notre presque inutilité.<br />

Mais je m'égare. Excusez-moi. Revenons sur terre. Soyons réalistes et passons à table.<br />

4<br />

*****<br />

Nous avons sympathisé.<br />

Nous aimions, dans la douceur du soir, à la tombée <strong>de</strong> la nuit, pendant que son épouse et la mienne<br />

s'affairaient dans la cuisine, nous asseoir sur le rebord <strong>de</strong> la mare à regar<strong>de</strong>r s'infiltrer la nuit en un rite<br />

immuable : le hochequeue s'installait sur le toit <strong>de</strong> la grange, et, nous regardant, à grands renforts <strong>de</strong> coups <strong>de</strong><br />

queue, lançait ses gammes harmonieusement stri<strong>de</strong>ntes à ses compères qui, plus loin, lui répondaient<br />

inlassablement. <strong><strong>Le</strong>s</strong> hiron<strong>de</strong>lles venaient ensuite, par petits groupes, emplissant le bleu du ciel d'une multitu<strong>de</strong><br />

d'ellipses noires et silencieuses. Puis le rossignol prenait le relais. Peu à peu, les pigeons se faisaient <strong>de</strong> plus en<br />

plus rares sur le toit du colombier <strong>de</strong>rrière lequel la lune pointait le bout <strong>de</strong> son nez. <strong>Le</strong> jour s'effaçait et, dans<br />

la pénombre naissante, une, <strong>de</strong>ux puis trois chauves-souris, feux follets gris dans l'obscurité naissante,<br />

traversaient la cour en zigzaguant autour <strong>de</strong> nous. Et nos regards se portaient alors, instinctivement, vers la<br />

lucarne <strong>de</strong> la grange où, <strong>de</strong> cet oeil noir, allait surgir le fantôme <strong>de</strong> la chouette effraie dont les ululements<br />

émaillaient nos nuits.<br />

Mon Dieu, quelle était belle, cette chouette !<br />

Lors d'une visite dans la sous toiture du pigeonnier, nous l'avons surprise qui dormait sur sa nichée. Nous<br />

fûmes extasiés par sa beauté, sa tête plate en forme <strong>de</strong> coeur avec son bijou <strong>de</strong> bec, ses plumes qui ne<br />

ressemblent pas à <strong>de</strong> vulgaires plumes mais à <strong>de</strong> longs duvets blancs et soyeux. Nous l'avons tenue dans nos<br />

mains, intimidés et gauches comme un père avec son bébé à la première naissance car notre plus gran<strong>de</strong><br />

surprise ne fut pas sa douceur mais sa légèreté. Elle semblait ne pas peser plus que ses duvets. Quelques<br />

grammes. Pas plus. Un bijou aérien, presque irréel.<br />

Ce n'était pas une illusion car les livres, consultés ensuite, nous ont confirmé qu'elle ne pesait guère qu'une<br />

vingtaine <strong>de</strong> grammes.<br />

J'en suis tombé littéralement amoureux fou.<br />

Comme je l'étais d'Antoine. Antoine, un magnifique bouc alpin, énorme et roux, avec <strong>de</strong> longues cornes<br />

recourbées. Que <strong>de</strong> parties n'avons nous pas faites, moi m’arc-boutant après avoir saisi ses cornes, lui, l'oeil<br />

malicieux, baissant la tête, puissamment, essayant <strong>de</strong> me désarçonner pendant que je tentais, désespérément,<br />

<strong>de</strong> le repousser et - ce qui était rare mais alors j'en étais fier - <strong>de</strong> le renverser.<br />

Qu'on ne me dise pas que cet animal est bête ! Son plaisir : jouer une farce puis en rire ! Si vous l'aviez vu,<br />

tête levée, bouche gran<strong>de</strong> ouverte, lèvres retroussées, rire à gorge déployée... Je pensais, au début, que c'était<br />

un acte instinctif lorsqu'il avait bousculé son vis à vis à l'improviste mais je changeais d'avis lorsque je le vis<br />

éclater <strong>de</strong> rire parce que j'avais glissé malencontreusement sur un "déchet" un peu trop gluant... Antoine, le<br />

parfumé <strong>de</strong> la ferme, était véritablement une V.I.P. inoubliable. Et je ne pourrai jamais l'oublier.<br />

Comme je ne pourrai oublier les <strong>de</strong>ux canards barbarie apprivoisés qui, sur un ordre <strong>de</strong> leur maître,<br />

traversaient la prairie pour venir discuter avec lui à grands renforts <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> tête à la crête en érection.<br />

Des phénomènes, ces <strong>de</strong>ux là !<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> séjours comme les événements les plus agréables, ont inévitablement une fin et nous avons dû, bien à<br />

regrets, boucler nos valises et quitter cet é<strong>de</strong>n pour rejoindre le brouhaha <strong>de</strong> la ville et les tracas du quotidien.<br />

Près d’une année plus tard, <strong>de</strong> passage dans leur région, un sentiment plus fort que moi, me fit dévier ma<br />

route. Je ne pouvais pas ne pas aller les saluer.<br />

Quelle ne fut pas ma surprise en arrivant à la ferme : les fermiers m’étaient inconnus ! "Sympa " , comme<br />

aurait dit Michel, mais inconnus. Et cette conversation surprenant s’engagea :<br />

- Je suis un ami <strong>de</strong> Michel Grivelot et je pensais le rencontrer ainsi que son épouse.<br />

- Ils ne sont plus ici. Ils nous ont vendu la ferme voici près <strong>de</strong> six mois déjà.


5<br />

- Pouvez-vous me dire où ils se sont retirés ?<br />

- Nous ne le savons pas. Et nous n’avons aucune nouvelle <strong>de</strong>puis.<br />

- Ils vous ont bien dit quelque chose ?<br />

- Nous n’avons rien compris. Nous lui avons <strong>de</strong>mandé ; "Où allez-vous ?" Il nous a répondu : "Vers<br />

l’infini..." Mais j’y pense, comment vous appelez-vous ?<br />

- Gilles Sorgel.<br />

- Gilles Sorgel ! Il nous a laissé un porte documents à vous remettre car il était certain, nous a-t-il dit,<br />

que vous viendriez.<br />

Deux minutes plus tard, claquant la porte <strong>de</strong> ma voiture, j’ai ouvert le porte documents. Une enveloppe est<br />

tombée que j’ai arrachée fiévreusement avec mon porte <strong>clefs</strong> et j’ai pu lire :<br />

"Cher Gilles,<br />

Voici mes notes et mes correspondances. Je n’en ai plus que faire. En souvenir <strong><strong>de</strong>s</strong> trois semaines<br />

passées ensemble et <strong>de</strong> notre amitié que je crois réelle et sincère, acceptez les. Peut-être y trouverez-vous<br />

une parcelle <strong>de</strong> solution à cette quête <strong>de</strong> la vérité dont nous avons tant parlé.<br />

Alors pensez à moi qui pars, cette fois-ci, à la quête du nouveau Graal car je pense avoir réussi à<br />

soulever un coin, un tout petit coin, du voile qui le recouvre.<br />

L’heure va sonner d’ici peu, j’en suis certain, et l’opacité du cristallin <strong>de</strong> nos yeux vieillis va disparaître.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> prophètes vont envahir l’aire du Verseau.<br />

Quant à moi, je vais essayer <strong>de</strong> rechercher les <strong>clefs</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> portes <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />

Adieu l’ami."<br />

Renonçant à mes projets, je rentrais chez moi, et ne pus résister à la tentation. J'avalais littéralement le<br />

contenu extraordinaire, déconcertant mais prodigieux qui m’était offert.<br />

Puis, triant au mieux tout en essayant <strong>de</strong> conserver logique et clarté, j'extrayais, <strong>de</strong> ces notes, une histoire -<br />

son histoire - qu'il m'est possible <strong>de</strong> vous livrer aujourd'hui.<br />

<strong>Le</strong> 15 octobre 1998<br />

Note : Ce récit n'est pas le fruit <strong>de</strong> mon imagination. Je n'ai fait que sélectionner, émon<strong>de</strong>r et classer ces<br />

notes dont les premières datent <strong>de</strong> 1971 - il n'avait pas 20 ans - et qui ont littéralement transformé son<br />

existence. Je n'ai modifié, comme il se doit, que quelques noms.


6<br />

INCARCÉRATION<br />

22 Mars.<br />

Incroyable ! Ahurissant ! Je crois sortir d'un rêve mais la cellule est bien réelle. Instinctivement, je me<br />

frotte les poignets croyant y sentir encore le froid glacial et ru<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> menottes avec, presque aussi réelle<br />

également, la voix toute aussi glaciale <strong>de</strong> l'inspecteur <strong>de</strong> police qui fit irruption dans ma chambre, ce matin. -<br />

Allez ! Debout, salop ! On va te montrer comment on "saque" les violeurs <strong>de</strong> fille.<br />

J'avais la bouche pâteuse et la tête lour<strong>de</strong>, comme gonflée et prête à éclater. Et l'abrutissement d'un tel<br />

réveil n'était pas fait pour m'arranger. Je bafouillais je ne sais quoi. Je sentis <strong><strong>de</strong>s</strong> menottes qui enserraient mes<br />

poignets et <strong><strong>de</strong>s</strong> mains qui, me bousculant, me projetaient littéralement dans une voiture pendant que je<br />

recevais sur le dos un tas d'habits que je n'avais pas eu le temps <strong>de</strong> mettre.<br />

Je commençais à réagir dans le cachot du commissariat. Je regardais la grille que je tâtais pour me certifier<br />

que je ne rêvais pas et vins m'asseoir sur le banc <strong>de</strong> ciment noir, noir par le ciment ou par la crasse, la<br />

pénombre ne permettant pas <strong>de</strong> vérifier. Sur le côté, le trou <strong><strong>de</strong>s</strong> W-C bouché, maculé et puant. <strong>Le</strong> mur était<br />

aussi maculé, presque aussi puant et, <strong>de</strong> plus, recouvert d'inscriptions ordurières. De quoi s'occuper au cas où<br />

l'attente durerait. Je vis mes habits posés dans le coin gauche et m'habillais.<br />

Quelques heures plus tard, un gendarme, en uniforme cette fois-ci, vint me chercher. Un <strong>de</strong>uxième<br />

m'encadra, me <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> tendre les mains, presque gêné, en s'excusant et j'entendis claquer les menottes. <strong>Le</strong><br />

fourgon cellulaire, grillagé, d'un bleu presque noir, un vrai fourgon mortuaire, m'attendait et m'entraîna à mon<br />

premier contact avec le tribunal.<br />

Bureau du juge d'instruction. Frappe du gendarme à la porte, entrée, sortie, attente. Un bruit <strong>de</strong> machine à<br />

écrire et <strong>de</strong> feuilles qu'on froisse, arrache ou dissocie. Puis le "Vous pouvez entrer !"<br />

Un bureau propret et qui sent presque bon. Monsieur le juge souriant : "Vous pouvez vous asseoir!"<br />

pendant que les <strong>de</strong>ux pandores se postent légèrement en arrière, à droite et à gauche <strong>de</strong> ma chaise. Une<br />

secrétaire qui semble se faire toute petite et ne regar<strong>de</strong> que son clavier.<br />

L'interrogatoire, le premier avant tant d'autres, commence alors.<br />

- Nom ?<br />

- Grivelot<br />

- Prénoms ?<br />

- Michel<br />

- Nom <strong>de</strong> votre père ?<br />

- Je n'ai pas connu <strong>de</strong> père, je viens <strong>de</strong> l'assistance. Mon père adoptif est décédé.<br />

- Nom <strong>de</strong> votre mère ?<br />

- Grivelot Jeanne, c'est ma mère adoptive.<br />

- Age ?<br />

- 19 ans.<br />

- Profession ?<br />

- Ouvrier agricole.<br />

- Michel Grivelot, vous êtes prévenu d'avoir, hier soir, entre minuit et 1 heure du matin, molesté<br />

violemment et essayer <strong>de</strong> violer ma<strong>de</strong>moiselle Simone Richard, fille <strong>de</strong> Monsieur Richard, votre patron. Elle<br />

ne s'en est tirée que grâce à l'arrivée provi<strong>de</strong>ntielle du chien <strong>de</strong> leurs voisins. Qu'avez-vous à dire ?<br />

La foudre serait tombée à mes pieds que je n'aurais pas été plus stupéfait. Moi, violer Simone ? Mais c'est<br />

impensable. Jamais, jamais je ne l'aurais pu.<br />

- Ma<strong>de</strong>moiselle Richard, reprit le juge tout aussi souriant, vous a formellement reconnu et ses parents,<br />

bien entendu, ont porté plainte. Qu'avez-vous fait, hier, <strong>de</strong> 20 heures à 2 heures du matin ?


Je me remémorais cette soirée maléfique. Moi qui ne sors presque jamais et ne bois pratiquement pas, je<br />

m'étais laissé entraîné par <strong>de</strong>ux joyeux quillards en mal <strong>de</strong> libération. Je ne sais même pas leurs noms. Des<br />

"fils à papa", c'était sûr, pleins aux as, se pavanant dans une voiture sport tellement rutilante que j'en fus<br />

ébloui, incapable même d'en reconnaître la marque. Une étrangère. Une américaine peut-être. Ils étaient venus<br />

à la ferme acheter <strong><strong>de</strong>s</strong> oeufs et quelques pigeonneaux pour améliorer, m'ont-ils dit, leur ordinaire et fêter la<br />

quille tant attendue. "Allez ! Viens, mon vieux, m'ont-ils répété <strong>de</strong>vant mes refus successifs. Viens ! Ne te<br />

tracasse pas : on paie." Comme hypnotisé, j'ai ciré mes chaussures et mis mon costume du dimanche et je les<br />

ai suivis. Sans savoir exactement pourquoi.<br />

La voiture a bondi du restaurant au café, du café au dancing. Comme promis, ils ont tout payé. Vers 23<br />

heures 30, le seul événement précis dont je me souvienne, nous sommes arrivés dans la forêt, aux Naïa<strong><strong>de</strong>s</strong>. Ce<br />

fut mon <strong>de</strong>rnier verre et, du même coup, mon <strong>de</strong>rnier instant <strong>de</strong> mini-lucidité.<br />

Ils me ramenèrent très certainement mais comment ai-je pu rejoindre ma chambre, me déshabiller et me<br />

glisser dans mon lit ? Je serais bien incapable <strong>de</strong> le dire. Je ne sais plus. Un trou noir, absolument noir. De<br />

toute façon, avoir violée Simone, non, non et non. Même inconsciemment, c'était impossible, absolument<br />

impossible. Je la respecte trop.<br />

Voilà ce que j'ai essayé d'expliquer au juge, péniblement, car j'étais encore loin d'avoir récupéré.<br />

A travers un brouillard, je l'entendis conclure : "Vous niez. Bien. Vous en avez le droit mais nous nous<br />

reverrons. Pour l'instant, je me trouve dans l'obligation <strong>de</strong> vous incarcérer. Ne vous affolez pas. Vous savez,<br />

c'est comme à la caserne : on s'y fait."<br />

Nous étions revenus dans le couloir. Un <strong><strong>de</strong>s</strong> gendarmes avait sorti une paire <strong>de</strong> menottes, l'ouvrait, la<br />

refermait, faisant cliqueter les <strong>de</strong>nts <strong><strong>de</strong>s</strong> mâchoires.<br />

"Excusez-nous, mais nous sommes obligés."<br />

Comme dans un rêve, je lui ai tendu les mains.<br />

7<br />

23 mars<br />

Je connais enfin le calme d'une cellule et l'initiation secrète vous permettant d'en être un <strong><strong>de</strong>s</strong> bénéficiaires<br />

privilégiés.<br />

L'accès au porche <strong>de</strong> la prison, bordé d'arbres magnifiques, est, paraît-il, on ne peut plus accueillant. Je le<br />

veux bien mais j'avoue, après la douche que venait <strong>de</strong> m'asséner le juge d'instruction, ne l'avoir même pas<br />

regardé. Par contre, je me souviens <strong><strong>de</strong>s</strong> précautions prises avant notre entrée. N'entre pas qui veut !<br />

Première sonnerie. Interphone. Un porche immense qui grince et qui semble peser <strong><strong>de</strong>s</strong> tonnes par sa<br />

lenteur d'ouverture. Une <strong>de</strong>uxième porte, une clef énorme aussi, je pense, au bruit qu'elle fait avant que le<br />

pêne ne tourne. Un couloir. Une grille, cette fois-ci avec un gar<strong>de</strong> - à l'intérieur - qui regar<strong>de</strong>, sourcils<br />

froncés, sort une clef d'un trousseau métallique rond apparemment bien garni. Il ouvre la grille, me fait entrer,<br />

prend les papiers et la referme au nez <strong>de</strong> mes gendarmes.<br />

Une table. Un gardien - chef certainement - qui regar<strong>de</strong> mon ordre d'incarcération et me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> "Nom -<br />

Prénoms - date <strong>de</strong> naissance - père - mère - adresse etc." puis m'intime l'ordre <strong>de</strong> déposer mes objets<br />

personnels (portefeuille, montre, argent, lacets, cravates - non, je n'en porte jamais -).<br />

Il les range dans une enveloppe : "On vous les rendra à la sortie." Devant ma mine <strong>de</strong> chien battu, il me<br />

rend ma montre et me tend le registre que je signe. Puis, à l'usage du gardien <strong>de</strong> la grille (J'ai su plus tard<br />

qu'on les appelait <strong><strong>de</strong>s</strong> "matons") : "Cellule 4".<br />

Nous rejoignons alors un <strong>de</strong>uxième arrivant que notre cerbère appelle "<strong>Le</strong>vasseur !" en nous faisant<br />

pénétrer dans une pièce contiguë qui, à ma gran<strong>de</strong> surprise, n'est pas la cellule N° 4.<br />

Et la mise en condition continue. "Déshabillez-vous !" On tâte, on cherche, on vérifie, on fouille. "Montrez<br />

la plante <strong><strong>de</strong>s</strong> pied !". Il me tend un pyjama usé, trop court. Je ne peux boutonner la veste. Philippe -<br />

<strong>Le</strong>vasseur m'a appris qu'il s'appelait Philippe -, lui, retient d'une main son pantalon trop large et qui plonge.<br />

On échange.<br />

Nous nous tournons ensuite vers <strong>de</strong>ux flics en civil qui nous atten<strong>de</strong>nt. "Mettez votre pouce sur le tampon<br />

encreur puis appuyez le sur cette feuille ! De même avec les autres doigts ! Puis la main droite ! Puis la<br />

main gauche ! Essuyez-vous !" Ils nous ten<strong>de</strong>nt un chiffon sale, dégoulinant d'encre, qui n'a été ni nettoyé ni


changé <strong>de</strong>puis bien longtemps. Puis "Placez-vous le long du mur, regar<strong>de</strong>z-nous !" flash ! "Tournez-vous à<br />

gauche !" reflash !. "Tournez-vous à droite !" rereflash ! "Vous pouvez aller !"<br />

Et nous entrons, dans une troisième pièce, pour nous présenter à un brave et vieux toubib : "Torse nu !<br />

Toussez ! Baissez le pantalon ! Rhabillez-vous !"<br />

Enfin ! c'est terminé. Nous sommes enregistrés, dépecés, fichés, catalogués.<br />

Devant la porte, par terre, 1 matelas en mousse, sa housse, 1 traversin, sa housse, 2 draps, 4 couvertures.<br />

Nous n'avons qu'à saisir notre barda et suivre notre maton jusqu'à la cellule N° 4.<br />

Nous sommes à peine arrivés <strong>de</strong>puis 20 minutes que la porte s'ouvre et qu'un maton nous crie : "Au<br />

barbier !" On suit jusqu'à la pièce où nous avait déjà palpés le toubib. Je me rase avec un rasoir électrique<br />

pendant qu'un détenu coupe les cheveux <strong>de</strong> Philippe. <strong><strong>Le</strong>s</strong> cheveux sérieusement éclaircis, il s'attaque à la<br />

magnifique moustache <strong>de</strong> son client qui râle comme si on l'égorgeait. <strong>Le</strong> maton est inflexible. <strong>Le</strong>vasseur ferme<br />

les yeux ; j'ai les larmes aux bords <strong><strong>de</strong>s</strong> miens car je m'aperçois que le pauvre <strong>Le</strong>vasseur apparaît défiguré : il<br />

n'a plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts à la mâchoire supérieure et c'est pour cela qu'il portait une moustache.<br />

Mes cheveux, ça va, mais je saigne au menton car si la tête du rasoir a été neuve, c'était il y a bien<br />

longtemps. Ça arrache ! La tête neuve a bien été achetée, me dit-on, mais elle a dû s'éva<strong>de</strong>r avant d'arriver.<br />

Retour en cellule.<br />

11 h. 30. Sonnerie. La soupe ! 2 détenus accompagnés la distribuent : tomates vinaigrette, purée-boudin,<br />

poire. C'est fa<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>vasseur ne mange presque pas. J'ai faim, je mange. Avec un verre d'eau javellisée du<br />

robinet.<br />

Depuis 10 h., RTL nous serine en continu, par haut parleur.<br />

<strong>Le</strong> chauffage ? 2 tuyaux placés trop haut, à 2 m au moins. Nous avons les pieds glacés même avec une<br />

serpillière boudinée en bas <strong>de</strong> la porte.<br />

Un maton nous propose 3 livres pour passer le temps en attendant vendredi, la distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> livres <strong>de</strong> la<br />

bibliothèque ne se faisant qu'une fois par semaine, ce jour là. Je les refuse.<br />

17 h. Souper. 17 h. 30, c'est terminé ! La soirée et la nuit vont être longues jusqu'au réveil, <strong>de</strong>main matin,<br />

à 6 h. 45. Et il paraît que, le dimanche, le souper est servi à 16 h. 30 et le couvre feu sonné avant 18 h. Ça<br />

promet.<br />

8<br />

24 Mars<br />

Ce matin, regardant ma cellule N° 4, j'ai le cafard. Une petite, toute petite cellule avec <strong>de</strong>ux lits<br />

superposés, un troisième plié en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous, une petite table, trois tabourets, un lavabo, <strong>de</strong>ux petites armoires en<br />

éléments suspendus. Au fond, dans le coin droit, sous la fenêtre aux <strong>de</strong>ux rangées <strong>de</strong> lourds barreaux<br />

protégés <strong>de</strong> l'extérieur par un grillage, le trou <strong><strong>de</strong>s</strong> WC avec une chasse d'eau et un muret <strong>de</strong> 80 cm environ. A<br />

côté, un lavabo. Des murs en béton peints d'un bleu pâle.<br />

Un judas rond dans la porte. Un autre rectangulaire.<br />

Dehors, le hall avec, à chaque extrémité, d'imposantes grilles couvrant toute la hauteur et toute la largeur.<br />

Derrière, côté entrée, un couloir et une <strong>de</strong>uxième grille. Puis le poste <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />

A chaque porte, une serrure colossale et <strong>de</strong>ux verrous <strong>de</strong> sécurité aussi volumineux. <strong>Le</strong> surveillant - car ce<br />

ne sont pas <strong><strong>de</strong>s</strong> gardiens, termes réservés aux gardiens d'animaux mais <strong><strong>de</strong>s</strong> surveillants, ainsi que nous l'a<br />

récité l'un d'eux, le noir du groupe - donc, le surveillant n'ouvre et ne ferme les portes qu'avec sa grosse clef<br />

qui ne le quitte pas. Il en a d'ailleurs continuellement, sur lui, trois ou quatre autres plus petites dont le<br />

cliquettement le précè<strong>de</strong> comme la cloche <strong><strong>de</strong>s</strong> vaches en montagne...<br />

<strong>Le</strong> bruit <strong>de</strong> ferraille d'ouverture et <strong>de</strong> fermeture <strong><strong>de</strong>s</strong> portes est démoralisant. Un cliquetis. Des pas qui<br />

approchent et résonnent en approchant. Un bruit <strong>de</strong> ferraille dans la serrure, la porte s'ouvre. La porte se<br />

ferme et claque. Un bruit <strong>de</strong> ferraille. Cliquetis, bruit <strong>de</strong> ferraille à gauche. Cliquetis, bruit <strong>de</strong> ferraille à droite.<br />

Puis plus loin.<br />

Pendant la promena<strong>de</strong>, prise <strong>de</strong> sang.<br />

Cafard.<br />

Je n'ai pratiquement pas dormi. Jusqu'ici, les événements se succédant <strong>de</strong> plus en plus surprenants et


impitoyables, je les ai subis presque sans m'en rendre compte mais, maintenant, je re<strong><strong>de</strong>s</strong>cends sur terre, écrasé<br />

par les catastrophes qui s'abattent sur moi alors que je n'y suis pour rien. Sinon par une vie <strong>de</strong> raté.<br />

Sans père ni mère, je suis né du malheur, dans le malheur. Pour le malheur. Je vis ballotté dans une<br />

tourmente continuelle. Lorsque je crois apercevoir une éclaircie, une nuée, <strong>de</strong> nouveau, se faufile toujours<br />

plus noire. Toujours plus grosse. Je pue la poisse.<br />

Madame Courtois, mon institutrice, mon premier amour <strong>de</strong> gosse, avant <strong>de</strong> me faire passer mon certificat<br />

d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à la suite d'une dérogation d'âge qu'elle avait réussi à obtenir, avait dit à ma mère adoptive : "Michel<br />

est intelligent. Il peut se construire un avenir en toute sécurité. Laissez le continuer ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong>."<br />

Maman ne pouvait pas. Elle était seule. Souvent mala<strong>de</strong>. Malgré son courage, sa bonté et son amour,<br />

<strong>de</strong>puis que père était décédé subitement sans que la maladie nous ait prévenus, elle ne subvenait à nos besoins<br />

qu'au prix d'un sacrifice continuel.<br />

J'ai dû travailler. <strong><strong>Le</strong>s</strong> pommes <strong>de</strong> terre à planter à Pâques. La moisson puis les betteraves aux gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

vacances. <strong>Le</strong> soir, souvent, l'ai<strong>de</strong> à la ferme. <strong>Le</strong> chargement du fumier, la mise en place <strong>de</strong> la paille, dans<br />

l'étable, avant que Nicole ne commence à traire ce qu'elle m'apprit, petit à petit, afin que je puisse la secon<strong>de</strong>r.<br />

Sans qualification, je dus accepter n'importe quoi à n'importe quel prix. Tout naturellement, je fis ce que<br />

père avait fait toute sa vie : homme à toutes mains, à la ferme qui nous logeait.<br />

Peu <strong>de</strong> temps après le décès <strong>de</strong> père - était-ce les nerfs qui lâchaient ? - maman est tombée mala<strong>de</strong>. <strong>Le</strong><br />

mé<strong>de</strong>cin ne savait pas exactement <strong>de</strong> quoi. Moi, je le sais : elle paie toute une vie d'abnégation. Mais est-ce<br />

juste ? Pourquoi le labeur <strong>de</strong> l'ouvrier burine-t-il sa face ? Et la déforme ? Pourquoi le dévouement, ce levain<br />

qui pétrit la sainteté, n'engendre-t-il, le plus souvent, sur cette fichue terre, que la douleur ?<br />

"Cela ne fait rien, me répète-t-elle, en pointant son in<strong>de</strong>x sur un ciel incertain, notre récompense n'est pas<br />

ici. Elle est là-haut."<br />

Je ne veux pas la contredire mais, lorsque je regar<strong>de</strong> la vague insolente et injuste qui me submerge, je me<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> : Et s'il n'y avait pas <strong>de</strong> là-haut ? Si ce n'était qu'un cache-misère utilisé par les prophètes pour<br />

calmer, dans son exil, la douleur d'un peuple soit disant élu ? Un soporifique administré en doses <strong>de</strong> plus en<br />

plus fortes qui nous endort pour quelques heures, pendant que le mal progresse inexorablement ?<br />

Lorsqu'on est bon et pauvre - on est souvent bon quand on est pauvre - on a l'impression que le malheur<br />

vous envoûte et vous broie, que les tuiles succè<strong>de</strong>nt aux tuiles, mais on s'en accommo<strong>de</strong> et on le traîne ainsi<br />

jusqu'au grand départ où il est bien obligé <strong>de</strong> vous lâcher.<br />

La nature est merveilleusement faite. Alors, comment comprendre, au sein <strong>de</strong> cette harmonie qui nous<br />

éblouit, comment comprendre une pareille incongruité ?<br />

Pour être "fauché", je le suis. Pas un centime <strong>de</strong> côté. Sans ma paie, que va-t-elle <strong>de</strong>venir ? Je ne suis riche<br />

que <strong>de</strong> ma poisse, une poisse qui dépasse tout ce que j'aurais pu imaginer.<br />

Je sens que je n'en sortirai pas.<br />

9<br />

26 mars<br />

Hier, je n'ai pas eu le courage <strong>de</strong> faire quoi que ce soit mais j'ai découvert un livre qu'un <strong>de</strong> mes <strong>de</strong>ux<br />

"camara<strong><strong>de</strong>s</strong>" <strong>de</strong> cellule avait laissé après avoir été muté <strong>de</strong> "chambre", ce qui se fait régulièrement.<br />

Il a pour titre : "<strong>Le</strong> troisième oeil" <strong>de</strong> T. Lobsang Rampa, un lama tibétain qui, paraît-il, se serait retiré en<br />

Angleterre. A la page 99, je suis tombé sur cette réflexion d'un petit garçon <strong>de</strong> 7 ans qui vient <strong>de</strong> se réveiller<br />

après une première nuit passée dans une lamaserie :<br />

"Je commençais alors à me sentir un peu plus à l'aise, non que j'aimasse le monastère, mais il m'était<br />

venu à l'esprit que, n'ayant pas la liberté <strong>de</strong> choisir, le meilleur service que je pouvais me rendre à moimême<br />

était <strong>de</strong> m'installer sans faire d'histoire."<br />

Cette phrase m'a laissé complètement abasourdi. Je me suis allongé sur mon lit, j'ai fermé les yeux et j'ai<br />

essayé <strong>de</strong> comprendre. Et j'ai compris à quel point j'étais stupi<strong>de</strong>, stupi<strong>de</strong> <strong>de</strong> me ronger le sang et <strong>de</strong> me taper<br />

la tête contre un mur qui n'y peut rien et ne sait même pas qu'il me fait mal. Cela n'y change et n'y changera<br />

rien. J'y suis sans l'avoir mérité - ça, au moins, j'en suis sûr - mais j'y suis et j'y resterais peut-être bien<br />

longtemps, la justice étant réputée pour sa lenteur et ses bizarreries. Alors, au lieu <strong>de</strong> m'en rendre inutilement<br />

mala<strong>de</strong>, pourquoi ne pas en profiter ? J'ai toujours rêver d'apprendre et je n'ai jamais pu. J'ai bien lu, par ci,


10<br />

par là ; j'ai bien écrit, parfois, <strong><strong>de</strong>s</strong> vers qui m'arrachaient le coeur - mais était-ce seulement <strong><strong>de</strong>s</strong> vers ? N'étaitce<br />

pas plutôt le bafouillement risible d'un primaire sans expérience ?<br />

Cela rejoignait un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers conseils qu'un "maton" m'a prodigué en arrivant : "Perds pas ton temps. Te<br />

laisse pas aller et n'écoute pas les autres. <strong>Le</strong> mieux que t'as à faire, c'est d'étudier. Si tu ne sais pas bien lire<br />

ou écrire, tu peux apprendre. Si t'as pas ton certif, tu peux même le passer."<br />

Je n'avais absolument pas envie <strong>de</strong> l'écouter mais, au fond, <strong>de</strong> sa part, c'était sympa. Je crois bien qu'il avait<br />

bougrement raison.<br />

9 h. 1/4. Cliquetis - clef - porte.<br />

- Qui va à la messe ?<br />

Je me porte volontaire, bien entendu.<br />

Porte - clef - cliquetis...<br />

Dimanche !<br />

27 mars<br />

28 mars<br />

Dès le réveil, <strong><strong>de</strong>s</strong> coups métalliques résonnent dans tout l'établissement : les matons effectuent une fouille<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cellules et tapent sur les barreaux <strong><strong>de</strong>s</strong> fenêtres afin <strong>de</strong> vérifier s'ils sont toujours parfaitement scellés.<br />

Messe. Répétition <strong><strong>de</strong>s</strong> chants qu'un imbécile singe. Je suis surpris <strong>de</strong> sa transformation au fur et à mesure<br />

<strong>de</strong> l'office ainsi que du recueillement, du moins apparent, <strong>de</strong> tous ceux qui y participent. Je lis l'épître et le<br />

psaume. A la sortie, l’aumônier m'adresse quelques mots <strong>de</strong> bienvenue en essayant <strong>de</strong> me consoler un peu...<br />

<strong>Le</strong> menu, midi et soir - disons plutôt matin et après midi - est amélioré et presque potable mais, à 17<br />

heures, nous avons terminé <strong>de</strong> souper : il reste presque 14 heures avant la sonnerie du réveil, <strong>de</strong>main matin !<br />

*****<br />

La journée fut bien occupée car je démarre en flèche. J'ai <strong>de</strong>mandé à compulser la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> livres<br />

disponibles à la bibliothèque et j'ai essayé <strong>de</strong> trier, en éliminant les policiers, les romans d'espionnage ou <strong>de</strong><br />

science fiction, les livres qui pourraient m'apporter quelque chose <strong>de</strong> valable. Il y en a pas mal et qui traitent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> sujets les plus divers. Je crois que je vais attraper une indigestion <strong>de</strong> lecture.<br />

Je me suis renseigné également sur les cours que je pourrais suivre. Ceux donnés dans l’enceinte <strong>de</strong> la<br />

prison concerne les illettrés, ou presque. Par contre, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> cours par correspondance par un organisme<br />

d'état et <strong><strong>de</strong>s</strong> professeurs bénévoles. Je me suis inscrit. On verra bien.<br />

Maintenant, j'essaye <strong>de</strong> m'organiser car la vie à trois, dans une aussi petite cellule, par surcroît froi<strong>de</strong> et<br />

humi<strong>de</strong> même si, <strong>de</strong>hors, il fait chaud et sec, est atroce. Je comprends qu'on parle du malaise <strong><strong>de</strong>s</strong> prisons et <strong>de</strong><br />

leur surpeuplement. Une telle claustration, physiquement, psychiquement et même moralement, semble<br />

inhumaine.<br />

Nous disposons, dans notre cellule N° 4, <strong>de</strong> 4 m2 28 soit, environ, 2 m 05 m sur 2 m 05 moins 0,40 <strong>de</strong><br />

table, pour y vivre à trois, 23 heures sur 24. Il faut encore déduire, <strong>de</strong> cet espace, l'emplacement <strong><strong>de</strong>s</strong> balais, <strong>de</strong><br />

la poubelle, du seau (éventuel), <strong><strong>de</strong>s</strong> latrines et <strong>de</strong> la gamelle à désinfectant. De plus, dès 18h30 (17h30 les<br />

dimanches et jours fériés), le troisième tire et déplie son lit car il n'y a que <strong>de</strong>ux lits installés en permanence,<br />

l'un au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> l'autre. Il nous reste donc, 12h sur 24 ou 13h sur 24 les jours fériés, un espace <strong>de</strong> 4 m2 28<br />

moins 1 m2 09 (le lit), soit 3 m2 19 ou une moyenne <strong>de</strong> 2m sur 1 m 50.<br />

J'avais du mal à comprendre l'attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> détenus plus anciens que j'ai côtoyés en promena<strong>de</strong>, leur<br />

nervosité, leur irritabilité non seulement vis à vis <strong>de</strong> l'administration mais, souvent, l'un vis à vis <strong>de</strong> l'autre, les<br />

clans, les jalousies, les haines latentes ou extériorisées au sein <strong>de</strong> chaque cellule. J'attribuais cela à leur<br />

éducation spéciale <strong>de</strong> soi disant truands.<br />

C'était une erreur car l'adversité sou<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> contraire aurait dû se produire.<br />

Cet état déplorable est, presque en totalité, le résultat <strong>de</strong> la promiscuité d'une cohabitation inhumaine et<br />

déprimante.


11<br />

Jean, l'un <strong>de</strong> mes compagnons <strong>de</strong> chambrée, me disait : "Tu ne peux pas savoir l'impression que nous<br />

ressentons lorsque, par hasard, l'un <strong>de</strong> nous s'en va et que nous nous retrouvons à <strong>de</strong>ux en attendant le<br />

prochain arrivant. Un sentiment <strong>de</strong> vi<strong>de</strong> bienfaisant, <strong>de</strong> soulagement, presque <strong>de</strong> joie inexplicable. Une<br />

impression <strong>de</strong> départ en vacances. <strong>Le</strong> sourire revient ; on se détend ; on abandonne superman, les cow-boys<br />

et les indiens pour reprendre la correspondance, les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et les livres abandonnés. Crois-moi, à trois dans<br />

ce réduit, il est impossible <strong>de</strong> se concentrer, <strong>de</strong> réfléchir ou <strong>de</strong> s'occuper sainement, encore moins <strong>de</strong><br />

travailler. Alors, le temps se passe en discussions vaseuses sinon stériles, chacun essayant, par le rêve ou<br />

l'invention, <strong>de</strong> se faire valoir. Si tu arrives à étudier un tant soit peu, tu seras un champion."<br />

Champion ou pas, j'y arriverai. Il faut que j'y arrive.<br />

30 mars<br />

Maman a obtenu l'autorisation <strong>de</strong> me rendre visite et je suis appelé au parloir.<br />

J'ai décidé <strong>de</strong> noter tous les événements <strong>de</strong> mon séjour, en reprenant <strong>de</strong>puis le début, mais je ne sais<br />

comment décrire la scène.<br />

Effondrée, en larmes, elle s’agrippait au grillage qui nous sépare.<br />

- C'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible !...."<br />

Elle ne sait que répéter ces quatre mots. J'essaye <strong>de</strong> la calmer en lui disant et redisant qu'il s'agit d'un<br />

malentendu, que ce n'est pas moi le responsable <strong>de</strong> cette saleté dont je ne savais rien et que tout s'arrangera<br />

lorsque l'on aura retrouvé le ou les coupables, c'est à dire ces <strong>de</strong>ux noceurs avec qui je suis sorti, sans les<br />

connaître. Comme un imbécile.<br />

Je réussis tout <strong>de</strong> même à comprendre quelques unes <strong><strong>de</strong>s</strong> phrases qu'elle parvient à prononcer, que<br />

monsieur Richard ne croît pas à ma culpabilité, que, par contre, sa femme est décomposée par une rage<br />

intérieure qui la mine mais qu'ils sont tous <strong>de</strong>ux, vis à vis d'elle, on ne peut plus attentionnés lui offrant même<br />

du travail supplémentaire pour lui permettre <strong>de</strong> subvenir à ses besoins. Simone est partie chez une tante.<br />

Je reviens en cellule comme un automate.<br />

Jean, un licencié es lettres, paraît-il, arrêté pour escroquerie, "col blanc", récidiviste, essaye alors <strong>de</strong> me<br />

consoler.<br />

- "Vois-tu, me dit-il, la visite au parloir, à part les premiers instants <strong>de</strong> se revoir, ça nous rend plus bête<br />

que nous sommes. Elle désidéalise. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : Que va-t-on me dire ? et surtout : Que va-t-on ne pas<br />

me dire? On essaye d’interpréter les <strong>de</strong>mi-mots et même les silences. Bien entendu, le plus souvent, on<br />

tombe à côté. On se fait du mal pour rien mais c'est plus fort que soi. Et on cauchemar<strong>de</strong>.<br />

"On ne dit pas ce qu'on aurait voulu dire et on dit ce qu'on n'écrirait pas. Après quelques minutes,<br />

chacun regar<strong>de</strong> dans le vi<strong>de</strong> avec un regard stupi<strong>de</strong> en cherchant <strong><strong>de</strong>s</strong> mots qui ne viennent pas. Puis on se<br />

quitte en emportant un grain <strong>de</strong> cafard qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'à germer.<br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> étrangers", <strong>de</strong> l'extérieur, ne comprennent pas. <strong><strong>Le</strong>s</strong> épouses, les mères, les enfants, les amis, ne<br />

peuvent pas le comprendre. Nous voulons entendre, nous ne voulons pas voir. Nous avons besoin <strong>de</strong> pouvoir<br />

rêver.<br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> lettres, c'est différent. Elles meublent nos pensées.<br />

"Une lettre arrive. On la lit. On y répond. En y répondant, on relit les anciennes : on se crée une<br />

communauté imaginaire avec les êtres qu'on connaît ou qu'on invente.<br />

"Certains détenus écrivent à 5 ou 6 filles qu'ils n'ont jamais vues et qu'ils ne verront certainement jamais.<br />

"<strong>Le</strong> lettre crée un lien, elle idéalise, elle ; elle maintient <strong><strong>de</strong>s</strong> amitiés, elle en crée ; Bien souvent, je m'en<br />

suis aperçu autour <strong>de</strong> moi, elle ressou<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> amitiés brisées et <strong><strong>de</strong>s</strong> amours qui paraissaient mortes."<br />

"Alors que les visites, après un temps plus ou moins long, se terminent trop souvent par une dispute si ce<br />

n'est par une rupture.<br />

"Et pourtant, ce n'est malheureusement, pour beaucoup, que partie remise car il y aura, plus tard, le<br />

drame <strong>de</strong> la sortie, la sortie qui pose, parfois, <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes presque plus importants que ceux <strong>de</strong> la<br />

rentrée. Et ce point mérite réflexions : un pourcentage important <strong>de</strong> détenus mariés, après un séjour plus ou<br />

moins long, divorcent à leur sortie.


12<br />

"<strong>Le</strong> plus souvent, la femme n'a pas eu le courage d'attendre et, quand le détenu libéré l'apprend - car on<br />

se charge bien <strong>de</strong> le lui dire - quelque chose casse ; la vie du couple ne peut plus être la même. La rupture<br />

<strong>de</strong>vient inévitable.<br />

"Une autre raison semble être le changement <strong>de</strong> caractère <strong>de</strong> la femme qui, pendant <strong>de</strong> longs mois, a dû<br />

se débrouiller seule, s'organiser, prendre ses responsabilités et se suffire. L'homme, à son retour, n'a plus la<br />

même place, si ce n'est dans l'affection, du moins dans l'organisation et la gestion du foyer ; il <strong>de</strong>vient un<br />

être secondaire. Son instinct <strong>de</strong> mâle ne le supporte que difficilement. Un fossé se creuse. La cor<strong>de</strong> se tend.<br />

Puis se brise."


13<br />

VIE CARCÉRALE - DÉCOUVERTES<br />

5 avril<br />

J'ai réussi à me procurer un dictionnaire que je dois feuilleter bien souvent ; et je lis. Je lis, je relis et je<br />

note.<br />

Et je ne sais que penser car je croyais apprendre ce que d'autres, plus instruits, savaient mais - est-ce le<br />

hasard - tous les auteurs <strong><strong>de</strong>s</strong> livres que j'ai empruntés, ne font que poser <strong><strong>de</strong>s</strong> questions sur <strong><strong>de</strong>s</strong> faits qu'ils<br />

citent et ne comprennent pas. Ils n'enseignent pas, ils exposent et supposent.<br />

Nous serions, d'après ce que j'ai lu, environnés <strong>de</strong> mystères et ce que l'on croyait irréfutable à un certain<br />

moment ne le serait plus à d'autres. Nos manuels scolaires seraient même sujets à caution et ceux qui savent<br />

qu'ils ne savent pas ne le diraient pas ; pour sauver la face, ils s'enferreraient dans leurs erreurs...<br />

J'avoue tomber <strong>de</strong> haut ! C'est ahurissant ! Je vais donc essayer <strong>de</strong> prendre autant <strong>de</strong> notes que je pourrai...<br />

Et j'essaierai d'en sortir quelque chose...<br />

*****<br />

Ainsi pour <strong><strong>de</strong>s</strong> événements aussi simples que la brouette <strong>de</strong> Pascal ?<br />

On vous a toujours appris à l'école et vos maîtres sont formels là <strong><strong>de</strong>s</strong>sus : Pascal a inventé la brouette ! Un<br />

véhicule simple dû à un trait <strong>de</strong> génie <strong>de</strong> l'illustre physicien. Comme l'oeuf <strong>de</strong> Christophe Colomb, il fallait y<br />

penser. Eh bien, non ! Cette découverte aussi est tristement fausse. Lorsque Pascal est né, en 1623, il y avait<br />

longtemps que vos ancêtres utilisaient la brouette. Dans <strong>de</strong> nombreux manuscrits enluminés du 13 ème siècle<br />

gardés à la bibliothèque nationale, on peut, paraît-il, admirer <strong><strong>de</strong>s</strong> gravures représentant <strong><strong>de</strong>s</strong> paysans utilisant<br />

cette brouette. Dans une sculpture du porche septentrional <strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Beauvais datant du 15 ème<br />

siècle, on remarque clairement un ouvrier poussant une brouette i<strong>de</strong>ntique à celles que l'on utilise aujourd'hui.<br />

Or on peut truquer un écrit, mais pas un monument.<br />

Sur ce sujet qui, apparemment, n'a rien <strong>de</strong> primordial, l'erreur enseignée ne semble pas grave. C'est<br />

pourtant fort important quand on pense au dicton : "qui vole un oeuf, vole un boeuf." Qui voile une vérité si<br />

minime soit-elle, en voile d'autres plus importantes et, peut-être, vitales.<br />

Je pensais à l'oeuf <strong>de</strong> Christophe Colomb qui, à la fin du 15 ème siècle, découvrit l'Amérique. Nos manuels<br />

scolaires sont formels et, pendant cinq siècles, les grosses têtes qui les rédigèrent ont eu le temps <strong>de</strong> contrôler<br />

cette affirmation. Pourtant, cela aussi serait lamentablement faux. Ce ne serait qu'une "pub" ibérique<br />

savamment orchestrée. On le sait . Pourquoi ne rectifie-t-on pas ?<br />

Dès 999, un Islandais Björn Asbrandson avait abordé l'Amérique puis, en 1029, l'Islandais chroniqueur<br />

Gudluf Gudlangson. <strong><strong>Le</strong>s</strong> sagas scandinaves appelèrent alors ce pays le "Vinland" ou pays <strong>de</strong> la vigne. En<br />

1070, un allemand, Adam <strong>de</strong> Brême, racontant ce que lui a dit, à la cour danoise <strong>de</strong> Roeskil<strong>de</strong>, le roi Sven<br />

Estrithson, écrit :<br />

"Il fut en outre question d'un pays que <strong>de</strong> nombreux voyageurs ont découvert dans cet océan et qu'ils ont<br />

appelé "Vinland" parce que la vigne y pousse à l'état sauvage... Cela n'est pas une rumeur sans<br />

fon<strong>de</strong>ment mais ressort <strong>de</strong> rapports <strong>de</strong> commerçants danois <strong><strong>de</strong>s</strong> plus sérieux."<br />

Au 11 ème siècle une expédition montée par le géographe arabe El Édrisi l'avait atteinte ; en 1121, Érick<br />

Gnupson, Evêque du Groenland ; en 1362, huit Suédois et vingt <strong>de</strong>ux Norvégiens ; en 1488, le dieppois Jean<br />

Cousin qui, 10 ans avant Christophe Colomb, reconnut l'embouchure <strong>de</strong> l'Amazone ; en 1497, Jean Cabot, un<br />

Vénitien, qui, le 24 juin à 5 heures du matin, avec une flotte anglaise, débarqua au Labrador puis longea la<br />

côte jusqu'en Flori<strong>de</strong> et revint en amenant trois "sauvages" et une riche cargaison...<br />

- Même Jeanne d'Arc ne serait pas Jeanne d'Arc mais la fille naturelle <strong>de</strong> la reine Isabeau et du duc Louis<br />

d'Orléans. Et elle n'aurait jamais été brûlée à Rouen<br />

A sa naissance, son frère jumeau, Philippe, serait décédé et elle aurait été placée en nourrice à Domrémy


14<br />

dans la famille d'Arc. <strong>Le</strong> roi qu'elle reconnut à Chinon serait donc son frère et l'épée qu'elle fit rechercher dans<br />

l’Église Ste Catherine <strong>de</strong> Fierbois, celle <strong>de</strong> son père qui l'avait reçue en legs <strong>de</strong> Duguesclin et l'avait déposée<br />

dans cette église. Ce ne serait pas elle qui fut brûlée à Rouen le 30 mai 1431 car lorsqu'elle fut conduite au<br />

bûcher, son visage resta masqué par une mitre et <strong><strong>de</strong>s</strong> voiles et huit cents soldats anglais empêchèrent près <strong>de</strong><br />

dix mille spectateurs <strong>de</strong> s'approcher. <strong><strong>Le</strong>s</strong> consignes étaient on ne peut plus strictes : personne ne <strong>de</strong>vait<br />

adresser la parole à la condamnée. Son nom d'ailleurs ne figure pas dans la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> sorcières brûlées à Rouen<br />

à cette époque et plusieurs manuscrits et récits dignes <strong>de</strong> foi parlent d'elle quelques temps après...<br />

Pendant l'été 1435, une femme vêtue en soldat se présente à St Privey, en Lorraine. Elle recherchait ses<br />

<strong>de</strong>ux frères, Pierre <strong>de</strong> Lys et l'écuyer Petit Jean qui sont saisis <strong>de</strong> stupeur et reconnaissent sans aucune<br />

hésitation leur sur qui aurait réussi à s'échapper <strong>de</strong> la prison <strong>de</strong> Rouen et se serait cachée ensuite sous le nom<br />

<strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>.<br />

En 1435, elle épouse un seigneur lorrain Robert Des Armoises qui fait graver les armes <strong>de</strong> Jeanne à côté<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> siennes.<br />

En 1439, elle retourne à Orléans où elle est reconnue et acclamée. La municipalité lui alloue même une<br />

rente <strong>de</strong> 210 livres pour les services rendus à la ville.<br />

Gilles <strong>de</strong> Rais vient la voir, la reconnaît et met ses hommes d'armes à sa disposition.<br />

En 1440, elle se rend à Paris. Elle est saisie, emprisonnée et elle avoue n'être qu'une simple aventurière...<br />

Que s'était-il passé ? Pourquoi ce revirement subit alors que tant <strong>de</strong> familiers l'avaient reconnue ? Une<br />

conclusion qui ne convainc pas.<br />

Bien franchement, je n'étais pas convaincu. Que ne ferait-on pas en vertu <strong>de</strong> "la raison d'état" ?<br />

Allez donc savoir après cela !!!<br />

Madame Courtois et les livres qu'on m'a donnés à lire et étudier à l'école m'ont toujours appris que, grâce<br />

aux découvertes et aux idées d'un certain Darwin, nos origines étaient désormais connues : nous serions le<br />

merveilleux résultat d'une évolution qui se seraient poursuivie pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> millions d'années.<br />

Nos premiers grands parents seraient <strong>de</strong> minuscules cellules alors en suspension dans l'eau voici 3.200<br />

millions d'années puis <strong>de</strong> petites algues bleues 200 millions d'années plus tard pour aboutir à Ramapithécus, le<br />

plus vieux papa singe découvert.<br />

Or il paraît que tout cela ne tiendrait pas <strong>de</strong>bout et serait faux.<br />

Bien franchement, après ce que j'ai lu, je crois que c'est réellement inexact bien qu'on l'enseigne toujours<br />

comme une certitu<strong>de</strong>, sans laisser planer, dans nos esprits, le moindre doute.<br />

Et pourtant, au fond, malgré ce que j'en pense en ce moment, les livres scolaires ont peut-être raison...<br />

Allez savoir !<br />

Quoi qu'il en soit, les arguments que leurs détracteurs avancent semblent on ne peut plus convaincants. Je<br />

vais essayer <strong>de</strong> les résumer : On ne trouve aucune liaison entre le singe et l'homme, entre les 950 cm3 du<br />

crâne d'un singe et les 1.550 cm3 <strong>de</strong> celui d'un homme.<br />

Ainsi, le Ramapithécus qui daterait <strong>de</strong> quelques 8 à 10 millions d'années n'a été reconstitué que par un<br />

fragment <strong>de</strong> mandibule, <strong>de</strong> maxillaire supérieur et d'une série <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts... De cela on a reconstitué un homme<br />

singe, c'est ahurissant. Et on a décrété que c'était notre ancêtre.<br />

Puis on a parlé <strong>de</strong> l'Astrolopithécus, un grand père d'il y a 2 à 5 millions d'années, toujours d'après un<br />

crâne, jusqu'à ce que l'anatomiste Zuckerman prouve sans conteste qu'il s'agissait d'un crâne <strong>de</strong> singe<br />

pratiquement i<strong>de</strong>ntique à celui d'un chimpanzé et non d'un homme. J'ai vu les trois photos. Il faudrait être<br />

complètement taré pour les confondre.<br />

*****<br />

La plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> savants sont maintenant unanimes pour constater qu'il n'y a pas <strong>de</strong> modifications<br />

progressives importantes dans le patrimoine génétique <strong>de</strong> la nature mais <strong>de</strong> brusques changements.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> découvertes <strong>de</strong> fossiles sont tellement importantes qu'ils ont largement <strong>de</strong> quoi étudier et conclure<br />

avec une approche sérieuse <strong>de</strong> la vérité. Un botaniste suédois, Héribert Nelsson qui s'est livré à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

recherches pendant plus <strong>de</strong> 40 ans, écrivait : "<strong><strong>Le</strong>s</strong> documents fossiles sont aujourd'hui complets... On ne peut


15<br />

en invoquer la rareté pour expliquer l'absence <strong>de</strong> lignées intermédiaires. <strong><strong>Le</strong>s</strong> lacunes sont bien réelles, elles ne<br />

seront jamais comblées."<br />

Ainsi, parmi les millions d'ossements qui nous viennent du passé, aucun ne prouve l'évolution d'un cycle à<br />

l'autre. Il en ressort différents sta<strong><strong>de</strong>s</strong> mais jamais la liaison entre <strong>de</strong>ux phases d'une même évolution.<br />

Quand les membres naissent, par exemple, nous <strong>de</strong>vrions retrouver <strong><strong>de</strong>s</strong> fossiles avec <strong><strong>de</strong>s</strong> membres<br />

intermédiaires. Pourquoi ne retrouve-t-on que <strong><strong>de</strong>s</strong> fossiles avec <strong><strong>de</strong>s</strong> membres complètement formés ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> singes d'origine existent toujours. Pourquoi, s'il y avait eu évolution, le singe <strong>de</strong> l'entre <strong>de</strong>ux<br />

n'existerait plus ?<br />

120 savants <strong>de</strong> la Sté <strong>de</strong> géologie <strong>de</strong> Londres et <strong>de</strong> l'association <strong>de</strong> paléontologie d'Angleterre se sont<br />

réunis et ont composé un ouvrage énorme <strong>de</strong> 800 pages présentant les documents connus sur les fossiles <strong>de</strong><br />

végétaux et d'animaux, soit près <strong>de</strong> 2.500 espèces. Il n'y a pas une seule liaison entre chaque espèce. Il semble<br />

qu'elles soient toutes arrivées d'un seul coup.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> "gènes" <strong>de</strong> chaque animal contiennent son évolution mais un tigre ne produira qu'un tigre et non une<br />

girafe ou une autruche. Il n'y aura <strong>de</strong> mutation qu'au sein du groupe tigre.<br />

Il semble même, paraît-il, que les gènes constitueraient <strong><strong>de</strong>s</strong> garanties pour empêcher le développement <strong>de</strong><br />

l'espèce sous d'autres formes.<br />

Que nous soyons issus d'une cellule <strong>de</strong>venue poisson, d'un poisson <strong>de</strong>venu saurien ou reptile puis<br />

mammifère puis... est désormais, scientifiquement, une absurdité.<br />

*****<br />

Ouf ! Heureusement, j'ai pu dénicher un dictionnaire assez complet et mes <strong>de</strong>ux compagnons <strong>de</strong><br />

"chambrée" - c'est quand même mieux que "cellule" - me fichent une paix royale. Ils respectent le proverbe :<br />

Il ne faut jamais déranger ou contrarier un fou.<br />

7 avril.<br />

Je continue.<br />

Darwin base une partie <strong>de</strong> sa théorie sur "la sélection naturelle". L'être chétif, mala<strong>de</strong> ou bancal, disparaît<br />

pour laisser la place aux plus forts qui, eux, consoli<strong>de</strong>nt la race.<br />

D'accord, le tigre le meilleur survit mais comment le premier tigre est-il apparu ?<br />

Il y a certainement <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers, sinon plus, <strong>de</strong> familles d'individus toutes différentes et qui ne s'imbriquent<br />

pas les unes dans les autres. Comment se sont-elles donc créées ?<br />

Au début, il y a eu, dit-on, <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments chimiques inanimés. Comment ont-ils pu <strong>de</strong>venir vivants et créer<br />

ces multitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> variétés d'êtres et, dans chacune, cette diversité d'une complexité incompréhensible ?<br />

Notre corps est composé <strong>de</strong> quelques 100.000 milliards <strong>de</strong> cellules et chaque cellule est un univers qui<br />

compte jusqu'à 200.000 milliards <strong>de</strong> minuscules ensembles d'atomes qu'on appelle molécules... Une revue<br />

scientifique écrivait : "Rien que pour décrire les instructions inscrites dans l'ADN... qui n'est qu'une infime<br />

partie <strong>de</strong> la cellule, il faudrait remplir plus d'un milliard <strong>de</strong> livres <strong>de</strong> 600 pages".<br />

Un autre périodique, le Newsweek, en décrit les activités avec <strong><strong>de</strong>s</strong> images si claires que je le recopie en<br />

entier :<br />

"Chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> 100.000 milliards <strong>de</strong> cellules <strong>de</strong> l'organisme fonctionne comme une ville fortifiée : <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

centrales électriques produisent l'énergie dont la cellule a besoin. Des usines fabriquent <strong><strong>de</strong>s</strong> protéines<br />

indispensables à la chimie <strong>de</strong> l'organisme. Des systèmes <strong>de</strong> transport complexes assurent les échanges<br />

chimiques à l'intérieur comme à l'extérieur <strong>de</strong> la cellule. Des sentinelles postées sur les fortifications<br />

contrôlent les importations et les exportations et surveillent le mon<strong>de</strong> extérieur, à l'affût du moindre signe<br />

<strong>de</strong> danger. Des armes biologiques disciplinées sont prêtes à repousser tout éventuel envahisseur. <strong>Le</strong><br />

maintien <strong>de</strong> l'ordre est assuré par un gouvernement central génétique."<br />

Et ces petites merveilles réussissent à créer <strong><strong>de</strong>s</strong> organes aussi stupéfiants que l'oeil, l'oreille et le cerveau<br />

qui, indépendamment, ne servent à rien : ils doivent parfaitement fonctionner ensemble pour que l'individu<br />

puisse voir, entendre et réfléchir.


16<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> cosmonautes, en apesanteur, s'en sont bien rendu compte.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> savants qui essaient <strong>de</strong> mettre au point une machine à penser, s'avouent vaincus <strong>de</strong>vant l'extrême<br />

complexité <strong>de</strong> notre petit oeil, <strong>de</strong> sa simple rétine dont les 100 millions <strong>de</strong> bâtonnets et <strong>de</strong> cônes ainsi que les<br />

différentes couches <strong>de</strong> neurones lui permettent d'effectuer au moins 10 milliards d'opérations par secon<strong>de</strong>...<br />

Que penser alors du cerveau ? Ce vaste complexe électrique alimenté par un moteur constitué <strong>de</strong> 2<br />

milliards <strong>de</strong> neurones environ que nous arrivons à utiliser alors que 8 autres milliards <strong>de</strong> neurones ne semblent<br />

servir à rien car on ne s'en sert absolument pas. Ils forment une colossale réserve dont on ne connaît pas le<br />

rôle.<br />

Un super ordinateur qui, d'après les biophysiciens, pourrait enregistrer plus d'un million <strong>de</strong> milliards <strong>de</strong><br />

positions binaires...<br />

Il nous prouve déjà, par <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres aux réactions, pour nous, anormales, qu'il possè<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités<br />

extraordinaires.<br />

Comme le cerveau <strong>de</strong> ce gosse <strong>de</strong> 12 ans, Mikail Kuni, qui ne s'en rendait même pas compte... Un jour, il<br />

se trouvait à côté d'un <strong>de</strong> ses camara<strong><strong>de</strong>s</strong> d'école qui laissa tomber une boite d'allumettes. <strong><strong>Le</strong>s</strong> allumettes se<br />

répandirent sur le sol. "Il y en a 31" dit-il aussitôt. Tout le mon<strong>de</strong> rit. On compta : il y en avait bien 31. Et<br />

son don se développa. A Dubua, appelé Atomgrad parce que s'y trouve l'Institut <strong>de</strong> recherches nucléaires <strong>de</strong><br />

l'académie <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences russe, il fut soumis à <strong><strong>de</strong>s</strong> tests très sérieux mis au point par <strong><strong>de</strong>s</strong> dizaines <strong>de</strong><br />

scientifiques parmi les plus brillants d'URSS. Entre autre expérience, on lui banda les yeux pendant qu'un<br />

volontaire remplissait un tableau noir tourné vers le public, <strong>de</strong> cercles entrelacés. On retourna le tableau vers<br />

Kuni qui, sur un signal, enleva son ban<strong>de</strong>au et dit immédiatement "167". Il fallut plus <strong>de</strong> 5 minutes aux<br />

meilleurs <strong><strong>de</strong>s</strong> savants russes pour faire le calcul et contrôler le chiffre, juste bien entendu.<br />

Comment peut-on sérieusement envisager que la vie ne soit que le fait du hasard, même évolutif !<br />

8 avril<br />

J'essaie <strong>de</strong> transcrire au mieux le résumé <strong>de</strong> ce que je lis. C'est passionnant mais c'est aussi exténuant car je<br />

dois sans arrêt compulser le dictionnaire et passer d'une définition à une autre pour comprendre la<br />

signification exacte <strong><strong>de</strong>s</strong> termes que je n'ai jamais encore eu la chance d'étudier ni même, souvent, <strong>de</strong><br />

rencontrer.<br />

Petit à petit, je me sens mieux. J'apprends au moins quelque chose <strong>de</strong> positif.<br />

15 h. La douche ! Au figuré, cette fois-ci.<br />

Je commence tout juste à écrire quand la clef claque dans la serrure, le maton entre<br />

- Grivelot ! Préparez-vous. On vous emmène chez le juge d'instruction.<br />

10 avril.<br />

2 jours affreux et interminables. Un brouillard malsain qui semble ne pas vouloir se dissiper, avec une envie<br />

continuelle <strong>de</strong> vomir et <strong><strong>de</strong>s</strong> hauts le coeur physiques bien réels comme au sortir d'une beuverie hénorme.<br />

Ça dure <strong>de</strong>puis 2 jours et je n'arrive pas à réagir.<br />

Il est vrai que je planais dans un mon<strong>de</strong> à part à tel point que j'en avais presque oublié "mon affaire" et, je<br />

dois l'avouer, même la misère pécuniaire et morale <strong>de</strong> maman.<br />

Pour une re<strong><strong>de</strong>s</strong>cente sur terre, ce fut une re<strong><strong>de</strong>s</strong>cente nette et rapi<strong>de</strong>.<br />

Changement d'habits. Me revoilà re<strong>de</strong>venu presque civilisé. Fouille. Menottes aux mains par <strong>de</strong>ux<br />

gendarmes sympathiques qui s'excusent. Pas <strong>de</strong> fourgon cellulaire mais une 404 noire. Ils m'enlèvent même<br />

les menottes dans la voiture et me les remettent avant que je <strong><strong>de</strong>s</strong>cen<strong>de</strong> :<br />

- C'est la règle, que voulez-vous !<br />

Sympa, non ?<br />

Dans le bureau du juge d'instruction, même scénario que la première fois mais, cette fois-ci, avec un avocat<br />

nommé d'office, Maître <strong>Le</strong>blond, un tout jeune "Maître" très certainement novice qui, après m'avoir serré les<br />

mains, s'assoit, rai<strong>de</strong> et digne, comme s'il luttait désespérément contre les indispositions <strong>de</strong> ses intestins.<br />

<strong>Le</strong> juge se fait, lui, plus froid, presque glacial, m'informant que les recherches pour retrouver mes soi-


17<br />

disant conscrits en foire n'ont donné aucun résultat et qu'en conséquence, il me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, <strong>de</strong> nouveau, si...<br />

Je nie, bien entendu, <strong>de</strong> nouveau.<br />

Il s'adresse alors à l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> gendarmes :<br />

- Faites entrer la plaignante.<br />

Et Simone entre. Une Simone blême qui regar<strong>de</strong> fixement le juge, ne m'accordant pas un seul regard.<br />

Quant à moi, je dois avoir l'air stupi<strong>de</strong>, la bouche gran<strong>de</strong> ouverte et les yeux exorbités car je ne m'attends pas<br />

à une telle confrontation.<br />

Elle est également flanquée <strong>de</strong> sa mère, d'un avocat, lui, parfaitement à son aise et d'une femme, une<br />

psychologue, paraît-il.<br />

- Asseyez-vous, Ma<strong>de</strong>moiselle Richard. Je sais que cela doit être pénible mais je dois vous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r.<br />

<strong>Le</strong> soir où ces événements se sont passés, avez-vous vu et reconnu monsieur Michel Grivelot, ici présent ?<br />

On a l'impression qu'aucun son ne peut sortir <strong>de</strong> sa bouche. Puis, dans un souffle :<br />

- Oui, Monsieur.<br />

- Avant, pendant ou après avoir été molestée ?<br />

- Avant. Il tenait la barrière à <strong>de</strong>ux mains. Je voyais mal, il faisait presque nuit, mais il me semblait<br />

bizarre. Alors je me suis approchée. Il n'était pas seul, je crois. J'ai vu <strong><strong>de</strong>s</strong> ombres à côté <strong>de</strong> lui. Et je ne sais<br />

plus. Je ne sais plus.<br />

Et elle fond en larmes, la tête dans ses bras et sur ses genoux, sous les gestes apitoyés <strong>de</strong> sa mère et <strong>de</strong> la<br />

psychologue.<br />

J'ai signé les déclarations. J'aurais signé n'importe quoi. J'ai tendu mes poignets aux menottes et suivi les<br />

gendarmes comme un automate.<br />

A mon retour, fouille consciencieuse comme à chaque sortie, paraît-il, au cas où... <strong><strong>Le</strong>s</strong> cons !<br />

<strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, comme si cela n'était pas suffisant, maman vient me voir. Entre <strong>de</strong>ux sanglots, hachant ses<br />

mots, elle me confie que, le matin même, elle a vu Simone qui lui aurait dit : "Je ne comprends pas. Michel<br />

était si gentil. Pourquoi m'aurait-il fait du mal ?"<br />

Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si je ne <strong>de</strong>vrais pas lui écrire. Ou à ma mère.<br />

11 avril<br />

Jean, le pro <strong>de</strong> l'escroquerie et il en est fier, et Philippe qui s'est fait prendre comme un bleu à la suite d'un<br />

vol <strong>de</strong> coffre fort, ont été on ne peut plus chics en essayant <strong>de</strong> me remonter le moral.<br />

Et puis c'est Pâques ! La fête <strong>de</strong> la résurrection et <strong>de</strong> la joie...<br />

J'ai communié et ça m'a fait du bien.<br />

Jean qui a reçu un colis, par l'intermédiaire <strong>de</strong> la Croix Rouge, a quand même cantiné du coca cola et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

oeufs durs et, comme un chef, réussi à confectionner une mayonnaise, la bonne chair, dit-il, étant le meilleur<br />

remè<strong>de</strong> à la neurasthénie.<br />

Il est en effet possible, pour celui qui possè<strong>de</strong> un pécule suffisant, <strong>de</strong> "cantiner" nourriture, livres,<br />

cigarettes, cigares etc... Régulièrement, un maton <strong>de</strong> service en prend la liste puis va faire les achats ce qui<br />

garantit tout trafic comme les introductions d'objets cachés ou <strong>de</strong> drogue. <strong><strong>Le</strong>s</strong> dépenses, sans pourcentage<br />

supplémentaires, sont débitées <strong><strong>de</strong>s</strong> pécules et les emplettes distribuées à ceux qui les ont commandées.<br />

<strong>Le</strong> menu, <strong>de</strong> plus, est presque plantureux... avec <strong><strong>de</strong>s</strong>sert et vin et la table est bien garnie. Jean a poussé la<br />

gentillesse jusqu'à sortir <strong><strong>de</strong>s</strong> cigares <strong>de</strong> son colis et les a placés, bien en évi<strong>de</strong>nce, à côté <strong>de</strong> nos verres. Il ne<br />

nous manque plus que l'apéritif et l'air agréablement enfumé d'une brasserie, rue <strong>de</strong> la Liberté...<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> carcéral est réellement généreux...<br />

Jean qui aime se gargariser <strong>de</strong> philosophie en maître, fut intarissable sur ce sujet qu'il connaît bien étant<br />

donné, dit-il, "sa gran<strong>de</strong> expérience"...<br />

Il nous parla <strong><strong>de</strong>s</strong> camps <strong>de</strong> prisonniers <strong>de</strong> guerre. Nous eûmes même droit aux camps <strong>de</strong> déportation et aux<br />

rescapés <strong><strong>de</strong>s</strong> antichambres <strong>de</strong> la mort. L'exil resserre les liens humanitaires <strong><strong>de</strong>s</strong> exilés. Chacun se sent plus ou<br />

moins frère...


18<br />

Il est vrai que, dès son arrivée, le jeune délinquant entre dans une nouvelle famille qui semble le<br />

comprendre. <strong>Le</strong> téléphone arabe intercellule fonctionne vite. On l'interroge, on le console, on le gourman<strong>de</strong>,<br />

on le conseille.<br />

Il y a et il y aura <strong>de</strong> tout parmi ses compagnons <strong>de</strong> cellule et ceux qui tournent en rond autour du nouveau<br />

en papotant pendant les heures <strong>de</strong> détente : le clochard qui, lorsqu'il a trop faim ou trop froid, va se<br />

réconforter dans "sa" prison ; le petit voleur à l'étalage qui s'est fait prendre bêtement pour une bêtise ; le "col<br />

blanc" doctoral ou prétentieux, très distingué ; le violeur, le vrai, le moins aimé, repéré <strong>de</strong> suite car lâche et<br />

obséquieux, l'air fuyant, graine <strong>de</strong> "faux jeton" et <strong>de</strong> "mouton" (j'appris que cela voulait dire "mouchard") ; le<br />

souteneur, dandin confortablement soutenu par les visites, les mandats et les colis et qui gar<strong>de</strong> sa prestance ;<br />

puis le caïd, le grand ou le petit, qui s'est formé sa cour et qui para<strong>de</strong>.<br />

Des clans se formeront. Plus tard. Couvés par les haines inévitables dues à la promiscuité. Mais le nouveau<br />

venu, dans son abattement, découvre un mon<strong>de</strong> inconnu composé d'êtres qui <strong>de</strong>vraient paraître plus accablés<br />

que lui et qui, malgré cela, l'accueille, sourires aux lèvres, avec une bonhomie inattendue. C'est cela, paraît-il,<br />

la prison provinciale qui ignore les grands condamnés et qui prend, dans sa nasse, comme dans une gran<strong>de</strong><br />

toile d'araignée toute imprégnée <strong>de</strong> venin, la multitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> petits délinquants et <strong><strong>de</strong>s</strong> prévenus qui souvent ne le<br />

sont pas mais qui vont se gangrener sans même s'en rendre compte.<br />

12 avril<br />

Courage. Je reprends mes notes. Il faut absolument qu'il m'en reste quelque chose.<br />

La perfection <strong><strong>de</strong>s</strong> organes humains nous stupéfie mais celle <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux, d'après ce que je viens <strong>de</strong> lire,<br />

n'est pas moins ahurissante.<br />

En voici quelques faits qui ne peuvent être contestés bien qu'on ne se les explique pas.<br />

Début 1971, Monsieur Valembois, un conducteur d'engin, doit quitter Béthune pour se rendre sur un<br />

chantier à Chateaubriand, dans les Bouches du Rhône. Il se trouve alors dans l'obligation <strong>de</strong> laisser son chien,<br />

Black, un berger <strong><strong>de</strong>s</strong> Flandres. Il le confie à ses parents.<br />

<strong>Le</strong> 17 juin, six mois après, il apprend qu'un chien noir erre dans les rues du village : Black avait traversé la<br />

France, parcourant ainsi plus <strong>de</strong> mille kilomètres pour le rejoindre.<br />

Or ce chien n'avait jamais quitté le Pas <strong>de</strong> calais.<br />

Qui ou quoi avait pu le gui<strong>de</strong>r ainsi ?<br />

L'histoire <strong>de</strong> Wamar est tout aussi touchante mais plus tragique. Wamar était un lévrier qui appartenait à<br />

un capitaine italien, Maris Galli qui, en 1936, dut partir pour la campagne d'Abyssinie. <strong>Le</strong> chien se languissait<br />

jusqu'à ce que, le 27 juin, il donnât <strong><strong>de</strong>s</strong> signes <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> agitation, allant, venant, gémissant. En fin <strong>de</strong><br />

journée, il alla se coucher dans la chambre <strong>de</strong> son maître, aux pieds du lit et refusa toute nourriture. Son seul<br />

déplacement était d'aller gratter le bas <strong>de</strong> l'armoire où se trouvaient rangés les vêtements <strong>de</strong> son maître. Il<br />

refusa caresses, nourriture et soin et se laissa mourir ainsi.<br />

Quelques temps après, les proches du capitaine apprirent qu'il était décédé ce 27 juin 1936.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> chiens possè<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> dons innés extraordinaires. Un chien, par exemple, n'aboie jamais pour rien. Il<br />

perçoit <strong><strong>de</strong>s</strong> sons trop faibles ou trop aigus ou trop graves pour nos oreilles humaines. Il peut, ainsi, prévoir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cataclysmes qui échappent à nos appareils dits sophistiqués.<br />

Ainsi, les chiens du Grand Saint Bernard, en février 1939, "firent grève", refusant <strong>de</strong> suivre les moines qui<br />

voulaient les entraîner dans leur excursion matinale quotidienne. Ils eurent beau essayer <strong>de</strong> les amadouer puis<br />

<strong>de</strong> les menacer, rien n'y fit. La sortie fut donc remise au len<strong>de</strong>main. Peu <strong>de</strong> temps après, une tempête se<br />

déchaîna déclenchant une avalanche juste sur leur passage habituel. Or les St Bernard n'ont pas peur <strong>de</strong> la<br />

tempête. Ce qu'ils redoutent, c'est l'avalanche... qu'ils avaient prévue "d'instinct".<br />

D'instinct ? Mais qu'est-ce donc que cet instinct ?<br />

Et ces prévisions <strong>de</strong> cataclysme ne sont pas l'apanage unique <strong><strong>de</strong>s</strong> chiens.<br />

Au début du mois <strong>de</strong> mai 1902, à la Martinique, les animaux domestiques, vaches, cochons, moutons, se<br />

sauvèrent et nombre d'entre eux se jetèrent à la mer ; on vit une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> serpents se diriger vers le Sud et<br />

les paysans prirent peur mais les autorités locales les rassurèrent. Quelques jours plus tard, le 8 mai, le volcan<br />

<strong>de</strong> la montagne Pelée entra en éruption : trente mille personnes moururent.


19<br />

En juillet 1927, à Vienne, les pigeons qui nichaient <strong>de</strong>puis toujours sur et sous le toit du palais <strong>de</strong> justice,<br />

s'en allèrent à côté, occuper les combles et le toit du Parlement. Quelques jours plus tard, le 17 juillet, le<br />

palais <strong>de</strong> justice prit feu ; la charpente et le toit furent détruits par l'incendie...<br />

On pourrait dire que c'est un effet du hasard. Peut-être. Portant, cela semble bien improbable. Alors ?<br />

De même ce que les américains appellent le "psi training" et le "psi rampant".<br />

Sugar était un chat <strong>de</strong>mi-persan que ses maîtres, obligés <strong>de</strong> déménager, emmenèrent avec eux. Peu après<br />

leur départ, ils s'aperçurent que le chat était absent, ayant très certainement sauté par la fenêtre ouverte <strong>de</strong> la<br />

portière sans qu'ils s'en fussent rendu compte. Ils le cherchèrent en vain puis continuèrent leur route, <strong>de</strong> la<br />

Californie vers l'Oklahoma.<br />

Un peu plus d'un an plus tard, un chat entra par la fenêtre et sauta sur l'épaule <strong>de</strong> la maîtresse <strong>de</strong> maison en<br />

ronronnant. C'était Sugar reconnaissable sans hésitation à une excroissance osseuse sur l'articulation <strong>de</strong> la<br />

hanche, qui avait réussi, à travers un pays montagneux, à parcourir <strong>de</strong>ux mille cinq cents kilomètres pour les<br />

retrouver...<br />

J'ai déjà entendu plusieurs <strong>de</strong> ces récits à la télévision.<br />

Aimé Michel raconte, dans science et vie, l'histoire d'un pigeon blessé qu'un fonctionnaire du comté <strong>de</strong><br />

Summerville offrit à son fils, un garçonnet <strong>de</strong> douze ans. Bichonné par le garçon, il <strong>de</strong>vint vite son<br />

compagnon inséparable. Un peu plus tard, l'enfant dut subir une intervention chirurgicale à l'hôpital <strong>de</strong><br />

Philippi, à un peu plus <strong>de</strong> cent kilomètres <strong>de</strong> chez lui. C'était l'hiver. Une nuit où la tempête faisait rage, il<br />

entendit un bruit à la fenêtre. Intrigué, il se leva et, stupéfait, reconnut son pigeon qu'il fit entrer dans sa<br />

chambre.<br />

L'oiseau l'avait retrouvé, à plus <strong>de</strong> cent kilomètres !<br />

Un pigeon s'oriente bien, on le sait, pour rejoindre une région climatiquement plus favorable ou pour<br />

retrouver son colombier, mais retrouver un être humain, en plein hiver, à une telle distance, sans aucun point<br />

<strong>de</strong> comparaison, quel homme <strong>de</strong> science pourra donc l'expliquer ?<br />

Sans carte, sans boussole, sans le souvenir d'un trajet antérieur quel sens inconnu leur a donc permis cette<br />

performance inconcevable ?<br />

Et le cochon 311 !<br />

Lors <strong>de</strong> l'expérience atomique <strong>de</strong> Bikini, <strong><strong>de</strong>s</strong> singes, <strong><strong>de</strong>s</strong> lapins, <strong><strong>de</strong>s</strong> cobayes, <strong><strong>de</strong>s</strong> chèvres et un cochon<br />

immatriculé 311 ont été parqués dans un vieux navire <strong>de</strong> guerre afin <strong>de</strong> vérifier les effets <strong><strong>de</strong>s</strong> irradiations.<br />

<strong>Le</strong> cochon fut projeté à la mer par l'explosion puis il nagea jusqu'à l'atoll où il fut recueilli et soumis à <strong>de</strong><br />

sérieux examens. Toutes les autres bêtes étaient irradiés ; la plupart étaient mortes ; les rescapés provisoires<br />

moururent peu après.<br />

<strong>Le</strong> cochon 311, lui, était miraculeusement in<strong>de</strong>mne. Il vécut normalement et procréa tout aussi<br />

normalement. Scientifiquement, c'était une impossibilité. Et pourtant...<br />

Une énigme <strong>de</strong> plus qui fut dévoilée par André Maurois mais qui console. Quelle que soit la stupidité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes capables <strong>de</strong> détruire la terre en déclenchant la fin d'un mon<strong>de</strong>, il restera toujours « quelques<br />

cochons » capables, eux, <strong>de</strong> reconstruire une humanité plus sage...<br />

Un mystère ! Un <strong>de</strong> plus... Mais pourquoi le rejeter puisqu'il existe ?<br />

13 avril<br />

Décidément, les mystères sont partout. C'est à croire que le hasard <strong><strong>de</strong>s</strong> livres prêtés les collectionne.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> incroyables termites :<br />

Si les hommes, toutes proportions gardées, voulaient les égaler, ils <strong>de</strong>vraient édifier <strong><strong>de</strong>s</strong> constructions aussi<br />

hautes que le Mont Blanc, avec une climatisation si précise qu'elle leur poserait bien <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes. De toute<br />

façon, s'ils le pouvaient, ils ne seraient que <strong>de</strong> pâles imitateurs car il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> millions d'années, bien avant que<br />

n'apparaisse l'homo sapiens, les termites avaient déjà mis au point leur système <strong>de</strong> climatisation.<br />

<strong>Le</strong>ur reine pond un oeuf toutes les <strong>de</strong>ux secon<strong><strong>de</strong>s</strong> environ, nuit et jour. Elle peut en produire quarante huit<br />

mille en vingt quatre heures ! La termitière contient environ <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> termites qui consomment mille<br />

<strong>de</strong>ux cents litres d'air par jour, rejettent <strong>de</strong>ux cent quarante litres <strong>de</strong> gaz carbonique environ et ont besoin


20<br />

pour vivre <strong>de</strong> 30° <strong>de</strong> chaleur et <strong>de</strong> 98 à 99 % d'humidité. Si ce pourcentage d'humidité baisse même <strong>de</strong><br />

quelques <strong>de</strong>grés, ils meurent entre cinq et dix heures.<br />

Mais tout est régulé ! La ventilation reste constante jusqu'à plus <strong>de</strong> un mètre sous terre où se trouvent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

caves sans cesse alimentées en air frais. Suivant les heures <strong>de</strong> la journée et <strong>de</strong> la chaleur, <strong><strong>de</strong>s</strong> "termitesmonteurs"<br />

oeuvrent et ferment continuellement les centaines <strong>de</strong> conduits d'aération <strong>de</strong> ces manches à air.<br />

Comment les ouvriers <strong>de</strong> surface connaissent-ils la chaleur intérieure d'un tel réseau <strong>de</strong> labyrinthe ? Quels<br />

sont les signaux utilisés ?<br />

Marais qui a beaucoup étudié les termites raconte :<br />

Un morceau d'argile durci est tombé sur la reine. Immédiatement, dans les endroits les plus reculés <strong>de</strong><br />

la termitière jusqu'à plusieurs centaines <strong>de</strong> mètres, le travail cesse. Absolument tout. <strong><strong>Le</strong>s</strong> gros soldats et<br />

les ouvriers se rassemblent en différents endroits. Il n'y a pas le moindre doute, le choc reçu par la reine<br />

a été perçu instantanément jusque dans les parties les plus lointaines qu'un insecte n'aurait pu atteindre<br />

qu'en quelques heures. Puis la reine se rétablit. Dans un ensemble parfait, au même moment, l'activité<br />

reprend partout.<br />

Télépathie ? Merveille surtout d'organisation d'une communauté où il n'y a ni riche, ni pauvre, ni affamé...<br />

<strong>Le</strong> professeur Fabre, lui, spécialisé en télépathie animale, a fait et refait <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences avec le petit paon,<br />

un papillon nocturne et n'a toujours pas compris<br />

Ce papillon se dirige directement vers la femelle ; or il arrive du nord, par temps <strong>de</strong> fort mistral ce qui<br />

empêche tout o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> lui parvenir. Et ceci <strong>de</strong> plusieurs km <strong>de</strong> distance... <strong>Le</strong> professeur Fabre a même été<br />

jusqu'à sectionner les antennes <strong>de</strong> ces papillons, cet organe leur servant peut-être pour établir une<br />

communication quelconque. <strong><strong>Le</strong>s</strong> résultats furent toujours i<strong>de</strong>ntiques.<br />

Quel est donc ce facteur inconnu capable <strong>de</strong> le télégui<strong>de</strong>r ?<br />

Affolant mais merveilleux !<br />

Et les associations, appelées "symbiose" entre certains êtres qui s'entrai<strong>de</strong>nt et se complètent :<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> termites dont nous venons justement <strong>de</strong> parler, abritent <strong>de</strong> minuscules organismes appelés trichlonymphi<strong><strong>de</strong>s</strong>,<br />

dans leur tube digestif. Ces trichlo-nymphi<strong><strong>de</strong>s</strong> ne peuvent pas vivre ailleurs mais, en<br />

compensation, elles permettent aux termites d'assimiler le bois qu'elles avalent car, bizarrement, elles sont<br />

incapables <strong>de</strong> produire un ferment qui le leur permettrait. Si les trichlo-nymphi<strong><strong>de</strong>s</strong> ne les aidaient pas, elles ne<br />

pourraient survivre.<br />

Un poisson du Pacifique, le "lamp-eyed", possè<strong>de</strong>, au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> chaque oeil, <strong><strong>de</strong>s</strong> tubes minuscules<br />

contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> millions <strong>de</strong> bactéries qui se nourrissent et prennent leur oxygène dans le sang <strong>de</strong> leur logeur<br />

mais qui, en compensation, sécrètent <strong><strong>de</strong>s</strong> produits lumineux que le poisson utilise comme <strong><strong>de</strong>s</strong> phares grâce à<br />

d'amples volets <strong>de</strong> peau qu'il déplace pour allumer ou éteindre la lumière.<br />

Au Mexique, le phalène "pronuba" s'associe à un arbre, le yucca. La femelle pronuba recueille, dans sa<br />

bouche, le pollen <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs <strong>de</strong> l'arbre dont elle fait <strong>de</strong> grosses boules grâce auxquelles elle fécon<strong>de</strong> d'autres<br />

fleurs <strong>de</strong> yucca mais, par la même occasion, elle y dépose un ou plusieurs <strong>de</strong> ses oeufs. Lorsqu'ils éclosent, les<br />

larves se nourrissent <strong><strong>de</strong>s</strong> graines. Tout est si bien organisé qu'il reste toujours suffisamment <strong>de</strong> graines pour<br />

assurer la reproduction <strong>de</strong> l'arbre. Enquêtes effectuées, il est certains que le pronuba ne peut vivre que <strong>de</strong> la<br />

graine du yucca et que, sans ce phalène, la reproduction du yucca serait impossible.<br />

Cela rappelle l'histoire du poisson-pilote qui gui<strong>de</strong> le requin qui, lui, assure la subsistance <strong>de</strong> son<br />

compagnon.<br />

L'homme aussi a <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons, sans qu'il s'en doute, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> bactéries qui vivent dans son tube digestif et<br />

digèrent la cellulose ce que l'homme ne peut faire, tout en absorbant une part <strong>de</strong> la substance nutritive qui en<br />

résulte. <strong>Le</strong>ur nombre est fabuleux puisqu'un adulte en expulse, chaque jour, trente milliards environ. Mais il<br />

ne s'agit pas là <strong>de</strong> symbiose car ces bactéries ne sont pas liées uniquement à l'homme et peuvent vivre dans<br />

d'autres milieux.<br />

Pour les animaux exclusivement herbivores, la symbiose est presque complète car la cellulose étant<br />

l'élément principal <strong>de</strong> leur nourriture, ils ne pourraient survivre sans l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces bactéries.<br />

14 Avril


21<br />

<strong>Le</strong> merveilleux animal ! Quel que soit le sta<strong>de</strong> d'évolution <strong>de</strong> l'animal ! Quand je pense à tout ce que l'on a<br />

pu dire sur le mystère <strong>de</strong> leurs migrations !<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> théories ont succédé aux théories : tropisme, instinct aveugle, instinct infaillible défendu par Fabre,<br />

recherche <strong>de</strong> l'éternel printemps, habitu<strong>de</strong> saisonnière <strong>de</strong>venue hérédité, astronomie, supposition qu'ils aient,<br />

en eux, du moins certains, une horloge et une boussole interne... sans apporter la moindre explication<br />

définitive.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> expériences, elles-mêmes, ont succédé aux expériences.<br />

Thienemann a bagué <strong>de</strong> jeunes cigognes et les a gardées captives jusqu'à l'automne. Il ne les a lâchées<br />

qu'après le départ <strong>de</strong> leurs parents. <strong><strong>Le</strong>s</strong> jeunes se sont immédiatement envolés vers le sud, suivant le même<br />

trajet, un trajet absolument inconnu d'eux...<br />

On a supposé que les oiseaux verraient <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> repère. Mais lesquels ? D'autant plus que leur vue ne<br />

peut dépasser la ligne <strong>de</strong> l'horizon soit environ 250 kilomètres... ce qui est bien éloigné <strong>de</strong> leur but final.<br />

"L'appel du vent", avancent certains ; mais si beaucoup volent face au vent, les autres le font en vent<br />

arrière... Certains savants affirment aussi que la solution serait d'ordre exclusivement "cosmique" et non<br />

biologique et serait à rechercher dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'électro-magnéto-galvanisme <strong>de</strong> l'atmosphère<br />

Franz Sauer a démontré, <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte, que les oiseaux connaissaient parfaitement, par atavisme, les<br />

constellations, le mouvement <strong><strong>de</strong>s</strong> étoiles et savaient réagir en conséquence.<br />

Pour contrôler si les parents formaient les jeunes, il enferma une fauvette dans une pièce fermée, dès<br />

l'éclosion <strong>de</strong> l'oeuf. Pendant plusieurs mois, elle ne vit ni d'autres fauvettes, ni le ciel du jour ou <strong>de</strong> la nuit. En<br />

septembre, elle manifesta l'envie d'émigrer. Franz Sauer l'emmena dans le planétarium <strong>de</strong> Brême... et la<br />

fauvette s'envola tout droit vers le sud-ouest.<br />

En 1959, il lâcha <strong><strong>de</strong>s</strong> fauvettes dans le planétarium obscurci dont la voûte représentait les constellations<br />

disposées exactement à la latitu<strong>de</strong> et à la date <strong>de</strong> l'année. <strong><strong>Le</strong>s</strong> fauvettes s'envolèrent immédiatement vers leur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tination, c'est à dire le sud-ouest. Il transforma la voûte et les constellations prirent la position qu'elles<br />

doivent avoir au printemps... et les fauvettes firent <strong>de</strong>mi tour pour prendre la direction du nord-est.<br />

<strong>Le</strong> champion <strong>de</strong> la distance semble être le sterne arctique qui se déplace d'une région polaire à une autre,<br />

d'une source <strong>de</strong> nourriture à une autre, en une migration annuelle <strong>de</strong> 35.000 kilomètres.<br />

<strong>Le</strong> colibri à gorge rubis ne parcourt que 1.000 kilomètres mais il ne pèse que 3 grammes et, fouettant l'air<br />

<strong>de</strong> ses ailes minuscules 75 fois par secon<strong>de</strong>, il effectue, sans s'arrêter, plus <strong>de</strong> 6 millions <strong>de</strong> battements en 25<br />

heures...<br />

Ce qui m'a surpris également dans tous les récits que j'ai lus à ce sujet c'est ce qui a trait au coucou à<br />

longue queue <strong>de</strong> Nouvelle Zélan<strong>de</strong> et au puffin manx. <strong><strong>Le</strong>s</strong> coucous s'envolent sur plus <strong>de</strong> 6.000 kilomètres en<br />

direction <strong><strong>de</strong>s</strong> îles du pacifique et le puffin manx émigre du pays <strong>de</strong> Galles jusqu'au Brésil. Cela semble banal.<br />

L'inconcevable est que les parents partent les premiers et que leurs petits qui, eux, n'ont jamais fait le trajet,<br />

les rejoignent plus tard.<br />

Un puffin manx capturé au pays <strong>de</strong> Galles a été emmené à Boston, aux Etats Unis, loin <strong>de</strong> sa route<br />

migratoire et relâché après avoir été marqué. Il a regagné son point <strong>de</strong> départ, distant <strong>de</strong> 5.000 kilomètres, en<br />

12 jours et <strong>de</strong>mi...<br />

De même les tortues, certains crabes, les saumons qui quittent les cours d'eau, rejoignent la mer et<br />

reviennent ; les anguilles nées dans la mer <strong><strong>de</strong>s</strong> Sargasses qui viennent vivre en eau douce et retournent dans la<br />

mer <strong><strong>de</strong>s</strong> Sargasses pour y pondre...<br />

Ce qui m'a le plus frappé c'est le cas <strong>de</strong> la fauvette rayée, un oiseau qui pèse à peine 20 grammes et dont le<br />

cerveau possè<strong>de</strong> tout juste la taille d'un petit pois. A l'approche <strong>de</strong> l'automne, elle quitte l'Alaska pour la côte<br />

est du Canada où elle se gave <strong>de</strong> nourriture, accumulant une réserve <strong>de</strong> graisse. Quand vient le froid, elle<br />

s'envole pour l'Amérique du sud mais en mettant le cap sur l'Afrique car, au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> l'Atlantique, sans tenir<br />

compte <strong>de</strong> l'air <strong>de</strong> plus en plus froid et raréfié car il a perdu 50 % <strong>de</strong> son oxygène, elle s'élève<br />

progressivement jusqu'à 6.000 mètres environ où elle rencontre un vent dominant grâce auquel elle se laisse<br />

porter jusqu'en Amérique du sud.<br />

"L'instinct", dit-on. Comme celui du bébé kangourou qui naît aveugle et pas plus gros qu'une fève, une vrai<br />

larve. Mais il survit : d'instinct, il rampe sur le pelage maternel et gagne, tout seul, la poche où il se fixe à la


22<br />

tétine d'une mamelle...<br />

Comme l'influence <strong>de</strong> la lune sur certains poissons, à travers 382.400 kilomètres <strong>de</strong> distance et quel que<br />

soit le temps, les nuages ou la lumière...<br />

Ce n'est même plus une question <strong>de</strong> marée car les poissons enfermés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> bassins non influencés par<br />

les marées, réagissent comme les autres.<br />

Comment cela est-il donc possible ?<br />

C'est merveilleux ! Mais qui pourra l'expliquer ?<br />

Je n'arrive pas à réaliser le nombre incalculable et presque illimité <strong><strong>de</strong>s</strong> mystères qui nous entourent, dont on<br />

ne parle que rarement, sans détails, et sans saisir leur importance. L'homme est submergé par un océan <strong>de</strong><br />

mystères où l'insolite côtoie l'inconcevable et il n'en prend pas conscience.<br />

15 Avril<br />

On croyait que les fortes températures étaient incompatibles avec la vie. Or on a découvert <strong><strong>de</strong>s</strong> bactéries<br />

dites "ultra-thermophiles" qui peuvent vivre, près <strong><strong>de</strong>s</strong> volcans, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux à 105°. Dans les abysses du<br />

Galápagos, on en a remarqué qui avaient besoin, pour jouir au maximum <strong>de</strong> leur confort, d'une pression <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux cent soixante cinq atmosphères et d'une température <strong>de</strong> 250°c.<br />

A l'inverse, il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> insectes qui vivent, se déplacent et mangent dans la glace.<br />

<strong>Le</strong> grylloblatta, un genre <strong>de</strong> sauterelle, creuse, pour établir sa <strong>de</strong>meure, <strong><strong>de</strong>s</strong> galeries dans la neige <strong><strong>de</strong>s</strong> hauts<br />

sommets. A + 10°, il meurt <strong>de</strong> chaleur. Son sang contient du glycerol qui lui sert d'antigel. La diamesa, une<br />

petite mouche, vit à cinq mille mètres, sur le glacier <strong>de</strong> Yala, en Himalaya et ne se sent bien qu'à - 16°. Une<br />

multitu<strong>de</strong> d'êtres vivants fourmillent ainsi dans les neiges <strong>de</strong> l'Himalaya en si grand nombre qu'ils colorent<br />

parfois la neige en noir, cette pigmentation foncée absorbant la chaleur. Ils contiennent tous un liqui<strong>de</strong> antigel<br />

et meurent si on les réchauffe brutalement, simplement en les prenant dans la main.<br />

Ils ont un rythme <strong>de</strong> vie très lent. Un oeuf <strong>de</strong> grylloblatta met un an pour éclore et sa larve cinq ans pour<br />

atteindre l'âge adulte.<br />

On a été surpris <strong>de</strong> constater qu'une carpe congelée à - 4° soit revenue normalement à la vie. On a donc<br />

effectué <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences précises qui ont permis <strong>de</strong> vérifier que le mille pattes résiste à - 50°, l'oie à - 100°,<br />

l'escargot à - 120°, le chien à - 160° et le moucheron (polypedilum van<strong>de</strong>rplanki) <strong>de</strong> - 270° à + 102°.<br />

*****<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> grands esprits se sont moqués du vieux rêve <strong><strong>de</strong>s</strong> alchimistes qui voulaient transmuter les métaux. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

animaux, toutes bêtes qu'elles soient - mais le sont-elles vraiment ? - réalisent ces transmutations sans<br />

contestations possible, les expériences réalisées le prouvant indubitablement.<br />

<strong>Le</strong> biologiste Kervan ne donna, pour toute nourriture, à une poule, que <strong>de</strong> l'orge dont il avait calculé le<br />

contenu <strong>de</strong> calcium puis il mesura la quantité <strong>de</strong> calcium contenue dans les coquilles d'oeufs et les fientes <strong>de</strong><br />

l'animal. Il s'avéra qu'elle avait produit quatre fois plus <strong>de</strong> calcium qu'elle n'en avait ingéré. Or elle n'avait pu<br />

prendre sur son propre calcium sinon cela se serait constaté sur son squelette. Il l'a priva complètement <strong>de</strong><br />

calcium. Après quatre ou cinq jours, elle pondit <strong><strong>de</strong>s</strong> oeufs à coquille molle. Il lui donna du potassium et, dès<br />

le len<strong>de</strong>main, l'oeuf pondu possédait une coquille dure : la poule avait été capable <strong>de</strong> transformer le potassium<br />

en calcium.<br />

Von Herzeele, <strong>de</strong> Hanovre effectua <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences i<strong>de</strong>ntiques sur <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes : les plantes tout aussi<br />

facilement transmutaient la matière pour leurs besoins. Ces expérimentations furent reprises et développées<br />

par Pierre Baranger qui déclara lors d'une interview parue dans Science et vie :<br />

Mes résultats semblent impossibles et pourtant ils sont là. J'ai pris toutes les précautions, j'ai<br />

recommencé mes expériences à plusieurs reprises. J'ai pratiqué <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers d'analyses pendant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

années. J'en ai fait vérifier les résultats par <strong><strong>de</strong>s</strong> tiers qui ne savaient rien <strong><strong>de</strong>s</strong> buts que je poursuivais J'ai<br />

utilisé diverses métho<strong><strong>de</strong>s</strong>. J'ai changé d'expérimentateurs. Mais il n'y a pas d'issue ; il faut accepter<br />

l'évi<strong>de</strong>nce : les plantes connaissent le vieux secret <strong><strong>de</strong>s</strong> alchimistes. Tous les jours, sous mes yeux, elles<br />

transmutent les éléments.<br />

Ainsi, les animaux sont <strong>de</strong> véritables alchimistes. Ils transmutent la matière. <strong><strong>Le</strong>s</strong> salamandres, comme


23<br />

nombre <strong>de</strong> reptiles et amphibiens, comme les lézards, font beaucoup mieux.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> salamandres ont été étudiées tout spécialement car elles sont capables <strong>de</strong> remplacer complètement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

parties du corps qu'elles ont perdues et <strong>de</strong> les régénérer. Il ne s'agit pas seulement <strong>de</strong> la queue dont elles se<br />

séparent sans problème si quelqu'un les saisit par cet organe : une vulgaire petite salamandre qui vit dans les<br />

étangs, peut faire repousser ses pattes à la perfection, exactement comme elles étaient auparavant et aussi<br />

souvent qu'un poisson carnivore les cisaille.<br />

Dès le 18 ème siècle, le naturaliste italien Spallanzani en a effectué la vérification par <strong>de</strong> nombreuses<br />

expériences. S'il coupait la patte d'une salamandre, elle repoussait rapi<strong>de</strong>ment avec tous ses os, fémur, tibia,<br />

péroné, os du tarse et <strong><strong>de</strong>s</strong> orteils, articulations, tout, sans exception. En six mois, une salamandre avait<br />

reconstitué mille trois cent soixante quatorze nouveaux os. Plus ahurissant encore, une salamandre fut<br />

capable <strong>de</strong> remplacer ses yeux, cornée et pupilles comprises, qui avaient été déchiquetés par un oiseau.<br />

Que se passe-t-il alors ? Et l'on se prend à rêver : ce qu'un animal est capable <strong>de</strong> réaliser, pourquoi<br />

l'homme ne le pourrait-il pas ? Puisque c'est possible ?<br />

Nos savants y parviendront. Certains, dans le secret, travaillent déjà, paraît-il, sur la régénérescence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cellules. Elle doit être réalisable !<br />

C'est peut-être pour cela que Mathusalem a vécu, d'après la Bible, plus <strong>de</strong> 950 ans, je crois.<br />

Je vais certainement écrire <strong><strong>de</strong>s</strong> âneries, mais Yahvé/Jéhovah Jéhovah a dirigé les Israélites pendant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

milliers d'années et il est bien écrit que l'homme a été créé à son image et à sa ressemblance... C'est peut-être<br />

idiot ce que j'écris, mais, au fond, qui sait ?<br />

Mais oui, j'y pense : Yahvé/Jéhovah a bien dit :<br />

(Gn 3/22 Maintenant il ne faut pas qu'il avance sa main, qu'il prenne aussi <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> vie, qu'il en<br />

mange et vive éternellement. Et Yahvé/Jéhovah le fit sortir du jardin d'E<strong>de</strong>n... et l'ayant chassé, il mit à<br />

l'occi<strong>de</strong>nt du jardin d'E<strong>de</strong>n les chérubins et la flamme <strong>de</strong> l'épée tournoyante, pour gar<strong>de</strong>r le chemin <strong>de</strong><br />

l'arbre <strong>de</strong> vie.<br />

Il est donc clair que cet arbre <strong>de</strong> vie est à notre portée.<br />

16 Avril<br />

Et les mystères se succè<strong>de</strong>nt, comme ceux <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux perceurs <strong>de</strong> bois.<br />

<strong>Le</strong> teredo perce-bois, un animal petit et extrêmement délicat s'installe et vit dans le bois. <strong>Le</strong> ver <strong>de</strong> mer<br />

qu'on rencontre en Angleterre peut percer une galerie <strong>de</strong> trente centimètres en huit mois. Une espèce<br />

tropicale, un tunnel <strong>de</strong> un mètre vingt en un an.<br />

<strong>Le</strong> sirex ou guêpe <strong><strong>de</strong>s</strong> bois et l'ichneumon sont surprenants.<br />

La femelle du sirex possè<strong>de</strong> un dard énorme, véritable foreuse composée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lames <strong>de</strong>ntelées qui vont<br />

et viennent le long d'une tige qui leur sert <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>. Elle choisit un arbre récemment abattu, perce un trou puis<br />

y dépose un oeuf car son dard lui sert également d'appareil <strong>de</strong> ponte. A leur naissance, les larves creusent <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

galeries dans le bois dont elles se nourrissent.<br />

Alors intervient l'ichneumon qui tâte le bois <strong>de</strong> ses antennes, repère la larve, perce directement et tout<br />

droit, atteignant sans aucune erreur la larve du sirex qu'elle endort d'une injection puis elle pond ses oeufs<br />

dans le corps <strong>de</strong> la larve. <strong><strong>Le</strong>s</strong> larves <strong>de</strong> l'ichneumon se nourrissent du sirex et, une fois adultes, percent leur<br />

couloir pour sortir <strong>de</strong> l'arbre.<br />

Comment l'ichneumon peut-elle repérer une larve qui s'est déplacée dans un tronc d'arbre et, à travers le<br />

bois, l'atteindre immanquablement pour l'endormir et y pondre ses oeufs ? Comment ? A la suite <strong>de</strong> quelle<br />

évolution cela est-il possible ?<br />

Et le mégapo<strong>de</strong> avec sa couveuse artificielle !<br />

<strong>Le</strong> mégapo<strong>de</strong> ressemble à un dindon qui aurait la taille d'une poule. Il <strong>de</strong>meure en Australie et, pour éviter<br />

les obligations <strong>de</strong> la couvée qu'il ne pourrait mener à bien, il construit et entretient à la perfection, une<br />

couveuse artificielle.<br />

Gemelli Careri, un survivant du tour du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Magellan, l'avait raconté le premier à la gran<strong>de</strong> joie <strong>de</strong><br />

ses interlocuteurs. Et nous en avons eu confirmation au début du siècle.


24<br />

La femelle pond, en été, trente cinq gros oeufs qu'elle ne peut couver. Qu'importe ! six mois auparavant,<br />

<strong>Le</strong> couple creuse un trou <strong>de</strong> trois mètres <strong>de</strong> diamètre sur un mètre <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur et place, au fond, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

feuilles et <strong><strong>de</strong>s</strong> herbes. Comme le trou a la forme d'un entonnoir, il stocke les eaux <strong>de</strong> pluie qui maintiennent<br />

l'humidité. Au printemps, le mâle malaxe le mélange plusieurs fois par jour pour activer la fermentation.<br />

<strong>Le</strong> moment venu, il oeuvre un trou, la femelle pond et le mâle rebouche. Pour maintenir la température à<br />

33° pendant le jour, il crée <strong><strong>de</strong>s</strong> trous d'aération qu'il referme le soir. S'il fait trop chaud, il couvre l'ensemble<br />

d'une couche <strong>de</strong> sable pouvant atteindre un mètre d'épaisseur, soit vingt m3 à manier alors qu'il n'a que la<br />

grosseur d'une poule ! A l'automne, le problème est inverse : <strong>Le</strong> jour, il découvre le sable pour que le soleil<br />

réchauffe la couveuse ; la nuit étant froi<strong>de</strong>, il remet du sable qui, étalé sur le côté, s'est également réchauffé au<br />

soleil. Il ne le fait pas stupi<strong>de</strong>ment mais uniquement en fonction <strong>de</strong> la chaleur du jour. Régulièrement,<br />

d'ailleurs, il tâte <strong>de</strong> son bec, dans la couveuse, pour en contrôler la température.<br />

Lorsqu'il éclôt, ses parents étant trop occupés, le jeune doit se débrouiller seul : Avant que n'arrive la<br />

première nuit, il est déjà capable <strong>de</strong> voler suffisamment pour se mettre à l'abri sur une branche.<br />

Est-ce <strong>de</strong> l'instinct ou <strong>de</strong> l'intelligence ?<br />

Et la mante religieuse ?<br />

Chacun sait qu'elle utilise son mâle et le dévore ensuite. C'est ce que l'on dit et c'est erroné car cet acte est<br />

plus effarant encore !<br />

La femelle se jette sur son soupirant, plus petit et plus faible qu'elle ; elle l'enserre voluptueusement et<br />

fermement dans ses pattes antérieures et le dévore <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux tiers, pendant l'accouplement, en commençant<br />

par la tête. Et le tiers restant <strong>de</strong> l'infortuné mari d'un jour est toujours capable <strong>de</strong> continuer sa fonction<br />

biologique...<br />

Tout est envisageable, lorsqu'on y réfléchit. Je pense à la stupeur du commandant Cousteau lorsqu'il<br />

explora le lac Titicaca, dans les An<strong><strong>de</strong>s</strong>, et qu'il constata que <strong><strong>de</strong>s</strong> crapauds y proliféraient en nombre<br />

incalculable, <strong><strong>de</strong>s</strong> crapauds d'une race inconnue jusqu'alors et qui respiraient par la peau...<br />

17 avril<br />

J'ai l'impression <strong>de</strong> vivre sur une autre planète. je n'entends même plus résonner les pas <strong><strong>de</strong>s</strong> matons, le<br />

cliquetis <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> et le claquement <strong><strong>de</strong>s</strong> serrures.<br />

- Grivelot, réveillez-vous !<br />

Et jean, compatissant, me secoue pour que je m'extraie <strong>de</strong> mes bouquins.<br />

*****<br />

En relisant ce que j'avais noté hier, je retrouve ces mots : "le merveilleux animal". Et je constate, à ma<br />

gran<strong>de</strong> stupéfaction, que le mon<strong>de</strong> végétal est tout aussi merveilleux.<br />

Je viens <strong>de</strong> lire plusieurs livres écrits par <strong><strong>de</strong>s</strong> savants <strong>de</strong> renommée mondiale concernant l'intelligence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plantes et <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs et je suis émerveillé.<br />

Comme l'histoire <strong>de</strong> cette plante dont le récit nous est conté par un certain Brandis dans un livre qui serait<br />

intitulé "Der <strong>Le</strong>ben und Polaritat". Sa racine heurta une vieille semelle <strong>de</strong> botte. Je ne pense pas, est-il écrit,<br />

que ses chromosomes-mémoire aient pu enregistrer pareille obstacle. Elle <strong>de</strong>vait donc inventer. Et elle<br />

inventa. Au lieu <strong>de</strong> contourner ce barrage dont elle ne connaissait pas l'étendue, elle tâtonna et s'aperçut qu'il<br />

existait <strong><strong>de</strong>s</strong> trous laissés par les points <strong>de</strong> couture. Elle se divisa en autant <strong>de</strong> radicelles qu'il y avait <strong>de</strong> trous.<br />

Chaque radicelle choisit son trou, traversa et, la traversée achevée, les radicelles se ressoudèrent pour recréer<br />

la racine unique qu'elles formaient à l'origine.<br />

Instinct ? Mais basé sur quoi ? Alors, "intelligence" ?<br />

Cela n'est pourtant rien comparé aux miracles quotidiens que les fleurs, ces êtres paralysés sur leur<br />

pédoncule, accomplissent pour permettre à leurs éléments femelles <strong>de</strong> rencontrer les éléments mâles et<br />

inversement afin qu'ils se fertilisent. Si la nature évoluait tout bêtement, le processus, pour l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plantes, serait vaguement le même. Or chaque famille possè<strong>de</strong> ses astuces adaptées à son cas bien particulier<br />

et, dans chaque famille, chaque sous-ordre essaie, à sa manière, <strong>de</strong> les perfectionner. C'est un conte <strong>de</strong> fée<br />

perpétuel auprès duquel nos pauvres tâtonnements d'hommes orgueilleux semblent dérisoires.


25<br />

Nous essayons <strong>de</strong> réinventer ce qui existait déjà. Bien avant que nous découvrions l'étincelle jaillie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

silex, la plante vivait et survivait <strong>de</strong>puis longtemps. Elle avait déjà mo<strong>de</strong>lé ses chefs-d'oeuvre composés <strong>de</strong><br />

ruses incroyables, on ne peut plus efficaces et d'autant plus surprenantes qu'elles ne satisfont pas un besoin<br />

impérieux immédiat tel celui <strong>de</strong> manger, mais un idéal lointain : la survie et la propagation <strong>de</strong> l'espèce.<br />

Qu'on ne me dise pas que cela était prévu, à l'origine, dans leur génétique puisque les fleurs, dit-on,<br />

précédèrent les insectes. Quand ceux-ci apparurent, les plantes comprirent ce qu'elles pouvaient en tirer. <strong>Le</strong>ur<br />

merveilleuse mécanique actuelle <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à utiliser les insectes est donc, à l'intérieur <strong>de</strong> chaque espèce, le fruit<br />

d'une évolution, d'une adaptation évolutive postérieure à leur origine.<br />

Il est impossible <strong>de</strong> l'expliquer. Nous ne pouvons qu'en accepter l'évi<strong>de</strong>nce.<br />

Je viens <strong>de</strong> lire, entre autre, un livre magnifique sur les plantes <strong>de</strong> Maeterlinck, prix Nobel en 1911. il y<br />

décrit, en particulier, les subterfuges utilisés par l'orchidée pour mener à bien sa fécondation.<br />

Contrairement à ce que je pensais, l'orchidée n'est pas une plante rare car elle se compose <strong>de</strong> nombreuses<br />

espèces dont 25 occupent notre jardin, telle la Pentecôte rose ou orchis à gran<strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles qui pousse dans les<br />

prés humi<strong><strong>de</strong>s</strong> en avril et en mai.<br />

La fleur se présente comme une large gueule béante. La lèvre inférieure, très allongée, est pendante et<br />

<strong>de</strong>ntelée, c'est le pied à terre <strong>de</strong> l'insecte. La lèvre supérieure forme un capuchon contenant les organes<br />

essentiels. Dans le fond, se tient un long cornet pointu qui renferme le nectar.<br />

Il y a là 2 stigmates (les organes femelles) soudés ensemble au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus d'un troisième stigmate qui porte à<br />

son sommet une pochette, <strong>de</strong>mi-vasque appelée rostellum, pleine d'un liqui<strong>de</strong> visqueux dans lequel trempe 2<br />

minuscules boulettes. Sur ces boulettes, 2 tiges avec, à chacune <strong>de</strong> leurs extrémités, un paquet <strong>de</strong> grains <strong>de</strong><br />

pollen bien ficelé.<br />

L'insecte arrive, il se pose sur le tremplin et cherche à atteindre le nectar mais le passage est rétréci. Sa tête<br />

heurte la <strong>de</strong>mi-vasque qui, au moindre choc, se déchire mettant à nu les <strong>de</strong>ux boulettes enduites du liqui<strong>de</strong><br />

visqueux qui se colle sur le crâne du visiteur. Lorsqu'il sort, il possè<strong>de</strong> 2 cornes contenant, à leur bout, 2<br />

paquets <strong>de</strong> pollen.<br />

Il visite ensuite une fleur voisine. Si ses cornes restent rigi<strong><strong>de</strong>s</strong>, le pollen va tremper dans la nouvelle vasque<br />

et, pollen contre pollen, cela ne donnera rien.<br />

Là se situe le miracle <strong>de</strong> la prévoyance <strong>de</strong> l'orchidée. Elle a calculé que l'abeille, pour pomper le nectar et<br />

rejoindre une autre fleur, met en moyenne 30 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>. Or, aux points d'interception <strong><strong>de</strong>s</strong> boulettes, à la base<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> 2 tiges, se trouve un petit disque qui, au bout <strong>de</strong> 30 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>, fait se contracter et se replier chacune <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tiges qui s'incline alors <strong>de</strong> 90° si bien que les cornes prennent une position horizontale ; <strong>de</strong> ce fait, quand<br />

l'insecte va entrer dans la fleur voisine, elles vont, <strong>de</strong> ce fait, exactement heurter les 2 stigmates soudés qui<br />

surplombent la <strong>de</strong>mi-vasque et qui seront ainsi fécondés.<br />

Mais la perfection <strong>de</strong> la nature ne s'arrête pas là. <strong>Le</strong> stigmate qui reçoit le choc du paquet <strong>de</strong> pollen est<br />

enduit lui aussi d'une substance visqueuse qui n'est pas la même que celle trop adhésive <strong>de</strong> la <strong>de</strong>mi-vasque. La<br />

fleur distille donc 2 sortes <strong>de</strong> colle. Une très forte qui durcit immédiatement au contact <strong>de</strong> l'air pour la <strong>de</strong>mivasque,<br />

l'autre très diluée pour le travail du stigmate. En effet, celle-ci est juste assez adhésive pour écarter un<br />

peu l'enveloppe contenant les grains <strong>de</strong> pollen. Quelques grains y adhèrent seulement, suffisamment pourtant<br />

pour assurer la fécondation. L'ensemble <strong>de</strong>meure intact et, lorsque l'insecte visitera d'autres fleurs, la<br />

fécondation continuera jusqu'à épuisement.<br />

La perfection du détail se retrouve partout.<br />

Ainsi, après que la membrane <strong>de</strong> la <strong>de</strong>mi-vasque se soit rompue pour exposer ses boulettes visqueuses, la<br />

<strong>de</strong>mi-vasque a relevé immédiatement ses bords ouverts afin <strong>de</strong> conserver en parfait état le paquet <strong>de</strong> pollen<br />

qui n'aurait pas été emporté et tout recommencera à la prochaine visite<br />

Une étu<strong>de</strong> sur un plan <strong>de</strong> seigle a permis <strong>de</strong> découvrir qu'il était muni d'environ treize millions <strong>de</strong> radicelles<br />

soit l'équivalent <strong>de</strong> six cents kilomètres et, sur ces radicelles, se trouve un fin duvet <strong>de</strong> poils estimés à<br />

quatorze milliards...<br />

La simple luzerne, en cas <strong>de</strong> sécheresse, va chercher l'humidité jusqu'à douze mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur et, si<br />

elle découvre <strong><strong>de</strong>s</strong> canalisations en béton, elle est capable <strong>de</strong> les traverser...<br />

Un bouleau, en été, peut absorber quatre cents litres d'eau en répandant l'humidité par ses feuilles...


