Urbanisme commercial : Une implication croissante... - AdCF
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… mais le Grenelle ne libère pas les collectivités de l’insécurité juridique de<br />
leurs documents d’urbanisme<br />
La prise en compte du commerce dans le Grenelle de l’Environnement reste malgré tout marginale. Si la loi<br />
réaffirme l’importance du commerce comme élément constitutif de la ville, elle n’apporte pas d’évolutions<br />
majeures (la généralisation du DAC dans le SCOT en serait la plus notable). La loi ENE, fruit d’un processus<br />
de concertation de plus de deux ans, a été élaborée alors que les parlementaires pouvaient être dans<br />
l’espoir d’un texte dédié à l’urbanisme <strong>commercial</strong>, alors que la loi LME avait été promulguée il y a peu.<br />
L’inscription des dispositions relatives au commerce dans le Grenelle fut opérée tardivement et ne permet<br />
ni de clore le débat sur la place du commerce dans la planification urbaine, ni d’apporter de la sécurité<br />
juridique aux collectivités locales.<br />
En effet, les dispositions du Grenelle ne mettent pas fin à l’obligation de la planification d’être guidée en<br />
la matière à la fois par le code de commerce et par le code de l’urbanisme. La loi ENE a par exemple rendu<br />
obligatoire l’élaboration du DAC dans les SCOT (disposition incluse dans le code de l’urbanisme) sans<br />
supprimer les dispositions du code du commerce relatives à ce DAC. Le doute quant à la procédure à suivre<br />
en est grandissant. Cette coexistence entre les deux codes génère des difficultés d’interprétation au sujet<br />
de la localisation et de la régulation du commerce.<br />
2.4. La proposition de loi Ollier / Piron appelait<br />
à une réforme du système d’implantation<br />
Déjà dès 2009, le rapport d’Elisabeth Lamure, qui dressait un premier bilan de l’application de la LME,<br />
appelait « à l’élaboration rapide d’un texte sur l’urbanisme <strong>commercial</strong> ». En l’absence d’avancée significative<br />
dans l’élaboration d’un projet de loi spécifique tel que promis à l’occasion du débat relatif à la LME et du<br />
fait de l’interruption brutale des travaux de Jean-Paul Charié, le relais a été pris par la Commission des<br />
affaires économiques de l’Assemblée nationale. Les députés Patrick Ollier23 et Michel Piron ont déposé une<br />
proposition de loi le 3 mai 2010.<br />
Cette initiative parlementaire vient mettre fin à deux années de silence. Les rapporteurs du texte au Sénat<br />
et à l’Assemblée nationale, respectivement Dominique Braye24 et Michel Piron25 , estimaient qu’il était<br />
urgent d’agir pour répondre à la « catastrophe urbanistique et sociétale » que les dispositions de la LME<br />
n’ont fait qu’accroître.<br />
L’initiative parlementaire visant à opérer une réforme en profondeur est<br />
stoppée par le Gouvernement…<br />
Après l’adoption du texte en première lecture par les députés le 15 juin 2010, les sénateurs l’ont à leur<br />
tour entériné le 31 mars 2011. Depuis, le texte est bloqué dans son parcours parlementaire en raison de<br />
profondes divergences avec le Gouvernement sur des points essentiels, bien que leur initiative ait bénéficié,<br />
dans un premier temps, de la bienveillance appuyée du Secrétariat d’État au Logement et à l’<strong>Urbanisme</strong>.<br />
L’enlisement de la proposition de loi, confrontée actuellement à de fortes pressions exercées par des<br />
groupes d’intérêts catégoriels, est désormais réel. En février 2012, la législature s’est achevée sans que le<br />
texte promis n’ait été adopté. Au mieux l’examen est reporté à l’automne 2012.<br />
… les collectivités restent désarmées par l’imprécision de leur cadre légal<br />
Alors que le Grenelle impose aux documents d’urbanisme d’être mis en conformité avec ses dispositions au<br />
plus tard en 2016 (ce qui a pour effet la mise en révision à court terme de très nombreux PLU ou SCOT), il<br />
est regrettable que le nouveau cadre applicable n’ait pu être rapidement (re)défini.<br />
Selon les promoteurs de cette proposition de loi, « l’urbanisme <strong>commercial</strong> était un urbanisme<br />
d’exception (on pourrait même parler d’exception à l’urbanisme) (…) l’urbanisme général doit imposer ses<br />
règles aux implantations <strong>commercial</strong>es et non le contraire » 26 .<br />
L’esprit de la proposition de loi était donc d’intégrer l’aménagement <strong>commercial</strong> dans l’urbanisme général<br />
et de prendre davantage en compte les enjeux territoriaux au détriment des enjeux économiques. Il<br />
s’agissait par ailleurs de valoriser les outils de planification urbaine et de supprimer à terme les autorisations<br />
préalables.<br />
23 Ministre en charge des relations avec le Parlement.<br />
24 Président de l’agglomération Mantes-en-Yvelines, sénateur des Yvelines jusqu’en septembre 2011.<br />
25 Président de la communauté de communes des Coteaux du Layon, député du Maine-et-Loire.<br />
26 Mensuel Intercommunalités n°153, février 2011, dossier urbanisme <strong>commercial</strong>, <strong>AdCF</strong>.