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Diverses séquences dans les chapitres Mc 1 à - FIDES Digital Library

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(0-0)<br />

AVANT LE COMMENCEMENT : L'EQUATION<br />

Avant...<br />

L'équation<br />

Le silence<br />

Avant le commencement<br />

La Parole<br />

Application<br />

Exemp<strong>les</strong><br />

Les signes<br />

AVANT...<br />

_______________<br />

_______________<br />

Dans quelques instants, nous allons, ô lecteur, ensemble, reprendre notre<br />

lecture du texte de Saint Marc en étudiant, par séquence, des groupes de versets.<br />

Bientôt, alors que le récit viendra <strong>à</strong> peine de commencer, nous allons lire<br />

comment "le Seigneur (Jésus)" (cfr : XVI-19) vient en disant (= <strong>à</strong> qui ?) : "Estaccompli<br />

le moment..." (I-15).<br />

Alors que le moment finit, il y a encore le moment, de même que, <strong>dans</strong> le livre<br />

de la Genèse, avant que le temps commence, il y avait déj<strong>à</strong> le temps. Car il allait<br />

y avoir l'homme et il y avait déj<strong>à</strong> Dieu ((= avec, pour le verbe 'avoir', un temps<br />

d'une infinie durée)).<br />

Ainsi se révèlent <strong>les</strong> moments et le temps, et toute la Création : pour l'homme.<br />

'Elohim dit : Faisons l'homme <strong>à</strong> notre image... Elohim créa donc l'homme <strong>à</strong> son<br />

image' (Genèse I-26 et 27). Et, depuis ce moment (ou : ce temps), toi-lecteur<br />

avec moi, nous voyons arriver la Création.<br />

Lecteur ! Permets que je t'offre, en avant-chapitre, une loi fondamentale du<br />

texte, mais aussi de la vie de tout homme, de tous <strong>les</strong> temps, car elle est loi de la<br />

Révélation, ou encore loi du Dieu qui se révéla.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


L' EQUATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 2 -<br />

Au premier paragraphe du premier chapitre qui va suivre et dont le titre Le<br />

prologue annonce l'analyse du commencement de l'évangile selon Saint Marc, je<br />

vais me référer <strong>à</strong> une équation :<br />

incohérence + crainte<br />

avec le silence<br />

FONT - ARRIVER(1)<br />

l a C R E A T I O N .<br />

Le premier mot du texte grec de Saint Marc est arche et il correspond au<br />

premier mot du texte hébreu de la Tora bereshit. En français, il y a, bien<br />

évidemment commencement.<br />

Tu sais, lecteur, combien je travaille étroitement avec celui que, anonymement,<br />

j'appelle 'mon rabbin'. Il me fournit des analyses et commentaires, des<br />

informations et données, mais aussi des textes en hébreu. Pour le mot 'bereshit',<br />

il m'a donné plusieurs explications.<br />

1.- La plus fondamentale comporte l'association "Be + Reshit" et signifie<br />

strictement : Au principe, avec pour 'au' le sens suivant : 'par, avec, <strong>dans</strong>...'<br />

selon l'esprit. Le mot 'reshit' est le 'principe' et il peut être vu, également, comme<br />

donnant le génitif. Bref, 'bereshit' lance et réalise; il contient déj<strong>à</strong> en lui la totalité<br />

de ce qui va être créé, quoique ce dernier mot serve de traduction <strong>à</strong> l'hébreu<br />

bara qui est seulement le deuxième mot de ce texte :<br />

Bereshit bara Elohim...<br />

Le commencement ne peut être un commencement que s'il y a au<br />

commencement de puisque, sans ce de, il n'y aurait aucun commencement. C'est<br />

l<strong>à</strong> une difficulté du texte, car tout est <strong>dans</strong> le possible, et le possible est contenu<br />

<strong>dans</strong> ce de qui suit obligatoirement, même s'il n'est pas exprimé, le premier mot<br />

du texte : bereshit.<br />

Un texte, un récit va commencer, une porte s'ouvre par le "commencement".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 3 -<br />

2.- Mon rabbin m'a expliqué comment il est permis de lire d'une autre façon le<br />

mot initial :<br />

Bereshit = Berit + Ech<br />

Commencement = Alliance + Feu .<br />

C'est l<strong>à</strong> une lecture mystique, car le feu brûle le corps et l'âme; l'alliance est<br />

comme un feu d'Amour entre Dieu et chaque homme. Au point de rencontre : le<br />

sommet du Sinaï avec éclairs et hurlements de bruits qui sont flash de lumière et<br />

roulement de tonnerre. Alors il y a la rocaille, le rocher ou le roc, taillé en<br />

dualité de pierres pour être la loi et cette table en son unicité est l'Alliance. Le<br />

un unit <strong>les</strong> deux; il y a une loi qui par cinq paro<strong>les</strong> est la Révélation du Dieu<br />

Unique (pas d'idole, pas de blasphème, un seul Dieu, et le respect du Nom) avec<br />

cette 'deuxième' table qui, par cinq paro<strong>les</strong>, est la constitution donnée <strong>à</strong> l'homme<br />

par cinq négations pour cinq verbes actifs :<br />

ne-pas : tuer, voler, ... ni convoiter.<br />

Par une pierre, l'homme apprend <strong>à</strong> connaître l'amour fraternel qu'il doit <strong>à</strong> tous<br />

<strong>les</strong> hommes afin de révérer la Création (Genèse I-26). L'autre pierre lui garantit<br />

que ce Dieu-Unique toujours sera l<strong>à</strong> pour s'allier <strong>à</strong> l'homme <strong>à</strong> cause de l'image<br />

(Genèse I-26). Cette unique loi double est l'alliance donnée <strong>dans</strong> le feu. Déj<strong>à</strong> en<br />

bereshit tout était contenu. Avant que le verbe bara vienne <strong>dans</strong> le texte, déj<strong>à</strong> je<br />

sais qu'il y aura des eaux séparées des luminaires pour apporter aussi une<br />

ténèbre, une terre voulant presque encore se pointer vers le ciel; et ce sera le<br />

Sinaï, le feu, la pierre gravée.<br />

3.- Mon rabbin m'a encore expliqué comment, <strong>dans</strong> "bereshit", je pouvais voir<br />

<strong>les</strong> hommes, l'homme et ... moi-même <strong>dans</strong> mon comportement. Il m'a dit :<br />

Bereshit = Yira + Boshet .<br />

commencement = crainte + incohérence.<br />

Ici, il me faut expliquer, car je suis allé plus loin que mon rabbin :<br />

"Yira" = C'est la crainte, mais ce n'est pas ce que l'on nomme communément la<br />

peur. C'est plutôt un malaise intellectuel face <strong>à</strong> tout changement. Si rien ne<br />

bouge, que deviendrai-je ? Mais si quelque chose de neuf arrive, que sera-ce ?<br />

Face <strong>à</strong> l'inattendu et <strong>à</strong> l'insolite, quelle nouveauté ? Alors que, si tout était<br />

maintenu, quel<strong>les</strong> difficultés ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 4 -<br />

Ici, mon rabbin intervient pour me signaler que le mot 'yira = crainte' peut,<br />

<strong>dans</strong> un autre ordonnancement des mêmes lettres, se lire : 'riya = vue'. Cette<br />

'crainte' prend tout son effet quand elle est vue par l'homme; c'est la vision des<br />

choses qui illumine la crainte et fait prendre conscience VERS quoi ? ... Quoi<br />

faire ?<br />

"Boshet" = c'est la confusion, la honte, la gêne, la difficulté, mais ce n'est pas<br />

un sentiment de déshonneur.<br />

J'ai pris le mot de "incohérence" mais en connotation uniquement <strong>à</strong> l'homme. Il<br />

ne s'y trouve aucune relation avec ce que, par ailleurs, j'ai appelé la cohérence<br />

(divine) laquelle est la perfection, donc extra-humaine. De même qu'il y a <strong>les</strong><br />

vérités des hommes et la vérité (de Dieu), de même il y a la cohérence (de Dieu)<br />

et <strong>les</strong> incohérences que nous vivons.<br />

"crainte et incohérence" = c'est <strong>à</strong> la fois :<br />

avoir conscience de l'incohérence qui régnait<br />

avoir crainte du nouveau qui régnera.<br />

Avant : il y a une impression de gêne et de non-conforme qui fait difficulté.<br />

Dans une situation incohérente, tout homme se sent étranger et impossible. La<br />

crainte est la prise de conscience de cette situation (actuelle) mais en la projetant<br />

vers le futur immédiat (l'incohérence va devenir celle qui 'régnait'). Aussitôt<br />

l'homme perçoit un danger, un changement, un mouvement qui mènera (le futur)<br />

et cela est la crainte.<br />

Pour qu'il y ait cette sorte de 'crainte', il faut qu'il y ait perception d'une<br />

'incohérence'; mais la perception de toute 'incohérence' entraîne VERS l'idée de<br />

mouvance et celle-ci est déj<strong>à</strong> la 'crainte'.<br />

Avec cette précision capitale : il n'y a ni déshonneur, ni peur. C'est plutôt<br />

<strong>dans</strong> l'intérieur de la conscience humaine la prise en compte de :<br />

une immobilité le présent qui tombera <strong>dans</strong> le passé...<br />

une mobilité vers quel nouveau présent ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE SILENCE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 5 -<br />

C'est le basculement de la situation <strong>dans</strong> laquelle se trouve l'homme <strong>à</strong> la suite<br />

de sa prise de conscience par "incohérence + crainte".<br />

Si le silence est respecté,<br />

il n'y a aucun bruit : c'est le silence des sons : non-entendre,<br />

il n'y a aucun mouvement : c'est le silence des actions : non-faire,<br />

il n'y a aucune clarté : c'est le silence des lumières : non-voir.<br />

Alors, il y aura obligatoirement :<br />

L A C R E A T I O N<br />

... et ceci est l'équation !<br />

Ces formes de silence sont cel<strong>les</strong> qui respectent le voir et l'entendre de<br />

l'homme ou, en d'autres termes, qui suspendent le cours du temps(2) (humain).<br />

L'homme étant plongé <strong>dans</strong> le silence, et lorsque l'homme respecte le silence,<br />

il se rend disponible et il s'offre(3) <strong>à</strong> tout ce qui va arriver.<br />

AVANT LE COMMENCEMENT<br />

Avant que le mot bereshit ne soit écrit <strong>dans</strong> le texte, il y a :<br />

pas de relief la surface<br />

pas de solide l'eau<br />

pas de lumière la ténèbre<br />

Ne cherche pas ce que signifient ces deux séries de mots :<br />

relief solide lumière<br />

ou surface eau ténèbre.<br />

Mais écoute le (silence... hurlements ? et vois la (ténèbre ... lumières ?). Alors,<br />

comme tu n'as rien dit (= ton silence) voici que Dieu parle :<br />

Y - ehi - or !<br />

Que - soit - lumière - !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 6 -<br />

Sa Parole vient après que tu as pris conscience de cette incohérence<br />

des reliefs la surface<br />

des solides l'eau<br />

des lumières la ténèbre<br />

Cela t'a fait peur, car tu es inquiet de ce qui 'arrivera'. Si l'homme(4) ne dit<br />

rien, Dieu parle... et, <strong>dans</strong> chaque silence, Dieu parlera toujours.<br />

Et que fut la-lumière !<br />

Ve - y - ehi - o r !<br />

Même la parole n'a pas osé changer et la réponse aux premiers mots <strong>les</strong> fait<br />

identiquement ré-entendre par l'écho des mêmes mots apportant la lumière.<br />

LA PAROLE<br />

Lorsque la Parole vient, elle est Règne de Dieu. Il n'y avait ni surface, ni eau,<br />

ni ténèbre. Le temps qui régnait n'était d'aucun temps et le mot n'avait aucun<br />

sens car tout temps est humain et nécessite un homme pour pouvoir (exister).<br />

Lorsque l'homme entre <strong>dans</strong> la crainte et <strong>dans</strong> l'incohérence et s'il garde le<br />

silence, il suspend son propre temps et accède au temps de Dieu. Il se veut <strong>à</strong><br />

l'écoute de la Parole de Dieu. Ainsi celui qui écoute reste <strong>dans</strong> son silence : hors<br />

de son propre 'agir', tout son être est tendu vers l'attente et il se met en totale<br />

disponibilité, c. <strong>à</strong> d. acceptation anticipée de l'événement qui arrive (= le verbe<br />

arriver vient toujours <strong>dans</strong> le texte en référence <strong>à</strong> Dieu). Lorsque l'homme se<br />

confie au silence, il force Dieu <strong>à</strong> dire sa Parole. (Lecteur, tu iras <strong>dans</strong> le texte<br />

de Saint Marc; tu noteras comment le silence a souvent 'obligé' Jésus <strong>à</strong> parler !).<br />

Lorsque Dieu parle, sa Parole est action pour l'homme.<br />

Mais si l'homme refuse d'offrir (ou : de se confier <strong>à</strong>) son silence, il annihile<br />

toute parole pouvant lui être adressée. L'équation devient :<br />

incohérence et crainte<br />

avec <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> des hommes<br />

(pas de création)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


L ' EQUATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 7 -<br />

Pardonne-moi d'avoir été aussi long. L'équation a pris son origine <strong>dans</strong> le<br />

premier verbe d'action venu créer cette chose nouvelle qui a pour nom : lumière.<br />

La Création a été ainsi lancée vers l'homme car, s'il n'y avait point eu d'homme,<br />

<strong>à</strong> quoi auraient pu servir des mots comme 'or = lumière', 'bara = créer' et même<br />

'commencement = bereshit' ?<br />

APPLICATION<br />

Ami lecteur, désormais lorsque tu liras une séquence, tu regarderas si tu peux,<br />

pour l'un des protagonistes, trouver une situation qui lui permette de vivre :<br />

incohérence + crainte.<br />

Si, aussitôt, l'acteur reste <strong>dans</strong> le silence (il ne dit rien et ne fait rien : donc il<br />

est <strong>à</strong> l'écoute), alors tu verras arriver pour lui une réalisation nouvelle... mais,<br />

s'il réagit (en paro<strong>les</strong> ou en actes), il ne sera pas trans-formé.<br />

EXEMPLES<br />

1.- I-16 <strong>à</strong> 18 =<br />

Simon et André sont en train de pêcher <strong>dans</strong> la mer de Galilée. Un homme<br />

arrive et <strong>les</strong> appelle. Ils ne disent rien ... et suivent.<br />

2.- I-21 <strong>à</strong> 28 =<br />

Des hommes sont <strong>dans</strong> la synagogue. Arrive un homme qui crie et Jésus<br />

chasse l'esprit-impur. Ils se mettent <strong>à</strong> parler (= on entend leurs voix : "Quoi est<br />

cette chose-l<strong>à</strong> ?" Et ils furent-stupéfiés : il ne suivent pas.<br />

3.- I-40 <strong>à</strong> 42 =<br />

Un homme est lépreux. Jésus le touche. Le lépreux (qui se sait 'intouchable')<br />

ne dit rien. Il est guéri.<br />

4.- II-1 <strong>à</strong> 12 =<br />

Le paralytique ne bouge pas et ne dit rien. On l'amène par le toit... il est guéri.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 8 -<br />

Les scribes ne bougent pas, mais parlent très violemment. Jamais ils ne<br />

suivront Jésus.<br />

"Beaucoup" (II-2) s'assemblèrent et virent toutes ces choses insolites (le<br />

convoi par le toit, <strong>les</strong> scribes hurler de rage, le paralytique lever son grabat et<br />

sortir d'une pièce par la porte alors que personne ne pouvait entrer !). Ils ne<br />

disent rien. Alors ils "glorifiaient Dieu"(5).<br />

5.- II-13 et 14 =<br />

Lévi, un publicain, est assis tranquillement. Il fait ses comptes et prépare son<br />

rapport de gestion. Passe un juif qui lui dit : "Suis-moi !". Lévi ne dit rien "et,<br />

se-levant, il le suivit".<br />

Si Lévi avait répondu un seul mot, jamais il ne l'aurait suivi. D'ailleurs, il<br />

serait allé raconter son histoire au directeur central du personnel des bureaux des<br />

publicains de la Pa<strong>les</strong>tine occupée.<br />

LES SIGNES<br />

L'équation fonctionne ainsi <strong>dans</strong> tout le texte de Saint Marc, comme elle<br />

fonctionne le long de toute vie de l'homme, <strong>à</strong> toute époque, en tout lieu, de toute<br />

culture, car son principe (g: arche // h: be-reshit) est le silence pour l'homme.<br />

LE SILENCE : c'est Dieu avant la Création et c'est l'obligation de la Parole de<br />

Dieu, venant confirmer (l'Alliance) <strong>à</strong>-travers <strong>les</strong> signes qui accompagnent°°<br />

(cfr : <strong>Mc</strong> XVI-20).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> 00 - 9 -<br />

Note 1 = FONT - ARRIVER = Page : 02<br />

Les deux verbes 'g: poieô = faire' et 'g: ginomai = arriver' doivent être lus<br />

comme théologiquement associés l'un <strong>à</strong> l'autre avec toute leur Puissance et leur<br />

Gloire.<br />

Note 2 = du temps = Page : 05<br />

Lorsque, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, Jésus donne le voir et l' entendre aux<br />

apôtres, ceux-ci reçoivent la pleine 'connaissance' de leur temps propre.<br />

Note 3 = il s'offre = Page : 05<br />

La prière la plus belle de toutes cel<strong>les</strong> composées par <strong>les</strong> hommes a su mettre<br />

le 'fiat' en son centre : "Angelus Domini... FIAT mihi... Et Verbum caro factum<br />

est...".<br />

Note 4 : l'homme = Page : 06<br />

C'est <strong>à</strong> dire : Toi ! Lecteur : <strong>à</strong> la lecture de ce commencement du texte du livre<br />

de la Genèse, tu as 'peur' et tu es 'inquiet' et tu ne dis rien...<br />

Note 5 : glorifiaient Dieu = Page : 08<br />

L'équation fonctionne bien car le texte a la délicatesse de ne pas indiquer de<br />

bruit provoqué par "beaucoup" : nul lecteur ne peut entendre ce qu'ils disent si<br />

tant est qu'ils prononcent acclamations ou cris. L'expression "glorifier Dieu"<br />

reste <strong>dans</strong> un (silence).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(I-1 <strong>à</strong> 15)<br />

Lectio divina<br />

Résumé du prologue<br />

Sur la dualité : Beth = 2<br />

Sur : "est accompli"<br />

Sur "arriva"<br />

QUI est Jésus ?<br />

Le désert<br />

Annexe 1 : La charnière de Genèse I/II<br />

Annexe 2 : Fils de David<br />

LECTIO DIVINA<br />

' LE PROLOGUE '<br />

_______________<br />

_______________<br />

1 = Commencement du Message-Divin de-Jésus Messie...<br />

Le premier mot de l'évangile de Saint Marc est ce même mot qui commence le<br />

premier chapitre du Livre de la Genèse : "Commencement".<br />

Nous voici face <strong>à</strong> un récit pour un nouveau temps qui commence, car :<br />

quand l'action commence elle est déj<strong>à</strong> commencée<br />

le temps présent le temps passé<br />

"Maintenant" .<br />

L'origine (ou) le principe signifie que :<br />

dès l'instant où cela quelque chose déj<strong>à</strong><br />

commence "est-accompli" (I-15)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 2 -<br />

Le commencement est inclus... <strong>dans</strong> ce qui "arriva" (I-4). Je rejoins ainsi la<br />

formulation retenue depuis <strong>les</strong> lectures passées de l'Ancien Testament (=<br />

l'ancienne alliance) :<br />

incohérence + crainte<br />

avec le silence<br />

=<br />

l a C r é a t i o n<br />

Ce qui va se passer, le temps qui vient et que le texte va raconter, est déj<strong>à</strong><br />

implicitement contenu <strong>dans</strong> le "commencement".<br />

... de-Jésus Messie ((Fils de-Dieu))<br />

Au moment où commence la vie de Jésus Messie, le texte emploie <strong>à</strong> son sujet<br />

le qualificatif de "Fils de Dieu" qui marquera, <strong>dans</strong> l'évangile de Saint Marc, le<br />

moment de la mort, ainsi qu'il est écrit : "Or le centurion qui était-présent, enface°-de<br />

lui, voyant que, ainsi, il avait expiré, dit° : 'En-vérité celui-ci l'homme<br />

était Fils de Dieu'." (XV-39).<br />

L'expression "Fils de..." installe, dès le début du texte, une difficulté<br />

considérable : Jésus est-il un Fils ? Et Dieu est-il un Père ? Le Père a-t-il<br />

engendré le Fils ? Le Fils vient-il parce qu'il y eut la Création ?<br />

Le terme "Fils de..." est de l'ordre terrestre et appartient au langage et au<br />

physique de l'homme.<br />

Un jour, j'ai noté : 'Isaïe utilise cette expression pour marquer un juste qui a<br />

vécu selon la Loi, ou même tout le peuple d'Israël.<br />

Pour Saint Marc, il confesse dès le début que Jésus est <strong>dans</strong> un rapport très<br />

spécifique avec tout ce que l'A.T. dénomme Dieu. Mais cela ne fait pas deux<br />

dieux. L'Esprit de Dieu ne doit pas être pensé comme un attribut divin, mais<br />

comme un troisième qui est semblable <strong>à</strong> Dieu.<br />

Lorsque le centurion confesse que Jésus est "Fils de Dieu", il le situe, selon (sa<br />

perception de) la culture juive(1), comme étant entièrement juste ou encore<br />

hors du commun. Jésus a subi un jugement d'iniquité auquel il n'a pas opposé de<br />

violence. Le centurion utilise donc une expression qui met Jésus <strong>à</strong> part de tous<br />

<strong>les</strong> hommes, du côté de ce que l'on appelle Dieu. Sa parole est une émergence du<br />

champ culturel des nations, car il s'agit l<strong>à</strong> d'une question en discussion chez <strong>les</strong><br />

païens. Platon écrira : "zone du divin".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 3 -<br />

Le sort réservé <strong>à</strong> un tel juste oblige la conscience humaine <strong>à</strong> dire qu'elle<br />

déclare ce juste "Fils de Dieu". C'est une manière humaine de dire quelque chose<br />

d'extrême. Dieu jugera lui-même si Jésus est vraiment fils de Dieu. La formule,<br />

<strong>dans</strong> la bouche du centurion, n'est pas (encore) une formule chrétienne, mais elle<br />

appartient <strong>à</strong> la culture de l'époque.<br />

On ne pourra en rester l<strong>à</strong>; la formule fonctionne comme une formule-relais;<br />

elle est un concept qui opère un rebondissement de la question.<br />

L'évangile de Saint Marc pose, dès son commencement, ce qui va faire<br />

question <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes, <strong>à</strong> partir des événements que le texte va relater' (fin<br />

de citation, <strong>dans</strong> laquelle j'ai introduit <strong>les</strong> double-parenthèses.)<br />

2.- Selon(-ce-)qui est-écrit en Isaïe le prophète : ...<br />

C'est la référence <strong>à</strong> l'Ecriture qui est citée aussitôt. Ce rappel du passé va<br />

poser, comme étant <strong>à</strong> l'origine de ce commencement du texte, l'histoire d'Israël,<br />

c. <strong>à</strong> d. l'Alliance que Dieu passa par la bouche du prophète du peuple d'Israël (le<br />

prophète = l'ensemble des prophètes = médiateurs entre YHVH et le peuple qu'il<br />

s'est choisi.)<br />

'Voici : j'envoie mon missionnaire devant ta face pour préparer ton chemin.<br />

Voix de-qui-clame <strong>dans</strong> le désert : apprétez le chemin du Seigneur, faites plats<br />

ses sentiers.<br />

"Une voix crie : Dans le désert, frayez le chemin de YHVH; <strong>dans</strong> la steppe,<br />

aplanissez une route pour notre Dieu" (Isaïe XL-3).<br />

"Voici : je vais envoyer un messager devant toi pour qu'il veille sur toi en<br />

chemin..." (Exode XXIII-(20).<br />

"Voici que je vais envoyer mon messager pour qu'il fraye un chemin devant<br />

moi..." (Malachie III-1).<br />

Mais, cette voix qui crie m'a fait penser <strong>à</strong> la première parole de Elohim :<br />

'Alors Dieu dit... et la lumière fut' (Genèse I).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 4 -<br />

4.- Arriva Jean celui-qui-baptise <strong>dans</strong> le désert et en proclamant...<br />

Le texte ne perd aucun temps (= annule le temps) en accolant le temps de Jean<br />

au temps d'Isaïe, car voici "<strong>dans</strong> le désert".<br />

Il y a comme une incohérence <strong>dans</strong> la juxtaposition des mots "désert" et<br />

"proclamant"; mon attention est attirée par ce fait et me signale l'importance que<br />

va trouver, <strong>dans</strong> la suite du récit, le mot "proclamant".<br />

... proclamant un-baptême de-conversion vers un-pardon de-péchés.<br />

En un temps où <strong>les</strong> sacrifices font partie de la liturgie du Temple et 'payent' <strong>les</strong><br />

fautes de chacun, je suis frappé par une expression nouvelle : "baptême de<br />

conversion vers un pardon de péchés". La nouveauté va marquer<br />

l'accomplissement de la nouvelle Alliance, annoncée par Jérémie (XXXI-31). Et<br />

je note : ... un pardon de péchés...", ce qui n'est pas : le pardon des péchés (= de<br />

tous <strong>les</strong> péchés) !<br />

5.- Et s'en-allait auprès-de lui tout le pays de-Judée et tous <strong>les</strong> habitants-de-<br />

Jérusalem et ils étaient baptisés par lui <strong>dans</strong> le fleuve Jourdain en confessant<br />

leurs péchés.<br />

Il y a la référence <strong>à</strong> l'eau, qui donne la nouvelle vie (un pardon de péchés) et<br />

régénère, de même que l'eau du déluge fut l'occasion d'une nouvelle création <strong>à</strong><br />

l'époque de Noé.<br />

6.- et Jean était revêtu de poil de chameau ((et d'une ceinture de-peau autourde<br />

sa hanche)) et mangeait des sauterel<strong>les</strong> et du miel sauvage.<br />

Celui qui est vêtu d'une peau de chameau et mange des sauterel<strong>les</strong> a tué ces<br />

animaux.<br />

Si Jean a tué des bêtes, c'est qu'il fonctionne <strong>dans</strong> un système d'Alliance offert<br />

<strong>à</strong> Noé et <strong>à</strong> sa descendance. C'est l'Alliance de sang, celle où bêtes et hommes<br />

mangent après avoir tué.<br />

Ce n'était pas la situation de Genèse I.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


7.- Et il proclamait en-disant :...<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 5 -<br />

Le même verbe déj<strong>à</strong> lu : 'proclamer' (I-4).<br />

... proclamait ... 'Vient le-qui-est-plus-fort que moi, derrière moi, dont je ne<br />

suis pas digne en me-courbant, de délier° la courroie de ses sanda<strong>les</strong>.'<br />

La sandale est cette pièce du vêtement qui fut l'objet de la première parole<br />

adressée par YHVH <strong>à</strong> Moïse; elle marque le lieu saint. Ne pas enlever sa<br />

sandale, c'est rester en terre impure ou païenne. Ne pas délier <strong>les</strong> sanda<strong>les</strong> n'est-il<br />

pas alors se bloquer <strong>dans</strong> toutes ces difficultés de l'histoire qui empêchent de<br />

vivre pleinement (= d'accéder <strong>à</strong>) l'alliance de paix ? n'est-il pas s'interdire de<br />

délier <strong>les</strong> filets tendus par toutes ces formes de l'ancienne alliance que l'histoire a<br />

accumulées autour des hommes depuis le choix (= l'élection) que Dieu fit de son<br />

peuple ?<br />

Jérusalem est l<strong>à</strong>, en Galilée, auprès de Jean Baptiste, avec tout son passé. Jean<br />

Baptiste déclare que ce n'est pas lui qui dénouera tous <strong>les</strong> nœuds des diverses<br />

promesses, que ce ne peut être lui qui règlera tout le contentieux entre Israël et<br />

son Dieu.<br />

8.- 'Moi-je vous ai-baptisés <strong>dans</strong> l'eau, mais Lui vous baptisera <strong>dans</strong> l'Esprit-<br />

Saint.'<br />

Moi-je ai baptisés l'eau (un passé)<br />

Lui baptisera l'Esprit (un futur).<br />

9.- Et arriva en ces jours-l<strong>à</strong> que Jésus vint, <strong>à</strong> Nazareth de la Galilée, et fut<br />

baptisé vers le Jourdain par Jean.<br />

Le Jourdain vient de Césarée de Philippe. Jésus vient de Nazareth. Tout cela -<br />

Césarée comme Nazareth - est, pour l'un et l'autre, fort loin <strong>dans</strong> le nord.<br />

C'est <strong>dans</strong> cette eau, venant de la ville de Césarée, que Jésus se fait baptiser par<br />

ce Jean qui est le dernier des porteurs de l'ancienne alliance. L'eau, comme<br />

l'alliance ancienne, viennent de très loin : <strong>dans</strong> l'espace... <strong>dans</strong> le temps.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 6 -<br />

Je me suis toujours imaginé que Dieu, lorsqu'il fit le monde, signa sa Création<br />

d'un grand trait de stylet, trait droit du nord au sud, de plus en plus marqué,<br />

s'enfonçant de plus en plus <strong>dans</strong> la terre (= dam : la terre rouge).<br />

Voici que Jésus (= de Nazareth) et le fleuve Jourdain (= de Césarée) arrivent<br />

<strong>dans</strong> le texte et tous <strong>les</strong> deux viennent de la région où le stylet de Dieu a<br />

commencé son trait.<br />

Jérusalem est la ville située sur la montagne, bourrelet de terre repoussé par le<br />

stylet, <strong>à</strong> la fin de la signature alors qu'il est profondément enfoncé <strong>dans</strong> la<br />

dépression qui va collecter toutes <strong>les</strong> eaux et sera la mer Morte. En ce point du<br />

talus, avec la terre rouge (h: adamah), Dieu fit l'homme (= Adam).<br />

Voici que ces hommes (= <strong>les</strong> fils d'Adam) s'en-sont-allés auprès de Jean et ils<br />

étaient baptisés par lui <strong>dans</strong> le fleuve Jourdain.<br />

Ainsi je reviens, moi-lecteur, au Commencement : 'bereshit' (premier mot de<br />

Genèse I-1).<br />

10.- Et aussitôt, en montant hors de l'eau, il vit <strong>les</strong> cieux se déchirer...<br />

La déchirure annonce une séparation, de même qu'il y eut une séparation des<br />

eaux, en Genèse I... Est-ce un geste habituel de Dieu que de déchirer quelque<br />

chose ? (Voir XV-38).<br />

... et l'Esprit comme une colombe descendre-et-rester vers lui ...<br />

Cette colombe me renvoie au temps d'après déluge. Elle m'annonce la fin de ce<br />

grand tumulte de l'eau, elle-même qui apporta le témoignage que la terre<br />

'montait hors de l'eau', car en Genèse (VIII-10), j'ai lu : '(Noé) attendit encore<br />

sept autres jours et recommença <strong>à</strong> lâcher la colombe hors de l'arche. La colombe<br />

vint <strong>à</strong> lui, au temps du soir, et voici qu'en sa bouche il y avait une feuille<br />

d'olivier toute fraîche. Alors Noé sut que <strong>les</strong> eaux avaient diminué de dessus la<br />

terre. Il attendit encore sept autres jours et lâcha la colombe, mais elle ne revint<br />

plus vers lui.' (Genèse VIII-10 <strong>à</strong> 12). La colombe de Noé revint lorsque Jean<br />

baptisa Jésus au Jourdain, au moment précis où il monte hors de l'eau.<br />

Jésus vint de Nazareth... la colombe revint(2) de l'espace-temps du patriarche<br />

Noé, de celui-l<strong>à</strong> même dont nous savons qu'il passa une alliance avec YHVH,<br />

alliance <strong>à</strong> laquelle Jean se réfère, lui qui est vêtu d'une peau de chameau et qui<br />

mange des sauterel<strong>les</strong> et du miel sauvage.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 7 -<br />

11.- ... Et une voix (arriva) hors des cieux : 'Toi, tu-es mon Fils, le Bien-Aimé,<br />

Toi que j'ai moi-même en faveur'.<br />

Une voix vient hors du ciel prononcer une parole d'élection : "Toi, tu-es mon<br />

Fils, le Bien Aimé" et elle ajoute, pour montrer l'Esprit du choix : "Toi que j'ai<br />

moi-même en faveur".<br />

A la ville de Césarée de Philippe, point d'origine de cette eau qui coule en<br />

Jourdain, il y aura la parole symétrique mais humaine : "Pierre lui répond : 'Toi<br />

tu-es le Messie'." (VIII-29).<br />

Le centurion reprendra la voix de toutes <strong>les</strong> nations <strong>à</strong> la Croix : "En-vérité,<br />

celui-ci l'homme était Fils de Dieu" (XV-39), parole qui dépassera la voix de<br />

Pierre issu(e) d'Israël et proposera au monde humain tout entier comme en<br />

résurgence, la parole divine entendue, attestée par Jean-Baptiste. Mais, juste<br />

avant, j'aurai pu recevoir <strong>dans</strong> <strong>les</strong> bruits racontés par le texte la réponse <strong>à</strong> la voix<br />

de (I-11), car j'ai entendu : "Toi, tu-es mon Dieu !" (cfr : XV-34 et 35).<br />

La parole divine est dite par l'Eternel 'en mémoire' de tout le passé d'Israël.<br />

Jean, par son baptême, amène cette voix venant des cieux <strong>à</strong> dire : tu es mon Fils<br />

le bien-aimé, il me plaît de te choisir, que j'ai entendue déj<strong>à</strong> dite par Isaïe :<br />

'Voici mon serviteur que je soutiens,<br />

mon élu que j'ai moi-même en faveur' (Isaïe XLII-1)<br />

'celui que j'ai choisi' (Isaïe XLIV-2).<br />

Et aussitôt...<br />

La précision du temps est marquée par "aussitôt" : il y a comme une<br />

suspension du temps, comme une simultanéité, comme une occurrence, un lien,<br />

une nécessité, conséquence du baptême.<br />

La conjonction et qui suggère l'hébreu ve marque la simultanéité des faits et<br />

l'immobilisation du temps.<br />

"Et aussitôt" précise nettement que, par la volonté de l'auteur, le temps est<br />

annulé. Le déroulement des faits ne dépend pas du temps car ce qui va arriver est<br />

lié (= l'alliance) intimement <strong>à</strong> ce qui a précédé. "L'Esprit" (I-12) est ce même<br />

"esprit" qui a été vu "comme une colombe descendre-et-rester vers lui" (I-10).<br />

L'esprit, qui est vers lui, "le chasse...".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 8 -<br />

La surprise du lecteur devient question grave du fait que le texte apporte des<br />

éléments paraissant incohérents : "désert... quarante jours... Satan...", ce qui<br />

semble contradictoire avec ce que la perfection de Dieu (= la voix venant des<br />

cieux) aurait dû apporter.<br />

...aussitôt, l'Esprit le chasse vers le désert...<br />

Nous vivons comme une Création <strong>à</strong> l'envers. Il y a eu l'eau et une séparation<br />

des eaux. Il y a eu la parole avec la fondation du Fils Bien-Aimé. Et voici<br />

l'aboutissement au désert.<br />

13.- ... Et il était <strong>dans</strong> le désert quarante jours, mis-<strong>à</strong>-l'épreuve par le Satan...<br />

Ici le temps est suspendu pendant "quarante jours". Re-gardant le livre de<br />

l'Exode, je lis que YHVH dit <strong>à</strong> Moïse : 'Monte vers moi sur la montagne et<br />

demeure l<strong>à</strong> que je te donne <strong>les</strong> tab<strong>les</strong> de pierre... La nuée couvrit la montagne.<br />

La gloire de YHVH s'établit sur le mont Sinaï et la nuée le couvrit pendant six<br />

jours. Le septième jour, YHVH appela Moïse du milieu de la nuée... Moïse<br />

entra <strong>dans</strong> la nuée et monta sur la montagne. Et Moïse demeura sur la montagne<br />

quarante jours et quarante nuits.' (Exode XXIV-12 <strong>à</strong> 18)... 'Quand il eut fini de<br />

parler avec Moïse sur le mont Sinaï, il (= YHVH) lui remit <strong>les</strong> deux tab<strong>les</strong> du<br />

témoignage, tab<strong>les</strong> de pierre écrites du doigt de Dieu.' (Exode XXXI-18).<br />

Moïse descend parmi son peuple et il trouve <strong>les</strong> hébreux adorant une idole : le<br />

veau d'or. 'Moïse s'enflamma de colère : il jeta de sa main <strong>les</strong> tab<strong>les</strong> et <strong>les</strong> brisa<br />

au pied de la montagne.' (Exode XXXII-19). Une nouvelle médiation repart de<br />

Moïse vers YHVH. Moïse taille deux tab<strong>les</strong> de pierre et revient au mont Sinaï.<br />

'YHVH descendit <strong>dans</strong> une nuée et il se tint l<strong>à</strong> avec lui... Il (= YHVH) dit :<br />

'Voici que je vais conclure une alliance...' (et YHVH dit <strong>les</strong> termes du contrat;<br />

puis :) YHVH dit <strong>à</strong> Moïse : 'Mets par écrit ces paro<strong>les</strong> car selon ces clauses, j'ai<br />

conclu mon alliance avec toi et avec Israël.' (Moïse écrit <strong>les</strong> deuxièmes tab<strong>les</strong> de<br />

la Loi, alors que <strong>les</strong> premières étaient écrites du doigt de Dieu). Moïse demeura<br />

l<strong>à</strong> avec YHVH quarante jours et quarante nuits. Il ne mangea ni ne but et il<br />

écrivit sur <strong>les</strong> tab<strong>les</strong> <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de l'Alliance, <strong>les</strong> dix paro<strong>les</strong>.' (Exode XXXIV-5<br />

<strong>à</strong> 28).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 9 -<br />

Puis-je voir <strong>dans</strong> ce temps de "quarante jours" la durée dont a besoin Jésus le<br />

Messie pour préparer sa mission : définition de l'Alliance Nouvelle qu'il va<br />

porter aux hommes ?<br />

Arrivé <strong>à</strong> ce point de mon analyse, je me suis arrêté et j'ai cherché <strong>à</strong><br />

fonctionner, <strong>dans</strong> mon intelligence, comme un juif de ce temps lisant pour la<br />

première fois le texte (grec) de l'œuvre de Saint Marc.<br />

Comme <strong>les</strong> juifs d'alors, je connais <strong>les</strong> textes de la Bible hébraïque et ma<br />

pensée va vers la Tora : c'est pourquoi mon premier réflexe fut de visiter le livre<br />

de l'Exode en son chapitre XXXIV (voir ci-dessus).<br />

Au-del<strong>à</strong> de la Loi, il y a <strong>les</strong> Prophètes (au sens juif : ce sont <strong>les</strong> livres où il est<br />

question des prophètes). Alors ma mémoire m'envoya au premier livre des Rois :<br />

'Pour lui (= Elie), il marcha <strong>dans</strong> le désert... et s'endormit. Mais voici qu'un<br />

ange le toucha et lui dit : 'Lève-toi et mange !'. Il regarda et voici qu'il y avait <strong>à</strong><br />

son chevet une galette cuite sur <strong>les</strong> pierres chauffées et une gourde d'eau. Il<br />

mangea et but... (de même une seconde fois) l'ange de YHVH... le toucha et dit :<br />

'Lève-toi et mange, autrement le chemin sera trop long pour toi.' Il se leva,<br />

mangea et but puis, soutenu par cette nourriture, il marcha quarante jours et<br />

quarante nuits jusqu'<strong>à</strong> la montagne de Dieu, l'Horeb.' (I Rois XIX-1 <strong>à</strong> 8).<br />

Voici que je trouve <strong>dans</strong> ces lignes le texte de Saint Marc : "Et il était <strong>dans</strong> le<br />

désert, quarante jours... Et <strong>les</strong> missionnaires (en grec : aggeloi = <strong>les</strong> anges) le<br />

servaient" (I-13).<br />

Ceci me fait voir aussitôt que Jésus est le nouvel Elie au sens où il vient <strong>à</strong> la<br />

suite (immédiate) d'Elie, le prophète qui a été servi en I Rois par 'un ange' (XIX-<br />

6) et par 'l'ange de YHVH' (XIX-7). En venant deux fois, l'ange se met au pluriel<br />

: <strong>les</strong> anges le servaient.<br />

Or, depuis (I-6), je sais que Jean, celui-qui-baptise, 'c'est Elie le Tishbite' (= II<br />

Rois (I-8) = 'poils de chameau et... ceinture de-peau autour de sa hanche').<br />

Cette intimité entre Elie et Dieu me fait vivre intensément <strong>à</strong> la montagne de<br />

l'Horeb : 'Et voici que YHVH passa et il y eut un grand ouragan... mais YHVH<br />

n'était pas <strong>dans</strong> l'ouragan. Et../ (il y eut) un tremblement de terre... mais YHVH<br />

n'était pas <strong>dans</strong> le tremblement de terre. Et... (il y eut) un feu... mais YHVH<br />

n'était pas <strong>dans</strong> le feu.'<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 10 -<br />

Alors j'ai vu, avec Elie : '... après le feu... (il y eut) une brise légère.' (I Rois<br />

XIX-11 et 12).<br />

YHVH était <strong>dans</strong> la brise légère et Elie 'se voila le visage avec son manteau...<br />

((Dieu)) dit : 'Que fais-tu ici Elie ?' Il répondit : '... <strong>les</strong> israélites ont abandonné<br />

ton alliance...'.' (I Rois XIX-13 et 14).<br />

J'ai fermé <strong>les</strong> yeux un instant et je me suis trouvé transporté "vers la Galilée"<br />

(I-14). Alors j'ai vu Jésus "cheminant le-long-de la mer de Galilée" (I-16). Et<br />

cela m'a rappelé, il y a très longtemps : 'Ils entendirent le pas de YHVH qui se<br />

promenait <strong>dans</strong> le jardin <strong>à</strong> la brise du jour' (Genèse III-8).<br />

Jésus, le nouvel Elie, ne serait-il pas Dieu venu depuis le jardin de l'Eden, lui<br />

qui aime se promener <strong>à</strong> la brise légère ?<br />

Les deux textes du livre de l'Exode et du livre des Rois aboutissent l'un et<br />

l'autre <strong>à</strong> l'alliance.<br />

Mon parcours <strong>dans</strong> la Bible hébraïque m'a obligé <strong>à</strong> passer par :<br />

Livre de l'Exode :<br />

Dieu - la nuée - quarante jours et la Loi - la Loi cassée par Moïse - la<br />

Parole de Dieu : 'Voici que je vais conclure une alliance' - quarante jours,<br />

le temps pour Moïse de ré-écrire la Loi.<br />

Livre des Rois :<br />

le désert - quarante jours - <strong>les</strong> anges - (tout ceci comme avec Elie) -<br />

Dieu et la brise légère - la Parole de l'homme : '<strong>les</strong> israélites ont<br />

abandonné ton alliance'.<br />

Livre de Saint Marc :<br />

Jésus le Messie, qui est Dieu de la Création, celui <strong>à</strong> qui <strong>les</strong> bêtes sauvages (I-<br />

13) "obéissent" (cfr : IV-41),vient se promener sur <strong>les</strong> rives de la mer de Galilée.<br />

Et j'ai senti le souffle de la brise légère, car - en hébreu - la brise (ou) le vent<br />

(ou) l'esprit se disent par le même mot. Or "l'Esprit" imprègne le texte (I-10 et I-<br />

12).<br />

Lorsque l'humanité est en détresse, Dieu vient parmi <strong>les</strong> hommes car cette<br />

alliance qu'il a conclue avec Moïse (Exode XXXIV-10) a été abandonnée par <strong>les</strong><br />

israélites (I Rois XIX-14), avec :<br />

"Est-accompli le moment et s'est-approché<br />

le Règne de Dieu" (<strong>Mc</strong> I-15)<br />

"L'heure est venue ! Voici..." (<strong>Mc</strong> XIV-41)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 11 -<br />

... Et il était avec <strong>les</strong> bêtes-sauvages. Et <strong>les</strong> missionnaires le servaient<br />

Au-milieu des bêtes sauvages, la paix régnait; Jésus n'avait pas <strong>à</strong> se défendre<br />

contre el<strong>les</strong>. Les missionnaires (= anges) le servaient.<br />

Lorsque Jean qui baptise a été au désert, il y a tué le chameau, <strong>les</strong> sauterel<strong>les</strong> et<br />

<strong>les</strong> abeil<strong>les</strong> : le texte a tenu <strong>à</strong> le préciser. Jésus est aussi au désert, mais ce désert<br />

change : la paix de l'Eden, du début de la Création, devient la marque de la vie.<br />

La proclamation de l'élection : "Toi que j'ai moi-même en faveur" définit bien<br />

cette paix au milieu de toutes <strong>les</strong> bêtes sauvages, malgré la présence de Satan<br />

l'accusateur, l'affabulateur, le dissociateur.<br />

A ce point du texte, Jésus a déj<strong>à</strong> gagné sa propre vie, son histoire, son<br />

messianisme = il est "Messie" (Fils de Dieu) et nous sommes <strong>dans</strong> un temps de<br />

l'accomplissement, mais pour Jésus seul, car il y a le désert et <strong>les</strong> bêtes<br />

sauvages... et il n'y a pas l'homme.<br />

14.- Or, après que Jean eut été livré...<br />

Voici une date historique, marquée par la disparition de Jean, qui a été livré,<br />

ce qui annonce : Judas celui qui le livra (III-19).<br />

... Jésus vint vers la Galilée en proclamant le Message-Divin de Dieu et en<br />

disant : 'Est-accompli le moment et s'est-approché le Règne de Dieu.<br />

Convertissez-vous et ayez-foi au Message-Divin'.<br />

la Galilée :<br />

Saint Marc m'a présenté précédemment tous <strong>les</strong> habitants-de-Jérusalem<br />

quittant leur ville pour aller auprès de Jean, en un endroit mal précisé, sinon qu'il<br />

est proche d'un désert et qu'il est sur <strong>les</strong> rives du Jourdain.<br />

Je puis trouver étrange que Jésus aille en Galilée annoncer le Message de<br />

Dieu, c. <strong>à</strong> d. en un endroit autre que la Jérusalem-sainte, ville de l'histoire : Jésus<br />

va l<strong>à</strong> où tous <strong>les</strong> habitants-de-Jérusalem ont décidé d'aller.<br />

proclamant :<br />

Jésus prend le relais de Jean le baptiste; il proclame comme lui. Mais Jean<br />

proclamait "<strong>dans</strong> le désert" (I-4) alors que nous arrivons au pays de Galilée.<br />

Tout le texte qui précède résumait <strong>les</strong> présupposés : il y a eu, jusqu'ici, deux<br />

personnages :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 12 -<br />

-Jean, celui qui baptise annonce l'ancienne alliance;<br />

-Jésus celui qui est baptisé sera la nouvelle alliance.<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi le texte dit, <strong>à</strong> ce moment précis : "Est accompli le moment..."<br />

ou encore : 'Voici le Message Divin !'.<br />

est accompli le moment :<br />

L'expression évoque en moi la fin des actes de la Création réalisée par 'Elohim'<br />

en Genèse I, alors que la bénédiction (= la Parole de Dieu dite <strong>à</strong> l'homme) ouvre<br />

l'espace d'un long temps pour le 'septième jour'. La formulation est celle de la<br />

charnière(3) entre le chapitre premier du livre de la Genèse et le début du<br />

deuxième chapitre, car j'ai lu :<br />

YoM HaShiShiY VaYKhoLoU HaShaMaYM<br />

au-jour sixième furent-accomplis <strong>les</strong>-cieux<br />

furent accomplis :<br />

le tournant du temps. Voici que vont entrer <strong>les</strong> acteurs, <strong>les</strong> gestionnaires du<br />

monde.<br />

est accompli le moment :<br />

voici que vont entrer <strong>les</strong> acteurs de l'évangile.<br />

Ainsi, <strong>à</strong> la fin du sixième jour, j'ai vu entrer le Seigneur avec son NOM<br />

d'Amour (= le Tétragramme), lui qui était depuis le troisième mot du Livre de la<br />

Genèse "Elohim", le Dieu des Puissances qui "créa" l'univers.<br />

Ainsi "est accompli le moment" m'annonce ce même Dieu par Jésus le<br />

Messie !<br />

Convertissez-vous ! :<br />

Le texte me donne l'ordre de tourner la page pour lire plus loin que Genèse I<br />

et entrer <strong>dans</strong> la suite du récit.<br />

Le texte de Saint Marc est organisé et structuré, car il met en évidence toutes<br />

sortes de présupposés qu'il fait crier <strong>à</strong> mes oreil<strong>les</strong>. Ma pensée est en alerte. Rien<br />

n'a encore pour moi le statut de chose vérifiée, mais la lecture de ce prologue fait<br />

bouillonner en moi <strong>les</strong> souvenirs de ma lecture du livre de la Genèse,<br />

"Commencement" du livre de Moïse (= la Tora).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


RESUME DU PROLOGUE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 13 -<br />

Dans la vallée du Jourdain, il y avait un homme appelé Jean. Il baptisait et tout<br />

Jérusalem venait <strong>à</strong> lui.<br />

Jean : c'était le Tishbite :<br />

l'Esprit d'Elie était venu se poser sur lui.<br />

Montant hors du Jourdain, il y eut un homme appelé Jésus. Il fut baptisé et une<br />

voix vint du ciel sur lui :<br />

l'Esprit vint se poser sur lui.<br />

L'Esprit chassa Jésus au désert durant quarante jours :<br />

un délai nécessaire pour que Dieu - puis l'homme - gravent la Loi sur la<br />

pierre : Loi passée en contrat = l'Alliance (entre Dieu et Moïse).<br />

un délai nécessaire pour la préparation d'Elie <strong>à</strong> sa mission : lorsque <strong>les</strong><br />

israélites eurent abandonné l'Alliance.<br />

Ainsi, Jésus "arrive" aussitôt <strong>à</strong> la suite d'Elie,<br />

"selon qu'il est écrit en Isaïe le prophète".<br />

Et Jésus, au désert, durant quarante jours, a vécu <strong>dans</strong> (l'alliance de) la paix<br />

(= don de la Création).<br />

Venu en Galilée, il dit sa première parole : "Est accompli le moment..." qui est<br />

rappel du même texte (en hébreu) <strong>à</strong> la naissance du septième jour, qui est aussi<br />

Son Nom de l'Eternel, tel qu'il est apparu <strong>dans</strong> le texte de la Genèse <strong>à</strong> la fin des<br />

oeuvres de Puissances des six jours :<br />

Y H V H , le Dieu d'Amour.<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SUR LA DUALITE : BETH = 2<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 14 -<br />

Commencement du Message Divin de-Jésus Messie :<br />

Tout commence par le chiffre 'deux = 2' avec le 'commencement' (en hébreu :<br />

bereshit) premier mot du livre de la Genèse, donc premier mot de la Bible.<br />

L'apparition du mot 'commencement = bereshit' marque une fin pour le début<br />

d'un temps, moment de la Création. Or le mot commence par la lettre beth qui<br />

est la deuxième de l'alphabet hébreu et a pour valeur le chiffre 'deux'. Pourquoi ?<br />

Avant le premier mot, il y avait le 'UN' qui est absent du texte, car nul ne peut<br />

voir ce 'un' qui est Dieu Seul - Unique - principe de toutes choses.<br />

Ce Dieu est un car il n'y a nul autre Dieu que lui. Ceci entraîne pour mon<br />

entendement humain d'adhérer au concept qu'il est parfait, c'est <strong>à</strong> dire intemporel<br />

et/donc éternel : il englobe le tout. Le UN n'est pas concrétisable car c'est un<br />

infini et je ne peux pas voir sa forme (= sa face). Il ne peut y avoir d'image<br />

comme il ne peut y avoir de temps pour Dieu. Le mot initial (('g: arche / h:<br />

bereshit / f: commencement')) n'a aucun sens pour Dieu.<br />

C'est pourquoi avec le mot commencement nous entrons <strong>dans</strong> l'histoire de<br />

l'humanité, ère des relations entre Dieu Créateur-de-tout et l'homme créé-de-rien<br />

(en hébreu : bara / en latin : creare ex nihilo). Le Dieu Unique risque l'Etant (de<br />

son Etre) <strong>dans</strong> l'homme qui est Son oeuvre et le Dieu Unique devient Dieu de la<br />

dualité : le Dieu des hommes, le Dieu en-relation-avec <strong>les</strong> hommes.<br />

