Téléchargez Plaisir(s) n°15... - Château de la Roche-Guyon
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p<strong>la</strong>isir(s)<br />
JOURNAL DU CHÂTEAU DE LA ROCHE-GUYON<br />
Bibliothèque nationale <strong>de</strong> France<br />
Le retour <strong>de</strong>s<br />
globes<br />
(e)xposition /<br />
Un rêve <strong>de</strong> lumières<br />
Ces <strong>de</strong>ux très beaux objets<br />
vont retrouver, le temps d’une<br />
exposition, <strong>la</strong> bibliothèque du<br />
château. Les globes <strong>de</strong> l’abbé<br />
Nollet sont <strong>de</strong>s chefs d’œuvres<br />
d’ébénisterie et <strong>de</strong> précieux<br />
outils scientifiques, surtout en<br />
ce qu’ils disent <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s<br />
sciences au siècle <strong>de</strong>s Lumières.<br />
Et plus encore, peut-être, par ce<br />
qu’ils expriment d’aspirations<br />
à ouvrir l’univers : sur terre,<br />
avec les grands voyages <strong>de</strong><br />
découvertes, et dans le ciel<br />
en donnant à rêver sur les<br />
phénomènes électriques et<br />
sur une nouvelle vision <strong>de</strong>s<br />
constel<strong>la</strong>tions.<br />
lire pages 6 et 7<br />
Sur un rythme<br />
lent<br />
(e)xposition /<br />
Ici sont passés...<br />
Le jardin ang<strong>la</strong>is du château, avec<br />
les traces peu à peu lisibles <strong>de</strong> sa<br />
“promena<strong>de</strong> sublime”, est d’autant<br />
plus fort qu’il ne donne pas tout au<br />
premier regard. Il capte, il capture<br />
ceux qui le traversent. Trois artistes<br />
qui travaillent avec <strong>la</strong> photographie<br />
y sont venus et revenus, avec <strong>de</strong>s<br />
invités, avec <strong>de</strong>s objets ou <strong>de</strong>s outils<br />
qui les aidaient à faire parler le<br />
jardin. Ce qu’il a fait, répondant à<br />
sa façon à chacun. Ici sont passés…<br />
expose, dans les communs du<br />
château, cette approche parfois<br />
lente, saisissante.<br />
lire pages 4 et 5<br />
- établissement public <strong>de</strong> coopération culturelle<br />
créé et soutenu par le département du Val d’Oise<br />
2O13<br />
#15<br />
L ’ a r t e s t b e a u m a i s d e m a n d e b i e n d u t r a v a i l . K a r l V a l e n t i n<br />
En rouge et noir<br />
(m)anifestation /<br />
P<strong>la</strong>ntes <strong>P<strong>la</strong>isir</strong>s Passions<br />
On ne présente plus Thierry Huau,<br />
architecte DPLG, créateur <strong>de</strong> jardins<br />
et d’aménagements urbains dans le<br />
mon<strong>de</strong> entier (récemment : Terra Botanica<br />
à Angers). Depuis le printemps<br />
2009, il invite chaque année pour<br />
P<strong>la</strong>ntes, <strong>P<strong>la</strong>isir</strong>s, Passions <strong>la</strong> crème<br />
<strong>de</strong>s horticulteurs et pépiniéristes.<br />
P<strong>la</strong>ntes rares, soli<strong>de</strong>s et rustiques,<br />
cultivées en “bio” retrouveront cette<br />
année <strong>la</strong> cour d’honneur du château.<br />
lire page 15<br />
Page centrale<br />
(d)essin / Martin Jarrie<br />
ÉDITO<br />
Chers amis lecteurs,<br />
Vous tenez entre vos mains le quinzième<br />
numéro <strong>de</strong> notre journal créé en juin<br />
2006 ; il convient aujourd’hui pour ceux<br />
qui le découvrent <strong>de</strong> rappeler l’origine <strong>de</strong><br />
son nom tiré <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>vise <strong>de</strong>s La <strong>Roche</strong>foucauld<br />
qui figure sur les poutres du plus<br />
grand <strong>de</strong>s salons : « c’est mon p<strong>la</strong>isir ».<br />
C’est maintenant le nôtre <strong>de</strong> vous offrir<br />
<strong>la</strong> vie qui irrigue le site, comme en témoignent<br />
les pages qui suivent, et c’est le<br />
vôtre d’en jouir à votre guise. À commencer,<br />
je l’espère, par <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle<br />
version <strong>de</strong> ce que nous avons voulu<br />
affirmer comme un véritable journal,<br />
imprimé sur du papier ad hoc dans une<br />
imprimerie <strong>de</strong> presse, en format tabloïd,<br />
avec en ca<strong>de</strong>au une double page centrale<br />
à détacher offerte par Martin Jarrie.<br />
<strong>P<strong>la</strong>isir</strong>(s) est bien plus qu’un programme<br />
<strong>de</strong> nos activités, il nous raconte, nous<br />
donne à lire, nous et ceux que nous accueillons,<br />
les artistes qui viennent ici<br />
faire <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> travail, les étudiants<br />
pour lesquels nous sommes un<br />
terrain d’aventures créatrices, et tous les<br />
métiers qui comprennent ce que Frédéric<br />
Révérend - dont vous retrouverez bien<br />
sûr <strong>la</strong> chronique - a un jour appelé notre<br />
« écosystème ».<br />
...suite page 2
ADVO<br />
02<br />
Édito - suite<br />
<strong>P<strong>la</strong>isir</strong>(s) avec un s, au-<strong>de</strong>là d’un support<br />
<strong>de</strong> communication est un objet culturel,<br />
il est pour nous dans sa composition, son<br />
contenu, le ton qui est le sien, une composante<br />
essentielle du projet qui se développe<br />
ici sur un rythme favorisant <strong>la</strong> pensée<br />
et <strong>la</strong> réflexion où <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l’écrit, du<br />
livre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> lecture est centrale.<br />
Le projet en marche d’une « fabrique »,<br />
une fabrique sociale d’art et <strong>de</strong> culture,<br />
indéfectiblement soutenue par le Département<br />
malgré les difficultés <strong>de</strong>s collectivités<br />
territoriales, et j’en remercie ici le<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> notre établissement, Gérard<br />
Lambert-Motte.<br />
Après <strong>la</strong> magnifique aventure <strong>de</strong> trois<br />
années du Musée Éphémère dont un<br />
très beau livre conserve à jamais <strong>la</strong> trace,<br />
nous avons conçu pour vous, chers lecteurs-visiteurs,<br />
<strong>de</strong>ux expositions intimement<br />
liées au château et à sa vie : Ici sont<br />
passés… et Un rêve <strong>de</strong> Lumières. Le titre<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> première est emprunté à un graffiti<br />
découvert dans le Jardin ang<strong>la</strong>is et celui<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> rassemble dans un même<br />
mouvement le patrimoine scientifique<br />
du XVIII e siècle et, en dialogue avec lui, <strong>la</strong><br />
création artistique d’aujourd’hui.<br />
Avec vous, amis lecteurs-visiteurs, faisons<br />
un rêve, celui <strong>de</strong> contribuer mo<strong>de</strong>stement<br />
à un mon<strong>de</strong> plus vivable, plus juste<br />
et plus fraternel.<br />
Un rêve <strong>de</strong> Lumières…<br />
YC<br />
<strong>de</strong>rnière minute !<br />
(e)xposition /<br />
P<strong>la</strong>ns terriers<br />
Les archives départementales du Val<br />
d’Oise conservent l’un <strong>de</strong>s trésors<br />
du château : les p<strong>la</strong>ns terriers du duché,<br />
qui figuraient dans le chartrier.<br />
Christophe Morin, historien d’architecture,<br />
conçoit pour nous une exposition<br />
itinérante sur ce thème.<br />
Impossible d’exposer les précieux<br />
volumes reliés <strong>de</strong> cuirs, et leurs<br />
cartes illustrées <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins aquarellés<br />
très précis : pas une maison, pas<br />
un arbre n’y manque. Elles seront<br />
donc reproduites photographiquement,<br />
les plus belles en taille réelle,<br />
le “clou“ <strong>de</strong> l’exposition étant constitué<br />
par une nouvelle acquisition <strong>de</strong>s<br />
archives du Val d’Oise, un grand p<strong>la</strong>n<br />
du château et <strong>de</strong> ses jardins.<br />
La chronique <strong>de</strong> Frédéric Révérend<br />
Le 12 décembre 2012, le château <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> a fêté <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />
rêverie collective sur <strong>la</strong> fin du mon<strong>de</strong> en instaurant un ordre très sérieux,<br />
celui du Grand Rhinolophe, avec distribution <strong>de</strong> masques, intronisation<br />
du grand maître Christian Broutin, banquet et contributions diverses.<br />
Frédéric Révérend a composé en l’honneur <strong>de</strong> ce fragile mammifère vo<strong>la</strong>nt<br />
l’hymne que vous pourrez lire ici : belle matière à méditer, sur <strong>la</strong><br />
peur, le temps qui passe, <strong>la</strong> fragilité et <strong>la</strong> douceur <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie.<br />
Décoction du silence et reine <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit<br />
Résidu entêté, résidant sans racine,<br />
En peau <strong>de</strong> parapluie, avec un cœur poilu,<br />
Ombre <strong>de</strong> l’ombre, mais vivace et mutine,<br />
Invisible, inouïe, à vitesse imprévue,<br />
Préservée, par <strong>la</strong> nuit, <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rté qui mord,<br />
Noir sur noir, hors <strong>de</strong> vue, hors-<strong>de</strong>stin, hors calcul,<br />
Quand tout est aboli, tu récalcitres encore.<br />
Tu vires, et voltes, et soudain circonvules,<br />
Tu voles en palindrome et en boustrophédon.<br />
Ultrasonnons, à tout radar, ultrasonnons :<br />
Salut à toi, Grand Rhinolophe,<br />
Chauve-souris au sourire si doux !<br />
Salut à toi, Grand Rhinolophe<br />
Et chapeau bas, pour l’animal tabou !<br />
Tu es ce qui est encore là,<br />
Qui n’a pas tout à fait disparu,<br />
Ce qui n’arrive que rarement,<br />
Dont on ne profitera pas plus tard,<br />
Qui ne sera jamais plus pareil,<br />
Ce qui a lieu seulement ce soir,<br />
Ce qui passe dans notre sommeil,<br />
Ce frisson qui dresse nos cheveux.<br />
<strong>de</strong>ssin Christian Broutin<br />
Rhinolophe<br />
Le vol est lent, papillonnant, avec<br />
<strong>de</strong> brèves glissa<strong>de</strong>s.<br />
Le plus grand <strong>de</strong>s rhinolophes<br />
européens a une longueur tête<br />
et corps <strong>de</strong> 57-71 mm, un avantbras<br />
<strong>de</strong> 54-61 mm, <strong>de</strong>s oreilles<br />
<strong>de</strong> 20-26 mm, une envergure <strong>de</strong><br />
350-400 mm et un poids <strong>de</strong> 17-<br />
35g. Son pe<strong>la</strong>ge est roussâtre sur<br />
le dos <strong>de</strong> l’adulte, plus gris chez le<br />
jeune, sa face ventrale gris-b<strong>la</strong>nc à<br />
b<strong>la</strong>nc-jaunâtre. Pour l’hibernage,<br />
le Grand rhinolophe choisit <strong>de</strong>s<br />
abris souterrains dont <strong>la</strong> température<br />
ambiante se situe entre 7°<br />
et 11°C et dont l’humidité est très<br />
forte. Pour <strong>la</strong> mise-bas, le Grand<br />
rhinolophe a besoin <strong>de</strong> gîtes <strong>de</strong><br />
grands volumes, au moins cent<br />
m 3 , qu’il peut accé<strong>de</strong>r en vol et<br />
dans lesquels il peut évoluer facilement.<br />
Dans nos régions, les<br />
différents types <strong>de</strong> gîtes sont principalement<br />
les greniers chauds et<br />
peu dérangés comme les combles<br />
<strong>de</strong>s églises et <strong>de</strong>s châteaux, les<br />
granges inutilisées, ou les gran<strong>de</strong>s<br />
caves chau<strong>de</strong>s et les parties épigées<br />
<strong>de</strong>s ouvrages militaires<br />
comme les salles <strong>de</strong>s superstructures<br />
et les tourelles <strong>de</strong> tir recouvertes<br />
<strong>de</strong> blindage en acier.<br />
Source : Société française pour l’étu<strong>de</strong><br />
et <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s mammifères<br />
Muséum d’Histoire Naturelle<br />
Parc Saint-Paul 18000 Bourges<br />
Atelier d’écriture<br />
En raison du succès rencontré par<br />
l’atelier d’écriture <strong>de</strong> Frédéric Révérend,<br />
nous avons le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong><br />
vous proposer un nouveau cycle<br />
<strong>de</strong> quatre mois, <strong>de</strong> mars à juin.<br />
Poursuite du précé<strong>de</strong>nt pour ceux<br />
qui le pratiquaient déjà, initiation<br />
pour les autres, il se p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong><br />
perspective d’un nouveau cycle qui<br />
s’ouvrira en septembre prochain.<br />
Plusieurs types d’approches seront abordés<br />
:<br />
- Trouver en chacun comment déclencher<br />
l’écriture<br />
- Mieux approfondir l’écriture <strong>de</strong> dialogues<br />
- Apprendre à construire une fiction<br />
- Travailler sur plusieurs genres littéraires<br />
L’écriture est un matériau qu’il<br />
faut stimuler, il faut fournir <strong>de</strong>s<br />
outils pour mettre en forme ce<br />
matériau : apprendre à manier<br />
l’imaginaire et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, ruser<br />
avec soi-même pour trouver le<br />
matériau nécessaire à l’écriture.<br />
FR
On range le Musée éphémère<br />
C’est une idée <strong>de</strong> Jean Le Gac, mise<br />
en œuvre avec Evelyne Artaud : une<br />
génération d’artistes s’expose, sans<br />
directives, sans autre choix que<br />
chacun le sien, et tous conscients<br />
d’avoir bien agité les questions <strong>de</strong><br />
l’art et <strong>de</strong> continuer à le faire.<br />
En trois ans et six emménagements,<br />
le Musée éphémère avait<br />
pris possession du château, les<br />
œuvres ont pris les murs, les<br />
niches, les caves, épousé les escaliers,<br />
en invitées très libres. Dans<br />
l’escalier d’honneur ont voisiné et<br />
“cueilli“ les visiteurs : une gran<strong>de</strong><br />
cor<strong>de</strong> <strong>de</strong> Vial<strong>la</strong>t, <strong>de</strong>s objets déposés<br />
par Bouillon, les Sol-murs <strong>de</strong><br />
Patrick Saytour. À <strong>la</strong> bibliothèque,<br />
on a pu voir les outils <strong>de</strong> Christian<br />
Jaccard, nœuds aussi serrés que<br />
<strong>de</strong>s signes typographiques d’un<br />
livre, et aussi riches d’énergie et <strong>de</strong><br />
pensée que les livres jamais écrits<br />
d’A<strong>la</strong>in Fleischer…<br />
Toutes ces rencontres entre les<br />
œuvres et les lieux ont eu cette<br />
même puissance. Le château en a<br />
reçu une vie intense, qui se pro-<br />
longe, palpite en quelques signes<br />
discrets : Jean-Luc Parant ne pouvait<br />
quitter le cabinet <strong>de</strong> curiosités<br />
sans y <strong>la</strong>isser quelque empreinte.<br />
L’Echappée III <strong>de</strong> Bernard Pagès<br />
fera signe encore un moment au<br />
château et à <strong>la</strong> Seine. Mais les <strong>de</strong>ssins<br />
d’Ernest Pignon-Ernest ne tireront<br />
plus le regard au fond d’un<br />
couloir, <strong>la</strong> Haie joyeuse et colorée<br />
<strong>de</strong> Daniel Buren (réalisée par les<br />
techniciens du château) est réduite<br />
en petit bois, Ca<strong>de</strong>re, au ciel,<br />
a repris son bâton <strong>de</strong> marche. La<br />
réunion <strong>de</strong> tous ces grands inventeurs<br />
<strong>de</strong>s années soixante-dix est<br />
dissoute, chacun continue à vivre<br />
sa vie, y compris les invités qui ne<br />
sont plus <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> galerie<br />
en rétrospective.<br />
Le Musée éphémère a été comme<br />
une grandiose cour <strong>de</strong> récréation,<br />
avec jeux, disputes, frottements,<br />
et “ban<strong>de</strong>s-à-part“. Il nous en<br />
reste, plus que du regret, <strong>la</strong> joie<br />
<strong>de</strong> cette expérience d’artistes, et<br />
<strong>la</strong> mémoire vive. Et un gros catalogue,<br />
qui nous rappelle que cette<br />
récréation est avant tout création.<br />
Christine Frie<strong>de</strong>l<br />
Catalogue Le Musée éphémère,<br />
édité par Nova éditions, novembre<br />
2012 - 454 pages - 50€ en vente<br />
à <strong>la</strong> boutique du château et dans<br />
toutes les bonnes librairies<br />
photographies : Pauline Fouché<br />
03
04<br />
(e)xposition /<br />
Sur un rythme lent<br />
Longtemps, le jardin ang<strong>la</strong>is tracé<br />
au milieu du XVIII e siècle est resté<br />
caché sous le foisonnement <strong>de</strong> ses<br />
arbres. Seules les cimes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
ou trois cèdres le signa<strong>la</strong>ient, <strong>de</strong><br />
loin. Pourtant, il s’ouvre peu à<br />
peu à quelques visiteurs curieux.<br />
La gran<strong>de</strong> casca<strong>de</strong> a accueilli <strong>de</strong>s<br />
concerts, <strong>de</strong>s spectacles. La “promena<strong>de</strong><br />
sublime“, étudiée par<br />
Gabriel Wick et travaillée discrètement<br />
par les jardiniers du château<br />