26<br />

Des cellules spéciales permettent aux racines <strong>de</strong> s'enfoncer dans le sol mais elles s'usent contre les pierres,<br />

les cailloux et même les gros grains <strong>de</strong> sable... Qu'importe ! Elles sont constamment remplacées mais,<br />

lorsqu'elles arrivent sur une source <strong>de</strong> nourriture, elles meurent et d'autres cellules apparaissent chargées <strong>de</strong><br />

dissoudre les sels minéraux et <strong>de</strong> collecter le nécessaire...<br />

Une plante grimpante se dirige immanquablement vers son tuteur. Si on la change <strong>de</strong> place, elle changera<br />

<strong>de</strong> direction et rampera <strong>de</strong> nouveau vers lui...<br />

<strong>Le</strong> voit-elle ? <strong>Le</strong> sent-elle ? Serait elle donc capable <strong>de</strong> s'orienter ? Mais en vertu <strong>de</strong> quoi ?<br />

L'orchidée trichoceros parviflorus possè<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> pétales qui imitent si parfaitement la femelle d'une certaine<br />

variété <strong>de</strong> mouche que le mâle <strong>de</strong> la dite mouche essaie <strong>de</strong> s'accoupler avec. Sans s'en rendre compte, il<br />

fécon<strong>de</strong> ainsi la fleur...<br />

Où et comment a-t-elle été "pêcher" cela ? Qui ou quoi a pu calculer, combiner, raisonner, inventer une<br />

ruse aussi phénoménale ? <strong>Le</strong> hasard d'une évolution stupi<strong>de</strong> ?<br />

Pour réussir à s'adapter ainsi, il faut que les plantes soient capables <strong>de</strong> percevoir leur environnement, d'y<br />

réfléchir et <strong>de</strong> transmettre, dans l'embryon <strong>de</strong> la graine, leurs réflexions et leur mémoire qui se transforme en<br />

atavisme.<br />

Sans l'usage <strong>de</strong> ces sens, elles périraient inéluctablement.<br />

*****<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> plantes réagissent. Sentiraient-elles donc, pressentiraient-elles donc ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> plantes penseraient-elles ?<br />

En février 1966, l'américain C. Backster utilisa un galvanomètre, un appareil <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à mesurer les courants<br />

électriques, suivant le principe du "détecteur <strong>de</strong> mensonge" pour observer les réactions d'une plante verte qui<br />

venait d'être arrosée.<br />

Auparavant, il avait placé une électro<strong>de</strong> sur chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> faces d'une feuille <strong>de</strong> philo<strong>de</strong>ndron tandis que tout<br />

était prêt pour enregistrer les variations éventuelles du potentiel électrique mesurées par l'appareil. Une<br />

courbe apparut, semblable au tracé que fournirait un homme subissant une légère émotion.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> expériences se succédèrent toutes aussi convaincantes.<br />

<strong>Le</strong> savant trempa une feuille <strong>de</strong> la plante dans une tasse <strong>de</strong> café chaud. La plante hurla <strong>de</strong> douleur. Il ne<br />

l'entendit certes pas mais il vit avec stupeur le stylet <strong>de</strong> l'enregistreur trembler sur la feuille d'enregistrement.<br />

Elle réagit, pensa-t-il. Pour en être certain, je vais brûler une feuille avec une flamme <strong>de</strong> bougie.<br />

Il n'eut pas fini d'envisager cette éventualité, que le stylet se mit à tracer une oscillation montante, à la<br />

gran<strong>de</strong> stupéfaction <strong>de</strong> C. Backster. Aurait-elle <strong>de</strong>viné ? Aurait-elle suivi et compris le fil <strong>de</strong> sa pensée ? Il<br />

approcha la flamme et le stylet oscilla moins fort que précé<strong>de</strong>mment. Il s'écria alors tout haut : "Je vais te<br />

brûler jusqu'à la racine !" La plante n'eut aucune réaction comme si elle avait compris qu'il mentait.<br />

Depuis, toute une équipe <strong>de</strong> chercheurs étudient "l'effet Backster" <strong>de</strong>venu un fait indiscutable.<br />

C. Backster réalisa une expérience encore plus ahurissante. Il réunit six volontaires. Ils entrèrent, l'un après<br />

l'autre, dans une pièce dans laquelle se trouvait un dracéna et l'un d'eux désigné par un tirage au sort,<br />

dut maltraiter la plante. Personne, pas même Backster, ne connaissait le responsable. <strong>Le</strong> détecteur fut<br />

ensuite branché sur la plante et les six volontaires entrèrent <strong>de</strong> nouveau l'un après l'autre. La plante resta<br />

impassible à l'entrée <strong>de</strong> ceux qui ne lui avaient rien fait mais réagit par <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> oscillations lorsque le<br />

coupable entra.<br />

Extraordinaire et même impensable, si l'on songe aux normes dites scientifiques ! La plante serait donc<br />

douée <strong>de</strong> mémoire ?<br />

Lors <strong>de</strong> la visite que lui rendait une physiologiste canadienne, trois plantes refusèrent <strong>de</strong> réagir. Une<br />

quatrième ne le fit que très légèrement. C. Backster lui <strong>de</strong>manda :<br />

- "Votre travail vous oblige-t-il à nuire à <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes ?<br />

- "Oui, répondit-elle. J'incinère les plantes avec lesquelles je travaille pour obtenir un poids à sec à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

fins d'analyses."<br />

Lorsqu'elle fut partie, toutes les réactions re<strong>de</strong>vinrent normales.<br />

La plante et les crevettes ! Un titre parfait pour une fable <strong>de</strong> la Fontaine. Mais ce n'est pas une fable, peu


27<br />

s'en faut.<br />

Encore une expérimentation <strong>de</strong> C. Bakster.<br />

Il dépose <strong><strong>de</strong>s</strong> crevettes bien vivantes sur un plateau basculant placé au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus d'une gran<strong>de</strong> casserole d'eau<br />

bouillante. La pièce est fermée et personne ne pourra les voir lorsque après avoir gesticulé, elle tomberont<br />

dans l'eau et mourront d'une mort atroce.<br />

Dans une autre pièce, également fermée se trouve une plante munie d'électro<strong><strong>de</strong>s</strong> reliés à un galvanomètre<br />

qui se trouve dans une troisième pièce avec C. Bakster et ses assistants qui en observent les variations<br />

éventuelles.<br />

Aucune liaison entre les trois. Or, soudain, un tracé vif et désordonné apparaît sur le papier du<br />

galvanomètre. Ils se précipitent tous aussitôt dans la pièces <strong><strong>de</strong>s</strong> crevettes et les voient qui se débattent dans<br />

les douleurs d'une horrible agonie : la plante avait perçu la mort <strong><strong>de</strong>s</strong> crustacés !<br />

Il recommença maintes fois l'expérience en variant, faisant même mourir <strong><strong>de</strong>s</strong> bactéries et <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

sanguines. <strong><strong>Le</strong>s</strong> réactions <strong>de</strong> la plante furent toujours i<strong>de</strong>ntiques. Il émit alors l'hypothèse qu'il existerait une<br />

sorte <strong>de</strong> perception, par un groupe <strong>de</strong> cellules, <strong>de</strong> la mort d'un autre groupe <strong>de</strong> cellules<br />

Ainsi, la plante prouve que la douleur d'une cellule affectant les autres, la douleur, la peine et le mal<br />

perturbent l'univers.<br />

*****<br />

La plante et la musique ! Encore le titre d'une nouvelle fable qui n'en est pourtant pas.<br />

<strong>Le</strong> docteur T.C. Singh, directeur du département <strong>de</strong> botanique <strong>de</strong> l'université d'Annamalai, au Sud <strong>de</strong><br />

Madras, se passionna pour l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'influence <strong>de</strong> la musique sur les plantes. D'autres reprirent les<br />

expériences qui donnèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats surprenants et qui <strong>de</strong>vraient également donner quelques leçons à<br />

l'humanité qui semble, par moment, assez visiblement désaxée..<br />

Dorothy Retallack, <strong>de</strong> Denver, installa <strong>de</strong> la musique près <strong>de</strong> ses plantes. Lorsqu'elle mit du rock, les<br />

plantes se penchèrent du côté opposé afin <strong>de</strong> s'en éloigner. Elle retourna les pots ; les plantes changèrent alors<br />

<strong>de</strong> côté cherchant toujours à s'éloigner <strong><strong>de</strong>s</strong> sons discordants <strong>de</strong> la musique. Par contre, lorsque Dorothy<br />

Retallack mit <strong>de</strong> la musique classique, les plantes se penchèrent vers la source musicale.<br />

Elle obtint le meilleur résultat avec une musique indienne classique jouée à la cithare par Ravi Shankar. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

plantes se penchaient pratiquement à l'horizontale et la plus proche du haut parleur s'enroulait presque autour<br />

<strong>de</strong> celui-ci...<br />

Décidément, je côtoie, chaque jour, l'extraordinaire, inconcevable pour l'instant<br />

D'où proviennent tous ces traits <strong>de</strong> génie qui défient notre logique ? D'une multitu<strong>de</strong> d'intelligences<br />

particulières ? Ou d'une seule intelligence universelle ?<br />

J'admets, bien volontiers, que la nature, dans son intégralité, est vivante, bien vivante ainsi que l'affirment<br />

certains moines hindous et tibétains.<br />

D'après un texte que je viens <strong>de</strong> lire, la Bible affirme même, dans l'apocalypse, que les animaux ont une<br />

âme. Je le retranscris :<br />

Jean Prieur, dans son livre "l'Apocalypse", aux éditions Lanore, connaît parfaitement le grec et<br />

rétablit la vérité sur une phrase mal traduite - comme tant d'autres - par les théologiens. C'est au<br />

chapitre 8, verset 9. Toute les Bibles catholiques traduisent donc :<br />

<strong>Le</strong> tiers <strong><strong>de</strong>s</strong> créatures qui habitent la mer et possè<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> vies, mourut.<br />

Alors que le texte serait, en réalité :<br />

<strong>Le</strong> tiers <strong><strong>de</strong>s</strong> créatures qui habitent la mer et possè<strong>de</strong>nt <strong><strong>de</strong>s</strong> âmes, mourut.<br />

Ce qui est tout différent mais <strong>de</strong>vait très certainement gêner les têtes religieuses pensantes qui,<br />

à une certaine époque, n'étaient même pas certaines que les femmes eussent une âmes et que les<br />

indiens fussent <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes à part entière. La majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> Bibles non catholiques actuelles<br />

traduisent cette phrase correctement.<br />

Dans un autre passage <strong>de</strong> l'apocalypse, il est également écrit :<br />

Toute âme vivante mourut dans la mer


Saint Jérôme, un père <strong>de</strong> l'Église du 5 ème siècle, l'avait bien compris qui traduisait en latin :<br />

28<br />

Et omnis anima vivens mortua est in mare.<br />

Tout est un, semble-t-il. Tout est vie et mouvement. Aussi, par "nature", on entend le règne "végétal" mais<br />

également le règne minéral. Car l'activité vitale existerait, sans conteste, dans le règne minéral bien qu'elle<br />

exige, pour être remarquée, une attention plus aiguë.<br />

Il paraît que les éléments les plus minuscules <strong>de</strong> la nature communiquent. La molécule d'ADN émet<br />

l'ARNm (message) qui sera lu par l'ARNr (les ribosomes). Toutes les cellules communiquent. <strong>Le</strong> langage<br />

originel <strong>de</strong> la matière est chimique. Et pour qu'il y ait communication, il faut qu'il y ait vie.<br />

V. A. Firssoff, un chimiste russe soutient que la matière se trouve dotée <strong>de</strong> particules élémentaires, sorte<br />

d'intelligence désincarnée, qu'il appelle "mentinos" et que, <strong>de</strong> ce fait, elle est vivante et intelligente.<br />

18 avril<br />

Je suis toujours plongé dans mes plantes, ce matin, lorsque notre cher maton vient me prévenir :<br />

- Grivelot ! Préparez-vous ! Vous sortez cet après midi. Juge d'instruction.<br />

A 13 h., je suis prêt et j'attends.<br />

Vers 14 h., il se repointe pour me rapporter la lettre que j'avais écrite à maman. Elle est refusée par la<br />

censure parce que j'ai eu l'audace <strong>de</strong> décrire notre cellule ce qui est strictement interdit : secret <strong>de</strong> la plus<br />

haute importance !<br />

- Et ma sortie ?<br />

- J'en sais rien. On attend.<br />

Je sens que la journée va être singulièrement gâchée et je commence à m'énerver.<br />

De rage, je recopie ma lettre et laisse en blanc le passage concernant la cellule en le barrant du mot :<br />

"censuré" souligné <strong>de</strong>ux fois. Je la remets sous enveloppe et la redonnerai <strong>de</strong>main. Et j'attends. J'attends<br />

jusqu'au souper. Pour rien.<br />

Je ne sais qui s'est encore trompé mais ce n'est guère intelligent. Ou ils le font exprès. Ce n'est pas plus<br />

intelligent, <strong>de</strong> toute façon.<br />

Ma rage me remet en mémoire une réflexion qui m'avait frappé lors d'une <strong>de</strong> mes lectures. Je me mets à<br />

feuilleter et la retrouve :<br />

Jules Grévy, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République <strong>de</strong> 1879 à 1885, fut brillamment réélu mais il dut démissionner<br />

en 1887 parce que son gendre, Wilson, s'était livré au trafic <strong><strong>de</strong>s</strong> légions d'honneur. Jules Grévy, écoeuré par<br />

la justice - déjà ! - et ne croyant pas à une réforme <strong>de</strong> cette justice - hélas ! - disait : "La magistrature c'est<br />

comme un tonneau qui a contenu du vinaigre ; vous aurez beau y mettre ensuite le meilleur <strong><strong>de</strong>s</strong> vins, vous<br />

n'obtiendrez jamais que du vinaigre."<br />

Calmé, je reprends mes notes et mes livres.<br />

19 avril<br />

21 avril<br />

De nouveau, les nerfs en pelote. Philippe a été transféré <strong>de</strong> cellule avant hier et nous savourions notre<br />

tranquillité. Pas pour longtemps, car ce matin, dès la première heure, un nouveau, un kabyle au nom<br />

intraduisible que nous décidons d'appeler "Michel", se propulse avec son matelas, ses draps, ses couvertures...<br />

et son monceau <strong>de</strong> problèmes effarants qu'il nous déballe en geignant, la porte à peine refermée.<br />

- Encore 10 jours !... Vous croyez que je sortirai pour la fin du mois ?... Vous croyez que le patron<br />

pourra me mettre à la porte ?... Et ma femme, qu'est-ce qu'elle peut bien faire ?... Vous croyez que ça<br />

collera encore après ?... Et mes crédits ?... Et...<br />

Et ainsi, pratiquement sans interruption, jusqu'à 15 h. où Jean, n'y tenant plus, explose :<br />

- Ta gueule ! T'es chiant et tu nous emmer<strong><strong>de</strong>s</strong> ! Tu ne vois pas que nous aussi, nous avons nos problèmes<br />

peut-être et certainement plus importants que les tiens. Tu vas sortir alors que nous, nous restons pour on ne<br />

sait combien <strong>de</strong> temps. Alors, fous nous la paix ! fous nous la paix ! ou on t'écrase pour que tu la fermes !


29<br />

Il a hurlé et sa voix a résonné dans tout l'établissement.<br />

<strong>Le</strong> maton <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ouvre le guichet - pru<strong>de</strong>nt, le gars - et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> le motif <strong>de</strong> ce raffut. Jean s'explique<br />

encore rouge, presque violet, <strong>de</strong> colère.<br />

Michel, recroquevillé dans son coin, est <strong>de</strong>venu plus muet qu'une carpe.<br />

5 h. Cliquetis - clef - porte. <strong>Le</strong> maton entre, regar<strong>de</strong> notre kabyle.<br />

- Allez, prends tes affaires et suis-moi.<br />

Ouf !<br />

22 avril<br />

Jean est appelé par le surveillant chef qui lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> explications et le sermonne.<br />

Au fond, ça se passe bien.<br />

Je reçois une relance <strong><strong>de</strong>s</strong> cours par correspondance qui me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt où j'en suis. J'avoue que je n'y<br />

pensais plus.<br />

Il faut, au moins, se procurer les livres et je suis fauché. D'autre part, je n'aurai jamais le temps <strong>de</strong> m'y<br />

mettre sauf si j'arrête mes lectures et ça, je n'y tiens pas.<br />

Je leur écris donc pour m'excuser en motivant mon refus.<br />

*****<br />

Serait-ce réel ? La nature, dans son intégralité ne serait-elle pas vivante ? Ainsi que l'affirment certains<br />

moines hindous et tibétains. Et les anciens. Tout est un. Tout est vie et mouvement. J'ai même lu dans un livre<br />

que j'ai dû abandonner car j'y "perdais mon latin"... que je ne connais pas, ces phrases que je recopie<br />

textuellement :<br />

"L'activité vitale, très apparente chez les animaux et les végétaux, ne l'est guère moins dans le règne<br />

minéral, bien qu'elle exige <strong>de</strong> l'observateur une attention plus aiguë. <strong><strong>Le</strong>s</strong> métaux, par exemple, sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

corps vivants et sensibles."<br />

Suivait le détail d'une expérience sur une barre <strong>de</strong> métal chauffé puis étiré successivement jusqu'au point <strong>de</strong><br />

rupture et qui se rétablissait chaque fois dans ses dimensions primitives. Il est prouvé que le métal renforce<br />

ses points faibles en augmentant sa cohérence, ne risquant jamais <strong>de</strong> se casser au même endroit comme le<br />

ferait un <strong>de</strong> nos os qui renforce toujours également son point <strong>de</strong> rupture. On ne se casse jamais le bras ou la<br />

jambe au même endroit.<br />

D'ailleurs, à quel sta<strong>de</strong> se termine le règne végétal et commence le règne animal ?<br />

L'anémone <strong>de</strong> mer est un animal sans conteste maintenant mais elle est tellement semblable à un végétal<br />

qu'elle fut considérée comme telle pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles. L'illustre naturaliste et physicien Réaumur en était si<br />

persuadé qu'il cacha longtemps à l'Académie <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences <strong>de</strong> Paris le nom <strong>de</strong> celui qui en avait apporté la<br />

preuve afin <strong>de</strong> la préserver du ridicule.<br />

*****<br />

Un auteur écrit : "<strong><strong>Le</strong>s</strong> éruptions volcaniques, les tremblements <strong>de</strong> terre et surtout cette force vivante d'un<br />

"mystérieux inconnu" que l'on appelle les "courants telluriques" ne seraient-ils pas la démonstration <strong>de</strong><br />

l'intelligence du globe... <strong>de</strong> notre mère la terre dont nous, hommes intelligents, sommes issus."<br />

Dans le même ordre d'idée, un autre auteur se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi les régions où sont nées les gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

civilisations sont toutes situées sur une ligne <strong>de</strong> fracture terrestre où sévissent les tremblements <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong><br />

volcans alors qu'il eut été plus simple <strong>de</strong> choisir la sécurité <strong><strong>de</strong>s</strong> plaines ?<br />

23 avril<br />

J'ai tellement entendu râler Jean que j'ai repoussé mes bouquins et fait une pause. Car Jean est toujours<br />

avec moi - ou je suis toujours avec lui. C'est agréable car il est on ne peut plus sociable et même fort<br />

prévenant. Cela doit lui plaire aussi car il peut jouer à l'ancien expérimenté et paternel. <strong>Le</strong> troisième, par<br />

contre, change régulièrement.


30<br />

Hier, sans rien nous dire et comme son pécule venait d'être regonflé par un mandat, il a cantiné <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tomates, du pâté, du saucisson sec et frais, du thon, <strong><strong>de</strong>s</strong> oeufs durs, du camembert et du gruyère, <strong><strong>de</strong>s</strong> bananes,<br />

du chocolat au lait et à la noisette.<br />

Bertrand, le troisième <strong>de</strong> la chambrée - il est arrivé hier - n'en revenait pas. Moi non plus.<br />

Et Jean, ce midi, se transforme en hôte attentionné. Il extrait le jaune d'un oeuf dur et réussit à monter une<br />

mayonnaise digne d'un maître coq.<br />

A 16 heures 30, il nous ordonne d'étendre une serviette sur la table, <strong>de</strong> mettre le couvert et d'étaler les<br />

emplettes. Il sort même les cigares qui lui restent <strong>de</strong> son colis <strong>de</strong> Pâques. A 17 heures, lorsque le maton <strong>de</strong><br />

service et le cuisinier <strong>de</strong> corvée passent, il refuse les repas <strong>de</strong> l'administration et déclare cérémonieusement :<br />

"Nous fêtons notre anniversaire : un mois <strong>de</strong> vie commune."<br />

<strong>Le</strong> maton comprend encore moins que d'habitu<strong>de</strong> avec ses yeux globuleux et sa bouche en cul-<strong>de</strong>-poulegobe-mouche.<br />

Une soirée mémorable ! Dégustation jusque 18 heures. "Mieux que chez Luculus" nous déclame Jean.<br />

Nous approuvons et, dès que je le peux, en douce, je cherche dans le dico qui peut bien être ce Luculus.<br />

A 18 heures, comme tous les jours, nous sortons dans le couloir, hors <strong>de</strong> la cellule, les tabourets, les balais,<br />

les vêtements principaux (pantalons, vestes, pulls), les cuillers, les fourchettes et les couteaux. Puis les portes<br />

se ferment pour la nuit et, pour éviter, paraît-il, toute évasion, les <strong>clefs</strong> sont enlevées. <strong>Le</strong> surveillant <strong>de</strong><br />

permanence ne peut donc plus les ouvrir jusqu'au retour, le len<strong>de</strong>main, du surveillant chef. Si un détenu a<br />

besoin d'un médicament, on le lui passe par le judas rectangulaire <strong>de</strong> 5 cm sur 10 cm qui s'ouvre avec une clef<br />

carrée.<br />

Ce soir, cela se fait un peu dans la bouscula<strong>de</strong> sous les cris <strong><strong>de</strong>s</strong> autres détenus miraculeusement déjà au<br />

courant et qui veulent participer à notre fête, ne serait-ce qu'en chahutant le maton et en poussant quelques<br />

cris épicés dont ils ont le secret.<br />

Théoriquement, ce doit être le silence jusqu'au len<strong>de</strong>main mais Bertrand et Jean sont en verve <strong>de</strong><br />

souvenirs, <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>nces et <strong>de</strong> grosses blagues plus vertes les unes que les autres. Comment, dans ces<br />

moments là, est-il possible <strong>de</strong> retenir ses cris et crises <strong>de</strong> fou rire ? <strong>Le</strong> maton, lui, ne rit pas. Quatre fois,<br />

d'abord doucement puis <strong>de</strong> plus en plus énergiquement, il nous prie puis nous ordonne <strong>de</strong> nous taire. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

autres détenus se mettent alors à hurler, les uns après les autres. La cinquième fois, il nous somme <strong>de</strong> faire<br />

dé.fi.ni.ti.ve.ment silence faute <strong>de</strong> quoi il nous garantit le mitard pour le len<strong>de</strong>main, le gueulant bien haut afin<br />

que tout le mon<strong>de</strong> comprenne. Un hurlement général s'ensuit accompagné aussitôt d'un silence <strong>de</strong> mort.<br />

<strong>Le</strong> mitard ! Un mot magique, j'allais écrire "tragique" qu'on préfère ne pas entendre. La cellule punitive.<br />

Une grille intérieure qui la traverse entièrement. Une fenêtre sans carreaux. Pas <strong>de</strong> table. Un lit et un tabouret<br />

scellés dans le sol. C'est tout. Et, par n'importe quel temps, l'intéressé y est enfermé avec 2 couvertures au lieu<br />

<strong>de</strong> 4.<br />

Nous parlons donc enfin à voix basse, nous taisant même lorsqu'on pressent une oreille espionne <strong>de</strong>rrière la<br />

porte. La conversation change également <strong>de</strong> ton et <strong>de</strong> sujet.<br />

Bertrand, à 32 ans, a déjà fait 8 ans <strong>de</strong> taule et joue au dur. Il possé<strong>de</strong>rait "<strong><strong>de</strong>s</strong> affaires" importantes dans le<br />

milieu <strong>de</strong> la peinture et connaîtrait parfaitement, par expérience, le travail <strong><strong>de</strong>s</strong> casseurs spécialisés dans le<br />

forcement <strong><strong>de</strong>s</strong> coffres.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> imbéciles, dit-il, en parlant <strong>de</strong> Philippe et <strong>de</strong> ses coéquipiers. Ils volent un coffre fort, l'emmènent en<br />

forêt et le forcent en tapant <strong><strong>de</strong>s</strong>sus avec une masse. En plus, ils laissent leurs outils sur place et viennent les<br />

rechercher le len<strong>de</strong>main. <strong><strong>Le</strong>s</strong> gendarmes qui les atten<strong>de</strong>nt n'ont plus qu'à les cueillir. Mais on ne casse plus<br />

un coffre fort ! Surtout le Fichet qu'ils ont pris. On l'ouvre. Vous pensez bien que le fabricant à prévu <strong>de</strong><br />

pouvoir l'ouvrir en cas <strong>de</strong> perte <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> et <strong>de</strong> la formule. C'est ultra simple. Pour leur type <strong>de</strong> coffre fort, il<br />

suffit d'un décimètre, d'une tige <strong>de</strong> fer, d'un poinçon et d'un marteau. On fait tout simplement sauter la<br />

peinture à 23 centimètres en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous et à la verticale <strong>de</strong> la serrure ; on enlève ensuite le mastic et on<br />

découvre un trou dans lequel on enfonce la tige <strong>de</strong> fer. Et la porte s'ouvre.<br />

Là <strong><strong>de</strong>s</strong>sus, il nous crayonne un croquis que nous regardons à la lueur <strong>de</strong> son briquet.<br />

Jean lui-même n'en revient pas. Quant à moi, je ne sais si c'est exact mais je suis certain, par contre, que<br />

Jean va se charger <strong>de</strong> le répéter pendant la promena<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> soir, tous seront au courant et beaucoup rêveront à


31<br />

leurs succès futurs.<br />

La conversation tourne ensuite sur le problème sexuel <strong><strong>de</strong>s</strong> prisonniers, l'homosexualité, la masturbation,<br />

l'utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> traversins et <strong><strong>de</strong>s</strong> matelas en mousse et <strong>de</strong> la "marinette" confectionnée avec une boite <strong>de</strong> bière,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> élastiques, un sac plastique à l'intérieur que l'utilisateur chauffe auparavant et lave ensuite.<br />

6h.45. Sonnerie du réveil.<br />

24 avril<br />

7 h. Debout ! Pliage <strong><strong>de</strong>s</strong> draps et couvertures. Café, lait, 1/2 pain distribués par <strong><strong>de</strong>s</strong> détenus accompagnés<br />

d'un surveillant. Avec toujours le piétinement <strong><strong>de</strong>s</strong> pieds, le cliquetis <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> et le claquement <strong><strong>de</strong>s</strong> portes qui<br />

résonnent et résonneront toute la journée, creux et lugubres comme <strong><strong>de</strong>s</strong> voix dans une caverne.<br />

8h.1/4. Promena<strong>de</strong> - aujourd'hui, j'y vais - Une cour <strong>de</strong> 9 pas sur 20. Des murs <strong>de</strong> 4 mètres <strong>de</strong> haut.<br />

Derrière ce mur, un passage <strong>de</strong> ron<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5 mètres puis un <strong>de</strong>uxième mur <strong>de</strong> 5 mètres environ. Au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus, une<br />

enfila<strong>de</strong> <strong>de</strong> toits et 6 antennes <strong>de</strong> télé. Sur la droite, le soleil levant qui caresse un clocheton et les cimes <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

arbres <strong>de</strong> l'avenue, les feuilles, les oiseaux. La liberté. La majorité <strong>de</strong> ceux qui prennent l'air tournent<br />

inlassablement, fixant le sol ou discutant à mi voix. Comme je m'y attendais, Jean s'est arrêté, au fond, dans<br />

l'angle gauche, le seul endroit frappé et chauffé par le soleil et tient conférence. Un aréopage très<br />

certainement d'apprentis casseurs l'écoute attentivement.<br />

Rentré dans notre domaine, n'ayant pas le courage <strong>de</strong> reprendre les lectures habituelles, j'ouvre le<br />

dictionnaire <strong>de</strong> rimes qu'on m'a prêté et décortique les règles <strong>de</strong> la poésie classique qui, au début, y sont<br />

clairement exposées.<br />

Lorsque je les ai bien saisies et apprises par coeur, je m'entraîne en noircissant consciencieusement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pages et <strong><strong>de</strong>s</strong> pages que je déchire et confie au tout à l'égout grâce à la chasse d'eau... C'est plus duraille que je<br />

ne le pensais.<br />

25 avril<br />

A 11 heures, on vient prévenir Bertrand qu'il sort l'après midi. Il n'a pas mangé et ne tient plus en place. Il<br />

nous laisse tout : TSF, pull-over, rasoir, une douzaine <strong>de</strong> livres, <strong><strong>de</strong>s</strong> bics, un bloc <strong>de</strong> papier et son jeu<br />

d'échecs. Même son briquet. Et lui, le faux dur, s'écrie "Quelle va être heureuse, ma gosse. Je vais enfin<br />

pouvoir aller la voir."<br />

Il ne nous en avait jamais parlé.<br />

26 avril.<br />

Hier soir, un nouveau est arrivé. Nous n'avons pas été tranquilles bien longtemps et, pour comble <strong>de</strong><br />

malheur, ce qu'il empeste <strong><strong>de</strong>s</strong> pieds ! Une infection. Avant <strong>de</strong> sortir nos affaires, comme j'étais assis à côté <strong>de</strong><br />

ses chaussures, j'ai dû me lever et aller lire un peu plus loin.<br />

Nous avons parlé d'o<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> WC qui refoulent et nous avons ouvert la fenêtre. Il n'a pas l'air d'avoir<br />

compris. Il est vrai, c'est sa propre o<strong>de</strong>ur, il vit avec et ne la sent certainement plus comme nous-mêmes nous<br />

ne sentons plus l'o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> renfermé et <strong>de</strong> moisi qui imprègne la cellule et toutes nos affaires. <strong><strong>Le</strong>s</strong> nègres<br />

sentent fort, d'accord, répète Jean, mais ici ça ne sent même pas le nègre vivant, ça empeste le nègre mort.<br />

Celle, toutefois, <strong>de</strong> notre nouvel ami dépasse les limites du tolérable.<br />

Dès 8 h. le cirque habituel pour tout nouveau commence : empreinte, visite médicale, douche, coiffeur.<br />

Même habillé, ce qu'il sent mauvais ! Nous attendons son retour avec impatience espérant que la douche et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> chaussettes propres atténueront son o<strong>de</strong>ur.<br />

Espoir en partie déçu : ils auraient dû lui donner <strong>de</strong> nouvelles chaussures !<br />

<strong>Le</strong> calvaire, pourtant, ne fait que commencer : dès son retour, il ouvre la bouche et parle. Il parle, il parle,<br />

il parle. Pour nous, peut-être, mais surtout pour lui, ponctuant toutes les 2 ou 3 phrases par "c'est chaud !"<br />

"Ça va être chaud" ce qui n'a rien à voir avec ce qu'il dit mais qui nous saoule et nous abrutit littéralement.<br />

Nous qui nous étions déjà arrangés pour pouvoir arrêter la radio afin d'avoir un peu <strong>de</strong> calme ! Entendre<br />

RTL toute la journée c'était déjà rasoir et nous avions trouvé le moyen <strong>de</strong> débrancher un fil du haut parleur


mais lui fermer le bec, nous ne savons vraiment pas comment faire.<br />

32<br />

27 avril<br />

8h.1/2 Ouf ! On est venu chercher notre empoisonneur qui est muté au service général où il va travailler<br />

comme peintre. Salaire : 1 franc par jour !<br />

Une heure plus tard, un nouveau se présente. Une vraie face <strong>de</strong> brute. Quasimodo ! me glisse Jean. En fait,<br />

c'est un rustre, presque illettré, mais avec toutes les caractéristiques du brave gars.<br />

J'essaie alors <strong>de</strong> lire un livre laissé par Bertrand, un roman d'un certain Vercors sur <strong><strong>de</strong>s</strong> souvenirs<br />

inconsistants <strong>de</strong> la guerre 39/40 ; c'est triste et pénible comme un discours <strong>de</strong> Marchais. Je capitule et j'essaie<br />

les autres, une collection dite "<strong>de</strong> l'étrange".<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> faits racontés sont étranges, en effet, mais passionnant. J'ai cru un moment qu'il s'agissait <strong>de</strong> fictions<br />

mais ce n'en est pas ; ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités mais combien bizarres et, à premier abord, incompréhensibles. J'en<br />

est rarement entendu parlé, pratiquement pas même. A moins que je ne me trompe, madame Courtois, à<br />

l'école, ne nous en a jamais fait la moindre allusion. Je ne m'en souviens absolument pas. Pourtant, cela existe<br />

et ça m'en bouche un coin.<br />

Je me le <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : Pourquoi n'en parle-t-on pas ?<br />

<br />

Au Pérou, à cent kilomètres au sud <strong>de</strong> Lima, dans la baie <strong>de</strong> Prisco, sur une haute colline, face à la mer, un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sin représentant un tri<strong>de</strong>nt ou un chan<strong>de</strong>lier est gravé dans le sable ocre et fin avec, en surface, du gravier<br />

violet.<br />

Formé par <strong>de</strong> simples tranchées creusées dans le sable, Il mesure cent quatre vingt trois mètres <strong>de</strong> long et<br />

la barre transversale est exactement à cent mètres du sommet. <strong>Le</strong> fossé central a cinq mètres <strong>de</strong> large au fond,<br />

six mètres à l'extérieur avec une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> soixante centimètres environ.<br />

Par qui et comment ce chef-d'œuvre a-t-il pu être réalisé, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles <strong>de</strong> cela alors que rien ne s'est<br />

effacé malgré les vents violents qui soufflent sur la région ?<br />

D'après les calculs <strong>de</strong> datation effectués, cette oeuvre aurait été réalisée <strong>de</strong>ux à trois siècles av. J.-C., au<br />

moment où, au Moyen-Orient, le peuple israélite se désagrégeait... Que se passa-t-il donc, il y a un peu plus<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille ans? Ou au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux mille ans ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> conquistadores, au 16 ème siècle, l'appelèrent le "signe miraculeux <strong><strong>de</strong>s</strong> trois croix". Actuellement, on le<br />

nomme "le chan<strong>de</strong>lier <strong><strong>de</strong>s</strong> An<strong><strong>de</strong>s</strong>".<br />

Il n'est visible que du ciel et <strong>de</strong> la baie, soit avec un recul <strong>de</strong> quatre cents à cinq cents mètres. De près<br />

comme en haute mer, il est indéfinissable.<br />

Toutes sortes d'hypothèses ont été émises : un calculateur <strong>de</strong> marées? un sismographe ? un poteau<br />

indicateur ?<br />

Mais pour qui ?<br />

Il est impensable qu'il s'agisse d'un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin gratuit.<br />

Un fait surprend : si on le prolonge sur la carte par son axe central, la ligne obtenue passe par Thiahuanaco<br />

et le lac Titicaca là où, selon la tradition inca, Oréjona, la déesse aux quatre doigts et au crâne allongé en pain<br />

<strong>de</strong> sucre, débarqua "d'un astronef aussi brillant que le soleil".<br />

Cette ligne traverse également ICA où un certain docteur Cabrera aurait collectionné <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong><br />

pierres gravées trouvées dans la pampa et à Nazca.<br />

NAZCA ! Un plateau désertique <strong>de</strong> moyenne altitu<strong>de</strong> entrecoupé <strong>de</strong> vallées et <strong>de</strong> collines, traversé par la<br />

route panaméricaine Lima-Valparaiso et appelé "la pampa <strong>de</strong> Nazca". Vue d'avion, elle ressemble à un<br />

gigantesque terrain d'atterrissage avec <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes rigoureusement droites qui se croisent, escaladant les crêtes<br />

et les ravins. Comme le chan<strong>de</strong>lier <strong><strong>de</strong>s</strong> An<strong><strong>de</strong>s</strong>, elles sont uniquement creusées dans la pierraille et le sable, sur<br />

<strong>de</strong> telles distances qu'en avion, à mille mètres d'altitu<strong>de</strong>, on n'en distingue pas la fin.<br />

S'il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> arrondis, ils sont tracés nettement avec une précision surprenante. <strong>Le</strong> désordre<br />

incompréhensible <strong>de</strong> ces lignes ne peut être qu'apparent et, donc, voulu. Cet ensemble inconcevablement


33<br />

immense, indiscernable <strong>de</strong> près, semblerait irréalisable même en notre 20 ème siècle. Il est indubitablement<br />

conçu pour être vu d'en haut.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces "pistes", une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins magnifiquement stylisés et, proportionnellement, tout<br />

aussi immenses, jalonnent le terrain ne se découvrant également qu'en altitu<strong>de</strong>.<br />

Un condor long <strong>de</strong> quatre cents mètres, les ailes déployées sur cent quatre vingt mètres ; une araignée <strong>de</strong><br />

trente mètres avec huit pattes ; un homme avec son lama ; une cible <strong>de</strong> cinq cercles ; un singe <strong>de</strong> cent mètres<br />

environ avec ses longs bras et sa queue en tire-bouchon ; une sirène avec sa tête <strong>de</strong> femme et sa queue <strong>de</strong><br />

poisson ; un perroquet <strong>de</strong> cinquante mètres <strong>de</strong> long ; un colibri au long bec ; une fleur à six pétales ; <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

serpents, <strong><strong>de</strong>s</strong> sauriens, <strong><strong>de</strong>s</strong> poissons... et <strong>de</strong>ux personnages très distincts avec <strong><strong>de</strong>s</strong> coiffures rayonnant un peu<br />

comme les couvre-chefs en plumes <strong><strong>de</strong>s</strong> chefs peaux rouges.<br />

Quiconque en a vu les photos ne peut que les admirer. Chaque <strong><strong>de</strong>s</strong>sin est stylisé avec une telle perfection<br />

qu'il ne peut avoir été réalisé que par <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits surdoués. Pour obtenir une telle précision, un architecte<br />

actuel <strong>de</strong>vrait au moins opérer par hélicoptère.<br />

Et comment ces <strong><strong>de</strong>s</strong>sins ont-ils pu, comme le chan<strong>de</strong>lier <strong><strong>de</strong>s</strong> An<strong><strong>de</strong>s</strong>, résister aux vents et aux tempêtes ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> services photographiques du ministère <strong>de</strong> l'air du Pérou et Skylab2 ont effectué <strong><strong>de</strong>s</strong> relevés précis <strong>de</strong><br />

ces <strong><strong>de</strong>s</strong>sins.<br />

Indéniablement, ce ne peut être le fruit du seul hasard.<br />

Mais par qui, pour qui et pour quoi ?<br />

D'autres figures tracées dans le paysage existent en bien d'autres endroits.<br />

Au Chili, dans la vallée <strong>de</strong> Lluta et la sierra Unica du désert d'Atacama, se trouvent <strong><strong>de</strong>s</strong>sinés, avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pierres, à flanc <strong>de</strong> montagne, <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux, <strong><strong>de</strong>s</strong> cercles, <strong><strong>de</strong>s</strong> spirales et même un homme volant ainsi qu'un<br />

géant <strong>de</strong> cent vingt mètres <strong>de</strong> haut.<br />

En Amérique du Nord, en Californie, en plein désert, trois groupes <strong>de</strong> figures d'hommes et d'animaux dont<br />

la plus gran<strong>de</strong> mesure cinquante et un mètres <strong>de</strong> haut, ne peuvent également être visibles qu'en altitu<strong>de</strong>.<br />

En Angleterre, dans le Dorset, "le géant <strong>de</strong> Cene" mesure cinquante cinq mètres et arbore un phallus<br />

dressé <strong>de</strong> neuf mètres... Un second, dans le Sussex, mesure soixante et onze mètres...<br />

*****<br />

Mais cela n'est rien à côté <strong><strong>de</strong>s</strong> pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> d'Egypte. De celles-là, tu en as déjà entendu vaguement parler<br />

mais je suis certain que tu n'avais jamais pensé qu'elles étaient aussi remarquables.<br />

Elles sont si gigantesques et si incompréhensiblement bien conçues que, même avec les moyens techniques<br />

dont nous disposons, on serait presque incapables <strong>de</strong> les réaliser. Où trouver <strong>de</strong>ux cent à trois cent mille<br />

ouvriers, plusieurs millions <strong>de</strong> mètres cubes <strong>de</strong> pierres taillées à la perfection et <strong><strong>de</strong>s</strong> centaines milliards <strong>de</strong><br />

francs ?<br />

Keops pèse six millions <strong>de</strong> tonnes. <strong><strong>Le</strong>s</strong> blocs y sont assemblés sans ciment avec une telle précision qu'un<br />

horloger armé <strong>de</strong> sa loupe ne ferait pas mieux.<br />

Un bloc, dans un temple voisin, a été mesuré : un peu plus <strong>de</strong> cent soixante dix mètres cubes et, à peu<br />

près, cinq cents tonnes<br />

Bonaparte a calculé qu'avec les pierres <strong><strong>de</strong>s</strong> trois pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong>, on pourrait construire autour <strong>de</strong> la France, un<br />

mur <strong>de</strong> un mètre cinquante <strong>de</strong> haut et <strong>de</strong> un mètre d'épaisseur.<br />

Kéops, en particulier, déconcerte les savants.<br />

Elle est située exactement à la base du <strong>de</strong>lta et l'une <strong>de</strong> ses diagonales divise le <strong>de</strong>lta en <strong>de</strong>ux secteurs<br />

strictement égaux. Sa face d'entrée est située exactement au nord géométrique.<br />

- <strong>Le</strong> circuit <strong>de</strong> base est <strong>de</strong> 36.524 pouces alors que, bizarrement, l'année se compose <strong>de</strong> 365,24 jours -<br />

qu'on compense par les années bissextiles.<br />

- <strong>Le</strong> méridien <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> traverse le maximum <strong>de</strong> terres et <strong>de</strong> mers et sépare en <strong>de</strong>ux parties<br />

absolument égales les terres habitées du mon<strong>de</strong> entier.<br />

- L'addition <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre côtés (931,22) divisée par <strong>de</strong>ux fois l'axe vertical (148,208 x 2) donne exactement<br />

le fameux facteur Pi "3,1416" que nous ne connaissons aussi précisément que <strong>de</strong>puis peu.


34<br />

La "coudée pyramidale" dite aussi "coudée sacrée" <strong><strong>de</strong>s</strong> hébreux est <strong>de</strong> 0,635660 mètre... Or, au début<br />

du 20 ème siècle, on a calculé que le rayon polaire serait <strong>de</strong> 6.356.718 mètres..., exactement la coudée<br />

pyramidale multipliée par dix millions.<br />

- Au début du siècle, les spécialistes du mon<strong>de</strong> entier fixèrent la distance <strong>de</strong> la terre au soleil à 149.400.000<br />

kilomètres. La hauteur <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> multipliée par un million donne 148.208... Et si c'était la bonne distance<br />

?<br />

- <strong>Le</strong> pouce pyramidal multiplié par un milliard donne la distance parcourue par la terre sur son orbite en un<br />

jour <strong>de</strong> vingt quatre heures et la longueur <strong>de</strong> l'antichambre multipliée par Pi (3,1416) donne 365,242, c'est à<br />

dire la durée précise <strong>de</strong> l'année que, pourtant, les grecs et les romains ignoraient...<br />

<strong>Le</strong> hasard ? Ce n'est pas possible. Tant <strong>de</strong> similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> ne peuvent être acci<strong>de</strong>ntelles. Alors, par qui, pour<br />

qui et pour quoi une telle réalisation a-t-elle pu être conçue et réalisée il y a plusieurs millénaires ?<br />

28 avril<br />

Notre nouveau "commensal", comme dit pompeusement jean, s'adapte très bien. Il a peu d'instruction et ne<br />

semble pas vouloir en augmenter sa mini-dose mais il est on ne peut plus gentil. De lui-même, à la fin du<br />

repas, il débarrasse la table et commence la vaisselle. <strong>Le</strong> matin, avant qu'on ait pu parler, il prend le balai puis<br />

lave le carrelage.<br />

Il est là tout aussi bêtement. Condamné à 4 mois avec sursis, il n'a pas payé son amen<strong>de</strong>. Il a donc été<br />

condamné à 3 mois supplémentaires cette année. Il les a faits mais, comme il n'avait pas payé son amen<strong>de</strong>, sa<br />

première condamnation n'a pas été amnistiée. <strong>Le</strong> sursis est tombé et le voilà <strong>de</strong> nouveau en cellule.<br />

Théoriquement, il n'aurait, paraît-il, qu'à payer son amen<strong>de</strong> pour rentrer chez lui. Jean lui rédige une lettre<br />

pour le procureur.<br />

Quel avantage que l'instruction ! Lui ne lit pas. A mon avis, il ne doit pas savoir lire ou très peu. Il vient<br />

d'écrire une lettre à l'un <strong>de</strong> ses copains, c'est illisible. J'ai même déchiré l'enveloppe pour recopier l'adresse<br />

sinon elle ne serait jamais arrivée. Puis j'ai recommencé la lettre qui aurait très certainement été bloquée à la<br />

censure.<br />

Toutes les lettres, au départ comme à l'arrivée, sont lues et, parfois, interdites. Lorsqu'elles ont été<br />

contrôlées, le maton <strong>de</strong> service y appose non le mot "censure" mais le <strong><strong>de</strong>s</strong>sin d'une petite colombe... Ça fait<br />

mieux et c'est plus bucolique.<br />

*****<br />

14 h. <strong>Le</strong> cliquetis <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> s'est arrêté <strong>de</strong>vant notre cellule, la clef claque, la porte grince et s'ouvre.<br />

- Grivelot, préparez-vous ! Voici vos affaires. Juge d'instruction dans une <strong>de</strong>mi-heure.<br />

Je me rase et, pendant ce temps là, <strong>de</strong>ux matons pénètrent dans la cellule puis effectuent une fouille<br />

imprévue mais complète avec sondage <strong><strong>de</strong>s</strong> barreaux.<br />

Avant <strong>de</strong> sortir, <strong>de</strong>uxième fouille individuelle cette fois-ci. J'aurai droit à une nouvelle fouille à mon retour.<br />

Ma parole, ils sont complètement fous !<br />

Aujourd'hui, <strong>de</strong> plus, j'ai droit à un gendarme dit "chef <strong>de</strong> patrouille", grand, maigre, grisonnant et à la voix<br />

cassante. Pas un sourire. Avec une voiture cellulaire grillagée. Ce <strong>de</strong>vrait être démoralisant mais, cet aprèsmidi,<br />

je n'ai absolument pas envie <strong>de</strong> me laisser démoraliser ?<br />

Au tribunal, le même scénario se renouvelle. La même pièce accueillante et qui sent bon, le même juge<br />

souriant, la même secrétaire figée sur sa machine, le même petit jeunot d'avocat.<br />

"C'est le premier entretien d'une série parfois longue", m'explique gentiment Maître <strong>Le</strong>blond. <strong>Le</strong> premier,<br />

me dis-je, plus d'un mois après ! A quand donc le <strong>de</strong>rnier ? Mais je me tais. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> seulement si l'on a<br />

retrouvé les <strong>de</strong>ux militaires.<br />

- Pas la moindre trace ! me confirme le juge.<br />

Je me dis qu'il n'y croit même pas. <strong><strong>Le</strong>s</strong> cherchent-ils seulement ?<br />

L'interrogatoire du jour est simple : Je dois raconter ma vie "afin qu'il me comprenne". Aujourd'hui, il<br />

tombe bien car je suis dans un état second euphorique ; je m'en fous, mais je m'en fous littéralement ; alors je<br />

lui raconte sans hésiter et sans rien cacher, ce que peut être la vie d'un enfant <strong>de</strong> l'assistance heureusement


35<br />

choyé par <strong><strong>de</strong>s</strong> parents adoptifs pauvres, trop pauvres mais sensationnels dans leur pauvreté. Comme à<br />

confesse. Il a dû en avoir pour son argent.<br />

A mon retour, Jean est surpris par mon sourire et ma bonne humeur. Je lui explique ; il me répond :<br />

- Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> cons, que veux-tu ! Sors les conserves ? Ça s'arrose.<br />

Nous sortons donc du placard la réserve <strong>de</strong> pain et, <strong>de</strong> la fenêtre, les <strong>de</strong>ux bocaux dissimulés le mieux<br />

possible à l'extérieur et au frais. Il s'agit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux bouteilles en plastique que Jean a coupées et sur lesquelles il<br />

a rabattu le goulot comme un couvercle. Dans l'une, il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> oignons coupés dans du vinaigre ; dans l'autre,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> oignons coupés dans <strong>de</strong> l'huile avec un peu <strong>de</strong> sel. <strong>Le</strong> nec plus ultra (encore un mot <strong>de</strong> Jean) <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gourmets que nous sommes, qui nous change <strong>de</strong> la "sala<strong>de</strong> niçoise du prisonnier" : un morceau <strong>de</strong> pain et un<br />

gros oignon trempé sans macération dans un peu d'huile ce qui l'adoucit un petit peu.<br />

Même Quasimodo se régale.<br />

Pour terminer, un bon café bien chaud confectionné au nez et à la barbe <strong>de</strong> notre maton dont nous<br />

surveillons l'approche éventuelle d'ailleurs facilement décelable grâce au cliquetis <strong>de</strong> ses <strong>clefs</strong> et à sa discrétion<br />

d'hippopotame en charge...<br />

Pour cela, Jean assemble le "toto" <strong>de</strong> sa fabrication dont les pièces sont soigneusement démontées puis<br />

cachées après chaque utilisation : 2 bouts <strong>de</strong> fil électrique, 2 morceaux <strong>de</strong> couvercle <strong>de</strong> boîte <strong>de</strong> ricoré serrés<br />

par un élastique et séparés par une gomme pour les isoler ce qui forme une résistance qui, plongée dans un<br />

bol d'eau la chauffe très rapi<strong>de</strong>ment. Une petite merveille bien sympathique qui nous permet d'oublier notre<br />

solitu<strong>de</strong>, le soir, lorsqu'il fait un peu trop froid et humi<strong>de</strong>.<br />

*****<br />

La captivité semble développer le réflexe débrouillard <strong><strong>de</strong>s</strong> détenus. C'est ainsi que certains dont le pécule<br />

est à sec ou presque, ramassent les enveloppes usagées, décollent les timbres oblitérés avec <strong>de</strong> la mie <strong>de</strong> pain<br />

récupérant <strong>de</strong> cette façon la colle, enlèvent l'oblitération dans un bain d'urine et les réutilisent. Si la colle<br />

refuse <strong>de</strong> faire son travail, ils la remplacent par un peu <strong>de</strong> pâte <strong>de</strong>ntifrice...<br />

De même, pour transmettre un liqui<strong>de</strong>, ils en imprègnent une serviette qu'ils laissent sécher. Ça ne sent<br />

rien. Ils la font circuler et celui qui la reçoit n'a plus qu'à la tremper dans un peu d'eau et la tordre. Elle<br />

restitue, avec le peu d'eau utilisée, le liqui<strong>de</strong> d'origine...<br />

<strong>Le</strong> toto démonté et camouflé, Jean sort le jeu d'échecs et nous nous acharnons sans voir passer le temps.<br />

Baignant dans une douce euphorie, je pousse le plaisir jusqu'à le laisser gagner car il a horreur <strong>de</strong> perdre.<br />

Je reprendrai mes livres <strong>de</strong>main.<br />

29 Avril<br />

Un livre exaltant sur l'île <strong>de</strong> Pâques dont j'avais déjà entendu parler et qui se trouve dans l'océan Pacifique,<br />

à l'ouest du Chili dont elle fait partie.<br />

Elle s'appelait Matakiterani ou Te Pito No Te Hénua et fut découverte par un Hollandais, Roggeween, en<br />

1722. Il la baptisa Pâques en hommage à la fête qui précéda sa découverte.<br />

Différents bateaux accostèrent ensuite et, pour la honte <strong>de</strong> notre civilisation, ce ne furent, chaque fois, que<br />

fusilla<strong><strong>de</strong>s</strong> et massacres.<br />

Lorsqu'en 1963, la goélette "Favorite" accosta et débarqua frère Eugène Eyraud qui convertit les<br />

survivants par son courage et sa gentillesse, il restait à peine six cents personnes sur les cinq mille habitants<br />

environ que l'île <strong>de</strong>vait compter.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> savants qui en conservaient la tradition locale, avaient été exterminés.<br />

Seules les légen<strong><strong>de</strong>s</strong> recueillies parmi les anciens dévoilent un peu <strong>de</strong> leur passé mais elles posent <strong>de</strong><br />

nombreux points d'interrogation. Elles parlent encore, par exemple, avec une telle précision, <strong><strong>de</strong>s</strong> terres <strong>de</strong><br />

l'Antarctique qui sont actuellement sous les glaces et que nous ne connaissons que <strong>de</strong>puis peu, que cela<br />

semble inconcevable.<br />

Mais cela n'est rien par rapport à l'île elle-même.<br />

Ile volcanique, elle est truffée <strong>de</strong> centaines <strong>de</strong> grottes, d'environ <strong>de</strong>ux cent quarante plates-formes <strong>de</strong> pierre


36<br />

appelées Ahu avec <strong><strong>de</strong>s</strong> statues à tous les sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> leur fabrication. Sur l'ensemble <strong>de</strong> l'île, se trouvent ainsi<br />

plus d'un millier <strong>de</strong> statues, tantôt <strong>de</strong>bout, tantôt couchées mais, à l'origine, toutes statues géantes défiant<br />

l'enten<strong>de</strong>ment, fermement dressées sur le sol <strong>de</strong> l'île.<br />

Aux pieds d'un atelier colossal situé dans les flancs du volcan Rano Raraku, à <strong>de</strong>mi ensevelis maintenant,<br />

<strong>de</strong>ux cent soixante seize géants tournent le dos à la mer et regar<strong>de</strong>nt les villages qu'ils semblent protéger.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> statues <strong>de</strong> huit à dix mètres <strong>de</strong> long sur trois à cinq mètres <strong>de</strong> large sont courantes. La plus imposante<br />

parmi celles découvertes, mesure vingt <strong>de</strong>ux mètres, soit l'équivalent d'un immeuble <strong>de</strong> sept étages. La tête et<br />

le cou mesurent sept mètres <strong>de</strong> long sur trois mètres <strong>de</strong> large. <strong>Le</strong> nez trois mètres quarante et le corps treize<br />

mètres.. La statue pèse cinquante tonnes !<br />

Comment ont-ils pu les déplacer et les ériger ?<br />

Elles ont été sculptées dans les carrières <strong><strong>de</strong>s</strong> volcans, dans une roche volcanique assez fragile ; or celles qui<br />

sont terminées, qui ont été déplacées et mises en place, ne portent aucune trace d'une quelconque rayure<br />

occasionnée par leur déplacement. Même absence <strong>de</strong> rayure le long <strong><strong>de</strong>s</strong> pentes <strong><strong>de</strong>s</strong> terrains constitués <strong>de</strong> laves<br />

craquelées qu'elles auraient traversés, certaines sur plusieurs kilomètres.<br />

De plus, lorsqu'elles étaient enfin dressées sur le sol, il leur était posé sur la tête une coiffure <strong>de</strong> pierre<br />

rouge, <strong>de</strong> dimension en rapport, qu'il fallait hisser parfois à plus <strong>de</strong> dix mètres!...<br />

<strong>Le</strong>urs orbites étaient creusées avant leur mise en place. Lorsqu'elles étaient installées et coiffées <strong>de</strong> leur<br />

chapeau, avait lieu la cérémonie <strong>de</strong> "l'ouverture <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux" qui leur donnait vie et les chargeait <strong>de</strong> "mana", ce<br />

pouvoir magique qui leur permettait <strong>de</strong> veiller sur l'île.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> indigènes disent : "<strong><strong>Le</strong>s</strong> statues avançaient <strong>de</strong>bout, en tournant en <strong>de</strong>mi-cercle sur leur base ron<strong>de</strong>."<br />

Ah !... Mais, si cela est vrai, quelle force en était capable ?<br />

D'autant plus que, d'après les outils retrouvés, cette civilisation n'en était, théoriquement, qu'à l'âge <strong>de</strong> la<br />

pierre polie... Théoriquement...<br />

Et puis, autre dilemme, l'île <strong>de</strong> Pâques, avec ses cinq mille habitants environ, ne peut être comparée à<br />

l'Égypte capable <strong>de</strong> mobiliser <strong><strong>de</strong>s</strong> dizaines <strong>de</strong> milliers d'esclaves...<br />

D'après les récits obtenus à grand peine <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens, il y aurait eu, à l'origine, <strong>de</strong>ux races : les Hanau Eepe<br />

ou "longues oreilles" qui commandaient les Hanau Momoko ou "petites oreilles"<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> longues oreilles - très certainement les sculpteurs - furent massacrées par les petites oreilles, plus<br />

faibles mais bien plus nombreuses ce qui expliquerait la disparition <strong>de</strong> cette civilisation alors à son apogée.<br />

Comme pour les Incas et tant d'autres...<br />

Toutes les statues ont <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> oreilles.<br />

Oréjona, mère <strong>de</strong> l'humanité d'après les Incas, qui se permit d'atterrir près du lac Titicaca, n'en avait-elle<br />

pas également ?<br />

Un explorateur, Michel Croce-Spinelli, a remarqué une statue qui n'avait que quatre doigts.<br />

Exactement aussi comme à Thiahuanaco.<br />

Il existe une autre série <strong>de</strong> statues complètement différentes, les "moaï kavakava", représentant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes décharnés, avec goitre et loupe, comme s'ils étaient dégénérés. De taille relativement petite,<br />

sculptées dans le bois, elles semblent aussi anciennes car le bois utilisé <strong>de</strong> "toro miro" possè<strong>de</strong> d'excellentes<br />

qualités. C'est un bois dévitalisé, comme pétrifié, qui peut se conserver presque indéfiniment à l'abri <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cavernes particulièrement sèches.<br />

Que peuvent-elles bien représenter ?<br />

Un mystère est encore plus profond que celui <strong><strong>de</strong>s</strong> statues : celui <strong>de</strong> l'écriture gravée dont on possè<strong>de</strong> une<br />

vingtaine <strong>de</strong> tablettes, une écriture appelée "rongo rongo" qu'on ne trouve nulle part ailleurs et que personne,<br />

à ce jour, n'a encore réussi à déchiffrer.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> érudits qui la connaissaient ayant été massacrés, miss Routledge qui a étudié l'île avec passion, a voulu<br />

interroger, en 1914, les <strong>de</strong>rniers vieillards qui semblaient capables <strong>de</strong> l'interpréter. Ils moururent quelques<br />

jours après... Ce serait une écriture pour eux sacrée qui ne doit être transmise qu'aux seuls initiés.<br />

Que fait-elle donc là, cette écriture inconnue ? Là et uniquement là ?


Ces soi-disant sauvages avaient <strong><strong>de</strong>s</strong> cérémonials qui me plaisent, comme ce conseil que le père pascuan<br />

prodiguait cérémonieusement à son fils lorsque celui-ci se mariait :<br />

"Ne la fais souffrir qu'en lui donnant <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants."<br />

37<br />

30 Avril<br />

La première page ouverte d'un nouveau livre, je tombe sur une nouvelle énigme - décidément, elles me<br />

poursuivent -, celle <strong><strong>de</strong>s</strong> forts vitrifiés.<br />

On en remarque un peu partout en France, en particulier dans la creuse, le Vienne, l'Orne, la Mayenne,<br />

la Bretagne. Certains <strong><strong>de</strong>s</strong> plus typiques, une soixantaine, sont situés en Ecosse : le Craig Phoedrick, Barry<br />

Hill, Castle Spynie, les Cairns vitrifiés <strong><strong>de</strong>s</strong> Orca<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> l'île Sanday. Ils sont parfois immenses tel le Tap<br />

O'North qui comporte <strong><strong>de</strong>s</strong> murs <strong>de</strong> près <strong>de</strong> sept mètres d'épaisseur.<br />

En général, ils se trouvent situés sur un mamelon et leur structure forme un ovale.<br />

A Châteauvieux, dans la Creuse, par exemple, l'enceinte a cent vingt huit mètres <strong>de</strong> longueur axiale. Au<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du rempart épais <strong>de</strong> sept mètres, est construit un mur comprenant <strong>de</strong>ux parois <strong>de</strong> granit et l'espace,<br />

entre les <strong>de</strong>ux parois, est rempli <strong>de</strong> granit fondu, entièrement vitrifié... Alors que le reste ne l'est pas.<br />

Ces forts vitrifiés, d'après les recherches archéologiques effectuées, datent d'au moins trois mille ans.<br />

<strong>Le</strong> fort <strong>de</strong> la Riban<strong>de</strong>lle du Puy <strong>de</strong> Gandy a un périmètre <strong>de</strong> mille cinq cents mètres sur treize hectares.<br />

L'intérieur <strong><strong>de</strong>s</strong> murs est vitrifié sur <strong>de</strong>ux centimètres environ mais par tranche <strong>de</strong> trois mètres <strong>de</strong> longueur<br />

comme si cela avait été régulièrement fractionné...<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> murailles <strong>de</strong> Péran, dans les Côtes d'Armor, semblent ne pas avoir été vitrifiées elle mêmes mais<br />

cimentées par fusion. On les appelle d'ailleurs "<strong><strong>Le</strong>s</strong> Pierres Brûlées".<br />

Comment cette vitrification a-t-elle pu être réalisée, il y a trois millénaires, lorsqu'on sait qu'elle exige une<br />

température d'au moins trois mille à trois mille cinq cents <strong>de</strong>grés ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> théories les plus diverses se sont succédé ; elles se sont toutes avérées irréalisables. La plus<br />

surprenante est celle émise, en 1973, par le drui<strong>de</strong> Coarer-Kalondan qui explique que les forts ont été vitrifiés<br />

au cours <strong>de</strong> batailles entre les "dieux" venus <strong>de</strong> l'espace et utilisant <strong><strong>de</strong>s</strong> lances flammes surpuissants...<br />

Cette explication ne résoudrait toujours pas le problème posé par les parois partiellement vitrifiés entre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

portions <strong>de</strong> parois qui ne le sont pas.<br />

Différentes expériences ont été tentées en Ecosse pour obtenir ce même résultat mais elles ont toutes<br />

avorté..<br />

<br />

En Amérique, au 19 ème siècle, le capitaine Yves William Walker a fait <strong>de</strong> nombreuses découvertes<br />

archéologiques. Dans ses comptes rendus, il précise :<br />

"Tout le pays, entre La Gila et San Juan, est couvert <strong>de</strong> ruines et d'habitations ruinées... <strong><strong>de</strong>s</strong> blocs<br />

vitrifiés attestent le passage, dans ces contrées, d'un fléau terrible... Au centre s'élève un rocher <strong>de</strong> vingt<br />

à trente pieds <strong>de</strong> haut. Il porte <strong><strong>de</strong>s</strong> traces <strong>de</strong> fusion."<br />

Cette contrée a pour nom "Death Valley" ou "Vallée <strong>de</strong> la Mort".<br />

*****<br />

Et les mystérieux mégalithes ?<br />

Ces monument mégalithiques datant, pour certains, <strong>de</strong> près <strong>de</strong> cinq mille ans se rencontrent dans toutes<br />

l'Europe.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> plus impressionnants sont très certainement ceux du crom'lech (du gallois crom-pierre et lech-courbe)<br />

<strong>de</strong> Stonehenge, dans la plaine <strong>de</strong> Salisbury.<br />

D'après les recherches effectuées, la mise en place <strong>de</strong> ce site <strong>de</strong> Stonehenge s'est réalisée en trois étapes.<br />

La première, il y a environ trois mille ans avant notre ère, aurait servi à délimiter le site puis à creuser une<br />

cinquantaine <strong>de</strong> puits, baptisés "puits d'Aubrey" du nom du chercheur qui les a mis à jour. Ce <strong>de</strong>vait être <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tombes car ils contenaient <strong><strong>de</strong>s</strong> ossements humains. C'est également à cette époque que fut érigé l'énorme


38<br />

mégalithe qui semble monter la gar<strong>de</strong> près <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> Stonehenge et qui pèse trente cinq tonnes !<br />

La secon<strong>de</strong> étape se situe mille ans plus tard, soit <strong>de</strong>ux mille ans avant notre ère. Quatre vingt monolithes<br />

supplémentaires furent érigés en <strong>de</strong>mi-cercle. Ils ne pèsent que quatre tonnes mais sont composés d'une roche<br />

bleutée d'origine volcanique que l'on ne trouve qu'à <strong>de</strong>ux cents kilomètres <strong>de</strong> là, au pays <strong>de</strong> Galle.<br />

La <strong>de</strong>rnière étape commença cinq cents ans plus tard. <strong><strong>Le</strong>s</strong> quatre vingt monolithes <strong>de</strong> pierre bleue furent<br />

remplacés par quatre vingt monolithes <strong>de</strong> grès pesant, eux, plus <strong>de</strong> cinquante tonnes et extraits <strong><strong>de</strong>s</strong> carrières<br />

<strong>de</strong> Avery, situées quelques trente kilomètres plus loin ...<br />

<strong>Le</strong> crom'lech d'Avebury, quoique moins complexe, est encore plus important avec ses six cent cinquante<br />

pierres réparties dans un cercle <strong>de</strong> trois cent soixante cinq mètres.<br />

On ne sait toujours pas à quoi servaient ces mystérieux menhirs colossaux ni, surtout, comment, en Gran<strong>de</strong><br />

Bretagne, il y a quatre à cinq mille ans, cela put être, matériellement, réalisé.<br />

D'autant plus que les mégalithes se rencontrent aux quatre coins du globe, en Europe occi<strong>de</strong>ntale, en<br />

Sardaigne, en Corse, sur le littoral africain, en Corée, aux In<strong><strong>de</strong>s</strong>, en Palestine, dans le Caucase sans oublier<br />

l'île <strong>de</strong> Pâques. <strong><strong>Le</strong>s</strong> spécialistes estiment qu'ils sont une bonne centaine <strong>de</strong> mille, trouvant toutefois bizarre que<br />

l'on n'en trouve aucune trace en Arabie, en Asie Mineure et en Chine.<br />

Mégalithe tire son origine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mots grecs : megas-grand et lithos-pierre. Suivant leur forme et les<br />

régions, ils prennent <strong><strong>de</strong>s</strong> noms différents :<br />

Menhir (pierre longue, en breton) ou peulven.<br />

Dolmen (dol-table et men-pierre en breton) ou cibournié dans le Roussillon ; mamara au Portugal ;<br />

hunebed ou lit <strong>de</strong> géant en Hollan<strong>de</strong> ; chambertomb en Angleterre. Il existe <strong><strong>de</strong>s</strong> "dolmens à coupole" appelés<br />

bories en Haute Provence.<br />

L'alignement à Carnac appelé Do-Ring au Tibet.<br />

<strong>Le</strong> ciste en forme <strong>de</strong> coffre et le cairn en amas <strong>de</strong> cailloux formant <strong><strong>de</strong>s</strong> tumulus appelés gagal, mot<br />

d'origine hébraïque (gal-tas <strong>de</strong> pierres et Galgala-nom du lieu où Josué dressa douze pierres monumentales).<br />

Ces gagals sont appelés mounds ou barrows en Angleterre.<br />

Carnac est un site <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grandioses comprenant trois mille monolithes divisés en alignements successifs<br />

sur près <strong>de</strong> quatre kilomètres.<br />

Kerzerho (Er<strong>de</strong>ven) comprend mille cent vingt neuf menhirs alignés sur un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux kilomètres.<br />

Il est inutile <strong>de</strong> préciser que l'on n'en a pas encore découvert les significations exactes malgré les multiples<br />

suppositions émises : observatoires <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à calculer les mouvements, le cycle et les éclipses <strong>de</strong> la lune ;<br />

représentation zodiacale ; représentation du cosmos par le symbole du serpent ; <strong>de</strong> la déesse mère<br />

accompagnée d'une évocation phallique...<br />

Nombre d'entre eux furent malheureusement et stupi<strong>de</strong>ment abattus et mis en pièces par l'Église comme<br />

résurgence <strong><strong>de</strong>s</strong> rites païens - en 1900, le curé <strong>de</strong> Louisfert, dans la Loire Atlantique, fit détruire tous les<br />

mégalithes <strong>de</strong> sa paroisse et l'évêché <strong>de</strong> Cahors en avait fait <strong>de</strong> même dans sa région -, par les <strong>chasseur</strong>s <strong>de</strong><br />

trésors et les fanatiques d'antiquités qui, au 19 ème siècle pensaient y découvrir <strong><strong>de</strong>s</strong> fortunes cachées, puis, plus<br />

récemment, par les savants qui démolissaient inutilement pour "rechercher" les <strong>clefs</strong> <strong>de</strong> l'énigme.<br />

Je reste dans l'énorme et me transporte à Baalbek.<br />

Baalbek que les Romains et les Grecs appelaient "Héliopolis" ou "Cité du Soleil" est entourée d'un<br />

prodigieux ensemble <strong>de</strong> temples. L'un d'eux, le temple <strong>de</strong> Jupiter est un véritable colosse entouré <strong>de</strong> cinquante<br />

quatre colonnes titanesques qui en constituent l'élément principal. Mais, sous ce temple, en assurant la<br />

stabilité, se trouve, sur plus <strong>de</strong> quatre hectares et <strong>de</strong>mi, une immense plate-forme "la gran<strong>de</strong> terrasse"<br />

comportant plus <strong>de</strong> pierres que la gran<strong>de</strong> pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gizeh, <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres parfaitement taillées et ajustées sans<br />

le moindre soupçon <strong>de</strong> mortier. En <strong>de</strong>ux mille ans, elle ne s'est pas affaissée d'un millimètre.<br />

L'un <strong><strong>de</strong>s</strong> murs <strong>de</strong> soutènement comporte trois blocs <strong>de</strong> pierre pesant chacun six cents tonnes ! Six cents<br />

tonnes ! Qui ont dû être transportés sur près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux kilomètres ! Et qui, plus est, durent être soulevés <strong>de</strong> six<br />

mètres environ pour être mis en place !<br />

Comment cela a-t-il été possible ? Serait-ce même possible actuellement ?<br />

Pour compléter ces énigmes, un quatrième bloc fut abandonné après avoir été taillé. Il mesure vingt <strong>de</strong>ux


mètres <strong>de</strong> haut et mérite le record du plus gros monolithe connu à ce jour : un peu plus <strong>de</strong> mille cent tonnes !<br />

L'inimaginable <strong>de</strong>venu réalité !<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> "Bolas Gran<strong><strong>de</strong>s</strong>" du sud du Costa Rica constituent, tout aussi pareillement, un point d'interrogation<br />

qui n'est pas près <strong>de</strong> s'effacer.<br />

39<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Bolas sont <strong><strong>de</strong>s</strong> boules sculptées presque à la perfection dans un granite particulièrement dur, pouvant<br />

mesurer plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres cinquante <strong>de</strong> diamètre et peser un peu plus <strong>de</strong> seize tonnes. Une boule <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

mètres <strong>de</strong> diamètre, par exemple, ne comporte qu'une marge d'erreur d'à peine un centimètre. Et elles datent<br />

<strong>de</strong> mille six cents ans !<br />

Comment firent-ils et comment les transportèrent-ils, puisqu'il n'y a aucun gisement <strong>de</strong> ce granit sur place ?<br />

Plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents Bolas ont été mises à jour. Elles sont donc infiniment plus nombreuses étant donné les<br />

dégradations qui ont pu être causées par les intempéries, le vandalisme et les engins mo<strong>de</strong>rnes qui passent et<br />

repassent sans grand respect pour ce qu'ils foulent...<br />

*****<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Bolas Gran<strong><strong>de</strong>s</strong> m'amènent à la civilisation Maya dont les constructions titanesques sont désertées et<br />

tombent en ruines en pleine jungle, une civilisation qui disparut on ne sait ni comment ni pourquoi et dont les<br />

autochtones semblent tout ignorer.<br />

Tikal, au Guatemala, est une <strong>de</strong> leurs quatre plus importantes villes avec Copán au Honduras, Palenque et<br />

Uxmal au Mexique. Elle s'étendait sur dix kilomètres carrés, comprenait <strong>de</strong> gigantesques temples-pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> à<br />

gradins et plus <strong>de</strong> trois mille constructions pour une population estimée, d'après le résultat <strong><strong>de</strong>s</strong> fouilles, à<br />

cinquante mille habitants.<br />

<strong>Le</strong>ur art était à ce point consommé qu'on a retrouvé <strong>de</strong>ux têtes <strong>de</strong> mort taillés à la perfection dans du<br />

cristal pur. Elles sont conservées au British Muséum <strong>de</strong> Londres.<br />

L'apogée <strong>de</strong> leur histoire se situe entre le septième et le neuvième siècle <strong>de</strong> notre ère.<br />

Comment une civilisation aussi brillante a-t-elle pu disparaître aussi rapi<strong>de</strong>ment, y compris dans le souvenir<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> aborigènes ?<br />

*****<br />

De l'Amérique Centrale, je <strong><strong>de</strong>s</strong>cends en Bolivie, à Thiahuanaco.<br />

Située près du lac Titicaca, à près <strong>de</strong> trois mille huit cent quarante mètres d'altitu<strong>de</strong>, Thiahuanaco <strong>de</strong>meure<br />

la cité du mystère par excellence.<br />

D'après les ruines retrouvées, elle <strong>de</strong>vait comprendre environ quarante mille habitants qui commencèrent à<br />

édifier, il y a trois mille ans - bizarrement toujours au moment du déclin d'Israël - une ville qui s'étend sur<br />

quatre cent vingt hectares et reste un modèle d'urbanisme avec un réseau d'égouts non seulement parfaitement<br />

conçu et réalisé mais, actuellement, toujours en état <strong>de</strong> fonctionner. Et ceci à près <strong>de</strong> quatre mille mètres<br />

d'altitu<strong>de</strong>, entre <strong>de</strong>ux chaînes <strong>de</strong> montagne.<br />

Comme pour les mayas, l'apogée <strong>de</strong> la civilisation <strong>de</strong> Thiahuanaco se situe aux environs <strong>de</strong> notre 9 ème<br />

siècle. Elle disparut tout aussi mystérieusement. Lorsque les espagnols arrivèrent, les autochtones furent<br />

incapables d'en fournir le moindre renseignement.<br />

La religion était fondée sur le culte du soleil. <strong>Le</strong> temple du soleil était construit <strong>de</strong> pierres colossales pesant<br />

jusqu'à cent cinquante tonnes. La "Porte du soleil", "puerta <strong>de</strong>l sol", est un énorme bloc <strong>de</strong> pierre dressé et<br />

orné <strong>de</strong> fresques si bizarres qu'elles laissent le champ libre à toutes les suppositions. D'après les recherches<br />

effectuées, les carrières se trouvaient à une distance allant <strong>de</strong> dix à plus <strong>de</strong> quatre vingt kilomètres. Comment<br />

ont-ils donc pu les transporter ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> légen<strong><strong>de</strong>s</strong> indiennes disent qu'un magicien les déplaçait au son d'une trompette...<br />

*****<br />

Non loin <strong>de</strong> là, un peu plus au Nord, au Pérou, à <strong>de</strong>ux mille mètres d'altitu<strong>de</strong>, se trouvent les ruines en<br />

assez bon état, d'une ancienne cité inca, Machu Pichu. On y rencontre, entre autres, <strong>de</strong> hautes tours sans


40<br />

aucune ouverture si ce n'est à leurs sommets comme si leurs occupants s'y introduisaient par les airs. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

aborigènes les appellent "les Chambres <strong><strong>de</strong>s</strong> Hommes Volants".<br />

<strong>Le</strong> plus surprenant, c'est que ces tours pour le moins bizarres se rencontrent également à Zimbabwe.<br />

Zimbabwe, située en Rhodésie du sud, a été découverte en 1868 par Adam Ren<strong>de</strong>rs. <strong><strong>Le</strong>s</strong> fouilles<br />

entreprises en 1906 révélèrent qu'il s'agissait d'une cité cyclopéenne très ancienne et très riche qui fut la<br />

capitale d'un empire africain ce dont on ne se serait jamais douté dans cette contrée perdue au coeur <strong>de</strong><br />

l'Afrique noire.<br />

Parmi les ruines, on découvre <strong><strong>de</strong>s</strong> tours sans ouverture sauf au sommet, avec une particularité<br />

architecturale bien spécifique : les bords en sont arrondis et non à angles vifs.<br />

A quoi pouvaient-elles bien servir ? Et quel rapport pouvait-il exister entre <strong>de</strong>ux régions si éloignées l'une<br />

<strong>de</strong> l'autre ?<br />

1er mai<br />

L'administration pénitencière a le don d'ironiser : nous allons, nous, les non-travailleurs forcés, profiter <strong>de</strong><br />

la fête du travail : repas amélioré avec vin et <strong><strong>de</strong>s</strong>sert. On nous distribue même un mini colis comprenant<br />

quelques friandises, <strong><strong>de</strong>s</strong> gâteaux, 1 tablette <strong>de</strong> chocolat et 1 paquet <strong>de</strong> cigarettes. De la part <strong>de</strong> la Croix<br />

Rouge, paraît-il.<br />

Ceux qui le pouvaient avaient la possibilité <strong>de</strong> se faire envoyer un colis <strong>de</strong> victuailles sous réserve que la<br />

charcuterie soit coupée ainsi que la vian<strong>de</strong> et les gâteaux ; on ne sait jamais ce qui pourrait s'y glisser ! Jean<br />

qui ne loupe aucune <strong>de</strong> ces occasions, vient <strong>de</strong> recevoir un colis <strong>de</strong> sa tante arrivé la veille - le colis, pas la<br />

tante... Nous allons faire bombance ! "Mieux que chez Luculus", va-t-il encore nous dire.<br />

Je ne sais comment le remercier <strong>de</strong> sa prévenance et <strong>de</strong> son amabilité. Si je conserve le moral et réussis à<br />

ne pas perdre mon temps c'est, je crois, grâce à lui. Certes, il est orgueilleux, vantard, superficiel, ne vivant<br />

que d'escroquerie ce dont il ne se cache pas et trouvant, dans le jeunot inexpérimenté que je suis, l'occasion<br />

<strong>de</strong> faire valoir sa soi-disant gran<strong>de</strong> supériorité ; cela n'enlève rien à son altruisme momentané.<br />

Je crois que les responsables <strong>de</strong> la prison s'en sont rendu compte sinon il y a longtemps que nous serions<br />

séparés.<br />

Jean n'a rien d'un apollon ; il n'est ni bancal ni affreux, c'est un jeune homme "passe partout" quoique<br />

impeccablement vêtu avec <strong><strong>de</strong>s</strong> habits signés, <strong>de</strong> haute couture. Des cheveux noirs parfaitement peignés... bien<br />

qu'il soit chauve : sa perruque est si bien adaptée qu'à son arrivée, personne ne s'en est aperçu. Comme il la<br />

retire chaque soir avant <strong>de</strong> se coucher, je vois d'ici l'effarement du maton qui, pendant sa ron<strong>de</strong> nocturne,<br />

remarqua par l'oeilleton <strong>de</strong> la porte, un crâne inconnu, lisse et brillant. Il eut droit, le len<strong>de</strong>main - Jean, pas le<br />

maton - à une nouvelle séance <strong>de</strong> photographie afin <strong>de</strong> rectifier sa fiche signalétique.<br />

Il m'a enseigné les échecs et les astuces qui permettent au prisonnier d'agrémenter sa solitu<strong>de</strong>. Il m'a<br />

enseigné également ce qui fait la force d'un parfait escroc catalogué <strong>de</strong> "col blanc" et le différencie du simple<br />

voleur. J'avoue que je m'en serait bien passé.<br />

J'ai remarqué que le voleur n'aime pas "le col blanc" qu'il considère comme un lâche alors que, lui, prend<br />

continuellement <strong><strong>de</strong>s</strong> risques physiques. <strong>Le</strong> col blanc, par contre, méprise le voleur : ils ne sont pas du même<br />

mon<strong>de</strong>...<br />

Par amusement, je note quelques uns <strong>de</strong> ses conseils :<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> chèques sans provisions établis, bien entendu, à d'autres noms, c'est <strong>de</strong> l'or et ça ne pose aucun<br />

problème si on les utilise avec un minimum <strong>de</strong> précautions. Ne prends, lorsque c'est possible, enseigne le<br />

maître, que <strong><strong>de</strong>s</strong> chèques CCP cet organisme se renseignant moins sur les crédits et le passif bancaire...<br />

...Lorsque tu es à court <strong>de</strong> carte d'i<strong>de</strong>ntité, remplace-la, éventuellement, par une carte <strong>de</strong> donneur <strong>de</strong><br />

sang. C'est bleu, blanc, rouge ; il y a un cachet, une photo unique dont l'organisme ne conserve pas le<br />

double ; à l'émission, on ne vérifie ni le nom, ni l'adresse. Cela suffit chez la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> commerçants. J'ai<br />

même ouvert avec, affirme-t-il, <strong><strong>de</strong>s</strong> comptes en banque...<br />

De toute façon, ça n'a plus grand intérêt car on peut obtenir un carnet <strong>de</strong> chèques avec la carte d'i<strong>de</strong>ntité<br />

correspondante pour 1.000 francs.<br />

Il me donne l'adresse que je note puis jette dans les toilettes car ça ne m'intéresse pas et je ne tiens pas à


41<br />

être pris avec...<br />

... Tu n'achètes, au besoin qu'une carte d'i<strong>de</strong>ntité, en choisissant un nom non fiché à la banque <strong>de</strong> France<br />

- sans difficulté, après quelques heures <strong>de</strong> discussions arrosées, dans un café -, tu prends une adresse <strong>de</strong><br />

transition dans un meublé, les fiches nominatives étant maintenant supprimées et, avec un petit versement,<br />

tu ouvres un compte dans plusieurs banques du secteur. Dès que tu as perçu les chéquiers, tu changes<br />

d'adresse. Remplis surtout les chèques en caractères d'imprimerie. <strong><strong>Le</strong>s</strong> empreintes ne sont pas à craindre<br />

car les chèques sont manipulés trop <strong>de</strong> fois...<br />

... L'hôtel ? Choisis un trois étoiles ne faisant pas partie d'une chaîne, avec une chambre au rez <strong>de</strong><br />

chaussée, sur l'arrière...<br />

...Si tu as <strong>de</strong> l'argent à planquer, surtout ni en France ni en Suisse. A Bruxelles. Voici comment et quand<br />

tu dois passer, quelle banque contacter après avoir pris une domiciliation en ville. Adresse toi, pour cela, à<br />

- je prends l'adresse et la jette également dans les WC - qui acceptera sans difficulté pour une dépense<br />

minime....Si tu veux, pour une affaire, paraître un chef <strong>de</strong> famille respectable sans mouiller les tiens, va à<br />

Paris, rue...., chez... C'est un bal fréquenté par les boniches qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu'à se faire embarquer. Un<br />

peu <strong>de</strong> luxe, du bluff et c'est gagné...<br />

...Lorsque tu sortiras, ne te tracasse pas. Tu peux te procurer, sans histoire, en quelques jours, au moins<br />

10.000 francs sur le dos <strong><strong>de</strong>s</strong> PTT. C'est très simple : va te procurer 2 chéquiers et 2 cartes d'i<strong>de</strong>ntité comme<br />

je te l'ai dit. Tu repères les bureaux <strong>de</strong> poste, à Paris. <strong>Le</strong> samedi matin, tu les fais tous en t'envoyant, avec<br />

un <strong><strong>de</strong>s</strong> chéquiers, un mandat ne dépassant pas 1.000 francs et le lundi, tu passes les encaisser. Aucun soucis<br />

à te faire, jusque 1.000 francs, les chèques ne sont pas contrôlés et les postiers ne peuvent se recouper<br />

pendant le week-end...<br />

Etc. etc.<br />

En ce domaine, il est intarissable.<br />

C'est, je crois, le véritable escroc. "Tiré à 4 épingles", il présente bien. Il a une bonne éducation et, beau<br />

parleur, montre une instruction au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la moyenne même si elle est surfaite.<br />

Il parle beaucoup car "il sait". Il sait d'autant plus que son auditoire, lui, ne sait rien.<br />

Il a tout fait, même s'il invente et réinvente ou met à son actif ce qu'il a lu dans quelques magazines ou<br />

romans. Ainsi, il se déclare licencié es lettres ; je doute fort qu'il le soit. Il aurait fait partie <strong><strong>de</strong>s</strong> commandos<br />

réalisant <strong><strong>de</strong>s</strong> exercices à vous faire frémir... dont j'ai lu la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription ensuite, par hasard, dans un roman sur la<br />

<strong>de</strong>rnière guerre ; il avait dû le lire aussi.<br />

Il dévore, chaque semaine, "Point <strong>de</strong> Vue et Images du Mon<strong>de</strong>" rêvant <strong>de</strong> princes et <strong>de</strong> princesses et se<br />

scandalise du clochard et <strong>de</strong> la midinette. De la racaille et <strong>de</strong> la basse caste.<br />

Et il ment. En prison comme à l'extérieur, il se complaît dans le mensonge. Il aime tromper son vis à vis, ne<br />

vivant que d'expédiants sans aucun souci d'honnêteté. J'ai été écoeuré par certaines <strong>de</strong> ses roueries dont il m'a<br />

fait le récit avec une fierté non feinte.<br />

Il n'a d'amis qu'en fonction <strong>de</strong> ce que ces amis peuvent lui rapporter. Il les trompera sans aucune hésitation<br />

si cela lui est utile. Un fieffé menteur, hypocrite et pourri d'orgueil. La vérité, c'est ce qu'il pense ; le bien, ce<br />

qu'il aime.<br />

Tout cela parce qu'il lui faut <strong>de</strong> l'argent, beaucoup d'argent, toujours plus d'argent et <strong>de</strong> confort.<br />

C'est pourquoi je crois que les délinquants coupables <strong>de</strong> délits passionnels sont en partie récupérables. Ils<br />

accepteraient <strong>de</strong> travailler donc <strong>de</strong> se recycler. Par contre, les escrocs - toujours - et les voleurs - très<br />

rapi<strong>de</strong>ment - sont irrécupérables car ils sont obsédés par l'argent, l'argent facile, et ne veulent pas, ne veulent<br />

plus travailler. De ce fait, ne serait-ce que pour subsister, ils recommenceront.<br />

Une anecdote le confirme <strong>de</strong> façon amusante : Jean se déclare athée et ne voulait pas entendre parler <strong>de</strong><br />

l'aumônier qui, lui, faisait tout son possible pour le rencontrer. Un jour, Jean accepta <strong>de</strong> le voir. Il revint <strong>de</strong><br />

l'entretien absolument hilare.<br />

- Si vous aviez vu la gueule <strong>de</strong> l'abbé ! Heu.reux ! Il sait que je peux être sauvé car, en partant, je lui ai<br />

dit : "N'ayez pas peur, mon père, j'ai compris."<br />

Il se tordait littéralement <strong>de</strong> rire.


42<br />

- N'ayez pas peur non plus, les gars, je n'ai pas menti. J'ai vraiment compris : la prochaine fois, ils ne<br />

m'auront pas.<br />

Hormis son moi égoïste, il n'a donc aucune conscience. Mauvais joueur, il triche et n'accepte pas <strong>de</strong> perdre<br />

comme il n'accepte pas l'effort. Aux échecs, par exemple, si je gagne plusieurs parties <strong>de</strong> suite, sa mauvaise<br />

humeur apparaît et se transforme rapi<strong>de</strong>ment en rage incontrôlée. Alors, je ne peux pas faire autrement que <strong>de</strong><br />

perdre.<br />

Comme dit le proverbe : "il est trop bon pour être honnête." Je suis certain qu'à la première occasion, il me<br />

roulerait sans hésitation ni remords. Et il a très certainement <strong><strong>de</strong>s</strong> projets en tête. Je dois pouvoir lui être utile.<br />

A le voir et l'écouter, il est impavi<strong>de</strong> mais ce n'est qu'une faça<strong>de</strong>. Au fond <strong>de</strong> lui-même, il vivait hanté par<br />

la peur.<br />

Un jour, je l'aperçus assis sur le bord <strong>de</strong> son lit, les cou<strong><strong>de</strong>s</strong> sur les genoux et la tête dans ses mains,<br />

semblant rayonner d'un bonheur que je ne lui connaissais pas. Il me répéta :<br />

<strong>Le</strong> calme et la sécurité ! Tu ne peux pas savoir comme je suis presque heureux d'être incarcéré. Car,<br />

vois-tu, le pire, dans la vie d'un hors la loi, c'est la peur, l'angoisse d'être découvert. La hantise <strong>de</strong> l'attente.<br />

Nous ne savons plus ce que c'est que la tranquillité <strong>de</strong> l'esprit. Même à l'hôtel. On sursaute au moindre bruit<br />

apparemment normal : le matin, le voisin qui bouge, sort, va au WC et s'arrête avant d'entrer... Un client -<br />

cela m'est arrivé - qui se trompe <strong>de</strong> chambre et qui ferraille dans la serrure qui n'est pas la sienne...<br />

Je me souviens même, un matin, j'étais à l'hôtel, une voiture <strong>de</strong> police s'arrête et <strong><strong>de</strong>s</strong> policiers entrent.<br />

C'était pour moi. J'en étais sûr. Je me faufile alors par la fenêtre, abandonnant tout. Je me blottis quelques<br />

instants dans le café d'en face puis me précipite dans une agence <strong>de</strong> voyage, prends un billet d'avion, bloque<br />

un taxi et fonce à l'aéroport. Là, j'apprends qu'il y a grève et 24 heures d'attente. 24 heures <strong>de</strong> cauchemar.<br />

Chaque homme en gabardine, sans valise ni serviette, augmentait ma terreur. Je contournais les kiosques,<br />

me cachant, autant que possible <strong>de</strong>rrière <strong><strong>de</strong>s</strong> journaux. Je ne me mis à revivre qu'en montant dans l'avion.<br />

Tout cet affolement pour rien. J'ai su, le len<strong>de</strong>main, que cela ne me concernait absolument pas.<br />

On arrive alors à tout surveiller. Avant d'entrer dans un hôtel, j'arrêtais et garais ma voiture bien à<br />

l'écart, je m'approchais à pieds, j'allais boire un café ou un apéritif au bistrot le plus proche afin <strong>de</strong><br />

surveiller la porte. Et je n'entrais qu'après, l'air le plus détaché possible.<br />

La peur nous fait payer très cher le confort et la liberté.<br />

3-4-5 mai<br />

<strong>Le</strong> globe entier semble enveloppé <strong>de</strong> mystères et votre pays ne fait pas exception. J'avais entendu parler<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> grottes <strong>de</strong> Lascaux, mais je n'en connaissais rien <strong>de</strong> bien précis. Je n'avais jamais vu les <strong><strong>de</strong>s</strong>sins et les<br />

graphismes qui datent du magdalénien, c'est à dire d'il y a quinze à vingt mille ans et qui sont fantastiques.<br />

La grotte <strong>de</strong> Lascaux, en Dordogne, a été découverte en 1940 par un petit garçon qui courait après son<br />

chien et ne se doutait pas <strong><strong>de</strong>s</strong> merveilles qu'elle contenait. Ses galeries sur plus <strong>de</strong> quatre vingt dix mètres <strong>de</strong><br />

parois peintes <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux côtés, comportent soixante cinq scènes d'animaux gran<strong>de</strong>ur nature, en pleine action,<br />

soit près <strong>de</strong> six cents peintures, mille cinq cents gravures sur pierre ainsi qu'une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins.<br />

La richesse <strong><strong>de</strong>s</strong> techniques et le rendu <strong><strong>de</strong>s</strong> détails est impressionnant.<br />

Un cheval magnifiquement stylisé est une pure merveille.<br />

A Lussac, on peut admirer un homme au crâne chauve, avec moustache et barbiche, comme vêtu d'une<br />

robe <strong>de</strong> chambre et chaussé, qui ressemble à un orateur ou un prof. Egalement une <strong>de</strong>moiselle bien peignée, à<br />

l'oeil vif et aux traits fins, habillée, coiffée et chaussée.<br />

Ces <strong><strong>de</strong>s</strong>sins dont on ne peut nier l'authenticité sont réalisés par <strong><strong>de</strong>s</strong> artistes possédant un sens prodigieux<br />

<strong>de</strong> l'observation et du mouvement ainsi qu'un tour <strong>de</strong> main d'une parfaite maîtrise. N'est-ce pas le signe d'une<br />

gran<strong>de</strong> intelligence ?<br />

Pourtant, si on croit ce qu'on enseigne dans les écoles, l'homme, à cette époque, n'était qu'un primitif<br />

barbare aux trois quarts sauvage, une brute sachant tout juste lancer une pierre ou brandir une massue et<br />

vivant dans <strong><strong>de</strong>s</strong> cavernes parce qu'incapable <strong>de</strong> construire une hutte...<br />

Or, en plus <strong>de</strong> leurs qualités artistiques, certains <strong><strong>de</strong>s</strong>sins sont réalisés avec <strong><strong>de</strong>s</strong> bâtons <strong>de</strong> peroxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer et


43<br />

<strong>de</strong> manganèse que nous ne connaissons que <strong>de</strong>puis le début du siècle. <strong><strong>Le</strong>s</strong> crinières <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux sont comme<br />

peintes au pistolet par pulvérisation <strong>de</strong> couleurs. Certains <strong><strong>de</strong>s</strong>sins, même, obtiennent leur effet maximum par<br />

un jeu d'ombres et <strong>de</strong> lumières dû à l'utilisation judicieux du relief <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres...<br />

Et puis, comment s'éclairaient-ils ? Des torches ou <strong><strong>de</strong>s</strong> feux auraient laissé <strong><strong>de</strong>s</strong> traces. Il n'y en a pas, tout<br />

est dénué <strong>de</strong> trace <strong>de</strong> fumée ou <strong>de</strong> suie. Pourtant l'EDF n'existait pas encore... même sous un autre nom... ou<br />

alors ?...<br />

Ces artistes tout en finesse, civilement vêtus sans la peau <strong>de</strong> bête <strong><strong>de</strong>s</strong> manuels scolaires, qui se sont<br />

montrés <strong><strong>de</strong>s</strong> "manuels débrouillards", n'étaient donc pas capables <strong>de</strong> construire un mur ainsi qu'une maison<br />

avec un toit et une clôture ? Et d'évoluer en quelques mille ou <strong>de</strong>ux mille ans ?<br />

Or, ces grottes ne font pas exception :<br />

Rien que dans le Périgord, outre Lascaux, on peut admirer les bisons et les mammouths <strong>de</strong> La Grèze, le<br />

saumon <strong>de</strong> l'Abri du Poisson, les rennes et les bouquetins <strong>de</strong> La Mouthe, le taureau <strong>de</strong> Bara-Bahau, le cheval<br />

au galop <strong>de</strong> Villars, le "sorcier" <strong>de</strong> Saint Cirq, les rennes, les chevaux, les bisons, les mammouths <strong>de</strong> Font <strong>de</strong><br />

Gaume, les <strong>de</strong>ux cent vingt six figures dont cent cinquante mammouths <strong>de</strong> Rouffignac, le lionne <strong>de</strong><br />

Combarelles, les animaux sculptés <strong>de</strong> Cap Blanc.<br />

Dans l'Ariège, le "salon noir" recouvert <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins au trait noir <strong>de</strong> Niaux, les peintures bi-chromes et les<br />

mo<strong>de</strong>lages d'argile <strong>de</strong> Be<strong>de</strong>ilhac, la profusion d'ours, <strong>de</strong> rhinocéros et <strong>de</strong> mammouths utilisant les reliefs<br />

naturels <strong><strong>de</strong>s</strong> parois du Mas d'Azil, la "frise <strong><strong>de</strong>s</strong> félins", l'os gravé représentant une lionne et le "lissoir aux<br />

lions" <strong>de</strong> La Vache...<br />

Pour ne citer que les principales grottes <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux régions françaises car plus d'une centaine, en France<br />

comme en Espagne (où plus <strong>de</strong> cinquante sont recensées), furent découvertes et authentifiées <strong>de</strong>puis moins<br />

d'un siècle, toutes aussi anciennes, c'est à dire datant au moins du magdalénien sinon, pour certaines, un peu<br />

plus vieilles encore comme La Mouthe ou La Grèze datant respectivement du gravettien (vingt mille ans) et<br />

<strong>de</strong> l'aurignacien (vingt <strong>de</strong>ux mille ans environ).<br />

On en découvre, d’ailleurs, régulièrement, <strong>de</strong> nouvelles toutes aussi riches d’un art alors insoupçonnable.<br />

Certaines découvertes récemment sont encore plus anciennes.<br />

Comment cela, à cette époque, était-il possible ? Quelle civilisation pouvait en être capable ? Des hommes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> cavernes ? Allons donc !<br />

<strong>Le</strong>urs œuvres sont là, donc ils ont existé. C'est indéniable !<br />

Alors ? Que sont-ils <strong>de</strong>venus ?<br />

Glozel, un hameau <strong>de</strong> Ferrières, dans l'Allier, pose un problème différent car il ne s'agit plus <strong>de</strong> peintures ni<br />

<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sins mais d'objets datant également du Magdalénien. Et, parmi ces objets, <strong><strong>de</strong>s</strong> tablettes couvertes<br />

d’inscriptions et d'une écriture inconnue plus ancienne que toutes celles alors découvertes, ce qui détruisait<br />

les théories émises par les scientifiques.<br />

La découverte en fut faite le 1er mars 1924 par Emile Fradin, un jeune agriculteur. Un paysan, donc un<br />

ignare ! Pensez donc... <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> dit scientifique se ligua contre lui. Il fut aussitôt traité <strong>de</strong> faussaire mais il<br />

était têtu ce qui déclencha une guerre qui dura soixante ans. Tous les coups furent permis : chantage, faux<br />

témoignages, attaque en correctionnelle pour frau<strong>de</strong> et escroquerie, lettres anonymes, faux télégrammes...<br />

Jusqu'à ce que quatre instituts français et étrangers, en 1974, procè<strong>de</strong>nt à une datation par<br />

thermoluminescence et énoncent un verdict sans appel : les tablettes sont authentiques ! La date en serait plus<br />

récente que prévu, aux environs <strong>de</strong> mille à mille cinq cents ans avant notre ère. Certains objets, par contre,<br />

datent bien <strong>de</strong> cinq à six mille ans avant J.-C<br />

En 1990, Emile Fradin, enfin récompensé, recevait les palmes académiques.<br />

A quoi correspon<strong>de</strong>nt donc ces signes mystérieux dont certains ressemblent étrangement à nos C - H - I - J<br />

- K - L - O - T - V - W - X ? A quel alphabet encore inexpliqué et trouvé en plein centre <strong>de</strong> la France ?<br />

A quelle civilisation, à quelle survivance <strong>de</strong> civilisation correspon<strong>de</strong>nt-ils ?<br />

*****<br />

Et Vénus, cette planète que les anciens vénéraient que ce soit au Moyen Orient, aux Amériques ou dans<br />

les îles perdues du Pacifique, qu'est-elle exactement ? Quels surprises vous réservent les satellites qui, bientôt,


44<br />

l'exploreront ? Car, il y a cinq mille ans, environ, elle ne se trouvait pas dans votre système planétaire.<br />

De source certaine, notre système solaire comprend, actuellement, la terre et cinq planètes : Saturne, Mars,<br />

Jupiter, Mercure et Vénus.<br />

Tout le mon<strong>de</strong> sait également que les hindous étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> astronomes exceptionnels. Or, au 18 ème siècle, on<br />

eut connaissance <strong>de</strong> documents appelés 'Tables <strong>de</strong> Tirvalour" dans lesquels ils expliquaient qu'à l'âge <strong>de</strong><br />

Caliogam, il y eut une conjonction <strong>de</strong> toutes les planètes. <strong>Le</strong>urs indications étaient si précises que la date<br />

exacte en a été calculée : le 16 février 3.102 avant Jésus Christ, à 2 h. 27' 30" du matin, soit il y a un peu plus<br />

<strong>de</strong> cinq mille ans.<br />

Ils y précisent qu'ils ont vu toutes les planètes se dégager successivement <strong><strong>de</strong>s</strong> rayons du soleil ; d'abord<br />

Saturne, ensuite Mars puis Jupiter et Mercure. Ils ne parlent pas <strong>de</strong> Vénus. Ils ont pourtant bien spécifié :<br />

toutes les planètes. Comment auraient-ils pu oublier Vénus alors qu'elle est la plus brillante ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Babyloniens étaient aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> astronomes éminents mais leurs archives connues, à cette même époque,<br />

parlent également <strong>de</strong> quatre planètes et non <strong>de</strong> cinq. <strong>Le</strong>urs prières, d'ailleurs, à Babylone, imploraient Saturne,<br />

Jupiter, Mars et Mercure mais pas Vénus. Et, dans les textes anciens, ils la désignent comme "la gran<strong>de</strong><br />

étoile qui se joignit aux gran<strong><strong>de</strong>s</strong> étoiles".<br />

Au Mexique, les traditions content que "le grand serpent <strong>de</strong> feu <strong>de</strong> Quezalcoatl attaqua le soleil et<br />

l'obscurité se fit pendant quatre jours. Ensuite le grand serpent se métamorphosa et <strong>de</strong>vint une radieuse<br />

étoile, Vénus". En Amérique du sud, d'après les Incas, Oréjona, une femme à la tête en forme <strong>de</strong> cône,<br />

possédant <strong>de</strong> longues oreilles et <strong><strong>de</strong>s</strong> mains palmées à quatre doigts, serait apparue sur l'île du Soleil du lac<br />

Titicaca, venant <strong>de</strong> Vénus sur un astronef plus brillant que le soleil.<br />

Même aux îles Samoa, les indigènes racontent que Vénus a eu "une course sauvage" et que <strong><strong>de</strong>s</strong> cornes lui<br />

poussaient sur la tête.<br />

Trop <strong>de</strong> concordances se succè<strong>de</strong>nt pour que ces faits ne représentent pas une réalité qui nous échappe.<br />

Il y a donc cinq mille ans environ, la planète Vénus s'est jointe à votre système solaire. D'où venait-elle et,<br />

surtout, comment cette intrusion se passa-t-elle car les perturbations ainsi occasionnées eurent <strong><strong>de</strong>s</strong> effets<br />

terriblement dévastateurs sur la planète.<br />

A quels récits bibliques et mythologiques cela correspond-il ?<br />

*****<br />

La terre, paraît-il, subit un tel bouleversement qu'elle pivota sur elle-même. Car, un jour, le Nord fut au<br />

Sud et le Sud au Nord. Rien que ça !<br />

<strong>Le</strong> papyrus égyptien "Harris" explique qu'à la suite d'un cataclysme par l'eau et le feu, le Sud <strong>de</strong>vint le<br />

Nord et la terre se retourna.<br />

Dans un autre papyrus "Ypuwer", on peut lire :<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> est tourné à l'envers comme une roue <strong>de</strong> potier et la terre se retourne.<br />

De même dans le papyrus "Ermitage" qui se trouve au musée <strong>de</strong> <strong>Le</strong>ningrad, il est écrit : "le mon<strong>de</strong> s'est<br />

retourné".<br />

Hérodote et Platon en parlent ainsi que divers textes chinois et hindous.<br />

Quand, comment et pourquoi ?<br />

*****<br />

Aussi surprenant que cela paraisse, ce n'est que du passé, mais certaines que je me sens obligé <strong>de</strong> noter,<br />

celle du sarcophage d'Arles, dans les Pyrénées Orientales et celle du Triangle <strong><strong>de</strong>s</strong> Bermu<strong><strong>de</strong>s</strong> - entre la Flori<strong>de</strong>,<br />

les Bermu<strong><strong>de</strong>s</strong> et Porto Rico, elles, sont bien actuelles et n'ont toujours pas été élucidées. On en parle peu.<br />

Pour le commun <strong><strong>de</strong>s</strong> mortels, c'est un peu comme une légen<strong>de</strong>, au même titre que celle du monstre du Loch<br />

Ness qui réapparaît, chaque été, lorsque les journalistes sont en mal <strong>de</strong> copie. Ce ne sont malheureusement<br />

pas <strong><strong>de</strong>s</strong> légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, avec leurs conséquences tragiques qu'on essaie d'oublier.<br />

Bien que le sarcophage, situé à Arles, dans la cour <strong>de</strong> l'abbaye, soit en marbre <strong>de</strong> dix centimètres<br />

d'épaisseur environ, que le couvercle fût scellé par <strong><strong>de</strong>s</strong> crampons <strong>de</strong> fer, qu'il soit isolé du sol par <strong>de</strong>ux blocs<br />

<strong>de</strong> pierre, une eau d'une parfaite pureté s'en écoule régulièrement. Sa capacité ne dépasse pas <strong>de</strong>ux cent trente


45<br />

litres alors qu'on y puise cinq à six cents litres par an...<br />

Il ne fut à sec qu'en 1794 lorsqu'on enleva les reliques <strong>de</strong> saint Abdon et <strong>de</strong> saint Sennen qui s'y trouvaient.<br />

On les y replaça et l'eau se remit à couler... avec d'autant plus d'abondance que le temps était sec.<br />

En 1911, une somme <strong>de</strong> mille francs or fut déposée chez le notaire pour récompenser celui qui trouverait<br />

la solution <strong>de</strong> ce mystère.<br />

L'eau s'écoule constamment et régulièrement et les mille francs or atten<strong>de</strong>nt toujours à la Caisse <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Dépôts et Consignations <strong>de</strong> Perpignan...<br />

En ce qui concerne le Triangles <strong><strong>de</strong>s</strong> Bermu<strong><strong>de</strong>s</strong>, pendant les seuls trente années qui ont suivi la <strong>de</strong>uxième<br />

guerre mondiale, plus <strong>de</strong> trente six avions, cinquante bateaux et même un sous-marin atomique se sont<br />

littéralement évaporés, sans aucune raison apparente alors qu'aucune épave, aucun corps n'ont été retrouvés.<br />

Et les drames s'y succè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>puis...<br />

En général, les catastrophes ont lieu après la panne complète <strong><strong>de</strong>s</strong> appareils <strong>de</strong> bord, <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes<br />

visuels curieux et inexplicables ou l'observation <strong>de</strong> drôles <strong>de</strong> lueurs aussi bien dans les airs que sous le niveau<br />

<strong>de</strong> l'océan.<br />

L'attention en avait été attirée tout spécialement, en 1918, lorsque le Cyclope, un navire charbonnier <strong>de</strong> la<br />

marine américaine disparut ainsi mystérieusement, avec ses trois cent huit hommes d'équipage et le consul<br />

général Alfred Gottschalk.<br />

La disparition la plus frappante fut, en 1945, celle <strong>de</strong> cinq avions torpilleurs équipés d'appareils<br />

sophistiqués qui partirent <strong>de</strong> Fort Lau<strong>de</strong>rdale, en Flori<strong>de</strong>. Au bout d'une heure et <strong>de</strong>mie <strong>de</strong> vol, le lieutenant<br />

Charles G. Taylor signale qu'ils ne réussissent plus à se repérer et qu'ils ne peuvent plus distinguer la surface<br />

<strong>de</strong> l'océan. Ils reçoivent alors l'ordre <strong>de</strong> se diriger vers l'ouest. L'officier répond à la tour <strong>de</strong> contrôle : "Nous<br />

ne savons pas où est l'ouest. Tout est faussé." Puis les liaisons radio sont interrompues. <strong><strong>Le</strong>s</strong> Américains<br />

envoient aussitôt un gros hydravion bimoteur pour les secourir. Il disparaît à son tour. <strong><strong>Le</strong>s</strong> six avions, avec<br />

leurs vingt sept hommes d'équipages, se sont évanouis sans qu'il puisse y avoir la moindre explication, ni sur<br />

le moment, ni plus tard.<br />

Certains réussissent, bien involontairement à s'en sortir in<strong>de</strong>mnes après avoir vécu <strong><strong>de</strong>s</strong> événements<br />

stupéfiants. Ainsi, Chuck Wakely, en 1972, alors qu'il vole au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> cette région, voit brusquement les<br />

ailes <strong>de</strong> son avion <strong>de</strong>venir transluci<strong><strong>de</strong>s</strong> puis, presque aussitôt, une lueur inon<strong>de</strong>r l'habitacle, et son appareil<br />

changer <strong>de</strong> direction sans qu'il soit intervenu personnellement...<br />

Une autre région située dans le Pacifique, entre le Japon et les îles Bonin, présente les mêmes<br />

caractéristiques. Elle a été surnommée "la mer du Diable". Une légen<strong>de</strong> japonaise prétend qu'un royaume où<br />

le temps s'est arrêté se trouve en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous...<br />

- Sacrée planète ! Sacrée terre ! Quand sera-t-elle comprise, notre mère la terre dont nous sommes issus<br />

? Car elle non plus, ne serait-elle pas vivante ? Certains l'affirment : N'est-ce pas elle, développement<br />

complexe d'un plasma originel, qui a mis en gestation puis engendré les règnes qui se sont succédés, du<br />

minéral à l'animal suprême, Gaia, la terre mère, nourricière universelle ?<br />

Comment se fait-il, disent-ils, que toutes les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> civilisations se soient développées non dans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

plaines vertes et giboyeuses, mais sur <strong><strong>de</strong>s</strong> zones <strong>de</strong> fractures terrestres et <strong>de</strong> tremblements <strong>de</strong> terre,<br />

montagnes ou déserts ? Y compris les civilisations disparues comme celle <strong><strong>de</strong>s</strong> Incas et <strong><strong>de</strong>s</strong> Mayas, sur la<br />

Cordillère <strong><strong>de</strong>s</strong> An<strong><strong>de</strong>s</strong> ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> courants telluriques, hydro-telluriques ou électro-telluriques, ne seraient-ils pas,<br />

en fait, une <strong>de</strong> ses forces vivantes ? i<br />

6 mai<br />

Quasimodo nous a quittés. Moins d'un quart d'heure plus tard, il était remplacé et le contraste fut saisissant<br />

car le nouvel arrivant semble être sorti d'un défilé <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> : grand, brun, svelte, mo<strong>de</strong>lé à l'Apollon, avec une<br />

moustache aristocratique et un léger accent méridional, le type parfait du légendaire dandy quelque peu<br />

maquereau. Et souteneur, il l'est réellement.<br />

Sympa en plus.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> présentations, avec un semblant <strong>de</strong> sourire <strong>de</strong> franche complicité, furent faites cérémonieusement :<br />

Jacky Francescini, PDG d'une société humanitaire pour le bonheur <strong><strong>de</strong>s</strong> mâles ; Jean Châtelain, légendaire


46<br />

chevalier d'industrie ; Michel Grivelot, tristement soupçonné d'un viol qu'il n'a même pas eu le plaisir <strong>de</strong><br />

commettre.<br />

- Mon pauvre, me dit-il, compatissant. C'est donc toi le plus à plaindre. Rien n'est plus dangereux que<br />

d'être innocent. Ils vont se couper en quatre pour prouver que tu es coupable. Je te souhaite qu'ils n'y<br />

arrivent pas mais, <strong>de</strong> toute façon - je ne veux pas te démoraliser -, ces messieurs prendront leur temps. Bon<br />

sang, dans ces cas là, que c'est long !<br />

*****<br />

<strong>Le</strong> matin, un maton rondouillard gentillet avec qui nous sympathisons, se penche vers Jean et murmure :<br />

"Mazette ! Si vous aviez vu ses bagues, son bracelet, sa montre, ses bijoux ! Un véritable trésor ambulant !"<br />

*****<br />

L'après midi, il nous enseigna l'art et la manière d'appâter, <strong>de</strong> mettre au boulot et <strong>de</strong> contrôler un bétail<br />

humain qui rapporte : 4 à 5 filles, pas plus. Il faut "embobiner" successivement chaque fille choisie pour sa<br />

beauté et sa pauvreté en lui faisant miroiter une vie <strong>de</strong> luxe (grands restaurants, hôtels <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> classe,<br />

toilettes, bijoux) et en lui promettant le mariage "lorsqu'on aura fait suffisamment d'économies pour acheter<br />

un bar somptueux et rentable" et "se caser" ainsi tous <strong>de</strong>ux. Pour économiser, une passe, <strong>de</strong>ux passes... Elles<br />

sont alors prises dans l'engrenage et ne peuvent plus en sortir.<br />

<strong>Le</strong> même scénario se répète quatre ou cinq fois, chaque fille se croyant la favorite et surveillant, <strong>de</strong> ce fait,<br />

les autres qui, pense-t-elle, travaillent, sans le savoir, pour elle. Il vit, dit-il, comme un pacha, avec quatre<br />

filles dont une petite, fine mais jalouse, qu'il préfère et une gran<strong>de</strong> brune aux yeux verts en qui il a toute<br />

confiance. C'est elle qui lui enverra les mandats et le fera sortir.<br />

Je suis écoeuré mais ne le montre pas. C'est purement dégueulasse et mérite, je crois, la pire <strong><strong>de</strong>s</strong> punitions<br />

pour le pire <strong><strong>de</strong>s</strong> crimes.<br />

7 mai<br />

Hier soir, Jacky et Jean qui se sentent <strong><strong>de</strong>s</strong> affinités, ont mo<strong>de</strong>lé <strong><strong>de</strong>s</strong> pièces avec <strong>de</strong> la mie <strong>de</strong> pain et se sont<br />

mis à jouer au poker. Après avoir essayé d'assimiler les paire, brelan, quinte, full et carré, je me suis mêlé à<br />

leurs parties.<br />

Comble <strong>de</strong> stupéfaction, j'ai gagné souvent, très souvent, trop souvent même. Jean, <strong>de</strong> plus en plus furieux,<br />

perdait régulièrement. Je suis presque certain que Jacky s'était aperçu <strong>de</strong> sa mauvaise humeur et s'arrangeait<br />

pour que je gagne sans que je puisse comprendre comment. <strong>Le</strong> couvre feu est arrivé à point car Jean, à bout<br />

<strong>de</strong> nerf, en tremblait <strong>de</strong> rage.<br />

*****<br />

Comme nous sommes vendredi, jour <strong>de</strong> cantine, il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu'il est possible d'obtenir et passe une<br />

comman<strong>de</strong> qui stupéfie le maton. Ne vous en faites pas, les gars, profitons en tous les trois ; quand le pécule<br />

sera fondu, ma gran<strong>de</strong> brune le regonflera.<br />

*****<br />

14h30. Parloir. Maman arrive tout sourire. Elle se veut rassurante. Elle ne manque pas <strong>de</strong> travail, tout au<br />

contraire. A part un léger emphysème, elle se porte bien. Elle me signale qu'elle m'a envoyé un mandat <strong>de</strong> 200<br />

francs. Bien entendu, tout en pensant le contraire, je lui dis que cela n'est pas indispensable et que je peux<br />

facilement m'en passer.<br />

Je lui explique alors ce que je fais et comment j'essaie d'en profiter pour m'instruire. Pas une larme. A peine<br />

un petit tremblement dans la voix lorsque nous nous séparons.<br />

Je me déci<strong>de</strong> donc à écrire à Monsieur et Madame Richard, ce soir, dans mon lit, avant que la nuit ne<br />

tombe. Du moins je risque car la lettre ne passera peut-être pas à la censure.<br />

Madame, Monsieur,<br />

Veuillez m'excuser d'oser vous écrire mais je tenais à vous affirmer l'attachement <strong>de</strong> ma mère et <strong>de</strong> moimême<br />

à votre famille.