Cette dualité devra très vite être limitée et réduite par le moyen du contrat<br />

passé entre Dieu et quelques-uns des hommes : le petit peuple errant parti de<br />

UR, lumière de l'Orient, arrivé en Egypte <strong>à</strong> l'obscurcissement de la servitude.<br />

Dieu aidera ce peuple et peu <strong>à</strong> peu une dualité va se créer en lui par la Loi qu'il<br />

reçoit et <strong>les</strong> Prophètes qu'il se donne. Une nouvelle dualité se réalise au travers<br />

de l'Ecrit (= la Loi) et la Parole (= <strong>les</strong> Prophètes), ou encore entre le Silence et le<br />

Bruit, le Matériel (= le Livre) et l'Immatériel (en hébreu : ruah).<br />

Et tout cela est déj<strong>à</strong> <strong>dans</strong> le premier mot : bereshit et <strong>dans</strong> sa première lettre :<br />

un beth.<br />

Ainsi, le premier mot bereshit, par sa première lettre 'beth = 2', introduit le<br />

temps avec l'homme, donc le temps de la dualité : Dieu et l'homme.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


La dualité <strong>dans</strong> l'évangile :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 15 -<br />

Saint Marc retient pour base (= fondement) de son texte le mot commencement<br />

qui est rappel de la Genèse par l'identité du mot et par la similitude de position<br />

(= le premier mot). Ainsi l'auteur institue la prééminence du beth initial qui est la<br />

dualité.<br />

Quelle dualité ?<br />

Il y a la relation de Dieu <strong>à</strong> son Messie qui est dualité Père/Fils annoncée par<br />

le titre : "Commencement du Message-Divin de-Jésus... Fils de Dieu :<br />

Dieu-Unique = UN<br />

Fils de Dieu = DEUX = dualité, c. <strong>à</strong> d. beth = 2.<br />

Le '2' du commencement pose, dès le principe, la relation Fils/Dieu. Or Dieu<br />

est Unité. Cette unité ne peut être maintenue que grâce <strong>à</strong> l'Esprit et ceci arrive<br />

quelques versets après le commencement. La manifestation de l'Esprit réalise<br />

elle-même une dualité :<br />

-par la parole prophétique = le verbe est au futur :<br />

"Celui-l<strong>à</strong> vous baptisera <strong>dans</strong> l'Esprit-Saint" (I-8).<br />

-par l'écrit-témoignage = le verbe est au temps de l'accompli :<br />

"Il VIT <strong>les</strong> cieux se déchirer et l'Esprit, comme un colombe<br />

descendre-et-rester vers lui." (I-10).<br />

La dualité Dieu/Fils maintient l'Unité de Dieu par le lien intemporel que<br />

réalise l'Esprit entre <strong>les</strong> deux.<br />

Pour l'homme, lecteur qui se fond <strong>dans</strong> le texte, <strong>les</strong> mots écrits sont la<br />

révélation d'une dualité qui arriva en ces jours-l<strong>à</strong> et demeure durant tout<br />

l'évangile : c'est l'action conjuguée du voir et de l'entendre. (On entend la<br />

prophétie et on voit le témoignage).<br />

Les cieux se déchirent et la colombe représente l'Esprit, dualité d'images qui<br />

viennent se poser sur une parole en forme doublée :<br />

Toi tu es mon ...<br />

Toi que j'ai moi-même...<br />

La parole s'entend <strong>dans</strong> le contrepoint de ses mots et vient comme l'écho<br />

renvoyé par le mur-nuée de la première parole entendue, elle-même parole en<br />

forme doublée :<br />

MOI-je vous ai-baptisés <strong>dans</strong>...<br />

Celui-l<strong>à</strong> vous baptisera <strong>dans</strong>...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 16 -<br />

Ainsi je vois et j'entends <strong>les</strong> mots du texte et je vis intimement au-milieu<br />

d'eux(4). Une dualité se révèle aussitôt par le mot "arriva" et voici deux noms<br />

simp<strong>les</strong>, ramassés et courts, propulsés l'un et l'autre, l'un pour l'autre, l'un par<br />

l'autre :<br />

arriva Jean ...<br />

Et arriva Jésus<br />

Le vécu de ce texte me révèle alors que l'Esprit ne peut demeurer sous forme<br />

de doublet. Avec Jean, celui-qui-baptise, je vois le désert avec le fleuve<br />

Jourdain, un (vêtement) de poil ((et une ceinture de-peau)), des sauterel<strong>les</strong> et du<br />

miel. Par Jean la voix me parle et elle dit : "... l'Esprit-Saint = pneumati agiô"<br />

(I-8).<br />

Jésus arrive. La Judée avec Jérusalem se mutent en Nazareth avec la Galilée<br />

(région + ville = ville + région). Le fleuve-Jourdain devient le Jourdain-eau<br />

(deuxième inversion). Les bruits que font <strong>les</strong> habitants et ceux du pays en s'en<br />

allant, confessant leurs péchés, est remplacé par le déchirement des cieux et le<br />

vol stationnaire de la colombe. L'Esprit arrive aussi, mais il est simplement :<br />

"... l'Esprit = to pneuma".<br />

Le passé du texte m'a dit : du poil de chameau et une ceinture de-peau, c'est<br />

Elie le Tishbite, et la sanctification du dire oblige <strong>à</strong> 'pneuma agion'.<br />

Avec Jésus, un homme arrive et le texte, avec délicatesse, note sa pleine<br />

humanité, car il dit : "... l'Esprit = pneuma" (le mot 'agiô' a disparu).<br />

Mes yeux voient et mes oreil<strong>les</strong> entendent des choses nouvel<strong>les</strong>. Je prends acte<br />

de l'écart entre Jean et Jésus. Jean a prophétisé avec le futur. Avec l'arrivée de<br />

Jésus, la Parole se borne <strong>à</strong> témoigner. Un seul lien entre eux : le Jourdain. Même<br />

l'Esprit diffère car la sonorité des mots interdit tout rapprochement :<br />

pneumati agiô to pneuma to pneuma<br />

I-6 I-10 I-12.<br />

Alors, le texte brusque tout et l'Esprit, sentant l'incohérence, va supprimer l'eau<br />

et tous <strong>les</strong> détails multip<strong>les</strong> qui encombrent la scène. En une seule phrase je vois<br />

s'évanouir <strong>les</strong> sauterel<strong>les</strong>, le miel, <strong>les</strong> hommes confessant leurs péchés,<br />

Jérusalem et Nazareth, la Galilée et la Judée, et surtout le Jourdain :<br />

E t a u s s i t ô t<br />

L'Esprit = to pneuma...<br />

le chasse vers le désert.<br />

(I-12)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 17 -<br />

Afin que je prenne conscience du décor, le texte dit <strong>à</strong> la suite :<br />

Et il était <strong>dans</strong> le désert.<br />

(I-13)<br />

Je regarde la scène et je vois d'abord le désert, puis lui <strong>dans</strong> le désert. Je ne<br />

sais rien de cet homme nouveau et <strong>les</strong> mots sont devenus flous comme le<br />

brouillard :<br />

... L E chasse ... I L était ...<br />

Ce que j'ai lu depuis le "commencement" a laissé en moi des impressions<br />

heurtées. beaucoup de mots inattendus au début d'un tel récit qui pourrait n'être<br />

que narration du vécu d'un homme ordinaire :<br />

Nombre d'emplois :<br />

une fois : face - sentiers - pardon - chameau - ceinture - sauterel<strong>les</strong> - miel -<br />

courroie - sanda<strong>les</strong> - colombe -<br />

Ce sont des mots qui évoquent la marche <strong>dans</strong> un pays chaud.<br />

deux fois : chemin - proclamer - péchés - Jourdain - eau - cieux -<br />

Le paysage s'installe; il y a toujours la marche, mais de plus le lieu est situé<br />

par le Jourdain (une vallée en ligne quasi droite du nord au sud). Les bruits<br />

arrivent avec 'proclamer', mais aussi avec 'péchés' (car il n'est aucun péché<br />

possible <strong>dans</strong> l'immobilité et le silence).<br />

trois fois : l'Esprit (I-8 / I-10 / I-12) = 3 )<br />

arriver (I-4 / I-9 / I-11) = 3 ) total = 6<br />

quatre fois : le désert (I-3 / I-4 / I-12 / I-13) = 4<br />

six fois : baptiser / le baptême<br />

(I-4 / I-4 / I-5 / I-8 / I-8 / I-9) = 6<br />

Ainsi apparaît un jeu complexe entre deux entités dont chacune vise <strong>à</strong><br />

supprimer l'autre : le désert et le rite du baptême qui est présence d'eau. De l'eau<br />

<strong>dans</strong> un désert : ce n'est plus un désert, surtout quand cette eau coule et s'appelle<br />

le fleuve - Jourdain.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 18 -<br />

Les chiffres que j'ai mentionnés ci-dessus m'offrent une vision nouvelle :<br />

arriver indique la Présence de Dieu (= l'agir de Dieu). L'Esprit est le souffle de<br />

Dieu. Par six fois Dieu est physiquement <strong>dans</strong> le texte; par six fois le rite de<br />

baptiser/le baptême est <strong>dans</strong> le texte. Et le désert, présent quatre fois, se trouve<br />

/encadré/. Le désert est ce que je m'imagine pour un temps d'avant le<br />

Commencement/ Dieu "arrive" et "l'Esprit" se présente pour garantir l'Unicité de<br />

Dieu.<br />

Mais un homme nouveau est l<strong>à</strong> qui a juste entraîné avec lui l'Esprit (et non pas<br />

l'Esprit-Saint). De cet homme, je ne sais rien et le texte prend soin de le<br />

dissoudre <strong>dans</strong> l'anonymat :<br />

L E chasse ... I L était ... I L était ...<br />

(I-12 et I-13)<br />

Alors, Q U I est cet homme, nommé Jésus ?<br />

Bien plus tard, alors que Jésus viendra d'expirer, je serai aux côtés de Joseph<br />

d'Arimathée. Pilate vient de lui offrir le cadavre de Jésus :<br />

Ayant acheté un drap,<br />

L ' ayant-descendu°,<br />

il L ' enserra <strong>dans</strong> le drap<br />

et LE déposa <strong>dans</strong> un monument.<br />

(XV-46)<br />

Le cadavre emmène avec lui son poids d'anonymat (= son humanité pure).<br />

Mais :<br />

Et :<br />

Q U I est Jésus ?<br />

Q U I est Jean ?<br />

QUELLE dualité entre Jean et Jésus ?<br />

(Oelenberg : fête de la Dédicace de l'église abbatiale.)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SUR : "EST ACCOMPLI"<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 19 -<br />

Il y a une présentation remarquable par le texte : "Jésus vint... en proclamant...<br />

et en disant : 'Est-accompli le moment...'." (I-15) = <strong>à</strong> qui parle-t-il ? Aucune<br />

présence d'homme ou de foule n'est mentionnée et il n'est pas fait référence <strong>à</strong> un<br />

lieu quelconque, sauf : "Jésus vint vers la Galilée = elthen o Iesous eis ten<br />

Galilaian" (I-14). C'est le cinquième emploi de la préposition 'eis' (voir au<br />

lexique le mot vers) et, selon la loi du texte, cela signifie que l'identité arrive ou<br />

encore : voici le Messie !<br />

Lecture étrange ? Non, pour celui qui vit intensément le texte car ce Messie,<br />

arrivant par le chiffre cinq en eis, est Dieu <strong>dans</strong> son Eternité venant dire sa<br />

Parole d'un nouveau temps. A qui parle-t-il ?<br />

L'Eternel (Béni soit-Il !) se souvient. Déj<strong>à</strong>, il y a très long temps, il disait<br />

cette même parole : "est accompli" (voir au présent chapitre et ci-dessus :<br />

Prologue) et ce fut l'occasion pour écrire par <strong>les</strong> lettres initia<strong>les</strong> des mots<br />

hébreux (Genèse I /Y.H.V.H./ Genèse II) <strong>les</strong> quatre lettres qui sont le<br />

Tétragramme. Le texte de Saint Marc me renvoie ainsi au texte de Genèse I, l<strong>à</strong><br />

où tout est Parole de Dieu, aux mots provoquant l'arrivée du Nom Saint, où la<br />

Parole est dite en la présence de l'homme créé depuis Genèse (I-26) puis<br />

immobile et silencieux : l'homme écoute !<br />

Ici, en (I-15), la Parole de Jésus est dite, mais le texte ne parle pas de<br />

l'humanité qui écoute. Jusqu'<strong>à</strong> la fin du verset (I-13), Jésus est "<strong>dans</strong> le désert" et<br />

y passe "quarante jours". Puis, "vers la Galilée" (I-14), il proclame le Message<br />

Divin et c'est la parole qui lance un nouveau temps. L'humanité est immobile et<br />

silencieuse : elle écoute !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SUR : "ARRIVA"<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 20 -<br />

Pour résumer le texte depuis (I-1) jusqu'<strong>à</strong> (I-11), on peut noter :<br />

1.- (I-1) :<br />

Le titre (peut-être écrit après le reste de l'œuvre, mais il fallait un titre).<br />

2.- (I-2 et 3) :<br />

La référence au prophète Isaïe sert <strong>à</strong> installer le pronom personnel 'autou' par<br />

<strong>les</strong> sentiers de lui = Kurios-Incarné.<br />

3.- (I-4 <strong>à</strong> 8) :<br />

"Arriva..." Jean, celui qui baptise. C'est donc <strong>à</strong> la suite d'une décision de<br />

l'Eternel (Béni soit-Il !) que Jean entre <strong>dans</strong> le texte. Mon lecteur sait, par<br />

ailleurs, que ceci signifie l'arrivée d'Elie (= son esprit est sur Jean).<br />

La fin du verset (I-8) installe, par une parole d'Elie, le pronom 'autos' : "lui<br />

vous baptisera <strong>dans</strong> l'Esprit-Saint". Ceci annonce le dépassement de (l'esprit =<br />

d'Elie venu sur Jean) par "l'Esprit-Saint" (I-8).<br />

4.- (I-9 et 10) :<br />

"Arriva..." que Jésus vint... C'est donc <strong>à</strong> la suite d'une décision de l'Eternel<br />

(Béni soit-Il !) que trois événements se sont produits :<br />

- "en ces jours-l<strong>à</strong>" : la détermination du temps, et c'est un temps marqué par <strong>les</strong><br />

baptêmes de Jean.<br />

- "<strong>à</strong> Nazareth de la Galilée" : la fixation du lieu qui diffère du Jourdain (I-5), l<strong>à</strong><br />

où Jean baptisait.<br />

- "Jésus" : un nom nouveau pour un homme différent de Jean, mais qui est<br />

aussitôt soumis au baptême : "et fut baptisé <strong>dans</strong> le Jourdain par Jean" (I-9). J'ai<br />

déj<strong>à</strong> dit combien la conjonction grecque 'kai' détermine la simultanéité de<br />

réalisation des deux éléments de phrase qu'elle unit.<br />

Donc, <strong>à</strong> cause de arriva, voici que Dieu, en ces jours-l<strong>à</strong>, <strong>à</strong> Nazareth, fait venir<br />

Jésus et voici qu'il le fait immédiatement baptiser <strong>dans</strong> le Jourdain par Jean.<br />

5.- (I-11) : "Arriva..." : une voix confirme aussitôt, car il y a : "hors des cieux",<br />

comme en réponse <strong>à</strong> la montée de Jésus "hors de l'eau".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 21 -<br />

Le lecteur se rappellera deux mots hébreux :<br />

Sha - Ma - ïm = (<strong>les</strong>) cieux (Genèse I-1)<br />

Ma - ïm = (<strong>les</strong>) eaux (Genèse I-2)<br />

mots qui rayonnent de leur présence <strong>dans</strong> le texte initial du livre de la Genèse.<br />

Jusqu'<strong>à</strong> cet 'ici' du texte, Jésus 'vint = est-venu', puis 'fut-baptisé', comme si<br />

Dieu seul avait décidé qu'il fût ainsi. Aussitôt, il 'est-chassé' vers le désert et y<br />

'est-mis (-<strong>à</strong>-l'épreuve)'. Il y 'est-avec' <strong>les</strong> bêtes et il 'est-servi' par <strong>les</strong> anges. Puis<br />

il 'vint = est-venu' vers la Galilée et l<strong>à</strong>, tout change car cet homme habitué <strong>à</strong><br />

vivre <strong>les</strong> verbes d'action comme des verbes qui lui sont imposés, va proclamer et<br />

dire : "Est-accompli...".<br />

Lecteur ! Tu remarqueras que, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de Jean en (I-7 et 8), il y a plus<br />

de MOI que de LUI; puis que <strong>dans</strong> ce que dit la voix de la nuée, il y a comme<br />

une équivalence (I-11).<br />

Dans la parole de Jésus, il n'y a aucun pronom personnel, <strong>à</strong> la première<br />

ou <strong>à</strong> la deuxième personne : Sa Parole est Message de Dieu !<br />

QUI EST JESUS ?<br />

Arrivé <strong>à</strong> ce point du récit, lecteur, tu t'inquiètes : pourquoi le texte ne parle-t-il<br />

pas de l'enfance de cet homme nouveau qui a pour nom Jésus ? As-tu bien lu<br />

tout ce que j'ai écrit ? Voici un homme qui arrive et subit tout, au Jourdain, puis<br />

<strong>dans</strong> le désert, sans rien dire.<br />

Toi, qui connais le texte, te voici surpris car, avant que l'action commence,<br />

voici que "Jésus ne° répondit plus° rien" (XV-5) de sorte que Pilate, ou toimême,<br />

vous êtes étonnés ! Le silence de Dieu est lourd <strong>à</strong> entendre et ce silence a<br />

effacé tous <strong>les</strong> bruits sur sa jeunesse, sur sa naissance, sur son origine. Crois-tu<br />

que si tu avais lu, en forme de préface, des phrases décrivant comment Jésus est<br />

fils de David, ou fils d'Abraham, ou fils de ce Joseph qui fut l'homme de Marie<br />

(Mt I-16), crois-tu que ta foi serait plus grande ? Serais-tu, toi aussi, de ces<br />

païens qui attendent, pour commencer <strong>à</strong> croire, de regarder le ciel et d'y voir<br />

"son astre au lever" (Mt II-2) ? Te faudrait-il marcher en suivant l'astre "qui<br />

précédait" (Mt II-9) ?<br />

Comme moi, humblement, reste soumis au texte et, ensemble, allons cheminer<br />

"le-long-de la mer de Galilée" (I-16). Lecteur, restons ensemble jusqu'<strong>à</strong> voir<br />

Bar-Timée qui "le suivait sur le chemin" (X-52). Cet espace de texte nous est<br />

offert pour vivre avec lui et dire ensemble : "J'ai-foi !" (IX-24).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 22 -<br />

Si nous lisons avec grande attention et en profondeur la seule première partie<br />

de l'évangile de Saint Marc, nous sommes totalement convertis car nul homme<br />

autre que le Messie n'aurait pu faire tous ces gestes-de-puissance, ni parler de<br />

tel<strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de Sagesse, ni vivre autant tous ces accomplissements de l'ancien<br />

testament, ni poser <strong>les</strong> structures, <strong>les</strong> expressions, <strong>les</strong> mots et jusqu'aux lettres.<br />

Cette première partie va de l'alpha grec de 'arche' (I-1) jusqu'<strong>à</strong> une lettre (= iota<br />

souscrit) en forme d'oméga pour la finale du mot 'odoï' (X-52).<br />

Frère ! Nous avons tous été créés sur la montagne arrondie, crâne de<br />

l'humanité, <strong>à</strong> Jérusalem. L<strong>à</strong>, 'Dieu forma l'homme avec le limon de la terre'. Puis<br />

nous sommes descendus vers un jardin toujours en fleurs et en fruits : ce fut la<br />

Galilée, mais nous avons oublié la mémoire du crâne. "Et arriva que Jésus vint"<br />

(I-9) et nous, l'humanité, nous avons entendu : "Ayez-foi au Message-Divin !"<br />

(I-15).<br />

Nous avons écouté, immobi<strong>les</strong> et muets, de la même façon dont, peu d'instants<br />

auparavant, le-long-du fleuve Jourdain, nous avions entendu le roucoulement<br />

amoureux de la colombe : "Mon Fils, le Bien Aimé, Toi que j'ai moi-même en<br />

faveur" (I-11).<br />

Surpris, étonnés, fascinés par la voix et lancés vers un avenir nouveau par une<br />

proclamation nouvelle : "Est-accompli le moment..." (I-15), nous avons voulu<br />

voir et entendre plus et nous L'avons suivi. Nous avons commencé "le-long-de<br />

la mer de Galilée" (I-16) et nous ne savions rien. Nous sommes restés fidèlement<br />

<strong>à</strong> ses côtés et nous avons reçu deux dons séparément, successivement,<br />

complémentaires l'un de l'autre : l'entendre avec l'homme sourd et bègue, le voir<br />

<strong>à</strong> Beth-Saïde avec l'aveugle.<br />

Avant : nous étions sans-parole (g: Alalous = VII-37) et ne savions pas voir<br />

(g: Blepeis = VIII-23). Ainsi en est-il en tout commencement, que celui-ci soit<br />

grec : Arche, ou hébreu : Bereshit. Toute énumération des lettres d'un alphabet<br />

commence de même !<br />

Nous avons traversé le texte en marchant ou en barque passant d'une rive <strong>à</strong><br />

l'autre, d'une séquence <strong>à</strong> l'autre, et notre passage a été notre transformation<br />

(= transfiguration : IX-2). Nous avons su, comme Israël, 'écouter' (= entendre :<br />

IX-7) la Parole.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 23 -<br />

Quand il a rappelé que "Elie est aussi (= déj<strong>à</strong>) venu" (IX-13), nous avons dit :<br />

"J'ai-foi !" (IX-24) et notre cri nous a fait écouter (= entendre) <strong>les</strong> cris de<br />

l'aveugle-mendiant : "Fils de David, Jésus (X-47)... Fils de David (X-48)". Jésus<br />

a dit la conclusion : "Pars, ta foi t'a sauvé" (X-52), dernier mot pour conclure<br />

notre séjour <strong>dans</strong> la vallée de l'eau (avant Jérusalem). Chacun de nous a entendu<br />

avec netteté : "Ta foi..." car nous tous avons foi qu'il est Fils de David.<br />

Alors, écoutant (= entendant) l'ordre donné de partir, nous le suivions "sur le<br />

chemin" (X-52) qui nous menait <strong>à</strong> l'oméga final (= odô).<br />

Frère ! En vérité, nous n'avons pas besoin d'un évangile de l'enfance pour<br />

savoir que Jésus est Fils de David(5) et qu'il est le Messie.<br />

Lecteur, restons ensemble, car nous avons-foi !<br />

LE DESERT<br />

Lorsque, pour la première fois, quelqu'un est chassé vers un désert (I-12), il est<br />

surpris, car le désert est toujours une zone sans eau... Or, voici quelques instants,<br />

Jésus sortait tout ruisselant hors de l'eau (I-10). En l'espace d'un verset, c'est<br />

l'entrée au désert.<br />

Longtemps je m'étais imaginé le fleuve Jourdain comme bordé de palmeraies<br />

et de riches cultures, avec jardins de fleurs lui faisant une haie d'honneur. Il a<br />

fallu que je fasse un voyage(6) pour découvrir un paysage tout autre que celui<br />

imaginaire de mes rêves. Voici ce que j'ai appris <strong>à</strong> propos de ce désert :<br />

'C'était d'abord le désert de Juda, qui s'étage sur le versant oriental des<br />

montagnes, au-dessus de la mer Morte. Large de 20 <strong>à</strong> 30 kilomètres, sur une<br />

longueur de 100 <strong>à</strong> 110, il dissimule de secs et arides ravins entre des collines qui<br />

se dressent pareil<strong>les</strong> <strong>à</strong> des cônes. A peine <strong>les</strong> pluies d'hiver déterminent-el<strong>les</strong> ç<strong>à</strong><br />

et l<strong>à</strong> un peu de fraîcheur et de végétation, utilisées par <strong>les</strong> bergers de Maon, de<br />

Carmel et de Thékos.<br />

Quand arrive la saison chaude, <strong>les</strong> gorges qui dévalent sur la mer Morte ne<br />

laissent voir que la roche nue et des éboulis. Sur ce terrain, le paysan juif<br />

demeurait vaincu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 24 -<br />

Il le demeurait encore <strong>dans</strong> la vallée du Jourdain. Les vil<strong>les</strong> ou <strong>les</strong> villages ne<br />

dépassèrent jamais <strong>les</strong> promontoires de rochers qui, de très haut, surplombent le<br />

fleuve. Ni lui, ni ses abords n'attirent la culture. Il fertilise <strong>à</strong> peine ses berges<br />

immédiates.<br />

C'est son orgueil et sa splendeur, disait la Bible : l<strong>à</strong> foisonnent des tamaris, des<br />

roseaux, des papyrus, toute une flore tropicale, où émergent des peupliers. Mais<br />

que rapportent ces magnifiques et stéri<strong>les</strong> bosquets ? Au-dessus, des terrasses de<br />

sable montent comme par étages et demeurent <strong>à</strong> jamais arides : le fleuve ne <strong>les</strong><br />

arrose point, même au temps de ses plus hautes crues. Le Jourdain n'est donc<br />

pas, comme le Nil ou l'Euphrate, un de ces cours d'eau qui dérivent leur tropplein<br />

sur <strong>les</strong> campagnes riveraines, suggèrent l'établissement de digues<br />

régulatrices et de canaux irrigateurs, fleurissent le désert, nourrissent le blé,<br />

développent <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> et <strong>les</strong> villages, condensent et enrichissent <strong>les</strong> populations.<br />

Si, <strong>dans</strong> la plaine de Jéricho, une splendide oasis arborescente, herbue et<br />

maraîchère entoure le Bas-Jourdain, ce sont des sources particulières qui<br />

alimentaient sa fécondité. En exception de ce territoire privilégié, <strong>les</strong> juifs ne<br />

s'établirent pas sur <strong>les</strong> rives du Jourdain. Phénomène peut-être unique <strong>dans</strong><br />

l'histoire des fleuves, il demeurait insociable. On n'approchait de ses eaux que<br />

pour <strong>les</strong> franchir ou pour trouver la solitude. Elie se cacha <strong>dans</strong> ses fourrés, vers<br />

le torrent de Carith. De la Judée et de Jérusalem, <strong>les</strong> multitudes accoururent <strong>dans</strong><br />

ses flots, au baptême de Jean. Mais leurs campements s'évanouirent quand le<br />

prophète disparut.'<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANNEXE I<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 25 -<br />

LA CHARNIERE DE GENESE I / II<br />

Le texte de la Bible fut écrit avec l'écriture des hébreux, c'est <strong>à</strong> dire<br />

uniquement au moyen des 'consonnes' se succédant de manière ininterrompue<br />

en un texte continu. Pour des raisons pratiques, il y eut lieu d'introduire des<br />

repères permettant de situer facilement telle partie du texte : ces 'repères' sont ce<br />

que nous connaissons sous <strong>les</strong> noms de = <strong>chapitres</strong> et versets, mais ils ne font<br />

pas partie du texte d'origine. Ces 'repères' sont purement conventionnels et ne<br />

sont pas liés <strong>à</strong> l'Inspiration du texte.<br />

Dans le livre de la Genèse, au moment où le texte 'quitte' le premier chapitre<br />

après avoir dit ce qui se passa durant <strong>les</strong> six jours initiaux, il y a la curiosité des<br />

quatre lettre commençant <strong>les</strong> mots dont la traduction française donne :<br />

... au-jour six furent-accomplis <strong>les</strong>-cieux<br />

et mon lecteur se rappellera comment j'ai franchi la traduction du mot 'h: hashamaïm<br />

= <strong>les</strong> cieux' pour aller vers '<strong>les</strong> mouvements', lisant le passage initial de<br />

Genèse (I-1) :<br />

Au-commencement furent-créés<br />

<strong>les</strong>-mouvements et l'immobilité<br />

Pour justifier <strong>les</strong> quatre lettres nouvellement ordonnées <strong>dans</strong> ce texte pour<br />

manifester pour la première fois LE NOM, voici ce qui est <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong><br />

Bib<strong>les</strong> d'Israël, depuis que ce texte est connu, toujours répété <strong>à</strong> l'identique,<br />

dessiné mêmement, recopié avec fidélité, car c'est la Vérité dite par l'Inspiration<br />

de ce texte.<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


TEXTE DE GENESE I / II =<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 26 -<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANNEXE II :<br />

FILS DE DAVID<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 27 -<br />

1.- J'ai montré, par ailleurs, <strong>les</strong> liens étroits entre <strong>les</strong> textes de Saint Matthieu et<br />

de saint Marc et j'ai pu en conclure la filiation depuis le plus ancien (<strong>Mc</strong>) vers le<br />

plus récent (Mt).<br />

Je me limiterai donc, <strong>dans</strong> le présent texte, <strong>à</strong> dire comment Mt démontre que<br />

Jésus peut être ce Messie qui, selon <strong>les</strong> scribes (et selon l'Ecriture) doit<br />

obligatoirement être fils de David.<br />

2.- Le texte de saint Matthieu commence par un titre : "Livre de l' engendrement<br />

de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham" (Mt I-1). Ainsi, Jésus est juif,<br />

descendant direct de David. La généalogie donnée aussitôt (Mt I-2 <strong>à</strong> 16) garantit<br />

la filiation très humaine depuis Abraham. J'ai volontairement écrit 'très<br />

humaine', car il y a quelques maillons de cette longue chaîne raccordés au<br />

moyen de diverses 'prostituées' : cela enlève tout caractère 'divin' <strong>à</strong> la filiation :<br />

ce sont parfois des rois ou des prêtres ou des gens de tous <strong>les</strong> trottoirs de la vie.<br />

Celui qui arrive en fin de liste est un nommé "Jésus, qui est dit Christ" (Mt I-16).<br />

3.- Afin que le lecteur retienne : "donc toutes <strong>les</strong> générations d'Abraham <strong>à</strong> David<br />

= quatorze générations et de David jusqu'<strong>à</strong> la déportation de Babylone =<br />

quatorze générations, et de la déportation de Babylone jusqu'au Christ =<br />

quatorze générations." (Mt I-17).<br />

L'auteur montre qu'il n'ignore rien des réflexions juives transmises <strong>à</strong> l'aide des<br />

nombres. Mais il ne donne pas la signification de ce trois fois quatorze, car ce<br />

n'est pas un nombre sacré venant de l' A.T. Donc <strong>à</strong> temps nouveaux, nouvel<br />

homme par ce nouveau juif.<br />

4.- Le long passage introductif démontre que ce "Jésus, qui est dit Christ" est -<br />

d'abord - un homme. Il est fils de Joseph (sept emplois), l'homme de Marie (trois<br />

emplois), venant <strong>à</strong> Beth-Lehem (= en hébreu, c'est la maison du pain, un nom<br />

chargé de prédestination = cinq emplois).<br />

Il est lié <strong>à</strong> l'histoire de l'Egypte (quatre emplois), car il faut qu'il aille en<br />

Egypte afin que le lecteur se souvienne de l'histoire de Joseph (= l'autre...) en<br />

Egypte(7).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 28 -<br />

5.- Les deux <strong>chapitres</strong> initiaux du texte de saint Matthieu font référence <strong>à</strong> des<br />

textes de l' A.T. :<br />

Isaïe en Mt (I-23)<br />

Isaïe en Mt (I-23) encore<br />

Michée en Mt (II-6)<br />

Samuel en Mt (II-6) encore<br />

Osée en Mt (II-15)<br />

Jérémie en Mt (II-18).<br />

Ce sont l<strong>à</strong> des citations explicites faites par l'auteur et présentées de façon <strong>à</strong> ce<br />

que tout lecteur en prenne acte.<br />

Moi, j'ai simplement noté que ce sont l<strong>à</strong> des textes humains écrits par des<br />

prophètes, mais je n'ai noté aucun texte issu de la Tora, le livre de Moïse directement<br />

dicté par Dieu. Ainsi, en Saint Matthieu, Jésus vient en référence <strong>à</strong> des<br />

textes humains de l' A.T., alors que je m'étais habitué, en Saint Marc, <strong>à</strong> entendre<br />

parler le Messie par <strong>les</strong> mêmes paro<strong>les</strong> dites par lui <strong>à</strong> Moïse, afin qu'el<strong>les</strong> soient<br />

gravées <strong>dans</strong> la pierre.<br />

6.- Ce sont l<strong>à</strong> quelques idées, 'jetées' (= offertes) au lecteur comme points de<br />

départ pour diverses réflexions sur l'écriture de ces deux textes.<br />

"Que le lecteur réalise !" (<strong>Mc</strong> XIII-14).<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 29 -<br />

Note 1 : la culture juive = page : I-1<br />

Sa fréquentation du peuple des juifs, ce qu'il voit et entend venant des juifs.<br />

Note 2 : la colombe revint = page : I-6<br />

Dans le texte de Saint Marc, on trouve le mot 'g: peristeras = colombe' au<br />

seul verset (I-10), au moment du baptême de Jésus. Ce mot se rencontre sous<br />

une forme identique en Genèse :<br />

Gen. VIII- 8 = apesteilen ten peristeran : Noé la lâcha<br />

Gen. VIII- 9 = - e peristera : -<br />

Gen. VIII 10 = ex-apesteilen ten peristeran : Noé la re-lâcha<br />

Gen. VIII-11 = - e peristera : -<br />

Gen. VIII-12 = ex-apesteilen ten peristeran : Noé la re-lâcha...<br />

..."mais elle (= la colombe) ne revint plus vers lui".<br />

Note 3 : la charnière = page : I-12<br />

Voir ci-dessus l'annexe I.<br />

Note 4 : la vie intimement au-milieu d'eux = page : I-16<br />

Aux vêpres, en la fête de la Dédicace de l'église, nous chantions ensemble :<br />

"Le Temple de Dieu, c'est vous. Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom,<br />

je suis au-milieu d'eux" (puis ensuite le Psaume CX). "Laissons éclater notre<br />

joie : Dieu est au-milieu de nous" (puis le Psaume CXLVII).<br />

Note 5 : Fils de David = page : I-23<br />

Voir ci-dessus l'annexe II.<br />

Note 6 : un voyage = page : I-23<br />

Voir : R.P.Schwalm : La vie privée du peuple juif - 1910.<br />

Ce livre décrit avec précision la relation entre Israël et sa terre, telle il la reçut,<br />

avec son climat, son sol, son relief.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 30 -<br />

Note 7 : en Egypte = page : I-27<br />

Afin que le lecteur se souvienne, voici un tableau donnant le nombre d'emplois<br />

en Mt et en <strong>Mc</strong> des noms propres évoqués ci-dessus :<br />

en Mt en <strong>Mc</strong><br />

(ch. I et II) (totalité)<br />

Joseph 7 0<br />

Marie 3 1<br />

Beth-Lehem 5 0<br />

Egypte 4 0<br />

* * * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(I-2 et 3)<br />

Selon(-ce-)qui est-écrit<br />

Apprêtez !<br />

Pluriel et singulier<br />

Les malédictions<br />

Les sentiers<br />

SELON(-CE-)QUI EST-ECRIT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 31 -<br />

CHEMIN (et) SENTIERS<br />

_______________<br />

Longtemps après avoir écrit le chapitre qui précède, je me suis senti obligé de<br />

revenir sur le début du texte. Deux temps y sont utilisés :<br />

"il est écrit" : le passé, car quelqu'un a écrit, se projetant <strong>dans</strong> l'actuel présent<br />

(l'Ecriture demeure toujours aussi présente).<br />

"Isaïe le prophète" : le futur car quelqu'un pose-devant ce qui est sa parole, c. <strong>à</strong><br />

d. sa pensée, sa réflexion, sa méditation et sa foi.<br />

Lorsque l'esprit d'un homme est <strong>dans</strong> la vérité(1), il est aussi de tous <strong>les</strong><br />

temps, c. <strong>à</strong> d. encore l'actuel présent.<br />

La parole du prophète est toujours disponible pour l'homme de chaque temps.<br />

Alors j'ai relu avec attention la citation introductive au Message Divin, mais je<br />

l'ai re-gardée avec tout mon acquis des nombreuses heures de méditation sur<br />

l'ensemble du texte et j'ai découvert deux chemins nouveaux que j'offre <strong>à</strong> mon<br />

lecteur.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


APPRETEZ !<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 32 -<br />

Le mot 'g: hetoimazô = apprêter' n'est pas d'un usage très courant. Or, le<br />

texte de saint Marc s'est révélé comme (aimant) jouer avec <strong>les</strong> mots. Lorsqu'il<br />

ose présenter un verbe avec une négation (exemple : 'ne pas dire'), je sais que<br />

physiquement le verbe ainsi nié (ici : le verbe 'dire') va disparaître du texte pour<br />

un certain temps. Comme il faudra, par nécessité, l'utiliser <strong>à</strong> nouveau plus tard,<br />

le texte s'arrangera toujours pour que ce soit Jésus (= le Messie = Dieu) qui en<br />

décide lui-même par une nouvelle 'Création' (pour reprendre l'exemple, on aura<br />

alors : "Et Jésus dit...").<br />

Il y a ainsi un souffle du texte, physique et très concret, comme d'une brise<br />

légère : Présence de l'Eternel se promenant sur <strong>les</strong> lèvres des phrases.<br />

Le mot apprêter n'est pas d'un usage courant. Il me faut avoir une grande<br />

attention pour pouvoir entendre côte <strong>à</strong> côte : "j'envoie (I-2)... apprêtez (I-3).<br />

Accomplissant le moment en me projetant <strong>dans</strong> la deuxième partie du texte de<br />

Saint Marc, en un temps qui est "premier jour des Azymes" (XIV-12), voici que<br />

je trouve : "Et il envoie deux de ses discip<strong>les</strong>" (XIV-13). Puis il leur dit :<br />

"Apprêtez pour nous..." (XIV-15).<br />

PLURIEL ET SINGULIER<br />

A Jérusalem je vis un temps nouveau d'une chambre qui est "prête" (XIV-15)<br />

et qu'il faut 'apprêter' (XIV-15) Or le temps est présenté comme une dualité car<br />

la séquence se passe<br />

"au premier jour des Azymes" = un pluriel<br />

"lorsqu'on immolait la Pâque" = un singulier.<br />

Je suis trop habitué <strong>à</strong> ce texte qui conserve toujours la parfaite maîtrise de ses<br />

signes (= <strong>les</strong> mots) pour ne pas être alerté. Comme la dualité 'envoyer...<br />

apprêter', ayant servi pour préparer la chambre, semble provenir de la citation<br />

d'Isaïe le prophète (I-2 et 3), je suis poussé <strong>à</strong> y prêter attention sur la dualité<br />

entre le pluriel et le singulier.<br />

Aussitôt se manifeste l'ensemble des deux expressions :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 33 -<br />

ton chemin =<br />

le chemin de toi = ton odon sou<br />

ses sentiers =<br />

<strong>les</strong> sentiers de lui = tas tribous autou,<br />

c. <strong>à</strong> d. :<br />

ton chemin = le singulier<br />

ses sentiers = le pluriel .<br />

J'ai arrêté la main qui écrit et j'ai laissé un long espace <strong>à</strong> la prière, <strong>à</strong> l'écoute du<br />

silence. Le chemin... <strong>les</strong> sentiers... "Il y a deux voies : l'une de la vie et l'autre<br />

de la mort. Mais la différence est grande entre <strong>les</strong> deux voies." (Didachè des<br />

douze apôtres, doctrine du Seigneur pour <strong>les</strong> nations, par <strong>les</strong> douze apôtres :<br />

1,1), car ce sont <strong>les</strong> premiers mots de la première phrase de ce qui est le premier<br />

livre liturgique des judéo-chrétiens.<br />

J'ai vu, <strong>dans</strong> mon rêve, le Seigneur venir en majesté sur "le chemin" (<strong>Mc</strong> I-3) :<br />

"Voici donc la voie de la vie : Tu aimeras d'abord Dieu qui t'a créé, puis ton<br />

prochain comme toi-même et tout ce que tu ne veux pas qu'il te soit fait, toi non<br />

plus ne le fais pas <strong>à</strong> autrui." (Didachè 1,2)<br />

J'écrivais ci-dessus que, peut-être, il y a l<strong>à</strong> 'le premier commentaire'. Ce texte<br />

donne la loi d'amour telle le Messie l'avait redite, au Temple, face <strong>à</strong> un scribe :<br />

"Et tu aimeras Seigneur ton Dieu... (et) tu aimeras ton prochain comme toimême"<br />

(<strong>Mc</strong> XII-30 et 31). Le Messie avait ajouté une prescription négative : "Il<br />

n'est pas d'autre commandement plus grand que ceux-ci" (XII-31). Dans le texte<br />

de la Didachè, il y a également un commandement négatif : "Tout ce que tu ne<br />

veux pas... toi non plus ne le fais pas...".<br />

Lecteur ! Il faut que tu te rappel<strong>les</strong> comment, pour <strong>les</strong> juifs, la Loi comporte<br />

deux sortes de commandements : <strong>les</strong> uns sont des ordres de faire et <strong>les</strong> autres<br />

sont des interdictions. Ou encore : commandements positifs et commandements<br />

négatifs. Comme pour toute loi, il y a un code d'application et <strong>les</strong> rabbins<br />

avaient tarifé <strong>les</strong> diverses infractions. C'est ainsi qu'une transgression d'un<br />

commandement négatif était beaucoup plus grave, car lorsqu'il s'agit de faire, on<br />

peut (oublier) de faire; mais celui qui volontairement fait ce qu'il ne faut pas<br />

faire montre sa volonté de transgresser la loi.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 34 -<br />

Lecteur ! Tu te rappelleras comment, <strong>dans</strong> l'évangile de Saint Marc, cette<br />

remarque prend une importance considérable lorsque, <strong>à</strong> Jérusalem, après la<br />

Résurrection de Jésus, <strong>les</strong> Onze "n'eurent-pas-foi" (en Marie-Madeleine) : ce<br />

n'est qu'une simple erreur. Mais aussitôt après, <strong>les</strong> Onze "eurent-foi (que) non"<br />

et Jésus "insulta leur non-foi... parce qu'ils avaient-eu-foi (que) non" (XVI-14).<br />

Avoir-foi (que) non = proclamer sa non-foi, donc agir contre la loi d'amour.<br />

Ne- pas avoir-foi = ne pas prêter attention <strong>à</strong> un signe qui aurait dû alerter notre<br />

foi. Dans le premier cas, il y a volonté de transgresser la loi; <strong>dans</strong> le deuxième,<br />

c'est une simple faib<strong>les</strong>se.<br />

Ainsi sont <strong>les</strong> juifs face <strong>à</strong> la Loi, <strong>dans</strong> le livre de Saint Marc, <strong>à</strong> Jérusalem. Et<br />

c'est pourquoi je pense le texte de la Didachè comme très proche (<strong>dans</strong> le temps)<br />

du texte de Saint Marc. Je l'ai lu comme un premier commentaire des judéochrétiens.<br />

LES MALEDICTIONS<br />

Le texte de la Didachè continue avec : "Voici l'enseignement de ces paro<strong>les</strong> :<br />

Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour vos ennemis..." (Didachè : 1,3).<br />

Le lecteur se reportera au chapitre sur <strong>les</strong> 'Dix-huit bénédictions' et il ressentira<br />

en lui la cruelle vérité du texte ci-dessus, en un temps qui suit de très près la<br />

mort et la résurrection de Jésus le Messie.<br />

LES SENTIERS<br />

J'avais vu, <strong>dans</strong> mon rêve, le Seigneur s'en aller avec majesté sur "le chemin"<br />

(<strong>Mc</strong> I-3). J'ai eu peur de voir, comme une sorte de cauchemar, l'homme<br />

fréquenter abusivement "ses sentiers" (<strong>Mc</strong> I-3) : "Voici maintenant la voie de la<br />

mort : meurtres..." (Didachè : 5,1)<br />

J'ai cité ailleurs ce texte (voir lectio divina des versets VII-21 et 22). Les<br />

sentiers sont alors irréguliers, rugueux, informes, erratiques, comme il sied bien<br />

souvent aux sentiers des montagnes, évitant un rocher, contournant un buisson,<br />

longeant un précipice, semblant sans but précis, obligeant <strong>à</strong> une constante<br />

attention, car ils sont des terrains où la pierre aime heurter ton pied, allant<br />

jusqu'<strong>à</strong> cacher sous elle une vipère :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 35 -<br />

... "Faites plats ses sentiers !" a dit le prophète... et le verset suivant fait<br />

arriver Jean, celui-qui-baptise, afin qu'il proclame "un-baptême de-conversion<br />

pour un-pardon de-péchés" (I-4)...<br />

... jeu nouveau du pluriel avec le singulier.<br />

Note 1 : la vérité = page : I-31<br />

Le mot 'h: emeth = vérité' est un des NOMS de l'Eternel. Un prophète n'est<br />

vrai que s'il est 'de tous <strong>les</strong> temps'. Il dit en formu<strong>les</strong> de Sagesse la vision qu'il a<br />

reçue des choses au temps de son présent et ceux qui entendent aujourd'hui (= le<br />

présent) en vivront demain (= le temps futur) l'accomplissement.<br />

Ainsi 'l'écrit' (d'un prophète) est un acte du passé venu <strong>dans</strong> le présent, parce<br />

que 'le prophète' est un homme de tous <strong>les</strong> temps projeté vers le futur.<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(I-4)<br />

"Arriva Jean"<br />

Singulier et pluriel<br />

Une question<br />

"ARRIVA JEAN"<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 36 -<br />

UN PARDON DE PECHES<br />

_______________<br />

Le récit est <strong>à</strong> peine <strong>à</strong> son commencement et voici l'événement qui est un<br />

mouvement <strong>dans</strong> l'espace : "Arriva Jean... <strong>dans</strong> le désert et en proclamant...".<br />

arriva = quelque chose de nouveau; par la volonté de (qui) ne peut être un<br />

homme; un acte fini et terminé : 'est arrivé'. Ainsi, avant que l'action commence,<br />

déj<strong>à</strong> quel-QUE(1) chose a été finie.<br />

Si incohérence il y avait avant l'arrivée du verbe egeneto, la voici <strong>dans</strong> une<br />

mouvance basculant l'éternité statique.<br />

<strong>dans</strong> le désert = un nom de lieu, un singulier qui n'est pas pulvérulence de '<strong>les</strong><br />

déserts', un endroit où le rien est le tout, puisqu'il n'y a nul relief, nulle vie, nul<br />

bruit donc nulle proclamation, ni voix.<br />

Dans le désert, il n'y a ni voie, ni vérité, ni vie et rien ne peut arriver de soimême,<br />

hors la volonté du Créateur de ce désert; sinon le texte, précis <strong>dans</strong><br />

chacun des détails, aurait dû écrire : arriva Jean <strong>dans</strong> ce qui avait été un désert.<br />

Puisque ceci n'est pas, c'est que le vrai sujet du verbe arriver n'est pas celui<br />

'Jean', mais Celui par qui, jadis, auparavant, le désert arriva... <strong>à</strong> moins que 'Jean'<br />

ne soit "mon missionnaire que j'envoie" (I-2), ce qui le rend mandaté par 'Celui'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 37 -<br />

en proclamant = l'apparente brisure de la cohérence statique ayant régné jusqu'<strong>à</strong><br />

ce moment de l'entrée du verbe arriver, elle est devenue rupture d'un silence qui<br />

est l'élément constitutif de tout désert.<br />

La Parole parle mais l'inattendu du mot dépasse tout 'dire' habituel et orne de<br />

solennité : "... un-baptême de-conversion pour un-pardon de-péchés = eis aphesin<br />

amartiôn" (I-4).<br />

SINGULIER ET PLURIEL<br />

aphesin = un pardon<br />

amartiôn = de péchés<br />

(il n'y a pas 'de <strong>les</strong> = des' péchés, car il n'y a pas l'article défini).<br />

aphesin amartiôn =<br />

singulier puis pluriel<br />

J'ai regardé aux quelques phrases écrites auparavant, depuis le commencement<br />

avec le mot arche, et je n'ai vu qu'une seule fois l'emploi du pluriel, mais je suis<br />

obligé d'admirer, car il y a :<br />

<strong>dans</strong> le désert en te eremô<br />

le chemin du Seigneur ten odon Kuriou<br />

<strong>les</strong> sentiers de LUI tas tribous autou<br />

<strong>dans</strong> le désert + EIS en te eremô + VERS = EIS<br />

un pardon aphesin<br />

de péchés amartiôn<br />

UNE QUESTION<br />

Mon rabbin questionna : 'A quoi pouvons-nous reconnaître, de nos jours,<br />

quand un péché nous a été remis, puisque nous n'avons plus de prophètes ?'<br />

(Rabbi Bounam de Pjyzha, <strong>dans</strong> Martin Buber : Récits hassidiques - Plon 1963).<br />

Je lui dis : Tout péché est comme une pierre informe qu'un homme lancerait<br />

<strong>dans</strong> le désert : celle-ci blasphémerait la cohérence du sable fin (= sans forme,<br />

fluide, marqué d'aucune trace car coulant sur lui-même, sans bruit, intemporel,<br />

infini, sans ombre, uni, sans reflet...).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 38 -<br />

Mon péché est rupture, brisure, cassure et ne peut m'être pardonné que par<br />

Dieu et (= 'et') le dire d'un autre homme, car j'ai offensé <strong>à</strong> la fois Dieu et ceux<br />

qu'il fit "<strong>à</strong> l'image de Dieu". Ce pardon, je l'acquiers par la cassure, la brisure, la<br />

rupture de l'incohérence introduite en moi et je dois me retourner (= convertir) :<br />

par une humilité offerte; je dois bannir l'orgueil, cause de mon péché. Or<br />

l'orgueil est silence : je dois dire ma faute pour casser, briser, rompre mon<br />

silence d'orgueil.<br />

Il est un signe nouveau de mon retournement (= ma conversion) qui est<br />

conséquence (donc MA preuve ?) du pardon de péché : "C'est le fait qu'on ne le<br />

commet plus :". Sur la voie (= le chemin) de la vie, lorsqu'il y a la pierre que<br />

mon pied a heurtée, si l'ange de ma vie me force <strong>à</strong> prêter attention afin que mon<br />

pied ne heurte plus la pierre, alors je sais que je ne suis plus seul et que je puis<br />

oser suivre tous <strong>les</strong> sentiers de lui, car sur chaque sentier il passe et repasse, il a<br />

apprêté le chemin et fait plats <strong>les</strong> sentiers, singulier et pluriel pour moi,<br />

l'indigne, qui suis toujours <strong>à</strong> semer de péchés puis vouloir UN pardon : pluriel<br />

et singulier.<br />

Avec l'article défini quand il s'agit de Dieu : LE chemin, LES sentiers; et un<br />

flou anonyme de l'indéfini, quand il s'agit de moi : UN pardon DE péchés.<br />

Dieu s'offre <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes : c'est le UN du chemin (que) VERS son<br />

DEVENIR en forme de LES sentiers : le singulier s'élargit en pluriel pour<br />

toutes <strong>les</strong> nations, et durant tous <strong>les</strong> temps.<br />

L'homme, par ses péchés, est tombé <strong>dans</strong> la pulvérulence des pluriels et "UN<br />

pardon DE péchés" = singulier puis pluriel ne peut être acquis que par UNE<br />

conversion (= un retournement) qui, inversant le sens, ramène l'homme <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

mouvements de Dieu : singulier puis Pluriel ( UN chemin, DES sentiers).<br />

C'est pourquoi, <strong>dans</strong> la Genèse, il y a ce même ordre des genres : Au<br />

commencement créa Dieu(x) <strong>les</strong> mouvements (= <strong>les</strong> cieux : le pluriel) et<br />

l'immobilité (= la terre : le singulier), car Dieu(x) va créer l'homme (Genèse I-<br />

26).<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Note 1 : QUE =<br />

Cfr :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 39 -<br />

Je Me ferai devenir pour toi<br />

Q U E<br />

Je Me ferai devenir pour toi<br />

(Exode III-14)<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(I-16 <strong>à</strong> 20)<br />

Venez derrière moi<br />

VENEZ DERRIERE MOI<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 40 -<br />