sous <strong>la</strong> conduite d’Antoine Quenar<strong>de</strong>l<br />
etEmmaneulle Bouffé, se<br />
re<strong>de</strong>ssine, sans se dévoiler complètement.<br />
On vient d’y découvrir<br />
un “nouveau“ banc <strong>de</strong> pierre.<br />
Des arbres sont morts, <strong>de</strong>s perspectives<br />
et points <strong>de</strong> vue bouchés<br />
sont à nouveau dégagés. Le temps<br />
est passé sur ses fabriques, grottes<br />
et salles fraîches longtemps à<br />
l’abandon, peut-être jamais achevées.<br />
Le projet Ici sont passés... rend<br />
compte <strong>de</strong> ce passage. À l’invitation<br />
<strong>de</strong> l’établissement public,<br />
Pauline Fouché, Olivier Lapert et<br />
Catherine Pachowski, tous trois<br />
passés par l’École Nationale Supérieure<br />
d’Arts <strong>de</strong> Paris-Cergy, ont<br />
pris le temps <strong>de</strong> leur intervention<br />
d’artiste dans le jardin, chacun à<br />
son rythme. Ils l’ont fait <strong>de</strong> façon<br />
Olivier Lapert<br />
Lorsque je reviens vers le château <strong>de</strong><br />
La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, après une journée<br />
passée dans le jardin ang<strong>la</strong>is, je <strong>la</strong>isse<br />
<strong>de</strong>rrière moi, dans le troisième virage<br />
du chemin creusé dans <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise calcaire,<br />
une bibliothèque qui s’appuie<br />
sur <strong>la</strong> paroi. J’ai déposé sur les étagères<br />
les silex que j’ai g<strong>la</strong>nés pendant<br />
<strong>de</strong>s mois. Un peu plus haut encore, au<br />
bout <strong>de</strong>s escaliers qui tombent sur <strong>la</strong><br />
casca<strong>de</strong> asséchée, une grotte contient<br />
<strong>de</strong>ux siècles d’inscriptions sauvages.<br />
Quelque part à côté, dans <strong>la</strong> végétation,<br />
j’ai disposé un piège photographique<br />
itinérant, je cherche à capturer<br />
l’image <strong>de</strong>s habitants du parc avec<br />
le leurre du moment. Enfin, tout en<br />
haut <strong>de</strong> <strong>la</strong> montée, près <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />
néoc<strong>la</strong>ssique en ruine que j’ai rénovée,<br />
le grand marronnier ma<strong>la</strong><strong>de</strong> m’a<br />
servi <strong>de</strong> rampe <strong>de</strong> <strong>la</strong>ncement pour <strong>la</strong><br />
chute <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière feuille du parc en<br />
hiver. Tout ce<strong>la</strong> sera aussi présent plus<br />
bas dans l’exposition Ici sont passés...<br />
insolite et délicate, face à <strong>la</strong> masse<br />
<strong>de</strong>s arbres, à l’épaisseur du silence<br />
habité <strong>de</strong> présences furtives. Ils<br />
exposent leurs images et leur démarche<br />
<strong>de</strong> travail, ou leur marche,<br />
dans ce jardin qu’ils ont parcouru,<br />
exploré, interrogé, frotté, aimé.<br />
Catherine Pachowski s’y est immergée<br />
<strong>de</strong>ux mois, y a mis en<br />
scène les personnes qu’elle avait<br />
invitées, pour écrire avec <strong>la</strong> lumière<br />
une légen<strong>de</strong> muette. Puis<br />
elle l’a quitté. Pauline Fouché a<br />
<strong>de</strong>mandé à ses hôtes <strong>de</strong> voir le<br />
jardin à travers un “miroir noir“,<br />
étrange outil <strong>de</strong> peintre où l’on ne<br />
se voit pas, et <strong>de</strong> lui raconter l’histoire<br />
qu’ils y trouvaient, encore et<br />
encore. Olivier Lapert a inventé<br />
<strong>de</strong>s inventaires, et <strong>de</strong> délicates et<br />
précises machines à images.<br />
En trois ans, leurs travaux nés <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
photographie ont fini par converger<br />
pour questionner son mystère :<br />
comme un triple éc<strong>la</strong>irage qui <strong>de</strong>nsifierait<br />
les ombres. Le jardin, mêlé<br />
d’artifice et d’une puissante nature,<br />
mérite bien ces regards intenses. Ils<br />
exposent donc, dans les communs<br />
du château, ces expériences.<br />
Le jardin les a déjà oubliés, sans<br />
doute, dans sa vigoureuse poussée.<br />
Eux, non.<br />
Ici sont passés<br />
Genèse d’un titre<br />
Devant Le jardin tombé <strong>de</strong> <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise, Chemin manquant, nous<br />
ne pouvions nous résoudre. Mémoire d’une chute ou Étu<strong>de</strong><br />
d’après nature ne disait pas tout. Le regard <strong>de</strong>s buis, Les yeux<br />
dans le virage sur Les chemins à <strong>la</strong> craie, parcouraient ce Cher<br />
jardin. Un Jardin poudré, à La roche tendre et L’œil au point,<br />
<strong>de</strong>vinrent Les raisons <strong>de</strong>s lumières emportées par Les raisons<br />
d’un jardin. Noblesse oblique d’Un jardin déterré, d’un Chemin<br />
mal tourné, <strong>de</strong> Vues remontées dans un Jardin antérieur. Après<br />
Les promena<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne et Une chute lente dans Le<br />
mont <strong>de</strong> l’attrape, sans Remp<strong>la</strong>cer un chemin par un arbre,<br />
nous arrivâmes à : Ici sont passés…
...<br />
Catherine Pachowski<br />
Il fal<strong>la</strong>it être patient pour que le jardin,<br />
clôturé et ca<strong>de</strong>nassé, seul maître<br />
à bord dans son antre, croie en notre<br />
présence. Il faisait alors ressembler<br />
<strong>la</strong> chair à ses roches, offrait un mince<br />
passage à <strong>la</strong> lumière, et nous enveloppait<br />
comme s’il vou<strong>la</strong>it nous gar<strong>de</strong>r.<br />
Ses roches, apparaissant certains<br />
jours comme une peau, en témoignaient.<br />
Sa respiration se faisait alors<br />
sentir, semb<strong>la</strong>ble au premier souffle<br />
que lui avait jadis donné <strong>la</strong> duchesse<br />
d’Enville, rythmant les pas et les silences<br />
<strong>de</strong>s érudits le traversant.<br />
Je savais où trouver du rouge, du vert,<br />
du jaune, dans les armoires <strong>de</strong>s habitants<br />
du vil<strong>la</strong>ge ou parmi les costumes<br />
amidonnés ayant servi à quelques<br />
festivités au château. Je connaissais<br />
les prénoms, les postures et les expressions<br />
<strong>de</strong> tous ceux que j’avais<br />
rencontrés. J’aimais prendre le thé et<br />
À lire<br />
Pierre Michon Le roi du bois (Verdier). _<br />
Arnaud Maillet Le miroir noir : Enquête<br />
sur le côté obscur du reflet. (Editions<br />
<strong>de</strong> l’Ec<strong>la</strong>t). _ Jacques Abeille Les jardins<br />
statuaires (Folio). _ Frances H. Burnett<br />
Le jardin secret (poche). _ Italo Calvino<br />
Collection <strong>de</strong> sable (Seuil).<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s nouvelles. En ces journées<br />
<strong>de</strong> juillet, je savais qui était pré-<br />
sent et qui était absent, au vil<strong>la</strong>ge et<br />
au château. J’aimais arrêter le temps<br />
en cherchant quelqu’un ou quelque<br />
chose qui n’existait pas.<br />
Pauline Fouché<br />
Mon instal<strong>la</strong>tion Miroir noir présente<br />
ma vision du jardin, vision transformée,<br />
influencée, sensibilisée par plusieurs<br />
personnes invitées à participer<br />
au projet. Je donne à voir un univers<br />
particulier, recomposé avec <strong>de</strong>s supports<br />
différents (photographies, projections,<br />
son).<br />
Dans ma démarche, le miroir noir*<br />
<strong>de</strong>vient un prétexte, un “objet pivot“.<br />
Il est le sujet permettant <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r<br />
un autre sujet : le jardin. C’est un objet<br />
étrange par sa couleur noire, et<br />
fascinant par <strong>la</strong> texture visuelle qu’il<br />
donne au paysage regardé. Chaque<br />
interprétation, née d’une rencontre<br />
triple (personnalité, miroir noir et<br />
jardin ang<strong>la</strong>is), <strong>de</strong>vient une nouvelle<br />
matière, une nouvelle composition,<br />
un nouveau point <strong>de</strong> vue.<br />
*Le miroir noir est un petit miroir <strong>de</strong> poche aussi appelé “miroir <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>“. Il était utilisé au XVIII e siècle pour regar<strong>de</strong>r les paysages et avait pour fonction <strong>de</strong> mettre à distance <strong>la</strong><br />
réalité et d’en donner une image éphémère. À noter : celui qui le regar<strong>de</strong> ne s’y voit pas.<br />
« Les œuvres exposées sont autant <strong>de</strong> traces d’instants vécus par les trois artistes<br />
dans le jardin où se confon<strong>de</strong>nt le réel et l’imaginé, le projeté, tout en <strong>la</strong>issant ouverte<br />
<strong>la</strong> porte <strong>de</strong>s possibles. »<br />
Sandra Černjul, historienne d’art<br />
Baldine Saint Girons Le sublime <strong>de</strong> Burke<br />
et son influence dans l’architecture et<br />
l’art <strong>de</strong>s jardins, 2013<br />
www.uqtr.ca/AE/vol_2/saint-girons.html<br />
VERNISSAGE SAMEDI 6 AVRIL<br />
EXPOSITION DU 7 AVRIL AU 24 NOVEMBRE<br />
NAVETTE DEPUIS PARIS SUR RÉSERVATION LE JOUR DU VERNISSAGE<br />
avec le soutien du Parc Naturel Régional du Vexin français et du <strong>la</strong>boratoire Central Dupon. Les<br />
artistes ont reçu pour leurs rési<strong>de</strong>nces en 2012 le soutien du Conseil général du Val d’Oise<br />
05
06<br />
( e ) x p o s i t i o n / U n r ê v e d e<br />
Le retour <strong>de</strong>s globes<br />
L’exposition Un rêve <strong>de</strong> lumières au <strong>Château</strong> <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> s’organise autour du prêt par <strong>la</strong> Bibliothèque<br />
nationale <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s globes terrestre et céleste <strong>de</strong> l’abbé Jean-Antoine Nollet (1700-1770). La<br />
BNF, qui les a récemment acquis, a <strong>la</strong> générosité <strong>de</strong> les rendre à leur château d’où ils étaient partis il y a<br />
vingt-cinq ans - le temps d’une exposition. À côté <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux superbes globes, d’autres machines scientifiques<br />
seront exposées, confrontées aux créations d’artistes contemporains travaillés par <strong>la</strong> lumière et le<br />
rapport aux sciences. Durant l’exposition, <strong>de</strong>ux colloques auront lieu au château, l’un sur l’Histoire <strong>de</strong>s<br />
sciences au XVIII e siècle, et le second sur le thème Art et sciences. Des visites commentées et <strong>de</strong>s ateliers<br />
pour le jeune public seront également proposés.<br />
L’abbé Nollet vulgarisateur<br />
Je n’ai jamais prétendu faire<br />
<strong>de</strong> mes leçons un spectacle<br />
<strong>de</strong> pur amusement où l’on<br />
vît répéter, sans <strong>de</strong>ssein et<br />
sans choix, un grand nombre<br />
d’expériences capables<br />
seulement d’occuper les<br />
yeux. Je crois être plus en<br />
état que personne en France<br />
<strong>de</strong> satisfaire les curieux par<br />
l’assortiment <strong>de</strong>s machines<br />
dont je suis muni, mais je<br />
serais peu f<strong>la</strong>tté qu’on ne<br />
vînt chez moi que pour y<br />
voir opérer ; et je suppose<br />
toujours une curiosité plus<br />
raisonnable dans mes<br />
auditeurs.(...)<br />
L’abbé Nollet entrepreneur<br />
Avec ces instructions et<br />
<strong>la</strong> meilleure volonté du<br />
mon<strong>de</strong>, je n’en eusse pas été<br />
beaucoup plus avancé pour<br />
l’exécution <strong>de</strong> mon projet,<br />
si une certaine <strong>de</strong>xtérité<br />
naturelle et cultivée dès<br />
l’enfance ne m’eût offert <strong>de</strong>s<br />
secours que <strong>la</strong> fortune me<br />
refusait. J’ai pris moi-même<br />
<strong>la</strong> lime et le ciseau, j’ai formé<br />
et conduit <strong>de</strong>s ouvriers pour<br />
m’ai<strong>de</strong>r, j’ai intéressé <strong>la</strong><br />
curiosité <strong>de</strong> plusieurs grands<br />
seigneurs qui ont p<strong>la</strong>cé <strong>de</strong><br />
mes ouvrages dans leurs<br />
cabinets (…), j’ai fait <strong>de</strong>ux<br />
ou trois instruments d’une<br />
même espèce afin qu’il pût<br />
m’en rester un.<br />
Préface <strong>de</strong> l’Abbé Nollet à son<br />
Programme ou idée générale d’un<br />
cours <strong>de</strong> physique expérimentale<br />
avec un catalogue raisonné <strong>de</strong>s<br />
instruments qui servent aux<br />
expériences - Paris 1738<br />
BNF<br />
photos DR<br />
Un beau paradoxe : <strong>la</strong> voûte <strong>de</strong> <strong>la</strong> tour<br />
médiévale sud-est du château n’a pas<br />
été noircie par les guerres, mais bien<br />
par les Lumières - elle a été aménagée<br />
au XVIII e siècle en observatoire.<br />
Dans une pensée nouvelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction<br />
du château et par <strong>la</strong> grâce d’une<br />
disgrâce royale l’éloignant <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour,<br />
le duc Alexandre <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>foucauld<br />
et sa fille <strong>la</strong> duchesse d’Enville ont<br />
fait <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> une sorte <strong>de</strong><br />
microcosme, d’utopie réalisée, une<br />
succursale <strong>de</strong> toutes les Académies,<br />
<strong>de</strong>s lettres, <strong>de</strong>s sciences et <strong>de</strong>s arts.<br />
Le pavillon d’Enville porte les traces<br />
<strong>de</strong> cette activité et <strong>de</strong> cet esprit essentiellement<br />
mo<strong>de</strong>rne : il réunit un<br />
grand salon décoré <strong>de</strong> tapisseries <strong>de</strong>s<br />
Gobelins, un <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> chimie,<br />
un théâtre, <strong>la</strong> bibliothèque pour <strong>la</strong>quelle<br />
ont été acquis ces fameux<br />
globes, et un cabinet <strong>de</strong> curiosités.<br />
N’oublions pas que les convictions<br />
humanistes <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille, proche <strong>de</strong>s<br />
physiocrates, se manifestent aussi<br />
par <strong>la</strong> création <strong>de</strong> manufactures, <strong>de</strong><br />
l’adduction d’eau et d’une fontaine<br />
pour le vil<strong>la</strong>ge, entre autres actions<br />
phi<strong>la</strong>nthropiques et utilitaires.<br />
Il était juste que l’établissement public<br />
du château <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>,<br />
p<strong>la</strong>cé sous l’emblème du <strong>Château</strong><br />
<strong>de</strong>s Lumières, <strong>Château</strong> citoyen, rendît<br />
hommage à cette pério<strong>de</strong> exceptionnelle<br />
en exposant ces objets exceptionnels.<br />
Il seront accompagnés d’une<br />
<strong>de</strong>mi-douzaine d’autres instruments<br />
créés par l’abbé Nollet, réunis par Anthony<br />
Turner. Le parcours même <strong>de</strong><br />
ces objets raconte toute une histoire,<br />
du cabinet <strong>de</strong> curiosités à <strong>la</strong> science.<br />
Certains viennent du musée Lambinet,<br />
à Versailles, lequel les a reçus <strong>de</strong><br />
l’ancien cabinet <strong>de</strong> physique du lycée<br />
Hoche, qui lui-même les avait hérités<br />
du pavillon <strong>de</strong>s Menus p<strong>la</strong>isirs du roi<br />
Louis XVI. On connaît le goût <strong>de</strong> celuici<br />
pour <strong>la</strong> science et <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion<br />
technique. On apprendra que l’abbé<br />
Nollet, d’assez humble origine, était<br />
autant un entrepreneur avisé - ce<br />
n’est pas pour rien que les globes sont<br />
dédiés à <strong>de</strong> puissants protecteurs et<br />
mécènes, le comte <strong>de</strong> Clermont et <strong>la</strong><br />
duchesse du Maine - qu’un vulgarisateur<br />
passionné, capable <strong>de</strong> violentes<br />
polémiques avec Benjamin Franklin<br />
sur les théories <strong>de</strong> l’électricité, et affirmant,<br />
dans ses Leçons <strong>de</strong> physique<br />
expérimentales que <strong>la</strong> physique et <strong>la</strong><br />
science sont vraiment <strong>de</strong>stinés à tous.<br />
Autour <strong>de</strong> l’exposition<br />
(c)olloque /<br />
Les sciences au siècle<br />
<strong>de</strong>s Lumières<br />
samedi 12 octobre<br />
Colloque animé par Daniel Vauge<strong>la</strong><strong>de</strong>,<br />
à l’occasion <strong>de</strong> <strong>la</strong> parution <strong>de</strong> son livre<br />
Louis Alexandre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Roche</strong>foucauld<br />
(1743-1792), voyageur, érudit et savant,<br />
avec Patrick Bret, Michèle Crogiez<br />
et Anthony Turner.<br />
À l’occasion <strong>de</strong> l’exposition <strong>de</strong> ses<br />
instruments au château, ce colloque<br />