47<br />

Des événements malheureux, tragiques même, se sont passés et j'y ai été mêlé mais, croyez-moi, sans<br />

l'avoir voulu, sans y avoir participé et sans m'en rendre compte.<br />

Je vous estime beaucoup et je respecte trop votre fille pour lui avoir nui en quoi que ce soit malgré les<br />

apparences qui pourraient laisser supposer le contraire. Veuillez me croire, je vous en supplie.<br />

Bien respectueusement.<br />

8 mai<br />

Epoustouflant ! C'est bien ce que je pensais : Jacky est un joueur professionnel et un joueur professionnel<br />

exceptionnel. Un artiste en son genre. Je n'aurais jamais pu imaginer une telle <strong>de</strong>xtérité manuelle et<br />

intellectuelle. Il fait ce qu'il veut <strong>de</strong> ses cartes et, jusqu'ici, nous n'avons jamais pu détecter la moindre<br />

tricherie.<br />

Avant <strong>de</strong> distribuer, il nous indique notre prochain jeu. Même s'il ne donne pas. En fonction <strong>de</strong> son jeu et<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> plis précé<strong>de</strong>nts, il sait exactement ce que nous avons en mains. Il s'est proposé <strong>de</strong> nous l'enseigner.<br />

Personnellement, j'ai refusé et je me suis promis <strong>de</strong> ne plus jamais jouer au poker <strong>de</strong> ma vie. Jean, par contre,<br />

est aux anges et lui a pardonné le tour qu'il lui a joué avant-hier. Il est littéralement en extase <strong>de</strong>vant son<br />

professeur.<br />

*****<br />

Je préfère reprendre mes livres. Et je tombe sur un cas encore plus stupéfiant que d'habitu<strong>de</strong> : celui <strong>de</strong> Piri<br />

Réis. En 1929, on découvrit à Constantinople, dans le palais Topkapi, <strong><strong>de</strong>s</strong> cartes anciennes dressées, en 1513,<br />

sur une peau <strong>de</strong> gazelle, par un amiral ("Réis") turc Piri Ibn Haji Memmed, un ancien corsaire qui, en<br />

particulier, commandait la flotte ottomane en 1550.<br />

Piri Réis avait écrit en marge <strong>de</strong> l'une d'elle :<br />

"Ces cartes ont été dressées selon les données <strong>de</strong> vingt chartes <strong><strong>de</strong>s</strong> postulans <strong>de</strong> quatre portugais qui<br />

montrent le Sind et le Hind et la Chine et d'une carte <strong><strong>de</strong>s</strong>sinée par Christophe Colomb. Elles sont aussi<br />

justes pour la navigation sur les sept mers que les cartes <strong>de</strong> nos pays."<br />

Seulement ces cartes étaient incompréhensibles car on ne pouvait les lire qu'au moyen d'une grille que Piri<br />

Réis avait détruite avant d'être mis à mort par le sultan Soliman II.<br />

Avec l'ai<strong>de</strong> du bureau d'hydrographie <strong>de</strong> l'U.S. Navy, un ingénieur américain, Arlington H. Mallery puis le<br />

professeur Hapgood aidé <strong>de</strong> ses élèves, les examinèrent et Hapgood réussit à les déchiffrer. <strong><strong>Le</strong>s</strong> cartes<br />

représentaient, en particulier, l'Amérique du nord, du sud, l'Arctique et l'Antarctique avec montagnes et<br />

vallées et <strong><strong>de</strong>s</strong> différences qui paraissaient être <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs mais qui, pour beaucoup, se justifièrent après les<br />

contrôles <strong>de</strong> la Task Force 43 américaine et les <strong>de</strong>rnières découvertes dont celles <strong>de</strong> Paul Emile Victor.<br />

En Antarctique, figuraient <strong><strong>de</strong>s</strong> chaînes <strong>de</strong> montagnes non encore portées sur nos cartes car elles ne furent<br />

découvertes qu'en 1952. L'altitu<strong>de</strong> en était exacte !<br />

<strong>Le</strong> Groenland était indiqué sous la forme <strong>de</strong> trois îles. Et c'est strictement authentique : la terre ferme, sous<br />

la glace, est bien composée <strong>de</strong> trois gran<strong><strong>de</strong>s</strong> îles distinctes, ce que les savants viennent <strong>de</strong> découvrir. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

cartes auraient donc été dressées, à l'origine, avant la <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> glacière, c'est à dire il y a un peu plus<br />

<strong>de</strong> dix mille ans.<br />

Or, étant donné leur précision, tant par le découpage <strong><strong>de</strong>s</strong> terres que par l'exactitu<strong>de</strong> dans la position et la<br />

hauteur <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnes, ceux qui les ont composées n'ont pu le faire qu'avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> relevés aériens. <strong>Le</strong><br />

contraire est impossible !<br />

Nos ancêtres, il y a dix mille ans, le pouvaient donc. Une énigme qui défie notre enten<strong>de</strong>ment.<br />

D'autres régions y sont indiquées comme l'île <strong>de</strong> Marajo, à l'embouchure <strong>de</strong> l'Amazone, les An<strong><strong>de</strong>s</strong>, les îles<br />

Malouines qui, toutes, étaient inconnues au temps <strong>de</strong> Piri Réis<br />

Cette carte théoriquement "inexécutable" n'est pas unique. La carte d'Oronteus Finaeus (1531) décrit avec<br />

la plus extrême précision l'Antarctique libre <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong> ses glaces, telle qu'elle était il y a six à huit mille<br />

ans... La carte <strong>de</strong> Zeno (1380) décrit, elle, le Groenland également sans ses glaces... Celle <strong>de</strong> Jorge Reinel, un<br />

Portugais, (1510) reproduit l'océan indien avec une telle précision que c'est incompréhensible, le calcul <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

longitu<strong><strong>de</strong>s</strong> était inconnu à cette époque... Quelques cartes <strong>de</strong> Ibn ben Zara, un arabe, (1487) et Benincasa, un


48<br />

Portugais, (1508) décrivent l'Europe du Nord recouverte d'un glacier semblable à ce que ce <strong>de</strong>vait être il y a<br />

quinze mille ans...<br />

D'où tenaient-ils ces renseignements ? Certainement d'une carte très ancienne qu'ils découvrirent et qui leur<br />

servit <strong>de</strong> modèle.<br />

Mais qui avait tracé cet original ?<br />

Nos ancêtres n'étaient donc pas aussi ignares que l'on veut bien dire<br />

Dans un ancien texte hindou, il est écrit :<br />

*****<br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> rayons du soleil rejoignent les rayons <strong>de</strong> lumière dans l'atmosphère terrestre. Il y a donc <strong>de</strong> la<br />

lumière et <strong>de</strong> la chaleur sur terre car cette <strong>de</strong>rnière est contenue dans l'atmosphère terrestre."<br />

Dans le Rig Veda (<strong>de</strong>ux mille cinq cents environ av. J.-C.) comme dans le "Popol Vuh" <strong><strong>de</strong>s</strong> Mayas datant<br />

<strong>de</strong> la même époque, il est écrit :<br />

"<strong>Le</strong> soleil est sombre, sa chaleur n'est pas révélée avant que ses vibrations ne pénètrent dans la couche<br />

<strong>de</strong> l'atmosphère <strong>de</strong> la terre."<br />

De même, les alchimistes du moyen âge affirmaient :<br />

"<strong>Le</strong> soleil est une étoile froi<strong>de</strong> et ses rayons sont glacés et sombres."<br />

Comment pouvaient-ils le savoir alors que nous ne l'avons appris, à notre gran<strong>de</strong> stupéfaction, qu'en 1931<br />

lorsque le professeur Piccard est revenu <strong>de</strong> son ascension en ballon à plus <strong>de</strong> seize mille mètres, dans la<br />

stratosphère, en lançant cette nouvelle sensationnelle : le soleil est froid ; dans le vi<strong>de</strong> interstellaire, il fait noir<br />

et froid ?<br />

Grâce aux voyages et aux étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> plus en plus performants, l'homme est en mesure <strong>de</strong> construire une<br />

mappemon<strong>de</strong> relativement précise. Il sait donc que la surface du globe comporte 70,80 % <strong>de</strong> mers et 29,20 %<br />

- un peu moins du tiers - <strong>de</strong> terre ferme.<br />

Or, dans l'Avesta, textes sacrés <strong><strong>de</strong>s</strong> a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> Zoroastre, quelques cinq à six cents ans avant J.-C., il<br />

était écrit :<br />

"Yima fractionna alors la terre <strong>de</strong> telle sorte qu'elle augmenta trois fois d'étendue. Sur un tiers <strong>de</strong> sa<br />

surface ne déambulèrent plus que les troupeaux, les animaux <strong>de</strong> trait et les hommes."<br />

Pourtant, ces anciens habitants <strong>de</strong> la Perse n'avaient aucune carte <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>. Ils ne pouvaient<br />

connaître, théoriquement, que leur Moyen-Orient puisqu'ils vivaient, nous apprend-on, comme les autres<br />

peuples d'alors, recroquevillés sur eux-mêmes.<br />

Et ce n'est pas tout !<br />

Jadis, l'ingénieur Eupalinios dirigea le percement du tunnel <strong>de</strong> Samos, long <strong>de</strong> neuf cents mètres, qu'il fit<br />

commencer par ses <strong>de</strong>ux extrémités. <strong><strong>Le</strong>s</strong> ouvriers se rencontrèrent très exactement au centre d'un tunnel<br />

parfaitement rectiligne.<br />

Nous nous sommes extasiés récemment lorsque ce fut réalisé au mont Blanc ou sous la Manche avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

radars et <strong><strong>de</strong>s</strong> instruments électroniques perfectionnés. Eupalinios, lui, théoriquement, ne disposait même pas<br />

d'une boussole !<br />

Il y a quelques siècles seulement, Benjamin Franklin inventa le paratonnerre ; or, il y a trois mille ans, le<br />

temple <strong>de</strong> Salomon en comportait vingt quatre. La <strong><strong>de</strong>s</strong>cription qui en est faite ne laisse aucun doute à ce sujet.<br />

Il est bien précisé dans la Bible que le toit du temple lambrissé en bois <strong>de</strong> cèdre recouvert d'une dorure<br />

épaisse, était garni d'un bout à l'autre <strong>de</strong> longues lames <strong>de</strong> fer ou d'acier pointues et dorées. Que les faces du<br />

monument étaient aussi recouvertes <strong>de</strong> bois fortement doré. Enfin, que sous le parvis du temple existaient <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

citernes dans lesquelles l'eau s'écoulait par <strong><strong>de</strong>s</strong> tuyaux métalliques. <strong>Le</strong> temple resta intact pendant plus <strong>de</strong><br />

mille ans...<br />

Lorsque j'ai lu ce passage, l'auteur parlait <strong>de</strong> la circoncision :<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Israélites, <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> quatre mille ans, circoncisent tous les enfants mâles âgés <strong>de</strong> huit jours.<br />

Pourquoi huit jours au lieu <strong>de</strong> cinq ou six ? Quatre mille ans plus tard, les mé<strong>de</strong>cins viennent <strong>de</strong> découvrir que<br />

c'est à partir du huitième jour que le nouveau né dispose d'une quantité <strong>de</strong> vitamine K suffisante pour


49<br />

favoriser la coagulation du sang...<br />

Il faut avouer que ce n'est très certainement pas par hasard...<br />

Galilée, au 17 ème siècle, construisit le premier microscope et le télescope grâce auquel il découvrit les<br />

taches du soleil et le relief <strong>de</strong> la lune ; or, dans un livre historique et on ne peut plus authentique <strong>de</strong> la Chine,<br />

le Chou King, on lit :<br />

"<strong>Le</strong> successeur <strong>de</strong> l'empereur Yao (mort en 2258 av. J.-C.), entrant dans la salle <strong><strong>de</strong>s</strong> ancêtres où sont<br />

figurés les astres, y vit le tube dans lequel on les observait."<br />

<strong>Le</strong> British Muséum <strong>de</strong> Londres conserve une lentille <strong>de</strong> verre <strong>de</strong> quatre mille ans trouvée dans les ruines <strong>de</strong><br />

Ninive, en Assyrie. Une gigantesque plaque <strong>de</strong> verre et <strong><strong>de</strong>s</strong> miroirs concaves ont été trouvés en Amérique du<br />

sud, en Afrique du nord et en Irak. Aristote rapporte lui-même, dans ses écrits, que les anciens regardaient les<br />

astres "avec <strong>de</strong> longs tuyaux".<br />

A la suite <strong>de</strong> découvertes faites en Bolivie, le professeur Michanowsky affirme que les ancêtres <strong><strong>de</strong>s</strong> incas<br />

possédaient <strong><strong>de</strong>s</strong> observatoires et <strong><strong>de</strong>s</strong> lunettes astronomiques semblables aux nôtres...<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> mayas possédaient un calendrier qui comportait 365,2420 jours. Notre calendrier grégorien en possè<strong>de</strong><br />

365,2425. La durée réelle est <strong>de</strong> 365,2422 ce qui prouve que leur calendrier était, en réalité, plus précis que le<br />

nôtre.<br />

Que dire <strong><strong>de</strong>s</strong> Dogons, une tribu du Mali qui stupéfièrent <strong>de</strong>ux anthropologues, Marcel Griaule et Germaine<br />

Dieterlen, par leur savoir en astronomie.<br />

Tous les cinquante ans, <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> temps immémoriaux, les Dogons se réunissent pour une gran<strong>de</strong> fête<br />

appelée "Sigui".<br />

En 1946, un <strong>de</strong> leurs sages en dévoila le mystère :<br />

Jadis, <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres amphibies, les "nommo", vinrent <strong>de</strong> Sirius et leur enseignèrent qu'une étoile très lour<strong>de</strong>,<br />

invisible pour les hommes et extrêmement massive tourne autour <strong>de</strong> Sirius en cinquante années. Cette étoile<br />

invisible, les Dogons l'appellent "Po Tolo" du nom <strong>de</strong> la graine la plus minuscule qu'ils connaissent, la<br />

Digitaria Exilis qu'ils baptisent du nom <strong>de</strong> "po".<br />

Or Sirius possè<strong>de</strong> bien un compagnon mais il n'a été découvert qu'en 1862 par Alvan Clarke, un<br />

Américain, qui voulut vérifier les calculs effectués, en 1844, par Bessel, un astronome allemand. Cette étoile<br />

qui fut surnommée "Sirius B" tourne autour <strong>de</strong> Sirius en cinquante et un ans environ, elle est petite mais<br />

extraordinairement massive ainsi que le disent les Dogons : c'est une naine blanche.<br />

Mais les Dogons affirment également qu'une troisième étoile qu'ils appellent "Emma Ya", beaucoup plus<br />

légère, tourne également autour <strong>de</strong> Sirius, dans le même sens, sur une orbite plus gran<strong>de</strong>. Une planète d'où<br />

sont venus leurs ancêtres "Nommo", graviterait autour <strong>de</strong> cette troisième étoile...<br />

Plusieurs astronomes pensent, en effet, qu'un <strong>de</strong>uxième compagnon <strong>de</strong> Sirius pourrait exister qu'ils ont<br />

baptisé "Sirius C".<br />

<strong>Le</strong>ur cosmogonie va plus loin encore. Ils savent que Jupiter a quatre satellites principaux, que Saturne est<br />

entouré d'anneaux et que la terre tourne autour du soleil...<br />

Nommo ou pas Nommo, qui donc a pu leur enseigner ces secrets du ciel qu'ils ne peuvent absolument pas<br />

avoir découverts eux-mêmes ?<br />

La science <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens, si elle ne s'était pas perdue pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons diverses qui vous échappent,<br />

stupéfieraient les grands savants <strong>de</strong> ce siècle dit scientifique.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> anciens, par exemple, connaissaient l'électricité.<br />

La Bible, elle-même, nous le laisse entrevoir avec l'arche d'alliance. L'auteur reprenant le chapitre vingt<br />

cinq du livre <strong>de</strong> l'Exo<strong>de</strong> remarque qu'elle fut construite suivant le principe <strong><strong>de</strong>s</strong> con<strong>de</strong>nsateurs électriques<br />

composés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux conducteurs séparés par un élément isolant et, pour la déplacer, les lévites <strong>de</strong>vaient passer<br />

<strong>de</strong>ux bâtons plaqués d'or dans les anneaux d'or, le tout faisant ainsi fonction <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> terre naturelle.<br />

L'arche d'alliance était construite, <strong>de</strong> plus, en acacia et il est reconnu que le bois d'acacia possè<strong>de</strong> un<br />

pouvoir con<strong>de</strong>nsateur élevé, voisin <strong>de</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> isolants mo<strong>de</strong>rnes tels le mica et la Bakélite.<br />

Il est écrit (Ex 25/11 et suivants) :<br />

Tu la couvriras d'or pur , à l'intérieur et à l'extérieur tu la couvriras, et tu feras autour d'elle une


moulure d'or, tout autour. Tu fondras sur elle quatre anneaux d'or et tu les placeras aux quatre pieds ;<br />

<strong>de</strong>ux anneaux sur son premier côté et <strong>de</strong>ux anneaux sur son second côté. Tu feras <strong><strong>de</strong>s</strong> barres en bois<br />

d'acacia et tu les couvriras d'or. Tu introduiras les barres dans les anneaux sur les cotés <strong>de</strong> l'arche. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

barres resteront dans les anneaux <strong>de</strong> l'arche, elles n'en seront pas retirées.<br />

Et Yahvé/Jéhovah Jéhovah poursuit :<br />

50<br />

Tu placeras dans l'arche le témoignage que je te donnerai...<br />

- Quel était la composition <strong>de</strong> ce témoignage qui complétait l'ensemble ? Ni Yahvé/Jéhovah Jéhovah ni<br />

David ne le disent.<br />

Quiconque y touchait risquait l'électrocution. Ce qui arriva d'ailleurs, par inattention (2s 6/6 et suivants) :<br />

Uzza marchait à côté <strong>de</strong> l'arche <strong>de</strong> Dieu... Comme on atteignait l'aire <strong>de</strong> Nakôn, il étendit la main vers<br />

l'arche <strong>de</strong> Dieu et la retint, parce que les boeufs avaient fait un écart. La colère <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah Jéhovah<br />

s'enflamma contre Uzza, et là, Dieu le frappa par sa faute ; et là, il mourut près <strong>de</strong> l'arche <strong>de</strong> Dieu..<br />

Cette "bavure", comme nous l'appellerions aujourd'hui, irrita David qui reprocha à Yahvé/Jéhovah Jéhovah<br />

<strong>de</strong> ne l'avoir pas prévue. Il est écrit ensuite (2S 6/8) :<br />

David fut fâché <strong>de</strong> ce que Yahvé/Jéhovah Jéhovah eût foncé sur Uzza et on donna à ce lieu le nom <strong>de</strong><br />

Pérèç-Uzza...<br />

Lorsqu'il fallut traverser le Jourdain, Yahvé/Jéhovah Jéhovah spécifia bien (Jos 3/4) :<br />

Toutefois, qu'il y ait, entre vous et l'arche, un espace d'environ <strong>de</strong>ux mille coudées : n'en approchez pas<br />

Comme le disait l'auteur, il semble inutile d'épiloguer, les termes parlant d'eux mêmes.<br />

On a découvert, en 1936, près <strong>de</strong> Ctesiphon, ancienne ville parthes, au sud-est <strong>de</strong> Bagdad, <strong><strong>de</strong>s</strong> pots d'argile<br />

ovoï<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> vingt centimètres <strong>de</strong> haut datant <strong>de</strong> trois cents ans environ avant notre ère. Bizarrement, ils sont<br />

recouverts intérieurement <strong>de</strong> bitume naturel contenant un cylindre <strong>de</strong> cuivre entourant, sans le toucher, un<br />

barreau <strong>de</strong> fer maintenu par un bouchon d'asphalte. Il est indéniable que remplis d'un électrolyte, ils se<br />

transforment en piles électriques. Des expériences ont été réalisées avec du vinaigre et <strong>de</strong> l'eau <strong>de</strong> mer comme<br />

électrolyte et elles ont fonctionné produisant un courant d'un <strong>de</strong>mi volt, un résultat faible, bien entendu, mais<br />

suffisant, par exemple, pour déposer <strong>de</strong> l'argent sur du cuivre.<br />

Ces piles nous sont parvenues par hasard. Il <strong>de</strong>vrait y en avoir bien d'autres.<br />

Différents chroniqueurs du 12 ème siècle signalent que Jechiele, un rabbin français, savant particulièrement<br />

estimé <strong>de</strong> st. Louis, possédait une lampe éblouissante qui s'allumait spontanément. Pour éloigner les curieux,<br />

il avait aménagé l'huis <strong>de</strong> sa porte <strong>de</strong> telle façon que les importuns, lorsqu'ils le touchaient, s'enfuyaient<br />

effrayés saisis qu'ils étaient <strong>de</strong> terribles picotements qui faisaient trembler tout leur corps...<br />

Numa Pompilius, raconte Lucius Pison, avait été initié à l'art <strong>de</strong> former et <strong>de</strong> diriger la foudre. Ce secret<br />

détenu alors par Tullius Hostilius disparut car ce <strong>de</strong>rnier, ayant mal dirigé la décharge électrique, mourut<br />

foudroyé.<br />

<strong>Le</strong> plus surprenant c'est que Pline (liv. II, ch. 58) écrit, au premier siècle <strong>de</strong> notre ère, que Numa se servit<br />

avec succès <strong>de</strong> sa batterie, foudroyant ainsi un monstre nommé Volta qui désolait les alentours <strong>de</strong> Rome...<br />

N'est-ce pas le comte Alessendro "Volta", physicien italien, qui, en 1800, fut l'inventeur <strong>de</strong> la pile<br />

électrique ?<br />

Pourtant les traductions <strong>de</strong> Pline, en notre possession, ne sont pas <strong><strong>de</strong>s</strong> faux. Ni le comte Alessendro. A n'y<br />

rien comprendre !<br />

On ne peut nier, car c'est évi<strong>de</strong>nt, que les anciens possédaient et utilisaient <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances que nous<br />

jugeons, nous, inexistantes à leur époque. Et nous découvrons, <strong>de</strong> plus en plus régulièrement, les traces qu'ils<br />

en ont laissées.<br />

*****<br />

Dans la cour d'une mosquée, à Delhi, en In<strong>de</strong>, se dresse, <strong>de</strong>puis mille six cents ans, un pilier <strong>de</strong> soixante<br />

dix mètres <strong>de</strong> haut, d'un beau noir bleuté, en métal, qui se trouve exposé aux mêmes conditions climatiques<br />

que les autres colonnes métalliques <strong>de</strong> la région mais qui, <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille ans, conserve son aspect<br />

naturel et ignore la rouille...


Qu'ont-ils donc été capables <strong>de</strong> construire, au désespoir <strong>de</strong> nos savants ?<br />

51<br />

*****<br />

Pétrone et Pline l'Ancien rapportent qu'un artisan offrit une timbale à l'empereur romain Tibère. La timbale<br />

paraissait en argent et elle était légère mais quand l'artisan la jeta sur les dalles, elle ne se brisa pas. On ne<br />

remarqua qu'une simple bosse qui se redressa avec un léger martelage. L'empereur n'en revenait pas. Il prit<br />

même peur craignant que ce nouveau métal ne dévalorise rapi<strong>de</strong>ment l'or et l'argent. Pour conserver cette<br />

découverte définitivement secrète, il fit décapiter le généreux et malheureux artisan.<br />

Pétrone déclare qu'il s'agissait "d'une sorte <strong>de</strong> verre incassable" ; Pline, qu'il était constitué "d'un mélange<br />

vitreux très malléable."<br />

*****<br />

Nous pourrions certainement résoudre ces énigmes, si les hommes n'avaient pas été aussi stupi<strong><strong>de</strong>s</strong> en<br />

détruisant, par inconscience, les richesses <strong>de</strong> ce passé lorsqu'elles contredisaient ou simplement gênaient leurs<br />

idées bornées <strong>de</strong> pauvres bêtes humaines à l'intelligence parfois sous développée.<br />

<strong>Le</strong> gâchis fut énorme.<br />

En 240 av. J.-C., l'empereur chinois Tsin Che Hoang fait détruire tous les livres d'histoire, d'astronomie et<br />

<strong>de</strong> philosophie <strong>de</strong> son empire.<br />

En 48 av. J.-C, Jules César incendie la bibliothèque d'Alexandrie qui contenait la quasi totalité du savoir<br />

humain <strong>de</strong> l'époque, en sept cent mille volumes que Ptolémée Soter avait regroupés. En 490, les chrétiens<br />

l'incendie une <strong>de</strong>uxième fois et, en 641, les musulmans ravagent ce qui pouvait en rester et la brûlent<br />

définitivement sur l'ordre du calife Omar qui déclara :<br />

"Si ce qu'ils relatent est dans le Coran, ils sont inutiles. Si ce qu'ils relatent n'y est pas, ils sont impurs<br />

donc nuisibles. De toute façon, il faut les détruire."<br />

Une gran<strong>de</strong> partie <strong><strong>de</strong>s</strong> manuscrits servit alors <strong>de</strong> combustible dans les quatre mille bains publics<br />

d'Alexandrie.<br />

Au 1er siècle, l'empereur Auguste fait détruire plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille volumes d'oracles et, <strong>de</strong>ux siècles plus<br />

tard, Dioclétien en fait <strong>de</strong> même avec tous les livres traitant <strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong> l'or sous prétexte que cette<br />

transmutation permettrait d'acheter <strong><strong>de</strong>s</strong> empires.<br />

St Paul, ainsi qu'il est écrit dans les actes <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres du Nouveau Testament, fait <strong>de</strong> même à Éphèse avec<br />

les livres traitant <strong>de</strong> "choses curieuses".<br />

Au 7 ème siècle, les moines irlandais font brûler dix mille manuscrits runiques écrits sur <strong><strong>de</strong>s</strong> écorces <strong>de</strong><br />

bouleau et relatant la tradition celtique.<br />

En 728, Léon l'Isaurien, à Bysance, fait brûler trois cent mille manuscrits lors <strong>de</strong> la guerre <strong><strong>de</strong>s</strong> images.<br />

Au 16 ème siècle, les prêtres espagnols brûlent <strong><strong>de</strong>s</strong> quantités énormes <strong>de</strong> manuscrits mexicains. Don Juan <strong>de</strong><br />

Zumarraga, premier archevêque <strong>de</strong> Mexico, fait saisir à Tezcuco, une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> manuscrits représentant,<br />

en quelque sorte, "les archives nationales", les fait entasser sur la place du plus grand marché <strong>de</strong> Tlatelolco et<br />

les livre aux flammes. Garcilaso <strong>de</strong> La Vega en sauve quelques uns. L'inquisition les confisque et les brûle.<br />

En 1550, Diego <strong>de</strong> Landa, un franciscain, sur les ordres <strong>de</strong> l'inquisition, détruit une bibliothèque entière <strong>de</strong><br />

livres composés en écriture picturale, un trésor inestimable livré également aux flammes. Il se rachètera en<br />

interrogeant un prince maya et en consignant, en 1566, tout ce qu'il en apprit dans un manuscrit qui fut<br />

retrouvé, par hasard, par un prêtre français, Charles Brasseur <strong>de</strong> Bourbourg, parmi les archives madrilènes.<br />

C'est grâce à cet ouvrage que l'on a réussi à comprendre l'art maya, eux qui possédaient le calendrier est le<br />

plus précis du mon<strong>de</strong>.<br />

En 1566, Francisco Toledo, vice roi du Pérou, détruit un stock immense d'étoffes incas et <strong>de</strong> tablettes<br />

peintes où figurait l'histoire <strong>de</strong> l'Amérique.<br />

Au 18 ème siècle, le père Sicard, dans le port d'Ouardan, en Egypte, brûle un colombier rempli <strong>de</strong> papyrus<br />

recouverts <strong>de</strong> "caractères magiques".<br />

Quelle absurdité ! Et cela doit certainement continuer aujourd'hui mais "en douce", plus sournoisement. Il<br />

paraît que les découvertes qui vont à l'encontre <strong><strong>de</strong>s</strong> thèses officielles sont systématiquement traitées <strong>de</strong> "faux"


puis combattues par une conspiration du silence. Elles sont ensuite cachées et disparaissent à tout jamais...<br />

Que <strong>de</strong> savoir perdu stupi<strong>de</strong>ment !<br />

J'ai noté un texte <strong>de</strong> Paul Morand :<br />

Plus nous remontons à l'origine du mon<strong>de</strong>, plus nous nous enfonçons chez les primitifs et plus nous<br />

découvrons que leurs secrets traditionnels coïnci<strong>de</strong>nt avec nos recherches actuelles.<br />

52<br />

9 10 Mai<br />

Jean s'acharne et fait <strong><strong>de</strong>s</strong> progrès surprenants. Je suis obligé <strong>de</strong> me résonner pour ne pas me joindre à eux.<br />

*****<br />

Je m'aperçois <strong>de</strong> plus en plus qu'il ne faut pas oublier le passé. La valeur du passé. Bien réelle quel que soit<br />

le côté où je me tourne.<br />

La tradition, par exemple, qui s'est répercutée <strong>de</strong> siècle en siècle ne doit pas être rejetée en bloc. Ce ne<br />

sont que <strong><strong>de</strong>s</strong> légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, disent les historiens imbus <strong>de</strong> leurs idées soit disant scientifiques ; ils oublient que tout<br />

récit mythologique ou féerique s'est développé en partant <strong>de</strong> faits réels que les esprits ont déformés en les<br />

embellissant.<br />

Ainsi, l'archéologue Schliemann qui l'avait compris décida <strong>de</strong> retrouver les traces <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Troie. Il<br />

décortiqua les livres d'Homère, "l'Ilia<strong>de</strong>" et "l'Odyssée", se disant que ce n'était pas <strong><strong>de</strong>s</strong> fables mais <strong><strong>de</strong>s</strong> récits<br />

historiques enjolivés. Et, partant <strong>de</strong> ces données, il redécouvrit les vestiges <strong>de</strong> la ville.<br />

Légen<strong><strong>de</strong>s</strong> issues, aux quatre coins <strong>de</strong> la terre, <strong>de</strong> rêves <strong>de</strong> poètes illuminés ou réalités que les siècles ont<br />

conservées dans un coin <strong>de</strong> nos mémoires ?<br />

Légen<strong><strong>de</strong>s</strong> également que ces géants qui peuplent les mythologies tel Atlas condamné par Zeus à soutenir<br />

<strong>de</strong> ses épaules le voûte du ciel ? Ou Sisyphe ou Hercule ?<br />

Pourtant, dans le livre le plus sérieux qui soit, la Bible, il est écrit textuellement au chapitre 6, verset 16 <strong>de</strong><br />

la Genèse :<br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> Néphilim (les tombés, en hébreux) étaient sur la terre en ces jours-là quand les fils <strong>de</strong> Dieu<br />

s'unissaient aux filles <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et qu'elles leur donnaient <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants ; ce sont les héros du temps<br />

jadis, ces hommes fameux."<br />

J'étais ahuri lorsque j'ai lu cela. Mais j'ai pu contrôler.. C'était exact. J'ai du mal à comprendre : qui sont<br />

donc ces "fils <strong>de</strong> Dieu" qui cocufient les fils <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes en leur faisant ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong> héros surhumains ?<br />

Toujours d'après la Bible, Noé avait cinq cents ans lorsqu'il engendra ses enfants, Mathusalem, neuf cent<br />

soixante neuf ans et Abraham cent soixante quinze ans lorsqu'ils moururent.<br />

Lorsque les hébreux pénétrèrent en Canaan, ils trouvèrent une race <strong>de</strong> géants, les Emir, les Anaquim et les<br />

Réphaïm qu'ils vainquirent grâce à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jéhovah.<br />

Il est précisé textuellement (dit 3/11) :<br />

"Or Og, roi du Bashân était le <strong>de</strong>rnier survivant <strong><strong>de</strong>s</strong> Réphaïm. Son lit est le lit <strong>de</strong> fer qu'on voit à Rabba<br />

Ammonites, long <strong>de</strong> neuf coudées et large <strong>de</strong> quatre, en coudées d'hommes".<br />

Soit 4m05 sur 1m80 <strong>de</strong> large.<br />

Il est d'ailleurs curieux <strong>de</strong> constater que ce nom possè<strong>de</strong> une singulière similitu<strong>de</strong> avec celui d'Ogmios,<br />

l'hercule <strong>de</strong> la tradition gauloise, qui a donné le mot ogre.<br />

En 1877, on découvrit, à Eurêka, au Nevada, en partie scellés dans du quartzite, les ossements d'une jambe<br />

humaine mesurant un mètre du genou à l'extrémité <strong><strong>de</strong>s</strong> orteils...<br />

En 1964, lors d'une fouille dans une grotte d'Alguetca, au Caucase, on découvrit <strong><strong>de</strong>s</strong> squelettes d'hommes<br />

mesurant 2m80 à 3 m. Au Maroc, en Syrie, en Auvergne, on a également découvert <strong><strong>de</strong>s</strong> outils bifaces<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à la taille <strong>de</strong> la pierre, pesant cinq kg et plus et qui ne pouvaient donc n'être utilisés que par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes d'une taille et d'une force hors proportion avec ce que nous connaissons.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Mayas et les Incas affirment que la première race créée par les dieux était <strong><strong>de</strong>s</strong> géants. <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

principaux s'appelaient "Atlan" et "Theitani" ce qui ressemble singulièrement à Atlas et Titan... Une bizarre<br />

coïnci<strong>de</strong>nce supplémentaire.


Si la terre, à une certaine époque a été capable <strong>de</strong> produire <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux démesurément géants par la taille,<br />

le poids et la puissance, pourquoi n'en aurait-il pas été <strong>de</strong> même pour l'homme ? Ou alors ?...<br />

Personne ne semble le savoir.<br />

Seulement <strong><strong>de</strong>s</strong> questions. Aucune réponse !...<br />

53<br />

*****<br />

Qu'en est-il alors <strong>de</strong> ce que nous lisons dans les Vedas hindous écrits en sanscrit et remontant à plus <strong>de</strong><br />

quatre mille ans ? De même dans les Eddas scandinaves un tout petit peu moins anciens ? Dans les légen<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tibétaines, perses, phéniciennes, assyriennes, égyptiennes, celtiques, africaines ou sud-américaines ?<br />

<strong>Le</strong> Râmâyana et le Mahabharata hindous fourmillent <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions d'engins volants, <strong>de</strong> batailles aériennes<br />

et <strong>de</strong> bombar<strong>de</strong>ments d'une précision surprenante.<br />

<strong>Le</strong> Râmâyana qui date du 3 ème siècle avant J.-C, décrit, entre autres, un avion circulaire à double pont muni<br />

<strong>de</strong> hublots et d'une coupole, qui pouvait voler si haut que l'océan, en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous ressemblait à une flaque. Il<br />

volait à la vitesse du vent mais pouvait s'arrêter en plein vol et planer sur place.<br />

<strong>Le</strong> Mahabharata, plus ancien <strong>de</strong> quelques siècles, parle d'un "char aérien" dont les flancs en métal étaient<br />

munis d'ailes.<br />

<strong>Le</strong> Samara Sutradhara consacre <strong>de</strong>ux cent trente pages à décrire les Vimanas, <strong><strong>de</strong>s</strong> engins volants qui<br />

s'élevaient verticalement et volaient parfois si vite qu'on ne pouvait pas les apercevoir du sol, certains étant<br />

conçus pour aller jusqu'aux régions solaires, d'autres jusqu'aux étoiles.<br />

D'autres, d'après <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits tibétains, le Tantjour et le Kantjour, avaient la forme d'un fuseau immense,<br />

contenaient plus <strong>de</strong> mille personnes et tournaient autour <strong>de</strong> la terre avant <strong>de</strong> s'envoler vers les étoiles.<br />

Dans la tradition celtique, le roi Bran venait <strong><strong>de</strong>s</strong> régions mystérieuses <strong>de</strong> l'est sur un char qui ne touchait<br />

jamais l'eau. Son frère, Mana Nnan, grand magicien, voguait dans une barque sans voile ni aviron ou volait<br />

dans les airs sur un cheval.<br />

Chez les perses, l'ancêtre <strong>de</strong> l'homme blanc, Aryaman, était originaire <strong>de</strong> la Voie Lactée ; leur dieu, Ahura<br />

Mazda, était un dieu volant et Anâhita, une déesse vénusienne. Chez les Phéniciens et les Assyriens, Baal-Bel<br />

et Astarté-Yshtar leur arrivaient <strong>de</strong> Vénus. Chez les Egyptiens, les premiers dieux venus sur terre arrivaient<br />

du ciel d'Horus sur <strong><strong>de</strong>s</strong> engins volants...<br />

De même en Afrique et au Pérou où le mystère <strong>de</strong>meure cette fois-ci visible parmi les ruines <strong>de</strong> Simbabwe<br />

et <strong>de</strong> Machu Pichu avec leurs tours sans aucune ouverture sauf au sommet comme si leurs occupants<br />

arrivaient et repartaient par les airs.<br />

Cela rejoint bizarrement le mythe d'Icare.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> anciens, jadis, raconte-t-on en Irlan<strong>de</strong>, dansaient dans l'air comme les feuilles dansent dans le vent<br />

d'automne.<br />

Dans les îles St Vincent, on précise :<br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> sages pouvaient voler facilement. Ils n'avaient pas d'ailes mais pouvaient s'élever grâce aux sons <strong>de</strong><br />

plateaux en or qu'ils frappaient."<br />

Dans les Caraïbes,<br />

"les gens ne montaient pas et ne <strong><strong>de</strong>s</strong>cendaient pas les étages. Ils chantaient en frappant une cymbale et<br />

le chant les emmenaient ainsi où ils voulaient. Ils dansaient dans l'air comme les feuilles dans la<br />

tempête..."<br />

D'après une tradition esquimau<strong>de</strong><br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> premiers hommes plus grands que ceux d'aujourd'hui, pouvaient voler grâce à <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons<br />

magiques. <strong><strong>Le</strong>s</strong> pelles à neige se déplaçaient et chassaient la neige d'elles-mêmes. Lorsqu'ils désiraient<br />

une autre nourriture, les hommes s'installaient dans leurs maisons volantes et se rendaient ailleurs.<br />

Certains se plaignaient parce qu'elles faisaient trop <strong>de</strong> bruit en traversant les airs..."<br />

D'après la mythologie <strong><strong>de</strong>s</strong> Hopis, une ethnie indienne d'Amérique du nord actuellement en Arizona, une<br />

tribu avait fabriqué un patuwvota (un bouclier <strong>de</strong> peau) qui pouvait voler dans les airs en transportant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

personnes. On les utilisait pendant les guerres.


Et les tapis volants <strong><strong>de</strong>s</strong> mille et une nuits ?<br />

54<br />

*****<br />

En regard <strong>de</strong> ces vestiges, certains écrits, parmi les plus anciens, prennent un relief bizarre.<br />

Dans le Popol Vuh, livre sacré <strong><strong>de</strong>s</strong> Mayas Quichis, on lit :<br />

"Il y a <strong>de</strong> très nombreuses lunes <strong>de</strong> cela, les peuples du troisième âge (les hommes <strong><strong>de</strong>s</strong> bois) furent<br />

condamnés à mort par les dieux.<br />

"Un grand déluge <strong>de</strong> feu et <strong><strong>de</strong>s</strong> torrents <strong>de</strong> résine <strong><strong>de</strong>s</strong>cendirent du ciel.<br />

"Enfin <strong>de</strong> violents ouragans achevèrent <strong>de</strong> détruire les créatures <strong>de</strong> bois dont les yeux furent arrachés<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> têtes, les chairs rongées, les entrailles mordues, les nerfs et les os mâchés par les séi<strong><strong>de</strong>s</strong> du dieu <strong>de</strong><br />

la mort."<br />

Et dans les écrits sacrés hindous (Râmâyana et Drona Parva) :<br />

"<strong>Le</strong> feu <strong>de</strong> l'arme terrible détruisait les cités en produisant une lumière plus claire que cent mille soleils.<br />

"Ce feu faisait tomber les ongles et les cheveux <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, blanchissait le plumage <strong><strong>de</strong>s</strong> oiseaux,<br />

colorait leurs pattes en rouge et les rendait tortues.<br />

"Pour conjurer ce feu, les soldats couraient se jeter dans les rivières pour s'y laver et y laver tout ce<br />

qu'ils <strong>de</strong>vaient toucher..."<br />

Comment <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes soi-disant ignares, voici quatre mille ans sinon plus, ont-ils pu relater <strong>de</strong> tels récits<br />

impensables <strong>de</strong> leur temps ?<br />

Que <strong>de</strong> révélations étranges ?<br />

Que <strong>de</strong> choses inexplicables que les anciens pourraient expliquer. Peut-être pas ceux qui les ont écrites<br />

mais ceux qui leur en ont transmis le souvenir... car les anciens <strong><strong>de</strong>s</strong> anciens, étaient loin d'être <strong><strong>de</strong>s</strong> sots et <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ignares, quoi qu'on vous en dise.<br />

Notre pauvre vieille civilisation européenne qui se croit le nombril du mon<strong>de</strong>, ne l'est peut-être pas. Ne l'est<br />

certainement pas : le savoir semble universel. Non seulement maintenant, au siècle <strong>de</strong> l'avion, <strong>de</strong> la radio, <strong>de</strong><br />

la télé et <strong><strong>de</strong>s</strong> satellites mais <strong>de</strong> tous temps.<br />

Comment se fait-il qu'on rencontre <strong><strong>de</strong>s</strong> mots, sinon <strong><strong>de</strong>s</strong> racines très précises <strong>de</strong> mots mayas dans toutes les<br />

langues ? <strong>Le</strong> candien cingalais en est imprégné ainsi que les anciennes langues chaldéennes et égyptiennes.<br />

L'alphabet maya et celui <strong>de</strong> l'ancienne Égypte <strong>de</strong>vraient être différents mais ils se ressemblent et la<br />

ressemblance en est frappante bien qu'incompréhensible.<br />

Et l'énigme du parler basque qui n'a d'équivalence dans aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> langues européennes mais qui possè<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> telles affinités avec certains dialectes indiens qu'un missionnaire basque a pu prêcher dans sa langue aux<br />

indiens du Guatemala, en se faisant comprendre...<br />

Des soldats britanniques patrouillaient au Népal, par <strong>de</strong>là le Tibet ; ils étaient commandés par un sergent<br />

irlandais qui, brusquement, sursauta :<br />

"Begurah ! Mais ces sauvages parlent la même langue que moi..."<br />

<strong>Le</strong> basque est une <strong><strong>de</strong>s</strong> langues qui a le plus d'affinités avec d'autres langues parlées dans <strong><strong>de</strong>s</strong> pays<br />

théoriquement sans rapport entre eux. On y rencontre <strong><strong>de</strong>s</strong> concordances avec le turc, le finnois, le tchouktche<br />

<strong>de</strong> l'est <strong>de</strong> la Sibérie, le géorgien ou le bourouchaski du nord-ouest <strong>de</strong> l'Himalaya.<br />

Il est tellement complexe que, lorsque Manuel <strong>de</strong> Lapramendi écrivit, au 18 ème siècle, la première<br />

grammaire basque, il l'intitula "el impossible vencido" ou "une victoire sur l'impossible".<br />

<strong>Le</strong> basque pose également une autre énigme par son groupe sanguin. De tous les peuples <strong>de</strong> race blanche,<br />

c'est le seul qui possè<strong>de</strong> une telle fréquence <strong>de</strong> groupe O, si peu <strong>de</strong> groupes A et B et tant <strong>de</strong> rhésus négatifs.<br />

Il n'y a pas que la langue, il y a les monuments et les traditions i<strong>de</strong>ntiques parmi <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples qui,<br />

théoriquement, n'auraient pas pu ni dû se connaître.<br />

En Nouvelle Zélan<strong>de</strong>, on retrouve chez les Maoris <strong>de</strong> nombreux symboles sacrés tel, en particulier, le TAT<br />

ou TOTEM qu'ils érigent à l'entrée <strong><strong>de</strong>s</strong> villages comme les Mayas, les Incas, les Chaldéens et bien d'autres<br />

peuples <strong>de</strong> l'antiquité.<br />

La principale cité <strong><strong>de</strong>s</strong> Incas s'appelle "Machu Pichu" qui est également le nom d'une montagne et d'une


55<br />

rivière du Tibet... Thiahuanaco, au Pérou, s'appelait, à l'origine, "Chuchara" ce qui ressemble étrangement à<br />

la plus ancienne <strong><strong>de</strong>s</strong> pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> égyptiennes qui se trouve à Saqqarah dans le Dzéger et qui, en outre,<br />

possè<strong>de</strong> six gradins comme les pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> du pays pré-incas... Est-ce un hasard si la capitale <strong><strong>de</strong>s</strong> obélisques<br />

bretons s'appelle CARNAC (le C dur étant toujours remplacé par un K en Bretagne) alors que la capitale <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

pierres levées égyptiennes porte le nom strictement i<strong>de</strong>ntique <strong>de</strong> KARNAK ?<br />

Comment se fait-il que l'unité <strong>de</strong> mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> Egyptiens et <strong><strong>de</strong>s</strong> Incas (0,30 <strong>de</strong> notre mètre) soit la même ?<br />

*****<br />

En 1889, dans le Tennessee, <strong><strong>de</strong>s</strong> chercheurs mirent à jour plusieurs tombes. Sous l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> squelettes, ils<br />

trouvèrent une tablette gravée <strong>de</strong> neuf signes qu'ils assimilèrent, sans plus, à <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères Cherokee.<br />

Vers les années cinquante, un archéologue, Joseph Mahan, en vit une photographie et, la retournant, fut<br />

surpris <strong>de</strong> constater que cela ressemblait étrangement à <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères d'une ancienne écriture cananéenne.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> expertises se succédèrent alors : les signes <strong>de</strong> la tablette provenaient bien d'un dialecte hébreux du<br />

premier siècle et signifiaient : "Une comète pour les juifs". La datation en confirma également l'ancienneté.<br />

Des hébreux se trouvaient donc au Tennessee il y a un peu plus <strong>de</strong> mille huit cents ans !<br />

Et le maïs ? Comment fit-il pour se répandre sur l'ensemble <strong>de</strong> la planète ? Normalement, il pousse là où on<br />

le sème. Alors, pourquoi le connaissait-on, pratiquement partout, jadis ?<br />

Des découvertes ont démontré qu'il était connu dans le "Nouveau Mon<strong>de</strong>", bien avant l'arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> colons<br />

du 15 ème siècle. De même en Afrique orientale, <strong>de</strong> nombreux documents attestent qu'il y était cultivé <strong>de</strong>puis<br />

plusieurs générations, avant l'arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> européens. En Chine, <strong>de</strong> nombreuses statues <strong>de</strong> temples représentent<br />

l'offran<strong>de</strong>, aux divinités, <strong>de</strong> grappes <strong>de</strong> maïs, et ceci, bien avant le moindre contact - théorique - avec<br />

l'occi<strong>de</strong>nt.<br />

Qui donc l'aurait propagé ? Et comment l'aurait-il été ?<br />

*****<br />

Je n'essaie même plus <strong>de</strong> comprendre sinon que le peu appris à l'école ne vaut pas grand chose.<br />

D'ailleurs, on a l'impression que les mythologies, les légen<strong><strong>de</strong>s</strong>, les religions se ressemblent aussi, tout aussi<br />

bizarrement, quel que soit l'endroit où l'on se trouve.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> sauvages <strong><strong>de</strong>s</strong> îles polynésiennes, pendant plus <strong>de</strong> douze mille ans, n'ont pu avoir, officiellement, le<br />

moindre contact avec les habitants d'Asie mineure, encore moins d'Europe. Cela ne peut être contesté. Or leur<br />

tradition concernant la création <strong>de</strong> l'homme concor<strong>de</strong> exactement avec celle <strong>de</strong> la Bible.<br />

"Taarva, disent-ils, a créé l'homme <strong>de</strong> la terre rouge Araca et a soufflé dans ses narines. Il a créé la<br />

femme <strong><strong>de</strong>s</strong> os <strong>de</strong> l'homme et il l'a appelée Évi..."<br />

Chez les maoris en Nouvelle Zélan<strong>de</strong>, la tradition affirme que "le fils du premier homme a tué son frère."<br />

Au 8 ème siècle av. J.-C., Zoroastre enseignait que le premier homme et la première femme avaient été créés<br />

purs et qu'ils étaient soumis à Orzmuzd, leur créateur ; mais Ahriman, le prince du mal, les vit et fut jaloux <strong>de</strong><br />

leur bonheur. Il se transforma alors en une couleuvre, leur présenta <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits et réussit à les convaincre qu'il<br />

était le créateur <strong>de</strong> tout l'univers. Ils le crurent et furent, <strong>de</strong> ce fait, corrompus et cette corruption fut étendue<br />

à tous leurs <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants.<br />

Cette tradition <strong>de</strong> l'histoire et <strong>de</strong> la chute d'Adam se retrouve également chez les bouddhistes du Tibet,<br />

chez les Chinois et elle faisait partie <strong>de</strong> l'enseignement <strong><strong>de</strong>s</strong> drui<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> notre Gaule.<br />

Plus stupéfiant encore ce récit relaté par Forbes dans un livre concernant l'archipel malais:<br />

"A Java, il existe une tribu appelée les Karangs dont on dit qu'ils sont les <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants <strong><strong>de</strong>s</strong> aborigènes <strong>de</strong><br />

l'île ; les vieillards et les adolescents se ren<strong>de</strong>nt secrètement en procession quatre fois par an dans un<br />

bois sacré, les vieillards pour y faire leurs dévotions, les jeunes gens pour y apprendre les mystères <strong>de</strong><br />

leurs ancêtres. Dans ce bois, se trouvent les ruines <strong>de</strong> terrasses rectangulaires, bornées par <strong><strong>de</strong>s</strong> blocs <strong>de</strong><br />

pierres. On y voit, ici et là <strong><strong>de</strong>s</strong> monuments, <strong><strong>de</strong>s</strong> piliers dressés et, en particulier, un pilier érigé au milieu<br />

d'un carré. Ce peuple méprisé et secret observe alors les rites et les coutumes hérités <strong>de</strong> leurs lointains<br />

ancêtres, répétant avec une crainte respectueuse une litanie qu'ils ne comprennent pas. Cette même<br />

litanie se retrouve dans le "livre <strong>de</strong> la mort".


56<br />

Comment cette tribu perdue aux confins <strong>de</strong> la mer <strong>de</strong> Chine a-t-elle pu connaître et conserver, dans ses<br />

coutumes religieuses, un texte que nous avons connu par "le livre <strong><strong>de</strong>s</strong> morts" <strong>de</strong> l'ancienne Egypte ? Sans<br />

oublier également que le pilier érigé au milieu d'un carré se retrouve aussi dans ce même livre <strong><strong>de</strong>s</strong> morts...<br />

Une légen<strong>de</strong> du centre du Brésil narre qu'avant la naissance <strong>de</strong> Itu, le dieu du soleil, il n'y avait que MU qui<br />

était l'espace, marié à la déesse NUT, le ciel noir... Par quelle coïnci<strong>de</strong>nce ces indiens appelaient-ils le ciel<br />

NUT alors que c'était exactement, chez les égyptiens, le nom <strong>de</strong> leur déesse du ciel ?<br />

- Et comment savaient-ils également que le ciel était noir ?<br />

<strong>Le</strong> dieu du soleil, chez les Egyptiens, s'appelle RA. Aux îles Marquises, à Bora Bora, le dieu soleil qui<br />

prési<strong>de</strong> à la lumière, aux moissons, à la croissance <strong><strong>de</strong>s</strong> fleurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits s'appelait RA, exactement RA.<br />

Ce ne peut être le résultat <strong>de</strong> simples concours <strong>de</strong> circonstance. <strong>Le</strong> hasard ne peut être qu'exceptionnel<br />

sinon ce n'est plus du hasard. Et cela ne l'est pas.<br />

Ces similitu<strong><strong>de</strong>s</strong> pullulent également parmi les actes <strong>de</strong> foi <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes religions.<br />

Un livre hindou "Niroukta" nous explique par trois fois qu'il n'y a que trois dieux et que ces dieux<br />

désignent l'unique déité : "Pradjapati" ou, comme il est parfois appelé, "Mahatma", le seigneur <strong>de</strong> toutes<br />

créatures, qui est un dieu collectif.<br />

La religion brahmanique nous expose sa tria<strong>de</strong> composée <strong>de</strong> Brahma, Vichnou et Çiva - Brahma le<br />

créateur, Vichnou celui qui conserve et Çiva celui qui détruit.<br />

Dans la vieille Chine, avant l'arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers navires portugais et <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers jésuites, sous la<br />

dynastie <strong><strong>de</strong>s</strong> Ming, fut construit le temple du Dieu invisible. <strong><strong>Le</strong>s</strong> fondations, selon la tradition, sont la terre,<br />

les murs l'infini et sa voûte le ciel. L'accès en était réservé à l'empereur seul qui, en tant que Fils du Ciel, seul<br />

grand prêtre, avait seul pouvoir <strong>de</strong> rendre grâces au Dieu invisible et d'offrir un sacrifice pour la prospérité du<br />

peuple. La trinité dans la nature y est symbolisée par trois cercles superposés, le point central étant le nombril<br />

du mon<strong>de</strong> où l'empereur officiait.<br />

Au Guatemala, dans le Popol Vuh, il est écrit :<br />

"Tout ce qui existe est l’oeuvre <strong>de</strong> TZKOL, le créateur qui, par sa volonté, a créé l'univers et dont les<br />

autres noms sont BITOL, le fabricant, ALOM, l'engendreur et QUNALOM qui donne la vie."<br />

TZKOL est également, en sa trinité, un dieu collectif.<br />

De même en Egypte avec Shu, Set et Horus et chez les Etrusques avec Tinia, Uni et Menzva ainsi qu'au<br />

sein <strong>de</strong> notre religion catholique...<br />

Encore plus flagrant est le rite universel <strong>de</strong> la purification <strong>de</strong> l'enfant redécouvert par le baptême.<br />

Chez les peuples les plus divers, il était ainsi d'usage <strong>de</strong> purifier l'enfant à son entrée dans la vie. Cette<br />

cérémonie avait lieu, le plus souvent, le jour où on donnait un nom à l'enfant.<br />

Ce jour, chez les romains, était le neuvième pour un garçon, le huitième pour une fille. On l'appelait<br />

lustricus à cause <strong>de</strong> l'eau lustrale utilisée pour purifier le bébé.<br />

Au Yucatan, les parents apportaient l'enfant dans le temple, le prêtre lui versait sur la tête <strong>de</strong> l'eau et lui<br />

donnait un nom. Aux îles Canaries, le rite était i<strong>de</strong>ntique mais la mère, alors, remplaçait le prêtre. En In<strong>de</strong>, au<br />

moment <strong>de</strong> donner un nom à l'enfant, on écrivait ce nom sur son front, on le plongeait trois fois dans l'eau et<br />

le brahme s'écriait :<br />

"Dieu pur, unique, invisible et parfait, nous t'offrons cet enfant, issu d'une tribu sainte, oint d'une huile<br />

incorruptible et purifié par l'eau."<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Egyptiens, les Perses, les Grecs, les Tibétains avaient <strong><strong>de</strong>s</strong> coutumes semblables.<br />

Comment <strong>de</strong> pareilles usages aussi spécifiquement i<strong>de</strong>ntiques ont-ils pu se répandre d'un bout <strong>de</strong> notre<br />

mon<strong>de</strong> à l'autre même en supposant qu'ils puissent remonter à l'aube <strong>de</strong> notre création ? Si je suis les<br />

raisonnements qui découlent <strong><strong>de</strong>s</strong> enseignements qui nous ont été prodigués par nos professeurs, c'est<br />

impossible. Or cela est.<br />

Pourquoi toutes ces révélations ne figurent-elles pas dans les livres qu'on nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> lire parce qu'ils<br />

contiennent notre enseignement ? Pourquoi sont-elles enfouies dans un voile opaque <strong>de</strong> silence ?<br />

<strong>Le</strong> peu que nous avons appris serait donc faux ?<br />

Pourtant, il semble impossible que les professeurs qui dirigent nos professeurs ne le sachent pas. Alors


57<br />

pourquoi le cachent-ils? Et s'ils nous cachent ces quelques faits que je découvre en tâtonnant, que nous<br />

cachent-ils d'autre ?<br />

Peut-être ferment-ils leur cerveau à ces problèmes comme l'autruche cache stupi<strong>de</strong>ment sa tête dans le<br />

sable face au danger et ne cherchent-ils pas ? Par honte, par bêtise ou par peur ? Peur <strong>de</strong> la vérité ?<br />

Mais quelle est cette vérité ? Une vérité vraie qui ne soit ni noire, ni jaune, ni rouge, ni même blanche mais<br />

universelle?<br />

Existe-t-elle seulement ?<br />

J'ai retenu cette citation du professeur H. Thirring<br />

"C'est un moindre mal si un homme <strong>de</strong> science est induit en erreur par un imposteur ; il est bien plus<br />

grave que, par respect humain ou par crainte <strong>de</strong> se tromper, la science se refuse à chercher la vérité."<br />

10 mai<br />

Dès 8 heures, on prévient Jacky qu'il est transféré d'établissement. Sans précision. Très certainement<br />

Fresnes.<br />

A la même heure, juste avant son départ, tout ce qu'il a cantiné arrive. Grand seigneur, il nous laisse bière,<br />

charcuterie, conserves, cigarettes. La nouba en perspective. Il nous laisse également une adresse à cacher<br />

soigneusement pour le contacter à Paris.<br />

Il n'était pas désagréable, loin <strong>de</strong> là. Malgré cela, un calme reposant envahit la cellule. Ouf !<br />

Jean s'acharne sur son jeu <strong>de</strong> cartes et je reprends mes livres.<br />

16 h. <strong>Le</strong> maton-facteur est passé. Jean vient <strong>de</strong> recevoir une carte <strong>de</strong> Nice qui lui annonce un nouveau<br />

mandat. Ma lettre ne m'a pas été rendue. Elle n'a donc pas été censurée à moins qu'elle n'ait été transmise au<br />

juge d'instruction.<br />

Je ne peux me soustraire aux supplications <strong>de</strong> Jean et n'échappe pas au poker. Il gagne la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

parties. Il est heu-reux !<br />

11 - 12 mai<br />

Pendant l'heure <strong>de</strong> la promena<strong>de</strong>, un nouveau est venu se joindre à nous. <strong>Le</strong> calme fut donc <strong>de</strong> courte<br />

durée. C'est un portugais, Fernando Andras, qui arrive <strong>de</strong> Fleury.<br />

Il reste prostré dans son coin. Nous essayons <strong>de</strong> le mettre à l'aise. Il nous parle alors <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes prisons<br />

qu'il a connues. Il a déjà été condamné six fois dont une fois pour trois ans. Il a même été incarcéré dans une<br />

prison en Espagne, une prison qu'il regrette : ils y vivaient en groupes avec une sorte <strong>de</strong> cantine publique où<br />

ils pouvaient boire comme au café sur une terrasse qui dominait la ville. Tout y était possible à qui possédait<br />

<strong>de</strong> l'argent. Il avait été pris avec du hachisch et en était sorti en payant.<br />

A Fleury, il avait fait la grève <strong>de</strong> la faim pendant 39 jours. <strong>Le</strong> 39ème, il avait obtenu ce qu'il voulait. La<br />

grève <strong>de</strong> la faim ne serait pénible, d'après lui, que les quatre premiers jours. Ensuite, ce ne serait plus rien.<br />

Avant d'arriver dans notre cellule, il a <strong>de</strong>mandé une liberté provisoire car ils sont à trois sur son affaire et<br />

les <strong>de</strong>ux autres sont <strong>de</strong>hors. Lui a nié, il est <strong>de</strong>dans.<br />

Je réussis malgré tout à m'isoler un peu. Notre portugais reste dans son coin, sans bouger, comme s'il<br />

rêvait. Jean, le regard fixe, sérieux comme s'il passait un examen, manipule ses cartes.<br />

*****<br />

Je viens <strong>de</strong> lire l'histoire <strong>de</strong> Sainte Philomène, une sainte qui ne l'était pas et qui, portant, ne fit pas mentir<br />

sa réputation : Elle fit tant <strong>de</strong> miracles qu'on la surnomma "la thaumaturge du 19 ème siècle".<br />

Sainte Philomène est une jeune fille soi-disant martyrisée dont la tombe fut découverte le 20 mai 1802.<br />

<strong>Le</strong> saint curé d'Ars en avait obtenu une relique <strong>de</strong> Pauline Marie Jaricot, fondatrice <strong>de</strong> la propagation <strong>de</strong> la<br />

Foi. Il l'appelait "sa chère petite sainte".<br />

Trente années durant, elle fit tant <strong>de</strong> miracles, à Ars, que le brave curé lui <strong>de</strong>manda d'aller les prodiguer<br />

ailleurs...<br />

Sa fête fut fixée au 14 août et, le 3 avril 1906, le Pape Pie X approuva "l’oeuvre <strong>de</strong> Sainte Philomène" par


58<br />

le cardinal Vicaire.<br />

Or, ce serait officiel : on se serait trompé ! Ce ne serait pas une martyre mais une petite fille comme les<br />

autres. Il s'agirait, tout simplement, d'une erreur d'interprétation lors <strong>de</strong> la découverte <strong>de</strong> la sépulture, erreur<br />

due au mélange <strong><strong>de</strong>s</strong> tuiles <strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong> la niche funéraire.<br />

<strong>Le</strong> Vatican lui-même qui se fait discret, bien entendu, le reconnaît, paraît-il.<br />

Une erreur, ce n'est pas grave... mais les miracles qui se sont réellement produits en Italie comme en<br />

France ? Car ils ont bien eu lieu, c'est indéniable. Comment ont-ils pu se réaliser ? Par quel "miracle" - c'est le<br />

moment d'utiliser ce mot - <strong>de</strong> la nature ?<br />

Que la Sainte Vierge fasse <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles, qu'un saint, qu'une sainte fasse <strong><strong>de</strong>s</strong> miracles, même incroyant,<br />

admettons le ; mais qu'une jeune fille inconnue se transforme en thaumaturge, alors là...<br />

Quelle force mystérieuse se cache là-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous ?<br />

14 mai<br />

9 h. <strong>Le</strong> "2 barrettes" vient faire signer à notre portugais son refus <strong>de</strong> liberté provisoire. Il est furieux. "Je<br />

vais faire une grève <strong>de</strong> la faim" crie-t-il au maton qui lui répond : "Je m'en fous. Mais, crois moi, je m'en<br />

fous !"<br />

Lorsque nous nous retrouvons seuls, il nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui écrire <strong>de</strong>ux lettres, la première au surveillant<br />

chef pour le prévenir qu'il commence une grève <strong>de</strong> la faim, la <strong>de</strong>uxième au procureur général près <strong>de</strong> la cour<br />

d'Appel pour faire appel <strong>de</strong> la décision. Jean lui rend ce service puis, dès qu'on entend le cliquetis <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong><br />

s'engager dans le couloir, Fernando se met à hurler en frappant sur la porte. Gueulante du maton qui,<br />

toutefois, prend les lettres.<br />

La réaction est immédiate. <strong>Le</strong> surveillant chef se présente et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une troisième lettre spécifiant que<br />

cette grève ne concerne que l'appel à la décision du juge et non le régime <strong>de</strong> la prison. Fernando s'exécute,<br />

toujours par l'intermédiaire <strong>de</strong> Jean. Une <strong>de</strong>mi-heure après, réapparition du surveillant chef qui lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> faire ses paquets. On l'isole. Très certainement à cause <strong>de</strong> sa précé<strong>de</strong>nte grève. Et pour lui faire peur,<br />

prenant comme prétexte le manque <strong>de</strong> place, ils le mènent au mitard...<br />

Peu après, un maton vient nous trouver, l'air mystérieux, pour nous donner un conseil : "Surtout, entre<br />

nous, n'écrivez plus <strong>de</strong> telles lettres pour un détenu, on pourrait vous le reprocher. On n'aime pas ça. Ça<br />

pourrait vous coûter cher..."<br />

Ils ont l'air bien embêtés.<br />

Notre maton revient en catimini : "Et puis, on pourrait supposer que vous le faites exprès pour obliger<br />

votre troisième gars à s'en aller. Faites attention !"<br />

*****<br />

14 h. A ma gran<strong>de</strong> surprise, on m'appelle pour une visite au parloir. Maman est là légèrement souriante et<br />

l'air mystérieux ce qui accentue encore ses ri<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

- J'ai vu Madame Richard. Je voulais te le dire. Elle a reçu ta lettre. Elle m'a dit qu'elle ne voulait rien<br />

savoir et que tu ferais mieux <strong>de</strong> ne plus jamais leur écrire et elle a dit aussi qu'elle n'en parlerait pas à<br />

Simone, ils ont suffisamment souffert comme ça, mais, un peu plus tard, Simone est venue me voir, elle m'a<br />

dit : J'ai chipé la lettre que maman a reçue <strong>de</strong> Michel. Je l'ai lue et je l'ai remise à sa place. Je voulais vous<br />

dire que je crois Michel. Dites le lui. Mais que peut-on faire pour l'ai<strong>de</strong>r ?<br />

Et elle s'est mise à pleurer.<br />

Je suis revenu dans la cellule, sourire aux lèvres. Ouf ! Je respire. La lettre est passée et Simone me croit !<br />

15 mai<br />

Cette nuit, j'ai rêvé d'elle. Il faisait tiè<strong>de</strong> et cela sentait bon l'étable. Nous trayions ensemble et sa main<br />

douce et chau<strong>de</strong> comme une peau <strong>de</strong> chaton lorsqu'il quitte sa mère caressait la mienne la bloquant sur le<br />

même pis gonflé, pressant le téton d'où jaillissait le lait. Je rêvais d'elle comme dans la chanson... un rêve<br />

irréaliste qui dégénérait en érotisme dangereux lorsqu'il fut stoppé net par l'irruption, telle une furie, <strong>de</strong> sa<br />

mère dont la tête déformée par la rage grossissait et se déformait, énorme et hi<strong>de</strong>use...


59<br />

Affolant ce qu'on peut rêver !<br />

J'avoue que j'en suis encore sous le charme et que j'ai du mal à réagir. Et je n'ai pratiquement rien fait <strong>de</strong> la<br />

journée, sinon rêvasser et tourner en rond.<br />

Certains croient aux rêves et se vantent même <strong>de</strong> pouvoir les interpréter. J'ai justement commencé la<br />

lecture <strong>de</strong> livres traitant <strong>de</strong> la parapsychologie. Peut-être y trouverai-je une réponse...<br />

Peut-être a-t-elle rêvé aussi ?<br />

16.17 18 mai<br />

<strong>Le</strong> dictionnaire définit ainsi la parapsychologie : "Etu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes paranormaux." et : "Se dit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

phénomènes en marge <strong>de</strong> la normalité."<br />

C'est à dire, si je comprends bien : "anormaux".<br />

Cela promet car, jusqu'ici, d'après ce que j'ai entendu, je suis tenté <strong>de</strong> croire que ce qui est classé dans le<br />

normal ne l'est pratiquement pas. Alors, qu'en est-il <strong>de</strong> l'anormal ?<br />

Einstein, une <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grosses têtes parmi les grands savants, disait :<br />

"La parapsychologie est impossible, c'est une insulte à la raison et les phénomènes qu'elle prétend<br />

étudier ne peuvent pas exister."<br />

L'auteur en conclut : c'est une prise <strong>de</strong> position stupi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la part d'un homme pourtant réputé intelligent.<br />

Comme cela se produit toujours, malheureusement. Il n'avait pas compris que ce que l'on ne peut pas<br />

expliquer à une certaine époque, le sera plus tard, beaucoup plus tard peut-être, mais le sera inévitablement.<br />

Pourquoi le nier ?<br />

Galilée dut abjurer <strong>de</strong>vant l'inquisition ! Hélas !, il semble bien que l'inquisition, comme l'hydre <strong>de</strong> <strong>Le</strong>rne,<br />

renaisse toujours.<br />

Heureusement, <strong>de</strong> plus en plus souvent, les scientifiques se trouvent dans l'obligation <strong>de</strong> reconnaître, même<br />

dans leur domaine spécifique, que l'impossible peut exister et que, s'il existe alors, ce ne peut être qu'en<br />

fonction <strong>de</strong> notre incompétence.<br />

Alfred Kastler, prix Nobel <strong>de</strong> Physique écrivait :<br />

En observant les événements <strong>de</strong> la microphysique, il a bien fallu que le physicien apprenne à constater,<br />

avec quelque surprise, qu'en réalisant les mêmes conditions initiales, il n'observe pas toujours les mêmes<br />

effets, et qu'à une loi causale, il doit ajouter une loi <strong>de</strong> probabilité.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> faits sont là qui surprennent et qu'il faudrait essayer <strong>de</strong> comprendre, <strong>de</strong> maîtriser et <strong>de</strong> développer.<br />

Il semble que le champ du possible s'étend à l'infini.<br />

Ce que <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres d'exception réalisent exceptionnellement prouve, sans contestation, que votre cerveau, s'il<br />

était complètement "débridé" - comme un moteur encore trop jeune - en serait capable tout à fait<br />

normalement. Certainement même plus.<br />

Ainsi l'écriture automatique, la peinture automatique, la gravure et la sculpture automatiques réalisées par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> médiums dont on parle peu parce qu'ils gênent, existeraient réellement.<br />

J'ignore le temps que cela va me prendre, mais je suis tellement surpris que je vais essayer <strong>de</strong> noter le<br />

maximum <strong>de</strong> ce que j'ai lu ou que je vais lire à ce sujet.<br />

<strong>Le</strong> médium est un être doué, disons, faute <strong>de</strong> mieux, d'une sensibilité exacerbée spéciale. Il se dit, en<br />

général, guidé par une force qui lui est étrangère. <strong><strong>Le</strong>s</strong> spirites affirment qu'il sert d'intermédiaire entre les<br />

esprits et les autres êtres humains incapables <strong>de</strong> communiquer avec les esprits désincarnés.<br />

Il en existe <strong>de</strong> très nombreux groupes, toute personne possédant <strong><strong>de</strong>s</strong> dons supranaturels aussi différents<br />

que la matérialisation d'ectoplasmes, la télépathie, la guérison, la divination, la voyance et les écritures,<br />

peinture, gravure ou sculpture automatiques, est cataloguée comme "médium".<br />

Si ce qu'on nous a appris est vrai, ces faits sont impossibles. Or ils existent. Donc, ce qu'on nous a appris<br />

est faux ou, tout au moins, en partie faux. Disons que ce n'est pas parfaitement exact ; qu'il y a autre chose<br />

qui ne peut être nié.<br />

*****


60<br />

Thomas P. James avait dû quitter l'école à l'âge <strong>de</strong> treize ans, n'ayant reçu qu'une instruction primaire<br />

minimum. <strong>Le</strong> 3 octobre 1872, ce jeune ouvrier imprimeur <strong>de</strong> Brettleboro, dans l'état <strong>de</strong> Vermont, aux Etats-<br />

Unis, annonça qu'il avait reçu mission, par l'esprit <strong>de</strong> Charles Dickens, <strong>de</strong> terminer le roman "<strong>Le</strong> Mystère<br />

d'Edwin Drood" dont ce <strong>de</strong>rnier n'avait écrit qu'une moitié avant <strong>de</strong> mourir.<br />

Dès cet instant, arrivé chez lui, après son travail, Thomas P. James ne dormait que quelques heures puis se<br />

mettait à écrire, à toute vitesse, sur la dictée qui lui en était donnée. Il ne faisait aucune retouche, aucune<br />

correction : "Je n'en ai pas le droit", disait-il.<br />

<strong>Le</strong> roman parut treize mois après, en novembre 1873 à la gran<strong>de</strong> surprise <strong><strong>de</strong>s</strong> critiques et <strong><strong>de</strong>s</strong> spécialistes :<br />

la partie qu'il avait écrite était un pastiche absolument parfait du style <strong>de</strong> Charles Dickens !<br />

Thomas P. James n'écrivit rien d'autre et mourut jeune, oublié <strong>de</strong> tous.<br />

Madame Kryschanowska Rochester, en Estonie, écrivit près <strong>de</strong> quarante romans qui lui étaient dictés par<br />

télépathie par l'esprit d'un Indien. Elle écrivait si vite que, souvent, elle n'arrivait pas à suivre le sens <strong>de</strong> ce<br />

qu'elle écrivait. Elle ne connaissait que très médiocrement le français mais c'est dans un français parfait qu'elle<br />

rédigeait ses manuscrits.<br />

Ses récits sur l'ancienne Égypte qu'elle ne connaissait pas particulièrement, étaient rédigés <strong>de</strong> la sorte. Ils<br />

étaient si précis que l'académie française lui décerna une décoration pour la perfection <strong>de</strong> ses <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions<br />

historiques.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> époux Curran, <strong>de</strong> Saint Louis, s'amusaient à "manier les tables tournantes" en pratiquant le principe du<br />

"oui-ja". Brusquement, en juin 1913, la planchette se mit à bouger et à épeler lentement ce message :<br />

J'ai vécu, il y a bien longtemps. Aujourd'hui, je reviens. Mon nom est Patience Worth<br />

Cet esprit révéla qu'elle était née en Angleterre, en 1649, dans le Dorsetchire et décrivit les lieux où elle<br />

avait vécu. Une <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes présentes, M. Yost, visita alors le Dorsetshire qu'il ne connaissait pas et<br />

retrouva les paysages décrits, y compris un monastère en ruines qu'elle avait dépeint.<br />

Par la suite, elle dicta, non plus par le système du "oui-ja", mais en écriture automatique toute une série <strong>de</strong><br />

romans historiques. <strong>Le</strong> médium écrivait directement, sans aucune hésitation et, comme Patience dictait <strong>de</strong><br />

plus en plus vite, il fut dans l'obligation <strong>de</strong> faire appel à une sténo. <strong>Le</strong> médium parlait alors, toujours sous la<br />

dictée <strong>de</strong> Patience Worth, à la ca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> 110 mots à la minute sans aucune hésitation. Si la sténo se trouvait<br />

en difficulté, Patience répétait sa phrase et ralentissait. Une fois, plusieurs feuillets furent égarés ; Patience les<br />

dicta <strong>de</strong> nouveau et, lorsqu'ils furent retrouvés, les <strong>de</strong>ux textes étaient absolument i<strong>de</strong>ntiques.<br />

Ainsi, il a été écrit un poème <strong>de</strong> soixante mille mots, en dialecte anglo-saxon du 17 ème siècle, intitulé<br />

"Telka". Des experts se penchèrent sur le texte et n'y trouvèrent pas un seul mot qui ne soit <strong>de</strong> l'époque.<br />

Elle dicta, en particulier, un roman "La Triste histoire", dont l'action se déroule au temps du Christ, en<br />

Palestine.<br />

Madame Hervy écrivait page sur page et on les lui enlevait sitôt écrites. Elle en écrivait sur <strong><strong>de</strong>s</strong> thèmes<br />

imposés par le docteur Osty qui effectuait une surveillance rigoureuse à toute épreuve ; elle écrivait sans<br />

s'arrêter, sans rectifier, en prose comme en vers. Tout était d'une texture absolument parfaite, tant par le style,<br />

le respect <strong><strong>de</strong>s</strong> règles <strong>de</strong> prosodie que par la qualité <strong>de</strong> la pensée exprimée...<br />

Ces récits ne rappellent-ils pas l'ange Gabriel dictant le Coran à Mahomet ?<br />

*****<br />

Augustin <strong><strong>Le</strong>s</strong>age, fils <strong>de</strong> mineur, fréquenta l'école primaire jusqu'à l'âge <strong>de</strong> quatorze ans où il obtint son<br />

certificat d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong> puis il prit, comme tous les membres <strong>de</strong> sa famille, le chemin <strong>de</strong> la mine.<br />

En 1911, âgé <strong>de</strong> trente cinq ans, il travaillait allongé dans un petit boyau, lorsqu'il entendit une voix qui lui<br />

disait :<br />

Un jour, tu seras peintre.<br />

Près d'un an après, un ami lui parla <strong>de</strong> spiritisme et <strong>de</strong> possibilité <strong>de</strong> communiquer avec les esprits. Ils<br />

décidèrent d'essayer et s'installèrent, avec un groupe <strong>de</strong> spirites autour d'une table qui fit entendre un<br />

craquement. Un <strong><strong>de</strong>s</strong> assistants <strong>de</strong>manda :<br />

- Est-ce <strong><strong>Le</strong>s</strong>age qui est le médium ?


61<br />

La table frappa un coup ce qui, suivant les conventions, voulait dire "oui". Ils renouvelèrent l'expérience le<br />

jeudi suivant. "Ma main droite, dit-il, se mit à trembler et je sentis qu'elle voulait écrire. Mon ami <strong>Le</strong>comte<br />

mit alors sur la table un crayon et du papier. Je pris le crayon et ma main se mit à écrire ce message que je<br />

ne puis oublier :<br />

Aujourd'hui, nous sommes heureux <strong>de</strong> communiquer avec vous. <strong><strong>Le</strong>s</strong> voix que tu as entendues sont une<br />

réalité. Un jour tu seras peintre. Ecoute bien nos conseils et tu verras qu'un jour, tout se réalisera tel<br />

que nous le disons. Prends à la lettre ce que nous disons et ta mission s'accomplira.<br />

Il écouta les conseils qui suivirent toujours par le même procédé, acheta ce qu'on lui ordonnait d'acheter et,<br />

le soir, après son travail, se mit à peindre.<br />

<strong>Le</strong> résultat fut ahurissant. Lui qui n'avait aucune notion <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sin ou <strong>de</strong> peinture, peignit <strong><strong>de</strong>s</strong> toiles<br />

généralement <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> dimensions (3m x 3m pour certaines) représentant essentiellement <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs<br />

décoratifs d'une extraordinaire variété et d'une étonnante finesse, d'inspiration strictement personnelle, ne<br />

pouvant, en aucun cas, être une imitation <strong>de</strong> qui que ce fût.<br />

Frédéric L. Thomson, un orfèvre, n'avait aucun goût pour le <strong><strong>de</strong>s</strong>sin lorsqu'il ressentit, en pleine nuit, un<br />

besoin impératif <strong>de</strong> peindre. Il s'y essaya en reproduisant <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages qu'il voyait au cours d'hallucinations.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> tableaux semblaient se réaliser d'eux-mêmes, sans aucun effort <strong>de</strong> sa part..<br />

Cela semble assez banal. Ce qui l'est moins c'est qu'il eut connaissance <strong>de</strong> la mort d'un peintre américain,<br />

Robert Swain Gifford décédé avant d'avoir terminé son oeuvre. Il fut alors pris d'un irrésistible désir d'achever<br />

cette œuvre et se mit à peindre <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages qu'il n'avait jamais vus, avec exactement le même coup <strong>de</strong><br />

pinceau que Gifford. <strong><strong>Le</strong>s</strong> experts sont formels : les tableaux portent en tous points la griffe <strong>de</strong> Gifford. Et ce<br />

qui est le plus inexplicable, c'est qu'ils représentaient <strong><strong>de</strong>s</strong> scènes que Gifford connaissait bien, particulièrement<br />

en Afrique du nord et qu'on retrouva, ultérieurement, dans un <strong>de</strong> ses albums <strong>de</strong> photographies. Frédéric L.<br />

Thompson n'avait pu en avoir connaissance.<br />

Plus incompréhensible encore, le cas <strong>de</strong> David Duiguid qui peignait à une vitesse incroyable et uniquement<br />

dans le noir, la nuit, sans aucune source <strong>de</strong> lumière...<br />

De même Marjan Gruzewski, un polonais, qui, à l'Institut métapsychique <strong>de</strong> Paris, réalisa <strong><strong>de</strong>s</strong> portraits à<br />

l'huile, sous contrôles très stricts et dans le noir le plus absolu.<br />

Victorien Sardou qui écrivit, plus tard, "Madame Sans Gêne", à vingt sept ans, participait à <strong><strong>de</strong>s</strong> séances <strong>de</strong><br />

spiritisme et <strong>de</strong> "tables tournantes" lorsqu'un soir, un "esprit" lui dit s'appeler "Bernard Palissy", citoyen du<br />

"royaume <strong>de</strong> la Justice" situé sur la planète Jupiter, et lui ordonna <strong>de</strong> prendre un burin et une plaque <strong>de</strong> cuivre<br />

et <strong>de</strong> graver les <strong><strong>de</strong>s</strong>sins qu'il allait lui faire exécuter. Subjugué, Sardou se procura ce qui lui était <strong>de</strong>mandé et<br />

se mit au travail. Lui qui ne connaissait absolument rien dans cet art, réalisa en quelques heures une plaque<br />

imposante recouverte d'un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin complexe, extrêmement fouillé, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité, digne d'un excellent<br />

graveur professionnel.<br />

<strong>Le</strong> plus stupéfiant, racontèrent les membres présents, c'est qu'il conduisait son travail d'une manière<br />

désordonnée, commençant par ci, par là, puis revenant sur ses ébauches pour les terminer, apparemment,<br />

complètement au hasard, comme si sa main était guidée par une force étrangère...<br />

Quelle force leur permet donc d'agir ainsi ?<br />

* Un double <strong>de</strong> leur personnalité blotti dans leur subconscient qui gar<strong>de</strong> tout, absolument tout et ne<br />

connaît pas l'oubli ?<br />

* Une mémoire atavique capable <strong>de</strong> leur fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> dons qu'ils ne possè<strong>de</strong>nt pas ?<br />

* Un réservoir <strong>de</strong> mémoire cosmique dans lequel ils ont le pouvoir <strong>de</strong> puiser ?<br />

* Ou "l'esprit" bienveillant que proposent les spirites ?<br />

Ahurissant !. Dépassé. Je me sentais dépassé.<br />

*****<br />

Dans un autre registre <strong>de</strong> sujet, le cas <strong>de</strong> John Coulon :<br />

John Coulon était un boxeur canadien, poids coq, qui ne pesait que quarante neuf kg. Pourtant, lorsqu'il ne<br />

le voulait pas, il était impossible <strong>de</strong> le soulever. Une expérience fut tentée en 1920 avec <strong><strong>de</strong>s</strong> athlètes


62<br />

renommés pour leur force. Ils ne purent y réussir.<br />

Posé sur une plaque <strong>de</strong> verre, on le soulevait sans problème mais s'il touchait celui qui voulait le soulever,<br />

cela <strong>de</strong>venait irréalisable. Il n'y avait pas <strong>de</strong> truc ; cela ne se pouvait pas car tout était contrôlé y compris la<br />

circulation sanguine et la force énergétique <strong><strong>de</strong>s</strong> souleveurs.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> professeurs Richet, Sébileau, Langlois et Camus <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Paris ne purent en tirer<br />

la moindre conclusion et s'avouèrent vaincus <strong>de</strong>vant cette force inconnue qui les dépassait.<br />

Par contre, si on veut soulever un homme dont le poids dépasse le quintal, c'est extrêmement facile avec<br />

simplement <strong>de</strong>ux doigts. L'expérience est amusante. Incroyable mais vrai !<br />

<strong>Le</strong> sujet s'assoit normalement sur une chaise. Quatre personnes joignent uniquement leurs in<strong>de</strong>x et les<br />

placent sous les <strong>de</strong>ux genoux et les <strong>de</strong>ux aisselles.<br />

Si on essaie <strong>de</strong> soulever <strong>de</strong> cette façon, la tâche est également impossible à moins d'être <strong><strong>de</strong>s</strong> champions<br />

d'haltérophilie. Pour réussir, il faut simplement que les souleveurs posent auparavant leurs mains (sans<br />

appuyer, ce n'est pas nécessaire) sur la tête <strong>de</strong> la personne à soulever, <strong>de</strong> telle façon que les <strong>de</strong>ux mains qui se<br />

touchent appartiennent à <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes différentes. L'une <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes présente compte jusqu'à vingt cinq<br />

ou trente secon<strong><strong>de</strong>s</strong> puis, à son signal, les souleveurs retirent leurs mains au plus vite, joignent leurs in<strong>de</strong>x, les<br />

placent sous les genoux et les aisselles et soulèvent l'être assis comme une plume.<br />

Chaque fois, cela réussit. C'est simple et amusant, et nous avons essayé; pourtant, c'est un mystère énorme<br />

qu'aucun <strong><strong>de</strong>s</strong> grands physiciens ne peut expliquer.<br />

<strong>Le</strong> flui<strong>de</strong> qui se dégage du soulevé ? Absolument pas car l'expérience réussit même avec un meuble ou une<br />

grosse poutre, paraît-il.<br />

Il y a donc dans la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> domaines autres que ceux explorés par la science et régis par d'autres règles<br />

pour l'instant inconnues mais qui s'imposent et qu'on ne peut ni nier ni rejeter.<br />

*****<br />

Comme les guérisons inexplicables <strong>de</strong> Lour<strong><strong>de</strong>s</strong>, tout sentiment religieux mis à part. Il y a eu plusieurs<br />

milliers <strong>de</strong> cas déclarés ; une dizaine seulement fut reconnue officiellement par l’Église très pru<strong>de</strong>nte en la<br />

matière. Mais elles le sont. J'en note une d'elles :<br />

Jeanne était alitée <strong>de</strong>puis onze ans et se trouvait tuberculeuse au <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>gré. On la conduit à Lour<strong><strong>de</strong>s</strong> le<br />

8 octobre 1948. Pendant la messe <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, le père Roques, un dominicain, ému <strong>de</strong> la voir dans un état<br />

comateux, quasi inconsciente, vomissant du sang noir par le nez et la bouche, la lui ouvre et lui donne la<br />

communion. Immédiatement, elle ouvre les yeux et dit : "Où suis-je ?". Quelques heures après, elle se lève,<br />

va se baigner et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à manger...<br />

Elle n'eut plus la moindre trace <strong>de</strong> tuberculose et, après <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles très stricts, fut officiellement<br />

déclarée "guérie miraculeusement" par l’Église.<br />

Ces guérisons inexplicables, contrairement à ce qu'on croit, ne sont pas le seul apanage <strong>de</strong> la religion. Ne<br />

serait-ce que l'exemple d'Edgar Cayce, qui "décortiquait" les maladies <strong>de</strong> ses consultants sans même les voir...<br />

et les guérissait.<br />

De même dans les temps anciens, comme à Épidaure, en Grèce, au 5 ème siècle av. J.-C.<br />

A Épidaure, le Lour<strong><strong>de</strong>s</strong> hellénique, que les archéologues ont réveillé, se trouvait le temple d'Asclépios, fils<br />

<strong>de</strong> Phoïbos, qui, avec sa fille Hugie et ses serpents sacrés, guérissait les mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, les infirmes, les éclopés<br />

venant implorer leur guérison.<br />

Ils ne se plongeaient pas dans une source sacrée mais <strong>de</strong>vaient sacrifier un animal, s'enrouler dans sa peau<br />

et dormir... afin <strong>de</strong> recevoir, en songe, la visite du dieu. Très souvent ils guérissaient "miraculeusement". <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

prêtres d'alors n'étaient d'ailleurs payés qu'au miracle. Et ils étaient riches. Très riches...<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> miracles les plus surprenants étaient archivés, comme à Lour<strong><strong>de</strong>s</strong>. <strong><strong>Le</strong>s</strong> procès-verbaux étaient gravés<br />

dans la pierre <strong><strong>de</strong>s</strong> six colonnes qui soutenaient la toiture <strong>de</strong> "la salle <strong><strong>de</strong>s</strong> songes". Trois d'entre elles ont été<br />

retrouvées : <strong><strong>de</strong>s</strong> tumeurs disparaissaient ; <strong><strong>de</strong>s</strong> cécités étaient guéries ; une jeune fille muette se mit à parler ;<br />

un homme paralysé <strong>de</strong> la main, à son réveil, comme il l'avait rêvé, guéri, se mit à jouer aux osselets ; une<br />

femme du nom <strong>de</strong> Cléo, enceinte <strong>de</strong>puis plusieurs années, après une nuit <strong>de</strong> sommeil curatif mit au mon<strong>de</strong> un<br />

garçon qui se baigna aussitôt et marcha avec sa mère...


Au 4 ème siècle av. J.-C, le sanctuaire connu un succès si extraordinaire qu'il fut obligé <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r <strong>de</strong><br />

nombreux autres centres, en particulier en Crête, en Arcadie et même à Pergame, en Asie Mineure.<br />

63<br />

*****<br />

Comme les rites magiques ancestraux qui se pratiquent encore en Afrique. Combien <strong>de</strong> missionnaires en<br />

sont revenus en les décrivant et en s'écriant : "Et ça marche ! C'est incroyable, mais ça marche ! !<br />

Dans certaines régions du Gabon, les noirs <strong><strong>de</strong>s</strong> villages préfèrent encore leur "jugement coutumier" à la<br />

justice officielle. <strong><strong>Le</strong>s</strong> villageois arrivent - on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'ailleurs comment ils ont pu être prévenus - certains<br />

portant délicatement, sous le bras, un poulet, les pattes ficelés. Ils forment un cercle <strong>de</strong> trente à quarante<br />

mètres <strong>de</strong> diamètre, sur lequel se placent les éventuels coupables, là où ils veulent, parmi les autres. A ce<br />

moment, ceux qui portent <strong><strong>de</strong>s</strong> poulets, les détachent, leur coupe brusquement la tête et les lancent à l'intérieur<br />

du cercle.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> poulets décapités se mettent à courir et vont tous s'affaler, sans exception, aux pieds du coupable.<br />

Certains anciens pratiquent encore le "belingo", une magie noire dont aucun blanc n'a réussi à percer le<br />

secret. Celui qui, par vengeance, a été "belingoté" est irrémédiablement perdu. <strong><strong>Le</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins blancs qui ne<br />

comprennent pas ne peuvent qu'avouer leur impuissance.<br />

Une anthropologiste anglaise, Mrs Toye, fut témoin d'une cérémonie semblable <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à venger un<br />

marchand africain qui venait d'être ruiné par un commerçant blanc. <strong>Le</strong> marchand africain avait payé trois<br />

sorcières qui firent brûler <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes vénéneuses en les accompagnant <strong>de</strong> chants rituels et <strong>de</strong> formules<br />

magiques.<br />

"Elles prirent ensuite, raconte-t-elle, un jeune coq auquel elles arrachèrent trois plumes à l'endroit du<br />

coeur et qu'elles tuèrent aussitôt. La plus jeune <strong><strong>de</strong>s</strong> trois sorcières éventra le coq d'un coup <strong>de</strong> couteau,<br />

trempa les trois plumes dans le sang <strong>de</strong> l'animal et se rendit chez le commerçant blanc. Arrivée chez lui,<br />

elle plaça les trois plumes dans une fente du mur puis prononça <strong><strong>de</strong>s</strong> formules magiques.... <strong>Le</strong> blanc qui<br />

était alors en parfaite santé, souffrit, cette nuit là, <strong>de</strong> spasmes abdominaux particulièrement douloureux.<br />

<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin européen qui se rendit à son chevet ne put rien faire et, trois jours plus tard, heure pour<br />

heure, après le début <strong>de</strong> la cérémonie, le blanc mourut...<br />

- La réalité ? C'est que vous vivez dans un univers complexe infiniment plus vaste que ce que vous<br />

croyiez, composé d'un mon<strong>de</strong> physique et d'un mon<strong>de</strong> non physique, d'un mon<strong>de</strong> connu et d'un mon<strong>de</strong><br />

inconnu qui s'enchevêtrent, se complètent, forment un ensemble cosmique indissoluble qui sait et qui peut<br />

tout.<br />

Cipriani écrivait :<br />

"Nous n'insisterons jamais assez sur l'immensité <strong><strong>de</strong>s</strong> pouvoirs <strong>de</strong> l'inconscient et sur l'étroitesse <strong>de</strong> notre<br />

connaissance."<br />

19 mai<br />

Ce matin, j'ai besoin <strong>de</strong> m'aérer et je sors en promena<strong>de</strong>. Dans la cour, je rencontre notre portugais qui a<br />

donc quitté le mitard. Je cours <strong>de</strong>rrière lui et lui saute sur les épaules mais on me crie :<br />

- Attention !<br />

Je remarque en effet qu'il est blême et que la cicatrice qui barre le haut <strong>de</strong> son nez ressort curieusement.<br />

Son bras gauche pend, la main dans la poche : hier, il s'est ouvert les veines avec le couteau qu'il avait aiguisé<br />

sur le rebord en ciment <strong>de</strong> la fenêtre.<br />

Il s'est tailladé le bras en 5 endroits car il n'est pas facile, contrairement à ce qu'on dit, <strong>de</strong> se saigner en<br />

s'ouvrant les veines : la veine se referme vite. Il faut donc serrer les <strong>de</strong>nts et recommencer jusqu'à épuisement.<br />

Montes, le maton grincheux, a voulu le brimer en lui faisant couper les cheveux presque à ras,<br />

contrairement au règlement, alors qu'il les avait assez longs. Fernando a <strong>de</strong>mandé qu'on ne le fasse pas.<br />

Montes a refusé. Fernando a piqué une colère et, <strong>de</strong> rage, s'est ouvert les veines. Montes a voulu intervenir. Il<br />

l'a poursuivi dans le couloir et l'escalier en menaçant <strong>de</strong> lui couper le cou.<br />

<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin est arrivé. Puis l'infirmière. Piqûre. Il s'est évanoui. Dès qu'il est revenu à lui, le surveillant chef<br />

l'a reçu et lui a affirmé qu'il n'était pas au courant <strong>de</strong> cette brima<strong>de</strong> inadmissible. On ne lui a pas coupé les<br />

cheveux et il a abandonné sa grève <strong>de</strong> la faim.


64<br />

Cela me rappelle que, la semaine <strong>de</strong>rnière, un détenu qui voulait se faire hospitaliser a avalé une cuillère et<br />

un couteau. Il a <strong>de</strong>mandé à Dubus, son camara<strong>de</strong> <strong>de</strong> cellule, la fourchette, le couteau et la cigarette du<br />

condamné. Dubus les lui a donnés croyant qu'il blaguait. Il les a avalés. On l'a transporté à l'hôpital <strong>de</strong><br />

Fresnes.<br />

J'avais oublié <strong>de</strong> le noter.<br />

*****<br />

Et je reprends mes notes <strong>de</strong> lecture.<br />

Quelque chose <strong>de</strong> très <strong>abstrait</strong> et <strong>de</strong> rébarbatif. Mais je ne capitulerai pas.<br />

Iappli écrit :<br />

"<strong>Le</strong> rêve est le langage <strong>de</strong> l'inconscient que nous entendons pendant le sommeil."<br />

Une définition qui paraît tout à fait normale. Je me souviens très bien avoir été empoisonné, étant écolier,<br />

par un problème d'arithmétique que je n'arrivais pas à résoudre. J'en ai rêvé et, en rêvant, j'ai trouvé la<br />

solution dont, heureusement, je me suis souvenu à mon réveil.<br />

C'est <strong>de</strong> cette façon que le canadien Frédérik Grandt Banting, prix Nobel <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, a réussi à isoler<br />

l'insuline ; que Niels Bohr, un Danois, a trouvé le type d'atome qui porte son nom ; qu'Elias Howe , un<br />

américain, a conçu la machine à coudre et qu'un Allemand, August Kekulé von Stradonitz, a découvert la<br />

structure atomique <strong>de</strong> "l'anneau <strong>de</strong> benzine".<br />

André Breton se <strong>de</strong>mandait :<br />

<strong>Le</strong> rêve ne peut-il pas être appliqué à la solution <strong>de</strong> questions <strong>de</strong> la vie fondamentale ?<br />

Ouf ! Moi, je veux bien.<br />

Des rêves qui, parfois, <strong>de</strong>viennent la représentation d'une réalité présente...<br />

Pendant la première guerre, en 1916, Jetty Brand alors âgé <strong>de</strong> neuf ans, rêva que son père Hirsch, avait<br />

très soif et lui <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> la bière. Elle alla en acheter et se sentit toute heureuse <strong>de</strong> voir son père se<br />

désaltérer. <strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, elle raconta son rêve à sa mère et, quelques jours plus tard, ils reçurent une lettre du<br />

père qui, sur le front, avait cruellement souffert <strong>de</strong> la soif à cause du manque d'eau. Il ne comprenait pas<br />

pourquoi sa soif s'était soudain apaisée alors qu'il avait fait un rêve étrange pendant lequel Jetty lui apportait<br />

<strong>de</strong> la bière...<br />

Je me souviens aussi qu’un cas un peu semblable est arrivé à mon institutrice, pendant la <strong>de</strong>uxième guerre<br />

cette fois-ci. Une nuit, elle avait rêvé d'un <strong>de</strong> ses voisins et s'était réveillée avec une impression d'angoisse<br />

terrible. Elle avait confié son rêve à ma soeur avec qui elle était intime. On apprit plus tard que ce voisin était<br />

décédé à ce moment même.<br />

... Des rêves qui, parfois aussi, <strong>de</strong>viennent la représentation <strong>de</strong> la réalité passée...<br />

<strong>Le</strong> "déjà vu" qui trouve ses cas les plus extravagants dans le rêve éveillé.<br />

Des rêves qui, parfois aussi, <strong>de</strong>viennent la représentation <strong>de</strong> la réalité à venir...<br />

Jung qui n'est quand même pas un imbécile, écrit :<br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> rêves sont souvent l'anticipation du futur."<br />

Et Adler :<br />

"<strong>Le</strong> rêve est un point <strong>de</strong> jonction entre le présent et l'avenir."<br />

Deviner le passé, c'est acceptable, mais, pour toute personne sensée, <strong>de</strong>viner un avenir non encore réalisé,<br />

c'est apparemment impossible. Pourtant, sans contestation, les rêves dits prémonitoires ou prophétiques<br />

existent.<br />

Alors ?...<br />

L'avenir peut donc être connu dans son passé ?<br />

Qu'il existe une souvenance d'un fait antérieur pourtant théoriquement inconnu, cela nous dépasse mais<br />

comment peut-il y avoir une souvenance d'un fait non seulement inconnu mais alors inexistant ?<br />

Que sont donc le présent, le passé, l'avenir ?


65<br />

Einstein, le père <strong>de</strong> la relativité, affirmait que le temps n'existait pas dans l'absolu.<br />

Ainsi que l'enseignent les savants relativistes, tout dépend, à quel sta<strong>de</strong> nous nous trouvons dans "le<br />

continuum spatio-temporel" - Oh ! là, là !... je crois pourtant que j'ai compris... - comme le serait<br />

l'observateur d'une procession :<br />

Si l'observateur se place au bord du chemin où passe la procession, le présent se réduit au petit groupe <strong>de</strong><br />

personnes qu'il peut voir à un moment donné. Celles qu'il a déjà vues sont son passé. Celles qui ne sont pas<br />

encore arrivées, son avenir. Si un autre observateur s'installe en haut du clocher, c'est la procession toute<br />

entière qu'il découvre et qui <strong>de</strong>vient son présent comprenant le passé et l'avenir <strong>de</strong> celui qui se trouve au bord<br />

<strong>de</strong> la route. Il peut donc lui prédire son avenir en lui affirmant, par exemple : le troisième homme que vous<br />

verrez plus tard s'ai<strong>de</strong> d'une canne et boite...<br />

Pour lui, le présent, l'avenir et le passé <strong>de</strong> l'autre existent en même temps<br />

L'homme pourrait donc se déplacer dans le temps et l'espace... Pas bête... Qui sait ?...<br />

La revue <strong><strong>de</strong>s</strong> Sciences Psychiques <strong>de</strong> novembre 1901 cite le cas suivant rapporté également par<br />

Flammarion :<br />

En 1868, écrit Paul <strong>Le</strong>roux, j'avais alors dix sept ans, j'étais employé chez un oncle épicier, 32 rue St<br />

Roch. Un matin et après lui avoir souhaité le bonjour, encore sous l'impression d'un rêve qu'il avait eu<br />

dans la nuit, il me raconta que, dans ce rêve, il était sur le pas <strong>de</strong> sa porte lorsque ses regards se portant<br />

dans la direction <strong>de</strong> la rue Neuve-<strong><strong>de</strong>s</strong>-Petits-Champs, il voit déboucher un omnibus <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> la<br />

Compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> chemins <strong>de</strong> fer du Nord, qui s'arrête <strong>de</strong>vant la porte <strong>de</strong> son magasin. Sa mère en <strong><strong>de</strong>s</strong>cend<br />

et l'omnibus continue sa route, en emportant une autre dame qui était dans la voiture avec ma grandmère,<br />

laquelle dame, vêtue <strong>de</strong> noir, tenait un panier sur ses genoux.<br />

Tous les <strong>de</strong>ux, nous nous amusions <strong>de</strong> ce rêve si peu en rapport avec la réalité car jamais ma grandmère<br />

ne s'était aventurée à venir <strong>de</strong> la gare du Nord jusqu'à la rue St Roch. Habitant près <strong>de</strong> Beauvais,<br />

lorsqu'elle voulait passer quelque temps chez ses enfants, à Paris, elle écrivait <strong>de</strong> préférence à mon<br />

oncle qui était celui qu'elle affectionnait le plus et il allait la chercher à la gare d'où il la ramenait,<br />

invariablement, en fiacre.<br />

Or, ce jour là, dans l'après-midi, comme mon oncle regardait les passants sur le pas <strong>de</strong> la porte, ses<br />

yeux se portant machinalement sur la rue Neuve-<strong><strong>de</strong>s</strong>-Petits-Champs, il voit tourner un omnibus du<br />

Chemin <strong>de</strong> fer du Nord qui vient s'arrêter <strong>de</strong>vant son magasin.<br />

Dans cet omnibus il y a <strong>de</strong>ux dames, dont l'une était ma grand-mère qui en <strong><strong>de</strong>s</strong>cend, et la voiture<br />

continue sa route en emportant l'autre dame telle qu'il l'avait vue en rêve, c'est à dire, vêtue <strong>de</strong> noir et<br />

tenant son panier sur ses genoux...<br />

Ces faits narrés par <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes ignorant l'importance que ces récits peuvent avoir et qui n'ont rien à y<br />

gagner, ne peuvent être contestés d'autant plus qu'ils sont choses courantes.<br />

Une dépêche <strong>de</strong> l'A.F.P. du 17 mars 1972 relatait le fait suivant :<br />

Un enfant <strong>de</strong> dix ans d'une école primaire d'Athènes, a sauvé ses camara<strong><strong>de</strong>s</strong> et son maître en leur<br />

racontant le rêve qu'il avait fait la nuit précé<strong>de</strong>nte.<br />

- <strong>Le</strong> toit <strong>de</strong> notre école s'écroulait, dit-il, avec un accent <strong>de</strong> conviction qui frappa ses auditeurs.<br />

L'instituteur, sans doute particulièrement impressionné, groupa alors les écoliers dans la partie <strong>de</strong> la<br />

classe où le plafond paraissait plus soli<strong>de</strong> qu'ailleurs. Quelques minutes plus tard, le toit s'écroulait à<br />

l'endroit qui venait d'être évacuée.<br />

<strong>Le</strong> professeur Charles Richet relate un rêve prémonitoire <strong>de</strong> M. Joseph <strong>de</strong> Lanyi, évêque <strong>de</strong> Grosswar<strong>de</strong>in<br />

concernant l'assassinat <strong>de</strong> l'archiduc François Ferdinand, à Sarajevo.<br />

M. <strong>de</strong> Lanyi qui avait été professeur <strong>de</strong> hongrois <strong>de</strong> l'archiduc, rêva dans la nuit du 28 juin, qu'il voyait sur<br />

sa table <strong>de</strong> travail une lettre portant les armes <strong>de</strong> l'archiduc. Il ouvrit la lettre dont l'en tête représentait<br />

une rue, l'archiduc assis dans une voiture avec sa femme et <strong>de</strong>ux officiers. La foule entourait la voiture.<br />

Il vit <strong>de</strong>ux jeunes gens s'avancer et tirer sur les altesses royales. Il lut la lettre :<br />

Cher docteur Lanyi, je vous annonce que je viens d'être, avec ma femme, à Sarajevo, victime d'un crime<br />

politique. Nous nous recommandons à vos prières. Sarajevo, 28 juin, quatre heures du matin.<br />

"Alors, dit M. <strong>de</strong> Lanyi, je m'éveillais tout tremblant ; je vis que l'heure était 4 h.30 et j'écrivis mon rêve<br />

en reproduisant la forme <strong><strong>de</strong>s</strong> lettres qui m'étaient apparues dans la lettre <strong>de</strong> l'archiduc.


"A six heures, quand mon domestique arriva, il me trouva à ma table, tremblant, et disant mon chapelet.<br />

Je lui dis aussitôt : "Appelez ma mère et mon hôte, afin que je leur annonce le sombre rêve que j'ai fait."<br />

66<br />

"Dans la journée, m'arriva un télégramme m'annonçant la terrible nouvelle."<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> exemples foisonnent affirment les spécialistes.<br />

Certes la précognition nous indispose car elle contredit notre éducation. Soyons réalistes et abordons la<br />

sans idées préconçues. Abandonnons vos préjugés. Ce n'est pas facile, mais essayons d'être et <strong>de</strong> rester<br />

neutres et réceptifs au réel en toute objectivité.<br />

John E. Orme, professeur <strong>de</strong> psychologie à l'université <strong>de</strong> Sheffield, en Angleterre, écrivait :<br />

Il me semble, personnellement, que <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications radicales <strong>de</strong> nos idées sur la nature du temps sont<br />

nécessaires. Alors seulement comprendrons-nous la précognition et d'autres phénomènes paranormaux.<br />

La Bible elle-même abon<strong>de</strong> en récits <strong>de</strong> rêves prémonitoires.<br />

Un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers livres consacré aux rêves, se trouve dans le Veda Atharda, écrit aux In<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong> mille cinq<br />

cents à mille cent av. J.-C. <strong><strong>Le</strong>s</strong> Assyriens, les Babyloniens s'y sont intéressés. <strong><strong>Le</strong>s</strong> indiens Iroquois et les<br />

Hurons ont, à ce sujet, <strong><strong>de</strong>s</strong> théories qui rejoignent celles <strong>de</strong> la psychanalyse mo<strong>de</strong>rne. Chez nous, <strong>de</strong> grands<br />

cerveaux s'y sont passionnés et s'y passionnent encore : Sigmund Freud, Alfred Adler, Carl Gustav Jung, le<br />

psychologue anglais J.A. Hadfield et bien d'autres encore.<br />

*****<br />

Il est certaines impressions mentales inconscientes qui tiennent du rêve et que les spécialistes appellent le<br />

"rêve éveillé".<br />

Keulemans est <strong><strong>de</strong>s</strong>sinateur scientifique. Alors qu'il est occupé à effectuer un travail facile, il voit<br />

mentalement un petit panier d'osier contenant cinq oeufs, <strong>de</strong>ux oeufs propres mais allongés et jaunâtres, un<br />

oeuf rond, blanc mais taché <strong>de</strong> crotte, les <strong>de</strong>ux autres normaux. Or, au même moment, sa belle mère lui<br />

préparait un panier qui contenait exactement ces cinq oeufs caractéristiques...<br />

"<strong>Le</strong> rêve éveillé" ne serait-il pas une <strong><strong>de</strong>s</strong> explications <strong><strong>de</strong>s</strong> apparitions et autres hallucinations ?<br />

Et celui <strong>de</strong> l'inspiration ?<br />

Mozart, encore enfant, s'arrêtait parfois à l'improviste, sortait un calepin dans lequel, tout excité, il<br />

inscrivait <strong><strong>de</strong>s</strong> notes. Il disait alors à ses camara<strong><strong>de</strong>s</strong> :<br />

Taisez-vous ! Ne me troublez pas, "on chante à mon oreille" Il faut que je le note.<br />

Goethe, quant à lui, affirmait qu'il écrivait, le plus souvent, comme un somnambule. "C'était la poésie qui<br />

s'emparait <strong>de</strong> moi."<br />

*****<br />

"<strong>Le</strong> déjà vu", n'est-ce pas également une sorte <strong>de</strong> "rêve éveillé" ? Même si cela se passe sous hypnose<br />

comme pour Bri<strong>de</strong>y Murphy ?<br />

Morey Bernstein raconte en détails le cas stupéfiant d'une jeune indienne, Virginia Tighe alias Ruth<br />

Simmons qui, sous hypnose, décrit une vie antérieure qu'elle aurait vécue, en Irlan<strong>de</strong>, en 1798. Elle se serait<br />

alors appelée Bri<strong>de</strong>y Murphy. <strong><strong>Le</strong>s</strong> vérifications, toutes positives, furent aisées, tellement les détails fournis<br />

étaient précis<br />

Est-ce le reflet d'une vie antérieure personnelle, une mémoire génétique, ou un fragment <strong>de</strong> mémoire<br />

universelle resurgi au cours d'une transe hypnotique ? <strong>Le</strong> problème posé est extrêmement complexe car ce cas<br />

est loin d'être unique : Jan Stevenson, en 1966, en a répertorié six cents et décrit vingt en détails dans son<br />

livre "Twenty Cases suggestive for Réincarnation".<br />

<strong>Le</strong> professeur H. Barnajee cite un cas singulièrement saisissant : Shanti Devi, une petite fille née à la<br />

Nouvelle-Dehli, en 1926, prétendit, dès qu'elle put se faire comprendre, avoir vécu une vie antérieure dans<br />

une ville dont elle donna le nom. <strong>Le</strong> professeur l'y conduisit et l'enfant lui montra les endroits - qu'elle avait<br />

déjà décrits -, où elle s'amusait et où elle cachait ses jouets. Sans hésitation, elle le conduisit vers la maison où<br />

elle avait dit avoir vécu et i<strong>de</strong>ntifia l'homme qu'elle avait alors épousé...<br />

Parmi les cas retracés par le professeur Stevenson, celui du jeune Munna attire tout spécialement<br />

l'attention. A l'âge <strong>de</strong> six ans, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> raisons d'héritage car il était le fils d'un riche bourgeois, il fut


67<br />

assassiné, la tête tranchée avec un couteau. Deux parents furent accusés puis relaxés faute <strong>de</strong> preuves.<br />

Six mois après la disparition <strong>de</strong> Munna, un petit garçon naquit dans la famille <strong><strong>de</strong>s</strong> Shankar. Ils l'appelèrent<br />

Ravi.<br />

Ravi n'avait que quatre ans lorsqu'il commença à raconter qu'il avait vécu une autre vie pendant laquelle il<br />

s'appelait "Munna". Il décrivit sa maison d'alors, ses jouets, le lieu et les <strong>de</strong>ux auteurs <strong>de</strong> son assassinat. Ses<br />

parent n'en tinrent pas compte ; mais, lorsqu'il eut six ans, il le raconta <strong>de</strong> nouveau et son maître d'école, après<br />

en avoir pris note, voulut faire procé<strong>de</strong>r à une confrontation à laquelle le père <strong>de</strong> Ravi s'opposa farouchement<br />

<strong>de</strong> peur <strong>de</strong> perdre son fils.<br />

A sa mort, les <strong>de</strong>ux familles accompagnées <strong>de</strong> témoins se réunirent. Et les dires <strong>de</strong> Ravi se confirmèrent...<br />

<strong>Le</strong> fait le plus troublant fut que l'enfant rencontra ses <strong>de</strong>ux assassins dans la rue, les reconnut immédiatement<br />

et entra dans une colère furieuse. On remarqua également qu'il portait, au cou, une tâche <strong>de</strong> vin circulaire<br />

correspondant exactement au coup <strong>de</strong> couteau !...<br />

<strong>Le</strong> docteur Ian Stevenson, neurologue et psychiatre à l'école <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> Virginie, à<br />

Charlottesville, en a étudié et décrit <strong>de</strong> nombreux cas dans les volumes <strong><strong>de</strong>s</strong> Proceedings <strong>de</strong> la Société pour les<br />

Recherches psychiques édités à New-York et, malheureusement, pas encore traduits en français à ce jour.<br />

- S'il dévoile le présent comme le passé, le rêve éveillé présente aussi <strong>de</strong> nombreux exemples<br />

prémonitoires. N'est-ce pas un synonyme <strong>de</strong> "pressentiment" ?<br />

En 1958, la revue officielle <strong>de</strong> la Société américaine pour les Recherches psychiques publia un rapport <strong>de</strong><br />

Fraser J. Nicol et <strong>de</strong> Betty Nicol sur l'aventure d'un ouvrier sou<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Boston qui abandonna brusquement<br />

son travail en disant à ses camara<strong><strong>de</strong>s</strong> qu'il "<strong>de</strong>vait" se rendre immédiatement à un endroit assez éloigné où sa<br />

présence était indispensable. C'était une impression relativement vague mais qu'il ressentait comme un appel<br />

impératif. Il partit comme un somnambule, guidé par quelque chose d'imprécis, allant d'un point à un autre.<br />

Arrivé près <strong>de</strong> l'entrée d'un tunnel, il s'y engagea et, là, découvrit un <strong>de</strong> ses chefs qui était aussi un <strong>de</strong> ses<br />

amis, enseveli sous un éboulement. Il était arrivé juste à temps pour le sauver...<br />

N'est-ce pas également l'univers <strong><strong>de</strong>s</strong> médiums et <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>vins qui s'expriment dans une sorte <strong>de</strong> transe qui<br />

ressemble étrangement au rêve ?<br />

Nombre <strong>de</strong> leurs a<strong>de</strong>ptes se proposent d'interpréter les songes et <strong>de</strong> prédire par les songes, ce qu'on<br />

appelle "l'oniromancie". Freud, lui-même, a rédigé un traité concernant l'interprétation <strong><strong>de</strong>s</strong> songes.<br />

Encore un domaine qui pose bien <strong><strong>de</strong>s</strong> questions. Pourtant cela aussi existe.<br />

Ça continue et je ne rêve même pas.<br />

Il paraît même que les spécialistes certifient que le rêve qui, en quelque sorte, est un besoin exutoire <strong>de</strong> la<br />

vie, est une nécessité : <strong>Le</strong> professeur Jouvet a empêché un chat <strong>de</strong> rêver, le chat en est mort. Il a essayé le<br />

même procédé avec <strong><strong>de</strong>s</strong> volontaires qui ont commencé à souffrir <strong>de</strong> névroses dès la quatrième nuit sans rêve...<br />

Un <strong>de</strong> vos auteurs dont j'ai perdu le nom, a écrit :<br />

"<strong>Le</strong> rêve est la pensée du cerveau lorsqu'il fait ses gammes en toute liberté."<br />

C'est joli. Il est capable <strong>de</strong> tout ce sacré cerveau. Il peut n'importe quoi et même plus. Ses excentricités<br />

semblent secondaires et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> rareté, c'est vrai, pourtant elles s'accomplissent, se renouvellent et<br />

persistent à se renouveler.<br />

Donc, elles sont possibles ?<br />

20 mai<br />

En fouillant parmi la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> livres disponibles, j'ai trouvé et obtenu un petit opuscule sur l'art <strong>de</strong> tirer les<br />

cartes. Il va me changer du rêve. Je m'y plonge.<br />

14 h. Passionné par cette lecture, je me suis allongé sur le lit ce qui, dans la journée, est interdit par le<br />

règlement. <strong>Le</strong> maton entame sa ron<strong>de</strong> et ça s'entend mais je ne me lève pas tout <strong>de</strong> suite pour terminer mon<br />

paragraphe. Quelques minutes à peine après, il repasse, ouvre la porte et d'une voix sèche :<br />

- Grivelot, levez-vous ! Voilà <strong>de</strong>ux fois que je passe.<br />

Je pince les lèvres, ne dis rien et ferme le livre. Il serait capable <strong>de</strong> me le prendre.<br />

Ce maton est un presque noir. De la Martinique, paraît-il. Il est tout. Il a tout. Il sait tout. Ex instituteur


68<br />

pour les uns, 3ème dan <strong>de</strong> judo pour les autres. Régulièrement il essaie <strong>de</strong> placer une belle phrase, un bon mot<br />

ou un sermon. Et s'embrouille. Certainement un complexe <strong>de</strong> couleur. Pensez donc : il est fonctionnaire, <strong>de</strong><br />

plus gardien <strong>de</strong> la Justice ; il se sent un être supérieur et supérieurement raciste, surtout face à cette racaille,<br />

la lie <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes blancs... Je serais heureux <strong>de</strong> savoir ce qu'il pense <strong><strong>de</strong>s</strong> blancs qu'il rencontre dans la rue.<br />

Résultat ? Personne ne l'aime. <strong>Le</strong> surveillant chef l'a bien compris car nous le voyons rarement contrôler les<br />

cellules. La plupart du temps, il est affecté à la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'entrée ou <strong><strong>de</strong>s</strong> annexes.<br />

Personnellement, il m'énerve. S'il réitère aujourd'hui, je ne sais si je me retiendrais suffisamment pour ne<br />

pas le remettre en place.<br />

21 22 mai<br />

Et je replonge dans le rêve.<br />

Il est <strong><strong>de</strong>s</strong> exemples qualifiées <strong>de</strong> véridiques à l'occasion <strong><strong>de</strong>s</strong>quels on a la stupeur <strong>de</strong> constater que le rêve,<br />

parfois, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres, je pense exceptionnels car plus ou moins prédisposés, concrétise ce qu'on ne peut faire<br />

soi-même.<br />

<strong>Le</strong> révérend Hamilton que <strong>de</strong> nombreux journaux, livres et revues ont cité, très fatigué, s'endormit un soir<br />

à son club. Tracassé, il rêva qu'il aurait dû se rendre chez lui car sa famille <strong>de</strong>vait être inquiète. Réveillé, il<br />

rentra chez lui à la gran<strong>de</strong> surprise <strong><strong>de</strong>s</strong> membres <strong>de</strong> sa famille qui l'avaient déjà vu revenir un peu plus tôt et<br />

regagner sa chambre...<br />

Se transporter instantanément dans un endroit alors qu'on est vu dans un autre, c'est ce qu'on appelle "la<br />

bilocation". Ce n'est pas, non plus, <strong>de</strong> la science fiction car les exemples en sont fort nombreux, surtout, bien<br />

entendu, dans le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> mystiques. Ce ne sont ni <strong>de</strong> la science fiction ni <strong><strong>de</strong>s</strong> hallucinations <strong>de</strong> "bigots"<br />

en mal <strong>de</strong> légen<strong><strong>de</strong>s</strong> divines. Des preuves irréfutables déconcertent les plus septiques.<br />

Saint Antoine <strong>de</strong> Padoue se trouvait en Espagne. Il s'endort. <strong>Le</strong> même jour, son père était en prison, à<br />

Padoue, accusé du meurtre d'un enfant dont le cadavre avait été retrouvé dans son jardin. Toujours le même<br />

jour, Saint Antoine entre dans la salle du tribunal, à Padoue, et démontre au juge l'innocence <strong>de</strong> son père en<br />

désignant les coupables. Puis il disparaît aussi brusquement qu'il était apparu.... et se réveille, toujours en<br />

Espagne, alors que le procès s'était déroulé en Italie.<br />

Un autre jour, alors qu'il prêchait dans l’Église Saint Pierre du Queyroix, à Limoges, il se souvient qu'il est<br />

attendu dans la chapelle d'un monastère, pour y chanter l'alléluia. Il met son capuchon, s'incline, comme pour<br />

dormir, sur le pupitre <strong>de</strong> la chaire, <strong>de</strong>meurant ainsi un long moment. <strong><strong>Le</strong>s</strong> fidèles le croyant en extase, ce qui<br />

lui arrivait souvent, atten<strong>de</strong>nt, sans se douter <strong>de</strong> ce qui lui arrive, jusqu'à ce qu'il reprenne ses esprit et<br />

continue son sermon... <strong><strong>Le</strong>s</strong> membres du monastère attestèrent, tous sans exception, qu'ils l'avaient vu, à la<br />

même heure, chanter l'alléluia.<br />

<strong>Le</strong> 17 septembre 1774, saint Alphonse <strong>de</strong> Liguori se trouvait à Arezzo. Coutumier <strong>de</strong> fréquentes extases, il<br />

resta pendant cinq jours, immobile dans son fauteuil, sans mouvement ni parole, comme s'il dormait. A son<br />

réveil, il déclara<br />

"Vous pensiez que je dormais, mais non, je suis allé assister le pape qui vient <strong>de</strong> mourir".<br />

<strong>Le</strong> pape était en effet décédé, le 22 septembre à cette heure là. Soeur Agathe qui se trouvait à ses côtés<br />

avoua qu'elle eut envie d'en rire...Mais les rapports du Vatican sont formels : Alphonse <strong>de</strong> Liguori se trouvait<br />

bien à Rome.<br />

Un écrivain suédois, Carl Strindberg, qui, lui, ne fait pas partie <strong>de</strong> la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> saints et mystiques, fut<br />

aperçu, en 1897, en Scandinavie alors qu'il se trouvait, mala<strong>de</strong>, à Paris<br />

Depuis 1971, ces phénomènes <strong>de</strong> bilocation sont étudiés tout spécialement dans le laboratoire <strong>de</strong><br />

psychologie <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Californie où ils sont catalogués du nom <strong>de</strong> OOBE (out of body experiences).<br />

Certains parleraient <strong>de</strong> "fantômes".<br />

Ces productions <strong>de</strong> "substances ectoplastiques" tangibles et dotées <strong>de</strong> qualités physiques issues, la plupart<br />

du temps, du cerveau <strong><strong>de</strong>s</strong> médiums qui agit comme un projecteur cinématographique lors <strong>de</strong> leurs transes.<br />

*****<br />

Je pensais qu'il s'agissait <strong>de</strong> "racontars <strong>de</strong> bonnes femmes" mais la multitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> constatations qui en ont


69<br />

été faites avec toutes les précautions voulues pour détecter les tricheries éventuelles, ne laissent aucun doute<br />

sur leur existence.<br />

On en parlait déjà dans la Bible. L'histoire du fantôme <strong>de</strong> Samuel qui se manifeste à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saül est<br />

bien connue :<br />

(1S 28.8 et extraits suivants) Saül se déguisa... puis il partit avec <strong>de</strong>ux hommes et ils arrivèrent chez la<br />

nécromancienne <strong>de</strong> En-Dor... La femme <strong>de</strong>manda : "Qui faut-il évoquer pour toi ?", et il répondit :<br />

"Evoque-moi Samuel."<br />

Alors la femme vit Samuel et, poussant un grand cri, elle dit à Saül :"Pourquoi m'as-tu trompée ? Tu es<br />

Saül !" <strong>Le</strong> roi lui dit : "N'aie pas peur ! Mais que vois-tu ?" Et la femme répondit à Saül : "Je vois un<br />

être surhumain qui monte <strong>de</strong> terre." Saül lui <strong>de</strong>manda : "Quelle apparence a-t-il ?" et la femme répondit<br />

:"C'est un vieillard qui monte, il est drapé dans un manteau." Alors Saül sut que c'était Samuel et,<br />

s'inclinant la face contre terre, il se prosterna.<br />

Samuel dit à Saül : "Pourquoi as-tu troublé mon repos en m'évoquant ?"...<br />

Et Samuel sermonne Saül qui tombe à terre, terrifié.<br />

Un journaliste, Harry Price, ne croyait pas à ces ectoplasmes qui apparaissaient pendant les séances <strong>de</strong><br />

spiritisme.. <strong>Le</strong> 15 décembre 1929, il assista avec cinq autres personnes, à l'une <strong>de</strong> ces séances mais après avoir<br />

inspecté avec soin l'appartement, scellé portes et fenêtres, fouillé les débarras et armoires, frappé les murs et<br />

le sol, enlevé tentures et tableaux et semé partout <strong>de</strong> l'amidon pour déceler éventuellement <strong><strong>de</strong>s</strong> empreintes <strong>de</strong><br />

pieds et <strong>de</strong> mains.<br />

<strong>Le</strong> médium invoqua Rosalie, une petite fille décédée, et aussitôt l'apparition se <strong><strong>de</strong>s</strong>sina.<br />

Il décrit "la séance la plus stupéfiante <strong>de</strong> toute ma vie", en particulier "j'allongeais avec précaution le<br />

bras gauche et, à ma gran<strong>de</strong> stupeur, il vint au contact du corps apparemment nu. Ses chairs étaient<br />

tiè<strong><strong>de</strong>s</strong>... Je touchais sa poitrine et en perçus distinctement les mouvements respiratoires..." Il lui <strong>de</strong>manda :<br />

"Aimes-tu ta maman ?" <strong>Le</strong> visage <strong>de</strong> Rosalie s'illumina et murmura : "Oui, oui !"<br />

Nous formons un tout avec l'univers entier et toutes les forces vitales connues et inconnues - le plus<br />

souvent inconnues -, qu'il irradie ; alors, pourquoi s'étonner <strong>de</strong> ce qu'elles sont capables <strong>de</strong> réaliser par notre<br />

intermédiaire ?<br />

Nous baignons dans un placenta <strong>de</strong> cosmos. C'est joli comme expression.<br />

Lors d'une expérience qu'il contrôlait, le professeur Richet prit les mains d'une entité que le médium venait<br />

<strong>de</strong> faire apparaître et il émit le souhait, en lui-même, sans l'exprimer <strong>de</strong> vive voix, <strong>de</strong> voir une bague sur l'un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> doigts. Et la bague apparut. Il pensa à un bracelet. Et le bracelet aussi apparut.<br />

Il en tira la conclusion que les spectateurs aidaient le médium et qu'il se créait ainsi une "super entité"<br />

profitant <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> la pensée produite par chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> participants.<br />

<strong>Le</strong> professeur Tibón, un authentique scientifique dont les nombreux ouvrages font référence, a étudié, <strong>de</strong><br />

1951 à 1953, il n'y a donc pas si longtemps, les créatures rêvées puis créées par don Luisito. Dès que le<br />

médium se trouvait en transe, quelques petits globes phosphorescents blancs, verts ou jaunes apparaissaient,<br />

puis tournaient au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la tête <strong><strong>de</strong>s</strong> assistants avant <strong>de</strong> disparaître. Des visages et <strong><strong>de</strong>s</strong> mains se<br />

matérialisaient ensuite. <strong><strong>Le</strong>s</strong> mains, parfois, donnaient <strong><strong>de</strong>s</strong> tapes sur les épaules <strong><strong>de</strong>s</strong> gens présents ou<br />

soulevaient un grand tambour, en saisissant les baguettes pour en jouer dans un rythme parfait.<br />

Une fois, raconte le professeur, <strong>de</strong>ux petites lumières s'approchèrent <strong>de</strong> moi et, en quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong>, me<br />

lièrent les bras, le cou et les pieds à ma chaise au moyen <strong>de</strong> noeuds exécutés avec une remarquable<br />

adresse."<br />

<strong>Le</strong> professeur Eugène Osty, alors qu'il contrôlait une séance du médium polonais, Jean Guzik, vit se<br />

matérialiser un écureuil qui sauta aussitôt sur l'épaule <strong>de</strong> son voisin puis, successivement, par petits bonds<br />

rapi<strong><strong>de</strong>s</strong>, sur les épaules <strong><strong>de</strong>s</strong> autres assistants.<br />

Au cours d'une autre séance, ce médium fit apparaître un ours dont la masse pesante fit trembler le sol et,<br />

une fois même, un petit chien qui, avant <strong>de</strong> disparaître, mordit fortement à un doigt le professeur <strong>Le</strong>clainche<br />

en laissant la marque bien visible <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>nts.<br />

<strong>Le</strong> 10 août 1923, le docteur Gustave Geley dirigeait une séance exécutée par le médium Franek Kluski,<br />

lorsqu'un être d'un type anthropoï<strong>de</strong>, primitif et velu, se matérialisa. D'une force herculéenne, il renversa un


70<br />

divan, saisit plusieurs chaises sur lesquelles <strong><strong>de</strong>s</strong> dames étaient assises et les souleva. <strong>Le</strong> docteur Geley dut<br />

réveiller le médium d'urgence pour mettre fin à cette exhibition qui risquait <strong>de</strong> mal tourner.<br />

Ces manifestations étant tellement "choquantes", nombre <strong>de</strong> scientifiques s'y intéressèrent, essayant, par<br />

tous les moyens possibles, <strong>de</strong> déjouer les supercheries.<br />

<strong>Le</strong> professeur William Crookes, profitant <strong>de</strong> son expérience avec le médium Home, vérifia, presque à<br />

l'exagération Florence Cook qui, lorsqu'elle tombait en transe, matérialisait totalement une certaine "Katie<br />

King" qui, apparaissant en personne, disait avoir vécu au temps <strong>de</strong> la reine Catherine, épouse <strong>de</strong> Charles II<br />

d'Angleterre.<br />

Il inspecta minutieusement le cabinet médiumnique, se munissant d'une lampe pendant les séances ; il fit<br />

relier les mains du médium à <strong><strong>de</strong>s</strong> fil électriques qui transmettaient un courant très faible et se trouvaient fixés à<br />

un galvanomètre ; il se fit photographier avec Florence et, sur une autre photo, avec Katie King ; il fit prendre<br />

leur pouls : celui <strong>de</strong> Florence battait à quatre vingt dix et celui <strong>de</strong> Katie à soixante quinze... Tous durent se<br />

rendre à l'évi<strong>de</strong>nce.<br />

Et William Crookes déclara :<br />

Je ne dis pas que c'est possible, je dis que cela est.<br />

Eva C., <strong>de</strong> son véritable nom Marthe Béraud, un autre médium, en particulier, matérialisa un homme qui<br />

portait un casque et déclara être l'esprit d'un brahmane hindouiste décédé <strong>de</strong>puis trois siècles. Elle fut<br />

contrôlée pendant plus <strong>de</strong> dix ans.<br />

<strong>Le</strong> professeur Charles Richet passa les lieux au crible et lorsque Bien-Boa - c'était le nom <strong>de</strong> l'entité -<br />

apparut, il le fit souffler dans un tube qui plongeait dans un récipient <strong>de</strong> baryte. <strong>Le</strong> liqui<strong>de</strong> se troubla aussitôt<br />

prouvant que l'air expiré contenait bien du gaz carbonique comme toute respiration normale.<br />

Il prit <strong><strong>de</strong>s</strong> photographies, utilisant trois appareils dont <strong>de</strong>ux stéréoscopiques. Elles dévoilèrent un homme<br />

qui portait une barbe, une moustache, une sorte <strong>de</strong> turban ou <strong>de</strong> casque sur la tête. On remarqua une<br />

ressemblance avec le médium.<br />

En 1909, le docteur Albert Freiher von Schrenck-Notzing, un praticien allemand ami du professeur Richet,<br />

prit le relais. Il utilisa systématiquement la photographie, travaillant avec neuf appareils différents à la fois. <strong>Le</strong><br />

plus souvent, il priait Eva <strong>de</strong> se déshabiller en sa présence ; parfois <strong>de</strong> mettre un pantalon <strong>de</strong> tricot auquel on<br />

cousait les bas ou un costume <strong>de</strong> tricot fait d'une seule pièce ; parfois même <strong>de</strong> donner les séances<br />

complètement nue. Il examinait ses cheveux, sa bouche, son nez et lui faisait un examen rectal et vaginal pour<br />

déceler un objet éventuellement caché...<br />

Alors que Bien-Boa n'apparaissait plus <strong>de</strong>puis longtemps, les matérialisations prirent <strong><strong>de</strong>s</strong> formes très<br />

diverses. Une certaine "Berthe" apparut quelques temps. En 1913, un doigt entier apparut sortant <strong>de</strong> la<br />

bouche du médium. On enveloppa alors sa tête d'un voile cousu en haut <strong>de</strong> ses habits. Pendant la séance du<br />

16 mai, le doigt apparut à l'intérieur du voile puis à l'extérieur sans qu'il y eût la moindre trace <strong>de</strong> son passage<br />

dans le voile... Ce ne pouvait être une illusion car tout fut photographié... Un mystère supplémentaire.<br />

Et les spécialistes qui n'avaient pu déceler le moindre truquage pendant plus <strong>de</strong> dix ans, cessèrent leurs<br />

expérimentations.<br />

Il y a longtemps qu'on enseigne au Tibet que la concentration <strong>de</strong> la pensée suffit à faire "coaguler" les<br />

images créées par elle, donnant naissance à <strong><strong>de</strong>s</strong> fantômes doués <strong>de</strong> vie autonome qu'ils appellent les "Tulpas".<br />

*****<br />

Il s'agit là <strong>de</strong> "formes ectoplastiques" créées par <strong><strong>de</strong>s</strong> médiums. Il est d'autres "apparitions" qui semblent<br />

s’extérioriser <strong>de</strong> manière indépendante et imprévue, ce que la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> gens appellent explicitement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

"spectres" ou <strong><strong>de</strong>s</strong> "fantômes". Des gentils et <strong><strong>de</strong>s</strong> terrifiants, <strong><strong>de</strong>s</strong> bons et <strong><strong>de</strong>s</strong> mauvais...<br />

Je tire le premier récit d'une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> R. D. Owen 1<br />

Au mois <strong>de</strong> septembre 1857, le capitaine Germain Wheatcrof partit rejoindre son régiment en In<strong>de</strong>.<br />

Sa femme resta seule en Angleterre. Elle habitait Cambridge. Dans la nuit du 14 au 15 novembre 1857,<br />

vers le matin, elle rêva qu'elle voyait son mari l'air anxieux et mala<strong>de</strong>, ce qui la fit s'éveiller<br />

1 Extrait <strong>de</strong> « Sur les frontières d’un autre mon<strong>de</strong> » <strong>de</strong> Robert Dale Owen


71<br />

immédiatement dans un état <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> agitation. Il y avait un brillant clair <strong>de</strong> lune, et, levant les yeux,<br />

elle aperçut la même forme <strong>de</strong>bout près <strong>de</strong> son lit. Il portait l'uniforme ; ses mains étaient pressées sur<br />

sa poitrine, ses cheveux en désordre, son visage très pâle. Ses grands yeux sombres la regardaient en<br />

face, fixement ; ils avaient une impression <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> excitation et sa bouche avait une contraction<br />

particulière, qui lui était habituelle quand il était agité. Elle le vit jusqu'au moindre détail <strong>de</strong> son<br />

costume aussi distinctement qu'elle n'avait jamais fait dans sa vie ; et elle se souvenait d'avoir remarqué<br />

entre ses mains, le blanc du plastron <strong>de</strong> sa chemise, mais sans tache <strong>de</strong> sang. La forme paraissait se<br />

courber en avant comme si elle souffrait, et faire un effort pour parler... Mais on n'entendait aucun son.<br />

Elle resta visible, d'après ce que pense sa femme, une minute entière et disparut.<br />

Sa première idée fut <strong>de</strong> s'assurer qu'elle était bien réveillée... Elle se frotta les yeux avec le drap et sentit<br />

que le toucher était réel.<br />

...<strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main matin, elle raconta tout cela à sa mère, exprimant sa conviction, bien qu'elle n'eut<br />

remarqué aucune trace <strong>de</strong> sang sur ses vêtements, que le capitaine Wheatcroft était soit tué, soit<br />

grièvement blessé.<br />

...Un mardi du mois <strong>de</strong> décembre 1857, elle reçut un télégramme disant que son mari avait été tué<br />

<strong>de</strong>vant Lucknow le 15 novembre.<br />

Cette nouvelle, publiée dans les journaux du matin attira l'attention <strong>de</strong> Mr Wilkinson, avoué à Londres,<br />

qui était chargé <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires du capitaine Wheatcroft. Quand il rencontra la veuve plus tard, elle lui dit<br />

qu'elle était toute préparée à cette triste nouvelle, mais qu'elle était sûre que son mari n'avait pas été tué<br />

le 15 novembre, puisque c'était dans la nuit du 14 au 15 qu'il lui était apparu<br />

...<strong><strong>Le</strong>s</strong> choses en restèrent là jusqu'au mois <strong>de</strong> mars 1858. La famille du capitaine Wheatcroft reçut alors<br />

du capitaine G. C. qui appartenait au train <strong><strong>de</strong>s</strong> équipages régimentaires, une lettre datée <strong>de</strong> "près <strong>de</strong><br />

Lucknow" le 19 décembre 1857. Cette lettre disait que le capitaine Wheatcroft avait été tué <strong>de</strong>vant<br />

Lucknow alors qu'il menait courageusement son escadron, non pas le 15 novembre comme il était dit<br />

dans les dépêches <strong>de</strong> Sir Colin Campbell, mais le 14 dans l'après-midi...<br />

Un autre cas d'apparition, très connu et minutieusement étudié car extrêmement typique, le dédoublement<br />

<strong>de</strong> personnalité, mérite d'être relaté. Je le résume.<br />

Robert Bruce était second à bord du schooner Jullian Hallock, un trois mats voyageant entre Liverpool et<br />

Saint John.<br />

Il se trouvait dans sa cabine occupé à exécuter différents calculs que le capitaine, J.S.Clarke, effectuait luimême,<br />

dans sa propre cabine située <strong>de</strong> l'autre côté du palier. Lorsqu'il eut terminé, le second, sans se<br />

retourner, cria : "Qu'est-ce que vous trouvez, capitaine ?"<br />

N'obtenant pas <strong>de</strong> réponse car il n'avait pas entendu le capitaine s'éloigner, il se retourna et, à son grand<br />

étonnement, remarqua, dans le bureau du capitaine dont la porte était ouverte, un inconnu occupé à écrire. Il<br />

se leva et, à la vue du regard fixe qui le regardait tout en donnant l'impression <strong>de</strong> ne pas le voir, il s'élança à la<br />

recherche du capitaine à qui il expliqua ce qu'il venait d'apercevoir.<br />

Devant la mine décomposée <strong>de</strong> son second, le capitaine <strong><strong>de</strong>s</strong>cendit avec lui mais la pièce était vi<strong>de</strong>, il n'y<br />

avait personne. Robert Bruce insista : "Je l'ai vu écrire sur votre ardoise !" <strong>Le</strong> capitaine la saisit et lut, en effet<br />

: "Faites route au noroît".<br />

A tout hasard, le capitaine fit rassembler ses hommes et leur fit écrire les quatre mots. Aucune écriture ne<br />

concordait. Perplexe, il décida <strong>de</strong> modifier son chemin en conséquence mais, par précaution, fit monter une<br />

vigie dont il connaissait le sérieux.<br />

Vers trois heures, la vigie signala quelque chose qui ressemblait à un navire près d'un iceberg. C'était bien<br />

un navire, en partie défoncé, pris dans les glaces et comportant un grand nombre <strong>de</strong> passagers qui avaient<br />

perdu tout espoir d'être sauvés, leurs provisions et leur réserve d'eau étant épuisées.<br />

Pendant le transbor<strong>de</strong>ment, Bruce i<strong>de</strong>ntifia l'inconnu parmi les passagers. On lui fit aussitôt écrire les<br />

quatre mots <strong>de</strong> la phrase : l'écriture était absolument i<strong>de</strong>ntique. On le questionna. Il ne se souvenait <strong>de</strong> rien<br />

excepté qu'il s'était endormi d'épuisement et qu'il avait rêvé qu'il était à bord d'un trois mats et que ce trois<br />

mats venait à leur secours. Il avait d'ailleurs fait part <strong>de</strong> son rêve à ses voisins et leur avait décrit le bateau,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cription qui correspondait.<br />

A l'issue <strong>de</strong> son interrogatoire, il ajouta :<br />

"C'est étrange, tout ce qui est à bord me paraît tout à fait familier"...