" L ' APPEL "<br />

_______________<br />

Les mouvements =<br />

Jésus chemine le long de la mer de Galilée et il s'avance peu <strong>à</strong> peu. Des<br />

hommes sont l<strong>à</strong>, <strong>les</strong> uns <strong>dans</strong> la barque jetant° (<strong>les</strong> filets), des autres aussi <strong>dans</strong><br />

la barque arrangeant <strong>les</strong> filets. Tous travaillent.<br />

Le voir =<br />

Le verbe 'g: horaô = voir' a déj<strong>à</strong> été employé une fois lorsque Jésus monta<br />

hors de l'eau : "Il vit <strong>les</strong> cieux se déchirer" (I-10). Voici, coup sur coup, deux<br />

emplois nouveaux : "Il vit Simon et André" (I-16) et : "Il vit Jacques... et Jean"<br />

(I-19). Aussitôt, je puis écrire = <strong>à</strong> trois : l'aboutissement arrive avec Jacques et<br />

Jean, puisque cela fait en tout une plénitude (= quatre) d'hommes et qu'il n'y a<br />

pas d'autre appelé avant un certain temps. Les trois premiers emplois du verbe<br />

'voir' ont pour sujet Jésus et c'est pour cela que la règle de trois fonctionne ainsi :<br />

le triple 'voir' du Messie aboutit <strong>à</strong> l'humanité, car l'humanité est la plénitude<br />

(= le couple de coup<strong>les</strong>) des hommes.<br />

L'entendre =<br />

Par symétrie de pensée, je me suis demandé <strong>à</strong> quel moment et comment<br />

l'entendre arrive <strong>dans</strong> le texte.<br />

II-1 <strong>à</strong> (la) maison°<br />

<strong>à</strong> Capharnaüm "il fut-entendu"<br />

II-17 <strong>dans</strong> sa maison<br />

- Jésus "ayant-entendu" (des scribes)<br />

III-8 près de la mer<br />

(en Galilée) une multitude nombreuse a entendu<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 41 -<br />

Ainsi se montre l'écart entre voir et entendre. Dieu 'fait attention' <strong>à</strong> ce que font<br />

<strong>les</strong> hommes et il voit. L'entendre fonctionne autrement, presque comme un bruit,<br />

une rumeur qui doucement s'infiltre nimbée d'une sorte d'anonymat : il fut<br />

entendu que Jésus était <strong>à</strong> (la) maison° / Jésus a entendu comme un murmure des<br />

scribes / la multitude a entendu dire tout, "autant-qu'il faisait".<br />

Lorsque Moïse montre au peuple <strong>les</strong> tab<strong>les</strong> de la Loi, celui-ci donne son<br />

adhésion en criant : Nous le ferons et nous l'écouterons. Le faire vient avant<br />

l'entendre.<br />

En Saint Marc, Dieu regarde ce qu'ils font et c'est le verbe voir, trois fois pour<br />

le Messie. Et personne n'entend.<br />

Le temps =<br />

En cheminant... il vit... jetant... et dit... Venez°<br />

Et laissant... ils le suivirent.<br />

Et avançant... il vit... arrangeant... et appela...<br />

Et laissant... ils s'éloignèrent.<br />

Ainsi présentée, l'action semble se reproduire <strong>à</strong> l'identique, sauf un vide lors<br />

du deuxième appel : <strong>à</strong> Jacques et <strong>à</strong> Jean, Jésus ne dit rien.<br />

"Venez°" est un verbe d'alliance : venez derrière moi et je vous donnerai. Ce<br />

sont des paro<strong>les</strong> contractuel<strong>les</strong>. Tel<strong>les</strong> furent <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> d'alliance dites par<br />

YHVH <strong>à</strong> chaque renouvellement de la promesse d'aide. Or, voici, il y a une<br />

différence par rapport aux paro<strong>les</strong> d'alliance de l' A.T. Jadis, chaque fois, le récit<br />

recommençait <strong>à</strong> dire l'histoire, avec tout ce que l'Eternel avait fait pour son<br />

peuple. La phrase en refrain répétait l'argument : Moi qui vous ai délivrés de<br />

l'esclavage d'Egypte... comme si l'acte passé, terminé, aboli, perdu <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

souvenirs pouvait servir de caution ou de gage pour l'action de demain.<br />

Ici, le long de la mer de Galilée, aucune parole ne vient d'un passé lointain. Il y<br />

a : "Venez°..." puis un verbe au futur avec : "Je vous ferai...". Simon, qui <strong>dans</strong><br />

son nom rassemble l'écoute d'Israël (le mot 'Simon' gît <strong>à</strong> la même racine que 'h:<br />

shema... = écoute...') et André qui stocke en lui la mémoire des hébreux vont<br />

noter <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de Jésus, au nom de tous <strong>les</strong> juifs de l'histoire : "Et aussitôt<br />

laissant... ils le suivirent".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 42 -<br />

Le verbe 'suivre' =<br />

C'est son premier emploi. Au deuxième, il y aura le même geste réflexe<br />

marquant la disponibilité de l'homme : "Et, se-levant, (Lévi) le suivit" (II-14).<br />

Puis : <strong>à</strong> trois : l'aboutissement arrive par "de nombreux publicains et pécheurs<br />

(II-15)... et ils le suivaient".<br />

Pourtant, j'ai hésité car je comprends mal. Pourquoi le suivre ? Il serait<br />

aberrant que celui qui entend et l'autre qui se souvient, le suivent simplement<br />

pour espérer un jour devenir pêcheurs d'hommes. Ils ont déj<strong>à</strong> assez de mal avec<br />

leurs filets et leur métier est d'être des pêcheurs de poissons. Ils se voient mal<br />

jeter° (<strong>les</strong> filets ?) sur la foule. La parole entendue ne fait pas souvenir et Simon<br />

avec André n'ont pas dû écouter. Et pourtant, ils ont fait : "Ils le suivirent".<br />

Voici que déj<strong>à</strong> se manifeste l'Ecriture <strong>à</strong> travers l'action des deux hommes : ils<br />

font, puis ils écoutent. Ils agissent comme <strong>les</strong> hébreux en face des tab<strong>les</strong> de la<br />

Loi. Alors, ce Jésus cheminant le long de la mer de Galilée serait-il un nouveau<br />

Moïse, comme celui dont parle le livre de l'Exode (XXIV-7) ?<br />

Et encore sur : 'suivre' =<br />

Pourquoi le suivre ? La question reste posée, d'autant qu'en cheminant le long<br />

du texte, le lecteur rencontrera le verbe 'akoloutheo = suivre' sans trouver autre<br />

chose que : ils le suivirent... on le suivait... ses discip<strong>les</strong> suivirent... et jusqu'<strong>à</strong><br />

Pierre qui le suivit (XIV-54) !<br />

Le lexique offre la solution : <strong>à</strong> son dernier emploi, en (XV-41), juste au<br />

moment où le verbe 'akoloutheo' va s'en aller, le texte parle des femmes "qui,<br />

lorsqu'il était <strong>dans</strong> la Galilée, le suivaient et le servaient". Or, ce nouveau verbe<br />

'servir = g: dia-koneo' vient ici pour le septième et dernier emploi des mots de<br />

même radical grec ('servir' et 'servant'), comme s'il y avait, pour ceux qui le<br />

suivent, le serment de le servir. Alors j'ai ressenti en moi combien l'obligation<br />

est forte : mon écrit doit suivre le texte afin de le servir.<br />

Je vous ferai =<br />

Revenant légèrement vers l'arrière, je rejoins Simon et André. Ils me font<br />

hésiter, car pourquoi le suivent-ils ? Je sais que, d'après leur nom, l'un écoute<br />

avec attention et son frère note l'information. Ils sont <strong>dans</strong> une barque, ils<br />

jettent° (<strong>les</strong> filets).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 43 -<br />

Ils entendent parler l'inconnu qui marche sur la rive du lac. (J'emploie<br />

volontairement d'autres mots que le texte pour mieux situer la marginalité des<br />

deux frères). Quelques mots incohérents viennent jusqu'<strong>à</strong> eux, réverbérés par le<br />

miroir des eaux. "Et aussitôt, laissant <strong>les</strong> filets, ils le suivirent" (I-18).<br />

Les mots réels du texte me réveillent et me forcent, moi aussi, endormi par la<br />

routine de mon travail, <strong>à</strong> entendre et <strong>à</strong> me souvenir. Il dit : "Je vous ferai...". J'ai<br />

déj<strong>à</strong> entendu ce mot, car par del<strong>à</strong> <strong>les</strong> vagues (= <strong>les</strong> bruits des mots, la phonétique<br />

des langues), voici que je vois Eheyeh, le mot hébreu que Dieu a dit <strong>à</strong> Moïse, le<br />

jour où celui-ci lui demandait de justifier son identité. L'Eternel (Béni soit-IL !)<br />

lui répondit : "Eheyeh asher eheyeh", ce qui traduit est : 'Je ferai que je ferai',<br />

avec <strong>dans</strong> 'je ferai' l'inclination : je ferai pour toi. La traduction la plus vraie<br />

pourrait être :<br />

Je Me ferai devenir pour toi<br />

Q U E<br />

Je Me ferai devenir pour toi<br />

Ainsi, un jour, il y a bien longtemps, j'étais assis le long de la mer de Galilée.<br />

J'ai entendu un homme qui passait et j'ai vu sa parole.<br />

Pour l'approfondissement de la Parole de Dieu, je suggère au lecteur d'aller en<br />

un autre lieu(1) des écrits; l<strong>à</strong>, il y trouvera le texte d'Exode (III-14) qui est un<br />

texte fondamental. Pour le présent moment, que le lecteur contemple : au verset<br />

(I-15) nous avons entendu <strong>les</strong> premières paro<strong>les</strong> de Jésus dites sans aucune<br />

référence <strong>à</strong> un quelconque auditeur, comme d'une préface offerte au lecteur. Ici,<br />

en (I-17), Jésus s'adresse <strong>à</strong> deux hommes dont <strong>les</strong> noms sont connus : l'un<br />

s'appelle Simon, et l'autre est André "le frère de Simon". Alors Dieu qui vient se<br />

promener <strong>à</strong> la brise légère sur <strong>les</strong> lèvres de la mer leur parle et, <strong>dans</strong> la première<br />

phrase, il leur dit son NOM tel il l'a déj<strong>à</strong> dit, jadis <strong>à</strong> Moïse. il est :<br />

"Je vous ferai".<br />

Oui, je sais, ami lecteur, tu doutes ou tu t'étonnes. Alors, abandonne ici la<br />

lecture de ce premier chapitre et va au lexique. Tu y trouveras un long<br />

commentaire sur <strong>les</strong> apparitions de la préposition 'VERS = g: eis'. Tu iras <strong>à</strong> la<br />

fin et tu admireras :<br />

XVI-15 Dans sa dernière parole relatée au style direct, Jésus met le nom de<br />

l'Eternel (EL = Dieu), signature attestant que le ressuscité est bien le Messie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 44 -<br />

XVI-19 Et le texte confirme : "eis... tou Teou !".<br />

Ainsi, le texte, <strong>à</strong> la fin comme au commencement, a su entendre et écrire ces<br />

mots qui sont le NOM de l'Eternel.<br />

Jacques et Jean =<br />

C'est la reprise identique de l'événement vécu par Simon et André, sauf qu'il y<br />

a une absence de parole. Jésus ne dit rien. Qu'ajouter, en effet, <strong>à</strong> ce qui vient<br />

d'être dit : "Je vous ferai" m'a fait souvenir de Moïse <strong>à</strong> la sortie d'Egypte et le<br />

verbe 'arriver' donne <strong>à</strong> tout événement la référence vers Dieu (voir au lexique).<br />

Côte <strong>à</strong> côte, ainsi, <strong>les</strong> mots disent nettement : voici le Messie. Jacques et Jean<br />

ont-ils entendu ?<br />

De toutes façons, ils ne suivirent pas, comme firent Simon et André, mais "ils<br />

s'éloignèrent derrière lui". Le verbe indique une difficulté <strong>dans</strong> la séparation.<br />

De tous <strong>les</strong> emplois de ce verbe, j'ai retenu, ici, celui de (X-22) : (l'homme)<br />

"s'éloigna attristé car il était ayant de nombreux biens". Cet (homme) est<br />

allégoriquement le peuple des juifs et il s'éloigne du Messie. Jacques et Jean se<br />

souviennent, il leur fallait arranger <strong>les</strong> filets. Comme Simon et André, ils<br />

'laissent' derrière eux, mais eux laissent Zébédée avec <strong>les</strong> salariés. Ils éprouvent<br />

une certaine tristesse (= inquiétude). Mais ils n'hésitent pas et finalement, sans<br />

discuter ni poser la moindre des questions, "ils s'éloignèrent derrière lui".<br />

Le lecteur se reportera <strong>à</strong> la note sur (X-28). il notera combien la présente<br />

analyse, mettant un peu de tristesse <strong>dans</strong> cette séparation d'avec leur père<br />

Zébédée, renforce l'idée que l'auteur de ce texte a vécu lui-même <strong>les</strong><br />

événements. Pour écrire ainsi, il fallait que l'auteur <strong>les</strong> ait vécus.<br />

Le silence =<br />

Celui qui vit <strong>dans</strong> le temps et <strong>dans</strong> le lieu où tout s'est déroulé, reste surpris.<br />

Un inconnu appelle <strong>à</strong> le suivre quatre hommes qui travaillent; on ne sait la<br />

raison sinon par une parole qui n'a aucun sens : "arriver pêcheurs d'hommes" ?<br />

Aucun ne parle. Il n'y a pas d'autre bruit, <strong>dans</strong> tout le texte, que le doux baiser<br />

de l'air sur <strong>les</strong> lèvres de la mer et que cette parole. Peut-être aussi, en écoutant<br />

attentivement, le bruit que font (<strong>les</strong> filets) jetés° "<strong>dans</strong> la mer". Il y a aussi le<br />

verbe 'appeler', mais il suffit parfois d'un geste.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 45 -<br />

J'ai vécu ces instants et j'avais cru entendre <strong>les</strong> protestations du père<br />

abandonné, avec ses salariés. Pour lui, il n'a pas le choix : il lui faut, d'abord,<br />

faire avec <strong>les</strong> filets. Ensuite, s'il en a le temps, il pourra écouter. Ceux qui ont,<br />

<strong>dans</strong> leur vie, arrangé des filets, savent qu'on ne peut jamais abandonner sinon<br />

"la déchirure arrive pire" (II-21).<br />

Bref, au début, aux premiers mots du verset (I-16), je n'avais entendu qu'un<br />

bruit léger : le clapotis de l'eau jouant avec <strong>les</strong> barques, <strong>les</strong> filets que l'on bouge<br />

pour <strong>les</strong> arranger. Mon rêve m'a fait penser au livre de la Genèse : tout y semble<br />

très calme. Dieu passe, ils le suivirent et ils s'éloignèrent. A la fin du verset (I-<br />

20), il reste le clapotis de l'eau, <strong>les</strong> filets qu'on arrange.<br />

Je n'ai pas entendu <strong>les</strong> voix de Simon, d'André le frère de Simon, de Jacques<br />

(fils) de Zébédée, de Jean son frère.<br />

Alors, une idée m'est venue : partant de la fin du texte de Saint Marc et le<br />

relisant en sens inverse de son déroulement, <strong>à</strong> quel endroit pourrai-je entendre la<br />

dernière parole rapportée en style direct d'un apôtre ? Voici ce que j'ai trouvé : <strong>à</strong><br />

Jérusalem <strong>dans</strong> un palais loin des rives de la mer, Pierre se met <strong>à</strong> jurer : "Je ne<br />

sais pas cet homme-ci que vous dites !" (XIV-71).<br />

Le dernier <strong>à</strong> parler sera celui-l<strong>à</strong> qui fut le premier <strong>à</strong> se-taire.<br />

* * * *<br />

Note 1 : un autre lieu = page : I-43<br />

Voir <strong>dans</strong> le Tome VIII : Saint Marc et l'Alliance <strong>à</strong> la page 3 du chapitre<br />

intitulé Exégèse I.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(I-29 <strong>à</strong> 31)<br />

Entrée<br />

La femme au sang<br />

La belle-mère<br />

L'Ecriture<br />

La fièvre ...<br />

Et sa mère ...<br />

Lectio divina<br />

Et elle "LES" servait<br />

ENTREE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 46 -<br />

LA BELLE - MERE DE SIMON<br />

_______________<br />

Lui et <strong>les</strong> deux coup<strong>les</strong> de frères qu'il "appela" alors qu'il cheminait le-long-de<br />

la mer de Galilée, ensemble eux tous viennent <strong>dans</strong> la maison de ces deux-l<strong>à</strong> qui<br />

furent <strong>les</strong> premiers appelés.<br />

Or la belle-mère de Simon était-couchée fiévreuse.<br />

Je me suis demandé si Jésus avait décidé d'appeler d'abord Simon et André<br />

parce que chez eux, <strong>dans</strong> leur maison, il y avait une femme malade.<br />

Ainsi pensé, ce choix offrait une occasion d'un geste-de-puissance au service<br />

des deux premiers (discip<strong>les</strong>). Cette idée ne m'a pas satisfait car elle est<br />

empreinte d'un raisonnement par trop en dehors et j'ai, pendant longtemps, mis<br />

de côté la question sur la raison d'être non pas d'une femme fiévreuse (il y en a<br />

toujours quelque part) mais d'une femme qui soit, de plus, la belle-mère de<br />

Simon et qu'elle réside <strong>à</strong> ce moment précis <strong>dans</strong> la maison des deux frères.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA FEMME AU SANG<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 47 -<br />

Il y a peu de temps, j'ai été amené <strong>à</strong> convoquer de nombreux médecins (voir<br />

L.D.S. aux versets V-25 et 26) et j'ai eu l'occasion d'apprendre comment Dieu<br />

détient la Puissance d'infliger toute maladie et comment il est celui qui fait<br />

mourir et qui fait vivre, qui b<strong>les</strong>se et qui guérit. Alors j'ai prêté une grande<br />

attention au texte de Saint Marc... mais je n'ai rien trouvé.<br />

La séquence se passe <strong>à</strong> Capharnaüm (I-21), <strong>à</strong> proximité de la synagogue (I-<br />

29) et peut-être <strong>dans</strong> la même rue. Cela n'est presque rien, cependant je sais que<br />

c'est l<strong>à</strong> un premier indice car "hors de la synagogue" apporte l'idée que nous<br />

venions d'assister <strong>à</strong> un enseignement (I-22) puisque le mot grec 'synagogue'<br />

signifie '(maison de) l'enseignement', désignant la maison où <strong>les</strong> juifs se<br />

réunissent pour écouter l'enseignement de l'Ecriture.<br />

Il y a <strong>à</strong> peine quelques versets, j'ai entendu : "on était-saisi-de-surprise sur son<br />

enseignement car il était en <strong>les</strong> enseignant comme ayant autorité et non pas<br />

comme <strong>les</strong> scribes" (I-22). D'ailleurs le bruit en avait vite couru <strong>dans</strong> tout<br />

Capharnaüm, puisque "la rumeur <strong>à</strong> son sujet sortit aussitôt partout <strong>dans</strong> le pays<br />

d'alentour entier de la Galilée". N'allons pas si loin et restons <strong>dans</strong> la rue de la<br />

synagogue.<br />

Jacques et Jean, Simon et André, Jésus (avec, en plus, mon rabbin et moimême),<br />

nous voici "sortant hors de la synagogue".<br />

Même si, lecteur, tu n'as pas une pratique courante de la langue grecque,<br />

permets que je t'offre de lire le contrepoint suivant :<br />

I-28 kai exelthen e ... euthus<br />

I-29 kai euthus ek... exelthontes<br />

ou encore, en français :<br />

I-28 et (la rumeur) ... sortit aussitôt<br />

I-29 et aussitôt (eux) sortant...<br />

Tu as bien entendu ! Voici un rapprochement de rythme et de mouvement qui<br />

oblige le temps (= "aussitôt") et le mouvement (= "sortir") <strong>à</strong> être mentionnés l'un<br />

contre l'autre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA BELLE - MERE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 48 -<br />

De l'autre côté de la rue, très proche de la synagogue, il y a "la maison de<br />

Simon et d'André" et, <strong>dans</strong> cette maison, il y a une femme. Elle a entendu le<br />

bruit et la rumeur s'épandant <strong>dans</strong> tout Capharnaüm au sujet de ce qui vient de se<br />

passer "<strong>dans</strong> la synagogue = eis ten synagôgen" (I-22).<br />

La femme sait comment son gendre (= Simon) et le frère de celui-ci "laissant<br />

<strong>les</strong> filets, le suivirent" et voici que, au jour du sabbat, elle voit Simon et André,<br />

avec Jésus, sortir de la synagogue et venir "<strong>dans</strong> la maison".<br />

L ' ECRITURE<br />

Ici, ami lecteur, arrêtons-nous quelques instants afin d'utiliser la référence de<br />

ce "jour-du-sabbat" (I-21) conjointe <strong>à</strong> celle de l'enseignement (I-22 et 27).<br />

Lorsque cela se produit <strong>dans</strong> le texte, c'est l'indice qu'il faut aller regarder <strong>dans</strong><br />

l'Ecriture (= la Tora). J'ai trouvé <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> suivantes de YHVH :<br />

"Si vous marchez selon mes préceptes... je mettrai la paix <strong>dans</strong> le pays... je me<br />

tournerai vers vous... j'établirai mon alliance avec vous... je placerai ma demeure<br />

au milieu de vous... je me promènerai au milieu de vous, je suis votre Dieu... Je<br />

suis YHVH, votre Dieu... Que si vous ne m'écoutez pas et si vous ne mettez pas<br />

en pratique tous mes commandements... c'est moi-même qui vous ferai ceci : je<br />

vous imposerai... la consomption et la fièvre qui font languir <strong>les</strong> yeux et qui<br />

épuisent le souffle..." (Lévitique XXV-3 <strong>à</strong> 16).<br />

Alors j'ai regardé la femme : elle "était-couchée, fiévreuse" car elle n'avait pas<br />

foi en toute cette affaire récente; son gendre suivait désormais un dénommé<br />

Jésus rencontré par hasard, celui-ci se promenant le long de la mer de Galilée.<br />

Cela s'était passé il y a quelques jours <strong>à</strong> peine, en un lieu très proche de<br />

Capharnaüm. Or, au premier sabbat qui suivit leur rencontre, alors qu'eux quatre<br />

et d'autres encore étaient <strong>à</strong> la synagogue, il y eut des choses difficilement<br />

explicab<strong>les</strong> : Jésus avait, très simplement, rabroué un homme en esprit-impur et<br />

lui avait dit de 'sortir'. Et l'esprit "sortit hors de" l'homme. Alors le bruit était<br />

"sorti aussitôt partout" et voici que "aussitôt sortant hors-de" la synagogue,<br />

Jésus et <strong>les</strong> quatre entrent <strong>dans</strong> la maison. La femme ne comprend rien; elle ne<br />

croit pas toutes ces histoires et elle se trouble car, enfin, c'est de son gendre qu'il<br />

s'agit.<br />

Alors elle "était-couchée, fiévreuse".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA FIEVRE...<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 49 -<br />

Je te laisserai, ami, terminer seul la lecture de cette séquence et tu apprécieras<br />

le texte :<br />

Et la fièvre la LAISSA.<br />

Ainsi le verbe 'g: aph-iemi = laisser' vient pour la troisième fois <strong>dans</strong> le texte.<br />

Mais tu noteras comment ce verbe s'est arrangé pour entrer <strong>dans</strong> des phrases où<br />

il est fait mention de liens de parenté :<br />

I-18 <strong>les</strong> filets laissés par deux frères<br />

I-20 ils laissent leur père<br />

I-31 la fièvre laisse la belle-mère.<br />

ET SA MERE ...<br />

1.- Aussitôt je me suis demandé en quelle santé était "sa mère". Celle-ci vient<br />

<strong>dans</strong> le texte aux versets (III-31 <strong>à</strong> 35) et elle est avec "ses frères"; ils se tiennentdebout,<br />

au-dehors. Je puis affirmer que ces dernières précisions apportent la<br />

garantie que tous sont en bonne santé et qu'aucun n'est fiévreux.<br />

2.- En (VI-3), j'entendrai encore parler de Marie et des frères de Jésus et<br />

j'apprendrai que celui-ci soigne des infirmes.<br />

Le texte est ainsi écrit qu'il sépare nettement la parenté de Jésus d'avec ces<br />

infirmes ce qui, en réalité, donne l'information que, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> environs de cette<br />

synagogue où Jésus enseignait (= (VI-2)... ce qui me renvoie <strong>à</strong> (I-29), ou encore<br />

<strong>à</strong> la fièvre de la belle-mère !) il courait "beaucoup" (VI-2) de bruits "<strong>à</strong> son sujet"<br />

(cfr : I-28) et l'on parlait des siens, "ici, auprès de nous" (VI-3) donc,<br />

apparemment en parfaite santé.<br />

3.- En (XV-40 <strong>à</strong> 47), il y aura quelques femmes; or, malgré <strong>les</strong> événements,<br />

aucune n'est fiévreuse ni obligée d'aller se coucher.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LECTIO DIVINA<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 50 -<br />

Alors j'ai simplement pensé <strong>à</strong> sa mère et <strong>à</strong> ses frères, puis <strong>à</strong> ces femmes "qui,<br />

lorsqu'il était <strong>dans</strong> la Galilée, le suivaient et le servaient, et beaucoup d'autres..."<br />

(XV-41) ... Aucune d'el<strong>les</strong> toutes, aucun des frères, personne n'est fiévreux. Et<br />

j'admire, car leur comportement n'est pas celui de la belle-mère de Simon. Celleci<br />

"était... fiévreuse" car elle n'avait pas foi; et la fièvre avait fait languir ses<br />

yeux et épuisé son souffle et elle s' "était-couchée". Elle n'avait pas compris tout<br />

ce que contenait cette "rumeur <strong>à</strong> son sujet". Connaissait-elle l'Ecriture aussi<br />

exactement ? Elle aurait dû se rappeler comment, au même chapitre du<br />

Lévitique, tout a commencé : 'Vous ne vous ferez pas d'ido<strong>les</strong>... car je suis<br />

YHVH votre Dieu. Vous observerez mes sabbats et vous révérerez mon<br />

Sanctuaire : JE suis YHVH !' (Lévitique XXVI-1 et 2).<br />

Le texte de Saint Marc a bien précisé : "le jour-du-sabbat" et "vers la<br />

synagogue" (I-21). Or lui (étant entré) <strong>dans</strong> la synagogue de Capharnaüm ce<br />

jour-de-sabbat enseignait "un enseignement nouveau" (I-27) "et non-pas comme<br />

<strong>les</strong> scribes" (I-22). Il ne dit pas selon la tradition des anciens et ceux qui<br />

écoutaient furent saisis-de-surprise (= leur comportement physique montre qu'ils<br />

hésitent <strong>à</strong> croire ce qu'il dit). "Un homme" entre "<strong>dans</strong> leur synagogue" = unquelconque<br />

homme... la synagogue d'eux = en te sunagogue autôn. Tu noteras<br />

l'écart entre ce 'un' anonyme et ce 'autôn = d'eux'. L'inconnu lance un cri<br />

évocateur des ido<strong>les</strong> car, en disant, il s'écria : Que peut-il y avoir entre ce que<br />

nous savons et ce que toi, Jésus, tu nous dis ? Je sais qui tu es : Dieu lui-même<br />

venu nous provoquer afin de nous perdre ! Tu n'es qu'un de ces prophètes 'qui<br />

avec-présomption dira au NOM de YHVH des paro<strong>les</strong> que YHVH n'a pas<br />

ordonné de dire' (Deutéronome XVIII-20).<br />

Or, ce Jésus rabroua l'homme en disant :<br />

... sors hors de lui !<br />

Contractions, grande voix et l'esprit-impur...<br />

... sortit hors de lui .<br />

Tous discutaient entre eux, et la rumeur<br />

... sortit aussitôt partout<br />

Alors la belle-mère de Simon aussitôt <strong>les</strong> voit<br />

sortant hors de la synagogue.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 51 -<br />

Tout change immédiatement et le texte joue de l'inattendu des mots : Jésus la<br />

réveilla, lui saisit la main, la fièvre ne sortit pas hors d'elle mais "la laissa" et le<br />

temps du passé s'efface pour installer le temps de la continuité se poursuivant<br />

au-del<strong>à</strong> de ce jour-de-sabbat <strong>à</strong> Capharnaüm. "Et elle <strong>les</strong> servait".<br />

ET ELLE "LES" SERVAIT<br />

Pourquoi : L E S = 'autois' ?<br />

Revenons encore quelques instants <strong>dans</strong> la maison de Simon et d'André, si<br />

proche de la synagogue. La belle-mère était-couchée, fiévreuse et nous avons vu<br />

pourquoi elle était si troublée. Il y a quelques jours son gendre et le frère de<br />

celui-ci étaient en train de pêcher, <strong>à</strong> quelques encablures de Capharnaüm; c'était<br />

des pêcheurs de métier. A proximité, près de la rive, Jacques et Jean, avec leur<br />

père Zébédée et <strong>les</strong> salariés arrangeaient <strong>les</strong> filets. La belle-mère de Simon <strong>les</strong><br />

rencontrait souvent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> rues de Capharnaüm et tout le monde était au<br />

courant de leur travail. Le père était avec ses deux fils et, un prochain jour, ceuxci<br />

prendraient la suite. Or, il y a quelques jours, voici qu'un juif inconnu<br />

apparut, cheminant sur la rive de la mer de Galilée. Il appela Simon et André<br />

sous le simple prétexte d'en faire des "pêcheurs d'hommes"; <strong>les</strong> deux ne<br />

répondirent rien, mais suivirent, laissant filets et barque.<br />

Bien plus grave : quelques instants plus tard, ce même juif tout autant inconnu,<br />

appela Jacques et Jean mais sans rien leur promettre. On peut supposer que,<br />

étant <strong>à</strong> proximité, ils durent entendre : "... arriver pêcheurs d'hommes !". Les<br />

deux "s'éloignèrent-derrière lui" laissant Zébédée avec ses salariés, car eux<br />

devaient continuer <strong>à</strong> pêcher des poissons.<br />

La femme est inquiète, et d'abord pour elle-même car si son gendre ne travaille<br />

plus, qui assumera donc désormais <strong>les</strong> dépenses du foyer, de la maison et d'ellemême<br />

? Mais il y a plus grave. Jacques et Jean, ces deux-l<strong>à</strong>, elle <strong>les</strong> connaît bien<br />

: Capharnaüm est une si petite ville (= ville, car il y a une synagogue), que la<br />

femme pourrait citer tous ceux qui, comme son gendre, font métier de pêcheurs.<br />

Or <strong>les</strong> deux frères Jacques et Jean, de l'entreprise 'Zébédée et ses fils' viennent<br />

d'abandonner leur travail en laissant <strong>les</strong> filets. Zébédée est subitement privé de<br />

leur aide et de leur appui.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 52 -<br />

La femme ne comprend pas. Pourquoi ont-ils suivi ? Qui est ce juif inconnu,<br />

osant cheminer alors que tout le monde travaille ? Pourquoi s'est-il permis<br />

d'enrôler <strong>les</strong> deux coup<strong>les</strong> de frères ? En vue de quel travail ? A quel<strong>les</strong><br />

conditions ?<br />

La femme a peur. Sa tête tourne, elle voit trouble et suffoque. Finalement, elle<br />

se couche (mais reste <strong>dans</strong> son silence). Au premier des sabbats qui suivit, elle<br />

voit et elle entend ceux-l<strong>à</strong> sortant de la synagogue : le juif des bords du lac vient<br />

encore de magnétiser un des habitués de la synagogue. Elle sait qui est cet<br />

homme, un peu excité et parlant toujours si franchement qui a osé dire tout haut<br />

ce que beaucoup pensaient, d'autant qu'il sait son nom : ce "Jésus Nazarénien"<br />

enseigne avec autorité et dérange car son enseignement n'est pas celui (habituel)<br />

des scribes. L'homme ajoute : "Je sais qui tu es (= ce qui annule le nom de 'Jésus<br />

nazarénien'), Toi : le Saint de-le Dieu", c'est <strong>à</strong> dire un de ceux qui, parmi <strong>les</strong><br />

prophètes, ne parle pas <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> que YHVH a dit de dire puisqu'il <strong>les</strong><br />

enseignait "non pas comme <strong>les</strong> scribes". C'est donc un faux-prophète.<br />

D'une seule phrase, Jésus le fait taire et confirme son autorité, mais : ont-ils<br />

compris <strong>les</strong> CINQ mots :<br />

phimôtheti kai exelthe ex autou !<br />

sois-muselé et sors hors°-de LUI(1).<br />

La femme ne comprend rien. Et Jésus vient <strong>dans</strong> sa maison, suivi des deux<br />

coup<strong>les</strong> de frères. Il s'approche d'elle. Il la prend par la main, ne lui dit rien et la<br />

voici guérie : elle retrouve son calme, ses idées, sa confiance ... et elle voit<br />

pourquoi <strong>les</strong> Quatre ont tout 'laissé' pour le suivre.<br />

La femme prend aussitôt conscience et, pleine d'humilité, elle comprend<br />

pourquoi <strong>les</strong> Quatre ont fait. Elle <strong>les</strong> approuve : elle ne dit rien et elle fait = "Et<br />

elle <strong>les</strong> servait".<br />

Ainsi la belle-mère de Simon devint la servante "de tous" (cfr : X-44), avec :<br />

"TOUS" = "LES" = LUI + <strong>les</strong> Quatre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> I - 53 -<br />

Note 1 = hors - de LUI = page : I-52<br />

Le lecteur admirera :<br />

le texte a écrit = "un homme en esprit-impur" (I-23). Jésus dit : "... hors-de<br />

autou", car le pronom autou est (réservé) <strong>à</strong> Dieu-<strong>dans</strong>-son-Incarnation.<br />

L'esprit impur ne peut pas habiter en autou. L'homme (= l'humanité) ne peut<br />

pas contenir en lui l'esprit impur.<br />

Alors "l'esprit impur... sortit hors-de autou" (I-26) et l'homme redevint cet<br />

Homme que j'ai cru entrevoir sortant "aussitôt partout <strong>dans</strong> le pays-d'alentour<br />

entier de la Galilée" (I-28).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(II-1 <strong>à</strong> 12)<br />

Un paralytique<br />

Sur : la maison°<br />

Le blasphème<br />

Une porte<br />

La foule paralytique<br />

Résolution de l'équation<br />

UN PARALYTIQUE<br />

IL BLASPHEME !<br />

_______________<br />

_______________<br />

Ce jour-l<strong>à</strong>, j'étais en retard et lorsque j'entendis la rumeur publique qui disait :<br />

"Il est <strong>à</strong> la maison°" (II-1),<br />

J'eus la réaction de me hâter vers cette maison°. Comme par hasard, je n'étais<br />

pas seul car, de tous côtés, je voyais des juifs aller <strong>dans</strong> la même direction,<br />

comme si une consigne avait été donnée. D'où venait l'ordre ? Personne ne<br />

semblait le savoir et c'est pourquoi, plus tard, le texte écrira : "Il fut entendu..."<br />

(II-1). Il est des bruits qui viennent de nulle part mais s'insinuent partout et tout<br />

le monde entend. Bref, lorsque j'arrivai <strong>à</strong> la porte de la maison°, je fus bien<br />

obligé de constater, comme tous, qu'il était impossible d'entrer :<br />

"Il n'y avait plus de-place, pas-même auprès-de la porte" (II-2).<br />

Etant des leurs, je réussis <strong>à</strong> m'infiltrer, <strong>à</strong> me glisser. Mais cela fut très difficile.<br />

Jésus était <strong>dans</strong> (la) maison° et il parlait la Parole en des termes qui intéressaient<br />

tellement que personne n'osait bouger.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 2 -<br />

Chacun occupait fermement sa place et s'arrangeait pour ne pas perdre le<br />

moindre fragment du terrain qu'il avait pu avoir. Le hasard s'arrange parfois pour<br />

offrir des situations inattendues. Ainsi, jusqu'aujourd'hui, j'ai cru que tout était le<br />

fait d'un pur hasard : quatre hommes portant sur un brancard un homme<br />

immobile et rigide, totalement paralysé. Parmi toute cette foule qui débordait de<br />

la maison, cela faisait un peu 'convoi exceptionnel' traversant le centre d'une<br />

ville le jour du marché. Arrivant <strong>à</strong> ce moment précis, <strong>les</strong> quatre se firent<br />

remarquer car ils dérangeaient tout le monde, d'où une réaction de silence<br />

réprobateur. Chacun tenait ferme son espace et personne ne <strong>les</strong> entendait hurler<br />

pour faire place ni ne regardait ceux qui, toujours en pareille circonstance,<br />

veulent aider. Avant l'arrivée du convoi il était difficile de passer par la porte;<br />

depuis qu'il était l<strong>à</strong> avec son paralytique, cela devenait strictement impossible et<br />

le passage était bloqué. Tu connais, lecteur, la suite : le toit, un trou creusé, le<br />

glissement du grabat, Jésus qui <strong>les</strong> voit (= l'action commence par le voir !), puis<br />

sa parole qui ne guérit pas le mal physique.<br />

Or quelques-uns des scribes l<strong>à</strong> étaient-assis... (II-6). Voici un mot inattendu. Il<br />

y avait une foule debout de gens serrés, oscillant l'un contre l'autre; puis voici<br />

quatre hommes en forme de convoi, marchant avec un homme immobilisé<br />

couché. Il n'y a aucune place pour passer, mais <strong>les</strong> scribes sont assis... Alors j'ai<br />

compris : tout est organisé par eux et ils sont le cerveau de l'affaire. Il n'y a pas<br />

de hasard et ce sont ces mêmes scribes qui ont fait répandre partout la nouvelle,<br />

Il est <strong>à</strong> (la) maison. Les bruits <strong>dans</strong> une ville n'ont jamais d'origine nettement<br />

localisée et toute information ainsi répandue relève du neutre : Il fut entendu...<br />

(II-1), ce qui est la forme littéraire de l'anonymat. Personne n'a dit, car tout le<br />

monde a dit : il est <strong>à</strong> (la) maison°. Q U I est ce 'il' ? Au texte grec, ce n'est<br />

même pas un pronom, tout au plus un verbe <strong>dans</strong> sa conjugaison : 'en oikô estin'<br />

= en trois mots la nouvelle aboutit et tous entendent qu'il est (Voir ci-dessous<br />

quelques lignes plus loin). Les scribes ont su faire la publicité autour de la<br />

réunion et ils eurent du succès, puisque "beaucoup s'assemblèrent" (II-2). Jésus a<br />

réagi comme cela était facile <strong>à</strong> prévoir :<br />

Il leur parlait la Parole (II-2), Mais <strong>les</strong> scribes avaient organisé toute une<br />

mise en scène. Ils avaient prévenu quatre hommes pour amener un paralytique.<br />

Les scribes leur avaient dit que tout était prévu afin qu'il leur soit impossible de<br />

passer par la porte. La scène du toit avait été étudiée et il n'y eut aucune<br />

difficulté pour creuser-un-trou ni pour faire-glisser le grabat. Tout était minuté et<br />

tout s'est déroulé <strong>dans</strong> le temps imparti. Le texte le révèle, car il a écrit :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 3 -<br />

cinq mots grecs pour :<br />

ils-découvrirent le toit l<strong>à</strong>-où il-était ...<br />

et cinq mots grecs pour :<br />

et, ayant-creusé-un-trou, ils-font-glisser le grabat.<br />

Je ne sais, lecteur, si tu as déj<strong>à</strong> fait un trou <strong>dans</strong> un toit pour y faire glisser un<br />

b<strong>les</strong>sé couché sur une civière... sans renverser celui qui est ainsi transporté; mais<br />

si tu n'as pas longuement répété l'opération tu n'y arriveras pas facilement au<br />

jour de la représentation. Selon le texte, cinq mots suivis de cinq mots me<br />

disent qu'il ne leur fut pas plus difficile de découvrir le toit que de faire un<br />

trou et d'y glisser le grabat.<br />

Réaction de Jésus :<br />

Voici que descend du ciel un malade; <strong>les</strong> juifs, en pareille circonstance, se<br />

demandent toujours si l'infirmité lui est arrivée <strong>à</strong> cause de ses propres péchés ou<br />

<strong>à</strong> cause de ceux de ses parents. Bref, le mal se met <strong>à</strong> descendre d'en-haut.<br />

Théologiquement, une telle chose a de quoi surprendre, car l' A.T. a dit<br />

plusieurs fois comment Dieu descendit des cieux, plusieurs fois, en inclinant et<br />

faisant-glisser ; jamais il n'a osé dire que le mal (= le péché = l'infirmité) puisse<br />

un jour réaliser un acte réservé <strong>à</strong> Dieu. C'est pour cette raison, d'ailleurs, qu'il<br />

m'est impossible d'admettre que le paralytique soit descendu du toit pour la seule<br />

raison qu'il y aurait eu trop de monde <strong>à</strong> la porte... par hasard ! Le mal ne peut<br />

jamais descendre des cieux, aussi visiblement. Ce sont donc des hommes qui<br />

ont organisé le spectacle.<br />

Jésus est face <strong>à</strong> l'événement... et il voit "leur foi" (II-5). Q U I est 'leur' ? Estce<br />

celle des quatre hommes qui ont descendu l'infirme ? Est-ce celle de tous ces<br />

gens assemblés ? Le mot 'g: pistis = foi' vient ici pour son premier emploi. Le<br />

lexique m'offre une définition de la foi : elle est la certitude objective... Tous ces<br />

gens qui sont venus <strong>à</strong> (la) maison° <strong>à</strong> cause de la rumeur publique sont<br />

disponib<strong>les</strong> pour recevoir un signe. Peut-être <strong>les</strong> quatre porteurs sont-ils venus<br />

aussi sans savoir très bien, simplement mus par leur foi personnelle et sans avoir<br />

conscience que l'affaire pût être commandée <strong>à</strong> distance, <strong>à</strong> la suite d'une décision<br />

des scribes ? D'ailleurs, jusqu'<strong>à</strong> ce verset (II-5), personne n'a vu <strong>les</strong> scribes <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> environs immédiats de Jésus. Tout au plus en (I-22) a-t-on entendu dire qu'ils<br />

avaient un enseignement présentant moins d'autorité que celui donné par Jésus,<br />

simple question d'appréciation ne <strong>les</strong> impliquant pas obligatoirement.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 4 -<br />

Voyant leur foi, Jésus dit au paralytique :<br />

'Enfant, tes péchés sont effacés !'.(II-5)<br />

Il est bien évident que le paralytique ne gagne rien <strong>à</strong> une telle parole, mais la<br />

foule a compris. Jésus a bien pris note du mal qui descend au travers du toit et<br />

sa parole vise <strong>à</strong> attaquer <strong>les</strong> causes de l'infirmité selon ce qu'en disent <strong>les</strong> juifs.<br />

La parole est d'ordre théologal.<br />

Entrée des scribes :<br />

Le texte <strong>les</strong> situe <strong>dans</strong> un état occupant de l'espace et du temps : ils sont<br />

immobi<strong>les</strong>, car assis au centre d'une foule debout et fort nombreuse. Pour<br />

pouvoir être assis, il fallait qu'ils soient l<strong>à</strong> depuis longtemps. Ceci prouve qu'ils<br />

attendent l'événement. Ils savent ce qui doit arriver : la rumeur publique, la<br />

foule, la porte impraticable, le convoi exceptionnel et la déviation mise en place<br />

pour passer par le toit.<br />

Les scribes sont l<strong>à</strong> réfléchissant <strong>dans</strong> leurs cœurs (II-6); ceci est une<br />

redondance, puisque le cœur est, en hébreu, le centre de l'intelligence. Ils<br />

analysent <strong>les</strong> quelques mots dits par Jésus et ils comprennent très vite que<br />

Jésus a décelé leur machination (= le mal qui descend des cieux). Lui, il a<br />

compris toute la mise en scène et cela s'est entendu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> quelques paro<strong>les</strong><br />

rapportées en (II-5). Alors <strong>les</strong> scribes ne peuvent s'empêcher de le dire :<br />

Pourquoi celui-ci parle-t-il ainsi ? (II-7)<br />

Ils continuent par une parole de malédiction :<br />

Il blasphème ! (II-7)<br />

Et ils terminent par un dire théologique prenant appui sur un enseignement<br />

qui fait autorité (cfr : comme en réponse <strong>à</strong> I-22) :<br />

Qui peut effacer des péchés sinon Unique le Dieu ? (II-7)<br />

Le Dieu qu'ils invoquent est 'g: Theos' dont je sais qu'il est la Rigueur, celui<br />

qui est la Justice, ou encore Elohim. Ce n'est pas le Dieu d'Amour.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Conclusion :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 5 -<br />

La fin de la séquence est un simple enchaînement, jeu habituel du texte. Jésus<br />

a parlé en (II-5) avec des mots que le lecteur entend, puisque rapportés en style<br />

direct. En (II-8 et 9) Jésus dit encore. Je l'ai entendu prononcer :<br />

... réveille-toi... lève ton grabat... marche ! (II-9)<br />

La troisième parole de Jésus, du fait qu'elle est troisième, va être cause du<br />

miracle. Cette parole dit :<br />

... réveille-toi... lève ton grabat... pars ! (II-11)<br />

Le texte connaît parfaitement ses propres règ<strong>les</strong> de fonctionnement. Il a<br />

'entendu' par deux fois ces mots et il est obligé de <strong>les</strong> ré-écrire afin de prendre<br />

acte que tout fonctionne selon la volonté de Dieu.<br />

<strong>à</strong> trois : l'aboutissement arrive par :<br />

Il fut réveillé... levant le grabat... il sortit. (II-12)<br />

Ici, lecteur, arrête un instant ta lecture et pars en arrière pour relire <strong>à</strong> la suite :<br />

(II-9) (II-11) (II-12)<br />

Il y a trois fois trois, mais avec une nuance, car il y a une progression :<br />

... marche ... pars ! ... il sortit.<br />

Le lexique permet de situer chacun des verbes :<br />

marcher : l'homme est fait pour marcher; la circularité pose une relation entre<br />

(II-9) et (VIII-24).<br />

pars : la parole dite par Dieu <strong>à</strong> Abraham afin de mettre en route le peuple<br />

d'Israël; cette parole aboutit au Messie.<br />

sortir : puis le silence de ce paralytique guéri. Il est des gestes qui doivent<br />

être faits "en-présence-de-tous" (II-12) et qui font plus que toutes <strong>les</strong><br />

proclamations, car :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 6 -<br />

Tous étaient-hors-d'eux-mêmes et glorifiaient Dieu. (II-12)<br />

Le verbe 'glorifier = g: doxazo' est unique <strong>dans</strong> le texte.<br />

' IL Y EST '<br />

1.- Le lecteur remarquera que le pronom 'il' est partie intégrante du verbe grec,<br />

mais que ce n'est pas un pronom personnel. Le texte évite d'employer 'autos',<br />

ce qui aurait été un renvoi aux premiers versets du chapitre I et notamment <strong>à</strong> (I-<br />

8) : "autos de baptisei umas pneumati agiô = lui vous baptisera <strong>dans</strong> l'Esprit-<br />

Saint". En effet, autos désigne Kurios-Incarné tel que l'a posé la citation du<br />

prophète Isaïe : "... ten odon Kuriou ... tas tribous autou... = le chemin du<br />

Seigneur (= YHVH) ... <strong>les</strong> sentiers de lui" alors que Isaïe avait écrit : '... tas<br />

tribous tou Theou emon = <strong>les</strong> sentiers de Dieu (Elohim).' (Voir note en I-3).<br />

Le texte en (II-2) n'a pas voulu 'nommer' : lui. La rumeur qui court <strong>dans</strong><br />

Capharnaüm est donc : Jésus, cet homme étrange, est <strong>à</strong> (la) maison°.<br />

Ceux qui ont lancé ce bruit <strong>dans</strong> la ville ont fait en sorte qu'il ne suggère aucun<br />

jugement de valeur. Jésus est un juif, simplement, sauf qu'il semble être une<br />

sorte de guérisseur : il soigne de nombreux mal portant aux maladies variées,<br />

chasse de nombreux démons (I-34) et guérit un lépreux (I-42) de sorte qu'il ne<br />

pouvait plus entrer <strong>dans</strong> une ville sans que la rumeur publique diffuse la<br />

nouvelle (I-45).<br />

2.- Si <strong>les</strong> scribes ont aidé <strong>à</strong> faire savoir <strong>à</strong> tous que Jésus était <strong>à</strong> Capharnaüm <strong>dans</strong><br />

une maison précise, c'est que, pour eux, se pose la question : Q U I est-il pour<br />

faire de pareil<strong>les</strong> choses et pour enseigner avec autorité autrement qu'ils<br />

enseignent ? Le bruit lancé au travers de Capharnaüm ne peut donc comporter<br />

aucun jugement de valeur, sinon le peuple (qui, toujours et partout, aime le<br />

merveilleux) pourrait conclure très vite <strong>à</strong> une puissance d'origine divine, force<br />

occulte de Jésus. Déj<strong>à</strong> le fait est relaté en (I-45) : "que lui ne pouvait plus entrer<br />

manifestement <strong>dans</strong> une ville", <strong>dans</strong> un texte qui, en grec, est :<br />

oste meketi auton dunasthai phaneros<br />

de-sorte-que ne-plus lui pouvait manifestement<br />

eis polin eis-elthein<br />

vers une-ville en-trer.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 7 -<br />

Cette phrase grecque permet d'entendre <strong>les</strong> divers (bruits) au sujet de Jésus :<br />

a) Il est désigné par 'auton' qui est Kurios-Incarné; <strong>les</strong> gens pensent donc que<br />

<strong>les</strong> gestes-de-puissance faits par Jésus ont une origine divine.<br />

b) la préposition eis marque toujours la Présence de Dieu, Son accompagnement,<br />

Sa participation humaine <strong>dans</strong> l'événement. Quand eis fait entrer <strong>dans</strong> la ville,<br />

c'est que Dieu arrive <strong>dans</strong> cette ville. Il y ainsi confirmation de la valeur<br />

contenue <strong>dans</strong> le pronom auton.<br />

c) le verbe 'en-trer' a la délicatesse de suggérer la phonétique 'eis' comme pour<br />

frapper l'oreille du lecteur en situant polin au cœur de la Présence.<br />

La rumeur qui court au sujet de Jésus est chargée d'un bruit théologique. Dès<br />

que nous entrons <strong>à</strong> Capharnaüm, nous entendons autre chose :<br />

ekousthe oti en oikô estin<br />

il-fut-entendu que <strong>dans</strong> une-maison il-est.<br />

Ce n'est plus la même chose, on a changé le sens du message, quelqu'un est<br />

intervenu pour faire dire autrement.<br />

SUR LA MAISON°<br />

La rumeur publique dit par toute la ville de Capharnaüm :<br />

"en oikô estin = il est <strong>dans</strong> une-maison° (II-1).<br />

Le mot 'g: oikos = maison°' est nouveau ; or le texte joue avec le lecteur, car<br />

avant de nommer ce lieu inattendu oikô, il y a : "de-nouveau, vers Capharnaüm"<br />

(II-1). Déj<strong>à</strong> il y a peu de temps, ils pénétrèrent (eis-poreuontai) "vers<br />

Capharnaüm... vers la synagogue" (I-21). Voici que nous entrons (eis-erchomai)<br />

et je note la constance du préfixe 'eis' : Dieu est avec nous ! Mais, <strong>dans</strong> la ville<br />

de Capharnaüm, nous connaissons surtout la synagogue :<br />

I-21 eis ten sunagôgen<br />

I-23 en to sunagôge<br />

I-29 ek tes sunagôges<br />

I-39 eis tas sunagôgas.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 8 -<br />

Par quatre emplois, il y a comme une plénitude d'espace rempli par la<br />

synagogue et le lecteur s'attend <strong>à</strong> ce que tout se déroule en ce même lieu. Or le<br />

texte change et se met <strong>dans</strong> une-maison°, mot nouveau et inattendu. N'y auraitil<br />

donc pas, <strong>dans</strong> la grammaire grecque, d'autre cas pour apporter une musique<br />

nouvelle au mot 'sunagôge', p. ex. en le déclinant avec une nouvelle sonorité ?<br />

