Histoire de la Chimie À la Faculté des - Université de Rennes 1

Histoire de la Chimie
À la Faculté des Sciences de Rennes
de 1840 à 1966
Par Benjamin GALLON et Dominique BERNARD
Paul HAGENMULLER et la chimie minérale rennaise (1960).
De gauche à droite : Jacques Lucas, Nguyen van Hye, Michel Pouchard, Antoine Hardy,
Bernard Le Neindre, Roger Naslain, Jean Rouxel, Paul Hagenmuller, Michel Tournoux,
Jacques Prigent, J. David, André Lecerf, Chopin, Paul Caillet, Maurice Rault, Debray.

INTRODUCTION
Histoire de la Chimie
À la Faculté des Sciences de Rennes
1. HISTOIRE DE LA FACULTE DES SCIENCES DE RENNES ET DE SES
DEMENAGEMENTS SUCCESSIFS 3
1.1. L'HOTEL DE VILLE : 1840 – 1856 3
1.2. LE PALAIS DE L'UNIVERSITE : 1856 – 1896 4
1.3. LA FACULTE DES SCIENCES : 1894 – 1966 4
1.4. LE CAMPUS DE BEAULIEU : 1966 A AUJOURD'HUI 4
2. HISTOIRE DES ENSEIGNANTS CHIMISTES A LA FACULTE DES
SCIENCES OU L’ESSOR DE LA CHIMIE EN BRETAGNE 5
2.1. FAUSTINO MALAGUTI 5
2.2. GEORGES LECHARTIER 7
2.3. PIERRE VEZES 8
2.4. JACQUES CAVALIER 8
2.5. M. PERRIER 8
2.6. ANDRE JOB 8
2.7. LAURENT POUGET 9
2.8. ALBERT BOUZAT 9
2.9. AUGUSTE CONDUCHÉ 10
2.10. FRANÇOIS SALMON-LEGAGNEUR 11
2.11. JEAN VENE 11
2.12. RAYMOND ROHMER 11
2.13. HENRY LE MOAL 12
2.14. 1956 – 1966 13
3. HISTOIRE DES LABORATOIRES DE CHIMIE MINERALE PUIS DE LA
CHIMIE DU SOLIDE DE 1945 A 1966 13
CONCLUSION
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Introduction
Ce travail a été réalisé à partir d’un stage réalisé par Benjamin GALLON en 2009-
2010 dans le cadre de son cursus de L3 de physique-chimie à l’université de Rennes 1,
sous la direction de Dominique BERNARD. Dans ce travail, il s’est intéressé au
parcours des différents chimistes qui se sont succédé à la Faculté des Sciences de sa
création en 1840 au déménagement à Beaulieu en 1966.
Aussi, pour cela, dans un premier temps :
Nous retraçons la naissance de l’enseignement et de la recherche en chimie à la Faculté
des sciences de Rennes à partir de 1841 avec Faustino MALAGUTTI et aux
conséquences des différents déménagements de la Faculté à travers la ville de Rennes.
Nous avons aussi listé les professeurs et maîtres de conférence qui ont été nommés à
la Faculté pendant cette période et nous avons aussi évoqué la naissance de la chimie
« minérale » autour d'André CHRETIEN et de ses élèves (1945-1966)
Ce travail complète celui d'Axel PETIT, ancien étudiant de M2 de physique-chimie
qui a retracé quant à lui l'histoire des physiciens de la Faculté de 1840 à 1939.
À la lecture de ce document, le lecteur verra qu’il existe de nombreux « trous » sur le
passage de plusieurs chimistes à la Faculté des Sciences… donc du travail en
perspective !
Nous devons remercier Jean Lang, professeur de chimie, Daniel Conduché, maîtreassistant
de mathématiques, pour les nombreuses informations et interviews qu’ils
nous ont gentiment fournies. Jean-Paul Taché a aussi suivi ce travail avec beaucoup de
disponibilité.
Contacts pour informations complémentaires :
dominique.bernard@univ-rennes1.fr
audrey.chambet@univ-rennes1.fr
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1. Histoire de la Faculté des Sciences de Rennes et de ses
déménagements successifs
Dans cette partie, on tracera l'histoire de la création de la Faculté des sciences ainsi que son
vagabondage de l'Hôtel de Ville en 1840 au campus de Beaulieu en 1966 afin de décrire le cadre de
travail des chimistes.
Dans l'annexe n°2, on présente la liste des doyens qui se sont succédé pendant cette période.