T. Stead qui étudia ces phénomènes qui bouleversent nos convictions traditionnelles, écrit dans l'introduction<br />

à ses "Véritables Histoires <strong>de</strong> Revenants" :<br />

72<br />

De toutes les vulgaires superstitions <strong><strong>de</strong>s</strong> gens à <strong>de</strong>mi instruits, nulle n'est plus dure à tuer que l'erreur<br />

absur<strong>de</strong> que les fantômes n'existent pas. Tous les spécialistes, qu'ils soient spirites, poètes, hommes <strong>de</strong><br />

science, et tous ceux qui, sans être spécialistes, se sont occupé sérieusement <strong>de</strong> la question savent qu'ils<br />

existent réellement. Il y a une variété infinie d'opinions sur ce que peut être un fantôme. Mais sur le fait<br />

<strong>de</strong> son existence, quelle que soit sa nature, il n'y a plus <strong>de</strong> discussion parmi ceux qui l'ont étudié<br />

honnêtement.<br />

Si quiconque met cela en doute, qu'il l'étudie par lui-même. ...Il pourra avoir cent manières ingénieuses<br />

d'expliquer l'origine et la nature du fantôme, mais, en ce qui concerne l'existence <strong>de</strong> l'entité elle-même, il<br />

n'aura plus aucun doute.<br />

*****<br />

Eh oui ! Que se cache-t-il <strong>de</strong>rrière tout cela ? Une réalité dont nous n'avons pas encore découvert la<br />

nature malgré la prise <strong>de</strong> conscience qui vit le jour, voici déjà un siècle et <strong>de</strong>mi, lorsque, grâce aux soeurs<br />

Fox, le spiritisme fit son apparition parmi <strong><strong>de</strong>s</strong> amateurs <strong>de</strong> sensations pour intéresser ensuite les<br />

scientifiques.<br />

En décembre 1847, Mr John Fox vint s'installer avec sa femme et ses <strong>de</strong>ux filles, Margaretta et Kate, âgées<br />

<strong>de</strong> dix et sept ans, à Hy<strong>de</strong>ville, dans l'état <strong>de</strong> New York, dans une maison où se serait produit, disait-on, <strong>de</strong><br />

drôles <strong>de</strong> choses.<br />

Membre <strong>de</strong> l’Église méthodiste, Mr Fox était très pieux et ne se souciait pas <strong>de</strong> ces phénomènes. Or, trois<br />

mois après leur installation, en mars 1848, ils entendirent frapper <strong><strong>de</strong>s</strong> coups suivis <strong>de</strong> bruits divers ; d'abord le<br />

soir, puis dans le courant <strong>de</strong> la nuit, au point qu'ils passèrent <strong>de</strong> nombreuses nuits blanches.<br />

<strong>Le</strong> soir du vendredi 31 mars 1848, raconte Madame Fox, nous étions couchés très tôt. La nuit venait <strong>de</strong><br />

tomber et j'étais morte <strong>de</strong> fatigue, mais à peine m'étais-je couchée, que cela recommença. <strong><strong>Le</strong>s</strong> enfants<br />

qui dormaient dans la même chambre que nous, entendirent frapper <strong><strong>de</strong>s</strong> coups et se mirent à faire les<br />

mêmes bruits en claquant <strong><strong>de</strong>s</strong> doigts.<br />

La plus jeune, Kate, dit : "Monsieur le fantôme, fais la même chose que moi !" et elle se mit à frapper<br />

plusieurs fois dans ses mains. Dès qu'elle eut fini, on entendit exactement le même nombre <strong>de</strong> coups ;<br />

quand elle s'arrêtait, les coups s'arrêtaient. Par taquinerie, Margaretta dit alors : "Fais la même chose<br />

que moi !" et elle se mit à compter : "un, <strong>de</strong>ux, trois, quatre !" et à frapper dans ses mains. Aussitôt, les<br />

coups lui répondirent. Elle fut tellement effrayée qu'elle n'osa pas continuer.<br />

J'eus alors l'idée <strong>de</strong> tendre un piège à l'auteur <strong><strong>de</strong>s</strong> bruits et lui <strong>de</strong>mandai <strong>de</strong> frapper les nombres <strong>de</strong><br />

coups correspondants à l'âge <strong>de</strong> mes enfants. Immédiatement dix sept coups furent frappés, avec une<br />

interruption suffisante pour que l'on puisse compter l'âge <strong>de</strong> chacune d'elle. Puis il y eut un silence<br />

encore plus long, suivi <strong>de</strong> trois coups violents. Trois ans, c'était l'âge auquel mon plus jeune enfant était<br />

mort. Alors, je <strong>de</strong>mandai : "Est-ce un être humain qui répond à ma question ?" Pas <strong>de</strong> réponse. J'ajoutai<br />

: "Si tu es un esprit, frappe <strong>de</strong>ux fois" A peine avais-je fini que <strong>de</strong>ux coups étaient frappés."<br />

Ils racontèrent, bien entendu, ce qui leur arrivait et se fut la ruée <strong><strong>de</strong>s</strong> voisins qui venaient écouter les bruits<br />

mystérieux. Chacun voulait poser ses questions et, chaque fois, à leur grand étonnement, le nombre <strong>de</strong> coups<br />

frappés se révélait exact.<br />

Un <strong><strong>de</strong>s</strong> visiteurs eut l'idée <strong>de</strong> proposer à l'esprit frappeur d'utiliser un alphabet transposé en nombre <strong>de</strong><br />

coups : a = 1, b = 2, c = 3 etc. L'essai fut concluant et, grâce à ce système, ils apprirent à connaître cet esprit<br />

qui déclara avoir été un commerçant ancien occupant <strong>de</strong> la maison et qu'il avait été assassiné. Ses ossements<br />

étaient d'ailleurs enterrés dans la cave... où ils furent effectivement découverts.<br />

L'affaire prenant une ampleur inquiétante, la famille Fox fut exclue <strong>de</strong> l’Église méthodiste qui les déclara<br />

possédés par le diable et certains villageois leur rendirent la vie intenable. Ils quittèrent donc la ville pour<br />

s'installer à Rochester.<br />

Et les phénomènes se renouvelèrent. Mais, comme les coups n'étaient frappés que si les enfants étaient<br />

présents, on prit soin <strong>de</strong> les asseoir pieds nus sur <strong><strong>de</strong>s</strong> coussins tout en cherchant si <strong><strong>de</strong>s</strong> objets quelconques<br />

pouvaient en être la cause. En vain. <strong><strong>Le</strong>s</strong> coups, appelés "raps", continuèrent.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> journaux s'y intéressèrent. Des clubs et <strong><strong>de</strong>s</strong> cercles se créèrent afin <strong>de</strong> s'intéresser à ces phénomènes


73<br />

qui <strong>de</strong>venaient <strong>de</strong> plus en plus déconcertants... Vers la fin <strong>de</strong> 1849, au cours <strong>de</strong> réunions auxquelles<br />

participaient Kate Fox et une certaine Mme Tamlin, <strong>de</strong> petits objets se mirent à flotter et les cor<strong><strong>de</strong>s</strong> d'une<br />

guitare, vibrant toutes seules, se mirent à jouer.<br />

Un soir, les personnes présentes remarquèrent que les bruits semblaient provenir directement <strong>de</strong> la table<br />

autour <strong>de</strong> laquelle ils se trouvaient. <strong>Le</strong>urs mains qui étaient posés sur la table sentirent comme un léger<br />

tremblement dans le bois puis la table se mit à s'incliner et, surprise <strong><strong>de</strong>s</strong> spectateurs, à se déplacer. L'un d'eux<br />

eut l'idée <strong>de</strong> former une chaîne en se donnant la main et <strong>de</strong> questionner la table qui répondit aussitôt. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

tables tournantes étaient nées. <strong><strong>Le</strong>s</strong> sceptiques crièrent au truquage ! Mais une nouvelle ère du paranormal<br />

commençait d'autant plus qu'un peu partout d'autres phénomènes tout aussi bizarres défrayaient la chronique.<br />

- Comme l'écrivait W. T. Stead : "Il y a une variété infinie d'opinions sur ce que peut être un fantôme",<br />

visuel ou esprit. Certains savants, parmi les plus incrédules, lorsqu'ils ont contrôlé maintes et maintes fois<br />

certains médiums, finissent par avouer qu'ils croient sincèrement que certains esprits sont bien la<br />

représentation <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes décédés qu'ils disent être.<br />

Pendant près <strong>de</strong> trente ans, les savants se sont intéressés au cas <strong>de</strong> Mrs Léonore Piper qui, à huit ans,<br />

rentra chez elle en criant :"Tante Sara est morte !" ce qui fut confirmé quelques jours plus tard par une lettre<br />

annonçant le décès.<br />

En 1884, elle tomba mala<strong>de</strong> et consulta le docteur J. R. Cocke, aveugle et médium, dans le cabinet <strong>de</strong> qui<br />

elle tomba pour la première fois en transe. Lors <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>uxième consultation, il lui posa les mains sur la tête,<br />

elle entra en transe et, aussitôt, se leva, prit un crayon et un papier et se mit à écrire nerveusement puis tendit<br />

le papier au juge Frost, <strong>de</strong> Cambridge, qu'elle ne connaissait pas mais qui était présent.<br />

<strong>Le</strong> juge était blême. <strong>Le</strong> papier contenait un message <strong>de</strong> son fils décédé, un message qui contenait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

détails intimes que lui seul pouvait connaître.<br />

En 1885, le professeur William James <strong>de</strong> l'université Harvard sceptique irréductible, n'y croyant<br />

absolument pas, dut s'incliner et reconnaître les faits.<br />

Un autre savant, Hodgson, qui n'y croyait pas plus, contrôla toutes les séances jusqu'en 1897. Il publia<br />

alors un rapport dans lequel il écrivait :<br />

Je ne peux m'empêcher d'affirmer être certain que les "contrôlés" sont vraiment les esprits <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

qu'ils préten<strong>de</strong>nt avoir été <strong>de</strong> leur vivant. Ils ont simplement survécu à ce changement d'état que nous<br />

appelons "la mort" et communiquent avec nous, les vivants, par l'intermédiaire du corps <strong>de</strong> Mrs Piper<br />

lorsque celle-ci est en transe.<br />

Un revirement aussi important d'un savant réputé pour avoir un esprit scientifique rationnel ainsi que la<br />

possibilité, pendant tant d'années, d'effectuer toutes les vérifications possibles, cela ne donne-t-il pas,<br />

sérieusement, à réfléchir ?<br />

La pensée ! La résurgence <strong>de</strong> la pensée !... qui, comme le rêve, possè<strong>de</strong> une force authentique<br />

insoupçonnée, ce qui fait dire à d'autres savants, tout aussi troublés, que les fantômes ou les esprits ainsi créés<br />

ne sont pas la résurrection, pour quelques instants, d'êtres disparus revenant <strong>de</strong> l'autre mon<strong>de</strong> mais une<br />

personnalité fictive issue du rêve du médium et <strong><strong>de</strong>s</strong> désirs inconscients et inexprimés <strong><strong>de</strong>s</strong> spectateurs pour<br />

ainsi dire envoûtés, qu'ils le veuillent ou non, par la tension créée.<br />

De toute façon, comment est-il possible au cerveau <strong>de</strong> créer <strong><strong>de</strong>s</strong> images qui prennent ainsi une consistance<br />

corporelle propre, se déplaçant, soulevant <strong><strong>de</strong>s</strong> chaises, renversant <strong><strong>de</strong>s</strong> canapés, mordant même, parlant et<br />

décrivant le passé, le présent et le futur ?<br />

Certains médiums projettent ces images dans <strong><strong>de</strong>s</strong> miroirs ou <strong><strong>de</strong>s</strong> boules <strong>de</strong> cristal. <strong><strong>Le</strong>s</strong> faits sont si réels<br />

qu'ils ont été photographiés et qu'une commission a même été créée à Paris pour les vérifier et détecter les<br />

tricheries éventuelles.<br />

Des tricheries, il y en a certes mais tous ne le sont pas et n'y en aurait-il qu'une seule d'authentique que le<br />

problème serait posé. Et il l'est o.bli.ga.toi.re.ment.<br />

L'axiome tant rabâché : "Un fait physique ne peut avoir qu'une cause physique" est désormais un non sens<br />

évi<strong>de</strong>nt.<br />

23 mai


74<br />

Nous venons d'apprendre que le détenu qui avait avalé la cuillère et le couteau, est décédé.<br />

Depuis ce midi, nous avons hérité d'un "camé", Françoise - c'est son nom <strong>de</strong> famille - qui a été pris avec du<br />

haschich.<br />

Pâle. <strong><strong>Le</strong>s</strong> traits tirés. 19/20 ans.<br />

Arrivé <strong>de</strong>puis hier, il est déjà réputé pour chiner <strong><strong>de</strong>s</strong> cigarettes. Dès le premier jour, il a eu le déplaisir <strong>de</strong><br />

faire connaissance avec le mitard car il voulait absolument les cigarettes qu'il détenait sur lui, en entrant, ce<br />

qui lui a été refusé, bien entendu, <strong>de</strong> peur qu'elles ne contiennent <strong>de</strong> la came.<br />

Il reste assis en tailleur, dans un coin, sans dire un mot avec <strong><strong>de</strong>s</strong> feuilles <strong>de</strong> papier et une boite <strong>de</strong> crayons<br />

<strong>de</strong> couleur. Il <strong><strong>de</strong>s</strong>sine <strong><strong>de</strong>s</strong> volutes entremêlées <strong>de</strong> toutes les couleurs. Il faut reconnaître que c'est assez joli.<br />

- C'est ce que je vois lorsque je plane. Mon paradis.<br />

Ce sont à peu près les seuls mots qu'il ait daigné prononcer.<br />

<strong>Le</strong> soir, nous avons voulu lui faire déplier son lit. Il a refusé.<br />

- Je ne couche pas dans <strong><strong>de</strong>s</strong> couvertures et je n'ai jamais besoin <strong>de</strong> lit."<br />

Une loque. Un déchet. Lamentable.<br />

24 mai<br />

Nous sommes débarrassés <strong>de</strong> Françoise.<br />

Cette nuit, alors que je parlais à voix basse avec Jean, je ne sais pas ce qui lui a pris. Il nous a interpellés et<br />

s'est écrié :<br />

- Surtout ne vous gênez pas pour moi, pour coucher ensemble, les <strong>de</strong>ux pédés.<br />

Mon sang n'a fait qu'un tour, je me suis levé comme un éclair et lui ai administré une gifle magistrale, du<br />

plat <strong>de</strong> la main, sur la joue, l'envoyant bouler contre la porte. <strong>Le</strong> silence était total et le bruit <strong>de</strong> la gifle ainsi<br />

que du choc sur la porte résonna dans tout l'établissement. Je n'aurais pas cru qu'une gifle puisse déclencher<br />

autant <strong>de</strong> vacarme.<br />

Maton, explication, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> mutation et, dès 8h.30, il changeait <strong>de</strong> cellule en <strong>de</strong>venant la risée <strong>de</strong> tous<br />

car le téléphone arabe, même en pleine nuit, avait fonctionné.<br />

*****<br />

Cet après midi, visite <strong>de</strong> maman, calme et presque détendue. Elle a revu Simone qui se montre on ne peut<br />

plus gentille et prévenante. Elle a <strong>de</strong>mandé plusieurs fois <strong>de</strong> mes nouvelles.<br />

25 mai<br />

J'abor<strong>de</strong> maintenant un sujet dont j'ai entendu parler, dont on ne doute même plus tout en ne le<br />

comprenant pas : la télépathie. <strong><strong>Le</strong>s</strong> autorités militaires américaines et soviétiques l'étudient <strong>de</strong>puis 1960,<br />

surtout pour son côté pratique telles les liaisons avec les astronautes ainsi qu'avec les sous marins en plongée.<br />

La réalité du paranormal semble prendre sa revanche.<br />

<strong>Le</strong> professeur Vassiliev affirmait :<br />

La constatation <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong> ce facteur ou <strong>de</strong> cette forme d'énergie possè<strong>de</strong> une importance égale à<br />

celle <strong>de</strong> l'énergie nucléaire.<br />

Son étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> plus en plus scientifique <strong>de</strong>puis, date <strong>de</strong> 1876 lorsque sir William Barret, professeur à<br />

l'Université <strong>de</strong> Dublin, lut à l'Assemblée <strong>de</strong> la British Association, à Glasgow, un mémoire sur la<br />

communication <strong>de</strong> sensations et d'idées d'un esprit à un autre esprit, hors les moyens ordinaires <strong>de</strong><br />

communication <strong>de</strong> la pensée telle qu'il l'avait obtenue avec un sujet hypnotisé. <strong><strong>Le</strong>s</strong> résultats qu'il avait obtenus<br />

firent sensation et aboutirent, en 1882, à la création <strong>de</strong> la Society for Psychical Researches composée <strong>de</strong><br />

savants chargés d'étudier le phénomène.<br />

Trois années plus tard, M. Paul Janet, <strong>de</strong> l'Institut, présentait également un mémoire à la Société <strong>de</strong><br />

psychologie <strong>de</strong> Paris sur les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences positives <strong><strong>de</strong>s</strong> docteurs Pierre Janet et Gibert.<br />

La télépathie que le profane appelle "transmission <strong>de</strong> pensée", fut appelée "transfert d'énergie" et<br />

"transfert psychophysiologique d'information" par la NASA et l'académie <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences <strong>de</strong> l'URSS.


75<br />

Puis, à la suite <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences entreprises à partir <strong>de</strong> 1964 par Henri Marcotte et l'équipe du professeur<br />

Warcollier, nommée "télésthésie" ou "télépathie sensorielle", partant du principe que les sujets passent <strong>de</strong><br />

sensation à sensation sans passer par l'intermédiaire du sta<strong>de</strong> verbal.<br />

Il semble que ce soit là, vraiment, le royaume <strong>de</strong> la parapsychologie car il n'est plus question <strong>de</strong> spiritisme,<br />

ni <strong>de</strong> fantômes ni d'ectoplasmes parlant au nom <strong>de</strong> soi-disant défunts.<br />

Elle présente pourtant les mêmes invraisemblances qui ont fait dire au professeur Charles Richet, prix<br />

Nobel <strong>de</strong> Physiologie :<br />

La télépathie est absur<strong>de</strong> mais elle existe.<br />

Du 31 janvier au 9 février 1971, lors <strong>de</strong> l'expédition Apollo 14, le capitaine Edgar D. Mitchell se concentra<br />

sur <strong><strong>de</strong>s</strong> cartes ESP pour essayer <strong>de</strong> transmettre <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles par télépathie. <strong>Le</strong> percipiant les reçut.<br />

L'expérience était positive même <strong>de</strong> l'espace.<br />

<strong>Le</strong> professeur E. Douglas Dean effectua la même expérimentation d'une bathysphère plongée à dix mètres<br />

sous l'eau. Par <strong>de</strong>là l'Atlantique, à Zurick, le percipiant reçut le message. La télépathie fonctionnait sous l'eau<br />

alors qu'une telle transmission aurait été impossible par on<strong>de</strong> radio.<br />

Ce sont les expériences réalisées sous hypnose qui ont mis la télépathie en évi<strong>de</strong>nce. Mais elle intervient en<br />

bien d'autres domaines du paranormal car la classification <strong><strong>de</strong>s</strong> différents éléments qui se regroupent dans le<br />

paranormal s'entremêlent, sans frontière bien définie, en se complétant sans qu'ils représentent, chacun en luimême,<br />

une entité unique indépendante.<br />

La transmission par le rêve ne rejoint-elle pas la télépathie ?<br />

Madame Garret raconte :<br />

A Londres, je m'était couchée un soir avec le bizarre pressentiment que ma fille, alors pensionnaire,<br />

n'allait pas très bien. C'était un dimanche, c'est pourquoi je ne pris pas cette impression au sérieux, me<br />

rappelant que ma fille était probablement en train <strong>de</strong> m'écrire sa lettre hebdomadaire. Je me dis que<br />

j'avais capté ses pensées. Cependant je me réveillai à <strong>de</strong>ux heures du matin avec l'impression qu'elle<br />

était dans la maison, qu'un instant plus tôt elle était à côté <strong>de</strong> moi et me parlait.<br />

"Je ne t'ai pas écrit, ma chère maman, m'avait-elle dit en rêve, parce que j'ai mal à la poitrine. Ce soir,<br />

j'étouffe et j'ai la fièvre. Quand la directrice a découvert que je n'avais pas écrit, elle a été très en colère,<br />

elle m'a dit que j'étais négligente et que je manquais à mes <strong>de</strong>voirs. Mais, <strong>de</strong>puis, elle est venue me voir<br />

dans ma chambre et comprend que je ne vais pas très bien."<br />

Bien que je ne fusse pas certaine <strong>de</strong> la validité <strong>de</strong> cette communication, je décidai <strong>de</strong> noter ce qu'elle<br />

m'avait dit. <strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main matin, n'ayant toujours pas reçu <strong>de</strong> lettre, je me sentis <strong>de</strong> nouveau inquiète.<br />

Me remémorant mon rêve, je télégraphiai à la directrice <strong>de</strong> la pension pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si tout allait<br />

bien. Dans sa réponse, elle me répondit que ma fille était couchée avec un gros rhume. Elle poursuivait,<br />

en s'excusant à <strong>de</strong>mi, en rendant l'état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> l'enfant responsable <strong>de</strong> ce qu'elle appelait son<br />

"entêtement" à refuser <strong>de</strong> m'écrire.<br />

Une lettre ultérieure <strong>de</strong> ma fille laissait entendre qu'elle s'était sentie perturbée, patraque, peinée et<br />

incomprise ce soir là. C'était ces sentiments que j'avais captés...<br />

Madame Garret, <strong>de</strong>puis, a financé, à ce sujet, <strong>de</strong> nombreuses expériences, en particulier celles <strong><strong>de</strong>s</strong> docteurs<br />

Stanley kripper et Montague Ullmann, du Maino<strong><strong>de</strong>s</strong> Hospital <strong>de</strong> New York.<br />

De même les expériences sur les réactions <strong><strong>de</strong>s</strong> plantes <strong>de</strong> Backster et <strong>de</strong> Vogel ? Ou sur les animaux tels<br />

les termites, les abeilles, les fourmis ou les lapins qui firent l'objet d'expériences par le laboratoire <strong>de</strong> Vassiliev,<br />

à <strong>Le</strong>ningrad ?<br />

Danielle Hemmert et Alex Roudène les décrivent ainsi : 2<br />

La métho<strong>de</strong> utilisée consiste à embarquer, dans un sous-marin, <strong><strong>de</strong>s</strong> lapins nouveaux nés, tandis que la<br />

mère reste à terre, en laboratoire, où on lui implante <strong><strong>de</strong>s</strong> électro<strong><strong>de</strong>s</strong> dans le cerveau. Ensuite, dans le<br />

submersible, en plongée, on tue les lapereaux, un à un, à intervalles réguliers. Or, disent les chercheurs<br />

russes, au moment précis où les jeunes passent <strong>de</strong> vie à trépas, l'encéphalogramme <strong>de</strong> la lapine accuse<br />

une brusque surcharge électrique. En d'autres termes, l'émotion intense ressentie par le lapereau en<br />

train <strong>de</strong> mourir aurait pour effet <strong>de</strong> produire une "on<strong>de</strong>" télépathique qui atteindrait la mère au mépris<br />

<strong>de</strong> la distance et <strong><strong>de</strong>s</strong> obstacles matériels qui la séparent <strong>de</strong> sa progéniture. Telle est, du moins,<br />

2 « <strong><strong>Le</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> énigmes <strong>de</strong> l’esprit humain » T.2


76<br />

l'interprétation que les savants soviétiques donnent <strong>de</strong> ce curieux phénomène.<br />

N'y aurait-il pas intervention, ne serait-ce que partielle, <strong>de</strong> la télépathie dans la vision ou la sensation<br />

brutale annonçant un acci<strong>de</strong>nt ou une mort ? Dans le chien qui hurle et se laisse mourir en ressentant le décès<br />

<strong>de</strong> son maître alors absent ? Dans le portrait qui se décroche sans qu'on le touche, lorsque la personne meurt ?<br />

Dans les raps incompréhensibles ?<br />

La télépathie qui se moque <strong><strong>de</strong>s</strong> distances, que ce soit dans la stratosphère, sous l'eau ou sur terre, les<br />

expérimentations les plus complexes ayant été réalisées à ce sujet.<br />

Rhine, évoquant les expériences méthodiques <strong><strong>de</strong>s</strong> laboratoires <strong>de</strong> psychologie <strong>de</strong> Duke avec <strong>de</strong>ux<br />

télépathes, Miss Ownbey et Miss Turner, écrit : 3<br />

Certains trouveront ces résultats fantastiques. Ils songeront aux montagnes, aux forêts, aux villes, aux<br />

champs, aux fleuves, à la courbe même <strong>de</strong> la terre, séparant les <strong>de</strong>ux femmes qui se livrèrent à cette<br />

expérience. Et, pourtant, <strong>de</strong>ux fois sur trois, l'une d'elle savait la forme <strong>de</strong> l'image à laquelle l'autre<br />

pensait. Quel que fût le pouvoir qu'elles possédaient, il n'était manifestement pas affecté par la<br />

distance... L'espace tel que nous le concevons ordinairement ne présente par conséquent pas un obstacle<br />

à la communication télépathique.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> résultats les plus surprenants furent réalisés lorsque le sujet se trouvait sous hypnose. On eut même la<br />

surprise alors <strong>de</strong> constater que non seulement la pensée lui était transmise mais également la sensation du<br />

goût et <strong>de</strong> la douleur.<br />

<strong>Le</strong> docteur E. Azam, un mé<strong>de</strong>cin français, s'aperçut qu'une <strong>de</strong> ses mala<strong><strong>de</strong>s</strong> était télépathe lorsqu'elle se<br />

trouvait hypnotisée. Comme elle pouvait i<strong>de</strong>ntifier une pensée non exprimée, il se <strong>de</strong>manda si elle était<br />

capable d'i<strong>de</strong>ntifier une sensation <strong>de</strong> goût que lui même éprouverait. Alors que le sujet, sous hypnose, ne<br />

pouvait pas le voir, il mit dans sa bouche du sel <strong>de</strong> cuisine, c'est à dire une substance inodore qu'elle ne<br />

pouvait sentir. Immédiatement le sujet déclara qu'elle en ressentait une sensation <strong>de</strong> "salé" qu'elle définit<br />

parfaitement. Il renouvela les essais avec d'autre substance. <strong><strong>Le</strong>s</strong> résultats furent i<strong>de</strong>ntiques.<br />

<strong>Le</strong> professeur Pierre Janet, <strong>de</strong> la Sorbonne et Edmond Gurney, <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Cambridge, exécutèrent,<br />

chacun <strong>de</strong> leur côté, <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences sur la transmission télépathique <strong>de</strong> la douleur à un sujet hypnotisé. Si,<br />

par exemple, on pinçait l'hypnotiseur en différents points du corps, le sujet ressentait la même douleur aux<br />

mêmes endroits même si l'expérimentateur se trouvait dans une pièce voisine, donc hors <strong>de</strong> vue.<br />

Mais est-ce bien <strong>de</strong> la télépathie pure ? N'y aurait-il pas d'autres facteurs encore à découvrir qui viendraient<br />

s'y associer ? De toute façon, la télépathie n'est pas liée à l'hypnose, mais il faut reconnaître que c'est l'hypnose<br />

qui permit <strong>de</strong> prendre conscience scientifiquement <strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong> la transmission <strong>de</strong> pensée.<br />

26 mai<br />

15 h. Déjà ! La troisième place n'est pas restée longtemps vi<strong>de</strong>. Un nouveau vient <strong>de</strong> déposer son matelas,<br />

ses draps et ses couvertures. Un grand, brun et maigre. Marcel quelque chose... J'ai été incapable <strong>de</strong><br />

comprendre son nom <strong>de</strong> famille.<br />

On l'ai<strong>de</strong> comme à chaque fois, nous en avons l'habitu<strong>de</strong>. Lui aussi, paraît-il. Il vient <strong>de</strong> Fresnes où son<br />

instruction pour une petite affaire serait terminée. Il vient d'être muté ici parce qu'un détenu <strong>de</strong> notre maison<br />

d'arrêt l'a dénoncé comme ayant participé avec lui à un vol <strong>de</strong> voiture avec vol d'un sac et bris <strong>de</strong> matériel.<br />

Il est furieux et nous jure sur tous les saints du paradis qu'il n'y est pour rien sinon comme victime d'une<br />

vengeance.<br />

A 23 ans, il a déjà fait 6 ans 1/2 <strong>de</strong> prison !<br />

Il ne possè<strong>de</strong> rien à part <strong>de</strong>ux timbres, un paquet <strong>de</strong> caporal, un pécule <strong>de</strong> 20 francs gagné en travaillant à<br />

Fresnes à 2 francs par jour et ce qu'il porte sur lui. Même son stylo est vi<strong>de</strong>. Nous lui prêtons du papier, une<br />

enveloppe et un stylo.<br />

Encore le résultat navrant d'un drôle <strong>de</strong> foyer. Son père était plus ou moins souteneur. <strong>Le</strong> fils a grandi à<br />

son ombre. A 14 ans, il se sauvait <strong>de</strong> chez lui avec une mobylette qui ne lui appartenait pas... les séjours en<br />

prison ont suivi les séjours en maisons <strong>de</strong> redressement avec <strong><strong>de</strong>s</strong> interruptions d'activités diverses, jamais<br />

longues. Dernièrement, il était barman.<br />

3 Dans « New Frontiers of the Mind »


77<br />

Nous ne savons que lui offrir pour passer le temps.<br />

- Je m'occupe seul, j'écris <strong><strong>de</strong>s</strong> poèmes.<br />

Jean n'hésite pas pour lui dire :<br />

- Tu as <strong>de</strong> la chance, Michel est poète.<br />

J'ai beau faire signe que non, il me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> le conseiller sur une <strong>de</strong> ses oeuvres, la seule sur l'unique<br />

carnet qu'il a sur lui.<br />

"Nous les paumés<br />

on a grandi à l'école <strong><strong>de</strong>s</strong> grands<br />

on n'est pas <strong><strong>de</strong>s</strong> méchants<br />

on ne l'a pas voulu..."<br />

Ainsi pendant <strong>de</strong>ux pages.<br />

Je lui conseille <strong>de</strong> partir d'une idée qui soit valable et, après un premier jet, <strong>de</strong> travailler ses vers suivant les<br />

règles. Je lui prête mon dictionnaire <strong>de</strong> rimes ainsi qu'une revue <strong>de</strong> poésie - la seule figurant à la bibliothèque.<br />

Il feuillette quelques pages puis les repose.<br />

- C'est trop compliqué pour moi. J'écris ce qui me vient. C'est tout. D'accord ?<br />

Toujours ce manque d'instruction qui rend si malheureux.<br />

En ce qui concerne son affaire, il attend d'être convoqué par le juge d'instruction ce qui est obligatoire car<br />

il n'est pas ici en vertu d'un mandat <strong>de</strong> dépôt. Ce ne serait donc valable que <strong>de</strong>ux jours.<br />

Au cas où le juge d'instruction ne voudrait pas reconnaître son innocence et lui signifier un non-lieu, il est<br />

décidé à faire une grève <strong>de</strong> la faim. De toute façon, il dit être déterminé à obtenir son retour à Fresnes car ici,<br />

paraît-il, dans notre petite cellule, c'est le bagne. Et puis on lui a dit que si un détenu faisait la grève <strong>de</strong> la faim<br />

pendant 75 jours, il obtenait d'office un non-lieu. Il y croit !<br />

Ou alors, lui a-t-on dit et il y croit également, il faut se faire passer pour fou. Ce n'est pas facile ; peu y<br />

réussissent. Jean renchérit :<br />

- J'ai connu un fortiche à la Santé. Un jour, il a attrapé un maton par les épaulettes et l'a suspendu au<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du vi<strong>de</strong> du troisième étage en lui ordonnant <strong>de</strong> crier : "Je suis un enculé ! Je suis un enculé !", <strong>de</strong><br />

plus en plus fort. Il a réussi à obtenir une peine ridicule par rapport à ce qu'il méritait.<br />

Après avoir "tourné autour du pot" - je vois bien qu'il veut me parler mais je reste le nez fourré dans mes<br />

bouquins - il me dit :<br />

- Tu sais, j'ai une fille, une véritable poupée brune, qui m'attend. D'accord ! Elle a 20 ans et s'appelle<br />

Claudine, dis, tu pourrais pas lui écrire un poème pour moi ? D'accord ?"<br />

Instinctivement, je lui réponds :<br />

- D'accord.<br />

Il a beau nous raser avec ses "d'accord" continuels et puisque je lui ai promis, je m'y attelle. Ça me fait<br />

d'ailleurs du bien et, le soir, je lui remets.<br />

A ma Claudine,<br />

Quand le ciel bas et lourd pèse sur mon épaule<br />

Et me verse un jour noir plus triste que la nuit,<br />

Que le brouillard s'infiltre au creux <strong>de</strong> mon ennui,<br />

Que je me sens trop seul et cherche en vain le pôle,<br />

Je te rêve... Je sens ta chair et ton parfum ;<br />

Comme un fantôme aimant tu hantes ma bohème,<br />

O toi, ma taciturne et mon autre moi-même,<br />

La seule parmi tant qui sut calmer ma faim.<br />

Ton amour <strong>de</strong> vingt ans est doux à mon poème<br />

Qui chante dans ma nuit comme un soleil vainqueur.


78<br />

Lorsqu'elle explose en trop d'amour, la ruche essaime...<br />

Claudine n'entends-tu ce que te dit mon coeur ?<br />

- Oh ! Formidable ! T'es formidable, t'es formidable !<br />

Il en pleure et en oublie même son "d'accord".<br />

- Mais c'est pas mal, me dit Jean. Tu vas <strong>de</strong>venir un pro. Ça s'arrose."<br />

27 mai<br />

Avec ce sacré Marcel qui nous occupe, je me sens incapable <strong>de</strong> reprendre mes lectures assez fastidieuses, il<br />

faut le reconnaître. De toute façon, je n'ai pratiquement pas pu m'isoler pour travailler. Même hier soir.<br />

Jusqu'à je ne sais plus quelle heure, j'ai dû écouter, sur tous les tons, s'égrener les gammes "d'accord" ... Je ne<br />

suis pas mécontent <strong>de</strong> mon jeu <strong>de</strong> mots.<br />

Après mon essai <strong>de</strong> poésie, je me mets donc à réviser le cours <strong>de</strong> voyance par les cartes bien décidé à<br />

essayer dès que possible.<br />

Lorsqu'il s'agit <strong>de</strong> souvenirs, Jean, instinctivement, dès qu'il est embrayé, démarre en 5ème vitesse et ne<br />

s'arrête plus.<br />

<strong>Le</strong>ur mémoire est étonnante et les anecdotes <strong>de</strong> prison défilent. <strong><strong>Le</strong>s</strong> relations, les cafés connus <strong>de</strong><br />

Montmartre...<br />

*****<br />

A peine Marcel a-t-il posé le pied sur le sol, ce matin, qu'il <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

- Est-ce qu'on m'appellera aujourd'hui ? D'accord ?<br />

Une <strong>de</strong>mi-heure plus tard<br />

- A quelle heure qu'on est extradé ? D'accord ?<br />

Montes est enfin venu lui dire qu'il sortait cet après midi.<br />

Afin <strong>de</strong> ne pas perdre <strong>de</strong> temps, il a préparé sa lettre pour le juge et le surveillant chef. Il pourra ainsi les<br />

leur remettre <strong>de</strong> suite s'il n'obtient pas <strong>de</strong> non-lieu. Ce qui s'est réalisé. Nous avons donc un gréviste <strong>de</strong> la faim<br />

parmi nous.<br />

Nous espérions qu'ils allaient l'isoler comme Andras, mais non ; les <strong>de</strong>ux tempéraments sont complètement<br />

différents et, comme la grève <strong>de</strong> la faim les empoisonne, ils vont très certainement nous le laisser le temps<br />

légal (trois jours, je crois) avec l'espoir qu'il renoncera <strong>de</strong> lui-même en nous voyant manger.<br />

A la distribution du repas, il prend son assiette et veut la rendre. Montes qui est venu lui-même - bizarre ! -<br />

l'oblige à la gar<strong>de</strong>r jusqu'au len<strong>de</strong>main. Marcel la pose par terre.<br />

*****<br />

En début d'après midi, me voyant manier les cartes tout en regardant mon bouquin sur la cartomancie, il<br />

me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce que c'est. Je le lui dis.<br />

- Et bien alors, tire moi les cartes, on verra bien. D'accord ?<br />

- D'accord ! lui dis-je. Tu as raison, on verra bien..."<br />

Jean, avec un morceau <strong>de</strong> journal, fabrique un bonnet pointu et me le met sur la tête. Droit sur ma chaise,<br />

l'air sérieux, je déclame :<br />

- Monsieur Marcel, veuillez vous asseoir. Prenez le jeu <strong>de</strong> cartes et battez le bien. Maintenant, coupez le<br />

<strong>de</strong> la main gauche. Bien. Reprenez le paquet, comptez 6 cartes, mettez les sous le paquet et retournez la<br />

7ème. Encore une fois. Il me faut 12 cartes <strong>de</strong> la même manière. Voilà. Comme le valet <strong>de</strong> trèfle qui vous<br />

représente a été retourné, tirez, au hasard, une 13ème carte. Magnifique ! Je les étale en <strong>de</strong>mi-cercle et...<br />

Abracadabra ! Voilà, Monsieur, ce que je vois."<br />

Tout en regardant les notes que j'ai prises, je pose mon doigt sur le valet <strong>de</strong> trèfle.<br />

- "<strong>Le</strong> valet", c'est toi.<br />

Puis je saute, ainsi qu'il est prescrit, <strong>de</strong> 7 en 7.


79<br />

1234567 "Valet <strong>de</strong> pique près d'un valet <strong>de</strong> carreau la tête en bas" C'est une trahison. Il y a un jeune<br />

homme blond qui te fait une vacherie. 1234567 "Dame <strong>de</strong> carreau entourée d'un as <strong>de</strong> carreau et d'un 10 <strong>de</strong><br />

trèfle" Une dame blon<strong>de</strong> qui te veut du bien va t'écrire. Je vois un gain d'argent avec elle. Certainement un<br />

mandat. 1234567 "Dame <strong>de</strong> trèfle près d'un valet <strong>de</strong> coeur" Une dame brune t'aime, c'est net. Vois, elle se<br />

trouve contre le valet <strong>de</strong> coeur. 1234567 "Roi <strong>de</strong> coeur" C'est un avocat qui t'ai<strong>de</strong>ra beaucoup ou... non, je<br />

crois plutôt qu'il représente le juge d'instruction qui te sera favorable. 1234567 "7 <strong>de</strong> coeur" C'est le signe <strong>de</strong><br />

l'amour. Juste à la fin. Tu te marieras avec la femme brune.<br />

Il avait les yeux fixés sur mes lèvres, sans un seul battement <strong>de</strong> cils, comme hypnotisé.<br />

- Oh ! Réveille-toi. On n'a pas fini."<br />

Je reprends les cartes, les mélanges et les lui fait couper, toujours <strong>de</strong> la main gauche, puis j'en fais 6<br />

paquets.<br />

<strong>Le</strong> premier, "un as <strong>de</strong> pique à côté du valet <strong>de</strong> carreau" Signe <strong>de</strong> tristesse. Tu as le bourdon en ce<br />

moment à cause <strong>de</strong> la vacherie du jeune homme blond.<br />

<strong>Le</strong> 2ème, "un as ce coeur" Tu es entouré d'amis. Ça te console.<br />

<strong>Le</strong> 3ème, d'ailleurs voilà "la dame <strong>de</strong> coeur" qui te veut du bien.<br />

<strong>Le</strong> 4ème, "un 10 <strong>de</strong> trèfle" De l'argent que tu n'attendais pas et qui te vient <strong>de</strong> la dame blon<strong>de</strong>. Tu vois,<br />

c'est évi<strong>de</strong>nt. <strong>Le</strong> signe <strong>de</strong> l'argent, juste après elle.<br />

<strong>Le</strong> 5ème, "un 10 <strong>de</strong> coeur" Une surprise joyeuse, une gran<strong>de</strong> joie qui va t'arriver. Ça confirme le roi <strong>de</strong><br />

coeur <strong>de</strong> tout à l'heure.<br />

6ème, "la dame <strong>de</strong> trèfle" C'est quand même bizarre, revoilà ton amoureuse juste à la fin.<br />

Tu vois, ce contrôle confirme ce que je t'ai dit juste avant.<br />

Je n'ai jamais vu une figure aussi effaré.<br />

- Mais comment as-tu su ? Comment as-tu su ?"<br />

Il en bégaie et en oublie, <strong>de</strong> nouveau, ses "d'accord !".<br />

- <strong>Le</strong> blond, c'est Jean Clau<strong>de</strong>, le salop qui m'a dénoncé et il est blond, c'est vrai. D'accord. La dame blon<strong>de</strong>,<br />

c'est Madame <strong>Le</strong>franc, une assistante sociale, sympa, qui s'occupe <strong>de</strong> moi. Et elle est blon<strong>de</strong> mais je ne te l'ai<br />

jamais dit... La brune, c'est Claudine. Alors, je vais avoir une lettre, du pognon et je vais r'tourner à Fresnes.<br />

"D'accord ?"<br />

- Oh ! la ! la ! Ne t'emballe pas. Tu sais bien que c'est la première fois que je fais ça, c'est sans garantie,<br />

mais vraiment sans aucune garantie."<br />

J'ai beau essayer <strong>de</strong> le tempérer pour ne pas trop le décevoir, rien n'y fait. Il est tout sourire. D'autant plus<br />

que Jean, comme à son habitu<strong>de</strong>, pousse à la roue en lui disant tout le contraire.<br />

28 mai<br />

Comme chaque semaine, maman vient me voir. Toujours aussi calme. Simone est toujours aussi<br />

attentionnée vis à vis d'elle et sa mère toujours aussi froi<strong>de</strong>. Elle me paraît assez fatiguée.<br />

*****<br />

Après l'intermè<strong>de</strong> d'hier, je prends mon courage à <strong>de</strong>ux mains et attaque un nouveau sujet : l'hypnose.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> gens croient qu'endormir les gens tient <strong>de</strong> la fumisterie <strong>de</strong> charlatans pour cirque ambulant.<br />

Or c'est une réalité très ordinaire <strong>de</strong>venue, par son importance, une presque science étudiée <strong>de</strong>puis plus d'un<br />

siècle par <strong>de</strong> nombreux spécialistes. En particulier par les soviétiques qui ont multiplié les expériences sur<br />

l'hypnose à distance.<br />

Ce qui est on ne peut plus impressionnant. Une personne peut ainsi être endormie et réveillée par<br />

suggestion mentale et accomplir <strong><strong>de</strong>s</strong> actes dictés mentalement par un individu qui se trouve loin d'elle. Après<br />

préparation, bien entendu, mais quand même ! ...<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> premiers résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches sur l'hypnose furent présentés en 1878 <strong>de</strong>vant la société <strong>de</strong><br />

parapsychologie physiologique présidée par le professeur J.M. Charcot


80<br />

Ces expériences se sont vérifiées et confirmées <strong>de</strong>puis et l'utilisation <strong>de</strong> l'hypnose est <strong>de</strong>venue on ne peut<br />

plus courante. La science fiction <strong><strong>de</strong>s</strong> romans d'espionnage ne l'est plus. On soigne maintenant par et sous<br />

hypnose ; on accouche sous hypnose ; mais on ne comprend toujours pas.<br />

Qui dit "hypnose", pense "flui<strong>de</strong>" ; la force du flui<strong>de</strong>, ce magnétisme animal universel qui agit en chacun <strong>de</strong><br />

nous et qui, au minimum, engendre les sympathies et les antipathies, attirant et soudant ou repoussant "les<br />

atomes crochus"...<br />

Ce fut le grand succès <strong>de</strong> Mesmer, <strong>de</strong> son baquet et <strong>de</strong> son magnétisme individuel ou collectif. Mesmer<br />

qui, en 1779, publia son "mémoire sur la découverte du magnétisme animal".<br />

Quelques années plus tard, en 1784, le marquis <strong>de</strong> Puységur fut surpris <strong>de</strong> découvrir, en pratiquant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

passes magnétiques, ce qu'il appela "le somnambulisme artificiel"<br />

Il raconta les faits :<br />

<strong>Le</strong> hasard a fait que le mala<strong>de</strong> dont je vais parler est tombé entre mes bras, au bout <strong>de</strong> cinq minutes,<br />

dans l'état <strong>de</strong> somnambulisme le plus parfait et tel que je n'en avais jamais vu. J'écrivis dans le temps, à<br />

ce sujet, <strong>de</strong>ux lettres à la Société <strong>de</strong> l'Harmonie formée par Monsieur Mesmer que je vais rapporter.<br />

... Ces faibles succès me firent essayer d'être utile à un paysan, homme <strong>de</strong> vingt trois ans, alité <strong>de</strong>puis<br />

quatre jours par l'effet d'une fluxion <strong>de</strong> poitrine, avec point <strong>de</strong> côté et crachement <strong>de</strong> sang : j'allai donc<br />

le voir , c'était mardi passé, quatre <strong>de</strong> ce mois (mai 1784), à huit heures du soir ; la fièvre venait <strong>de</strong><br />

s'affaiblir. Après l'avoir fait lever, je le magnétisai. Quel fut ma surprise <strong>de</strong> voir, au bout d'un <strong>de</strong>mi<br />

quart d'heure, cet homme s'endormir paisiblement dans mes bras, sans convulsions ni douleur ! Je<br />

poussai la crise, ce qui lui occasionna <strong><strong>de</strong>s</strong> vertiges : il parlait, s'occupait tout haut <strong>de</strong> ses affaires.<br />

Lorsque je jugeais ses idées l'affecter <strong>de</strong> manière désagréable, je les arrêtais et cherchais à lui en<br />

inspirer <strong>de</strong> plus gaies; ; il ne me fallait pas pour cela faire <strong>de</strong> grands efforts ; alors je le voyais content,<br />

imaginant tirer à un prix, danser dans une fête, etc. Je nourrissais en lui ces idées et, par là, je le forçais<br />

à se donner beaucoup <strong>de</strong> mouvements sur sa chaise, comme pour danser sur un air, qu'en chantant,<br />

mentalement, je lui faisais répéter tout haut ; Par ce moyen, j'occasionnai, dès ce jour là, au mala<strong>de</strong>,<br />

une sueur abondante. Après une heure <strong>de</strong> crise, je l'apaisai et sortis <strong>de</strong> la chambre...<br />

Victor, un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers mala<strong><strong>de</strong>s</strong> soignés et guéris par l'hypnose, <strong>de</strong>vint provisoirement célèbre mais la<br />

découverte, elle, tomba dans l'oubli.<br />

Il fallut attendre 1825 pour que l'académie royale <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine étudie un rapport sur le sujet. <strong>Le</strong> 28 février<br />

1826, une <strong>de</strong>uxième commission fut décidée par l'académie qui accepta le rapport présenté par Husson ; le<br />

travail <strong><strong>de</strong>s</strong> chercheurs passionnés semblait avoir porté ses fruits car <strong>Le</strong> rapport fut déposé sur le bureau pour<br />

consultation... mais l'académie refusa <strong>de</strong> l'imprimer. Et, le 1er octobre 1840, elle déclara refuser <strong>de</strong> s'occuper,<br />

à l'avenir, <strong>de</strong> tout ce qui touchait à ce problème.<br />

Enfin, en 1878, un cas alors exceptionnel fut présenté <strong>de</strong>vant la société <strong>de</strong> parapsychologie physiologique<br />

présidée par le professeur J.M. Charcot. Ce fut l'élément déterminant qui déclencha les expériences et les<br />

découvertes qui suivirent :<br />

Une jeune femme <strong>de</strong> vingt quatre ans, veuve et mère d'une petite fille <strong>de</strong> cinq ans, fut hypnotisée pour la<br />

première fois. Endormie, elle était luci<strong>de</strong>, conversant facilement avec une mémoire remarquable. Elle était<br />

insensible à la douleur. Au réveil, elle ne se souvenait <strong>de</strong> rien.<br />

<strong>Le</strong> professeur l'endormait <strong>de</strong> plus en plus facilement.<br />

Il explique :<br />

"Après quinze jours environ <strong>de</strong> cet entraînement spécial, je n'avais plus besoin pour obtenir ce résultat<br />

ni du contact ni du regard : il me suffisait <strong>de</strong> "vouloir", tout en m'abstenant <strong>de</strong> toute espèce <strong>de</strong> geste qui<br />

pût me trahir... Bientôt, ce ne fut plus d'une extrémité d'une chambre que je songeais à exercer mon<br />

action, mais d'une pièce à une autre, d'une maison à une autre maison et le résultat obtenu était toujours<br />

le même.<br />

Puis il essaya <strong>de</strong> chez lui, à trois cents mètres environ, sans la prévenir. Il était trois heures. Appelé par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, il n'y pense plus. Rentrant à cinq heures, par acquis <strong>de</strong> conscience mais n'y croyant pas, il lui<br />

ordonne <strong>de</strong> se réveiller. <strong>Le</strong> soir, il la rencontre et elle lui raconte spontanément, sans qu'il la questionne, que<br />

vers trois heures, elle a dû s'allonger dans son salon tellement elle avait envie <strong>de</strong> dormir. Sa domestique l'avait<br />

trouvée pâle, la peau froi<strong>de</strong>, comme morte. Effrayée, elle l'avait secouée mais sans parvenir à la réveiller, tout<br />

juste à lui faire ouvrir les yeux. Elle n'avait eu que l'impression d'un violent mal <strong>de</strong> tête qui a disparu quand


81<br />

elle s'est réveillée vers cinq heures.<br />

Il avait renouvelé ces expériences <strong>de</strong> nombreuses fois et <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> nombreuses personnes, avec le même<br />

succès.<br />

Plus tard, il raconta que, chacun d'eux ayant changé <strong>de</strong> domicile, ils s'étaient perdus <strong>de</strong> vue, lui-même et sa<br />

patiente qu'il appelle Mme D.<br />

Un jour qu'il se trouvait au fort Montlouis, à mille sept cents mètres d'altitu<strong>de</strong>, il eut l'idée d'essayer<br />

d'endormir cette Mme D. qu'il savait à Lyon, soit à plusieurs centaines <strong>de</strong> kilomètres, ce qu'il n'avait jamais<br />

essayé.<br />

Il essaya plusieurs fois, entre neuf et dix heures du soir, jamais longtemps afin que, si par hasard,<br />

l'expérience réussissait, elle n'eût pas <strong>de</strong> conséquences tragiques.<br />

<strong>Le</strong> temps passa. Un jour, <strong>de</strong> passage à Lyon, il vit une affiche concernant une pièce jouée le soir même et<br />

sur laquelle figurait, parmi les actrices, le nom <strong>de</strong> Mme D. Il lui donna ren<strong>de</strong>z-vous afin <strong>de</strong> dîner avec elle<br />

après la représentation. Entre autres choses, elle lui raconta qu'elle avait failli perdre son emploi car, plusieurs<br />

fois, elle avait perdu connaissance sur la scène et la représentation avait été interrompue... <strong><strong>Le</strong>s</strong> dates et les<br />

heures concordaient.<br />

Un <strong>de</strong> ses amis qui en avait été le témoin, le lui confirma.<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette nouvelle science fait son chemin et, en 1886, la "Revue <strong>de</strong> l'hypnotisme expérimental et<br />

thérapeutique" voit le jour. Deux écoles s'affrontent alors et se font une guerre acharnée : la Salpétrière à<br />

Paris contre Nancy, Charcot contre Berheim et Liebault que rejoint Freud.<br />

En 1889, a lieu un premier congrès international <strong>de</strong> l'hypnotisme expérimental et thérapeutique. <strong><strong>Le</strong>s</strong> débats<br />

sont houleux pour ne pas dire virulents... Mais, le 25 mai 1891, au cours d'une manifestation solennelle,<br />

Dumontpallier remet à Liebault, un bronze, résultat d'une souscription bouclée grâce à <strong>de</strong> nombreux<br />

étrangers, ce qui consacrait la victoire <strong>de</strong> Nancy sur Paris et fit dire à <strong>de</strong> nombreux commentateurs que David<br />

avait vaincu Goliath.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> discor<strong><strong>de</strong>s</strong>, hélas !, n'étaient pas terminées mais l'hypnose, elle, avait gagné définitivement sa bataille.<br />

Elle se développa à pas <strong>de</strong> géant s'immisçant encore un peu plus profondément dans le paranormal.<br />

<strong>Le</strong> professeur Pierre Janet effectua, le 31 mai 1896, une expérience vraiment caractéristique :<br />

Il hypnotisa plusieurs fois une certaine Mme B. <strong>Le</strong> 2 mars, à trois heures <strong>de</strong> l'après-midi, il l'endormit <strong>de</strong><br />

chez lui. Lorsqu'il la rejoignit une heure après, il la trouva assise et, fait ahurissant, elle cousait ! Elle dormait<br />

mais ses yeux étaient ouverts et elle cousait. Ses gestes étaient très lents : elle cousait à peine trois à quatre<br />

points à la minute. Il lui prit le bras et le mit en l'air. Celui-ci resta immobile à la surprise <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes<br />

présentes.<br />

<strong>Le</strong> 13 mars, à quatre heures, il l'endormit <strong>de</strong> chez lui et la trouva à quatre heures et quart, en état <strong>de</strong><br />

"catalepsie". Ce jour là, elle cousait encore,<br />

"du même mouvement automatique, un ouvrage qui paraissait compliqué et qu'elle exécutait assez bien<br />

mais très lentement. Sans rien dire, sans la toucher, par conséquent sans la prévenir <strong>de</strong> ma présence, je<br />

me contente, écrit-il, <strong>de</strong> lui comman<strong>de</strong>r par la pensée qu'elle doit dormir encore plus profondément. Elle<br />

pousse un soupir, les mouvements <strong>de</strong> ses mains s'arrêtent. J'insiste encore et elle retombe en arrière<br />

dans la plus complète résolution musculaire..."<br />

- <strong><strong>Le</strong>s</strong> expérimentateurs allèrent <strong>de</strong> surprise en surprise :<br />

<strong>Le</strong> professeur Janet, une autre fois, hypnotise une médium "Léonie" et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> rendre,<br />

mentalement, visite au professeur Charles Richet, à Paris. Elle s'écrie brusquement : "Ça brûle ! Ça brûle !"<br />

Elle se réveille. Janet la rendort. Elle se réveille <strong>de</strong> nouveau en disant : "Mais, Monsieur Janet, je vous assure<br />

que ça brûle."<br />

Ce même jour, à 6 heures du matin, quelques heures avant, le laboratoire du professeur Richet était détruit<br />

par un incendie...<br />

Puis Andrew Jackson Davis qui, sous hypnose, mit au point tout un système philosophique en plusieurs<br />

volumes et qui déclara même, en mars 1848, qu'il existait <strong>de</strong>ux planètes supplémentaires dans notre système<br />

solaire. Or Neptune fut découverte peu après et Pluton ne le fut qu'en 1930...


82<br />

- Enfin, l'autohypnose est apparue avec <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes comme Cayce dont nous avons déjà parlé qui<br />

s'auto-hypnotisait, diagnostiquait et guérissait ses mala<strong><strong>de</strong>s</strong> sans même les avoir vus.<br />

La guérison par hypnose, dénommée "sophrologie" par le docteur Caycedo en 1960 est désormais une<br />

science médicale.<br />

<strong>Le</strong> docteur J. Héricourt reconnaît toutefois que "l'étendue <strong>de</strong> notre ignorance concernant la nature<br />

véritable <strong>de</strong> la pensée, <strong>de</strong> la volonté, <strong>de</strong> la conscience humaine, apparaît ici en pleine lumière" dans les cas<br />

stupéfiants <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences exécutées sous contrôles stricts par les scientifiques.<br />

<strong>Le</strong> 22 janvier 1975, le journal "le Parisien" citait un cas où se trouve regroupées hypnose, vie antérieure et<br />

xénoglossie.<br />

Madame Dolores Jay, âgée <strong>de</strong> cinquante <strong>de</strong>ux ans, était soignée sous hypnose par son mari, le pasteur<br />

méthodiste d'Elkton en Virginie car elle souffrait <strong>de</strong> douleurs rhumatismales. A la gran<strong>de</strong> surprise du pasteur,<br />

elle se mit à raconter une extraordinaire histoire, citant avec précision <strong><strong>de</strong>s</strong> noms, <strong><strong>de</strong>s</strong> dates, <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux et ceci<br />

en Allemand alors qu'elle ne connaissait pas un seul mot <strong>de</strong> cette langue. Elle prenait l'i<strong>de</strong>ntité d'une jeune<br />

alleman<strong>de</strong> <strong>de</strong> seize ans, Gretchen Gottlieb, qui vivait à Eberswald, en Allemagne Orientale et fut assassinée en<br />

1870.<br />

Grâce aux détails fournis, plusieurs docteurs américains et français enquêtèrent : tout était exact dans le<br />

moindre détail...<br />

*****<br />

Comme un fait exprès, ce soir, ce n'est pas mal. Nous avons une assiette plus que confortable <strong>de</strong> frites<br />

parfaitement à point et <strong><strong>de</strong>s</strong> oeufs durs avec <strong>de</strong> la mayonnaise. Surprenant...<br />

Marcel la pose par terre, près <strong>de</strong> la porte... Une heure plus tard, en se retournant, il met son pied gauche<br />

en plein <strong>de</strong>dans. Sa chaussure est pleine <strong>de</strong> jaune d'oeuf. Il fulmine.<br />

Après le couvre feu, l'énervement le gagne ainsi que Jean qui chante <strong><strong>de</strong>s</strong> chansons cochonnes et raconte<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> blagues. Allongé sur mon lit, comme chaque soir, j'essaie <strong>de</strong> lire. C'est <strong>de</strong> la parapsy... Je suis donc obligé<br />

<strong>de</strong> renoncer ; je prends mon crayon et <strong><strong>de</strong>s</strong> mots fléchés. Puis je renonce <strong>de</strong> nouveau. Me tournant face au<br />

mur, cachant mes yeux, j'essaie <strong>de</strong> dormir. En vain. Et le maton qui ne dit rien... Ils déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> se taire à 10<br />

heures 1/2. Quelques minutes après, comme par hasard, la lumière s'éteint.<br />

29 mai<br />

J'essaie <strong>de</strong> prendre encore quelques notes, mais c'est <strong>de</strong> plus en plus dur. Il s'agit, cette fois-ci <strong>de</strong><br />

"l'autoscopie"<br />

<strong>Le</strong> docteur Comar - ce fut reproduit dans la Presse Médicale du 17 janvier 1903 - se fit gui<strong>de</strong>r par sa<br />

mala<strong>de</strong> qui, sous hypnose, voyait l'intérieur <strong>de</strong> son corps. Elle avait avalé un os pointu et en décrivit, toujours<br />

sous hypnose, le trajet que, par <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvements abdominaux, le mé<strong>de</strong>cin lui fit déplacer jusqu'à ce qu'il put le<br />

faire évacuer par un lavement. Une autre fois, ce fut une épingle qu'une mala<strong>de</strong> avait avalée après s'être<br />

endormie alors qu'elle la tenait dans sa bouche. Sous hypnose, elle lui décrivit l'intérieur <strong>de</strong> son organisme et,<br />

sur les conseils du mé<strong>de</strong>cin, réussit à la faire bouger. Cela exigea plusieurs séances étalées sur plusieurs jours<br />

puis l'épingle fut également éjectée. <strong>Le</strong> récit détaillé qu'en a fait le docteur Comar est hallucinant.<br />

C'est ce qu'on appelle "l'autoscopie".<br />

Illusion ou hallucinations, diront certains. Impossible, puisqu'il y a eu réalité scientifiquement indiscutable.<br />

Tout s'imbrique. Cela rejoint la bilocation dont nous connaissons maints exemples parmi les mystiques et le<br />

dédoublement <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres qui se voient quitter leur corps, flottent, le contemplent, vivent et agissent ainsi<br />

indépendamment puis le regagnent : l'expérience hors du corps par son corps astral ou corps éthérique ou<br />

corps flui<strong>de</strong>, suivant les auteurs.<br />

Ce dédoublement du corps astral ne concerne plus uniquement les mystiques mais les ascètes et les<br />

médiums. Lobsang Rampa, un soi-disant lama retiré en Europe, en a longuement parlé dans ses différents<br />

livres que je viens <strong>de</strong> parcourir et <strong>de</strong> nombreux cas, toujours scientifiquement indiscutables, l'ont confirmé.<br />

Plus <strong>de</strong> cinq cent cinquante cas ont d'ailleurs été présentés à un congrès d'étu<strong><strong>de</strong>s</strong> parapsychiques.<br />

Quelle partie <strong>de</strong> nous-mêmes représente-t-il ? Ne serait-ce pas l'esprit que l’Église semble oublier en nous


enseignant que nous sommes composés d'un corps et d'une âme, en oubliant l'esprit qui forme la trinité <strong>de</strong><br />

l'homme comme l'écrivait st Paul ?<br />

(1ère épître aux Tessaloniciens 5/23) Que le Dieu <strong>de</strong> paix vous sanctifie totalement et que votre être<br />

entier, l'esprit, l'âme, le corps...<br />

N'oublions pas non plus le magnétisme et la radiesthésie.<br />

83<br />

<strong>Le</strong> signal du sourcier avec sa baguette existe bien. <strong>Le</strong> plus célèbre <strong><strong>de</strong>s</strong> radiesthésistes américains, Henry<br />

Gross dont les réussites furent décrites par kenneth Roberts, travaillait sur carte. Installé chez lui, il "pointa"<br />

sur une carte <strong><strong>de</strong>s</strong> Bermu<strong><strong>de</strong>s</strong>, une île tenue par les Anglais et sans point d'eau connu ; il indiqua les endroits<br />

précis où il faudrait forer. L'eau était au ren<strong>de</strong>z-vous.<br />

Yves Rocard, professeur à la faculté <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences et directeur du laboratoire <strong>de</strong> physique <strong>de</strong> l'Ecole<br />

Normale Supérieure, fit <strong>de</strong> nombreuses expériences sur le matériel primitif et mo<strong>de</strong>rne du radiesthésiste et il<br />

localisa le siège <strong>de</strong> ce sens inconnu qu'on pensait se trouver dans le cerveau et qui, en fait, se situe, d'après lui,<br />

au creux du cou<strong>de</strong> ce qui surprend gran<strong>de</strong>ment les physiologistes.<br />

<strong>Le</strong> docteur Abrams directeur d'un important laboratoire américain en a découvert un <strong>de</strong>uxième point<br />

sensitif. Il écrit :<br />

Un homme pas doué pour la radiesthésie tient une baguette et n'a pas <strong>de</strong> réaction là où un bon sourcier<br />

reçoit un signal. Si on lui presse la septième vertèbre cervicale, la réaction se déclenche, même chez le<br />

mauvais sourcier.<br />

On sait donc maintenant, scientifiquement, qu'il existe <strong>de</strong>ux points précis du corps auxquels sont reliés les<br />

mouvements <strong>de</strong> la baguette ou du pendule.<br />

<strong>Le</strong> magnétisme est également un fait acquis, y compris le magnétisme à distance dont nous avons déjà vu<br />

quelques exemples. En voici un <strong>de</strong> plus.<br />

Marius Toulon qui habite Grenoble, n'agit ainsi que par traitement à distance. Sur sa porte, il est écrit : "M.<br />

Toulon ne reçoit pas et n'effectue que les traitements à distance. Prière d'écrire" Il affirme qu'il peut ainsi<br />

magnétiser chaque mala<strong>de</strong> dont il tient la photo entre ses mains, plus longtemps et lorsqu'il se sent en pleine<br />

possession <strong>de</strong> ses moyens. "Mon client, dit-il, reçoit mon flui<strong>de</strong> pendant une heure et <strong>de</strong>mi environ". L'amas<br />

<strong>de</strong> ses lettres <strong>de</strong> remerciement est imposant.<br />

Il avoue ne pas guérir tous ses consultants et conclut : Il n'y a que les charlatans qui guérissent tout le<br />

mon<strong>de</strong>.<br />

- Il faut également citer le cas <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong> déshydratante d'André Bovis<br />

André Bovis, un simple chaudronnier, construisit <strong><strong>de</strong>s</strong> pyrami<strong><strong>de</strong>s</strong> selon les dimensions <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Kéops et<br />

l'on put observer, sans erreur possible, car réellement, chaque fois, elles déshydrataient et momifiaient<br />

mystérieusement <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux morts, sans qu'il y eût la moindre décomposition. <strong>Le</strong> résultat était encore plus<br />

spectaculaire s'ils étaient placés à hauteur <strong>de</strong> la chambre du roi ou à un palier situé au tiers <strong>de</strong> la hauteur. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

faits bien que surprenants, sont là ; mais pourquoi et comment ?<br />

La théorie établie par Bovis reposait sur les courants magnétiques négatifs et positifs terrestres et<br />

cosmiques que tout corps contenant <strong>de</strong> l'eau, accumule et peut irradier lentement...<br />

*****<br />

La grève continue. Comme il a l'air <strong>de</strong> vouloir nous tenir inlassablement le crachoir, dès le petit déjeuner,<br />

je m'installe à la table, étale mes bouquins et me plonge <strong>de</strong>dans. J'éteins même la radio pendant qu'ils sont en<br />

promena<strong>de</strong>. A 11 h., quand le dîner sonne, je ferme mes livres. Ils m'ont laissé tranquille d'autant plus que<br />

Marcel a passé la matinée à la douche et à la mise en ordre <strong>de</strong> son fichier. J'ai rarement si bien travaillé.<br />

Heureusement car c'était ardu : génie ou folie, les rêves et l'autoscopie...<br />

Pendant la promena<strong>de</strong>, Marcel a réussi à dénicher un briquet - nous n'avons plus d'allumettes - et un<br />

paquet <strong>de</strong> cigarettes. Il fume et ses mégots sont <strong>de</strong> plus en plus longs. Nervosité ? Il n'en est pourtant qu'à son<br />

<strong>de</strong>uxième jour.<br />

Il a froid aux pieds et s'est assis en tailleur sur le lit - ce qui est interdit mais le maton ne semble pas s'en<br />

apercevoir - et s'est entièrement enveloppé dans une couverture. Il ressemble à un brahmane en<br />

contemplation. La seule différence, c'est que le brahmane nous ficherait une paix royale alors que lui, à


84<br />

l'improviste et sans arrêt, quoi que nous soyons en train <strong>de</strong> faire, nous pose <strong><strong>de</strong>s</strong> questions inattendues<br />

ponctuées <strong>de</strong> son "d'accord !" ou "d'accord ?".<br />

Midi et soir, repas sur la belle nappe blanche. Jean s'excuse :<br />

- C'est quand même plus agréable.<br />

De nouveau, tout aussi curieusement, le menu n'est pas mal. Marcel nous regar<strong>de</strong> avec envie. Surtout le<br />

soir - enfin, à 17h. 30 -. Personnellement, je mange peu ; par contre, Jean "bouffe" littéralement. Sa part, plus<br />

une partie <strong>de</strong> la mienne et, le soir, celle d'à midi <strong>de</strong> Marcel, y compris les cannellonis que nous avions en<br />

réserve.<br />

Après le souper, nous faisons une partie d'échecs. Qu'il perd. Bien entendu, il s'énerve. Alors nous<br />

décidons <strong>de</strong> faire <strong><strong>de</strong>s</strong> mots croisés, c'est sa spécialité, mais il en tremble encore.<br />

Une fois couché, je lui propose <strong>de</strong> lui servir au lit, pour le ramener à plus <strong>de</strong> sérénité, le reste <strong>de</strong> la<br />

nourriture : une tranche <strong>de</strong> jambon, un peu <strong>de</strong> poulet et <strong><strong>de</strong>s</strong> légumes. Il remange...<br />

Et le pauvre Marcel qui tire la langue ! Jean ne semble pas s'en rendre compte. Tout au contraire, on a<br />

l'impression qu'instinctivement, il exhibe une gloutonnerie excessive qui lui serait propre.<br />

Mais Marcel tient le coup. Il n'a bu qu'un peu d'eau. Plusieurs fois <strong>de</strong> l'eau chau<strong>de</strong>. Il est toujours<br />

enveloppé dans sa couverture avec l'air <strong>de</strong> rêvasser. A part cela, il semble en forme.<br />

30 mai<br />

<strong>Le</strong> troisième jour est entamé. <strong><strong>Le</strong>s</strong> matons agissent comme s'ils l'ignoraient, le laissant avec nous en<br />

espérant qu'il se dégonflera. Je ne le crois pas.<br />

<strong>Le</strong>vé le premier, il pète le feu et nous regar<strong>de</strong> manger, tranquillement, sans rien dire.<br />

Puis, régulièrement, il <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus nerveux ; Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un entretien avec le surveillant chef afin<br />

d'être isolé. <strong>Le</strong> "3 barrettes" arrive, l'air désolé et s'excuse.<br />

- On n'a plus <strong>de</strong> place. Comment voulez-vous qu'on vous isole ? Vous voyez, ce n'est pas <strong>de</strong> la mauvaise<br />

volonté. Et puis vous avez tort car ça ne sert à rien ce que vous faites. Il faut bien laisser au juge<br />

d'instruction le temps <strong>de</strong> se renseigner.<br />

Il s'en va.<br />

Peu <strong>de</strong> temps après, le repas arrive avec Montes qui sermonne <strong>de</strong> nouveau.<br />

"Il" ne tient plus en place et nous questionne sans arrêt.<br />

- Que feriez-vous à ma place ? Que penseriez-vous <strong>de</strong> moi si j'arrêtais ? D'accord ?<br />

L'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> jean me surprend. Contrairement à ce qu'il disait auparavant, il lui déconseille <strong>de</strong> continuer.<br />

Moi, par contre, j'insiste :<br />

- Lorsqu'on a commencé quelque chose, il est ridicule <strong>de</strong> ne pas aller jusqu'au bout. Il existe un seuil<br />

qu'il faut savoir franchir. Tu te trouves <strong>de</strong>vant. C'est dur, d'accord - Zut, pourquoi ai-je dit "d'accord" ? -<br />

mais c'est justement là qu'ils t'atten<strong>de</strong>nt. Au bout du troisième jour, ils vont bien être obligés <strong>de</strong> t'isoler. Ça<br />

se termine ce soir, alors ?<br />

Jean renchérit :<br />

- Oui, mais ils n'ont pas l'air <strong>de</strong> vouloir t'isoler. Et puis, cette durée <strong>de</strong> 3 jours, je n'en suis pas certain.<br />

On le dit mais, comme à la Santé, les gars étaient isolés d'office, je n'ai jamais pu le contrôler.<br />

Saisissant l'occasion, Marcel prend son assiette et se met à table. Au même moment, la porte s'ouvre et<br />

Montes qui <strong>de</strong>vait attendre <strong>de</strong>rrière, entre. Marcel s'avance et lui crie :<br />

- Chef, j'arrête !<br />

Montes est rayonnant.<br />

*****<br />

Je vais donc pouvoir travailler un peu.<br />

La télékinésie, cette fois-ci, <strong><strong>de</strong>s</strong> déplacements spontanés d'objets sans qu'intervienne une force ou une<br />

énergie quelconque.


Par exemple, la table qui se soulève et tourne, sans que les mains <strong><strong>de</strong>s</strong> participants la touchent - une couche<br />

<strong>de</strong> farine la saupoudrant à titre <strong>de</strong> vérification - ?<br />

85<br />

J'approche ma main d'un thermomètre, écrit Flammarion 4 , et je constate que quelque chose d'invisible et<br />

d'actif s'échappe <strong>de</strong> ma main et fait monter, à distance, la colonne <strong>de</strong> mercure : ce quelque chose, c'est<br />

la chaleur, c'est à dire <strong><strong>de</strong>s</strong> on<strong><strong>de</strong>s</strong> aériennes en mouvement. Pourquoi d'autres radiations ne pourraientelles<br />

émaner <strong>de</strong> nos mains et <strong>de</strong> tout notre être ?<br />

... J'affirme qu'il y a un agent et que cet agent n'est pas surnaturel, qu'il est physique, imprimant aux<br />

objets physiques les mouvements que détermine notre volonté.<br />

En Russie, les savants ont fort polémiqué sur le cas <strong>de</strong> Nina Koulaghina qui, à une certaine distance, fait<br />

bouger l'aiguille d'une boussole, la boussole elle-même, <strong><strong>de</strong>s</strong> verres et divers objets se trouvant dans la pièce.<br />

En Italie, Eusepia Paladino, membre d'une famille d'ouvriers agricoles, presque analphabète occupa bien<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> savants par ses facultés extraordinaires. Elle fut soumise à <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles très sévères et parfois humiliants,<br />

mais rien n'empêchait le plateau d'une balance <strong>de</strong> se pencher, une table <strong>de</strong> se soulever et flotter dans l'air,<br />

paisiblement...<br />

En 1908, Everard Fielding, W. W. Bagally et Hereward Carrington, <strong><strong>de</strong>s</strong> spécialistes <strong><strong>de</strong>s</strong> démystifications,<br />

se rendirent à Naples. Eusepia ne refusa aucune <strong><strong>de</strong>s</strong> vérifications même lorsque Fielding s'allongeait sous la<br />

table serrant les pieds <strong>de</strong> la table et ceux d'Eusepia. Rien n'y fit : la table se souleva complètement ; un fauteuil<br />

situé à côté, se mit à bouger et une chaise s'amusa à avancer et à reculer... Ils contrôlèrent onze séances et<br />

quatre cent soixante dix phénomènes différents mais durent conclure :<br />

Jamais nous n'avons réussi à prendre Eusepia en flagrant délit <strong>de</strong> truquage...<strong><strong>Le</strong>s</strong> phénomènes produits<br />

par Eusepia ne sont explicables que par l'intervention d'un agent qui n'a rien à voir avec l'habileté<br />

purement corporelle. Nous sommes d'avis qu'il faut attribuer ces phénomènes à un pouvoir particulier <strong>de</strong><br />

l'organisme d'Eusepia, pouvoir qui donne parfois l'impression d'être le résultat d'une énergie autonome.<br />

<strong>Le</strong> professeur Richet assista à près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents séances. Il écrivit dans "Trente ans <strong>de</strong> recherches<br />

psychiques" :<br />

Même si Eusepia était le seul médium du mon<strong>de</strong>, les phénomènes qu'elle suscite suffiraient amplement à<br />

prouver scientifiquement l'existence <strong>de</strong> la télékinésie et <strong><strong>de</strong>s</strong> formes ectoplastiques. Quand je pense à<br />

toutes les formes <strong>de</strong> sécurité dans lesquelles nous avons travaillé, non pas une fois, mais vingt fois, cent<br />

fois, mille fois, il est absolument inconcevable que nous ayons systématiquement été abusés.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> cas d'Uri Geller et <strong>de</strong> Jean-Pierre Girard bien connus... puis oubliés après leurs différents passages à la<br />

télévision française et anglaise ainsi qu'à la radio, présentent une caractéristique particulière par leur don <strong>de</strong><br />

modifier même à distance <strong><strong>de</strong>s</strong> structures matérielles généralement métalliques.<br />

<strong>Le</strong> 15 novembre 1974, Uri Geller, un jeune israélien <strong>de</strong> 28 ans, sur la <strong>de</strong>uxième chaîne <strong>de</strong> la télévision<br />

française, <strong>de</strong>vant quatre millions <strong>de</strong> téléspectateurs, tordit <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong>, un gond <strong>de</strong> porte, remit en marche la<br />

montre détérioré du grand-père <strong>de</strong> Pierre Sabbagh, animateur <strong>de</strong> l'émission... A S.V.P., le standard fut bloqué<br />

par les appels <strong><strong>de</strong>s</strong> téléspectateurs qui voulaient témoigner que, chez eux, les mêmes phénomènes s'étaient<br />

produits : <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> cuillères, <strong><strong>de</strong>s</strong> fourchettes s'étaient tordues, <strong><strong>de</strong>s</strong> réveils hors d'usage s'étaient remis en<br />

marche. Un phénomène d'induction, <strong>de</strong> contagion paranormale s'était propagé à <strong><strong>de</strong>s</strong> distances<br />

phénoménales...Il en fut <strong>de</strong> même lors <strong>de</strong> la parution <strong>de</strong> Jean-Pierre Gérard puis <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Uri Geller, le 23<br />

novembre 1973, à la B.B.C. <strong>de</strong> Londres.<br />

Jean-Pierre Gérard déformait à distance surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> objets <strong>de</strong> laboratoire (éprouvettes métalliques, barres<br />

d'aluminium...). Il passa sur radio Monte Carlo le 23 mars 1976 et subit contrôle sur contrôle, plus sérieux et<br />

plus stupéfiants les uns que les autres.<br />

Ce que le professeur Tocquet appela "effet psi-kappa" et le professeur Dierkens "effet PK", c'est à dire <strong>de</strong><br />

psychokinèse.<br />

<strong>Le</strong> professeur Tocquet écrit :<br />

Il n'y a pas à rejeter ces faits à priori parce qu'ils heurtent la raison... ceux qui préten<strong>de</strong>nt le contraire<br />

font preuve d'une gran<strong>de</strong> outrecuidance.<br />

Ted Serios, un chômeur <strong>de</strong> Chicago, réussissait, lui, à impressionner le film d'un Polaroïd en y produisant<br />

4 « <strong><strong>Le</strong>s</strong> Forces naturelles inconnues »


86<br />

les images qu'il désirait. Au "Palmer House" <strong>de</strong> Chicago, sous le contrôle du professeur Eisenbud, il<br />

impressionna, entre autre, la tour <strong>de</strong> Westminster.<br />

Sa préparation est bien particulière : Il boit bière et whisky, se concentre, place un petit tube <strong>de</strong> carton<br />

<strong>de</strong>vant ses yeux - un tube vi<strong>de</strong> vérifié auparavant, d'où truquage impossible -, face au Polaroïd, se concentre<br />

<strong>de</strong> nouveau et crie : "photo !". Et l'image qu'il a suggérée apparaît sur le cliché.<br />

*****<br />

La télékinésie semble cousine <strong><strong>de</strong>s</strong> "poltergeist", ces pierres qui traversent les murs <strong><strong>de</strong>s</strong> maisons entièrement<br />

closes ne laissant aucune marque <strong>de</strong> passage ou <strong><strong>de</strong>s</strong> objets qui se déplacent dans la plus ahurissante <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

saraban<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Ces faits, apparemment impensables, ne sont pas exceptionnels : <strong><strong>de</strong>s</strong> dizaines <strong>de</strong> cas, tous sans<br />

contestations possibles, ont été contrôlés et recensés. On note mais on ne comprend pas.<br />

Un gamin <strong>de</strong> 11 ans, Georges Bellone, était en vacances chez ses grands-parents, Auguste et Christine<br />

Sibille, à Rigaud di Ranal, dans le val <strong>de</strong> Suse. C'était en août 1956. Un soir, sa grand-mère l'entend se<br />

plaindre comme s'il avait un cauchemar puis, à son grand ahurissement, elle voit les couvertures du lit<br />

s'élancer en l'air et flotter puis les assiettes, les plats et les restes du repas s'élever et s'entrechoquer comme<br />

pris <strong>de</strong> folie. La paille est arrachée <strong><strong>de</strong>s</strong> matelas par on ne sait quelle force et projetée en l'air. Une fourchette<br />

vient même se planter dans le pantalon du grand-père.<br />

Madame Sibille se mit à hurler et ses cris ameutèrent ses voisins, <strong><strong>de</strong>s</strong> montagnards qui ne perdirent pas leur<br />

sang froid : ils sortirent le petit Georges <strong>de</strong> son lit et lui trempèrent la tête dans l'eau d'un abreuvoir. Ce fut<br />

radical pour le réveiller. Aussitôt les objets reprirent une position normale.<br />

Ces faits furent consignés, en août 1956, à Rigaux di Ramat (Val <strong>de</strong> Suse).<br />

Un cas parmi tant d'autres....<br />

<br />

Comme le phénomène inexpliqué <strong><strong>de</strong>s</strong> taches <strong>de</strong> sang qui apparaissent subitement sur les murs d'une<br />

maison.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> analyses, à chaque fois, sont formelles, il s'agit bien <strong>de</strong> sang humain. Et, chaque fois, lorsque les<br />

occupants sont partis, le phénomène cesse. L'un d'eux <strong>de</strong>vait donc en être le catalyseur ; souvent, d'après les<br />

spécialistes, un adolescent à l'âge <strong>de</strong> la puberté. Que ce personnage puisse créer inconsciemment, par un<br />

psychisme perturbé, <strong><strong>de</strong>s</strong> bruits, voir <strong><strong>de</strong>s</strong> apparitions fantomatiques, ce serait bizarre, mais, enfin, presque<br />

acceptable pour un cerveau moyen, mais qu'il puisse créer <strong><strong>de</strong>s</strong> projections <strong>de</strong> sang matérialisé, bien consistant,<br />

qu'on puisse toucher et analyser, alors...<br />

Pourtant, les rapports circonstanciés, vérifiés et revérifiés, sont tout aussi formels... Certains ont d'ailleurs<br />

faits l'objet d'émissions à la télévision en présence <strong><strong>de</strong>s</strong> gendarmes et <strong><strong>de</strong>s</strong> huissiers qui constatèrent mais ne<br />

purent conclure.<br />

<strong>Le</strong> fantôme <strong>de</strong> M. <strong>Le</strong>wis en <strong>de</strong>vient presque banal. Ce monsieur, un maçon <strong>de</strong> Cardiff vit plusieurs fois, en<br />

novembre 1962, le fantôme d'une jeune femme habillée d'une chemise <strong>de</strong> nuit sexy qui se reflétait dans la<br />

glace <strong>de</strong> sa chambre. Elle dégageait un parfum infiniment troublant que sentaient certains membres <strong>de</strong> sa<br />

famille. <strong><strong>Le</strong>s</strong> chiens <strong>de</strong> la maison hurlaient, chaque fois, <strong>de</strong> frayeur ; la pendule s'arrêtait et l'habitation était<br />

parcourue <strong>de</strong> courants d'air.<br />

Excédés, à bout <strong>de</strong> nerfs, ils déménagèrent.<br />

En Andalousie, dans la ville <strong>de</strong> Belmez <strong>de</strong> la Moraleda, un paysan, Juan Pereira, marié à Dona Maria Pilar<br />

Gomez Camara, père <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fils Diego et Miguel, vécut une aventure qui ameuta curé, journalistes et<br />

spécialistes d'occultisme.<br />

En août 1971, Maria aperçut sur la pierre <strong>de</strong> la cheminée un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin représentant un visage. Elle essaya <strong>de</strong><br />

l'effacer mais plus elle frottait, plus les traits <strong>de</strong>venaient nets. Elle appela son mari et les voisins.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> curieux étant <strong>de</strong> plus en plus nombreux, Juan fit recouvrir la pierre d'une couche <strong>de</strong> 3 cm environ <strong>de</strong><br />

ciment. Plus le ciment séchait, plus le <strong><strong>de</strong>s</strong>sin réapparaissait net et coloré.<br />

Puis apparut une tête <strong>de</strong> vieillard. Juan décida donc <strong>de</strong> découper la pierre et <strong>de</strong> l'enlever. En creusant, il


87<br />

découvrit une tombe profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres vingt d'où il retira quelques ossements humains. Troublée,<br />

Maria fit déposer la pierre dans un coin <strong>de</strong> la cuisine et la fleurit respectueusement.<br />

<strong>Le</strong> 15 novembre, un autre visage plus grand commença à apparaître sur le ciment neuf. huit jours plus tard,<br />

il était parfaitement achevé...<br />

C'est assez récent. Ce fut on ne peut plus vérifié et testé.<br />

Je ne sais plus ce que je dois en penser.<br />

31 mai<br />

Je me réveille dispos. Heureusement. Hier soir, je me suis couché dès l'extinction <strong><strong>de</strong>s</strong> feux avec un mal <strong>de</strong><br />

tête terrible qui ne m'a quitté qu'à l'arrivée du sommeil. J'étais furieux. Je me sentais frustré <strong>de</strong> ma grève <strong>de</strong> la<br />

faim et écoeuré <strong>de</strong> l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jean. Il m'avoua qu'il avait été convoqué, il y a <strong>de</strong>ux jours, par le surveillant<br />

chef parce qu'un journal qu'il avait commandé n'était pas arrivé. Ce n'était qu'un prétexte. En réalité, il lui<br />

avait <strong>de</strong>mandé que nous intervenions pour que Marcel arrête sa grève <strong>de</strong> la faim. Ça les emm... En ce qui le<br />

concerne, lui avait-il dit, ça ne servirait d'ailleurs à rien. Et puis, il nous en serait reconnaissant, ce qui n'est<br />

pas à dédaigner, a conclu Jean.<br />

C'est bien ce que je pensais, il n'a aucune conscience. Moi, naïf, je n'avais même pas compris à l'arrivée <strong>de</strong><br />

la nappe et à la vue <strong>de</strong> sa goinfrerie. Il a roulé un camara<strong>de</strong> <strong>de</strong> détention sans hésitation dès qu'on lui a<br />

proposé quelques avantages qu'il ne m'a certainement pas avoués. Un véritable escroc. Absolument abject. Je<br />

suis même certain qu'après le départ <strong>de</strong> Marcel, il s'en vantera complaisamment en me gratifiant d'un sermon<br />

sur l'art <strong>de</strong> réussir dans la vie...<br />

14 h. - Grivelot ! Quelqu'un vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> !<br />

Surpris. On ne m'emmène pas au parloir mais dans une petite pièce intitulée "parloir <strong><strong>de</strong>s</strong> avocats". Et<br />

l'avocat s'y trouve. Un maître <strong>Le</strong>blond souriant mais d'un sourire sérieux <strong>de</strong> circonstance.<br />

- Bonjour, Monsieur Grivelot !<br />

Il y a longtemps qu'on ne m'avait pas appelé "Monsieur". Il vient s'enquérir <strong>de</strong> ma bonne santé physique et<br />

morale après <strong>de</strong>ux mois d'incarcération et semble surpris <strong>de</strong> me voir en pleine forme.<br />

Je lui raconte alors en détails mon emploi du temps et l'expérience exceptionnelle que je vis, égoïstement,<br />

je l'avoue. Je lui parle également <strong>de</strong> ma lettre à Monsieur et Madame Richard et <strong>de</strong> la réaction <strong>de</strong> Simone.<br />

Cela semble le détendre.<br />

Il déci<strong>de</strong> alors <strong>de</strong> la contacter discrètement et <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une mise en liberté provisoire pour l'échéance<br />

du troisième mois.<br />

Il n'a aucune nouvelle <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches effectuées pour retrouver les <strong>de</strong>ux lascars qui m'ont entraîné dans<br />

cette mer<strong>de</strong> pas possible. Mais cherche-t-on encore ?<br />

A mon retour en cellule, j'ai le plaisir <strong>de</strong> constater que Marcel a été transféré. Jean repousse les mots<br />

croisés qu'il est en train <strong>de</strong> composer - ce que je n'ai jamais réussi à faire. J'ai déjà assez <strong>de</strong> mal à les résoudre<br />

! Lui adore cet exercice et il en est fier, certain <strong>de</strong> pouvoir étaler <strong>de</strong>vant les autres détenus ébahis son savoir à<br />

nul autre pareil...<br />

- Alors ?<br />

Penché, yeux grand ouverts, il est tout ouïe. Je lui raconte.<br />

Puis je reste songeur. Non à cause <strong>de</strong> ce qu'a pu me dire Maître <strong>Le</strong>blond mais parce que je viens <strong>de</strong> me<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pour quelle raison nous sommes toujours ensembles alors que les autres valsent d'une cellule à une<br />

autre. Ne serait-il pas un "mouton" chargé <strong>de</strong> savoir et <strong>de</strong> faire savoir si... Je crois qu'il en serait capable.<br />

Quoi qu'il en soit, je ne risque rien : comment pourrais-je avouer ce que je n'ai pas commis ?<br />

Non, c'est idiot. Sinon pourquoi me raconterait-il dans le détail ce qu'il a fait ? Même s'il bro<strong>de</strong> souvent,<br />

tout ne peut être inventé. Alors, je me le <strong>de</strong>man<strong>de</strong> bien : Pourquoi ?<br />

Je rêve tout éveillé. Je rêve... ce mot tourne au cauchemar. Dur.<br />

Mais j'ai voulu aller jusqu'au bout et, comme pour le reste, prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> notes. Je serai content <strong>de</strong> les avoir<br />

plus tard.


88<br />

1 er juin<br />

Enfin un sujet qui va me décontracter un peu : la pluie <strong>de</strong> poissons qui s'abattit sur Singapour, le 16 février<br />

1861<br />

Trois jours <strong>de</strong> pluies diluviennes et, sur vingt hectares, les malais et les Chinois ramassèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong><br />

poissons-chats vivants tombés du ciel. Lorsque le sol fut asséché, il était en partie recouvert <strong>de</strong> poissons<br />

morts...<br />

Quatre cents ans avant notre ère, Athénée, un grec, relata une pluie <strong>de</strong> poissons qui dura trois jours, dans<br />

la région <strong>de</strong> Chéronée, dans le Péloponnèse. De nombreuses autres suivirent un peu partout ailleurs.<br />

En 1683, John Collinges signale une pluie <strong>de</strong> crapauds qui a recouvert le village d'Acle, en Angleterre. En<br />

1578, on note une pluie <strong>de</strong> souris à Bergen, en Norvège ; le 15 janvier 1877, un déluge <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> serpents<br />

à Memphis, aux Etats-Unis ; en 1978, Une pluie <strong>de</strong> crevettes en Nouvelles-Galles du sud. N'y a-t-il pas eu<br />

une pluie <strong>de</strong> cailles et <strong>de</strong> mannes, dans la Bible ?<br />

Depuis la plus haute antiquité, on relate <strong><strong>de</strong>s</strong> pluies <strong>de</strong> sang ou <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> à base <strong>de</strong> sang... En 1967, à<br />

Dublin, s'abattit un violent orage <strong>de</strong> grêle...<strong>de</strong> noisettes. En 1971 une averse <strong>de</strong> haricots africains dévasta une<br />

ferme du Brésil... <strong><strong>Le</strong>s</strong> pluies <strong>de</strong> glace ne sont pas moins courantes et paraîtraient normales si, le 14 août 1849,<br />

une masse <strong>de</strong> six mètres <strong>de</strong> diamètres n'était tombée dans le Rhosshire, en Ecosse ou si un charpentier<br />

allemand n'avait été transpercé par une lance glacée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres <strong>de</strong> long ; une glace qui ne peut être<br />

d'origine spatiale puisque, dans l'une d'elle, à Essen, en Allemagne, on retrouva une carpe congelée...<br />

De même les autres pluies ne peuvent être imputées à <strong><strong>de</strong>s</strong> trombes ou <strong><strong>de</strong>s</strong> torna<strong><strong>de</strong>s</strong> car elles couvriraient<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> surfaces plus étendues et ne pourraient ni sélectionner les espèces ni trier les débris, donc déposer la<br />

même espèce prise parfois en eaux profon<strong><strong>de</strong>s</strong> pour la déposer au même endroit, frais et vivants ; or, écrit<br />

ironiquement, l'américain William R. Corliss :<br />

<strong>Le</strong> mécanisme transporteur, quelle que soit sa nature, préfère sélectionner une seule espèce <strong>de</strong> poisson<br />

ou <strong>de</strong> grenouille, ou <strong>de</strong> l'animal inscrit au menu du jour...<br />

- Alors ? 5<br />

Alors ? <strong>Le</strong> hasard ?<br />

Un cas typique : celui <strong>de</strong> Brigg Karrer, né très pauvre en Corée et qui mourut énormément riche aux<br />

Etats-Unis Tout lui réussissait, cartes, chevaux <strong>de</strong> courses, loteries, roulette dans les casinos. Tout lui<br />

obéissait sans qu'il sache pourquoi. Il fut même payé à condition <strong>de</strong> ne plus fréquenter un établissement <strong>de</strong><br />

jeux.<br />

Une telle série <strong>de</strong> chance, est-ce cela le pur hasard ?<br />

Et il y a , actuellement, <strong>de</strong> nombreux cas <strong>de</strong> joueurs interdits <strong>de</strong> casino pour le même motif.<br />

Je n'en revenais pas. Dire que tout cela existe réellement et qu'on n'en parle pas ou pratiquement pas...<br />

parce qu'on n'y comprend rien. Ce sont pourtant <strong><strong>de</strong>s</strong> faits acquis qu'on ne peut récuser. A <strong>de</strong>venir fou ! ii<br />

Dans le même ordre d'idée, j'ai noté ce que certains appellent "la synchronicité" ? Des coïnci<strong>de</strong>nces<br />

surprenantes comme celles existant, par exemple, entre les <strong>de</strong>ux prési<strong>de</strong>nts <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats-Unis, Abraham Lincoln<br />

et Kennedy ?<br />

Abraham Lincoln fut élu en 1860. Kennedy en 1960.<br />

Ils furent tous <strong>de</strong>ux assassinés d'une balle dans la nuque et <strong>de</strong>vant leur épouse qui, toutes <strong>de</strong>ux, avaient<br />

perdu un enfant pendant leur séjour à la maison blanche.<br />

<strong>Le</strong> meurtrier <strong>de</strong> Kennedy tira d'une fenêtre <strong>de</strong> l'entrepôt <strong>de</strong> la bibliothèque municipale et se réfugia dans un<br />

ancien théâtre où il fut arrêté. Lincoln fut assassiné dans un théâtre et son assassin se réfugia dans un<br />

entrepôt où il fut arrêté.<br />

<strong>Le</strong> meurtrier <strong>de</strong> Lincoln est né en 1839. Celui <strong>de</strong> Kennedy en 1939. Tous <strong>de</strong>ux furent assassinés.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux successeurs se nommèrent Johnson, tous <strong>de</strong>ux sénateurs démocrates originaires du Sud. Ils<br />

5 «<strong>Le</strong> livre <strong><strong>de</strong>s</strong> damnés » <strong>de</strong> Charles Hoyt Fort et « <strong>Le</strong> matin <strong><strong>de</strong>s</strong> magiciens » <strong>de</strong> Jacques Bergier et<br />

Louis Pauwels


89<br />

étaient nés, l'un en 1808, l'autre en 1908. Tous <strong>de</strong>ux moururent dix ans après leur nomination.<br />

La secrétaire <strong>de</strong> Lincoln s'appelait Emilie Kennedy. Celle <strong>de</strong> Kennedy, Evelyne Lincoln.<br />

<strong>Le</strong>urs <strong>de</strong>ux noms comprennent 7 lettres. Ceux <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>ux successeurs (Johnson Andrew et Johnson<br />

Lindon) 7 et 6, 13 lettres. Ceux <strong>de</strong> leurs assassins (John Wilkes Booth et <strong>Le</strong>e Harvey Oswald) 15 lettres.<br />

Enfin, lorsqu'il fut assassiné, Kennedy se trouvait dans une Lincoln décapotable...<br />

*****<br />

Je n'ai pas eu le temps <strong>de</strong> faire grand chose. Un nouveau vient d'arriver au milieu d'un brouhaha<br />

in<strong><strong>de</strong>s</strong>criptible : Quand Marcel a compris, d'après les bruits <strong><strong>de</strong>s</strong> pas, <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> et <strong>de</strong> la porte, qu'un nouveau<br />

entrait chez nous, il s'est mis à hurler, <strong>de</strong> sa nouvelle cellule :<br />

- J'ai une lettre <strong>de</strong> Claudine ! T'avais raison ! J'ai une lettre <strong>de</strong> Claudine !<br />

Et toutes les cellules se sont mises à hurler en choeur : "Il a une lettre <strong>de</strong> Claudine ! Il a une lettre <strong>de</strong><br />

Claudine !"<br />

<strong>Le</strong> pauvre maton essayait <strong>de</strong> crier plus fort que les autres pour les faire taire. Un <strong>de</strong>uxième maton est venu<br />

à la rescousse.<br />

<strong>Le</strong> vacarme a mis plus d'un quart d'heure à s'apaiser.<br />

Jean en conclut :<br />

- Ben, mon vieux, tu marques un point. 1ère prédiction réalisée. Attendons la suite, Monsieur Soleil.<br />

2 juin<br />

<strong>Le</strong> nouveau, Jean Luc Bunnel, joue au décontracté, genre "je m'en foutiste", le type même du jeune - il n'a<br />

pas 25 ans - qui, par écoeurement, ne croit plus à rien.<br />

L'année <strong>de</strong>rnière, il a été emprisonné en détention provisoire, pendant plus <strong>de</strong> trois mois, puis libéré après<br />

avoir fait l'objet d'un non-lieu. Quinze jours avant <strong>de</strong> sortir, il avait écrit à une petite annonce du journal. On<br />

lui avait répondu en lui <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> se présenter. Il avait fait savoir qu'il était en vacances et qu'il se<br />

présenterait à son retour, une quinzaine <strong>de</strong> jours plus tard. Il a reçu l'accord. <strong>Le</strong> jour même <strong>de</strong> sa sortie, il<br />

s'est présenté et a été embauché. A St Rémy, comme cariste. Tout allait pour le mieux.<br />

Puis, un jour, le directeur lui dit :<br />

- Mais, Bunnel, vous avez fait <strong>de</strong> la prison et vous ne nous l'avez pas dit. Vous auriez dû nous le dire.<br />

Aussitôt, ses conditions <strong>de</strong> travail changent du tout au tout ; le chef d'équipe cesse <strong>de</strong> le tutoyer, on lui fait<br />

faire toutes les corvées et il <strong>de</strong>vient la bête noire <strong>de</strong> l'entreprise.<br />

Un soir, comme tous les soir, il branche, avant <strong>de</strong> partir, un chargeur <strong>de</strong> batteries et s'en va à l'heure<br />

comme tout le mon<strong>de</strong>.<br />

<strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main matin, le directeur l'appelle en l'engueulant parce que, la veille, il aurait oublié <strong>de</strong> brancher le<br />

chargeur et cela parce qu'il serait parti bien avant l'heure.<br />

Il retourne à l'atelier pour prouver sa bonne foi, rencontre un autre ouvrier <strong>de</strong> son équipe et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> :<br />

- A quelle heure suis-je parti hier soir ?<br />

- Mais comme d'habitu<strong>de</strong>, d'ailleurs, nous sommes partis ensemble.<br />

Il regar<strong>de</strong> les engins. <strong>Le</strong> chargeur est bien débranché et rangé comme s'il n'avait pas servi.<br />

Son camara<strong>de</strong> est appelé par le directeur. En cours <strong>de</strong> trajet, le chef d'équipe le prend à part et lui parle.<br />

Quelques instants après, le directeur appelle Jean Luc :<br />

- Vous vous foutez <strong>de</strong> moi ! On vient <strong>de</strong> me certifier que vous n'étiez pas sorti avec vos collègues mais<br />

bien avant.<br />

Il est licencié sur le champ.<br />

Dégoûté et démoralisé, il perd complètement le nord. Il se dit : puisque c'est ainsi, j'irai en prison mais au<br />

moins pour quelque chose. Il remplit le siège avant droit <strong>de</strong> sa voiture <strong>de</strong> cailloux, s'élance sur la route,<br />

carreau ouvert, à 150 à l'heure et se met à lancer ses cailloux sur le pare-brise <strong><strong>de</strong>s</strong> voitures qui viennent en<br />

face... jusqu'à ce qu'on l'arrête.


90<br />

C'est stupi<strong>de</strong> mais cela pose le problème <strong>de</strong> la réinsertion <strong><strong>de</strong>s</strong> condamnés et, dans le cas présent, <strong>de</strong> ceux<br />

qui ne sont qu'inculpés, qui, <strong>de</strong> ce fait, sont juridiquement considérés comme innocents et qui le sont peutêtre.<br />

Mais, malheureusement, pour les journaux et pour les gens, un inculpé, en pratique, est un présumé<br />

coupable considéré comme tel. Une injustice <strong>de</strong> plus contre laquelle je crois sincèrement qu'on ne peut pas<br />

grand chose.<br />

3 juin<br />

Quelle soirée ! <strong>Le</strong> salop ! A peine couché, il s'est mis à lâcher pet sur pet puis, quand il jugeait qu'il en<br />

avait lâché suffisamment, il prenait son drap et ses couvertures et les secouait pour que la chaleur et l'o<strong>de</strong>ur<br />

dégagées s'échappent. Il riait et recommençait et riait <strong>de</strong> nouveau.<br />

Jean pouffait. Moi, j'étais dégoûté. Je trouvais ce jeu navrant et répugnant.<br />

Entre <strong>de</strong>ux éclats <strong>de</strong> rire, il nous dit :<br />

- Fallait voir la tête <strong>de</strong> ma femme quand je faisais cela. Plus elle râlait, plus je pétais et plus je lui en<br />

fichais plein les narines. Sensass !."<br />

Mais il est fou, ce mec !<br />

Au fond, ce n'est peut-être pas sa faute. J'ai remarqué, en effet, que <strong>de</strong> nombreux détenus, enfermés sans<br />

rien faire, se laissent aller. Ainsi Jean, pourtant habitué aux grands hôtels et aux grands restaurants comme<br />

aux costumes "<strong>de</strong> classe", s'est mis à roter. Il a commencé par roter à la fin <strong>de</strong> quelques repas, puis entre les<br />

repas, <strong><strong>de</strong>s</strong> rots d'abord discrets mais qui, maintenant, ont perdu toute leur discrétion. Et cela lui semble<br />

normal alors que ça me noue les tripes.<br />

*****<br />

11 h. La porte s'ouvre.<br />

- Grivelot ! Signez ! Vous avez un mandat. 800 francs.<br />

Je regar<strong>de</strong> notre maton avec les mêmes yeux que ceux <strong>de</strong> Marcel lorsque je tirais les cartes.<br />

- Un mandat ? 800 francs ? Mais <strong>de</strong> qui ?<br />

- C'est un mandat-lettre et il n'y a pas <strong>de</strong> nom d'expéditeur, ni sur le mandat ni sur l'enveloppe.<br />

- Mais la lettre ?<br />

- Il n'y a pas <strong>de</strong> lettre.<br />

Je ne comprends plus. Si c'est maman, elle est folle <strong>de</strong> se démunir d'une telle somme et elle aurait dû<br />

joindre un mot. Si ce n'était pas elle ? Mais ça ne peut pas ne pas être elle : qui donc m'enverrait <strong>de</strong> l'argent ?<br />

Sûrement pas Monsieur et Madame Richard et je ne connais personne d'autre qui pourrait avoir d'aussi<br />

bonnes intentions. Un nouveau mystère, bien personnel cette fois-ci, à éclaircir.<br />

*****<br />

Aurai-je le courage d'écrire un peu. J'avoue que mes idées ne sont plus très nettes après ce qui m'arrive.<br />

Enfin !<br />

<strong>Le</strong> paranormal est dominé par ce qu'on appelle l'effet "psychocinétique" ou "facteur psi", c'est à dire<br />

l'ensemble énigmatique <strong><strong>de</strong>s</strong> facultés psychiques possédées par un individu, facultés que, pour l'instant, vous ne<br />

comprenez pas.<br />

Goethe écrivait :<br />

Pour qui réfléchit, le comble du bonheur est d'avoir compris ce qui est compréhensible et <strong>de</strong> respecter ce<br />

qui ne l'est pas.<br />

En 1913, le professeur Henri Bergson disait :<br />

La parapsychologie, cette science nouvelle, va permettre <strong>de</strong> rattraper le temps perdu<br />

Et Remo Cantoni <strong>de</strong> conclure :<br />

Notre science pourra apparaître à une humanité future et plus évoluée que la nôtre, un savoir enfantin et<br />

quasi dogmatique.