Le texte a ses raisons et dit <strong>à</strong> son lecteur : "de nouveau, <strong>à</strong> Capharnaüm", mais<br />

pas <strong>à</strong> la synagogue !<br />

J'ai regardé et écouté; puis j'ai attendu patiemment, restant immobile <strong>dans</strong> la<br />

phrase du verset (II-1) et j'ai vu une file de scribes en train de se glisser, en<br />

silence, <strong>dans</strong> une-maison° encore vide :<br />

Or quelques-uns des scribes l<strong>à</strong> étaient-assis... (II-6). Cette remarque n'aurait<br />

aucun sens si nous étions <strong>dans</strong> une synagogue. Mais, <strong>dans</strong> (la) maison°, <strong>à</strong> cette<br />

heure, alors qu'il n'y avait personne, que pouvaient bien attendre <strong>les</strong> scribes ?<br />

Tout cela, <strong>à</strong> cause de 'oikos= maison°'.<br />

LE BLASPHEME<br />

Il faut toujours hésiter avant de formuler une accusation. Voici que <strong>les</strong> scribes,<br />

dont le texte nous a donné la définition en (I-22) en précisant que ce sont des<br />

gens qui enseignent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> synagogues, prononcent un mot qui semble<br />

redoutable. Ils disent, en parlant de Jésus :<br />

Il blasphème ! (II-7). Le sens donné au mot blasphémer comporte une dureté<br />

implacable et une rigueur de malédiction. Est-ce son vrai sens ? La traduction ne<br />

se laisse-t-elle pas emporter au-del<strong>à</strong> de ce que le texte aurait voulu simplement<br />

suggérer ?<br />

En hébreu, il y a 'h: tifla' qui est le blasphème, c. <strong>à</strong> d. la parole d'impiété.<br />

Mais, initialement, ce mot a un sens plus doux et indique une bêtise, une sottise,<br />

comme un geste dénué de sens ou un grain de folie, encore un peu<br />

d'incohérence.<br />

Dans leur "esprit" (II-8), <strong>les</strong> scribes pensent certainement au blasphème, car<br />

leur mise en scène du mal descendant des cieux a été décryptée par cet homme<br />

étrange nommé Jésus, alors qu'il parlait si bien la parole <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> gens présents.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 9 -<br />

Le texte ne se prononce pas tellement sur le fait de savoir si <strong>les</strong> scribes ont<br />

réellement dit (et <strong>à</strong> qui ?) <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> du verset (II-7). Si ces mots sont échangés<br />

entre eux, comme le suggère : réfléchissant <strong>dans</strong> leurs cœurs, il y a, <strong>à</strong> coup sûr,<br />

l'idée du blasphème.<br />

Si tous <strong>les</strong> gens présents ont entendu, peut-être ont-ils compris tout<br />

simplement 'Il déraisonne ! ' Quel<strong>les</strong> sottises ! Il est vraiment fou ! ...' ce qui,<br />

d'ailleurs, peut se résumer par : 'il est hors de lui-même !'.<br />

Le texte m'a inspiré cette idée, car il ose conclure la séquence par :<br />

Tous étaient-hors-d'eux-mêmes... (II-12)<br />

Ainsi ai-je entendu : "Il blasphème !",<br />

avec deux sens :<br />

celui de la violence et<br />

celui d'une douce folie.<br />

UNE PORTE<br />

J'étais <strong>dans</strong> (la) maison°, pas très loin de la porte et j'ai vu beaucoup de gens<br />

qui empêchaient d'entrer. Jésus parlait la parole <strong>à</strong> tous et ils l'entouraient, mais je<br />

n'ai pas remarqué, <strong>à</strong> ce moment précis, qu'un certain nombre d'hommes étaient<br />

assis. Un bruit se fit au-dehors et je crus entendre comme <strong>à</strong> mi-voix une<br />

demande : 'laissez passer un paralytique !'. Quelques-uns, entendant,<br />

ébauchèrent le mouvement de se serrer pour laisser quelque place, mais tous <strong>les</strong><br />

autres restèrent immobi<strong>les</strong>. Les brancardiers n'insistèrent pas et montèrent sur le<br />

toit. La suite est connue : un trou <strong>dans</strong> le toit et le grabat entrant, glissant <strong>dans</strong> la<br />

maison°.<br />

Alors je me suis rappelé. Lorsque <strong>dans</strong> une auberge la servante arrive avec<br />

trois ou quatre plats sur <strong>les</strong> bras, elle dit d'une voix douce : 'laissez passer, c'est<br />

chaud !'. Souvent personne ne bouge. Alors elle crie fort : 'attention aux taches !'<br />

et tous s'écartent pour lui faire un chemin; la serveuse veut passer pour assurer le<br />

service.<br />

Si <strong>les</strong> brancardiers avaient vraiment voulu passer par la porte, pourquoi n'ontils<br />

pas dit, tout simplement : 'Faites place ! Attention au lépreux !' Lorsqu'il y a<br />

un malade atteint de la lèpre, chacun s'écarte et personne ne le touche ni ne se<br />

laisse approcher de lui.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 10 -<br />

En (I-40), il y avait un lépreux. Le texte a été clair : dès le verset suivant (I-<br />

41), Jésus "ému-de-compassion, étendant la main... le toucha" et ceci signifie<br />

que personne, parmi <strong>les</strong> autres, n'avait osé le toucher !<br />

J'étais <strong>dans</strong> (la) maison° et j'ai tout entendu. Si <strong>les</strong> quatre qui portaient le<br />

grabat avaient été des juifs ayant-foi, ils auraient déplacé des montagnes (cfr :<br />

XI-23) et ils seraient passés au travers de la porte.<br />

Quoi est (le) plus acceptable :<br />

accuser publiquement de blasphémateur<br />

un homme qui vient de guérir un paralytique<br />

ou<br />

crier un peu fort pour apporter un homme paralysé ?<br />

LA FOULE PARALYTIQUE<br />

Dans (la) maison°, il y a beaucoup de monde et ils ne disent rien. Ils sont<br />

de<strong>dans</strong>, dehors et obstruent le passage par la porte. Ils restent immobi<strong>les</strong>.<br />

Sur un grabat, il y a un homme paralysé. Il ne dit rien, il gêne par son<br />

horizontalité.<br />

Ils n'ont pas essayé de franchir la porte.<br />

A la fin de la séquence, il y aura un homme levant son grabat et sortant de luimême,<br />

en présence d'eux tous. L'impotent a retrouvé le mouvement; en sortant,<br />

il montre qu'il est possible de franchir la porte.<br />

Il y a aussi une foule mise en mouvement, car ils glorifiaient Dieu, ce qui<br />

oblige <strong>à</strong> des mouvements car on ne peut glorifier en restant immobile et<br />

silencieux.<br />

Au début : une foule et un impotent, immobi<strong>les</strong>, bloqués <strong>dans</strong> leur<br />

comportement, obstruant tout passage.<br />

A la fin : des hommes et un homme, sortant, passant, marchant au-del<strong>à</strong> de la<br />

porte, ce qui est leur façon de rendre gloire <strong>à</strong> Dieu.<br />

Jésus a redonné la mobilité <strong>à</strong> l'immobile. Dieu, pour l'homme, est l'occasion<br />

du mouvement (E L = Dieu).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

RESOLUTION DE L' EQUATION<br />

1.- Les scribes :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 11 -<br />

incohérence assis, alors qu'il n'y a pas de place<br />

+<br />

pas de crainte réfléchissant <strong>dans</strong> leurs cœurs :<br />

aucune marque de crainte.<br />

d'où<br />

pas de silence ils introduisent un nouveau mot en disant<br />

la formule de malédiction : 'il blasphème !'<br />

2.- La foule :<br />

incohérence plus de place : la porte ne joue pas son rôle<br />

+<br />

crainte ils marquent un sentiment d'attente de l'événement<br />

(car ils sont venus suite au bruit qui a couru)<br />

et<br />

silence on ne <strong>les</strong> entend jamais<br />

aboutit ils sont transformés, car "hors-d'eux-mêmes"<br />

et ils "glorifiaient Dieu en disant..."<br />

Lorsqu'ils parlent, c'est une fois le miracle réalisé et pour prendre acte de leur<br />

transformation. C'est pourquoi leur parole vient <strong>à</strong> la dernière phrase du récit.<br />

Pour eux, l'équation apporte un aboutissement.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

3.- Jésus :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 12 -<br />

Jésus, étant Dieu E T homme, il ne relève pas des mêmes lois de<br />

'comportement'. Je note cependant :<br />

a) incohérence un paralytique levé par quatre (hommes)<br />

descend du toit.<br />

voir Jésus voit "leur foi"<br />

Parole une parole avec un sens théologique :<br />

"... tes péchés sont effacés..."<br />

b) incohérence scribes assis, alors que 'pas de place'<br />

entendre <strong>les</strong> scribes disent : "Il blasphème !",<br />

puis ils expliquent par un argument théologique<br />

tiré des enseignements traditionnels<br />

'Seul Unique le Dieu peut effacer...'<br />

Parole "Pourquoi réfléchissez-vous...?" avec l'offre<br />

de trois expressions :<br />

se-réveiller / lever son grabat / marcher.<br />

c) incohérence le texte commente et s'adresse au lecteur :<br />

"afin que vous sachiez que le Fils de l'homme<br />

a l'autorité..."<br />

Parole la reprise des trois expressions, mais en forme<br />

d'ordre donné <strong>à</strong> l'homme :<br />

Réveille-toi ! Lève .. ! Pars !<br />

d) résultat Il fut réveillé, leva son grabat... et sortit.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

4.- Le paralytique :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 13 -<br />

incohérence cet infirme est en marge de la société<br />

or il vient l<strong>à</strong> où il y a déj<strong>à</strong> trop de monde;<br />

c'est pourquoi il faut qu'il y ait<br />

quatre (= la plénitude, l'humanité, la société)<br />

pour le porter et le prendre en charge.<br />

+<br />

crainte la peur du toit, de glisser, de ce jeu anormal<br />

+<br />

silence il ne dit rien, même pas un cri,<br />

lors de la descente par le toit !<br />

résultat Tu veux marcher ? Alors : Pars !<br />

Et il sortit...<br />

Conclusion :<br />

1.- Lorsque au verset qui suit immédiatement (II-13) Jésus utilise le verbe sortir,<br />

toute la foule le suit, et le mot toute englobe tous ceux de la foule qui devaient<br />

être ceux-l<strong>à</strong> contenus <strong>dans</strong> beaucoup (II-2).<br />

Le texte ne parle pas des scribes. Sont-ils restés "assis", <strong>dans</strong> (la) maison° ou<br />

bien font-ils partie de tous ceux, nombreux, qui "le suivaient" (II-15) ?<br />

2.- La séquence est ainsi offerte au lecteur qu'elle présente, en son centre, un<br />

discours des scribes d'une rare violence avec : "Il blasphème !" (II-7). Le texte a<br />

commencé avec une formule qui est le premier emploi du verbe 'g: akouô =<br />

entendre', mais sous une forme qui ne reviendra plus au texte : "Il fut entendu".<br />

Le texte se termine par une phrase avec le verbe voir qui est tout autant<br />

inattendue <strong>dans</strong> sa forme : "Jamais nous n'avons vu ainsi !". Or, cette phrase ne<br />

reviendra plus <strong>dans</strong> le courant du texte... Et pourtant, que de choses incroyab<strong>les</strong><br />

nous allons voir !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 14 -<br />

3.- Je puis ainsi retenir une structure singulière pour cette séquence :<br />

entendre<br />

voir<br />

"il blasphème"<br />

avec <strong>les</strong> questions immédiates :<br />

l'entendre a-t-il été été entendu correctement ?<br />

le voir a-t-il été vu distinctement ?<br />

Et encore :<br />

Tous ces gens qui se pressent <strong>à</strong> cette maison° ont-ils vraiment compris la<br />

parole des scribes, alors qu'ils sont émerveillés par ce qu'ils viennent de voir ?<br />

Or, jamais, ils n'avaient vu ainsi, car ils viennent de voir <strong>les</strong> mots du texte :<br />

se-réveiller - lever - marcher<br />

par leur triple emploi, agir en geste-de-puissance contre la paralysie de l'infirme.<br />

Ils ont vu la guérison; avaient-ils 'entendu' <strong>les</strong> mots de guérison ? Ont-ils<br />

'entendu' la parole des scribes, alors que tous remarquèrent qu'ils sont "assis" et<br />

qu'ils "réfléchissent en eux-mêmes" ? Ont-ils entendu la rumeur publique et<br />

compris le piège qu'elle comportait, la provocation qu'elle lançait ? Ont-ils bien<br />

analysé qu'en se rendant si vite <strong>à</strong> (la) maison°, ils en fermaient eux-mêmes la<br />

porte et obligeaient <strong>à</strong> une mise en scène, insolite pour eux mais prévue par <strong>les</strong><br />

scribes, qui amènerait l'inimaginable d'un paralytique levé par quatre hommes,<br />

immobile sur sa civière, descendant des cieux au travers d'un toit ?<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

(II - 7 - 8 et 12)<br />

Vision singulière<br />

VISION SINGULIERE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 15 -<br />

AINSI<br />

_______________<br />

J'ai vu le texte construire peu <strong>à</strong> peu son récit et j'ai noté la singularité du décor<br />

choisi : il y a un "fleuve" (I-5) avec "une colombe" (I-10) et il y a "l'eau" (I-10).<br />

Le fleuve sera unique <strong>dans</strong> toute l'œuvre et il sera Jourdain, de même que la mer<br />

sera "de Galilée". Il y a "le désert" (I-12) et tout cela est l'immobilité du singulier<br />

puisque même la colombe descend et reste sur lui. Le fleuve coule son eau, mais<br />

entre ses rives le fleuve demeure, même si l'eau s'en va vers le sud en un lieu<br />

dont je sais, par ailleurs, qu'il est mer asphaltite. A Capharnaüm il y a "la<br />

synagogue" et "la maison" (I-29) et, lorsque je pourrai lire quelques pluriels, je<br />

rencontrerai <strong>à</strong> la fois "<strong>les</strong> bourgades attenantes... leurs synagogues... <strong>les</strong><br />

démons". Le paysage va changer peu <strong>à</strong> peu. Il y a : "un lépreux... la lèpre... le<br />

prêtre... ta purification" et j'ai souvenir aussitôt de la "conversion" (I-4). Mais le<br />

texte utilise un procédé qui lui est habituel : "plus une ville" (I-45) et cette<br />

négation du singulier introduit immédiatement un pluriel de menaces : "des lieux<br />

déserts" (I-45). Alors, <strong>à</strong> peine quelques versets <strong>à</strong> la suite, voici "plus de place"<br />

(II-2) car le pluriel arrive par la plénitude de "quatre" (II-3), s'installe <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

verbes d'action : "ils découvrirent... ils font-glisser" (II-4) et ose se montrer <strong>dans</strong><br />

son identité de pluriel : "tes péchés" (II-5) et "des scribes" (II-6).<br />

La violence du pluriel s'exprime par une parole lancée en défi du singulier :<br />

des scribes... leurs cœurs...<br />

"celui-ci... blasphème<br />

des péchés<br />

Dieu - Unique".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 16 -<br />

Dieu a 'entendu' la circularité du texte avec <strong>les</strong> jeux du dire des scribes :<br />

singulier - pluriel - singulier. Voici le contre-chiasme apporté :<br />

La lecture se poursuit :<br />

"Quoi est (le) plus facile :<br />

scribes Jésus<br />

réfléchissant reconnaissant<br />

<strong>dans</strong> leurs cœurs en son esprit<br />

Pourquoi celui-ci que ils réfléchissent ainsi<br />

parle-t-il ainsi ? Pourquoi réfléchissez-vous ceci ?<br />

(II-6 et 7) (II-8)<br />

pluriel puis singulier singulier puis pluriel<br />

dire le pluriel : tes péchés sont effacés<br />

ou :<br />

dire le singulier : lève ton grabat et marche ?<br />

Or, afin que vous sachiez (que le Dieu-Unique a la Puissance :) que le Fils de<br />

l'homme a l'autorité (de commander au pluriel = "effacer des péchés"), Il dit (et<br />

sa Parole est <strong>dans</strong> le singulier) au paralytique (= le singulier, sans mouvement et<br />

sans voix) :<br />

A toi je dis :<br />

'Réveille-toi lève ton grabat et pars vers ta maison°'.<br />

Et il fut réveillé (= le singulier règne en maître) de-sorte-que (le pluriel)<br />

glorifiaient Dieu en disant :<br />

'Jamais N O U S (= <strong>les</strong> pluriels) n'avons vu A I N S I '.".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 17 -<br />

Lecteur ! Voici que tu entends la révélation de ‘ainsi’ :<br />

II-7 <strong>les</strong> scribes Pourquoi celui-ci parle-t-il ainsi ?<br />

II-8 Jésus (voit que) ils réfléchissaient ainsi...<br />

II-12 le texte Jamais° nous n'avons vu ainsi !<br />

Voil<strong>à</strong> que, ainsi, le troisième emploi aboutit... car, lorsqu'un texte est inspiré<br />

de Dieu, toute clé permet d'ouvrir toutes serrures.<br />

Lecteur ! Tu viens de découvrir, par cette exégèse, un nouveau moyen qui te<br />

permettra d'entrer <strong>dans</strong> beaucoup de lieux du texte de Saint Marc : tu prendras<br />

attention aux relations, renvois, réponses entre singulier et pluriel. Je te donne,<br />

plus loin, (voir : 'L'un des scribes' en XII-28) un commentaire semblable.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

(II-23 <strong>à</strong> 28)<br />

Le sabbat<br />

Par <strong>les</strong> champs-de-blé<br />

Les blés mûrs<br />

Abiathar<br />

David et <strong>les</strong> pains<br />

Retour vers <strong>les</strong> champs-de-blé<br />

En chemin<br />

Désormais...<br />

Avec Saint Irénée<br />

Avec Saint Luc<br />

LE SABBAT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 18 -<br />

LE GRAND PRETRE ABIATHAR<br />

_______________<br />

Marchant avec eux, je suis <strong>à</strong> l'arrière et parfois je ne comprends plus car je ne<br />

sais pas où nous allons. Un paysage s'annonce par sa Parole et voici que<br />

subitement je prends conscience d'autre chose.<br />

"Pendant le-jour-du-sabbat" (II-23), nous traversions des champs-de-blé.<br />

Allégoriquement j'éprouve du plaisir <strong>à</strong> constater qu'au septième jour on admire<br />

le résultat des labours, des semail<strong>les</strong>, du temps avec soleil et pluies : ainsi est fait<br />

le monde depuis la Création.<br />

Devant moi, "ses discip<strong>les</strong> commencèrent <strong>à</strong> faire un chemin en égrenant des<br />

épis" (II-23). Toujours <strong>les</strong> champs-de-blé avec, en plus, le fait que <strong>les</strong> grains<br />

sont mûrs. "Les pharisiens" apparaissent et posent une question sans mentionner<br />

le (grain) mais référencée au "jour-du-sabbat = sabbasin". Les pharisiens parlent<br />

de la loi et c'est le premier emploi <strong>dans</strong> le texte de 'g: ex-estin = il est permis',<br />

mais avec une négation :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 19 -<br />

Pourquoi (tes discip<strong>les</strong>) font-ils le jour-du-sabbat ce qui n'est pas permis ?<br />

Nous voici arrêtés au milieu des champs-de-blé en ce jour-du-sabbat et Jésus<br />

leur répond par un long discours sur David qui eut faim :<br />

... il entra vers la maison° de Dieu...<br />

Moi, je suis toujours légèrement derrière parmi <strong>les</strong> champs-de-blé !<br />

Aujourd'hui, jour-de-sabbat, voici que j'entends parler du "grand-prêtre<br />

Abiathar". Vous connaissez ? Moi, pas du tout ! D'autant qu'il s'agit encore d'un<br />

de ces hommes que Saint Marc eut le génie de dénicher et d'évoquer, mais qui<br />

reste inconnu de tous <strong>les</strong> autres livres du N.T. Un des discip<strong>les</strong> m'a dit que le<br />

nom de ce prêtre signifiait 'le père a en surabondance'... Or David avait faim.<br />

Quand le roi a faim, peut-il manger <strong>les</strong> pains consacrés par <strong>les</strong> prêtres ?<br />

Il me faudra, tout <strong>à</strong> l'heure, convoquer Abiathar pour lui demander d'expliquer.<br />

Bref, Jésus parle de David, de la maison° de Dieu, d'un grand-prêtre Abiathar et<br />

finalement David <strong>à</strong> cause de sa faim mange <strong>les</strong> pains de proposition et en donne<br />

<strong>à</strong> ses compagnons. Celui qui <strong>à</strong> l'instant me parlait du père de la surabondance eut<br />

un sourire en apprenant que "ceux-qui étaient-avec° David" purent manger des<br />

pains. Cela justifiait son action d'égrener des épis.<br />

Nous sommes toujours arrêtés au cœur des champs-de-blé, <strong>à</strong> égrener quelques<br />

épis pendant que Jésus nous fait un cours d'histoire avec <strong>les</strong> pains de proposition<br />

et je ne vois pas le rapport avec notre jour-de-sabbat.<br />

Alors, subitement j'entends :<br />

Le sabbat arriva en-raison-de l'homme et non pas l'homme en-raison-du<br />

sabbat ...<br />

Je reconnais ce genre de texte : c'est un raisonnement habituel aux rabbins<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> synagogues aux jours-des-sabbats.<br />

... de-sorte-que le Fils de l'homme est Seigneur, même du sabbat.<br />

C'est encore un langage pour la maison° de réunion, pas pour des champs-deblé.<br />

David, des pains...un grand-prêtre Abiathar ? Avec l'arrivée d'une parole de<br />

sagesse sur l'homme et le sabbat !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 20 -<br />

Quand je ne comprends pas, je laisse un temps afin que <strong>les</strong> épis puissent<br />

sagement s'égrener, pour être ensuite moulus, pétris avec de l'eau et un peu de<br />

levain, même avec le levain des pharisiens (cfr : VIII-15).<br />

Ma réflexion (= un vide de mon temps) fut longue et finalement je compris<br />

que David eut-faim (II-25). Or, pour un sémite, 'manger le pain' signifie : faire<br />

un repas. Il y a synonymie. David donna des pains de proposition <strong>à</strong> ceux-qui<br />

étaient-avec° lui. Ils mangèrent ensemble. Jamais je n'ai vu de repas uniquement<br />

avec le pain : il faut également boire. Qui nous parle de repas ? N'est-ce pas<br />

celui-l<strong>à</strong>, le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques et d'autres encore ?<br />

(cfr : VI-3). Peut-être <strong>les</strong> siens ont-ils voulu le présenter ainsi, très simplement.<br />

Mais moi, j'ai entendu aussi, un "jour-de-sabbat, vers la synagogue" (I-21), alors<br />

qu'il enseignait. Un homme s'écria, en s'adressant <strong>à</strong> lui : "Quoi (entre) nous et<br />

toi, Jésus nazarénien ?".<br />

Qu'est-ce, un nazarénien ? Le livre de Moïse me dit en quoi consiste le vœu<br />

de nazir : ne consommer aucun des produits de la vigne = raisin frais, raisin sec,<br />

jus de raisin, vin, vinaigre... Pourtant il est une règle en usage chez <strong>les</strong> juifs.<br />

Celui qui a fait vœu d'être nazir ne doit jamais consommer le raisin, sauf le jourdu-sabbat,<br />

non pas <strong>à</strong> cause de la fête qui pourrait amener un allègement du vœu,<br />

mais par raison du vœu lui-même. 'Quand tu voueras un vœu <strong>à</strong> YHVH ton Dieu<br />

tu ne tarderas pas <strong>à</strong> l'accomplir car YHVH ton Dieu t'en demanderait<br />

certainement compte et il y aurait péché en toi. Mais si tu t'abstiens de faire un<br />

voeu, il n'y a pas de péché en toi.' (Deutéronome XXIII-22 et 23).<br />

Le nazir fait son vœu avec une condition suspensive : je veux être nazir durant<br />

le temps où le fils de David (= le Messie) peut venir. Lorsque le Messie sera l<strong>à</strong>,<br />

mon vœu prendra fin (cfr : la déclaration <strong>à</strong> la fin de la Cène : "Non°-plus°jamais<br />

je ne boirai hors du produit de la vigne° jusqu'<strong>à</strong> ce jour-l<strong>à</strong> quand je le<br />

boirai, nouveau, <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu". (XIV-25). Or, pendant le sabbat,<br />

comme aux jours de fête, on est certain que, ces jours-l<strong>à</strong>, le Messie ne viendra<br />

pas. Voil<strong>à</strong> pourquoi l'homme a la liberté, "en-raison-du sabbat", de boire<br />

"nouveau, hors du produit de la vigne°".<br />

Ainsi, au-milieu des champs-de-blé, ai-je entendu la Parole de Dieu me parler<br />

du pain, du vin et du vœu de ce nazarénien qui a pour nom Jésus.<br />

Jamais, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, même au jour-du-sabbat, même avec de la<br />

myrrhe, même grâce <strong>à</strong> une éponge, jamais Jésus ne boit de vin...<br />

... et le texte, <strong>à</strong> la Cène, a la délicatesse de parler d' "une coupe" (XIV-23) sans<br />

user du mot vin car le vin devient sang (XIV-24).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

PAR LES CHAMPS - DE - BLE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 21 -<br />

L'hébreu est venu me faire un cours sur la loi. Il m'a dit : 'Entré <strong>dans</strong> la vigne<br />

de ton prochain, mange des raisins autant qu'il te plaira, mais n'en mets pas <strong>dans</strong><br />

un seau (pour <strong>les</strong> emporter dehors). Si tu entres <strong>dans</strong> <strong>les</strong> blés mûrs de ton ami, tu<br />

cueilleras des épis et tu <strong>les</strong> broieras avec la main, mais tu ne porteras pas la faux<br />

<strong>dans</strong> le blé de ton prochain.' (Deutéronome XXIII-24 et 25)<br />

L'hébreu ajouta : la loi interdit tout travail "pendant le jour-du-sabbat" (II-23);<br />

pour <strong>les</strong> pharisiens, égrener des épis revient <strong>à</strong> moissonner même si chacun le fait<br />

pour soi sans l'idée de vouloir approvisionner ceux du groupe ou quelque ami<br />

intime. En posant leur question, <strong>les</strong> pharisiens font référence <strong>à</strong> "ce qui n'est pas<br />

permis" donc <strong>à</strong> une interprétation restrictive nouvelle qui n'est pas <strong>dans</strong> le texte<br />

du Deutéronome. Les pharisiens sont des gens de la tradition orale; si Jésus<br />

est une sorte de rabbin ou de maître "enseignant comme ayant autorité" (I-22)<br />

selon ce que dit la rumeur publique, (ou :) si Jésus est porteur d' "enseignement<br />

nouveau par° autorité" (I-27) <strong>à</strong> ce que disent ceux qui fréquentent la synagogue,<br />

<strong>à</strong> Capharnaüm, le jour-du-sabbat, alors il devra répondre et se situer sur<br />

l'importante question (= pour eux, <strong>les</strong> pharisiens) de trancher entre la tradition<br />

orale et la tradition écrite.<br />

J'ai demandé <strong>à</strong> l'hébreu de rester avec moi, car il lui faudra m'expliquer la<br />

raison du grand-prêtre Abiathar.<br />

LES BLES MURS<br />

Nous avons vérifié <strong>dans</strong> la bible hébraïque : le mot 'h: qamah' désigne le blé<br />

mûr et de plus l'hébreu m'a précisé comment ce blé qamah servait de référence<br />

au calendrier liturgique des juifs. 'Observe le mois d'Abib où tu feras la Pâque<br />

pour YHVH ton Dieu, car c'est au mois d'Abib que YHVH ton Dieu t'a fait sortir<br />

d'Egypte, la nuit' (Deutéronome XVI-1). 'Tu compteras pour toi sept semaines :<br />

dès que la faucille commence (<strong>à</strong> entrer) <strong>dans</strong> le blé mûr (h: qamah), tu<br />

commenceras <strong>à</strong> compter sept semaines. Tu feras la fête des Semaines (= la<br />

Pentecôte : sept fois sept jours) en l'honneur de YHVH ton Dieu.' (Deutéronome<br />

XVI-9 et 10).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 22 -<br />

Ainsi ai-je noté : le verset (II-23) doit être situé en un temps où <strong>les</strong> blés sont<br />

mûrs et le verbe commencer vient <strong>dans</strong> la phrase : "commencèrent <strong>à</strong> faire un<br />

chemin en égrenant <strong>les</strong> épis" (II-23), ce qui signifie que l'on 'commencera <strong>à</strong><br />

compter sept semaines...' puisque le passage de la Loi (Deutéronome XXIII-25)<br />

donne l'autorisation d'égrener <strong>les</strong> épis uniquement avec la main, mais sans se<br />

servir des faucil<strong>les</strong>. Pour le lecteur qui oserait douter, le texte de Saint Marc<br />

précise lors de l'unique emploi du mot 'g: drepanon = faucille' : "Quand le fruit<br />

livre, aussitôt il envoie la faucille parce-que la moisson est mûre" (IV-29).<br />

C'est pourquoi le verset (II-23) ne peut être situé que <strong>dans</strong> un temps juste<br />

avant la fête de Pâque. Un jour, il m'avait demandé si Jésus avait passé, avec ses<br />

discip<strong>les</strong>, d'autre Pâque que celle, tragique, <strong>à</strong> Jérusalem. Le texte de Saint Marc<br />

contient la réponse <strong>à</strong> cause de l'extraordinaire précision du verbe 'g: archomai =<br />

commencer' : <strong>les</strong> champs-de-blé commençaient <strong>à</strong> être mûrs, voici la fête des<br />

moissons !<br />

ABIATHAR<br />

L'hébreu m'a expliqué l'histoire d'Abiathar. Lévite, il est fils d'Akhimélek<br />

(donc de race royale ?) et père de Jonathan. Il est ainsi prêtre et chargé<br />

notamment de porter l'arche d'Alliance. Ses origines familia<strong>les</strong> ont préparé en lui<br />

deux qualités qui l'ont transformé en homme politique : sa fidélité <strong>à</strong> David et,<br />

quoiqu'il arrive, une obéissance inconditionnelle au roi. Il eut donc un destin<br />

assez particulier. Le hasard politique l'associe <strong>à</strong> Sadoq (son père : Akhitoub; son<br />

fils : Akhimaas) et fit que <strong>les</strong> deux pères (Abiathar + Sadoq) travaillèrent<br />

ensemble aux services secrets de David. Celui-ci <strong>les</strong> envoya <strong>à</strong> Jérusalem pour<br />

s'infiltrer comme conseiller auprès d'Absalon (... un fils de David qui avait des<br />

différents avec son père). Les deux fils (Jonathan + Akhimaas) restaient en<br />

dehors de la ville, assez loin pour n'être point faits prisonniers. Dès qu'une<br />

décision stratégique était prise ou qu'une information politique importante était<br />

connue de Houshai, conseiller intime d'Absalon, celui-ci la faisait transmettre <strong>à</strong><br />

l'un des deux prêtres; une servante apportait leur message <strong>à</strong> l'un des deux fils,<br />

au-dehors de la ville, et le courrier était acheminé par la course pour informer<br />

David. Bref, entre David et son fils Absalon, c'était la guerre et il y eut divers<br />

combats. La scène finale devient bur<strong>les</strong>que : 'Or Absalon était monté sur un<br />

mulet et le mulet arriva sous le branchage d'un grand chêne. Sa tête se prit <strong>dans</strong><br />

le chêne et il resta suspendu entre ciel et terre, cependant que le mulet qui était<br />

sous lui passait outre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 23 -<br />

Un homme l'aperçut et en informa Joab...'Pourquoi ne l'as-tu pas frappé sur le<br />

champ ?' ... L'homme dit <strong>à</strong> Joab : (jamais...) 'je ne porterais la main sur le fils du<br />

roi' (Absalon est le fils de David) ... Joab dit : 'Je ne vais pas hésiter...'. Il prit<br />

<strong>dans</strong> sa main trois épieux qu'il enfonça <strong>dans</strong> le cœur d'Absalon qui était encore<br />

vivant au milieu du chêne...' (II Samuel XVIII-9 <strong>à</strong> 15)<br />

L'hébreu reprit ensuite en un court résumé l'histoire d'Abiathar. Les<br />

événements continuaient sans cesse <strong>à</strong> apporter des scènes hors du raisonnable et<br />

David vieillissait. Un de ses fils, nommé Adoniah, pose sa candidature pour<br />

succéder <strong>à</strong> son père et entre en pourparlers avec Joab et avec Abiathar. Ceux-ci<br />

se rallient <strong>à</strong> lui. Comme tout se sait, Bethsabée réagit et veut imposer Salomon,<br />

le fils qu'elle eut avec David. Discussions diverses. David utilise Sadoq (resté<br />

fidèle) comme chargé de mission : le prêtre Sadoq oindra Salomon comme roi<br />

d'Israël après l'avoir fait monter sur la propre mule de David pour aller <strong>à</strong> Gihon<br />

(I Rois I-33). Tout se déroule comme prévu (I Rois I-44) en l'absence<br />

d'Abiathar, passé au parti ennemi (= avec Adoniah). Mort de David. Salomon<br />

s'assied sur le trône de son père. Bethsabée fait parler Adoniah. Salomon<br />

réplique avec vigueur <strong>à</strong> son frère : 'Tu veux la royauté et tu as déj<strong>à</strong> pris le prêtre<br />

Abiathar et Joab... tu as parlé au prix de ta vie...'. Alors Salomon fit tuer<br />

Adoniah. 'Au prêtre Abiathar, le roi (= Salomon) dit : 'Va-t'en <strong>à</strong> Anatoth (= ville<br />

sacerdotale), sur tes terres, car tu es digne de mort; mais, en ce jour, je ne te<br />

mettrai pas <strong>à</strong> mort car tu as porté l'Arche d'Adonaï-YHVH devant mon père<br />

David et tu as été associé <strong>à</strong> tout ce dont mon père a eu <strong>à</strong> souffrir.' Salomon<br />

expulsa donc Abiathar, pour l'empêcher d'être encore prêtre aux yeux de YHVH,<br />

afin d'accomplir la parole que YHVH avait dite contre la maison d'Eli <strong>à</strong><br />

Silo.' (I Rois II-26 et 27).<br />

Abiathar est parti en exil, mais l'hébreu resta auprès de moi pour m'expliquer :<br />

ce long récit n'a qu'un but : finir par l'évocation du commencement, la parole de<br />

YHVH dite <strong>à</strong> Eli. 'Ainsi a parlé YHVH : ... je me suis révélé <strong>à</strong> la maison de ton<br />

père, alors qu'en Egypte ils appartenaient <strong>à</strong> la maison de pharaon. Je l'ai choisie<br />

d'entre toutes <strong>les</strong> tribus d'Israël pour devenir mon prêtre, pour monter sur mon<br />

autel, pour porter l'éphod (vêtement sacerdotal) en ma présence... Pourquoi donc<br />

piétinez-vous mon sacrifice et mon oblation que j'ai prescrite... et pourquoi<br />

honores-tu tes fils plus que moi ? ...Ceux qui m'honorent, je <strong>les</strong> honorerai et<br />

ceux qui me méprisent seront avilis... il n'y aura jamais de vieillard <strong>dans</strong> ta<br />

maison... (le signe : mourir jeune ! L'hébreu m'a dit, ici, comment on avait vu<br />

<strong>dans</strong> tous <strong>les</strong> malheurs subis par Abiathar la réalisation de ce signe.) ...Alors je<br />

susciterai pour moi un prêtre(1) fidèle : il agira suivant ce qui est en mon cœur<br />

et <strong>dans</strong> mon âme et je lui bâtirai une maison durable.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 24 -<br />

Et il marchera en présence de mon oint tous <strong>les</strong> jours. Et il adviendra que<br />

quiconque sera resté en ta maison viendra se prosterner devant lui pour une<br />

obole d'argent ou une boule de pain. Et il dira : Daigne m'admettre <strong>à</strong> l'une<br />

des fonctions sacerdota<strong>les</strong> pour que je mange un morceau de pain.' (I<br />

Samuel II-27 <strong>à</strong> 36).<br />

Ainsi parla YHVH <strong>à</strong> Eli par la bouche d'un homme de Dieu, oracle de YHVH.<br />

Le grand-prêtre Abiathar est venu <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc pour<br />

rappeler cette prophétie, TRADITION ECRITE d'Israël.<br />

DAVID ET LES PAINS<br />

L'hébreu sourit, resta longuement silencieux, et, comme <strong>dans</strong> un souffle qui se<br />

voulait semblable <strong>à</strong> une voix arrivée hors des cieux (cfr : I-11), il parla<br />

l'Ecriture :<br />

'(Un jour il arriva que) David se cacha <strong>dans</strong> la campagne. Quand ce fut la<br />

néoménie (= la nouvelle lune), le roi (= Saül) s'assit <strong>à</strong> la table pour manger. Le<br />

roi s'assit sur son siège, comme chaque fois, sur le siège contre le mur... mais la<br />

place de David fut remarquée (car elle était vide). Saül ne dit rien ce jour-l<strong>à</strong>...<br />

Or, le lendemain de la néoménie, le second jour, la place de David était encore<br />

vide. (Saül questionne Jonathan, son fils : où est David ? Jonathan explique<br />

comment David s'en est allé <strong>à</strong> Beth-Lehem (= h: la maison du pain !) pour 'un<br />

sacrifice de famille'. Saül se met en colère' et Jonathan sut que c'était chose<br />

décidée de la part de son père (= Saül) de faire mourir David.' (I Samuel 24 <strong>à</strong><br />

34).<br />

'Le lendemain matin, Jonathan sortit <strong>dans</strong> la campagne au rendez-vous avec<br />

David' et il l'informe de la décision de Saül. (David) 'se leva et s'en alla, tandis<br />

que Jonathan rentrait <strong>dans</strong> la ville.<br />

David arriva <strong>à</strong> Nob chez le prêtre(2) Akhimélek (= le père d'Abiathar) et<br />

Akhimélek vint en tremblant <strong>à</strong> la rencontre de David. Il lui dit : 'Pourquoi es-tu<br />

seul et n'y a-t-il personne avec toi ?' (David explique : il a reçu un ordre du roi<br />

d'agir en secret; ses compagnons attendent <strong>à</strong> un endroit convenu. Puis David<br />

poursuit :) 'Et maintenant, qu'as-tu sous la main ? Même cinq pains donne-<strong>les</strong>moi,<br />

ou bien tout ce que tu trouveras'.' (I Samuel XX-35 <strong>à</strong> XXI-4).<br />

Ici, j'ai arrêté l'hébreu <strong>dans</strong> sa parole de l'Ecriture et je lui ai dit :<br />

- As-tu bien entendu ce que tu viens de lire ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 25 -<br />

- (lui :) Je ne comprends pas ta question... David demande du pain pour lui et<br />

ceux qui l'attendent. Il est normal qu'il demande "quelque chose <strong>à</strong> manger".<br />

- Voici : tu entends bien, mais tu ne comprends pas ! Combien de pains a<br />

demandés David ?<br />

- (lui :) Cinq ! Et quelque chose en plus.<br />

- Ne réalises-tu pas encore ?<br />

- (avec un large sourire, l'hébreu sut conclure :) "CINQ PAINS ET deux<br />

poissons..." (cfr : VI-38), telle sera la réponse faite au fils de David par ses<br />

discip<strong>les</strong>, un soir, alors qu'il y avait "une foule nombreuse". L'hébreu changeant<br />

sa voix, car il avait compris, reprit sa lecture de l'Ecriture :<br />

'...CINQ PAINS ou bien... ce que tu trouveras. Le prêtre répondit <strong>à</strong> David et<br />

dit : Je n'ai pas sous la main de pain profane; il n'y a que du pain consacré...'<br />

Alors le prêtre lui donna du pain consacré, car il n'y avait pas l<strong>à</strong> d'autre pain<br />

que le pain de proposition, celui qui est enlevé de devant YHVH, pour le<br />

remplacer par du pain chaud, 'le jour où on le reprend.' (I Samuel XXI-4 <strong>à</strong> 7).<br />

Un long silence vient <strong>à</strong> ce moment précis, puis l'hébreu : '... le jour où on le<br />

reprend...', c'est <strong>à</strong> dire "pendant le jour-du-sabbat = en tois sabbasin" (II-23).<br />

RETOUR VERS LES CHAMPS - DE - BLE<br />

Ainsi ai-je compris l'affaire des pains de proposition. David et ses compagnons<br />

étaient en chemin et David "eut-faim"; il était "<strong>dans</strong> le besoin" car il n'avait rien<br />

<strong>à</strong> donner <strong>à</strong> manger aux siens. Dans la 'maison° = g: oikos' de Dieu / je note que<br />

'oikos' est toujours, en Saint Marc, la maison avec la Présence de Dieu et que le<br />

texte a tenu, ici, <strong>à</strong> me le préciser <strong>à</strong> cause de la pré-éminence du pouvoir spirituel<br />

(= le Grand Prêtre) sur le pouvoir temporel (= le personnage de David) / celui-ci<br />

rencontre le grand-prêtre Abiathar. La Bible hébraïque dit simplement que<br />

Abiathar était prêtre... mais, comme David fut un très grand roi, j'accepte<br />

volontiers que Abiathar (avec Sadoq ?) soit reconnu grand-prêtre. Finalement,<br />

David mange <strong>les</strong> pains consacrés qui devaient rester exposés toute la semaine au<br />

Temple puis, au changement du sabbat suivant, étaient remplacés par des pains<br />

frais. Alors <strong>les</strong> pains de la semaine écoulée, rassis de huit jours (la semaine de<br />

sept jours complets + la veille du premier sabbat, jour de fabrication) pouvaient<br />

être mangés par <strong>les</strong> prêtres :<br />

David s'est rendu maître du pain consacré.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 26 -<br />

Lorsque Jésus et <strong>les</strong> siens passent par <strong>les</strong> champs-de-blé, <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> égrenent<br />

des épis, même un jour de sabbat. Paraphrasant la phrase dite par Jésus en forme<br />

de conclusion de la séquence :<br />

le grain/le pain arriva en raison de l'homme<br />

(au service de l'homme)<br />

et non pas :<br />

l'homme en raison du pain/du grain.<br />

Je lis la séquence :<br />

<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jésus se sont rendus maîtres des grains mûrs.<br />

EN CHEMIN<br />

Jésus et ses discip<strong>les</strong> sont en chemin en (II-23). Le mot 'chemin = g: odos' est<br />

ici <strong>à</strong> son premier emploi réel, car c'est un vrai chemin que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> sont en<br />

train de faire. Jusqu'<strong>à</strong> ce verset (II-23), le mot chemin n'est venu que deux fois,<br />

<strong>dans</strong> le prologue, par le moyen d'un écrit du prophète Isaïe (I-2 et 3). Voici donc,<br />

pour la première fois, le chemin. Le lexique a tenu <strong>à</strong> singulariser cet emploi (voir<br />

le mot faire), car il a noté l'unique emploi, <strong>dans</strong> tout le N.T., de l'expression 'g:<br />

odon poieo = faire un chemin'.<br />

Voir également le mot chemin.<br />

Lisant cette séquence, j'ai moi-aussi, égrenant quelques mots, commencé <strong>à</strong><br />

faire une théologie avec :<br />

chemin (II-23) David (II-25) <strong>les</strong> pains (II-26)<br />

Lecteur ! Tu connais l'importance du chemin, car il est <strong>à</strong> la fois l'obligation du<br />

mouvement lorsqu'on le suit "sur le chemin" (cfr : X-52) et l'offre d'aller de<br />

l'avant. Le chemin est la route pour s'en aller vers, et ce n'est pas le sentierhabitude<br />

que l'on façonne par l'aller et le retour. En mettant bout <strong>à</strong> bout depuis<br />

(I-2) jusque (XII-14) tous <strong>les</strong> morceaux du texte avec la présence du chemin, on<br />

lit comme un condensé du récit qui part de ces quelques épis égrenés en (II-23)<br />

pour aboutir au mot Vérité (XII-14). N'est-ce pas le plus beau de tous <strong>les</strong><br />

chemins ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 27 -<br />

Lecteur ! Tu iras en (X-47 et 48) car tu y as rendez-vous avec David. Et tu<br />

n'oublieras pas "de prendre des pains" (cfr : VIII-14) pour le chemin...<br />

Mais surtout tu retiendras que ce n'est pas Jésus qui fabrique un chemin pour<br />

que <strong>les</strong> autres le suivent. Ce sont "ses discip<strong>les</strong>", donc nous tous (toi avec moi)<br />

qui devons commencer "<strong>à</strong> faire un chemin" (II-23), car le chemin est conjoint <strong>à</strong><br />

la puissance, et ce mot est déj<strong>à</strong> la gloire de Dieu (voir la méditation sur X-37).<br />

Nous voici, dès ce début du texte, face <strong>à</strong> un embranchement VERS plusieurs<br />

chemins : la puissance - David - <strong>les</strong> pains. Chacun de ces chemins sera fait selon<br />

ton exégèse : travail - lecture - méditation - expérience vécue du texte. Mais, sur<br />

tout chemin, il faut d'abord marcher pour progresser.<br />

Or <strong>les</strong> pharisiens qui viennent <strong>à</strong> peine d'entrer <strong>dans</strong> le texte (II-16 et 18) sont<br />

déj<strong>à</strong> arrêtés par une question de rites. Ils demandent : Pourquoi FONT-ils le<br />

jour-du-sabbat ce qui n'est pas permis ? (II-24), car il n'est pas permis de faire<br />

un chemin, ni de marcher loin de chez soi.<br />

La réponse viendra <strong>à</strong> la sortie de Jéricho (X-46) car tu y verras "le-long-du<br />

chemin" un aveugle qui mendie. Il est l'allégorie du peuple d'Israël et sa vue a<br />

été en "s'assombrissant... car il-était ayant de-nombreux biens (= rites)" (X-22)<br />

et il a perdu la vue. Quelques instants avant Jéricho, il a demandé : quoi faire ?<br />

(X-17) et il n'a pas su faire puisqu'il a observé (X-20). De<strong>dans</strong> <strong>les</strong> champs-deblé,<br />

<strong>les</strong> pharisiens déj<strong>à</strong> demandèrent : 'Pourquoi faire ?' (II-24), alors que <strong>les</strong><br />

discip<strong>les</strong> de Jésus 'faisaient un chemin' (II-23).<br />

Tu peux vérifier, lecteur, que c'est bien toujours le même verbe 'faire = g:<br />

poieo'; et tu comprendras alors pourquoi l'aveugle-mendiant est ASSIS le long<br />

du chemin. Lorsqu'on se pose sans cesse des questions pour savoir 'pourquoi<br />

(ou) quoi... faire', on finit par ne plus rien (faire) et on devient aveugle et<br />

impotent ((= étant 'sans puissance', on reste 'le-long-du' chemin)).<br />

Alors, lecteur, veux-tu que, toi et moi, ensemble, nous nous mettions en<br />

chemin pour aller vers Jérusalem ? Peut-être y rencontrerons-nous la lumière ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

DESORMAIS...<br />

... il n'y aura plus<br />

mais il y aura :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 28 -<br />

ni purification,<br />

ni pains de proposition,<br />

ni prêtres :<br />

<strong>les</strong> grands-prêtres (sept emplois)<br />

puis : LE GRAND PRETRE (sept emplois)<br />

et encore : <strong>les</strong> grands-prêtres (sept emplois)<br />

... pour quel serment d'Israël ?<br />

AVEC SAINT IRENEE<br />

'La loi n'interdisait pas davantage aux affamés, le jour du sabbat, de prendre<br />

leur nourriture de ce qui se trouvait <strong>à</strong> leur portée; mais elle défendait de<br />

moissonner et d'engranger. Aussi le Seigneur rétorqua-t-il <strong>à</strong> ses discip<strong>les</strong>, sous<br />

prétexte qu'ils froissaient des épis pour <strong>les</strong> manger : "Vous n'avez donc pas lu ce<br />

que fit David quand il eut faim : comment il entra <strong>dans</strong> la maison de Dieu,<br />

mangea des pains de proposition et en donna <strong>à</strong> ses compagnons alors qu'il n'était<br />

permis d'en manger qu'aux prêtres seuls ?".<br />

(Saint Irénée fait ici la citation de Mt XII-3 et 4, et non pas de <strong>Mc</strong> II-25 et 26.)<br />

Par ces paro<strong>les</strong> de la Loi, il excusait ses discip<strong>les</strong> et laissait entendre qu'il était<br />

permis aux prêtres d'agir librement. Or, prêtre, David l'était aux yeux de Dieu<br />

quoiqu'il fût persécuté par Saül, car tout roi juste a le rang sacerdotal. (L'idée<br />

que <strong>les</strong> juifs se font du Messie n'est-elle pas <strong>dans</strong> cette identité du sacerdoce<br />

royal et de la royauté du prêtre : "Tout roi JUSTE a le rang sacerdotal" ?).<br />

Prêtres, tous <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> du Seigneur l'étaient aussi, eux qui n'avaient ici pour<br />

héritage ni champ ni maison, mais vaquaient sans cesse au service de l'autel et<br />

de Dieu. C'est <strong>à</strong> leur sujet que Moïse dit <strong>dans</strong> le Deutéronome, <strong>dans</strong> la<br />

bénédiction de Lévi : 'Celui qui dit <strong>à</strong> son père et <strong>à</strong> sa mère : 'Je ne t'ai point vu' et<br />

qui n'a pas connu ses frères et renoncé <strong>à</strong> ses enfants, celui-l<strong>à</strong> a observé tes<br />

commandements et gardé ton alliance' (Deutéronome XXXIII-9). (Cfr : <strong>Mc</strong> III-<br />

31 <strong>à</strong> 33 = "Et sa mère vient et ses frères...au-dehors" (il ne va pas <strong>les</strong> voir)-)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 29 -<br />

Quels étaient-ils, ceux qui avaient abandonné père et mère et avaient renoncé <strong>à</strong><br />

tous leurs proches <strong>à</strong> cause du Verbe de Dieu et de son alliance, sinon <strong>les</strong><br />

discip<strong>les</strong> du Seigneur ? C'est d'eux encore que Moïse dit : 'Ils n'auront pas de<br />

part d'héritage, car le Seigneur en personne sera leur part' (Deutéronome X-9)<br />

(Cfr : <strong>Mc</strong> X-17 = "... un-unique (homme)... l'interrogeait : 'Bon Maître ! Quoi<br />

ferai-je afin d'avoir-en-héritage la vie éternelle ?'.")<br />

Et encore :'Les prêtres lévites, la tribu entière de Lévi, n'auront ni part, ni<br />

héritage, avec Israël; <strong>les</strong> fruits offerts au Seigneur seront leur héritage, et ils <strong>les</strong><br />

mangeront' (Deutéronome XVIII-1) (Cfr : <strong>Mc</strong> II-14 = "Il vit Lévi... et lui dit :<br />

'Suis-moi !'.")<br />

... Ainsi donc, puisque <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> du Seigneur possédaient l'héritage lévite, il<br />

leur était permis, quand ils avaient faim, de prendre leur nourriture <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

champs...' (Saint Irénée : Contre <strong>les</strong> hérétiques IV-8.)<br />

AVEC SAINT LUC<br />

Relisant le passage similaire en Saint Luc (VI-1 <strong>à</strong> 5), j'ai noté de façon<br />

immédiate quelques différences :<br />

a) <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> "mangeaient" ces épis qu'ils ont "<strong>dans</strong> <strong>les</strong> mains".<br />

b) David est entré <strong>dans</strong> la maison de Dieu et a mangé sans qu'il y ait la<br />

moindre référence "au grand-prêtre Abiathar" (<strong>Mc</strong>-II-26). J'en déduis que, en<br />

Saint Luc, tout le monde mange ! (ce que ne précise pas Saint Marc).<br />

c) Et il n'y a pas le verset <strong>Mc</strong> (II-27) établissant la relation entre le sabbat et<br />

l'homme, ce qui supprime l'annonce (= la déduction, la conclusion) de <strong>Mc</strong> (II-<br />

28), lequel verset se retrouve en Lc (VI-5) : "Fils de l'homme = Seigneur... du<br />

sabbat". Le lecteur prêtera une grande attention aux trois points de suspension,<br />

car un mot a disparu : "... Seigneur, MEME du sabbat".<br />

Il s'agit, ici, d'une simple petite briquette façonnée avec l'argile du texte. Le<br />

lecteur saura la placer <strong>dans</strong> cette grande maison° que notre exégèse offre <strong>à</strong> Dieu.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 30 -<br />

Notes 1 et 2 : prêtre = Pages : 23 / 24<br />

Le mot grec est 'g: hiereus' et, <strong>dans</strong> l' A.T., Abiathar et son père Akhimélek<br />

sont simplement qualifiés comme étant l'un et l'autre prêtres.<br />

En Saint Marc, Abiathar est 'grand-prêtre = g: arch-hiereus' mais il faut<br />

noter que Abiathar devient la cause de l'emploi, pour la première fois, du mot<br />