1.1. L'Hôtel de Ville : 1840 – 1856
La Faculté des Sciences de Rennes naît administrativement par décret impérial du 18 octobre 1808,
qui malheureusement ne reçut pas d'exécution et aucun personnel ne fut nommé. On ne reparla de la
création de la Faculté qu'en 1838 mais la concurrence avec Nantes pour la création de la faculté de
médecine dans l'Ouest repoussa sa création en 1840.
La Faculté des sciences est officiellement créée le 12 septembre 1840. Elle s'installe dans l'aile
droite, au premier étage de l'Hôtel de Ville. Le zoologiste Félix DUJARDIN est nommé doyen. À
ses côtés sont nommés quatre autres professeurs pour occuper les cinq chaires créées par le ministère
de l'instruction publique.
Chaire de zoologie et botanique : M. DUJARDIN
Chaire de mathématiques : M. VEILLE
Chaire de physique : M. de la PROVOSTAYE
Chaire de chimie : M. MALAGUTI
Chaire de géologie et de minéralogie : M. PAYER
Même si la plupart des chaires seront dédoublées au cours du temps,
celle de chimie de Rennes restera unique.
Faute de temps pour son installation, la première rentrée n'aura lieu qu'en 1841. Les buts de la
Faculté sont de populariser la science, de former des licenciés et de valoriser la recherche. Les cours
dans la journée sont suivis par les futurs licenciés ainsi que par les élèves de médecine et de
pharmacie et sont créés des cours du soir, ceux de chimie agricole sont très populaires, pour le grand
public.
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1.2. Le Palais de l'Université : 1856 – 1896
En 1856, suite à des plaintes concernant les "exhalaisons" du laboratoire de MALAGUTI, la Faculté
des Sciences se déplace de l'Hôtel de Ville au Palais de l'Université (maintenant Musée des Beaux-
Arts). Même si ce déménagement agrandit le service de physique, il ne change rien pour le service de
chimie à part la distance entre le cabinet du professeur et l'amphithéâtre. Malgré de multiples
demandes d'agrandissement, le Palais de l'Université verra une extension en 1870 qui sera rapidement
insatisfaisante au vu de l'augmentation du nombre d’étudiants.
1.3. La Faculté des sciences : 1894 – 1966
L'augmentation des étudiants et du personnel fait qu’en 1894 la Faculté des sciences traverse la
Vilaine pour s'installer dans des locaux prévus spécialement Place de Viarmes (devenue Place
Pasteur). Ces nouveaux bâtiments se trouveront trop petits avant même que la fin du déménagement
ait lieu et l’on doit laisser au Palais Universitaire certaines collections notamment de zoologie.
1.4. Le Campus de Beaulieu : 1966 à Aujourd'hui
Sous l'impulsion du recteur M. LE MOAL est construit le campus de Beaulieu pour pallier au
manque de place de l'ancienne Faculté et à l'augmentation régulière du nombre d'étudiants.
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2. Histoire des enseignants chimistes à la Faculté des
Sciences ou l’essor de la chimie en Bretagne
Dans cette partie, on listera les professeurs et les maîtres de conférence de la Faculté des sciences de
Rennes de 1840 à 1941 en retraçant les différents éléments de leur travail que nous avons retrouvé
ainsi que les difficultés présentées par rapport à certains.
2.1. Faustino MALAGUTI
Titulaire de la chaire de 1840 à 1866
Né en 1802 à Pragato (Italie), décédé en 1878 à Rennes.
Le premier chimiste de la Faculté de Rennes est d'abord pharmacien en Italie avant de s'exiler en
1831 à cause des problèmes de régime politique dans la région de Bologne. Il arrive à Paris où il
travaille dans le laboratoire de Gay-Lussac. En 1834, il devient chimiste à la manufacture de Sèvres
où il étudie le kaolin, une argile blanche et friable utilisée pour fabriquer du papier, de la céramique
et, aujourd'hui, de la fibre de verre (la Bretagne produit actuellement 90% du kaolin national).
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En 1840, il est nommé professeur de chimie à la toute nouvelle Faculté des sciences de Rennes.
Il travaille sur la chimie agricole, pourrissement des foins, etc... des sujets en accords avec la
région où il enseigne. Il monte avec ses collègues des cours du soir pour le grand public à partir de
1852. Ces cours où il traite de chimie agricole sont si populaires qu'il les compile dans un livre en
1862 sous le titre :
Chimie appliquée à l'agriculture, précis des leçons professées
depuis 1852 jusqu'à 1862 sur différents sujets d'agriculture.