91<br />

*****<br />

Pour moi, ce n'est pas la parapsychologie qui m'inquiète : Marcel vient <strong>de</strong> nous faire savoir, par le maton,<br />

qu'il venait <strong>de</strong> recevoir un mandat <strong>de</strong> Madame <strong>Le</strong>franc.<br />

Incroyable.<br />

Jean n'a pas fait la moindre réflexion mais ses traits se sont tirés comme s'il réfléchissait sur un problème<br />

ardu...<br />

4 juin<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> nouvelles vont vite. Philippe a obtenu l'autorisation <strong>de</strong> venir nous voir ce qui n'est pas évi<strong>de</strong>nt et je<br />

voudrais bien connaître le motif qu'il a pu invoquer. Il entre <strong>de</strong> suite dans le vif du sujet.<br />

- On n'a pas grand temps. Je suis convoqué cet après midi chez le juge d'instruction. Michel, je voudrais<br />

te <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>ux choses : Que tu me prépares un poème pour Nicole. Il y a un moment que je n'ai plus <strong>de</strong><br />

ses nouvelles et j'ai peur <strong>de</strong> la perdre. Et que tu me tires les cartes comme à l'autre ostrogoth. Allez ! Sois<br />

sympa."<br />

Je soupire car, je ne sais trop pourquoi, ça me fait peur. Enfin, je me risque. Je sors les cartes, les bats, les<br />

fait couper - <strong>de</strong> la main gauche, bien sûr -, les fait tirer par tranches <strong>de</strong> 7, ajoute le valet <strong>de</strong> trèfle qui n'est pas<br />

sorti et les étale... Je réfléchis un moment en compulsant mes notes et débite mon histoire.<br />

- On commence par le valet <strong>de</strong> trèfle, c'est toi. 1234567 "Dame <strong>de</strong> trèfle à côté d'un valet" Sans problème,<br />

cela représente ta mère qui te rendra un sacré coup <strong>de</strong> mains. 1234567 "9 <strong>de</strong> carreau" Ça, c'est une petite<br />

tuile. Tu attends <strong>de</strong> l'argent, tu le recevras mais pas tout <strong>de</strong> suite. Il aura du retard. 1234567 "7 <strong>de</strong> pique"<br />

C'est un pépin. Je suis obligé <strong>de</strong> t'annoncer un ennui. 1234567 "Valet <strong>de</strong> pique à côté d'un 8 et d'un 10 <strong>de</strong><br />

pique" C'est ça le pépin. Tu seras victime d'une trahison, j'y vois <strong>de</strong> la tristesse et la prison. Ça se passe donc<br />

ici. 1234567 "Dame <strong>de</strong> coeur à côté d'une dame <strong>de</strong> pique" Ça c'est excellent, le signe d'une gran<strong>de</strong> amitié <strong>de</strong><br />

la part d'une femme blon<strong>de</strong>. 1234567 "As <strong>de</strong> carreau" Cela te sera confirmé par une lettre. 1234567 "Dame<br />

<strong>de</strong> carreau placée à l'envers" Une femme, par contre, en rapport avec la femme blon<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte cherche<br />

ou cherchera à te nuire. 1234567 "7 <strong>de</strong> coeur" A la fin, on termine par amour et mariage.<br />

- Voila, maintenant, contrôlons.<br />

Je reprends les cartes, les bats, les lui fait couper - <strong>de</strong> la main gauche - et je les répartis en 6 tas.<br />

- 1°/ "valet <strong>de</strong> pique" La trahison arrive en premier. 2°/ "Dame <strong>de</strong> coeur" L'amour <strong>de</strong> la blon<strong>de</strong> arrive<br />

aussitôt. 3°/ "9 <strong>de</strong> carreau." C'est sûr, tu attendras tes sous. 4°/ "As <strong>de</strong> carreau." Tu recevras une lettre que<br />

tu n'attendais pas. Je te l'avais déjà dit. 5°/ "Dame <strong>de</strong> trèfle." Une surprise viendra <strong>de</strong> ta mère. 6°/ "7 <strong>de</strong><br />

coeur." Et tout ça se termine par un grand amour. Je vois même un mariage.<br />

Voila tout ce que je peux t'en dire. Pour les pépins, ne t'affole pas, ce n'est pas garanti par le<br />

gouvernement.<br />

- "J'ai tout enregistré. Je ne comprends ni la trahison ni la femme qui m'en veut. Quant au fric, j'espère<br />

que tu te trompes."<br />

Là <strong><strong>de</strong>s</strong>sus, on entend le cliquetis <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> qui s'approche. En quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong>, les cartes sont ramassées<br />

et rangées. <strong>Le</strong> guichet s'ouvre<br />

- <strong>Le</strong>vasseur, dépêchez-vous !<br />

- Cinq minutes, chef, c'est presque fini !<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>clefs</strong> s'éloignent.<br />

Je lui dis :<br />

- Pour le poème, je veux bien essayer parce que c'est toi, mais laisse moi quelques jours et donne moi<br />

quelques éléments pour que ça tienne <strong>de</strong>bout.<br />

Et j'ai noté : Ils se sont connus au printemps, au bord <strong>de</strong> la Marne. Ils y ont gravé leurs initiales sur un<br />

arbre. Ils ont mangé à l'auberge du Bac, près <strong>de</strong> Château Thierry. Ils sont allés chez elle. Elle a un gosse qui<br />

se trouvait alors dans la cuisine et ils n'ont pas remarqué qu'il les épiait. En se quittant, ils se sont promis <strong>de</strong><br />

faire comme les indiens, l'union par le mélange du sang.<br />

Puis il a appelé le maton pour rejoindre sa cellule.


J'en suis tout étourdi et ça ne passe pas. Je ne peux pas m'empêcher <strong>de</strong> ruminer sur les pépins que je lui ai<br />

signalés et qui vont, qu'il le veuille ou non, lui gâcher sa journée. Enfin, c'est lui qui l'a voulu.<br />

92<br />

*****<br />

Après midi, visite <strong>de</strong> maman. Sa pâleur m'inquiète. Elle s'appuie sur le rebord du grillage qui nous sépare<br />

et semble épuisée.<br />

J'hésite puis je lui pose la question bien franchement :<br />

- Dis, maman, m'as-tu envoyé un mandat ?<br />

- Non, mais si tu en as besoin, dis le moi, je m'arrangerais...<br />

Je lui parle alors <strong>de</strong> celui que je viens <strong>de</strong> recevoir. Elle est aussi abasourdie que moi et ne comprend pas.<br />

Serait-ce un <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux lascars qui se sentirait pris <strong>de</strong> remords ? Monsieur Richard ? Elle n'y croit pas.<br />

Simone ? De toute façon, ce ne peut être qu'une <strong>de</strong> ces trois personnes, mais laquelle ? Elle va essayer <strong>de</strong><br />

questionner Simone en douce.<br />

5 juin<br />

Je n'ai pratiquement pas dormi. Toute la nuit, j'ai repensé à ce mandat et essayé d'esquisser le poème<br />

promis. Grâce à un clair <strong>de</strong> lune <strong>de</strong> circonstance, je pouvais noter le résultat <strong>de</strong> mes élucubrations. Ce n'était<br />

malheureusement pas fameux, <strong>de</strong> mauvais châteaux <strong>de</strong> cartes qui s'écroulaient les unes après les autres.<br />

Et puis, je ne sais pas pourquoi, je me sens comme oppressé par une angoisse indéfinissable. Ces tours <strong>de</strong><br />

cartes me font peur car, au fond, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> divinations et les mises en gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Bible me reviennent sans<br />

arrêt en mémoire. J'ai comme un pressentiment désagréable.<br />

9 h. 30. Au retour <strong>de</strong> la promena<strong>de</strong>, Jean, en riant, me passe un mot que lui a transmis Philippe. Je le lis<br />

presque sans surprise :<br />

- Salop ! Tu ne t'es pas trompé. Quelle douche chez le juge d'instruction ! Mes <strong>de</strong>ux collègues -<br />

coïnculpés, a dit le juge - m'ont chargé à mort en essayant <strong>de</strong> me mettre toute l'affaire sur le dos. Un<br />

massacre. Par contre, en rentrant, comme tu l'avais prédit, j'avais une lettre gentille tout plein <strong>de</strong> Nicole<br />

furieuse après sa mère qui lui avait caché mes lettres. Maintenant, j'ai la frousse pour le pognon. Chao !<br />

Jean rayonne :<br />

- On a trouvé le filon. On va ouvrir un bureau <strong>de</strong> voyance avec un hibou, un corbeau et une boule <strong>de</strong><br />

cristal. La fortune !"<br />

C'est peut-être bête mais, franchement, je n'ai pas envie d'en rire. Je passe la journée avec mon dictionnaire<br />

<strong>de</strong> rimes et mes essais soi-disant poétiques.<br />

6 juin<br />

<strong>Le</strong> poème me trotte toujours par la tête mais il ne faut pourtant pas que je délaisse mes notes...<br />

Surtout que j'abor<strong>de</strong> un sujet que je considérais comme tabou : la voyance.<br />

La voyance, c'est encore tout autre chose. <strong>Le</strong> médium pratiquant la voyance, voit, lit, entend, <strong>de</strong>vine. Et<br />

c'est bien ce qui arrive quand on tire les cartes...<br />

Ahurissant et terrifiant. Je m'aperçois qu'il s'agit sérieusement <strong>de</strong> prédire - donc <strong>de</strong> connaître et <strong>de</strong> dévoiler<br />

par avance - l'avenir, avec le risque et la quasi certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se tromper parfois ; ce qui est grave, extrêmement<br />

grave.<br />

Je me rappelle le cas <strong>de</strong> Josette <strong>Le</strong>fèvre, une amie <strong>de</strong> maman. En vacances, se promenant sur la Croisette,<br />

à Cannes, elle fut abordée par une bohémienne qui lui saisit la main, la regarda et lui dit :<br />

"Tu es heureuse. Tu as <strong>de</strong>ux beaux enfants - c'était vrai - qui seront ta joie. Tu n'en auras plus."<br />

L'année suivante, elle se retrouva enceinte. Quoi qu'on eût pu lui dire, elle vécut, pendant neuf mois, un<br />

véritable cauchemar.<br />

Après plusieurs mois d'hôpital, elle accoucha d'une petite fille qui vécut et vit toujours bien que dotée<br />

d'une santé extrêmement fragile... parce qu'un jour, une diseuse <strong>de</strong> bonne aventure s'était trompée...<br />

La voyance ou la "précognition" comme l'appellent certains, est un fait rigoureusement acquis quoique


93<br />

irrationnel.<br />

Instinctivement, nous considérons l'avenir comme une chose qui n'existe pas alors que la précognition nous<br />

suggère le contraire.<br />

Si quelqu'un obtient la connaissance du futur d'autrui c'est qu'il existe un autre domaine <strong>de</strong> la pensée que le<br />

conscient et le subconscient et que nous ne connaissons pas encore.<br />

Alexis Carrel écrivait :<br />

On n'a pas plus le droit <strong>de</strong> négliger l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes <strong>de</strong> clairvoyance que celle <strong>de</strong> la chronaxie<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> nerfs, sous prétexte que la clairvoyance ne se produit pas à volonté et ne se mesure pas alors que la<br />

chronaxie est exactement mesurable par une métho<strong>de</strong> simple.<br />

*****<br />

Certains voyants sont utilisés par la police pour découvrir les disparus.<br />

Un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus célèbres est très certainement Gérard Croizet, un hollandais, né en 1909, décédé en 1980, qui,<br />

dès l'âge <strong>de</strong> six ans, manifesta <strong>de</strong> réels pouvoirs paranormaux puis fut suivi par le professeur W. H. C.<br />

Tenhaeff.<br />

En mars 1949, pour la première fois, la justice hollandaise lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'intervenir auprès du tribunal <strong>de</strong><br />

Hertogenbosch. <strong><strong>Le</strong>s</strong> détails authentiques qu'il fournit stupéfièrent les juges et les policiers qui, <strong>de</strong>puis, firent<br />

régulièrement appel à lui.<br />

En février 1961, Edith Kiecorius, une gamine <strong>de</strong> quatre ans disparaît à New York. La police qui suspecte<br />

d'enlèvement une femme qui se serait réfugiée à Chicago, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Gérard Croizet <strong>de</strong> venir les ai<strong>de</strong>r. Il<br />

refuse mais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une photo <strong>de</strong> l'enfant ainsi qu'une carte <strong>de</strong> New York ... et, par téléphone, il leur signale<br />

que la petite fille est morte, décrit, avec précision, l'endroit où elle s'est trouvée vivante pour la <strong>de</strong>rnière fois<br />

et dresse un portrait <strong>de</strong> l'assassin. Sur ces indications, la police retrouve le cadavre et confond l'assassin.<br />

En avril 1963, il affirme qu'un jeune garçon disparu à La Haye, est mort noyé près d'un pont, que son<br />

corps a dérivé et qu'il se trouve <strong>de</strong>ux ponts plus loin. Il décrit l'endroit avec précision. <strong>Le</strong> corps y est<br />

effectivement retrouvé.<br />

Ses dons <strong>de</strong> guérisseur étaient tout aussi spectaculaires.<br />

En ce qui concerne les découvertes <strong>de</strong> disparus, il explique que ses visions se produisent sous forme<br />

d'images et sont facilitées s'il possè<strong>de</strong> un objet appartenant au disparu. Ce qui est d'ailleurs le cas <strong>de</strong> bien <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

voyants.<br />

Ses réussites pour retrouver les victimes avoisinent les 80 %. Il avoue que, dans 90 % <strong><strong>de</strong>s</strong> cas, il n'a pas<br />

réussi à découvrir le coupable mais à fournir suffisamment d'indices précis pour que la police puisse le faire.<br />

Dans les annales <strong>de</strong> la police <strong>de</strong> Turin, on peut retrouver le compte rendu d'une arrestation réussie grâce à<br />

Lanfranco Davito, un gardien <strong>de</strong> la paix réputé pour ses dons <strong>de</strong> voyance. Lorsqu'on lui <strong>de</strong>manda où se<br />

trouvait retranché un individu recherché en vain, il se recueillit et répondit :<br />

Ce n'est pas un homme mais une femme travestie. Elle n'est pas seule, elle agit avec <strong>de</strong>ux complices et<br />

elle a quittée Turin <strong>de</strong>puis plusieurs jours.<br />

Il se concentra <strong>de</strong> nouveau puis indiqua le nom <strong>de</strong> la ville en spécifiant :<br />

Il y a un cours d'eau qui fait un cou<strong>de</strong> et, près du cours d'eau, une baraque en planches. C'est là que<br />

vous les trouverez.<br />

C'est là qu'ils furent arrêtés.<br />

W. H. C. Tenhaeff, à lui seul, en a étudié quarante sept dont vingt six hommes et vingt et une femmes.<br />

En Grèce, <strong><strong>de</strong>s</strong> cours à l'usage <strong><strong>de</strong>s</strong> policiers ont même été institués, avec l'intervention du docteur Tanagras,<br />

pour les informer <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités parapsychologiques.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> faits sont là, encore une fois, irréfutables. Rien ne sert <strong>de</strong> les nier.<br />

Alexis Carrel écrivait également :<br />

Notre esprit a une tendance naturelle à rejeter ce qui n'entre pas dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> croyances scientifiques<br />

ou philosophiques <strong>de</strong> notre époque. <strong><strong>Le</strong>s</strong> savants, après tout, sont <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. Ils sont imprégnés par les<br />

préjugés <strong>de</strong> leur milieu et <strong>de</strong> leur temps.


94<br />

7 juin<br />

Une troisième nuit presque blanche mais je crois que j'ai réussi à torcher quelque chose qui ressemble au<br />

moins vaguement à un poème :<br />

A Nicole<br />

Te souvient-il un soir, sur les bords <strong>de</strong> la Marne ?<br />

L'air <strong>de</strong> mars était doux comme un baiser d'enfant ;<br />

Éros, mystérieux, lorgnant à sa lucarne,<br />

Transperça nos <strong>de</strong>ux coeurs et nos corps, triomphant...<br />

Te souvient-il, Nicole, aussi <strong>de</strong> la cuisine,<br />

De l'auberge du Bac et <strong>de</strong> Château-Thierry<br />

Et <strong>de</strong> la porte close avant qu'il ne <strong>de</strong>vine<br />

Et <strong>de</strong> ce coeur gravé que le passé meurtrit ?<br />

Je souffre si souvent ; je pleure et désespère ;<br />

Je vis <strong>de</strong> souvenirs qui me rongent le coeur :<br />

Vois, sous le sable chaud se glisse une vipère...<br />

Mais l'amour est si fort qu'il reste le vainqueur.<br />

Nicole, je t'adore ; écoute ce poème ;<br />

Tout ce que je te dis et tout ce que je sens ;<br />

Souffrance, argent, prison, qu'importe quand on s'aime :<br />

Un jour nous sourirons en mélangeant nos sangs.<br />

Je le fait savoir, par le tam tam <strong><strong>de</strong>s</strong> tuyaux, à Philippe qui m'informe par le bouche à oreille, <strong>de</strong> cellule à<br />

cellule, qu'il viendra le chercher à 2 heures.<br />

Et je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une nouvelle fois : Comment peut-il bien faire pour réussir à se déplacer ainsi ?<br />

Il doit être sacrément bien avec le maton car, à 2 heures pile, il nous tombe <strong><strong>de</strong>s</strong>sus en coup <strong>de</strong> vent. Il le lit<br />

- Formid ! C'est exactement ce qu'il faut. Je n'espérais franchement pas aussi bien. Merci mon vieux.<br />

Quant à moi, j'ai quelque chose qui va t'intéresser."<br />

Et il me montre une lettre... <strong>de</strong> sa mère qui lui dit, entre autre, qu'elle ne pourra pas lui envoyer d'argent<br />

avant le 15 du mois prochain...<br />

- "Et ce n'est pas tout, ajoute-t-il, baissant la voix comme s'il voulait dévoiler un secret, tu sais, Marcel ?<br />

Et bien, comme tu le lui avais dit, il a gagné. Il m'a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> te prévenir : il est parti pour Fresnes ce<br />

matin."<br />

Sur ces mots, il frappe à la porte, le maton s'amène, ouvre et <strong>Le</strong>vasseur s'éclipse.<br />

Je suis ahuri. Tout, absolument tout concor<strong>de</strong>. C'est incompréhensible.<br />

Jean se marre.<br />

J'essaie <strong>de</strong> tout oublier et je reprends mes notes.<br />

*****<br />

Beaucoup s'intéressent maintenant, au phénomène <strong>de</strong> la voyance, mais il ne date pas d'hier.<br />

Hérodote narrait déjà, 550 ans avant notre ère, dans son "Histoire", la peur <strong>de</strong> Crésus face à Cyrus, roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Perses, qui venait d'envahir et <strong>de</strong> mettre à sac le royaume <strong><strong>de</strong>s</strong> Mè<strong><strong>de</strong>s</strong>. Il décida <strong>de</strong> consulter les oracles <strong>de</strong><br />

Grèce et <strong>de</strong> Libye. Du moins le meilleur. Pour s'en assurer, il envoya <strong><strong>de</strong>s</strong> messagers auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> différents<br />

oracles avec ordre <strong>de</strong> ne s'y présenter que 100 jours après leur départ et <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu'il était en<br />

train <strong>de</strong> faire à ce moment précis. Sans prévenir quiconque, il résolut quelque chose d'introuvable car<br />

impensable : il fit cuire ensemble <strong>de</strong> la chair <strong>de</strong> tortue et <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> d'agneau dans un chaudron d'airain<br />

fermé. La Pythie répondit au messager : "Je sens venir à moi une o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> tortue, l'o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> cet animal


cuirassé bouillonnant avec <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> d'agneau dans une poêle d'airain recouverte <strong>de</strong> tous côtés, <strong><strong>de</strong>s</strong>sus,<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, d'airain." Il sut quel était l'oracle suprême à qui il pourrait se fier.<br />

95<br />

*****<br />

Gérard Croizet préférait possé<strong>de</strong>r une photo ou un objet appartenant à l'intéressé afin <strong>de</strong> faciliter sa<br />

concentration.<br />

Nombre <strong>de</strong> médiums "voient" par "attouchement" d'un objet quelconque, ce qu'un américain, Jos Rho<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Buchanan dans "Journal of Man", en 1849, a baptisé "la psychométrie".<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> objets, affirment-ils, sont imprégnés <strong>de</strong> leur histoire et la racontent.<br />

En 1922, le docteur Geley, directeur <strong>de</strong> l'institut métapsychique, et son épouse qui lui sert d'assistante,<br />

atten<strong>de</strong>nt Pascal Forthuny, un médium, pour réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> expériences <strong>de</strong> psychométrie. Pascal Forthuny, à<br />

peine arrivé dans le bureau, se précipite sur une enveloppe qui venait d'être scellée, la saisit et, sans même la<br />

regar<strong>de</strong>r, décrit avec précision l'intérieur et l'extérieur d'une maison <strong>de</strong> campagne dans laquelle, dit-il,<br />

plusieurs femmes ont été atrocement assassinées : L'enveloppe contenait un morceau <strong>de</strong> papier avec la<br />

signature <strong>de</strong> Landru...<br />

Comment ces informations pouvaient-elles être contenues dans une simple signature ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> objets<br />

enregistreraient donc certains éléments <strong><strong>de</strong>s</strong> vies qui les entourent ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> Egyptiens y croyaient ; ils étaient<br />

persuadés que les biens d'un homme faisaient magiquement partie <strong>de</strong> lui-même. Non seulement les cheveux<br />

que l'on coupe mais tout ce qu'on touche, serait imprégné <strong>de</strong> notre personnalité ?<br />

Ou n'est-ce pas infiniment plus complexe ?<br />

<strong>Le</strong> 18 mai 1822, le docteur Osty tend une enveloppe à un médium, Mme Vivian qui la tourne et la<br />

retourne dans ses mains puis déclare que l'auteur est décédé et, brusquement se met à décrire ce qu'elle voit<br />

avec tant <strong>de</strong> détails que le compte-rendu tient sur plusieurs pages.<br />

<strong>Le</strong> docteur Osty vérifia, ensuite, chaque élément : vingt cinq étaient parfaitement exacts, quatre <strong>de</strong><br />

précision indécise, aucun n'était faux.<br />

Stéphan Ossowiecki qui fut contrôlé par Geley et Osty, n'arrivait pas à lire les messages écrit à la machine<br />

ou imprimés ; par contre, si l'écriture était manuscrite, une écriture "vivante", comme il aimait le dire, il la<br />

lisait sans aucune hésitation et sans la moindre erreur.<br />

La señora Maria reyes <strong>de</strong> Z, une Mexicaine fut découverte par le docteur Gustav Pagenstecher, <strong>de</strong><br />

Mexico, alors qu'il lui avait prescrit un traitement sous hypnose.<br />

Lorsqu'elle avait un objet dans ses mains, non seulement elle <strong>de</strong>vinait et racontait son histoire mais elle se<br />

payait parfois le luxe <strong>de</strong> dire quand, comment, avec quoi et par qui il avait été fabriqué.<br />

En 1921, le professeur Walter Franklin Prince vint entreprendre une série d'expériences avec Maria Reyes<br />

<strong>de</strong> Z. L'une d'elle fut particulièrement stupéfiante. Prince lui tendit <strong>de</strong>ux lettres envoyées <strong>de</strong> Tokyo et non<br />

encore ouvertes. Dès qu'elle fut sous hypnose, elle raconta une scène épouvantable, en décrivant les acteurs à<br />

bord d'un bateau qui faisait naufrage. Tous furent noyés. "Je vois, s'écria-t-elle, un homme réapparaître entre<br />

les flots... il hurle, il implore : Dios mio, mis ijos ! - Mon Dieu, mes enfants !..."<br />

<strong>Le</strong> docteur Pagenstecher dut la réveiller tellement elle tremblait terrorisée <strong>de</strong> la scène qu'elle venait <strong>de</strong><br />

vivre.<br />

<strong>Le</strong> docteur et le professeur se rendirent chez un notaire qui procéda à l'ouverture <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux enveloppes.<br />

L'une d'elle contenait un message fort confus qui avait été trouvé dans une bouteille jetée à la mer et repêchée<br />

près <strong><strong>de</strong>s</strong> Açores. Un <strong><strong>de</strong>s</strong> naufragés avait écrit d'une écriture à peine lisible : "Adieu, Louisa, et veille à ce que<br />

les enfants ne m'oublie pas. Ton Ramon." L'autre provenait d'un ami <strong>de</strong> Pagenstecher qui habitait Tokyo et<br />

lui racontait que ses recherches lui avait permis <strong>de</strong> connaître la vérité sur l'auteur du message qui s'était<br />

embarqué à bord du Lusitania, un grand paquebot <strong>de</strong> la Cunard Line, qui fut coulé le 7 mai 1915 par un sousmarin<br />

allemand. Douze cents personnes périrent noyés.<br />

La veuve <strong>de</strong> Ramon fut retrouvée et certifia tous les détails physiques, telle une cicatrice au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong><br />

l'arca<strong>de</strong> sourcilière gauche, décrits par la voyante...<br />

8 juin


96<br />

<strong>Le</strong> petit déjeuner à peine terminé, Jean va chercher les cartes, les pose <strong>de</strong>vant moi et me dit :<br />

- Michel, il faut que tu me tires les cartes. Tous ce que tu as prévu s'est réalisé. C'est pas normal. Je veux<br />

que tu essaies sur moi.<br />

Que répondre ? Je sors mes notes, lui fais couper et trier les cartes et je les étale. Je n'ai pas encore bien<br />

l'habitu<strong>de</strong> mais, lorsque je les vois, j'ai un frisson qui me court le long <strong>de</strong> l'échine. A première vue, presque<br />

tout est mauvais. Tant pis, je me lance, décidé à ne pas mentir et dévoiler l'intégralité <strong>de</strong> ce que je vois ... ou<br />

crois voir.<br />

- 1234567 "Dame <strong>de</strong> trèfles" Une dame qui te veut du bien, sans problème, c'est ta tante qui ouvre la série.<br />

1234567 "9 <strong>de</strong> carreau" Par contre, elle t'annonce ici qu'elle ne pourra pas t'envoyer <strong>de</strong> l'argent <strong>de</strong> suite. Tu<br />

<strong>de</strong>vras attendre. 1234567 "Roi <strong>de</strong> pique". Un homme <strong>de</strong> loi ou un officier ministériel, un avocat ou un<br />

huissier, te veut du mal et essaie <strong>de</strong> t'emmer<strong>de</strong>r. 1234567 "8 <strong>de</strong> carreau à côté du 8 <strong>de</strong> pique" Ça se confirme<br />

en s'accentuant. Ça annonce un désagrément et une mauvaise nouvelle. 1234567 "Dame <strong>de</strong> pique à côté d'un<br />

valet <strong>de</strong> carreau" Tout cela à cause d'une femme brune poussée par un homme. 1234567 "7 <strong>de</strong> pique" Je suis<br />

désolé mais ça confirme que cette femme te cause ou te causera un ennui important. 1234567 "10 <strong>de</strong> coeur"<br />

Ce qui est consolent : ça se termine par une gran<strong>de</strong> joie imprévue.<br />

Voyons la confirmation.<br />

Je reprends les cartes, les bats, il les coupe et je compose 6 tas.<br />

- 1°/ "10 <strong>de</strong> pique" La prison. On y est, on le sait. 2°/ "As <strong>de</strong> pique" Signe <strong>de</strong> tristesse. 3°/ "As <strong>de</strong> carreau"<br />

Une lettre importante que tu vas bientôt recevoir. 4°/ "9 <strong>de</strong> carreau" Ce à quoi tu ne t'attends pas : un retard<br />

d'argent. 5°/ "Roi <strong>de</strong> pique" Toujours cette intervention malveillante d'un avocat ou d'un huissier ou <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

car toutes les cartes y insistent et ce te sera une gran<strong>de</strong> et mauvaise surprise. 6°/ "Dame <strong>de</strong> pique posée à<br />

l'envers" Encore et toujours cette femme qui t'en veut et te cause ou te causera <strong><strong>de</strong>s</strong> ennuis qui semblent<br />

sérieux.<br />

- La salope !<br />

Il explose.<br />

- C'est ma bonne femme et ses frères ! Et pourtant je l'ai tirée <strong>de</strong> la mer<strong>de</strong> pour lui offrir un luxe qu'elle<br />

ne pensait jamais connaître !<br />

Il rage. Je le laisse faire et, c'est plus fort que moi, je m'excuse :<br />

- Que veux-tu, j'ai dit ce que j'ai cru voir. Mais c'est probablement faux. Ou peut-être du passé. J'ai très<br />

bien pu me tromper...<br />

- T'esquinte pas. Je l'ai voulu, je l'ai eu. Alors, t'en fais pas, tout ça, ce n'est pas ta faute."<br />

N'empêche, il fait une drôle <strong>de</strong> gueule. Je sens que la journée, c'est foutu, irrémédiablement foutu.<br />

9 juin<br />

Laissant Jean ruminer et cacher sa nervosité dans les livres et la confection <strong>de</strong> mots croisés, je rejoins la<br />

voyance. Pas la mienne, celle <strong><strong>de</strong>s</strong> autres. Un peu plus sérieuse, celle-là.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> exemples <strong>de</strong> voyants différents sont si nombreux qu'ils occuperaient, dit-on, <strong><strong>de</strong>s</strong> livres entiers.<br />

Ludwig Kahn lisait sans hésitation les phrases écrites par plusieurs personnes puis mélangées et réparties. il<br />

n'y avait donc pas possibilité <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> pensée directe puisque la personne qui tenait le papier ne<br />

savait pas ce qui y était écrit. Il lui arrivait même <strong>de</strong> dire à celle qui lui tendait le papier : "ce n'est pas vous<br />

qui l'avez écrit, c'est Monsieur un tel..."<br />

Un jour, Robert Oudin lui banda les yeux d'Alexis Didier avec la précision que peut avoir un expert en<br />

illusionnisme. Sans voir, Alexis Didier battit et rebattit un jeu <strong>de</strong> cartes et, en tirant au hasard, les nomma sans<br />

se tromper une seule fois. Robert Oudin prit alors un livre, l'ouvrit au hasard et lui <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> lire, non à la<br />

page mais huit pages plus loin à une certaine ligne. Alexis Didier lut exactement la ligne. Il ne se trompa que<br />

d'une page, lisant la neuvième et non la huitième...<br />

Madame Titus "voyait" en rêve... Une <strong>de</strong> ses voyances mérite d'être racontée car c'est grâce à elle que<br />

William James fut amené à croire aux phénomènes parapsychiques.<br />

<strong>Le</strong> 31 octobre 1898, à Enfield dans le New Hampshire, disparaît une jeune fille du nom <strong>de</strong> Berthe. <strong><strong>Le</strong>s</strong>


97<br />

battues dans les bois et les plongées <strong><strong>de</strong>s</strong> scaphandriers dans le lac ne donnent aucun résultat. Dans la nuit du 2<br />

au 3 novembre, Madame Titus qui se trouve à <strong>Le</strong>banonville, à huit kilomètres <strong>de</strong> là, rêve qu'elle voit le corps<br />

<strong>de</strong> Berthe à un endroit bien précis <strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main, elle se rend sur le pont Shaker et indique au scaphandrier<br />

l'endroit exact où il doit plonger, en précisant :<br />

Elle se trouve la tête en bas, <strong>de</strong> telle manière qu'on ne peut voir qu'un caoutchouc d'un <strong>de</strong> ses pieds.<br />

<strong>Le</strong> scaphandrier trouva le corps dans la position signalée, pris dans <strong><strong>de</strong>s</strong> branchages, à 7 mètres <strong>de</strong> fond,<br />

dans une eau trouble, presque obscure. <strong>Le</strong> pauvre s'esclaffa alors, peu après :<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> cadavres dans l'eau ne me font pas peur, mais j'avais peur <strong>de</strong> la femme qui était sur le pont.<br />

Comment une femme peut-elle venir <strong>de</strong> huit kilomètres pour dire où est le corps ? Il gisait dans un trou<br />

profond, la tête en bas. Il faisait si noir qu'on ne pouvait presque rien voir.<br />

*****<br />

D'autres se disent éclairés par <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits, parfois l'esprit <strong><strong>de</strong>s</strong> morts eux-mêmes... Mais est-ce bien ce qu'ils<br />

préten<strong>de</strong>nt ? Pourtant les résultats, toujours irrécusables, sont là...<br />

<strong>Le</strong> professeur Richet cite, entre bien d'autres, le cas suivant dont voici le résumé : 6<br />

<strong>Le</strong> cas le plus frappant est celui <strong>de</strong> Laura Edmonds, la fille du juge Edmonds qui fut Prési<strong>de</strong>nt du Sénat<br />

et membre <strong>de</strong> la Cour Suprême <strong>de</strong> Justice <strong>de</strong> New York, personnage d'une haute intelligence et d'une<br />

loyauté irrécusable. Laura, sa fille, fervente catholique, très pieuse ne parlait que l’anglais Elle avait<br />

appris à l'école quelques mots <strong>de</strong> français, mais c'est tout ce qu'elle savait en fait <strong>de</strong> langues étrangères.<br />

Or, un jour, (en 1859), monsieur Edmonds reçut la visite <strong>de</strong> M. Evangeli<strong><strong>de</strong>s</strong>, <strong>de</strong> nationalité grecque, qui<br />

put s'entretenir en grec mo<strong>de</strong>rne avec Laura Edmonds. Au cours <strong>de</strong> cette conversation, à laquelle<br />

assistaient plusieurs personnes, M. Evangeli<strong><strong>de</strong>s</strong> pleura car Laura Edmonds lui apprit la mort, en Grèce,<br />

<strong>de</strong> son fils. Elle incarnait, paraît-il, la personnalité d'un ami intime d'Evangeli<strong><strong>de</strong>s</strong>, mort en Grèce, M.<br />

Botzaris (frère du patriote bien connu). S'il faut en croire Edmonds, c'est par l'intermédiaire <strong>de</strong> Botzaris<br />

que Laura pouvait parler en grec mo<strong>de</strong>rne et savoir que le fils d'Evangeli<strong><strong>de</strong>s</strong> venait <strong>de</strong> mourir en Grèce<br />

(ce qui fut d'ailleurs reconnu exact).<br />

Et M. Edmonds ajoute : "Nier le fait est impossible, il est trop flagrant ; je pourrais tout aussi bien nier<br />

que le soleil nous éclaire. <strong>Le</strong> considérer comme une illusion, je ne le saurais davantage, car il ne se<br />

distingue en rien <strong>de</strong> toute autre réalité constatée en n'importe quel moment <strong>de</strong> notre existence. Cela s'est<br />

passé en présence <strong>de</strong> huit à dix personnes, toutes instruites et intelligentes. Et nous n'avions jamais vu<br />

M. Evangeli<strong><strong>de</strong>s</strong>...<br />

L'Evêque James Pike décrit dans un livre "The Other Si<strong>de</strong>" ce qui lui est personnellement et publiquement<br />

arrivé et l'a amené à croire à l'authenticité <strong>de</strong> la communication avec l'au-<strong>de</strong>là :<br />

Cela s'est passé, en septembre 1967, lors d'une émission <strong>de</strong> la télévision canadienne (Canadian<br />

Broadcasting Corporation) au cours <strong>de</strong> laquelle étaient invités, afin <strong>de</strong> débattre sur le spiritisme, outre James<br />

Pike, Arthur Ford, un médium américain.<br />

Au lieu d'un débat, les spectateurs eurent la surprise d'assister à un dialogue inattendu avec l'au-<strong>de</strong>là.<br />

Arthur Ford tomba en transe puis déclara être en liaison avec "Fletcher", un canadien mort pendant la<br />

première guerre mondiale, qui, <strong>de</strong>puis 1924 parlait par l'intermédiaire du médium. Fletcher dit alors être en<br />

liaison avec Jim, le fils <strong>de</strong> James Pike qui se troubla visiblement. Jim lui disait :<br />

Je voudrais pouvoir te dire tant <strong>de</strong> choses, Dad..(c'était ainsi qu'il appelait son père)... Tout a commencé<br />

par la faute d'un certain Halverston...<br />

Fletcher qui n'avait pas bien saisi, poursuivit : "Je ne sais pas si le nom est Halvertson ou Halverston...<br />

Puis la conversation continua, à la stupéfaction <strong><strong>de</strong>s</strong> téléspectateurs. Jim expliqua comment cet Halverston<br />

l'avait entraîné à se droguer au L.S.D.; pourquoi, afin <strong>de</strong> se désintoxiquer, il avait quitté la Californie pour<br />

continuer ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à New York où, malheureusement, <strong>de</strong> nouveaux étudiants qui se droguaient l'avait<br />

poussé à se suici<strong>de</strong>r.<br />

Dès avant la fin <strong>de</strong> l'émission, le standard <strong>de</strong> la télévision était engorgé <strong>de</strong> coup <strong>de</strong> fil <strong>de</strong> témoins qui<br />

confirmaient ce qu'ils avaient entendu...<br />

6 « Traité <strong>de</strong> métapsychique »


98<br />

Comme on le voit, la clairvoyance et la télépathie sont <strong>de</strong>ux manifestations différentes. La télépathie est la<br />

perception directe <strong>de</strong> la pensée d'autrui alors que la clairvoyance est la perception d'un événement sans que<br />

nous utilisions nos sens normaux par un mécanisme infiniment plus compliqué mais tout aussi déconcertant,<br />

les <strong>de</strong>ux s'imbriquant parfois<br />

Un sixième sens ; une quatrième dimension ; une substance universelle ; un inconscient collectif ; une<br />

mémoire cosmique ; l'intervention occulte du corps astral ? ou simplement un don <strong>de</strong> double vue, comme<br />

disent les profanes ?...<br />

William James parle d'un "réservoir <strong><strong>de</strong>s</strong> mémoires cosmiques individuelles". Il affirme que l'homme "baigne<br />

dans un continuum <strong>de</strong> conscience cosmique"...<br />

Moi, je veux bien... Par contre, je comprends plus facilement quand je lis que la voyance représente une<br />

manifestation supérieure <strong>de</strong> l'intuition.<br />

10 juin<br />

Jean est toujours aussi surexcité. Je le laisse donc tranquille et continue <strong>de</strong> mettre mes notes à jour.<br />

Relisant ce que j'ai écrit hier, je me rends compte <strong>de</strong> ce dont l'inconscient peut être capable, en nous<br />

ouvrant ainsi la porte d'un univers inconnu dans lequel on acquiert <strong><strong>de</strong>s</strong> capacités sans limite avec <strong><strong>de</strong>s</strong> horizons<br />

insoupçonnés.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> lois physiques ou physiologiques dites absolues par nos scientifiques ne sont, en fait, valables que dans<br />

le domaine du "normal" ; mais il existe le domaine sans bornes apparentes et, pour l'instant, presque<br />

impénétrable et impénétré du paranormal où elles semblent n'avoir que peu, sinon aucune valeur.<br />

Il est donc normal que <strong>de</strong>ux mon<strong><strong>de</strong>s</strong> s'opposent : l'un officiel, qui dénie toute valeur à ces faits<br />

énigmatiques, l'autre, populaire, qui, ne pouvant comprendre et le sachant, s'en tient aux faits qu'il a constaté.<br />

Entre les faits objectifs et les théories scientifiques, le peuple choisit les faits et considère que ce sont les<br />

théories scientifiques qui doivent être révisées et il a raison.<br />

L'existence <strong>de</strong> la clairvoyance et <strong>de</strong> la télépathie, écrit Alexis Carrel, comme celle <strong><strong>de</strong>s</strong> autres phénomènes<br />

métapsychiques est contestée par la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong> biologistes et <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins. Cette attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> savants ne<br />

peut être blâmée car ces phénomènes... sont enfouis dans la masse immense <strong><strong>de</strong>s</strong> superstitions, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

mensonges et <strong><strong>de</strong>s</strong> illusions <strong>de</strong> l'humanité... Cependant, l'observation nous montre qu'ils constituent une<br />

activité normale, quoique rare <strong>de</strong> l'être humain.<br />

*****<br />

Je comprends maintenant pourquoi les voyants <strong>de</strong> tous acabits dont la plupart ne sont très certainement<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> "pompes à fric", ont tant <strong>de</strong> succès.<br />

D'après un reportage <strong>de</strong> Paris Match en octobre 1961, il y avait, à cette date, rien qu'à Paris, six mille<br />

professionnels <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences occultes donnant, chaque jour, cinquante mille consultations et gagnant environ<br />

quinze milliards <strong>de</strong> francs anciens par an. Et cela ne tenait pas compte <strong><strong>de</strong>s</strong> associations mystiques qui se<br />

dénombraient à plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille.<br />

Un journal anglais, fin 1960, déclarait :<br />

"Si l'on en croit les statistiques <strong>de</strong> la Société londonienne <strong><strong>de</strong>s</strong> Recherches scientifiques pour les<br />

apparitions surnaturelles, fondée pour étudier les superstitions populaires, il existerait en Angleterre<br />

environ dix mille tables tournantes, trois cent vingt cinq fantômes et huit cent vingt cinq esprits. Trente<br />

mille Anglais environ affirment être en relation constante avec leurs parents décédés ; quatre vingt mille<br />

participent, au moins une fois par an, à une séance <strong>de</strong> spiritisme ; plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cent mille croient en leur<br />

pouvoir télépathique."<br />

*****<br />

Pourtant, la chasse aux voyants pratiquant la parapsychologie et la voyance, ce que le moyen âge appelait<br />

"la chasse aux sorcières", mobilisa les forces vives <strong>de</strong> la religion.<br />

<strong>Le</strong> concile d'Ag<strong>de</strong> (506), d'Orléans (511), d'Auxerre (578), les excommunient y compris ceux qui les<br />

consultent et qui, en plus, sont déclarés inaptes à témoigner en justice.<br />

Au 15 ème siècle, par exemple, le Saint Office se permet <strong>de</strong> faire brûler près <strong>de</strong> trente mille personnes pour


cause <strong>de</strong> sorcellerie.<br />

En 1584, le concile <strong>de</strong> Bourges déclare :<br />

99<br />

"Toute personne qui ira consulter un <strong>de</strong>vin sera punie <strong>de</strong> mort".<br />

Dans un édit <strong>de</strong> juillet 1682, Louis XIV décrète :<br />

"Défendons toute pratique superstitieuse <strong>de</strong> fait, par écrits ou paroles...en faisant <strong><strong>de</strong>s</strong> choses qui n'ont<br />

aucun rapport aux causes naturelles."<br />

Maintenant, l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces actes qui n'ont pas <strong>de</strong> causes naturelles est <strong>de</strong>venue une <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences mo<strong>de</strong>rnes<br />

reconnues mondialement.<br />

En 1882, les Anglais créent "la Société <strong>de</strong> Recherches psychiques"<br />

En 1884, ils ouvrent un laboratoire aux Etats-Unis<br />

En 1893, on constitue, en France, un Centre <strong>de</strong> Recherche Métapsychique <strong>de</strong>venu l'Institut International<br />

<strong>de</strong> Paris<br />

En 1953, l'Université d'Utrecht, aux Pays Bas ouvre la première chaire européenne <strong>de</strong> parapsychologie.<br />

De même en Belgique, en Tchécoslovaquie, en In<strong>de</strong>, en URSS.<br />

Aujourd'hui, les médiums comme leurs consultants vont à la messe, se confessent et communient... Dès<br />

1956, le R. P. Réginald OmezYvonne Castellain 7 , au nom <strong>de</strong> l’Église, déclarait :<br />

"L'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Église, pour ce qui est <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong> l'avenir, est la suivante... Il peut se faire<br />

que <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes particulièrement doués au point <strong>de</strong> vue conscience et au point <strong>de</strong> vue subconscience<br />

puissent arriver à percevoir <strong>de</strong> quelque manière, dans <strong><strong>de</strong>s</strong> causes encore difficiles à analyser, à<br />

percevoir et à <strong>de</strong>viner, <strong><strong>de</strong>s</strong> événements futurs...<br />

l’Église comprend que dans les profon<strong>de</strong>urs du subconscient nous pouvons parfois saisir et <strong>de</strong> quelque<br />

manière prévoir certains événements.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> temps anciens sont bien révolus.<br />

*****<br />

"L'art divinatoire" n'est ni logique ni démontré mais il répond à un besoin <strong>de</strong> l'homme : obtenir une réponse<br />

immédiate à ses doutes et à sa soif <strong>de</strong> savoir ! De connaître l'inconnaissable.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> procédés divinatoires son innombrables, <strong>de</strong>puis l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> viscères <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux sacrifiés pour<br />

connaître la volonté <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux pratiquée par les Etrusques, les Babyloniens, les Assyriens puis les Grecs et les<br />

Romains, l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> craquelures <strong><strong>de</strong>s</strong> carapaces <strong>de</strong> tortue sous l'effet du feu pratiquée par les Chinois<br />

jusqu'aux ordinateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> temps mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Parmi les plus utilisés - on en compte plus d'une centaine -, citons :<br />

- La numérologie ou l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> nombres. <strong><strong>Le</strong>s</strong> astrologues babyloniens enseignaient que les nombres<br />

"recelaient <strong><strong>de</strong>s</strong> secrets". Dans "le livre <strong>de</strong> Salomon" datant du 2 ème siècle avant J.-C., il est écrit :<br />

Dieu a réglé l'univers avec les mesures, les nombres et les poids. Seul le nombre préserve l'homme du<br />

chaos.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> théologiens <strong>de</strong> l'antiquité et du moyen âge, tout comme les hébreux, croyaient à la valeur symbolique<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> lettres <strong>de</strong> l'alphabet hébreux.<br />

<strong>Le</strong> cristal ou ce qui lui ressemble. Chez les Zoulous, le sorcier utilise le "vase du chef" rempli d'eau. Au<br />

16 ème siècle, la reine Elisabeth 1er d'Angleterre ne prenait ses décisions qu'après avoir consulté John Dee<br />

(1527 - 1608) qui prédisait à l'ai<strong>de</strong> d'une boule <strong>de</strong> cristal "aussi grosse qu'un oeuf" qui ne le quittait<br />

jamais Au 18 ème siècle, Roger Bacon fut persécuté parce qu'il utilisait une boule <strong>de</strong> cristal qui a toujours<br />

sa vogue. Certains la remplacent par un miroir ou même le poignée d'une porte, leur montre, une<br />

coquille d'oeuf ou <strong><strong>de</strong>s</strong> bulles <strong>de</strong> savon.<br />

- La chiromancie ou l'étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes <strong>de</strong> la main qui était déjà connue <strong><strong>de</strong>s</strong> Chinois, il y a plus <strong>de</strong> cinq mille<br />

ans.<br />

- La cartomancie et les tarots.<br />

7 Revue « La tour St Jacques » 1956


100<br />

- La radiesthésie qui se pratique soit avec une baguette soit avec un pendule.<br />

- le Yi King, une très ancienne métho<strong>de</strong> chinoise qui se pratique avec <strong><strong>de</strong>s</strong> baguettes d'achillée. Un Yi King<br />

contemporain utilise uniquement trois pièces <strong>de</strong> monnaie.<br />

- Et même l'uromancie ou l'examen <strong><strong>de</strong>s</strong> urines<br />

- Plus agréable, sans doute, l'œnomancie ou l'interprétation <strong>de</strong> la couleur, <strong>de</strong> l'aspect et du goût du vin.<br />

- Sans oublier l'engouement qui fait la fortune <strong><strong>de</strong>s</strong> médias et <strong><strong>de</strong>s</strong> multiples médiums dont la gran<strong>de</strong> majorité<br />

ne l'est que <strong>de</strong> nom : l'astrologie<br />

Car, aujourd'hui, qui ne consulte les horoscopes quotidiens du journal même s'il dit qu'il n'y croit pas ?<br />

11 juin<br />

Pauvre Jean ! La tuile l'assomme comme un coup <strong>de</strong> massue. <strong>Le</strong> surveillant chef vient <strong>de</strong> l'appeler pour lui<br />

signifier qu'un huissier venait d'effectuer une saisie <strong>de</strong> son pécule pour un montant <strong>de</strong> 1.500 francs,<br />

l'équivalent d'un trimestre <strong>de</strong> la pension alimentaire qu'il doit à sa femme.<br />

<strong>Le</strong> jour du paiement tombait un dimanche, d'où le retard, du moins, un <strong><strong>de</strong>s</strong> motifs du retard. <strong>Le</strong> mardi, sa<br />

femme déposait plainte. Quelques jours après, elle était payée mais la plainte suivait son cours et l'huissier a<br />

bloqué le compte, à titre préventif, en attendant l'autre trimestre.<br />

Il lui restait 300 francs environ. Il n'a donc plus rien. Même ses prochaines rentrées seront saisies.<br />

Il est fou furieux. C'est la première fois, affirme-t-il, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans, qu'il n'est pas à jour. Alors tout y<br />

passe... Il a toujours habillé les enfants ; en plus, à chaque anniversaire, il faisait un ca<strong>de</strong>au à sa femme. Il y a<br />

5 mois, il s'était déjà engueulé avec elle car elle avait <strong>de</strong>mandé et obtenu, sans le lui dire, une revalorisation <strong>de</strong><br />

300 à 500 francs, le mettant <strong>de</strong>vant le fait accompli d'une grosse <strong>de</strong> jugement. Et puis, il y a cette affaire <strong>de</strong><br />

Ouistreham dont il n'a jamais parlé et dont elle est responsable... Cela appelle une vengeance terrible, elle sera<br />

condamnée, elle ira en prison, il obtiendra la révision du divorce et il récupérera la gar<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants avant la<br />

prescription <strong>de</strong> 5 ans... etc. etc.<br />

Ainsi pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> heures. Un véritable dément sans camisole <strong>de</strong> force. Il sort même une photo <strong>de</strong> famille et<br />

la déchire en crachant <strong><strong>de</strong>s</strong>sus.<br />

- Ah ! Tes cartes ! <strong><strong>Le</strong>s</strong> vaches, elles avaient raison !<br />

Je me risque, pour le calmer, à lui rappeler que la <strong>de</strong>rnière carte, un 10 <strong>de</strong> coeur, lui annonçait une gran<strong>de</strong><br />

joie imprévue.<br />

- Tu parles ! Il en faudrait une fameuse. <strong>Le</strong> père Noël, c'est dans 6 mois !<br />

*****<br />

En fin d'après midi, le surveillant chef l'appelle <strong>de</strong> nouveau.<br />

- Et allez donc ! Un malheur ne vient jamais seul. Jamais 2 sans 3.<br />

Il part comme un chien battu, la queue entre les jambes.<br />

Et il revient avec le sourire : un mandat est arrivé <strong>de</strong> la part d'un ami à qui il avait prêté 5.000 francs. Il<br />

m'en avait parlé. Un mandat-lettre, une chance ! <strong>Le</strong> surveillant chef lui a dit :<br />

- Ça peut s'arranger si... Votre cas est un peu particulier et on n'a pas à se plaindre <strong>de</strong> vous. A la fin du<br />

mois, le comptable s'en va. Accepteriez-vous <strong>de</strong> le remplacer ? Quant au mandat, on pourrait l'enregistrer à<br />

part...<br />

Heu.reux ! La comptabilité, c'est ce dont il rêvait. Il récupère les morceaux <strong>de</strong> la photo, les replace, la<br />

regar<strong>de</strong> et lui fait un bras d'honneur. Puis il prépare la liste <strong>de</strong> sa prochaine cantine.<br />

*****<br />

Je ne sais plus que penser. Si la voyance, du moins certaines voyances, est un don, il semble que je l'avais<br />

sans le savoir mais il y a vraiment <strong>de</strong> quoi avoir peur car on en revient à ce que j'ai lu : il s'agit sérieusement<br />

<strong>de</strong> prédire - donc connaître et dévoiler à l'avance -, l'avenir avec le risque et la certitu<strong>de</strong> même <strong>de</strong> se tromper<br />

parfois. C'est grave, extrêmement grave.<br />

Comme pour Josette <strong>Le</strong>fèvre.


101<br />

Pour les cartes, c'est encore plus terrifiant : dans une voyance classique, le subconscient du consultant peut<br />

influencer celui du voyant mais si je réfléchis bien sur ce qui s'est passé avec Marcel, Philippe et Jean, je<br />

m'aperçois que je n'ai fait qu'interpréter bêtement en fonction <strong>de</strong> ce que j'avais appris, dans un livre, sur leurs<br />

symboles...<br />

Pourquoi donc et en vertu <strong>de</strong> quoi, les cartes se sont-elles placées <strong>de</strong> cette façon afin <strong>de</strong> coïnci<strong>de</strong>r<br />

exactement avec l'objet <strong>de</strong> la consultation ?<br />

Pas question d'une quelconque télépathie !<br />

C'est un mystère qui m'effraie vraiment trop.<br />

*****<br />

J'ai pris mes notes et le bouquin, je les ai déchirés et je m'en suis débarrassé grâce à la chasse d'eau, sous<br />

les hurlements <strong>de</strong> Jean qui criait :<br />

- T'es fou ! Mais t'es fou !<br />

C'est ce qu'on appelle, je crois, un exorcisme.<br />

12 juin<br />

Depuis trois jours, Jean Luc est remplacé par un nouveau "troisième", Fernand <strong><strong>Le</strong>s</strong>ueur, que nous avons<br />

du mal à cerner, encore moins à comprendre. Il ne nous gêne d'ailleurs pas beaucoup. Jean peut piquer ses<br />

colères et moi rêvasser dans mes bouquins, lui reste dans son coin, solitaire et taciturne.<br />

Nous avons mené notre enquête auprès <strong><strong>de</strong>s</strong> autres cellules qui l'ont déjà accueilli et qui ont réussi à s'en<br />

débarrasser. Philippe est <strong>de</strong> ceux qui ont eu cet honneur ; il nous l'a décrit, ce matin, pendant la promena<strong>de</strong> :<br />

- <strong><strong>Le</strong>s</strong>ueur ? C'est un cul-terreux, fils <strong>de</strong> culs-terreux, <strong>de</strong> la pire espèce. Ses vieux, <strong><strong>de</strong>s</strong> bouseux d'un bled <strong>de</strong><br />

la Somme, âpres au gain, vivaient renfermés sur eux-mêmes. Comme eux, il travaillait dur, ne connaissant ni<br />

sorties, ni argent, ni femmes.<br />

Sur décision paternelle, il s'est marié avec une fille d'autres culs-terreux dont il reprit la ferme pour y mener<br />

une vie nouvelle pire que l'ancienne : Il avait troqué une tutelle familiale pour une tutelle matriarcale encore<br />

plus contraignante.<br />

Puis sa femme meurt et, seul, il perd les pédales. Il se met à voler <strong><strong>de</strong>s</strong> chéquiers et, avec les chèques volés,<br />

offre bijoux sur bijoux à la première venue.<br />

Incompréhensible ! Ici, il vit dans un isolement complet, accumulant, cachant tout et ne prêtant rien. Un<br />

ours méprisé que chacun rejette avec l'espoir qu'un autre s'en occupera..."<br />

J'ai l'impression que nous l'avons pour un bon moment.<br />

*****<br />

Et en avant pour l'astrologie...<br />

<strong>Le</strong> caractère <strong>de</strong> l'homme serait gouverné par la planète sous laquelle il est né. Suivant la position donnée<br />

du système solaire à l'heure <strong>de</strong> sa naissance, on pourrait donc déceler son caractère et son avenir. En tenant<br />

compte, tout <strong>de</strong> même, <strong>de</strong> son libre arbitre ce qui laisse un échappatoire bien pratique...<br />

En France, on estime à dix millions, c'est à dire à près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> la population active, les personnes,<br />

allant <strong>de</strong> l'ouvrier, au cadre et au parlementaire, qui consultent plus <strong>de</strong> cinquante mille "<strong>de</strong>vins mo<strong>de</strong>rnes"<br />

dont au moins dix mille astrologues. Cet ensemble corporatif réalise un chiffre d'affaires supérieur à celui <strong>de</strong><br />

tous les mé<strong>de</strong>cins généralistes réunis<br />

Déjà en 1963, une enquête <strong>de</strong> l'Institut français d'opinion publique donnait les résultats suivants :<br />

58 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes interrogées connaissent leur signe <strong>de</strong> naissance ;<br />

53 % lisent régulièrement leur horoscope dans la presse ;<br />

38 % sont favorables à l'établissement éventuel <strong>de</strong> leur horoscope ;<br />

43 % considèrent que l'astrologue est un savant qui ne se trompe pas ;<br />

En 1968, dans un nouveau sondage,


102<br />

85 % <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes connaissent leur signe astral ;<br />

68 % <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes en ont connaissance ;<br />

soit une progression moyenne <strong>de</strong> 19 % en cinq ans.<br />

En 1993, un sondage réalisé par la SOFRES à l'occasion d'un colloque sur "<strong><strong>Le</strong>s</strong> Français et les para<br />

sciences", donnait les résultats suivants :<br />

58 % <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes interrogées pensent que l'astrologie est une science ;<br />

46 % croient aux prévisions <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères par les signes astrologiques ;<br />

29 % seulement font entièrement confiance aux horoscopes ;<br />

82 %, par contre, pensent qu'il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités que la science ne parviendra jamais à expliquer.<br />

Certains scientifiques vont jusqu'à dire que l'astrologie n'est basée que sur <strong><strong>de</strong>s</strong> "traditions antiques", ce qui<br />

prouve qu'elle ne démontre rien. D'autres, après avoir effectué <strong><strong>de</strong>s</strong> contrôles sévères rendus <strong>de</strong> plus en plus<br />

performants grâce à l'informatique, constatent que le pourcentage <strong>de</strong> résultats positifs se trouve bien là,<br />

toujours plus largement probants ce qui les oblige à l'approuver <strong>de</strong> plus en plus scientifiquement, avec une<br />

nuance cependant : l'homme n'est pas déterminé mais simplement influencé par l'astrologie.<br />

Carl Jung écrivait :<br />

Si <strong><strong>de</strong>s</strong> gens jouissant d'une instruction médiocre, ont cru jusqu'à ces <strong>de</strong>rniers temps pouvoir se moquer<br />

<strong>de</strong> l'astrologie comme étant liquidée <strong>de</strong>puis longtemps, cette astrologie, remontant <strong><strong>de</strong>s</strong> profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong><br />

l'âme populaire, se présente <strong>de</strong> nouveau aux portes <strong><strong>de</strong>s</strong> universités qu'elle a quitté il y a trois cents ans.<br />

Tout est "un", universellement. L'univers est un tout immensément complexe composé d'éléments qui<br />

s'enchaînent et se complètent à l'infini.<br />

C'est une réalité mais <strong>de</strong>meurons mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes.<br />

Dans cet univers, que représente donc Monsieur Dupont lorsqu'il se lève au matin d'une journée terrestre<br />

? Qu'il bénéficie d'influences générales qui pourront l'ai<strong>de</strong>r ou le défavoriser au cours <strong>de</strong> son existence, tout en<br />

lui laissant toute latitu<strong>de</strong> pour en profiter ou non, cela est démontré et, suivant le concept <strong>de</strong> notre univers,<br />

absolument normal ; mais que le 16 janvier, par exemple, un soi-disant astrologue lui ordonne, dans son<br />

journal, parce qu'il est né sous le signe <strong>de</strong> la balance, "<strong>de</strong> ne signer aucun contrat" ou "d'annuler son projet en<br />

cours", c'est <strong>de</strong> la fumisterie.<br />

Il paraît que cette influence générale inter-matière au centre du macrocosme ne peut être mieux prouvée<br />

que par la gran<strong>de</strong> année zodiacale qui semble gouverner la terre.<br />

<strong>Le</strong> zodiaque ! Ce sacré zodiaque qui existe bien et dont tant <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> profite... Si ce que je vient<br />

d'apprendre est exact, je viens <strong>de</strong> faire une découverte qui me bouleverse. Il faut que je m'y replonge dans le<br />

calme avant <strong>de</strong> pouvoir le transcrire.<br />

13 juin<br />

Hier soir, après le souper, alors que les portes venaient <strong>de</strong> se fermer, un rire hystérique qui semblait ne pas<br />

vouloir s'arrêter, a éclaté au fond du couloir. Un rire fou. Nerveux ? Peut-être, mais effrayant. Suivi d'un<br />

silence <strong>de</strong> mort. Personne n'avait envie <strong>de</strong> chahuter : on sentait planer l'horreur d'une épouvante qui nous<br />

donnait la chair <strong>de</strong> poule.<br />

- Il est fou, dis-je.<br />

- Tu verras, me répondit Jean, dans 18 mois, tu en feras autant.<br />

Et dire qu'il faut gar<strong>de</strong>r le moral !<br />

*****<br />

Maman se présente au parloir avec un jour <strong>de</strong> retard et je commençais à m'inquiéter. Et je m'inquiète<br />

réellement maintenant que je la vois. Elle est accompagnée <strong>de</strong> notre voisine, Madame Foulon. Sa pâleur s'est<br />

encore accentuée. Je le lui fais remarquer ; elle essaie <strong>de</strong> me rassurer en me disant :<br />

- C'est la fatigue, c'est tout. Par précaution car j'ai parfois la tête qui tourne, j'ai <strong>de</strong>mandé au juge<br />

d'instruction <strong>de</strong> ne pas venir seule. Il a accepté sans faire d'histoire. C'est plus pru<strong>de</strong>nt ; mais ce n'est rien.<br />

Ça va passer.


103<br />

J'ai essayé <strong>de</strong> sourire pour la détendre un peu mais elle me fait peur. J'ai l'impression que mon affaire, plus<br />

un surcroît <strong>de</strong> travail, la mine.<br />

Mon Dieu ! Pourvu qu'elle tienne le coup !<br />

Je sens l'angoisse, tout cela cumulé, qui me gagne <strong>de</strong> plus en plus.<br />

14 juin<br />

Ce matin, la journée a commencé dans un éclat <strong>de</strong> rire, hilarant celui-ci.<br />

Vers 5 heures, je rêvais que j'allais visiter une ferme, en pleine campagne, main dans la main avec Simone.<br />

Que les rêves sont bizarres tout <strong>de</strong> même... Nous courrions à travers champs. Tout à coup, la ferme apparut<br />

et, près du portail, entassés <strong>de</strong>hors, une <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> tonneaux métalliques vi<strong><strong>de</strong>s</strong> semblaient nous<br />

attendre. Je pris un bâton et me mis à tambouriner à grands coups <strong><strong>de</strong>s</strong>sus. Soudain, un <strong><strong>de</strong>s</strong> tonneaux<br />

explosa...<br />

Et je me réveillais avec <strong><strong>de</strong>s</strong> morceaux <strong>de</strong> pommes et du jus sur le front, le nez et la bouche. Je me léchais<br />

les lèvres et compris tout <strong>de</strong> suite en éclatant <strong>de</strong> rire. Jean que le bruit avait réveillé, en fit <strong>de</strong> même. Une crise<br />

<strong>de</strong> rire démente ! Nous en étions mala<strong><strong>de</strong>s</strong> : une bouteille en plastique posée sur le placard près <strong>de</strong> mon lit et<br />

qui contenait une sala<strong>de</strong> <strong>de</strong> fruit que nous faisions macérer dans <strong>de</strong> la bière, venait d'exploser...<br />

C'est bizarre, mais le moral avait viré au beau fixe et nous nous sommes levés au son d'un rock and roll.<br />

*****<br />

J'en profite pour me jeter à l'eau pour essayer d'assimiler puis <strong>de</strong> noter ce que j'ai appris sur cette gran<strong>de</strong><br />

année zodiacale <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes.<br />

<strong>Le</strong> zodiaque d'abord. Encore une fameuse énigme : le plus ancien zodiaque connu, celui <strong>de</strong> Dédérah en<br />

Egypte, conservé actuellement au Louvre, remonte à <strong><strong>de</strong>s</strong> millénaires avant J.-C. Il comporte exactement les<br />

mêmes signes que le nôtre. Comment pouvaient-ils l'avoir découvert ? <strong>Le</strong>urs connaissances ne <strong>de</strong>vaient<br />

absolument pas le leur permettre...<br />

Alors ? Alors, comment ont-ils appris à le connaître ? Qui le leur a enseigné ? Qui étaient ces maîtres<br />

enseignants ?<br />

Mais revenons à "la gran<strong>de</strong> année zodiacale" qui dure 2.160 ans et qu'on appelle également "l'ère<br />

zodiacale <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes" car c'est grâce à la "précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes" qu'elle existe.<br />

Et c'est, là, on ne peut plus sérieux car elle n'est pas basée sur <strong><strong>de</strong>s</strong> probabilités même si elles tombent sous<br />

les sens, mais sur <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments scientifiques sans aucune contestation possibles.<br />

Je vais essayer <strong>de</strong> ne rien oublier.<br />

L'équinoxe est la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'année où le jour et la nuit sont <strong>de</strong> durée i<strong>de</strong>ntique. Il y a donc <strong>de</strong>ux<br />

équinoxes, celui du printemps (20 ou 21 mars) et celui <strong>de</strong> l'automne (22 ou 23 septembre).<br />

Depuis <strong><strong>de</strong>s</strong> temps immémoriaux, l'équinoxe du printemps a servi <strong>de</strong> base à ce qui suit.<br />

L'équinoxe du printemps se produit donc lorsque le soleil, dans son mouvement apparent dû au nôtre,<br />

coupe l'équateur céleste. <strong>Le</strong> point du ciel où se lève alors le soleil, est appelé "point vernal" (du latin "ver" qui<br />

veut dire "printemps).<br />

Normalement, comme la terre contourne le soleil en un an, ce point vernal <strong>de</strong>vrait toujours se trouver situé<br />

dans le même signe céleste, actuellement le Verseau, et au même endroit <strong>de</strong> ce signe.<br />

Mais - car il y a un "mais" -, étant donné le mouvement <strong>de</strong> la terre sur elle-même, cette <strong>de</strong>rnière prend tous<br />

les ans un léger retard et ce ren<strong>de</strong>z-vous a toujours lieu avec un décalage <strong>de</strong> 20 minutes et 20 secon<strong><strong>de</strong>s</strong> : <strong>Le</strong><br />

soleil apparaît donc, chaque année, à son point vernal, avec quelques minutes et quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> retard<br />

par rapport à l'année précé<strong>de</strong>nte.<br />

L'équinoxe réelle précè<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> quelques minutes l'apparition du soleil à son lieu <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous annuel.<br />

C'est ce qu'on appelle la précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes.<br />

Expliqué autrement :<br />

La terre n'est pas sphérique. <strong>Le</strong> diamètre équatorial est plus grand d'environ 21 km que le diamètre polaire.<br />

L'action combiné du soleil et <strong>de</strong> la lune sur ce renflement soumet la terre à un couple (<strong>de</strong>ux forces égales et


104<br />

opposées) qui tend à ramener le bourrelet équatorial vers le plan <strong>de</strong> l'écliptique.<br />

La terre se comporte alors comme une toupie et son axe <strong>de</strong> rotation décrit un cône dont le <strong>de</strong>mi-angle au<br />

sommet est égal à 23°27' d'où cette déformation.<br />

Il est inutile, je pense, d'entrer dans le détail <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs savants assez complexes que cela entraîne, la<br />

précession luni-solaire, valant environ 50'39", la précession annuelle, dite précession planétaire, valant environ<br />

0'10".<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> scientifiques parlent d'année tropique et d'année sidérale. L'année tropique étant la durée qui sépare<br />

<strong>de</strong>ux équinoxes <strong>de</strong> printemps ; l'année sidérale étant le temps que met le soleil pour venir occuper un même<br />

point par rapport aux étoiles.<br />

L'année tropique est plus courte que l'année sidérale d'où la précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes.<br />

D'autres scientifiques l'expliquent ainsi :<br />

Entre <strong>de</strong>ux apparitions du soleil aux équinoxes, à son point vernal, il s'est écoulé 365 jours, 5 heures, 48<br />

minutes et 49,6 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Par contre la terre, elle, met 365 jours, 6 heures, 9 minutes et 9,6 secon<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

L'équinoxes du soleil précè<strong>de</strong> ainsi celle <strong>de</strong> la terre.<br />

La précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes est un fait scientifiquement incontestable et qui engendre un fait banal mais<br />

qui en fait toute son importance :<br />

Tous les ans, ce fameux point vernal, étant donné le retard <strong>de</strong> la terre par rapport au soleil, n'apparaît pas<br />

exactement au même endroit du signe céleste. Il glisse légèrement.<br />

Apparemment, ce n'est pas considérable mais, comme cela se cumule d'année en année, on arrive, au bout<br />

<strong>de</strong> 2.150 ans environ, à avoir glissé sur le signe en cours au point <strong>de</strong> l'avoir parcouru entièrement et d'entrer<br />

dans le signe suivant.<br />

En pratique, le point vernal rétrogra<strong>de</strong> sur l'écliptique <strong>de</strong> 50'26" par an, soit 30° ou l'ensemble d'un signe<br />

zodiacal en 2.150 ans environ.<br />

Il ne s'agit donc pas <strong>de</strong> la succession <strong><strong>de</strong>s</strong> signes du zodiaque qui est en cause, dans le courant <strong>de</strong> l'année,<br />

comme le dit l'horoscope quotidien, mais <strong>de</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> signes qui apparaissent dans le ciel lorsque le soleil se<br />

lève, une fois par an, à l'équinoxe du printemps. C'est cela qui change au bout <strong>de</strong> 2.150 ans environ.<br />

Et cela n'a rien à voir avec une vue <strong>de</strong> l'esprit d'astrologues imaginatifs<br />

Cette précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes a été découverte, au 2 ème siècle av. J.-C., par Hipparque qui compara ses<br />

observations à celles <strong>de</strong> Timocharis et d'Aristille, antérieures d'un siècle et <strong>de</strong>mi environ. Ses calculs furent<br />

repris par Bradley, <strong>de</strong> 1742 à 1762, à Greenwich, puis par La Caille, <strong>de</strong> 1746 à 1762, à Paris et au Cap.<br />

Newton en avait expliqué le phénomène par l'action du soleil et <strong>de</strong> la lune sur le bourrelet équatorial <strong>de</strong> la<br />

terre ce qui a pour conséquence que l'axe <strong>de</strong> la rotation <strong>de</strong> la terre n'a pas une direction fixe dans l'espace.<br />

De ce fait, le noeud ascendant <strong>de</strong> l'écliptique dans l'équateur, le fameux point vernal que les spécialistes<br />

appellent point , n'est pas fixe sur l'écliptique et l'angle que fait l'équateur avec l'écliptique n'est pas constant<br />

avec, pour résultat, une avance <strong>de</strong> l'équinoxe du printemps appelée "précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes".<br />

Ouf ! Je crois que je n'ai rien oublié.<br />

C'est un fait. Indéniable. D'accord. Elle existe. Mais ce qui est incroyable, c'en est les conséquences.<br />

Lors <strong>de</strong> l'équinoxe du printemps, le soleil est entré, <strong>de</strong>puis 1950 environ, dans le signe du Verseau et, les<br />

scientifiques sont formels dans leurs calculs, il y a 2.000 ans environ, il entrait dans le signe <strong><strong>de</strong>s</strong> Poissons ;<br />

puis, 2.500 ans auparavant, dans le signe du Bélier ; puis, 2.500 ans auparavant, dans le signe du Taureau ;<br />

puis, 2.500 ans auparavant, dans le signe <strong><strong>de</strong>s</strong> Gémeaux etc.<br />

N'importe quel astronome dirait que c'est une vérité <strong>de</strong> La Palisse.<br />

En voici la configuration schématique dans un cercle que je recopie et qui le visualise parfaitement


Bélier<br />

- 4.370<br />

Taureau<br />

- 6.530<br />

Gémeaux (8)<br />

- 8.630<br />

Poissons<br />

- 2.210<br />

Cancer (7)<br />

- 10.850<br />

Verseau<br />

- 50 ans<br />

Lion (6)<br />

- 13.010<br />

105<br />

Capricorne<br />

- 23.810<br />

Vierge (5)<br />

- 15.170<br />

Sagittaire (2)<br />

- 21.650<br />

Scorpion<br />

- 19.490<br />

Balance<br />

- 17.330<br />

Chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> douze signes<br />

zodiacaux ainsi placé, comporte un<br />

signe opposé que la tradition jumelle<br />

avec le signe principal auquel il<br />

<strong>de</strong>vient complémentaire.<br />

*****<br />

Lors <strong>de</strong> l'équinoxe du printemps,<br />

le soleil est entré, <strong>de</strong>puis 1950<br />

environ, dans le signe du Verseau et,<br />

les scientifiques sont formels dans<br />

leurs calculs, il y a 2.000 ans<br />

environ, il entrait dans le signe <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Poissons ; puis, 2.500 ans<br />

auparavant, dans le signe du Bélier ;<br />

puis, 2.500 ans auparavant, dans le signe du Taureau ; puis, 2.500 ans auparavant, dans le signe <strong><strong>de</strong>s</strong> Gémeaux<br />

etc.<br />

N'importe quel astronome dirait que c'est une vérité <strong>de</strong> La Palisse.<br />

Il y a donc un peu plus <strong>de</strong> 2.000 ans, le soleil entrait dans le signe <strong><strong>de</strong>s</strong> Poissons. Au même moment,<br />

apparaissait le Christ qui se disait pêcheur d'hommes et qui choisit ses disciples parmi <strong><strong>de</strong>s</strong> pêcheurs. <strong>Le</strong> signe<br />

<strong>de</strong> ralliement <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers chrétiens, dans les catacombes était "IKTHUS", "le Poisson" (initiale <strong><strong>de</strong>s</strong> mots<br />

grecs "Jesus Xristos Theou Uios Sôter" - Jésus Christ sauveur fils <strong>de</strong> Dieu).<br />

N'était-il pas "l'agneau" <strong>de</strong> Dieu - Agnus Dei -, l'agneau, fils et successeur du bélier ?<br />

<strong>Le</strong> signe opposé : la Vierge ! (Sans commentaire...)<br />

Un peu plus <strong>de</strong> 2.000 ans auparavant, le soleil entrait dans le signe du Bélier. Exactement le moment où les<br />

Israélites quittaient l'Egypte, abattaient le veau d'or, rejeton du taureau ; où Jéhovah <strong>de</strong>mandait qu'ils lui<br />

offrent un agneau (Ex. 12/1.20 et Lév. 23/9.12.), Yahvé/Jéhovah qui fit remplacer par un bélier, le fils<br />

qu'Abraham lui sacrifiait... Abraham qui veut dire textuellement "venu du Bélier" ou "fils du bélier"... En<br />

sanscrit et en Celte, le bélier ne se traduit-il pas par "ram" ? Ram, n'est-il pas un <strong><strong>de</strong>s</strong> héros celtiques <strong>de</strong> cette<br />

pério<strong>de</strong> ? Comme les noms <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux, en In<strong>de</strong>, tel Brahm, le dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> Vedas <strong>de</strong> l'épopée du ramayana rama,<br />

une <strong><strong>de</strong>s</strong> incarnations <strong>de</strong> Vichnou ?<br />

A cette époque, en Egypte on adore un dieu bélier, Amon Bel, alors représenté avec une tête surmontée <strong>de</strong><br />

cornes <strong>de</strong> bélier et caressant un agneau <strong>de</strong> chaque main.<br />

En Assyrie, la religion du bélier succè<strong>de</strong> à celle du taureau ainsi que le confirme les statues exposées au<br />

Louvre ; en Crête, Zeus est alors représenté avec <strong><strong>de</strong>s</strong> cornes <strong>de</strong> bélier ; en Gaule, <strong><strong>de</strong>s</strong> sculptures représentent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> divinités à cornes <strong>de</strong> bélier...<br />

Au même moment, quel que soit la distance.<br />

<strong>Le</strong> signe opposé : la Balance, symbole <strong>de</strong> la justice. Et Yahvé/Jéhovah installait alors à leur tête <strong><strong>de</strong>s</strong> juges<br />

avec le point d'orgue <strong>de</strong> Salomon, un licencié ès discernement. Un livre <strong>de</strong> la Bible s'appelle même "le livre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> juges"...<br />

Un peu plus <strong>de</strong> 2.000 ans auparavant, le soleil entrait dans le signe du Taureau. Exactement à l'époque où<br />

l'Egypte dominait avec l'adoration du bœuf Apis. <strong>Le</strong> règne du dieu taureau ne se limitait d'ailleurs pas à la<br />

seule Egypte. En Extrême Orient, le taureau était alors l'emblème d'Indra et <strong>de</strong> Çiva. Un dieu taureau assyrien<br />

à tête humaine <strong>de</strong> cette époque, est exposé actuellement au Louvre. D'autres sculptures semblables furent<br />

également retrouvées en Crête.<br />

<strong>Le</strong> signe opposé : le Scorpion. A l'origine, la reine était représentée avec un scorpion sur la tête. <strong>Le</strong> roi<br />

Serekh, fils du roi Idinou et père du roi Narmer considéré comme le fondateur <strong>de</strong> la première <strong><strong>de</strong>s</strong> trente<br />

dynasties pharaoniques, était surnommé "le roi scorpion". Il fonda Héliopolis et vénérait Tefenet, la déesse<br />

scorpion...<br />

Un peu plus <strong>de</strong> 2.000 ans auparavant, le soleil entrait dans le signe <strong><strong>de</strong>s</strong> Gémeaux. Exactement, d'après la<br />

(1)<br />

(4)<br />

(3)


106<br />

Bible, à l'époque du déluge et <strong>de</strong> Noé, gémellaire en lui-même, car les livres anciens sont formels : il possédait<br />

<strong>de</strong>ux natures, étant fils d'Adam par sa mère et fils <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah par l'ange qui la visita.<br />

<strong>Le</strong> signe opposé : le Sagittaire... Regardons bien sa représentation morphologique : le Sagittaire avec son<br />

arc. Or, que dit Yahvé/Jéhovah à Noé, juste après le déluge ?<br />

(Bible Gn 9/12) Voici le signe <strong>de</strong> l'alliance entre moi et vous... Je place mon arc dans la nuée et ce sera<br />

le signe <strong>de</strong> l'alliance entre moi et la terre.<br />

Ce qu'on a pu faire <strong>de</strong> suppositions avec ce mot "Je place mon arc dans le ciel" ! La majorité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

traducteurs, par ignorance, a traduit "arc en ciel". Or le texte original dont les Israélites sont fiers est bien<br />

"Késheth", c'est à dire "arc d'archer"....<br />

Par le déluge, les hommes avaient été exterminés à l'exception <strong>de</strong> Noé et <strong>de</strong> sa famille pour un nouveau<br />

départ <strong>de</strong> l'humanité. Ce nouveau départ s'échelonne ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> Gémeaux au Verseau, soit en 5 signes.<br />

<strong>Le</strong> chiffre 5 n'est-il pas représenté par le pentagramme <strong>de</strong> l'homme parfait ?<br />

Sur les 12 signes du zodiaque, en restent 7 (du Lion au Capricorne) qui correspon<strong>de</strong>nt bizarrement aux 7<br />

jours bibliques <strong>de</strong> la création du mon<strong>de</strong>...<br />

L'actuel étant celui du Verseau pendant lequel l'homme termine le cycle <strong>de</strong> son évolution... Regardons sa<br />

configuration : Une corne d'abondance qui se déverse...<br />

<strong>Le</strong> signe opposé : le Lion... le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux...<br />

- "Hasard !", répéteront certains sceptiques.<br />

Hasard ? Non, impossible. <strong>Le</strong> hasard n'arrive que "par hasard". Lorsque tout s'enchaîne parfaitement, ce<br />

n'est plus un hasard, c'est une réalité. Avec les conséquences que cela implique.<br />

Lorsque je sortirai, car il faut que je sorte, le contraire serait impensable, il va falloir que j'approfondisse<br />

tout cela, ça m'a l'air terriblement important.<br />

18 juin<br />

5 h. Je me réveille en sursaut, couvert <strong>de</strong> sueur et je n'arrive pas à m'arracher <strong><strong>de</strong>s</strong> affres <strong>de</strong> mon cauchemar<br />

: accrochée <strong>de</strong>rrière <strong><strong>de</strong>s</strong> barreaux, une femme hirsute, défigurée par sa maigreur, les yeux hagards, la bouche<br />

é<strong>de</strong>ntée gran<strong>de</strong> ouverte, les vêtements sales et en lambeaux, qui hurlait et, entre <strong>de</strong>ux hurlements, riait du<br />

même rire effrayant <strong>de</strong> l'autre soir...<br />

J'ai été incapable <strong>de</strong> me rendormir. Je n'y tenais d'ailleurs pas<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> pieds à peine posés par terre, voila que j'ai mal au coeur et envie <strong>de</strong> vomir. Je ne touche même pas à<br />

mon café que je laisse à Jean.<br />

11 h. Plié en <strong>de</strong>ux, je me tiens le ventre tellement j'ai mal. Je n'ose plus m'asseoir car, par <strong><strong>de</strong>s</strong>sus le marché,<br />

j'ai droit à une crise d'hémorroï<strong><strong>de</strong>s</strong>. Quand ça va mal, tout va mal.<br />

Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si cela ne vient pas <strong>de</strong> notre "dînette" d'hier soir : Avant <strong>de</strong> nous coucher, nous avons<br />

"dégusté" quelques tartines <strong>de</strong> pain beurrées avec un gros oignon que nous trempions, <strong>de</strong> temps en temps,<br />

dans un peu d'huile. Quoi qu'il en soit, je frappe et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à notre cher maton <strong>de</strong> bien vouloir avoir<br />

l'extrême obligeance - ouf ! - <strong>de</strong> m'apporter un suppositoire <strong>de</strong> "préparation H". C'est radical pour les<br />

hémorroï<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Bien entendu, il revient peu après pour nous dire qu'il n'y en a plus mais qu'on allait s'en procurer.<br />

15 h. <strong>Le</strong> suppo est là... et la douleur s'en va. Du moins, petit à petit, en ce qui concerne les hémorroï<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

19 juin


107<br />

Jean semble en pleine forme et, contrairement à son habitu<strong>de</strong>, se lève à la première sonnerie <strong>de</strong> 6 heures<br />

45. Il essaie <strong>de</strong> me virer <strong>de</strong> mon lit mais y renonce lorsqu'il voit que je n'ai réellement pas envie <strong>de</strong> chahuter.<br />

- Du nerf, bon sang ! Remue-toi !<br />

Je fais <strong>de</strong> mon mieux mais j'ai la tête qui tourne et un cafard fou encore accentué par un mal au ventre qui<br />

s'est transformé en usine à gaz. Des gaz qui partent sans arrêt. Heureusement sans bruit et presque sans<br />

o<strong>de</strong>ur.<br />

Je suis exténué à tâcher continuellement d'éviter que ça s'enten<strong>de</strong>. J'en ai l'anus aussi bouillant qu'un cratère<br />

en éruption.<br />

J'ai mis un oreiller sur la chaise et, pendant toute la matinée, je suis resté, la tête dans les bras, affalé sur la<br />

table. Ça ne doit pas être marrant pour les autres mais je me sens vidé, vidé, vidé.<br />

Je me suis même senti incapable d'aller à la messe.<br />

*****<br />

Après midi, j'écris à Maître <strong>Le</strong>blond pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles <strong>de</strong> la mise en liberté provisoire qu'il<br />

m'a promis <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l'échéance <strong><strong>de</strong>s</strong> trois mois. Trois mois, ce sera <strong>de</strong>main... et je n'en peux plus ! Je me<br />

sens oppressé par un mauvais pressentiment. La maladie <strong>de</strong> maman me trouble et m'affole. Il faut, il faut<br />

absolument que je rentre.<br />

Je lui explique et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'avoir la gentillesse d'aller la voir, <strong>de</strong> la rassurer au besoin et <strong>de</strong> me tenir au<br />

courant.<br />

20 juin<br />

Mon moteur à échappement libre me torture toujours autant. Cette nuit, vers 3 heures, je me tordais<br />

comme pris <strong>de</strong> violentes diarrhées.<br />

N'y tenant plus, je me lève, <strong><strong>de</strong>s</strong>cends le plus doucement possible ce qui n'est pas facile étant donné que je<br />

dors en haut ; je vérifie le plein <strong>de</strong> la chasse d'eau car, bien entendu, elle fuit et nous sommes obligés,<br />

lorsqu'elle est remplie, <strong>de</strong> fermer le robinet, ce qu'on oublie souvent ; Je m'installe du mieux que je peux :<br />

aucune colique mais une pétara<strong>de</strong> hallucinante <strong>de</strong> pets - une série <strong>de</strong> pets, c'est bien ce qu'on appelle une<br />

pétara<strong>de</strong>, non ? - que je ne peux absolument pas contrôler. Réveil en fanfare <strong>de</strong> toute la chambrée. Cris.<br />

Râles. Puis rires.<br />

Après quelques acrobaties pour emplir la chasse d'eau et fermer le robinet, tout en me confondant en<br />

excuses, je me couche sur le ventre pour essayer <strong>de</strong> le réchauffer. Sans résultat. <strong>Le</strong> matelas est si peu épais<br />

que j'ai l'impression d'avoir encore plus froid. Je me retourne donc sur le dos et pose, sur mon ventre, une<br />

couverture pliée en quatre.<br />

Au lever, je mets mon anorak et m'assieds, plié en <strong>de</strong>ux, sur le lit.<br />

A 10 h., sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'en a faite Jean pendant la promena<strong>de</strong>, une jeune fille, une infirmière sans doute<br />

- je ne l'ai jamais vue - passe avec une caisse et quelques médicaments. Elle n'a rien, me dit-elle, ni pour les<br />

coliques ni pour les gaz. Elle cherche toutefois et déniche enfin <strong><strong>de</strong>s</strong> comprimés <strong>de</strong> charbon <strong>de</strong> bois.<br />

Est-ce un hasard ? Lorsque le repas arrive, les gaz ont disparu.<br />

*****<br />

Voila trois jours que je n'ai rien fait. J'en serais incapable.<br />

21 juin<br />

Enfin, une nuit paisible. J'ai même commencé à composer un poème parfumé d'espoir.<br />

Qu'importe nos soucis, nos peines, nos revers,<br />

<strong>Le</strong> cauchemar et la névrose !<br />

<strong>Le</strong> soleil brille encore et les astres sont verts :<br />

Dès que la sève monte, on se métamorphose ;<br />

<strong>Le</strong> levain <strong>de</strong> l'espoir fermente l'univers :


A l'aurore naîtra la rose...<br />

108<br />

10 h. Adieu veau, vache, cochon, couvée...<br />

Montes vient d'entrer pour me faire signer le refus, par le juge d'instruction, <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> liberté.<br />

L'effondrement ! Et pourtant j'y croyais. A quoi ça sert donc d'être innocent ? Il n'y a aucune preuve qui<br />

puisse attester que je suis personnellement l'auteur <strong>de</strong> ce viol. Si Simone m'a vu, c'est avant. Elle l'a dit en ma<br />

présence. Et, malgré cela, je vais moisir ici, <strong><strong>de</strong>s</strong> mois encore si ce n'est <strong><strong>de</strong>s</strong> années.<br />

Il est courant, m'a-t-on dit, que <strong><strong>de</strong>s</strong> violeurs restaient incarcérés pendant plus d'un an avant d'être jugés.<br />

Ce n'est pas possible, maman sera morte avant. Je dois sortir. Il faut que je sorte.<br />

15 h. - Grivelot ! Parloir !<br />

Maître <strong>Le</strong>blond n'a pas tardé, un bon point pour lui. Je le regar<strong>de</strong>, involontairement, en souriant, à voir sa<br />

mine affligée <strong>de</strong> circonstance.<br />

- La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise en liberté a été...<br />

- Je sais. J'ai signé ce matin.<br />

- Il ne faut pas désespérer, j'ai fait appel immédiatement et..<br />

- Je n'y crois pas, Maître. En général, tous les refus <strong>de</strong> mise en liberté dont j'ai eu connaissance, ont été<br />

confirmés en appel. Je n'y crois pas. J'ai beau être innocent, je suis un violeur en puissance présumé<br />

coupable contrairement à ce que dit la loi. J'en ai pour plus d'un an et ça, je ne peux pas l'accepter, ma<br />

mère sera morte avant.<br />

Avez-vous pu la voir ?<br />

Sympa, le gars. Il y est allé. Elle était couchée. <strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin venait <strong>de</strong> passer. Il lui avait ordonné <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />

la chambre pendant quinze jours avec toute une série <strong>de</strong> médicaments. Madame Foulon <strong>de</strong>vait s'en charger.<br />

- A première vue, ce n'est qu'une petite grippe. Dans quelques jours, il n'y paraîtra plus. Je repasserai la<br />

voir avant ma prochaine visite.<br />

Vous dîtes que vous ne pouvez l'accepter mais nous ne pouvons rien faire, que d'attendre le résultat <strong>de</strong><br />

l'appel. Comptez sur moi pour faire le maximum.<br />

- Dans quelques mois, je serai sorti, Maître.<br />

- Comment ?<br />

- Dès <strong>de</strong>main, j'entame une grève <strong>de</strong> la faim. Pas une grève "bidon" <strong>de</strong> quelques jours, non, une vraie<br />

grève, complète que je n'arrêterai qu'une fois libéré. Je ne peux pas laisser ma mère dans cet état et seule.<br />

<strong>Le</strong> bon droit ne peut pas ne pas triompher. S'il y a un Dieu - elle y croit et je m'efforce d'y croire - je sortirai<br />

bientôt.<br />

Je ne sais ce qui m'a pris. Je n'y avais pas pensé auparavant, c'est sorti presque malgré moi.<br />

De retour en cellule, j'ai tout expliqué à Jean. Gravement :<br />

- Surtout, je compte sur toi pour me soutenir. Pas <strong>de</strong> vacherie. Sois chic. Il faut que je tienne aussi<br />

longtemps qu'il le faudra.<br />

22 juin<br />

Je ne sais pas pourquoi mais, d'avoir pris cette décision, je me sens calme et dispos.<br />

A peine levé, je me suis attelé aux trois lettres qu'il me faut envoyer : au juge d'instruction, au surveillant<br />

chef et à maman.<br />

Monsieur le juge,<br />

Je vous informe qu'à la suite <strong>de</strong> votre refus à ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise en liberté provisoire, j'entame, ce<br />

jour, une grève <strong>de</strong> la faim totale et illimitée afin d'obtenir satisfaction.<br />

Vous avez dû comprendre que je suis innocent <strong>de</strong> ce qui m'est reproché et que, <strong>de</strong> ce fait, je ne peux<br />

accepter une telle injustice alors que ma mère dont je suis le seul soutien, en est mala<strong>de</strong> et ne survivra pas si<br />

je ne peux lui venir en ai<strong>de</strong>.<br />

Je préfère mourir s'il le faut mais Dieu qui son<strong>de</strong> les reins et les coeurs, ne le permettra pas.


Veuillez...<br />

109<br />

*****<br />

Monsieur le surveillant général,<br />

Je vous informe que j'entame, ce jour, une grève <strong>de</strong> la faim illimitée suite au refus, par le juge<br />

d'instruction, <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise en liberté provisoire.<br />

Je vous joins le double <strong>de</strong> la lettre que je lui adresse.<br />

Bien entendu, cette grève <strong>de</strong> la faim n'a rien à voir avec une quelconque critique à votre égard ou au<br />

régime <strong>de</strong> la prison. Tout au contraire.<br />

Veuillez...<br />

*****<br />

Ma chère maman,<br />

Maître <strong>Le</strong>blond est venu me voir pour me tenir au courant <strong>de</strong> ta santé. Il m'a promis <strong>de</strong> repasser. Soignetoi<br />

bien que je te trouve en pleine forme lorsque je rentrerai à la maison.<br />

Il a <strong>de</strong>mandé une mise en liberté que le juge a refusée. C'est absur<strong>de</strong> car je ne suis pas coupable. Rien ne<br />

le prouve d'ailleurs. Et rien ne pourrait le prouver.<br />

Je n'ai pas envie <strong>de</strong> moisir ici, aussi j'ai décidé d'entamer une grève <strong>de</strong> la faim pour les forcer à me<br />

mettre <strong>de</strong>hors. Ne te tracasse surtout pas car ce n'est pas terrible. Je ferai attention. Et c'est excellent pour<br />

la ligne : mes 92 kilos vont enfin pouvoir fondre...<br />

Essaie d'en glisser un mot à Simone et à ses parents.<br />

Je t'embrasse bien tendrement.<br />

Je frappe et remets les trois lettres au maton.<br />

Aussitôt le surveillant chef me convoque. Je lui explique et lui confirme que c'est sérieux et qu'il est inutile<br />

d'essayer <strong>de</strong> m'arrêter. Je ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> même pas à être isolé. Seulement <strong>de</strong> pouvoir cantiner <strong>de</strong> l'eau minérale<br />

car il est indispensable <strong>de</strong> boire au moins un litre à un litre et <strong>de</strong>mi d'eau par jour pour ne pas se bloquer les<br />

reins ce qui serait dramatique. Et j'ai envie <strong>de</strong> sortir vivant.<br />

Il semble surpris <strong>de</strong> ma détermination et <strong>de</strong> mon calme et m'autorise à cantiner <strong>de</strong> suite l'eau que je<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>.


110<br />

La grève <strong>de</strong> la faim<br />

24 juin - 2ème jour.<br />

L'opération "grève finale" est lancée. Je vais essayer d'en noter les différentes réactions tout en menant une<br />

vie la plus calme et la plus détendue possible, jusqu'à mon hospitalisation car je sais très bien qu'ils ne<br />

cé<strong>de</strong>ront pas avant.<br />

Ce matin, visite médicale. Déjà ! Pour une fois, ils n'atten<strong>de</strong>nt pas. Je préfère cela ; au moins, c'est net.<br />

Pesée : 88,60 - Tension : 11/6.<br />

Ce soir, je ne le montre pas mais je sens qu'au <strong>de</strong>dans <strong>de</strong> moi, je ne suis qu'un paquet <strong>de</strong> nerfs.<br />

Je refuse les plats. Il paraît que je dois les gar<strong>de</strong>r, alors, je les pose près <strong>de</strong> la porte.<br />

Mal à la tête.<br />

25 juin - 3ème jour<br />

Pesée : 86,900 - moins 1 kg 700 en 24 heures. L'infirmière n'en revient pas. Personnellement, je trouve<br />

cette baisse normale : le trop plein qui s'en va !<br />

Journée calme, je suis détendu. <strong>Le</strong> mal <strong>de</strong> tête s'est envolé pendant la nuit.<br />

Un accrochage avec le maton qui, le soir, ne voulait même pas reprendre mon repas <strong>de</strong> la mi-journée. Sans<br />

m'énerver, je lui ai <strong>de</strong>mandé s'il avait une réserve <strong>de</strong> mort-aux-rats à liqui<strong>de</strong>r, on ne sait jamais... Et <strong>de</strong>vant sa<br />

mine ahurie car il ne comprenait pas, je lui ai remis un papier l'autorisant à transmettre mes restes à la Croix<br />

Rouge, pour les petits Biaffrais.<br />

Là, il est <strong>de</strong>venu furieux, il a tout emporté en s'écriant :<br />

- Vous faites le malin, Grivelot. Ça ne durera pas longtemps et vous le regretterez.<br />

26 juin - 4ème jour<br />

Pesée : 86. Près d'un kg encore en 24 heures. Toujours le trop plein.<br />

A partir <strong>de</strong> midi, ma bouche <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus pâteuse et les lèvres <strong>de</strong> plus en plus sèches. Pas <strong>de</strong> mal<br />

à la tête.<br />

Légèrement énervé, je n'arrive pas à me consacrer, d'une manière continue, sur un travail quelconque. Je<br />

n'insiste pas.<br />

J'écris au surveillant chef :<br />

Monsieur le surveillant général,<br />

Je vous serais obligé <strong>de</strong> bien vouloir me confirmer par écrit ce que je dois faire du manger que je refuse,<br />

matin, midi et soir.<br />

En effet, il n'existe, à ce sujet, aucune coordination parmi les surveillants, chacun contredisant l'autre, et je<br />

ne tiens pas à ce qu'on puisse mettre en doute l'intégralité <strong>de</strong> ma grève <strong>de</strong> la faim.<br />

D'autre part, il semble stupi<strong>de</strong> <strong>de</strong> gâcher du manger que mes camara<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> cellule ajouteraient bien à leur<br />

ordinaire mais qu'ils laissent se perdre pour ne pas nuire à mon action.<br />

A mon avis, ne rien perdre pendant vaudrait mieux que jeter ensuite.<br />

Je vous rappelle donc que, sauf justification écrite d'un article <strong>de</strong> règlement indiscutable, je m'opposerai<br />

désormais à ce qu'on m'oblige à gar<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> aliments dans la cellule. En vous remerciant <strong>de</strong> votre<br />

compréhension, je vous...<br />

L'eau est arrivée. J'entame mon premier litre.


111<br />

27 juin - 5ème jour<br />

Au lever, j'ai le coeur barbouillé et comme envie <strong>de</strong> vomir. Ça ne dure pas. Par moment, comme un début<br />

d'éblouissement mais, ça non plus, ça ne dure pas.<br />

J'assiste à la messe du dimanche et communie. <strong>Le</strong> détenu qui prépare les affaires avant la messe et les<br />

range après, me prévient qu'il doit être transféré la semaine prochaine et me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> le remplacer. Il<br />

tombe mal et je le lui dis.<br />

L'aumônier, déjà au courant, me prend à part, me réconforte et me donne quelques conseils car trop <strong>de</strong><br />

détenus, paraît-il, font <strong><strong>de</strong>s</strong> bêtises irréparables.<br />

- Puis-je faire quelque chose pour vous ?<br />

Je saisis l'occasion pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> me procurer une Bible. Il me le promet.<br />

*****<br />

Aucune réponse du surveillant chef. Au repas <strong>de</strong> midi, accrochage avec le maton qui insiste. Je lui conseille<br />

<strong>de</strong> revoir son règlement, lui lis ma lettre et, pendant qu'il écoute, bloque la porte avec mon pied et jette<br />

l'assiette dans le couloir.<br />

La journée se passe sans réaction <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités supérieures.<br />

A la distribution du souper, on ne me propose même pas <strong>de</strong> me servir. Un <strong><strong>de</strong>s</strong> détenus <strong>de</strong> corvée me fait<br />

un clin d'oeil avec un signe du pouce : Gagné !<br />

J'ai oublié <strong>de</strong> noter que, <strong>de</strong>puis 2 jours, surtout lorsque je suis couché, j'ai l'impression que mon coeur bat<br />

fort et vite.<br />

28 juin - 6ème jour.<br />

J'ai très peu dormi. Je me réveillais sans arrêt avec l'impression <strong>de</strong> sentir mon coeur battre la chama<strong>de</strong> - j'ai<br />

lu ce mot tout récemment, il me plaît... - et une pointe douloureuse au côté gauche, à hauteur du coeur,<br />

lorsque j'étais couché sur le côté droit.<br />

Dès mon lever, un fort mal au rein qui dure si je reste assis ou si je me mets <strong>de</strong>bout. Si je marche, il<br />

s'arrête.<br />

Comme une o<strong>de</strong>ur, une gêne indéfinie, dans la bouche. A la pesée, l'infirmière me dit :<br />

- Oh ! Vous avez déjà <strong>de</strong> l'acétone ! Ça se sent.<br />

Pesée : 83,700. Moins 4 kg 900. Tension : 12/7. Splendi<strong>de</strong>.<br />

J'urine normalement. Au lever, j'ai même réussi à déféquer : 2 bisquaillins.<br />

29 juin - 7ème jour.<br />

Je dors mal, me réveille souvent, me sens comme oppressé et j'écoute mon coeur qui bat, avec le sentiment<br />

<strong>de</strong> n'avoir absolument pas besoin <strong>de</strong> sommeil.<br />

Pesée : 83,100. Moins 5 kg 500.<br />

30 juin - 8ème jour<br />

Première journée où le poids reste stationnaire.<br />

J'ai bien dormi. Journée décontractée que je passe presque toujours allongé.<br />

La forme, la pleine forme !<br />

J'en profite pour écrire à maman afin <strong>de</strong> lui transmettre un peu <strong>de</strong> mon optimisme.<br />

1er juillet - 9ème jour.<br />

La <strong>de</strong>uxième semaine est entamée. Pesée : 81,900. Près <strong>de</strong> 7 kg en moins, ce n'est pas mal.<br />

Bonne journée passée presque toujours allongé, comme hier. Une bonne journée quoique, comme tous les<br />

jours, le réveil est plus ou moins pénible. Je ne "pète le feu", pratiquement, que l'après midi et le soir.


112<br />

J'apprécie la solitu<strong>de</strong> car nous sommes seuls, Jean et moi et, <strong>de</strong> plus, Jean, comme prévu, a commencé son<br />

travail à la comptabilité. Il ne revient que pour les repas et la soirée, bien entendu. Il rayonne également.<br />

L'après midi, visite <strong>de</strong> l'aumônier et <strong>de</strong> l'avocat.<br />

L'aumônier m'a apporté la Bible que je lui avais <strong>de</strong>mandée en me faisant promettre <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong>r même<br />

après ma sortie. Une promesse facile à faire et à tenir.<br />

Maître <strong>Le</strong>blond a vu maman. Elle tient toujours le lit mais sans présenter le moindre signe d'aggravation,<br />

tout au contraire. Elle se fait du souci, je le crois facilement. Il l'a rassurée et repasse la voir en sortant pour<br />

lui donner <strong>de</strong> mes nouvelles.<br />

Il s'inquiète pour ma grève ; je lui présente mes annotations et c'est moi qui le rassure. Bien brave. J'espère<br />

que tous les avocats lui ressemblent...<br />

2 juillet - 10ème jour<br />

J'ai bien dormi mais le réveil est encore plus pénible que d'habitu<strong>de</strong>. J'ai le coeur barbouillé et j'ai un mal<br />

fou à réagir.<br />

Stupeur : J'urine et vais à la selle. 3 grosses billes ! D'où peuvent-elles venir ?<br />

Pesée : 81,400. Moins 7 kg 200. Tension : 12/7. Pouls : 84.<br />

Je m'allonge et commence ma cure <strong>de</strong> Bible arrosée <strong>de</strong> Vittel.<br />

3 juillet - 11ème jour<br />

Fatigue. Bouche pâteuse. Poids stable. Bible et Vittel.<br />

Puis la surprise !<br />

11 h. Jean arrive <strong>de</strong> sa comptabilité pour le repas. Un Jean hilare qui entre accompagné d'un maton<br />

apparemment bien au courant <strong>de</strong> je ne sais pas quoi car ils se poilent drôlement tous les <strong>de</strong>ux.<br />

- C'est bon ! Ça vous amuse tant que ça, ma bille <strong>de</strong> clown ?<br />

<strong>Le</strong> maton fait <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts pour re<strong>de</strong>venir sérieux et, prenant la pose <strong>de</strong> circonstance :<br />

- Grivelot ! Signez ! Vous avez un mandat <strong>de</strong> 800 francs !<br />

Il précise tout en gloussant :<br />

- Un mandat-lettre, sans adresse, ni sur le mandat ni sur l'enveloppe.<br />

Incroyable ! Eux se tor<strong>de</strong>nt littéralement à me voir pétrifié <strong>de</strong> stupéfaction.<br />

Un mois, jour pour jour. Et juste quand je fais la grève <strong>de</strong> la faim !<br />

Mais qui qu'c'est'y qu'c'est<br />

4 juillet - 12ème jour<br />

Fatigue. Bouche pâteuse. Messe, communion. Bible et Vittel.<br />

5 juillet - 13ème jour<br />

Aucune baisse <strong>de</strong> poids, c'est bizarre. "Normal", qu'elle me dit l'infirmière.<br />

Lorsqu'on parle, j'ai, <strong>de</strong> temps en temps, l'oreille qui bourdonne comme en sortant d'une plongée et je<br />

n'entends plus grand chose. C'est la première fois que ce malaise m'arrive.<br />

Ce soir, pour la première fois également, brûlures d'estomac assez violentes. Je fais la grimace mais ne<br />

m'en vante pas.<br />

<strong>Le</strong> moral est excellent grâce à la Bible et au Vittel...<br />

6 juillet - 14ème jour<br />

Pesée : 80,500. Moins 8 kg 100. Ouf ! Ça plonge ! Je me <strong>de</strong>mandais où pouvais bien être passée ma<br />

graisse.<br />

<strong>Le</strong> matin, comme tous les jours, l'infirmière et, cet après midi, pour changer, le psychiatre. Je ne sais quels


113<br />

seront les termes <strong>de</strong> son rapport mais j'étais en pleine forme et lui ai expliqué calmement les tenants et<br />

aboutissants <strong>de</strong> mon affaire ainsi que ma détermination à tenir jusqu'au bout. J'ai eu droit, bien sûr, à un<br />

sermon et à une exhortation à cesser ce "petit jeu dangereux et inutile". Je pense qu'il a compris.<br />

<strong>Le</strong> soir, <strong>de</strong> nouveau, brûlures d'estomac.<br />

Bible et Vittel.<br />

7 juillet - 15ème jour<br />

Pesée : 80 kg. Mons 8 kg 600. Chute <strong>de</strong> tension : 10/6<br />

L'administration prend ses précautions. Hier, le psychiatre, aujourd'hui, l'expert.<br />

Une expertise ultra rapi<strong>de</strong> : quelques minutes ! Il me prend le pouls, me déclare que ma tension est en<br />

chute libre et que mon coeur est en baisse accélérée. Tout cela, sans aucun appareil. Pas même une montre.<br />

Chapeau !<br />

Je crois bien qu'il ne m'a même pas dit bonjour.<br />

8 juillet - 16ème jour<br />

Pesée : 79,400. Moins 9 kg 200. Tension : 10/6. Pouls : 84.<br />

Un moral du tonnerre.<br />

Bible et Vittel.<br />

Pesée : 79,100. Moins 9 kg 500. Tension 9/5<br />

9 juillet - 17ème jour<br />

Toute la nuit, j'ai eu <strong><strong>de</strong>s</strong> hauts le coeur à sentir la mauvaise o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> mon haleine. Il faudra pourtant que je<br />

m'y fasse puisque cette sécrétion d'acétone est typique aux grévistes et ne pourra que s'accentuer.<br />

Lorsque je ne dors pas ou que je n'ai pas envie <strong>de</strong> lire, j'ai trouvé un moyen excellent pour me décontracter<br />

: je ferme les yeux et rêve, tout éveillé, en imaginant mon rêve : une île déserte que je conçois et aménage...<br />

Tout y est simple et pur... Et le temps passe comme par enchantement.<br />

Dans la journée, entre <strong>de</strong>ux portions <strong>de</strong> rêve : Bible et Vittel.<br />

10 juillet - - 18ème jour<br />

Poids stable. Tension aussi : 9/5.<br />

Un moral soli<strong>de</strong> comme un roc, comme le plus beau <strong><strong>de</strong>s</strong> rocs qui parsèment mon île.<br />

Et je viens <strong>de</strong> m'apercevoir d'un fait incroyable dont je ne m'étais pas rendu compte, trop occupé par le<br />

reste : Je n'ai pas faim. Je n'ai jamais eu la moindre sensation <strong>de</strong> faim. C'est inimaginable ! Alors qu'on la<br />

ressent tous les jours si le repas n'arrive pas à l'heure ?<br />

J'en parle à Jean, dès son retour.<br />

- Je l'avais bien remarqué mais je ne disais rien car j'admirais ta détermination. Et c'est cela<br />

l'explication : tu es si motivé que ton cerveau a suivi. C'est le principe même <strong>de</strong> la foi qui fait se soulever les<br />

montagnes. Continue. Tu auras <strong><strong>de</strong>s</strong> soucis, bien sûr, mais tu n'auras jamais faim. Jusqu'au bout. Tu as<br />

gagné, mon vieux.<br />

Sacré cerveau ! J'avais bien lu, je crois, quelque chose dans ce genre. Je ne pensais pas avoir à<br />

l'expérimenter.<br />

Au fond, c'est merveilleux !... Si quelqu'un lisait ces notes, je suis certain qu'il conseillerait un séjour en<br />

asile psychiatrique plutôt qu'en hôpital !<br />

Rêve, Bible et Vittel.<br />

11 juillet - 19ème jour<br />

Dimanche. Messe. Je m'y rends en marchant doucement et en longeant les murs. Ça va tout juste. Mon<br />

acétone m'accompagne consciencieusement et je suis l'objet <strong>de</strong> tous les regards. De tous les égards. La


ve<strong>de</strong>tte d'un jour.<br />

L'aumônier vient prendre <strong>de</strong> mes nouvelles.<br />

114<br />

12 juillet - 20ème jour<br />

Pas <strong>de</strong> pesée aujourd'hui mais paquetage. Un au revoir un peu ému à Jean qui me fait promettre et me<br />

promet <strong>de</strong> tout faire pour qu'on puisse se rencontrer <strong>de</strong> nouveau lorsqu'on aura rejoint le paradis <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

libres... Philippe a <strong>de</strong>mandé à me saluer.<br />

On m'installe dans une 404 noire - ils ne peuvent donc pas changer <strong>de</strong> couleur ? -, avec ces chères<br />

menottes et <strong>de</strong>ux flics en uniformes... direction l'hôpital <strong>de</strong> Fresnes.<br />

*****<br />

21 h. <strong>Le</strong> calme et la douceur d'une chambre d'hôpital ! Quelle différence ! Nous ne sommes que <strong>de</strong>ux,<br />

allongés sur <strong>de</strong>ux vrais lits indépendants, <strong>de</strong> chaque côté d'une large fenêtre.<br />

Je respire et me sens revivre.<br />

Il y a bien <strong><strong>de</strong>s</strong> barreaux grillagés mais j'ai dans l'idée qu'ils se sont faits discrets ; je ne les remarque même<br />

pas ; je ne veux pas les voir.<br />

Au <strong>de</strong>là, <strong><strong>de</strong>s</strong> immeubles et une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> lumières ; un bruit sourd <strong>de</strong> voitures qui roulent ; le bruit,<br />

parfois, d'un avion qui décolle... un ensemble absolument pas gênant et qui crée une atmosphère bien<br />

sympathique.<br />

Je me sens bien avec une sensation <strong>de</strong> légèreté comme si j'avais pris une drogue euphorisante. Un<br />

sentiment <strong>de</strong> force et <strong>de</strong> bien-être.<br />

13 juillet<br />

La pièce est claire et accueillante avec ses murs bleu clair, sans une tache. Bernard, mon compagnon <strong>de</strong><br />

chambre, d'un abord tout aussi affable, l'a décorée avec goût, <strong>de</strong> posters <strong>de</strong> ve<strong>de</strong>ttes et <strong>de</strong> femmes en tenue<br />

légère, disons même sans tenue du tout - cela se doit - avec <strong><strong>de</strong>s</strong> ri<strong>de</strong>aux ajourés flambants le neuf.<br />

Il est ici <strong>de</strong>puis un peu plus <strong>de</strong> 6 mois, bien décidé à tout faire pour y rester étant donné que, <strong>de</strong> toute<br />

façon, son incarcération n'est pas près <strong>de</strong> s'achever... Son métier n'est guère apprécié par les membres du<br />

corps judiciaire : il ferait partie, me dit-il, <strong><strong>de</strong>s</strong> membres actifs <strong>de</strong> la société anonyme <strong><strong>de</strong>s</strong> tueurs professionnels<br />

et, par malchance, lui, aurait perdu, voici un peu plus d'un an, son anonymat...<br />

Je me <strong>de</strong>mandais, <strong>de</strong>puis la sonnerie du réveil, d'où pouvait provenir la douceur <strong>de</strong> la pièce. Il ne peut<br />

pourtant pas y avoir <strong>de</strong> feu à cette époque ; il n'y en a pas. Je m'aperçois que nous nous étions habitués à<br />

l'humidité <strong>de</strong> notre cellule alors qu'ici, l'air est sain et sec. <strong>Le</strong> Paradis, me dis-je... ou presque.<br />

9 h. Mais elle est jolie, jeune et jolie, notre infirmière ! Décidément, la maison d'arrêt semble bien loin.<br />

A peine entrée, elle renifle : "Grève <strong>de</strong> la faim !" Elle sourit, regar<strong>de</strong> la fiche accrochée au pied <strong>de</strong> mon lit,<br />

lit et, laissant son chariot couvert <strong>de</strong> médicaments, s'en va pour revenir, quelques instants plus tard, avec une<br />

balance.<br />

- Pas <strong>de</strong> chance, me dit-elle, la balance est détraquée, je ne garantis rien.<br />

Elle marque, en effet, - la balance, pas l'infirmière - 81 kg 500. Je ne peux m'empêcher <strong>de</strong> rire car, vendredi<br />

<strong>de</strong>rnier, il y a 5 jours, je pesais 79 kg100. En 5 jours, j'aurais donc pris 1 kg 900. De la folie pure. Je le lui dis.<br />

Ça n'a pas l'air <strong>de</strong> l'émouvoir. La tension semble suivre le même chemin : 11/6. Elle inscrit donc 11/6 et<br />

81,500 sur ma fiche. Je ne <strong>de</strong>vrais pas être d'accord.<br />

Mais je m'en fiche, je m'en fiche, je m'en fiche !<br />

*****<br />

Je déballe Bible, notes, bics et papier sur le guéridon - quel luxe ! - et me cale sur mon lit décidé à<br />

"bûcher" comme un chef. Car, dans les premiers jours <strong>de</strong> ma grève, j'ai pu lire une partie <strong>de</strong> la Bible et je suis<br />

tombé <strong>de</strong> haut. De très haut même : ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais.<br />

J'étais terrorisé à l'avance en me disant : "Que ce doit être compliqué !" En réalité, ça me semble simple.


115<br />

Très simple même. Je suis peut-être ignare et un peu con, mais j'ai le sentiment très net que les pères <strong>de</strong><br />

l'Église et leurs disciples se sont torturés les méninges pour lui faire dire, à cette Bible, ce qu'ils avaient envie<br />

d'entendre en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> dogmes qu'ils avaient décrétés. Et ils ont tout embrouillé et obscurci.<br />

En fin <strong>de</strong> compte, du moins en ce qui concerne les premiers livres, les plus importants, je crois, il semble<br />

que ce soit tout simplement le récit <strong>de</strong> notre histoire et <strong>de</strong> celle du peuple juif, racontée il y a 4.000 ans, par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> gens d'il y a 4.000 ans, pour <strong><strong>de</strong>s</strong> gens vivants il y a 4.000 ans. Ce qu'il ne faut surtout pas oublier, à mon<br />

humble avis, pour comprendre.<br />

C'est peut-être bête ce que j'écris mais c'est ce qui me tombe sous le sens. <strong><strong>Le</strong>s</strong> anciens sont "vieux-jeu" ;<br />

malgré leur valeur personnelle, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> antiquités. On n'y peut rien.<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> a évolué et cela s'accentue <strong>de</strong> plus en plus fort et <strong>de</strong> plus en plus vite.<br />

Au 19 ème siècle, il n'y a guère plus <strong>de</strong> 100 ans, <strong><strong>de</strong>s</strong> scientifiques parmi les plus éminents démontraient, soidisant<br />

scientifiquement, qu'un avion ne pourrait jamais voler parce que, pour soulever le poids d'un avion, il<br />

faudrait y ajouter un poids <strong>de</strong> carburant qui, ajouté au poids <strong>de</strong> l'avion, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait un nouveau poids <strong>de</strong><br />

carburant qui, ajouté... A la fin <strong>de</strong> ce 19 ème siècle, donc encore plus récemment, les respectables membres <strong>de</strong><br />

l'Institut traitèrent d'imposteur ventriloque celui qui vint leur présenter un phonographe... En 1922, il y a<br />

seulement 50 ans, les distingués élus <strong>de</strong> l'académie <strong><strong>de</strong>s</strong> sciences refusèrent d'écouter l'exposé d'un hurluberlu<br />

nommé Einstein...<br />

Où en sommes-nous maintenant ? Il n'est pas <strong>de</strong> jour où <strong>de</strong> nouvelles découvertes, en tous domaines, ne<br />

viennent enrichir notre savoir.<br />

Ces découvertes qui défient l'imagination semblent s'accélérer à l'infini. Mais auparavant ?<br />

Que dirait, par exemple, mon arrière grand-père s'il revenait et s'asseyait <strong>de</strong>vant la télé pour un reportage<br />

sur les réalisations <strong>de</strong> la NASA ? Alors, qu'en était-il, il y a 500 ans ? Il y a 1.000 ans ? Il y a 4.000 ans, aux<br />

temps <strong>de</strong> la Bible ?<br />

On mangeait avec ses doigts, on adorait la lune, les étoiles, le boeuf ou la vache et on tremblait d'effroi <strong>de</strong><br />

peur que le ciel ne nous tombe sur la tête...<br />

Et on écrivait, on décrivait, comme on pouvait, avec les mots d'alors. Tout simplement.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> scribes ne pouvaient donc interpréter la révélation qui leur était faite et qui les dépassait, qu'en<br />

fonction <strong>de</strong> ce qu'ils connaissaient et ils ne pouvaient l'écrire qu'avec leurs mots. Et non les nôtres.<br />

*****<br />

Même si l'on n'est pas croyant, il est indispensable <strong>de</strong> lire la Bible non seulement parce que l'Église nous dit<br />

que "c'est un livre sacré", mais par sa nature même, son ancienneté et son sérieux : il est bizarre, en effet, que<br />

bien qu'à cette époque les gens aient cru <strong><strong>de</strong>s</strong> absurdités sur la terre et l'univers, l'ancien testament ne dise que<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> vérités en gran<strong>de</strong> partie maintenant justifiables.<br />

Contrairement à ce qu'on croyait alors, elle précise que la terre est ron<strong>de</strong><br />

(Is. 40/22) il trône au <strong><strong>de</strong>s</strong>sus du cercle <strong>de</strong> la terre<br />

dont les habitants sont comme <strong><strong>de</strong>s</strong> sauterelles ;<br />

Il tend les cieux comme une toile<br />

les déploie comme une tente où l'on habite.<br />

et qu'elle est suspendue dans l'espace<br />

(Jb. 26/7) Il étend le septentrion sur le vi<strong>de</strong>,<br />

suspend la terre sur le néant.<br />

Dans un tout autre domaine, elle classe le lièvre dans la catégorie <strong><strong>de</strong>s</strong> ruminants, ce qui en fit rire plus d'un<br />

jusqu'à ce que nos savants découvrent que cet animal réingère ses aliments par un procédé dit <strong>de</strong><br />

"pseudorumination"<br />

(Lv. 11/6) Tout ce qui, parmi les animaux, a le sabot fourchu et fendu à <strong>de</strong>ux ongles et qui rumine, vous<br />

pourrez le manger... <strong>Le</strong> lièvre, qui rumine mais n'a pas <strong>de</strong> sabot fourchu : il est impur pour vous...<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> conseils d'hygiène <strong>de</strong> Moïse sont on ne peut plus exacts... sans oublier le délai <strong>de</strong> 8 jours nécessaire à<br />

la circoncision... De même, toutes les découvertes archéologiques qui ont toujours confirmé les récits qui s'y


116<br />

trouvent.<br />

Mais il faut la lire, sans idées préconçues, comme un récit rédigé voici plusieurs millénaires, avec, bien<br />

entendu, <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux d'hommes d'aujourd'hui.<br />

Je vais donc le reprendre autant que je le pourrai, par le début, calmement, en essayant <strong>de</strong> comprendre, à<br />

ma manière, suivant ce que je sais, sans a priori, sans m'occuper <strong>de</strong> ce qu'on a pu me dire avant et je vais<br />

noter, au fur et à mesure, ce qui me choque par rapport à ce qu'on m'a enseigné... Car, à première vue, ça ne<br />

colle pas, ça ne colle pas du tout.<br />

Partant du principe, peut-être idiot, que 2 + 2 font 4 et que, lorsqu'on dit "cochon", on ne parle pas d'une<br />

bourrique, ça m'a semblé on ne peut plus compréhensible.<br />

Je crois en Dieu. Je crois en Dieu parce qu'on ne peut pas ne pas y croire pour une raison toute bête : Il ne<br />

peut pas ne pas exister car rien ne vient <strong>de</strong> rien. Même si notre univers provient d'un grand bing bang, il fallait<br />

qu'il y ait eu quelque chose auparavant. Et avant cet auparavant. Il n'y a donc jamais eu <strong>de</strong> néant, si ce n'est<br />

cette entité pour nous inconcevable. Et tout est si parfaitement ordonné qu'il faut obligatoirement qu'il y ait,<br />

couvrant cela, quelque chose dépassant notre pauvre intelligence et qui correspon<strong>de</strong> à ce qu'on appelle Dieu.<br />

Je crois en Dieu mais je me le <strong>de</strong>man<strong>de</strong> bien : Qui donc est Dieu ?<br />

<strong>Le</strong> saurai-je jamais ?<br />

La Bible nous reste en témoignage ; je vais la reprendre, posément, en essayant <strong>de</strong> la comprendre, à ma<br />

manière qui ferait certainement rougir un érudit. Mais je m'en fous.<br />

14 juillet<br />

Notre infirmière a beau être souriante et jolie, je ne suis pas d'accord sur les résultats <strong>de</strong> sa pesée : 79 kg<br />

600. Moins qu'hier, d'accord, mais absolument pas en rapport avec la réalité. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'ils ne le font<br />

pas exprès. Je sens qu'on ne va pas être copains longtemps. Par contre, la bouteille <strong>de</strong> Vittel est là, je n'ai<br />

même pas besoin <strong>de</strong> la cantiner.<br />

Avant toute chose j'écris à Maître <strong>Le</strong>blond et à maman pour les tenir au courant et les rassurer.<br />

*****<br />

Ma pauvre maman, pardonne moi ! Je ne te l'écrirai jamais, tu serais outrée, mais, hier, j'ai lu et relu les 6<br />

premiers chapitres <strong>de</strong> la Genèse et ça me semble on ne peut plus clair : Sur la terre, c'était le bor<strong>de</strong>l, un beau<br />

"tohu bohu" ; on ne voyait plus rien, les ténèbres recouvraient tout. Un groupe d'êtres, faits comme nous,<br />

arrivent. Sûrement pas d'un autre coin du globe, mais d'ailleurs, dans un engin qui provoquait un sacré<br />

déplacement d'air car il est écrit : "Un vent <strong>de</strong> Dieu tournoyait sur les eaux." Yahvé/Jéhovah en est leur chef<br />

et ils font le ménage en éliminant ce qui créait ces ténèbres : Pollution maximum ? Gaz ? Débris interstellaires<br />

? Tout peut être envisagé.<br />

Lorsque tout est dégagé, la clarté revient : il y eut le jour, il y eut la nuit et le firmament apparut...<br />

Ils s'occupèrent alors <strong>de</strong> dégager les terres <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux, veillèrent à l'ensemencement <strong>de</strong> la verdure puis <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

animaux en les implantant ou en sauvant ceux qui, peut-être, avaient survécu. Enfin, quand la planète <strong>de</strong>vint<br />

ou re<strong>de</strong>vint vivable, Yahvé/Jéhovah créa l'homme "à son image et à sa ressemblance", c'est on ne peut plus<br />

clair. Avec un morceau <strong>de</strong> terre ? Cela semble une image qui nous indique qu'il utilisa quelque chose qui<br />

existait déjà. Ne serait-ce pas là le chaînon manquant entre le singe et l'homme ? Entre l'homme préhistorique<br />

et l'homme mo<strong>de</strong>rne ? Pourquoi pas ! Yahvé/Jéhovah et son équipe <strong>de</strong>vaient être sacrément évolués pour être<br />

arrivés sur terre et en avoir fait le nettoyage ! Scientifiquement, leurs biologistes n'eurent aucun problème<br />

pour introduire ou modifier les gênes <strong>de</strong> ce qui existait déjà afin d'obtenir, avec un <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments existant sur la<br />

terre, un homme i<strong>de</strong>ntique à eux. Une manipulation génétique que nos savants seraient presque capables <strong>de</strong><br />

réaliser.<br />

C'était certainement une gran<strong>de</strong> expérience et ils bichonnèrent leur créature en la parquant dans un enclos<br />

avec tout ce dont elle avait besoin : l'E<strong>de</strong>n. Cela avait beau être un Paradis Terrestre, c'était quand même un<br />

peu comme un zoo ; l'homme ressemblait à un oiseau nourri et choyé mais pourtant en cage. Satan, un<br />

individuel <strong>de</strong> l'équipe, n'était pas d'accord et décida <strong>de</strong> donner un coup <strong>de</strong> pouce supplémentaire pour que<br />

l'homme franchisse un <strong>de</strong>rnier sta<strong>de</strong> et rompe ses chaînes. Il se débrouilla pour lui faire manger la pomme...


