Albigny, M. P. d'. Revue historique, archéologique ... - Beauzons.fr

VINCENT D'iXDY ET SON OEUVRE MUSICALE
Adieu, nuit amoureuse,
Adicu, chère vallée! adieu, rêve enchanteur 1
Je pleure. et je suis bien heureuse,
Rentrons,Wilhelm,je n'ai pluspeur.
Les fins critiques musicaux ont contesté la valeur de cette page
idyllique qu'ils ont accusée de n'être point assez vibrante de
passion. Ils n'ont pas remarqué que l'auteur ne pouvait outrer sa
pensée dans l'expression d'un pur attachement. Le myosotis n'est
point la pivoine et Lénore n'est point Selika l'Africaine. Cette
nuance n'a pas échappe à un savant esthète, M. Combarieu, qui
estime que « cette scène aura parmi les oeuvres lyriques actuelles
le même rang que Y Angélus de Millet parmi les oeuvres de-la
peinture contemporaine. »
L'art dramatique vit de contrastes. Après la solitude rêveuse
des deux amants, voici la grande place du marché où toute la
population réunie est en habits de fête. Le massif hôtel de ville,
avec son balcon de pierre, se dresse parxôté, gardé par une com-
pagnie d'archers. La jeunesse chante et danse et les bourgeois se
promènent en causant de la kermesse du jour, la fête des corporations,
car Il s'agit d'inscrire un nouveau nom sur le livre des
maîtrises. C'est Wilhelm qui est proclamé, aux applaudissements
du peuple, tandis que les cloches sonnent joyeusement.
Ici, les suffrages ont été unanimes pour M. d'Indy comme pour
Wilhelm, et l'ont proclamé maître dans l'art de faire vivre et
parler les foules.
La scène suivante nous transporte dans l'intérieur du vieux
clocher Dans la chambre des cloches, éclairée par un faible rayon
de lune, Wilhelm est assis^ plongé dans de tristes méditations. Sa
fiancée est morte, emportant ses rêves de bonheur. Les détrac-
teurs de son talent le tournent en dérision.
« Et cependant, dit-il
De même qu'aFinsLant décisif de la fonte
Le flot du métal louidbouillonne avec fui cur
/Vus^cindu moule qui le dompte
De inÊiTie
j'ai
senti
s'âgitei
en mon cqcur
Une forme sublime et pointant inconnue,
Un art nouveau, puissant et fort «»
Minuit sonne. Ici apparaît un tableau fantastique digne des
rêves d'Hoffmann.
L'imagination douloureusement frappée du fondeur s'exalte
dans une hallucination qui s'objective et se déroule aux yeux du