tentera d’éc<strong>la</strong>irer les apports <strong>de</strong> l’abbé<br />
Nollet, en particulier dans <strong>la</strong> polémique<br />
qui l’a opposé à Franklin sur les<br />
théories <strong>de</strong> l’électricité. D’autre part,<br />
il cherchera, dans le cadre <strong>de</strong> l’histoire<br />
<strong>de</strong>s sciences, à dresser un panorama<br />
<strong>de</strong>s pratiques, <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s,<br />
<strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s savoirs dans ce siècle <strong>de</strong><br />
savants voyageurs.<br />
Programme en cours d’é<strong>la</strong>boration<br />
(c)olloque /<br />
Création scientifique et<br />
recherche artistique<br />
samedi 26 octobre<br />
Art et sciences, colloque animé par<br />
Don Forresta, Jacques-Émile Bertrand<br />
et Benoît Lahoz.<br />
« Aujourd’hui que nous vivons un<br />
changement <strong>de</strong> paradigme, que nous<br />
sommes pris dans une “nouvelle Renaissance“,<br />
comme l’écrit Don Foresta<br />
dans son livre Mon<strong>de</strong>s Multiples, en<br />
quoi est-il important qu’artistes et<br />
scientifiques col<strong>la</strong>borent ? Quels sont<br />
les attendus d’une telle col<strong>la</strong>boration<br />
et à quelles nécessités répond-elle ? »<br />
questionne Benoît Lahoz.<br />
Ce colloque tentera d’approfondir<br />
<strong>la</strong> part <strong>de</strong> création et <strong>de</strong> ses voies<br />
propres chez le scientifique et celle<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche et <strong>de</strong> ses métho<strong>de</strong>s<br />
chez l’artiste ; une autre entrée pour<br />
approcher le sujet <strong>de</strong>s rapports entre<br />
arts et sciences maintes fois abordé,<br />
et peut-être constater l’apparition<br />
progressive <strong>de</strong> mutants…<br />
Programme en cours d’é<strong>la</strong>boration
l u m i è r e s<br />
Lumière, un rêve d’artistes<br />
Raphaël Zarka<br />
A une p<strong>la</strong>ce prioritaire dans cette exposition<br />
consacrée aux globes et aux<br />
machines <strong>de</strong> physique <strong>de</strong> l’abbé Nollet.<br />
En 2009, au centre d’art contemporain<br />
<strong>de</strong> Chelles, les églises, il lui<br />
avait dédié son exposition. Trajectoires<br />
<strong>de</strong> skateurs en ville, monorail<br />
définitivement au repos, cônes sur un<br />
p<strong>la</strong>n incliné : les œuvres renvoient,<br />
dans une dynamique contemporaine,<br />
à une science un peu oubliée, <strong>la</strong> mécanique.<br />
Raphaël Zarka pratique <strong>la</strong><br />
sculpture, <strong>la</strong> photographie. Il revendique<br />
cette subjectivité qui passe par<br />
le choix, le cadrage et le montage <strong>de</strong><br />
fragments <strong>de</strong> réalités. « Je m’intéresse<br />
à <strong>la</strong> curiosité du collectionneur<br />
plus qu’à celle <strong>de</strong>s objets (donc aux<br />
cabinets <strong>de</strong> curiosité, sans s) ».<br />
Dominique <strong>de</strong> Beir<br />
Pratique avec simplicité une sculpture<br />
paradoxale : « je réalise d’importantes<br />
constructions architecturales<br />
où le visiteur peut se promener, mais<br />
en matériaux précaires, fragiles. » Elle<br />
troue obstinément <strong>la</strong> matière : un travail<br />
« <strong>de</strong> patience et d’impatience »<br />
pour trouver un espace lumineux ré-<br />
De Beir, La route b<strong>la</strong>nche, Brighton, 2007. photos Philip Carr<br />
versible.<br />
Elle expose à Amiens (Illuminazione),<br />
à Palerme, à Rotterdam… et a travaillé,<br />
avec <strong>la</strong> galerie Duchamp, en<br />
rési<strong>de</strong>nce à l’hôpital d’Yvetot.<br />
Sophie Bruère<br />
Se définit comme p<strong>la</strong>sticienne lumières.<br />
On ne compte plus ses mises<br />
en lumières, avec d’autres p<strong>la</strong>sticiens<br />
(dont Yann <strong>de</strong> Kersalé), au théâtre,<br />
pour <strong>de</strong>s entreprises ou <strong>de</strong>s événements.<br />
Vi<strong>de</strong>olux, son projet pour le<br />
château, inspiré par le château, réunit<br />
<strong>la</strong> technique <strong>la</strong> plus archaïque, <strong>la</strong><br />
camera obscura, et <strong>la</strong> plus actuelle, <strong>la</strong><br />
caméra vidéo, et le plus fin matériel<br />
numérique et lumineux. Tout ce<strong>la</strong>,<br />
pour rendre à <strong>la</strong> nuit <strong>la</strong> lumière prise<br />
au jour, dirons-nous pour simplifier.<br />
Geneviève Morgan<br />
Est peintre. Elle regar<strong>de</strong> le ciel nocturne,<br />
encore et encore, et peint<br />
chaque étoile, chaque constel<strong>la</strong>tion.<br />
Elle n’a aucune volonté scientifique,<br />
contrairement à l’abbé Nollet. Son<br />
souci d’exactitu<strong>de</strong> est plus philosophique<br />
: où suis-je, dans cet univers<br />
? Elle trace les constel<strong>la</strong>tions,<br />
les peuple parfois <strong>de</strong> personnages<br />
comme l’ont fait les mythologies <strong>de</strong>puis<br />
<strong>la</strong> nuit (étoilée) <strong>de</strong>s temps. Elle<br />
en redouble <strong>la</strong> présence, et le jeu <strong>de</strong><br />
l’obscurité et du jour, en usant d’une<br />
peinture accrochant <strong>la</strong> lumière noire.<br />
V<strong>la</strong>dimir Skoda<br />
Pourrait être dit « l’homme du fer ».<br />
Neveu <strong>de</strong> forgeron, passionné <strong>de</strong> mathématiques<br />
et tourneur-fraiseur, il<br />
est aussi l’homme du “faire“. La force<br />
déployée dans le travail du métal, <strong>la</strong><br />
matière, le poids, les formes géométriques<br />
orientent sa démarche artistique,<br />
commencée, entre autres, aux<br />
côtés du sculpteur César. La sphère,<br />
presque son emblème, le conduit<br />
vers « l’harmonie <strong>de</strong>s sphères » et <strong>la</strong><br />
contemp<strong>la</strong>tion du cosmos et <strong>de</strong>s lois<br />
<strong>de</strong> l’univers.<br />
Richard Penloup<br />
Reste attaché à une pratique picturale<br />
dans <strong>la</strong>quelle (il) essaie <strong>de</strong> privilégier<br />
en les juxtaposant inci<strong>de</strong>nce<br />
du hasard, processus <strong>de</strong> fabrication<br />
et (économie <strong>de</strong>s) moyens mis en<br />
œuvre : peindre avant <strong>de</strong> représen-<br />
ter ? Par goût pour l’intuition et l’improvisation,<br />
(il) envisage sa peinture<br />
comme un acte incantatoire qui vise à<br />
produire du discours sur le discours, à<br />
manifester ainsi du <strong>la</strong>ngage pour inscrire<br />
et s’inscrire dans une pratique<br />
formelle où les mots ne sont pas le reflet<br />
<strong>de</strong>s choses qu’ils désignent, mais<br />
une matière <strong>de</strong> contrefaçon ».<br />
Peintre avant tout, revendiquant le<br />
geste, Richard Penloup est directeur<br />
<strong>de</strong> l’école d’arts p<strong>la</strong>stiques <strong>de</strong> Limay<br />
et programmateur <strong>de</strong>s Réservoirs.<br />
Anne-Marie Sagaire-Durst<br />
Art therapeute, elle est une voisine<br />
<strong>de</strong> Giverny. « Les pigments et les photons<br />
sont mes amis. Je joue avec <strong>de</strong>puis<br />
ma plus tendre enfance. Je peins<br />
<strong>de</strong>s paysages vierges <strong>de</strong> toute humanité.<br />
Le cosmos est un terrain <strong>de</strong> jeu qui<br />
me fascine, <strong>de</strong>puis toujours.<br />
Un ciel étoilé aussi vertigineux soit-il,<br />
me rassure.<br />
J’imagine au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> lui, encore<br />
plus haut, plus loin, d’autres paysages<br />
où naissent <strong>de</strong> jeunes p<strong>la</strong>nètes.<br />
Autour <strong>de</strong> lointains soleils, où brillent<br />
d’inaccessibles étoiles. »<br />
VERNISSAGE SAMEDI 7 SEPTEMBRE<br />
EXPOSITION DU 8 SEPTEMBRE AU 24 NOVEMBRE<br />
NAVETTE DEPUIS PARIS SUR RÉSERVATION LE JOUR DU VERNISSAGE<br />
Zarka, La déduction <strong>de</strong> Nollet, l’expérience <strong>de</strong> Ménard, 2009. photo D. Rollin. Courtesy <strong>de</strong> l’artiste et galerie Michel Rein<br />
07
(e)xposition / Plug in<br />
Plug in, c’est une affaire <strong>de</strong> branches et <strong>de</strong> branchements. Les étudiants <strong>de</strong> l’École Nationale Supérieure d’Arts <strong>de</strong> Paris-Cergy ont sans doute leurs projets, leur<br />
idée <strong>de</strong>rrière <strong>la</strong> tête. Il s’agit <strong>de</strong> les greffer sur ce lieu particulier, vaste et compliqué, avec ses couches d’histoire et ses hectares <strong>de</strong> jardin, qu’est le château <strong>de</strong> La<br />
<strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>. C’est un ca<strong>de</strong>au, et une prise <strong>de</strong> risque : <strong>la</strong> confrontation avec un réel à part, auquel il faut être attentif, si l’on veut que <strong>la</strong> greffe prenne. Quelques<br />
idées préconçues n’ont pas résisté. Ils ont eu avec eux, pour leur poser les bonnes questions plutôt que pour leur fournir un cadre (déterminer celui-ci fait partie<br />
<strong>de</strong> l’exercice), pour les pousser dans leurs retranchements, Anne Pontet, artiste, et Jacques-Emile Bertrand, philosophe, psychanalyste et musicien, tous <strong>de</strong>ux<br />
professeurs à l’ENSAPC. Ils ont invité Noëlle Renau<strong>de</strong>, auteur dramatique, - à lire sur cette page : <strong>de</strong>ux passages d’Enquête, ou comment l’écriture advient, ou<br />
comment l’on advient à l’écriture -, à questionner avec eux les étudiants, à les solliciter sur <strong>la</strong> créativité : on est prié <strong>de</strong> ne pas s’arrêter à l’idée, par exemple. Le<br />
faire a quelque chose à nous apprendre, via quelques obstacles éventuels.<br />
Dohyeon Eom a un projet photographique à double (ou triple) détente<br />
: enregistrer les habitants du vil<strong>la</strong>ge qui n’ont pas encore visité<br />
le château. Comment imaginent-ils l’intérieur ? Une fois entrés,<br />
elle les photographiera écoutant ce qu’ils auront dit. Double étonnement,<br />
à exposer…<br />
Alice Gignier : Au sol, le tracé-relief d’un paysage, presque un<br />
jardin. Qui viendrait pousser et se développer dans le château.<br />
Fait <strong>de</strong> débris et déchets organisés, longuement travaillés.<br />
Dans une quête <strong>de</strong> nature organique, interne à <strong>la</strong> matière.<br />
Même <strong>la</strong> matière <strong>la</strong> plus pauvre et dépréciée, matière mortifiée.<br />
Dans ce grand château noble, qui a poussé sur <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise.<br />
Marin Fouque a choisi l’écriture et <strong>la</strong> performance “in vivo” : pas <strong>de</strong><br />
“visuel”. “D’ailleurs, je n’ai en règle général aucun visuel <strong>de</strong> mes<br />
travaux. Et lorsque trace il y a, je fais tout pour qu’elle soit <strong>la</strong> moins<br />
signifiante possible. Les regar<strong>de</strong>urs doivent être là pour regar<strong>de</strong>r, ou<br />
ils ne regar<strong>de</strong>nt pas“.<br />
Floriane Pilon coule in situ <strong>de</strong> petits coussins <strong>de</strong> plâtre prenant l’empreinte d’un<br />
motif décoratif et ensuite disposés (presque) au même endroit. Une instal<strong>la</strong>tion<br />
discrète : il s’agit d’énoncer quelques détails <strong>de</strong> l’espace.<br />
Carole Chevalier projette <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s peintures en réinvestissant un <strong>de</strong>s espaces<br />
troglodytes, le pigeonnier ou les casemates. “Puisqu’il est bien sûr impossible <strong>de</strong> peindre directement<br />
sur les parois (comme le voudrait peut-être <strong>la</strong> tradition iconographique troglodytique),<br />
j’ai pensé travailler sur <strong>de</strong>s films rigi<strong>de</strong>s et malléables <strong>de</strong> médiums acryliques”.<br />
Anna Ádàm et Adrien <strong>de</strong> Mones (performance) : Where the fuck is<br />
Cin<strong>de</strong>rel<strong>la</strong>? Un prince, une chaussure, <strong>de</strong>s visiteuses : « Serait-il possible<br />
d’essayer si ce soulier correspond à <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> votre pied ? ».<br />
08<br />
Projets d’étudiants Noëlle Renau<strong>de</strong><br />
Margot Hefez réinvente,<br />
avec <strong>de</strong>s drisses <strong>de</strong> marine<br />
rouges, <strong>la</strong> perspective<br />
<strong>de</strong> l’escalier troglodytique.<br />
(parler, écrire)<br />
Si le Calvados se préva<strong>la</strong>it encore<br />
d’un patois authentique et fleuri,<br />
l’Eure, que <strong>la</strong> proximité <strong>de</strong> l’Ile <strong>de</strong><br />
France avait asservi à sa norme,<br />
n’exhibait plus qu’une ombre <strong>de</strong><br />
parler ancien, comme dé<strong>la</strong>vé par<br />
les mauvais usages ou les mauvaises<br />
fréquentations.<br />
Ça par<strong>la</strong>it donc bizarrement dans<br />
les <strong>de</strong>ux familles. Si on ajoutait<br />
à ça les fantaisies <strong>la</strong>ngagières <strong>de</strong><br />
mon grand-père qui s’était inventé<br />
pour lui tout seul un répertoire <strong>de</strong><br />
locutions ahurissantes, inciviles<br />
pour <strong>la</strong> plupart, sorte d’art brut<br />
du juron dont il ne reste malheureusement<br />
plus aucune trace, le<br />
paysage sonore immédiat présentait<br />
à mes oreilles <strong>de</strong>s aspects disparates<br />
parmi lesquels il fallut peu<br />
à peu trier pour tenter <strong>de</strong> trouver<br />
<strong>la</strong> meilleure façon <strong>de</strong> s’exprimer,<br />
celle qui convenait à toutes les situations<br />
et permettait, d’une certaine<br />
manière, <strong>de</strong> passer inaperçu.<br />
J’ai vécu donc, abonnée au <strong>la</strong>tin et<br />
à <strong>la</strong> lecture, à l’analyse logique, à<br />
<strong>la</strong> traque <strong>de</strong> <strong>la</strong> faute, à l’imitation<br />
<strong>de</strong>s belles choses entendues, vérifiées<br />
après coup, une pério<strong>de</strong><br />
sco<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> mise à niveau linguistique.<br />
La <strong>la</strong>ngue dont on m’avait<br />
entourée <strong>de</strong>vait être criblée, les<br />
gros résidus éliminés. L’écriture,<br />
quand elle se présenta à moi,<br />
n’admit pas d’abord les écarts, variantes,<br />
archaïsmes, accrocs, tics<br />
familiaux que j’avais mis du temps<br />
à dissoudre. Il lui fallut, bien <strong>de</strong>s<br />
années après, prendre en compte<br />
tout ce qui n’était pas régulé, admis,<br />
normé, et réinventer alors<br />
ses propres dérèglements et impropriétés,<br />
récupérer au passage<br />
les échos anciens, emprunter aux<br />
glossaires <strong>de</strong>s régions et aux <strong>la</strong>ngues<br />
étrangères et argotiques, et<br />
à force <strong>de</strong> rumination <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngues<br />
imaginaires, popu<strong>la</strong>ires, savantes<br />
et débraillées, en arriver ou en revenir<br />
tout simplement à une <strong>la</strong>ngue<br />
parlée.<br />
La boucle<br />
Donc, peu après <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong><br />
Mantes-<strong>la</strong>-Jolie, <strong>la</strong> route s’amuse<br />
un moment avec les ron<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Seine, puis s’en écarte tout à coup<br />
pour couper à travers les p<strong>la</strong>ines,<br />
et mener le plus vite possible à<br />
Vétheuil, qu’elle traverse dans sa<br />
longueur avant <strong>de</strong> prendre le nom<br />
d’avenue C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Monet, puis <strong>de</strong><br />
route <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vallée puis <strong>de</strong> Vétheuil<br />
puis <strong>de</strong> Haute-Isle, où elle frôle <strong>de</strong><br />
nouveau <strong>la</strong> Seine et ses courbes,<br />
sans pouvoir rien faire d’autre,<br />
coincée comme elle est entre le<br />
fleuve à sa gauche et les fa<strong>la</strong>ises<br />
<strong>de</strong> craie à sa droite.<br />
Elle arrive ainsi rétrécie et bordée<br />
<strong>de</strong> verdure et <strong>de</strong> glycine et <strong>de</strong> maisons<br />
basses à La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>,<br />
passe inégalement pavée <strong>de</strong>vant<br />
<strong>la</strong> halle, le château, le donjon,<br />
s’échappe vers le haut <strong>de</strong> <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise,<br />
franchit le petit col, croise au<br />
sommet <strong>la</strong> route <strong>de</strong>s Crêtes, qui,<br />
exactement parallèle à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
vallée, ramène, après une boucle,<br />