'grand prêtre' <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc. Est-ce un sourire de ce texte car 'g:<br />

arche' est le principe, le fondement, la base, l'orthodoxie, comme doit être un<br />

grand prêtre; c'est aussi le commencement et Abiathar est au commencement de<br />

la présence du et des grands-prêtres en Saint Marc.<br />

A noter également la circularité :<br />

I-44 iereus montre-toi toi-même au prêtre<br />

et apporte au sujet de ta purification<br />

ce qu'a prescrit Moïse.<br />

II-26 arch-iereus ce que fit David<br />

au (temps du) grand-prêtre Abiathar<br />

<strong>les</strong> pains de proposition /..<br />

II-26 iereus ../ qu'il n'est pas permis<br />

de manger sinon aux prêtres.<br />

Il n'y aucun autre emploi de 'g: iereus = prêtre' <strong>dans</strong> le reste du texte; il n'y a<br />

pas non plus d'autre emploi pour 'g: pro-thesis = proposition' que cet emploi<br />

unique au centre du chiasme; enfin le mot 'g: katharismos = purification' n'est<br />

aussi employé que cette seule fois et ce, pour <strong>les</strong> règlements édictés par Moïse.<br />

Le verbe 'g: ex-estin = il-est-permis-de' est apparu en (II-24) <strong>dans</strong> la question<br />

des pharisiens sous la forme négative : pourquoi tes discip<strong>les</strong> font-ils ce qui n'est<br />

pas permis ? et Jésus parle d'une autre interdiction : le pain qu'il n'est pas permis<br />

de manger, proposant ainsi <strong>à</strong> notre méditation un chiasme :<br />

II-24 le jour-du-sabbat ce qui n'est pas permis<br />

II-26 <strong>dans</strong> la maison° de Dieu il n'est°° pas permis<br />

... avec, au centre, David et <strong>les</strong> pains.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> II - 31 -<br />

Ainsi je puis mettre côte <strong>à</strong> côte ces deux signes (g: semeiôn) qui<br />

accompagnent°° (cfr : XVI-20) cette exégèse :<br />

une circularité : un parallélisme :<br />

prêtre pendant le jour-du-sabbat<br />

Moïse (la Loi) ce qui n'est pas permis<br />

prêtre<br />

ET je lis :<br />

Grand Prêtre vers la maison° de Dieu<br />

(la Loi) il n'est pas permis<br />

Un jour viendra où, le jour-du-sabbat, vers la maison° de Dieu (Jérusalem, le<br />

Temple, le Sanctuaire), le Grand Prêtre fera ce qui n'est pas permis (cfr : XIV-<br />

63).<br />

'Alors je susciterai pour moi un prêtre fidèle<br />

Quiconque... viendra se prosterner devant lui... dira :<br />

Daigne m'admettre... pour que je mange un morceau de pain.'<br />

(I Samuel II-27 <strong>à</strong> 36)<br />

Un jour viendra où, <strong>dans</strong> "ma salle" (XIV-14) la Loi nouvelle sur le pain sera<br />

instituée par le "Fils de David".(X-47 et 48).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(III-1 <strong>à</strong> 6)<br />

La main desséchée<br />

Résolution de l'équation<br />

Avec Saint Hippolyte<br />

Avec Saint Irénée<br />

Annexe : Avec David<br />

LA MAIN DESSECHEE<br />

LA MAIN DESSECHEE<br />

_______________<br />

(Avant d'entreprendre la 'lectio divina' de cette séquence, je propose un mode<br />

opératoire nouveau : le texte va être lu selon son déroulement, la méditation<br />

arrêtant la lecture selon <strong>les</strong> mots ou <strong>les</strong> situations. Les mots exprimés avec une<br />

graphie spéciale font l'objet d'une note <strong>dans</strong> l'étude qui est 'Lectio Divina par<br />

verset'. Ces analyses ne sont pas reprises ici et ne serviront pas pour le<br />

commentaire qui suit.)<br />

1 Et il entra de-nouveau vers la synagogue. Et était l<strong>à</strong> un homme ayant la<br />

main desséchée.<br />

Le mot 'dessécher = g: xerainô' arrive pour la première fois, mais je note<br />

aussitôt qu'il y a, en tout, sept emplois pour xerino/xeros. Ceci n'est certainement<br />

pas neutre.<br />

2 Et on l'épiait (pour voir)...<br />

Verbe 'épier' = g: para-tereô'. C'est son unique emploi.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 2 -<br />

Il y a deux autres verbes avec même radical<br />

'g: tereô = faire-tenir' "Vous repoussez bien le commandement de Dieu afin<br />

de faire-tenir votre tradition" (VII-9).<br />

'g: syn-tereô = protéger' (Hérode) "craignait Jean... juste et saint. Et il le<br />

protégeait." (VI-20).<br />

Je suis très réservé sur ces trois mots. Les sujets de ces verbes sont des gens en<br />

qui je n'ai pas confiance :<br />

'on'(III-2) 'Hérode'(VI-20) pharisiens et scribes(VII-9)<br />

Tous ceux-ci fonctionnent en eux-mêmes <strong>à</strong> un niveau différent du mien. Eux,<br />

avec leur tradition, agissent ainsi parce qu'ils y trouvent avantage. Hérode sent<br />

l'ambiguïté de sa position.<br />

Et... 'on' ? Le pronom est anonymat; or, il n'est pas neutre, car il a déj<strong>à</strong> parlé<br />

lors de sa précédente manifestation <strong>dans</strong> le texte. C'était en (II-18) : "Et on lui<br />

dit : en-raison-de-quoi <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jean et <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> des pharisiens<br />

jeûnent-ils ?" (et on précise :) "or, (tes) discip<strong>les</strong> <strong>à</strong> toi ne jeûnent pas !". Ainsi,<br />

on lui a posé une question tendancieuse.<br />

Pour moi, on cache ceux-l<strong>à</strong> que je vais retrouver en (VI-20) et en (VII-9), c. <strong>à</strong><br />

d. Hérode et des pharisiens et scribes.<br />

Ici, je suis obligé de m'arrêter quelques secondes pour aller directement au<br />

verset (III-6) qui va terminer notre séquence : <strong>les</strong> pharisiens et <strong>les</strong> hérodiens y<br />

font conseil contre lui. Voici 'on' démasqué, sortant de son anonymat, tellement<br />

grande est sa rage contre lui ! Mais moi, j'admire, car par la seule lecture du<br />

verbe 'g: tereo', je fus conduit <strong>à</strong> voir Hérode et des pharisiens. Le sujet étant<br />

'on', il m'a été facile de <strong>les</strong> raccorder tous. Le texte en (III-6) est venu confirmer.<br />

3. Et il dit <strong>à</strong> l'homme ayant la main sèche :<br />

'Réveille-toi au-milieu !'...<br />

Pourquoi faut-il qu’ici il y ait une main sèche et non pas desséchée ?<br />

"Vers le-milieu" est ici <strong>à</strong> son premier emploi. Le lecteur se reportera <strong>dans</strong> le<br />

Lexique (tome III) au mot milieu et il y constatera la présence par cinq emplois<br />

de ce mot.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Les deux emplois extrêmes sont :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 3 -<br />

III-3 Jésus dit <strong>à</strong> l'homme :<br />

'Réveille-toi vers le-milieu'.<br />

-------------<br />

XIV-60 Et le Grand Prêtre,<br />

s'étant levé vers le milieu, interrogea Jésus.<br />

Alors le sens devient évident, car il y a l'opposition <strong>à</strong> Jésus pour <strong>les</strong> trois autres<br />

emplois du mot mesos :<br />

VI-47 la mer démontée<br />

VII-31 la Décapole, terre étrangère et païenne<br />

IX-36 eux qui se disputaient.<br />

Ici, en (III-3), l'homme est au-milieu de ceux qui épiaient = pharisiens et<br />

hérodiens (avec, certainement, pour <strong>les</strong> pharisiens, quelques scribes).<br />

La parole de Jésus adressée <strong>à</strong> l'homme prend toute sa puissance :<br />

Réveille-toi... = par deux fois, déj<strong>à</strong>, ce fut un geste-de-puissance : la belle-mère<br />

de Simon et le paralytique.<br />

... au-milieu = l'entourage hostile.<br />

Le défi est lancé, en parfaite connaissance des données. Et la parole est dite.<br />

Déj<strong>à</strong> le geste-de-puissance est risqué par "réveille-toi".<br />

4. Et il leur dit : le jour-du-sabbat...<br />

(encore un pluriel : tois sabbasin)<br />

...est-il permis de faire du bon ou de faire-du-mal,<br />

de sauver une âme ou de tuer ?<br />

Le verbe 'tuer' est, ici, <strong>à</strong> son premier emploi. Il vient en tout dix fois, cinq<br />

<strong>dans</strong> chaque partie. Or, il faut remarquer que, <strong>dans</strong> la première partie, il vient<br />

trois fois <strong>dans</strong> une prophétie, car il y a trois annonces de la Passion. Dans la<br />

deuxième partie, il vient quatre fois <strong>dans</strong> une prophétie, car il y a quatre fois le<br />

verbe 'tuer' <strong>dans</strong> la parabole de la vigne qui est annonce de la Passion. Ainsi,<br />

<strong>dans</strong> un dire prophétique, il y a sept fois le verbe 'tuer'. Sept = le serment, la<br />

certitude, l'obligation absolue, la prophétie des prophéties.<br />

Ici encore, je dois dire : hasard ? Mais j'écris : certitude !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Ceux-ci se-taisaient.<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 4 -<br />

Pourquoi ne disent-ils rien ? La question posée par quatre expressions devrait<br />

entraîner quelques commentaires. La Loi impose-t-elle de faire-du-mal ou du<br />

bon ? Pour quelle raison a-t-on rédigé la Loi ? Les mots essentiels du texte<br />

viennent d'être dits :<br />

l'enseignement = la synagogue bon/mal<br />

l'entendre sauver/tuer (une âme)<br />

l'action = épier soigner/accuser<br />

le voir<br />

Il y a, en outre, un certain croisement pour la succession <strong>dans</strong> le temps de<br />

l'apparition de ces mots. Dans l'ordre, on a :<br />

enseignement action action enseignement<br />

synagogue épier soigner accuser bon = mal<br />

sauver tuer<br />

Bientôt, nous apprendrons que 'on' représente <strong>les</strong> pharisiens avec <strong>les</strong><br />

hérodiens" (III-6). Donc, 'on' a deux personnalités entraînant des<br />

responsabilités, donc des comportements, en divergence :<br />

pharisiens le religieux = l'être<br />

hérodiens le politique = l'agir<br />

Bien entendu, rien, <strong>dans</strong> la réalité, ne doit séparer ce qui, ainsi exposé peut<br />

paraître trop schématique; mais <strong>les</strong> pharisiens et <strong>les</strong> hérodiens poursuivent<br />

vraiment deux buts différents. Ils ne peuvent avoir <strong>les</strong> mêmes positions sur ce<br />

qui leur est dit. La question posée par Jésus commence par "Est-il permis de...? "<br />

avec : "le jour-du-sabbat". C'est donc une question sur la loi religieuse.<br />

Les pharisiens et <strong>les</strong> hérodiens ne peuvent retrouver une cohésion entre eux<br />

que avec : "ceux-ci se-taisaient", car aucun d'eux ne peut répondre sans<br />

provoquer son partenaire. Un mot de l'un obligerait l'autre <strong>à</strong> préciser ou <strong>à</strong><br />

développer, pour situer l'écart entre <strong>les</strong> deux ou encore l'identité de chacun.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 5 -<br />

Il y a deux partis, l'un des pharisiens, l'autre des hérodiens et le texte n'a pas<br />

écrit 'quelques-uns des hérodiens qui étaient pharisiens' ou l'inverse. Il y a, <strong>dans</strong><br />

toute société, des impossibilités qui sont limites infranchissab<strong>les</strong>.<br />

Alors, "ceux-ci se-taisaient". La situation est bloquée et rien ne peut arriver.<br />

Donc "on épiait" plus intensément : que va-t-il faire ? Il a déj<strong>à</strong> parlé deux fois.<br />

Que fera la troisième parole ? ... car on se souvient : avec le paralytique qu’on<br />

avait amené par le toit, il avait dit trois paro<strong>les</strong> et, <strong>à</strong> la troisième, on avait été<br />

ridiculisé car l'autre avait levé son grabat et était sorti de lui-même. Celui que<br />

l'on avait eu tant de mal <strong>à</strong> faire entrer était "sorti en présence-de-tous" ! Ici, on<br />

se tait. Parlera-t-il une troisième fois ? Alors, "on l'épiait" encore plus.<br />

5. Et, <strong>les</strong> regardant-autour...<br />

Il a vu !... et il regarde-autour, car il est "vers le-milieu". Donc il a compris<br />

qu'en étant au-milieu, ceux qui sont "autour" sont ses ennemis. Il fait face, et le<br />

texte le montre nettement :<br />

..avec colère, contristé sur l'endurcissement de leur cœur, il dit <strong>à</strong> l'homme :<br />

Etends la main !<br />

Voici que l'expression "contristé sur l'endurcissement de leur cœur" rappelle la<br />

prophétie de Malachie : 'Voici, je vais envoyer Elie, le prophète... Il rétablira le<br />

cœur des pères vers leurs fils... afin que je ne vienne pas et ne frappe pas la terre<br />

d'interdit...'.<br />

Pendant ce temps, on l'épiait, lui qui est au-milieu; donc entouré par eux. Bien<br />

sûr, ils ont entendu et on sait qu'il est interdit de faire un travail le jour-dusabbat;<br />

surtout lorsque ce dernier mot est au pluriel.<br />

Peut-être ne se rend-on pas compte que, pensant ainsi, on frappe d'interdit en<br />

interprétant trop scrupuleusement la loi ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 6 -<br />

Et il l'étendit.. Et sa main fut restituée ?<br />

La structure du texte présente <strong>les</strong> diverses informations avec un style sobre et<br />

concis.<br />

La phrase comporte le sujet et le verbe d'état, sans aucun commentaire.<br />

Ceci me rappelle la première parole en Genèse I : Dieu parle, la chose arrive :<br />

Yehi ôr ! Va-yehi ôr.<br />

Arrive lumière ! Et arrive lumière.<br />

A peine le commandement est-il dit, que déj<strong>à</strong> il est créé. Ainsi le<br />

commandement <strong>à</strong> l'homme : "Etends la main !" réalise aussitôt la main étendue :<br />

"Et il l'étendit ". C'est donc comme un commandement de la Création : que la<br />

Création rénove cette main ! Et la Création fut rénovée pour la main. La parole<br />

de Jésus n'est pas parole humaine. Celui qui parle est Elohim, revenu depuis<br />

Genèse (I-1).<br />

Le mot 'g: apo-kath-histemi = restituer' arrive pour la première fois. Il<br />

paraîtra en tout trois fois, la troisième étant réservé <strong>à</strong> Elie en (IX-12). C'est peutêtre<br />

une confirmation apportée par le texte pour restituer cette séquence de la<br />

main desséchée <strong>à</strong> 'l'homme de Dieu' de l' A.T. (une formulation bien proche du<br />

Nom hébreu du prophète : Elyahou).<br />

6. Et, étant sortis...<br />

Voici la finale de la séquence. Malheureusement, nous ne pouvons la vivre car<br />

elle est trop violente. Ainsi, ils "sortent". Ceux qui jusqu'<strong>à</strong> présent se sont<br />

confinés <strong>dans</strong> l'anonymat du pronom indéfini 'on', ceux-l<strong>à</strong> qui - sans doute ? -<br />

ont arrangé la mise en scène de l'entrée insolite d'un paralytique, homme comme<br />

mort, arrivant du ciel au travers du toit, ceux-l<strong>à</strong> qui interrogent doucereusement<br />

sur <strong>les</strong> rites du jeûne, ceux-l<strong>à</strong> aussi qui ont fait cadeau au texte du verbe<br />

blasphémer, ne peuvent pas taire leur haine plus longtemps.<br />

Et pourtant, ils hésitent <strong>à</strong> rendre officielle leur position. L'ambiguïté consiste <strong>à</strong><br />

décider ailleurs sur ce que l'on pense ici. Alors, ils "sortent".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 7 -<br />

... <strong>les</strong> pharisiens aussitôt avec <strong>les</strong> hérodiens...<br />

Le texte dit leur identité, mais il n'a pu la dire que après avoir utilisé le verbe<br />

sortir. C'est ailleurs que ces gens vont révéler qui ils sont et, aussitôt, pourquoi<br />

ils sont sortis :<br />

donnaient conseil contre lui en-vue-qu'ils le perdent .<br />

Le récit m'a entraîné loin de la synagogue et, pour moi, ceci est un réveil<br />

brutal. Je n'ai pas entendu l'homme qui était infirme rendre-grâce une fois guéri.<br />

Je n'ai pas entendu la moindre parole dite face <strong>à</strong> la main tendue. Aurais-je mal<br />

écouté ?<br />

Alors, j'ai revécu le texte comme si j'étais aveugle, vivant <strong>les</strong> événements sans<br />

<strong>les</strong> voir, uniquement par <strong>les</strong> sons et <strong>les</strong> bruits.<br />

Jadis je fus <strong>dans</strong> la synagogue qui est maison d'enseignement. Il y avait des<br />

bruits divers, ceux habituels de quelques-uns réunis pour discuter l'enseignement<br />

ou régler quelque affaire entre juifs. Pourtant, quelques voix émergeaient,<br />

anonymes, égarées <strong>dans</strong> l'ensemble des présents et je crus entendre deux<br />

expressions fort voisines : "une main desséchée... une main sèche".<br />

L'homme entra <strong>dans</strong> la synagogue et un certain silence s'établit : 'on l'épiait".<br />

Et cet homme parla, avec un accent singulier. Sa voix était posée, calme et<br />

profonde. Il dit : "Réveille-toi vers le-milieu". Le malade était l<strong>à</strong>, immobile,<br />

surpris, sans voix, car je n'entendis rien. Tous l'entouraient d'une barrière de<br />

regards, d'une clôture de silence. La main desséchée occupait tout l'espace<br />

sonore, toute la synagogue avait été desséchée de tout bruit. On devait l'épier.<br />

L'homme parla d'une voix posée et calme : "... permis... du bon... du-mal... une<br />

âme ou de tuer ?".<br />

Et ce fut le silence : "Ceux-ci se-taisaient". Et la main desséchée pendait aumilieu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 8 -<br />

L'homme dit encore, avec sa voix profonde : "Etends la main !".<br />

Vers le-milieu, l'homme étendit la main ! Et la main était saine.<br />

Je ne sais plus ce qui se passa ensuite, sinon qu’aussitôt je fus bousculé et<br />

poussé par des pharisiens avec des hérodiens qui sortaient. Le bruit courut <strong>dans</strong><br />

toute la synagogue qu'ils allaient, ailleurs, faire un conseil.<br />

Est-il permis, le jour-du-sabbat,<br />

de faire conseil pour condamner un homme <strong>à</strong> mort ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

RESOLUTION DE L ' EQUATION<br />

Fonctionnement 1 :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 9 -<br />

incohérence ayant la main desséchée<br />

+<br />

crainte l'ordre : Réveille-toi ! vise d'abord <strong>à</strong> mettre l'homme <strong>dans</strong> une<br />

structure de pensée cohérente qui atténue sa crainte.<br />

+<br />

silence (il ne dit rien). Entendant l'ordre d'étendre sa main :<br />

Il l'étendit.<br />

aboutissent Et sa main fut restituée.<br />

Fonctionnement 2 = avec 'ON'<br />

pas d'incohérence Ils agissent toujours en référence <strong>à</strong> une stratégie bien définie.<br />

Voir 'on' aux passages qui précèdent.<br />

+<br />

crainte on l'épiait, ce qui indique une certaine crainte<br />

de ce qu'il va faire.<br />

+<br />

silence Ceux-ci se-taisaient.<br />

pas d'aboutissement Ils sortent pour faire conseil contre lui.<br />

Ils continuent <strong>à</strong> appliquer leur stratégie<br />

et, faisant conseil, ils ne font pas silence.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Analyse :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 10 -<br />

Le tableau ci-dessous propose une analyse des comportements. Il y aura <strong>à</strong> le<br />

méditer (en silence) tout en le suivant grâce aux commentaires qui suivent.<br />

LES DONNEES JESUS PHARISIENS / HERODIENS<br />

synagogue on l'épiait (= crainte)<br />

+<br />

sabbat réveille-toi eux épient<br />

+<br />

une main est-il permis de<br />

desséchée de faire du ceux-ci se-taisaient<br />

bon ? (leur silence)<br />

+ regard de colère<br />

trois paro<strong>les</strong> (silence de l'homme)<br />

+<br />

contristé de l'endurcissement<br />

= de leur coeur<br />

aboutissement aboutissement n'aboutit pas <br />

Etends la main ! =<br />

=<br />

le miracle<br />

donner conseil<br />

pour le perdre<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Commentaires :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 11 -<br />

On l'épiait... ceux-ci se-taisaient =<br />

Il y a leur silence, mais aussi le fait qu'ils regardent d'une manière<br />

singulière. Ceci est affirmé par le fait que le verbe épier ne se retrouve nulle part<br />

ailleurs <strong>dans</strong> le texte. on regarde avec attention ce qui va se produire : osera-t-il<br />

soigner ? Il ne s'agit pas d'aller jusqu'<strong>à</strong> guérir, ce qui serait un acte inspiré par<br />

Dieu. Celui qui soigne est, d'ordinaire, un médecin pour lequel l'acte de soigner<br />

est un travail. Or nous sommes un jour-de-sabbat et il y a l'obligation de<br />

sanctifier ce jour comme on sanctifie tous <strong>les</strong> sabbats (= la raison du pluriel)<br />

depuis qu'il y a des sabbats (= Genèse I).<br />

Nous sommes <strong>à</strong> la synagogue qui, sans être la Maison° de l'Eternel (Béni soit-<br />

Il !) est maison de réunion et d'enseignement. S'il ose soigner (= travailler), il<br />

effectue un travail et il le fait un jour-de-sabbat. En plus, il le fait devant tous<br />

(= comme un enseignement). Or, la toute première chose que nous avons apprise<br />

de lui, dès qu'il 'pénétra' <strong>dans</strong> le monde des juifs c. <strong>à</strong> d. "<strong>à</strong> Capharnaüm" (I-21),<br />

est qu'il "était en <strong>les</strong> enseignant comme ayant autorité et non pas comme <strong>les</strong><br />

scribes" (I-22). Donc, <strong>à</strong> présent, s'il se met <strong>à</strong> soigner <strong>dans</strong> une synagogue au<br />

jour-du-sabbat, c'est qu'il veut publiquement enseigner des nouvel<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> et<br />

autoritairement imposer de nouvel<strong>les</strong> interprétations de la Loi.<br />

Ces gens qui sont contenus <strong>dans</strong> 'on' sont tous ceux-l<strong>à</strong>, depuis toujours, qui<br />

appliquent la Loi et <strong>les</strong> Rites. Ils ont donc un fonctionnement double. Ils ont la<br />

crainte-curiosité de ce qui va se passer; ils ont la cohérence de leur stratégie -<br />

l'incohérence de leur propre violence (II-7). Ils se-taisent et leur silence bloque<br />

la situation. Si personne (Jésus ou le malade) ne bouge, il ne se passera rien. Or<br />

le malade n'est qu'un objet : une main desséchée, devenue une main sèche. (Dans<br />

une main desséchée, il y a la mémoire d'un mouvement = la main est devenue<br />

sèche, donc elle ne l'était pas au départ. Dans une main sèche, il y a un état sans<br />

aucune donnée sur l'état antérieur possible : est-elle sèche depuis toujours...<br />

comme un rocher est rocher depuis l'éternité des temps, donc le restera pour<br />

l'éternité d'éternité ?). Alors Jésus parle et la Parole de Dieu remet en route le<br />

fonctionnement de l'équation. La Parole est double et se présente : est-ce un des<br />

'signes = g: semeion' de l'inspiration sous une double alternative ?<br />

Est-il permis de :<br />

faire du bon faire du mal<br />

sauver une âme tuer ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Résultats :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 12 -<br />

1.- Le miracle a lieu et l'équation aboutit : "Et sa main fut restituée". Ceci se<br />

passe :<br />

a) le jour-du-sabbat =<br />

c. <strong>à</strong> d. le septième jour de Genèse I. La création progresse et rétablit l'ordre<br />

perturbé. La main qui fut "desséchée" et qui devint "sèche" est redevenue saine,<br />

comme elle fut crée en Genèse (I-26).<br />

b) <strong>dans</strong> la synagogue =<br />

un enseignement avec autorité est donné. Il est permis de faire-du-bon,<br />

supprimant l'incohérence de la main, d'ôter toute crainte <strong>à</strong> l'homme en le<br />

rétablissant <strong>dans</strong> la santé spirituelle de l'origine. Peut-être avait-il mal agi pour<br />

que sa main soit desséchée ? Cela venait-il de lui-même ou de ses parents, ainsi<br />

se demandent d'ordinaire <strong>les</strong> juifs ? La main guérie est signe visible de l'âme<br />

sauvée. Ceci rappelle le paralytique : "Tes péchés sont effacés" (II-5) entraîne :<br />

"Il fut-réveillé et aussitôt levant le grabat..." (II-12).<br />

2.- Les lois du texte offrent <strong>à</strong> mon admiration :<br />

<strong>à</strong> trois : il y a trois paro<strong>les</strong> de Jésus =<br />

III-3 Réveille-toi...<br />

III-4 Le jour-du-sabbat...<br />

III-5 Etends la main !<br />

Je puis écrire aussitôt : et, bien entendu, la troisième Parole de Dieu amène une<br />

nouvelle création de la main. Il n'y a pas eu simplement des soins (= "s'il le<br />

soignerait" ?), ni guérison (pouvant laisser quelque cicatrice témoin de ce<br />

dessèchement), mais "sa main fut restituée" c. <strong>à</strong> d. remise <strong>dans</strong> cet état qu'elle<br />

eut lorsqu'elle fut créée. Cfr : <strong>les</strong> deux autres emplois en :<br />

VIII-25 la vue de l'aveugle de Bethsaïde est restituée.<br />

IX-12 Elie en revenant restituera tout.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 13 -<br />

3.- La Présence de Dieu :<br />

Les trois paro<strong>les</strong> de Jésus sont paro<strong>les</strong> de Dieu, car au cœur de la première, il y<br />

a la signature de Dieu :<br />

III-3 egeire E I S to meson.<br />

Voir au lexique l'analyse du mot vers. L'approfondissement de la lecture par<br />

des travaux d'exégèse de plus en plus précis a permis d'exposer, ici, le sens de<br />

vers le-milieu. Ceux qui entourent sont des opposants : la mer qui s'agite / la<br />

Décapole qui le rejette / des discip<strong>les</strong> qui se disputent / une foule de grandsprêtres,<br />

d'anciens, de scribes avec le sanhédrin entier.<br />

Et voici que l'Eternel descend lui-même pour se mettre "au-milieu" de cette<br />

Parole... au-milieu d'eux.<br />

4.- L'équation :<br />

Elle reste <strong>dans</strong> une impasse pour ceux-l<strong>à</strong> qui sont obligés d'émerger de<br />

l'anonymat de 'on' : <strong>les</strong> pharisiens et <strong>les</strong> hérodiens.<br />

Dieu vient d'entrer au centre de la Parole, au-milieu d'eux tous. Alors ils<br />

sortirent (III-6).<br />

AVEC SAINT HIPPOLYTE<br />

J'ai lu : 'Et moi, Daniel, je fus seul <strong>à</strong> voir la vision (Daniel X-7)... Bien des<br />

gens, en effet, se trouvaient avec Daniel, mais ils ne furent pas favorisés de la<br />

vision. Ils n'en étaient pas dignes : mais un grand égarement fondit sur eux de<br />

crainte, ils s'enfuirent... et moi, dit-il, je restai seul. Je tombai le visage contre<br />

terre et voici comme une main (Daniel X-7 <strong>à</strong> 10) d'homme qui me toucha. Il<br />

dit : une main d'homme, et non encore un homme. Mais la main était déj<strong>à</strong> le<br />

signe de l'économie future(1).' (Hippolyte : Commentaire sur Daniel IV-38).<br />

L'expression 'économie future' désigne l'Incarnation. La main desséchée guérie<br />

par Jésus un jour-de-sabbat <strong>dans</strong> une synagogue est un signe de l'Incarnation.<br />

Les pharisiens et hérodiens font le seul signe dont ils disposent : ils sortent pour<br />

faire conseil afin de le perdre(2). Au signe unique divin de la main guérie<br />

étendue et saine, <strong>les</strong> juifs répondent par un-unique signe décrit pas TROIS<br />

mots.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 14 -<br />

Le texte de Daniel confirme aussitôt : et il me remit 'sur mes genoux et me dit :<br />

Daniel, homme de désirs, comprends <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> que je te dis et tiens-toi sur tes<br />

pieds, parce que je suis maintenant envoyé <strong>à</strong> toi... Et il me dit : Ne crains<br />

pas ! Daniel ! '(Daniel X-11 et 12)<br />

Poursuivant ma lecture du livre d'Hippolyte, je lis : '... c'est ensuite le<br />

Seigneur lui-même qui lui (= <strong>à</strong> Daniel) donna connaissance du reste. Il parle en<br />

effet ainsi : Et je vis, et voici une apparition comme celle d'un fils d'homme<br />

(g: uion anthropon) qui me toucha (Daniel X-16).<br />

Donc, la première fois, il s'agissait 'comme d'une main d'homme' et<br />

maintenant il s'agit 'd'une vision d'homme', car il fallait que la première<br />

manifestation du Verbe ne fût que partielle, et que la seconde fût celle de son<br />

Incarnation complète. (La première manifestation vient par une main, la seconde<br />

est celle d'un fils d'homme.) Le Verbe de Dieu était en effet annoncé comme un<br />

homme, <strong>dans</strong> la forme d'un homme, destiné <strong>à</strong> paraître un jour <strong>dans</strong> le monde en<br />

homme incarné ...' (Hippolyte : Commentaire sur Daniel IV-39)<br />

J'ai laissé Saint Hippolyte et je suis revenu au texte de Saint Marc. 'L'homme<br />

Jésus' vient de guérir une main desséchée (III-5) et cette main est la première<br />

manifestation du Verbe, car peu auparavant ce même 'homme-Jésus' vient de<br />

dire "que le Fils de l'homme est Seigneur, même du sabbat" (II-28). Entre <strong>les</strong><br />

deux versets (II-28) et (III-5), il y a tout juste la place pour décrire ce qui s'est<br />

passé <strong>dans</strong> la synagogue "le jour-du-sabbat', faisant ainsi arriver <strong>les</strong> deux<br />

manifestations l'une et l'autre au même moment : 'comme d'une main d'homme'<br />

avec 'une vision d'homme'.<br />

L'expression 'Fils de l'homme = g: uios tou anthropon' reviendra <strong>dans</strong> le texte<br />

ensuite pour six emplois successifs qui, tous, seront des annonces de la<br />

Passion, c. <strong>à</strong> d. préparant une septième arrivée en forme de serment : l'Eternel<br />

l'a juré <strong>à</strong> nos Pères, et pour cela, le Fils de l'homme a subi la Passion.<br />

AVEC SAINT IRENEE<br />

Je viens d'écrire, <strong>à</strong> propos du commandement de l'homme : "Etends la main !"<br />

en quoi il réalise aussitôt la main étendue.<br />

C'est un commandement de la Création : Que la Création rénove (= remette <strong>à</strong><br />

neuf, répare) cette main ! Et la Création fut rénovée (= réparée) pour la main.<br />

Celui qui parle n'est pas un-homme-Jésus, mais Elohim revenu depuis Genèse<br />

(I-1).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 15 -<br />

Alors j'ai lu : 'Ceux dont le Seigneur guérit la main desséchée et absolument<br />

tous ceux qu'il guérit n'échangèrent pas contre d'autres leurs membres nés du<br />

sein maternel dès le principe, mais recouvrèrent ces membres pleins de santé.<br />

Car l'artisan de toutes choses, le Verbe de Dieu, celui-l<strong>à</strong> même qui a modelé<br />

l'homme au commencement, ayant trouvé son ouvrage abîmé par le mal, l'a guéri<br />

de toutes <strong>les</strong> manières possib<strong>les</strong>, tantôt en restaurant tel ou tel membre<br />

particulier de la manière qu'il avait été modelé au commencement, tantôt en<br />

rendant d'un seul coup <strong>à</strong> l'homme une parfaite santé et intégrité afin de se le<br />

préparer en vue de la résurrection. Et, de vrai, quel motif aurait-il eu de guérir<br />

<strong>les</strong> membres de chair et de <strong>les</strong> rétablir <strong>dans</strong> leur forme première si ce qu'il<br />

guérissait ne devait pas être sauvé ? Car, si l'avantage ainsi octroyé par lui n'était<br />

que temporaire, il n'accordait pas une bien grande faveur <strong>à</strong> ceux qu'il guérissait.<br />

Ou encore : comment <strong>les</strong> hérétiques peuvent-ils dire que la chair ne peut<br />

recevoir de lui la vie, alors qu'elle a reçu de lui la guérison ? Car la vie s'acquiert<br />

par la guérison, et l'incorruptibilité par la vie. Celui qui donne la guérison donne<br />

aussi la vie, et celui qui donne la vie procure aussi l'incorruptibilité <strong>à</strong> l'ouvrage<br />

par lui modelé.'<br />

(Irénée : Contre <strong>les</strong> hérésies V-12.6)<br />

J'ai lu encore : 'Ezéchiel dit, de son côté : La main du Seigneur (= YHVH)<br />

fut sur moi et le Seigneur (= YHVH) me fit sortir en esprit et me plaça au milieu<br />

de la plaine et celle-ci était remplie d'ossements. Il me fit passer près d'eux tout<br />

autour et voici qu'ils étaient en très grand nombre sur la surface de la plaine et<br />

tout <strong>à</strong> fait desséchés (g: xera). Et il me dit : Fils de l'homme, ces ossements<br />

revivront-ils ? Je répondis : Seigneur (YHVH), vous le savez car c'est vous qui<br />

<strong>les</strong> avez faits. Il me dit : Prophétise sur ces ossements et dis-leur : Ossements<br />

desséchés, écoutez la Parole du Seigneur (= YHVH) (g: ta ossa ta xera, akousate<br />

logon Kurion). Ainsi parle le Seigneur (YHVH) <strong>à</strong> ces ossements : Voici que je<br />

vais amener sur vous l'Esprit de vie; je mettrai sur vous des musc<strong>les</strong>, je<br />

ramènerai sur vous de la chair, j'étendrai sur vous de la peau, je mettrai en vous<br />

mon Esprit, et vous vivrez et vous saurez que je suis le Seigneur (= YHVH).'<br />

(Ezéchiel XXXVII-1 <strong>à</strong> 6)...<br />

Ainsi donc le Créateur vivifie dès ici-bas nos corps mortels comme il est<br />

loisible de le voir. Il leur promet de surcroît la résurrection... et il leur accordera<br />

l'incorruptibilité.'<br />

(Irénée : Contre <strong>les</strong> hérésies V-15.1)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 16 -<br />

Et j'ai trouvé, par hasard (?), cette phrase perdue <strong>dans</strong> un texte autre, mais la<br />

phrase hurla <strong>à</strong> mes oreil<strong>les</strong> :<br />

'Il en agit de la sorte non sans raison ni au hasard, mais afin de faire<br />

connaître la main de Dieu qui, au commencement, avait modelé l'homme.'<br />

(Irénée : Contre <strong>les</strong> hérésies V-15.2)<br />

Ainsi :<br />

... sont la preuve :<br />

la main de Dieu = le modelage de l'homme<br />

la main desséchée = avec : "Etends la main !"<br />

d e l a v i e<br />

(ou encore :)<br />

de la RESURRECTION.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

ANNEXE : AVEC DAVID<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 17 -<br />

J'ai lu au sujet de David :<br />

1.- 'Ipse enim verus David, manu fortis, verus humilis atque mansuetus, primus<br />

et novissimus : aeternitate primus, humilitate ultimus, per cujus oboedientiam<br />

humani generis culpa deleta, refusa institia est = car c'est bien lui David <strong>à</strong> la<br />

main forte, vraiment humble et doux, premier et dernier : premier par l'éternité,<br />

dernier par l'humilité, lui par l'obéissance de qui la faute du genre humain a été<br />

effacée, et la justice rendue.'<br />

(Ambroise : Apologie de David 81)<br />

2.- 'Non liquet quod etiam sanetum David fide nobilem, praestantissimum<br />

mansuetudine, manu fortem probare volerit ... = n'est-il pas clair que même un<br />

saint comme David, renommé pour sa foi, remarquable par sa douceur, David <strong>à</strong><br />

la main forte, Dieu a tenu <strong>à</strong> le mettre <strong>à</strong> l'épreuve...'<br />

(Ambroise : Apologie de David 9)<br />

3.- Alors, Jésus serait-il 'fils de David', puisque soucieux d'effacer la faute de<br />

l'homme en rendant la puissance <strong>à</strong> sa main ? Ou : dois-je me souvenir d'une<br />

autre citation par laquelle Jésus serait 'homme de Dieu' = 'Et voici que, par ordre<br />

de YHVH, un homme de Dieu arriva de Juda <strong>à</strong> Beth-El... Il cria : '... Voici qu'il<br />

naîtra <strong>à</strong> la maison de David un fils...'. Or, dès que le roi entendit la parole que<br />

l'homme de Dieu avait criée... Jéroboam étendit sa main... et (la main) se<br />

dessécha et il ne put la ramener <strong>à</strong> lui... Le roi prit la parole et dit <strong>à</strong> l'homme de<br />

Dieu : 'Daigne adoucir la face de YHVH ton Dieu et prie pour moi afin que ma<br />

main revienne <strong>à</strong> moi !'. Alors l'homme de Dieu adoucit la face de YHVH; la<br />

main du roi revint <strong>à</strong> lui et elle fut comme auparavant.' (I Rois XIII-1 <strong>à</strong> 6). Et<br />

c'est pourquoi je lis en Saint Marc : Et sa main fut restituée (III-5).<br />

4.- Ces diverses citations aboutissent <strong>à</strong> David et celle du livre des Rois devient<br />

accomplissement d'une prophétie : Voici le fils de David ! Relisant<br />

attentivement cette histoire de Jéroboam, j'entends l'homme de Dieu dire au roi :<br />

'Voici que l'autel va se fendre et que la cendre qui est sur lui va se répandre.' (I<br />

Rois XIII-3).<br />

En Saint Marc, eux voulaient savoir si Jésus oserait (blasphémer) le sabbat 'et<br />

on l'épiait (pour voir) s'il le soignerait le jour-du-sabbat' (<strong>Mc</strong> III-2).<br />

L'autel le sabbat<br />

se fendre se dessécher !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 18 -<br />

Note 1 : l ' économie future = Page : 13<br />

L'économie est un événement ou une suite d'événements que Dieu a ordonnés<br />

et fait arriver. Le plan de Dieu se révèle peu <strong>à</strong> peu aux hommes mis en face de<br />

ces réalités.<br />

'Le sens était donc, frères, que le mystère d'économie, c'était bien le Verbe,<br />

qui est arrivé, par sa naissance de l'Esprit-Saint et de la Vierge, le seul vrai Fils<br />

de Dieu. Et cela, ce n'est pas moi qui le dis, mais celui qui est descendu du ciel<br />

en rend témoignage en ces termes : 'Personne n'est monté au ciel, sinon celui qui<br />

est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui était <strong>dans</strong> le ciel'.'<br />

(Hippolyte : Contre <strong>les</strong> hérésies)<br />

Note 2 : sortant... conseil... perdre = Page : 13<br />

Cfr : (III-6)<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

(III-6)<br />

Les blés mûrs<br />

L'offrande parfaite<br />

Chronologie I<br />

Les Douze<br />

Jeûner ?<br />

Chronologie II<br />

LES BLES MURS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 19 -<br />

( LA PREMIERE PAQUE )<br />

_______________<br />

Relire, <strong>dans</strong> le chapitre 'Le grand prêtre Abiathar' (II-23 <strong>à</strong> 28), le paragraphe<br />

sur <strong>les</strong> blés mûrs avec sa conclusion : 'C'est pourquoi le verset (II-23) ne peut<br />

être situé que <strong>dans</strong> un temps juste avant la fête de Pâque'.<br />

L ' OFFRANDE PARFAITE<br />

Au verset (III-5); la main "restituée" m'a fait penser <strong>à</strong> cette main de l'Eternel<br />

qui est la Puissance de Dieu <strong>dans</strong> l' A.T.; Je me rappelle comment, en Exode<br />

(III-14), Elohim dit son Nom <strong>à</strong> Moïse : "Eheyeh asher Eheyeh", avec la<br />

Promesse : 'C'est mon Nom pour toujours et c'est mon titre de génération en<br />

génération' (Exode III-15).<br />

Aussitôt, Dieu dit sa miséricorde : 'Je vous ai réellement visités et je sais ce qui<br />

vous est fait en Egypte. J'ai dit : 'Je vous ferai monter de l'humiliation d'Egypte<br />

vers le pays du cananéen... (Exode III-16 et 17)... Je (= YHVH) sais bien que le<br />

pharaon, roi d'Egypte, ne vous permettra pas de partir, sinon par l'intervention<br />

d'une main forte. Mais J'étendrai LA MAIN et je frapperai l'Egypte par tous<br />

<strong>les</strong> mirac<strong>les</strong> que j'accomplirai en son sein, après quoi il (= le roi d'Egypte) vous<br />

renverra. (Exode III-19 et 20).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Lecteur ! Sois attentif !<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 20 -<br />

a) C'est ici la première fois, <strong>dans</strong> le livre de Moïse, que l'Eternel annonce un<br />

geste qu'il n' a jamais fait jusqu'ici : étendre la main.<br />

b) Le mot 'g: cheir = main' se trouve <strong>dans</strong> le passage de la Septante, comme <strong>dans</strong><br />

le texte de Saint Marc.<br />

c) Et il y a aussi :<br />

Septante = kai ekteinas ten cheira<br />

et j'étendrai la main<br />

<strong>Mc</strong> = ekteinon ten cheira<br />

Etends la main<br />

kai ekteinen...<br />

et il l'étendit...<br />

C'est bien la même expression avec le même verbe 'g: ek-teino = étendre'. Et<br />

voici que j'entends la séquence de la main desséchée avec une nouvelle<br />

puissance : c'est le même Dieu / YHVH / qui va accomplir son Nom tel Il l'a dit<br />

<strong>à</strong> Moïse :<br />

JE me ferai devenir JE me ferai devenir<br />

pour toi que pour toi<br />

E h e y e h asher E h e y e h<br />

Moi qui ai-foi, je proclame déj<strong>à</strong>, <strong>à</strong> ce point de mon analyse, combien je sais<br />

que Dieu - ou encore : son Messie , c. <strong>à</strong> d. lui-Incarné - va devenir l'agneau de<br />

l'offrande mystique pour la Passion de la prochaine Pâque.<br />

Alors, j'ai prêté une attention extrême au texte de Saint Marc dès le verset (III-<br />

1) : tous ceux-l<strong>à</strong> <strong>dans</strong> la synagogue ... le jour-du-sabbat (III-1 et 2) sont <strong>les</strong> fils<br />

d'Israël, ou encore <strong>les</strong> fils de Jacob, et je lis cet autre texte de l'Ecriture : 'Bénis,<br />

ô YHVH, sa puissance et agrée l'acte de ses mains...' (Deutéronome XXXIII-11)<br />

c'est la prière adressée par Jacob (= Israël) <strong>à</strong> Lévi (= <strong>les</strong> lévites, <strong>les</strong> prêtres).<br />

Aussitôt m'apparaît le verset précédent de ce même texte qui est l'offrande faite<br />

par <strong>les</strong> prêtres : '...ils mettront l'encens en ta narine et l'offrande parfaite sur ton<br />

autel' (Deutéronome XXXIII-10).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 21 -<br />

Dans le cas de la fête de Pâque, cette offrande parfaite s'appelle l'agneau<br />

pascal. En (II-23), nous étions <strong>dans</strong> un temps très proche d'une fête de Pâque; <strong>à</strong><br />

la prochaine Pâque, l'offrande parfaite sera le Messie, agneau de la Nouvelle<br />

Alliance : il sera immolé.<br />

L'offrande est prononcée déj<strong>à</strong> en (III-6) car "<strong>les</strong> pharisiens aussitôt avec <strong>les</strong><br />

hérodiens donnaient conseil contre lui en-vue-qu'ils le perdent". Cette phrase du<br />

texte est la première annonce en forme de dédicace du sacrifice. En elle-même<br />

elle aurait pu trouver place <strong>à</strong> d'autres endroits, pour terminer d'autres <strong>séquences</strong>.<br />

Il aurait été logique qu'elle vienne en conclusion de l'affaire du paralytique entré<br />

par le toit : logique pour le lecteur attentif <strong>à</strong> écouter le texte, mais illogique selon<br />

l'accomplissement de ce qui est écrit <strong>dans</strong> l' A.T.<br />

Les épis égrenés <strong>dans</strong> "<strong>les</strong> champs-de-blé" sont des épis mûrs et indiquent la<br />

proximité immédiate de la fête des moissons = fête de Pâque. Si Jésus est<br />

l'agneau, étant donné que l'agneau pascal doit être âgé de moins d'un an, il est<br />

impératif que l'annonce de l'offrande parfaite soit faite après (et non avant) le<br />

récit sur <strong>les</strong> épis de blé, apportant ainsi la preuve que dès le verset (III-6) Jésus<br />

est désigné comme offrande parfaite.<br />

A la prochaine Pâque (cfr : XIV-1) l'agneau nouveau sera âgé de moins d'un<br />

an car cela fera moins d'un an (selon notre exégèse) entre la tenue du conseil par<br />

<strong>les</strong> pharisiens et hérodiens (III-6) et la mort de Jésus (XV-37).<br />

CHRONOLOGIE I<br />

L'analyse ci-dessus permet de poser :<br />

II-23 <strong>les</strong> épis de blé sont mûrs<br />

III-6 pharisiens et hérodiens désignent la future victime<br />

(= l'agneau) pour la prochaine Pâque<br />

------------<br />

XIV-1 <strong>dans</strong> deux jours la fête de Pâque<br />

XV-37 mort de Jésus.<br />

Cette chronologie permet de confirmer : entre (III-6) et (XV-37), il s'est écoulé<br />

moins d'une année complète. Jésus est désigné en (III-6) pour être tué et il<br />

mourra en (XV-37); il aura été l'agneau pour l'offrande durant moins d'un an,<br />

conformément <strong>à</strong> ce qui est écrit au livre de l'Exode : 'Ce sera pour vous un<br />

agneau parfait, mâle, né <strong>dans</strong> l'année...' (Exode XII-5).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

LES DOUZE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 22 -<br />

Le mot 'g: dodeka = douze' est créé <strong>dans</strong> le texte seulement au verset (III-14)<br />

: "Et il (= Jésus) fit Douze (qu'il nomma aussi 'apôtres')." La place de cette<br />

séquence de la nomination des Douze est très importante puisqu’elle est au-del<strong>à</strong><br />

de (III-6) (= la première offrande de l'agneau) et bien au-del<strong>à</strong> de (II-23) (= <strong>les</strong><br />

blés mûrs); elle montre ainsi que <strong>les</strong> Douze n'ont pas vécu d'autre fête de Pâque<br />

avec Jésus avant la Pâque annoncée par le verset (II-23). Les apôtres n'ont, selon<br />

cette lecture, vécu avec Jésus qu'une seule fête de Pâque et des Azymes : celle<br />

qui fut tragique, <strong>à</strong> Jérusalem. (Le lecteur analysera pourquoi, s'il y avait eu une<br />

ou plusieurs fêtes de Pâque vécues ensemble, autre que la dernière <strong>à</strong> Jérusalem,<br />

le comportement de Jésus Messie eût été marqué d'incohérence.)<br />

JEUNER ?<br />

La réflexion chronologique sur le texte de Saint Marc démontre combien son<br />

calendrier est cohérent et précis liturgiquement. Aussitôt une question se<br />

manifeste <strong>à</strong> l'esprit : que signifie : "<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jean et <strong>les</strong> pharisiens étaienten-train-de-jeûner"<br />

(II-18) alors que d'autres hommes, tout aussi juifs comme<br />

sont <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jésus, "ne jeûnent pas" (II-18) ?<br />

L'hébreu m'a raconté :<br />

La veille de la Pâque, pour pouvoir faire honneur au repas de l'agneau, on<br />

ne doit plus rien manger avant la nuit. En effet, le commandement de manger le<br />

pain azyme et l'agneau rôti doit être accompli avec ferveur; il faut donc avoir un<br />

réel appétit, c. <strong>à</strong> d. le vrai désir de manger du pain non-levé. Ce pain-l<strong>à</strong> n'est pas<br />

donné <strong>à</strong> titre de punition et on ne doit pas le manger contraint et forcé; il doit<br />

être mangé <strong>dans</strong> la joie.<br />

Aussi certains juifs ne mangeaient plus rien dès midi et demi (= la sixième<br />

heure et demie) le quatorze nisan, veille de Pâque, afin de se mettre en condition<br />

pour le repas de l'agneau pascal la nuit suivante.<br />

La tradition orale disait que le roi Agrippa I, de la dynastie des asmonéens,<br />

respectait le jeûne <strong>à</strong> la veille de Pâque alors que, d'ordinaire, il mangeait <strong>à</strong> la<br />

neuvième heure.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 23 -<br />

Il y avait, en pratique, deux traditions entre <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> on pouvait hésiter : soit<br />

jeûner uniquement peu de temps avant le repas pascal afin de bien marquer une<br />

séparation et pour que la consommation de l'agneau, des herbes et du pain nonlevé<br />

ne semble pas venir en conclusion d'un repas profane qui se serait prolongé,<br />

soit jeûner <strong>à</strong> partir de midi et demi = la sixième heure et demie. Le texte de Saint<br />

Marc nous dit que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jean et <strong>les</strong> pharisiens jeûnaient suivant cette<br />

deuxième formule.<br />

L'analyse ainsi conduite pour le verset (II-18) le place <strong>dans</strong> un temps qui est <strong>à</strong><br />

proximité d'une fête de Pâque (voir ci-dessous 'chronologie II'). Plusieurs<br />

remarques se présentent <strong>à</strong> l'exégète :<br />

a) le verset (II-18) est <strong>dans</strong> un environnement pascal. Il n'était pas rituel de<br />

jeûner, sauf en de très rares occasions. Le jeûne(1) individuel était plus courant,<br />

pour marquer des instants plus particuliers <strong>à</strong> des individus, une famille, une cité<br />

ou un peuple.<br />

Celui qui lit le texte est donc frappé car ceux qui jeûnent sont deux groupes<br />

religieux : "<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jean et <strong>les</strong> pharisiens". Il s'agit donc d'un jeûne<br />

religieux <strong>à</strong> l'occasion d'une fête précise.<br />

b) le texte souligne une différence de comportement : <strong>les</strong> uns jeûnent et <strong>les</strong><br />

autres ne jeûnent pas, alors que <strong>les</strong> uns et <strong>les</strong> autres sont des juifs motivés<br />

religieusement. Donc le jeûne évoqué n'est pas fait en suite d'un commandement<br />

de la loi écrite.<br />

c) en reprenant <strong>les</strong> apports reçus précédemment, et puisque l'on est <strong>dans</strong> un<br />

temps préparant Pâque :<br />

discip<strong>les</strong> de Jean + discip<strong>les</strong> des pharisiens<br />

jeûnent dès la sixième heure et demie<br />

discip<strong>les</strong> de Jésus<br />

ne jeûnent pas marquant une simple séparation<br />

entre le repas profane qui précède<br />

et le rituel de l'agneau qui va suivre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 24 -<br />

d) ceux qui jeûnent sont deux groupes entre <strong>les</strong>quels nous ne connaissons pas<br />

d'alliance. "Les discip<strong>les</strong> de Jean" ne sont pas "<strong>les</strong> pharisiens", car le texte a pris<br />

soin de répéter, <strong>dans</strong> le même verset (II-18), en écrivant : "<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jean<br />

et <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> des pharisiens". On ne peut pas être disciple <strong>à</strong> la fois de deux<br />

mouvements - sauf exception que le texte précise en donnant un double nom <strong>à</strong><br />

une même personne.<br />

(Exemp<strong>les</strong> :<br />

Judas-Iskarioth : disciple des grands-prêtres et de Jésus<br />

Marie-Madeleine : s'offrant <strong>à</strong> Jésus et aux démons.)<br />

e) le verset (II-18) pourrait être rattaché au groupe des versets (II-15 <strong>à</strong> 17) au<br />

sens où le mot 'discip<strong>les</strong> = g: mathetes' y intervient pour la première fois pour<br />

désigner <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jésus et au sens où il y est déj<strong>à</strong> question de repas. Si<br />

l'idée force est 'publicains / pécheurs', le verset (II-18) doit être détaché.<br />

f) on voit alors apparaître un écart nouveau :<br />

publicains et pécheurs ) mangent<br />

Jésus et discip<strong>les</strong> ) ensemble<br />

Les scribes ont vu cela et disent :<br />

discip<strong>les</strong> de Jean et pharisiens ) ne jeûnent pas<br />

discip<strong>les</strong> de Jésus ) ensemble.<br />

"On vient et on lui 'dit'."<br />

QUI est 'on' ? Car la question que 'on' va dire est :<br />

dia ti oi mathetai Iôannou<br />

kai oi mathetai tôn pharisaiôn nesteuousin<br />

oi de soi mathetai ou nesteuousin<br />

que je lis :<br />

d'une part "<strong>les</strong> discip<strong>les</strong>" (Jean + pharisiens)<br />

puis "(tes =) <strong>à</strong> toi discip<strong>les</strong>".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 25 -<br />

