Romagnas du Mont Davis - Index of - Free
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contre tout espoir, il tourna les talons et se dirigea vers la table de chevet. Prenant le téléphone de l'hôtel,<br />
il composa le numéro <strong>du</strong> standard.<br />
— Serait-il possible d'avoir deux plats <strong>du</strong> jour dans la chambre deux cent dix-sept, s'il vous plaît ?<br />
Je restais bouche bée devant tant d'assurance.<br />
—Merci. Ah, j'oubliais, mettez-nous une bouteille de Casanova di Neri Brunello di <strong>Mont</strong>alcino Tenuta<br />
Nuova de 2001.<br />
— Oh, en plus d'être beau gosse, monsieur parle italien et s'y connait en vin, marmonnai-je pour moimême<br />
en reprenant une respiration normale.<br />
— Pardon ?<br />
— Euh ! Je hochai la tête de droite à gauche. Non rien, dis-je en rougissant.<br />
— Vous devriez passer un peignoir, murmura-t-il d'une voix rauque en se baissant pour ramasser les<br />
morceaux <strong>du</strong> vase brisé au sol.<br />
— Oh oui, excusez-moi.<br />
— Dans l'armoire de la salle de bains.<br />
— Quoi donc ?<br />
— Les peignoirs ! insista-t-il troublé.<br />
— Oh oui pardon, j'y vais, finis-je par dire en pointant de mon index la porte.<br />
Pressant le pas, je partis en direction de la salle de bains, j'étais quelque peu confuse par la tension et<br />
l'excitation qui bouillonnaient dans mes veines.<br />
— Wow, bravo Lisy ! On peut dire que tu sais te tenir, marmonnai-je, retirant la serviette que j'avais<br />
autour de mon corps pour la placer de nouveau devant ma bouche.<br />
La vapeur s'était quelque peu évaporée, mes yeux n'étant plus brouillés par les larmes, je pouvais voir<br />
combien cette salle d'eau était incroyablement belle, grande et lumineuse. Dans le fond de la pièce une<br />
baignoire aux formes intemporelles avec des pieds en pattes de lion, polie directement dans la fonte, lui<br />
donnant un aspect extérieur brillant et moderne.<br />
En face se trouvait la douche dans laquelle je m'étais réfugiée tout à l'heure. Deux personnes pouvaient se<br />
tenir à l'intérieur et mon esprit perverti partit aussitôt à la dérive en m'imaginant moi et Cummings dans<br />
cette cabine.<br />
Reprends-toi Lisy, ce n'est pas le moment de fantasmer sur lui.<br />
Saisissant le peignoir qui se trouvait accroché à la patère en fer forgé, je m'enveloppai dedans. Il était<br />
doux, moelleux et frais, avec une légère odeur de fleur d'oranger. Cette sensation divine sur ma peau fit<br />
remon-ter en moi le souvenir de mon père qui m'enroulait dans une grosse serviette et me frictionnait à la<br />
sortie de mon bain dans notre maison de vacances.<br />
L'eau y était toujours froide, sortant directement <strong>du</strong> puits, mon père la faisait réchauffer dans une grosse<br />
marmite.<br />
Je gardais de mon père son côté bon vivant, aimant les bonnes choses, le bon vin.<br />
Certes, il n'avait jamais eu les moyens de s'<strong>of</strong>frir une bouteille hors de prix comme venait de le faire<br />
Cummings, mais avec mon oncle, ils s'étaient achetés quelques acres de terres sur le <strong>Mont</strong> <strong>Davis</strong> et tous<br />
les week-ends nous allions jouer aux viticulteurs.<br />
C'était un endroit paisible, une petite maison en bois, certes, ce n'était pas un palace comme cette<br />
chambre d'hôtel car le confort y était précaire, mais pour moi <strong>du</strong> haut de mes neuf ans, elle avait<br />
représenté la plus belle maison au monde.<br />
On y trouvait des sols arables entre trois cent et mille deux cent mètres, les hivers étaient froids et les<br />
nuits au printemps étaient fraîches, les températures variaient de 30° la journée à - 35° la nuit. C'était un<br />
climat sec où les précipitations annuelles ne dépassaient guère quinze à dix-huit centimètres, mais c'était<br />
aussi un terroir favorable à la culture <strong>du</strong> raisin vinifère et nous y avions trouvé là notre bonheur.<br />
Mon père avait pour habitude tous les soirs de faire un feu de bois avec les sarments de vigne.