les curieux, les promeneurs, les<br />
oisifs à Vétheuil en leur réservant<br />
un somptueux complément <strong>de</strong><br />
paysage : on surplombe <strong>de</strong> là-haut<br />
en effet les méandres fluviaux, les<br />
p<strong>la</strong>ines alluviales, les bois, les toits<br />
<strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, le donjon, les<br />
pavés mal équarris, <strong>la</strong> halle.<br />
Les textes <strong>de</strong> Noëlle Renau<strong>de</strong> sont<br />
publiés aux Éditions Théâtrales.<br />
À lire, entre autres : Divertissements<br />
touristiques (théâtre), Ma<br />
So<strong>la</strong>nge comment t’écrire mon<br />
désastre , Ales Roux (feuilleton<br />
théâtral).<br />
PARCOURS - SAMEDI 6 AVRIL<br />
PARCOURS - DIMANCHE 7 AVRIL<br />
EXPOSITION DU 6 AU 30 AVRIL<br />
NAVETTE DEPUIS PARIS SUR RÉSERVATION LE<br />
SAMEDI 6 AVRIL
Le château, cas d’école(s)<br />
Deux gran<strong>de</strong>s écoles - <strong>de</strong>s plus prestigieuses - ont choisi cette année le château<br />
<strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> comme partenaire et terrain d’exercice <strong>de</strong> <strong>la</strong> création. Les<br />
étudiants <strong>de</strong> l’ENSAPC et <strong>de</strong> l’École Nationale Supérieure <strong>de</strong>s Arts décoratif<br />
sont venus se frotter à <strong>la</strong> double force du château : d’un côté sa longue et<br />
ancienne histoire, sa puissance architecturale et <strong>de</strong> l’autre <strong>la</strong> charte novatrice<br />
<strong>de</strong> son potager, sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gilles Clément. Le lieu offre <strong>de</strong> belles sources<br />
d’inspiration et un lot impressionnant d’interrogations. Sans intimidation, on<br />
l’espère.<br />
D’autres écoles sont venues “p<strong>la</strong>ncher” sur <strong>de</strong>s projets, restés sans ambiguïté<br />
dans les cartons, (mais sait on jamais…). L’école Boulle (qu’on ne présente plus),<br />
l’école d’architecture <strong>de</strong> Rouen, avec une guinguette rêvée faisant office d’embarcadère,<br />
l’ITIN (École supérieure d’informatique, <strong>de</strong> réseaux et <strong>de</strong> systèmes<br />
d’information <strong>de</strong> Cergy-Pontoise), avec <strong>la</strong> figuration en « réalité augmentée »<br />
<strong>de</strong> l’ameublement ou du théâtre du château… Une école d’art appliqué travaille<br />
encore à titre d’exercice sur un projet <strong>de</strong> charte graphique.<br />
Donnant, donnant : le château nourrit les imaginations et en reçoit un regain<br />
<strong>de</strong> vitalité.<br />
Pour un <strong>de</strong>sign écologique <strong>de</strong> proximité<br />
L’ENSAD et le château <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> ont proposé aux étudiants<br />
(section <strong>de</strong>sign textile, matière, objets) <strong>de</strong> créer les prototypes d’un<br />
mobilier <strong>de</strong> jardin (ou toute autre invention pratique) qui inciterait les<br />
visiteurs à passer plus <strong>de</strong> temps au potager. Naturellement, le pari est<br />
<strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s objets écologiques, en utilisant les ressources disponibles<br />
sur p<strong>la</strong>ce. Visite du château et du potager, récolte <strong>de</strong> tailles <strong>de</strong><br />
saules et autres matériaux végétaux, étu<strong>de</strong>s sur <strong>la</strong> fonctionnalité, mais<br />
aussi sur l’agriculture, dans l’esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> charte du potager : le résultat<br />
est attendu pour le mois d’avril.<br />
Sous <strong>la</strong> direction d’Aurélie Mosse, Patrick Blot et Christophe Bigot, enseignants à<br />
l’ENSAD.<br />
Le Silo, à Marines<br />
Du volume magnifique d’un ancien silo à grain, Xavier Prédine a fait une cathédrale<br />
<strong>de</strong> l’art contemporain. Françoise et Jean-Philippe Bil<strong>la</strong>rant rêvaient d’être<br />
les contemporains d’Ucello ou <strong>de</strong> Poussin, et ils sont <strong>de</strong>venus collectionneurs<br />
et amis <strong>de</strong> ceux qui sont <strong>de</strong>venus les grands <strong>de</strong> l’art contemporain. Ils font visiter<br />
eux-même sur réservation, tous les quinze jours, ce lieu exceptionnel.<br />
Info pratique :<br />
Le Silo _ Route <strong>de</strong> Bréançon 95640 Marines<br />
01 42 25 22 64 _ lesilo@bil<strong>la</strong>rant.com<br />
photo André Morin art(s)<br />
Conférences sur l'art contemporain<br />
Partie <strong>de</strong> campagne(s)<br />
L’art contemporain, c’est n’importe<br />
quoi ? Que non, à entendre<br />
les cinq conférences qui ont déjà<br />
été données au château <strong>de</strong>puis<br />
l’automne 2012 (sans compter<br />
celles <strong>de</strong> 2011). L’art provoque, et<br />
ce n’est pas une provocation gratuite.<br />
Comme <strong>de</strong>s conseils qu’on<br />
n’aimerait pas recevoir : on les<br />
rejette, et puis, tout bien réfléchi,<br />
on les suit, sans dire merci. L’art<br />
contemporain, c’est difficile ? Pas<br />
assez, et c’est bien là <strong>la</strong> difficulté.<br />
Les tableaux anciens sont parfois<br />
difficiles du fait <strong>de</strong> ce qu’ils racontent<br />
: on ne connaît pas toutes<br />
les mythologies perdues. Mais il<br />
y a <strong>de</strong> beaux paysages, <strong>de</strong> belles<br />
images ; certains les trouvent parfois<br />
« barbants ». Mais enfin, on<br />
est habitué.<br />
L’art contemporain déshabitue : il<br />
permet aussi <strong>de</strong> mieux regar<strong>de</strong>r<br />
les tableaux anciens, d’y voir mille<br />
fois plus <strong>de</strong> choses qu’en un premier<br />
regard poli.<br />
L’art contemporain, c’est enfantin<br />
? Ah, oui ! Les enfants ont le<br />
sens <strong>de</strong> l’abstraction : un visage,<br />
c’est un rond, <strong>la</strong> main une araignée<br />
à cinq pattes, les cheveux un pluriel<br />
<strong>de</strong> traits dressés. Enfantin : voir<br />
les jouets surdimensionnés <strong>de</strong> Jeff<br />
Koons et <strong>de</strong> Murakami : une grosse<br />
affaire <strong>de</strong> profits, et une énorme<br />
c<strong>la</strong>que à l’infantilisme dans lequel<br />
nous nous <strong>la</strong>issons bercer. Est-ce<br />
que c’est vraiment <strong>de</strong> l’art ? Bonne<br />
question, <strong>la</strong> première que l’art (se)<br />
pose, ou agite. L’art, l’art, l’art ?<br />
À quoi ça sert ? Une fois qu’on a<br />
répondu « à rien », on n’a encore<br />
rien dit. Parce que ce n’est pas tout<br />
à fait vrai : l’art ne sert à rien, mais<br />
il agite, et agit. Voir les thèmes <strong>de</strong>s<br />
conférences du printemps 2013,<br />
et écoutez surtout Christian Pal<strong>la</strong>tier,<br />
orateur savant et merveilleusement<br />
intarissable. Du Gai savoir<br />
« en vrai ».<br />
CF<br />
www.connaissance<strong>de</strong><strong>la</strong>rt.com<br />
Dimanche 24 mars à 15h<br />
#6 Enten<strong>de</strong>z-vous dans nos campagnes<br />
- L’art contemporain et le<br />
mon<strong>de</strong> rural : printemps culturel.<br />
Dimanche 21 avril à 15h<br />
#7 Artistes durables, artistes responsables<br />
- L’art contemporain au<br />
cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
crise écologique.<br />
Dimanche 26 mai à 15h<br />
#8 I<strong>de</strong>ntités et frontières - L’art<br />
contemporain et l’Europe<br />
« Un artiste, c’est quelqu’un qui n’ explique pas du tout le<br />
mon<strong>de</strong>, mais qui le change. Vous reconnaissez à peu près <strong>la</strong><br />
formule ? Elle est <strong>de</strong> Francis Ponge. Très bien. »<br />
Yves Chevallier in Mon vieux Vilbure<br />
09
(d)essin /<br />
Martin Jarrie<br />
page centrale<br />
Martin Jarrie <strong>de</strong>ssine, peint,<br />
construit <strong>de</strong>s objets savants d’apparence<br />
naïve. Surtout, il illustre,<br />
il met en lumière <strong>de</strong>s histoires<br />
importantes dans <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s gens,<br />
par ses images d’étranges animaux<br />
colorés, un peu humains,<br />
un peu végétaux, un peu bricolés.<br />
Son mon<strong>de</strong> est à <strong>la</strong> fois étrange<br />
et apaisant. Pas étonnant que les<br />
enfants <strong>de</strong> tous âges l’aiment tant.<br />
Il a exposé à l’automne 2012 à <strong>la</strong><br />
galerie Jeanne Robil<strong>la</strong>rd, après<br />
le Museu da electridida<strong>de</strong> à Lisbonne.<br />
Ses <strong>de</strong>ssins ont été publiés<br />
dans Le Mon<strong>de</strong>, Télérama, La Vie,<br />
XXI, Paris Mômes et bien d’autres,<br />
nous avons tous un ami qui nous<br />
a envoyé un jour une carte <strong>de</strong> lui.<br />
Aujourd’hui, c’est lui qui nous en<br />
envoie une. Un merci paraîtrait<br />
petit, c’est pourquoi nous proposons<br />
cette carte en double page<br />
centrale.<br />
Ses publications récentes :<br />
Rêveur <strong>de</strong> cartes - octobre 2012<br />
Gallimard jeunesse/giboulées.<br />
Hyacinthe et Rosa, texte <strong>de</strong> François<br />
Morel - octobre 2012, éditions<br />
Thierry Magnier<br />
12<br />
wwwmartinjarrie.com<br />
(c)olloques /<br />
La secon<strong>de</strong> guerre sur les écrans français<br />
samedi 25 mai<br />
En février 1944, le Maréchal Rommel<br />
établit son quartier général au <strong>Château</strong><br />
<strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, qui <strong>de</strong>vient<br />
le théâtre <strong>de</strong> contacts discrets avec<br />
<strong>la</strong> résistance alleman<strong>de</strong> pour s’opposer<br />
à Hitler. En septembre 2011, <strong>la</strong><br />
fiction cinématographique a rejoint<br />
le vil<strong>la</strong>ge avec le tournage d’un téléfilm<br />
allemand consacré à Rommel et<br />
Les journées d’histoire <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong><br />
Uchronie* et histoire<br />
contrefactuelle<br />
samedi 7 décembre<br />
Et si Cléopâtre avait eu le nez plus<br />
court ? Si Alexandre avait vécu<br />
très vieux ? Si Ponce-Pi<strong>la</strong>te n’avait<br />
pas libéré Barrabas ? Si Commo<strong>de</strong><br />
n’avait pas succédé à Marc-Aurèle<br />
? Si <strong>la</strong> peste noire avait été<br />
plus pire encore ? Si Jacques Cartier<br />
avait navigué vers le sud ? Si<br />
Louis XVI avait su imposer <strong>de</strong>s réformes<br />
? Si Napoléon avait évité<br />
le piège <strong>de</strong> l’immensité russe ? Si<br />
les Etats-Unis s’étaient développés<br />
sans chemins <strong>de</strong> fer ? Si Lindbergh<br />
avait battu Roosevelt ? Si <strong>la</strong><br />
France avait continué <strong>la</strong> guerre en<br />
1940 ? Si De Gaulle était mort au<br />
Petit-C<strong>la</strong>mart ?<br />
Les songe-creux posant ces questions<br />
s’appellent entre autres<br />
(dans l’ordre) B<strong>la</strong>ise Pascal, Arnold<br />
Toynbee, Roger Caillois, Charles<br />
Renouvier, Robert Silverberg, Robert<br />
Charlebois, André Maurois,<br />
Valéry Giscard d’Estaing, Robert<br />
Fogel, Philip Roth, Jacques Sapir<br />
ou Georges Ve<strong>de</strong>l. Chacun a ef-<br />
à son séjour dans le Vexin. Ces coïnci<strong>de</strong>nces<br />
inspirent <strong>la</strong> réunion d’une<br />
journée d’étu<strong>de</strong>s consacrées au cinéma<br />
et à <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième guerre mondiale.<br />
Le cinéma français continue <strong>de</strong> vivre<br />
sous l’occupation avec le soutien <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> propagan<strong>de</strong> alleman<strong>de</strong>, évoquant<br />
parfois l’actualité (Le Corbeau, 1943)<br />
; dès 1945, <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong>vient un sujet<br />
<strong>de</strong> film : <strong>la</strong> résistance active <strong>de</strong>s individus<br />
engagés avec héroïsme dans<br />
les réseaux (Jéricho, 1945) <strong>de</strong>vient un<br />
thème qui se poursuit (L’Armée <strong>de</strong>s<br />
ombres, 1969) jusqu’à aujourd’hui<br />
(l’Armée du crime, 2009). Le marché<br />
noir présenté comme une forme <strong>de</strong><br />
résistance fait rire les Français dix<br />
ans plus tard avec La traversée <strong>de</strong><br />
Paris (1956) tandis que Louis Malle<br />
lève un véritable tabou sur <strong>la</strong> France<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration (Lacombe Lucien,<br />
1974) alors que <strong>la</strong> vulgate gaulliste <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> France résistante domine encore.<br />
fleuré ou développé, sous forme<br />
d’essai ou <strong>de</strong> roman, une histoire<br />
telle qu’elle n’a pas été mais aurait<br />
pu être.<br />
La troisième Journée d’Histoire,<br />
organisée le 7 décembre 2013<br />
par le château <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong><br />
et <strong>de</strong>s membres du centre <strong>de</strong> recherches<br />
<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Cergy-Pontoise,<br />
sera consacrée aux<br />
histoires non advenues et à leur<br />
usage par les écrivains, les historiens<br />
et d’autres encore, économistes<br />
modélisateurs ou militaires<br />
rejouant les batailles du passé. Car<br />
même dans une France moins ouverte<br />
à l’imaginaire que le mon<strong>de</strong><br />
anglo-saxon, face à l’Histoire avec<br />
« sa gran<strong>de</strong> hache », comme l’écrivaient<br />
Fabrice d’Almeida et Anthony<br />
Rowley (Et si on refaisait l’histoire<br />
?, Paris, Odile Jacob, 2009),<br />
on peut préférer l’Histoire avec<br />
<strong>de</strong>s « scies » ou <strong>de</strong>s « si ».<br />
François Pernot<br />
*Utopie : lieu qui n’existe pas.<br />
Uchronie : moment qui n’existe<br />
pas, n’a pas existé.<br />
Journée organisée par l’Université<br />
<strong>de</strong> Cergy-Pontoise et le château <strong>de</strong><br />
La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong><br />
Le cinéma et ses réalisations nous<br />
parlent donc <strong>de</strong> nos passions françaises,<br />
tantôt célébrées, tantôt occultées.<br />
Il reconstitue parfois avec<br />
bonheur, parfois avec difficultés, une<br />
époque, <strong>de</strong>s ambiances, <strong>de</strong>s comportements,<br />
<strong>de</strong>s décors. Il emprunte<br />
également <strong>de</strong>s images d’archives, les<br />
détourne quelquefois au risque <strong>de</strong><br />
les trahir, et s’est trouvé en butte à <strong>la</strong><br />
censure quand il racontait ce que les<br />
autorités souhaitaient occulter. Si <strong>la</strong><br />
dimension française l’emporte dans<br />
cette journée, elle ne prend sa singu<strong>la</strong>rité<br />
qu’avec <strong>la</strong> confrontation avec<br />
quelques productions étrangères.<br />
Cette journée permettra <strong>de</strong> revisiter<br />
les représentations <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre données<br />
par le cinéma français.<br />
Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Lescure<br />
Retour sur <strong>la</strong> fin du<br />
mon<strong>de</strong><br />
Présages<br />
prophéties<br />
fins du mon<strong>de</strong><br />
À <strong>la</strong> déception générale, <strong>la</strong> fin du<br />
mon<strong>de</strong> n’a pas eu lieu le 21.12.2012,<br />
date qui n’est pas tout à fait le “palindrome<br />
du siècle“. Nous n’avons pas<br />
été autrement surpris : le colloque organisé<br />
par François Pernot (Université<br />
<strong>de</strong> Cergy-Pontoise) nous avait rassurés.<br />
Comètes, dérèglements climatiques,<br />
éruptions so<strong>la</strong>ires ne signifient<br />
qu’eux-mêmes, malgré le goût <strong>de</strong>s<br />
anciens pour y lire <strong>de</strong>s présages. Pour<br />
les mayas, il ne s’agissait pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin<br />
du mon<strong>de</strong>, mais du commencement<br />
d’un nouveau cycle, avons-nous appris.<br />
Historiens, anthropologues, sociologues<br />
dont le travail porte sur les<br />
eschatologies - “doctrines re<strong>la</strong>tives<br />
au jugement <strong>de</strong>rnier et au salut assigné<br />
aux fins <strong>de</strong>rnières <strong>de</strong> l’homme,<br />
<strong>de</strong> l’histoire et du mon<strong>de</strong>” (<strong>de</strong>finition<br />
Trésor <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française) nous<br />
ont donné à réféchir sur cette ambiguïté<br />
humaine : le désir <strong>de</strong> savoir et <strong>la</strong><br />
peur <strong>de</strong> savoir.<br />
Les actes <strong>de</strong> cette journée d’histoire<br />
seront publiés dans <strong>la</strong> collection <strong>la</strong> bibliothèque<br />
fantôme, aux éditions <strong>de</strong><br />
l’Amandier.