Ainsi alerté, je suis revenu au lexique prendre <strong>les</strong> emplois avec "LES"<br />

discip<strong>les</strong> et j'ai re-gardé au texte grec :<br />

VIII-1 tous mathetas (il appelle <strong>les</strong> d.)<br />

VIII-34 sun tois mathetais (il appelle la foule avec <strong>les</strong> d.)<br />

IX-14 pros tous mathetas (ils viennent auprès de <strong>les</strong> d.)<br />

X-10 oi mathetai (interrogent Jésus)<br />

X-13 oi de mathetai (rabrouent Jésus)<br />

X-24 oi de mathetai (effrayés par ses paro<strong>les</strong>)<br />

------------<br />

XIV-16 oi mathetai (<strong>les</strong> deux d. vont apprêter la salle)<br />

D'où une structure remarquable :<br />

trois emplois + accusatif<br />

suivis de (deux fois deux) emplois + nominatif.<br />

Me retournant vers le texte grec du verset (II-18) :<br />

oi de soi mathetai ... = (tes =) discip<strong>les</strong> <strong>à</strong> toi<br />

je vois en l'expression 'oi de'(2) l'annonce de ce qui sera écrit au centre du<br />

chiasme avec 'mathetai', c. <strong>à</strong> d. aux deux versets (X-13) et (X-24). Il y a<br />

vraiment, <strong>dans</strong> ce texte, quelqu'un de très observateur et qui prend acte de tout; il<br />

voit, il profite de toute occasion, il note et explicite : c'est 'on' qui vient et dit<br />

que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jésus ne seront pas aussi inconditionnels et fidè<strong>les</strong> que le<br />

lecteur pourrait se l'imaginer. Déj<strong>à</strong> en (II-18) 'on' ose dire : 'oi de...' : ils te<br />

rabroueront et tu <strong>les</strong> effrayeras(3).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

CHRONOLOGIE II<br />

En conclusion, je puis écrire :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 26 -<br />

II-18 discip<strong>les</strong> de Jean et pharisiens jeûnent<br />

discip<strong>les</strong> de Jésus ne jeûnent pas<br />

= la préparation de la Pâque<br />

II-23 <strong>les</strong> épis de blé sont mûrs<br />

= la proximité de la Pâque<br />

III-6 pharisiens et hérodiens<br />

la désignation de la future victime<br />

= pour la prochaine Pâque<br />

III-14 Jésus fait <strong>les</strong> Douze<br />

-------------<br />

XIV-1 Dans deux jours : Pâque et Azymes<br />

XV-37 Mort de Jésus, le nouvel agneau.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 27 -<br />

Note 1 : le jeûne = Page : 23<br />

Sur le jeûne, j'ai lu le texte suivant qui part, d'abord, des rites du baptême :<br />

"Que le baptisant, le baptisé et d'autres personnes qui le peuvent jeûnent avant le<br />

baptême; mais ordonne au baptisé de jeûner un jour ou deux auparavant. Que<br />

vos jeûnes n'aient pas lieu en même temps que ceux des hypocrites ! Ils jeûnent<br />

en effet le deuxième et le cinquième jour de la semaine; vous donc, jeûnez le<br />

quatrième jour et le jour de la préparation." (Didachè 7,4 et 8,1).<br />

'préparation' = voir le verset (XV-42) : c' "était la préparation, c. <strong>à</strong> d. l'avantsabbat".<br />

'jour de jeûne' = c'est l'instauration du mercredi et du vendredi pour <strong>les</strong> judéochrétiens,<br />

se démarquant des pharisiens (lundi et jeudi). Se rappeler des rites du<br />

jeûne aux quatre-temps (= quatre fois l'an).<br />

'hypocrites' = voir le verset (VII-6) : "Vous, <strong>les</strong> hypocrites... ce peuple-l<strong>à</strong><br />

m'honore des lèvres" (... en jeûnant !).<br />

Note 2 : ' oi de ' = Page : 25<br />

Voir : 'L'UN des prophètes' (VI-15) en note 1 et voir 'L'UNIQUE des<br />

prophètes' (VIII-28) en note 2.<br />

Note 3 : effrayeras = Page : 25<br />

Que le lecteur ne se laisse pas entraîner <strong>à</strong> dépasser ce qui est écrit ! Il ne s'agit<br />

nullement d'une prédiction dite par 'on', mais plus simplement d'une prise de<br />

conscience du très (= trop ?) grand écart entre Jésus et eux. Passe encore qu'il<br />

enseigne "comme ayant autorité et non pas comme <strong>les</strong> scribes" (I-22); passe<br />

encore qu'il soigne "de nombreux mal portant aux maladies variées" (I-34);<br />

passe encore que - <strong>à</strong> la fois- il proclame "<strong>dans</strong> leurs synagogues" et qu'il le fasse<br />

"en chassant <strong>les</strong> démons" (I-39). Mais, qu'il guérisse "un lépreux" 'en le<br />

touchant' (I-41), qu'il "blasphème" en disant que le mal(ade) descendant du toit a<br />

l'effacement (de ses péchés) (et qu'il confirme aussitôt par une guérison), qu'il se<br />

conduise librement avec <strong>les</strong> rites juifs (manger avec des impies et ne pas jeûner<br />

comme <strong>les</strong> juifs pieux), cela est inadmissible.<br />

'On' est "stupéfié <strong>à</strong> propos de ses paro<strong>les</strong>" (cfr : X-24) et 'on' grogne<br />

sourdement (cfr : X-13) = 'on' a des réactions qui bientôt seront cel<strong>les</strong> des<br />

discip<strong>les</strong> (= X-13 et X-24). Alors, le texte le sent et sait le dire en faisant dire <strong>à</strong><br />

'on' : oi de (soi mathetai...). Le texte est vraiment très observateur !<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

(III-7 <strong>à</strong> 12)<br />

Présentation<br />

La police d'Hérode<br />

La précision du texte<br />

"Tu es le Fils de Dieu !"<br />

En Saint Matthieu ...<br />

Quelle conclusion ?<br />

PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 28 -<br />

L ' IDUMEE<br />

_______________<br />

Unique emploi de ce nom de lieu <strong>dans</strong> tout l' A.T. Une notice étymologique<br />

m'a présenté l'Idumée comme étant le pays d'Edom, relié <strong>à</strong> Esaü, le frère de<br />

Jacob : 'Comme Jacob faisait bouillir un bouillon, Esaü rentra de la campagne ;<br />

il était épuisé. Esaü dit <strong>à</strong> Jacob : 'Laisse-moi donc avaler ce roux, car je suis<br />

épuisé.' C'est pourquoi on l'a appelé du nom d'Edom.' (Genèse XXV-29 et 30).<br />

Dans le texte de Saint Marc, ces gens de l'Idumée ne seraient-ils pas épuisés,<br />

harassés, courbés par la fatigue et, "en-ayant-entendu autant-qu'il faisait" (III-8),<br />

ils viennent auprès-de lui afin "qu'ils le touchent" (III-10) pour être soignés et<br />

retrouver leurs forces ?<br />

Ainsi, j'ai lu encore : 'Sois contente et réjouis-toi, fille d'Edom, <strong>à</strong> toi on passera<br />

la coupe...' (Lamentations IV-21). Mais cette dernière citation tourne court et<br />

mène <strong>à</strong> un résultat inattendu car cette fille d'Edom tombe <strong>dans</strong> l'incohérence<br />

provoquée par l'ivresse : '... réjouis-toi, fille d'Edom... A toi aussi on passera la<br />

coupe, tu t'enivreras et tu te dénuderas !' (même référence). Le texte, en Saint<br />

Marc, termine pareillement <strong>dans</strong> l'ivresse des cris : "Et <strong>les</strong> esprits-impurs<br />

tombaient-devant lui et criaient en disant : 'Toi, tu es le Fils de-le Dieu !'." (III-<br />

11)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

LA POLICE D ' HERODE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 29 -<br />

Voil<strong>à</strong> déj<strong>à</strong> de nombreux mois, et j'ai marché le long de ce texte depuis la mer<br />

de Galilée jusque Jérusalem, revenant souvent sur mes pas, reprenant depuis le<br />

commencement, collectant de nombreuses questions, <strong>les</strong> conservant en mémoire<br />

pour le jour où je pourrais leur apporter une réponse. Or, ici, il y a l' Idumée, un<br />

nom propre venant <strong>dans</strong> le texte, inclus <strong>dans</strong> une énumération de lieux : la Judée<br />

avec Jérusalem, l'autre rive du fleuve, Tyr et Sidon.<br />

Toutes <strong>les</strong> cartes mentionnent l'Idumée loin au sud de la mer Morte, alors que<br />

nous sommes aux environs de Capharnaüm, avec "une nombreuse multitude de<br />

la Galilée" (III-7). Je ne peux donc pas accepter l'idée d'une Idumée aussi<br />

lointaine et paradoxale. Alors j'ai attendu de rencontrer un historien juif et je l'ai<br />

questionné. Voici ce qu'il m'a dit :<br />

'Pour maintenir (l'ordre <strong>dans</strong>) ces colonies éparses, César confia la tâche <strong>à</strong><br />

Hérode. Celui-ci installa, en pleine Trachonitide, une colonie militaire de trois<br />

mille iduméens. Hérode était lui-même issu de cette nation semi-nomade et<br />

pillarde. Il prévoyait que le brigand demeuré libre de ses incursions serait<br />

habilement surveillé, dépisté, contenu, pillé même au besoin, par le brigand<br />

devenu gendarme et cantonné <strong>dans</strong> son voisinage. De plus, l'iduméen possédait<br />

un entraînement spécial de montagnard et de partisan, qui dut beaucoup aider <strong>à</strong><br />

ses évolutions en Trachonitide.<br />

Hérode appela aussi, mais cette fois des environs d'Antioche, une espèce de<br />

cheikh juif émigré de la Babylonie. Ce personnage commandait <strong>à</strong> cent hommes<br />

de sa parenté et <strong>à</strong> cinq cents archers, tous étant cavaliers. Hérode se <strong>les</strong> attacha<br />

moyennant exemption de l'impôt et donation de terres. Il <strong>les</strong> établit autour de<br />

Bathyra, <strong>dans</strong> le territoire de la Batanée.<br />

Les deux troupes se complétaient <strong>dans</strong> un même genre de service. De part et<br />

d'autre, iduméens <strong>à</strong> pied et archers <strong>à</strong> cheval représentaient une gendarmerie de<br />

vive allure, mobilisable au premier signal, depuis longtemps dressée par <strong>les</strong><br />

chevauchées ou <strong>les</strong> escalades. Pour contenir le bandit ou pour le refouler parmi<br />

ses laves, le paysan devait passer la main <strong>à</strong> des coureurs de la montagne et du<br />

désert. L'inexpugnable position de la Trachonitide nécessitait<br />

exceptionnellement cette protection du sédentaire par le brigand devenu<br />

gendarme et poursuivant ses anciens confrères.'<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 30 -<br />

(Pour situer ces lieux, il suffit de savoir que Tyr et Sidon sont deux ports sur la<br />

Méditerranée et que la Batanée, puis la Trachonitide sont deux territoires <strong>à</strong> peu<br />

près sur le même parallèle que Tyr, mais de l'autre côté du fleuve Jourdain, donc<br />

au sud de Damas. Ainsi ces territoires sont occupés par des iduméens et<br />

l'énumération de Saint Marc situe parfaitement ces gens qui viennent auprès de<br />

Jésus,<br />

de l'Idumée de l'autre-rive de Tyr et de Sidon<br />

(rive gauche) le Jourdain (rive droite)<br />

Le nom de 'Trachonitide' vient de 'trachôn' qui veut dire 'pierraille', car il<br />

s'agit d'une monstrueuse coulée de lave, développée sur une longueur de 40<br />

kilomètres, du nord au sud, et d'une largeur de 30 kilomètres. Cette formidable<br />

pierraille offre partout des puits, des cachettes, des chambres, des couloirs, qui<br />

s'enfoncent <strong>dans</strong> ses profondeurs. Damas est au-del<strong>à</strong>, vers l'est.)<br />

LA PRECISION DU TEXTE<br />

Lecteur ! Revenons au texte, l<strong>à</strong> où nous avons trouvé la liste des lieux<br />

géographiques, <strong>à</strong> savoir et <strong>dans</strong> l'ordre :<br />

auprès de la mer le lieu où nous sommes<br />

Galilée )<br />

Judée (avec Jérusalem) ) le lieu d'où<br />

I d u m é e )<br />

autre-rive du Jourdain ) ils viennent<br />

autour de Tyr et Sidon )<br />

L'Idumée ne peut être cette province située en plein sud, au-del<strong>à</strong> de la mer<br />

Morte, sinon pourquoi <strong>les</strong> nabatéens ne sont-ils pas venus aussi ?<br />

La vallée du Jourdain est le grand fossé nord-sud; d'un côté, il y a la<br />

Trachonitide (= <strong>les</strong> laves en pierrail<strong>les</strong>), puis la Batanée (= <strong>les</strong> forces de police).<br />

Au-del<strong>à</strong>, c'est Damas, l'Assyrie, l'Inde et l'Orient lointain, ces pays d'où viennent<br />

tant de richesses en bijoux, tapis, épices et parfums. Les caravanes traversent<br />

Damas et passent aux sources du Jourdain, pour venir faire halte auprès du lac<br />

Hulé ou de la mer de Galilée, car ils sont pays riches en légumes frais et fruits et<br />

l'eau s'y boit toute fraîche, transparente et pure.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 31 -<br />

Autour de la mer de Galilée, il y a quelques 'vil<strong>les</strong>', c. <strong>à</strong> d. une concentration de<br />

population qui dépasse le simple village d'agriculteurs ou de pêcheurs. Les<br />

caravanes aiment s'y arrêter afin de réparer <strong>les</strong> fatigues de la traversée des<br />

déserts et des montagnes, après avoir subi la peur des pillards. Peu après, el<strong>les</strong><br />

repartiront en direction de la Méditerranée, vers <strong>les</strong> ports : Tyr, Sidon, ... car<br />

l'axe commercial parti des Indes va jusque vers la Grèce et Rome.<br />

Le texte de Saint Marc a bien précisé tout ceci lorsqu'il présente <strong>dans</strong> l'ordre de<br />

marche des caravanes :<br />

l'Idumée l'autre-rive du Jourdain Tyr et Sidon<br />

pays des iduméens la vallée la Méditerranée<br />

Au verset (III-7), nous sommes avec Jésus auprès de la mer (de Galilée). C'est<br />

le lieu de la halte pour ces caravanes, lieu de repos où l'on "soigne beaucoup"<br />

(cfr : III-10) toutes <strong>les</strong> "afflictions" ramassées en chemin. Et c'est aussi un lieu<br />

où ceux de Tyr et de Sidon viennent afin de commercer (= <strong>les</strong> produits importés<br />

d'Italie et d'Athènes).<br />

Il y a deux courants, deux flots de gens, qui se rencontrent ici, "auprès de la<br />

mer". D'ailleurs, le texte l'a dit, puisqu'il a précisé :<br />

"une nombreuse multitude" (III-7)<br />

polu pletos<br />

avant de présenter le courant en sens contraire :<br />

"une multitude nombreuse" (III-8)<br />

pletos polu.<br />

" TU ES LE FILS DE DIEU ! "<br />

Ayant ainsi parcouru <strong>à</strong> pied tout le verset (III-8), le lecteur "vint auprès-de lui"<br />

(III-8), ayant fait connaissance avec tous ceux de la "multitude nombreuse". Il<br />

sait pourquoi Jésus "en soignait beaucoup" (III-10) car "autant--qui avaient des<br />

afflictions se-précipitaient-sur lui". Et voici qu'il entend ce qu'ils criaient : "Toi,<br />

tu es le Fils de-le Dieu !". Alors, le lecteur a compris aussitôt. Ceux-l<strong>à</strong> qui seprosternent<br />

et crient si fort sont ces anciens semi-nomades, anciens pillards,<br />

venus de l'Idumée (ancienne) vers l'Idumée (nouvelle), afin de se mettre au<br />

service d'Hérode. Ils sont officiellement la force de police mais, réellement, n'y<br />

a-t-il pas parfois, parmi eux, quelques-uns (ou : "beaucoup"…?) qui, au soir<br />

venu, pillent <strong>les</strong> pillards et brigandent <strong>les</strong> brigands ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 32 -<br />

De toutes façons, l'ordre est respecté; la tradition vit toujours <strong>dans</strong> son calme et<br />

sa tranquillité.<br />

Et j'ai vu, en ces gens, comme des anciens, vivant par leur patrie de l'Idumée<br />

(= l'ancienne, puis la nouvelle) comme un même temps de mutation tel qu'il est<br />

arrivé pour Israël entre son ancienne et sa nouvelle Alliance.<br />

Mais : quelle est la sincérité de ces gens, pillards de l'Idumée ancienne, puis<br />

gendarmes pour l'Idumée nouvelle ?<br />

Alors : Jésus "<strong>les</strong> rabrouait beaucoup, afin qu'ils ne le fassent pas manifeste"<br />

(III-12).<br />

EN SAINT MATTHIEU<br />

Il m'a dit de comparer... et j'ai étudié <strong>les</strong> deux évangi<strong>les</strong> de Mt et de <strong>Mc</strong>,<br />

ramenés côte <strong>à</strong> côte, situés l'un par rapport <strong>à</strong> l'autre. En Mt, aussitôt après la<br />

séquence de la main desséchée, il y a :<br />

Mt XII-15 kai e - ko - lou - the - san autô pol - loi<br />

kai e - the - ra - peu - sen autous pan - tas<br />

Mt XII-16 kai e - pe - ti - me - sen autois<br />

i - na me pha - ne - ron auton poiesôsin<br />

et, en <strong>Mc</strong>, de même après la séquence sur le main desséchée, il y a :<br />

<strong>Mc</strong> III-7 kai polu plethos apo tes Galilaias ekolouthesen<br />

et une nombreuse multitude de la Galilée suivit<br />

<strong>Mc</strong> III-10 pollous gar etherapeusen<br />

car il en soignait beaucoup<br />

<strong>Mc</strong> III-12 kai polla epetima autois<br />

et il <strong>les</strong> rabrouait beaucoup<br />

ina me auton phaneron poiesôsin<br />

afin qu'ils ne le fassent pas manifeste.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

Analyse<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 33 -<br />

1.- Il y a trop de mots communs pour que ce ne soit pas intentionnel. C'est donc<br />

un emprunt conscient. L'auteur (Mt) veut reprendre le texte de <strong>Mc</strong>, mais il écrit<br />

<strong>dans</strong> un autre style, puisqu'il donne comme un texte rythmé par trois 'kai' +<br />

trois verbes avec des fina<strong>les</strong> musica<strong>les</strong> (= esan + usen + esen) + trois pronoms<br />

personnels (= autô + autou + autois) qui se prolongent vers un quatrième (=<br />

auton) pendant que <strong>les</strong> mots finaux (= polloi + pantas) se résolvent en<br />

'poiesôsin'.<br />

Une telle lecture musicale de Mt oblige le chanteur <strong>à</strong> une exégèse parallèle en<br />

<strong>Mc</strong>; et il entend alors : "polu... pollous... polla !".<br />

La conclusion vient par des mots identiques mais, comme souvent, avec un<br />

déplacement. Peut-être, est-ce une raison 'musicale' qui scande le quatrième vers<br />

du chant de Mt et exige le report de auton au-del<strong>à</strong> de phaneron ?<br />

2.- Me voici poussé <strong>à</strong> admettre que le texte de Mt a été composé après et audel<strong>à</strong><br />

du texte de <strong>Mc</strong>. Analysant la séquence de la syrophénicienne (en <strong>Mc</strong>), j'ai<br />

proposé de conclure <strong>à</strong> une indépendance entre la cananéenne de Mt et la<br />

syrophénicienne de <strong>Mc</strong>. Mais, ici, je prends acte que Mt a prélevé, depuis <strong>Mc</strong><br />

(III-7) jusqu'<strong>à</strong> <strong>Mc</strong> (III-12), <strong>les</strong> matériaux nécessaires pour construire ses deux<br />

versets Mt (XII-15 et 16).<br />

3.- Or il a laissé tomber l'Idumée. La raison m'en paraît évidente : il a lu la liste<br />

des provinces donnée par <strong>Mc</strong> (III-8) (Galilée - Judée avec Jérusalem - Idumée...<br />

puis le nord) et il n'a pas compris cette évocation lointaine d'une région presque<br />

trop proche de l'Egypte et sans aucun rapport avec une rive du fleuve Jourdain,<br />

rive que le texte de <strong>Mc</strong> oblige <strong>à</strong> franchir : "et de l'autre-rive du Jourdain".<br />

Alors, comme chaque fois qu'il ignore, Mt a supprimé.<br />

4.- En abandonnant l'Idumée, donc aussi <strong>les</strong> autres provinces, Mt laisse Tyr et<br />

tous ceux-l<strong>à</strong> "ayant entendu autant-qu'il faisait" (<strong>Mc</strong> III-8). Il néglige "<strong>les</strong><br />

esprits-impurs" (III-11) qui parlent en tombant-devant lui (III-11) et qui, de plus,<br />

ont l'air de dire la vérité... Bref, Mt amène son récit <strong>à</strong> un point interdisant tout<br />

renvoi <strong>à</strong> la syrophénicienne (voir lectio divina ci-dessous). Mt n'a plus aucune<br />

obligation de reprendre la syrophénicienne et (volontairement) il installe une<br />

cananéenne. Ceci devient une autre séquence.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


-<br />

QUELLE CONCLUSION ?<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> III - 34 -<br />

(Voici une hypothèse :)<br />

Saint Matthieu a eu en sa possession un exemplaire du texte écrit de l'évangile<br />

selon Saint Marc <strong>à</strong> partir duquel il a composé son propre texte. Saint Matthieu<br />

n'a pas respecté le fonctionnement du texte de saint Marc.<br />

Saint Matthieu lit, mais il ne reprend pas tout. Par contre, il se laisse<br />

surprendre par la musique de certains mots et il compose un chant (= texte<br />

mémorisable facilement) <strong>à</strong> partir des trois verbes.<br />

L'Idumée le surprend, comme elle a surpris d'autres lecteurs (puisque aucun<br />

des écrivains de N.T. n'osera s'en servir). En abandonnant, Mt néglige le sens<br />

des versets qui suivent : <strong>les</strong> afflictions de ces gens du voyage, <strong>les</strong> esprits-impurs,<br />

la raison des paro<strong>les</strong> qu'ils crient, tout cela échappe et le sens est perdu.<br />

La syrophénicienne devra, elle aussi, être délaissée et plus aucun auteur d'un<br />

texte du N.T. n'utilisera l'un ou l'autre des deux mots qui, ensemble, forment le<br />

titre de cette femme :<br />

'phénicienne = g: phoinikissa'<br />

'syrienne = g: syros'<br />

'syrophénicienne = g: syro-phoinikissa'<br />

(Pourtant, Saint Luc utilisera le mot 'g: syros' pour parler de Naaman-le-Syrien,<br />

en son verset (IV-27), unique emploi de tout le N.T. autre que celui en Saint<br />

Marc).<br />

Et vous dites : SYNOPTIQUES ? ..<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(IV-3 <strong>à</strong> 20)<br />

Présentation<br />

Les textes grecs<br />

Remarque sur le chant<br />

Analyse<br />

PRESENTATION<br />

" LA PARABOLE DU SEMEUR "<br />

_______________<br />

Ce dimanche, <strong>à</strong> la messe conventuelle, il y eut un choc violent lorsque fut<br />

entendue la lecture de l'évangile. C'était le texte de Saint Matthieu qui se termine<br />

par le verset (XIII-8) :<br />

" Or d'autres (grains) tombèrent <strong>dans</strong> la belle terre et donnèrent-du-fruit :<br />

celui-ci celui-l<strong>à</strong> celui-l<strong>à</strong><br />

cent soixante trente<br />

... pour UN."<br />

Le texte s'arrêtait ainsi : " ... POUR U N !", et cela surprenait car jamais il<br />

n'avait été entendu <strong>dans</strong> cette forme.<br />

Celui qui vit et habite <strong>dans</strong> le récit fut inquiet : il questionna et vérifia <strong>dans</strong> le<br />

livre liturgique. Le livre lui renvoya la question, mais amplifiée, car il y a :<br />

" ... POUR U N ."<br />

et il y a, de plus, la dégradation des nombres depuis cent jusqu'<strong>à</strong> trente<br />

(poursuivie jusqu'<strong>à</strong> l'unité) qui est le sens inverse de celui retenu par Saint Marc.<br />

Pourquoi ? Quelle explication ? Par quelle hypothèse ? Pour quelle raison<br />

Saint Matthieu et Saint Marc disent-ils la même chose (= <strong>les</strong> grains tombés <strong>dans</strong><br />

la terre) d'une manière inversée ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES TEXTES GRECS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 2 -<br />

Afin de pouvoir facilement situer chaque texte, voici l'un et l'autre versets où<br />

intervient l'énumération des trois nombres, d'abord en Saint Marc, puis en Saint<br />

Matthieu.<br />

<strong>Mc</strong> IV-8 kai alla epesen eis ten gen ten kalen<br />

Mt XIII-8 alla de epesen epi ten gen ten kalen<br />

<strong>Mc</strong> kai edidou karpon anabainonta kai auxanomena kai epheren<br />

Mt kai edidou karpon<br />

<strong>Mc</strong> en triakonta kai en exekonta kai en ekaton<br />

Mt o men ekaton o de exekonta o de triakonta<br />

<strong>Mc</strong> IV-20 kai ekeinoi eisin oi epi ten gen ten kalen<br />

Mt XIII-23 o de epi ten kalen ten gen<br />

<strong>Mc</strong> sparentes oitines akouousin ton logon<br />

Mt spareis outos estin o ton logon akouôn<br />

<strong>Mc</strong> kai paradechontai kai karpophorousin<br />

Mt kai sunieis os de karpophorei<br />

<strong>Mc</strong><br />

Mt kai poiei<br />

<strong>Mc</strong> en triakonta kai en exekonta kai en ekaton<br />

Mt o men ekaton o de exekonta o de triakonta<br />

Voici, enfin, la traduction des deux versets en Saint Marc :<br />

<strong>Mc</strong>-IV-8 "Et d'autres (grains) tombèrent sur la terre la belle et donnèrent du<br />

fruit en-montant et en-croissant. Et ils amenèrent<br />

l'un trente et l'un soixante et l'un cent.<br />

<strong>Mc</strong> IV-20 "Et ceux-l<strong>à</strong> sont ceux semés sur la terre la belle <strong>les</strong>quels entendent<br />

la Parole et l'accueillent-auprès et portent-du-fruit<br />

l'un trente et l'un soixante et l'un cent.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


REMARQUE SUR LE CHANT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 3 -<br />

J'ai entendu en moi le texte grec de Saint Marc scandé par le rythme des mots<br />

comme une hymne aidant ma mémoire :<br />

suivi de la strophe des trois nombres.<br />

kai al - la e - pe - sen<br />

eis ten gen ten ka - len<br />

kai e - di - dou kar - pon<br />

a - na - bai - non - ta<br />

kai<br />

au - xa - no - me - na<br />

Dois-je m'abandonner <strong>à</strong> des commentaires purement sentimentaux ? Cela<br />

plairait <strong>à</strong> l'imagination et se perd <strong>dans</strong> le flou de l'inconscient du rêve...<br />

Je ne puis retenir cette proposition <strong>à</strong> base harmonique.<br />

ANALYSE<br />

1.- Sur eis :<br />

(Voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot vers)<br />

une expression donner-du-fruit<br />

deux verbes monter-et-croître<br />

trois nombres trente - soixante - cent<br />

2.- Sur <strong>les</strong> nombres :<br />

(rappel)<br />

L'hébreu 'le-olam' apporte en lettres <strong>les</strong> chiffres :<br />

l = 30 / l = 30 / m = 40<br />

qui sont la série :<br />

30 30 + 30 = 60 30 + 30 + 40 = 100<br />

Cette remarque apporte une aide au texte de <strong>Mc</strong>, mais ne peut pas servir pour<br />

Mt dont <strong>les</strong> expressions numéra<strong>les</strong> vont <strong>dans</strong> l'ordre inverse.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 4 -<br />

3.- Sur le centuple :<br />

En Saint Marc, il y a la progression depuis trente au travers de soixante jusqu'<strong>à</strong><br />

cent. Aucun de ces trois nombres n'est cité ailleurs <strong>dans</strong> le texte et tout se passe<br />

comme si chacun était lié aux deux autres de même que la marche d'un escabeau<br />

ne peut aller ailleurs sans que l'escabeau soit déchu de son affectation et que la<br />

marche pérégrine redevienne simple morceau de planche.<br />

Or, il y a <strong>dans</strong> la zone finale de la première partie, la réapparition du mot 'cent<br />

= g: he-katon' <strong>dans</strong> une formulation resplendissante de valeur.<br />

Pierre dit : "Nous, nous avons tout laissé..." (X-28) et Jésus déclara : "... il n'est<br />

personne qui aura laissé (le trente et le soixante)... qui ne prenne le centuple :<br />

MAINTENANT, en ce moment..." (X-30).<br />

Ainsi ai-je entendu l'apothéose du CENT !<br />

4.- Une question de rendement :<br />

J'ai cherché longuement <strong>à</strong> comprendre la succession des nombres : trente,<br />

soixante et cent, mais j'ai aussi laissé la parole de Pierre investir mon esprit.<br />

Enfin, j'ai regardé <strong>dans</strong> l' A.T. qui, toujours, m'apporte quelque base solide,<br />

assise-fondement pour le texte de Saint Marc.<br />

Voici :<br />

I Rois (V-1 <strong>à</strong> 3) = 'Or Salomon dominait sur tous <strong>les</strong> royaumes... Ils apportaient<br />

un tribut et ils servaient Salomon tous <strong>les</strong> jours de sa vie. Le pain de Salomon<br />

pour un jour était de trente kors de fleur de farine et soixante kors de farine<br />

ordinaire (kors = mesure de volume), dix bœufs gras et vingt bœufs de pâturage,<br />

cent pièces de petit bétail...'. On traduit souvent l'expression 'le pain' par 'la<br />

nourriture, <strong>les</strong> vivres'.<br />

Le nombre des bêtes progresse de 10 <strong>à</strong> 20 pour aboutir <strong>à</strong> 100. Y a-t-il<br />

entraînement pour <strong>les</strong> grains (= la nourriture, le pain) depuis trente 'fleur de<br />

farine', de soixante 'ordinaire' vers cent en aliments de 'petite' qualité, selon <strong>les</strong><br />

rendements ?<br />

Je note surtout que, <strong>dans</strong> l'évangile, il y a une même pudeur pour désigner ce<br />

(grain) qui tombant <strong>dans</strong> la belle terre donne ces diverses qualités. Le verset (IV-<br />

8) dit en effet : "Et d'autres tombèrent..." sans préciser, ce qui me laisse la liberté<br />

d'interpréter <strong>les</strong> trois nombres comme des rendements ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 5 -<br />

La lecture attentive de Saint Marc me fait obligation d'appliquer <strong>les</strong> résultats<br />

de trente, soixante et cent aux seuls (grains) tombés <strong>dans</strong> la belle terre. En<br />

effet, auparavant, il y eut :<br />

du (grain) le long du chemin <strong>les</strong> oiseaux tout est dévoré<br />

du (grain) sur le rocher le soleil tout est brûlé<br />

Aucun de ces (grains) ne peut porter de fruit et seuls <strong>les</strong> autres (grains) tombés<br />

<strong>dans</strong> la belle terre peuvent fructifier en donnant "l'un trente et l'un soixante et<br />

l'un cent" (IV-20).<br />

5.- Sur la qualité :<br />

Revenant au texte du livre des Rois, je note la décroissance :<br />

fleur de farine farine ordinaire (-----)<br />

bœufs gras bœufs de pâturage petit bétail<br />

Et cette lecture m'offre aussitôt, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, le cent comme<br />

venant avec l'adjectif 'petit'. Le grand nombre devient pulvérisation de la qualité<br />

ainsi déj<strong>à</strong> que la poussière et la cendre me l'ont démontré. Plus je m'éloigne de<br />

l'Unique, plus je vais <strong>dans</strong> un monde fractionné, aux incohérences multip<strong>les</strong><br />

(= la cohérence, seule, est UNITE).<br />

6.- Sur (IV-20) :<br />

Longuement j'ai hésité sur ce verset... Pourquoi vient-il répéter <strong>les</strong> trois<br />

chiffres ? La séquence reprend, en expliquant, la parabole de (IV-3 <strong>à</strong> 10). :<br />

a) le (grain) le-long-du chemin la Parole<br />

<strong>les</strong> oiseaux Satan<br />

dévoré prise<br />

b) le (grain) sur le rocher la Parole<br />

le soleil joie d'un instant<br />

brûlé scandalisé<br />

c) le (grain) la Parole<br />

<strong>les</strong> épines inquiétudes et tromperies<br />

étouffé étouffée<br />

d) le (grain) la Parole<br />

fleur de farine 3 0 fleur de l'intelligence<br />

farine ordinaire 6 0 commentaires usuels<br />

tout mélangé 1 0 0 abondance de paro<strong>les</strong><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 6 -<br />

Alors je vois comment, avec prudence, j'ai qualifié 'le cent' laissant <strong>à</strong> chacun<br />

l'usage de son propre tamis pour séparer <strong>les</strong> qualités.<br />

Je comprends maintenant pourquoi on peut énoncer <strong>dans</strong> l'un ou l'autre sens la<br />

série des nombres 30 - 60 et 100. Pour le texte de Saint Matthieu, et s'il a<br />

connaissance de la raison des nombres, l'idéal et le mieux se situant <strong>à</strong> 30 (la fleur<br />

de farine) doit être l'aboutissement au troisième chiffre et viendra <strong>à</strong> la fin. Il écrit<br />

donc : cent, puis soixante, enfin trente.<br />

Saint Marc respecte l'ordre de l' A.T., ainsi qu'il est écrit au livre des Rois<br />

et il est obligé d'écrire : trente, puis soixante, enfin cent.<br />

6..- La Parole :<br />

Ainsi la Parole tombe en ceux-l<strong>à</strong> qui, comme la belle terre, sont disponib<strong>les</strong><br />

pour l'accueillir et qui "l'entendent". Elle va porter-des-fruits. Pour l'un, elle<br />

donnera trente en riches enseignements; pour l'un, elle sera soixante de<br />

commentaires; pour l'un enfin, elle lui procurera cent.<br />

Tout ceci, car "l'un... l'un... l'un..." (IV-8 et 20) est une manière d'écrire ce que,<br />

en français, nous marquerions par : l'un... un autre... un autre encore... (cfr : aux<br />

versets X-37 et XV-27).<br />

7.- 'Pour UN' :<br />

Saint Matthieu a choisi délibérément d'énoncer la série des nombres en sens<br />

inverse car il n'a pas tenu compte du texte du premier livre des Rois<br />

(S'adresserait-il <strong>à</strong> des lecteurs ignorants de ce livre ?) Il a alors lancé la lecture <strong>à</strong><br />

l'ambon vers une énumération descendante que le lecteur prolonge<br />

inconsciemment :<br />

cent soixante trente (pour) U N !<br />

C'est ainsi que j'ai entendu ce matin...<br />

8.- Synthèse :<br />

Saint Matthieu a volontairement choisi l'énoncé <strong>dans</strong> la décroissance. Je me<br />

suis alors représenté (= une hypothèse offerte au lecteur) le livre de Saint<br />

Matthieu comme un écrit correspondant au besoin précis et exprimé d'une<br />

communauté (= un groupe = des discip<strong>les</strong>) voulant poser leur nouvelle foi en<br />

face du monde cultivé mais païen. La décroissance tend vers l' Unité.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 7 -<br />

Le traducteur français du texte entendu ce matin a concrétisé la finale de la<br />

'courbe' en allant jusqu'<strong>à</strong> 'UN'. Partant de cent (= le nombre important, le<br />

pullulement des dieux païens), Saint Matthieu montre <strong>à</strong> tous ceux-l<strong>à</strong>, lecteurs<br />

nouveaux du texte, que tout converge vers l'Unique. L'écrit est conforme <strong>à</strong> ce<br />

que suggère l'hypothèse.<br />

Saint Marc reste <strong>dans</strong> sa structure de pensée; il écrit :<br />

selon l'Ecriture.<br />

trente soixante et cent<br />

Voil<strong>à</strong> le constat que j'offre <strong>à</strong> mon lecteur; tout cela, parce que ce matin, un de<br />

mes frères a lu, <strong>dans</strong> l'évangile, l'inattendu (= ce n'est pas <strong>dans</strong> le texte grec) de...<br />

. . . p o u r U N .<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(IV-35 <strong>à</strong> 41)<br />

Et le vent s'apaisa<br />

Lectio divina I<br />

Lectio divina II<br />

Lectio divina III = L U I<br />

Résolution de l'équation<br />

LECTIO DIVINA I :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 8 -<br />

ET LE VENT S ' APAISA<br />

_______________<br />

ET LE VENT S'APAISA :<br />

" ... il était <strong>dans</strong> la barque"<br />

(IV-36)<br />

"... et lui était <strong>à</strong> la poupe, en dormant sur le coussin."<br />

(IV-38)<br />

Qui donc est <strong>dans</strong> la barque ? Le texte a dit : "Ils", car j'ai lu : Ils le prennentavec<br />

(IV-36), puis aussitôt après : Ils le réveillent. (IV-38).<br />

Je retrouve "ils" qui marque, ici, la présence de ceux qui ont été choisis parce<br />

qu'ils étaient pêcheurs, sur <strong>les</strong> lèvres de la mer de Galilée, au début du premier<br />

chapitre.<br />

Lui qui dort "sur le coussin" est celui-l<strong>à</strong> même qui allait "cheminant le-long-de<br />

la mer" (I-16). Ce n'est donc pas un pêcheur de métier. Disons un peu comme un<br />

touriste, se promenant au bord d'un lac. Rien ne m'a dit qu'il fût spécialiste de la<br />

conduite des barques. Or, il dort, ce qui est sa façon de leur montrer sa<br />

confiance, car le sommeil est calme et tranquillité... Pourtant, il dort "<strong>à</strong> la<br />

poupe", prêt <strong>à</strong> prendre en main le gouvernail.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 9 -<br />

D'ailleurs, c'est LUI, ce passeur le long de la mer, qui <strong>les</strong> a choisis. Il sait ce<br />

qu'ils valent car, lorsqu'il passait, il a pu <strong>les</strong> voir travailler <strong>à</strong> leurs filets ou jetant<br />

l'épervier. Il faut savoir s'y prendre, sinon tout s'emmêle. Comme il <strong>les</strong> a appelés,<br />

choisis, désignés, il peut avoir confiance en eux : ils savent ce que c'est qu'une<br />

barque... Pourtant, il dort "<strong>à</strong> la poupe" ?<br />

Alors, QUI est-il, LUI ?<br />

Le texte est toujours précis et parle <strong>à</strong> ceux qui l'écoutent avec attention. Après<br />

que le silence sera revenu, dès que le vent et la mer cesseront leurs tourbillons<br />

de bruits, le récit changera, lui aussi, son rythme. Les phrases heurtées, mêlées<br />

des bruits des éléments et des paro<strong>les</strong> des hommes se présenteront (sous une<br />

autre° forme) simp<strong>les</strong>, courtes, laconiques :<br />

ce qui, traduit, est :<br />

Et le vent s'apaisa.<br />

Et arriva un grand calme.<br />

Et il leur dit°...<br />

(IV-40)<br />

kai eipen autois (IV-40)<br />

et cela, je l'ai déj<strong>à</strong> entendu :<br />

kai eipen autois (I-17)<br />

qui, en français, est :<br />

Et il leur dit° :<br />

'Venez° derrière moi...'<br />

(I-17)<br />

La permanence du grec donne le sens, mais aussi apporte une leçon. Il leur a<br />

dit jadis : "Venez° derrière moi..." et sans poser la moindre question sur l'insolite<br />

commandement "aussitôt, laissant <strong>les</strong> filets, ils le suivirent" (I-18). Il y a juste un<br />

petit moment, il vient de leur dire : Traversons vers l'autre rive (IV-35), puis il<br />

se met <strong>à</strong> la poupe, donc ils sont <strong>à</strong> l'avant, ou encore devant lui, ce qui n'est pas le<br />

suivre. Le texte commente alors : Et ils craignaient d'une grande crainte. (IV-<br />

41).<br />

Au début, ils marchèrent derrière lui, en toute confiance. Voici qu'ils sont<br />

devant lui, et ils craignent.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 10 -<br />

Et moi, voulant faire le passage (= la Pâque) en 'traversant' 'VERS l'autre rive<br />

= g: EIS to peran', je n'avais pas osé me mettre <strong>à</strong> l'avant, et je ne voulais pas me<br />

mettre <strong>à</strong> SES côtés. Alors, je marchais, légèrement <strong>à</strong> l'écart, <strong>à</strong> hauteur de la<br />

barque. Je n'ai jamais aimé que l'on me contraigne <strong>à</strong> monter° vers la barque (cfr :<br />

VI-45).<br />

LECTIO DIVINA II :<br />

J'ai vu Jésus "dormant sur le coussin", et eux tous <strong>dans</strong> <strong>les</strong> barques, réveillés<br />

<strong>dans</strong> leur conscience par cet amas des eaux ou encore des démons, puisque l'eau<br />

sera bientôt le refuge vers lequel s'élanceront <strong>les</strong> esprits-impurs entrés <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

porcs.<br />

J'ai entendu <strong>les</strong> hurlements du vent, des vagues, d'une légion de démons.<br />

IV-39 = Et, s'étant réveillé°, (Jésus) rabroua le vent et dit° <strong>à</strong> la mer :<br />

Tais-toi(1) ! Sois-muselée !<br />

Et ceci me rappelle :<br />

I-25 = Et Jésus le rabroua en disant :<br />

Sois-muselé ! Et sors hors°-de lui !<br />

C'était <strong>à</strong> Capharnaüm, <strong>dans</strong> une synagogue, le jour-du-sabbat et il avait parlé <strong>à</strong><br />

un "homme en esprit-impur".<br />

Les phrases se répondent en écho, depuis Capharnaüm <strong>à</strong> la maison de réunion<br />

des juifs jusqu'<strong>à</strong> la surface des eaux, domaine réservé pour ces esprits-impurs.<br />

Les fina<strong>les</strong> des <strong>séquences</strong> se renvoient l'une <strong>à</strong> l'autre.<br />

I-27 = Quoi est cette-chose-l<strong>à</strong> ? ... Il ordonne même aux esprits-impurs et<br />

ils lui obéissent !<br />

IV-41 = Quoi de fait celui-ci ? Que même le vent et la mer<br />

lui obéissent ?<br />

Alors, j'ai posé l'égalité :<br />

vent + mer = esprits-impurs.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 11 -<br />

L'une et l'autre <strong>séquences</strong> se terminent d'une façon identique : <strong>à</strong> Capharnaüm,<br />

le verset final de l'épisode dit :<br />

I-28 = Et la rumeur <strong>à</strong> son sujet sortit aussitôt partout<br />

vers le pays-d'alentour entier de la Galilée.<br />

Or, rien n'est dit du pays des géraséniens, quoique celui-ci fût bien proche,<br />

puisque vers "l'autre-rive de la mer". (V-1). La renommée ne s'étend pas au-del<strong>à</strong><br />

du lac.<br />

Lorsque Jésus reviendra en Galilée après l'affaire des porcs, il y aura : "une<br />

foule nombreuse s'assembla sur lui" (V-21). On l'attendait en Galilée, car sa<br />

renommée y était fort importante. Peut-être même avait-on vu, de loin, ce grand<br />

troupeau de porcs s'élancer <strong>dans</strong> la mer, du-haut-de l'escarpement ?<br />

Mais :<br />

QUI est LUI (= autô) <strong>à</strong> qui tout obéissait ?<br />

LECTIO DIVINA III :<br />

Données :<br />

(a) IV-35 Et il leur dit ... kai legei autois<br />

1 IV-36 Et, laissant la foule, ils prennent-lui (= auton)-avec..<br />

2 IV-36 Et d'autres barques étaient avec lui (= autou)<br />

- IV-37 -------------<br />

3 IV-38 Et lui (= autos) était <strong>à</strong> la poupe...<br />

4 IV-38 Et ils réveillent lui (= auton)<br />

5 IV-38 ... et disent <strong>à</strong> lui (= autô)<br />

- IV-39 -------------<br />

(b) IV-40 Et il leur dit° ... kai eipen autois<br />

6 IV-41 (ils se disent :)<br />

Quoi de fait celui-ci (= outos)... ?<br />

7 IV-41 Même le vent et la mer obéissent <strong>à</strong> lui (= autô).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANALYSE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 12 -<br />

1.- Au-del<strong>à</strong> des SEPT emplois pour 'LUI', il y a deux fois autois pour leur en<br />

(IV-35) et (IV-40). Le verbe n'est pas identique. Le premier dire est un ordre, le<br />

deuxième est un constat.<br />

2.- Le pronom 'LUI' devient le sujet du verbe au troisième emploi (= autos).<br />

Lorsque la foule prend-avec et lorsque <strong>les</strong> barques sont-avec, Jésus se laisse<br />

faire. En (IV-38), c'est volontairement qu'il agit ainsi : il devient sujet et il se met<br />

<strong>à</strong> la poupe. L'endroit de la barque a donc été choisi et décidé par lui : la poupe, c.<br />

<strong>à</strong> d. l<strong>à</strong> où est le gouvernail.<br />

Il était l<strong>à</strong> "en dormant sur le coussin" : il est évident qu'il a décidé d'utiliser le<br />

coussin; il est "en dormant", ce qui a une double interprétation :<br />

a) pour ceux qui sont <strong>dans</strong> la barque, comme tout homme (fatigué ou<br />

n'ayant pas <strong>à</strong> ramer), il s'endort : vision humaine.<br />

b) pour moi qui lis le texte, et <strong>à</strong> cause de autos devenu sujet, lui s'endort<br />

volontairement : vision mystique(2) de l'événement.<br />

3.- C'est donc au troisième emploi de ce pronom désignant Jésus que, sous la<br />

forme autos, il devient sujet d'un verbe.<br />

Déj<strong>à</strong>, au début, <strong>dans</strong> l'espace (I-3) <strong>à</strong> (I-8), j'avais noté une même situation car,<br />

lorsque pour la troisième fois le pronom désigne Jésus, il devient sujet : "lui<br />

vous baptisera..." (I-8).<br />

4.- Ensuite le pronom lui redevient complément : "ils réveillent lui", et il est<br />

celui qu'on réveille. Il est soumis au vouloir de la foule (IV-36), des autres<br />

barques (d°) et, ici, de ceux qui sont <strong>dans</strong> la barque (IV-39).<br />

5.- La forme autô vient en (IV-38) = ils disent <strong>à</strong> lui... et en (IV-41) = vent et<br />

mer obéissent <strong>à</strong> lui, car il leur a parlé. Le glissement de la parole d'un sens <strong>dans</strong><br />

l'autre me fait admirer la permanence de la forme de lui = autô.<br />

6.- Le texte, par son génie de la présentation, rapporte une question qui a un<br />

double sens :<br />

a) ils se disent <strong>les</strong>-uns-<strong>les</strong>-autres et la question s'entend : Qu'est-ce donc<br />

que cet homme avec cette puissance ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 13 -<br />

b) mais j'entends le mot <strong>à</strong> mot du texte : Quoi de fait celui-ci désigné par<br />

outos = celui-ci ?<br />

La présente exégèse est menée uniquement <strong>à</strong> partir des constats obtenus en<br />

(I-3) et en (I-8) <strong>à</strong> cause d'un déplacement de mots <strong>dans</strong> le texte d'Isaïe.<br />

7.- Mon lecteur, bien entendu, aura su interpréter le fait qu'il y ait, ici encore,<br />

comme <strong>dans</strong> l'espace (I-3) <strong>à</strong> (I-8), la manifestation du chiffre sept. Se réservant<br />

le pronom pour désigner uniquement Jésus = LUI, le chiffre sept montre que<br />

Jésus agit par serment envers eux (= leur) et que chacune des phrases contenant<br />

le pronom a été méditée, préparée, décidée, écrite conformément <strong>à</strong> la pensée (=<br />

l'Esprit) du Messie.<br />

8.- C'est pourquoi le point central du texte n'est pas la parole adressée au vent<br />

ou <strong>à</strong> la mer. Il est au lieu où le pronom devient sujet du verbe, donc se présente<br />

sous la forme 'autos', c. <strong>à</strong> d. en (IV-38).<br />

En se mettant <strong>à</strong> la poupe, en prenant le coussin et en s'endormant (= trois<br />

actions), Jésus qui est Dieu engage toute l'action. La barque vient d'atteindre la<br />

plénitude de son rôle avec son quatrième emploi : "la barque se remplissait",<br />

barque-limite qui va bientôt couler. Le style du récit se heurte de plus en plus :<br />

tourbillon - vent - vagues - se jeter<br />

et la barque numéro quatre se remplit. Alors le texte supprime le temps : "kai =<br />

et", ce qui instaure l'instantanéité. Et vient immédiatement le premier mot :<br />

"autos = lui".<br />

Ainsi ma lecture déplace ma lecture. J'avais aimé m'arrêter sur 'rabrouer le<br />

vent' et entendre "Sois-muselée !". Voici que ma foi déplace tout et va se blottir<br />

au creux de 'autos'.<br />

------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


RESOLUTION DE L ' EQUATION<br />

Fonctionnement I :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 14 -<br />

incohérence un grand tourbillon de vent<br />

<strong>les</strong> vagues se-jetaient sur la barque<br />

+<br />

crainte (ils) disent : "Maître, tu ne te soucies pas..."<br />

avec<br />

silence "dormant sur le coussin"<br />

puis<br />

la Parole "Tais-toi ! Sois-muselée !"<br />

aboutissent Et le vent s'apaisa... un grand calme...<br />

Le vent et la mer LUI obéissent.<br />

Fonctionnement II :<br />

incohérence un grand tourbillon de vent<br />

<strong>les</strong> vagues se jetaient-sur la barque<br />

+<br />

crainte (ils disent) : "Maître, nous sommes perdus..."<br />

mais pas de (ils parlent) : Tu ne te soucies pas...<br />

silence<br />

------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 15 -<br />

avec des (ils s'agitent !) : ils le réveillent<br />

mouvements<br />

(Pour réveiller Jésus qui dort, il leur faut faire grande agitation, car de simple<br />

paro<strong>les</strong> ne peuvent rien faire, alors que le vent et <strong>les</strong> vagues font un grand bruit :<br />

un grand tourbillon.)<br />

n'aboutissent pas<br />

(L'équation n'a pas de résolution, car ils sont agités et troublés, puisqu'ils<br />

viennent de dire :) Tu ne te soucies pas ! (donc, eux, ils sont très soucieux !)<br />