En 1855, il est nommé doyen de la Faculté, c'est le premier chimiste rennais à honorer cette
fonction. Suite à des plaintes de riverains concernant l'odeur de ses travaux, la Faculté déménage de
l'Hôtel de Ville au Palais de l'Université en 1856. MALAGUTI n'est pas très favorable à ce
déménagement car contrairement au Présidial où son laboratoire juxtapose la salle de cours, dans le
Palais Universitaire il doit sans cesse déplacer la verrerie entre son nouveau laboratoire et
l'amphithéâtre qui sont assez éloignés. En 1866, il est nommé Recteur de l'Académie.
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2.2. Georges LECHARTIER
Titulaire de la chaire de 1866 à 1903
Né en 1837 à Paris, décédé en 1903 à Rennes.
Sortant de l'Ecole Normale, il remplace MALAGUTI à la suite de sa promotion comme recteur. Il
poursuit dans la même voie que son prédécesseur en s'intéressant aussi à la chimie agricole
(conservation des denrées alimentaires). En 1878, grâce au concours du ministère de l'agriculture,
le service de chimie voit l'ouverture d'une station agronomique qui devient un des services les
plus actifs de la Faculté. Pendant ses vingt et une premières années d'existence seront faites 10 199
analyses de toutes sortes sans compter les expériences uniquement scientifiques.
En 1894, il devient doyen et concrétise le projet de M. SIRODOT, son prédécesseur à ce poste : la
création d'un nouveau bâtiment pour la Faculté quasiment en face de l'ancien. Il meurt en 1903.
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Né en 1864 à Agen.
2.3. Pierre VEZES
Maître de conférence de 1893 à 1894
Sortant de l'Ecole Normale, c'est le premier maître de conférence de la Faculté à être nommé, ce
poste étant crée avec l'augmentation des élèves. En 1894, il part à Bordeaux où il sera nommé par la
suite professeur. Il a étudié surtout le platine dans ses combinaisons avec l'azote, puis les complexes
du platine et du palladium.
2.4. Jacques CAVALIER
Maître de conférence de 1894 à 1899
puis Titulaire de la chaire de 1903 à 1909
Né en 1869 à Neuilly-sur-Seine, décédé en 1937.
Élève de l’Ecole Normale Supérieure, il est reçu premier à l'agrégation des sciences physiques en
1891. Nommé en 1892 préparateur à l'école pratique des Hautes Etudes dans le laboratoire de chimie
de l'Ecole Normale Supérieure, agrégé préparateur de chimie en 1893, il devient, en 1894, maître de
conférences de chimie à la Faculté des sciences de Rennes.
En 1896, grâce à son doctorat il devient chargé de cours à Marseille avant d'être rappelé à Rennes à
la mort de LECHARTIER pour lui succéder en tant que titulaire de la chaire de chimie. En 1909, il
devient recteur de l'académie de Poitiers puis, en 1914 celui de l'académie de Toulouse pour enfin
arrivé recteur de l'académie de Lyon en 1922. Il rejoint l'administration centrale en 1926 et dirige
pendant dix ans l'enseignement supérieur.
Ses cours ont porté sur les alliages métalliques et on lui doit le livre Leçon sur les alliages
métalliques.
2.5. M. PERRIER
Maître de conférence à partir de 1898 puis Professeur en 1925
On dispose de peu d'information sur cet enseignant. On trouve la date de sa nomination comme
maître de conférence dans le livre Histoire de la faculté des sciences de Rennes de M.JOUBIN et son
nom cité dans la liste des membres de la société scientifique de Bretagne. Il quitte la Faculté dans les
années 1930 lorsque MM. SALMON-LEGAGNEUR et VENE arriveront à la Faculté.
Il avait un homonyme, Edmond PERRIER, qui était professeur en zoologie à la Faculté.
2.6. André JOB
Maître de conférence de 1899 à 1903
Agrégé de sciences physiques en 1894, il remplace CAVALIER lorsque celui-ci part à Marseille. Il
part à Toulouse quand CAVALIER revient. Il remplace ensuite Henry LE CHATELIER à la chaire
de chimie de la Faculté des sciences de Paris en 1925.
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2.7. Laurent POUGET
Maître de conférence à partir de 1900
Mis à part 1895 qui est l'année où il obtient son agrégation, on n’a pas trouvé d'autres
informations que celles qui sont trouvées dans le livre de L Joubin pour M. PERRIER. Comme ce
dernier, il doit quitter la Faculté dans les années 1930.