117<br />

Un symbole encore. De toute façon, celui qui écrivit ce récit, ne pouvait le dire autrement quoi qu'ait fait ce<br />

Satan. Si ce <strong>de</strong>rnier, par exemple, avait incorporé à l'homme <strong>de</strong> nouvelles gênes, comment le narrateur auraitil<br />

pu le dire, ce terme et la nature <strong>de</strong> ce terme lui étant inconnus. Comment aurait-on pu le lui faire dire<br />

autrement, car celui qui a écrit ces récits, ne les a pas vécus, bien entendu. Ils lui ont été mentalement dictés<br />

avec toute la précision indispensable. On s'est longtemps extasiés <strong>de</strong> cette "inspiration divine" ; mais ce n'est<br />

pas plus exceptionnel que l'archange Gabriel dictant le Coran à Mahomet ou les médiums écrivant, peignant<br />

ou dévoilant le présent, le passé et le futur sur <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres d'on ne sait qui ou d'on ne sait quoi. Tout se rejoint.<br />

On pourrait dire, au risque <strong>de</strong> scandaliser certains, que les prophètes qui ont écrit ces textes, étaient<br />

d'excellents médiums.<br />

Ce Satan trouble-fête ne fut pas éliminé, pour son intervention, par Yahvé/Jéhovah, car on le revoit<br />

intervenir dans Job 1/6 "Il advint un jour que les fils <strong><strong>de</strong>s</strong> Élohim vinrent se présenter <strong>de</strong>vant Yahvé/Jéhovah<br />

et Satan vint aussi parmi eux."<br />

Je regrette, maman, mais s'il y a un Dieu et j'y crois plus que jamais, ce n'est pas Yahvé/Jéhovah, ça ne<br />

peut pas être Yahvé/Jéhovah. Qu'il ait été, pour nous, la main <strong>de</strong> Dieu, d'accord, mais Dieu, d'après ce récit,<br />

au fond presque lumineux, ce ne peut être lui.<br />

Que les premiers hommes l'aient pris pour un Dieu - ce qui a dû singulièrement l'arranger lors du contrôle<br />

on ne peut plus laborieux qu'il a fait ensuite <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong> sa créature -, ça tombe sous le sens. C'est<br />

d'ailleurs ce qui arriverait encore maintenant si une équipe d'aviateurs atterrissait au milieu d'une jungle<br />

sauvage parmi <strong><strong>de</strong>s</strong> indigènes vivant encore dans leur isolement comme nos ancêtres <strong>de</strong> la préhistoire.<br />

Yahvé/Jéhovah lui-même le confirme lorsqu'il donne pouvoir à Moïse <strong>de</strong> faire quelques miracles pour<br />

impressionner les Israélites et le pharaon. Comme Moïse n'est pas un orateur, Yahvé/Jéhovah lui adjoint son<br />

frère Aaron, beau parleur, lui. Il rassure Moïse car (Ex 4/16/) "c'est lui qui parlera pour toi au peuple ; il te<br />

tiendra lieu <strong>de</strong> bouche et tu seras, pour lui, un dieu". Un peu plus loin (Ex 7/1) Yahvé/Jéhovah dit à Moïse :<br />

"Vois, j'ai fait <strong>de</strong> toi un dieu pour Pharaon et Aaron, ton frère, sera ton prophète."<br />

Il résume ainsi, si j'ose dire, la Bible elle-même. C'est écrit, je n'invente rien.<br />

D'où venaient-ils ? Mon Dieu, avec ce que nous savons maintenant <strong>de</strong> l'univers, <strong>de</strong> ses galaxies, <strong>de</strong> ses<br />

millions <strong>de</strong> soleils réchauffant, on en est certain, <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> planètes où la vie est possible, ils venaient<br />

certainement <strong>de</strong> très loin, là où une civilisation s'était développée à un point tel que nous ne sommes, vis à vis<br />

d'eux, que <strong>de</strong> bien petits garçons. Mais ça vient ! Doucement, tout doucement, mais ça vient !<br />

<strong>Le</strong>ur ou leurs astronefs <strong>de</strong>vait avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> possibilités que nous ne pouvons peut-être même pas soupçonner<br />

et que ceux qui écrivirent la Bible, complètement dépassés par ce qu'ils ne pouvaient comprendre, décrivirent<br />

bien simplement, d'après les images connues qu'ils s'en faisaient et avec leurs mots à eux.<br />

Ainsi, dès le début (Gn 1/2), on lit : "Un vent <strong>de</strong> Dieu tournoyait sur les eaux." Admettons qu'un énorme<br />

engin volant fonctionnant sur le principe <strong>de</strong> l'hélicoptère - j'écris "hélicoptère" mais même pas, la grosseur <strong>de</strong><br />

l'engin, son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> propulsion et sa vitesse, ça doit suffire très largement -, passe et repasse brassant l'air et<br />

soulevant les vagues, comment pourraient-ils le décrire autrement ?<br />

Toute les <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions que j'ai pu en lire - il m'en reste encore beaucoup à découvrir - s'expliquent presque<br />

banalement si je les retranscris dans cette optique.<br />

Ainsi lors <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> Élie : (2R 2/11) "Or comme Élie et Élisée marchaient en conversant, voici<br />

qu'un char <strong>de</strong> feu et <strong><strong>de</strong>s</strong> chevaux <strong>de</strong> feu se mirent entre eux <strong>de</strong>ux et Élie monta au ciel dans un tourbillon"<br />

Un engin volant propulsé par <strong><strong>de</strong>s</strong> tuyères et brassant l'air, récupère Élie et l'emmène en haut, dans l'astronef<br />

ou la station en orbite. C'est parfaitement décrit par le pauvre scribe qui n'y peut mais. Pourquoi chercher midi<br />

à quatorze heures ?<br />

Car ça se passe bien "là-haut". (Gn 5/24), il est écrit : Hénok (père <strong>de</strong> Mathusalem) marcha avec Dieu,<br />

puis il disparut car Dieu l'enleva. A 325 ans, Hénok est rappelé par Dieu. Comme Élie.<br />

15 juillet<br />

Pas d'accord, ma belle infirmière. Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> limites à ne pas dépasser. Cette fois-ci, la balance indique 81<br />

kg. 800, soit une augmentation, <strong>de</strong>puis hier, <strong>de</strong> 2 kg. 200 et <strong>de</strong> 2 kg. 700 <strong>de</strong>puis le 9 juillet. Je me fâche et lui<br />

crie littéralement <strong><strong>de</strong>s</strong> mots pas très aimables alors qu'elle n'y est peut-être pour rien. Je refuse <strong>de</strong> prendre ma


118<br />

tension et mes pulsations cardiaques et sors une feuille pour râler auprès du directeur.<br />

Monsieur le Directeur,<br />

Par la présente, je viens déposer une plainte pour utilisation d'une balance <strong>de</strong> pesage complètement<br />

déréglée et qui fausse gravement mon dossier.<br />

Je vous serais obligé <strong>de</strong> bien vouloir m'en accuser réception.<br />

Lorsque je suis arrivé, mardi <strong>de</strong>rnier, l'infirmière m'a déconseillé <strong>de</strong> me peser, la balance, d'après elle,<br />

ne fonctionnant pas. J'ai insisté et j'obtiens <strong><strong>de</strong>s</strong> chiffres absolument ahurissants.<br />

<strong>Le</strong> plus grave, c'est qu'hier, je pesais 79 kg 60 et aujourd'hui, 81,800.<br />

Cela tourne à la bouffonnerie mais à une bouffonnerie dramatique car elle met en doute la valeur <strong>de</strong> la<br />

grève que j'effectue pourtant dans son intégralité.<br />

En toute conscience et au nom <strong>de</strong> la plus simple justice, je vous prie, monsieur le directeur, d'enregistrer<br />

cette plainte, <strong>de</strong> veiller à ce que pareille inci<strong>de</strong>nt ne se renouvelle pas et à ce que les indications faussées<br />

soient rayées <strong>de</strong> mon dossier.<br />

Je suis dans l'obligation <strong>de</strong> transmettre cette supplique à mon avocat.<br />

Veuillez...<br />

*****<br />

Bernard, mis en confiance, m'a parlé longuement <strong>de</strong> sa profession et du co<strong>de</strong> d'honneur qui la régit : Un<br />

mandataire s'il a payé, ne risque rien, absolument rien. D'après lui. Quoi qu'il arrive. Un tueur <strong>de</strong> métier<br />

respectera son contrat et ne dénoncera jamais même s'il doit le payer très cher. A lui <strong>de</strong> ne pas se faire<br />

prendre et d'assumer seul les conséquences <strong>de</strong> ses erreurs.<br />

C'est son cas.<br />

Il m'indique même son barème : 10.000 francs pour une mission "normale". Réglés cash à la comman<strong>de</strong>.<br />

Je pensais que cela n'existait que dans les romans ; je n'en reviens pas.<br />

*****<br />

J'ai cherché dans la Bible, autant que j'ai pu et je ne comprends tout ce qu'on peut lui faire dire.<br />

Stupi<strong>de</strong>ment alors que, clairement, elle nous dit tout le contraire. Et sur <strong><strong>de</strong>s</strong> points primordiaux. En<br />

particuliers sur Yahvé/Jéhovah qui, tout simplement, n'est qu'un homme.<br />

Il n'y a pas à "tourner autour du pot" : Yahvé/Jéhovah est un homme, tout comme moi. Un homme, tout<br />

bêtement. Seuls son intelligence et son savoir différaient car il semble bien qu'il avait l'avantage d'être un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

membres d'une famille cosmique arrivée à l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> son évolution, celui dans lequel nous<br />

sommes en train <strong>de</strong> vous engager.<br />

La Bible nous l'expose clairement :<br />

(Gn 1/26) Dieu dit : "Faisons l'homme à notre image selon notre ressemblance"<br />

Et plus loin :<br />

(Gn 5/1) Lorsque Dieu créa l'homme, il le fit à la ressemblance <strong>de</strong> Dieu.<br />

"A notre image", je comprends. Il possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pieds, <strong>de</strong>ux mains, <strong>de</strong>ux jambes, un coeur et le reste,<br />

comme nous. Comme dirait le fils <strong>de</strong> ma voisine : "on a la même gueule, tout pareil". Mais pourquoi avoir<br />

ajouté "et à notre ressemblance" ?<br />

C'est là l'un <strong>de</strong> ces termes qui n'a pas été écrit pour rien. Il doit faire partie <strong>de</strong> ces précisions qui font la<br />

valeur <strong>de</strong> la Bible.<br />

Ce que j'en pense ? Nous avons la constitution et le physique <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah mais nous ne l'égalons<br />

pas. Nous lui ressemblons seulement. La nuance entre ces <strong>de</strong>ux mots assemblés volontairement, est lumineuse<br />

au fond et, dès les premiers mots <strong>de</strong> la Genèse, éclaire la nature <strong>de</strong> nos situations. Extérieurement, Jéhovah,<br />

comme nous, est un homme mais, intérieurement, intellectuellement, lui est un être humain parfaitement<br />

achevé alors que nous, surtout à cette époque, nous n'étions qu'au tout début <strong>de</strong> notre évolution. Même<br />

actuellement, dans notre cerveau, <strong>de</strong>ux milliards <strong>de</strong> neurones fonctionnent alors que huit autres milliards<br />

<strong>de</strong>meurent en attente. <strong>Le</strong> cerveau <strong>de</strong> Jéhovah, lui, avait achevé sa transformation et fonctionnait, comme on


dit, "à plein ren<strong>de</strong>ment".<br />

D'ailleurs, le scribe confirme ce fait <strong>de</strong>ux alinéas plus loin en spécifiant avec les mêmes termes :<br />

119<br />

(Gn 5/3) Adam vécut cent trente ans et il engendra un fils à sa ressemblance selon son image et lui<br />

donna le nom <strong>de</strong> Seth.<br />

Seth était l'image d'Adam mais ce n'était encore qu'un enfant et il lui restait encore beaucoup à apprendre<br />

pour égaler son père, tout comme l'homme, toute proportion gardée, vis à vis <strong>de</strong> Jéhovah.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions <strong>de</strong> Jéhovah, en tant qu'être humain, foisonnent dans la Bible. C'est bien un homme.<br />

La Bible enfonce le clou un peu plus loin, chapitre 9, verset 6<br />

Quiconque aura versé le sang <strong>de</strong> l'homme, par l'homme son sang sera versé, car Dieu a fait l'homme à<br />

son image.<br />

Adam et Eve enten<strong>de</strong>nt son pas dans le jardin<br />

(Gn 3/8) Alors ils entendirent le bruit <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah passant dans le jardin...<br />

Non seulement les hommes l'enten<strong>de</strong>nt marcher, mais ils marchent avec lui.<br />

Hénoch marche avec Dieu :<br />

(Gn 5/24) Hénoch marcha avec Dieu et on ne le vit plus, car Dieu l'avait pris.<br />

Noé marche avec Dieu :<br />

(Gn 6/9) Noé marchait avec Dieu...<br />

Yahvé/Jéhovah leur apparaît et ils le voient face à face :<br />

(Gn 18/1) Yahvé/Jéhovah apparut à Abraham aux chênes <strong>de</strong> Mambré<br />

(Gn 28/13) Jacob eut un songe... Il vit une échelle posée sur la terre... et en haut se tenait Yahvé/Jéhovah<br />

qui lui dit : Je suis Yahvé/Jéhovah, le Dieu d'Abraham...<br />

et ils lui parlent :<br />

(Ex 33/11) et Yahvé/Jéhovah parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami.<br />

'Dt 34/10) Il ne s'est pas levé en Israël <strong>de</strong> prophète semblable à Moïse, que connaissait face à face.<br />

Jacob lutte même en corps à corps avec lui. Non seulement il voit, mais il touche, il sent et il sent si bien<br />

qu'il s'en retourne en boitant :<br />

(Gn 32/24 et suite) Jacob resta seul ; et un homme lutta avec lui jusqu'au lever <strong>de</strong> l'aurore. Voyant qu'il<br />

ne pouvait le vaincre, il le toucha à l'articulation <strong>de</strong> la hanche et l'articulation <strong>de</strong> la hanche <strong>de</strong> Jacob<br />

se démit pendant qu'il luttait avec lui. Et il dit à Jacob : "Laisse moi aller car l'aurore se lève." Jacob<br />

répondit :" Je ne te laisse point aller que tu ne m'aies béni." Il lui dit : "Quel est ton nom?" Il répondit<br />

: "Jacob" Et il lui dit :"Ton nom sera pas Jacob, mais Israël, car tu as combattu avec Dieu et les<br />

hommes et tu l'as emporté."<br />

Jacob nomma ce lieu Phanuel ; "car, dit-il, j'ai vu Dieu face à face, et ma vie a été sauve."<br />

Régulièrement, Dieu lui apparaît, s'adresse à lui puis rejoint son quartier général, "là-haut" !<br />

(Gn 28/13) Voilà que Yahvé se tenait <strong>de</strong>vant lui et dit... (Gn 31/3) Yahvé dit à Jacob : "Retourne au pays<br />

<strong>de</strong> tes pères, dans ta patrie et je serai avec toi... (Gn 35/1) Dieu dit à Jacob : "Debout ! Monte à Béthel...<br />

(Gn 46/2) Dieu dit à Israël, dans une vision nocturne : "Jacob ! Jacob !" et il répondit : "Me voici"...<br />

(Gn 35/9,10,13) Dieu apparut encore à Jacob, à son retour <strong>de</strong> Paddân-Aram, et il le bénit. Dieu lui dit :<br />

"Ton nom est Jacob... Je suis El Shaddaï... et Dieu remonta d'auprès <strong>de</strong> lui.<br />

Au chapitre 31 <strong>de</strong> la Genèse, un ange lui apparaît, lui parle et, brusquement, employant la première<br />

personne, s'assimilant encore ainsi à Yahvé.<br />

(Gn 31/11) L'ange <strong>de</strong> Dieu me dit en songe : "Jacob", et je répondis : "Oui". Il dit : "Lève les yeux et<br />

vois : tous les boucs qui saillissent les bêtes sont rayés, tachetés ou tavelés, car j'ai vu tout ce que Laban<br />

t'a fait. Je suis le Dieu qui t'est apparu à Béthel...<br />

Abraham, lui, alors qu'il est assis <strong>de</strong>vant sa tente, voit arriver Yahvé/Jéhovah qu'il reconnaît, lui parle et<br />

mange avec lui :<br />

(Gn 18/1 et suivants) Yahvé/Jéhovah lui apparut aux chênes <strong>de</strong> Mambré. Comme il était assis à l'entrée<br />

<strong>de</strong> sa tente pendant la chaleur du jour, il leva les yeux et aperçu trois hommes se tenant <strong>de</strong>vant lui. Dès<br />

qu'il les vit, il courut <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> la tente au <strong>de</strong>vant d'eux et s'étant prosterné en terre, il dit :


120<br />

"Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas, je te prie, loin <strong>de</strong> ton serviteur. Permets qu'on<br />

apporte un peu d'eau pour vous laver les pieds. Reposez vous sous cet arbre ; j'apporterai un morceau<br />

<strong>de</strong> pain, vous prendrez <strong><strong>de</strong>s</strong> forces et vous continuerez votre chemin ; car c'est pour cela que vous êtes<br />

passés près <strong>de</strong> votre serviteur. Ils répondirent :"Fais comme tu veux."<br />

...Lui se tenait <strong>de</strong>bout près d'eux, sous l'arbre, et ils mangèrent.<br />

Non, non, non et non ! Mais, bon sens, pourquoi nous répéter le contraire ? C'est écrit on ne peut plus<br />

clairement : Yahvé/Jéhovah est un homme !<br />

16 juillet<br />

Bizarre ! Mais notre adorable infirmière a changé <strong>de</strong> balance. Et elle pèse juste, maintenant - la balance ! -.<br />

C'est ce que je dis, mais Bernard déforme le mot et sort une insanité qui ne la fait même pas rougir -<br />

l'infirmière, pas la balance - ; bref : 75 kg 500 qui ramènent ma perte <strong>de</strong> poids à 13 kg 100 ce qui semble plus<br />

logique après une abstinence <strong>de</strong> 24 jours. Tension : 10/6. Pulsations : 82. Moral : 5/5 et même plus car je<br />

flotte dans une douce félicité, un peu comme si j'étais sous l'effet d'une drogue.<br />

Je remarque que la balance n'est pas neuve... Ils le faisaient donc exprès pour me démoraliser. C'est raté.<br />

*****<br />

Je reprends le passage <strong>de</strong> la Bible où Abraham voit et accueille "trois hommes".<br />

Après avoir mangé avec Abraham, <strong>de</strong>ux <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes partent pour détruire Sodome<br />

(Gn 18/16 et suivants). Ces hommes se levèrent pour partir et se tournèrent du côté <strong>de</strong> Sodome;<br />

Abraham allait avec eux pour les accompagner. Alors Yahvé/Jéhovah dit :"Cacherai-je à Abraham ce<br />

que je vais faire ? Car Abraham doit <strong>de</strong>venir une nation gran<strong>de</strong> et forte, et toutes les nations <strong>de</strong> la terre<br />

seront bénies en lui..." Yahvé/Jéhovah dit : "<strong>Le</strong> cri qui s'élève <strong>de</strong> Sodome et Gomorrhe est bien fort, et<br />

leur péché bien énorme. Je veux <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre et voir si, selon le cri qui est venu jusqu'à moi, leur crime est<br />

arrivé au comble ; et s'il n'en est pas ainsi, je le saurai."<br />

(18/22) <strong><strong>Le</strong>s</strong> hommes partirent et s'en allèrent vers Sodome ; et Abraham se tenait encore <strong>de</strong>vant Yahvé.<br />

(19/1) <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux anges arrivèrent à Sodome le soir, et Lot était assis à la porte <strong>de</strong> la ville. En les voyant,<br />

Lot se leva pour aller au <strong>de</strong>vant d'eux et il se prosterna le visage contre terre, et il dit :"Mes seigneurs,<br />

entrez je vous prie, chez votre serviteur"...<br />

(19/4) Ils n'étaient pas encore couchés que les hommes <strong>de</strong> la ville, les hommes <strong>de</strong> Sodome, entourèrent la<br />

maison, <strong>de</strong>puis les enfants jusqu'aux vieillards, le peuple entier, <strong>de</strong> tous les bouts <strong>de</strong> la ville. Ils<br />

appelèrent Lot et lui dirent : "Où sont les hommes qui sont entrés chez toi, cette nuit ?...<br />

(19/10) <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux hommes étendirent la main et ayant retiré Lot vers eux dans la maison, Ils frappèrent<br />

d'aveuglements les gens qui étaient à l'entrée <strong>de</strong> la maison...<br />

(19/12) <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux hommes dirent à Lot : "Qui as-tu encore ici ?"...<br />

(19/15) Dès l'aube du jour, les anges pressèrent Lot en disant : "Lève-toi, prends ta femme et tes <strong>de</strong>ux<br />

filles qui sont ici, afin que tu ne périsses pas dans le châtiment <strong>de</strong> la ville." Comme il tardait, ces<br />

hommes le prirent par la main...<br />

(19/17) Lorsqu'ils les eurent fait sortir, l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> anges dit : "Sauve-toi, sur ta vie ! Ne regar<strong>de</strong> pas<br />

<strong>de</strong>rrière toi...<br />

J'ai voulu tout recopier textuellement sans en changer un mot. <strong>Le</strong> texte <strong>de</strong> la Bible est clair : ces <strong>de</strong>ux<br />

hommes ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> anges, ou ces anges sont <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes. Yahvé/Jéhovah, <strong><strong>de</strong>s</strong> anges, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, c'est<br />

pareil et ce n'est pas une invention <strong>de</strong> mon esprit, c'est la Bible qui le dit. Et si ce mélange <strong>de</strong> termes a été<br />

réalisé, ce n'est pas sans motif, il me semble que cela a été fait pour que l'on comprenne. Pourquoi, d'ailleurs,<br />

vouloir inventer et compliquer ce qui est lumineux ?<br />

Ainsi, lorsqu'il est arrivé, Yahvé/Jéhovah n'était pas seul, il était à la tête <strong>de</strong> tout un équipage formé<br />

d'hommes comme lui.<br />

D'ailleurs, il parle souvent au pluriel. <strong><strong>Le</strong>s</strong> raisonneurs qui se croient surdoués affirment qu'il ne s'agit là que<br />

d'un pluriel <strong>de</strong> "majesté" ou "d'excellence" comme le roi qui ne parlait qu'en utilisant le "nous". Laissons les<br />

chicaner. Lisons tout simplement ce qui est écrit pour que nous comprenions ce que le scribe a voulu nous<br />

dire.


(Gn 1/26) Faisons l'homme à notre image<br />

(Gn 3.22) Voilà que l'homme est comme l'un <strong>de</strong> nous.<br />

121<br />

(Gn 11/7) Lors <strong>de</strong> la tour <strong>de</strong> Babel, Yahvé/Jéhovah dit : "Allons ! Descendons ! Confondons leur<br />

langage...<br />

<strong>Le</strong> mot "Elohim", en hébreux, est le pluriel <strong>de</strong> "Eloah" et signifie "êtres surhumains". Or, suivant les<br />

Bibles, il est traduit régulièrement, suivant le contexte qui arrange le traducteur, par "Dieu", par "anges", par<br />

"spectre" (1S 28/13), par "dieux" désignant les idoles et les faux dieux (Ex 12/12, 20/23) et même par "dieux"<br />

désignant les hommes comme dans le psaume 82 1/6 cité par Jésus (Jn 10/34).<br />

Ainsi, suivant une note que j'ai lue, si nous prenons le psaume VIII, verset six, nous pouvons savourer les<br />

traductions suivantes :<br />

- La Bible catholique <strong>de</strong> Crampon remercie "Jéhovah" d'avoir fait "le fils <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> peu inférieur à<br />

Dieu" ;<br />

- La Bible protestante <strong>de</strong> Segond remercie "l'Eternel" d'avoir fait "le fils <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> peu inférieur à<br />

Dieu" ;<br />

- La Bible russe remercie "le Seigneur notre Dieu" d'avoir fait "le fils <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> peu inférieur aux<br />

anges" ;<br />

- La Bible hébraïque française remercie "l'Eternel, notre Seigneur", d'avoir fait "le fils d'Adam presque<br />

l'égal <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres divins" ;<br />

- La Bible <strong>de</strong> Dhorme remercie "Jéhovah notre Seigneur" d'avoir fait "le fils d'Adam <strong>de</strong> peu inférieur aux<br />

Elohim"...<br />

- Un pluriel est un pluriel. D'ailleurs, dans une autre note, il est indiqué que la Bible dans son texte<br />

hébreux, contient le singulier "Eloah" cinquante sept fois dont quarante et une fois dans le seul livre <strong>de</strong> Job.<br />

*****<br />

Une autre note me renvoie au livre <strong>de</strong> Josué. Devant les murs <strong>de</strong> Jéricho, Josué fait également une<br />

rencontre qui le surprend et il y a <strong>de</strong> quoi : Jéhovah, juste avant la bataille, lui envoie, en chair et en os, le<br />

propre général <strong>de</strong> ses armées.<br />

(Jos 5/13) Josué... leva les yeux et voici qu'un homme se tenait <strong>de</strong>bout <strong>de</strong>vant lui, son épée nue à la<br />

main. Josué alla vers lui et lui dit :"Es-tu <strong><strong>de</strong>s</strong> nôtres ou un <strong>de</strong> nos ennemis ?" Il répondit : "Non mais<br />

c'est comme chef <strong><strong>de</strong>s</strong> armées <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah que je viens maintenant<br />

17 juillet<br />

Pesée : 75,600. Moins 13 kg. tension : 10/5. Légères brûlures à l'estomac, le soir surtout. Mais ça va, je<br />

tiens le coup.<br />

*****<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> membres <strong>de</strong> l'équipage <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah sont tellement <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes que certains n'en font qu'à leur<br />

tête et désobéissent.<br />

Comme Satan, un <strong><strong>de</strong>s</strong> responsables qui fit faire un bond prodigieux à Adam, l'homo sapiens capable<br />

d'évoluer définitivement en quelques millénaires.<br />

Satan qui était déjà à l'origine <strong>de</strong> l'opération "création <strong>de</strong> l'homme terrestre", trouvait que ça n'allait pas<br />

assez vite. Il intervint donc "en douce" pour accélérer le processus. Ça ne plaît pas à son supérieur, Jéhovah,<br />

qui se fâche car il prend peur. Il dit textuellement :<br />

(Gn 3/22) Voici que l'homme est <strong>de</strong>venu comme l'un <strong>de</strong> nous, pour la connaissance du bien et du mal"<br />

Yahvé/Jéhovah ne punit même pas Satan qui réapparaît, dans la Bible, dans le livre <strong>de</strong> Job (1/7).<br />

Yahvé/Jéhovah lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> même : "D'où viens-tu ?" Satan lui répond : "De parcourir le mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> m'y<br />

promener".<br />

*****<br />

Il y a plus grave. Une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> l'équipage se révoltent et créent une scission dans l'équipe (Gn<br />

6/1 et 2). Sur terre, <strong><strong>de</strong>s</strong> filles sont nées, elles sont <strong>de</strong>venues femmes et elles sont belles. Certains équipiers <strong>de</strong>


Yahvé/Jéhovah ne peuvent résister et s'accouplent avec elles.<br />

J'étais stupéfait quand j'ai lu ce passage, dans une Bible officielle catholique. Je n'en reviens pas encore :<br />

122<br />

(Gn 6/1 et suivants) Lorsque les hommes eurent commencé à être nombreux sur la surface <strong>de</strong> la terre, et<br />

qu'il leur fut né <strong><strong>de</strong>s</strong> filles, les fils <strong>de</strong> Dieu virent que les filles <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes étaient belles et ils en prirent<br />

pour femme parmi toutes celles qui leur plurent... Or les géants étaient sur terre en ces temps là, et cela<br />

quand les fils <strong>de</strong> Dieu se furent unis aux filles <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et qu'elles leur eurent donné <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants : ce<br />

sont là les héros renommés <strong><strong>de</strong>s</strong> temps anciens."<br />

Alors là, Yahvé/Jéhovah se fâche. Toute l'opération est remise en question et il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout anéantir<br />

pour repartir à zéro :<br />

(Gn 6/6 et suivants) Et Yahvé/Jéhovah se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre, et il fut affligé dans<br />

son cœur, et il dit : "J'exterminerai <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus la terre l'homme que j'ai créé, <strong>de</strong>puis l'homme jusqu'aux<br />

animaux domestiques, aux reptiles et aux oiseaux du ciel, car je me repens <strong>de</strong> les avoir faits." Mais Noé<br />

trouva grâce aux yeux <strong>de</strong> Yahvé.<br />

18 juillet<br />

Pesée : 75,400. Moins 13 kg 200. Tension 10/5.<br />

Toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> brûlures d'estomac, mais un peu plus fortes cette fois-ci.<br />

J'ai réussi, <strong>de</strong> nouveau, à me glisser jusqu'à ce qui sert <strong>de</strong> chapelle pour assister à la messe. Comme un<br />

grand !<br />

Je ne sais pas si c'est le fait <strong>de</strong> la grève <strong>de</strong> la faim, mais je me sens toujours un peu plus euphorique ; tout<br />

me semble simple et lumineux. Je baigne littéralement dans un état second <strong>de</strong> bonheur profond que je n'ai<br />

encore jamais connu.<br />

*****<br />

Et il me semble, étant donné ce que je viens <strong>de</strong> lire, que Yahvé/Jéhovah ne peut pas être Dieu. Ce n'est pas<br />

possible. La Bible, elle même, nous le dit explicitement.<br />

Si Yahvé/Jéhovah était Dieu, il mènerait son affaire "<strong>de</strong> main <strong>de</strong> maître", sans la moindre anicroche,<br />

sachant, voyant, prévoyant tout. Or ce n'est pas le cas.<br />

Certains événements lui échappent et il doit "<strong><strong>de</strong>s</strong>cendre" pour s'en rendre compte.<br />

(Gn 18/21) Et Yahvé/Jéhovah dit : "<strong>Le</strong> cri qui s'élève <strong>de</strong> Sodome et <strong>de</strong> Gomorrhe est bien fort... Je veux<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cendre et voir si, selon le cri qui est venu jusqu'à moi, leur crime est allé au comble ; et s'il n'en est<br />

pas ainsi, je le saurai."<br />

Lorsque les "révoltés" viennent le voir avec Satan au milieu d'eux, il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> :<br />

(Jb 1/7) : "D'où viens-tu ?"<br />

Dieu, lui, l'aurait su.<br />

Il hésite, il tergiverse et, parfois, regrette.<br />

(Gn 6/6) Yahvé/Jéhovah se repentit d'avoir fait l'homme sur la terre.<br />

Gn. 6/7) J'exterminerai tout sur la terre, car je me repens <strong>de</strong> les avoir faits.<br />

(1s 15/10) Yahvé/Jéhovah dit à Samuel : "Je me repens d'avoir établi Saül comme roi..."<br />

(2s 24/16) L'ange étendait la main sur Jérusalem pour la détruire, mais Yahvé/Jéhovah se repentit <strong>de</strong> ce<br />

mal, et il dit à l'ange qui faisait périr le peuple : "Assez! Retire maintenant ta main".<br />

(Jr 18/10) Je me repens du bien que j'avais dit que je lui ferai.<br />

Or la Bible dit bien :<br />

(Nb 23/19) Dieu n'est pas un homme pour mentir ni un fils <strong>de</strong> l'homme pour se repentir.<br />

(1S 15/29) Celui qui est la splen<strong>de</strong>ur d'Israël ne ment point, car il n'est pas homme pour se repentir.<br />

St Paul précise :<br />

(He. 6/10) "Il est impossible à Dieu <strong>de</strong> mentir"<br />

et Jacques, dans son épître :<br />

(1/17) "Tout <strong><strong>de</strong>s</strong>cend d'en haut, du Père <strong><strong>de</strong>s</strong> lumières, en qui n'existe aucune vicissitu<strong>de</strong> ni ombre <strong>de</strong>


123<br />

changement".<br />

Ce qui semble on ne peut plus normal d'un Dieu omnipotent.<br />

Yahvé/Jéhovah, lui, hésite et il a peur au point d'expulser Adam <strong>de</strong> l'E<strong>de</strong>n et <strong>de</strong> poster <strong><strong>de</strong>s</strong> gar<strong><strong>de</strong>s</strong> armés à<br />

la porte<br />

(Gn 3/22) Maintenant, il ne faut pas qu'il avance sa main, qu'il prenne aussi <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> vie, qu'il en<br />

mange et vive éternellement" Et Yahvé/Jéhovah Dieu le fit sortir du jardin d'E<strong>de</strong>n, pour qu'il cultivât la<br />

terre d'où il avait été pris ; et l'ayant chassé, il mit à l'orient du jardin d'E<strong>de</strong>n les chérubins et la flamme<br />

<strong>de</strong> l'épée tournoyante, pour gar<strong>de</strong>r le chemin <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> vie.<br />

L'homme qu'il a conçu vit trop vieux, c'est dangereux, il craint <strong>de</strong> ne pouvoir le maîtriser, alors, par<br />

pru<strong>de</strong>nce, il réduit la durée <strong>de</strong> sa vie <strong>de</strong> mille à cent vingt ans<br />

(Gn 6/3).Et Yahvé/Jéhovah dit : "Mon esprit ne <strong>de</strong>meurera pas toujours dans l'homme, car l'homme n'est<br />

que chair, et ses jours seront <strong>de</strong> cent vingt ans."<br />

Il n'arrive pas à se faire obéir<br />

(Nb 14/10 et suivants). Toute l'assemblée parlait <strong>de</strong> les lapi<strong>de</strong>r, lorsque la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah<br />

apparut sur la tente <strong>de</strong> réunion aux yeux <strong>de</strong> tous les enfants d'Israël.<br />

Et Yahvé/Jéhovah dit à Moïse : "Jusques à quand le peuple me méprisera-t-il ? Jusques à quand ne<br />

croira-t-il pas en moi, malgré tous les prodiges que j'ai fait au milieu <strong>de</strong> lui ? Je le frapperai par la<br />

peste et je le détruirai, et je ferai <strong>de</strong> toi une nation plus gran<strong>de</strong> et plus puissante que lui.<br />

Dégoûté, il déci<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> "frapper le peuple d'Israël <strong>de</strong> la peste et <strong>de</strong> le détruire" mais Moïse lui oppose<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> arguments sans faille :<br />

... Si vous faites mourir ce peuple comme un seul homme, les nations qui ont entendu parler <strong>de</strong> vous,<br />

diront : Yahvé/Jéhovah n'avait pas le pouvoir <strong>de</strong> faire entrer ce peuple dans le pays qu'il avait juré <strong>de</strong><br />

leur donner ; C'est pourquoi il les a fait mourir dans le désert...<br />

et Yahvé/Jéhovah doit capituler.<br />

Même avec ses hommes, il ne peut éviter une rébellion (Gn 6/1) que j'ai noté, rébellion qui l'amène à tout<br />

anéantir par le déluge afin <strong>de</strong> repartir "à zéro" ou presque avec Noé.<br />

Même ensuite, lorsqu'il sélectionne Israël qu'il conduit en le "couvant" avant <strong>de</strong> l'abandonner à ses<br />

ennemis, incapable <strong>de</strong> se diriger seul comme un enfant unique et trop gâté, sa manière d'agir ne ressemble<br />

absolument pas à celle d'un Dieu sûr <strong>de</strong> lui-même.<br />

Non, franchement, Yahvé/Jéhovah, aussi intelligent et puissant qu'il soit, ne peut être Dieu.<br />

19 juillet<br />

Pesée : 75. Moins 13 kg 600. Tension 10/5.<br />

Mes brûlures à l'estomac me font réellement souffrir. Je le signale à l'infirmière, à tout hasard..., mais ce<br />

n'est qu'un mal physique qui n'enlève rien à mon sentiment <strong>de</strong> béatitu<strong>de</strong>.<br />

Reçu enfin une lettre <strong>de</strong> Maître <strong>Le</strong>blond qui me tient au courant <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong> maman toujours maladive<br />

mais sans aggravation. Elle se fait surtout beaucoup <strong>de</strong> soucis pour ma santé. Il lui a promis <strong>de</strong> venir me voir<br />

vendredi prochain. Lorsqu'il arrivait à la maison, Simone en sortait...<br />

*****<br />

Au fur et à mesure que je lis, je suis sidéré <strong>de</strong> voir à quel point, inconcevable <strong>de</strong> nos jours, il a pu se<br />

montrer sanguinaire dépassant en horreur nos tyrans les plus atrocement cruels. Un Dieu se serait montré<br />

exigeant, certes, mais n'aurait pas eu besoin d'user d'une telle cruauté.<br />

Ainsi les démêlés <strong>de</strong> Moïse et du pharaon et <strong><strong>de</strong>s</strong> plaies qui dévastèrent l'Egypte, les habitants, même les<br />

enfants premiers nés... et cela sur la seule volonté <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah qui avoue avoir empêché délibérément le<br />

pharaon d'accepter les transactions pour pouvoir faire montre <strong>de</strong> sa puissance<br />

(Ex 7/3) Et moi, j'endurcirai le cœur <strong>de</strong> Pharaon, et je multiplierai mes signes et mes prodiges dans tout<br />

le pays d'Egypte.<br />

(Ex 7/22) Et le cœur <strong>de</strong> Pharaon s'endurcit et il n'écouta point Moïse et Aaron, comme Yahvé/Jéhovah


124<br />

l'avait prédit.<br />

Et ceci après chaque plaie plus terrible l'une que l'autre (Ex 8/15 - 8/32 - 9/7 - 9/12 - 9/35 - 10/27 - 11/9 et<br />

10)<br />

Puis Israël s'ébranle dans le désert. Moïse, sur l'ordre <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah qui (Dt 2/30 et suivants) "avait<br />

endurci volontairement l'esprit du roi", prend Sehon et tue tous ses habitants, femmes et enfants.<br />

Je n'ose même pas repenser au livre <strong>de</strong> Josué dans lequel, cyniquement, Israël s'avance dans un flot <strong>de</strong> sang<br />

voulu et ordonné par Jéhovah. C'est affreux.<br />

Il faut que je le note, c'est trop effrayant.<br />

C'est en effet un livre terrifiant qui m'épouvante moi-même : les Israélites s'avancent et conquièrent les<br />

pays par lesquels ils doivent passer. Ils y arrivent sans difficultés grâce à Yahvé/Jéhovah mais dans l'horreur et<br />

sans aucun remords car Yahvé/Jéhovah lui-même, non seulement leur mâche la besogne, mais leur ordonne<br />

<strong>de</strong> passer tout le mon<strong>de</strong>, hommes, femmes, enfants, vieillards, par le fil <strong>de</strong> l'épée.<br />

Une hécatombe continuelle qui tourne à la folie meurtrière : les fils d'Israël s'avancent dans un flot <strong>de</strong> sang.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> murs <strong>de</strong> Jéricho<br />

La première bataille se situe autour <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Jéricho. Elle est si bien défendue que Yahvé/Jéhovah fait<br />

intervenir directement un <strong>de</strong> ses adjoints. Ce n'est pas une blague ; c'est sérieux et c'est écrit noir sur blanc...<br />

Je l'ai déjà noté.<br />

(Jos. 5/13) Or, pendant que Josué était près <strong>de</strong> Jéricho, il leva les yeux et regarda ; et voici qu'un<br />

homme se tenait <strong>de</strong>bout en face <strong>de</strong> lui, son glaive dégainé à la main. Josué alla vers lui et lui dit : "Es-tu<br />

pour nous ou pour nos adversaires ?" - "Non, dit-il, car je suis le chef <strong><strong>de</strong>s</strong> armées <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah<br />

,maintenant, je suis venu..."<br />

Sur l'ordre <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah et le contrôle <strong>de</strong> son chef <strong><strong>de</strong>s</strong> armées, ils doivent contourner la ville avec<br />

l'arche et les trompettes mais dans le plus grand silence, sept jours <strong>de</strong> suite et, le septième jour, sept fois puis,<br />

sur un ordre, le peuple tout entier doit hurler en même temps que les trompettes retentissent. Un vacarme<br />

effroyable qui dut être bien utile à Yahvé/Jéhovah pour utiliser une <strong>de</strong> ses armes sans que ça se remarque car,<br />

aussitôt, les murailles s'écroulent...<br />

"En silence, sept fois," cela ne ressemble-t-il pas étrangement à un compte à rebours ?<br />

Et ce fut le premier massacre du livre :<br />

(Jos. 6/21) Ils vouèrent à l'anathème tout ce qui se trouvait dans la ville, hommes, femmes, enfants,<br />

vieillards, jusqu'aux boeufs, au menu bétail et aux ânes, frappant tout du tranchant du glaive.<br />

La prise <strong>de</strong> Aï<br />

(Jos. 8/1 et suivants) Yahvé/Jéhovah dit à Josué : "Ne crains pas et ne t'effraie pas... Tu traiteras Aï et<br />

son roi comme tu as traité Jéricho et son roi ; c'est seulement ses dépouilles et son bétail que vous<br />

prendrez pour vous en butin...."<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> hommes <strong>de</strong> Aï se trouvèrent au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> Israélites, ayant ceux-ci d'un côté et ceux-là <strong>de</strong> l'autre. On<br />

les battit au point <strong>de</strong> ne leur laisser ni survivant ni rescapé...<br />

Lors donc qu'Israël eut achevé <strong>de</strong> tuer tous les habitants <strong>de</strong> Aï, dans la campagne, dans le désert où ils<br />

l'avaient poursuivi, et que tous furent tombés sous le tranchant du glaive jusqu'à leur complète<br />

disparition, tout Israël revint dans Aï et la frappa du tranchant du glaive. <strong>Le</strong> nombre <strong>de</strong> ceux qui<br />

tombèrent en ce jour, tant hommes que femmes, fut en tout <strong>de</strong> douze mille, tous gens <strong>de</strong> Aï.<br />

Conquête du sud <strong>de</strong> la Palestine - Gabaon.<br />

Devant la menace que représente Israël, les rois <strong>de</strong> Jérusalem, d'Hébron, <strong>de</strong> Yarmout, <strong>de</strong> Lakich et d'Eglôn<br />

se regroupent et assiègent la ville royale <strong>de</strong> Gabaon parce qu'elle avait fait alliance avec Israël. Gabaon<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Josué qui se porte à son secours.<br />

Josué a peur mais Yahvé/Jéhovah le rassure :<br />

(Jos. 10/8) N'aie pas peur d'eux car je les ai livré entre tes mains..."<br />

Josué attaque à l'improviste et la débâcle est totale. Sans mal car, étant donné l'importance <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes en<br />

présence, c'est Yahvé/Jéhovah qui fait le travail. <strong>Le</strong> scribe, pour une fois, précise, à sa manière et avec les<br />

mots <strong>de</strong> son époque, bien entendu, comment Yahvé/Jéhovah s'y prend.


125<br />

(Jos. 10/11 et suivants) Or, tandis qu'ils fuyaient <strong>de</strong>vant Israël, à la <strong><strong>de</strong>s</strong>cente <strong>de</strong> Bet-Horôn, du ciel<br />

Yahvé/Jéhovah lança sur eux <strong>de</strong> gros grêlons jusqu'à Azéqa, et ils moururent ; il en mourut plus par les<br />

pierres <strong>de</strong> grêle que les fils d'Israël n'en tuèrent par le glaive.<br />

Un fameux bombar<strong>de</strong>ment dont ils se souviendront longtemps ! Mais la journée se passe et ce n'est pas<br />

fini. Alors Josué parla à Yahvé... il dit, en présence d'Israël :<br />

"Soleil, sur Gabaon, arrête-toi et toi , lune, sur la vallée d'Ayyalôn !"<br />

Et le soleil s'arrêta sur Gabaon et la lune sur la vallée d'Ayyalôn ; pas ailleurs.<br />

Et les athées eurent beau jeu <strong>de</strong> railler cet épiso<strong>de</strong> alors que son interprétation semble d'une simplicité<br />

enfantine : tous les stratèges mo<strong>de</strong>rnes sont capables d'en faire autant avec leurs fusées éclairantes qui<br />

illuminent les champs <strong>de</strong> bataille. <strong><strong>Le</strong>s</strong> sportifs et les turfistes eux-mêmes arrêtent le soleil sur le sta<strong>de</strong> ou le<br />

champ <strong>de</strong> courses lorsqu'il y a nocturne. <strong>Le</strong> scribe qui ne peut savoir, écrit ce qu'il peut avec ce qu'il a...<br />

Conquête du Sud <strong>de</strong> la Palestine (suite).<br />

(Jos. 10/28 et suivants) Quant à Maqqéda, Josué s'en empara ce jour-là, et il la frappa du tranchant du<br />

glaive, ainsi que son roi ; il les voua à l'anathème, ainsi que tous les êtres vivants qui s'y trouvaient ; Il<br />

ne laissa pas <strong>de</strong> survivant.<br />

(Jos. 10/29 et suivants ) Josué, et tout Israël avec lui, passa <strong>de</strong> Maqqéda à Libna et il attaqua Libna.<br />

Yahvé/Jéhovah la livra, elle aussi, ainsi que son roi, aux mains d'Israël, qui la frappa du tranchant du<br />

glaive, ainsi que tous les êtres vivants qui s'y trouvaient ; il n'y laissa pas <strong>de</strong> survivant.<br />

(Jos. 10/ 32) Josué, et tout Israël avec lui, passa <strong>de</strong> Libna à Lakich... Yahvé/Jéhovah livra Lakich aux<br />

mains d'Israël qui s'en empara la <strong>de</strong>uxième jour et la frappa du tranchant du glaive ainsi que tous les<br />

êtres vivants qui s'y trouvaient, tout comme il avait fait à Libna<br />

Alors, Horam, roi <strong>de</strong> Guèzer, monta pour secourir Lakich ; mais Josué le battit, ainsi que son peuple, au<br />

point <strong>de</strong> ne pas lui laisser <strong>de</strong> survivant.<br />

Josué, et tout Israël avec lui, passa <strong>de</strong> Lakich à Eglôn ; ils campèrent contre elle et l'attaquèrent. Ils s'en<br />

emparèrent ce jour-là et la frappèrent du tranchant du glaive ; tous les êtres vivants qui s'y trouvaient, il les<br />

voua à l'anathème tout comme il avait fait pour Lakich.<br />

Josué, et tout Israël avec lui, monta <strong>de</strong> Eglôn à Hébron, et ils l'attaquèrent. Ils s'en emparèrent et la<br />

frappèrent du tranchant du glaive, ainsi que son roi, <strong>de</strong> toutes ses villes, et <strong>de</strong> tous les êtres vivants qui s'y<br />

trouvaient ; il ne laissa pas <strong>de</strong> survivant, tout comme il avait fait pour Eglôn.<br />

Josué, et tout Israël avec lui, se tourna vers Debir et l'attaqua. Il s'en empara ainsi que <strong>de</strong> son roi et <strong>de</strong><br />

toutes ses villes ; Ils les frappèrent du tranchant du glaive et vouèrent à l'anathème tous les êtres vivants qui<br />

s'y trouvaient ; il ne laissa pas <strong>de</strong> survivants.<br />

Josué battit tout le pays : la montagne, le Négueb, le bas-pays et les pentes, ainsi que tous leurs rois ; il ne<br />

laissa pas <strong>de</strong> survivant... selon ce qu'avait commandé Yahvé/Jéhovah, Dieu d'Israël.<br />

<strong>Le</strong> scribe insiste bien : "<strong><strong>Le</strong>s</strong> ordres sont formels : pas <strong>de</strong> pitié !"<br />

Conquête du nord <strong>de</strong> la Palestine - <strong><strong>Le</strong>s</strong> eaux <strong>de</strong> Mérom.<br />

Devant cette invasion qui les affole, tous les rois <strong><strong>de</strong>s</strong> régions avoisinantes déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> se liguer contre<br />

Israël et se regroupent aux eaux <strong>de</strong> Mérom pour le combattre.<br />

(Jos. 11/6 et suivants) Yahvé/Jéhovah dit à Josué : " N'aie pas peur d'eux ; car <strong>de</strong>main, à cette même<br />

heure, je te les livrerai tous, blessés à mort, à la merci d'Israël ...<br />

C'est donc Yahvé/Jéhovah lui-même qui fera le nécessaire pour qu'Israël n'aient que <strong><strong>de</strong>s</strong> éclopés en face<br />

d'eux<br />

...tu couperas les jarrets <strong>de</strong> leurs chevaux et tu brûleras leurs chars." Josué et tous les gens <strong>de</strong> guerre<br />

avec lui arrivèrent sur eux aux eaux <strong>de</strong> Mérom, à l'improviste, et ils leur tombèrent <strong><strong>de</strong>s</strong>sus... ils les<br />

battirent au point <strong>de</strong> ne pas leur laisser <strong>de</strong> survivant.<br />

Josué les traita selon ce que lui avait dit Yahvé/Jéhovah ; il coupa les jarrets <strong>de</strong> leurs chevaux et brûla<br />

leurs chars.<br />

Conquête du nord <strong>de</strong> la Palestine - Prise <strong>de</strong> Haçor.<br />

Josué revint en ce même temps, s'empara <strong>de</strong> Haçor et frappa son roi du glaive, car Haçor était


126<br />

auparavant la capitale <strong>de</strong> tous ces royaumes. On frappa du glaive tous les êtres vivants qui s'y<br />

trouvaient, les vouant à l'anathème ; rien ne resta <strong>de</strong> ce qui avait souffle <strong>de</strong> vie.<br />

Conquête <strong>de</strong> la Palestine - Conclusion.<br />

Josué prit tout ce pays... il s'empara <strong>de</strong> tous leurs rois, les frappa et les mit à mort. Il n'y eut pas une<br />

ville qui fît la paix avec les fils d'Israël, sauf les Hiwwites qui habitaient à Gabaôn : on les prit tous en<br />

combattant. Yahvé/Jéhovah ,en effet, avait décidé <strong>de</strong> faire s'obstiner leur coeur en vue <strong>de</strong> la guerre<br />

contre Israël, afin qu'on les voue à l'anathème sans leur faire grâce, et qu'on les anéantisse, selon ce<br />

qu'avait commandé Yahvé/Jéhovah à Moïse.<br />

Je n'invente malheureusement rien : Yahvé/Jéhovah avait décidé <strong>de</strong> faire s'obstiner leur coeur en vue <strong>de</strong>...<br />

Or, on le dit bien : la Bible est parole divine et ne peut se tromper.<br />

Parole divine ou pas, c'est abominable.<br />

Sérieusement, si cela se passait au 20 ème siècle, Yahvé/Jéhovah serait jugé et condamné pour crime contre<br />

l'humanité... avec, peut-être, le bénéfice <strong>de</strong> circonstances atténuantes.<br />

Si je me souviens bien, le crime contre l'humanité est imprescriptible...<br />

Qu'on ne nous dise pas que Yahvé/Jéhovah est le grand Dieu <strong>de</strong> l'univers ; il a tout du seigneur <strong>de</strong> guerre<br />

impitoyable comme en ont connu toutes les pério<strong><strong>de</strong>s</strong> troubles.<br />

Il a réalisé <strong>de</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> choses puisque, grâce à lui, nous sommes là, mais le fond <strong>de</strong> sa nature, malgré ses<br />

hautes connaissances, est <strong>de</strong>meuré un peu trop humaine... En toute franchise, je crois qu'il aurait pu s'y<br />

prendre autrement. Du moins, en limitant la casse !<br />

20 juillet<br />

Pesée 74,8. 13 kg 800 en moins. Tension 9/5.<br />

J'ai droit, aujourd'hui, à Monsieur-le-Mé<strong>de</strong>cin-Chef qui m'a ausculté consciencieusement et, bien entendu,<br />

m'a conseillé d'arrêter ma grève. Devant ma détermination, il m'a proposé <strong>de</strong> me faire prendre, chaque jour,<br />

un sachet <strong>de</strong> phosphalugène. <strong>Le</strong> mot à peine prononcé, j'ai refusé. Puis accepté après qu'il m'eût expliqué que<br />

cela ne nourrissait absolument pas et, <strong>de</strong> ce fait, ne contrecarrerait en rien ma grève <strong>de</strong> la faim : ce n'est qu'un<br />

plâtrage qui se colle le long <strong><strong>de</strong>s</strong> parois <strong>de</strong> l'estomac lui donnant l'impression d'avoir reçu ses aliments ; tout<br />

content, il ne se contracte plus et laisse ses brûlures dans ses réserves.<br />

C'est un liqui<strong>de</strong> blanchâtre et pâteux, sans goût ; mais il a raison, c'est efficace, je ne sens plus mon<br />

estomac, je plane. Pas encore le septième ciel mais j'en approche.<br />

*****<br />

- <strong><strong>Le</strong>s</strong> Israélites eux-mêmes doivent "filer droit" et ne sont pas épargnés.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> gens <strong>de</strong> Beth-Samès avaient regardé l'arche alors qu'il ne le fallait pas : soixante dix hommes sont<br />

exécutés. Il est écrit alors<br />

(1s 6/19) <strong>Le</strong> peuple fit grand <strong>de</strong>uil <strong>de</strong> ce que Yahvé/Jéhovah l'avait frappé d'une gran<strong>de</strong> plaie.<br />

David a tellement peur qu'il refuse <strong>de</strong> prendre l'arche chez lui<br />

(2s 6/9) David eut peur <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah en ce jour là et dit : "Comment l'arche <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah<br />

entrera-t-elle chez moi ?" Il ne voulut pas retirer l'arche <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah chez lui, dans la cité <strong>de</strong><br />

David, et il la fit conduire dans la maison d'Obédédom <strong>de</strong> Geth.<br />

Il faut reconnaître que les Israélites ne sont pas faciles à manier. Ils n'en font souvent qu'à leur tête ; alors<br />

Yahvé/Jéhovah se fâche et frappe, et frappe "dur". Il en meurt tant que Moïse n'est plus d'accord - trop c'est<br />

trop - et il ose le dire<br />

Cette situation est au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> ses forces.<br />

(Nb 11/14 et suivants). "Je ne puis pas, dit-il à Yahvé/Jéhovah ,porter à moi seul tout ce peuple... Pour<br />

me traiter ainsi, tuez-moi plutôt,; je vous prie, tuez-moi, si j'ai trouvé grâce à vos yeux..."<br />

<strong>Le</strong> livre "<strong><strong>de</strong>s</strong> Nombres" détaille neuf colères particulières <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah et les efforts du pauvre Moïse<br />

un peu dépassé par les événements.<br />

C'est lors <strong>de</strong> la cinquième colère (Nb 14/10) que Yahvé/Jéhovah déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> punir les Israélites à rester


127<br />

quarante ans dans le désert jusqu'à ce qu'ils soient tous morts, le pays promis ne revenant ainsi qu'à leurs<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>cendants.<br />

Lors <strong>de</strong> la septième colère, il est précisé :<br />

(Nb 16/49 et suivants) quatorze mille sept cents personnes périrent sans compter ceux qui étaient morts<br />

à cause <strong>de</strong> Coré.<br />

Lors <strong>de</strong> la neuvième :<br />

(Nb 25/0) Il y en eut vingt quatre mille qui moururent...<br />

*****<br />

Dieu, bien franchement, n'aurait pas eu besoin <strong>de</strong> tant tergiverser et <strong>de</strong> tant punir. Un Dieu tout puissant,<br />

qui peut et qui sait tout.<br />

Alors ? On est loin du Bon Dieu <strong>de</strong> monsieur le curé.<br />

D'un Dieu invincible et invisible. Car Dieu, le seul Dieu, maître <strong>de</strong> l'univers et <strong>de</strong> l'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'univers, on<br />

ne peut le voir. La Bible - et c'est normal - le certifie d'ailleurs :<br />

(Ex 3/20) Tu ne pourras pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre.<br />

Et, dans la première épître <strong>de</strong> Jean :<br />

(4/12) Personne n'a jamais vu Dieu.<br />

Or Abraham voit Yahvé/Jéhovah (Gn 18/1) et Jacob (Gn 26/23), Jacob qui lutte, toute une nuit, en corps à<br />

corps, avec lui (Gn 32/25) et le voit en d'autre occasions (Gn 28/13 - 35/9).<br />

Yahvé/Jéhovah précise même en parlant <strong>de</strong> Moïse :<br />

(Nb 12/8) Je lui parle bouche à bouche, en me faisant voir, et non par énigmes, et il contemple la figure<br />

<strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah.<br />

Pesée : 74,400. Moins 14 kg 200. Tension 9,5.<br />

Un estomac en béton !<br />

21 juillet<br />

Bernard est muté en cellule. Ses soi-disant douleurs, bien imitées pourtant, n'ont pas réussi à amadouer<br />

plus longtemps le mé<strong>de</strong>cin chef. Je suis certain, d'ailleurs, que sa comédie a été percée à jour <strong>de</strong>puis le début.<br />

Il est resté parce que la place était disponible. Maintenant, elle ne l'est plus.<br />

<strong>Le</strong> nouveau ne tar<strong>de</strong> pas ; il s'appelle Jean <strong>Le</strong>febvre et doit avoir dans les 35 ans. C'est un ancien car il<br />

apporte, avec ses habits, cette o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> moisi et <strong>de</strong> renfermé, "<strong>de</strong> nègre mort", dirait Jean, qui imprègne nos<br />

vêtement et empeste les cellules. Je l'avais presque oubliée cette puanteur, d'autant plus qu'ici, on baigne dans<br />

une étuve affreusement parfumée par l'acétone que mon haleine dégage. Il a regardé mes paperasses et ma<br />

Bible avec surprise.<br />

Dès que nous sommes seuls, je me lève ; du moins, j'essaie <strong>de</strong> me lever car je suis surpris d'être si faible. A<br />

la troisième tentative, je réussis à me glisser jusqu'à l'armoire, je l'ouvre et la referme aussitôt : le fumet puant<br />

<strong>de</strong> mes habits est toujours là et s'y est confortablement installé ! A ma sortie, ou je les conserve en souvenir<br />

dans une housse étanche ou je les brûle...<br />

Aussitôt, Jean me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce que je trafique avec ma Bible et mes feuilles <strong>de</strong> papier. Lorsque je me suis<br />

expliqué, il me déclare qu'il la connaît bien car il a été séminariste, a même porté la soutane qu'il a quittée<br />

avant d'être ordonné prêtre.<br />

Il me conseille <strong>de</strong> me reporter à la vision d'Ézéchiel dont l'interprétation a fait couler beaucoup d'encre et<br />

<strong>de</strong> lire certains livres "apocryphes" qui sont aussi anciens que les autres mais dont l'Église a refusé <strong>de</strong><br />

reconnaître l'authenticité car leur contenu ne collerait pas avec ce qu'elle enseigne.<br />

Un <strong><strong>de</strong>s</strong> détenus, en cellule, en possè<strong>de</strong> les principaux. Il va essayer <strong>de</strong> les emprunter.<br />

Il me parle ensuite longuement <strong>de</strong> ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> au petit et au grand séminaire, <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> très strictes, trop<br />

strictes, et qui n'ont plus rien à voir avec celles <strong>de</strong> maintenant. D'ailleurs, les séminaires sont presque tous<br />

fermés faute <strong>de</strong> candidats et les postulants actuels regroupés dans <strong><strong>de</strong>s</strong> centres tout à fait différents.<br />

Une conversation fort intéressante mais à prendre avec <strong><strong>de</strong>s</strong> réserves car ce qu'il dit exhale une forte o<strong>de</strong>ur


128<br />

<strong>de</strong> rancune qui frise, parfois, l'intransigeance et même la haine.<br />

22 juillet<br />

Pesée : 74 ,200. Moins 14 kg 400. Tension : 9/5<br />

Trentième jour ! Ça commence à compter, mais, avec le phosphalugène, je me sens toujours aussi frais et<br />

dispos. Ma belle infirmière n'en revient pas, d'autant plus qu'elle peut constater que je ne triche strictement<br />

pas.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> relations <strong>de</strong> Jean sont efficaces, on vient <strong>de</strong> m'apporter un <strong><strong>de</strong>s</strong> livres apocryphes dont il m'a parlé : le<br />

livre d'Hénoch.<br />

Alors là, je vais <strong>de</strong> stupéfaction en stupéfaction. Je comprends que monsieur le curé ne nous en ait jamais<br />

parlé.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> "apocryphes" sont <strong><strong>de</strong>s</strong> livres que les conciles ont refusé d'admettre dans la bible, parmi les livres dits<br />

"<strong>de</strong> révélation divine" parce qu'ils ne semblaient pas concor<strong>de</strong>r avec les dogmes <strong>de</strong> la foi, bien qu'ils soient<br />

tout aussi anciens que les autres et, parfois, même plus.<br />

Ce n'est qu'à la fin du quatrième siècle que le pape Gélase fixa la liste <strong><strong>de</strong>s</strong> seuls textes dignes <strong>de</strong> figurer<br />

dans la Bible et décréta que tous les autres étaient définitivement apocryphes, donc à écarter (non<br />

recipiendis), car absolument non canoniques.<br />

En général, on ne pense qu'aux livres anciens datant <strong>de</strong> la même pério<strong>de</strong> que ceux <strong>de</strong> la Bible officielle,<br />

comme, justement, le livre d'Hénoch.<br />

On oublie pourtant que, rien qu'en ce qui concerne le Nouveau Testament, les Evangiles, les actes, les<br />

épîtres pullulaient. On en a retrouvé et on en retrouve encore <strong>de</strong> nombreux tels l'évangile <strong><strong>de</strong>s</strong> Hébreux,<br />

l'évangile <strong><strong>de</strong>s</strong> Egyptiens, l'évangile <strong><strong>de</strong>s</strong> Ebonites, l'évangile <strong>de</strong> Pierre, l'évangile <strong>de</strong> Philippe, l'évangile <strong>de</strong><br />

Thomas, l'évangile <strong>de</strong> la Vérité, l'évangile <strong>de</strong> Marie, le protévangile <strong>de</strong> Jacques, l'évangile <strong>de</strong> Nicodème<br />

appelé "Actes <strong>de</strong> Pilate", l'ascension d'Isaïe, l'interrogation <strong>de</strong> Jean "interrogatio Johannis", l'histoire <strong>de</strong><br />

Joseph le charpentier, le récit <strong><strong>de</strong>s</strong> enfances du Seigneur <strong>de</strong> Thomas, l'évangile arabe <strong>de</strong> l'enfance, la sagesse <strong>de</strong><br />

Jésus Christ, la Visitation <strong>de</strong> Paul, le martyre <strong>de</strong> Paul (agréé, lui, par les chrétiens d'Orient), la lettre <strong>de</strong> pierre<br />

à Philippe, l'épître <strong>de</strong> Dorothée, évêque <strong>de</strong> Tyr, la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres d'Épiphane, évêque <strong>de</strong> Chypre, les actes <strong>de</strong><br />

Pierre et <strong><strong>de</strong>s</strong> douze apôtres, les actes <strong>de</strong> Jean, <strong>de</strong> Pierre, <strong>de</strong> Paul, <strong>de</strong> Thomas, d'André, <strong>de</strong> Philippe, <strong>de</strong><br />

Matthieu, <strong>de</strong> Barnabé et, enfin, la correspondance du Christ avec Abgar, roi d'É<strong><strong>de</strong>s</strong>se. C'est incroyable.<br />

Combien <strong>de</strong> chrétiens sont au courant <strong>de</strong> cette sélection arbitraire qui fut le prélu<strong>de</strong> à bien <strong><strong>de</strong>s</strong> dissensions<br />

catalogués, <strong>de</strong> ce fait, d'hérésies.<br />

Dès le troisième siècle, Origène, un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus grands Pères <strong>de</strong> l'Église, écrivant à Africanus, lui affirmait que<br />

les docteurs juifs avaient l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cacher à leurs fidèles tout ce qui pouvait engendrer le doute sur les<br />

dogmes sacrés, tout en en conservant les textes "cachés" chez eux. "Apocryphe" veut d'ailleurs dire "cachés".<br />

Quoique l'on en dise, les livres apocryphes ont historiquement la même valeur que les livres officialisés<br />

dans la Bible.<br />

<strong>Le</strong>ur seul défaut, c'est qu'ils font peur.<br />

l'Eglise a même peur <strong>de</strong> la Bible officielle composée <strong><strong>de</strong>s</strong> seuls livres agréés. Elle a peur <strong>de</strong> sa vulgarisation.<br />

Et elle a raison.<br />

Ce qui est mis à la disposition <strong><strong>de</strong>s</strong> fidèles, ce ne sont que <strong><strong>de</strong>s</strong> extraits soigneusement sélectionnés, les<br />

parties présentant les risques d'une exégèse aléatoire étant ainsi soigneusement occultées ; chaque extrait est,<br />

en plus, accompagné <strong>de</strong> commentaires précis <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à aiguiller les pensées <strong><strong>de</strong>s</strong> lecteurs vers une<br />

interprétation rigoureusement dogmatique.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> réflexions personnelles n'existent alors pratiquement plus.<br />

En 1229, le concile <strong>de</strong> Toulouse interdit aux laïcs <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un exemplaire <strong><strong>de</strong>s</strong> livres <strong>de</strong> l'Ancien et du<br />

Nouveau Testament à l'exclusion du psautier et <strong><strong>de</strong>s</strong> extraits contenus dans le bréviaire et les Heures <strong>de</strong> la<br />

Vierge ; il est strictement interdit <strong>de</strong> détenir ces ouvrages en langue vulgaire.<br />

<strong>Le</strong> 13 juin 1816, le pape Pie VII fait la déclaration suivante :<br />

"L'expérience a prouvé qu'en raison <strong>de</strong> l'impru<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, les Saintes Ecritures publiées dans la


129<br />

langue vulgaire font plus <strong>de</strong> tort que <strong>de</strong> bien".<br />

<strong>Le</strong> 6 octobre 1940, la Société Biblique envoie 110.000 Bibles en Espagne ; le gouvernement catholique<br />

espagnol les appréhen<strong>de</strong> et les recycle en les détruisant.<br />

*****<br />

<strong>Le</strong> livre d'Hénoch en est un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus anciens. Il a été mis à l'écart, en particulier, par le concile <strong>de</strong> Laodicée<br />

qui interdit, d'autre part, <strong>de</strong> parler <strong><strong>de</strong>s</strong> anges, ce que vous comprendrez bientôt très facilement.<br />

Quoi qu'il en soit, il existe et ses caractéristiques d'antiquité en font sa valeur. Il a été cité dans<br />

l'Ecclésiastique, dans l'évangile <strong>de</strong> St Luc, dans l'épître aux Hébreux, dans le Sephar Ha-Zohar <strong>de</strong> la kabbale<br />

juive ainsi que par St Ju<strong>de</strong>.<br />

Un <strong><strong>de</strong>s</strong> manuscrits a été retrouvé par l'Anglais James Bruce, au 18 ème siècle, parmi 13 manuscrits abyssins.<br />

Sa traduction a été publiée, en particulier, par les éditions Robert Laffont. Hénoch signifie, en hébreux,<br />

"l'initié", l'éclairé", l'informé".<br />

Il est le père <strong>de</strong> mathusalem qui vécut 969 ans, le grand-père <strong>de</strong> Lamech et l'arrière grand-père <strong>de</strong> Noé. Il<br />

vécut 365 ans avant <strong>de</strong> monter au ciel sur un char <strong>de</strong> feu.<br />

Dès le premier paragraphe, il est écrit<br />

(1/1) Hénoch, homme juste qui marchait <strong>de</strong>vant le seigneur, quand ses yeux se furent ouverts et qu'il eut<br />

contemplé une sainte vision dans les cieux, parla et dit : "Voici ce que me montrèrent les anges..."<br />

Il spécifie bien qu'il eut une vision "dans les cieux".<br />

Il continue : "C'est par eux que je pus parler et converser avec celui qui doit quitter un jour sa <strong>de</strong>meure<br />

céleste, le saint, le tout puissant, le seigneur <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>."<br />

Tiens, c'est la première fois que je vois s'exprimer cette vérité. Certains la détournent en disant que<br />

Yahvé/Jéhovah quittera sa <strong>de</strong>meure qui se trouve "là-haut" pour <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre faire le ménage sur terre. Il semble<br />

bien qu'il annonce là que, lorsque les hommes seront suffisamment évolués, il s'en ira, avec toute son équipe,<br />

vers d'autres aventures... abandonnant ainsi les Israélites.<br />

Si Hénoch peut parler "là-haut" à Yahvé/Jéhovah c'est que sa <strong>de</strong>meure n'est ni l'atmosphère terrestre ni<br />

l'éther en lui-même, ce flui<strong>de</strong> subtile, dit le Petit Larousse, qui remplit, selon les anciens, les espaces situés au<br />

<strong>de</strong>là. Au contraire, c'est quelque chose <strong>de</strong> bien tangible avec <strong><strong>de</strong>s</strong> chaises confortables... un astronef ou une<br />

station orbitale. Et il nous la décrit avec un art consommé on ne peut plus explicite.<br />

Au chapitre 7, sans tourner autour du pot, lui, il nous raconte l'épiso<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> "fils du ciel" qui engrossent<br />

nos belles humaines. Il cite même le nom <strong>de</strong> leurs chefs et n'écrit pas "fils <strong>de</strong> Dieu" mais "les enfants du ciel"<br />

; il n'y a donc aucune confusion possible avec les <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants d'Adam et je comprends que le concile ait<br />

éliminé ce livre en interdisant <strong>de</strong> parler <strong><strong>de</strong>s</strong> anges.<br />

(7/1 et suivants) Quand les enfants <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes se furent multipliés dans ces jours, il arriva que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

filles leur naquirent élégantes et belles.<br />

Et lorsque les anges, les enfants <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux, les eurent vues, ils en <strong>de</strong>vinrent amoureux ; et ils se dirent les<br />

uns aux autres : choisissons-nous <strong><strong>de</strong>s</strong> femmes <strong>de</strong> la race <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et ayons <strong><strong>de</strong>s</strong> enfants avec elles.<br />

Alors Samyaza, leur chef, leur dit : Je crains bien que nous ne puissions accomplir notre <strong><strong>de</strong>s</strong>sein et que<br />

je supporte seul la peine <strong>de</strong> votre crime. Mais ils répondirent : nous vous le jurons ! Et nous nous lions<br />

tous par <strong>de</strong> mutuelles exécrations... Ils étaient au nombre <strong>de</strong> 200.<br />

Voici le nom <strong>de</strong> leurs chefs : Samyana, leur chef, Urakabarameel, Akibeel, Tamiel etc...<br />

Et ils choisirent chacun une femme, et ils s'en approchèrent et ils cohabitèrent avec elles ; et ils leur<br />

enseignèrent la sorcellerie, les enchantements et les propriétés <strong><strong>de</strong>s</strong> racines et <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres.<br />

Et les femmes conçurent et elles enfantèrent <strong><strong>de</strong>s</strong> géants.<br />

Et elles créent, du même coup, <strong><strong>de</strong>s</strong> catastrophes car les géants ne s'adaptent pas aux hommes dits<br />

normaux...<br />

Yahvé/Jéhovah est furieux et c'est pour cette raison, nous dit Hénoch, qu'il déci<strong>de</strong> le déluge.<br />

Ce qui est confirmé dans le livre apocryphe <strong>de</strong> Baruch dans lequel il est écrit textuellement :<br />

"L'éternel fit venir le déluge sur la terre et anéantit


130<br />

toute chair, y compris celle <strong><strong>de</strong>s</strong> 4.090.000 géants..."<br />

Yahvé/Jéhovah envoie son lieutenant Arsayalalyur en informer Noé, le fils <strong>de</strong> Lamech, puis il envoie<br />

Gabriel, un autre <strong>de</strong> ses lieutenants, en compagnie d'Hénoch, contacter les insurgés afin <strong>de</strong> les avertir <strong>de</strong> sa<br />

sentence.<br />

(12/1 et suivants) Avant l'accomplissement <strong>de</strong> toutes ces choses, Hénoch fut enlevé <strong>de</strong> la terre ; et<br />

personne ne sut où il avait été enlevé ni ce qu'il était <strong>de</strong>venu.<br />

Tous ces jours, il les passa avec les saints et avec les vigilants.<br />

Moi, Hénoch, je bénissais le grand seigneur, le roi <strong>de</strong> la paix. Et voici : les vigilants me nommèrent<br />

Hénoch le scribe.<br />

Et le seigneur me dit : Hénoch, scribe <strong>de</strong> justice, va dire aux vigilants du ciel qui ont abandonné les<br />

hauteurs sublimes <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux et leur éternelle <strong>de</strong>meure, qui se sont souillés avec les femmes, ...dis leur<br />

que sur la terre, ils n'obtiendront jamais ni paix, ni rémission <strong>de</strong> leurs péchés... Jamais ils n'obtiendront<br />

paix et miséricor<strong>de</strong>.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> insurgés <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt alors à Hénoch d'intercé<strong>de</strong>r pour eux.<br />

(18/1 et suivants) Et ils furent terrifiés... et ils me <strong>de</strong>mandèrent d'écrire pour eux une humble supplique<br />

pour obtenir le pardon <strong>de</strong> leurs fautes ; ils me prièrent <strong>de</strong> la faire parvenir au trône du dieu du ciel car<br />

ils n'osaient ni s'adresser à lui, ni même lever les yeux au ciel...<br />

Mais Yahvé/Jéhovah est intransigeant.<br />

(14/3-4) <strong>Le</strong> jugement a été prononcé contre vous ; toutes vos prières sont inutiles.<br />

Ainsi, désormais, vous ne monterez plus au ciel...<br />

*****<br />

Puis Hénoch décrit avec ses mots facilement transposables en langage 20 ème siècle car très clairs, sa montée<br />

dans les cieux et son entrée dans le quartier général <strong>de</strong> Yahvé.<br />

(14/9 et suivants) Je me voyais environné <strong>de</strong> nuages et <strong>de</strong> brouillards épais ; je contemplais avec<br />

inquiétu<strong>de</strong> le mouvement <strong><strong>de</strong>s</strong> astres et celui <strong><strong>de</strong>s</strong> éclairs tandis que <strong><strong>de</strong>s</strong> vents favorables soulevaient mes<br />

ailes et accéléraient ma course.<br />

Il a l'impression que les astres défilent alors que la navette accélère.<br />

Je fus enlevé ainsi jusqu'au ciel et j'arrivai bientôt à un mur bâti avec <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres <strong>de</strong> cristal.<br />

Yahvé/Jéhovah n'est donc pas un Jupiter assis sur un nuage ! La navette est arrivé <strong>de</strong>vant l'astronef<br />

principal. Qu'il en compare les matériaux à du cristal, c'est on ne peut plus naturel -.<br />

Des flammes mobiles en enveloppaient les contours et je commençais à être saisi d'effroi<br />

On le serait à moins... Il doit s'agir <strong>de</strong> hublots éclairés ou <strong>de</strong> phares extérieurs car<br />

Cependant, je m'enfonçais au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> flammes.<br />

Et je pénétrais dans une vaste habitation dont le pavé était en pierres <strong>de</strong> cristal - bien entendu - . <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

murs comme le pavé étaient également en cristal, aussi bien que le fon<strong>de</strong>ment. Son toit était formé<br />

d'étoiles errantes et d'éclairs <strong>de</strong> lumière<br />

Que c'est beau l'électricité !<br />

Quand je fus entré dans cette habitation, elle était à la fois brûlante comme le feu et froi<strong>de</strong> comme la<br />

glace ; et il n'y avait là trace ni <strong>de</strong> bonheur ni <strong>de</strong> vie. Alors une terreur soudaine s'empara <strong>de</strong> moi ; je<br />

tressaillis d'effroi.<br />

Ce n'est pas accueillant un sas !<br />

Tout tremblant, je tombai la face contre terre et j'eus une vision.<br />

Voici : il y avait une autre habitation plus spacieuse que la première, dont toutes les portes étaient<br />

ouvertes <strong>de</strong>vant moi, au milieu d'une flamme vibrante.<br />

<strong>Le</strong> sas est franchi et l'intérieur du vaisseau apparaît dans toute sa splen<strong>de</strong>ur.<br />

Bon sang ! Mais c'est criant <strong>de</strong> vérité ! Il faut que cela ait été vécu pour que le scribe le raconte aussi bien,<br />

dans ses moindres détails, et cela voici plusieurs millénaires. Il faut être le roi <strong><strong>de</strong>s</strong> ânes bâtés pour ne pas y<br />

voir la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription d'une arrivée dans un astronef ou dans quelque chose d'équivalent.


131<br />

Et qu'on ne nous dise pas qu'il s'agit là <strong>de</strong> la <strong>de</strong>meure du Bon Dieu !<br />

Hénoch continue :<br />

Telle était sa gloire, sa magnificence, sa gran<strong>de</strong>ur, qu'il m'est impossible <strong>de</strong> vous dépeindre ni la<br />

splen<strong>de</strong>ur qui l'environne, ni sa vaste étendue.<br />

Hénoch qui vient <strong>de</strong> quitter ses frères bergers et leurs brebis, est dépassé par les événements... Il en prend<br />

plein les yeux, le pauvre.<br />

Je vis qu'il y avait un trône élevé... Et il y avait quelqu'un assis sur ce trône <strong>de</strong> gloire, dont le vêtement<br />

étaient plus brillant que le soleil et plus blanc que la neige.<br />

Que peut-il dire d'autre alors que lui et ses semblables doivent être vêtus <strong>de</strong> peau <strong>de</strong> brebis ? Quelle<br />

différence !<br />

Et <strong>de</strong> là, Yahvé/Jéhovah lui fait regar<strong>de</strong>r la terre.<br />

(14/25) Et il me prit et il me fit pencher jusqu'à la porte.<br />

Et moi, je tenais les yeux baissés vers la terre.<br />

Il confirme<br />

(15/8) La <strong>de</strong>meure <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits célestes est le ciel ; mais c'est la terre qui doit être la <strong>de</strong>meure <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits<br />

terrestres qui sont nés sur la terre.<br />

(17/1) Puis ils m'enlevèrent dans un endroit où il y avait comme un feu dévorant ; et où, selon leur bon<br />

plaisir, ils prenaient la ressemblance <strong>de</strong> l'homme.<br />

<strong>Le</strong> scaphandre ou ce qui lui ressemble, enlevé, ce sont bien <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes.<br />

Il voit et il apprend <strong><strong>de</strong>s</strong> tas <strong>de</strong> choses, c'est merveilleux ; une extase perpétuelle !<br />

A la fin du livre, une révélation me stupéfie bien qu'elle se comprenne : Yahvé/Jéhovah se prépare pour<br />

son opération "déluge" et les conséquences qui en résulteront.<br />

(105/2 et suivants) La femme <strong>de</strong> Lamech, fils <strong>de</strong> Mathusalem, <strong>de</strong>venue enceinte, mit au mon<strong>de</strong> un enfant<br />

dont la chair était blanche comme la neige et rouge comme une rose ; dont les cheveux étaient blancs et<br />

longs comme la laine, et les yeux <strong>de</strong> toute beauté... A peine fut-il reçu <strong><strong>de</strong>s</strong> mains <strong>de</strong> la sage-femme qu'il<br />

ouvrit la bouche en racontant les merveilles du seigneur. Alors Lamech, son père, plein d'étonnement,<br />

alla trouver Mathusalem et lui annonça qu'il avait un fils qui ne ressemblait pas aux autres enfants. Ce<br />

n'est pas un homme, dit-il, c'est un ange du ciel : à coup sûr, il n'est pas <strong>de</strong> notre espèce... Il ne paraît<br />

pas être <strong>de</strong> moi, mais d'un ange.<br />

Maintenant, je te supplie d'aller trouver Hénoch, mon aïeul, et <strong>de</strong> lui en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r l'explication, car il<br />

fait sa <strong>de</strong>meure avec les anges.<br />

Mathusalem va donc trouver son père et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu'il en est exactement. Hénoch lui répond<br />

"Je t'ai parlé <strong>de</strong> ceux qui, nés du ciel, avaient cependant transgressé la parole du seigneur. Voici : Ils<br />

commettaient l'iniquité et ils ont transgressé les ordonnances et habitaient avec les femmes <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes<br />

et engendraient avec elles une postérité infâme.<br />

Pour ce crime, une gran<strong>de</strong> catastrophe surviendra sur la terre ; un déluge l'inon<strong>de</strong>ra et la dévastera<br />

pendant une année. Cet enfant qui vous est né survivra seul au grand cataclysme avec ses trois fils.<br />

Quand tout le genre humain sera détruit, lui seul sera sauvé.<br />

Et ses <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants enfanteront sur la terre <strong><strong>de</strong>s</strong> géants, non pas nés <strong>de</strong> l'esprit, mais <strong>de</strong> la chair."<br />

En annexe du livre, était annoté ce qui suit que je copie car je vais <strong>de</strong>voir rendre ce livre:<br />

On a crié à la découverte du siècle lorsqu'on apprit, en 1947, que <strong><strong>de</strong>s</strong> manuscrits très anciens, vieux d'au<br />

moins 200 ans av. J.C., venaient d'être découverts près <strong>de</strong> la mer morte. Puis on n'en parla presque plus.<br />

Dans un livres publié à Munich, Mehr Klarheit über die Schriftrollen, Burrows Millar en cite quelques uns.<br />

Nous y trouvons cette histoire que je résume :<br />

"Lamech, père <strong>de</strong> Noé, était en voyage et, lorsqu'il revint, après plus <strong>de</strong> 9 mois d'absence, il fut surpris <strong>de</strong><br />

découvrir que sa femme, Bat-Enosch avait accouché d'un petit garçon qui n'avait aucun air <strong>de</strong> famille.<br />

"Il lui en fit le reproche mais elle jura "cette semence était <strong>de</strong> toi, <strong>de</strong> toi cette conception et ce fruit et non<br />

d'un étranger ou d'un fils du ciel."


132<br />

"Lamech ne la crut pas ; il alla prendre conseil <strong>de</strong> son père Mathusalem et Mathusalem alla prendre conseil<br />

<strong>de</strong> son père Hénoch qui prédit la vengeance <strong>de</strong> la justice divine car toute chair est souillée et corrompue mais<br />

il ordonna à Lamech <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r l'enfant, <strong>de</strong> veiller sur lui et <strong>de</strong> le nommer Noé parce qu'il aurait été élu pour<br />

<strong>de</strong>venir le patriarche sauveur <strong>de</strong> l'humanité."<br />

Dans un autre rouleau dit "Manuscrit <strong>de</strong> la Genèse", traduit par le professeur Biberkrant <strong>de</strong> Jérusalem, la<br />

même histoire est relatée :<br />

Bat-Enosch essaie <strong>de</strong> se justifier vis à vis <strong>de</strong> son époux et lui dit entre autre : "Oh ! Mon Seigneur !<br />

Souviens-toi <strong>de</strong> ma jouissance... T'aurais-je affirmé par le Grand Saint, par le roi du ciel et <strong>de</strong> la terre, que<br />

<strong>de</strong> toi est cette semence... et non d'un quelconque étranger et non d'un quelconque veilleur et non d'un<br />

quelconque fils du ciel..." Lamech, bien entendu, ne la crut pas.<br />

Que c'est étrange. Tout se recoupe.<br />

Noé, indubitablement, s'il est le fils d'Adam par sa mère, est directement "fils <strong>de</strong> Yahvé" par son<br />

concepteur qui, à la lecture <strong>de</strong> ces récits plusieurs fois millénaires et, <strong>de</strong> ce fait, sans conteste possible, n'est<br />

pas le pauvre Lamech.<br />

Nous arrivons à un tournant <strong>de</strong> l'humanité ; un "plus" est <strong>de</strong>venu indispensable dans les gênes <strong>de</strong> l'homme.<br />

Au fond, si nous en croyons la bible, Noé n'est-il pas notre ancêtre au même titre qu'Adam ?<br />

23 juillet<br />

Pesée : 73,800. 14 kg 800 en moins. Tension : 9/5<br />

Visite <strong>de</strong> Maître <strong>Le</strong>blond qui me présente un <strong>de</strong> ses collègues parisiens, Maître Gorce qui l'ai<strong>de</strong>ra par ses<br />

relations dans la capitale et dans les interventions à faire éventuellement sur place.. Aussi jeune et,<br />

apparemment, aussi sympa.<br />

Etant donné ma faiblesse physique réelle malgré ma forme morale, ils ont été autorisés à venir dans la<br />

chambre. C'est quand même mieux qu'un parloir.<br />

Nous faisons le point du dossier qui n'avance guère : on ne trouve aucune trace <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux salops que je<br />

remplace et le juge d'instruction débordé laisse pourrir. Mes <strong>de</strong>ux chers avocats, eux, paraissent décidés à<br />

tout faire pour me sortir <strong>de</strong> là.<br />

La lecture <strong>de</strong> ma fiche médicale semble les inquiéter. Personnellement, je ne vois vraiment pas. Une suite<br />

normale, je crois. Si ma grève <strong>de</strong>venait dangereuse, je n'aurais certainement pas une pèche aussi<br />

exceptionnelle. A moins que ce ne soit la luminosité <strong>de</strong>rnière précédant la fin...<br />

Mon vieux Michel, sois sérieux, on ne blague pas avec ces choses là...<br />

Encore plus quand on n'y croit pas.<br />

Maître <strong>Le</strong>blond me confirme que maman est fatiguée et toujours en arrêt maladie. Mais rien <strong>de</strong> grave. Elle<br />

se fait du souci, bien entendu. Il passe la rassurer <strong>de</strong>main et, pour cela, sort un appareil photo <strong>de</strong> sa serviette<br />

et me prend en photo ainsi que la chambre. Cette entorse au règlement leur redonne le sourire.<br />

C'est strictement interdit mais Jean qui rigole, ne dira rien.<br />

Lors <strong>de</strong> sa visite, maître <strong>Le</strong>blond s'est trouvé nez à nez avec Simone qui sortait. Elle lui a <strong>de</strong>mandé :<br />

- Comment va-t-il ?<br />

Il a fait exprès <strong>de</strong> lui dire que <strong>de</strong>ux mois <strong>de</strong> grève <strong>de</strong> la faim pouvaient avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> conséquences très graves<br />

et que j'étais très faible. Il a ajouté qu'il trouvait cela stupi<strong>de</strong> car certain <strong>de</strong> mon innocence. Elle semblait sur le<br />

point <strong>de</strong> pleurer. Là-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, elle s'est éclipsée car personne ne doit savoir, je pense, qu'elle vient voir maman.<br />

L'ennui c'est que sa mère est convaincue du contraire et décidée à aller jusqu'au bout.<br />

Maître Gorce qui m'a remis l'adresse <strong>de</strong> ses bureaux, m'a promis sa visite dans une huitaine.<br />

*****<br />

Profitant du livre qui m'est prêté, je viens <strong>de</strong> lire et relire le livre d'Ezéchiel.<br />

Mon Dieu, que c'est frappant ! Un scribe <strong>de</strong> ce temps là n'aurait pas pu mieux décrire l'arrivée d'un engin<br />

volant, l'engin lui-même et ceux qui l'occupent, sortent et se déplacent.


133<br />

La première fois, cela se passe au bord du fleuve Kébar.<br />

(Ez. 1/4) C'était un vent <strong>de</strong> tempête - ce doit être ainsi à Cap Canaveral - soufflant du nord, une grosse<br />

nuée - toujours cette nuée, là, bien compréhensive - un feu jaillissant avec une lueur autour - les réacteurs<br />

ne sont pas encore éteints, ni les lumières <strong>de</strong>rrière les hublots, ni les projecteurs - et au centre comme l'éclat<br />

du vermeil au milieu du feu - le métal <strong>de</strong> l'engin qui, bien entendu, brille -.<br />

"En sortent 4 animaux".<br />

Etant donné leur aspect, que pouvait-il écrire d'autre ? Dans sa surprise, il précise toutefois<br />

(Éz. 1/5) Ils avaient une forme humaine. Et (Éz. 1/8) Sous leurs ailes, il y avait <strong><strong>de</strong>s</strong> mains humaines.<br />

Puis<br />

(Éz. 1/10) ils avaient une face d'homme.<br />

Plus loin, il les appelle <strong><strong>de</strong>s</strong> "chérubins"<br />

(Éz. 10/1) Je regardai : voici que sur la voûte qui était au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> la tête <strong><strong>de</strong>s</strong> chérubins... (Éz. 10/15)<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> chérubins s'élevèrent : c'était l'animal que j'avais vu sur le fleuve Kébar...<br />

pour, ensuite, reconnaître que ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> "hommes"<br />

(Éz. 8/2) Je regardai : il y avait un être qui avait l'apparence d'un homme. Depuis ce qui paraissait être<br />

ses reins et au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, c'était du feu - un équipement individuel <strong>de</strong> vol comme on en essaie actuellement,<br />

paraît-il ? - et, <strong>de</strong>puis ses reins et au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus, c'était quelque chose comme une lueur, comme l'éclat du<br />

vermeil - matière plastique ou métal brillant ? - ...il étendit une forme <strong>de</strong> main... et m'enleva entre ciel et<br />

terre.<br />

(Éz. 9/2) Et voici que six hommes s'avancèrent, venant du porche supérieur qui regar<strong>de</strong> le nord, chacun<br />

son instrument pour frapper à la main.<br />

De quoi sont-ils équipés ? D'un fusil ? D'une mitraillette ? D'un laser ? Ce serait amusant <strong>de</strong> le savoir.<br />

(Éz. 40/3) Et voici qu'il y avait un homme dont l'aspect avait l'apparence <strong>de</strong> l'airain...<br />

La <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> ces animaux - chérubins - hommes - ressemble à s'y méprendre à celle d'aviateurs<br />

équipés <strong>de</strong> scaphandres, du genre scaphandres stratosphériques, avec une tenue en matière plastique luisante<br />

et qui seraient équipés d'un appareil <strong>de</strong> vol, genre hélicoptère individuel... ou - tout est possible étant donné<br />

l'avance technologique que l'équipe <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah doit avoir - <strong><strong>de</strong>s</strong> robots <strong>de</strong> texture humaine.<br />

Il suffit <strong>de</strong> lire ces <strong><strong>de</strong>s</strong>criptions plus <strong>de</strong> quatre fois millénaires peut-être, avec un esprit <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> 20 ème<br />

siècle. Notons <strong><strong>de</strong>s</strong> extraits textuels.<br />

(Éz.1/6 et suivants) Ils avaient chacun 4 faces - le casque avec quatre boursouflures dont 3 équipées<br />

d'instruments divers - et chacun 4 ailes - les pâles -. <strong>Le</strong>urs jambes étaient droites et leurs sabots étaient<br />

comme <strong><strong>de</strong>s</strong> sabots <strong>de</strong> boeuf, étincelants comme <strong>de</strong> l'airain poli - quoi <strong>de</strong> plus typique ! -... Ils ne<br />

tournaient pas en marchant ; ils allaient chacun <strong>de</strong>vant soi.<br />

(Éz. 1/14) <strong><strong>Le</strong>s</strong> animaux allaient et venaient, semblables à l'éclair.<br />

(Éz. 1/11) <strong>Le</strong>urs ailes étaient déployées vers le haut ; chacun avait <strong>de</strong>ux ailes se joignant et <strong>de</strong>ux ailes<br />

lui couvrant le corps ; et ils allaient chacun <strong>de</strong>vant soi ; ils allaient là où l'esprit les poussait - Ainsi,<br />

presque toujours, dans la Bible, le scribe traduit la force <strong>de</strong> poussée <strong><strong>de</strong>s</strong> engins qui passent ou apparaissent,<br />

par "l'esprit". Dès les premières lignes <strong>de</strong> la Genèse : "l'esprit <strong>de</strong> Dieu planait au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux" -...<br />

(Éz. 1/22) Il y avait sur les têtes <strong>de</strong> l'animal quelque chose qui ressemblait à une voûte, éclatante comme<br />

du cristal, tendue sur leur tête, au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus - l'engin qui les a amenés, tout <strong>de</strong> métal brillant - et, sous la<br />

voûte, leurs ailes étaient dressées l'une vers l'autre... - c'est bien comme cela, <strong><strong>de</strong>s</strong> pâles, n'est-ce pas ?<br />

(Éz. 1/24) Et j'entendis le bruit <strong>de</strong> leurs ailes, comme un bruit d'eau abondante, comme la voix <strong>de</strong><br />

Shaddaï ; lorsqu'ils marchaient, c'était un bruit <strong>de</strong> tempête, comme un bruit <strong>de</strong> camp ; lorsqu'ils<br />

s'arrêtaient, ils repliaient leurs ailes...<br />

Quoi <strong>de</strong> plus expressif !<br />

(Éz. 11/22) Alors les chérubins levèrent leurs ailes et les roues allaient avec eux...<br />

Chacun possè<strong>de</strong> sa navette personnelle. De quelle nature exacte ? Nous ne pourrions le savoir que si<br />

Yahvé/Jéhovah revenait... Qui sait !<br />

Quant à ces navettes qui les accompagnaient, il les décrit sous la forme <strong>de</strong> roues.<br />

(Éz. 1/15 à 18) Voici qu'il y avait une roue à terre, à c ôté <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux à quatre faces. L'aspect <strong>de</strong> ces


oues et leur structure avait l'éclat <strong>de</strong> la chrysolite... Elles avançaient dans les quatre directions et ne<br />

tournaient pas en marchant. <strong>Le</strong>ur circonférence était <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille et effrayant et leur circonférence,<br />

à tous les quatre, étaient pleine <strong>de</strong> reflets autour<br />

Voilà qui ressemble, à s'y méprendre, à <strong><strong>de</strong>s</strong> hublots...<br />

Ce sont bien <strong><strong>de</strong>s</strong> chars car...<br />

134<br />

(Éz. 10/2) Et il dit à l'homme vêtu <strong>de</strong> lin : "Va au milieu du char, sous les chérubins...<br />

Deux remarques m'ont frappées et c'est peut-être idiot car moins important que le reste : le récit du<br />

décollage et la confirmation que la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah est bien le vaisseau avec lequel il se déplace.<br />

Il faut qu'Ézéchiel ait réellement participé à ce décollage pour avoir si bien exprimé, en quelques mots, la<br />

sensation d'oppression qu'il a alors ressentie.<br />

(Éz. 3/12) L'esprit m'enleva et je sentis <strong>de</strong>rrière moi le bruit d'un grand tremblement : "Bénie soit la<br />

gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah au lieu <strong>de</strong> son séjour !" C'était le bruit que faisaient les ailes <strong><strong>de</strong>s</strong> animaux,<br />

battant l'une contre l'autre, et le bruit <strong><strong>de</strong>s</strong> roues à c ôté d'eux, et le bruit d'un grand tremblement. Et<br />

l'esprit m'enleva et me prit ; j'allai amer, l'esprit enfiévré, et la main <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah pesait fortement<br />

sur moi...<br />

C'est d'une précision ahurissante.<br />

La gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah, c'est bien son vaisseau. Lors <strong>de</strong> son embarquement, Ézéchiel dit bien : "Bénie<br />

soit la gloire <strong>de</strong> Yahvé..." et, plus loin :<br />

(Éz. 3/23) Je me levai et sortis dans la vallée et voilà que la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah était arrêtée...<br />

semblable à la gloire que j'avais vue au bord du fleuve Kébar...<br />

Puis<br />

(Éz. 8/4) Or voici que la gloire du Dieu d'Israël était là ; elle avait l'aspect <strong>de</strong> ce que j'avais vu dans la<br />

vallée.<br />

Et enfin<br />

(Éz. 43/23) ...et voici que la gloire du Dieu d'Israël arrivait du c ôté <strong>de</strong> l'Orient. Un bruit<br />

l'accompagnait, semblable au bruit <strong><strong>de</strong>s</strong> eaux abondantes, et la terre resplendissait <strong>de</strong> sa gloire. Cette<br />

vision était semblable à la vision que j'avais eue sur le fleuve Kébar.<br />

Or, au bord du fleuve Kébar, c'était sans conteste un ou plusieurs vaisseaux, donc... Un syllogisme évi<strong>de</strong>nt<br />

qui confirme, si besoin en était encore, ce que nous pensions <strong>de</strong> la Genèse.<br />

Je lis également ceci qui va <strong>de</strong> pair avec nos notes sur le livre <strong>de</strong> Josué :<br />

(Éz. 13/13) Je vais déchaîner un vent <strong>de</strong> tempête dans ma fureur, il y aura une pluie torrentielle dans<br />

ma colère, <strong><strong>de</strong>s</strong> grêlons dans ma rage <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>truction... et vous saurez que je suis Yahvé.<br />

Décidément, il est bien loin le Bon Dieu Yahvé/Jéhovah !<br />

Pesée : 73,600. 15 kg en moins. Tension : 10/5<br />

24 juillet<br />

Et je reviens avec mon extraterrestre, car, au fond, c'est à ça qu'il ressemble. Un extraterrestre super génie<br />

extrêmement bien équipé pour mettre en route l'évolution rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'homo sapiens, avec un clan israélite<br />

privilégié qu'il peut protégé et maté.<br />

Car, en fonction <strong>de</strong> ce que nous connaissons en notre fin <strong>de</strong> 20 ème siècle et que ne pouvaient comprendre<br />

nos ancêtres, bien <strong><strong>de</strong>s</strong> images <strong>de</strong> la Bible s'éclairent.<br />

Comme l'explication <strong>de</strong> "la Gloire" <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah qu'Ézéchiel assimile parfaitement à un vaisseau ainsi<br />

que je l'ai déjà noté.<br />

(Ex. 33/18) Moïse dit : "Fais moi, je te prie, voir ta gloire."<br />

(Ex. 33/21) Et Yahvé/Jéhovah dit : "Voici un endroit près <strong>de</strong> moi ; tu te tiendras <strong>de</strong>bout sur le rocher et,<br />

quand ma gloire passera, je te mettrai dans le creux du rocher et je te couvrirai <strong>de</strong> ma main jusqu'à ce<br />

que je sois passé...<br />

Moïse veut voir la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah car il voudrait comprendre et non Yahvé/Jéhovah lui-même


135<br />

car, lui, il le connaît bien. Ce qui pique sa curiosité, c'est ce qui accompagne Yahvé/Jéhovah et qui semble<br />

être son moyen <strong>de</strong> locomotion - l'engin qui le véhicule - avec, <strong>de</strong> ce fait, les bruits correspondants et le<br />

"décorum" un peu poussé certainement <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à éblouir, influencer et, parfois, terroriser le peuple. Ce qui est<br />

"<strong>de</strong> bonne guerre" et, à notre époque, ne nous surprendrait plus.<br />

Ainsi, la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> l'arrivée <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah auprès d'Élie est caractéristique<br />

(1R. 19/11 et suivants) Yahvé/Jéhovah dit "Sors et tiens-toi dans la montagne <strong>de</strong>vant Yahvé". Et voici<br />

que Yahvé/Jéhovah passait. Un vent violent et fort déchirait les montagnes et brisait les rochers en avant<br />

<strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah: Yahvé/Jéhovah n'était pas dans le vent. Après le vent, un tremblement <strong>de</strong> terre :<br />

Yahvé/Jéhovah n'était pas dans le tremblement <strong>de</strong> terre. Après le tremblement <strong>de</strong> terre, un feu :<br />

Yahvé/Jéhovah n'était pas dans le feu. Après le feu, le son d'une brise légère.<br />

- la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah vient d'atterrir -<br />

(Lv. 9/6) Moïse dit : "Voici ce que Yahvé/Jéhovah vous a commandé <strong>de</strong> faire pour que vous apparaisse<br />

la gloire <strong>de</strong> Yahvé...<br />

Lv. 9/23) ... Alors la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah apparut à tout le peuple ; un feu sortit <strong>de</strong> <strong>de</strong>vant<br />

Yahvé/Jéhovah et dévora sur l'autel l'holocauste et les graisses.<br />

(Nb. 14/10) Toute la communauté parlait <strong>de</strong> les assommer avec <strong><strong>de</strong>s</strong> pierres quand la gloire <strong>de</strong><br />

Yahvé/Jéhovah apparut... et Yahvé/Jéhovah dit à Moïse...<br />

(Nb. 16/19) Coré avait assemblé contre ces <strong>de</strong>rniers toute la communauté à l'entrée <strong>de</strong> la tente <strong>de</strong> la<br />

rencontre et la gloire <strong>de</strong> apparut à toute la communauté ! Alors Yahvé/Jéhovah parla à Moïse et<br />

Aaron...<br />

(Nb. 20/6) Moïse et Aaron quittant l'assemblée vinrent à l'entrée <strong>de</strong> la tente <strong>de</strong> la rencontre et ils<br />

tombèrent sur la face. Alors leur apparut la gloire <strong>de</strong> Yahvé. Yahvé/Jéhovah parla à Moïse...<br />

Beaucoup <strong>de</strong> commentateurs l'associe à la nuée dans laquelle Yahvé/Jéhovah apparaît ou la confon<strong>de</strong>nt<br />

même avec, ce qui semble faux car la nuée est souvent présente sans que Yahvé/Jéhovah y soit alors que "la<br />

gloire" précè<strong>de</strong> toujours Yahvé/Jéhovah, ce qui se comprend, en fonction <strong>de</strong> ce que nous savons et sommes<br />

capables d'interpréter à la lumière <strong><strong>de</strong>s</strong> réalisations <strong>de</strong> la science actuelle qui n'est pourtant qu'un embryon <strong>de</strong><br />

science par rapport à celle <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah et <strong>de</strong> ses collaborateurs.<br />

(Ex. 16/10) Or, comme Aaron parlait à toute la communauté <strong><strong>de</strong>s</strong> fils d'Israël, ils se tournèrent vers le<br />

désert et voici que la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah apparut dans la nuée.<br />

(Ex. 29/42) Ce sera un holocauste perpétuel dans vos générations, à l'entrée <strong>de</strong> la tente <strong>de</strong> la rencontre,<br />

<strong>de</strong>vant Yahvé/Jéhovah, là où je me rencontrerai avec vous, pour te parler. C'est là que je me<br />

rencontrerai avec les fils d'Israël et ce lieu sera rendu saint par ma gloire.<br />

(Ex. 40/34) Alors la nuée couvrit la tente <strong>de</strong> la rencontre et la gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah remplit la<br />

<strong>de</strong>meure. Et Moïse ne pouvait entrer dans la tente <strong>de</strong> la rencontre car la nuée <strong>de</strong>meurait sur elle et la<br />

gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah remplissait la <strong>de</strong>meure.<br />

(Nb. 17/7) Comme la communauté s'assemblait contre Moïse et contre Aaron, ceux-ci se tournèrent vers<br />

la tente <strong>de</strong> la rencontre et voici que la nuée la couvrit et qu'apparut la gloire <strong>de</strong> Yahvé.<br />

Cette nuée artificielle remplit parfaitement son usage évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> camouflage.<br />

(Ex. 24/16) La gloire <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah <strong>de</strong>meura sur le mont Sinaï et la nuée la couvrit pendant six<br />

jours....<br />

Ex 39/7 et suivants) Quiconque avait à consulter Yahvé/Jéhovah, sortait vers la tente du ren<strong>de</strong>z-vous qui<br />

se trouvait hors du camp. Chaque fois que moïse sortait vers la tente, tout le peuple se levait, chacun se<br />

portait à l'entrée <strong>de</strong> la tente et suivait Moïse du regard jusqu'à ce qu'il entrât dans la tente. Chaque fois<br />

que Moïse entrait dans la tente, la colonne <strong>de</strong> nuée <strong><strong>de</strong>s</strong>cendait, se tenait à l'entrée <strong>de</strong> la tente et il parlait<br />

à Moïse...<br />

Ainsi, pendant la traversée du désert <strong>de</strong>vant les Egyptiens :<br />

(Ex. 40/36) Quand la nuée s'élevait <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus la <strong>de</strong>meure, les fils d'Israël partaient, lors <strong>de</strong> toutes leurs<br />

étapes ; mais si la nuée ne s'élevait pas, ils ne partaient pas jusqu'au jour où elle s'élevait. Car la nuée<br />

<strong>de</strong> Dieu était sur la <strong>de</strong>meure durant le jour, et il y avait en elle du feu, la nuit, sous les yeux <strong>de</strong> toute la<br />

maison d'Israël, lors <strong>de</strong> toutes leurs étapes.<br />

Comme pour la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription <strong>de</strong> l'arrivée <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah <strong>de</strong>vant la grotte où se tenait Élie, les termes<br />

employés par les différents scribes laissent planer peu <strong>de</strong> doute sur la réalité <strong>de</strong> tels atterrissages qu'il était


136<br />

impossible, auparavant, d'interpréter correctement. Presque correctement pour nous, soyons mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes, car la<br />

technologie alors employée doit nous dépasser d'une façon que nous ne pouvons même pas imaginer. Un<br />

vaisseau qui atterrit ou qui décolle, quel boucan !<br />

(Ex. 19/16) Or, le troisième jour, dès le matin, il y eut <strong><strong>de</strong>s</strong> tonnerres, <strong><strong>de</strong>s</strong> éclairs, une lour<strong>de</strong> nuée sur la<br />

montagne et un son <strong>de</strong> cor très fort ; et tout le peuple qui était dans le camp trembla. Moïse fit sortir le<br />

peuple à la rencontre <strong>de</strong> Dieu hors du camp... <strong>Le</strong> mont Sinaï était tout fumant, parce que Yahvé/Jéhovah<br />

y était <strong><strong>de</strong>s</strong>cendu dans le feu, et sa fumée montait comme une fumée <strong>de</strong> fournaise, et toute la montagne<br />

tremblait violemment. <strong>Le</strong> son du cor <strong>de</strong>venait <strong>de</strong> plus en plus fort...<br />

(Jg. 5/4) Yahvé/Jéhovah quand tu sortis <strong>de</strong> Séïr,<br />

quand tu t'avanças <strong><strong>de</strong>s</strong> campagnes d'Édom,<br />

la terre trembla.<br />

(Ps. 68/9) O Dieu, quand tu sortis à la face <strong>de</strong> ton peuple,<br />

quand tu foulas le désert, la terre trembla.<br />

Je comprends que les pères <strong>de</strong> l'Église n'aient pas compris, mais, pour nous au 20 ème siècle quelle netteté !<br />

25 juillet<br />

Pesée : 73,500. 15 kg 100 en moins. Tension : 9/5.<br />

Un dimanche resplendissant <strong>de</strong> soleil. Je préfère m'abstenir d'aller à la messe <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> revenir sur un<br />

brancard, sans même la certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pouvoir arriver jusqu'à la chapelle.<br />

Après l'office, l'aumônier vient me proposer la communion. J'accepte, bien entendu.<br />

Pourquoi refuserais-je ? Au fond, le Dieu que je suis en train <strong>de</strong> découvrir, le mien actuellement, et le sien,<br />

c'est le même. Il m'offre Dieu en m'offrant le corps du Christ.<br />

Or qu'en est-il du Christ ? Est-il un prophète comme l'enseignent les musulmans ? Est-il Dieu lui-même<br />

comme l'affirme l'Église ?<br />

Une phrase <strong>de</strong> St Paul sur laquelle je suis tombé par hasard, me surprend :<br />

(1 Cor. 11/3) Je veux cependant que vous sachiez que le chef <strong>de</strong> tout homme, c'est le Christ, que le chef<br />

<strong>de</strong> la femme, c'est l'homme, et que le chef du Christ, c'est Dieu.<br />

S'il n'est pas Dieu, il est au moins une approche <strong>de</strong> Dieu. Un moyen <strong>de</strong> contact avec Dieu<br />

Ce problème me dépasse. Je me sens incapable <strong>de</strong> le résoudre à la lumière <strong>de</strong> ce que j'ai pu découvrir ces<br />

<strong>de</strong>rnières semaines. Je préfère ne pas l'abor<strong>de</strong>r. De toute façon, quelles que soient les conclusions que je<br />

puisse en tirer, je serais inévitablement dans l'erreur.<br />

Je ne vois que Dieu, l'Universel, qui doit pardonner sans problème à celui qui se trompe pourvu qu'il vive<br />

auréolé <strong>de</strong> droiture et <strong>de</strong> bonté.<br />

Yahvé/Jéhovah gui<strong>de</strong> les Israélites, dans le désert.<br />

(Ex 23/20 et 23) Voici que je vais envoyer un ange <strong>de</strong>vant toi, pour qu'il veille sur toi en chemin et te<br />

mène au lieu que je t'ai fixé... Mon ange ira <strong>de</strong>vant toi.<br />

Il les gui<strong>de</strong>, mais il les défend avec <strong><strong>de</strong>s</strong> armes terribles que le scribe décrit comme il le peut. :<br />

(Ex 23/27 et 28) Je sèmerai <strong>de</strong>vant toi ma terreur, je jetterai la confusion dans tous les peuples où tu<br />

pénétreras et je ferai détaler tous tes ennemis. J'enverrai <strong>de</strong>vant toi <strong><strong>de</strong>s</strong> frelons qui chasseront les<br />

Hivittes, les Cananéens et les Hittites <strong>de</strong>vant toi.<br />

Pourquoi <strong><strong>de</strong>s</strong> frelons ? <strong>Le</strong> scribe n'a trouvé que ce mot pour exprimer ce qu'il <strong>de</strong>vait narrer mais ce ne sont<br />

certainement pas <strong><strong>de</strong>s</strong> essaims <strong>de</strong> ces grosses guêpes aussi dangereuses soient-elles... Etymologiquement, le<br />

mot correspondant veut dire "choses qui volent". Ce fut traduit par "frelons". N'est-ce pas la <strong><strong>de</strong>s</strong>cription<br />

typique, avec les mots <strong>de</strong> ce temps là, <strong>de</strong> bombes ou <strong>de</strong> fusées ? Sifflement, explosions, <strong><strong>de</strong>s</strong>truction et<br />

débanda<strong>de</strong>...<br />

Cela se reproduira plus tard, dans d'autres livres.<br />

(Dt 7/20) Yahvé/Jéhovah ton Dieu enverra <strong><strong>de</strong>s</strong> frelons pour anéantir ceux qui seraient restés et se<br />

seraient cachés <strong>de</strong>vant toi.