+<br />

crainte Et ils craignaient d'une grande crainte<br />

mais pas de (il y a une multitude de paro<strong>les</strong> :)<br />

silence "Et ils se disaient <strong>les</strong>-uns-avec-<strong>les</strong>-autres.<br />

ne réalisent pas Quoi de fait celui-ci ?<br />

l'intelligence ... même le vent et la mer LUI obéissent !<br />

des faits<br />

Analyse :<br />

1.- Cette finale montre que l'équation ne <strong>les</strong> mène <strong>à</strong> rien; ils n'ont pas bougé<br />

depuis le début et ils ne comprennent toujours pas. L'équation fonctionne bien,<br />

mais elle ne peut se résoudre. Pour eux, il n'y a aucun sens nouveau, aucune<br />

saisie de l'événement, aucune prise de conscience <strong>dans</strong> leur intelligence d'une foi<br />

nouvelle. Ils n'ont pas bougé, car ils n'ont pas compris.<br />

Pour me le faire entendre, le texte n'hésite pas <strong>à</strong> employer une formule<br />

singulière : "Quoi de fait celui-ci (= outos) ?".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 16 -<br />

2.- Je me souviens : naguère, "<strong>à</strong> Capharnaüm", je fus "<strong>dans</strong> la synagogue" (I-<br />

21) et Jésus enseignait. Un possédé était l<strong>à</strong> et criait. Jésus "le rabroua" (I-25)...<br />

comme il fit pour "le vent" (IV-39). Il lui disait : "Sois-muselé" (I-25 et IV-39).<br />

"Et tous°... discutaient entre eux-mêmes" (I-27) et disaient : "... même (<strong>les</strong>)<br />

esprits-impurs... LUI obéissent". (I-27).<br />

Il y a : 'LUI = g : auto' et il y a le verbe 'g : hyp-akouo = obéir'... même que<br />

ce dernier verbe aussi LUI obéit, puisqu'il vient uniquement <strong>à</strong> ces deux places de<br />

tout le texte de Saint Marc.<br />

3.- Je me souviens : un peu plus tard, '<strong>à</strong> Capharnaüm', je fus "<strong>à</strong> (la) maison°"<br />

(II-1). Il y avait tellement de monde "qu'il n'y avait plus de place, (même) auprès<br />

de la porte" (II-2). Par le toit, ils firent glisser un grabat avec un paralytique<br />

couché dessus, et Jésus l'a guéri. Les scribes étaient-assis et réfléchissaient "<strong>dans</strong><br />

leurs cœurs (II-6). Ils se disaient <strong>les</strong>-uns-<strong>les</strong>-autres : "Pourquoi celui-ci (= outos)<br />

parle-t-il ainsi ? Il blasphème !" (II-7).<br />

4.- Ils auraient dû se souvenir et comprendre, ceux qui sont <strong>dans</strong> des barques<br />

sur la mer. Ils auraient dû se rappeler Capharnaüm car, par deux fois au moins,<br />

il y a une certaine similitude <strong>dans</strong> <strong>les</strong> situations. Sur la mer, pour la troisième<br />

fois, quelque chose arrive qui a déj<strong>à</strong> été vécu... et cette troisième séquence<br />

n'aboutit <strong>à</strong> rien !<br />

Ceux qui montent en barque et qui sont des discip<strong>les</strong> ne diffèrent pas de tous<br />

ces juifs qui fréquentent <strong>les</strong> synagogues. Or, même <strong>les</strong> scribes n'ont pas réagi !<br />

5.- Ainsi la finale de la séquence aboutit <strong>à</strong> une impasse. Ceux-l<strong>à</strong> qui sont <strong>dans</strong><br />

la barque avec lui, et aussi tous ceux dont <strong>les</strong> "barques étaient avec lui" (IV-36)<br />

n'ont pas compris. Ils se montrent incapab<strong>les</strong> de changer. Lorsqu'ils sont seuls,<br />

ils ne peuvent pas (se) traverser (eux-mêmes) vers l'autre rive.<br />

Or, s'ils ne bougent pas, c'est peut-être qu'ils n'ont pas 'entendu' le tourbillon<br />

de vent, ni 'vu' <strong>les</strong> vagues se jeter-vers la barque. Peut-être aussi leur mémoire<br />

ne fonctionne-t-elle pas bien pour qu'ils ne se soient point souvenus de<br />

Capharnaüm ? Alors, une question se pose : voici des juifs qui ont le cœur<br />

endurci, fermé aux événements. En est-il ainsi pour ceux de l'étranger ?<br />

Il nous faut, aussitôt, aller "vers l'autre-rive de la mer, vers le pays des<br />

géraséniens". (Voir ci-dessous la lection divina pour la séquence (V-1 <strong>à</strong> 20).)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IV - 17 -<br />

Note 1 : Tais - toi = Page : 10<br />

Voir le chapitre : 'Celui-ci se-taisait' au verset (XIV-61).<br />

Note 2 : vision mystique = Page : 12<br />

LUI s'endort et se réveille quand il le veut. Cela annonce la parole du jeunehomme<br />

en (XVI-6) : "Vous cherchez Jésus... ? IL s'est réveillé !".<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(V-1 <strong>à</strong> 20)<br />

L'équation<br />

Résolution de l'équation<br />

L ' EQUATION<br />

Lorsqu'il y a :<br />

et qu'en plus il y a<br />

arrive toujours une<br />

VERS LE PAYS DES GERASENIENS<br />

RESOLUTION DE L ' EQUATION<br />

_______________<br />

'i n c o h é r e n c e + c r a i n t e"<br />

'l e s i l e n c e'<br />

c r é a t i o n<br />

1.- Fonctionnement I :<br />

incohérence (V-3 <strong>à</strong> 5) :<br />

Un homme avait son habitation <strong>dans</strong> <strong>les</strong> monuments° ... en se meurtrisssant<br />

lui-même avec des pierres<br />

+<br />

crainte (V-6) :<br />

se-prosterna-devant-lui... criant<br />

puis...<br />

pas de silence (V-7) :<br />

(discussion :) "quoi (entre) toi et moi...? Ne me tourmente pas !..."<br />

("Sors... hors de l'homme !... Quoi (est) ton nom ?")<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 2 -<br />

D'où :<br />

incohérence (V-9) :<br />

Il dit : "Légion mon nom, parce que nous sommes nombreux".<br />

mon = singulier --- nous = pluriel<br />

La situation est bloquée = 'incohérence + crainte + pas de silence'; donc rien ne<br />

va modifier l'incohérence, d'où le bruit de tant de supplications confirmant la<br />

situation d'incohérence :<br />

(V-10) = et il le suppliait (V-12) = et ils le supplièrent<br />

le singulier le pluriel<br />

avec des mots identiques.<br />

2.- La parabole :<br />

Pour éclairer le champ des relations, il est nécessaire qu'il y ait... un transfert :<br />

(V-12) = "Expédie-nous vers <strong>les</strong> porcs, afin que nous entrions vers eux."<br />

D'où la solution :<br />

(V-13) = "Il (le) leur concéda."<br />

Ceci réalise un ensemble de glissements :<br />

esprits-impurs ------> <strong>les</strong> porcs (et) le troupeau ------> <strong>dans</strong> la mer<br />

le pluriel le singulier<br />

3.- L'homme :<br />

Mais de l'homme, qu'advient-il ? L'homme suppliait Jésus afin que lui,<br />

l'homme, soit avec lui. Il ne le lui accorda pas, mais il lui dit (la parole de Jésus<br />

rétablit le fonctionnement de l'équation) :<br />

+<br />

la parole (V-19) :<br />

"Pars vers ta maison°... et annonce... autant-que le Seigneur a fait pour-toi."<br />

+<br />

le silence (V-20) :<br />

"Et il s'éloigna"; l'homme ne parlant plus, le texte l'enferme <strong>dans</strong> son silence,<br />

jusqu'<strong>à</strong> ce qu'il arrive auprès des siens.<br />

D'où :<br />

la création (V-20) :<br />

L'homme est transformé. Un homme nouveau a été créé, car il "commença <strong>à</strong><br />

proclamer <strong>dans</strong> la Décapole".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 3 -<br />

La situation initiale 'incohérence + crainte' une fois débloquée par le transfert<br />

'parabolique' (= en forme de parabole) des porcs <strong>dans</strong> la mer, introduit le silence<br />

de l'homme qui rentre auprès des siens et peut alors 'proclamer'. Ainsi est 'créé'<br />

un homme 'nouveau' semblable <strong>à</strong> un disciple.<br />

Le verbe proclamer me rappelle :<br />

(I-14) = Jésus... en proclamant le Message-Divin<br />

(I-38) = ... ailleurs... afin que... je proclame...<br />

4.- L'équation :<br />

Elle a bien fonctionné : d'un "homme en esprit-impur" (V-2) a été créé "celui<br />

qui-fut-démoniaque" (V-18). Or, c'était un étranger, puisque nous étions vers "le<br />

pays des géraséniens" (V-1). Le nouvel homme créé par Jésus 'proclame' et il le<br />

fait "vers la Décapole" (V-20), qui est un pays étranger.<br />

Le texte a commencé par "des géraséniens" pour finir par "la Décapole" = vers<br />

un pluriel de gens, puis <strong>dans</strong> le singulier d'une terre. L'univers de ce texte est un<br />

monde d'étrangers (pluriel) et c'est <strong>dans</strong> le pays païen (singulier) que l'on<br />

accueille le Message-Divin.<br />

5.- Fonctionnement II :<br />

incohérence (V-3) :<br />

Son habitation... <strong>les</strong> monuments°<br />

(<strong>les</strong> mots se heurtent)<br />

+<br />

crainte (V-4) :<br />

(ils veulent) le lier "avec des entraves et des chaînes"... et ... "le maîtriser"<br />

Or :<br />

l'absence :<br />

'Ils' ne sont pas l<strong>à</strong>.<br />

l'incohérence continue (V-14) :<br />

Ceux qui ont vu et sont <strong>les</strong> pasteurs du troupeau vont 's'enfuir et annoncer' (le<br />

choc des mots) ' vers la ville et vers <strong>les</strong> campagnes' (le singulier et le pluriel).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 4 -<br />

reprise de l'équation (V-14) :<br />

Et on vint voir ce-qui est arrivé (ce-qui, au sens littéral du texte, signifie que<br />

l'on va recommencer le jeu de l'équation : l'action recommence <strong>à</strong> un nouveau<br />

commencement).<br />

incohérence (V-15) :<br />

Ils considèrent<br />

le démoniaque assis + habillé + <strong>dans</strong>-son-bon-sens<br />

(le 'un' devient 'trois')<br />

+<br />

crainte (V-15) :<br />

"Et ils craignirent."<br />

et :<br />

pas de silence (V-16) :<br />

"Et ceux qui avaient vu leur racontèrent..."<br />

d'où :<br />

le refus (V-17) :<br />

"Et ils commencèrent <strong>à</strong> le supplier de s'éloigner° de leur région" = ils rejettent<br />

Jésus.<br />

et finalement :<br />

non-création (V-20) :<br />

"Et tous s'étonnaient" = il y a une incompréhension en chacun.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(V-21 <strong>à</strong> 43)<br />

Une femme<br />

Talitha qoum<br />

Sur le verbe accompagner<br />

Sur le verbe connaître<br />

La femme liée au sang<br />

La femme est une juive<br />

Allégories de l'Alliance<br />

Les rites et la Loi<br />

Son (ou) (ses) vêtement(s)<br />

Comment ils tombent<br />

La jeune fille et Gethsémani<br />

La jeune fille et la Passion<br />

Or lui, <strong>les</strong> ayant tous chassés...<br />

Annexe : Le chemin de perfection<br />

UNE FEMME<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 5 -<br />

" DEUX FEMMES "<br />

_______________<br />

21 Et comme Jésus avait-fait-la-traversée... de- nouveau vers l'autrerive...<br />

Il y a une redondance, puisque faire la traversée est aussi aller vers l'autre rive.<br />

Jésus est (humainement) un israélite ou encore un homme du passage, de la<br />

traversée. La préposition 'vers = g: eis' alerte le lecteur : Dieu accompagne, car<br />

le passage vers l'autre rive a lieu en vue de grandes choses.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 6 -<br />

... une foule nombreuse...<br />

C'est l'apparition d'une formule qui, <strong>dans</strong> la suite du texte, est l'indice que<br />

l'événement est très lourd d'allégorie théologique. J'y vois presque comme une<br />

foule nombreuse des hommes, l'humanité, mais ici c'est une foule <strong>à</strong><br />

prédominance juive, car il y a Jaïre.<br />

... s'assembla sur lui.<br />

La foule vient sur cette rive nouvelle. Elle ne dit rien et ne fait aucun bruit<br />

autre que celui de son rassemblement. Elle se-tait et ne pose aucune question. La<br />

symbolique de l'eau (= la traversée, la rive) apporte la disponibilité. Ce sont des<br />

gens libres, prêts <strong>à</strong> tout.<br />

Et il était le-long-de la mer.<br />

Comme en (I-16), lorsqu’il vit et appela <strong>les</strong> quatre pêcheurs.<br />

22 ... Jaïre... le voyant... tombe <strong>à</strong> ses pieds et le supplie...<br />

Jaïre est chef-de-synagogue, donc juif. Plus tard, il y aura une femme<br />

syrophénicienne qui "tomba-devant <strong>à</strong> ses pieds" (VII-25), mais il y aura une<br />

différence, car la femme questionne. La syrophénicienne n'est pas juive et l'écart<br />

des verbes 'supplier - questionner' indique l'écart entre 'avoir-foi' et 'ne-pasavoir-foi'.<br />

24 Et il s'éloigna° avec lui.<br />

Côte <strong>à</strong> côte, Jésus et Jaïre, comme deux collègues ou confrères.<br />

Et une foule nombreuse le suivait...<br />

Il n'y a pas obligatoirement toutes <strong>les</strong> mêmes personnes que en (V-21). Donc<br />

certains viennent en arrière, et d'autres s'en vont ailleurs.<br />

... et on l'écrasait°.<br />

Le mot reviendra en (V-31) et permet de noter que désormais la foule<br />

nombreuse reste identique; tous ceux qui sont ici, en (V-24), vont se retrouver<br />

en (V-31).<br />

25 Et une-femme...<br />

Il y a une accumulation d'expressions qui définissent l'état actuel de cette<br />

femme :<br />

"elle était... et avait... et avait...<br />

et n'avait été... ayant entendu... venant..."<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 7 -<br />

Cette femme est presque un objet que le sort ballotte de ci, de l<strong>à</strong>, car quand il y<br />

a un verbe marquant son agir, c'est pour décrire une action qui lui est imposée :<br />

avait beaucoup souffert - avait dépensé (parce qu'elle souffrait) - n'avait été<br />

aidée en rien (car elle avait dépensé) - ayant entendu (la rumeur vient <strong>à</strong> elle) -<br />

venant <strong>dans</strong> la foule "par-derrière" : comme atterrée, elle suit mais elle ne<br />

s'impose pas et ne se glisse pas devant. C'est pourquoi Jésus tout <strong>à</strong> l'heure se<br />

retournera (V-30).<br />

27 ...toucha son vêtement...<br />

Un acte volontaire : elle a osé toucher. Pour marquer son audace, le texte doit<br />

expliquer et entendre la raison que se donne la femme comme pour se justifier.<br />

28 Si° je touche du-moins ses vêtements...<br />

Elle a osé (<strong>à</strong> peine) toucher et ce fut "un vêtement". Comme pour se donner du<br />

courage, elle disait : "ses vêtements" avec le pluriel. Elle a effleuré <strong>à</strong> peine le<br />

vêtement de Jésus. Je me suis même laissé aller <strong>à</strong> penser que la femme a, peutêtre,<br />

si peu touché que l'ébauche de son geste a suffi, tellement le singulier a<br />

voulu s'imposer <strong>dans</strong> un acte où il aurait dû y avoir le pluriel.<br />

La femme touche le vêtement et prouve <strong>à</strong> elle-même la puissance d'un rite<br />

magique. Je me suis souvenu d'un texte de l'Ecriture :<br />

"Ainsi parle le Seigneur tout-puissant : 'En ces jours-l<strong>à</strong>, dix hommes de toutes<br />

<strong>les</strong> langues que parlent <strong>les</strong> nations s'accrocheront <strong>à</strong> un juif par le pan de son<br />

vêtement, en déclarant : "Nous voulons aller avec vous, car nous l'avons appris,<br />

Dieu est avec vous" '."<br />

(Zacharie VIII-23)<br />

Je mets ce texte <strong>dans</strong> ma mémoire (= Z-K-R) et je reviens <strong>à</strong> la femme. Elle est<br />

seule et se veut isolée et individuelle derrière la foule. La suite va dire combien<br />

cet acte eut de répercussions sur tous, puisque, en conclusion, elle "tombadevant<br />

lui et lui dit°toute la vérité" (V-33). La femme accomplit le geste de Jaïre<br />

et, comme lui, elle tombe face <strong>à</strong> "une foule nombreuse".<br />

Même faire le geste d'effleurer "par derrière... son vêtement" nous met <strong>dans</strong><br />

une situation nous obligeant <strong>à</strong> rendre un témoignage public.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 8 -<br />

33 Or la femme craignant et tressaillant, sachant...<br />

Voici que le récit recommence <strong>à</strong> décrire l'état de la femme :<br />

craignant... tressaillant... sachant...<br />

Comment le texte peut-il savoir ? A aucun moment nous n'avons entendu la<br />

voix de cette femme. En (V-28) "elle se disait" et c'est un commentaire, mais ce<br />

n'est pas un dire. Elle a effleuré le vêtement; effleurer, c'est <strong>à</strong> peine toucher, par<br />

derrière, très légèrement, cependant assurant un contact, même si léger soit-il.<br />

La femme ne dit rien. Pourtant, j'ai entendu parler :<br />

Jésus : "Qui a-touché mes vêtements ?" = le pluriel, donc il a ressenti le contact;<br />

il a été "touché". C'est le troisième emploi du verbe toucher, il y a une<br />

réalisation ou un aboutissement du geste. Jésus a été touché.<br />

ses discip<strong>les</strong> : "Tu regardes la foule qui t'écrase°" = reprise de la séquence avec,<br />

<strong>à</strong> l'identique, le verbe 'écraser°'<br />

"Et tu dis : qui m'a touché ? " = le quatrième emploi de toucher' : la plénitude<br />

du geste rituel.<br />

la foule : ne dit rien.<br />

...tomba-devant lui et lui dit° toute la vérité.<br />

Lorsque l'on se rappelle du commencement du récit, pour la femme (la fin<br />

renvoie au commencement), on lit :"une femme... était en écoulement de-sang<br />

(depuis) douze ans... et lui dit° toute la vérité."<br />

Voici que sont anéantis tous <strong>les</strong> aléas du sort : <strong>les</strong> qualificatifs des versets 25 et<br />

26; je <strong>les</strong> rappelle :<br />

était - souffert - dépensé - pas aidée - entendu - venant<br />

et pour finir : toucha.<br />

Le lecteur vérifiera, en comptant, qu'il y a sept références. La septième est<br />

'toucha'. L'acte de toucher, décidé librement par la femme, est comme un défi par<br />

serment lancé envers le sort. Continueras-tu <strong>à</strong> me faire subir ? J'ai-foi, alors je<br />

touche... et elle fut "saine de son affliction" (V-34).<br />

Voici que sont anéantis <strong>les</strong> verbes humains :<br />

enseignant... tressaillant... sachant...<br />

d'où elle vint... tomba<br />

et il y a cinq verbes amenant cette femme <strong>à</strong> retrouver sa pleine identité : la voici<br />

redevenue femme, pleinement, totalement, physiquement.<br />

Alors, qu'a-t-elle dit° avec "toute la vérité" ? Simplement qu'elle avait retrouvé<br />

sa pleine identité de femme et elle a dit° (= eipen) car il avait dit° (= eipen)..<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 9 -<br />

34 Pars vers (la) paix ! La femme est "saine" (V-34) et disponible...<br />

comme jadis fut disponible un certain Abram. Elle reçoit le même ordre par le<br />

même mot. Et ce n'est pas 'partons', ni 'suis-moi', car elle est totalement saine et<br />

elle a pleinement foi. La femme, comme Abram, est disponible : "Pars !".<br />

TALITHA QOUM<br />

35 Comme il parlait encore... Ou encore : alors que la séquence<br />

précédente était encore en mouvement, n'était pas terminée... La femme au sang<br />

vient d'être guérie et cette guérison est présente <strong>à</strong> l'esprit de tous. Voici que l'on<br />

vient pour lui dire : comme s'il y avait une relation entre cette guérison récente et<br />

la mort de la fille de Jaïre. La fillette ne serait-elle pas morte au moment précis<br />

où la femme touchait le vêtement ? La guérison de l'une ne nécessite-t-elle plus<br />

la guérison de cette fillette qui était-<strong>à</strong>-l'extrémité (V-23) ?<br />

Ta fille est morte. Pourquoi importunes-tu encore le Maître ? Que vient<br />

faire ici l'inattendu 'encore' ? C'est un mot étonnant au sens où Jaïre n'a rien dit<br />

depuis (V-23), sinon alors un dire de supplication. Il s'était alors éloigné° avec<br />

lui; il est donc resté <strong>à</strong> son côté puisque voici que l' "on vient" et puisque "or<br />

Jésus ayant surpris...". Jésus et Jaïre sont proches l'un de l'autre; sans doute, Jaïre<br />

se tient-il <strong>à</strong> côté de Jésus, cherchant <strong>à</strong> ne pas être éloigné de lui alors qu'il y a<br />

"une foule nombreuse" qui l'écrase°. Le sens de 'importunes-tu encore' ne peut<br />

être que <strong>dans</strong> la présence insistante de Jaïre.<br />

36 Ne crains pas ! Aie-foi seulement ! Ce sont des mots auxquels on<br />

pouvait ne pas prêter attention en ce sens qu'ils pourraient être simp<strong>les</strong> mots<br />

d'encouragement, d'attente ou d'apaisement. Mais le texte ne nous a pas habitués<br />

<strong>à</strong> cette forme de langage. Dieu parle, <strong>dans</strong> l'Ecriture, avec de tel<strong>les</strong> paro<strong>les</strong>. Le<br />

Lexique propose une structure d'emploi du verbe craindre.<br />

Au niveau présent de la lecture, des mots comme 'craindre' et 'avoir-foi' créent<br />

une ambiance théologique et sont venus de cette façon <strong>dans</strong> le texte afin de<br />

provoquer l'âme du lecteur. Alors s'éveille en celui-ci comme une inquiétude et<br />

il se remémore des autres mots venus au texte <strong>dans</strong> une même auréole irréelle :<br />

'traversée - autre-rive' = <strong>les</strong> hébreux sont des gens qui passent - Pâque - le<br />

passage de Dieu devant <strong>les</strong> maisons des hébreux en Egypte --- puis : 'le-long-de<br />

la mer' - et aussi : 'toucha son vêtement' = <strong>les</strong> nations qui s'accrochent par le<br />

pan de son vêtement : el<strong>les</strong> disent : nous voulons aller avec vous, et le texte écrit<br />

: 'il s'éloigna° avec lui'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 10 -<br />

La femme fait un geste rituel en mémoire (= Z - K - R) d'un texte de<br />

ZaChaRie (=ZKR), mais Jaïre a lui aussi fait un geste rituel en s'éloignant° avec<br />

lui !<br />

En plus : on ne dit jamais impunément <strong>à</strong> un chef-de-synagogue : "... aie-foi<br />

seulement !". S'il y a 'seulement', c'est qu'il n'y a plus besoin de rites... et cela<br />

pose des questions sur un plan bien autre que la question posée sur le sang d'une<br />

femme ou la santé d'une gamine. Puisque l'affaire dépasse la simple rubrique de<br />

la santé au quotidien de la vie des ces gens, il y a :<br />

37 Et il ne laissa personne l'accompagner avec lui. Sinon qu'il prend<br />

avec lui Pierre, Jacques et Jean. Donc le quatrième n'est pas l<strong>à</strong> et il n'a pas<br />

besoin d'André qui est 'la mémoire' (Z K R).<br />

J'aime ce texte : il y a quelques instants, la femme faisait un geste 'en mémoire<br />

de' et je l'avais entendu <strong>dans</strong> un texte de Zacharie. Nous entrons <strong>dans</strong> un temps<br />

de nouveauté où la mémoire n'a plus la primauté.<br />

Il y a encore autre chose <strong>dans</strong> le fait de ne laisser personne l'accompagner.<br />

L'étude du texte de Saint Marc m'a habitué <strong>à</strong> une lecture strictement textuelle;<br />

ici, je lis : et plus personne n'a besoin d'utiliser le verbe 'accompagner'. Revenant<br />

<strong>à</strong> la citation de Zacharie (VIII-23), je lis que tous ces gens ne souhaitent pas aller<br />

avec Jésus, car ils n'ont pas compris et, pour eux, Dieu n'est pas avec Jésus. Cela<br />

ressort de leur propre parole, car ils ont employé le verbe 'importuner'. Le mot<br />

est d'un emploi unique <strong>dans</strong> tout le texte, comme de peu d'importance. Tu<br />

importunes : tu déranges, tu fais perdre son temps au Maître. Ce dernier mot<br />

suggère l'idée de l'enseignant, du professeur, donc de celui qui a besoin de temps<br />

pour préparer ses cours.<br />

40 Mais lui... prend-avec le père... et la mère. Face au drame de<br />

l'enfant qui est mort, il n'y a plus de chef-de-synagogue, ni même Jaïre, mais il y<br />

a le père et aussi la mère, jusque l<strong>à</strong> négligée et absente.<br />

40 - 41 ... la petite-enfant...<br />

Au début : "ma fillette" (V-23); puis : "ta fille" (V-35). Jésus annonce : "la<br />

petite-enfant n'est pas morte" (V-39) et voici que le texte a pris note, puisque en<br />

quelques lignes il répète trois fois "la petite-enfant". Jésus conclut avec "jeunefille"<br />

(V-41), et le texte, qui a entendu, rappelle <strong>à</strong> lui le mot 'personne' (V-43)<br />

qui était en (V-37) et vient en conclusion :<br />

V-37 il ne laissa personne l'accompagner...<br />

V-43 Que personne ne connaisse cette-chose-l<strong>à</strong>.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 11 -<br />

SUR LE VERBE 'ACCOMPAGNER'<br />

Le texte me dit : Et que désormais personne n'utilise plus le verbe<br />

'accompagner' ! (V-37).<br />

Le lexique me précise que le mot 'g: syn-akoloutheo = accompagner' n'osera<br />

revenir <strong>dans</strong> le texte qu'en (XIV-51) : "Et quelqu'un jeune-homme l'accompagnait<br />

enveloppé d'un drap sur (son corps) nu". Selon <strong>les</strong> lois du texte, lorsqu'un<br />

mot disparaît, il ne peut revenir (= être re-créé) que par Dieu Lui-même et ceci<br />

est un-signe au sujet du jeune-homme.<br />

SUR LE VERBE 'CONNAITRE'<br />

Le texte me dit : Et que désormais personne n'utilise plus le verbe connaître !<br />

(V-43)<br />

1.- Or, en (VI-38) c. <strong>à</strong> d. pas très loin après, Jésus pose des questions aux siens.<br />

"Et, l'ayant connu, ils disent...". Ceci se passe lors de la première multiplication<br />

des pains. Ceux qui répondent ont le droit d'utiliser le verbe; puisque eux étaient<br />

présents <strong>dans</strong> "la maison°" de Jaïre. Pierre, Jacques et Jean connaissaient<br />

l'histoire et l'interdiction (V-43) n'a aucune valeur pour eux. L'interdiction<br />

s'applique seulement <strong>à</strong> ceux-l<strong>à</strong> qui "furent hors-d'eux-mêmes", c'est <strong>à</strong> dire ceux<br />

du tumulte, des pleurs et des lamentations (V-38).<br />

Je lis en conséquence que, (en (VI-38) : Pierre, Jacques et Jean (= <strong>les</strong> deux)<br />

vont dire : "Cinq (pains) ! ... et deux poissons". (Pourquoi '<strong>les</strong> deux' ? Pierre<br />

compte pour un; Jacques et Jean, qui ont un seul nom, Boan-Ergès, ne comptent<br />

que pour un; et il y a le pluriel en (VI-38) : "ils disent".)<br />

2.- En (VII-24) : "Que personne (ne le) connaisse". C'est donc la continuité du<br />

veto prononcé <strong>à</strong> l'encontre du mot.<br />

3.- En (VIII-17) : "Et le connaissant, il (= Jésus) leur dit..." = le Messie connaît<br />

toute chose et dispose <strong>à</strong> son gré du verbe connaître. Dieu seul peut re-créer un<br />

mot qui fut supprimé du texte !<br />

4.- En (IX-30) = poursuite de l'interdiction.<br />

5.- Ensuite le verbe arrive en deuxième partie, c. <strong>à</strong> d. <strong>dans</strong> Jérusalem. La<br />

formulation énoncée en (V-43) rejette donc le verbe 'connaître' hors de la<br />

première partie du texte pour tous ceux-l<strong>à</strong> qui ne connurent pas ce qui arriva<br />

<strong>dans</strong> la maison° de Jaïre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 12 -<br />

43 Et il dit° de lui donner <strong>à</strong> manger.<br />

Une conclusion surprenante qui pose question. La jeune-fille revient <strong>à</strong> la vie;<br />

le fait de manger est-il une preuve irréfutable qu'elle est totalement <strong>à</strong> la fois<br />

chair et vie ? A moins qu'il n'y ait, conjointement, une allégorie liant la vie<br />

nouvelle au rite de manger… au lieu de 'toucher ses vêtements' pourquoi ne pas<br />

satisfaire <strong>à</strong> un rite de 'manger' ? (Méditer sur le verbe 'eipen = il-dit°').<br />

LA FEMME LIEE AU SANG<br />

21 Et il était le-long-de la mer. La situation physique est semblable en<br />

quelque sorte <strong>à</strong> celle du moment de l'appel des quatre (cfr : I-16).<br />

22 Et vient... Jaïre. Et, le voyant... Comme <strong>à</strong> l'appel des quatre : l'action<br />

de voir (I-16 et 19).<br />

Puis le texte va passer de la jeune-fille qui avait douze ans <strong>à</strong> une femme qui<br />

était en écoulement de sang (depuis) douze ans. Le temps reste immobile avec<br />

le chiffre douze et Jésus traite d'abord la femme liée au sang avant de réveiller<br />

la jeune-fille.<br />

La femme touche son vêtement mettant ainsi en évidence la puissance pour<br />

elle-même des rites magiques. Est-ce la Loi, avec son rituel surchargé de<br />

préceptes, qui sauve quand même ?<br />

La fillette se meurt et Jaïre demande le geste d'imposition des mains. Une<br />

parole araméenne fait lever la jeune-fille : "Et aussitôt la jeune fille se-leva et<br />

elle marchait..." sans aucun geste des mains, sans le contact de son vêtement...<br />

nouvelle alliance qui se-lève ? Douze est-il un nombre par lequel le message<br />

doit passer ?<br />

La femme est une juive = ancienne alliance. Jaïre est un chef-de-synagogue,<br />

la promesse s'accomplit par une parole dite <strong>à</strong> Israël.<br />

J'ai relu attentivement le texte sur la femme. Elle "avait beaucoup souffert (du<br />

fait) de nombreux médecins et avait-dépensé tout (de) chez elle et n'avait été<br />

aidée en rien". Israël a beaucoup souffert au cours de son histoire; il a dépensé<br />

tout son temps, sa vie et des générations sans aucun profit, s'empêtrant de plus<br />

en plus <strong>dans</strong> un rituel - une pharmacopée que de nombreux prêtres - médecins<br />

lui ont imposée.<br />

La femme avait "entendu (parler) au-sujet-de Jésus" = depuis l'origine, en<br />

passant par Isaïe, pour aller <strong>à</strong> Jérémie (XXXI-31).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 13 -<br />

27 Elle toucha son vêtement.<br />

En finale, nous voyons la femme "craignant" et "tressaillant", mais elle ne<br />

prononce aucune parole et elle reste <strong>dans</strong> son silence(1). L'équation théologique<br />

fonctionne :<br />

incohérence = tressaillant<br />

+ crainte = craignant<br />

avec<br />

le silence = la femme ne 'dit' rien<br />

obligent <strong>à</strong> :<br />

la création = elle "tomba-devant lui et lui dit° toute la vérité".<br />

LA FEMME EST UNE JUIVE<br />

Rédigeant le passage précédent, je me suis laissé aller <strong>à</strong> écrire ce que mon<br />

imaginaire entendait, soufflé par la brise qui est rappel (conscient, inconscient,<br />

raisonné, intuitif ?) de ce qui m'a été donné en expressions, phrases, mots du<br />

texte. Relisant, je bute sur ma phrase : 'la femme est une juive'. Le texte me l'a-til<br />

dit ? Où ? comment ?<br />

1.- L'idée a pu m'être envoyée par Saint Matthieu, car elle toucha la 'frange' de<br />

son manteau (Mt IX-20) et Saint Luc m'a confirmé (Lc VIII-44). Or l'Ecriture<br />

m'a dit :<br />

'Le Seigneur dit <strong>à</strong> Moïse : 'Parle aux fils d'Israël, dis-leur de se faire une frange<br />

sur <strong>les</strong> bords de leurs vêtements, ceci pour <strong>les</strong> générations <strong>à</strong> venir, et de mettre<br />

un fil de pourpre <strong>dans</strong> la frange qui borde le vêtement. Il vous servira <strong>à</strong> former la<br />

frange. En le voyant, vous vous souviendrez de tous <strong>les</strong> commandements du<br />

Seigneur et vous ne vous laisserez pas entraîner par vos cœurs et par vos yeux<br />

qui vous mèneraient <strong>à</strong> l'infidélité. Ainsi vous penserez <strong>à</strong> accomplir tous mes<br />

commandements et vous serez saints pour votre Dieu...' (Nombres XV-37 <strong>à</strong> 40).<br />

Dans Saint Marc, il n'y a pas de frange. Or j'ai trouvé <strong>dans</strong> Zacharie : 'Ainsi<br />

parle le Seigneur tout-puissant : En ces jours-l<strong>à</strong>, dix hommes de toutes <strong>les</strong><br />

langues que parlent <strong>les</strong> nations s'accrocheront <strong>à</strong> un juif par le pan de son<br />

vêtement en déclarant : Nous voulons aller avec vous, car nous l'avons appris :<br />

Dieu est avec vous.' (Zacharie VIII-23). En touchant le vêtement de Jésus, la<br />

femme atteste par son geste la parole qu'elle prononce en son intérieur 'Je l'ai<br />

appris : Dieu est avec toi !'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 14 -<br />

2.- Il est, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, une parole caractéristique qui me confirme<br />

que la femme était juive, car Jésus emploie la phrase usuelle du salut lorsqu'il<br />

s'adresse <strong>à</strong> elle pour la première fois (et la dernière) :<br />

"Pars vers (la) paix..." (V-34)<br />

ou encore : Shalom !<br />

ALLEGORIES DE L ' ALLIANCE<br />

1.- L'Alliance Ancienne :<br />

La femme est d'un certain âge : depuis douze années elle est atteinte d'un<br />

écoulement de sang. Son geste de toucher le vêtement de Jésus est un geste rituel<br />

ou magique, au sens où l'acte ne pose aucune réflexion simultanément. La<br />

femme n'extériorise rien <strong>à</strong> haute voix; il y a simplement : elle se disait : 'Si je<br />

touche du moins ses vêtements...', car je l'ai appris, Dieu est avec lui.<br />

Quelle relation peut-il y avoir entre l'acte de toucher un vêtement et Dieu<br />

présent par ce vêtement ? Est-ce par une loi physique et par ce geste que Dieu<br />

est obligé de se manifester ? Aussitôt la source de son sang est desséchée =<br />

suppression de cette autorisation donnée au sang de couler, lorsque l'ancienne<br />

alliance fut passée avec Noé.<br />

Et aussitôt Jésus ayant-reconnu en lui-même le geste-de-puissance... = cette<br />

puissance dépasse la concession faite par YHVH <strong>à</strong> Noé lorsqu'il fallut autoriser<br />

l'homme et l'animal <strong>à</strong> tuer pour vivre et se nourrir. La force que Jésus sent en Lui<br />

est manifestée par la puissance capable de recréer l'état de Genèse I, la paix sans<br />

le sang au temps de la Création. Cette femme dont l'écoulement de sang marque<br />

l'imperfection, est guérie de son infirmité, comme si Jésus voulait achever<br />

l'œuvre de Création interrompue pour elle au sixième jour.<br />

La parole de Jésus terminant la séquence évoque Genèse I :<br />

fille = Le Père Créateur.<br />

ta foi t'a sauvée = L'homme, lorsqu'il fut créé, était en présence de Dieu<br />

(I-26). Le geste de toucher un vêtement est le contact de cette présence.<br />

Pars vers (la) paix = La paix d'un monde nouvellement créé où chacun se<br />

nourrit de l'herbe mûrissante.<br />

Et sois saine... = Le corps de la femme est achevé <strong>dans</strong> sa structure<br />

interne.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 15 -<br />

2.- La Nouvelle Alliance :<br />

Elle vient après l'ancienne alliance et elle est plus jeune : c'est une fillette. Elle<br />

est âgée de douze ans, c'est dire qu'elle est née au moment où la femme<br />

commençait <strong>à</strong> perdre son sang. Alors que l'ancienne alliance fut tranchée avec<br />

Noé, pour la première fois, alors que YHVH accordait <strong>à</strong> l'homme et <strong>à</strong> l'animal la<br />

permission de tuer et de répandre le sang, <strong>à</strong> ce moment précis, déj<strong>à</strong>, se met en<br />

route ce qui deviendra la Nouvelle Alliance = prédestination totalement<br />

cohérente du vouloir de YHVH. C'est pourquoi le texte nous offre d'abord la<br />

fillette, mais aussitôt arrive la femme depuis sa maladie jusqu'<strong>à</strong> sa guérison<br />

rituelle, et ensuite la fillette revient sous forme d'une morte... ne présentant plus<br />

d'intérêt. L'ancienne alliance fonctionne toujours car la femme est guérie au<br />

toucher du vêtement. Il n'y a donc alors aucune urgence <strong>à</strong> poser un acte nouveau<br />

pour guérir. D'ailleurs, la fillette est morte.<br />

Dans ce qu'ils disent <strong>à</strong> Jaïre, il y a : si Jésus est venu pour la Nouvelle<br />

Alliance, ne le dérangez pas, cela devient inutile puisque l'ancienne alliance<br />

fonctionne très bien. Mais Jésus, qui avait "surpris la parole parlée" va<br />

s'adresser au chef-de-synagogue pour l'associer <strong>dans</strong> un acte nouveau de<br />

puissance.<br />

Aie-foi seulement ! = comme si un chef-de-synagogue pouvait être sans-foi !<br />

Comme si celui qui préside aux prières pouvait être un simple relais, nonparticipant,<br />

pour la prière du sabbat et pour l'enseignement. Le chef-desynagogue<br />

disparaît et s'efface devant le père qui a perdu sa petite-enfant; aussi<br />

Jésus prend-avec (lui) le père de la petite-enfant, et la mère. Il ne se fait pas<br />

accompagner d'un chef-de-synagogue ni de l'épouse de celui-ci. La mort de la<br />

petite-enfant fait hurler de douleur un père et une mère : le texte le suggère, car<br />

la fillette est devenue "petite-enfant". Par deux fois, en un très court instant,<br />

nous rencontrons ce mot :<br />

Il pénètre l<strong>à</strong>-où était la petite-enfant. Et, ayant-saisi la main de la petiteenfant...<br />

Devant un enfant mort, il y a son père et sa mère. La parole araméenne<br />

manifeste la puissance de Jésus; théologiquement l'enfant devient une jeunefille.<br />

Jeune-fille... réveille-toi ! Et aussitôt la jeune-fille se leva. Dans sa brièveté,<br />

ceci rappelle : "Etends la main !", et il l'étendit. Et sa main fut restituée. (III-5).<br />

L<strong>à</strong> aussi, il y avait une synagogue, mais le malade était un homme <strong>à</strong> la main<br />

desséchée.<br />

La jeune-fille marchait, car elle avait douze ans = phrase sans aucun sens si<br />

on néglige l'importance de "douze ans", car la fillette devait marcher, pour autant<br />

qu'elle eut plus de deux ou trois ans. Douze = l'âge du sang de la femme.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 16 -<br />

Et il dit° de lui donner <strong>à</strong> manger = au lecteur incroyant, ceci est la preuve<br />

concrète que la fillette a la pleine possession de ses facultés vita<strong>les</strong>. A l'exégète,<br />

elle rappelle que l'alliance ancienne passa par la manne, nourriture divine.<br />

L'alliance nouvelle devra être tranchée aussi par un repas.<br />

LES RITES ET LA LOI<br />

Le rite : la manière dont nous est présenté notre engendrement, avec de<br />

l'arbitraire au sens où le rite marque un arrêt <strong>dans</strong> le temps entre commencement<br />

et fin. Le rite est cristallisation qui efface le passé. Il nous est offert et il est nondiscutable.<br />

On ne nous en a pas donné <strong>les</strong> raisons. C'est l'héritage d'un passé<br />

lointain qui remonte "au commencement". C'est l'espace parcouru entre un<br />

quelque part de l'origine et mon souvenir d'un ailleurs qui m'a amené ici, l<strong>à</strong> où je<br />

suis, aujourd'hui.<br />

La loi : est un arrêt, au sens de arrêter le temps ou de fixer l'espace, avec le<br />

sens de l'arrêt juridique, d'un arrêté officiel qui borne <strong>les</strong> libertés en <strong>les</strong><br />

canalisant.<br />

Je puis comprendre le pourquoi d'une loi, décrit souvent <strong>dans</strong> un préambule de<br />

motifs, exposé initial. La loi a une raison. Même quand elle est imposée par<br />

Dieu (le sabbat pour l'homme --- l'interdit de l'arbre <strong>à</strong> l'Eden --- <strong>les</strong> sanda<strong>les</strong> pour<br />

Moïse ---...), je puis en comprendre le motif.<br />

Le rite : m'est imposé avec son arbitraire. Il est règle d'application des lois et<br />

peut varier totalement selon <strong>les</strong> cultures. Tel peuple marquera par un acte ce que<br />

tel autre symbolisera par l'acte opposé. Saint Luc me dit : 'pas de sandale' (Lc X-<br />

4), quand Saint Marc rapporte : il faut être "chaussé de sanda<strong>les</strong>" (<strong>Mc</strong> VI-9).<br />

Alors, j'ai longuement médité.<br />

Le rite : n'est-il pas une loi héritée du passé dont nous avons gommé <strong>les</strong><br />

raisons et l'histoire et que nous conservons en respect du passé (la culture) ?<br />

Le respect du passé n'est-il pas, beaucoup plus simplement, la marque d'un<br />

oubli, d'un abandon de la mémoire d'un vécu ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 17 -<br />

L'oubli n'est-il pas un réflexe inconsciemment admis contre le souvenir,<br />

paresse d'intelligence, car le souvenir oblige <strong>à</strong> réactiver sans cesse son contenu.<br />

Me rappeler quelque chose est en refaire le récit, depuis <strong>les</strong> temps anciens<br />

jusqu'<strong>à</strong> ce jour d'hui. Me rappeler, c'est juger de la pertinence du récit que je dis<br />

et que ma bouche porte <strong>à</strong> mes oreil<strong>les</strong>. Juger, c'est me resituer face <strong>à</strong> mon récit et<br />

c'est me remettre en cause moi-même. Dire mon récit va bien au-del<strong>à</strong> de me<br />

rappeler ce que firent mes pères; c'est analyser si je suis digne d'eux, c'est juger<br />

"par moi-même".<br />

La vie, ou la culture qui est vie de mon groupe, de moi avec <strong>les</strong> miens, est rite<br />

et loi :<br />

<strong>les</strong> rites et la loi.<br />

J'ai encore longuement médité.<br />

Un jour, j'étais noyé <strong>dans</strong> une foule nombreuse, qui s'était rassemblée près de<br />

lui. Et il était le-long-de la mer. J'étais poussé, cahoté, ballotté comme la feuille<br />

tombant, <strong>à</strong> l'automne, feuille parmi <strong>les</strong> feuil<strong>les</strong> nombreuses. J'ai essayé de<br />

toucher son vêtement; pourquoi ce geste instinctif venu d'un sub-conscient ou<br />

même d'un in-conscient héritage du passé ? Le contact, la Présence, l'aimant qui<br />

attire un fer qui ne sait pas, le rite accompli en oubli de sa motivation ?<br />

Brusquement, il s'est-retourné <strong>dans</strong> la foule et il dit : 'Qui m'a touché ?' (C'est<br />

du moins ce que j'ai cru entendre). Un moment de stupeur qui suspend le temps,<br />

et, au centre, une femme craignant et tressaillant, l'instant d'un long silence...<br />

Alors, elle tomba-devant lui et lui dit° toute la vérité. Au début, la femme,<br />

silencieuse, se disait en elle-même; elle toucha le vêtement sans rien dire. S - A<br />

question : Qui a-touché mes vêtements ? a frappé tous ceux qui l'écrasaient°,<br />

mais la femme tombe <strong>à</strong> terre et a le courage de dire°, devant tous, s - a vérité <strong>à</strong><br />

elle qui est intimité la plus profonde.<br />

Le rite a été réveillé par la question.<br />

Il m'a demandé : Qui m'a touché ? Il a précisé : Qui a touché MES<br />

VETEMENTS(2) ? m'obligeant, moi qui étais l'ami du chef-de-synagogue, <strong>à</strong> lui<br />

demander le pourquoi des vêtements. Il me répondit : dix hommes<br />

s'accrochèrent au pan des vêtements en disant : Nous voulons aller avec LUI, car<br />

nous l'avons appris :<br />

Dieu est avec LUI.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SON (ou) SES VETEMENT(S) ?<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 18 -<br />

V-27 La femme toucha son vêtement.<br />

V-28 Elle se disait : Si je touche du-moins ses vêtements.<br />

V-30 Jésus disait : QUI a-touché mes vêtements ?<br />

Et, peu de temps après :<br />

VI-56 On le suppliait afin que, du-moins, ils touchent la frange de son<br />

vêtement.<br />

1.- Je vois comme une oscillation entre le singulier et le pluriel. Le singulier<br />

n'est-il pas entraîné par 'la frange' ? Alors, la femme touche "son vêtement", c. <strong>à</strong><br />

d. effleure <strong>à</strong> peine ce qui est la frange, c. <strong>à</strong> d. <strong>à</strong> peine le vêtement. Mais la femme<br />

se disait : elle emploie le pluriel. Alors Jésus, <strong>dans</strong> sa parole, reprend non pas ce<br />

qu'elle a fait : le singulier-touché, mais le pluriel : ce que la femme pensait, ce<br />

qui était son désir de toucher, l'objet <strong>dans</strong> lequel elle avait mis sa foi.<br />

La parole de Jésus me dit : Dieu sait entendre <strong>dans</strong> le fond de ton cœur. Mon<br />

cœur gauche ou le droit ? Intelligence ou sentiment, raisonnement ou amour ?<br />

Les deux…<br />

car ils ne font qu'un, comme 'le vêtement' avec son singulier-touché<br />

fut un pluriel théologique de désirs pour la foi de la femme.<br />

2.- Le texte grec donne :<br />

V-27 (la femme) tou imatiou autou = <strong>les</strong> vêtements de lui<br />

V-28 (la femme) tôn imatiôn autou = <strong>les</strong> vêtements de lui<br />

V-30 ( Jésus ) mou .. tôn imatiôn = Qui (<strong>à</strong>-)moi a-touché <strong>les</strong> vêtements ?<br />

Et voici que je vois (V-27) et que j'entends (V-28) : le pronom autou connu<br />

de moi depuis que son arrivée me fut annoncée par l'écrit du prophète Isaïe en (I-<br />

3). C'est pourquoi la traduction stricte doit respecter "lui".<br />

Voir <strong>les</strong> analyses en (I-3) et en (I-8).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


COMMENT ILS TOMBENT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 19 -<br />

V-22 Jaïre..; le voyant... tombe devant ses pieds.<br />

V-33 la femme tomba-devant lui...<br />

Jaïre "tombe (<strong>à</strong>) ses pieds", mais je ne sais pas s'il est tombé devant lui ou sur<br />

son côté. Simplement le fait qu'il "le supplie beaucoup en disant..." indique qu'il<br />

n'est pas tombé derrière Jésus, sinon il aurait crié (Cfr : Bar-Timée qui, étant<br />

marginal du chemin, dut crier (X-47) puis crier "plutôt plus." (X-48)-)<br />

Jaïre ensuite s'éloigna° avec lui, et j'ai compris qu'ils s'en sont allés l'un avec<br />

l'autre. Lorsqu’on vient annoncer <strong>à</strong> Jaïre la mort de sa fille, Jésus, qui est <strong>à</strong> côté,<br />

entend. Alors Jésus va "<strong>à</strong> la maison°" de Jaïre et, puisque le texte dit : "il ne<br />

laissa personne l'accompagner avec lui... et ils viennent...", je vois Jaïre et Jésus<br />

aller rapidement vers la maison°. Jésus prend (avec (lui) le père et la mère et <strong>les</strong><br />

trois apôtres... et on ne sait pas ce qu'est devenu Jaïre, pas plus que la mère. On<br />

n'entendra jamais plus le texte <strong>les</strong> évoquer.<br />

Jaïre, chef-de-synagogue, marche <strong>à</strong> la hauteur de Jésus. La femme vient <strong>dans</strong><br />

la foule "par derrière"; elle toucha; Jésus se retourne (donc elle était bien<br />

derrière); elle tombe-devant lui (car il l'avait située devant lui par son<br />

retournement).<br />

Allégoriquement : 'derrière' est le futur en pensée sémitique (puisque c'est<br />

ce que l'on ne peut pas voir), alors que le passé est 'devant' soi : (ce que l'on<br />

voit). La femme, alliance de sang, se pense <strong>dans</strong> le futur du peuple d'Israël. Elle<br />

touche(3) et l'alliance fonctionne : elle est guérie. Alors Jésus, se retournant, la<br />

place devant lui, c. <strong>à</strong> d. <strong>dans</strong> un temps du passé. Puis il la renvoie, donc la met<br />

<strong>dans</strong> une indétermination de derrière ou de devant, puisqu'il dit simplement :<br />

"Pars !" sans indiquer de direction.<br />

L'alliance de sang fonctionne toujours, mais le sang disparaît.<br />

De toute l'allégorie, il ne reste plus que l'Alliance, <strong>dans</strong> un temps indéfini,<br />

puisque cette alliance existe depuis la Création jusque la fin du temps... <strong>dans</strong> un<br />

indéfini de temps.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 20 -<br />

LA JEUNE - FILLE ET GETHSEMANI<br />

J'ai lu 'la fillette de Jaïre',<br />

et j'ai entendu Gethsémani :<br />

V-22 (Jaïre) tombe (<strong>à</strong>) ses pieds et le supplie beaucoup.<br />

XIV-35 ...il tombait sur la terre et il priait.<br />

V-37 Et il ne laissa personne l'accompagner avec lui,<br />

sinon Pierre et Jacques et Jean.<br />

XIV-33 Et il prend-avec lui Pierre et Jacques et Jean.<br />

V-39 La petite-enfant... ...elle dort.<br />

XIV-37 Et il vient et <strong>les</strong> trouve endormis.<br />

V-41 (La parole en araméen :)<br />

Talitha qoum ! ..... Réveille-toi !<br />

XIV-36 (La parole en araméen :)<br />

A b b a ! avec Veillez !<br />

V-41 Jeune-fille ... réveille-toi !<br />

XIV-42 ....... Réveillez-vous !<br />

V-42 Et elle marchait.<br />

XIV-42 ....... Partons° !<br />

La fillette dormait : il la réveille !<br />

Les discip<strong>les</strong> dormaient...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 21 -<br />

LA JEUNE - FILLE ET LA PASSION<br />

J'ai lu 'la fillette de Jaïre '<br />

et j'ai vu la Passion.<br />

V-35 Comme il parlait encore, on vient<br />

de chez le chef-de-synagogue.<br />

XIV-43 Comme il parlait encore survient<br />

Judas... avec une foule...<br />

de-la-part des grands-prêtres...<br />

V-38 Et ils viennent vers la maison° du chef-de-synagogue.<br />

XIV-53 Et ils emmenèrent Jésus auprès-du Grand Prêtre.<br />

(= et ils viennent <strong>à</strong> la maison du Grand Prêtre)<br />

V-38 Et il considère (le) tumulte.<br />

XIV-59 Pas°-même° ainsi leur témoignage n'était égal.<br />

(= et le tumulte était <strong>dans</strong> leurs témoignages)<br />

V-42 Et aussitôt la jeune-fille se-leva.<br />

XV-30 Ils blasphémaient contre lui en disant : Hé !<br />

sauve-toi toi-même (en) descendant de la Croix.<br />

La nouvelle Alliance se - lève<br />

par la descente de Jésus vers la mort.<br />

Le lecteur remarquera avec quelle constance le texte évite le parallélisme<br />

rigoureux et s'efforce de trouver des expressions différentes, alors que le<br />

mouvement général est le même. Ainsi :<br />

vient survient<br />

de-chez de-la-part<br />

vers la maison° auprès-du<br />

tumulte témoignage (inégal)<br />

ce qui annonce :<br />

se - lever descendre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 22 -<br />