2.8. Albert BOUZAT
Maître de conférence à partir de 1903
puis Titulaire de la chaire de 1909 à 1940
Né en 1873 à Saint Hilaire la Treille, décédé en 1964 à Rennes.
Sortant de l'Ecole Normale Supérieure, il obtient l'agrégation en 1895. En 1899, il est préparateur de
BERTHELOT au Collège de France avant d'être nommé en 1903 maître de conférence à la Faculté
des sciences de Rennes. Il obtient la chaire de chimie au départ de CAVALIER en 1909 puis le
poste de doyen en 1935, fonction qu'il gardera jusqu'à sa retraite en 1940.
Ses travaux portent d'abord sur les composés cuproamnoniques et la comparaison des systèmes
univariants qui sont les sujets de ses deux thèses. En 1924, il précise le point d'ébullition du brome
(58,8 °C) qui demeurait vague depuis sa découverte. En 1930, il étudie les hydrates de gaz. Il a aussi
mis au point une méthode de transformation de l'eau de mer en eau potable
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2.9. Auguste CONDUCHÉ
Maître de conférence à partir de 1909 nommé Professeur en 1922
puis titulaire de la chaire de 1941 à 1945
Né en 1878 à Dijon, décédé en 1967.
Reçu au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure en 1899, après un an de service, il rentre à
l’école en 1900. Il est reçu premier à l'agrégation de physique -chimie en 1903, soutient sa thèse en
1907. D’abord professeur à Amiens, il est nommé maître de conférence à Rennes en 1909 à
l’occasion du départ de J. CAVALIER pour Poitiers.
Mobilisé pour la première guerre mondiale, il reste sur Rennes et n'est pas envoyé sur le front. Il se
marie avec une professeur de lycée en 1914.
Concernant ses travaux, il participe au Nouveau traité de chimie minérale du professeur Pascal en
signant la partie sur le cuivre avec Paul GERMAIN un de ses thésards. Il publie aussi Les
progrès de la métallurgie du cuivre. Il était aussi membre du « groupe de l’Arcouest » , réuni autour
des Curie dans les Côtes-du-Nord.
Il devient titulaire de la chaire en 1940 au départ d'A. BOUZAT en retraite. En 1944, suite au
débarquement sur les plages de Normandie, il y a une prise d'otage à la Faculté que M. CONDUCHÉ
évite car il fait passer les épreuves du baccalauréat à Loudéac. Son retour à Rennes s'avère être une
grande randonnée car les grandes lignes de train de Bretagne sont bloquées par les bombardements.
Le trajet Loudéac - La Brohinière s'effectue donc normalement mais il va ensuite faire le parcours La
Brohinière - Rennes à pied soit un périple d'une quarantaine de kilomètres de Rennes à 66 ans.
À la libération une délégation d’étudiants lui proposent la mairie, il refuse et suggère Yves MILLON.
Il prend sa retraite en 1945.
Merci à Daniel Conduché, son petit-fils, de nous avoir fourni toutes ses informations !
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2.10. François SALMON-LEGAGNEUR
Maître de conférence à partir de 1932
puis titulaire de la chaire de 1945 à 1968
Né en 1897 à Paris, décédé en 1994 à Saint-Brieuc.
Ingénieur en physique-chimie à Paris après ses études, il devient maître de conférence à Rennes en
1932. Travaillant sur les dérivés du camphre, c'est le premier chimiste organicien de la Faculté.
« Patron » de la chimie organique à Rennes, la plupart des organiciens qui le suivent comme MM. LE
MOAL et LEVAS sont d'abord ses élèves.
En 1945, en plus de devenir titulaire de la chaire, il obtient le poste de directeur de l'Institut de
chimie de l'Université de Rennes. Cet institut remplace l'institut polytechnique de Bretagne
crée en 1919 puis deviendra par la suite l'école nationale supérieure de chimie de Rennes en
1959. Il laisse sa place de directeur à J. VENE en 1961 et partira à la retraite en 1968.
2.11. Jean VENE
Maître de conférence de 1939 encore en activité en 1966
Nommé maître de conférence à Rennes en 1939, il est comme F. SALMON-LEGAGNEUR, chimiste
organicien. Il travaille sur les matières plastiques. Il prend la suite de F. SALMON-LEGAGNEUR
comme directeur de l'école nationale supérieure de chimie de Rennes, position qu'il gardera
jusqu'en 1971.
