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Les clefs des Portes de demain - Le chasseur abstrait

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changé <strong>de</strong>puis bien longtemps. Puis "Placez-vous le long du mur, regar<strong>de</strong>z-nous !" flash ! "Tournez-vous à<br />

gauche !" reflash !. "Tournez-vous à droite !" rereflash ! "Vous pouvez aller !"<br />

Et nous entrons, dans une troisième pièce, pour nous présenter à un brave et vieux toubib : "Torse nu !<br />

Toussez ! Baissez le pantalon ! Rhabillez-vous !"<br />

Enfin ! c'est terminé. Nous sommes enregistrés, dépecés, fichés, catalogués.<br />

Devant la porte, par terre, 1 matelas en mousse, sa housse, 1 traversin, sa housse, 2 draps, 4 couvertures.<br />

Nous n'avons qu'à saisir notre barda et suivre notre maton jusqu'à la cellule N° 4.<br />

Nous sommes à peine arrivés <strong>de</strong>puis 20 minutes que la porte s'ouvre et qu'un maton nous crie : "Au<br />

barbier !" On suit jusqu'à la pièce où nous avait déjà palpés le toubib. Je me rase avec un rasoir électrique<br />

pendant qu'un détenu coupe les cheveux <strong>de</strong> Philippe. <strong><strong>Le</strong>s</strong> cheveux sérieusement éclaircis, il s'attaque à la<br />

magnifique moustache <strong>de</strong> son client qui râle comme si on l'égorgeait. <strong>Le</strong> maton est inflexible. <strong>Le</strong>vasseur ferme<br />

les yeux ; j'ai les larmes aux bords <strong><strong>de</strong>s</strong> miens car je m'aperçois que le pauvre <strong>Le</strong>vasseur apparaît défiguré : il<br />

n'a plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts à la mâchoire supérieure et c'est pour cela qu'il portait une moustache.<br />

Mes cheveux, ça va, mais je saigne au menton car si la tête du rasoir a été neuve, c'était il y a bien<br />

longtemps. Ça arrache ! La tête neuve a bien été achetée, me dit-on, mais elle a dû s'éva<strong>de</strong>r avant d'arriver.<br />

Retour en cellule.<br />

11 h. 30. Sonnerie. La soupe ! 2 détenus accompagnés la distribuent : tomates vinaigrette, purée-boudin,<br />

poire. C'est fa<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>vasseur ne mange presque pas. J'ai faim, je mange. Avec un verre d'eau javellisée du<br />

robinet.<br />

Depuis 10 h., RTL nous serine en continu, par haut parleur.<br />

<strong>Le</strong> chauffage ? 2 tuyaux placés trop haut, à 2 m au moins. Nous avons les pieds glacés même avec une<br />

serpillière boudinée en bas <strong>de</strong> la porte.<br />

Un maton nous propose 3 livres pour passer le temps en attendant vendredi, la distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> livres <strong>de</strong> la<br />

bibliothèque ne se faisant qu'une fois par semaine, ce jour là. Je les refuse.<br />

17 h. Souper. 17 h. 30, c'est terminé ! La soirée et la nuit vont être longues jusqu'au réveil, <strong>de</strong>main matin,<br />

à 6 h. 45. Et il paraît que, le dimanche, le souper est servi à 16 h. 30 et le couvre feu sonné avant 18 h. Ça<br />

promet.<br />

8<br />

24 Mars<br />

Ce matin, regardant ma cellule N° 4, j'ai le cafard. Une petite, toute petite cellule avec <strong>de</strong>ux lits<br />

superposés, un troisième plié en <strong><strong>de</strong>s</strong>sous, une petite table, trois tabourets, un lavabo, <strong>de</strong>ux petites armoires en<br />

éléments suspendus. Au fond, dans le coin droit, sous la fenêtre aux <strong>de</strong>ux rangées <strong>de</strong> lourds barreaux<br />

protégés <strong>de</strong> l'extérieur par un grillage, le trou <strong><strong>de</strong>s</strong> WC avec une chasse d'eau et un muret <strong>de</strong> 80 cm environ. A<br />

côté, un lavabo. Des murs en béton peints d'un bleu pâle.<br />

Un judas rond dans la porte. Un autre rectangulaire.<br />

Dehors, le hall avec, à chaque extrémité, d'imposantes grilles couvrant toute la hauteur et toute la largeur.<br />

Derrière, côté entrée, un couloir et une <strong>de</strong>uxième grille. Puis le poste <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />

A chaque porte, une serrure colossale et <strong>de</strong>ux verrous <strong>de</strong> sécurité aussi volumineux. <strong>Le</strong> surveillant - car ce<br />

ne sont pas <strong><strong>de</strong>s</strong> gardiens, termes réservés aux gardiens d'animaux mais <strong><strong>de</strong>s</strong> surveillants, ainsi que nous l'a<br />

récité l'un d'eux, le noir du groupe - donc, le surveillant n'ouvre et ne ferme les portes qu'avec sa grosse clef<br />

qui ne le quitte pas. Il en a d'ailleurs continuellement, sur lui, trois ou quatre autres plus petites dont le<br />

cliquettement le précè<strong>de</strong> comme la cloche <strong><strong>de</strong>s</strong> vaches en montagne...<br />

<strong>Le</strong> bruit <strong>de</strong> ferraille d'ouverture et <strong>de</strong> fermeture <strong><strong>de</strong>s</strong> portes est démoralisant. Un cliquetis. Des pas qui<br />

approchent et résonnent en approchant. Un bruit <strong>de</strong> ferraille dans la serrure, la porte s'ouvre. La porte se<br />

ferme et claque. Un bruit <strong>de</strong> ferraille. Cliquetis, bruit <strong>de</strong> ferraille à gauche. Cliquetis, bruit <strong>de</strong> ferraille à droite.<br />

Puis plus loin.<br />

Pendant la promena<strong>de</strong>, prise <strong>de</strong> sang.<br />

Cafard.<br />

Je n'ai pratiquement pas dormi. Jusqu'ici, les événements se succédant <strong>de</strong> plus en plus surprenants et

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