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La symbolique du noir chez les Abbassides Résumé Les califes ...

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dans toutes <strong>les</strong> cultures. Pastoureau présente le corbeau comme le « premier oiseau<br />

nommé par la Bible, et deuxième animal après le serpent-apparaît comme une créature<br />

négative, un être charognard, un ennemi de Dieu. Ce qu‟il restera tout au long de<br />

l‟Ancien Testament, vivant dans <strong>les</strong> ruines, dévorant <strong>les</strong> cadavres, crevant <strong>les</strong> yeux des<br />

hommes pécheurs. <strong>La</strong> colombe, au contraire est obéissante et pacifique. Dès lors,<br />

chacun des deux oiseaux transmet à sa couleur la <strong>symbolique</strong> qui est la sienne dans<br />

l‟histoire de l‟arche : le blanc est pur et vertueux, signe de vie et d‟espérance ; le <strong>noir</strong> est<br />

sale et corrompu, signe de péché et de mort 1 ... » Ce signe de mauvaise augure précédant<br />

la dernière bataille a annoncé au dernier calife omeyyade sa défaite et sa mort (un<br />

nuage <strong>noir</strong>). Ses hommes ont également eu peur et se sont découragés. Le terme utilisé<br />

pour désigner la victoire des „<strong>Abbassides</strong> est Yusawwâdû : « s‟habiller en <strong>noir</strong> » c‟est-àdire<br />

adopter l‟idéologie „abbasside au Khurâsân 2 . <strong>Les</strong> <strong>Abbassides</strong> et leurs sympathisants<br />

sont appelés al-Mussawîda 3 « ceux qui portent le <strong>noir</strong> ». Le <strong>noir</strong> était devenu une<br />

couleur politique.<br />

Une couleur <strong>du</strong> pouvoir<br />

Le <strong>noir</strong> est l‟absence de toute couleur. Le terme premier pour désigner le <strong>noir</strong>, en arabe,<br />

est l‟adjectif « aswad »/ « sawdâʼ ».<strong>La</strong> même racine s-w-d nous donne<br />

l‟adjectif « aswad » (<strong>noir</strong>) et le substantif « sayyid » (cf. le Sid) : le chef, le maître.Cette<br />

parenté étymologique et sémantique ne semble pas fortuite. <strong>La</strong> racine, avec ses deux<br />

dérivés, a tout l‟air d‟impliquer une notion de pouvoir, d‟autorité, de dignité. <strong>Les</strong><br />

Arabes ont-ils senti dans le <strong>noir</strong> une couleur maîtresse, qui aurait exercé sur eux une<br />

fascination mêlée de crainte ? Le <strong>noir</strong>, c‟est à proprement parler l‟ombre, l‟obscurité, la<br />

nuit, le mystère qui imposent le respect. Le <strong>noir</strong>, c‟est la livrée de la mort, <strong>du</strong> deuil et<br />

de toutes <strong>les</strong> tristesses. <strong>La</strong> tradition de nos vêtements de deuil vient de loin<br />

(Chine,Grèce,Inde,Perse). Comme l‟indique Pastoureau, cette couleur joue un rôle très<br />

particulier dans un très grand nombre de cultures. Condensant à la fois l‟imaginaire de<br />

la mort, de la nuit et des origines, elle semble bien armée pour s‟ancrer de façon ferme<br />

dans nos esprits. <strong>La</strong> couleur est envisagée, au niveau purement perceptif, avec ses trois<br />

variantes sensoriel<strong>les</strong> de tonalité(« couleur » au sens strict <strong>du</strong> terme),luminosité ou<br />

leucie(« valeur » des peintres) et saturation(« vivacité » ou « intensité » de la<br />

couleur) :ce sont <strong>les</strong> trois composantes psycho-physiologiques de la couleur. Le <strong>noir</strong><br />

n‟est pas une couleur pas plus d‟ailleurs que le blanc. Si le blanc est la réunion de<br />

toutes <strong>les</strong> couleurs, le <strong>noir</strong> est l‟absence de toute couleur, c‟est-à-dire de toute lumière.<br />

1<br />

Pastoureau Michel (2008),Noir Histoire d’une couleur, Editions <strong>du</strong> Seuil, ,Paris,p.47-48<br />

2 ème<br />

Un auteur <strong>du</strong> III siècle de l‟Hégire(1997), Akhbâr al-Dawla al-‘Abassia wa fîh Akhbâr al-‘Abbas wa<br />

waladihi, Beirut, p. 275.<br />

3 ème<br />

Un auteur <strong>du</strong> III siècle de l‟Hégire, Op. cit., p. 290.<br />

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