(l)ivres /<br />
La bibliothèque fantôme prend du corps<br />
Ars longa, vita brevis (L’art est long, <strong>la</strong> vie est courte). Va enfin paraître : L’harmonica <strong>de</strong> verre, <strong>de</strong> Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Chapuis, l’un <strong>de</strong>s très rares spécialistes (et musicien)<br />
<strong>de</strong>s séraphins, euphones, amenocor<strong>de</strong>s…, orgues <strong>de</strong> verre liées dans nos mémoires - avec amours et délices - aux noms <strong>de</strong> Mozart, Benjamin Franklin (qui en<br />
inventa un), Nino Rota et La Nave va. Vous aurez en main un gui<strong>de</strong> précieux : Le <strong>Château</strong> que vous ne visiterez pas (Christine Frie<strong>de</strong>l). Il <strong>de</strong>vrait assombrir les coins<br />
d’ombre du château, ébranler ce qui vacille, faire craquer quelques minces gravats sous les semelles. Vous trouverez réunis en volume les articles d’Emmanuelle<br />
Bouffé sur le potager-fruitier. Vous aurez en main <strong>la</strong> Flore <strong>de</strong>s coteaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine autour <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> <strong>de</strong> Gérard Arnal co-éditée avec le Parc Naturel Régional<br />
du Vexin français. C<strong>la</strong>ire Le Michel donnera un coup <strong>de</strong> lumière (qui n’a pas encore <strong>de</strong> titre) sur les jardins, et peut-être sur un très vieil actinidia (l’arbre du<br />
kiwi), aujourd’hui condamné et exécuté au nom d’intérêts immobiliers. Daniel Vauge<strong>la</strong><strong>de</strong> (voir ci-<strong>de</strong>ssous) continue son étu<strong>de</strong> approfondie du XVIII e siècle. Nous<br />
aurons les actes du colloque 2012 Présages, prophéties, fins du mon<strong>de</strong>, et Les recettes <strong>de</strong> Framboise. Un rappel : quand un livre est emprunté en bibliothèque,<br />
on met à sa p<strong>la</strong>ce un “fantôme“. La bibliothèque du château, vendue en 1987 avec les meubles, en est pleine. Un défi à relever : Yves Chevallier et les éditions <strong>de</strong><br />
l’Amandier ont créé La bibliothèque fantôme, pour <strong>la</strong> repeupler <strong>de</strong> livres vivants. Il y avait dix-mille volumes, onze nouveautés sont déjà parues. Il y a encore du<br />
travail... On vous l’a dit, les fantômes prennent du corps.<br />
CF<br />
Louis Alexandre <strong>de</strong> La<br />
<strong>Roche</strong>foucauld (1743-<br />
1792), voyageur, érudit<br />
et savant <strong>de</strong> Daniel<br />
Vauge<strong>la</strong><strong>de</strong><br />
En cette <strong>de</strong>uxième moitié du XVIII e<br />
siècle, l’Europe connaissait une<br />
effervescence intellectuelle exceptionnelle,<br />
on pourrait parler<br />
d’une véritable Europe <strong>de</strong>s intellectuels,<br />
savants, philosophes,<br />
écrivains, tout le mon<strong>de</strong> communiquait,<br />
lisait, écrivait, échangeait,<br />
voyageait, se recommandait ; chacun<br />
vou<strong>la</strong>it apporter sa pierre au<br />
grand édifice <strong>de</strong>s connaissances<br />
<strong>de</strong> l’homme et <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Chacun<br />
aspirait au savoir universel, à<br />
l’érudition. En une époque où les<br />
sciences n’étaient pas encore nettement<br />
différenciées - les sciences<br />
naturelles regroupent <strong>la</strong> botanique,<br />
les animaux, <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine, <strong>la</strong><br />
minéralogie etc..., - le savant était<br />
forcément un humaniste qui cherchait<br />
à travers son savoir à apporter<br />
quelque progrès pour l’humanité.<br />
Certes on collectionnait, on<br />
était fier <strong>de</strong> son cabinet <strong>de</strong> curiosités,<br />
mais aussi on échangeait, on<br />
donnait, et surtout on publiait ses<br />
découvertes que l’on soumettait<br />
aussitôt à <strong>la</strong> sagacité et à <strong>la</strong> critique<br />
<strong>de</strong>s autres. La querelle qui<br />
opposa Lavoisier et Priestley quant<br />
à <strong>la</strong> composition <strong>de</strong> l’air en est sans<br />
doute le meilleur exemple.<br />
Le duc <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>foucauld participa<br />
à ce grand bouillonnement,<br />
en tant que témoin, rapporteur,<br />
protecteur et mécène, mais aussi<br />
en tant qu’acteur après son admission<br />
à l’Académie <strong>de</strong>s Sciences<br />
dont il fut même vice-prési<strong>de</strong>nt<br />
en 1783 et à <strong>la</strong> Société Royale <strong>de</strong><br />
Mé<strong>de</strong>cine dont il fut prési<strong>de</strong>nt en<br />
1785.<br />
DV<br />
On trouvera les livres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bibliothèque<br />
fantôme à <strong>la</strong> boutique du<br />
château.<br />
Ils sont également disponibles à<br />
<strong>la</strong> librairie Les Oiseaux rares, 1 rue<br />
Vulpian, dans le 13 éme arrondissement<br />
à Paris.<br />
Les recettes <strong>de</strong> Framboise<br />
Dans une bibliothèque, même fantôme, on trouve toutes les catégories<br />
<strong>de</strong> livres, romans, essais, théâtre, poésie, livres d’art, d’histoire et <strong>de</strong><br />
voyages et… livres <strong>de</strong> cuisine !<br />
Cuisiner en musique, voilà une façon originale <strong>de</strong> chanter quelques recettes<br />
bien choisies : ce<strong>la</strong> a déjà été fait au XVIII e siècle ? Oui, un certain<br />
J. Lebas a composé un Festin joyeux en s’adressant ainsi aux Dames <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> cour : « En chantant vous pourrez, Mesdames, enseigner à faire <strong>de</strong>s<br />
sauces et <strong>de</strong>s ragoûts à quelques uns <strong>de</strong> vos sujets subalternes pour<br />
vous réjouir. »<br />
Rallumons les Lumières au <strong>Château</strong>, traversons trois siècles <strong>de</strong> silence<br />
pour faire résonner les secrets <strong>de</strong> quelques gourmets amis qui ont mitonné<br />
avec amour une cuisine bien à eux, selon les lieux et leur personnalité,<br />
fredonnons <strong>la</strong> recette du cake d’amour !<br />
Cerise… ou plutôt Framboise sur le gâteau, c’est notre ami Christian<br />
Broutin qui a accepté d’illustrer cet ouvrage. Livre en main, vous pourrez<br />
déguster <strong>de</strong>s yeux ses <strong>de</strong>ssins, lire avec gourmandise sa recette Le rouge<br />
et le noir, et glorifier à tue- tête, dans votre cuisine, votre p<strong>la</strong>t préféré.<br />
Françoise Dax Boyer<br />
13
Cet hiver, un nouveau groupe <strong>de</strong> jardiniers<br />
en insertion avec l’association<br />
Vie Vert est arrivée au potager. Une<br />
chance : ils auront vu tout le cycle <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> végétation.<br />
Dès que <strong>la</strong> sève tombe, on taille les<br />
fruitiers. Ça nous donnera peut-être<br />
moins <strong>de</strong> fruits, mais c’est du temps<br />
gagné sur mars, où il y a beaucoup <strong>de</strong><br />
travail. On taille aussi les bosquets,<br />
les saules <strong>de</strong>s rives <strong>de</strong> Seine, on dégage<br />
les abords du donjon. Une taille<br />
sévère : <strong>de</strong> <strong>la</strong> galerie, on ne voyait<br />
presque plus le tracé du jardin. Trop<br />
<strong>de</strong> verdure, l’été venu. On peut “calmer“<br />
les arbres, les reformer.<br />
14<br />
nouvelles du (p)otager /<br />
photos Emmanuelle Bouffé Ça commence par l’hiver<br />
Recette<br />
Trio amérindien, assiette végétarienne<br />
Les haricots<br />
Faire tremper les haricots secs dans l’eau<br />
(vingt-quatre heures). Les mettre dans une<br />
cocotte, recouverts <strong>de</strong> leur eau <strong>de</strong> trempage.<br />
Ajouter du gros sel, un oignon coupé<br />
en quatre, <strong>de</strong>ux carottes coupées en ron<strong>de</strong>lles,<br />
du thym et une feuille <strong>de</strong> <strong>la</strong>urier.<br />
Laisser cuire à gros bouillons au moins une<br />
heure et <strong>de</strong>mie. Aux <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisson,<br />
ajouter un mé<strong>la</strong>nge d’épices à votre<br />
goût, forcez un peu sur les herbes (romarin,<br />
par exemple, cuit dans une nouette). Reprendre<br />
<strong>la</strong> cuisson à feu doux.<br />
Le maïs<br />
Égrener un épi pour <strong>de</strong>ux personnes, cuit<br />
entre cinq et dix minutes à l’eau bouil<strong>la</strong>nte<br />
(avec un peu <strong>de</strong> <strong>la</strong>it pour exalter le goût).<br />
Certains le préfèrent grillé.<br />
La courge<br />
Faire légèrement dorer à l’huile <strong>de</strong> maïs <strong>de</strong><br />
gros cubes <strong>de</strong> courge. Les faire cuire à l’eau<br />
bouil<strong>la</strong>nte salée (un peu <strong>de</strong> bouillon <strong>de</strong><br />
L’été <strong>de</strong>rnier, nos reinettes b<strong>la</strong>nches,<br />
variété hâtive qui vient fin juillet, ont<br />
été pénalisées par <strong>de</strong>s gelées tardives.<br />
Du coup, <strong>la</strong> conserverie a manqué<br />
<strong>de</strong> fruits. La récolte <strong>de</strong>s poires, au<br />
contraire, a été bonne, extraordinaire,<br />
même. Beaucoup <strong>de</strong> fruits frais, beaucoup<br />
<strong>de</strong> jus.<br />
Les pail<strong>la</strong>ges aussi se font en hiver. Et<br />
les semis <strong>de</strong> blé : nous avons vingtquatre<br />
variétés <strong>de</strong> blés anciens, <strong>la</strong><br />
plupart sont <strong>de</strong>s blés d’hiver. Jean-<br />
Pierre Bolognini (<strong>de</strong> <strong>la</strong> Confédération<br />
paysanne <strong>de</strong> l’Ardèche), est venu nous<br />
donner <strong>de</strong>s formations. Nous avons<br />
évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong>s échanges avec les<br />
associations Kokopelli, Semences paysannes…<br />
Après <strong>la</strong> moisson faite à <strong>la</strong> main, variété<br />
par variété, et passage à <strong>la</strong> tarrare,<br />
qui remp<strong>la</strong>ce le van, nous avons<br />
pu faire <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> semences.<br />
On en a envoyé dans le Vaucluse, les<br />
blés <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> sont référencés<br />
sur un site sur les blés anciens que<br />
nous ne connaissions pas…<br />
Nous allons p<strong>la</strong>nter une nouvelle parcelle<br />
avec les stolons <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nts <strong>de</strong><br />
fraisiers que nous avons reçus du Po-<br />
poule, maison <strong>de</strong> préférence, sera toléré) et<br />
les égoutter soigneusement. Faire cuire une<br />
ou plusieurs gousses d’ail (débarrassées <strong>de</strong><br />
leur germe) et une grosse pomme <strong>de</strong> terre<br />
fondante (pour six). Les écraser au pressepurée<br />
(ne pas mixer) avec les morceaux <strong>de</strong><br />
courge. Un peu <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> musca<strong>de</strong> râpée,<br />
un léger effeuil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> thym ne font pas <strong>de</strong><br />
mal. Rien n’interdit d’ajouter à <strong>la</strong> purée une<br />
goutte d’huile <strong>de</strong> noix.<br />
Les assiettes<br />
Un tiers <strong>de</strong> haricots décorés <strong>de</strong> coriandre<br />
fraîche ciselée (ou persil, cerfeuil, ou<br />
menthe, pourvu que ce soit frais et vert).<br />
Un tiers <strong>de</strong> purée <strong>de</strong> courge, éventuellement<br />
décorée d’un <strong>de</strong>ssin au paprika, ou<br />
même <strong>de</strong> miettes <strong>de</strong> truffe.... Un tiers <strong>de</strong><br />
grains <strong>de</strong> maïs formant un joli monticule.<br />
À noter : ce trio locavore et végétarien est<br />
particulièrement équilibré (légumineuse,<br />
céréale, légume)<br />
tager du Roi, à Versailles, il y a <strong>de</strong>ux<br />
ans. Dans les châssis ouverts, on verra<br />
pousser du pastel à fleurs jaunes.<br />
Il y en a, sauvages, sur <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise du<br />
château. On va aussi développer les<br />
p<strong>la</strong>ntes mellifères.<br />
On avait mis <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terres<br />
sur les anciennes parcelles <strong>de</strong> friches<br />
fleuries. Résultat, on a eu <strong>de</strong>s coquelicots<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> bourrache ! Mais aussi<br />
<strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre, et sans ma<strong>la</strong>dies.<br />
Pour les cultures associées, nous<br />
avons le « trio amérindien » : maïs,<br />
courge, haricots. La feuille <strong>de</strong> courge<br />
apporte l’humidité, le haricot l’azote,<br />
et le maïs a ainsi le pied au frais.<br />
L’été, on verra fleurir notre collection<br />
<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes messicoles, bleuet, camomille,<br />
chrysanthème, et l’ivraie (qui<br />
provoque un effet <strong>de</strong> gueule <strong>de</strong> bois,<br />
d’où son nom).<br />
Pourquoi pas <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes textiles,<br />
comme le lin, d’un bleu innocent ? Le<br />
chanvre nettoie bien <strong>la</strong> terre, mais il y<br />
a risque <strong>de</strong> confusion…<br />
CF<br />
entretien avec Jean-Luc Bource,<br />
chef jardinier<br />
(c)olloque / Les jardins du futur<br />
La palmette Verrier<br />
Louis-Aquilin Verrier (1812-<br />
1867), jardinier et fils <strong>de</strong><br />
jardinier, <strong>de</strong>vint en 1840<br />
jardinier-chef chez Monsieur le<br />
duc <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>foucauld, à La<br />
<strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, en Seine-et-Oise<br />
(à l’époque). C’est là, probablement,<br />
que Verrier donna<br />
<strong>de</strong>s preuves <strong>de</strong> son talent dans<br />
<strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s arbres, avec l’invention<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Palmette (forme<br />
d’arbre palissé) qui porte son<br />
nom.<br />
Source www.horti-lyon.fr. Merci à Antoine<br />
Jacobsohn et à Antoine Quénar<strong>de</strong>l.<br />
jeudi 18 avril _ réservation 01 34 25 31 44 / jardins@valdoise.fr<br />
Début <strong>de</strong> siècle, changements d’usages, une ère nouvelle pour nos jardins ?<br />
Les jardins du Val d’Oise sont en cours <strong>de</strong> renaissance - parc François Mitterand à Cergy,<br />
squares et espaces publics à Argenteuil, à Montmagny - : quel sera le visage <strong>de</strong> nos<br />
futurs espaces jardinés ?<br />
Le Conseil Général du Val d’Oise réunit au château <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, dont le potager-fruitier<br />
est Jardin remarquable <strong>de</strong> France, Anne Marchand, chargée <strong>de</strong> mission<br />
Patrimoine végétal au Centre <strong>de</strong>s Monuments Nationaux, Monique Mosser, historienne<br />
<strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong>s jardins, Gilles Clément, paysagiste, écrivain, professeur au Collège <strong>de</strong><br />
France, auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> charte du potager-fruitier du château, entourés <strong>de</strong> personnalités<br />
dont C<strong>la</strong>ire Le Michel, artiste « en » jardins.<br />
Colloque organisé par Michel Jourdheuil du chargé <strong>de</strong> mission jardins du Conseil Général
(m)anifestations / dans nos jardins<br />
P<strong>la</strong>ntes <strong>P<strong>la</strong>isir</strong>s Passions<br />
La couleur au jardin #2 - le rouge et le noir<br />
Rouge<br />
Pour déc<strong>la</strong>rer sa f<strong>la</strong>mme il va<strong>la</strong>it mieux connaître le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong>s roses<br />
qui codifiait les couleurs et les formes <strong>de</strong> fleurs ; au rouge <strong>la</strong> passion, au<br />
b<strong>la</strong>nc l’innocence, au panaché l’amour trahi. Plus le rouge est vif, plus<br />
l’amour est ar<strong>de</strong>nt. Feu dévorant, rouge f<strong>la</strong>mboyant, rouge pourpre et<br />
carmin, écar<strong>la</strong>te ou cerise, cardinal ou foncé, ruti<strong>la</strong>nt, rougissant, cramoisi<br />
ou ensang<strong>la</strong>nté.<br />
Thierry HUAU<br />
Après le vert et le b<strong>la</strong>nc, Thierry Huau<br />
a choisi les couleurs du pari : le rouge<br />
et le noir. La fleur rouge jetée par Carmen,<br />
les pentes noires <strong>de</strong>s îles volcaniques…<br />
Il y a là du rêve exotique<br />
et bau<strong>de</strong><strong>la</strong>irien. Mais les coquelicots<br />
brûlent les champs au bord <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Seine - au point qu’on a rep<strong>la</strong>nté cette<br />
“mauvaise herbe“ à Vétheuil, en hommage<br />
aux impressionnistes - et les dahlias<br />
et autres zinnias sont là jusqu’au<br />
bout <strong>de</strong> l’été. Bois rouge, bois noir,<br />
feuilles rouges, les grands pépiniéristes<br />
et horticulteurs invités auront à<br />
