Romagnas du Mont Davis - Index of - Free
Romagnas du Mont Davis - Index of - Free
Romagnas du Mont Davis - Index of - Free
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
J'aimais cet homme pour son dévouement, sa droiture, son impartialité, sa générosité. Il avait fait de moi<br />
un homme, un associé. C'était un père formidable qui, malgré les années passées, difficiles et<br />
douloureuses, n'avait jamais baissé les bras et nous avait élevés ma sœur et moi avec amour et respect.<br />
— Qui est-ce ? demanda-t-il en fermant la porte derrière nous.<br />
— Elle s'appelle Lisy O'Brian.<br />
— Et ?<br />
— Elle vient tout juste de quitter mon bureau, elle a traversé le pays pour nous rencontrer.<br />
— Et ?<br />
— Je ne sais pas !<br />
— Comment ça tu ne sais pas ?<br />
Son front se plissa, intrigué.<br />
— Je ne sais pas ! dis-je en passant mes mains sur mon visage. Lorsqu'elle a commencé à parler je ne<br />
sais pas ce qui m'a pris, j'ai littéralement pété un plomb et je lui ai demandé de partir sans prendre la<br />
peine de l'écouter.<br />
— Que t'a-t-elle dit pour que tu perdes le contrôle ? Pourquoi avait-elle ce médaillon en sa possession et<br />
quel est le rapport avec ta sœur ? Tu sais que dans cette affaire la GRC n'a pas beaucoup d'éléments,<br />
déclara-t-il en posant sa main sur mon épaule.<br />
Je savais que ce geste était fait pour m'apaiser et je réalisai avec amertume que je venais de laisser filer<br />
la seule piste correcte et sérieuse que nous avions eue depuis plus de trois mois.<br />
— Comment était cette O'Brian ? demanda-t-il en se raclant la gorge comme pour se donner une certaine<br />
contenance.<br />
— Cheveux noirs, petite.<br />
Enfin non pas si petite que ça, elle a de longues jambes, pensai-je.<br />
Eh bien pour quelqu'un en plein pétage de plombs je constatais avoir pris le temps de la détailler et<br />
d'imprimer dans mon esprit chaque courbe de son corps.<br />
Elle était sexy, une petite poitrine qui semblait bien ferme sur laquelle j'aurai bien aimé laisser courir<br />
mes doigts.<br />
— Greg, dis m’en plus.<br />
— Oui pa, euh je dirais un peu plus d'un mètre soixante, yeux verts, cheveux mi- longs, noirs.<br />
— Que faisait-elle avec ce pendentif ? Et quel lien peut-il avoir avec ta sœur ?<br />
— Je n'en sais rien. Les portes de l'ascenseur se sont refermées peu après qu'elle me l'ait donné.<br />
J'avais beau me poser la question, cela n'avait aucun sens, pas maintenant, pas dix-sept ans après.<br />
— Non mais qui est cette femme ? D’où vient-elle, bordel ?<br />
Mon père n'avait pas pour habitude de jurer et en cet instant je pouvais lire toute la frustration sur son<br />
visage.<br />
— Elle vient d'El Paso et m'a dit être gynéco.<br />
— Gynécologue ? C'est comme ça qu'elle a rencontré ta sœur ?<br />
— Je n'en sais rien.<br />
— Comment ça ? Tu ne lui as pas demandé ? Mais Greg, pour une fois que nous avions une piste<br />
sérieuse, tu avais quoi dans la tête ?<br />
J'avais quoi dans la tête, je me le demande encore. Cela faisait plus de trois mois que ma vie était en<br />
stand-by. Plus de trois mois que j'avais l'impression de vivre une expérience extra corporelle, mon corps,<br />
mon esprit et mon âme totalement dissociés l'un de l'autre. Plus de trois mois que ma moitié n'était plus à<br />
mes côtés. Plus de trois mois que je passais mes jours et mes nuits à écouter les élucubrations de<br />
personnes complètement illuminées.<br />
Plus de trois mois, plus de quatre-vingt-dix jours, plus de deux mille cent soixante heures à me dire<br />
qu'une minute passée était une minute de per<strong>du</strong>e à jamais. Je n'en pouvais plus de cette situation. Alors,