2.12. Raymond ROHMER
Maître de conférence de 1950 à 1956
Élève d’André CHRETIEN, nous développerons son parcours dans la partie III.
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2.13. Henry Le MOAL
Maître de conférence de 1952 à 1960 puis recteur.
Né en 1912 à Plozévet, décédé en 2001.
Mobilisé pendant qu'il était étudiant à la Faculté, il est fait prisonnier en Poméranie pendant la
seconde guerre mondiale. Il présente sa thèse en 1952 sous la direction de F. SALMON-
LEGAGNEUR et est ensuite nommé maître de conférence. Il monte le laboratoire de physicochimie
structurale, initie à Rennes les mesures des constantes d'ionisation des acides. Élu doyen en 1958, il
est nommé Recteur de l'Académie de Rennes en 1960.
Son passage au rectorat marque l'histoire des universités rennaises car il est à l'origine des
projets de construction des campus de Beaulieu, Villejean et du centre. On lui doit aussi la
création de la Faculté des sciences de Brest.
En 1970, à la fin de son mandat de recteur, il reviendra enseigner à la Faculté des sciences de Rennes.
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2.14. 1956 – 1966
…c’est l’explosion du nombre d'enseignants.
De 1956 à 1966, l'effectif des enseignants de chimie à la Faculté explose : on passe de quatre
enseignants à vingt en 1966.
En 1960, ils sont huit en exercice :
* François SALMON-LEGAGNEUR et Jean VENE ont été nommés avant 1956
* Puis viennent s'ajouter Daniel PELTIER, Emile LEVAS (professeur en chimie organique, ancien
élève de F.SALMON-LEGAGNEUR), Pierre VALLET (professeur habitant à Paris), André
FOUCAUD (qui sera nommé professeur en 1963), Claude GUERILLOT et Jean LANG (qui sera
nommé professeur en 1963).
* En 1962, Jean TESTE, Robert CARRIE et Jacques PRIGENT viennent compléter l'effectif.
* En 1963, Michel KERFANTO et Pierre SAUMAGNE sont nommés maître de conférence.
Une explication de l'explosion des effectifs provient de l’augmentation considérable du nombre
d’étudiants (le baby boom !) mais aussi de la réforme des grades à l'université. En effet pendant cette
décennie, la plupart des maîtres de conférence ont été nommés comme professeurs et les maîtresassistants
comme maîtres de conférence.
3. Histoire des laboratoires de CHIMIE MINERALE puis de
la CHIMIE DU SOLIDE de 1945 à 1966
À la fin de la seconde guerre mondiale, la chimie minérale va bientôt donner naissance à la chimie du
solide. À cette période, il y a en France deux grands « patrons » pour la chimie minérale : André
CHRETIEN (la « chrétienté ») à la Sorbonne et Georges CHAUDRON (la « chaudronnerie »)à
l'Ecole de chimie de Paris. Chacun avait son domaine de prédilection, A. CHAUDRON faisant de la
chimie minérale métallurgique et A. CHRETIEN de la chimie minérale en solution. Ces deux
courants étaient en concurrence pour rallier des laboratoires à leur technique d'étude.
André Chrétien, lui-même élève d'un ancien assistant de la Faculté de Rennes, fit nommer à Rennes
plusieurs de ses anciens élèves :
* Le premier est Raymond ROHMER en 1950. Cet alsacien va amener avec lui les méthodes de
CHRETIEN pour l'étude des solutions de chimie minérale mais retourne en Alsace en 1956 lorsqu'on
lui propose un poste dans la région.
* En partant il laisse un doctorant Jacques PRIGENT qui sera bientôt encadré par son successeur
Paul HAGENMULLER. Considéré comme l'élève turbulent de CHRETIEN, HAGENMULLER est
aussi alsacien d'origine. Il fera plusieurs années de professeur au Viêt-Nam au service de la nation
française pour garder une influence culturelle. À son retour en 1956, il accepte un poste de maître de
conférence à Rennes. Il améliore encore les méthodes de CHRETIEN et avec Robert
COLLONGUES (ancien élève de CHRETIEN, mais resté à Paris), il donne naissance à la chimie du
solide. En 1960, la Faculté des sciences de Bordeaux lui propose un laboratoire tout neuf et des fonds
très élevés par rapport à ce qu'il a à Rennes qui n'a pas encore déménagé à Beaulieu. Il part donc à
Bordeaux en emmenant avec lui tout ses doctorants sauf Jacques LUCAS qui reste en Bretagne.