cœur <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes rares,<br />
originales, on pourrait presque dire<br />
“risquées“, tant ces <strong>de</strong>ux couleurs<br />
sont associées aux jeux <strong>de</strong> hasard.<br />
Et à <strong>la</strong> quête <strong>de</strong> l’impossible : <strong>la</strong> tulipe<br />
noire, <strong>la</strong> rose noire n’existent que<br />
comme passion inassouvie, comme<br />
symboles tragiques <strong>de</strong> l’inaccessible.<br />
L’amateur <strong>de</strong>vra se contenter d’un<br />
violet très foncé, d’un brun sombre,<br />
et pourra se reposer <strong>de</strong> ses émotions<br />
dans l’un <strong>de</strong>s charmants fauteuils <strong>de</strong><br />
jardin proposé par les exposants, avec<br />
d’autres objets utiles et originaux.<br />
P<strong>la</strong>ntes <strong>P<strong>la</strong>isir</strong>s Passions lui donnera<br />
aussi l’occasion <strong>de</strong> voir ou <strong>de</strong> revoir<br />
le potager expérimental, <strong>de</strong> plus en<br />
plus florissant, et - exceptionnellement<br />
- le jardin ang<strong>la</strong>is, qui reste encore<br />
quelque peu secret (voir pages<br />
Friti<strong>la</strong>ire pinta<strong>de</strong><br />
4 et 5). On pourra néanmoins y<br />
trouver, au pied <strong>de</strong> <strong>la</strong> « promena<strong>de</strong><br />
sublime », les oeuvres <strong>de</strong>s artistes<br />
Pierre Bernard, Suzanne Barruel,<br />
Martine Hervé, Pierre Marcel et les<br />
travaux <strong>de</strong> l’artelier <strong>de</strong> gravure Vernonais<br />
d’Ulrike Vida<strong>la</strong>in.<br />
Ceux qui monteront jusqu’au pigeonnier<br />
verront les aquarelles <strong>de</strong> Jeanne<br />
Lacombe (actuellement en rési<strong>de</strong>nce<br />
à <strong>la</strong> Maison <strong>de</strong>s arts à Paris) exposées<br />
dans les boulins. Françoise Dax-Boyer<br />
y donnera une lecture musicale du livret<br />
<strong>de</strong> son opéra pour enfants inédit,<br />
Gaspard ou les tribu<strong>la</strong>tions d’un pigeon.<br />
Quarante enfants <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong><br />
musique du voisinage, après un stage<br />
<strong>de</strong> création à l’œcocentre <strong>de</strong> <strong>la</strong> bergerie<br />
<strong>de</strong> Vil<strong>la</strong>rceaux, viendront saluer les<br />
jardins en musique, avec une œuvre<br />
<strong>de</strong> Graciane Finzi sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong><br />
Christophe Mangou.<br />
SAMEDI 4 MAI<br />
DIMANCHE 5 MAI<br />
Ren<strong>de</strong>z-vous aux jardins<br />
Le jardin et ses créateurs<br />
Cette année, le thème national <strong>de</strong>s Ren<strong>de</strong>z-vous aux jardins est « le<br />
jardin et ses créateurs », en hommage à André Le Nôtre (1613-1700), le<br />
roi du « jardin à <strong>la</strong> française ». Bon quatre centième anniversaire à lui.<br />
Mais La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong> n’est pas Versailles, et nous ne connaissons malheureusement<br />
pas les noms <strong>de</strong>s créateurs <strong>de</strong> nos jardins remarquables<br />
- pour le moment, seul le potager régulier a obtenu ce <strong>la</strong>bel -. Nous<br />
avons eu envie d’être un peu dyslexique et <strong>de</strong> choisir : « le jardin et ses<br />
créatures ». La compagnie Un soir ailleurs (voir p.16) nous invite à nous<br />
pencher sur les créatures du jardin, gran<strong>de</strong>s et petites vies cachées et<br />
visibles.<br />
L’ensemble orchestral <strong>de</strong> Mantes, gran<strong>de</strong> formation popu<strong>la</strong>ire conduite<br />
par Jean-Luc Fillon, viendra faire souffler un bon vent d’harmonie au<br />
potager. Mantes-<strong>la</strong>-Ville est célèbre pour ses “luthiers vents“, l’harmonie<br />
est presque centenaire : c’est aussi avec ces traditions fortes qu’on<br />
fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> musique vivante. Un beau bol d’air au jardin.<br />
Un matin, dans le jardin<br />
Promeneuses solitaires, à l’approche <strong>de</strong><br />
l’hiver.<br />
La brume, longue à dissiper, étouffe les<br />
bruits, les conversations.<br />
Aveuglées par <strong>la</strong> b<strong>la</strong>ncheur, nous ressentons<br />
l’immensité du jardin : elle<br />
nous aspire, nous entraîne.<br />
Les mouvements <strong>de</strong> l’air jouent dans<br />
notre dos, dans nos jambes. Nous marchons<br />
vite.<br />
Les allées sont <strong>la</strong>rges ; <strong>de</strong> chaque côté<br />
se découpent <strong>de</strong>s silhouettes, à l’allure<br />
fantomatique. Des semb<strong>la</strong>bles ? Seule<br />
leur immobilité découvre leur nature<br />
d’arbres. Nous glissons <strong>de</strong> l’un à l’autre.<br />
L’humidité pince les genoux, les cou<strong>de</strong>s.<br />
Une pause pour les frictionner.<br />
Les animaux restent invisibles. Au loin,<br />
est-ce un héron ? Il semble suspendu et<br />
d’une taille mythique…<br />
Revenir à ce qui est proche, qu’on peut<br />
toucher. Nous entrons dans une parcelle.<br />
Comme toutes les autres, elle recèle<br />
un jardin singulier, composé <strong>de</strong> mille<br />
détails. Nous faisons nos gammes : il<br />
y a tant <strong>de</strong> formes, tant <strong>de</strong> textures à<br />
connaître, <strong>de</strong> <strong>la</strong> paume, du bout <strong>de</strong> l’in<strong>de</strong>x<br />
ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />
D’un tas <strong>de</strong> feuilles en décomposition<br />
monte une o<strong>de</strong>ur forte, étrangement<br />
réconfortante. Montent <strong>de</strong>s volutes <strong>de</strong><br />
chaleur. Un souvenir d’enfance s’y accroche.<br />
A côté, les poiriers sont nus et les<br />
branches <strong>de</strong> l’année se dressent : une<br />
foule <strong>de</strong> doigts tendus vers le ciel. Sur<br />
l’un d’eux, <strong>de</strong>ux feuilles pointées vers le<br />
bas, indiquent l’aplomb.<br />
SAMEDI 1 er JUIN<br />
DIMANCHE 2 JUIN<br />
Des silhouettes. Bribes <strong>de</strong> conversations.<br />
Souffles chauds qui dérangent <strong>la</strong><br />
brume. Les jardiniers !<br />
Les rejoindre.<br />
Les allées ont été désherbées récemment<br />
: le sable est aéré et gar<strong>de</strong> trace<br />
<strong>de</strong> tous les passages.<br />
Tant d’empreintes…<br />
Je reste là, captivée, sans savoir quel<br />
chemin suivre.<br />
Les jardiniers, je les ai perdus. Et toi, où<br />
es-tu ? Le gris te dérobe aux regards.<br />
Ici le froid est plus vif, j’approche <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Seine. Le héron se dévoile, c’est une<br />
sculpture en métal.<br />
Le gris <strong>de</strong>vient b<strong>la</strong>nc et le froid trop<br />
vif !<br />
J’esquive et trouve un joyau : un poirier<br />
où <strong>de</strong>s gouttes d’eau scintillent le long<br />
<strong>de</strong>s branches est ceint <strong>de</strong> fils <strong>de</strong> diamant.<br />
Une araignée, orfèvre, a choisi<br />
d’encercler <strong>la</strong> ramure, mais n’a pas tissé<br />
<strong>de</strong> toile.<br />
« J’écris pour me parcourir », disait<br />
Michaux… Cette araignée arpente son<br />
mon<strong>de</strong> et se retournant, contemple les<br />
signes. Elle-même <strong>de</strong>meure cachée et<br />
ne <strong>la</strong>isse entrevoir que ses pensées.<br />
Quelques heures plus tard le soleil est<br />
radieux, et les liens féériques ont disparu.<br />
Le jardin est révélé. Je te vois.<br />
Nous allons danser au pied <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute<br />
statue <strong>de</strong> métal, postée en bord <strong>de</strong><br />
Seine. D’oiseau, elle est <strong>de</strong>venue orif<strong>la</strong>mme.<br />
Est-ce une danse ? Ou l’invocation<br />
d’esprits malicieux <strong>de</strong>vinés le matin<br />
à <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong> brume ?<br />
C<strong>la</strong>ire Le Michel<br />
15
16<br />
(r)ési<strong>de</strong>nces /<br />
Ce n’est pas <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> château, dans<br />
l’ancien studio du gardien <strong>de</strong> nuit et<br />
dans les salles froi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s communs.<br />
Pierre nue, grille lour<strong>de</strong>, énorme<br />
porte, un œil (<strong>de</strong> bœuf) sur l’écurie. À<br />
<strong>de</strong>ux pas <strong>de</strong> l’ancien prieuré disparu,<br />
c’est un ermitage, une thébaï<strong>de</strong>. Ici,<br />
coupés du mon<strong>de</strong> et du bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
ville, les artistes, seuls ou en équipe,<br />
sont confrontés à leur projet, et à <strong>la</strong><br />
force <strong>de</strong> ce château multiple. En général,<br />
ça marche : les trois artistes<br />
d’Ici sont passés… y sont passés, et<br />
restés le temps nécessaire pour arpenter,<br />
observer, s’imprégner du jardin<br />
ang<strong>la</strong>is dont ils ont pour tâche <strong>de</strong><br />
rendre compte, chacun à son rythme,<br />
avec aussi l’envie <strong>de</strong> sortir, <strong>de</strong> rencontrer<br />
les habitants du vil<strong>la</strong>ge.<br />
Ici peut naître une œuvre : en quatre<br />
ans <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce - intermittente - Stéphane<br />
Olry et La Revue Éc<strong>la</strong>ir ont écrit<br />
et créé Treize semaines <strong>de</strong> vertus,<br />
d’après les mémoires <strong>de</strong> Benjamin<br />
Franklin (ami <strong>de</strong>s La <strong>Roche</strong>foucauld,<br />
mais qui n’est peut-être pas venu au<br />
château) et, inspirés par l’histoire du<br />
vil<strong>la</strong>ge et <strong>de</strong> l’hôpital d’enfants polyhandicapés,<br />
Hic sunt leones et (Ch)<br />
ose, <strong>de</strong>ux créations particulièrement<br />
marquantes.<br />
Tous les spectacles présentés au château<br />
cette année ont été travaillés ici :<br />
Emmanuel Ostrosvki est un fidèle du<br />
château, <strong>la</strong> compagnie Facteur Commun<br />
y a fait plusieurs séjours, comme<br />
C<strong>la</strong>ire le Michel. D’autres équipes<br />
viendront ou reviendront répéter<br />
ici, Véronique Petit et le Théâtre à<br />
Gran<strong>de</strong> Vitesse, l’école du Samovar,<br />
<strong>de</strong> Bagnolet, qui prépare une petite<br />
forme <strong>de</strong> clowns pour le banquet citoyen<br />
du quatorze juillet. Roger <strong>de</strong>s<br />
Prés est venu et reviendra tourner<br />
son film sur Jean Genêt (Un ennemi<br />
déc<strong>la</strong>ré), et Benoît Lahoz (qu’on retrouvera<br />
au colloque Arts et sciences)<br />
y défrichera son prochain spectacle,<br />
Terra incognita. La liste est loin d’être<br />
close.<br />
Le château a accueilli le compositeur<br />
et percussionniste syrien Waël Alkak,<br />
réfugié politique et artistique, lui offrant<br />
un lieu et un moment <strong>de</strong> repos,<br />
et avant tout <strong>la</strong> possibilité d’exercer<br />
son art et <strong>de</strong> poursuivre son travail.<br />
C’est le cas pour tous les artistes qui<br />
viennent ici, mais c’est d’autant plus<br />
important quand <strong>la</strong> vie même <strong>de</strong> l’ar-<br />
tiste est menacée.<br />
Une rési<strong>de</strong>nce au château offre du<br />
temps, <strong>de</strong> l’espace pour travailler. Et<br />
aussi <strong>de</strong> l’espace mental : elle change<br />
les perspectives, bouscule les « ego »,<br />
au dire <strong>de</strong> ceux qui l’ont vécue, ouvre<br />
et précise les points <strong>de</strong> vue, elle fait<br />
entrer dans <strong>la</strong> cohérence d’un projet,<br />
social et écologique. Jusqu’à présent,<br />
<strong>la</strong> magie du château et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux jardins<br />
a été bienfaisante, elle a délié les<br />
jambes et les esprits.<br />
CF<br />
photos Joseph Rottner<br />
(s)pectacles /<br />
(p)résentation /<br />
Gens <strong>de</strong> Dublin <strong>de</strong> James Joyce<br />
dimanche 17 mars<br />
C’est <strong>la</strong> Nuit <strong>de</strong>s Rois, le six janvier. Miss<br />
Kate et miss Julia reçoivent, il y a <strong>de</strong>s airs<br />
<strong>de</strong> piano et <strong>de</strong>s danses, <strong>la</strong> neige tapote<br />
au carreau. Cette nuit-là, Gabriel Conroy,<br />
leur neveu, “l’homme <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison“,<br />
prend peu à peu conscience <strong>de</strong> ce qui fait<br />
<strong>la</strong> légère ivresse <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie : <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s<br />
morts, presque comme un châle protecteur<br />
sur ce mon<strong>de</strong> finissant.<br />
La compagnie Facteur commun travaille<br />
sur le récit joué : le texte <strong>de</strong> Joyce est parfois<br />
coupé, mais jamais réécrit, comme ils l’avaient fait avec Un Roi sans divertissement,<br />
<strong>de</strong> Giono. Chacun endosse à <strong>la</strong> fois le personnage et le récit du personnage,<br />
dans un espace partagé avec le public. Celui-ci est invité, reçu comme<br />
les hôtes <strong>de</strong>s tantes Kate et Julia. Au cours <strong>de</strong> leur rési<strong>de</strong>nce, les comédiens<br />
auront rencontré une partie du public qui sera <strong>de</strong>venu partenaire du banquet<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> représentation : le récit, <strong>la</strong> nouvelle <strong>de</strong> Joyce est aussi un mets à déguster.<br />
Acteurs et hôtes sont enveloppés par <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> sonore du film <strong>de</strong> John Huston : une<br />
nouvelle couche <strong>de</strong> mémoire, avec l’écho sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue d’origine.<br />
C’est l’histoire d’un homme qui est révélé à lui-même, et pendant que nous assistons<br />
à cette révé<strong>la</strong>tion, je crois que nous sommes révélés à nous-mêmes.<br />
Ce que nous pensons être et ce que nous sommes vraiment sont <strong>de</strong>ux choses<br />
différentes et <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong> cette différence est une expérience existentielle<br />
bouleversante. Voilà ce qu’est l’histoire.<br />
John Huston, cinéaste.<br />
(t)héâtre /<br />
Höl<strong>de</strong>rlin, le chant perdu d’Emmanuel Ostrovski et<br />
Joseph Rottner<br />
samedi 13 avril & dimanche 14 avril<br />
Ce n’est peut-être pas un spectacle. C’est<br />
peut-être le passage, en douceur, vers<br />
un autre mon<strong>de</strong> qui n’a rien <strong>de</strong> doux,<br />
marqué par <strong>la</strong> douleur et <strong>la</strong> folie, et par<br />
l’exigence <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie. Comme l’année<br />
<strong>de</strong>rnière, le public aura été conduit en silence<br />
dans les appartements secrets du<br />
château. Emmanuel Ostrovski et Joseph<br />
Rottner ont l’art <strong>de</strong> révéler <strong>la</strong> beauté<br />
que les maisons dé<strong>la</strong>brées cachent aux<br />
regards pressés. Sous les gravats ou les<br />
murs usés, <strong>la</strong> splen<strong>de</strong>ur passée est encore<br />
présente, évoquée, perdue. Comme<br />
les âmes <strong>de</strong> ceux qui ont vécu là, sans doute.<br />
Höl<strong>de</strong>rlin a passé <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> sa vie - errante - dans <strong>la</strong> folie et <strong>la</strong> souffrance,<br />
et l’un <strong>de</strong> ses plus beaux poèmes a pour titre Moitié <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. « Que veux-tu,<br />
Apollon m’a frappé », écrit-il à un ami.<br />
…longtemps<br />
nous avons cherché ce qui nous est <strong>de</strong>stiné.<br />
Sans ailes, on ne peut atteindre<br />
même ce qui est proche,<br />
et passer sur l’autre rive.<br />
Höl<strong>de</strong>rlin, Derniers hymnes, L’Ister<br />
(t)héâtre /<br />
Naissance<br />
<strong>de</strong> Julien <strong>Guyon</strong>nard<br />
vendredi 26 avril<br />
samedi 27 avril<br />
dimanche 28 avril<br />
Une petite communauté paysanne, archaïque<br />
et hors du temps. Les récoltes<br />
sont mauvaises, <strong>la</strong> vitalité manque. À<br />
qui <strong>la</strong> faute ? Comment s’en sortir ?<br />
Chacun dans sa fonction - le guet, le<br />
conteur, le porteur d’eau… - et le vil<strong>la</strong>ge<br />
en chœur, obsédé par « l’Immobile<br />
», le dieu, l’idole, ils vont tenter<br />
<strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> <strong>la</strong> malédiction. Y compris<br />
par <strong>la</strong> violence et le sacrifice, fondateur<br />
selon <strong>la</strong> théorie du « bouc émissaire<br />
». Mais aussi par <strong>la</strong> transgression<br />
tranquille d’une femme - <strong>la</strong> seule (ou<br />
presque) <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce. Julien Guyomard<br />
a pratiqué <strong>la</strong> lutte sportive. Il y<br />
voit une bonne école physique pour le<br />
comédien, mais surtout un beau symbole<br />