137<br />

(Jos 24/12) J'enverrai <strong>de</strong>vant vous les frelons qui chasseront <strong>de</strong>vant vous les <strong>de</strong>ux rois amorites ce que<br />

tu ne dois ni à ton épée ni à ton arc.<br />

(Sg 12/8) Eh bien ! Même ceux là parce que c'étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, tu les as ménagés et tu as envoyé tes<br />

frelons comme avant coureurs <strong>de</strong> ton armée, pour les exterminer petit à petit.<br />

D'autres fois et toujours avec la même signification, cela ne fait aucun doute, Yahvé/Jéhovah intervient<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> "grêlons". Est-ce la traduction d'un même événement interprété par <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs différents ou s'agit-il<br />

d'un bombar<strong>de</strong>ment d'armes différentes, peut-être plus légères mais plus nombreuses lors <strong>de</strong> leur utilisation ?<br />

Allez savoir !<br />

(Jos 10/11) Or, tandis qu'ils fuyaient <strong>de</strong>vant Israël à la <strong><strong>de</strong>s</strong>cente <strong>de</strong> Bet-Horôn, Yahvé/Jéhovah lança du<br />

ciel sur eux, jusqu'à Azeqa, d'énormes grêlons, et ils moururent. Il en mourut plus sous les grêlons que sous<br />

le tranchant <strong>de</strong> l'épée <strong><strong>de</strong>s</strong> Israélites.<br />

Certains traducteurs, comme le chanoine Osty, me dit une note, traduisent par : "Du ciel, Yahvé/Jéhovah<br />

lança sur eux <strong>de</strong> grosses pierres jusqu'à Azeqa et ils moururent. Il en mourut plus par les pierres <strong>de</strong> grêle<br />

que..."<br />

(Jb 38/22,23) As-tu vu les réserves <strong>de</strong> grêle, que je ménage pour les temps <strong>de</strong> détresse, pour les jours <strong>de</strong><br />

bataille et <strong>de</strong> guerre.<br />

(Ex 9/18) Eh bien ! Demain à pareille heure, je ferai tomber une grêle très forte, comme il n'y en a<br />

jamais eu en Egypte, <strong>de</strong>puis le jour <strong>de</strong> sa fondation jusqu'à maintenant... Tout ce qui, homme ou bête, se<br />

trouvera dans les champs et n'aura pas été ramené à la maison, la grêle tombera sur lui et il mourra...<br />

Plus loin, il est précisé que cette grêle n'est pas ordinaire car "un feu passa sur la terre".<br />

(Ex 9/23 et suivants) Moïse étendit son bâton vers le ciel et Yahvé/Jéhovah produisit <strong><strong>de</strong>s</strong> tonnerres et <strong>de</strong><br />

la grêle ; un feu passa sur la terre et Yahvé/Jéhovah fit pleuvoir <strong>de</strong> la grêle sur le pays d'Egypte. Il y eut<br />

<strong>de</strong> la grêle ainsi qu'un feu jaillissant au milieu <strong>de</strong> la grêle...La grêle frappa, dans tout le pays d'Egypte,<br />

tout ce qui était dans les champs, <strong>de</strong>puis les hommes jusqu'aux bêtes, et toute l'herbe <strong><strong>de</strong>s</strong> champs la grêle<br />

la frappa, et tout arbre <strong><strong>de</strong>s</strong> champs, elle le brisa.<br />

(Is 28/17) La grêle balaiera le refuge du mensonge.<br />

(Is 30/30) Yahvé/Jéhovah fera entendre la majesté <strong>de</strong> sa voix,<br />

il fera sentir le poids <strong>de</strong> son bras,<br />

dans l'ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> sa colère accompagnée d'un feu dévorant,<br />

<strong>de</strong> la foudre, d'averses et <strong>de</strong> grêlons.<br />

Des "feux dévorants" trop bien connus, hélas !<br />

(Dt. 4/24) Car Yahvé/Jéhovah, ton Dieu, est un feu dévorant.<br />

(Dt. 9/3) Yahvé/Jéhovah, ton Dieu, passera lui-même <strong>de</strong>vant toi comme un feu dévorant. C'est lui qui<br />

anéantira les fils d'Anaqim.<br />

(Is. 29/5 et suivants) La hor<strong>de</strong> <strong>de</strong> tes ennemis sera comme <strong><strong>de</strong>s</strong> grains <strong>de</strong> poussières...<br />

et soudain, en un instant,<br />

tu seras visité <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah Sabaot<br />

dans le fracas, le tremblement, le vacarme,<br />

ouragan et tempête, flamme <strong>de</strong> feu dévorant.<br />

(Si 46/5) Et le Seigneur grand l'exauça<br />

en lançant <strong><strong>de</strong>s</strong> grêlons d'une puissance inouïe.<br />

Il fondit sur la nation ennemie<br />

et dans la <strong><strong>de</strong>s</strong>cente il anéantit les assaillants.<br />

Souvent, pour définir ce qu'il ne peut nommer exactement puisqu'il ne le connaît pas, le scribe emploie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

termes tirés <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments <strong>de</strong> la nature.<br />

(S1 7/10) <strong><strong>Le</strong>s</strong> Philistins s'avancèrent pour combattre Israël ; mais Yahvé/Jéhovah, ce jour là, tonna à<br />

grand fracas sur les Philistins et les mit en déroute.<br />

(Ps 18/14,15) Yahvé/Jéhovah tonna <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux<br />

le très haut donna <strong>de</strong> la voix ;<br />

il décocha ses flèches et les dispersa,<br />

il lança les éclairs et les chassa.<br />

(Ps 144/5,6) Yahvé/Jéhovah ,incline tes cieux et <strong><strong>de</strong>s</strong>cends,


138<br />

touche les montagnes et qu'elles fument ;<br />

fais éclater l'éclair, et les disloque,<br />

décoche tes flèches, et les ébranle.<br />

Je repense également au "soleil arrêté dans sa course" lors <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> Gabaon.<br />

La conclusion émane peut-être du livre <strong><strong>de</strong>s</strong> Juges :<br />

(Jg. 5/20) Du haut <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux, les étoiles ont combattu.<br />

On ne va quand même pas nous faire croire que Dieu tirait à l'arc, stockait <strong><strong>de</strong>s</strong> grêlons et faisait l'élevage<br />

<strong>de</strong> frelons et stoppait la course du soleil, pour défendre Israël !<br />

26 juillet<br />

Pesée : 73,300. 15 kg 300 en moins. Tension : 9/5.<br />

Je me sentais dans un tel bien-être frisant la félicité du fou bienheureux qui se croit au Paradis que j'en ai<br />

oublié, hier et ce matin, ma dose <strong>de</strong> drogue : mon sachet <strong>de</strong> phosphalugène. Mon estomac, lui, s'en est<br />

souvenu et m'a rappelé à l'ordre. J'ai ouvert le sachet et je l'ai lapé délicatement : la douleur s'est éclipsée sans<br />

<strong>de</strong>mandé son reste.<br />

Nous n'arrivons pas encore à comprendre tout ce que Yahvé/Jéhovah utilisait mais beaucoup <strong>de</strong> choses<br />

commencent à s'éclairer à la lumière <strong>de</strong> notre évolution scientifique. Ainsi l'Arche d'Alliance.<br />

Yahvé/Jéhovah donne l'ordre à Moïse <strong>de</strong> construire une arche qui gui<strong>de</strong>ra les Israélites et qui, à l'arrêt, sera<br />

déposée dans la Tente <strong>de</strong> la Rencontre.<br />

Qu'était-elle au juste ? Que contenait-elle et à quoi servait-elle ?<br />

<strong>Le</strong> mot hébreu la désignant signifie "coffre" ou "caisse". Il est différent <strong>de</strong> celui qui désigne l'arche <strong>de</strong> Noé<br />

"tebah" qui signifie "récipient" ou "corbeille" et qui n'est utilisé que 2 fois, pour le déluge et pour le bébé<br />

Moïse lorsqu'il fut mis à l'eau.<br />

Il tombe sous le sens que l'arche et la Tente <strong>de</strong> la Rencontre servait à établir le contact et à contrôler les<br />

événements et les Israélites eux-mêmes qui avaient trop tendance à n'en faire qu'à leur tête.<br />

Quel matériel utilisait-il ? Celui que nous connaissons suffirait presque mais le sien <strong>de</strong>vait être très<br />

certainement infiniment plus pratique, extrêmement fiable et terrorisant pour ces ouailles pusillanimes et qu'il<br />

fallait reprendre sans arrêt.<br />

(Nb 7/89) Quand Moïse entrait dans la Tente <strong>de</strong> la Rencontre pour parler avec lui, il entendait la voix<br />

qui lui parlait <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sus le propitiatoire qui était sur l'arche du témoignage, entre les <strong>de</strong>ux chérubins et<br />

il lui parlait.<br />

<strong>Le</strong> propitiatoire était la plaque d'or qui recouvrait l'arche et qui portait à ses extrémités les 2 chérubins.<br />

Micro ? Haut parleur ? Antenne ? Ou quelque installation plus sophistiquée, peut-être ?<br />

(Nb 25/18 à 21) Tu feras <strong>de</strong>ux chérubins d'or ; en métal repoussé tu les feras aux <strong>de</strong>ux extrémités du<br />

propitiatoire. Fais un chérubin à une extrémité, un chérubin à l'autre extrémité. Vous ferez les chérubins<br />

faisant corps avec le propitiatoire, sur ses <strong>de</strong>ux extrémités. <strong><strong>Le</strong>s</strong> chérubins auront les ailes déployées vers<br />

le haut, protégeant <strong>de</strong> leurs ailes le propitiatoire, leurs faces l'une vers l'autre ; les faces <strong><strong>de</strong>s</strong> chérubins<br />

seront en direction du propitiatoire. Tu placeras le propitiatoire sur l'arche, par <strong><strong>de</strong>s</strong>sus, et dans l'arche<br />

tu placeras le Témoignage que je te donnerai.<br />

En quoi consiste donc ce témoignage que Yahvé/Jéhovah remet et qui se trouve dans l'arche ? Rien ne le<br />

dit. <strong><strong>Le</strong>s</strong> religieux disent : les tables <strong>de</strong> la loi. Peut-être. Mais même dans ce cas là, qu'a pu y ajouter<br />

Yahvé/Jéhovah ? Moïse seul l'a vu mais il n'en a rien dit parce qu'il ne pouvait pas comprendre ou parce qu'il<br />

<strong>de</strong>vait se taire mais là se trouve assurément l'explication <strong>de</strong> bien <strong><strong>de</strong>s</strong> événements futurs.<br />

Yahvé/Jéhovah et Moïse pouvaient ainsi se parler et s'entendre sans se voir ce qui passait alors pour un<br />

miracle extraordinaire, mais, parfois aussi, Yahvé/Jéhovah <strong><strong>de</strong>s</strong>cendait et ils se parlaient, "face à face".<br />

C'est dans un songe que je lui parle. Il n'en est pas ainsi <strong>de</strong> mon serviteur Moïse : dans toute ma maison,<br />

il m'est fidèle, lui.<br />

Je lui parle bouche à bouche et en vision et non par énigmes, et il regar<strong>de</strong> l'image <strong>de</strong> Yahvé.<br />

*****


139<br />

L'arche, <strong>de</strong> par sa conception et par ce qu'elle contient, est dangereuse.<br />

Certains auteurs font remarquer qu'elle était construite en bois doublé d'or en <strong>de</strong>dans et au <strong>de</strong>hors suivant<br />

le principe <strong><strong>de</strong>s</strong> con<strong>de</strong>nsateurs électriques composés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux conducteurs séparés par un élément isolant, le<br />

tout accentué par ce qu'il y avait à l'intérieur. Pour la déplacer, les lévites - fils <strong>de</strong> la tribu <strong>de</strong> Lévi, troisième<br />

fils <strong>de</strong> Jacob, chargés du culte - <strong>de</strong>vaient passer <strong>de</strong>ux bâtons plaqués d'or dans les anneaux d'or ; ils faisaient<br />

donc fonction <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> terre naturelle.<br />

Il est reconnu, paraît-il, que le bois d'acacia possè<strong>de</strong> un pouvoir con<strong>de</strong>nsateur élevé, presque i<strong>de</strong>ntique à<br />

celui <strong><strong>de</strong>s</strong> isolants mo<strong>de</strong>rnes tels le mica et la Bakélite.<br />

(Ex 25/11 et suivants) Tu la couvriras d'or pur ; à l'intérieur et à l'extérieur tu la recouvriras, et tu feras<br />

autour d'elle une moulure d'or, tout autour. Tu fondras sur elle 4 anneaux d'or, et tu les placeras aux<br />

quatre pieds ; <strong>de</strong>ux anneaux sur son premier c ôté et <strong>de</strong>ux anneaux sur son second c ôté. Tu feras <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

barres en bois d'acacia et tu les couvriras d'or. Tu introduiras les barres dans les anneaux sur les c ôtés<br />

<strong>de</strong> l'arche. <strong><strong>Le</strong>s</strong> barres resteront dans les anneaux <strong>de</strong> l'arche, elles n'en seront pas retirées. Tu placeras<br />

dans l'arche le témoignage que je te donnerai...<br />

Rien que d'y toucher, à certains moments, était mortel.<br />

(2S 6/6 et suivants) Uzza marchait à c ôté <strong>de</strong> l'arche <strong>de</strong> Dieu... Comme on atteignait l'aire <strong>de</strong> Nakôn, il<br />

étendit la main vers l'arche <strong>de</strong> Dieu et la retint, parce que les boeufs avaient fait un écart. La colère <strong>de</strong><br />

Yahvé/Jéhovah s'enflamma contre Uzza, et là, Dieu le frappa pour sa faute ; et là, il mourut près <strong>de</strong> l'arche <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

Et David est furieux contre Yahvé/Jéhovah <strong>de</strong> ce qu'on appellerait maintenant "une bavure"...<br />

Lorsqu'il faut traverser le Jourdain, un problème se pose - attention à l'eau ! - et Yahvé/Jéhovah spécifie<br />

bien :<br />

(Jos 3/4) Toutefois, qu'il y ait, entre vous et l'arche, un espace d'environ 2.000 coudées : n'en approchez<br />

pas !<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Israélites sont battus par les Philistins qui capturent l'arche ; mais partout où elle passe, ce n'est que<br />

plaies et malheur, à tel point qu'ils la ren<strong>de</strong>nt en y ajoutant même <strong><strong>de</strong>s</strong> offran<strong><strong>de</strong>s</strong> en or.<br />

(1S 10 et suivants) <strong><strong>Le</strong>s</strong> Philistins livrèrent bataille ; les Israélites furent battus... l'arche <strong>de</strong> Dieu fut<br />

prise... les Philistins l'introduisirent dans la maison <strong>de</strong> Dagôn et l'installèrent à c ôté <strong>de</strong> Dagôn.... <strong>Le</strong><br />

len<strong>de</strong>main, <strong>de</strong> bon matin, <strong><strong>de</strong>s</strong> Achdodites vinrent à la maison <strong>de</strong> Dagôn et voila que Dagôn gisait la face<br />

contre terre <strong>de</strong>vant l'arche <strong>de</strong> Yahvé. Ils prirent Dagôn et le remirent à sa place. Mais, le len<strong>de</strong>main, <strong>de</strong><br />

grand matin, voilà que Dagôn gisait la face contre terre <strong>de</strong>vant l'arche <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah ; la tête <strong>de</strong><br />

Dagôn et les <strong>de</strong>ux paumes <strong>de</strong> ses mains coupées étaient sur le seuil, il ne lui restait que le tronc...<br />

La main <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah s'appesantit sur les Achdodites ; il les dévasta et les frappa <strong>de</strong> tumeurs... On<br />

transporta l'arche du Dieu d'Israël à Gat. Mais après qu'on l'eut transportée, la main <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah<br />

fut sur la ville ; ce fut une très gran<strong>de</strong> panique car Yahvé/Jéhovah frappa les gens <strong>de</strong> la ville, du plus<br />

petit au plus grand, et il leur sortit <strong><strong>de</strong>s</strong> tumeurs... Ils envoyèrent l'arche <strong>de</strong> Dieu à Eqrôn. Mais lorsque<br />

l'arche <strong>de</strong> dieu arriva à Eqrôn, les Eqronites se récrièrent en disant : "On a transporté chez moi l'arche<br />

du Dieu d'Israël, pour me faire mourir, moi et mon peuple...<strong><strong>Le</strong>s</strong> souverains <strong><strong>de</strong>s</strong> Philistins dirent :<br />

"Renvoyez l'arche du Dieu d'Israël..."<br />

*****<br />

(1S 6/19) <strong><strong>Le</strong>s</strong> fils <strong>de</strong> Yekonyahou, parmi les gens <strong>de</strong> Bet-Chemech, ne s'étaient pas réjoui lorsqu'ils<br />

avaient vu l'arche <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah et il frappa parmi eux 70 hommes. <strong>Le</strong> peuple prit le <strong>de</strong>uil parce que<br />

Yahvé/Jéhovah lui avait porté un grand coup.<br />

Même David en a peur.<br />

(2S 6/9) David eut peur <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah ce jour-là, et il dit : "Comment l'arche <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah<br />

entrerait-elle chez moi ?" Et David ne voulut pas diriger l'arche <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah chez lui, dans la cité<br />

<strong>de</strong> David.<br />

Il l'envoie donc dans la maison <strong>de</strong> Obed-Edom <strong>de</strong> Gat. Elle y reste trois mois et<br />

(2S 6/11) Yahvé/Jéhovah bénit Obed-Edom et toute sa famille.<br />

Rassuré, David va la rechercher en gran<strong>de</strong> pompe.


140<br />

27 juillet<br />

Aujourd'hui, ma graisse ou, du moins, ce qui en reste a refusé <strong>de</strong> fondre. Même poids et même tension<br />

qu'hier.<br />

*****<br />

Un problème travaillé tout la nuit : Si Yahvé/Jéhovah n'est pas Dieu, qu'en est-il <strong>de</strong> Jésus-Christ ? J'ai<br />

cherché quelques éléments <strong>de</strong> réponse dans le nouveau testament mais j'avoue ne pas m'y être retrouvé.<br />

Alors, j'en ai parlé à Jean, l'ancien séminariste. Il s'est fait un plaisir <strong>de</strong> m'aiguiller immédiatement. J'ai tout<br />

noté et j'ai passé la journée à contrôler car je me méfie <strong>de</strong> ce qu'il peut dire. Je ne pense pas qu'il soit très<br />

objectif.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> hommes ont toujours eu besoin d'un Dieu humanisé, réduit, hélas ! à leur échelle. Ils ont donc<br />

divinisé Jésus qui, pas plus que Jéhovah, Noé, Abraham ou Moïse, n'est Dieu.<br />

Son rôle était prévu inéluctablement, il le savait mais ne pouvait que le sous-entendre. Il ne pouvait<br />

anticiper. Sa mission, il la connaissait parfaitement. C'est pourquoi "l'ange" était intervenu :<br />

(Mt 11/27) Toutes choses m'ont été données par mon Père ; personne ne connaît le fils si ce n'est le Père<br />

et personne ne connaît le Père si ce n'est le fils et celui à qui le fils a voulu le révéler.<br />

Jésus n'a jamais dit qu'il était Dieu !<br />

(Mc 14/61) <strong>Le</strong> grand prêtre l'interrogea <strong>de</strong> nouveau et lui dit : "Es-tu le Christ, le fils <strong>de</strong> celui qui est<br />

béni ?" Jésus lui dit : "Je le suis"<br />

(Mt 26/63) <strong>Le</strong> grand prêtre lui dit : "Je t'abjure, par le Dieu vivant, <strong>de</strong> nous dire si tu es le Christ, le fils<br />

<strong>de</strong> Dieu ?" Jésus lui répondit : "Tu l'as dit ; <strong>de</strong> plus, je vous le dis, dès ce jour, vous verrez le fils <strong>de</strong><br />

l'homme siéger à la droite du Tout Puissant...<br />

Jésus est "christ" ! Il le rappelle dans St Jean<br />

(4/26) "Je le suis, moi qui vous parle."<br />

et dans St Marc<br />

(8/29) "Mais vous, qui dites-vous que je suis ?" Pierre prenant la parole, lui dit : "Vous êtes le Christ."<br />

Et il leur défendit sévèrement <strong>de</strong> dire cela <strong>de</strong> lui à personne.<br />

Ce qu'on oublie <strong>de</strong> spécifier, c'est que le mot "christ" veut dire "consacré", celui qui est "oint" d'une<br />

onction sacrée pour une fonction sacrée, comme les rois d'Israël.<br />

Ce qualificatif <strong>de</strong> "christ", c'est à dire "oint", Paul, dans l'épître aux Hébreux, (11/24 et suivants) l'applique<br />

à Moïse :<br />

C'est par la foi que Moïse, <strong>de</strong>venu grand, renonce au titre <strong>de</strong> fils <strong>de</strong> la fille du pharaon... il considéra<br />

l'opprobre du christ comme une richesse plus gran<strong>de</strong> que les trésors <strong>de</strong> l'Egypte.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> grands prêtres et les rois d'Israël ont été "oints" ou "christs"<br />

(Ex 30/22.30) (Lv 4/3, 5/16, 8/12), Yahvé/Jéhovah dit à Moïse : "Tu oindras Aaron et ses fils et tu les<br />

consacreras pour qu'ils me servent comme prêtre"<br />

(1S 2/35, 10/1) Samuel prit une fiole d'huile et la versa sur la tête <strong>de</strong> Saül ; puis il le baisa et dit<br />

:"Yahvé/Jéhovah t'oint pour chef sur ton héritage.)<br />

et 16/13...). Yahvé/Jéhovah dit à Samuel : "Lève-toi, oins le, car c'est lui." Samuel ayant pris la corne<br />

d'huile, l'oignit au milieu <strong>de</strong> ses frères ; et l'esprit <strong>de</strong> Yahvé/Jéhovah vint sur David à partir <strong>de</strong> ce jour et<br />

dans la suite.<br />

Paul (Actes 5/16) spécifie que Jésus a été "oint". Dans la <strong>de</strong>uxième épître aux Corinthiens, il écrit :<br />

(1/21) Celui qui affermit avec nous dans le Christ et qui nous a oints, c'est Dieu".<br />

Selon la version grecque <strong><strong>de</strong>s</strong> Septante, Saül, David, Se<strong>de</strong>cias sont "oints" ou "christs".<br />

Jésus a donc bien été "oint" donc "christ" pour la mission exceptionnelle qu'il était appelé à accomplir.<br />

Jésus Christ ne veut absolument pas dire "Jésus Dieu". Cette interprétation est une déformation postérieure à<br />

son enseignement.<br />

Dans un <strong><strong>de</strong>s</strong> manuscrits <strong>de</strong> la Mer Morte, le "document <strong>de</strong> Damas", il est écrit :<br />

Il connaît les années <strong>de</strong> leur règne, le nombre et l'explication <strong>de</strong> leurs temps pour tout ce qui arrivera


141<br />

dans l'éternité, ainsi que toutes les choses qui arriveront dans tous leurs temps, dans toutes les années<br />

<strong>de</strong> l'éternité.<br />

Et dans chacune, Il suscite <strong><strong>de</strong>s</strong> gens illustres pour conserver un reste pour le pays et pour qu'ils<br />

remplissent le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur <strong><strong>de</strong>s</strong>cendance.<br />

Et Il leur fera connaître par l'intermédiaire <strong>de</strong> son oint, l'esprit <strong>de</strong> sa sainteté. 8<br />

Jésus n'a jamais dit qu'il était Dieu mais, tout au contraire, il a utilisé une expression qu'on retrouve quatre<br />

vingt fois dans les Evangiles puis dans les Actes (7/56) et dans l'épître aux Hébreux (2/6) et qu'il affectionne<br />

tout particulièrement : "fils <strong>de</strong> l'homme" qui se trouve traduite le plus souvent, dans les Ecritures hébraïques<br />

par "bén-'âdhâm", c'est à dire "fils d'humain" ou "fils terrestre".<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> prophètes aussi sont appelés "fils <strong>de</strong> l'homme"<br />

(Ez 2/1) Yahvé/Jéhovah me dit : "Fils <strong>de</strong> l'homme, tiens-toi <strong>de</strong>bout et je te parlerai".<br />

Et Yahvé/Jéhovah l'appelle ainsi près <strong>de</strong> quatre vingt dix fois..<br />

Que Jésus s'appelle ainsi, ou "christ" ou "fils <strong>de</strong> l'homme", rien <strong>de</strong> plus normal. Il est, <strong>de</strong> tous les prophètes<br />

et "oints" <strong>de</strong> la Bible, certainement le plus grand et le plus privilégié.<br />

Qu'il se dise même "fils <strong>de</strong> Dieu", pourquoi cela serait-il bizarre ? Nous le sommes tous surtout si, comme<br />

en ces temps là, Dieu était humanisé et ramené à Jéhovah.<br />

Il appelle Dieu "le Père". Il ramène tout au Père et non à lui.<br />

(Lc 11/2) Lorsque vous priez, dites : "Père, que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive...<br />

(Mt 6/6) Quand tu veux prier, entre dans ta chambre et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est<br />

présent dans le secret.<br />

(Mt 6/9) Vous prierez donc ainsi : "Notre Père qui êtes aux cieux...<br />

Il précise :<br />

(Jn. 4/23 et suivants) Mais l'heure approche et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le<br />

père en esprit et en vérité ; ce sont <strong>de</strong> tels adorateurs que le Père <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Dieu est esprit et ceux qui<br />

l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité.<br />

Ce qui me rappelle la phrase <strong>de</strong> St Paul que j'ai déjà notée : "et le chef du Christ, c'est Dieu."<br />

Lui est un homme qui n'a même rien à voir avec un ascète contrairement à Jean Baptiste qui, retiré dans le<br />

désert, s'habille comme tel, jeûnant et ne buvant que <strong>de</strong> l'eau. Jésus s'habille normalement, mange et boit<br />

normalement, participe aux noces et donne même le bon vin...<br />

(Mt 11/19) <strong>Le</strong> fils <strong>de</strong> l'homme est venu mangeant et buvant et ils disent : "C'est un homme <strong>de</strong> bonne<br />

chère et un buveur <strong>de</strong> vin...<br />

Il s'agit bien d'un fils d'homme qui s'écrie, avant <strong>de</strong> mourir : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu<br />

abandonné ?", un extrait <strong>de</strong> la première phrase du psaume 22, se comparant ainsi à un serviteur <strong>de</strong> Dieu. Ce<br />

qu'il est réellement.<br />

- Même Yahvé/Jéhovah, le sanguinaire, qui dirigea les innombrables massacres <strong>de</strong> la Bible, n'a pas<br />

voulu qu'Abraham immole son fils. Alors Dieu, le Dieu bon, le Bon Dieu, l'aurait fait ? Di<strong>de</strong>rot écrivait<br />

bien justement :<br />

Aucun père <strong>de</strong> la terre ne voudrait ressembler à ce père là.<br />

On connaît le miracle <strong>de</strong> sa naissance par les Evangiles mais, bizarrement, Paul, dans ses épîtres écrites<br />

avant les Evangiles, n'en parle jamais. Il écrit : (Galates 4/4) "formé d'une femme" en employant le terme grec<br />

"gune" et non "parthenos" qui, lui, veut dire vierge.<br />

Car ce qui est écrit est écrit quoi qu'aient pu inventer les premiers Pères <strong>de</strong> l’Église.<br />

Jésus ainsi avait <strong><strong>de</strong>s</strong> frères et <strong><strong>de</strong>s</strong> soeurs.<br />

(Lc 2/7) Elle mit au mon<strong>de</strong> son fils premier né.<br />

(Mc 6/3) N'est-ce pas le charpentier, le fils <strong>de</strong> Marie, le frère <strong>de</strong> Jacques, <strong>de</strong> Joseph, <strong>de</strong> Ju<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Simon<br />

? Ses soeurs ne sont-elles pas ici, parmi nous ?<br />

Paul, dans l'épître aux Galates, coupe court à toute controverse :<br />

8 « <strong><strong>Le</strong>s</strong> énigmes <strong><strong>de</strong>s</strong> manuscrits <strong>de</strong> la Mer Morte » par Jacques Schrei<strong>de</strong>n.


142<br />

(1/19) Je ne vis aucun <strong><strong>de</strong>s</strong> autres apôtres, si ce n'est Jacques, le frère du seigneur. Et tout ce que j'écris,<br />

je l'atteste <strong>de</strong>vant Dieu.<br />

Or, lui qui écrit en grec, emploie le terme "a<strong>de</strong>lphos" qui veut bien dire "frère" et non "cousin"<br />

contrairement à l'interprétation <strong><strong>de</strong>s</strong> braves théologiens qui, comme trop souvent, hélas, n'ont traduit et<br />

commenté qu'en fonction <strong>de</strong> leurs convictions.<br />

Paul ne dit jamais qu'il parle au nom <strong>de</strong> Jésus-Dieu, mais "au nom <strong>de</strong> Dieu le Père et <strong>de</strong> notre Seigneur<br />

Jesus kristos", c'est à dire <strong>de</strong> Jésus qui a été "oint" par Dieu.<br />

Il ne faut pas oublier non plus que Jésus a "amorcé" sa révolution mais ce sont les hommes qui, ensuite,<br />

ont réglementé le christianisme, légiférant, comme ils pouvaient, en fonction <strong>de</strong> leur savoir qui ne pouvait<br />

être que le savoir <strong>de</strong> leur époque.<br />

Si je ne me trompe, en effet, Paul n'a même jamais rencontré Jésus. Dans la première épître aux<br />

Corinthiens (11/23), il écrit bien :<br />

Frères, moi, Paul, je vous ai transmis ce que j'ai reçu <strong>de</strong> la tradition qui vient du Seigneur<br />

ce que, dans <strong>de</strong> nombreuses Bibles, on trouve en raccourci par : "ce que j'ai reçu du Seigneur" avec,<br />

toutefois, le plus souvent, une note spécifiant qu'il s'agit <strong>de</strong> "la tradition" concernant le Seigneur.<br />

En ce qui concerne l’Église, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes - appelés "docteurs" et "Pères" -, établissent, petit à petit, leurs<br />

dogmes et leurs réglementations rigoureuses, le pape se déclarant infaillible.<br />

Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, uniquement <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes, qui ont sélectionné, décidé, imposé leur réglementation<br />

bien après la crucifixion <strong>de</strong> Jésus, d'où les palabres et les désaccords qui, dès les premiers siècles, se firent<br />

jour car les schismes et les hérésies se succédèrent alors sans discontinuer dont certains subsistent encore.<br />

<strong>Le</strong> Coran dit justement :<br />

(Sourate V/79) <strong>Le</strong> messie, fils <strong>de</strong> Marie, n'est qu'un apôtre ; d'autres apôtres l'ont précédé. Sa mère était<br />

juste. Ils se nourrissaient <strong>de</strong> mets.<br />

28 juillet<br />

Pesée : 72,800. 15 kg 800 en moins. Tension : 9/5.<br />

Je note encore <strong>de</strong>ux autres récits qui m'ont plus que surpris puis j'arrête : je suis crevé ! Plus j'avance dans<br />

mes lectures, plus je suis enthousiasmé par ce que je découvre. Je n'ai même plus une secon<strong>de</strong> pour parler<br />

avec Jean que ma passion fait rire. Je ne fais une pause que pour ingurgiter, régulièrement, mes verres <strong>de</strong><br />

Vittel, mais, aujourd'hui, j'avoue que je n'en peux plus : je suis vidé !<br />

29 juillet<br />

Pesée : 72,200. 16 kg 400 en moins. Tension : 9,5<br />

Je viens <strong>de</strong> recevoir une lettre <strong>de</strong> maman. Non seulement j'ai le coeur gros mais je ne peux me retenir <strong>de</strong><br />

pleurer.<br />

Ce qu'elle a dû souffrir pour m'écrire ainsi ! Elle a dû s'écorcher vive pour avouer que, si elle lisait<br />

normalement le journal, elle savait à peine écrire !<br />

Je l'ignorais et ne l'aurais jamais imaginé.<br />

Quel charabia ! Comme elle a pu, presque par onomatopées, elle a déversé, péniblement, très péniblement,<br />

j'en suis sûr, son trop plein <strong>de</strong> souffrance et d'amour ; mais je l'ai lue, relue et comprise - oh ! parfaitement<br />

comprise - cette lettre qui restera gravée dans mes souvenirs, ma vie durant.<br />

Je n'arrive même pas à l'écrire tellement je tremble et renifle pour retenir mes larmes.<br />

Je vais essayer <strong>de</strong> lui remonter le moral. Il faut que ma lettre parte aujourd'hui même.<br />

Ma chère maman,<br />

37ème jour à attendre la quille avec une sveltesse <strong>de</strong> jeune premier : 72 kg 200 et un moral d'acier.<br />

L'eusses-tu cru, ma bonne pâte ?<br />

L'hôtel est propret ; l'hôtesse qui prend soin <strong>de</strong> ma personne, jolie et gentille ; la boisson : Vittel 1er crû,<br />

excellente et le calme du lieu, on ne peut plus reposant.


143<br />

Je vais presque les regretter lorsque je vais sortir. Car je suis presque à point pour qu'on me désigne la<br />

porte.<br />

Alors, ne te fais pas <strong>de</strong> bile, je vais te sauter au cou dans peu <strong>de</strong> temps. Bientôt, le cauchemar ne sera<br />

plus qu'un mauvais souvenir.<br />

Maître Gorce vient me voir <strong>de</strong>main. Tu vois, on ne m'oublie pas.<br />

Ton fils qui t'aime plus que tout<br />

*****<br />

Il me faut être réaliste : je suis extrêmement las. Je crois qu'il est temps <strong>de</strong> mijoter une tactique efficace<br />

pour faire bouger l'administration judiciaire sinon je vais y laisser ma peau. J'espère que Maître Gorce a <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

idées bien élaborées là-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus.<br />

Par précaution, je vais lui donner une lettre pour maman ainsi que pour Monsieur et Madame Richard et<br />

Simone afin qu'ils les leur remettent au cas où cette grève tournerait mal. Un <strong>de</strong>rnier adieu et une <strong>de</strong>rnière<br />

précaution que je dois bien à ma chère maman.<br />

En ce qui concerne monsieur et Madame Richard, afin qu'ils comprennent que je n'y suis pour rien et que,<br />

pour la peine injuste qu'ils ont ainsi causée, ils continuent <strong>de</strong> prendre soin d'elle.<br />

Ma chère maman,<br />

Je t'aime et je te remercie <strong>de</strong> tout ce que tu as fait, ainsi que papa, si amoureusement, pour le petit gamin<br />

abandonné que j'étais.<br />

Tu as été une mère, une vraie mère, exceptionnelle.<br />

Pardonne-moi tous ces soucis, tous ces chagrins que je t'ai occasionnés sans le vouloir.<br />

Adieu maman.<br />

Ton fils qui t'aime.<br />

*****<br />

Madame, Monsieur, Ma<strong>de</strong>moiselle,<br />

Si mon avocat vous remet cette lettre, c'est que je suis ou décédé ou sérieusement handicapé.<br />

Auparavant, je tiens à vous confirmer que je ne suis pour rien dans les sévices subis par Simone sinon<br />

d'avoir suivi <strong>de</strong>ux inconnus et <strong>de</strong> n'avoir pas su conserver ma lucidité, moi qui ne sors jamais.<br />

La peine subie est disproportionnée par rapport à ce qui peut m'être reproché et je me <strong>de</strong>vais <strong>de</strong> tout<br />

faire pour l'abréger afin <strong>de</strong> pouvoir ai<strong>de</strong>r ma mère désormais seule.<br />

Vous connaissez son dévouement comme vous avez connu celui <strong>de</strong> père, vis à vis <strong>de</strong> votre famille.<br />

Ne l'abandonnez pas, je vous en supplie. Veillez, veillez sur elle.<br />

Je vous en remercie<br />

et, sans aucune rancune, je vous transmets mes adieux les plus amicaux.<br />

J'ai placé chacune <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux lettres dans une enveloppe que j'ai collée et scellée en apposant ma<br />

signature sur le rabat et en écrivant <strong><strong>de</strong>s</strong>sus :<br />

A remettre à ma mère au cas où j'aurais perdu mes facultés physiques ou mentales.<br />

De même sur celle à Mr et Mme Richard.<br />

*****<br />

Ceci terminé, je me sens moralement mieux. Mais, par ailleurs, brisé, broyé, fourbu ! Je vais m'allonger sur<br />

le dos, me détendre au maximum et retrouver mon île déserte... Et je vais la rêver jusqu'à ce que le sommeil<br />

me gagne.<br />

30 juillet<br />

Pesée : 72. 16 kg 600 en moins. Tension : 9/5<br />

J'ai dormi calmement. Dans mon sommeil, j'ai même rêvé <strong>de</strong> mon île : j'y ai vu <strong><strong>de</strong>s</strong> tas d'oiseaux, <strong>de</strong> lapins<br />

et <strong>de</strong> chèvres... Elle se meuble comme la grotte que j'ai découverte, sur la falaise, face à la mer, et que j'atteins


avec une échelle que j'ai construite avec <strong><strong>de</strong>s</strong> lianes et que j'enlève, le soir : on ne sait jamais !<br />

Et le temps passe... comme dans un songe...<br />

*****<br />

144<br />

Maître Gorce est venu, fidèle à sa promesse. Je lui ai remis mes <strong>de</strong>ux lettres ; ça l'a surpris mais il est<br />

<strong>de</strong>venu tout <strong>de</strong> suite plus sérieux et nous avons essayé d'ébaucher <strong><strong>de</strong>s</strong> plans <strong>de</strong> bataille, sans rien <strong>de</strong> bien<br />

précis, hélas !<br />

Il m'a déçu car je pensais, naïvement, qu'il en avait parlé avec Maître <strong>Le</strong>blond mais ce n'est pas encore fait.<br />

Il a tout <strong>de</strong> même pris <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec <strong><strong>de</strong>s</strong> journalistes <strong>de</strong> sa connaissance. Sans plus.<br />

Il va falloir que je les secoue car si la presse, la radio et la télévision - ce serait l'idéal - n'en parlent pas, ces<br />

messieurs <strong>de</strong> l'Injustice vont me laisser crever. Que leur importe un péquenot <strong>de</strong> plus ou un péquenot <strong>de</strong><br />

moins ! Crève donc, hé ! Bouseux...<br />

Ne perds pas le moral, mon petit Michel, on n'en est pas encore là.<br />

Une petite voix, dans le fin fond d'un méandre <strong>de</strong> ma cervelle, vient <strong>de</strong> me murmurer, la vache : "Mais ça<br />

vient !"<br />

*****<br />

Je me sens tout drôle. Je ne sais comment l'expliquer : un peu comme si j'étais "vidé", léger, léger. Il ne<br />

faudrait pas grand chose pour que je m'envole et flotte dans la pièce.<br />

Marrant comme impression.<br />

*****<br />

J'ai lu très peu car j'essaie <strong>de</strong> me détendre au maximum pour tenir le plus longtemps possible. J'ai repris<br />

quand même<br />

31 juillet<br />

Pesée : 71,500. 17 kg 100 en moins. Tension sans changement.<br />

Je ne suis pas fatigué, je suis vidé ; c'est différent.<br />

Cette nuit, <strong>de</strong> nouveau, en dormant réellement, je me suis retrouvé dans mon île. Simone s'y trouvait avec<br />

Bijou, son cheval préféré qui a défriché la clairière, sur le versant ouest, près <strong>de</strong> la source. Une nouvelle<br />

source que je n'avais pas encore remarquée.<br />

Nous nous sommes baignés près d'une plage magnifique <strong>de</strong> sable fin, caressés par un soleil paradisiaque...<br />

C'est un hennissement <strong>de</strong> Bijou - il labourait <strong>de</strong> lui-même et seul, cet ange - qui nous a rappelés à la réalité.<br />

Et je me suis réveillé dans une douce torpeur : Jean ronflait consciencieusement !<br />

1er août<br />

Pesée : 71,300. 17 kg 300 en moins. Tension stable à 9/5<br />

L'aumônier est venu, comme chaque dimanche, m'apporter la communion et discuter un peu après m'avoir<br />

laissé quelques minutes <strong>de</strong> méditation. Bien entendu, j'ai caché mes notes. <strong>Le</strong> pauvre ! Il en serait mala<strong>de</strong>,<br />

d'autant plus qu'il a l'air <strong>de</strong> se faire plus <strong>de</strong> soucis que moi pour ma santé.<br />

Une difficulté qui m'inquiète un peu vient pourtant <strong>de</strong> surgir : rien qu'à regar<strong>de</strong>r ma bouteille <strong>de</strong> Vittel, je<br />

sens l'écoeurement qui me gagne et l'eau passe <strong>de</strong> plus en plus difficilement. C'est sérieux, il faut absolument<br />

que je l'absorbe sans en gâcher une seule goutte.<br />

Jean possè<strong>de</strong> une montre équipée d'une sonnerie. C'est beau le progrès ! Il me la prête et je la mets à<br />

sonner toutes les <strong>de</strong>ux heures. Dès qu'elle sonne, je bois un verre, si possible d'un trait, et je le remplis pour<br />

qu'il soit prêt, <strong>de</strong>ux heures plus tard. De même, si l'infirmière, l'interne ou quelqu'un d'autre entre dans la<br />

pièce, je me retourne aussitôt et ingurgite le contenu du verre.<br />

En appliquant cette métho<strong>de</strong> mise au point hier, j'arrive à boucler.<br />

Entre temps, je voyage dans mon île qui se transforme en paradis terrestre. Sans pommier ni serpent. Sans<br />

Vendredi. Avec Simone, par moment, à mon corps défendant - pas mal l'expression, tiens ! - lorsque le rêve


n'est pas éveillé.<br />

Pas <strong>de</strong> lecture aujourd'hui. Relaxe.<br />

145<br />

*****<br />

2 août<br />

Pesée et tension stationnaires.<br />

Journée pénible. J'ai mis la montre à sonner toutes les heures et réduit la ration à un <strong>de</strong>mi-verre à la fois.<br />

J'ai l'impression que mon gosier se bouche peu à peu.<br />

Même mon île s'évanouit parfois lorsque je l'appelle ; ça m'énerve.<br />

Heureusement que le phosphalugène produit toujours son effet. J'essaie <strong>de</strong> somnoler.<br />

3 août<br />

Pesée : 70,700. 17 kg 900 en moins. Tension : 9/5<br />

42ème jour ! Cette fois-ci, je me déci<strong>de</strong> à en parler à l'infirmière : je ne peux plus avaler la moindre goutte.<br />

Pas d'envie <strong>de</strong> vomir ; d'ailleurs, que vomirais-je ? Ça ne passe pas. A croire que <strong><strong>de</strong>s</strong> muscles, là <strong>de</strong>dans, ne<br />

fonctionnent plus.<br />

11 heures. <strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin chef lui-même arrive, m'écoute, m'ausculte et m'informe qu'il va me mettre sous<br />

perfusion. Je refuse catégoriquement. Il me fait un sermon <strong>de</strong> circonstance puis s'en va.<br />

10 minutes après, il revient, sans appareil à perfusion, me faire tout simplement <strong>de</strong>ux piqûres <strong>de</strong> je ne sais<br />

pas quoi - je n'ai pas retenu le nom - mais ça n'a rien à voir, m'affirme-t-il, avec une nourriture quelconque.<br />

J'y aurai droit, me dit-il, trois jours <strong>de</strong> suite.<br />

14 heures. Je réussis à avaler mon premier verre. J'en bois même un <strong>de</strong>uxième et ça passe. Ouf ! Rien que<br />

ça, je me sens mieux.<br />

Comme je suis bien parti, je déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire un brin <strong>de</strong> couture : <strong>de</strong>ux faux plis à mon pantalon <strong>de</strong> pyjama<br />

car je ne peux plus simplement m'asseoir sur le lit sans qu'il me tombe sur les pieds. <strong>Le</strong> résultat est impeccable<br />

et ça ne se voit même pas.<br />

Pendant que j'y suis, je reprends la Bible.<br />

4 août<br />

Pesée : 70,300. 18 kg 300 en moins. Tension : 10/6. Piqûres...<br />

43ème jour ! Ça va mieux.<br />

*****<br />

<strong>Le</strong> livre <strong>de</strong> Ruth, huitième livre <strong>de</strong> la Bible, un livre pas comme les autres : enfin, une histoire adorable,<br />

pleine <strong>de</strong> charme, d'émotion et <strong>de</strong> douceur, écrite avec brio et qui coule sans à-coups ni longueur.<br />

Ruth, une jeune veuve, ne veut pas abandonner sa belle-mère, Noémie, qui vient <strong>de</strong> perdre son mari et ses<br />

<strong>de</strong>ux fils et se retrouverait seule.<br />

Noémie retourne à Bethléem, son pays d'origine, accompagnée <strong>de</strong> Ruth qui se met en rapport avec Booz,<br />

un proche parent d'Elimelek, son beau-père, le mari décédé <strong>de</strong> Noémie.<br />

J'ai aimé cet épiso<strong>de</strong> où Booz lui donne à manger et ordonne, en douce, à ses ouvriers <strong>de</strong> laisser tomber<br />

volontairement <strong>de</strong> l'orge pour qu'elle puisse glaner plus facilement.<br />

Il lui dit avec un rien <strong>de</strong> poésie :<br />

(2/12) Que Yahvé/Jéhovah te ren<strong>de</strong> ce que tu as fait et que ta récompense soit entière, <strong>de</strong> part<br />

Yahvé/Jéhovah, Dieu d'Israël, sous les ailes <strong>de</strong> qui tu t'es abritée."<br />

Conformément aux traditions familiales d'alors, il épouse Ruth. Ils ont un fils qui sera le grand-père <strong>de</strong><br />

David.<br />

*****


146<br />

Une bouffée d'oxygène au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> miasmes écoeurants <strong><strong>de</strong>s</strong> boucheries sanguinaires qui, jusqu'ici, furent<br />

le lot presque quotidien <strong><strong>de</strong>s</strong> Israélites.<br />

*****<br />

J'ai bien compris que Yahvé/Jéhovah pouvait difficilement agir autrement, quoiqu'il eût, parfois et même<br />

souvent, la main un peu lour<strong>de</strong>.<br />

L'homme primitif, face aux fauves, aux ouragans, aux cataclysmes, découvre qu'il est vraiment peu <strong>de</strong><br />

chose et il a peur ; mais les hommes ont tout <strong>de</strong> même un peu grandi, ils se sont humanisés, <strong>de</strong> génération en<br />

génération et, <strong>de</strong> ce fait, ils ont <strong>de</strong> moins en moins peur. Yahvé/Jéhovah doit l'apprendre à ses dépens.<br />

*****<br />

L'homme est un animal difficile à dresser.<br />

Il ne l'est pas encore.<br />

Voici au moins 3.000 ans que Moïse a décrété : (Lv. 19/18) Tu aimeras ton prochain comme toi-même, ce<br />

que le Christ a réexprimé par la suite : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés..."<br />

Or les massacres continuent un peu partout. Musulmans, hindous, athées et autres se font <strong><strong>de</strong>s</strong> guerres<br />

ouvertes, occultes ou larvées continuelles. On s'entre-tue même entre chrétiens comme l'Irlan<strong>de</strong> qui se<br />

déchire...<br />

Quand donc l'homme comprendra-t-il qu'il n'existe qu'un Dieu, un seul, celui <strong>de</strong> tous et qu'il n'existe qu'une<br />

religion composée d'une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> petites religions annexes, toutes cousines entre elles, qui se sont<br />

adaptées aux caractéristiques <strong>de</strong> chaque peuple ?<br />

Comme, en France, une seule patrie regroupe <strong><strong>de</strong>s</strong> régions aussi différentes que la Bretagne, l'Alsace ou la<br />

Corse... N'avons-nous pas tous le même sang rouge chargé, dans notre corps, <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes besognes, bien que<br />

<strong>de</strong> groupes différents ?<br />

Sur le fronton d'une lamaserie, au Tibet, il est écrit : "Un millier <strong>de</strong> moines, un millier <strong>de</strong> religions."<br />

La religion la meilleure, c'est celle que l'on pratique. Une religion c'est personnelle à chaque groupe<br />

d'individus, à chaque individu et qu'importe si l'un est juif, un autre catholique, un troisième musulman, un<br />

quatrième bouddhiste, si chacun d'eux la pratique au mieux <strong>de</strong> sa foi et <strong>de</strong> ses possibilités, sans brimer son<br />

voisin qui, comme lui, est un être libre.<br />

Il est en effet normal qu'un arabe soit musulman, un européen catholique et un asiatique bouddhiste. Ils<br />

n'en restent pas moins frères puisque leur famille est la même.<br />

Ce jour <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> compréhension, les guerres s'arrêteront, la paix régnera et nous nous sentirons frères,<br />

avec nos qualités et nos défauts, et nous connaîtrons, d'instinct, la tolérance.<br />

Car la tolérance est incompatible avec les principes mêmes d'une religion quelle qu'elle soit tant qu'il en<br />

existera d'autres. En effet, tolérer une autre religion, c'est autoriser un culte opposé à son propre Dieu. Cela<br />

ne se peut donc pas... sauf si le Dieu, pour les <strong>de</strong>ux, est le même.<br />

Alors les religions, bien que différentes, se reconnaissent soeurs et se comprennent.<br />

Quand donc ces imbéciles d'hommes bornés, ces minus <strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong> l'univers, comprendront-ils qu'il<br />

n'y en a qu'un : le leur. Qui est aussi celui <strong><strong>de</strong>s</strong> autres.<br />

*****<br />

Ce serait enfin la disparition du sectarisme qui mine notre pauvre humanité. Nous re<strong>de</strong>viendrions un peu<br />

plus mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes, rejoignant, en cela, "la voie du milieu" <strong><strong>de</strong>s</strong> bouddhistes qui me plaît assez.<br />

In medio stat virtus !<br />

C'est dans le juste milieu que se trouve la vertu.<br />

Ne soyons ni trop bon ni trop mauvais. L'excès en tout est un mal.<br />

L'ancienne Edda nordique disait déjà :<br />

Chacun doit être modérément sage<br />

Et non trop sage car le coeur d'un homme sage


147<br />

Est rarement heureux.<br />

Restons à notre place. Il y a plus mauvais que nous mais il y a meilleur.<br />

D'ailleurs, quel est le bon et quel est le mauvais car tout est relatif puisque fonction <strong>de</strong> nos interprétations<br />

qui diffèrent ? Ainsi, le mauvais, pour moi, chez les autres, ne l'est peut-être pas, pour eux ; comme le<br />

meilleur, chez moi, pour moi, ne l'est peut-être pas, pour eux.<br />

Qui a raison et qui a tort ?<br />

Je ne suis pas complètement bête mais eux non plus. Et ils le sont peut-être moins que moi.<br />

Alors ?<br />

Pourquoi donc voudrais-je imposer mon idée en massacrant la leur ?<br />

Ce serait du racisme mental aberrant !<br />

*****<br />

Arriverons-nous un jour à ce que l'humanité, puisque nous le sommes, vive en harmonie ? En harmonie !<br />

Soyons humbles, mes frères, dirait Monsieur le curé, et réservés parce que compréhensifs. Et réprimons<br />

nos excès car tout excès, dans une harmonie, est une dissonance.<br />

*****<br />

Ben, mon vieux... Je viens <strong>de</strong> me relire et je suis sidéré par ce que j'ai écrit. Si ça continue, je vais me faire<br />

curé <strong>de</strong> la nouvelle religion universelle...<br />

Je ne me reconnais plus.<br />

5 août<br />

Pesée : 70,200. 18 kg 400 en moins. Tension 9/5.<br />

Troisième et <strong>de</strong>rnière série <strong>de</strong> piqûres. Efficaces. Je me délecte <strong>de</strong> Vittel.<br />

*****<br />

Eurêka ! Je biche car enfin, j'ai trouvé ! J'ai compris ! Je suis heureux comme un gosse à Noël car ça me<br />

tracassait ce bon sang <strong>de</strong> zodiaque avec ses équinoxes. J'avais bien noté que les Egyptiens adoraient le boeuf<br />

sous le signe du taureau, que les Israélites démolissaient le veau d'or et prônaient le bélier sous le signe du<br />

bélier et que le Christ surgissait avec le signe du poisson...<br />

Des gens instruits l'écrivaient parce que <strong><strong>de</strong>s</strong> savants l'affirmaient sans contestation possible, c'était donc<br />

vrai et j'avais tout noté textuellement mais je ne pigeais pas pourquoi. Pourtant c'est simple.<br />

Logiquement, la terre tourne autour du soleil en une année, elle fait le tour du ciel dans ce même laps <strong>de</strong><br />

temps et donc, tous les ans, lorsque le soleil se lève à l'équinoxe du printemps, il <strong>de</strong>vrait se trouver au même<br />

endroit du ciel, au même emplacement du même signe du zodiaque. Or, c'est faux car l'équinoxe a eu lieu un<br />

tout petit peu avant que la terre ait achevé son tour. De ce fait, lorsque, sur terre, on voit le soleil se lever à<br />

notre équinoxe, il a déjà un peu d'avance et s'est légèrement déplacé dans notre vision du ciel. Il n'est donc<br />

pas tout à fait au même endroit du ciel. Pas beaucoup ; mais comme tous les ans, il y a un nouveau décalage,<br />

cela se cumule et c'est ce qui fait qu'au bout <strong>de</strong> 2.150 ans environ, il a traversé un signe pour se retrouver<br />

dans le suivant.<br />

Logique.<br />

Mais je tire mon chapeau aux savants qui ont découvert cela, un tel décalage <strong>de</strong> quelques minutes<br />

seulement. Surtout Hipparque, voilà 2.200 ans !


148<br />

D'après ce que j'ai lu, il est indéniable que la création d'Adam fut, en partie, un loupé, l'évolution <strong>de</strong><br />

l'homme, repartant avec Noé, c'est à dire, si je regar<strong>de</strong> bien l'ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> signes traversés par le soleil, aux<br />

Equinoxes du printemps, il y a 9.000 ans environ. Adam, lui, aurait été "mo<strong>de</strong>lé" il n'y a pas plus <strong>de</strong> 11.000 à<br />

15.000 ans après que la terre ait été remise d'aplomb.<br />

Bélier<br />

- 4.370<br />

Taureau<br />

- 6.530<br />

Gémeaux (8)<br />

- 8.630<br />

Poissons<br />

- 2.210<br />

Cancer (7)<br />

- 10.850<br />

Verseau<br />

- 50 ans<br />

Lion (6)<br />

- 13.010<br />

Ce n'est donc pas vieux. Tous les squelettes que l'on retrouve en les datant <strong>de</strong> millions d'années,<br />

n'appartiennent donc qu'à <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes préhistoriques, ce que j'appellerais <strong><strong>de</strong>s</strong> "prémices d'hommes".<br />

Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> même si ce n'est pas <strong>de</strong> cela que parle la Bible lorsqu'elle dit, sous forme d'image, que Dieu<br />

créa l'homme <strong>de</strong> la poussière du sol ; c'est à dire, en se servant <strong>de</strong> ce qui existait déjà sur terre. Il prit l'homme<br />

dit préhistorique, et le transforma pour qu'il puisse évoluer. La Bible dit :<br />

(Gn 2/7) Yahvé Dieu forma l'homme <strong>de</strong> la poussière du sol et il souffla dans ses narines un souffle <strong>de</strong><br />

vie.<br />

A la lumière <strong>de</strong> ce que l'on connaît, il semble bien que cela veuille dire : il prit un être humain qui n'arrivait<br />

pas à évoluer normalement et, par une manipulation génétique, le transforma en "homo sapiens" capable<br />

d'atteindre rapi<strong>de</strong>ment le sta<strong>de</strong> d'évolution que lui-même possédait.<br />

Au fond, ces images employées sont logiques, car personne, jusqu'à notre siècle scientifique, n'aurait été<br />

capable <strong>de</strong> les comprendre.<br />

Dans l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> livres apocryphes qu'a pu m'obtenir Jean "le combat d'Adam" qui fait partie <strong><strong>de</strong>s</strong> livres rejetés<br />

par le pape et les cardinaux, il est écrit que Satan cherche où Adam peut bien se cacher et le trouve enfin,<br />

avec Eve, dans une caverne. Il lui dit :<br />

J'ignorais les épreuves auxquelles vous avez été soumis jusqu'à ce que Dieu m'eût dit : "Vois, Adam que<br />

j'ai tiré <strong>de</strong> ton côté et Eve que j'ai tirée <strong>de</strong> son côté... ont désobéi...<br />

Comment le scribe aurait-il inventé cela <strong>de</strong> lui-même ? <strong><strong>Le</strong>s</strong> gènes utilisés <strong>de</strong>vaient bien provenir <strong>de</strong> quelque<br />

part... Et ce serait même à l'origine, ceux <strong>de</strong> Satan ! Amusant. Mais je comprends mieux, à la suite <strong>de</strong> cela,<br />

que Satan soit intervenu pour que le processus <strong>de</strong> cette opération "homme nouveau" s'accélère un peu. Ce qui<br />

n'a pas plu à son chef...<br />

6 août<br />

Capricorne<br />

- 23.810<br />

Vierge (5)<br />

- 15.170<br />

Sagittaire (2)<br />

- 21.650<br />

Scorpion<br />

- 19.490<br />

Balance<br />

- 17.330<br />

Pesée : 70 kg 18 kg 600 en moins. Tension 9/5<br />

Ça tourne, ça tourne. J'ai essayé <strong>de</strong> me lever mais j'ai dû capituler ! La tête me tourne un peu trop...Je n'ai<br />

qu'une solution pour récupérer : mon île.<br />

11 heures. L'interne se pointe avec un grand sourire.<br />

- Grivelot, une visite.<br />

Enfin le premier expert ! Ça va peut-être bouger.<br />

Très affable, il regar<strong>de</strong> ma fiche qu'il doit connaître pour avoir compulsé le dossier auparavant et me<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui réexpliquer pour quel motif je ruine ainsi ma santé. Comme je connais bien ma leçon et que je<br />

n'ai rien à cacher, je pense qu'il part comblé après m'avoir fait ca<strong>de</strong>au <strong>de</strong> son sermon et du conseil habituel :<br />

(1)<br />

(4)<br />

(3)


149<br />

- Allons, soyez sérieux, arrêtez ça !<br />

En guise d'au revoir, il a droit au renouvellement <strong>de</strong> ma détermination la plus inflexible et la plus<br />

distinguée...<br />

*****<br />

Il faut que j'en informe Maître <strong>Le</strong>blond <strong>de</strong> suite.<br />

Maître,<br />

Je viens d'avoir la visite d'un expert. Sympa. Ils sont toujours sympas. Même le juge d'instruction était<br />

sympa, avec son bon sourire et ses paroles <strong>de</strong> réconfort, lorsqu'il m'a bouclé.<br />

Ça commence donc à bouger. Il est temps car je suis <strong>de</strong> plus en plus faible. Si j'ai le malheur <strong>de</strong> faire un<br />

mouvement trop brusque, je tombe dans les pommes. Pas longtemps, mais ça fait drôle. Alors, à chaque<br />

geste, je freine, comme dans un film au ralenti et ça marche.<br />

Je souffre et sais que je risque ma vie ; mais ce n'est rien, c'est même un sacrifice valable si je peux<br />

reprendre rapi<strong>de</strong>ment ma place auprès <strong>de</strong> ma mère et si, par surcroît, cela peut donner un coup sérieux à<br />

cette pourriture <strong>de</strong> détention préventive abusive et abominable.<br />

En pratique, il est indispensable, maintenant, d'ameuter la presse, la radio et la télé. Si nous restons<br />

ignorés, je vais crever dans l'indifférence.<br />

Je me doute que votre position n'est pas facile à tenir... Aussi je vous souhaite une bonne dose <strong>de</strong><br />

courage assaisonnée d'une dose encore plus forte d'imagination. C'est dans l'imagination que se cache le<br />

génie : c'est à cela qu'on reconnaît les grands hommes et les grands avocats.<br />

Sans ironie <strong>de</strong> ma part et en toute sympathie. La vraie celle-là.<br />

On arrive, je crois, à la bataille finale.<br />

Je suis en première ligne et je tiens mon poste en bon soldat. De mon côté, l'ennemi ne passera pas. Mais<br />

l'heure cruciale arrive, la <strong>de</strong>rnière où il faut contre-attaquer tout en rusant.<br />

Dans mes rêves éveillés, j'ai assisté plus d'une fois au déroulement d'un assaut : <strong><strong>Le</strong>s</strong> assaillants<br />

surgissent en masse, d'un coup, hurlent et se précipitent. <strong><strong>Le</strong>s</strong> défenseurs, terrés, atten<strong>de</strong>nt terrorisés et ne<br />

peuvent rien faire ; ils ne doivent rien faire sinon attendre jusqu'à la <strong>de</strong>rnière minute que l'ennemi soit là,<br />

<strong>de</strong>vant eux, à portée <strong>de</strong> tir.<br />

Il semble que le flot hurlant va tout submerger, qu'il n'y a d'autre solution que dans la fuite ; c'est cela<br />

que l'ennemi recherche.<br />

Brusquement, un ordre claque et, comme faisant partie d'une seule et même source, toutes les armes,<br />

fusils, mitraillettes, mitrailleuses, crachent leurs salves <strong>de</strong> mort ; on ne voit plus rien ; on ne sent plus rien ;<br />

on en a même oublié sa peur ; on tire, on tire, on tire. Quand la fumée se dissipe, on s'aperçoit que l'assaut<br />

s'est brisé sur cette barrière <strong>de</strong> feu et que l'ennemi se retire en emportant ses morts et ses blessés.<br />

La <strong>de</strong>rnière salve, la bonne, il n'y a que vous qui pouvez la déclencher.<br />

Je n'ai ni relation ni argent, qu'un coeur vaste comme le mon<strong>de</strong> qui vous supplie, maître, <strong>de</strong> la<br />

déclencher au plus vite cette ultime salve qui peut seule me sortir <strong>de</strong> là.<br />

Excusez ce baratin en gran<strong>de</strong> partie inutile : je ne sais pas pourquoi mais ça m'a fait du bien.<br />

Avec tous mes remerciements à l'avance, et bien cordialement.<br />

*****<br />

J'ai noté qu'Adam a donc été créé il y a à peine onze à quinze mille ans. Justement, j'ai remarqué, dans les<br />

nombreux livres que j'ai lus, avant <strong>de</strong> me retrouver ici, que tout prouve qu'une gran<strong>de</strong> civilisation existait,<br />

inévitablement, il y a dix mille ans environ.<br />

Comme tous ces problèmes me tracassent, je retrouve, en annotation, ce texte dans les livres apocryphes<br />

que l'on m'a transmis :<br />

Il a fallu près <strong>de</strong> six cent mille ans pour que "l'homme préhistorique" passe du galet cassé en biseau à<br />

l'apogée <strong>de</strong> l'industrie du silex... alors que, brusquement, vers - huit mille, apparaît ce que André <strong>Le</strong>roi<br />

Gourhan, professeur au Collège <strong>de</strong> France, appelle une "explosion novatrice" qui amène l'humanité, en<br />

une dizaine <strong>de</strong> millénaires seulement <strong>de</strong> la création d'un mon<strong>de</strong> d'agriculteurs à celui du Concor<strong>de</strong>, <strong>de</strong>


l'atome et <strong><strong>de</strong>s</strong> satellites.<br />

Concordance bizarre, non ?<br />

Pesée : 69,800. 18 kg 800 en moins. Tension : 9/7<br />

Ça va tout doux, tout doux.<br />

150<br />

7 août<br />

10 h. 30. Surprise : L'interne introduit une dame distinguée, la classe ! Rien moins que la représentante du<br />

"ministre-à-la-condition-pénitencière" qui vient s'informer <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> Madame le Ministre.<br />

"Personnellement", me confirme-t-elle.<br />

Je débobine une nouvelle fois l'écheveau <strong>de</strong> mon histoire et j'écoute <strong>de</strong> nouveau un sermon long, long, long<br />

sur ce qui risque <strong>de</strong> m'arriver<br />

- il faut arrêter ça - Pensez à votre santé - Avez-vous seulement pensé à votre mère qui risque <strong>de</strong> se<br />

retrouver seule - qui a besoin <strong>de</strong> vous...<br />

Elle a l'air bien au courant. Je l'écoute et reste impassible.<br />

Remarquant la bible, elle me dit<br />

- Moi aussi, je crois en Dieu. Croyez-vous qu'il admettrait un tel suici<strong>de</strong> car, en pratique, c'est un suici<strong>de</strong><br />

ce que vous êtes en train <strong>de</strong> faire ?<br />

Je lui réponds sans réfléchir car ce n'est guère diplomate. Et puis, zut !...<br />

- Oui, je crois en Dieu. C'est pourquoi j'irai jusqu'au bout car je suis innocent, je suis dans mon droit ; je<br />

suis donc certain que je ne mourrai pas : Dieu ne m'abandonnera pas, je le sais.<br />

Nous n'avons pas le même Dieu, voyez-vous. <strong>Le</strong> vôtre c'est celui qui massacra plus <strong>de</strong> 15.000 Israélites<br />

uniquement parce qu'ils avaient critiqué Moïse. C'est le Dieu du passé. <strong>Le</strong> mien, c'est un Dieu <strong>de</strong> justice et<br />

<strong>de</strong> bonté, vous savez, celui qui a dit : "Je suis le bon pasteur et je connais mes brebis".<br />

Elle n'insiste pas et termine aussitôt sa visite en me promettant <strong>de</strong> s'occuper elle-même <strong>de</strong> mon dossier ; et<br />

je l'entends dire à l'interne, en sortant : "Je n'ai jamais vu un cas pareil !"<br />

*****<br />

Jean s'amuse <strong>de</strong> me voir ruminer sur ces problèmes créés par la Bible et la gran<strong>de</strong> année zodiacale <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

équinoxes. Il semble surpris <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats <strong>de</strong> mes cogitations. Et ça doit lui rappeler <strong><strong>de</strong>s</strong> souvenirs. Il me dit :<br />

- J'ai entendu parler <strong>de</strong> cette théorie qui tient <strong>de</strong>bout. Je crois même que le premier <strong><strong>de</strong>s</strong> signes <strong>de</strong> ton<br />

cercle <strong>de</strong> zodiaque qui a commencé il y a 24.000 ans est arrivé juste après la <strong>de</strong>rnière <strong><strong>de</strong>s</strong> glaciations, celle<br />

<strong>de</strong> Wurm.<br />

Par pru<strong>de</strong>nce, j'ai contrôle dans mon dictionnaire. C'est exact.<br />

Ainsi, Yahvé et ses hommes sont arrivés il y a environ vingt quatre mille ans, au début <strong>de</strong> l'ère zodiacale du<br />

Capricorne, un peu après la glaciation <strong>de</strong> Würm, au moment où la terre et ses êtres vivants, après un bon<br />

nettoyage, étaient prêts à recevoir, pour leur évolution, un "coup <strong>de</strong> pouce " définitif.<br />

Ce n'est pas vrai ! Tout concor<strong>de</strong>.<br />

8 août<br />

Pesée : 69,500. 19 kg 100 en moins. Tension 8/5.<br />

La tension chute ce qui fait grimacer l'interne, car, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux jours, l'interne vient me rendre visite en<br />

même temps que l'infirmière.<br />

Et même le dimanche. Je ne l'avais pas remarqué mais c'est dimanche. Décidément, je suis choyé.<br />

L'aumônier vient m'apporter la communion. Je veux m'asseoir et me trouve mal. Il est affolé et veut<br />

appeler l'infirmière, c'est Jean qui l'en empêche. L'heure <strong>de</strong> l'extrême onction n'a pas encore sonné !<br />

Je passe mon dimanche dans mon île, une île <strong>de</strong> toute beauté... J'y ai découvert, aujourd'hui, une foule <strong>de</strong><br />

petits singes, plus gentils les uns que les autres ; nous avons fait connaissance et joué comme <strong>de</strong> petits fous<br />

car ils sont aussi intelligents qu'ils sont mignons. Ah ! Si les hommes...


151<br />

*****<br />

Je prends quand même le temps <strong>de</strong> noter ce qui m'a encore frappé :<br />

<strong>Le</strong> premier signe est le Capricorne et, dans tous les horoscopes, c'est également le premier signe <strong>de</strong><br />

l'année qui va <strong>de</strong> la fin décembre à la fin janvier...<br />

Quand le cycle <strong>de</strong> notre évolution sera terminé, à la fin du Verseau, c'est encore lui qui entamera le<br />

cycle suivant.<br />

<strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier <strong><strong>de</strong>s</strong> cinq premiers signes, avant que ne commence le redémarrage avec les gémeaux, c'est le<br />

Cancer qui, bizarrement, est l'opposé du Capricorne.<br />

Hasard, bien sûr... Mais surprenant quand même<br />

9 août<br />

Pesée : 69,200. 19 kg 400 en moins. Tension : 9,5.<br />

Une lettre <strong>de</strong> Maître <strong>Le</strong>blond qui me signale que <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts sont pris avec les journaux, la radio et la<br />

télé. Lui s'occupe <strong>de</strong> la télé et Maître Gorce <strong><strong>de</strong>s</strong> journaux et <strong>de</strong> la radio. <strong>Le</strong> temps qu'ils complètent leur<br />

documentation, cela va <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r 4 à 5 jours pour être effectif.<br />

Il va faire écrire à maman une lettre ouverte au Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République. Il me conseille <strong>de</strong> lui écrire<br />

également ainsi qu'au ministre <strong>de</strong> la justice. L'ensemble <strong>de</strong>vrait faire boule <strong>de</strong> neige.<br />

C'est réellement un brave gars car il sait pertinemment que je n'ai pas les moyens <strong>de</strong> le payer et qu'il ne<br />

recevra que <strong><strong>de</strong>s</strong> honoraires réduits à la portion congrue. Une sacrée <strong>de</strong>tte que, moralement, je <strong>de</strong>vrai payer.<br />

Je vais ruminer sur ce que je vais bien pouvoir écrire et j'écrirai <strong>de</strong>main.<br />

10 août<br />

Pesée : 68,900. 19 kg 700 en moins. Tension : 9/5.<br />

Je ne suis vraiment pas costaud. Je viens d'écrire ma supplique à "Monsieur le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la République -<br />

Palais <strong>de</strong> l'Elysée - avec l'hommage <strong>de</strong> mon profond respect", comme il se doit ; ainsi qu'à "son excellence<br />

Monsieur le Ministre - 13 Place Vendôme, Paris 1er - avec l'assurance <strong>de</strong> ma haute considération", comme il<br />

se doit également.<br />

C'est Jean qui m'a tuyauté sur les adresses et formules que chacun se passe en prison.<br />

J'ai terminé par une lettre à maman qui doit avoir besoin d'un fameux remontant.<br />

Je suis épuisé et n'ai même pas le courage <strong>de</strong> les recopier. Je vais me détendre au maximum, fermer les<br />

yeux et retrouver mon île, la douceur <strong>de</strong> la plage, la fraîcheur <strong>de</strong> l'eau et les amicales criailleries <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

perroquets multicolores qui ont envahi les buissons tout autour <strong>de</strong> la source... Un mon<strong>de</strong> enchanteur ignoré<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> soucis, ces plaies inutiles puisque le temps travaille seul alors que je n'y peux rien.<br />

11 août<br />

Pesée : 68,700. 19 kg 900 en moins. Tension : 8/5<br />

Vittel, <strong>de</strong>mi-verre par <strong>de</strong>mi-verre ; phosphalugène... Ça se maintient, cahin caha...<br />

*****<br />

J'ai réussi à relire le premier livre <strong>de</strong> Samuel et retombe sur ce que j'avais déjà constaté.<br />

(1S. 2/21) Yahvé visita Anne, elle conçut et mit au mon<strong>de</strong> 3 fils et 2 filles.. De même, dans la Genèse,<br />

(21/1) Yahvé visita Sara, selon ce qu'il avait dit ; ... Sara conçut et enfanta...<br />

De même également pour la mère <strong>de</strong> Samson. Je recopie le texte : un scénario i<strong>de</strong>ntique à celui <strong>de</strong> Noé :<br />

(Jg. 13/3 et suivants) Il y avait un homme <strong>de</strong> Soréa, du clan <strong><strong>de</strong>s</strong> Danites, qui s'appelait Manoah. Sa<br />

femme était stérile et n'avait pas eu d'enfant. L'ange <strong>de</strong> Yahvé apparut à la femme et lui dit : "Voici que<br />

tu es stérile et tu n'as pas eu d'enfant ; eh bien ! tu vas concevoir et enfanter un fils. Mais désormais<br />

prends bien gar<strong>de</strong> ! Ne bois ni vin ni boisson forte, et ne mange rien d'impur... <strong>Le</strong> rasoir ne passera pas<br />

sur sa tête car le garçon sera nazir <strong>de</strong> Dieu - voué à Dieu - dès le sein <strong>de</strong> sa mère et c'est lui qui sauvera<br />

Israël <strong>de</strong> la main <strong><strong>de</strong>s</strong> Philistins"


152<br />

La femme alla dire à son mari : "Un homme <strong>de</strong> Dieu est venu vers moi - elle dit bien : est venu vers moi -<br />

Il avait l'aspect d'un ange <strong>de</strong> Dieu, très redoutable. Je ne lui ai pas <strong>de</strong>mandé d'où il était, et il ne m'a pas<br />

fait connaître son nom. Il m'a dit : voici que tu va concevoir et enfanter un fils..."<br />

Ça ne plaît pas à Manoah qui se méfie <strong>de</strong> ces fils du ciel et semble ne pas apprécier d'être apparemment<br />

cocu.<br />

Comme il vaut mieux s'adresser au Bon Dieu qu'à ses saints, Manoah implora Yahvé et lui dit : "De grâce,<br />

mon Seigneur, que l'homme <strong>de</strong> Dieu que tu as envoyé vienne encore vers nous et qu'il nous instruise <strong>de</strong> ce<br />

que nous <strong>de</strong>vons faire..."<br />

L'ange se présente auprès <strong>de</strong> la femme qui appelle son mari.<br />

Manoah... vint vers l'homme et lui dit : "Es-tu l'homme qui a parlé à cette femme ? Il dit : "C'est moi."<br />

Manoah dit : "Quand arrivera ta parole, quel sera le statut <strong>de</strong> l'enfant..."<br />

Il ne se fait donc pas d'illusion, le pauvre Manoah ; mais comment peut-il agir autrement face à ces<br />

interventions "divines" ?<br />

Samson ne reniera pas ses origines ; c'est bien un <strong>de</strong> ces héros dont les livres précé<strong>de</strong>nts ont parlé et les<br />

philistins en verront <strong>de</strong> toutes les couleurs... jusqu'à ce qu'il se fasse "rouler" par cette garce <strong>de</strong> Dalila.<br />

Comment s'y prit-il ? Mystère <strong>de</strong> la biologie !<br />

Si je ne me trompe pas, c'est bien ce qui est arrivé à Marie, femme <strong>de</strong> Joseph...<br />

12 août<br />

Pesée : 68,400. 20 kg 200 en moins. Tension : 9/5.<br />

J'essaie <strong>de</strong> continuer tant soit peu mes lectures. Avec du mal. Chaque jour davantage. Très vite, je me sens<br />

oppressé, comme si j'avais du mal à respirer. Je prends quelques notes rapi<strong>de</strong>ment, puis je ferme les yeux et<br />

m'allonge en attendant que le malaise se dissipe.<br />

Je lis et je note par sacca<strong>de</strong>. J'ai peur que ça ne dure plus longtemps.<br />

Hier, dans Samuel, j'ai retenu ce passage :<br />

*****<br />

(1S. 3/1) <strong>Le</strong> jeune Samuel servait donc Yahvé en présence d'Éli. En ce temps là, il était rare que Yahvé<br />

parlât, les visions n'étaient plus fréquentes.<br />

Cela me rappelle une phrase que j'ai lue lorsque j'ai compulsé le livre d'Ézéchiel :<br />

(Éz. 8/12) Ils disent : "Yahvé ne nous voit pas, Yahvé a quitté le pays."<br />

Yahvé, en effet, interviendra <strong>de</strong> plus en plus rarement dans les livres <strong><strong>de</strong>s</strong> rois. Puis plus du tout, laissant les<br />

Israélites à leur triste <strong><strong>de</strong>s</strong>tin : ils semblent incapables <strong>de</strong> se débrouiller seuls.<br />

- 740 av. J. C. L'Assyrie asservit Israël.<br />

- 732 av. J. C. Sanchérib envahit Juda.<br />

- 617 av. J. C. Nabuchodonosor emmène les premiers captifs à Babylone.<br />

- 607 av. J. C. <strong>Le</strong> temple est rasé.<br />

- 63 av. J. C. Rome domine Jérusalem.<br />

Yahvé n'est plus là, alors, c'est clair. Étant donné la rapidité avec laquelle il voyage et le principe <strong>de</strong> la<br />

relativité espace-temps, la terre aura parcouru bien <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles et peut-être bien <strong><strong>de</strong>s</strong> millénaires lorsqu'il<br />

reviendra faire le point sur l'évolution <strong>de</strong> son oeuvre afin <strong>de</strong> savoir si sa programmation s'est déroulée sans<br />

anicroches...<br />

A cette époque, il a réussi le principal, semble-t-il : faire admettre une religion basée sur un seul Dieu, sans<br />

<strong>de</strong>mi-dieu, Seigneur et Maître <strong>de</strong> l'univers. Avec <strong><strong>de</strong>s</strong> écrits qui en porteront témoignage. Et pas seulement<br />

chez les Israélites.<br />

Comme par hasard, en 660 av. J. C., apparaît Zoroastre qui impose, en Iran, un seul Dieu, Aoura Mazda<br />

avec un texte "l'Avesta" ou "Loi" qui prône la bonté, en pensée, en parole et en action...<br />

En 560 environ, av. J. C., apparaît Gautama "Bouddha" avec une religion toute <strong>de</strong> sagesse...


153<br />

Des précautions i<strong>de</strong>ntiques sont très certainement prises ailleurs. N'est-ce pas <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> que date la<br />

civilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> Incas dont nous ne savons pas grand chose <strong>de</strong>puis que <strong><strong>de</strong>s</strong> imbéciles <strong>de</strong> missionnaires ont<br />

brûlé les archives qu'ils nous avaient laissées. Ne restent que les légen<strong><strong>de</strong>s</strong> et les pistes <strong>de</strong> Nazca qui dateraient<br />

justement, d'après les experts, au moins <strong>de</strong> 300 à 200 av. J. C...<br />

Je ne serais pas surpris que les statues <strong>de</strong> l'île <strong>de</strong> Pâques datent <strong>de</strong> la même époque...<br />

*****<br />

On croyait jadis que la terre était l'axe du mon<strong>de</strong> et sa raison d'être. Nous savons maintenant que la terre<br />

est bien peu <strong>de</strong> chose par rapport au reste <strong>de</strong> l'univers. Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> milliards <strong>de</strong> soleils et d'étoiles et peut-être <strong>de</strong><br />

galaxies en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la nôtre : dans l'univers, l'homme n'a pas plus d'importance que le microbe dans notre<br />

mon<strong>de</strong>...<br />

Nous intéressons-nous aux microbes ? Sinon pour les utiliser ou les combattre...<br />

Si Yahvé est parti, peut-être, sûrement même, reviendra-t-il : on s'intéresse toujours à sa création. Mais<br />

"quand ?", notre temps étant, dans l'univers <strong>de</strong> la relativité, comme le microbe vis à vis <strong>de</strong> l'homme...<br />

13 août<br />

Pesée : 68,300. 20 kg300 en moins. Tension : 8/5. Pouls : 62<br />

Pour la première fois, on me prend la température : 37/1. Qui dit mieux ?<br />

Un sentiment d'oppression qui s'intensifie. <strong>Le</strong> pauvre interne semble se faire <strong><strong>de</strong>s</strong> cheveux. La tension<br />

comme le pouls montrent, paraît-il, une situation délicate. La température, c'est normal, puisqu'il n'y a pas<br />

d'inflammation.<br />

- Vous tenez absolument à continuer ?<br />

- Mais, bien entendu, docteur. Je me requinquerai quand je serai chez moi.<br />

- Vous pensez y retourner ? Je vous le souhaite.<br />

*****<br />

<strong>Le</strong> téléphone arabe, par radiateurs interposés, vient <strong>de</strong> fonctionner. Jean me précise : c'est pour nous.<br />

En effet, peu après, un détenu réussit à se faire conduire jusqu'au lit <strong>de</strong> Jean - Je n'arrive pas à comprendre<br />

comment ils s'y prennent car c'est normalement strictement interdit - pour lui annoncer la bonne nouvelle : je<br />

suis, aujourd'hui, le héros <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules. Mon affaire est parue dans la presse avec une lettre ouverte <strong>de</strong> maman<br />

et une mise en question du principe <strong>de</strong> la détention préventive telle qu'elle est appliquée actuellement.<br />

Hourra ! Ça bouge !<br />

16 h. 30. Deux personnes viennent me rendre visite, un gradé et un civil. Je suppose que le civil est le<br />

directeur <strong>de</strong> Fresnes. Il me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> lui raconter mon histoire - et je m'exécute encore - puis, après m'avoir<br />

tapé sur l'épaule, s'en retourne en me disant : "Bon courage ! Ça ne sera plus long."<br />

Je rejoins mon île avec un délice non dissimulé.<br />

J'ai réussi à relire le premier livre <strong>de</strong> Samuel et retombe sur ce que j'avais déjà constaté.<br />

(1S. 2/21) Yahvé visita Anne, elle conçut et mit au mon<strong>de</strong> 3 fils et 2 filles.. De même, dans la Genèse,<br />

(21/1) Yahvé visita Sara, selon ce qu'il avait dit ; ... Sara conçut et enfanta...<br />

Comment s'y prit-il ? Mystère <strong>de</strong> la biologie !<br />

Pesée : 68. 20 kg 600 en moins. Tension : 8/5.<br />

14 août<br />

J'ai droit, ce matin, à une infirmière, à un interne et à un mé<strong>de</strong>cin supplémentaire. On me soigne !<br />

Il y va <strong>de</strong> son petit sermon et ordonne <strong>de</strong> me faire prendre <strong>de</strong>ux ampoules par jour <strong>de</strong> Nicobion. Devant<br />

ma mine rébarbative, il me précise que ça ne gênera en rien ma grève <strong>de</strong> la faim, ce n'est que <strong>de</strong> la vitamine<br />

PP <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée à m'éviter une lésion <strong><strong>de</strong>s</strong> organes vitaux tel le coeur ou les reins. Sans garantie toutefois, ajoute-til.


154<br />

Ils vont finir par me faire peur...<br />

Jean me propose d'emprunter un journal. Je préfère l'éviter pour ne pas perdre mon calme. Me reposer et<br />

laisser faire...<br />

- Deman<strong>de</strong> le, si tu veux ; lis le mais ne me le montre surtout pas. J'ai besoin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r toute ma lucidité<br />

le plus longtemps possible.<br />

- Chapeau ! Et je crois que t'as raison.<br />

*****<br />

Entre <strong>de</strong>ux séjours dans mon île, je viens <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>ux récits qui montrent encore que tout se recoupe.<br />

Dans la mythologie <strong>de</strong> Babylone, l'histoire <strong>de</strong> Sargon d'Accad ou Aga<strong>de</strong>. Sa mère le mit secrètement au<br />

mon<strong>de</strong>, dans la ville d'Azupirami. Elle le plaça dans une corbeille <strong>de</strong> joncs dont elle boucha les ouvertures<br />

avec <strong>de</strong> la poix et l'abandonna sur l'eau. <strong>Le</strong> courant le porta jusqu'à Akki, le puiseur d'eau. Alors qu'il était<br />

jardinier, Ishtar le prit en affection et il <strong>de</strong>vint roi. Il régna pendant 45 ans.<br />

De même dans le livre hindou du Mahabharata qui a pour titre "Adi Parva", il est écrit que Kunti, la mère<br />

du <strong>de</strong>mi-dieu Karna, alors qu'elle n'était pas encore mariée, fut visitée par le dieu Soleil. Elle en eut un fils<br />

ressemblant à son père car "il rayonnait comme le soleil lui-même". Par peur <strong><strong>de</strong>s</strong> on-dits, suite à la perte <strong>de</strong> sa<br />

virginité, elle mit l'enfant dans une boîte qu'elle déposa secrètement dans le fleuve. Une femme, Adhirata,<br />

repécha l'enfant qu'elle appela Karna et qu'elle éleva comme son propre fils.<br />

Comme Moïse...<br />

Pas <strong>de</strong> pesée, aujourd'hui : c'est fête !<br />

15 Août<br />

Avec, toutefois, Vittel, phosphalugène et Nicobion.<br />

C'est réellement fête car je viens <strong>de</strong> recevoir un présent dont je me souviendrai toute ma vie. Brave<br />

aumônier ! Ma pâleur, les articles <strong>de</strong> journaux car j'ai su qu'il y en avait eu d'autres hier, et mes kilos perdus<br />

l'épouvantent et il ne sait que faire pour m'ai<strong>de</strong>r.<br />

Il n'y peut rien. Que quelques minutes d'entretien pendant lesquels je ne lui parle surtout pas <strong>de</strong> mes<br />

commentaires sur la Bible pour ne pas l'effaroucher avec mes élucubrations.<br />

Il est venu, ce matin, m'apporter la communion et - je ne peux m'empêcher d'avoir les larmes aux yeux en y<br />

repensant - il a fait semblant <strong>de</strong> se tromper et m'a donné <strong>de</strong>ux hosties au lieu d'une...<br />

Unique ! Jamais on ne m'offrira plus beau ca<strong>de</strong>au.<br />

15 heures. Visite d'un expert nommé par le juge d'instruction. Pour une surprise, c'est une surprise : un<br />

expert un dimanche et, qui plus est, un 15 août !<br />

Une visite expresse. Digne d'un film à la Charlot, version accélérée. Sans aucun <strong><strong>de</strong>s</strong> appareils médicaux<br />

habituels, il diagnostiqua :<br />

- Tension 9/5. Pouls 74. Votre poids normal doit s'élever à 4 fois votre tour <strong>de</strong> poignet, soit (après<br />

mesure dudit poignet) : 17 x 4 = 68. Et vous pesez 68 kg ! Mais c'est magnifique !<br />

Et il s'est éclipsé aussi vite qu'il était venu.<br />

Bouche ouverte, je <strong>de</strong>vais avoir l'air stupi<strong>de</strong> tellement j'étais abasourdi. Je revins sur terre en entendant<br />

l'éclat <strong>de</strong> rire <strong>de</strong> Jean. Et j'éclatais <strong>de</strong> rire à mon tour.<br />

J'espère qu'il ironisait... Enfin, il avait l'air sympa... Comme le juge d'instruction qui m'a refusé ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> mise en liberté...<br />

Ce cher expert a tout <strong>de</strong> même eu le temps <strong>de</strong> m'annoncer la visite d'un <strong>de</strong> ses collègues pour le courant <strong>de</strong><br />

la semaine.<br />

J'envoie donc un petit mot à Maître <strong>Le</strong>blond et à Maître Gorce et leur recomman<strong>de</strong> impérativement <strong>de</strong> se<br />

surveiller en prenant précautionneusement leur tour <strong>de</strong> poignet...<br />

*****<br />

Ce matin, à la radio, car Jean la met <strong>de</strong> temps en temps, j'ai entendu un rabbin qui disait :


155<br />

- Prier tout autre que Dieu, saints ou autres, c'est une déviation, du paganisme pur. Il y a, à ce sujet, une<br />

gran<strong>de</strong> différence entre les juifs et les catholiques. A ce sujet, comme à beaucoup d'autres, les juifs sont<br />

plus près <strong><strong>de</strong>s</strong> musulmans que <strong><strong>de</strong>s</strong> catholiques. <strong>Le</strong> christianisme, ajoute-t-il, est très problématique.<br />

Une <strong>de</strong> ses phrases à retenir : <strong>Le</strong> mon<strong>de</strong>, c'est comme une idée, elle se présente puis elle disparaît.<br />

Voici 15 milliards d'années, il y eut, paraît-il, le bing-bang d'où surgit notre univers et ses milliards <strong>de</strong><br />

mon<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />

Nos savants, <strong>de</strong>venus, au 20 ème siècle, <strong><strong>de</strong>s</strong> astrophysiciens, ont découvert que l'univers n'est pas immuable,<br />

qu'il évolue. Comme notre pauvre petite terre, l'univers "a une histoire".<br />

C'est une certitu<strong>de</strong> absolue : tout est un. Tout, dans l'univers, est composé <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes éléments qui se<br />

mélangent à l'infini. Il n'existe qu'une famille <strong>de</strong> matière universelle.<br />

L'univers, comme l'homme, progresse et se métamorphose. Et notre galaxie. Comme l'homme, notre soleil,<br />

dans quelques milliards d'années - mais qu'est-ce que quelques milliards d'années ? - , inéluctablement mourra.<br />

Notre galaxie mourra. Et l'univers, bien qu'insondable actuellement, lui-même mourra.<br />

Un nouveau bing-bang, en germe déjà - qui sait ? - naîtra peut-être...<br />

Nous ne sommes donc que d'infimes microbes dans un gigantesque ensemble vivant et mortel. Mais,<br />

mathématiquement, rien ne vient <strong>de</strong> rien. Un bing-bang aussi énorme procréant un être aussi bien organisé ne<br />

peut surgir du néant. Qu'y avait-il donc avant qu'il y ait quelque chose ? Et qu'y aura-t-il lorsqu'il n'y aura plus<br />

rien ?<br />

Dieu qui malaxe sa matière, lorsque tout cela disparaîtra, qu'en fera-t-il, puisque "Rien ne naît ni ne périt"<br />

disait déjà Anaxagore à Hippocrate ?<br />

Non ! Cette évolution prodigieuse et magnifiquement structurée <strong>de</strong> la matière, démesurément colossale<br />

bien que composée <strong>de</strong> quelques infiniment petits, ne peut pas ne pas avoir été programmée antérieurement à<br />

cette naissance comme la plante épanouie l'est dans le germe <strong>de</strong> la graine.<br />

Alors ?<br />

Au fond, pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?<br />

Si je ne crève pas <strong>de</strong> ma grève, je vais <strong>de</strong>venir fou !<br />

*****<br />

16 août<br />

Pesée : 67,500. 21 kg 100 en moins. Tension : 8/5.<br />

Vittel - Phosphalugène - Nicobion...<br />

Pénible la pesée. J'ai dû m'y reprendre à trois fois tellement ça tournait. Même doucement et avec l'ai<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bras délicats <strong>de</strong> ma belle infirmière. Elle est capable <strong>de</strong> croire que je le fais exprès...<br />

*****<br />

Histoire d'influencer un peu, j'écris au juge d'instruction.<br />

Monsieur le juge,<br />

Au cinquante cinquième jour <strong>de</strong> ma grève <strong>de</strong> la faim, je suis très faible et sens que mon organisme ne<br />

pourra plus tenir bien longtemps encore.<br />

Je sais qu'au nom d'une fausse justice bornée, vous ne cé<strong>de</strong>rez pas mais, personnellement, je ne puis vous<br />

dire autre chose que ce que je vous ai déjà déclaré.<br />

C'est pourquoi je me permets <strong>de</strong> vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une seule faveur : que vous autorisiez ma mère à venir<br />

me voir et ceci, le plus rapi<strong>de</strong>ment possible. Je voudrais la revoir au moins une <strong>de</strong>rnière fois avant un<br />

inci<strong>de</strong>nt cardiaque inévitable.<br />

Ne croyez surtout pas à une plaisanterie, je vous adresse cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en toute conscience, calmement<br />

et sérieusement.<br />

Je compte sur vous pour faire le nécessaire auprès <strong>de</strong> ma mère étant donné que je n'ai aucun contact<br />

direct possible avec elle.


Je vous en remercie d'avance.<br />

Duplicata à Maître <strong>Le</strong>blond.<br />

C'est un peu gros, mais au point où j'en suis... Je n'enverrai même pas le double à l'avocat.<br />

156<br />

*****<br />

L'évolution telle qu'elle apparaît dans la Bible semble on ne peut plus logique.<br />

Hissés, pendant le cycle zodiacal du bélier, hors <strong>de</strong> la fange <strong><strong>de</strong>s</strong> barbares adorateurs <strong><strong>de</strong>s</strong> serpent, vache,<br />

boeuf, soleil, lune et autres entités pas plus dieu ou déesse que moi, avec bien du mal tellement les<br />

superstitions <strong>de</strong> leur passé et <strong>de</strong> leur présent étaient ancrées en eux-mêmes, mais grâce à la poigne <strong>de</strong> fer <strong>de</strong><br />

Yahvé qui, sa tâche achevée s'est éclipsé discrètement, les Israélites nous ont légué, avec le cycle <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

poissons, le Christ et la religion d'un seul Dieu d'amour et <strong>de</strong> bonté qui a mo<strong>de</strong>lé notre civilisation<br />

occi<strong>de</strong>ntale.<br />

Actuellement, toutes les religions, les principales, du moins, se ressemblent : un seul dieu avec un<br />

comman<strong>de</strong>ment partout le même, même s'il n'est pas toujours respecté : "Aimez-vous les uns les autres". <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

bases en sont i<strong>de</strong>ntiques bien qu'elles se soient développées différemment en fonction du milieu qui les a vu<br />

naître et germer.<br />

Un européen sera chrétien, un arabe musulman, un hindou bouddhiste. Et je crois que ce sera bien, chacun<br />

vivant sa religion dans ce qu'elle a <strong>de</strong> bon, car elle est bonne : il y a le bien, il y a le mal et il y a Dieu qui est le<br />

Dieu <strong>de</strong> tous.<br />

On absorbe ses croyances religieuses dès le sein <strong>de</strong> sa mère. On est lié pour la vie par ces facteurs<br />

héréditaires indépendants <strong>de</strong> notre volonté.<br />

Aucune religion n'est unique et ne détient, à elle seule, les <strong>clefs</strong> du Paradis.<br />

Pourquoi un juif, un bouddhiste ou un musulman, bon juif, bon bouddhiste ou bon musulman, serait-il<br />

damné parce que personne ne l'a penché sur <strong><strong>de</strong>s</strong> fonds baptismaux ? Soyons sérieux !<br />

La religion la meilleure, c'est celle que l'on pratique. Pour l'instant, car un oecuménisme prend corps,<br />

lentement mais sûrement.<br />

*****<br />

Plus j'y réfléchis, plus il me semble que tout s'enchaîne magnifiquement et on ne peut plus simplement.<br />

Pourquoi chercher midi à quatorze heures ? Nous approchons du cône évolutif du Père Teillard <strong>de</strong> Chardin.<br />

Que sera donc le cycle du Verseau ? O mon Dieu ! Que je voudrais pouvoir vivre encore 2.000 ans !<br />

*****<br />

Je viens <strong>de</strong> découvrir qu'un philosophe grec, au quatrième siècle av. J. C., un certain Évhémère qui s'était<br />

battu toute sa vie pour prouver que les dieux <strong>de</strong> la mythologie n'étaient, en réalité, que <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres humains.<br />

Il était surnommé "l'athée" par tous les adorateurs <strong>de</strong> Vénus, Jupiter, Mercure et je ne sais plus qui... Il<br />

enseignait que le créateur <strong>de</strong> toute chose était une intelligence supérieure, cosmique et indéfinissable.<br />

Il me plaît ce gars.<br />

17 août<br />

Pesée : 67,300. 21 kg 300 en moins. 8/5.<br />

Vittel - phosphalugène - Nicobion.<br />

Ce matin, le <strong>de</strong>uxième expert annoncé est venu comme promis. Cette fois-ci, c'est un psychiatre qui vient<br />

compléter le rapport <strong>de</strong> l'autre, le petit rigolo qui m'a expédié en 10 minutes et en riant et qui, lui, était<br />

mé<strong>de</strong>cin généraliste. Pour la Enième fois, je rabâche mon histoire. Sérieusement, monsieur le psychiatre !<br />

67 kg. Je leur pose un cas médical, disent-ils. Ils n'arrivent pas à y croire. Pourtant ma grève est archicomplète.<br />

Ils doivent le savoir par les analyses.<br />

<strong>Le</strong> bouillon dans lequel on me fait mijoter, va se décanter, je le sens. Dépêchez-vous car, sans jouer la<br />

comédie, je me sens réellement <strong>de</strong> plus en plus faiblard.


157<br />

15 heures. <strong>Le</strong> directeur <strong>de</strong> la prison vient me voir à son tour. Il refait un point complet <strong>de</strong> l'affaire et me<br />

dit, en partant : "Je m'occupe personnellement <strong>de</strong> vous". Il me l'avait déjà dit la <strong>de</strong>rnière fois.<br />

18 h. 30. Alors que le silence est <strong>de</strong> rigueur pour la nuit, un surveillant se faufile à l'oeilleton et, ce qui<br />

n'arrive jamais, nous dit, dans un murmure : "Ça y est, ça vient <strong>de</strong> passer à la radio et à la télé. Ben, mon<br />

vieux, ils y mettent le paquet tes avocats."<br />

Ouf ! Je ne sais si je vais rire ou si je vais pleurer. Vite, mon île au soleil, parmi les roses qui fleurissent un<br />

peu partout, <strong><strong>de</strong>s</strong> roses <strong>de</strong> toutes les couleurs, chau<strong><strong>de</strong>s</strong> comme le velours. Et sans épines.<br />

Pesée : 0. Tension : toujours 8/5.<br />

18 août<br />

Et toujours Vittel, phosphalugène et Nicobion.<br />

Pour la première fois, la pesée n'a pu se faire malgré les efforts <strong>de</strong> la chère infirmière et <strong>de</strong> l'interne : à<br />

peine assis sur le lit, je perdais connaissance. Et j'essayais <strong>de</strong> nouveau en riant ce qui n'avait pas l'air <strong>de</strong> plaire<br />

à l'interne.<br />

De plus, je ressens comme une lour<strong>de</strong>ur à l'anus, comme un besoin d'aller aux toilettes. Ce n'est pourtant<br />

pas concevable. Un sombre pressentiment. Je n'aime pas ça.<br />

*****<br />

57 ème jour ! Cette grève <strong>de</strong> la faim qui arrive à son terme - ce ne peut plus être autrement, d'une manière ou<br />

d'une autre - et qui <strong>de</strong>vient pénible <strong>de</strong>puis une petite semaine, m'a apporté une tel enrichissement que je la<br />

considère comme une bénédiction. Comme un bourgeon éclate brusquement lorsque son heure est venue<br />

d'éclore, je me sens l'esprit littéralement régénéré.<br />

Je ne me serais jamais cru capable <strong>de</strong> tant réfléchir. Véritablement, lorsque le corps se vi<strong>de</strong>, l'esprit, le<br />

coeur, la conscience se remplissent et débor<strong>de</strong>nt dans un sentiment d'euphorie inexplicable.<br />

On s'arrache <strong>de</strong> ce qui est terre à terre et on pénètre dans l'essence même <strong>de</strong> l'existence, dans ce qui, au<br />

fond, <strong>de</strong>vrait seul compter comme étant seul réellement important puisque cela concerne notre vie personnelle<br />

et intime, que cela crée nos sentiments propres et nous rend heureux ou malheureux.<br />

Ce n'est qu'en ces instants qu'on entend la voix <strong>de</strong> la sagesse, non parce qu'elle est timi<strong>de</strong> mais parce qu'elle<br />

est profon<strong>de</strong> et que la solitu<strong>de</strong> et l'ascèse nous ramènent vers nous, en nous, nous libèrent et font place nette.<br />

Et cette découverte <strong>de</strong> la Bible, ce fut une révélation qui va transformer toute mon existence. Je ne pourrai<br />

plus entendre ou regar<strong>de</strong>r les salamalecs <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes sans sourire, tout en admirant, au plus profond <strong>de</strong> moi,<br />

l'auteur admirable <strong>de</strong> ce qui nous entoure.<br />

Car je crois en Dieu ! Je crois <strong>de</strong> plus en plus fort en un Dieu indéfinissable mais sublime en son<br />

omnipotence - Tiens, d'où est-il surgi ce mot bizarre ? Petit Larousse, entre omnipolaire et omnipotent : C'est<br />

juste ! Vive le subconscient ! -.<br />

Pense donc, mon pauvre Michel, du bing-bang, une pluie d'énergie s'est répandue dans l'univers contenant<br />

tout ce qui est nécessaire à la vie, à la nôtre comme à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> soleils et <strong><strong>de</strong>s</strong> galaxies... La terre n'en a capté<br />

qu'une infime partie incalculable en son infimité - pas dans le Petit Larousse, celui-là - , juste ce qu'il fallait...<br />

Mais, dans ces particules élémentaires, les messages précis <strong>de</strong> notre évolution se trouvaient savamment<br />

contenus...<br />

Il fallait un Dieu pour programmer cela .<br />

Quelle merveille <strong>de</strong> rigueur scientifique que n'atteindront jamais nos meilleurs ordinateurs ! Quand je pense<br />

que, pour former une seule cellule vivante, il faut une vingtaine d'aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés qui doivent former un tout<br />

compact et que ces aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés, pour fonctionner, ont besoin d'environ 2.000 enzymes bien spécifiques... Il<br />

n'y a pas une chance sur 10 1000 , disent les savants, soit, en fait, une impossibilité, pour qu'en plusieurs milliards<br />

d'années, ces différents enzymes puissent ainsi s'unir avec les aci<strong><strong>de</strong>s</strong> aminés également eux-mêmes<br />

regroupés... Une création mathématiquement irréalisable !<br />

Francis Crick, prix Nobel <strong>de</strong> biologie qui a découvert l'ADN, disait : "L'origine <strong>de</strong> la vie paraît<br />

actuellement tenir du miracle, tant il y a <strong>de</strong> conditions à remplir pour la mettre en oeuvre."<br />

Et pourtant, en fait, tout s'est assemblé à la perfection selon <strong><strong>de</strong>s</strong> lois qui ne doivent rien au hasard.


158<br />

Non seulement ce regroupement s'est parfaitement effectué mais son évolution s'est réalisée tout aussi<br />

parfaitement.<br />

<strong>Le</strong> long <strong>de</strong> ce long chemin, s'imprime inéluctablement l'empreinte d'un Dieu.<br />

"Un peu <strong>de</strong> science éloigne <strong>de</strong> Dieu, mais beaucoup y ramène." disait Louis Pasteur.<br />

*****<br />

Ma pauvre maman, je doute que tu comprennes et que tu acceptes <strong>de</strong> croire en un Dieu qui ne soit pas<br />

celui <strong>de</strong> Monsieur le curé, mais ne m'en veux pas, car, même en ayant balayé la poussière du catéchisme, je<br />

crois, je crois réellement et profondément.<br />

Je crois en un Dieu qui se situe au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> tous les micmacs inventés par les hommes. Dieu, pour moi,<br />

dans ma conviction la plus profon<strong>de</strong>, c'est cette intelligence incommensurablement démesurée dans laquelle<br />

baigne l'univers et l'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'univers.<br />

Si je me trompe, je ne pense pas me tromper <strong>de</strong> beaucoup.<br />

Dès les temps les plus anciens, Thot, appelé par les Grecs : Hermes Trismégiste, écrivait dans "la table<br />

d'émerau<strong>de</strong>" : Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; par ces choses se font les miracles d'une seule<br />

chose. Et comme toutes les choses sont et proviennent d'UN, par la médiation d'UN, ainsi toutes les choses<br />

sont nées <strong>de</strong> cette chose unique par adaptation.<br />

Tout est un. Dieu est l'UN, donc il est TOUT. L'univers est une partie <strong>de</strong> Dieu ; l'univers serait Dieu ?<br />

Nous sommes une partie <strong>de</strong> l'univers, une partie <strong>de</strong> Dieu ; nous serions Dieu ? Chacun <strong>de</strong> nous serait Dieu ?<br />

Lorsque je mourrai, je me désagrégerai et, comme rien ne se perd, comme seule la forme change, je<br />

retournerai dans le tout ; je retournerai en Dieu.<br />

*****<br />

Si, un jour, tu lis ces lignes, car je ne sais comment cela se terminera, je ne te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'une chose : Pose<br />

bien en évi<strong>de</strong>nce, sur le rebord <strong>de</strong> la cheminée, une <strong>de</strong> mes photos sur laquelle tu écriras cette question qui me<br />

bouleverse et qui va bouleverser les enfants qui nous succé<strong>de</strong>ront :<br />

"Je crois en Dieu ! Mais qui donc est Dieu ?".<br />

Pesée : 67. 21 kg 600 en moins. Tension : 8/5.<br />

Vittel - phosphalugène - Nicobion.<br />

Pesée avec du mal, mais pesée quand même.<br />

Bourdon.<br />

19 août<br />

Je ne sais pourquoi mais j'ai été angoissé toute la nuit car j'ai brusquement réalisé que ce que j'avais<br />

découvert était catastrophique : Si Yahvé/Jéhovah n'est qu'un être humain comme maman ou moi, c'est toute<br />

notre civilisation occi<strong>de</strong>ntale qui s'écroule !<br />

Comment notre humanité imbue <strong>de</strong> sa gran<strong>de</strong>ur, va-t-elle réagir ?<br />

On ne détruit pas <strong><strong>de</strong>s</strong> tabous aussi soli<strong>de</strong>ment ancrés sans créer <strong><strong>de</strong>s</strong> révoltes et <strong><strong>de</strong>s</strong> tragédies. Un<br />

chamboulement dramatique.<br />

C'est réellement effrayant.<br />

*****<br />

Quelle journée ! J'ai été obligé d'appeler le mé<strong>de</strong>cin à la rescousse, j'avais trop mal. Où ? A mon cul, bonne<br />

mère ! Une douleur constante à l'anus comme si j'avais envie <strong>de</strong> déféquer - c'est dans la petit Larousse -. On<br />

m'a presque porté aux WC mais rien à faire, bien sûr.<br />

<strong>Le</strong> mé<strong>de</strong>cin, après avoir enfilé ses gants, a sondé et retiré un peu d'une matière légèrement jaunâtre. Ses<br />

conclusions : le phosphalugène qui ne se répartit pas dans l'organisme, s'est stocké, sous forme <strong>de</strong> pierres,<br />

dans les intestins qui sont en partie bouchés. Une pierre se trouve près <strong>de</strong> la sortie, mais elle ne peut pas sortir<br />

étant donné que les muscles chargés <strong>de</strong> l'extraction ne fonctionnent plus.<br />

Il est tout à fait naturel qu'elle me fasse mal ; le mé<strong>de</strong>cin semble soucieux. Il m'ordonne un laxatif par voie


159<br />

anale, puis un <strong>de</strong>uxième. Rien n'y fait que d'augmenter mes douleurs entre trois ou quatre malaises. Je préfère<br />

ne plus les compter - les malaises comme les douleurs -.<br />

Ces laxatifs ne servant à rien, il déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> sortir la grosse artillerie : un lavement ! Oh là, maman ! Je m'en<br />

souviendrai <strong>de</strong> celui-là, d'autant plus qu'il n'a servi à rien. Même avec la piqûre <strong>de</strong> camphre qui a suivi...<br />

Je suis bon pour un voyage en salle <strong>de</strong> radio. <strong><strong>Le</strong>s</strong> lits étant prévus pour, on me véhicule et on m'allonge sur<br />

une table qu'on penche pour régler l'appareil. <strong>Le</strong> simple fait <strong>de</strong> pencher cette table avec ma carcasse <strong><strong>de</strong>s</strong>sus, je<br />

suis parti... faire une promena<strong>de</strong> dans un monceau <strong>de</strong> pommes... Il paraît qu'ils ont pris le cliché alors que<br />

j'étais en syncope.<br />

Ils parlent <strong>de</strong> me le nettoyer - ben, mon côlon ! - sur le billard... Je préférerais jouer à autre chose.<br />

C'est idiot, j'écrirais bien : c'est emm..., quand même <strong>de</strong> souffrir pour ça.<br />

*****<br />

D'après les <strong>de</strong>rniers échos, c'est encore passé dans un journal.<br />

20 août<br />

Pas <strong>de</strong> pesée. On ne me prend que la tension et le pouls. Je ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> même pas ce qu'il en est, j'ai passé<br />

une trop mauvaise nuit.. Je n'aspire qu'à une seule et unique chose : m'isoler dans mon île parmi ses arbres, ses<br />

fleurs, ses animaux et, tout en particulier, ce petit criquet qui s'est faufilé dans le fond <strong>de</strong> la grotte et qui<br />

cigalise si gentiment...<br />

*****<br />

Si ce n'est pas <strong>de</strong> l'intox, maman aurait lancé un appel dans une radio et à la télé régionale.<br />

21 août<br />

Soixantième jour ! Deux mois, qui dit mieux !<br />

Une journée mémorable d'affolement. J'ai bien ri. Intérieurement. Ce matin, 7/4 <strong>de</strong> tension : seuil critique<br />

atteint, paraît-il. Conciliabule <strong>de</strong> l'infirmière et <strong>de</strong> plusieurs internes. Coup <strong>de</strong> téléphone au mé<strong>de</strong>cin-chef et<br />

l'aréopage médical fait irruption avec l'attirail <strong>de</strong> perfusion... que je refuse, net.<br />

- Voyons ! Nous jouons un drame et nous en sommes arrivés au <strong>de</strong>rnier acte. Je vous en supplie, laissezmoi<br />

le jouer, ce <strong>de</strong>rnier acte. Ne baissez pas le ri<strong>de</strong>au ; pas encore. Je suis faible ? Mais c'est normal, c'est<br />

la conséquence logique <strong>de</strong> ma grève. A vous <strong>de</strong> dégager votre responsabilité, moi, je continue, calmement,<br />

avec mon Vittel, mon phosphalugène qui débloque et mon Nicobion ; quoi qu'il arrive.<br />

Sidérés, les mecs.<br />

Dès 14 heures, visite du directeur qui refait le point <strong>de</strong> mon affaire, prend <strong><strong>de</strong>s</strong> notes et me dit, en partant :<br />

"Je m'occupe personnellement <strong>de</strong> vous. Je vous garantis que vous n'en avez plus pour longtemps."<br />

Il est vrai qu'il m'avait dit, lui aussi, presque la même chose la semaine <strong>de</strong>rnière.<br />

Il a toutefois raison, d'une manière ou d'une autre, je n'en ai sûrement plus pour longtemps.<br />

17 heures. Encore du nouveau. Non : une nouvelle, une dame qui se présente comme étant "mé<strong>de</strong>cinchef-général-<strong><strong>de</strong>s</strong>-prisons".<br />

Moi, je veux bien. Tout ce qu'on veut, pourvu qu'on me sorte <strong>de</strong> là.<br />

Je dois recommencer mon baratin... Et elle s'en va en m'affirmant qu'elle va en parler directement au<br />

ministre concerné.<br />

On verra bien. Encore une personne qui va s'en occuper "personnellement"...<br />

22 août<br />

Soixante et unième jour.<br />

Je me sens mou comme une mauviette anémiée. Je dois être franc : cette fois-ci, c'est dur. Mais, quart <strong>de</strong><br />

verre par quart <strong>de</strong> verre, j'arrive à ingurgiter mon Vittel. Ça, plus les vitamines PP, j'ai <strong><strong>de</strong>s</strong> chances.<br />

J'ai <strong>de</strong>mandé à ce qu'on me transporte aux WC. L'infirmier - un homme, tiens ! - n'a pas fermé la porte<br />

complètement, par précaution ; alors, en prenant mon temps, j'ai tâté cette fameuse pierre <strong>de</strong> phosphalugène,


160<br />

j'ai réussi à l'écraser en partie avec mon doigt et à la sortir, morceau par morceau. Puis j'ai poussé un "ouf !"<br />

<strong>de</strong> soulagement.<br />

J'étais si épuisé que je me suis à peine rendu compte qu'on me ramenait dans mon lit. Puis j'ai lavé mon<br />

doigt. Faut pas pousser, non ?<br />

23 août<br />

Pesée : 66,400. 22 kg 200 en moins. Tension : 8/5<br />

On a réussi à me peser et la tension remonte, toute proportion gardée.<br />

J'ai dormi on ne peut mieux mais je sens qu'une nouvelle boule est en train <strong>de</strong> se former. Une simple<br />

sensation, pour l'instant<br />

13 heures. L'interne passe me voir pour me dire que le ministre lui-même vient <strong>de</strong> lui téléphoner afin qu'il<br />

lui envoie un rapport d'urgence.<br />

15 heures. Maître Gorce entre à son tour, surexcité et tout essoufflé.<br />

- Ça y est ! Non seulement vous allez sortir, mais vous n'avez plus <strong>de</strong> soucis à vous faire : vous êtes<br />

entièrement disculpé !<br />

Il en bégayait et moi je ne comprenais plus.<br />

- Un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux salops, lorsqu'il a entendu le message <strong>de</strong> votre mère à la télé, a été pris <strong>de</strong> remords. Il a<br />

écrit au juge d'instruction pour avouer que vous étiez inconscient ce soir là et n'aviez, <strong>de</strong> ce fait, aucune<br />

responsabilité sur ce qui s'était passé. Ce n'étaient pas <strong><strong>de</strong>s</strong> soldats fêtant la quille mais <strong><strong>de</strong>s</strong> braqueurs qui<br />

venaient <strong>de</strong> dévaliser une banque en Seine et Marne et qui arrosaient leur hold-up réussi. Il a donné tant <strong>de</strong><br />

détails sur ce hold-up et sur leur attitu<strong>de</strong> envers Simone qu'après vérification, le doute n'était plus possible.<br />

Alors, je me suis mis à pleurer comme je n'ai jamais pleuré.<br />

20 heures. Je salue Jean, embrasse l'infirmière qui avait les larmes aux yeux - que c'est bête ! - et le lit<br />

roulant me transporte avec mon petit barda, vers l'ambulance et l'hôpital Cochin.<br />

24 août<br />

1er jour <strong>de</strong> liberté. Hourra ! Enfin, presque, car qu'est-ce que j'ai dégusté ! L'infirmière <strong>de</strong> nuit, croyant<br />

bien faire, est venu m'apporter une banane - quelle idée ! - que j'ai vomie aussitôt et aussitôt, j'ai ressenti <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

douleurs à l'estomac, à crier. Elles ont continué toute la matinée.<br />

Analyses et radios se succè<strong>de</strong>nt. Potassium.<br />

A midi, repas ultra léger mais qui reste.<br />

Toujours <strong><strong>de</strong>s</strong> douleurs d'estomac mais moins aiguës.<br />

<strong>Le</strong> soir, repas qui déclenche une crise d'acétone et manque <strong>de</strong> tourner à la catastrophe car je sentais que<br />

tout allait ressortir. J'ai alors l'idée <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à mon voisin <strong>de</strong> chambrée <strong>de</strong> bien vouloir m'ai<strong>de</strong>r à parler<br />

sans arrêt, ce qu'il fait <strong>de</strong> bon coeur. L'astuce est bonne : ça tient.<br />

Ensuite, je somnole une <strong>de</strong>mi-heure environ et, au réveil, c'est le miracle : je ne sens plus la moindre<br />

douleur à l'estomac, je me sens même presque en forme.<br />

25 août<br />

J'ai dormi normalement. Je me suis levé, débarbouillé ; j'ai été faire, tout doucement, en longeant les murs,<br />

un petit tour dans le couloir et les toilettes où j'ai extrait, toujours avec mes doigts, une nouvelle boule <strong>de</strong><br />

phosphalugène.<br />

*****<br />

A mon retour, ne voyant pas ma Bible sur la table <strong>de</strong> nuit, j'ai réalisé que j'avais été stupi<strong>de</strong> : en plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux mois, c'est fou le nombre <strong>de</strong> livres que j'ai pu lire ! J'ai noté le maximum <strong>de</strong> ce qui m'avait frappé pour le<br />

retenir mais, comme un nigaud, j'ai oublié <strong>de</strong> relever les titres et les noms <strong><strong>de</strong>s</strong> auteurs, l'élément principal pour<br />

les retrouver. Je n'arriverai jamais à m'en souvenir. Ce n'est vraiment pas malin !<br />

*****


161<br />

11 heures. La porte s'ouvre, une jeune fille regar<strong>de</strong> les <strong>de</strong>ux mala<strong><strong>de</strong>s</strong>, semble surprise <strong>de</strong> ma gueule<br />

d'éclopé puis se précipite et, me prenant à bras le corps, m'embrasse à m'étouffer, en pleurs et en me répétant<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> "pardon !" "pardon !" à n'en plus finir. Et je pleure au moins autant qu'elle.<br />

Comment Simone a-t-elle fait pour venir ? Elle me l'explique en hachant ses mots : Dès qu'elle a été mise<br />

au courant <strong>de</strong> ce dénouement par maman qui, en pleurant <strong>de</strong> joie, était venue le dire à ses parents, elle a<br />

téléphoné à sa tante. Cette <strong>de</strong>rnière, compréhensive, est venue la chercher soi-disant pour passer chez elle<br />

quelques jours <strong>de</strong> repos. Ses parents ne sont pas au courant <strong>de</strong> sa visite à l'hôpital, bien entendu.<br />

Sa tante viendra la rechercher dans le courant <strong>de</strong> l'après midi : Ne vont-elles pas visiter le musée Grévin ?<br />

Je suis littéralement aux anges. Je n'aurais pas espéré mieux au milieu <strong>de</strong> mon île...<br />

Un fait m'a surpris et, pourtant, m'a fait plaisir : il faudra que je lui apprenne à embrasser. Mon Dieu,<br />

voulant trop bien faire, qu'elle embrasse mal !<br />

14 heures 30. Maman arrive avec Maître <strong>Le</strong>blond et ne semble absolument pas surprise <strong>de</strong> trouver<br />

Simone assise près <strong>de</strong> mon lit en me tenant la main.


162<br />

Conclusions<br />

Mon cher Gilles, vous <strong>de</strong>vinez la suite :<br />

Contre vents et marées, c'est à dire contre l'obstination caractérielle <strong>de</strong> la mère <strong>de</strong> Simone vexée <strong>de</strong> ses<br />

prises <strong>de</strong> position qui s'étaient avérées fausses mais avec l'ai<strong>de</strong> discrète <strong>de</strong> la tante et le soutien du père qui<br />

sut, je pense, m'apprécier, en bousculant les traditions sacro-saintes <strong>de</strong> la profession : à cette époque, une fille<br />

<strong>de</strong> cultivateur ne <strong>de</strong>vait se marier qu'avec un fils <strong>de</strong> cultivateur et non avec un "étranger" au clan <strong>de</strong> la<br />

paysannerie et fauché <strong>de</strong> surcroît... <strong>de</strong>ux ans plus tard donc, Simone et moi, nous convolions en justes noces.<br />

Ma mère, usée par le travail et les soucis qui, jour après jour, minent les pauvres, eut le plaisir d'assister à<br />

notre union. Elle s'éteignit, comblée, l'année suivante.<br />

Dès que mon beau père eut 60 ans, ils prirent leur retraite, certains <strong>de</strong> laisser leur ferme en d'excellentes<br />

mains.<br />

Comme toute belle histoire, nous fûmes heureux, réellement heureux, cela <strong>de</strong>vait d'ailleurs se voir et se<br />

sentir, bien que nous n'ayons pas eu la joie <strong>de</strong> pouvoir assurer notre <strong><strong>de</strong>s</strong>cendance.<br />

Vous avez <strong>de</strong>viné, sans aucun doute, que m'a passion d'apprendre et d'essayer <strong>de</strong> comprendre ne m'a<br />

jamais quitté. Tout au contraire. J'ai cherché, j'ai lu et relu à satiété.<br />

Et voici, je crois, le plus important <strong>de</strong> ce que j'en ai tiré.<br />

*****<br />

Dieu existe. Dieu est. Il s'est incrusté dans le tempérament <strong>de</strong> tout être humain qui, <strong>de</strong>puis la nuit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

temps, le sait, le sent, le pressent comme une vérité inéluctable et, ne le connaissant pas, l'invente. Et l'invente<br />

à la mesure <strong>de</strong> ses capacités.<br />

Mais Dieu, puisqu'il est Dieu, n'a rien à voir avec les divagations minables <strong><strong>de</strong>s</strong> pauvres hommes que nous<br />

sommes. Il se situe bien au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> ce remue-ménage <strong>de</strong> peu d'importance, lui qui se trouve à la base <strong>de</strong> la<br />

création, <strong>de</strong> l'évolution et <strong>de</strong> la finalité <strong>de</strong> l'univers. A la base <strong>de</strong> notre création, <strong>de</strong> notre évolution et <strong>de</strong> sa<br />

finalité.<br />

Tous vos astrophysiciens sont désormais unanimes pour professer que la conception du "big bang" ne peut<br />

être le fruit du seul hasard. Une telle réalisation ne peut qu'avoir été préalablement conçue pour s'être ainsi<br />

réalisée.<br />

Je ne sais plus qui a dit à peu près :<br />

"une flèche a été lancée et elle a réussi, après un trajet qui a duré <strong><strong>de</strong>s</strong> milliers <strong>de</strong> milliards d'années, à<br />

atteindre le centre <strong>de</strong> la cible...<br />

Quel est donc cet archer prodigieux ?<br />

André Wolf, cité par Alfred Kastler, prix Nobel <strong>de</strong> physique, dans son livre "cette étrange matière", se<br />

<strong>de</strong>mandait, dans "le Mon<strong>de</strong>" du 24 juillet 1969, alors que le premier vaisseau Apollo venait d'alunir :<br />

Des organismes vivants ont-ils pu naître hors <strong>de</strong> la terre ?<br />

Il concluait :<br />

L'existence <strong><strong>de</strong>s</strong> organismes, même les plus simples, les protozoaires, les champignons, les bactéries, est<br />

liée à <strong><strong>de</strong>s</strong> séquences improbables événements improbables. Ajoutons que la probabilité <strong>de</strong> l'émergence<br />

<strong>de</strong> l'homme... est encore plus faible. L'apparition <strong>de</strong> la vie sur notre planète est le résultat d'une suite<br />

d'événements hautement improbables.<br />

Et Kastler écrivait ensuite :<br />

Il n'y a aucun espoir d'expliquer l'avènement <strong>de</strong> la vie et son évolution par le jeu <strong><strong>de</strong>s</strong> seules forces du<br />

hasard. D'autres forces sont à l'oeuvre... Personnellement, j'aurais tendance à penser qu'à l'unité<br />

physico-chimique <strong>de</strong> l'univers doit correspondre une unité biologique, mais nous en attendrons sans<br />

doute longtemps la preuve... En observant les événements <strong>de</strong> la microphysique, il a bien fallu que le<br />

physicien apprenne à constater, avec quelque surprise, qu'en réalisant les mêmes conditions initiales, il


163<br />

n'observe pas toujours les mêmes effets, et qu'à une loi causale il doit substituer une loi <strong>de</strong> probabilité.<br />

En cette fin <strong>de</strong> vingtième siècle, à l'aube du Verseau, aucun scientifique ne peut nier Dieu car il "le sait" ; il<br />

ne peut que le reconnaître même s'il ne le dit pas et même s'il ne se l'avoue pas à lui-même.<br />

Car Dieu, scientifiquement, est une nécessité.<br />

Or, ainsi que le pense Kastler, cette conception <strong>de</strong> l'univers ne peut l'être que dans un but précis Une<br />

finalité existe obligatoirement. Est-ce l'homme ? Et si c'est l'homme, serait-elle centrée sur le seul habitant <strong>de</strong><br />

la terre ? Ce serait vous faire un bien grand honneur. Restons mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes. Si nous en faisons partie, nous n'en<br />

sommes qu'un chaînon. Un humble chaînon.<br />

Voyez-vous, cette finalité, multiple déjà en elle-même, existe mais elle n'est pas la seule : il existe une<br />

pluralité <strong>de</strong> finalités aboutissant à une finalité unique, quelque chose d'énorme qui nous dépasse et restera<br />

scellé dans un mystérieux secret jusqu'au terme <strong>de</strong> cette titanesque et inconcevable réalisation...<br />

On pourrait comparer cela aux millions <strong>de</strong> spermatozoï<strong><strong>de</strong>s</strong> qui se bousculent mais dont un seul interviendra<br />

pour créer cette merveille <strong>de</strong> complexité qu'est le fœtus et l'être humain. De même, à l'échelon <strong>de</strong> l'univers où<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> myria<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> spermatozoï<strong><strong>de</strong>s</strong> pullulent, allant, venant puis fécondant...<br />

L'homo sapiens terrestre n'a pu prendre vie qu'à la suite <strong>de</strong> l'activation d'une évolution qui n'est que la<br />

simple conséquence d'un spermatozoï<strong>de</strong> cosmique qui, un jour, parmi tant d'autres, eut la possibilité - ou<br />

l'ordre - <strong>de</strong> fécon<strong>de</strong>r une planète sortie <strong>de</strong> son adolescence.<br />

Des milliards <strong>de</strong> planètes où les conditions physico-chimiques sont i<strong>de</strong>ntiques à celles <strong>de</strong> la terre, suivent<br />

leur bonhomme <strong>de</strong> parcours céleste. Si les coïts et les naissances se succè<strong>de</strong>nt chez les êtres qui peuplent la<br />

terre, il en est <strong>de</strong> même dans l'univers. A d'autres dates. De très récentes et <strong>de</strong> très anciennes. Des<br />

enfantements longs et douloureux. Celui <strong>de</strong> la terre ne se classe ni parmi les premiers ni parmi les <strong>de</strong>rniers : un<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te grain <strong>de</strong> sable dans une immensité.<br />

Dans les revues, les radios, les télés, ce n'est qu'un cri d'interrogation anxieuse : "La science a-t-elle tué<br />

Dieu ?" Chacun ergote et disserte sur <strong>de</strong> faux raisonnements car personne, auparavant, ne s'est posé cette<br />

toute simple et, pourtant, primordiale question ;: "Mais <strong>de</strong> quel Dieu parle-t-on ? De quel faux dieu parle-ton<br />

?"<br />

La science n'a tué et ne tuera que <strong>de</strong> faux dieux ; le Dieu réel par qui tout fut pensé, pesé, conçu, non<br />

seulement elle ne le tue pas mais elle nous le découvre, nous le redécouvre, un peu plus chaque jour.<br />

Ce qui nous trouble c'est que le Dieu <strong>de</strong> l'homme nouveau qui s'achemine au long <strong>de</strong> ce nouvel âge vers les<br />

limites <strong>de</strong> sa finalité, ce n'est plus, ce ne peut plus être celui <strong>de</strong> nos ancêtres.<br />

L'homme <strong>de</strong>vient adulte. Enfant, il croyait au Père Noël ; il était heureux car il en avait besoin et, pour<br />

cela, on le lui offrait. Adulte, il n'y croit plus, heureux d'être enfin <strong>de</strong>venu apte à connaître la réalité. La vérité<br />

dans la réalité.<br />

Voyez-vous, tout au long <strong>de</strong> son évolution, au sein <strong>de</strong> sa petite cervelle, l'homme a "mijoté" Dieu à la<br />

sauce humaine.<br />

Son esprit religieux s'est développé corrélativement à son évolution propre. Il adora le ciel, le soleil, la<br />

lune, les étoiles et même la terre ; le bœuf, la vache, le veau d'or ou le serpent ; les morceaux <strong>de</strong> bois, <strong>de</strong><br />

pierre ou <strong>de</strong> métal qu'il sculptait ; Isis et Osiris, Zeus ou Jupiter et les habitants <strong>de</strong> l'Olympe ; Quetzalcoalt,<br />

Odin et Thor ; Ésus et Toutatis, pour ne citer que ceux-là ; enfin Jéhovah ou Yahvé suivant les traducteurs,<br />

un Dieu unique humanisé en trois personnes... Actuellement, en notre vingtième siècle, les images, les icônes,<br />

les statues, même les totems christiques abon<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>vant quoi le flot <strong><strong>de</strong>s</strong> civilisés se prosterne.<br />

<strong>Le</strong> cycle se boucle ; l'homme <strong>de</strong>vient capable <strong>de</strong> comprendre que ce qu'il appelle "Dieu" doit se<br />

déshumaniser pour se diluer dans l'infini impalpable <strong>de</strong> l'esprit.<br />

Je crois en un Dieu qui se situe au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus <strong>de</strong> tous les micmacs inventés par les hommes.<br />

Dieu, dans ma conviction la plus profon<strong>de</strong>, c'est cette intelligence incommensurablement démesurée, dans<br />

laquelle baigne l'univers et l'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'univers.<br />

Si je me trompe, je ne pense pas me tromper <strong>de</strong> beaucoup.<br />

Déjà, voyez-vous, dans les pays les plus isolés, la notion du Dieu unique et déshumanisé a conquis les<br />

esprits.