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Paul HAGENMULLER et ses élèves à Rennes vers 1958
En 1960, c'est encore un Alsacien élève de CHRETIEN qui le remplace, Jean LANG. Grâce au
déménagement à Beaulieu, la Faculté possède désormais trois laboratoires dédiés à la chimie du
solide :
* Le premier laissé par HAGENMULLER que reprend Jacques PRIGENT (Chimie Minérale B)
,
* Un second dirigé par Jacques LUCAS (Chimie Minérale D)
* Un troisième dirigé par Jean LANG (Chimie Minérale C).
Ces laboratoires font alors de la Faculté des Sciences Rennes un des pôles français les plus
importants de cette chimie minérale qui deviendra la CHIMIE DU SOLIDE puis la CHIMIE
INORGANIQUE.
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Conclusion
Ainsi, à travers ces multiples déménagements la Faculté des Sciences de RENNES, qui s'est agrandie,
voit l'épanouissement progresif du service de chimie. D’un seul professeur à sa création en 1840, la
Faculté voit le corps enseignant passer à vingt en 1966. Le service de chimie passe de l'axe de
recherche de la chimie agricole à ceux de la chimie du solide et de la chimie organique.
Ces recherches auraient pu être plus affinées, mais le manque de temps et aussi l’absence d’archives
de l’Université de Rennes 1 sur cette période ne nous ont pas permis de retrouver tous les chimistes
passés ou restés à la Faculté. Il manque beaucoup d’informations sur la période autour de 1920 et sur
la fin de la seconde guerre mondiale. Il manque aussi des informations concernant les professeurs de
chimie qui enseignaient à l'école nationale supérieure de mécanique à Nantes jusqu'à son
rattachement à la nouvelle faculté des sciences de Nantes en 1962 qui provient, comme l'école
nationale supérieure de chimie, de l'institut polytechnique de Bretagne.
Ouverture du sujet !
Après cette recherche, plusieurs sujets s’ouvrent. On pourrait continuer à travailler sur l'histoire de
cette époque à travers les autres disciplines que l'on enseigne à la Faculté : les mathématiques, la
géologie, la zoologie et la botanique. Mais on pourrait aussi s'intéresser à une vue plus globale sur
des périodes plus restreintes comme l'histoire de la Faculté à travers la seconde guerre mondiale avec
les mobilisations sur le front du personnel et des étudiants, la vie sous l'occupation à la Faculté, les
résistants comme Yves MILLON, la prise d'otage de juin 1944…
Remerciements
Nous tenons à remercier Audrey CHAMBET qui nous a aidé pour faire mes interviews ainsi que
Daniel CONDUCHE et Jean LANG qui ont pris le temps de répondre à nos nombreuses questions.
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Bibliographie
Toutes les photographies du dossier sont tirées des archives de la Faculté des sciences, de
l’Université de Rennes 1, de la thèse de M. P. Teissier ou des archives de la ville de Rennes.
Quelques références :
* La Bretagne des savants et des ingénieurs (JP Escoffier, J Pennec), édition d’Ouest France
* Histoire de la Faculté des Sciences de Rennes – L. Joubin (1900), imprimerie Simon
* Les Archives municipales et départementales
* Les Annuaires de l'Université de Rennes et Service Central de Documentation
* Les bulletins de la Société Scientifique de Bretagne
* La physique et les physiciens à la Faculté des sciences de Rennes de 1840 à 1939 (Rapport de
Master d’Axel Petit, juin 2008)
* Pierre Teissier, 2007, Université de Paris X, très bonne Thèse sur l'histoire de la chimie du solide :
http://bdr.u-paris10.fr/theses/internet/2007PA100144.pdf
Sites Internet :
* Nécrologie Jacques Cavalier :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-
6268_1937_num_13_2_6514
* Biographie Albert Bouzat
http://assval.free.fr/quartier/rues/abouzat.html
* Recensement du matériel pour l'exposition universelle, « les chimistes français du XIX ème
siècle »
http://www.archive.org/stream/musecentennald00expo/musecentennald00expo_djvu.txt : ref à
Malagutti p 69, à Lechartier p 169, à Vezes p 234
* Référence à Auguste Conduché dans « mémoire d’un scientifique chrétien » par Paul Germain ,
chez l’Harmattan :
http://books.google.fr/books?id=yRPDkm80tP8C&pg=PA18&lpg=PA18&dq=%22auguste+conduch
e
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