<strong>de</strong> Naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> civilisation au<br />
sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> barbarie : faire toucher les<br />
épaules à l’adversaire, ce n’est plus<br />
l’anéantir, c’est ouvrir <strong>la</strong> possibilité<br />
d’un équilibre. Tout ce<strong>la</strong> est dit en une<br />
<strong>la</strong>ngue simple, élémentaire au sens où<br />
elle s’appuie vigoureusement sur les<br />
quatre éléments : <strong>la</strong> terre, l’eau, l’air et<br />
le feu. Il faudrait ajouter le fer…<br />
Le conteur :<br />
Le héros, quand son peuple l’appelle<br />
au secours, y continue <strong>de</strong> marcher,<br />
sans rien répondre, car y connaît pas<br />
<strong>la</strong> douleur ou <strong>la</strong> peine. La joie <strong>de</strong>s enfants,<br />
le désir <strong>de</strong>s femmes, rien ne le<br />
détourne ! Les mots <strong>de</strong> l’Immobile ont<br />
dû le rendre insensible, sinon quoi ?<br />
Julien Guyomard, Naissance<br />
Trois ans lui auront été nécessaires<br />
pour écrire cette pièce qui accroche<br />
l’œil et l’oreille comme une boue d’automne<br />
sur les chemins <strong>de</strong> campagne<br />
colle aux talons et dicte le souffle. Ce<br />
n’est pas tous les jours en France que<br />
l’on voit naître un auteur <strong>de</strong> théâtre.<br />
J.P. Thibaudat, rue 89<br />
photos DR
photos DR<br />
photos Laurent Ardhuin<br />
(t)héâtre /<br />
Héraclite & Démocrite <strong>de</strong> Jacque Rebotier<br />
samedi 19 mai<br />
Héraclite & Démocrite, <strong>de</strong> Shplitszch &<br />
Rplotz, un théâtre d’image et <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue.<br />
« Très tôt venu au mon<strong>de</strong>, Héraclite se<br />
mit à pleurer sur le mon<strong>de</strong>, en qui il découvrit<br />
une source inépuisable <strong>de</strong> tristesse.<br />
Très vite, Démocrite se mit à rire au<br />
mon<strong>de</strong>, en qui il découvrit une inépuisable<br />
source <strong>de</strong> rigo<strong>la</strong><strong>de</strong>. Sourire aux<br />
anges, aux herbes, aux lèvres.<br />
Héraclite se méfiait avec profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />
l’homme, c’est-à-dire <strong>de</strong> lui.<br />
« Hi, hi, hi !» (Héraclite).<br />
« Ha, ha, ha !» (Démocrite).<br />
Un jour Héraclite cessa <strong>de</strong> parler. Parler<br />
ne changeait pas un iota à l’ordre fluctuant<br />
<strong>de</strong>s choses. Parler ne faisait rien,<br />
c’est-à-dire pire. Pleurer non plus, d’ailleurs.<br />
Héraclite se mit à gar<strong>de</strong>r le silence. Héraclite <strong>de</strong>vint le gardien du silence. »<br />
Etant donné le mon<strong>de</strong>. Ou toi.<br />
En rire ? En pleurer ?<br />
C’est un dispositif high tech/à l’ancienne qui est donné ici, fait <strong>de</strong> rétro-projecteurs<br />
<strong>de</strong> conférence, <strong>de</strong> micros, capteurs on line, objets bricolés. Un poètebruiteur<br />
et une p<strong>la</strong>sticienne-live s’y répon<strong>de</strong>nt, jouent, rêvent en objets, en<br />
images, en ombres et en mots.<br />
on/off, rires/<strong>la</strong>rmes. Lumière. Noir.<br />
Tout est affaire <strong>de</strong> regard. Jeanquirit Démocrite s’esc<strong>la</strong>ffera <strong>de</strong>s malheurs du<br />
mon<strong>de</strong> tandis que Jeanquipleure Héraclite sanglote <strong>de</strong> son éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> rire.<br />
Ciao, John !<br />
Un spectacle en décentralisation <strong>de</strong> l’Apostrophe scène nationale <strong>de</strong> Cergy-Pontoise et du Val<br />
d’Oise<br />
(t)héâtre /<br />
Indices terrestres <strong>de</strong> C<strong>la</strong>ire Le Michel<br />
samedi 4 juin & dimanche 5 juin<br />
La compagnie Un Soir ailleurs sort du<br />
cadre, ou plutôt n’y entre pas. Comme<br />
beaucoup <strong>de</strong> collectifs artistiques aujourd’hui,<br />
elle fait fi <strong>de</strong>s disciplines et<br />
cloisonnements : ce qu’elle joue, c’est<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> danse, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> photographie, et <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> performance et <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion. De<br />
<strong>la</strong> Rumeur <strong>de</strong> l’herbe au Frémissement<br />
du kiwi et au Chant <strong>de</strong>s petits riens, performance<br />
autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> monumentale<br />
Echappée III <strong>de</strong> Bernard Pagès, il s’agit<br />
avant tout <strong>de</strong> jeter un regard libre et<br />
attentif - aimant - sur ce jardin. Un regard<br />
concret, sur ses habitants végétaux,<br />
animaux et humains, avec un art bien<br />
artisanal, tricoté main. Disons spectacle.<br />
Un spectacle à plusieurs temps, celui <strong>de</strong><br />
l’entrée dans l’intimité du potager par le jeu du corps, <strong>de</strong> l’écriture, <strong>de</strong> <strong>la</strong> photo.<br />
Et celui <strong>de</strong> l’instal<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> fenêtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> bil<strong>la</strong>rd, avec vue sur le potager.<br />
Le visiteur est invité à s’asseoir, un casque <strong>de</strong> coiffeur sur <strong>la</strong> tête. Mais point<br />
<strong>de</strong> mise en plis, au contraire : il y entendra, déplié, le texte <strong>de</strong> C<strong>la</strong>ire Le Michel,<br />
né <strong>de</strong> ce jardin, et ses paroles envolées.<br />
Le jardin n’est pas le décor <strong>de</strong> ces créations, il en est l’hôte et les arbres, les<br />
p<strong>la</strong>ntes en sont les sujets.<br />
Un soir ailleurs<br />
(t)héâtre /<br />
Mon vieux Vilbure<br />
d’Yves Chevallier<br />
au château (date à déterminer)<br />
et en tournée<br />
Ils discutent à bâtons rompus, B1 et<br />
B2, les <strong>de</strong>ux personnages <strong>de</strong> cette<br />
« prosopopée ». Ou plutôt à cartons<br />
pliés, à papiers collés. De quoi<br />
parlent-ils ? De l’art, du cubisme en<br />
particulier. Car l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux est le<br />
fantôme <strong>de</strong> Georges Braque. À propos<br />
: une prosopopée est « une figure<br />
<strong>de</strong> rhétorique par <strong>la</strong>quelle on<br />
fait parler un absent ou un mort ».<br />
Ou tout autre objet à qui l’on veut<br />
donner <strong>la</strong> parole. De fait, le vivant<br />
et le mort (sur scène, ils sont tous<br />
<strong>de</strong>ux vivants) font parler beaucoup<br />
<strong>de</strong> gens, <strong>de</strong>s peintres, <strong>de</strong>s critiques<br />
idiots, <strong>de</strong>s critiques géniaux, ma<br />
(leur) voisine à <strong>la</strong> campagne ou mon<br />
voisin <strong>de</strong> bistrot, qui ne sont pas les<br />
moins intéressants, <strong>de</strong>s poètes. Et<br />
surtout lui-même, Braque. Braque<br />
<strong>de</strong> Varengeville, Braque du Havre,<br />
Braque d’Argenteuil, Braque du donjon<br />
<strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, qui sortait<br />
ses tableaux <strong>de</strong> l’atelier « pour voir<br />
s’ils tiennent » à <strong>la</strong> lumière du jour<br />
et <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> brutalité du <strong>de</strong>hors. Ils<br />
tiennent, comme le broc et le bricà-brac<br />
qui l’inspirent dans sa tâche<br />
obstinée et mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong> peintre.<br />
Peintre ?<br />
À propos, qui et ce Vilbure ? C’est<br />
le surnom que Picasso donnait, à <strong>la</strong><br />
française, à son ami Braque, allusion<br />
au coucou <strong>de</strong> toile et <strong>de</strong> bois<br />
<strong>de</strong> Wilbur Wright - et <strong>de</strong> son frère<br />
Orville -, premiers aviateurs américains,<br />
<strong>de</strong>vant une fragile maquette<br />
<strong>de</strong> celui-ci (Braque. Vous suivez ?).<br />
Ce<strong>la</strong> donne un spectacle cubiste, col<strong>la</strong>ge<br />
<strong>de</strong> mots dits, enfantin comme<br />
un tableau cubiste - le décor est une<br />
sorte <strong>de</strong> jouet (inventé par Pierre<br />
B<strong>la</strong>ise) que manipulent B1 et B2 -.<br />
Ce<strong>la</strong> donne carrément un beau moment<br />
<strong>de</strong> jubi<strong>la</strong>tion, à écouter en long,<br />
en <strong>la</strong>rge, et du tac au tac, Michel Sigal<strong>la</strong><br />
et Marc Henri Boisse.<br />
Créé en 2004, ce spectacle a été joué<br />
plus <strong>de</strong> 120 fois ; il reprend <strong>la</strong> route a<br />
l’occasion du cinquantenaire <strong>de</strong> Geogers<br />
Braque.<br />
Mon vieux Vilbure, texte et mise en<br />
scène d’Yves Chevallier<br />
Publié aux éditions <strong>de</strong> l’Amandier<br />
(c)oncerts /<br />
Master c<strong>la</strong>sses<br />
mercredi 8 mai, Vétheuil<br />
jeudi 9 mai, Amenucourt<br />
vendredi 10 mai, Gasny<br />
samedi 11 mai, Chérence<br />
dimanche 12 mai, La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong><br />
À écouter et à regar<strong>de</strong>r Jean<br />
Mouillère jouer <strong>de</strong> l’archet, on ne<br />
s’étonnera pas que le violon ait eu<br />
<strong>la</strong> réputation d’être facilement magique,<br />
ou sorcier. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
ce qui peut passer et se passer dans<br />
une “master c<strong>la</strong>sse“. Pas <strong>la</strong> technique,<br />
a priori : les jeunes musiciens<br />
maîtrisent leur instrument, même<br />
si on n’y travaille jamais trop. Ni <strong>la</strong><br />
justesse, ni <strong>la</strong> virtuosité. Mais ce qui<br />
fait que <strong>la</strong> technique, <strong>la</strong> justesse, <strong>la</strong><br />
virtuosité vivent, et, en retour, permet<br />
<strong>la</strong> virtuosité : une approche, une<br />
connaissance telle <strong>de</strong> l’œuvre qu’elle<br />
vous libère. Oser un accent, oser un<br />
minuscule suspens, une attaque apparemment<br />
désinvolte.<br />
Jean Mouillère parle passionnément<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> musique, mais il fait surtout parler<br />
son violon, comme on fait « parler<br />
<strong>la</strong> poudre ». Ça explose, ça monte, ça<br />
finit en feu d’artifice. Et on l’a vu danser,<br />
comme tout musicien au travail.<br />
Hélène Dautry, qui prend <strong>la</strong> suite <strong>de</strong><br />
Jérôme Pernoo au violoncelle, apportera,<br />
à côté <strong>de</strong> lui, son rythme à elle.<br />
Heureux visiteurs du château, qui<br />
pourront assister aux cours et aux auditions<br />
tous les jours <strong>de</strong> 16h à 18h et<br />
aux concerts du soir dans les vil<strong>la</strong>ges<br />
environnants.<br />
(c)oncert /<br />
O’noir<br />
samedi 20 avril<br />
Le voyage musical d’un pèlerin<br />
C’est l’histoire d’un pèlerin venant<br />
du Haut Nord. Il quitte <strong>la</strong> Scandinavie,<br />
traverse L’Ecosse, La France et<br />
l’Espagne, pour embarquer vers <strong>la</strong><br />
Terre Sainte. Avec toutes les musiques<br />
qu’il traverse : celtique, folk,<br />
séphara<strong>de</strong> et un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> sons<br />
courtois. Le groupe O’noir - guitares,<br />
cor<strong>de</strong>s, harpes, c<strong>la</strong>rinette, voix… - remonte<br />
les siècles et les musiques traditionnelles,<br />
dans toutes les <strong>la</strong>ngues,<br />
pour nous emmener dans ce voyage.<br />
Un concert proposé par le Foyer Rural<br />
du vil<strong>la</strong>ge.<br />
17
photos DR Real Sport Events<br />
(c)ourse / Trail au château<br />
samedi 18 mai<br />
Il fal<strong>la</strong>it les voir arriver, le premier<br />
presque frais, <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière, plusieurs<br />
heures plus tard, épuisée mais valeureuse,<br />
gênée par <strong>de</strong> mauvais p<strong>la</strong>isants<br />
qui avaient dép<strong>la</strong>cé une balise. Soignés,<br />
réconfortés, fiers, les héros du premier<br />
Donjon Trail <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>- <strong>Guyon</strong> ont<br />
tous bien mérité du sport. Cinquante kilomètres<br />
hors <strong>de</strong>s routes goudronnées<br />
avec un fort dénivelé - 1500m positifs,<br />
dont l’escalier du donjon, 280 marches<br />
irrégulières, pour le trail <strong>de</strong> 2012 - : les<br />
coureurs se sont qualifiés pour l’ultra<br />
trail du Mont B<strong>la</strong>nc.<br />
Les (jeunes) organisateurs, Pascal Richard<br />
et Alexandre Briavoine sont ambitieux.<br />
Le parcours sportif est très dur,<br />
on ne va pas pour si peu s’interdire <strong>de</strong> le faire passer par les plus beaux sites<br />
historiques - cette année, le château <strong>de</strong> Vil<strong>la</strong>rceaux - ni oublier <strong>de</strong> respecter<br />
scrupuleusement <strong>la</strong> nature.<br />
18<br />
(m)anifestations /<br />
Inscription auprès <strong>de</strong> Real Sport Events : http://realsportevents.com<br />
(v)ente / Emmaüs<br />
samedi 21 et dimanche 22 septembre<br />
(v)isites / Visiteurs du soir<br />
Les compagnons d’Emmaüs reçoivent<br />
et recyclent ce que vous leur donnez :<br />
c’est un bel hommage, écologique et<br />
social, au travail humain. Vous viendrez<br />
pour le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> “chiner“ et <strong>de</strong> rendre<br />
vie à vos trouvailles, avec <strong>la</strong> satisfaction<br />
<strong>de</strong> faire une bonne œuvre. Eh bien, Emmaüs<br />
a aussi les siennes : les chiffonniers<br />
<strong>de</strong> l’abbé Pierre ont fait don au château<br />
<strong>de</strong> quatre fauteuils couverts <strong>de</strong> velours<br />
rouge. Le château citoyen les en remercie<br />
chaleureusement et les accueille à<br />
nouveau, cette fois-ci sur <strong>de</strong>ux jours.<br />
chaque premier samedi <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> juin à octobre 2013<br />
Monter l’escalier d’honneur à <strong>la</strong> lueur<br />
<strong>de</strong>s bougies, se glisser dans <strong>la</strong> pénombre<br />
<strong>de</strong>s boves et casemates, se faire un peu<br />
peur avec les coins d’obscurité, écouter<br />
l’histoire compliquée et souvent violente<br />
d’un château construit pour <strong>la</strong> guerre et<br />
apaisé par les Lumières, parler à voix<br />
basse…<br />
À ceux qui rêvent <strong>de</strong> toucher du doigt<br />
l’imaginaire : les visites nocturnes du<br />
château sont faites pour vous.<br />
(e)xposition / Oksébo- les Arca<strong>de</strong>s # 4<br />
vernissage samedi 28 septembre<br />
du 28 septembre au 6 octobre<br />
Oksébo : du nouveau pour <strong>la</strong> quatrième édition, sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bau<strong>de</strong><strong>la</strong>ire, «<br />
Là-bas... extraordinaire étranger »<br />
Cette année, Oksébo investira les arca<strong>de</strong>s extérieures et <strong>la</strong> cour, en plus <strong>de</strong>s<br />
écuries. Les rencontres entre artistes et artisans d’art <strong>de</strong> disciplines différentes<br />
réuniront jusqu’à seize “duos“, conjuguant en une œuvre commune <strong>de</strong>ux pratiques<br />
différentes. Ils s’ouvriront à <strong>de</strong> nouveaux arts : vidéo, performance,<br />
danse, lumières, art végétal… Les « arts vivants » risquent <strong>de</strong> bousculer un brin<br />
l’exposition. Mais l’on n’attend pas moins <strong>de</strong> surprises <strong>de</strong>s ébénistes, peintres,<br />
fileuses et fileurs qui ont rejoint l’association pour 2013. Devant l’afflux <strong>de</strong>s candidatures,<br />
d’ailleurs, le comité <strong>de</strong> l’association a dû faire <strong>de</strong>s choix… Même succès<br />
du côté du public : le nombre <strong>de</strong> visiteurs augmente régulièrement <strong>de</strong>puis<br />
2010. Les ateliers ouverts pendant P<strong>la</strong>ntes <strong>P<strong>la</strong>isir</strong>s Passions ont fait le plein,<br />
comme les visites d’ateliers.<br />
L’exposition voit grand, mais pense à tous : comme en 2012, une boutique proposera<br />
<strong>de</strong>s objets d’arts accessibles, qui n’entreraient pas dans le cadre <strong>de</strong>s<br />
duos, à offrir et à s’offrir.<br />
Et si « là-bas » c’était ici ?<br />
(m)arché / Marché <strong>de</strong> l’avent<br />
samedi 23 et dimanche 24 novembre<br />
La boutique du château<br />
On ne va pas se chagriner que Noël soit <strong>de</strong>venu<br />
une gran<strong>de</strong> affaire commerciale. Ici, Noël reste <strong>la</strong><br />
fête <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux et <strong>de</strong>s objets choisis pour ceux à<br />
qui l’on a envie <strong>de</strong> faire p<strong>la</strong>isir, ce qui est tout différent.<br />
Le marché <strong>de</strong> Noël au château est maintenant<br />
une soli<strong>de</strong> tradition, avec boissons chau<strong>de</strong>s<br />
et gourmandises maison.<br />
Ce qui est le plus <strong>de</strong>mandé, bien sûr, ce sont les cartes postales. La boutique en<br />
