AIR INFO 75 - Groupe de presse Aïr Info Niger

Aïr Info 146-147:AIR INFO 07/01/2013 08:49 Page 7
Le Président de la
République du Niger,
premier magistrat de ce
pays a procédé le 26 novembre
dernier à l’ouverture des
assises des états-généraux de la
justice. Il s’est agi pour le
Président Issoufou de brosser
un tableau peu reluisant de
notre justice. Son allocution,
riche en enseignements et en
cruelles vérités appelle
cependant de notre part une
analyse. Qu’à voulu dire le
président Issoufou ? Quel sens
donner à ses aveux sur les
raisons de la déliquescence de
notre système judiciaire ?
Autopsie d’un discours.
« L’Etat de droit et la justice
sont deux valeurs fondamentales
de la République. Le
programme de la renaissance
prévoit de les promouvoir en
vue du réarmement moral de
bimensuel régional
d’informations générales
notre société ainsi que de son
progrès économique et social
à travers l’assainissement de
la gestion des affaires
publiques…. », disait sans
ambages Mahamadou
Issoufou. Ces phrases venant
du premier magistrat du pays
ont eu pour les Nigériens que
nous sommes un goût de
réchauffé. Elles nous rappellent
tout l’espoir que les
Nigériens avaient nourri avec
l’avènement de l’opposant
historique Issoufou
Mahamadou au pouvoir.
En affirmant - une fois de plus
- la détermination de son
régime à lutter contre la mal
gouvernance, contre le pillage
des maigres ressources du
peuple, Mahamadou Issoufou
n’a convaincu personne.
En disant plus loin que : « Les
lois ne servent à rien s’il n’y a
pas un glaive pour les exécuter
et c’est en jugeant que le juge
contribue à instruire les
citoyens. La justice doit
inspirer la crainte. Cette
crainte est une condition de la
liberté car, il n’y a pas de
liberté sans répression du
crime… », Issoufou a t-il
oublié clairement qu’il a eu à
ce jour dix-neuf (19) mois
pour inspirer la crainte ; pour
réprimer en tant que glaive
mais aussi carquois des
intérêts du peuple ?.
Issoufou a cautionné l’impunité.
Issoufou a fermé les yeux
sur les vampires qui sucent en
toute impunité le sang du
peuple. Oui ! Issoufou a
préféré l’amitié des ennemis
du peuple à la traque de ces
derniers. Le cas le plus
éloquant est celui du tristement
célébre Zakaï, un proégé
de l’allié principal de Issoufou
en la personne de Hama
Amadou. Pour un cas de
détournement avéré et dûment
constaté par une inspection de
l’Etat, Mahamadou Issoufou a
fait le mort. Par son silence, il
avalise ainsi aux yeux du
monde la corruption, la prévarication
et le détournement de
deniers publics.
L’impunité ! Voilà le dépotoir
sur lequel fleurissent les
ripoux qui n’ont d’yeux que
pour la tirelire du peuple.
Si ce pays peine à décoller
aujourd’hui, c’est qu’aucun
dirigeant démocrate de
Ousmane à Issoufou en
passant par feu Baaré et
Tandja n’a pu élaguer les
écailles qui obèrent l’avenir de
ce pays. Personne n’a osé aller
jusqu’au bout de la lutte
contre l’impunité.
Le Président de la République
Issoufou l’a dit pour juste
amuser la galerie. Il l’a dit
sans aucune conviction. Il l’a
dit pour juste séduire les
quelques personnalités étrangères
venues à Niamey pour la
circonstance. Issoufou sait très
bien, plus que quiconque
d’ailleurs que le juge nigérien
ne peut être fort quand il sait
qu’un simple coup de
téléphone suffirait à le faire
taire ou à classer le dossier
aux oubliettes !
Des exemples de cette instrumentalisation
de la justice par
le politique foisonnent. Le cas
récent du brave magistrat
Abbdourahamane Gayakoye
suffit amplement pour
dévoiler cette concupiscence
du politique à l’égard de l’arbitraire.
Si pour Issoufou, « La crainte
est la seule chose qui pousse
les hommes à observer la loi
car chaque fois qu’apparaît
l’espoir de l’impunité, les
passions humaines comme la
convoitise, l’envie, la
cupidité, la haine, la concupiscence
etc…, prennent le
dessus. C’est dire que l’impunité
est féconde car elle
encourage le crime», alors à
qui profite franchement l’impunité
? Au juge ? Non ! Mais
au politicien ou commerçantpoliticien
fort de son pouvoir
et de sa bourse.
Il est regrettable que depuis
quelques temps, le juge
nigérien soit présenté comme
un homme corrompu jusqu’à
la moelle des os. Qu’il soit
présenté comme un irrespon-
11 ème année- N° 146-147
Du 1 er au 15 décembre 2012
OPINION
eTaTS géNéRauX de La JuSTICe
auTOPSIe d’uN dISCOuRS
M.Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger
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sable alors qu’on ferme les
yeux sur l’identité et la qualité
des corrupteurs qui ne sont
autres que les politiciens.
L’hypocrisie est mère de tous
les vices dit-on ! Mais l’illusion
est aussi têtue !
Nos dirigeants savent tous que
si notre appareil judiciaire est
malade, ce qu’ils y sont pour
quelque chose. Mais ils
préfèrent jeter en pâture nos
braves magistrats que de se
mirer et voir en grandeur
nature leurs actes.
Comment faire ? Mais là, dans
son discours Issoufou oublie
de donner la solution qui sied
! Et pourtant, elle est très
simple : que les décideurs
politiques laissent la justice
faire son travail pour que ceux
qui ont trahi le peuple rendent
gorge ! Ces délinquants sont
nombreux dans le cercle du
président Issoufou ! Ils sont
nombreux dans le cercle de
ses alliés ! Ils sont nombreux
dans le clan du commandant
Salou Djibo ! Ils sont
nombreux dans l’entourage du
l’ancien président Tandja et
que sais-encore.
Pour qu’il ait véritablement
toute son indépendance, le
juge nigérien doit être à l’abri
du besoin tant matériel que
financier. Pour que le juge
nigérien soit véritablement
indépendant, il est impératif
que soient respectées ses
intimes convictions et lectures
du droit.
Ibrahim Manzo DIALLO
Publication éditée par
le Groupe de Presse
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