164<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> indiens Pawni, par exemple, racontent que leur Dieu s'appelle Tirawa Atius et qu'il est père <strong>de</strong> toutes<br />

choses.<br />

"<strong><strong>Le</strong>s</strong> blancs, précisent-ils, parlent d'un père céleste, nous, nous parlons <strong>de</strong> Tirawa Atius, le père d'en<br />

haut, mais nous ne nous imaginons pas Tirawa comme une personne. Nous, nous l'imaginons dans<br />

toutes choses... Quelle apparence a-t-il ? Nul ne le sait..."<br />

Même Gengis Kahn écrivait déjà, dans une missive adressée par Ruysbroeck au roi <strong>de</strong> France :<br />

Tel est l'ordre du Dieu éternel : au ciel, il n'y a qu'un seul Dieu éternel.<br />

Mais il ajoutait, tout à son honneur :<br />

Et, sur la terre, il n'y a qu'un seul maître, Gengis Kahn...<br />

La religion <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal n'échappe pas à cette éclosion <strong>de</strong> vérité déconcertante pour notre<br />

vieille civilisation : Jéhovah a contenté nos esprits car il leur était nécessaire mais il faut accepter l'évi<strong>de</strong>nce :<br />

Jéhovah n'est pas Dieu. Il a bien existé, mais il n'est pas Dieu.<br />

Ce qui ne retire rien à la valeur historique <strong>de</strong> la Bible. <strong><strong>Le</strong>s</strong> scribes qui l'ont rédigée décrivent parfaitement<br />

l'origine et l'évolution <strong>de</strong> l'homo sapiens mais ils ne peuvent le faire qu'en utilisant les seuls termes qu'ils<br />

connaissaient alors, il y a près <strong>de</strong> quatre mille ans. Et que nous pouvons, maintenant, enfin décrypter. La Bible<br />

est formelle, il faut la croire car elle a été rédigée <strong>de</strong> telle façon que, le moment venu - et ce moment est arrivé<br />

- nous puissions finalement l'interpréter et la comprendre.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> cinq premiers livres du Pentateuque - ou <strong>de</strong> la Torah - racontent clairement l'histoire <strong>de</strong> l'humanité<br />

<strong>de</strong>puis l'intervention d'un certain Jéhovah et <strong>de</strong> son équipe qui, grâce à leurs connaissances scientifiques<br />

exceptionnelles, nous firent franchir le cap décisif <strong>de</strong> notre évolution.<br />

Qu'importe la Bible mise entre nos mains. <strong><strong>Le</strong>s</strong> traductions divergent et parfois s'opposent mais ce n'est que<br />

sur <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> détails qui gênent très peu l'essentiel, contrairement à ce qu'on a pu nous dire et à ce que<br />

pensent <strong><strong>de</strong>s</strong> ergoteurs imbus d'un soi-disant savoir que d'autres penseurs, tout aussi infatués <strong>de</strong> leurs quelques<br />

miettes d'importance, leur ont inculqué.<br />

Il ne s'agit, en effet, la plupart du temps, que d'adaptations secondaires que les traducteurs se font un<br />

plaisir d'introduire avec, bien entendu, chaque fois, <strong>de</strong> savantes raisons dites "primordiales", qui les arrangent<br />

en confirmant leurs dogmes personnels. Une casuistique embrouillant toujours un peu plus <strong><strong>de</strong>s</strong> imbroglios<br />

souvent inutiles si ce n'est inexacts, créés par <strong>de</strong> doctes érudits qui contredisent avant d'être contredits à leur<br />

tour.<br />

Ne "tournons pas autour du pot" : Jéhovah est un homme, tout comme vous. Un homme, tout bêtement.<br />

Seuls son intelligence et son savoir différaient car il avait l'avantage d'être un <strong><strong>de</strong>s</strong> membres d'une famille<br />

cosmique arrivée à l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers sta<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> son évolution, celui dans lequel nous sommes en train <strong>de</strong> nous<br />

engager.<br />

La Bible nous l'expose clairement :<br />

(Gn 1/26) Dieu dit : "Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance"<br />

Et plus loin :<br />

(Gn 5/1) Lorsque Dieu créa l'homme, il le fit à la ressemblance <strong>de</strong> Dieu.<br />

C'est là l'un <strong>de</strong> ces termes précis qui font la valeur <strong>de</strong> la Bible. Nous avons la constitution et le physique <strong>de</strong><br />

Jéhovah mais nous ne l'égalons pas. Nous lui ressemblons seulement. La nuance entre ces <strong>de</strong>ux mots<br />

assemblés volontairement, est lumineuse et, dès les premiers mots <strong>de</strong> la Genèse, éclaire la nature <strong>de</strong> nos<br />

situations. Extérieurement, Jéhovah, comme nous, est un homme mais, intérieurement, intellectuellement, lui<br />

est un être humain parfaitement achevé alors que nous, surtout à cette époque, nous n'étions qu'au tout début<br />

<strong>de</strong> notre évolution. Même actuellement, dans notre cerveau, <strong>de</strong>ux milliards <strong>de</strong> neurones fonctionnent alors<br />

que huit autres milliards <strong>de</strong>meurent en attente. <strong>Le</strong> cerveau <strong>de</strong> Jéhovah, lui, avait achevé sa transformation et<br />

fonctionnait "à plein ren<strong>de</strong>ment".<br />

Comme Satan, un <strong><strong>de</strong>s</strong> responsables du laboratoire où, par manipulations génétiques - (Gn 2.7) qui insuffla<br />

un souffle <strong>de</strong> vie -, un <strong>de</strong> nos ancêtres lui faisant faire un bond prodigieux pour <strong>de</strong>venir Adam, l'homo sapiens<br />

capable d'évoluer définitivement en quelques millénaires.<br />

Satan qui était déjà à l'origine <strong>de</strong> l'opération, trouvait que ça n'allait pas assez vite. Il intervint donc "en<br />

douce" pour accélérer le processus. Ça ne plaît pas à son supérieur, Jéhovah, qui se fâche car il prend peur.


165<br />

D'autant plus que certains membres <strong>de</strong> son équipe, "les anges, les enfants <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux" comme l'écrit Hénoch,<br />

créent une fameuse pagaïe en engrossant les belles terriennes qui conçoivent et enfantent <strong><strong>de</strong>s</strong> géants (les<br />

néphilim) ce qui désorganise l'ordre évolutif établi.<br />

Jéhovah fulmine. C'est alors qu'il réduit l'âge <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> neuf cents ans environ (Gn 5/3 à 32) à cent<br />

vingt ans (Gn 6/3) et qu'il déci<strong>de</strong> d'exterminer tout ce beau mon<strong>de</strong>, à l'exception <strong>de</strong> Noé (Gn 6/5 à 8).<br />

C'est cela le motif du déluge. C'est écrit, noir sur blanc dans la Genèse. Hénoch, lui, l'exprime et le détaille<br />

on ne peut plus clairement. Dans le livre apocryphe <strong>de</strong> Baruch, il est même précisé :<br />

L'Eternel fit venir le déluge sur la terre et anéantit toute chair, y compris celle <strong><strong>de</strong>s</strong> quatre millions<br />

quatre vingt dix mille géants.<br />

Dans un autre livre apocryphe <strong>de</strong> Baruch publié par l'Église néo-apostolique <strong>de</strong> France, il est écrit : (3/24 à<br />

28) O Israël, combien gran<strong>de</strong> est la maison <strong>de</strong> Dieu et combien vaste est son domaine !<br />

... <strong><strong>Le</strong>s</strong> géants y ont vécu : ces hommes fameux <strong><strong>de</strong>s</strong> temps anciens. Ils étaient <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille et habiles à<br />

la guerre.<br />

Mais ce ne sont pas eux que Dieu a élus. Il ne leur a pas montré la voie <strong>de</strong> la sagesse.<br />

Aussi ont-ils disparu parce qu'ils n'avaient pas d'intelligence ; ils ont péri à cause <strong>de</strong> leur manque <strong>de</strong><br />

sagesse.<br />

Jéhovah recommence donc son opération "évolution <strong>de</strong> l'homo sapiens" avec Noé qu'il prépare tout<br />

spécialement, cela se comprend, pour une telle oeuvre qui ne peut être engagée à la légère.<br />

*****<br />

Jéhovah, Satan, Uriel, Raphaël, Raguel, Michael, Sarajkiel et Gabriel, cités par Hénoch sont donc <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

hommes, <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes qui vécurent les quelques millénaires <strong>de</strong> leur séjour sur votre globe. Une telle durée <strong>de</strong><br />

vie qui semble impensable. Pas tant que ça. Il est bien dit, au chapitre cinq <strong>de</strong> la Genèse, que les ancêtres <strong>de</strong><br />

Noé vécurent près <strong>de</strong> mille ans chacun. <strong>Le</strong>urs noms et leurs âges sont d'ailleurs détaillés pour qu'il n'y ait pas<br />

le moindre doute. Ce n'est qu'à l'approche du déluge, lorsqu'il fut irrité par le "bor<strong>de</strong>l" créé sur terre par<br />

certains membres <strong>de</strong> son équipage forniquant avec les belles terriennes et "chamboulant" ainsi son opération,<br />

que Jéhovah décida <strong>de</strong> ramener l'âge du terrien à 120 ans (Gn 6/3).<br />

Relisez bien la Genèse (Gn 3/22). Lorsque Satan a donné son fameux "coup <strong>de</strong> pouce" à l'opération<br />

"création <strong>de</strong> l'homme terrestre", Jéhovah s'est écrié : "Halte ! Ça suffit ! Ils connaissent maintenant le bien et<br />

le mal. Ils sont comme nous ; ils en savent déjà <strong>de</strong> trop, il ne faut surtout pas qu'ils touchent à l'arbre <strong>de</strong> vie,<br />

qu'ils en mangent et vivent à jamais"<br />

L'affaire est tellement sérieuse qu'il les chasse <strong>de</strong> l'E<strong>de</strong>n-labo et qu'il poste <strong><strong>de</strong>s</strong> sentinelles armées à la porte.<br />

Eux vivaient non <strong><strong>de</strong>s</strong> siècles durant mais <strong><strong>de</strong>s</strong> millénaires, "à jamais" précise la Bible, ce qui ne surprend<br />

plus nos scientifiques. Ces hommes super-évolués avaient découvert la possibilité <strong>de</strong> régénérer les cellules ce<br />

à quoi travaillent déjà certains <strong>de</strong> nos savants qui trouveront, obligatoirement, dans les <strong>de</strong>ux millénaires qui<br />

viennent.<br />

Ils vivaient longtemps, ils savaient énormément <strong>de</strong> choses, ils possédaient <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens colossaux. Nos<br />

ancêtres ne pouvaient que se prosterner <strong>de</strong>vant eux et, lorsqu’ils les décrivaient, ils le faisaient comme ils le<br />

pouvaient, avec les seuls mots que leur prodiguaient leurs connaissances d’alors. Tant <strong>de</strong> puissance, pour eux,<br />

ne pouvait appartenir qu'à <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux<br />

Une puissance que nous pouvons commencer à comprendre et qui ne nous surprend plus.<br />

Ainsi, une poignée d'Israélites réussit à traverser le désert, à détruire l'armée égyptienne, à bousculer tous<br />

les obstacles qui se dressaient sur son chemin et ceci sans problème : Jéhovah et ses hommes veillaient<br />

<strong>de</strong>rrière la "nuée" qui les dissimulait.<br />

Afin <strong>de</strong> suivre les opérations à distance, Jéhovah leur a fait construire une "arche" conçue exactement<br />

suivant le principe <strong><strong>de</strong>s</strong> con<strong>de</strong>nsateurs électriques (Nb 25/18 à 21 et Ex 25/11 et suivants), munie <strong>de</strong> petites<br />

antennes, dans laquelle il a fait placer un matériel "sophistiqué" qu'il désigne sous le nom <strong>de</strong> "son<br />

témoignage".<br />

Cela est si réel qu'à la suite d'une erreur, un Israélite est électrocuté en voulant la soutenir <strong>de</strong> son propre<br />

chef (2S 6/6 et suivants) et que, lors du passage du Jourdain, Jéhovah prescrit <strong><strong>de</strong>s</strong> consignes à respecter


166<br />

rigoureusement.<br />

L'arche est tellement dangereuse pour les pauvres bergers qui n'y connaissent et n'y comprennent rien, que<br />

les directives se succè<strong>de</strong>nt (Nb 1/15 - 3/10 - 1/51 - 4/15, 19, 20 - Ex 30/20 - Lv 10/1 et suivants - 16/2 -<br />

16/23).<br />

Israël n'a rien à craindre : les armes <strong>de</strong> Jéhovah écrasent l'ennemi terrifié et le peuple élu n'a plus qu'à<br />

terminer le massacre et continuer sa route.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> armes utilisées, si nous réécrivions ces récits actuellement, seraient très certainement appelées<br />

mitrailleuses, canons, laser, bombes, grena<strong><strong>de</strong>s</strong>, roquettes... <strong><strong>Le</strong>s</strong> scribes ignorent ces mots et même ce qu'ils<br />

signifient, ils se servent donc <strong>de</strong> ceux qu'ils connaissent ; c'est ainsi qu'ils parlent <strong><strong>de</strong>s</strong> "frelons" (Ex 23/27 et 28<br />

- Dt 7/20 - Jos 24/12 - Sg 12/8) ou <strong><strong>de</strong>s</strong> "grêlons" et <strong><strong>de</strong>s</strong> "pierres <strong>de</strong> grêle" (Jos 10/11 - Jb 38/22 et 23 - Ex<br />

9/18 - Ex 9/23 - Is 28/17 et 30/30 - Si. 46/46/5) qui terrorisent et exterminent les ennemis<br />

Si, malgré cela, le combat s'éternise au <strong>de</strong>là du jour, comme à Gabaon (Jos 10/12), qu'importe ! Jéhovah<br />

"arrête le soleil et la lune" pour éclairer le champ <strong>de</strong> bataille ce qui sidérait les barbares d'alors et faisait<br />

ricaner, tout récemment encore, les anticléricaux d'hier, alors que nous le réalisons nous-mêmes maintenant,<br />

bien simplement, lors <strong><strong>de</strong>s</strong> nocturnes <strong><strong>de</strong>s</strong> courses <strong>de</strong> chevaux ou <strong><strong>de</strong>s</strong> matchs <strong>de</strong> football.<br />

*****<br />

<strong>Le</strong> plus surprenant semble l'histoire d'Abimélek que j'ai lu dans le livre apocryphe <strong>de</strong> Baruch.<br />

Jérémie va trouver Yahvé qui vient d'annoncer la <strong><strong>de</strong>s</strong>truction <strong>de</strong> Jérusalem et la déportation <strong><strong>de</strong>s</strong> juifs vers<br />

Babylone. Il le supplie d'épargner Abimélek dont il est re<strong>de</strong>vable.<br />

Sur les conseils du Seigneur, Jérémie envoie Abimélek, "par le chemin <strong>de</strong> la montagne, jusqu'à la vigne<br />

d'un certain Agrippa".<br />

Il lui dit : "Prends un panier et va à la propriété d'Agrippa chercher un peu <strong>de</strong> figues que tu donneras<br />

aux mala<strong><strong>de</strong>s</strong>..."<br />

Peu <strong>de</strong> jours après, Jérusalem est prise et les juifs déportés, y compris Jérémie. Abimélek n'en sait rien car,<br />

alors qu'il est en train <strong>de</strong> gravir la montagne, il est pris <strong>de</strong> vertiges. Il s'assoit avec son panier <strong>de</strong> figues<br />

fraîches et s'endort.<br />

Lorsqu'il se réveille, il se dépêche <strong>de</strong> rentrer mais, arrivé à Jérusalem, il ne reconnaît plus rien, pas même<br />

ses parents.<br />

Il cherche et, ne trouvant pas, il croit s'être trompé. Il sort <strong>de</strong> la ville accablé, ne sachant plus que faire.<br />

Un vieillard s'approche. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> :<br />

- Qu'elle est cette ville ?<br />

- Jérusalem, répond le vieillard.<br />

- Mais qu'est-il arrivé à Jérémie et à son lecteur Baruch ?<br />

- Tu débarques ! lui répond à peu près le vieillard. Jérémie ? Il y a longtemps qu'il a été déporté à<br />

Babylone avec tout le peuple.<br />

Abimélek pense que le vieillard a perdu la raison. Il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l'heure croyant toujours qu'il ne s'est<br />

absenté que le temps <strong>de</strong> cueillir les figues.<br />

- Vois, lui dit-il, sois convaincu. Regar<strong>de</strong> bien ces figues. Prends-les, touche-les.<br />

<strong>Le</strong> vieillard voit que les figues sont encore juteuses, alors, il s'écrie :<br />

"Mon fils, tu es un juste... Ecoute : Voici 66 ans que le peuple a été déporté à Babylone. Pour te<br />

convaincre, regar<strong>de</strong> ce champ. <strong><strong>Le</strong>s</strong> semences commencent tout juste à germer ; le temps <strong><strong>de</strong>s</strong> figues n'est pas<br />

encore arrivé...<br />

Quelques pages plus loin, un aigle est envoyé par un ange à Babylone avec un message qui annonce à<br />

Jérémie qu'Abimélek est toujours vivant et qu'il n'a pas vieilli...<br />

Cela dépasse tout par la précision : pour Abimélek, le temps n'a duré que quelques heures car il n'a pas<br />

vieilli et les figues ne sont même pas <strong><strong>de</strong>s</strong>séchées. Pour les autres, 66 ans... Exactement la contraction espacetemps<br />

d'Einstein décrite, il y a 3.000 ans environ, avec une rigueur on ne peut plus surprenante, par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

scribes qui n'y pigeaient rien.


167<br />

Si j'ai bien compris au moins les bases du principe <strong>de</strong> la relativité, l'énergie d'un corps matériel croît avec sa<br />

vitesse et serait infini si sa vitesse atteignait celle <strong>de</strong> la lumière.<br />

Plus on va vite, plus le rapport espace-temps diminue.<br />

<strong>Le</strong> physicien Langevin écrit : Si un voyageur quittait la terre avec une vitesse inférieur <strong>de</strong> 1/20.000ème à<br />

celle <strong>de</strong> la lumière et s'éloignait pendant un an à cette vitesse, faisait <strong>de</strong>mi-tour et revenait au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans<br />

<strong>de</strong> son temps propre, temps mesuré par les horloges <strong>de</strong> sa machine, à son atterrissage, la terre aurait vieilli <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux siècles. Il aurait fait un bond <strong>de</strong> 200 ans dans l'avenir, sans retour possible vers le passé.<br />

Ce qui est encore plus amusant et <strong>de</strong>vient source supplémentaire <strong>de</strong> mystères, c'est que ces récits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

temps anciens qui prouvent que <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres voyageant dans <strong><strong>de</strong>s</strong> engins volants ultra rapi<strong><strong>de</strong>s</strong>, existaient bien, sur<br />

terre, jadis, se retrouvent un peu partout et non seulement en Israël.<br />

Au fond, rien n'est plus normal. La terre est vaste ; mais, malgré cela, elle fut pourtant peuplée jusque dans<br />

ses moindres recoins. Du seul paradis terrestre, Adam et ses <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants, si nombreux fussent-ils, ne<br />

pouvaient aller peupler l'Amérique, l'Australie, les îles du Pacifique et autres bleds perdus.<br />

Pour y arriver, il fallait que quelqu'un donne un coup <strong>de</strong> pouce... et un fameux !<br />

Ou Adam ne fut pas le seul premier homme à avoir bénéficié <strong>de</strong> cette manipulation génétique - ce qui<br />

expliquerait la couleur et les particularités <strong><strong>de</strong>s</strong> peuples - ou certains <strong>de</strong> ses <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants furent répartis sur<br />

l'ensemble <strong>de</strong> la planète, du moins aux endroits stratégiques permettant une extension normale et cela, par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

gens ayant les moyens <strong>de</strong> les véhiculer...<br />

C'est apparemment clair et net. Je ne vois pas comment penser autrement.<br />

Il est d'ailleurs écrit dans la Genèse, rappelez-vous :<br />

(Gn. 11/8) Et Yahvé les dispersa, <strong>de</strong> là, à la surface <strong>de</strong> toute la terre... (Gn. 9/19) Ces trois là sont les<br />

fils <strong>de</strong> Noé et c'est à partir d'eux qu'on se dispersa sur toute la terre.<br />

Pourquoi chercher à supposer, puisque c'est écrit !


168<br />

<strong>Le</strong> zodiaque<br />

Ainsi, nous savons que Jéhovah et ses hommes sont arrivés il y a environ vingt quatre mille ans, au début<br />

<strong>de</strong> l'ère zodiacale du Capricorne, un peu après la glaciation <strong>de</strong> Würm, au moment où la terre et ses être<br />

vivants, après un bon nettoyage, étaient prêts à recevoir, pour leur évolution, un "coup <strong>de</strong> pouce " définitif.<br />

A la fin <strong>de</strong> la sixième pério<strong>de</strong>, l'ère du Lion, très justement à l'opposé du Verseau (signe <strong>de</strong> la fin),<br />

représenté zodiacalement, <strong>de</strong> tous temps, par la planète du soleil avec, en exil, Saturne (les astrologues me<br />

comprennent), le Lion, symbole du roi et du père, dont le chiffre admis, également <strong>de</strong> tous temps, est le "1",<br />

nombre <strong>de</strong> la créativité, donc, à la fin <strong>de</strong> l'ère du Lion, sixième pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> son "opération", Jéhovah créa le<br />

véritable premier "homo sapiens", son égal, du moins par l'image.<br />

Dans la Bible, il est bien dit, dès le premier chapitre : "à la fin du cycle, après les plantes et les animaux"<br />

(Gn 1/24 à 27)<br />

Pendant la septième pério<strong>de</strong>, celle du repos <strong>de</strong> Jéhovah, représentée par le Cancer, signe opposé au<br />

Capricorne qui, lui, est le signe du commencement, dont la planète est la lune qui se lève au couchant du<br />

soleil, Saturne étant également en exil, l'humanité va faire ses premiers pas. Des premiers pas bien malheureux<br />

qui aboutiront, juste à la fin <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> d'essai, à son presque anéantissement par le déluge.<br />

Chaque ère zodiacale se déroule sur un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille ans ; or, si l'on prend - j'allais dire :<br />

bêtement - la Bible au chapitre cinq <strong>de</strong> la Genèse et si l'on additionne les âges indiqués, qu'obtient-on ?<br />

Adam engendre Seth à 130 ans<br />

Seth engendre Enos à 105 ans<br />

Enos engendre Caïnan à 90 ans<br />

Caïnan engendre Malaléel à 70 ans<br />

Malaléel engendre Jared à 65 ans<br />

Jared engendre Hénoch à 162 ans<br />

Hénoch engendre Mathusalem à 65 ans<br />

Mathusalem engendre Lamech à 187 ans<br />

Lamech engendre Noé à 182 ans<br />

Noé (Gn 7/11 et 9/28) vécut 600 ans avant le déluge<br />

350 ans après le déluge<br />

-----------<br />

Total : 2.006 ans<br />

=======<br />

Presque exactement la durée <strong>de</strong> l'ère du Cancer que Noé termine en amorçant celle <strong><strong>de</strong>s</strong> gémeaux.<br />

Bizarre, non ?<br />

Je dois avouer que ce n'était pas bizarre du tout. Tout se déroule presque trop parfaitement, avec une<br />

logique déconcertante. Et toutes les élucubrations <strong><strong>de</strong>s</strong> doctes théologiens qui, pour argumenter les dogmes<br />

établis, parlent <strong>de</strong> "dix générations symboliques" d'Adam au déluge, n'y pourront rien faire. <strong><strong>Le</strong>s</strong> faits sont là<br />

qui s'alignent sous nos yeux.<br />

Adam a donc été créé il y a à peine onze mille ans alors que tout ce que nous avons vu, prouve qu'une<br />

gran<strong>de</strong> civilisation existait, inévitablement, il y a dix mille ans environ.<br />

Rappelez-vous ce que j'ai noté lors <strong>de</strong> mes premières découvertes <strong>de</strong> jeune homme : Il a fallu près <strong>de</strong> six<br />

cent mille ans pour que "l'homme préhistorique" passe du galet cassé en biseau à l'apogée <strong>de</strong> l'industrie du<br />

silex... alors que, brusquement, vers - huit mille, apparaît ce que André <strong>Le</strong>roi Gourhan, professeur au Collège<br />

<strong>de</strong> France, appelle une "explosion novatrice" qui amène l'humanité, en une dizaine <strong>de</strong> millénaires seulement <strong>de</strong><br />

la création d'un mon<strong>de</strong> d'agriculteurs à celui du Concor<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l'atome et <strong><strong>de</strong>s</strong> satellites.<br />

Auparavant, l'homo sapiens dont nous sommes encore que le mo<strong><strong>de</strong>s</strong>te fleuron n'existait pas. II n'y avait,<br />

sur terre, que <strong><strong>de</strong>s</strong> "prémices d'homme" dont Jéhovah s'est servi pour créer, par manipulations génétiques,<br />

notre premier réel ancêtre.


169<br />

Des événements imprévus dus, en particulier, non à Adam et à ses <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants directs, mais à ses<br />

coéquipiers, obligèrent Jéhovah à "repartir à zéro" - ou presque -, avec les <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants <strong>de</strong> Noé, un Noé tout<br />

spécialement sélectionné et conditionné pour cette œuvre qui ne permettait plus le moindre échec.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Gémeaux se présentaient et (Gn 9/8) Jéhovah dit à Noé et à ses fils avec lui :<br />

"Moi, je vais établir mon alliance avec vous et avec votre postérité, après vous. Voici le signe <strong>de</strong><br />

l'alliance que je mets entre moi et vous et tous les êtres vivants... pour les générations à venir : j'ai mis<br />

mon arc dans la nue<br />

celui du Sagittaire alors opposé aux Gémeaux -<br />

L'arc sera dans la nue..."<br />

Vous avez parfaitement compris. Je n'insisterai donc pas, sinon pour signaler quelques détails qui se<br />

trouvent inclus dans le savoir <strong><strong>de</strong>s</strong> astrologues <strong>de</strong> tous temps, <strong><strong>de</strong>s</strong> plus anciens aux plus mo<strong>de</strong>rnes et qui,<br />

bizarrement encore, concor<strong>de</strong>nt à la perfection. Prenez n'importe quel livre d'astrologie sérieux, ils vous<br />

confirmeront ce qui suit :<br />

<strong>Le</strong> Cancer pendant lequel les premiers hommes firent leurs premiers pas pour aboutir au déluge, est<br />

associé à "l'eau" ! Il représente les préparations lentes et laborieuses ; l'éveil <strong>de</strong> la conscience, la gestation, la<br />

maturation, la famille. Comme l'exprime son signe, il est ambivalent : il construit et il détruit...<br />

<strong>Le</strong> chiffre accolé aux Gémeaux est le chiffre "2". <strong><strong>Le</strong>s</strong> Gémeaux, associés à "l'air", représentent la dualité, la<br />

division, la séparation et la rupture, le commencement <strong><strong>de</strong>s</strong> choses et <strong><strong>de</strong>s</strong> entreprises ; la multiplication, la<br />

productivité, le développement ; la facilité d'adaptation ; l'ingéniosité et la débrouillardise...<br />

<strong>Le</strong> Taureau représente la lour<strong>de</strong>ur, la lenteur et la puissance par sa masse ; la terre et ce qui est "terre à<br />

terre" ; les forces ténébreuses <strong><strong>de</strong>s</strong> profon<strong>de</strong>urs ; la solidité et la ténacité ; la mère et l'enfant à naître : la nature<br />

grosse <strong><strong>de</strong>s</strong> espoirs du printemps...<br />

<strong>Le</strong> Bélier, associé au feu et à la planète Mars montre son esprit guerrier ; sa puissance qui défonce les<br />

portes fermées - ne parle-t-on pas <strong><strong>de</strong>s</strong> "coups <strong>de</strong> bélier" ? - ; l'instabilité et le changement ; la témérité, la<br />

progression vers l'avant par la violence inutile ou l'énergie efficace...<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Poissons, associés à l'eau, ainsi qu'au chiffre 9, chiffre divin par excellence (3, nombre divin multiplié<br />

par lui-même), lien entre l'homme et le principe divin, représentent l'altruisme universel, l'idéalisme<br />

humanitaire, la charité, la tolérance, la fraternité, l'attrait pour la mer. Ils sont associés également à la planète<br />

Neptune, planète ambivalente à tendance idéalisante, artistique et mystique qui oppose un nouvel esprit<br />

religieux aux tendances impulsives et brutales...<br />

<strong>Le</strong> Verseau, enfin, dans lequel l'humanité vient <strong>de</strong> s'engager, est associé au chiffre 8, symbole <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

enchaînements scientifiques, <strong>de</strong> l'infini ( ), la double boucle enfin bouclée. <strong>Le</strong> douzième et <strong>de</strong>rnier signe <strong>de</strong><br />

l'évolution <strong>de</strong> l'homo sapiens, qui représente les progrès incessants et la confiance couronnée...<br />

Dans une encyclopédie d'astrologie, je lis que les signes zodiacaux vont <strong>de</strong> pair avec une planète. Celle du<br />

Verseau est "Uranus" et je lis dans un commentaire :<br />

"Uranus, très cérébrale, se plaît à <strong><strong>de</strong>s</strong> recherches souvent dangereuses, car son rôle est <strong>de</strong> faciliter <strong>de</strong><br />

passage entre les cycles finissants et les époques nouvelles qui viennent à leur suite…<br />

"Planète super active, elle anime tous les grands thèmes, revigore l'intelligence, l'illumine à tout instant,<br />

offrant à son activité <strong><strong>de</strong>s</strong> idées neuves, brillantes, dont l'application transforme la vie artistique et scientifique<br />

et facilite la construction <strong>de</strong> nouveaux systèmes <strong>de</strong> philosophie.<br />

"...En 1957, elle entra dans le Lion, signe <strong>de</strong> Feu..."<br />

Hasard, bien sûr, mais quand même...<strong>Le</strong> Verseau, lui, déverse sa corne d'abondance, d'accord ; Un pactole<br />

pour nos <strong><strong>de</strong>s</strong>cendants, je le comprends ; mais le Lion ?<br />

Dans l'encyclopédie, je remarque, au moins, que sa planète est "le Soleil", rien que ça !<br />

Et son symbole "le Feu" !<br />

De plus, le Verseau est représenté par Ganymè<strong>de</strong>, "le plus beau fils <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes" d'après les grecs, versant,<br />

<strong>de</strong> son urne, à travers le ciel, le nectar <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux.<br />

Ganymè<strong>de</strong>, du grec "ganos médonai" signifie "celui qui prend soin <strong><strong>de</strong>s</strong> dieux" ou "celui qui procure la joie"<br />

car "ganos" signifie également "joie".En Celte, "gan med" signifie "plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la beauté" et, en sanscrit,


170<br />

"gana meda", "plénitu<strong>de</strong> d'intelligence".<br />

Hasard, bien sûr, mais quand même...<br />

Je n'invente rien. Absolument rien. Revoyez le croquis <strong>de</strong> l'ensemble du zodiaque, faites le point <strong>de</strong> tous ce<br />

que j'ai découvert. Aucune autre conclusion ne peut en être tirée ... sinon par les casuistes obtus, sectaires et<br />

<strong>de</strong> mauvaise foi qui s'accrochent à un passé qui a fait son temps. Ne les imitez pas : regar<strong>de</strong>z l'avenir et ses<br />

promesses.<br />

*****<br />

En effet, dès les temps les plus anciens, il a été prédit - en particulier par les astrologues <strong>de</strong> Babylone - que<br />

l'ère du Verseau serait celui <strong>de</strong> l'âge d'or, du paradis retrouvé.<br />

Ils connaissaient donc, malgré leur peu <strong>de</strong> moyens, cette fameuse précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes et cela,<br />

plusieurs siècles avant Hipparque.<br />

Comment ou par qui ?<br />

Ce n'est pas <strong>de</strong> la rêverie <strong>de</strong> cour d'asile psychiatrique, c'est très sérieux car nous y sommes dans l'ère du<br />

Verseau.<br />

Utilisant les constatations que nous avons pu faire auparavant, nous remarquons que l'évolution <strong>de</strong> notre<br />

humanité comprend <strong>de</strong>ux pério<strong><strong>de</strong>s</strong> bien distinctes : l'avant et l'après Noé.<br />

Avant Noé, c'est la préparation et la mise en forme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> oeuvre, à partir <strong>de</strong> ce que la terre<br />

comportait déjà.<br />

Il faut en effet parfaitement comprendre que la "création" d'Adam n'est pas le début <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong><br />

terrestre ; notre globe existait et il avait évolué mais c'était l'anarchie sans la présence <strong>de</strong> l'homme en tant<br />

qu'homo sapiens différencié du reste <strong>de</strong> la création, y compris <strong><strong>de</strong>s</strong> ramapithécus et <strong><strong>de</strong>s</strong> astrolopithécus <strong>de</strong> la<br />

préhistoire qui n'étaient que <strong><strong>de</strong>s</strong> prémices d'homme.<br />

7 jours zodiacaux furent nécessaires pour que Yahvé mette tout au point. Ils ne nous sont que résumés et<br />

n'occupent que les 10 premiers chapitre <strong>de</strong> la Genèse.<br />

Cela commence, logiquement, par l'ère du Capricorne - n'est-ce pas lui qui clôt l'année puis ouvre le cycle<br />

<strong>de</strong> l'année suivante ? - suivie du Sagittaire, du scorpion, <strong>de</strong> la balance, <strong>de</strong> la vierge, du lion et du cancer... Noé<br />

"mis au point" tout spécialement par Yahvé ouvre, avec le 8ème jour zodiacal <strong><strong>de</strong>s</strong> gémeaux, la pério<strong>de</strong> du<br />

perfectionnement <strong>de</strong> l'humanité.<br />

Noé, ainsi que nous l'avons vu <strong>de</strong> façon irréfutable, n'est-il pas fils d'Adam par sa mère et fils <strong>de</strong> Yahvé par<br />

l'ange qui la visita ? N'est-il pas gémellaire en lui-même ?<br />

L'éducation <strong>de</strong> l'homme ne commence donc véritablement qu'après le déluge pour s'effectuer<br />

progressivement en 5 pério<strong><strong>de</strong>s</strong> qui doivent amener les fils d'Adam à leur parfait épanouissement, au sommet<br />

d'une pyrami<strong>de</strong> évolutive semblable à celle énoncée par le père Teillard <strong>de</strong> Chardin.<br />

L'année comprend 12 mois <strong>de</strong> 30 jours et quelques heures, 12 signes d'égale longueur ; l'année évolutive<br />

<strong>de</strong> l'homo sapiens comprend 12 mois <strong>de</strong> 12 signes <strong>de</strong> 2.160 ans... Tout concor<strong>de</strong> encore une fois ainsi que<br />

nous allons le constater : la précision et la perfection <strong>de</strong> cette transformation voulue, conçue et orchestrée <strong>de</strong><br />

l'être humain terrestre est stupéfiante.<br />

Il est remarquable également que les symboles transmis <strong>de</strong> génération en génération <strong>de</strong>puis les temps les<br />

plus anciens se retrouvent dans le récit biblique. <strong>Le</strong> chiffre 4 représente le carré du quaternaire <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments -<br />

terre, feu, air et eau -, ce qui est matériel, terre à terre et bas par opposition au chiffre 3, symbole du Dieu<br />

éternel, <strong>de</strong> l'éternité, <strong>de</strong> la perfection <strong>de</strong> ce qui est divin, l'union <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux formant le chiffre parfait 7. Or (Gn 1<br />

et suivants), Yahvé ramène la lumière, sépare les terres <strong><strong>de</strong>s</strong> mers, veille à l'essor <strong>de</strong> l'herbe et <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres<br />

fruitiers puis dégage les étoiles, en 4 jours. Ce n'est que le cinquième qu'il s'occupe <strong><strong>de</strong>s</strong> êtres vivants. <strong>Le</strong> 7ème<br />

jour, tout est terminé, Noé et sa <strong><strong>de</strong>s</strong>cendance vont pouvoir évoluer.<br />

Dans ma Bible comme dans la vôtre certainement, il est écrit :<br />

(Gn. 1/5) Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour.<br />

Or les Hébreux qui sont on ne peut plus stricts sur les termes employés considérés comme sacrés dans la<br />

Torah, écrivent "ehad" qui veut dire "un" et non "rishom" qui, lui, se traduit par "premier". La nuance est<br />

subtile mais importante en ce qui nous concerne.


171<br />

Quant au chiffre 5, il a toujours été représenté par le pentagramme comportant l'homme parfait. C'est<br />

l'étoile flamboyante <strong><strong>de</strong>s</strong> francs maçons indiquant que le quinaire n'a pas remplacé le ternaire mais qu'il est<br />

inclus implicitement en lui. <strong>Le</strong> quinaire représente ainsi l'activité créatrice du Logos - ternaire s'exprimant<br />

dans le fini - binaire.<br />

Je rapporte <strong><strong>de</strong>s</strong> faits ; je n'invente pas aussi surprenant que cela paraisse ; je tire simplement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conclusions évi<strong>de</strong>ntes sur ce que les anciens nous ont laissé comme points <strong>de</strong> repère.<br />

Au fond, puisque le déluge "a liquidé" l'humanité d'alors à l'exception <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> l'arche, nous<br />

sommes plutôt les fils <strong>de</strong> Noé que ceux d'Adam.<br />

Je veux bien tout ce qu'on veut, mais qu'on ne me dise pas que tout ceci n'est qu'une succession <strong>de</strong> hasard.<br />

Il semble que notre évolution ait été programmée sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bases évi<strong>de</strong>ntes avec <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> repère<br />

manifestement visibles afin que, le jour venu, les hommes <strong>de</strong>venus adultes, comprennent.<br />

Ou alors, si réellement les astres influent sur l'homme, ceux issus <strong>de</strong> la précession <strong><strong>de</strong>s</strong> équinoxes<br />

influenceraient-ils l'humanité ?<br />

Si la logique se confirme, les symboles <strong><strong>de</strong>s</strong> signes passés doivent disparaître... Or, le pape Jean XXIII, lors<br />

du concile Vatican II, en approche <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants, entame la suppression du culte <strong>de</strong> la Ste Vierge dont on<br />

parle <strong>de</strong> moins en moins puis, dès 1966, le rite du poisson à titre <strong>de</strong> jeûne, le vendredi, est aboli.<br />

Toute religion mise à part, la vierge est une race en voie <strong>de</strong> disparition <strong>de</strong>puis que la science a mis au point<br />

la pilule distribuée, maintenant, dans les collèges et les lycées.<br />

Combien y a-t-il, actuellement, <strong>de</strong> filles qui se marient en état <strong>de</strong> virginité ? Combien y en aura-t-il <strong>de</strong>main<br />

?<br />

Et nous n'en sommes qu'au tout début...<br />

Si nous suivons cette logique, le signe à venir, qui est le Capricorne avec son opposé le Cancer et sa<br />

planète Saturne, vers l'an 4.100 environ, verrait donc le renouveau d'un homme sublimé ? Un cycle<br />

recommencerait fait <strong>de</strong> 12 années <strong>de</strong> 2.160 ans ?<br />

Mais, au fond, le Capricorne (21 décembre au 20 janvier) n'est-il pas le signe d'une fin finissant et d'un<br />

recommencement ?<br />

Nostradamus (3ème centurie - XCII), il y a 450 ans, a bien écrit :<br />

"<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> proche du <strong>de</strong>rnier pério<strong>de</strong> saturne encor tard sera <strong>de</strong> retour..."<br />

Saturne, la planète du Capricorne !<br />

Je m'aperçois alors que, si le Verseau est associé à la planète Uranus, il l'est également - par ce que les<br />

spécialistes appellent "en domicile diurne" - à Saturne. Malgré mes recherches aucun autre signe n'est associé<br />

à Saturne, sinon le Capricorne en association <strong>de</strong> base et le Verseau en association annexe...<br />

Bizarre tout ça !<br />

Hasard, bien sûr, mais quand même...<br />

Je sais ! Ces problèmes qui se situe bien loin <strong>de</strong> nos préoccupations habituelles, sont ardus et vous<br />

sembleront, au début du moins, quelque peu indigeste. Mais ils sont primordiaux ; ils nous permettent<br />

comprendre, aussi surprenant que cela paraisse, le pourquoi <strong>de</strong> notre passé et le comment <strong>de</strong> notre avenir.


172<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> catastrophes <strong>de</strong> chaque cycle<br />

Je sais, tous les chrétiens qui furent conditionnés pendant les <strong>de</strong>ux mille ans <strong>de</strong> l'ère <strong><strong>de</strong>s</strong> Poissons, vont<br />

crier au scandale, à l'abomination <strong>de</strong> l'abomination, à l'Antéchrist <strong><strong>de</strong>s</strong> temps apocalyptiques et ils n'auront pas<br />

tout à fait tort en ce sens que la Vérité qui émane du Verseau, <strong>de</strong> "la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps" <strong>de</strong> "l'homme incomplet",<br />

va bousculer leurs convictions préconçues et anéantir leurs croyances incrustées au plus profond d'euxmêmes,<br />

au même titre et <strong>de</strong> la même manière que les premiers chrétiens ont ruiné définitivement les mythes<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> religions antiques.<br />

L'implantation du christianisme, indispensable alors, a déclenché, dans le domaine religieux, une révolution<br />

qui se fit, comme toutes les révolutions, dans un bain <strong>de</strong> sang. Ce qu'on oublie trop facilement.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> persécutions durèrent près <strong>de</strong> quatre siècles. En 1648, Il<strong>de</strong>fonso <strong>de</strong> Flores, un jésuite espagnol (1590-<br />

1660) affirmait que l'implantation du christianisme se fit sur onze millions <strong>de</strong> cadavres.<br />

Jésus l'avait prédit :<br />

(Mt 10/34) Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix à la terre ; je suis venu apporter, non la paix,<br />

mais le glaive. Je suis venu mettre en lutte le fils avec le père, la fille avec la mère et la belle-fille avec<br />

sa belle-mère. On aura pour ennemis les gens <strong>de</strong> sa propre maison.<br />

(Lc 12/51) Pensez-vous que je sois venu établir la paix sur la terre ? Non, vous dis-je, mais bien la<br />

division.<br />

Et Siméon dit à Marie :<br />

(Lc 2/34) Cet enfant est au mon<strong>de</strong> pour la chute et la résurrection d'un grand nombre en Israël.<br />

Cet enfantement d'une nouvelle ère d'évolution par l'Evangile prêchée dans toutes les nations, il l'a décrit<br />

(Mt 24/3 à 14) - Mc 13/10 et suivants) et <strong>de</strong> talentueux exégètes en ont conclu qu'après viendrait la fin du<br />

mon<strong>de</strong> ; mais non, absolument pas ! Seulement, comme nous l'avons vu, la fin d'un mon<strong>de</strong> dominé par <strong>de</strong> faux<br />

dieux. Jésus, pour notre compréhension, a bien précisé :<br />

(Mt 14/34) Je vous le dis, en vérité, cette génération ne passera point que toutes ces choses n'arrivent.<br />

Paul écrit même :<br />

(Col. 1/23) ... <strong>de</strong>meurez inébranlables dans l'espérance donnée par l'Evangile que vous avez entendu et<br />

qui a été prêché à toute créature sous le ciel.<br />

C'était le rôle inéluctable <strong>de</strong> Jésus et il le savait mais ne pouvait que le sous-entendre. Il ne pouvait<br />

anticiper. Sa mission, il la connaissait parfaitement. C'est pourquoi "l'ange" était intervenu :<br />

(Mt 11/27) Toutes choses m'ont été données par mon Père ; personne ne connaît le fils si ce n'est le Père<br />

et personne ne connaît le Père si ce n'est le fils et celui à qui le fils a voulu le révéler.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> exégètes <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers siècles ne pouvaient comprendre.<br />

Il est venu "rénover" l'ancien testament dont les règles étaient désormais dépassées.<br />

Maintenant, comprenez-vous, au début <strong>de</strong> ce nouveau cycle que certains appellent le "Nouvel Age", nous<br />

ne pouvons éviter qu'un scénario i<strong>de</strong>ntique ne se renouvelle. Ce n'est pas réjouissant, je l'avoue, mais c'est<br />

inévitable.<br />

Ted Peters, dans son livre "La conscience cosmique : enquête sur les courants actuels du Nouvel Age" le<br />

compare à "une bombe H religieuse en explosion prolongée <strong>de</strong>puis près <strong>de</strong> 30 ans".<br />

<strong>Le</strong> 3 mars 1994, l’Église anglicane procédait, pour la première fois, à l'ordination à la prêtrise <strong>de</strong> 39<br />

femmes. Un commentateur ou un intervenant à la télévision dont je n'ai pu retenir le nom, déclara : "Il s'agit<br />

du <strong>de</strong>rnier sursaut <strong>de</strong> l’Église désormais à l'agonie".<br />

Notre vieille civilisation judéo-chrétienne doit obligatoirement ou s'écrouler ou comprendre et s'adapter<br />

ce qui promet <strong><strong>de</strong>s</strong> len<strong>de</strong>mains bien difficiles d'autant plus que ses dogmes, en gran<strong>de</strong> partie périmés, sont<br />

soi-disant infaillibles et donc, par définition, inadaptables.


173<br />

<strong>Le</strong> catholicisme<br />

Il est indispensable <strong>de</strong> réfléchir à la réglementation du catholicisme qui, jusqu'à ce jour, a nourri notre vie<br />

d'homme. Une réglementation laborieuse imposée d'une main <strong>de</strong> fer par les papes et les cardinaux qui,<br />

reconnaissons le, croyaient possé<strong>de</strong>r la vérité et se donnèrent le droit <strong>de</strong> l'imposer mais qui, maintenant, à<br />

l'aube <strong>de</strong> l'ère du Verseau, se trouvent bien embêtés.<br />

325 : au concile <strong>de</strong> Nicée, il est décidé que le Christ est <strong>de</strong> même nature que le Père.<br />

381 : au concile <strong>de</strong> Constantinople, est promulguée la divinité du St Esprit.<br />

431 : au concile d'Éphèse, est définie la maternité divine <strong>de</strong> la vierge Marie, mère <strong>de</strong> Dieu. <strong>Le</strong> péché<br />

originel est également précisé avec nécessité <strong>de</strong> la grâce divine.<br />

451 : au concile <strong>de</strong> Calcédoine, il est affirmé que le Christ est une seule personne possédant <strong>de</strong>ux natures<br />

distinctes.<br />

481 : le concile <strong>de</strong> Laodicée, interdit la vian<strong>de</strong> le vendredi et pendant les quarante jours du carême, sous<br />

peine d'excommunication.<br />

1215 : obligation est faite aux catholiques <strong>de</strong> se confesser et <strong>de</strong> communier au moins une fois l'an.<br />

1302 : Soumission obligatoire au Pontife romain en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> quoi il ne peut y avoir <strong>de</strong> salut.<br />

1513 : L'âme est immortelle ; tout est faux en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la foi.<br />

1546 : en Ecriture Sainte, seuls les livres reconnus par l’Église sont inspirés donc seuls valables.<br />

1562 : La messe renouvelle le sacrifice du Christ.<br />

1854 : La Vierge Marie a été conçue sans le péché originel, d'où l'Immaculée conception.<br />

1870 : <strong>Le</strong> pape est infaillible quand il engage son autorité.<br />

1950 : La Vierge Marie est montée au ciel avec son corps.<br />

1966 : <strong>Le</strong> maigre du vendredi est aboli mais celui du carême subsiste...<br />

Telles sont les principales phases <strong><strong>de</strong>s</strong> réglementations qui ont tissé le canevas dogmatique <strong>de</strong> l'Église<br />

catholique après bien <strong><strong>de</strong>s</strong> atermoiements et <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs. <strong><strong>Le</strong>s</strong> décisions <strong><strong>de</strong>s</strong> hauts dignitaires, membres <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

conciles et autres assemblées religieuses et mêmes les décisions élaborées ou approuvées <strong>de</strong> nombreux papes<br />

laissent souvent sceptique.<br />

Que penser, par exemple, <strong><strong>de</strong>s</strong> "indulgences" créées pour exciter le dévouement et l'héroïsme <strong><strong>de</strong>s</strong> chrétiens<br />

naïfs. Longtemps tarifées et octroyées même contre <strong><strong>de</strong>s</strong> compensations pécuniaires, telles "les quêtes<br />

indulgenciées", elles firent, jadis, l'objet d'un trafic bénéfique pour l'Église. Rajeunies et heureusement<br />

décantées, elles existent toujours.<br />

Lors du concile <strong>de</strong> Constantinople, en 869, les cardinaux et le pape Hadrien II condamnent Photius que le<br />

concile suivant, en 880, réuni par le pape Jean VIII, réhabilite.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Pères <strong>de</strong> l'Église, aussi intelligents soient-ils, mais qui ne peuvent réagir qu'en fonction <strong>de</strong> leur époque,<br />

dissertent sur <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes qui, en notre 20 ème siècle, ont <strong>de</strong> quoi nous surprendre :<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> indiens sont-ils <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes à part entière ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> femmes ont-elles une âme ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> anges ont-ils un sexe et quel est-il ?...<br />

En 1600, sur ordre du Saint Office, ils brûlent Giordano Bruno qui fut l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers à rompre avec la<br />

conception d'Aristote d'un mon<strong>de</strong> clos, pour déclarer que l'univers est infini et qu'il comprend d'autres mon<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

habités... trente trois ans avant que Galilée ne soit condamné et obligé d'abjurer <strong>de</strong>vant l'inquisition.<br />

Un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus gros scandales <strong>de</strong> l’Église qui dut, tout récemment, faire amen<strong>de</strong> honorable.<br />

N'oublions pas le procès <strong>de</strong> Jeanne d'Arc qui abjure sous la torture, revient sur son renoncement et,<br />

finalement, est condamnée par cent trente juges, tous pontifes ou théologiens <strong>de</strong> l'Église. Dont six<br />

universitaires <strong>de</strong> Paris. Des Français. Seuls huit anglais y étaient représentés.<br />

C'est l'Église et non les Anglais qui a instruit le procès et prononcé la sentence.<br />

Un procès "correct" <strong>de</strong> l'Église catholique, affirment les historiens. La même Eglise qui, le 7 juillet 1456,<br />

infirme l'arrêt ainsi rendu et, quelques siècles plus tard, sous la pression du peuple et <strong><strong>de</strong>s</strong> politiciens imbus <strong>de</strong>


174<br />

nationalisme, la béatifie en 1909, puis la canonise, tout récemment encore, en 1920.<br />

Pie XII approuve - un peu trop vite - la thèse du "big bang", souscrivant ainsi à l'astronomie mo<strong>de</strong>rne. Jean<br />

Paul II, peu après, revient sur cette position et, plus pru<strong>de</strong>nt, prend ses distances.<br />

Sous Pie XII également, les œuvres du père Teilhard <strong>de</strong> Chardin sont interdites dans les petits séminaires.<br />

Elles y sont maintenant autorisées...<br />

Il n'est pas nécessaire, n'est-ce pas, <strong>de</strong> revenir sur le "chamboulement" <strong>de</strong> la liturgie <strong>de</strong>puis Vatican II...<br />

La majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> lois qui régissent l'Eglise ont été décrétées par <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes et ne peuvent donc avoir<br />

qu'une valeur humaine donc imparfaite par définition. Elles <strong>de</strong>vraient pouvoir s'adapter à <strong><strong>de</strong>s</strong> réalités<br />

différentes qui, siècle après siècle, se font jour. <strong>Le</strong> grand tort <strong>de</strong> l’Église fut <strong>de</strong> déclarer ses dogmes<br />

infaillibles, irréfutables et donc définitifs. Elle doit pourtant obligatoirement s'adapter ; or elle ne peut pas le<br />

faire à moins <strong>de</strong> se détruire elle-même. Comment pourra-t-elle donc résoudre ce dilemme ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> "sectes", maintenant, pullulent : On compte plus <strong>de</strong> douze mille sectes dans le mon<strong>de</strong> dont plus <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux cent cinquante en France, une véritable décomposition <strong>de</strong> la religion chrétienne.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> "têtes" <strong>de</strong> tout cet amalgame, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes qui discutent, dissertent, disputent et se disputent.<br />

Certains gagnent et leurs pensées <strong>de</strong>viennent <strong><strong>de</strong>s</strong> dogmes que le croyant doit admettre, le plus souvent, sans<br />

comprendre. Si l'explication lui en est par trop énigmatique, "on" décrète qu'il s'agit d'un "mystère".<br />

Saint Augustin disait : "Si comprehendis, non est Deus"<br />

Pour maintenir son autorité, quelle que soit la branche religieuse, on réglemente, on juge et l'on condamne.<br />

On interdit même <strong>de</strong> lire les livres non orthodoxes. C'est ainsi que, par exemple, les pensées <strong>de</strong> Pascal, les<br />

œuvres <strong>de</strong> Di<strong>de</strong>rot, <strong>de</strong> Sartre, <strong>de</strong> Gi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> Simone <strong>de</strong> Beauvoir et même le grand dictionnaire universel<br />

Larousse du 20 ème siècle furent mis à l'in<strong>de</strong>x.. Un écrivain n'a-t-il pas été condamné à mort, il y a quelques<br />

années, par d'autres instances religieuses ?<br />

Ah ! Ce cléricalisme ! Cette plaie du cléricalisme obtus dont Jésus, lui-même avait horreur.<br />

(Mt 23/2 et suivants) <strong><strong>Le</strong>s</strong> scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire <strong>de</strong> Moïse... N'imitez pas leurs<br />

œuvres car ils disent et ne font pas. ils lient <strong><strong>de</strong>s</strong> far<strong>de</strong>aux pesants et difficiles à porter, et les mettent sur<br />

les épaules <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes mais ils ne veulent pas les remuer du doigt...Ils aiment à s'entendre appeler<br />

"Maître"... Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites parce que vous fermez aux hommes le<br />

chemin <strong><strong>de</strong>s</strong> cieux... Gui<strong><strong>de</strong>s</strong> aveugles qui filtrez les moucherons et avalez le chameau... Sépulcres<br />

blanchis..<br />

(Lc 11/52) Malheur à vous, docteurs <strong>de</strong> la loi, parce que vous avez enlevé la clef <strong>de</strong> la science ; vousmêmes<br />

n'y êtes pas entrés et vous avez empêché ceux qui y entraient.<br />

(Mc 12/38) Gar<strong>de</strong>z vous <strong><strong>de</strong>s</strong> scribes qui aiment à se promener en longues robes, à recevoir... les<br />

premiers sièges dans les synagogues...<br />

Que <strong>de</strong> fois n'aurait-il pas hurlé et maudit, pendant ces <strong>de</strong>ux mille ans <strong>de</strong> christianisme, <strong>de</strong>vant certains<br />

maîtres raisonneurs, chicaniers et pleins <strong>de</strong> suffisance ?<br />

Pas tous, bien sûr. Je ne parle que <strong>de</strong> quelques uns, ces quelques uns qui sont <strong>de</strong> trop, qui minent les bases<br />

<strong>de</strong> l'édifice et qui exposent au grand jour les défauts qui, sans cela, resteraient cachés. En ce sens, ils en sont<br />

presque utiles.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> papes et les antipapes, comme nos politiques aujourd'hui même, se sont souvent disputé "la place".<br />

En 222, Urbain 1er et Hippolyte ; en 352, Libère et Félix II ; en 418, Boniface 1er et Eulalius ; en 498,<br />

Symmaque et Laurent ; en 530, Boniface II et Dioscore ; en 687, Serge 1er et Théodore puis Pascal , en 768,<br />

Etienne III et Constantin puis Philippe et Etienne ; en 855, Benoît II et Anastase ; en 903, Léon V et<br />

Christophe ; en 974, Benoît VII et Boniface VII ; en 983, Jean XIV et Boniface VII ; en 996, Grégoire V et<br />

Jean XVI ; en 1012, Benoît VIII et Grégoire ; en 1057, Etienne IX et Benoît X ; en 1061, Alexandre II et<br />

Honorius II ; en 1073, Grégoire VII et Clément II ; en 1099, Pascal II et Théodore puis Albert et Sylvestre<br />

IV ; en 1118, Gélase II et Grégoire VIII ; en 1124, Honorius II et Célestin II ; en 1130 Innocent II et Anaclet<br />

II ; en 1159, Alexandre III et Victor IV puis Pascal III, Calixte III et Innocent II ; en 1316, Jean XXII et<br />

Nicolas V ; en 1378, Urbain VI et Clément VII ; en 1389, Boniface IX et Benoît XIII ; en 1406, Grégoire XII<br />

et Alexandre V puis Jean XXIII ; en 1417, Martin V et Clément VIII puis Benoît XIV ; en 1431, Eugène IV<br />

et Félix V...


175<br />

<strong>Le</strong> pape Etienne VI fait exhumer son prédécesseur pour le traduire en justice avant <strong>de</strong> mourir lui-même<br />

étranglé...<br />

Ne parlons même pas <strong>de</strong> cette funeste pério<strong>de</strong> du 10 ème siècle pendant laquelle le pape Serge III envoie<br />

Christophe rejoindre en prison Léon V, les étrangle tous <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses propres mains et prend pour maîtresse<br />

Marozia, âgée <strong>de</strong> quinze ans, dont il a un fils qui sera élu pape, en 931, après les élections et les meurtres<br />

d'Anastase III, <strong>de</strong> Landon, <strong>de</strong> Jean X, <strong>de</strong> Léon VI et <strong>de</strong> Etienne VII...<br />

Hormidas élu en 514 fut le père <strong>de</strong> Silvérius élu en 536...<br />

<strong>Le</strong> 15 ème siècle connut, parmi d'autres, quelques épiso<strong><strong>de</strong>s</strong> rocambolesques. En 1378, Urbain VI est élu par<br />

les cardinaux mais quatre mois plus tard, douze cardinaux s'enfuient et élisent, eux, Clément VII. <strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux<br />

papes sont déposés par le concile <strong>de</strong> Pise, en 1409, qui en élisent un troisième, Alexandre V ; puis <strong>de</strong>ux<br />

papes, Jean XXIII et Grégoire XII s'opposent et le concile <strong>de</strong> Constance les oblige à abdiquer. Martin V est<br />

alors élu. En 1439, le concile <strong>de</strong> Bâle essaie <strong>de</strong> déposer Eugène IV mais sans succès, il élit donc un antipape,<br />

Félix V qui abdique en 1449...<br />

Alexandre VI, <strong>de</strong> son nom Rodrigue Borgia, élu en 1492, avait eu six enfants sans avoir été marié...<br />

L'histoire <strong>de</strong> l’Église ne compte pas moins <strong>de</strong> trente cinq antipapes.<br />

Certains diront que ce ne sont que <strong><strong>de</strong>s</strong> exceptions et <strong><strong>de</strong>s</strong> exceptions presque normales car tous les<br />

intervenants ne sont que <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes paralysés par les exigences <strong>de</strong> leur époque. Benoît IX, par exemple, en<br />

1032, fut élu à l'âge <strong>de</strong> douze ans et Jean XII à dix huit ans ; que pouvaient-ils faire ?<br />

Il y eut <strong>de</strong> grands dirigeants extrêmement intelligents et <strong>de</strong> grands saints qui méritent notre admiration.<br />

Pourtant nous en revenons toujours au même problème : quoi qu'ils affirment, ce ne sont que <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes,<br />

avec leurs qualités et leurs défauts d'hommes, croyant bien faire et, parfois, se trompant. Et se trompant<br />

souvent, par ignorance car leur savoir se trouvait, chaque fois, limité à celui <strong>de</strong> leur époque. Mais Dieu, dans<br />

tout cela ?<br />

L'Apocalypse<br />

Je voudrais faire une digression sur un livre <strong>de</strong> la Bible imposé par l'aréopage pontifical et qui permit les<br />

commentaires les plus ahurissants<br />

Que ne lui a-t-on pas fait dire ! De tous temps. Même encore <strong>de</strong> nos jours. Chaque groupement religieux<br />

s'est approprié les prophéties qui y sont contenues, chacun y découvrant ce qu'il désire y trouver car il s'agit,<br />

en fait, d'un texte prophétique bien pratique dont on peut faire dire ce que l'on veut.<br />

Chaque communion chrétienne, écrit Voltaire, s'est attribuée les prophéties contenues dans l'apocalypse<br />

: les Anglais y ont trouvé les révolutions <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Bretagne ; les luthériens les troubles <strong>de</strong><br />

l'Allemagne ; les réformés <strong>de</strong> France le règne <strong>de</strong> Charles IX et la régence <strong>de</strong> Catherine <strong>de</strong> Médicis.<br />

En 1694, <strong><strong>de</strong>s</strong> fanatiques créèrent "les Chevaliers <strong>de</strong> l'Apocalypse" avec, pour mission, <strong>de</strong> défendre l'Église<br />

catholique contre l’Antéchrist qui allait, affirmaient-ils, bientôt paraître.<br />

Quant à "la bête", pour Bossuet, elle préfigurait l'empereur Dioclétien ; pour Jurieu, le pape ; pour d'autres<br />

prédicateurs, Louis XIV.<br />

Il s'agit, bien entendu, actuellement, <strong>de</strong> l'apocalypse <strong>de</strong> saint Jean rejeté <strong><strong>de</strong>s</strong> textes canoniques jusqu'au<br />

décret du pape Gélase (492-496) qui décida qu'elle figurait désormais parmi les œuvres dites "<strong>de</strong> la<br />

révélation" et qu'elle avait été écrite par l'apôtre Jean lors <strong>de</strong> son exil dans l'île <strong>de</strong> Patmos. Ce qui <strong>de</strong>venait un<br />

dogme que tout catholique doit croire, les autres écrits <strong>de</strong>venant apocryphes et donc prohibés car non<br />

conformes aux dogmes <strong>de</strong> l'orthodoxie romaine.<br />

Or les experts sont formels : bizarrement l'apocalypse "canonique" se démarque par sa langue, son style,<br />

certaines "vues" théologiques, <strong><strong>de</strong>s</strong> autre textes attribués à Jean. D'autre part, elle présente <strong><strong>de</strong>s</strong> doublets, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

cassures dans la suite <strong><strong>de</strong>s</strong> visions et <strong><strong>de</strong>s</strong> passages qui sont visiblement en <strong>de</strong>hors du contexte. Ces exégètes<br />

supposent donc qu'il s'agit <strong>de</strong> plusieurs apocalypses refondues en une seule par un tiers qui ne serait pas Jean<br />

même s'il a utilisé les écrits <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.<br />

Car, au début du christianisme, les apocalypses pullulaient. Vous en connaissez <strong>de</strong> nombreuses et vous en<br />

découvrez encore comme "le règlement du combat <strong><strong>de</strong>s</strong> fils <strong>de</strong> lumière contre les fils <strong><strong>de</strong>s</strong> ténèbres" <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

manuscrits <strong>de</strong> Qumran et ceux retrouvés à Nag Hammadi en Haute Egypte, en 1947, parmi une cinquantaine<br />

d'ouvrages inconnus dont <strong>de</strong> nombreux Evangiles.


176<br />

Je ne te citerai que <strong>de</strong>ux apocalypses <strong>de</strong> Jacques, <strong>de</strong>ux apocalypses <strong>de</strong> la Vierge, trois apocalypses <strong>de</strong> Jean,<br />

les apocalypses <strong>de</strong> Barthélémy, <strong>de</strong> Daniel, d'Etienne, <strong>de</strong> Paul, <strong>de</strong> Thomas, <strong>de</strong> Zacharie ; les apocalypses dites<br />

d'Adam, d'Allogène, <strong>de</strong> Nicothée, <strong>de</strong> Messos, <strong>de</strong> Zoroastre, <strong>de</strong> Zostrien ainsi que le quatrième livre d'Esdras,<br />

l'assomption <strong>de</strong> Moïse, l'ascension d'Isaïe (conservé par l'Église éthiopienne), le livre slave d'Hénoch et le livre<br />

grec <strong>de</strong> Baruch.<br />

Toutes ces œuvres sibyllines datent, bien entendu, <strong><strong>de</strong>s</strong> tous premiers siècles <strong>de</strong> l'ère chrétienne.<br />

Toujours d'après les exégètes, l'apocalypse <strong>de</strong> Jean a été écrite en 70 ou 90. Or, en 64, Paul vient d'être<br />

décapité. L'an 70 voit les gran<strong><strong>de</strong>s</strong> persécutions <strong>de</strong> Néron. C'est le règne <strong>de</strong> la traque, <strong><strong>de</strong>s</strong> exécutions par la<br />

croix, le bûcher, les arènes. L'an 90 connaît la rage <strong>de</strong> Domitien, un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus fanatiques persécuteurs <strong>de</strong><br />

chrétiens.<br />

Une situation qui se poursuit jusqu'au 4 ème siècle, lorsqu'en 313, par l'édit <strong>de</strong> Milan, l'empereur Constantin<br />

décrète la liberté du culte.<br />

Il leur fallait tenir et, pour cela, "soutenir le moral <strong><strong>de</strong>s</strong> troupes". C'est ce motif, tout bonnement, qui fait<br />

surgir cette floraison d'apocalypses qui puisaient dans les prophéties <strong>de</strong> l'Ancien Testament lorsque les<br />

prophètes composaient leurs chants d'espérance qui se terminaient tous par l'annonce <strong>de</strong> l'arrivée du Messie,<br />

la restauration d'Israël et le triomphe <strong>de</strong> Dieu.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> chrétiens ne <strong>de</strong>vaient pas "lâcher prise" pour ne pas remettre en cause le développement normal et<br />

indispensable <strong>de</strong> notre évolution.<br />

L'apocalypse <strong>de</strong> Jean, doit donc être replacer dans son contexte historique. Littérairement, c'est un texte<br />

merveilleux comme l'ont été tant d'autres textes dictés par on ne sait quelle "force", mais ce n'est qu'un texte<br />

<strong>de</strong> circonstance contenant <strong><strong>de</strong>s</strong> "points <strong>clefs</strong>" confirmant ce que l'homme du Verseau <strong>de</strong>vient capable <strong>de</strong><br />

comprendre, comme l'étaient, autrefois, ceux <strong>de</strong> l'Ancien Testament.<br />

"Apocalypse" signifie "révélation", révélations prophétiques sous formes <strong>de</strong> visions sans aucune valeur en<br />

elles-mêmes, si ce n'est par le symbolisme qu'elles contiennent. Tout y est symbole, les chiffres, les parties du<br />

corps, les personnages.<br />

Par exemple, il est écrit (13/18)<br />

C'est ici la sagesse ! Que celui qui a <strong>de</strong> l'intelligence compte le nombre <strong>de</strong> la bête ; car c'est un nombre<br />

d'homme et ce nombre est 666.<br />

Or, en grec comme en hébreu, chaque lettre possè<strong>de</strong> sa propre valeur numérique selon sa place dans<br />

l'alphabet. <strong>Le</strong> chiffre d'un nom correspond au total <strong>de</strong> ses lettres. 666 serait ainsi, d'après les lettres<br />

hébraïques, César-Néron ou, d'après les lettres grecques, César-Dieu.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> prophètes l'avaient déjà décrit utilisant tous les symboles judaïques, les nombres, les bêtes, les guerres,<br />

les persécutions, les catastrophes, les colères, l’abomination <strong>de</strong> la désolation... puis le Messie qui surgit<br />

rétablissant la gloire d'Israël...<br />

En ces jours-là, je relèverai la hutte <strong>de</strong> David qui est tombée<br />

Je réparerai les brèches, je relèverai ses ruines<br />

Et je la rebâtirai telle qu'aux jours d'autrefois<br />

(Amos 9/11)<br />

Certes l'apocalypse est un texte intéressant mais, religieusement, en 1997, elle ne nous apporte rien.<br />

Absolument rien. Qu'à perturber les esprits influençables.<br />

Il y a quelques mois, lors d'une manifestation artistique, je rencontrai d'anciens amis, <strong>de</strong> religion juive. Au<br />

cours <strong>de</strong> notre discussion sur la situation économique actuelle, Madame B. soupira et nous <strong>de</strong>manda :<br />

"Croyez-vous que le Messie, enfin, viendra ?"<br />

J'ai détourné la conversation afin <strong>de</strong> ne pas répondre.<br />

Que mes frères et amis juifs me pardonnent, mais le Messie ne viendra pas.<br />

Sa venue n'était annoncée que pour consoler les Israélites déportés, abandonnés par Jéhovah qui les avait<br />

laissés seuls maîtres <strong>de</strong> leur sort sans qu'ils y aient été suffisamment préparés, habitués qu'ils étaient à<br />

s'acheminer sur <strong><strong>de</strong>s</strong> chemins déblayés par les équipes célestes.<br />

De même pour les apocalypses qui n'étaient <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées qu'à apporter le réconfort aux chrétiens opprimés en


177<br />

leur annonçant le retour glorieux - ou "parousie" - du Christ qui jugera en maître souverain, dans la paix<br />

retrouvée, récompensant les bons et punissant les mauvais..<br />

Isaïe le dit bien (61/1)<br />

L'Esprit du Seigneur, <strong>de</strong> Jéhovah, est sur moi<br />

Parce que Jéhovah m'a oint<br />

Pour porter la bonne nouvelle aux malheureux ;<br />

Il m'a envoyé pour panser ceux qui ont le coeur brisé,<br />

Pour annoncer aux captifs la liberté<br />

Et aux prisonniers le retour à la lumière.<br />

<strong>Le</strong> Christ, comme le Messie, ne reviendra plus, son rôle est terminé.<br />

D'ailleurs, "christ" veut tout simplement dire "oint" ou "béni" ; mais sais-tu que "christ" et "messie" ont<br />

également la même signification. "Christ" est un qualificatif grec ajouté par les disciples dès les premières<br />

années <strong>de</strong> l'ère chrétienne. C'est la traduction <strong>de</strong> l'hébreu "hamashiah - oint", traduit en latin par "messias"<br />

d'où le mot "messie".<br />

Il est bien écrit textuellement que l'Apocalypse concerne cette pério<strong>de</strong>, et cette seule pério<strong>de</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers<br />

siècles du christianisme.<br />

Dès le prologue :<br />

(1/1) Révélation <strong>de</strong> Jésus christ que Dieu lui a confiée pour découvrir à ses serviteurs les événements<br />

qui doivent arriver bientôt...<br />

(1/3) Heureux celui qui lit et ceux qui enten<strong>de</strong>nt les paroles <strong>de</strong> cette prophétie et qui gar<strong>de</strong>nt les choses<br />

qui y sont écrites car le temps est proche !<br />

(2/25) Tenez ferme ce que vous avez, jusqu'à ce que je vienne.<br />

(3/11) Voici que je viens bientôt : tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne ravisse ta couronne.<br />

(22/6) Et l'ange me dit : "Ces paroles sont certains et véritables ; et le Seigneur, le Dieu <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

prophètes, a envoyé son ange pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt - Voici<br />

que je viens bientôt.<br />

(22/10) Et il me dit : "Ne scelle point les paroles <strong>de</strong> la prophétie <strong>de</strong> ce livre ; car le moment est proche.<br />

(22/12) Et voici que je viens bientôt, et ma rétribution est avec moi, pour rendre à chacun suivant ses<br />

œuvres.<br />

Et l'apocalypse se termine ainsi :<br />

(22/20) Celui qui atteste ces choses, dit : "Oui, je viens bientôt" Amen ! Venez seigneur Jésus !<br />

Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous tous. Amen !<br />

Je te le répète, ce texte littérairement magnifique n'est qu'une œuvre <strong>de</strong> circonstance qu'il faut concevoir<br />

ainsi. Ce que l'on appellerait "une œuvre d'intox".<br />

Dans l'ancien Testament, Jérémie avait bien écrit qu'après soixante dix ans <strong>de</strong> captivité, Israël reviendrait<br />

dans son pays et verrait le bonheur s'instaurer (Jer 25/11 - 29/10). Ce qui n'arriva malheureusement pas. Alors<br />

Daniel (9/27) transposa en soixante dix semaines d'années, soit quatre cent quatre vingt dix ans puis Hénoch<br />

(85/90) en soixante dix règnes <strong><strong>de</strong>s</strong> nations païennes...<br />

Chez tous les peuples, aux quatre coins <strong>de</strong> la terre, il s'est toujours trouvé <strong><strong>de</strong>s</strong> prophètes annonçant une<br />

terre idéale, exempte <strong>de</strong> tout mal, la terre promise.<br />

En 1532, douze mille Tupis du Brésil s'acheminèrent vers l'ouest, vers cette terre promise? En 1549, ils<br />

arrivèrent au Pérou. Ils n'étaient plus que trois cents.<br />

En 1602, les jésuites arrêtèrent à temps trois mille indiens <strong>de</strong> Bahia qui suivaient un "page" ou prophète...<br />

De tous temps, la lutte du bien et du mal hanta les esprits avec l'illusion du triomphe du bien et <strong>de</strong><br />

l'écrasement du mal<br />

L'ère du Poisson s'achève en cette fin <strong>de</strong> siècle et, avec elle, se <strong><strong>de</strong>s</strong>sine la fin d'une civilisation avec les<br />

tribulations <strong>de</strong> toutes sortes que cela comporte. L'ère du Verseau ne peut pas ne pas se développer, comme<br />

chaque époque <strong>de</strong> notre évolution, dans un bain <strong>de</strong> sang physique et moral. Et déjà les premières apocalypses


178<br />

font surface.<br />

Dans "La rose <strong>de</strong> Nostre Dame" éditée en juillet 1994 par l'Européenne d'Editions chrétiennes Mambré <strong>de</strong><br />

Bruxelles, il y est écrit qu'un évêque, Monseigneur Etienne, renonce à sa charge, quitte les Etats Unis pour<br />

venir en France, prêcher son "apocalypse" une <strong><strong>de</strong>s</strong> première qui nous arrive déjà. Voici quelques extraits <strong>de</strong><br />

ce qu'il dit :<br />

Je me sens appelé à une mission prophétique. Je vais parcourir le mon<strong>de</strong> pour la proclamer.<br />

...Nous rentrons présentement, cette année même, dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> confusions et <strong>de</strong> jubilations telle<br />

que le mon<strong>de</strong> n'en a pas connu <strong>de</strong> mémoire d'historien.<br />

...<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> a atteint l'état <strong>de</strong> putréfaction extrême, il ne peut que mourir ; se dégagent <strong>de</strong> cette chimie<br />

nauséabon<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> gaz qui vont exploser.<br />

...<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> n'est plus en état <strong>de</strong> pauvreté spirituelle, il est en état <strong>de</strong> nullité spirituelle.<br />

...Ça va bar<strong>de</strong>r sur toute la surface <strong>de</strong> la terre. Vous allez me dire que ce n'est pas une prophétie, le<br />

mon<strong>de</strong> est cul par-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus tête.<br />

...<strong>Le</strong> seul organisme indépendant au mon<strong>de</strong> qui inlassablement dénonce erreurs, injustices, horreurs, est<br />

l'Église catholique par la voix du pape.<br />

...Ce préambule pour introduire ma <strong>de</strong>uxième annonce : la persécution <strong>de</strong> l'Église. Elle a déjà<br />

commencé, cela va atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong> sommets impensables.<br />

Il énonce alors l'évolution <strong>de</strong> cette persécution en sept étapes. Puis, après avoir décrit les méfaits <strong>de</strong> la<br />

persécution, du mal, <strong><strong>de</strong>s</strong> faux miracles, <strong><strong>de</strong>s</strong> faux christs, du Diable que l'on prendra pour le Bon Dieu, il<br />

annonce la bienheureuse "parousie" :<br />

...<strong><strong>Le</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers temps du temps présent sont arrivés. Je n'ai pas dit la fin du mon<strong>de</strong>, mais la fin du temps<br />

présent. <strong>Le</strong> temps du christianisme primaire va engendre un christianisme glorieux et universel. Que l'on<br />

va être heureux !<br />

...Et le Christ reviendra et tous le reconnaîtront. D'un souffle il rasera tout le mal.<br />

Satan, le fourbe génial qui n'a jamais été autant adoré que ces années-ci, sera enfermé chez lui aux<br />

enfers pour mille ans, comme nous l'annoncent les écritures.<br />

Sérieusement, n'est-ce pas une <strong><strong>de</strong>s</strong> premières apocalypses du Verseau ?


179<br />

L'inquisition<br />

La vieille dame décatie <strong>de</strong> l'occi<strong>de</strong>nt blêmit d'indignation, en 1996, à l'écoute <strong><strong>de</strong>s</strong> tueries islamiques<br />

perpétrées "au nom <strong>de</strong> Dieu" et je la vois se baisser pour leur jeter la première pierre... Elle a donc oublié les<br />

erreurs orgiaques <strong>de</strong> sa jeunesse ? Vous qui la regar<strong>de</strong>z et qui savez, redites le lui ; remémorez lui ses crimes<br />

infiniment plus horribles accomplis "saintement" au nom <strong>de</strong> ce même Dieu d'amour. Qu'elle comprenne,<br />

qu'elle ai<strong>de</strong> et pardonne. Nous n'allons tout <strong>de</strong> même pas, pour ce faire, <strong>de</strong>voir l'assigner en justice, auprès<br />

d'une Cour internationale, pour ses crimes, imprescriptibles d'ailleurs, contre l'humanité.<br />

Souvenez-vous !...<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> conciles et le St Office étaient chargés <strong>de</strong> veiller à l'intégrité <strong>de</strong> la foi.<br />

Des tribunaux inquisitoires furent organisés, en 1184, par le pape Lucius III avec l'empereur Frédéric<br />

Barberousse pour châtier corporellement les hérétiques considérés comme coupables <strong>de</strong> haute trahison. <strong><strong>Le</strong>s</strong><br />

tribunaux sont alors composés d'ecclésiastiques et les peines peuvent aller <strong>de</strong> la flagellation à l'exécution sur le<br />

bûcher pour les récidivistes.<br />

<strong>Le</strong> 10 mars 1208, le pape Innocent III excommunie Raymond VI, comte <strong>de</strong> Toulouse, qui refuse d'adhérer<br />

à la ligue contre les hérétiques et lance un appel à la croisa<strong>de</strong> sainte. Raymond VI se soumet, fait pénitence le<br />

18 juin 1209 et se joint aux croisés.<br />

<strong>Le</strong> 22 juillet 1209, Béziers est assiégée, prise, incendiée et sa population hérétique en gran<strong>de</strong> partie<br />

massacrée. Il y eut à peu près trente mille victimes.<br />

En 1232, le pape Grégoire IX crée "l'inquisition" proprement dite déjà amorcée par le pape Lucius III, en<br />

1184, dont il confie les rênes à l'ordre <strong><strong>de</strong>s</strong> dominicains fondé spécialement à cette intention par celui qui<br />

<strong>de</strong>viendra St Dominique. Cette même année, il nomme le prieur <strong><strong>de</strong>s</strong> dominicains <strong>de</strong> Besançon, Gautier et son<br />

compagnon Robert, inquisiteurs du comté <strong>de</strong> Bourgogne. <strong>Le</strong> 13 avril 1233, il charge tous les dominicains <strong>de</strong><br />

la poursuite <strong><strong>de</strong>s</strong> hérétiques dans toute la France. Rapi<strong>de</strong>ment, cet organisme d'extermination <strong>de</strong> la vermine<br />

hérétique s'organise et agit.<br />

N'en citons que quelques exemples :<br />

En août 1235, Robert le Bougre, passant par le nord du pays, fait brûler cinquante hérétiques. <strong>Le</strong> 13 mai<br />

1239, en Champagne : cent quatre vingt trois. Son zèle est si ar<strong>de</strong>nt que le pape déci<strong>de</strong>, quand même, <strong>de</strong> le<br />

suspendre.<br />

Un millier <strong>de</strong> cathares se réfugient dans le château <strong>de</strong> Montségur et résistent près d'un an, du 13 mai 1243<br />

au 14 mars 1244. Deux cent cinq hommes et femmes refusent d'abjurer et sont brûlés vifs.<br />

A Laval, on brûle, en une seule fois, quatre cents albigeois<br />

<strong>Le</strong> 15 mai 1252, par sa bulle "Extirpanda", le pape Innocent IV autorise officiellement l'inquisition à faire<br />

usage <strong>de</strong> la torture ce que confirme Alexandre IV, le 30 novembre 1259 et Clément V peu après. <strong><strong>Le</strong>s</strong> juges<br />

avaient alors le choix entre la flagellation, le chevalet, l'estrapa<strong>de</strong>, les charbons ar<strong>de</strong>nts, les bro<strong>de</strong>quins et<br />

l'épreuve <strong>de</strong> l'eau....<br />

En Provence, vers 1259, les franciscains succédèrent aux dominicains à la tête <strong>de</strong> l'inquisition régionale ce<br />

qui déclencha une violente rivalité entre les <strong>de</strong>ux ordres qui s'accusèrent mutuellement, même par faux<br />

témoins interposés.<br />

A Vérone, le 13 février 1278, <strong>de</strong>ux cents cathares sont brûlés vifs.<br />

En 1326, Jean XXII, dans sa bulle "Super illius specula", supprime la marge d'interprétation entre<br />

sorcellerie et hérésie. Sorciers et hérétiques <strong>de</strong>viennent ainsi une même engeance. La première sorcière avait<br />

été jugée en 1274 et condamnée au bûcher. Désormais, la chasse aux sorcières va pouvoir s'intensifier.<br />

En 1484, Innocent VIII, dans sa bulle "Sumnis <strong><strong>de</strong>s</strong>i<strong>de</strong>rantes affectibus" codifie cette chasse aux sorcières<br />

qui s'étend, bien entendu, aux juifs et aux maures. Une guerre sans pitié est engagée.<br />

Au 17 ème siècle, on extermine même les sourciers qui recherchaient <strong>de</strong> l'eau ou <strong><strong>de</strong>s</strong> minerais avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

baguettes : ce ne pouvait être qu'oeuvre du diable !<br />

Aujourd'hui - théoriquement -, un accusé est présumé innocent. A cette époque, c'était le contraire : Il était<br />

coupable d'avance et tout était permis pour le confondre. Que peut faire et dire un accusé en voyant les fers<br />

rougir dans la braise, les bro<strong>de</strong>quins avec leurs clous, les chaînes, les chevalets, les cor<strong><strong>de</strong>s</strong> ?... Il admet tout ce


180<br />

que ses accusateurs veulent qu'il avoue. De retour <strong>de</strong>vant le tribunal, il se récuse et renie ce qu'il a dit.<br />

Re<strong><strong>de</strong>s</strong>cendu dans la chambre à torture, il avoue <strong>de</strong> nouveau...<br />

Entre 1576 et 1591, Nicolas Rémy qui affirmait que le tiers au moins <strong><strong>de</strong>s</strong> habitants <strong>de</strong> la Lorraine avait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

relations avec le diable, à lui seul, fait brûler neuf cents sorciers...<br />

Ces répressions énergiques ne se limitaient pas à la France, ce fut un phénomène d'une ampleur<br />

européenne qui atteignit son apogée en Espagne pour déferler dans les pays du Nouveau Mon<strong>de</strong>.<br />

L'hostilité du peuple et <strong><strong>de</strong>s</strong> dits hérétiques étaient normale et évi<strong>de</strong>nte et les luttes furent parfois "chau<strong><strong>de</strong>s</strong>".<br />

En Italie, l'inquisiteur <strong>de</strong> Milan, Pierre <strong>de</strong> Vérone, est assassiné, le 29 avril 1245, à coups <strong>de</strong> serpe. L'assassin<br />

est arrêté par le Saint Père mais relâché par le seigneur qui s'y oppose...<br />

Une ligue fut formée quelques années plus tard pour s'emparer <strong><strong>de</strong>s</strong> villes résistant à l'inquisition. Ainsi, en<br />

1273, Sermione fut prise et <strong>de</strong>ux cents patarins 9 <strong>de</strong> la ville brûlèrent sur le bûcher...<br />

L'hérésie prolifère aux Pays-Bas, dans les Flandres, en Allemagne rhénane. D'après les Annales <strong>de</strong> Worms<br />

"on brûla un si grand nombre d'hérétiques qu'il est impossible d'en faire le compte". A la suite d'une<br />

intervention du pape Grégoire IX qui ordonne aux princes <strong>de</strong> poursuivre les hérétiques par les armes, le<br />

massacre est considérable. Dans le seul diocèse <strong>de</strong> Brème, <strong>de</strong>ux mille paysans sont massacrés.<br />

Car la délation allait bon train. <strong><strong>Le</strong>s</strong> inquisiteurs faisaient en effet proclamer "l'édit <strong>de</strong> foi" qui ordonnait à<br />

tous les chrétiens <strong>de</strong> dénoncer les hérétiques, sous peine d'excommunication ; et le suspect était interrogé...<br />

sous la torture.<br />

L'horreur <strong>de</strong> l'inquisition battit tous ses records en Espagne où les rois catholiques, conformément à la<br />

bulle <strong>de</strong> Sixte IV du premier novembre 1478, prêtèrent main forte aux inquisiteurs dont le fameux frère<br />

Thomas <strong>de</strong> Torquemada, prieur du couvent <strong>de</strong> Santa Cruz à Segovie, nommé par le pape Sixte IV, le 11<br />

février 1482 grand inquisiteur <strong>de</strong> la Castille. Puis <strong>de</strong> l'Aragon, <strong>de</strong> la Catalogne et <strong>de</strong> Valence. Voulant purifier<br />

l'humanité pervertie, il étendit les délits aux "hérétiques implicites" : les bigames, les voleurs d'église, les<br />

blasphémateurs, les prêtres qui se mariaient, les fabricants <strong>de</strong> philtres d'amour etc.<br />

On considère que, uniquement "sous son règne", il y eut un peu plus <strong>de</strong> cent mille procès et <strong>de</strong>ux mille<br />

exécutions.<br />

L'inquisition installa <strong><strong>de</strong>s</strong> tribunaux en Amérique, à Mexico (Nouvelle Espagne), à Cuidad <strong>de</strong> los Reyes et à<br />

Cartagena <strong>de</strong> Indias (Tierre Firme) - en Sicile (Palerme) - en Sardaigne (Sacer) - au Pérou (Lima). En 1693,<br />

on brûla même <strong><strong>de</strong>s</strong> lapons pour sorcellerie...<br />

Salvador <strong>de</strong> Madariaga écrit :<br />

Kurtz évalue le total <strong><strong>de</strong>s</strong> victimes <strong>de</strong> la chasse aux sorcières sur le continent à trois cent mille. Ce qui<br />

signifie au moins <strong>de</strong>ux cent mille pour l'Allemagne.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> livres musulmans sont jetés aux flammes et les maures ou "moricos" doivent ou se faire baptiser ou<br />

s'exiler.<br />

De même pour les juifs. Ceux qui refusent le baptême doivent avoir quitté l'Espagne avant le 2 août 1492<br />

sans emporter ni or ni argent. Trente mille familles castillanes, six mille familles aragonaises, soit cent soixante<br />

mille personnes durent ainsi s'exiler.<br />

En pratique, toutes ces horreurs ne firent que retar<strong>de</strong>r et même amplifier inéluctablement l'évolution <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

esprits.<br />

En 1672, enfin, Colbert interdit aux tribunaux, l’accusation <strong>de</strong> sorcellerie. Mais ce ne fut qu'en 1834 que<br />

l'inquisition fut officiellement et définitivement abolie par la régente d'Espagne, Marie Christine <strong>de</strong> Bourbon.<br />

Sans oublier la nuit <strong>de</strong> la St Barthélémy.<br />

Pour la seule ville <strong>de</strong> Paris, dix mille protestants furent exécutés, selon le livre <strong><strong>de</strong>s</strong> comptes <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong><br />

ville <strong>de</strong> la capitale ; pour tout le royaume, plus <strong>de</strong> trente mille, selon le "martyrologe <strong><strong>de</strong>s</strong> Calvinistes" imprimé<br />

en 1582. En réalité, les historiens estiment que le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> protestants tués, ce jour maudit, <strong>de</strong>vrait<br />

atteindre un chiffre plus près <strong>de</strong> cent mille.<br />

Ne croyez-vous pas que la capacité d'oubli, chez l'homme, est incroyable ? Et pourtant...<br />

9 Hérétiques italiens apparentés aux cathares.


Heureusement, ainsi que l'a dit Jésus :<br />

181<br />

(Jn. 4/23 et suivants) L'heure approche, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père<br />

en esprit et en vérité ; ce sont <strong>de</strong> tels adorateurs que le Père <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Dieu est esprit et ceux qui<br />

l'adorent doivent l'adorer en esprit et en vérité.<br />

Et lorsqu'on se remémore ce passé, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> bien pourquoi Jean écrivait dans sa première épître :<br />

(4/7) Aimons-nous les uns les autres, car l'amour vient <strong>de</strong> Dieu, et quiconque aime est né <strong>de</strong> Dieu et<br />

connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour.


182<br />

Déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l'Église<br />

<strong>Le</strong> présent ou, tout au moins, le futur proche et inévitable, fait peur.<br />

Déjà, la religion dépassée <strong>de</strong> nos ancêtres, se désagrège. Regar<strong>de</strong>z le désordre et la confusion frisant le<br />

chaos, du christianisme, en cette fin <strong>de</strong> 20 ème siècle.<br />

Je ne parle ni du judaïsme, ni <strong>de</strong> l'Islam, ni <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> religions d'Asie, ni <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes sectes qu'on<br />

évalue à un peu plus <strong>de</strong> dix mille dans le mon<strong>de</strong> dont plus d'une centaine en France.<br />

Je ne parle que du christianisme. Lorsque nous y réfléchissons, nous sommes surpris. Que dis-je "surpris" ?<br />

Nous sommes consternés.<br />

Vingt sept mille localités n'ont plus <strong>de</strong> prêtre, les messes étant remplacées par <strong><strong>de</strong>s</strong> assemblées dominicales<br />

dirigées par <strong><strong>de</strong>s</strong> laïcs.<br />

De 1973 à 1985, <strong>de</strong>ux cent soixante huit congrégations sur trois cent soixante neuf ont dû fermer leurs<br />

noviciats.<br />

D'après une enquête du journal "Oise Hebdo" du 30 mars 1994, concernant la situation <strong>de</strong> l'Église<br />

catholique dans ton département <strong>de</strong> l'Oise, il ressort que les trois quarts <strong>de</strong> la population se déclarent<br />

catholiques mais que 5 % seulement pratiquent encore. <strong>Le</strong> département ne compte que cent trente et un<br />

prêtres en ministère paroissial. Huit à dix prêtres s'arrêtent chaque année pour cause <strong>de</strong> décès ou <strong>de</strong> retraite et<br />

un seul les remplace. A titre d'exemple, le père André Hurand, âgé <strong>de</strong> soixante treize ans, curé <strong>de</strong> Mareuil sur<br />

Ourcq, a la responsabilité <strong>de</strong> vingt <strong>de</strong>ux paroisses.<br />

Il existe même une association intitulée "Ai<strong>de</strong> à l'Église en détresse", à but essentiellement sacerdotale<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinée, à l'origine, à soutenir les prêtres <strong>de</strong> l'Est. Elle oeuvre maintenant dans toutes les régions du globe.<br />

Dans un bulletin <strong>de</strong> janvier 1994, on lit ce paragraphe :<br />

Nous avons besoin <strong>de</strong> prêtres. Et, aujourd'hui où le nombre <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres décroît chez nous (quarante<br />

mille en 1965, vingt cinq mille aujourd'hui, quinze mille dans dix ans sur la base <strong>de</strong> l'évolution actuelle),<br />

nous le sentons plus que jamais. Dieu serait-il <strong>de</strong>venu sourd ?<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> prêtres disparaissent et nombre d'entre eux qui ont perdu le prestige <strong>de</strong> la soutane, abandonnent <strong>de</strong><br />

plus en plus le célibat et vivent maritalement dans la clan<strong><strong>de</strong>s</strong>tinité.<br />

En 1990, s'est créée une association intitulée "Claire Voie" dont le but est <strong>de</strong> regrouper toutes les femmes<br />

qui vivent, dans le plus grand secret, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres. Marie-Pierre, l'une d'entre elles qui vit <strong>de</strong>puis 1983<br />

avec un évêque, livrait son amertume dans les colonnes du journal "le Courrier picard" du 25 août 1993,<br />

contre cette règle "hypocrite et médiévale" qui interdit au clergé <strong>de</strong> se marier.<br />

Un prêtre sur quatre en France et un sur cinq dans le mon<strong>de</strong>, affirme-t-elle, sont actuellement mariés et l'on<br />

continue <strong>de</strong> faire comme si cela n'existait pas.<br />

"Pendant <strong><strong>de</strong>s</strong> années, j'ai crû être seule à vivre cette expérience", explique O<strong>de</strong>tte Desfonds. Et puis le<br />

jour où nous avons décidé <strong>de</strong> nous marier, mon mari a écrit à tous ses paroissiens pour expliquer sa<br />

décision. J'ai alors reçu <strong><strong>de</strong>s</strong> dizaines <strong>de</strong> lettres <strong>de</strong> femmes me disant qu'elles étaient dans la même<br />

situation.<br />

... Catholique pratiquante, Marie Pierre, elle, se dit "révoltée". "Cela brise une vie. On ne peut faire<br />

aucun projet, on ne peut en parler à personne, pas même à sa famille, il faut toujours se cacher",<br />

souligne-t-elle, rappelant que l'obligation strict <strong>de</strong> célibat a été imposée au clergé catholique romain au<br />

<strong>de</strong>uxième concile <strong>de</strong> Latran en 1139 et non par les fondateurs du christianisme.<br />

Par contre, les Eglises dissi<strong>de</strong>ntes d'obédience chrétienne, se multiplient à un rythme inimaginable et<br />

démesuré. <strong>Le</strong>ur nombre et leur importance te surprendra.<br />

En 1989, dix huit Clarisses d'Aubazines, en Corrèze, déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> rompre avec Rome pour se placer sous<br />

l'autorité du patriarche grec d'Antioche, Ignace IV.<br />

En 1971, Mgr <strong>Le</strong>febvre fon<strong>de</strong> à Écône , en Suisse, un séminaire traditionaliste. Il est excommunié en 1988.<br />

Actuellement, en 1994, son mouvement compte quarante maisons en Europe et en Amérique et sept Carmels,<br />

avec <strong>de</strong>ux cent soixante huit prêtres dont quatre vingt six en France.<br />

<strong><strong>Le</strong>s</strong> Eglises orthodoxes chalcédoniennes, c'est à dire fidèles au concile <strong>de</strong> Chalcédoine qui créa le<br />

juridiction territoriale du patriarcat <strong>de</strong> Constantinople et reconnut la dissi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> Coptes, <strong><strong>de</strong>s</strong> Arméniens et


183<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Syriens et les Eglises orientales non chalcédoniennes coptes, arméniennes, syriaques et souriennes,<br />

comptent quarante cinq millions <strong>de</strong>ux cent dix mille fidèles.<br />

Existent également les protestants qui, eux-mêmes, se subdivisent en Eglises luthérienne,<br />

congrégationaliste, baptiste et ménnionite, méthodiste, pentecôtiste, sans oublier l'Armée du Salut et la<br />

Fédération évangélique <strong>de</strong> France ni la mission évangélistique <strong><strong>de</strong>s</strong> Tziganes qui s'est séparée <strong><strong>de</strong>s</strong> catholiques<br />

en 1946, et qui compte environ dix mille pratiquants en France, un peu plus <strong>de</strong> quarante cinq mille en Europe<br />

dont quarante cinq mille baptisés par immersion et un millier <strong>de</strong> prédicateurs dans le mon<strong>de</strong> avec, en France,<br />

le révérend Django qui sillonne le pays avec son chapiteau..<br />

Ce ne sont pas les seules. D'autres Eglises chrétiennes dissi<strong>de</strong>ntes se sont créées et se développent :<br />

- l'Église anglicane - <strong><strong>Le</strong>s</strong> Adventistes - la petite Eglise fondée en 1801 à la suite du concordat entre<br />

Napoléon Bonaparte et Pie VII et qui résiste en Poitou, dans le Lyonnais et en Belgique - l'Église vieille<br />

catholique fondée <strong>de</strong>puis 1704 et qui se maintient, en particulier, à Paris, Lyon, Haguenau, Annecy et Rouen -<br />

l'Eglise vieille catholique mariavite <strong>de</strong> Pologne - l'Eglise néo-apostolique qui, en 1992, comptait sept millions<br />

<strong>de</strong> fidèles - l'Eglise Vivante ou Eglise rénovée qui, en 1943, comptait dix sept mille fidèles - l'Eglise<br />

kimbanguiste qui, en 1991 comptait six millions <strong>de</strong>ux cent vingt sept mille cinq cent douze fidèles - le<br />

mouvement dit "<strong><strong>de</strong>s</strong> Frères" (Frères exclusifs et Frères larges) <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois millions répartis en quarante<br />

pays - l'Eglise du Christ scientiste dont les quatre périodiques sont traduits en seize langues.<br />

Il existe également les "Mouvements chrétiens libres" :<br />

* <strong><strong>Le</strong>s</strong> quakers dont l'un <strong><strong>de</strong>s</strong> membres, Marius Grout, obtint le Goncourt, en 1942.<br />

* <strong><strong>Le</strong>s</strong> Témoins <strong>de</strong> Jéhovah fortement structurés. En 1945, ils étaient cent vingt sept mille ; en 1993, quatre<br />

millions sept cent neuf mille neuf cents répartis dans soixante treize mille soixante dix congrégations<br />

implantées dans <strong>de</strong>ux cent vingt neuf pays. <strong>Le</strong>urs publications "La tour <strong>de</strong> Gar<strong>de</strong>" traduite en cent seize<br />

langues, est diffusée en seize millions cent mille exemplaires et "Réveillez-vous", traduite en soixante sept<br />

langues, en treize millions d'exemplaires.<br />

* <strong><strong>Le</strong>s</strong> Amis <strong>de</strong> l'homme, appelés, lors <strong>de</strong> leur création par Alexandre Freytag, "les Anges <strong>de</strong> L'Eternel".<br />

* <strong><strong>Le</strong>s</strong> Unitariens qui fusionnent, en 1961, avec l'Eglise universaliste.<br />

* <strong>Le</strong> culte antoiniste fondé en 1910, en Belgique, par Louis Antoine, qui compte trente et un temples en<br />

Belgique et trente trois en France.<br />

* <strong><strong>Le</strong>s</strong> Doukhobors ("combattants <strong>de</strong> l'esprit", en russe) implantés surtout au Canada et en Colombie<br />

britannique.<br />

* l'Eglise <strong>de</strong> la succession Vilatte-Alvarez fondée par Joseph René Vilatte consacré évêque à Colombo (Sri<br />

Lanka) par Julio Alvarez <strong>de</strong>venu évêque jacobite <strong>de</strong> l'Eglise d'Antioche syrienne.<br />

* l'Eglise catholique libérale qui constitue l'Eglise catholique anglaise.<br />

* <strong><strong>Le</strong>s</strong> palmaristes dont l'évêque Mgr Dominguez se proclama pape, sous le nom <strong>de</strong> Grégoire XVII, à la<br />

mort <strong>de</strong> Paul VI, en 1978, fut excommunié par Jean Paul II et créa un Vatican dissi<strong>de</strong>nt près <strong>de</strong> Barcelone.<br />

* l'Eglise <strong>de</strong> J. C. <strong><strong>de</strong>s</strong> saints <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours ou Mormons qui, en 1992, comptait huit millions cent vingt<br />

mille fidèles.<br />

* l'Eglise réorganisée <strong><strong>de</strong>s</strong> saints <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rniers jours.<br />

* l'Eglise <strong>de</strong> l'unification (ou Association pour l'unification du christianisme mondial AUCM) fondée en<br />

1954, à Séoul, par Yun Myung Moon.<br />

* La Famille d'Amour fondée en 1968 aux USA, sous le nom d'Enfants <strong>de</strong> Dieu...<br />

Actuellement, on compte quarante trois évêques schismatiques qui furent excommuniés dont Mgr Renato<br />

Cornejo Radavero, ancien évêque auxiliaire <strong>de</strong> Lima, en 1970 ; Mgr Pierre Martin Ngo Dinh Thuc<br />

excommunié pour la <strong>de</strong>uxième fois en 1981 ; Mgr Franck Schaffner ordonné prêtre en 1975, sacré évêque en<br />

1977, marié en 1981, actuellement "Archevêque-Primat" <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> St André qu'il fonda en 1982 ; Mgr<br />

<strong>Le</strong>febvre excommunié en 1988.<br />

Tout <strong>de</strong>rnièrement, en mai 1994, Mgr Félix Paul, évêque catholique <strong>de</strong> Victoria (Seychelles) qui vient <strong>de</strong><br />

présenter sa démission au Vatican...<br />

Plus récemment encore, en janvier 1995, Monseigneur Jacques Gaillot, évêque d'Évreux <strong>de</strong>puis 1982, est


184<br />

"démissionné" par le Vatican. De nombreux évêques le soutiennent dont neuf évêques picards qui écrivent<br />

dans leur déclaration : "Nous mesurons la gravité <strong>de</strong> notre mission et nous voulons l'assurer <strong>de</strong> tout notre<br />

coeur, pour tous et avec tous".<br />

Cela ne vous rappelle-t-il pas la suspension <strong><strong>de</strong>s</strong> prêtres ouvriers en 1954 ?<br />

Une foule <strong>de</strong> pratiquants et <strong>de</strong> non pratiquants se groupèrent et défilèrent spontanément. "On ne peut<br />

museler quelqu'un, affirma-t-il. On ne peut l'empêcher <strong>de</strong> penser, <strong>de</strong> parler".<br />

L'abbé Pierre qualifia la révocation <strong>de</strong> l'évêque "d'erreur comme l'histoire <strong>de</strong> l'Église en est pleine. Il<br />

rappela même en public, ironisant sur les "décisions irrévocables du Vatican", que le pape Pie XII<br />

(1939.1958) décida d'interdire d'enseigner à trois éminents théologiens, un jésuite, Henri <strong>de</strong> Lubac et <strong>de</strong>ux<br />

dominicains, Yves Congar et André Chenu. "Eh ! bien, conclut l'abbé Pierre, le premier acte <strong>de</strong> Jean XXIII<br />

(1958.1963) a été <strong>de</strong> nommer ces trois exclus comme conseillers théologiques..."<br />

- En aviez-vous réellement conscience ?<br />

<strong>Le</strong> bon catholique va nous dire :<br />

"Mais voyez Marthe Robin qui vient <strong>de</strong> mourir après cinquante ans <strong>de</strong> jeûne. Il n'y a jamais eu autant <strong>de</strong><br />

groupements mystiques ni tant d'apparitions <strong>de</strong> la Vierge qui est apparue, <strong>de</strong>puis moins <strong>de</strong> cinquante<br />

ans, en Allemagne, en Belgique, en Egypte, en Espagne, aux Etats-Unis, en France, aux Pays Bas, en<br />

Irlan<strong>de</strong>, aux Philippines, en Roumanie, au Rwanda, en Sicile, en Tchécoslovaquie, au Venezuela, en<br />

Yougoslavie...<br />

Il oublie que ces faits n'ont rien d'extraordinaire et ne sont pas récents. Selon les experts <strong>de</strong> la quarante<br />

<strong>de</strong>uxième semaine mariale (à Saragosse en 1986), plus vingt et un mille apparitions <strong>de</strong> la Vierge ont été<br />

recensées <strong>de</strong>puis l'an 100. De 1928 à 1971, il y a eu <strong>de</strong>ux cent vingt apparitions que l'Église a refusé <strong>de</strong><br />

reconnaître.<br />

Pourquoi ? Parce qu'elles étaient tout simplement provoquées par ces pouvoirs que nous avons évoqués,<br />

qui sont dus à <strong><strong>de</strong>s</strong> forces apparemment intelligentes, à <strong><strong>de</strong>s</strong> facultés inhabituelles et, <strong>de</strong> ce fait, actuellement<br />

inexplicables par les lois régissant les phénomènes physiques, biologiques et psychiques classiques.<br />

Vous verrez qu'il y aura <strong>de</strong> plus en plus d'apparitions <strong>de</strong> faux ovnis et <strong>de</strong> petits hommes verts.<br />

Ce regain <strong>de</strong> mysticisme a bénéficié <strong><strong>de</strong>s</strong> apports <strong>de</strong> l'Orient et c'est un bien car la spiritualité du Verseau<br />

doit se développer en profon<strong>de</strong>ur et en vérité. En sincérité.<br />

Certains s'écrient comme d'autres l'ont déjà fait : "La fin <strong><strong>de</strong>s</strong> temps est arrivé !". Non, ce n'est pas la fin<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> temps, ce n'est que la fin d'un temps. Avec tout ce que cela comporte d'inconvénients, pour l'avènement<br />

d'un nouveau cycle, l'ultime, cette fois-ci, du moins en ce qui concerne l'évolution <strong>de</strong> l'homme. D'autres<br />

temps, bien différents quant à leurs objectifs, suivront, sois-en certain.<br />

<strong>Le</strong> soleil succé<strong>de</strong>ra à la torna<strong>de</strong> et à la pluie.<br />

Car il y aura, auparavant, <strong><strong>de</strong>s</strong> torna<strong><strong>de</strong>s</strong> dévastatrices créées par un passé dépassé qui ne cé<strong>de</strong>ra pas<br />

facilement sa place.<br />

Nostradamus dont les prédictions permettaient toutes les interprétations possibles, ne fut précis que dans<br />

sa <strong>de</strong>rnière centurie (LXXII) :<br />

L'an mil neuf cens nonante neuf sept mois<br />

Du ciel viendra un grand roy d'effrayeur...<br />

Notez bien que toutes les prophéties, excepté lorsqu'elles sont aussi précises quant à la date, ne sont<br />

composées que d'images et <strong>de</strong> symboles. Ainsi, Nostradamus ne veut pas pronostiquer qu'une comète ou <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

extraterrestres nous tomberont <strong><strong>de</strong>s</strong>sus à la fin <strong>de</strong> ce siècle. Absolument pas.<br />

La "divinité" - Dieu, si vous préférez - a toujours été assimilée au "ciel". Ce qu'il veut nous faire<br />

comprendre, , c'est qu'à l'aube <strong>de</strong> l'ère du Verseau, la notion que les hommes se faisaient <strong>de</strong> Dieu, va évoluer<br />

si fortement que votre civilisation s'en trouvera bouleversée. Et les vieilles croyances <strong>de</strong>venues obsolètes ne<br />

disparaîtront, maintenant comme jadis, qu'après une lutte acharnée quoique inutile et perdue d'avance.<br />

Mais il termine son quatrain par :<br />

Avant après Mars régner par bonheur.<br />

Edgar Cayce, lui, prévoit la pério<strong>de</strong> tragique pour l'an 2100.


- Mais qu'est-ce qu'un siècle ou même <strong>de</strong>ux alors que le Verseau a <strong>de</strong>vant lui un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille<br />

ans pour déverser sa corne d'abondance sur l'homme épanoui !<br />

<strong>Le</strong> grand sage <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>, Sri Aurobindo, décédé en 1950, à l'aube du Verseau, disait :<br />

185<br />

L'existence humaine n'a pas encore touché à sa fin. <strong>Le</strong> sta<strong>de</strong> actuel du développement <strong>de</strong> l'humanité n'en<br />

est pas la phase finale. L'homme tel que nous le connaissons, n'est que l'ébauche <strong>de</strong> celui qu'il sera un<br />

jour.<br />

<strong>Le</strong> père Teilhard <strong>de</strong> Chardin, dans sa conception <strong>de</strong> l'évolution humaine, l'avait pressenti et avait mis en<br />

relief le bond en avant <strong>de</strong> l'humanité lorsqu'elle aura franchi le seuil d'une conscience supérieure.<br />

Plus la science va se développer, plus la sagesse prendra le <strong><strong>de</strong>s</strong>sus et plus les divergences s'atténueront<br />

progressivement pour, enfin, disparaître.<br />

La science, le fruit <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> la science, c'est cela l'avenir <strong>de</strong> l'homme.<br />

Il est clair que nous sommes un produit <strong>de</strong> la science et que nous allons, ainsi que l'ont annoncé les<br />

anciens, retrouver le berceau <strong>de</strong> la science pour notre bien-être et notre bonheur car la science, la vraie, en<br />

son apogée, ne peut engendrer autre chose... et que nous allons, peut-être, la transmettre ailleurs, pour le<br />

bien-être et le bonheur, après les mêmes aléas, d'autres nous-mêmes, conçus à notre image et à notre<br />

ressemblance qui, dans quelques dizaines <strong>de</strong> millénaires, comme nous, se le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ront...<br />

La science redécouvre Dieu mais ce n'est pas le Dieu <strong>de</strong> nos ancêtres.<br />

Nous ne sommes qu'à l'aube du Verseau et la science se développe en accélération constante : le mon<strong>de</strong><br />

change déjà indéniablement et inéluctablement.<br />

"Nous sommes à un moment vraiment passionnant <strong>de</strong> notre histoire, peut-être à un tournant."<br />

Ilya Prigogine, prix Nobel 1977 <strong>de</strong> physique.<br />

"Il se peut que nous vivions actuellement le changement le plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute l'évolution humaine...<br />

une sorte <strong>de</strong> choc frontal culturel."<br />

John Platt, physicien <strong>de</strong> l'université du Michigan.<br />

Tout est remis en question. On sent germer au sein d'un déséquilibre général l'approche d'un nouveau type<br />

<strong>de</strong> société dans un mon<strong>de</strong> nouveau. Une prise <strong>de</strong> conscience se déploie dans une accélération constante qui<br />

semble s'amplifier à un rythme tel qu'elle nous laisse groggy et nous épouvante car si la science détruit la<br />

religion bornée, elle transcen<strong>de</strong> l'esprit qui s'embrase. Une vague <strong>de</strong> spiritualité provenant <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> rajeunit et<br />

dynamise la culture occi<strong>de</strong>ntale et les peuples qui prennent enfin conscience <strong>de</strong> leur unité, se regroupent en<br />

essayant <strong>de</strong> faire barrage à la guerre, à l'injustice et à la faim.<br />

On parle d'un gouvernement européen, <strong>de</strong> citoyens du mon<strong>de</strong> ; <strong><strong>Le</strong>s</strong> enfants <strong>de</strong> nos enfants connaîtront,<br />

c'est certain, un gouvernement terrestre garantissant une paix <strong>de</strong> moins en moins fragile.<br />

Bizarrement, la femme s'émancipe.<br />

Dans la Genèse (3/16), Yahvé tranchait :<br />

Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi.<br />

St Paul écrit :<br />

(Ep. 5/22) Que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur : en effet, le mari est chef<br />

<strong>de</strong> la femme comme le Christ est chef <strong>de</strong> l'Église...<br />

en l'édulcorant un peu car, ajoute-t-il, "que le mari aime sa femme comme soi-même"<br />

Au 7ème siècle, dans le Coran, nous lisons :<br />

(Soutrate II/228) <strong><strong>Le</strong>s</strong> maris sont supérieurs à leurs femmes<br />

A peine franchi le seuil du Verseau, le MLF se déchaîne et la femme, inexorablement, balaie ces tabous et<br />

se matriarcalise. Elles comman<strong>de</strong>nt les nations et revendiquent même le droit à la prêtrise...<br />

L'homosexualité (Lv. 18/12) était une abomination ; on marie maintenant les hommes entre eux et je viens<br />

d'apprendre que les couples homosexuels vivant en concubinage étaient désormais reconnus<br />

administrativement...<br />

"Quelque chose se passe dans la structure générale <strong>de</strong> l'Esprit. C'est une autre espèce <strong>de</strong> vie qui<br />

commence."


186<br />

Teilhard <strong>de</strong> Chardin<br />

Nous nous acheminons vers une prééminence <strong>de</strong> l'esprit. De l'intelligence et <strong>de</strong> l'esprit.<br />

Par la connaissance transcendantale que nous aurons atteinte, il n'y aura plus, au coeur du Verseau, que le<br />

Dieu universel <strong>de</strong> l'amour et <strong>de</strong> la sagesse.<br />

Et pourtant...<br />

C'est assez terrifiant car, si Yahvé ou Jéhovah n'est qu'un être humain comme vous et moi, c'est toute notre<br />

civilisation occi<strong>de</strong>ntale judéo-chrétienne qui s'écroule.<br />

Ce n'est pas une évolution, c'est une révolution <strong><strong>de</strong>s</strong> coeurs et <strong><strong>de</strong>s</strong> esprits qui ne peut que déstabiliser les<br />

anciennes valeurs et les anciennes croyances.<br />

Mais c'est inévitable.<br />

Nous rejoignons encore ce qu'affirmaient les anciens : la vie naît <strong>de</strong> la mort.<br />

Nietzsche écrivait justement : "Pour qu'un sanctuaire apparaisse, il faut qu'un sanctuaire disparaisse'."<br />

Et Bossuet, prémonitoirement : "Quand Dieu efface, c'est qu'il va écrire."<br />

Si vous refeuilletez les prophéties <strong>de</strong> Nostradamus, c'est sans surprise que vous y trouverez <strong><strong>de</strong>s</strong> termes<br />

sans équivoque.<br />

(centurie 2/XXVII)<br />

<strong>Le</strong> divin verbe sera du sol frappé,<br />

Qui ne pourra procé<strong>de</strong>r plus avant :<br />

Du resserrant le secret estoupé,<br />

qu'on marchera par <strong><strong>de</strong>s</strong>sus et <strong>de</strong>vant.<br />

Comment notre humanité, imbue <strong>de</strong> sa gran<strong>de</strong>ur, va-t-elle réagir ?<br />

On ne détruit pas <strong><strong>de</strong>s</strong> tabous aussi soli<strong>de</strong>ment ancrés sans créer <strong><strong>de</strong>s</strong> révoltes et <strong><strong>de</strong>s</strong> tragédies. Un sacré<br />

chamboulement en perspective !<br />

Ce chamboulement <strong><strong>de</strong>s</strong> idées périmées qui va créer une crise existentielle énorme dans notre mon<strong>de</strong><br />

occi<strong>de</strong>ntal semble étrangement parallèle avec celle que connurent nos ancêtres contemporains <strong>de</strong> Jésus. On<br />

semble l'avoir oublié mais ce fut un "bor<strong>de</strong>l" monstre. Tout était remis en questions et les vieux dogmes<br />

comme les vieilles croyances s'effondraient puis disparaissaient car ils ne pouvaient s'adapter comme l'Église,<br />

actuellement, ne peut le faire : il faudrait qu'elle change ses dogmes mais elle ne le peut pas puisqu'ils sont<br />

immuables. Ce qui fit sa force et <strong>de</strong>vient sa faiblesse.<br />

Elle n'a pas su comprendre le sens <strong><strong>de</strong>s</strong> mystères qu'elle détenait. Elle ne le pouvait pas.<br />

<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> est en voie d'enfantement et l'enfantement se fait dans la douleur.<br />

Nostradamus prédit ailleurs :<br />

(centurie 1/XV)<br />

Mars nous menace par la force bellique,<br />

Septante fois fera le sang espandre :<br />

Auge et ruyne <strong>de</strong> l'ecclésiastique<br />

et plus ceux qui d'eux rien voudront entendre.<br />

(centurie 8/XCVI)<br />

La synagogue stérile sans nul fruit<br />

Sera receuë entre les infidèles<br />

De Babylon la fille du poursuit<br />

Misera et triste tranchera les ailes.<br />

De même, en 1595, St Malachie prédisait qu'il restait 111 papes à couronner. Il les surnommait et en<br />

définissait les caractéristiques qui se révélèrent, en majorité, exactes. <strong>Le</strong> <strong>de</strong>rnier pape, Pierre II, serait élu aux<br />

environ <strong>de</strong> l'an 2.000...<br />

Que l'on croie ou que l'on ne croie pas aux prophéties <strong>de</strong> Nostradamus et <strong>de</strong> Malachie, cela n'a guère<br />

d'importance car les faits sont là, in.du.bi.ta.bles.


C'est prodigieux !<br />

Et c'est effrayant !<br />

187

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