manque parfois, mais les médailles « marchent bien », comme le gui<strong>de</strong> Itinéraires.<br />
Un succès : les produits frais du potager, quand <strong>la</strong> saison est bonne : « les pommes<br />
<strong>de</strong> terre bleues, les haricots violets, ça p<strong>la</strong>ît », font remarquer Anne et Priscil<strong>la</strong>.<br />
Elles choisissent <strong>de</strong> jolis bijoux médiévaux - « pas en argent, c’est trop cher » -, que<br />
le public, « content <strong>de</strong> <strong>la</strong> visite du château », achète, comme les jouets et les figurines,<br />
« sur un coup <strong>de</strong> cœur ». Elles renouvellent, selon les saisons, <strong>la</strong> présentation<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> boutique, qui doit « s’orienter <strong>de</strong> plus en plus vers le commerce équitable »<br />
et les productions <strong>de</strong> proximité.<br />
Un conseil aux visiteurs : profitez au mieux <strong>de</strong> cet endroit utile et agréable.<br />
photos geraldfoci.net
(p)ortrait d'un métier / les gardiens<br />
Parmi <strong>la</strong> petite dizaine <strong>de</strong> métiers<br />
exercés au château, ce sont eux les<br />
plus visibles, avec le personnel <strong>de</strong><br />
l’accueil : les gardiens, officiellement<br />
agents d’accueil et <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce.<br />
« Nous contrôlons les billets, indiquons<br />
c<strong>la</strong>irement les circuits : les gens<br />
ne lisent pas tous les panneaux… La<br />
nouvelle signalétique va nous ai<strong>de</strong>r.<br />
Nous <strong>de</strong>vons aussi savoir répondre à<br />
<strong>de</strong>s questions historiques, même si<br />
c’est surtout le métier <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s. On<br />
en apprend tous les jours : on vient<br />
<strong>de</strong> s’apercevoir que les fameuses<br />
“casemates <strong>de</strong> Rommel“ sont déjà<br />
indiquées sur un p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> 1912 ! »,<br />
raconte Marc-Antoine. Ils sont aussi<br />
responsables <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité : tous<br />
maîtrisent l’exercice d’évacuation en<br />
trois minutes et savent se servir <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> sca<strong>la</strong> mobile (siège permettant <strong>de</strong><br />
faire franchir le grand escalier aux<br />
personnes en fauteuil rou<strong>la</strong>nt) et du<br />
(p)atrimoine /<br />
défibril<strong>la</strong>teur. Le moment le plus sportif<br />
<strong>de</strong> leur journée : aller vérifier au<br />
sommet du donjon que les visiteurs<br />
sont re<strong>de</strong>scendus. Entre 450 et 480<br />
marches en tout, selon les calculs.<br />
Ils sont surtout polyvalents : « J’ai été<br />
recruté en 1995 pour dégager le souterrain<br />
(qui relie le château du bas au<br />
donjon) : on a tout sorti à <strong>la</strong> pelle, à<br />
<strong>la</strong> pioche et aux seaux… On a trouvé<br />
<strong>de</strong>s boulets <strong>de</strong> canon, <strong>de</strong>s faïences<br />
du XIII e siècle… Ensuite, j’ai été à <strong>la</strong><br />
fois gardien et ouvrier d’entretien,<br />
avant que l’on fasse <strong>de</strong>ux équipes »,<br />
dit Jean-Marie. « J’ai vu peu à peu<br />
s’étendre <strong>la</strong> partie visitée du château.<br />
Au début, on n’al<strong>la</strong>it que jusqu’au<br />
grand salon, puis les salles ont été<br />
restaurées, les boiseries <strong>de</strong> <strong>la</strong> bibliothèque<br />
remises en p<strong>la</strong>ce, pour arriver<br />
au circuit actuel ». Les <strong>de</strong>ux équipes -<br />
agents d’accueil et agents techniques<br />
- sont cependant réunies durant <strong>la</strong><br />
Signalétique et cheminements<br />
Le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion dans le château<br />
a changé : pas <strong>de</strong> sens interdits<br />
ni <strong>de</strong> sens unique, mais un<br />
cheminement c<strong>la</strong>ir et aisé, selon le<br />
<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> forme olympique - « toujours<br />
plus haut » - <strong>de</strong> chacun. Autrement<br />
dit, à chaque étape, une<br />
sortie est indiquée, donc possible.<br />
Première étape : les salons, avec<br />
sortie par les cours intérieures,<br />
en direction <strong>de</strong>s casemates et<br />
<strong>de</strong>s boves. Deuxième étape : les<br />
chapelles et le chemin <strong>de</strong> ron<strong>de</strong>,<br />
avec un petit escalier supplémentaire<br />
aller et retour. Ultime étape,<br />
hautement méritoire : le donjon,<br />
autant que faire se peut jusqu’à <strong>la</strong><br />
table d’orientation au sommet <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> tour, avec une halte (reposante)<br />
au pigeonnier pour admirer les<br />
toitures. Suivez les flèches, mais<br />
attention, dans un château c<strong>la</strong>ssé<br />
monument historique, tout n’est<br />
pas permis. La signalétique est<br />
très logiquement tiraillée par une<br />
double contrainte : être lisible, et<br />
discrète.<br />
Trois nouveautés : d’abord <strong>de</strong>s vidéos<br />
indiquant dans les principales<br />
salles <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong>s lieux, en ouvrant<br />
sur <strong>de</strong>s sujets historiques.<br />
Ensuite <strong>la</strong> maquette du château,<br />
restaurée et remise en valeur dans<br />
un nouveau meuble, sera installée<br />
sur le palier <strong>de</strong> l’escalier d’honneur<br />
: une belle vue d’ensemble<br />
avant <strong>la</strong> visite.<br />
Enfin dans <strong>la</strong> cour <strong>de</strong>s écuries, on<br />
trouvera un meuble original, une<br />
« table gigogne » <strong>de</strong>ssinant les<br />
étapes successives <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction<br />
du château.<br />
Et si nécessaire, tout est démontable.<br />
Voilà un château bien<br />
contemporain.<br />
CF<br />
fermeture d’hiver du château pour<br />
<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> petites réparations et<br />
<strong>de</strong> maintenance.<br />
Ils sont entrés un peu par hasard dans<br />
ce métier - Christian était rotativiste<br />
puis intérimaire, Abdo « a fait tous<br />
les métiers » - et ils y restent. Ils travaillent<br />
le weekend, mais « avant j’ai<br />
fait les 3-8, alors… Et c’est bien d’être<br />
libre parfois en semaine, pour les<br />
petits enfants. Ici, j’aime surtout les<br />
manifestations comme PPP, quand<br />
il y a beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> en une<br />
journée », dit Christian. Il en imagine<br />
d’autres - rassemblement <strong>de</strong> voitures<br />
anciennes, soirées d’astronomie, en<br />
plein air, au mois d’août ? -, regrette<br />
les Halloween abandonnés. Ahn a<br />
commencé comme gardien <strong>de</strong> nuit,<br />
dès 1996 : « Le château était mal protégé,<br />
malgré <strong>de</strong>s a<strong>la</strong>rmes sonores. Il<br />
y avait déjà <strong>de</strong>s expositions, avec <strong>de</strong>s<br />
tableaux précieux ». Il se voit au ser-<br />
vice du public et du château « Il n’y a<br />
pas <strong>de</strong> château, s’il n’y a pas <strong>de</strong> public<br />
». Ils ne disent pas “ennui” mais<br />
parlent d’une “certaine monotonie”,<br />
l’hiver, quand il y a peu <strong>de</strong> visiteurs.<br />
Surtout, ils aiment leur château, le<br />
préservent, au point <strong>de</strong> le disputer<br />
parfois à <strong>la</strong> programmation culturelle…<br />
Christian a joué, enfant, dans<br />
le donjon alors ouvert, Abdo se souvient<br />
d’être venu au château encore<br />
meublé, dans les années 1980, et du<br />
théâtre « presque en bon état, avec<br />
ses bancs sur pieds » ; il ne décolère<br />
pas que « les monuments historiques<br />
» n’aient pas su le préserver.<br />
Après douze ans <strong>de</strong> château, Marc<br />
Antoine part « pas par <strong>la</strong>ssitu<strong>de</strong> : j’ai<br />
beaucoup appris » pour s’installer en<br />
Corrèze comme jardinier-paysagiste.<br />
Les autres restent : « Ici, on n’est pas<br />
à p<strong>la</strong>indre ».<br />
CF<br />
Des murs <strong>de</strong> 80 millions d’années<br />
Les cavités, appelées boves, présentes<br />
sur <strong>la</strong> partie concave <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucle que<br />
fait <strong>la</strong> Seine, en particulier à La <strong>Roche</strong>-<br />
<strong>Guyon</strong> ou Haute-Isle, sont habitées<br />
<strong>de</strong>puis fort longtemps. Creusées et<br />
mo<strong>de</strong>lées par l’homme, elles témoignent<br />
souvent d’un usage mixte. On y<br />
découvre les traces <strong>de</strong>s usages changeants<br />
: mangeoires <strong>de</strong> craie, puits ou<br />
cheminées, fours à pain…<br />
Cette roche est constituée <strong>de</strong> calcaire<br />
issu du dépôt <strong>de</strong> microscopiques coquilles<br />
calcaires et <strong>de</strong> rangs <strong>de</strong> silex<br />
réguliers provenant <strong>de</strong>s éponges siliceuses<br />
déposées au fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer au<br />
crétacée.<br />
Cet habitat a probablement été utilisé<br />
<strong>de</strong>puis le néolithique et perdure<br />
jusqu’à <strong>la</strong> fin du XIX e siècle sur <strong>la</strong><br />
commune. Puis, il se transforme : animaux,<br />
moissons, four à chaux y trou-<br />
vent p<strong>la</strong>ce. Presbytère, chapelle, pigeonnier,<br />
réservoir d’eau, casemate,<br />
orangerie… Ces patrimoines variés, à<br />
La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, partagent un point<br />
commun : celui d’être troglodyte.<br />
Aujourd’hui, cet habitat est reconquis<br />
par certains <strong>Guyon</strong>nais. Mais<br />
cette architecture non-conformiste<br />
ne concerne que quelques foyers ou<br />
quelques parties d’habitation. Des artisans<br />
investissent aussi ces cavités, y<br />
trouvant le lieu rêvé à leur activité.<br />
Passionné <strong>de</strong> géologie ou d’architecture,<br />
<strong>de</strong> paysage ou d’art, vous pouvez<br />
venir découvrir cette « culture<br />
troglo » lors <strong>de</strong> vos escapa<strong>de</strong>s au travers<br />
du vil<strong>la</strong>ge ou du château, profiter<br />
les jours chauds <strong>de</strong> <strong>la</strong> fraîcheur qui y<br />
règne, vous <strong>la</strong>isser pénétrer <strong>de</strong> l’Histoire<br />
qui en découle.<br />
Antoine Prévost<br />
19
Nollet : Ce sauvage d’américain ne va pas me marcher sur les pieds ! / Franklin : Il y a <strong>de</strong> l’éléctricité dans l’air, on dirait.<br />
(c)alendrier 2013<br />
MARS<br />
17<br />
24<br />
AVRIL<br />
6<br />
6<br />
13-14<br />
18<br />
20<br />
21<br />
26-28<br />
MAI<br />
4-5<br />
8-12<br />
18<br />
19<br />
25<br />
26<br />
JUIN<br />
1-2<br />
1<br />
16<br />
21<br />
23<br />
JUILLET<br />
6<br />
13<br />
AOÛT<br />
3<br />
SEPTEMBRE<br />
7<br />
7<br />
14-15<br />
21-22<br />
28<br />
29-30<br />
OCTOBRE<br />
1-6<br />
5<br />
12<br />
20<br />
26<br />
NOVEMBRE<br />
15-16<br />
23-24<br />
23<br />
(s)pectacle<br />
(c)onférence<br />
(e)xpo<br />
(e)xpo<br />
(s)pectacle<br />
(c)olloque<br />
(c)oncert<br />
(c)onférence<br />
(s)pectacle<br />
(m)anifestation<br />
(c)oncerts<br />
(c)ourse<br />
(s)pectacle<br />
(c)olloque<br />
(c)onférence<br />
(m)anifestation<br />
(v)isite<br />
(c)oncert<br />
(c)oncert<br />
(c)oncert<br />
(v)isite<br />
(m)anifestation<br />
(v)isite<br />
(e)xpo<br />
(v)isite<br />
(m)anifestation<br />
(v)ente<br />
(e)xpo<br />
(e)xpo<br />
(e)xpo<br />
(v)isite<br />
(c)olLoque<br />
(c)oncert<br />
(c)olLoque<br />
(s)pectacle<br />
(m)anifestation<br />
(v)isite<br />
DÉCEMBRE<br />
7 (c)olLoque<br />
Gens <strong>de</strong> Dublin<br />
Conférence art contemporain #6<br />
Vernissage Ici sont passés...<br />
Plug in<br />
Höl<strong>de</strong>rlin, le chant perdu<br />
Les jardins du futur<br />
O’noir<br />
Conférence art contemporain #7<br />
Naissance<br />
P<strong>la</strong>ntes <strong>P<strong>la</strong>isir</strong>s Passions<br />
Master c<strong>la</strong>sses<br />
Trail<br />
Héraclite et Démocrite<br />
La secon<strong>de</strong> guerre mondiale sur les écrans français<br />
Conférence art contemporain #8<br />
Ren<strong>de</strong>z-vous au jardin<br />
Les visiteurs du soir<br />
Ensemble Zellig<br />
Fête <strong>de</strong> <strong>la</strong> musique<br />
Programme Gerschwin<br />
Les visiteurs du soir<br />
Banquet citoyen<br />
Les visiteurs du soir<br />
Vernissage Un rêve <strong>de</strong> Lumières<br />
Les visiteurs du soir<br />
Journée Européenne du patrimoine<br />
Emmaüs<br />
Inauguration Oksébô, les duos #4<br />
Oksébô, les duos #4<br />
Oksébô, les duos #4<br />
Les visiteurs du soir<br />
Les sciences au siècle <strong>de</strong>s Lumières<br />
Quatuor Via Nova, concert Grety<br />
Création scientifique et recherche artistique<br />
Jean Genet, l’ennemi déc<strong>la</strong>ré<br />
Marché <strong>de</strong> l’Avent<br />
Les visiteurs du soir<br />
3ème Journée d’histoire <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong><br />
Informations (p)ratiques<br />
<strong>Château</strong> <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong><br />
1, rue <strong>de</strong> l’Audience<br />
95780 La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong><br />
01 34 79 74 42<br />
information@chateau<strong>de</strong><strong>la</strong>rocheguyon.fr<br />
www.chateau<strong>de</strong><strong>la</strong>rocheguyon.fr<br />
Service réservation <strong>de</strong> 14h à 17h<br />
01 34 79 76 30<br />
service.reservation@chateau<strong>de</strong><strong>la</strong>rocheguyon.fr<br />
Jours et heures d’ouverture<br />
- jusqu’au vendredi 29 mars, tous les jours <strong>de</strong><br />
10h à 17h<br />
- du samedi 30 mars au dimanche 27 octobre,<br />
du lundi au vendredi <strong>de</strong> 10h à 18h et les<br />
week-ends, jours fériés <strong>de</strong> 10h à 19h<br />
- du lundi 28 octobre au dimanche 24<br />
novembre, tous les jours <strong>de</strong> 10h à 17h<br />
- fermeture annuelle du 25 novembre au 31<br />
janvier 2014<br />
Dernier billet vendu 1h avant <strong>la</strong> fermeture<br />
Visites guidées du château<br />
le dimanche à 15h (et à 16h30 du 1er avril au<br />
28 octobre), durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> visite : environ 1h30.<br />
Autres jours sur réservation uniquement<br />
parking du château : gratuit<br />
Directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication : Yves Chevallier<br />
Rédaction : Christine Frie<strong>de</strong>l<br />
Maquette, graphisme : Pauline Fouché<br />
Imprimerie : IMPRAM<br />
N° <strong>de</strong> siret : 289 500 803 00019<br />
ISSN : 1955-10-10<br />
Tiré à 20 000 exemp<strong>la</strong>ires<br />
Remerciements : Conseil général du Val d’Oise,<br />
commune <strong>de</strong> La <strong>Roche</strong>-<strong>Guyon</strong>, Parc Naturel Régional<br />
du Vexin français, DRAC Île-<strong>de</strong>-France, Conseil<br />
régional d’Île-<strong>de</strong>-France.<br />
Tarifs<br />
tarif plein : 7,80€<br />
tarifs réduits :<br />
- 3,70€ handicapés<br />
- 4,80€ étudiants, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’emploi<br />
- 4,30€ 6-12 ans<br />
- 4,80€ 13-18 ans<br />
- 3,30€ habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong><br />
communes Vexin Val <strong>de</strong> Seine<br />
- forfaits famille : 22,00 € (2 adultes + 2<br />
enfants), 26,00 € (2 adultes + 3 enfants)<br />
- Les jeunes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans résidant sur<br />
le canton <strong>de</strong> Magny en Vexin bénéficient <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> gratuité<br />
- Les visiteurs du <strong>Château</strong> d’Ambleville et<br />
du musée <strong>de</strong>s impressionnismes Giverny<br />
bénéficient, sur présentation du billet du<br />
jour, d’une entrée au tarif <strong>de</strong> groupe et<br />
réciproquement<br />
Nous acceptons les Chèques Vacances<br />
Informations ba<strong>la</strong>dobus<br />
d’avril à octobre <strong>de</strong>puis les gares <strong>de</strong> Pontoise<br />
et <strong>de</strong> Cergy-le-Haut<br />
N° Azur : 0 810 16 40 45 (prix appel local)<br />
www.pnr-vexin-francais.fr<br />
accueil@ot-cergypontoise.fr<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’EPCC : Gérard Lambert-Motte<br />
Le personnel du <strong>Château</strong><br />
Yves Chevallier - directeur<br />
Aicha Aoua. Marc-Antoine Astier. Marie-Laure Atger.<br />
Hassen Ben Mahmoud. Jean-Marie Bonnet. Jean-<br />
Luc Bource. Abdo Bouzit. Marie-Christine Dodier.<br />
Véronique Ducret. Anne Etievan. Emmanuelle Evrard.<br />
Alexandra Grain. Anh N’Guyen. Laure Hermand.<br />
Patrick Le Gallic. Damien Le Bigot. Olivier Lopes.<br />
Nathalie Michel. Chrystèle Pieszko. Cyril Rasse.<br />
Christine Roque. Christian Rousseau. Priscil<strong>la</strong> Tissier.