" OR LUI , LES AYANT CHASSES ... "<br />

Le mot exprime l'idée d'une séparation (une disjonction) entre Jésus et ceux<br />

qui sont chassés avec, en plus, une certaine brutalité. La coupure est totale. Le<br />

mot 'chassé' détermine un lieu qui éloigne ceux-l<strong>à</strong> de "vers la maison° du chefde-synagogue"<br />

(V-38).<br />

Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> personnes chassées ? Le texte insiste : "<strong>les</strong>.. tous.. "(V-40), ce<br />

qui désigne tous ceux qui ne sont pas <strong>les</strong> cinq qui sont très proches de Jésus :<br />

Pierre et Jacques et Jean et le père et la mère. A la limite, on peut se poser la<br />

question de savoir si Jésus n'aurait pas fait un geste tellement large que le père et<br />

la mère auraient hésité : sont-ils, eux aussi, chassés ? car il faut que le texte,<br />

aussitôt après, vienne préciser que Jésus "prend-avec (lui) le père de la petiteenfant<br />

et la mère". Ce n'est donc pas le chef-de-synagogue, mais "le père", car<br />

"sa fillette" (V-23) ou "sa fille" (V-35) est transfigurée par la mort en "la petiteenfant"<br />

(V-40). La mère accompagne, bien évidemment.<br />

Ceux qui ont été chassés sont ceux qui font le "tumulte et cel<strong>les</strong> qui pleuraient<br />

et se-lamentaient beaucoup" (V-38). A eux, Jésus dit : "la petite-enfant n'est-pasmorte<br />

mais elle dort" (V-39) et c'est Jésus qui introduit <strong>dans</strong> le texte cette<br />

nouvelle expression : "la petite-enfant". Il est toujours émouvant de se pencher<br />

sur une petite-enfant qui dort; mais eux réagissent aussitôt : "Et on se-riait-de<br />

lui" (V-40). Pour ceux-l<strong>à</strong>, elle est morte. Au-del<strong>à</strong> de leur rire (le seul <strong>dans</strong> tout le<br />

texte de Saint Marc) il y a lieu de voir que ces gens sont fidè<strong>les</strong> <strong>à</strong> la Tradition et<br />

aux rites pour un mort : <strong>les</strong> bruits, <strong>les</strong> cris, <strong>les</strong> pleureuses de la famille entourées<br />

de voisines et aussi, disait-on de professionnel<strong>les</strong>. Le rite est appliqué puisque la<br />

petite-enfant est morte. Donc, il faut aussi se rappeler la Loi :<br />

'Celui qui touche un mort - n'importe quelle dépouille mortelle - est impur<br />

pour sept jours.'<br />

'Quiconque toucherait un mort - la dépouille d'un être humain qui vient de<br />

mourir - et ne ferait pas sa purification souillerait la demeure du Seigneur : cette<br />

personne sera retranchée d'Israël.' (Nombres XIX-11 <strong>à</strong> 13).<br />

Si Jésus touche le cadavre, il se rend impur. Or sa parole dit : "... elle dort", ce<br />

qui autorise <strong>à</strong> toucher une enfant simplement endormie. Qui peut entendre<br />

ainsi...? Aucun de tous ceux qui viennent d'être chassés, mais d'abord Pierre et<br />

Jacques et Jean, eux qui ont déj<strong>à</strong> vu Jésus toucher des hommes impurs et savent<br />

combien le flux de puissance inverse le sens de sa circulation.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 23 -<br />

L'impureté n'est plus transmise par le toucher, elle disparaît. Jésus a touché un<br />

lépreux (I-41), puis ceux qui "avaient des afflictions" (III-10), et même la femme<br />

au sang (V-27) avec, <strong>dans</strong> ce dernier cas, l'inversion : la femme l'a touché.<br />

Jésus sent que quelqu'un l'a touché, la foule sait qu'il vient d'être touché et la<br />

femme, afin que tous entendent et voient "tomba-devant lui et lui dit toute la<br />

vérité" (V-33). Ceci vient juste d'avoir lieu, il y a quelques instants, "comme il<br />

parlait encore..." (V-35).<br />

La petite-enfant est morte. Jésus va la toucher, mais le geste est encore, pour<br />

tous, un geste impur "et on se-riait de lui".<br />

Or, <strong>les</strong> ayant tous chassés... Jésus prend avec lui <strong>les</strong> trois discip<strong>les</strong> qui ont-foi<br />

en lui et <strong>les</strong> deux parents car pour eux l'espoir ultime, celui qui est toujours<br />

parcelle d'espoir malgré le désespoir, reste : et si elle dormait ? Pour celui qui a<br />

vu mourir, l'instant entre vie et mort est comme un temps de sommeil qui<br />

prolonge la vie et n'est pas encore la mort (= le froid, le rigide, l'objet).<br />

Alors, il la touche : Et ayant saisi la main... Nous ne savons pas ce qui arriva<br />

ensuite pour tous ceux qui furent "chassés". Mais le verbe "manger", dernier mot<br />

de la séquence, dit comment la vie est repartie en tous : Jaïre et la mère<br />

s'affairent aussitôt pour lui préparer quelque chose <strong>à</strong> manger...<br />

Le lexique fournit un commentaire sur le verbe chasser pour ses divers<br />

emplois et particulièrement sur le présent (V-40), <strong>à</strong> partir d'un jeu du rire et de la<br />

mort.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 24 -<br />

ANNEXE : LE CHEMIN DE PERFECTION<br />

'Pour moi j'en suis sur et je connais une personne... Je sais aussi que durant<br />

plusieurs années cette personne qui n'était pourtant pas très parfaite voyait aussi<br />

clairement que si elle l'avait vu avec <strong>les</strong> yeux du corps, le Christ entrer <strong>dans</strong><br />

l'hôtellerie de son âme; sa foi la poussait <strong>à</strong> croire que c'était la même chose et<br />

qu'elle le possédait <strong>dans</strong> sa maison, pourtant bien pauvre; elle se détachait alors<br />

de toutes <strong>les</strong> choses supérieures et se mettait <strong>dans</strong> un coin en essayant de<br />

recueillir ses sens pour être seule avec son Seigneur; elle se considérait <strong>à</strong> ses<br />

pieds et restait l<strong>à</strong>, même si elle ne sentait pas de déviation, <strong>à</strong> parler avec lui.<br />

Car, <strong>à</strong> moins de vouloir être insensés et aveug<strong>les</strong>, si nous avons la foi, il est<br />

bien évident qu'IL est en nous.<br />

Alors pourquoi irions-nous le chercher plus loin ?<br />

Lorsqu'il était <strong>dans</strong> ce monde, le simple contact de ses vêtements guérissait <strong>les</strong><br />

malades (cfr : <strong>Mc</strong> V-27).<br />

Comment douter alors, si j'ai la foi, qu'il ne fasse des mirac<strong>les</strong> quand il est en<br />

moi si intimement et qu'il ne me donne tout ce que je lui demanderai ? N'est-il<br />

pas <strong>dans</strong> ma maison ?'<br />

(Ste Thérèse d'Avila : Le chemin de perfection LXI-4 et 5)<br />

(Ce texte est celui du manuscrit de l' Escorial, texte initial que la sainte soumit <strong>à</strong><br />

frère Dominique Banez de l'ordre de Saint Dominique, afin qu'il soit censeur et<br />

autorise, ou non, la diffusion de son écrit en y imposant diverses corrections ou<br />

suppressions.)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 25 -<br />

Note 1 : <strong>dans</strong> son silence = Page : 13<br />

La femme se détache de toutes <strong>les</strong> choses extérieures... pour être seule avec<br />

son Seigneur : voir ci-dessus en annexe : 'Le chemin de perfection'.<br />

Note 2 : MES VETEMENTS = Page : 17<br />

La traduction doit se lire : "Qui de moi a-touché <strong>les</strong> vêtements ?" (Voir le<br />

paragraphe ci-dessus sur 'son (ou) ses vêtements'.<br />

Note 3 : elle touche = Page : 19<br />

La femme, étant derrière Jésus, se sait <strong>dans</strong> le futur de ce 'prophète' du nom de<br />

Jésus. La femme, en touchant ce qui est devant elle, touche un morceau qui<br />

appartient <strong>à</strong> son propre passé de femme, c. <strong>à</strong> d. qui appartient <strong>à</strong> ce qu'elle connaît<br />

et en quoi elle a-foi. La femme, étant juive, a-foi en l'ancienne alliance et le<br />

geste qu'elle fait "devant elle" doit obliger l'alliance ancienne <strong>à</strong> fonctionner.<br />

Jésus, en se retournant, met la femme <strong>dans</strong> son passé; or, elle était derrière Lui<br />

quand la guérison survint (= quand l'ancienne alliance fonctionna). Donc<br />

l'alliance ancienne fonctionne toujours <strong>dans</strong> le passé comme <strong>dans</strong> le 'futur' du<br />

Messie.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(V-25 et 26)<br />

Le texte<br />

Les mots<br />

Au livre de l'Exode<br />

Synthèse<br />

LE TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 26 -<br />

DE NOMBREUX MEDECINS<br />

_______________<br />

Aujourd'hui, mon rabbin et moi-même avons reçu, <strong>dans</strong> notre cabinet d'étude,<br />

de nombreux médecins : "Une femme, qui était en écoulement de sang (depuis)<br />

douze ans, et avait beaucoup souffert (du fait) de nombreux médecins et avait<br />

dépensé tout (de) chez elle et n'avait été aidée en rien mais allait plutôt vers le<br />

pire..." (V-25 et 26).<br />

Nous avions pensé convoquer la femme mais : que nous aurait-elle appris de<br />

nouveau puisque, <strong>dans</strong> le texte, elle a déj<strong>à</strong> "dit° toute la vérité" (V-33) ? Aussi<br />

avons-nous cherché <strong>à</strong> comprendre ce que viennent faire, <strong>dans</strong> le récit, autant de<br />

médecins.<br />

LES MOTS<br />

Nous avons pris acte des mots suivants :<br />

MEDECIN GUERIR<br />

grec : iatros iastai<br />

iômenos iamai<br />

hébreu : rofe (pluriel : rofim) ---<br />

(en <strong>Mc</strong> : II-17 et XV-26 uniquement V-29)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


AU LIVRE DE L ' EXODE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 27 -<br />

1.- Pour apprendre,:<br />

Il suffit d'écouter la Parole parler. YHVH dit <strong>à</strong> Moïse : 'Si tu écoutes bien la<br />

voix de YHVH ton Elohim et si tu fais ce qui est droit <strong>à</strong> ses yeux... je ne<br />

t'infligerai aucune des maladies que j'ai infligées <strong>à</strong> l'Egypte, car je suis<br />

YHVH : celui qui te guérit (= ego gar eimi Kurios o Theos sou o iômenos se'.<br />

(Exode XV-26).<br />

La voie de notre recherche est toute tracée; désormais, il suffit d'examiner <strong>les</strong><br />

plaies d'Egypte et de comparer avec la maladie de la femme.<br />

2.- La plaie du sang :<br />

'YHVH dit <strong>à</strong> Moïse : Vois ! J'ai fait de toi un dieu pour pharaon et Aaron, ton<br />

frère, sera ton PROPHETE. Toi, tu diras tout ce que j'ordonnerai et Aaron, ton<br />

frère, parlera <strong>à</strong> pharaon...' (Exode VII-1 et 2).<br />

La première action remarquable fut le bâton transformé en serpent (Exode VII-<br />

8 <strong>à</strong> 13) et la deuxième arriva par le sang : <strong>les</strong> eaux du Nil, <strong>les</strong> rivières, <strong>les</strong><br />

canaux, <strong>les</strong> étangs, 'tout le pays d'Egypte et même <strong>les</strong> arbres et <strong>les</strong> pierres' furent<br />

inondées de sang. Et <strong>les</strong> poissons du Nil moururent et <strong>les</strong> égyptiens ne pouvaient<br />

plus boire <strong>les</strong> eaux du Nil. (Exode VII-14 <strong>à</strong> 24).<br />

3.- La femme :<br />

Elle était en écoulement de sang et souffrait d'une maladie semblable <strong>à</strong> celle<br />

qui couvrit l'Egypte entière.<br />

J'ai dit comment cette femme est, allégoriquement, l'Ancienne Alliance alors<br />

que l'autre, la fille de Jaïre, évoque l'Alliance Nouvelle. Or voici que cette<br />

ancienne alliance, qui fut alliance de sang lorsque passée entre l'Eternel et Noé,<br />

tombe malade d'un écoulement de sang si intense que le texte devra parler de "la<br />

source de son sang" (V-29), suggérant l'idée d'un fleuve de sang.<br />

Les mots 'g: rhysis = écoulement' et 'g: pege = source' sont présents, en<br />

Saint Marc, une seule fois c. <strong>à</strong> d. <strong>à</strong> l'occasion de cette femme.<br />

Le 'sang = g: aima' est par deux fois (V-25 et 29) employé pour la femme et,<br />

fait remarquable, il viendra pour un troisième et dernier emploi <strong>à</strong> la Cène pour<br />

"mon sang de l'Alliance" (XIV-24). C'est donc un mot <strong>à</strong> vocation hautement<br />

théologique. Au lexique (voir le mot 'sang'), j'ai noté : '... c'est le sang qui<br />

profane le pays...' (Nombres XXXV-33) et cette citation me reporte <strong>à</strong> l'Egypte.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 28 -<br />

4.- Le verbe 'guérir' est utilisé <strong>dans</strong> la Tora aux lieux suivants :<br />

Genèse XX-17<br />

Elohim guérit<br />

Exode XV-26<br />

(voir plus haut)<br />

Lévitique XIV-3<br />

Le prêtre constatera la maladie guérie<br />

Lévitique XIV-48<br />

Le prêtre constatera la plaie guérie<br />

Nombres XII-13<br />

Moïse demande <strong>à</strong> YHVH de guérir Myriam<br />

Deutéronome XXVIII-27<br />

YHVH frappe de maladies inguérissab<strong>les</strong><br />

Deutéronome XXVIII-35<br />

YHVH frappe de maladies inguérissab<strong>les</strong><br />

Deutéronome XXXII-39<br />

(<strong>dans</strong> le cantique de Moïse, parole de YHVH :)<br />

... c'est M O I qui suis M O I<br />

et il n'y a pas de Dieu <strong>à</strong> côté de MOI<br />

C'est M O I qui fais mourir<br />

et qui fais vivre<br />

qui b<strong>les</strong>ses<br />

et qui guéris<br />

Nul ne délivre de ma main !<br />

SYNTHESE<br />

1.- Ce jour-l<strong>à</strong>, une femme vint parmi la foule nombreuse. Elle s'était-éloignée de<br />

YHVH-son-Elohim et ne faisait plus ce qui est droit <strong>à</strong> SES yeux. Alors IL lui<br />

avait infligé une de ces maladies qu'IL avait infligées, jadis, <strong>à</strong> l'Egypte et elle<br />

devint en écoulement de sang. Comme elle n'avait plus confiance en YHVHson-Elohim<br />

pour la guérir, elle consulta de nombreux médecins; mais elle ne fut<br />

aidée en rien et elle dilapida tout son patrimoine.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> V - 29 -<br />

Au bord de la mer, elle observa 'cet homme' du nom de Jésus et elle remarqua<br />

comment un des chefs-de-synagogue, un homme de sagesse, osait en présence<br />

d'une foule nombreuse tomber aux pieds de Jésus. Elle vit ensuite Jaïre<br />

s'éloigner entraînant° avec lui Jésus et la foule. Elle suivit et vint <strong>dans</strong> la foule<br />

par derrière pour toucher son vêtement.<br />

2.- J'ai dit <strong>à</strong> mon rabbin : Cette femme, la foule nombreuse, Jaïre, tous sont des<br />

tiens. La fillette de Jaïre est <strong>à</strong> l'extrémité mais un chef-de-synagogue connaît<br />

l'enseignement de ton église : le verbe guérir est commandé par Dieu, car c'est<br />

lui qui donne toute plaie mais toute guérison. Le père (Jaïre) a confiance et il<br />

demande <strong>à</strong> Dieu, par l'entremise de ce Jésus que Jaïre considère comme étant un<br />

prophète, de guérir sa petite-fille. La femme, allégorie de l'alliance de sang,<br />

représente ton peuple, Israël qui a perdu la foi et retombe au niveau du peuple<br />

des égyptiens. Et c'est la plaie du sang.<br />

3.- Répondant, mon rabbin dit : La femme, qui est alliance, sait que, quoiqu'il<br />

arrive, Dieu n'a qu'une parole et elle fait le geste rituel : toucher son vêtement.<br />

La femme fut guérie par YHVH-Elohim conformément <strong>à</strong> l'Ecriture et le prêtre<br />

constate que la maladie fut guérie. Mon rabbin ajouta :<br />

Dois-je dire : le prêtre ? ou simplement : le prophète Jésus ?<br />

Or moi : C'est Dieu qui fait mourir et qui fait vivre ! C'est Dieu qui b<strong>les</strong>se et<br />

qui guérit. Jésus a osé dire : "Fille, ta foi t'a sauvée... sois SAINE (g: ugies) de<br />

ton AFFLICTION (g: apo tes mastikos)." LUI seul, qui est Dieu, pouvait dire<br />

ces mots :<br />

'saine' unique emploi <strong>dans</strong> le texte;<br />

'affliction' troisième et dernier emploi, donc aboutissement,<br />

par la guérison de l'affliction pour celle<br />

qui a touché(1) son vêtement.<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : a touché = Page : 29<br />

Lors du premier emploi du mot affliction, nous avons vu comment Jésus<br />

soignait ceux qui "se-précipitaient-sur lui afin qu'ils LE touchent". (III-10).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VI-3)<br />

Question ?<br />

Au livre des Rois<br />

Le charpentier<br />

Sainte Vierge Marie<br />

La mère de lui<br />

Autour de lui<br />

Sur : "sa mère"<br />

Une loi remarquable<br />

"Le FILS de Marie"<br />

QUESTION ?<br />

LE CHARPENTIER , LE FILS DE MARIE ...<br />

_______________<br />

Depuis longtemps, je suis attiré par cet endroit du texte :<br />

"Celui-ci n'est-il pas le charpentier...?",<br />

mais je n'arrive pas <strong>à</strong> m'expliquer en quoi il y aurait nécessité, pour la<br />

nouvelle Ecriture du Nouveau Testament, <strong>à</strong> faire en sorte que Jésus soit<br />

charpentier.<br />

Puis, un jour, j'ai pensé <strong>à</strong> une loi du texte : un mot n'a son sens que par le texte.<br />

Seul l'auteur ('Saint Marc') sait quel sens il met <strong>dans</strong> tel mot de son texte. Qu'en<br />

est-il du mot charpentier ? Ce n'est pas un mot survenu par une parole du Messie<br />

: "Beaucoup... étaient-saisis-de-surprise en disant : '... Celui-ci n'est-il pas le<br />

charpentier, le fils de Marie, le frère de...'." (VI-3). Le mot est donc présenté par<br />

un dire de beaucoup, anonymat d'un pluriel.<br />

Comme l'emploi est unique pour tout le texte, et puisque le mot est au centre<br />

d'une interrogation, son sens est excessivement flou.<br />

Or, je suis attiré par ce mot : quel sens puis-je trouver en lui ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 2 -<br />

Je me suis demandé en quoi Dieu pourrait être qualifié de charpentier, car le<br />

Messie, c'est Dieu, et Jésus est le Messie... J'ai cherché <strong>dans</strong> l'histoire et j'ai<br />

trouvé le long passage suivant décrivant la construction du Temple de<br />

Jérusalem. Dans le texte de Saint Marc, le Temple est sa maison, et il y vient<br />

longuement (<strong>à</strong> la deuxième partie). On le sent chez lui, lorsque lui est <strong>dans</strong> le<br />

Temple. J'ai appris, en lisant le Livre des Rois, comment Dieu avait conçu son<br />

Temple et j'y ai trouvé le grand soin qu'il met <strong>à</strong> ordonner beaucoup de bois.<br />

AU LIVRE DES ROIS<br />

'En l'an quatre cent quatre vingt après l'exode des fils d'Israël au pays d'Egypte,<br />

en l'an quatre du règne de Salomon sur Israël, au mois de ziv qui est le deuxième<br />

mois (= <strong>à</strong> la nouvelle lune d'avril), (Salomon) entreprit la construction de la<br />

Maison pour YHVH (c. <strong>à</strong> d. = le Temple)...<br />

La parole de YHVH fut adressée <strong>à</strong> Salomon pour dire : 'Cette maison que tu<br />

bâtis, si tu exécutes mes sentences, si tu observes mes commandements, en<br />

marchant d'après eux, alors j'accomplirai ma parole <strong>à</strong> ton sujet, celle que j'ai dite<br />

<strong>à</strong> ton père David. J'y résiderai au milieu des fils d'Israël et je n'abandonnerai pas<br />

mon peuple Israël.'<br />

Salomon bâtit donc la Maison et il l'acheva. Il bâtit <strong>les</strong> parois de la maison, <strong>à</strong><br />

l'intérieur, en planches de cèdre (= sapin), depuis le sol de la maison jusqu'aux<br />

poutres du plafond. Il recouvrit de bois l'intérieur et il recouvrit de planches de<br />

cyprès (= sapin) le sol de la maison. Il bâtit, <strong>à</strong> l'arrière de la maison, vingt<br />

coudées en planches de cèdre, depuis le sol jusqu'aux poutres, et il en fit<br />

l'intérieur du Sanctuaire, le Saint des Saints. Or le cèdre <strong>à</strong> l'intérieur de la<br />

maison était sculpté en forme de coloquintes et de guirlandes de fleurs : tout<br />

était cèdre et pas une pierre n'apparaissait... En avant du Sanctuaire... on<br />

érigea un autel de cèdre et on le revêtit d'or fin... Puis (Salomon) fit <strong>dans</strong> le<br />

Sanctuaire deux Chérubins en bois d'olivier sauvage (= huileux - résineux)...<br />

puis il revêtit d'or <strong>les</strong> chérubins. Il sculpta tous <strong>les</strong> murs de la maison, <strong>à</strong> l'entour,<br />

avec des sculptures en relief, chérubins, palmes, guirlandes de fleurs <strong>à</strong><br />

l'intérieur et <strong>à</strong> l'extérieur. Le sol de la maison, il le revêtit d'or, <strong>à</strong> l'intérieur et <strong>à</strong><br />

l'extérieur. A l'entrée du Sanctuaire, il fit des battants de porte en bois d'olivier<br />

sauvage, le linteau et <strong>les</strong> montants prenant la cinquième partie de la porte. Les<br />

deux battants en bois d'olivier sauvage, il sculpta sur eux des sculptures de<br />

chérubins, de palmes, de guirlandes de fleurs; il <strong>les</strong> revêtit d'or et appliqua de l'or<br />

sur <strong>les</strong> chérubins et <strong>les</strong> palmes.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 3 -<br />

Il fit de même, <strong>à</strong> l'entrée du Temple, des montants en bois d'olivier<br />

sauvage... puis deux battants en bois de cyprès, deux planches tournantes<br />

formant l'un des battants et deux planches tournantes formant le second<br />

battant. Il y sculpta des chérubins, des guirlandes de fleurs, qu'il revêtit d'or<br />

étendu sur la partie gravée. Puis il bâtit la cour intérieure : trois rangées de<br />

pierres de taille et une rangée de plaques de cèdre.<br />

En l'an quatre, au mois de ziv, avait eu lieu la fondation de la Maison de<br />

YHVH et en l'an onze, au mois de boul, qui est le huitième mois (de l'année =<br />

octobre - novembre) la Maison était terminée en tous ses détails et suivant tous<br />

<strong>les</strong> plans. Salomon la bâtit en sept ans.'<br />

(I Rois VI-37 <strong>à</strong> VII-38)<br />

LE CHARPENTIER<br />

Voil<strong>à</strong> comment, par le moyen de ce texte, je vois maintenant tout ce qui est <strong>à</strong><br />

l'intérieur du mot 'g: tektôn = charpentier'. Jésus-le-Messie, qui est YHVH-<br />

Constructeur du Temple, est l'homme qui sait 'assembler le bois, bien lié (=<br />

le mot qui est l'Alliance) pour une construction qu'aucun tremblement de terre ne<br />

pourra disjoindre'.(Ecclésiastique XXII-16), et cette construction : c'est l'Eglise.<br />

Car toute 'charpente' est l'assemblage de piliers, de poutres et de planches, avec<br />

balcons, terrasses et toits, avec <strong>les</strong> ouvertures vers toutes <strong>les</strong> faces du mon-de par<br />

portes et fenêtres, construction qui par sa cohérence (= son unité) résiste <strong>à</strong> toutes<br />

<strong>les</strong> secousses. YHVH fut l'architecte qui sut penser son Temple (deux fois<br />

détruit par l'homme). Jésus est 'le charpentier' de l'Eglise et elle est son<br />

troisième Temple... Et, comme il y a trois, il y a l'éternité, car c'est l'aboutissement<br />

pour tous <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>. Il y a aussi un, car le Sanctuaire est UNIQUE.<br />

Ainsi je pénètre au cœur du mot charpentier. Il est plus qu'un simple ouvrier<br />

ou artisan, assemblant quelques poutres. Il est celui qui créa l'ossature, la<br />

structure, l'ensemble charpenté, menuisé, sculpté, décoré pour être sa demeure :<br />

il est Dieu Créateur. Voici que je me sens devenu tout autre, simple petit carrelet<br />

ou lambris, offrant au dernier rang, <strong>dans</strong> un coin, tout en bas, la couleur et la<br />

chaleur du plus petit de tous <strong>les</strong> bouts de bois. S'il eût été absent, cela serait un<br />

trou béant, une brisure, une anti-cohérence, une négation, une aberration. Je ne<br />

suis rien, mais je dois, comme ce carrelet, aider <strong>à</strong> soutenir, comme lui soutient<br />

bois plus noble que lui : c'est son humble manière de vivre avec amour.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 4 -<br />

Au texte de l'Ecriture, il est dit comment YHVH organisa SON temple avec du<br />

bois. La pierre aussi est l<strong>à</strong>, mais plus anonyme, car par simple assemblage l'une<br />

sur l'autre, elle joue <strong>à</strong> faire un mur. Les piliers, <strong>les</strong> battants, <strong>les</strong> montants<br />

guident et maintiennent le mur. Or le bois est vivant : il faut le façonner afin<br />

qu'il puisse être lié (= le mot de l'Alliance) avec <strong>les</strong> autres bois, comme l'homme<br />

avec <strong>les</strong> autres hommes.<br />

SAINTE VIERGE MARIE<br />

Oui ! Jésus est le vrai 'charpentier'.<br />

'Croyons donc, frères, selon la tradition des Apôtres, que le Verbe de Dieu<br />

(text. : Dieu-Verbe) est descendu du ciel <strong>dans</strong> la SAINTE VIERGE MARIE afin<br />

que, incarné d'elle, il sauvât l'Adam déchu et conférât l'incorruptibilité aux<br />

hommes qui croient en son Nom.'<br />

En grec :<br />

oti Theos logos ap'ouranôn katelten eis ten agian partenon Mariam<br />

Saint Marc ne parle pas de la Vierge Marie mais, uniquement au présent verset<br />

analysé, "de Marie" (sa mère). J'ai tenu <strong>à</strong> prendre note de la citation ci-dessus car<br />

il semble que ce soit le premier texte mentionnant la "Sainte Vierge" : il est<br />

dû <strong>à</strong> Saint Hippolyte <strong>dans</strong> son écrit Contre <strong>les</strong> hérésies et peut être daté de la<br />

première moitié du III° siècle. Hippolyte utilise, d'ordinaire, le mot 'g: makario<br />

= bienheureux', mais réserve 'g: agios = saint' <strong>à</strong> tout ce qui touche directement <strong>à</strong><br />

Jésus-le-Messie. Par exemple : l'Esprit-Saint / la sainte église : celle qui réside<br />

<strong>dans</strong> l'Esprit-Saint / <strong>les</strong> saintes mains / le saint côté ... de Jésus.<br />

Or, pour Hippolyte, Marie a une relation UNIQUE avec le Messie puisque<br />

Jésus 'venant de la manière dont il avait été annoncé, s'est manifesté, se faisant<br />

homme nouveau par sa naissance de la VIERGE et de l' ESPRIT-SAINT, ayant<br />

<strong>à</strong> la fois ce qui est cé<strong>les</strong>te, le tenant du Père comme Verbe, et ce qui est terrestre,<br />

le tenant de l'ancien Adam comme incarné par la VIERGE. Venant <strong>dans</strong> le<br />

monde, il s'est manifesté Dieu <strong>dans</strong> un corps; il est venu en vrai homme...'<br />

(Hippolyte : Contre <strong>les</strong> hérésies - finale)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA MERE DE LUI<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 5 -<br />

L'évangile de Saint Marc est le Message-Divin du Dieu-Incarné et il a l'infinie<br />

délicatesse de ne rien imposer. Il dit la Vérité et il est <strong>dans</strong> la Cohérence; il dit<br />

souvent plus qu'il ne dit et le non-dit du texte a autant de puissance que<br />

l'exprimé. Ainsi en est-il pour "sa mère et ses frères". Ils sont venus en (III-31)<br />

et sont restés debout, au-dehors.<br />

Lecteur, sache que, <strong>dans</strong> le texte grec, il y a un jeu remarquable du pronom<br />

personnel qui L E représente :<br />

III-31 la mère de LUI autou ......... autou<br />

<strong>les</strong> frères de LUI<br />

III-31 auprès de LUI auton auton<br />

L ' appelant<br />

III-32 autour de LUI auton<br />

III-32 on LUI dit aute<br />

III-32 TA mère TES frères sou ......... sou<br />

III-33 LUI leur dit autois<br />

III-33 MA mère MES frères mou----------------mou<br />

III-34 autour de LUI auton<br />

III-34 MA mère . MES frères mou----------------mou<br />

III-35 la volonté de DIEU Theou<br />

III-35 p o u r MOI m o u<br />

Ainsi, la volonté du texte est de faire glisser l'ensemble 'mère + frères' ...<br />

depuis le départ : 'SOU = de TOI'<br />

vers l'arrivée : 'MOU = de MOI'<br />

en démontrant que 'mou' encadre le mot 'AUTON', ce qui, en plus, est bien et<br />

nettement dit par le texte : "autour de lui". C'est le lien humain de sa famille.<br />

Mais lui, il est aussi DIEU, puisque "Theou" est au centre de la Trinité de<br />

'mou', car ce qui est au centre de SON triangle, c'est la volonté de Dieu :<br />

mou mou<br />

Theou<br />

mou<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 6 -<br />

Je pourrais m'arrêter ici, admirant un graphe inattendu. Mais, je lis aussi <strong>dans</strong><br />

tout ceci l'affirmation du texte de Saint Marc : sa mère et ses frères croient<br />

fermement en sa mission et savent qui est lui.<br />

De plus, au-del<strong>à</strong> de ces mots, il y a le contenu d'une réponse qui peut nous<br />

apparaître brutale par le rejet qu'elle exprime : ma mère et mes frères sont ceuxl<strong>à</strong><br />

qui m'entourent !<br />

Quelle mère, quels frères pourraient entendre une telle réponse sans répondre ?<br />

Nous allons continuer <strong>à</strong> marcher en tous sens <strong>dans</strong> la plaine du Jourdain ou<br />

vers quelque montagne élevée, mais nous ne rencontrerons plus ceux de sa<br />

famille. Pourtant, en (VI-3), le texte évoque sa vie privée :<br />

"N'est-il pas… le fils de Marie...? ".<br />

Jamais je n'ai entendu, chez Saint Marc, la voix de sa mère, ni un quelconque<br />

mot prononcé par l'un de ses frères. Il y a l<strong>à</strong> un long silence qui est la discrétion,<br />

la confiance, l'amour de SA mère. L'effacement est si grand que le texte a<br />

respecté autant d'humilité et que, <strong>dans</strong> le verset (VI-3), il n'a pas osé utiliser le<br />

mot 'mère' :<br />

AUTOUR DE LUI<br />

"Celui-ci n'est-il pas... le fils de Marie...?".<br />

Je ne puis pas abandonner ce pronom personnel, sans montrer le rayonnement<br />

de l'expression "autour de lui". Un simple dessin suffira :<br />

III-31 mère ---- frères mère -------- frères<br />

III-32 autour de LUI I L U I I<br />

III-32 mère ---- frères mère -------- frères<br />

et ce dessin est <strong>à</strong> rapprocher de ce même carré encadrant 'LUI' qui est le pronom<br />

'auton' de (III-34). Il y a l<strong>à</strong> comme une affirmation, par une structure Inspirée,<br />

de la double nature de Jésus : LUI est homme, et LUI est Dieu (= la volonté de<br />

Dieu).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SUR "SA MERE"<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 7 -<br />

1.- "Sa mère vient ..." auprès de Jésus; il ne l'accueille pas et elle reste<br />

"debout, au-dehors" (III-31). Le texte comprend ce qui vient de se passer et<br />

décide de ne plus utiliser le mot 'mère' pour désigner Marie après la fin de la<br />

séquence (c. <strong>à</strong> d. aussitôt après le verset III-35). Pour cette raison, il est<br />

important de prendre note du verset (VI-3), l<strong>à</strong>-où le mot mère aurait dû<br />

normalement revenir pour qualifier Marie : le texte renverse son dire et c'est par<br />

rapport <strong>à</strong> LUI que le texte situe Marie, d'où "le fils de Marie".<br />

2.- Un peu après, avec intention, Hérode étant présent, nous entendons parler de<br />

"sa mère = g: te metri autes" en (VI-24) ainsi qu'en (VI-28); bien entendu, le<br />

changement de situation fait que ce n'est plus 'g: e metri autou = sa mère' du<br />

verset (III-31). C'est l<strong>à</strong> un grand enseignement : le qualificatif de 'sa mère'<br />

n'entraîne pas automatiquement l'identité des comportements :<br />

Marie vient, il ne la reçoit pas, elle s'efface en silence(1);<br />

Hérodiade est au centre d'un drame, du fait qu'elle est la mère de "sa fille" (VI-<br />

22), celle-ci ayant-<strong>dans</strong>é(2) devant le roi; elle n'hésite pas <strong>à</strong> faire entendre sa<br />

voix pour demander la mort, car elle veut "la tête de Jean, celui-qui-baptise"<br />

(VI-24). Une mère est toujours la femme qui donne la vie, sauf ici, où elle<br />

devient celle qui donne également la mort !<br />

Marie est la femme dont le texte tait le nom de l'époux;<br />

Hérodiade est "la femme de Philippe" (VI-17) et elle "s'était-mariée" avec<br />

Hérode; ou encore : la femme aux deux maris !<br />

3.- Les autres utilisations du mot 'g: meter = mère' obligent toujours <strong>à</strong> la<br />

présence, <strong>à</strong> ses côtés, du 'père = g: pater'. Le lexique (voir 'père') donne toutes<br />

<strong>les</strong> références.<br />

Une exception cependant au verset (X-30) m'incite <strong>à</strong> donner comme pistes de<br />

recherches :<br />

a) I-20 : <strong>les</strong> frères (= un pluriel) ont laissé leur père et ils ne peuvent entendre la<br />

promesse d'y gagner plusieurs pères...<br />

b) XI-25 : bientôt on entendra, au sujet de "votre père qui <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux". LUI,<br />

il est l'Unique (XII-29) et ne saurait être l'occasion d'un pluriel.<br />

c) VIII-38 : "Son Père" est un singulier de Majesté et de Cohérence qui a sa<br />

puissance <strong>dans</strong> l'Unité.<br />

d) ... et peut-être (aussi ?) par respect du nombre dix-huit (voir lexique - analyse<br />

2) car le mot 'père' ne peut décemment être employé que dix-huit fois : "le Fils<br />

du Béni"(3) est le 'Fils du Père' (VIII-38).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


UNE LOI REMARQUABLE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 8 -<br />

En passant, considérons :<br />

a) I-20 :<br />

"Et, laissant leur père Zébédée..."<br />

...puisque cet homme est laissé, nous ne le verrons jamais plus <strong>dans</strong> le texte<br />

(c'est une des lois du texte) et personne n'entendra plus parler de Zébédée. Peutêtre<br />

est-il encore "<strong>dans</strong> la barque, avec <strong>les</strong> salariés" (I-20) en train de réparer des<br />

filets éternellement troués ?<br />

b) X-7 :<br />

"un homme abandonner son père et sa mère"<br />

... l'ensemble 'père + mère' étant abandonné est donc mis hors du texte. Selon<br />

la loi du texte, il faut que le Messie ré-introduise Lui-même ces deux mots pour<br />

que nous puissions <strong>les</strong> voir <strong>à</strong> nouveau. Cela arrivera en (X-19) et Jésus le fera<br />

d'une façon particulièrement remarquable en citant le Décalogue, c. <strong>à</strong> d. la<br />

Parole de YHVH qui est la LOI écrite pour Israël : "Honore ton père et ta mère".<br />

Quelle belle réhabilitation !<br />

c) X-29 :<br />

"Il n'est personne qui aura laissé :..."<br />

... maison - frères - soeurs - mère - père - enfant - campagnes..." = que voil<strong>à</strong><br />

un grand nombre de mots et il va falloir, selon la loi du texte, <strong>les</strong> laisser (= <strong>les</strong><br />

abandonner) tous ! Heureusement, le verset suivant, qui est toujours parole de<br />

Jésus, ré-introduit un certain nombre de mots : maison - frère - soeur - mère -<br />

enfant - campagne. Il ne manque que le mot père. Le lecteur est inquiet de savoir<br />

de quelle façon le Messie va opérer ? Qu'il aille en (XI-10) : "Béni soit le (nom<br />

de son) Règne qui vient ! (règne) de notre PERE David !". Que peut-il y avoir<br />

de plus 'théologique' pour le mot 'père' que cette entrée <strong>à</strong> Jérusalem, crié par<br />

"ceux qui précédaient et ceux qui suivaient" le Messie, le FILS "de notre père<br />

David" !<br />

Le verset (X-29) ordonne la disparition de SEPT mots; le verset qui le suit en<br />

récupère SIX, et le dernier mot est ré-animé en apo-théo-se,<br />

- parce que le mot 'père' est le seul manquant et qu'il est le dernier <strong>à</strong> être<br />

récupéré, donc le septième;<br />

- parce que le chiffre sept témoigne toujours d'un serment;<br />

- parce que Dieu en fit le serment <strong>à</strong> nos pères.<br />

Oui ! Jésus-le-Messie est bien FILS de notre PERE DAVID !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


"LE FILS DE MARIE"<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 9 -<br />

OUI ! Jésus-le-Messie est aussi "le FILS de MARIE" ! Je ne sais comment<br />

écrire mon admiration : le texte de Saint Marc ignore presque totalement<br />

l'origine humaine de Jésus. Il ne parle jamais de Joseph, et <strong>à</strong> peine une fois de<br />

Marie. Or, voici qu'il écrit : "fils de Marie" !<br />

Le texte a utilisé auparavant l'expression "sa mère" (III-31) et nous avons alors<br />

admiré comment il compose (de III-31 jusqu'<strong>à</strong> III-35) un jeu de contrepoint <strong>à</strong><br />

partir des deux thèmes :<br />

familial = 'mère + frères'<br />

humain-divin = le pronom personnel 'LUI'<br />

Il sera obligé d'utiliser par deux fois 'sa mère' (= formes différentes de III-31)<br />

pour parler d'Hérodiade; ceci lui interdit d'utiliser (en VI-3) 'sa mère' pour<br />

désigner Marie. Pourtant, il aurait pu, très simplement, écrire : 'Celui-ci n'est-il<br />

pas le charpentier, dont on connaît la mère (Marie) et ses frères (Jacques, Joset,<br />

Jude et Simon) ?' (cfr : VI-3). S'il ne l'a pas fait, c'est intentionnellement et je<br />

suis ébloui de voir qu'il est le seul, de tous <strong>les</strong> écrits du N.T. <strong>à</strong> utiliser<br />

l'expression :<br />

'g: o huios tes Marias = le fils de Marie' (VI-3).<br />

Le lecteur prendra un soin infini <strong>à</strong> cette expression, car il y a l'article défini<br />

"le" Comme nous savons la profonde culture sémitique de l'auteur, il nous faut,<br />

avec délicatesse, examiner la seule lettre grecque "o".<br />

Lecteur, veux-tu, avec moi, re-garder ces trois extraits du texte :<br />

VI-3 o uios tes Marias le fils de Marie<br />

XII-26 ego : o Theos Abraam Moi le Dieu (d') Abraham<br />

kai Theos Isaac et Dieu (d') Isaac<br />

kai Theos Iakôb et Dieu (de) Jacob<br />

XII-29 Kurios o Theos emôn Seigneur le Dieu nôtre<br />

Kurios eîs estin Seigneur est-unique.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 10 -<br />

Lecteur ! Je te propose la lecture suivante de ces trois versets :<br />

XII-29 :<br />

- LE Dieu nôtre = avec l'article défini permettant d'accoler 'nôtre'; c'est <strong>à</strong> dire la<br />

relation par laquelle il est Dieu (= il se révèle, il se fait connaître).<br />

- Seigneur = sans article défini, car IL est Unique et n'a besoin d'aucune<br />

attribution d'identité.<br />

- Seigneur = IL est Dieu, de toujours, de partout, de toutes (choses) non-créées;<br />

IL est amour.<br />

- LE Dieu nôtre = la relation avec nous; il est Dieu qui juge de notre agir et de<br />

notre être envers Lui.<br />

XII-26 :<br />

- o Theos Abraam = Le Dieu qui s'est montré <strong>à</strong> notre père Abraham, ce Dieu en<br />

contact avec l'homme qu'IL a choisi.<br />

- Theos Isaac - Iacob = la définition par Abraham s'étend <strong>à</strong> toute sa<br />

descendance; par le fils et le petit-fils d'Abraham, Dieu est LE Dieu d'Abraham.<br />

Donc il n'y a pas besoin d'article défini pour Dieu d'Isaac, de Jacob.<br />

VI-3 :<br />

- LE fils de Marie = l'article sert <strong>à</strong> définir l'homme-Jésus. De plus, il marque<br />

l'unicité de ce fils et Marie n'a pas eu d'autre enfant, sinon il n'y aurait pas<br />

l'article. D'autre part, Marie est une femme connue et parfaitement identifiée,<br />

ainsi que le prouve la liste des parents (= frères) qui peuvent témoigner. Les<br />

témoins sont : Jacques, Joset, Juda et Simon.<br />

Lecteur ! Je t'offre une piste de travail : quelle signification en hébreu pour ces<br />

QUATRE noms et quelle allégorie ?<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi j'admire de plus en plus ce texte : il a su placer Marie "sa<br />

mère" (III-31) <strong>à</strong> ce niveau de silence que je trouve lorsque je viens ici 'g: eis ten<br />

patrida = <strong>dans</strong> la patrie" (VI-1) de la Vierge d'Oelenberg.<br />

Aucun des Saints : Matthieu, Luc, Jean, Paul ou autre, écrivain du N.T. n'a osé<br />

écrire :<br />

" l e f i l s d e M a r i e " .<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 11 -<br />

Note 1 : silence = page : 7<br />

a) avec Marie :<br />

"sa mère et ses frères" restent 'au-dehors' situation incohérente<br />

se-tenant-debout leur crainte<br />

et ils ne disent rien + le silence<br />

"sa mère et ses frères sont ... = ceux-ci feront la volonté de Dieu<br />

b) avec Hérodiade :<br />

femme de Philippe, mais mariée <strong>à</strong> Hérode situation incohérente<br />

elle garde rancune <strong>à</strong> Jean sa crainte<br />

elle parle : "la tête de Jean !" + le bruit<br />

Qu'advient-il d'elle ... = le crime<br />

Note 2 : ayant-<strong>dans</strong>é = page : 7<br />

Marie ne dit rien son fils enseigne beaucoup (VI-2)<br />

Hérodiade parle sa fille <strong>dans</strong>e et redit <strong>les</strong> mêmes mots<br />

que sa mère : "La tête de Jean !"<br />

Note 3 : le fils du Béni = page : 7<br />

Voir lectio divina de la séquence (XIV-53 <strong>à</strong> 72) dont le titre : 'Pierre'.<br />

Jusqu'<strong>à</strong> ce que je fasse la présente analyse, j'ai cru que le "Béni" ne pouvait<br />

être que Dieu. Voici, <strong>à</strong> cause de cette ré-introduction du mot 'père' par le moyen<br />

du cri poussé, <strong>à</strong> Jérusalem, en l'honneur de David, que je suis obligé de donner<br />

une interprétation complémentaire du mot "Béni". D'où le dernier paragraphe du<br />

chapitre relatif <strong>à</strong> 'Pierre'.<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VI-15)<br />

L'attente<br />

Réveiller des morts°<br />

Mourir = apo-thnesco<br />

Réveiller<br />

Les textes<br />

L'un des prophètes<br />

L ' ATTENTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 12 -<br />

L ' UN DES PROPHETES<br />

_______________<br />

Le roi Hérode savait ce que le pronom indéfini "on" disait : ce Jésus, en<br />

Galilée, est "Jean, celui-qui-baptise, (et il) a été réveillé des morts° ... c'est Elie<br />

... c'est un prophète comme l'un des prophètes" (VI-14 et 15).<br />

J'ai écouté le texte avec beaucoup d'attention, car il offre, <strong>à</strong> proximité l'une de<br />

l'autre, deux références :<br />

"réveillé des morts°"<br />

"l'un des prophètes"<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


REVEILLER DES MORTS°<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 13 -<br />

Le verbe 'réveiller' est déj<strong>à</strong> arrivé <strong>dans</strong> le texte<br />

Nombre référence<br />

d'emplois du verset<br />

1 I-31 pour la belle-mère de Simon ) = 3 personnes<br />

3 II-9 <strong>à</strong> 12 pour le paralytique par le toit )<br />

1 III-3 pour la main desséchée ) éveillées<br />

Puis, il vient avec le verbe 'dormir = g: kath-eudo' :<br />

1 IV-27 "qu'il dorme et ... soit réveillé" ) = 3 emplois<br />

1 IV-38 "en dormant ... ils le réveillent" )<br />

1 V-41 pour la fille de Jaïre : "elle dort") 'en dormant'<br />

A son emploi suivant, le verbe 'réveiller' est celui-l<strong>à</strong> même que "on" disait :<br />

"Jean... a été réveillé des morts°".<br />

J'admire cette structure des emplois établie en rythme ternaire. Le rang sept<br />

qui va arriver est alors celui offert <strong>à</strong> Jean-le-Baptiste. Or, il est une chose<br />

remarquable avec la fille de Jaïre : Jésus "entrant... leur dit : 'La petite-enfant<br />

n'est pas morte (g: ouk apethanen), mais elle dort'." (V-39). Le verbe<br />

'apothnesco' a même racine que 'thanatos = mort'. Jésus 'réveille' la jeune fille :<br />

"Talitha qoum, ce qui - traduit - est : Jeune fille, je te dis, réveille-toi !".<br />

Ce n'est pas le texte qui parle, car ce sont l<strong>à</strong> des paro<strong>les</strong> prononcées par Jésus<br />

et il n'y a aucune possibilité d'interpréter différemment : la 'mort' (g: thanatos) a<br />

été vaincue et la fillette a été 'réveillée'.<br />

L'authenticité du mot 'réveiller' est garantie par un mot en langue<br />

araméenne : cette sorte de 'réveil' a toute puissance sur la mort.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


MOURIR = APO - THNESKO<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 14 -<br />

Il nous faut, <strong>à</strong> présent,, ô lecteur, faire l'analyse exégétique de la mort (g:<br />

thanatos). Qu'est-ce que 'mourir' ?<br />

1.- (V-35 et 39) :<br />

La fille de Jaïre est morte : la petite-enfant (V-39) est devenue un cadavre<br />

semblable, en cela, <strong>à</strong> tous ceux des animaux. Tous ceux qui sont présents en ont<br />

pleine conscience et il y a du tumulte, car <strong>les</strong> femmes "pleuraient et selamentaient<br />

beaucoup" (V-38).<br />

2.- (IX-26) :<br />

Descendant de la montagne de la Transfiguration, nous avons vu l'homme hors<br />

dela foule, avec le petit-enfant (IX-24). Celui-ci crie... "et il arriva tout comme<br />

mort°".<br />

Le mot grec est 'nekros' car, en réalité, ce n'est pas un cadavre : il est<br />

semblable <strong>à</strong> un mort, mais la vie est encore en lui. Ceux qui étaient présents l'ont<br />

réellement cru mort : "de sorte que beaucoup disaient : 'Il est mort' (g: ôste tous<br />

pollous legei oti apethanen). Le mot grec est de la famille de 'thanatos' = la mort<br />

pour l'homme et celle de la bête, celle qui donne un cadavre.<br />

............<br />

3.- (XII-19 <strong>à</strong> 22) :<br />

Voici quatre emplois de 'apo-thnesco'. La plénitude de la mort est dite par le<br />

texte (= quatre emplois) avec cette femme prise successivement pour épouse par<br />

chacun des sept frères. "Les sept ne laissèrent pas de semence°" (XII-22) et ils<br />

n'eurent pas d'enfant. Leur mort, <strong>à</strong> elle et <strong>à</strong> eux tous, relève tout au plus d'une<br />

mort animale, puisque rien d'eux ne survivra, d'où le mot 'thanatos'.(= Malgré le<br />

nombre 'sept' pour la semence, il n'y a pas eu de semence de vie et il n'y a pas eu<br />

d'enfant, donc c'est 'la mort'.)<br />

4.- (XV-44) :<br />

Après que Jésus eut expiré, Joseph ose entrer auprès de Pilate afin de lui<br />

demander le corps. "Or Pilate s'étonna s'il fût déj<strong>à</strong> mort". Le texte a regardé<br />

Pilate avec beaucoup d'attention et il a bien entendu : Pilate, <strong>à</strong> cet instant précis,<br />

ne croit pas en la résurrection de l'homme après la mort° car le texte utilise<br />

l'expression 'g: ei ede tethneken'; c'est le verbe 'g: thnesko = mourir' <strong>dans</strong> sa<br />

nudité.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 15 -<br />

Alors, se relisant lui-même, le texte vient de comprendre que jamais, jusqu'<strong>à</strong> ce<br />

verset (XV-44), il n'avait employé thnesko. Aussitôt, <strong>à</strong> la phrase suivante, il<br />

s'arrange pour revenir au verbe déj<strong>à</strong> utilisé : 'apo-thnesko' et il écrit : "Et, ayant<br />

appelé-auprès (de lui) le centurion, il (= Pilate) l'interrogea s'il était-mort depuis<br />

longtemps (g: ei palai apethanen)" (XV-44)<br />

. Ainsi il est bien confirmé : Pilate ne croit pas en la résurrection des corps et<br />

c'est pourquoi, restant <strong>dans</strong> sa propre vérité, il offrit "le cadavre (= to ptôma) <strong>à</strong><br />

Joseph" (XV-45).<br />

REVEILLER<br />

Lecteur ! Ainsi as-tu acquis la connaissance de la mort et peux-tu, désormais,<br />

estimer la puissance du verbe réveiller.<br />

Lorsque le pronom indéfini "on" diffuse sa croyance en "Jean... réveillé des<br />

morts°", tu sais que cette mort° (g: nekros) est pensée par quelqu'un qui a-foi et<br />

qu'elle laisse un corps (= soma), afin qu'il y ait, par la suite, un réveil. "Jean,<br />

celui-qui-baptise" (VI-14) était connu d'Hérode comme "homme° juste et saint"<br />

(VI-20). Ami lecteur, tu sais maintenant que tous ces gens qui sont regroupés<br />

<strong>dans</strong> l'anonymat de "on" (VI-14) pensent comme Hérode. L'emploi du mot<br />

'nekros' au verset (VI-14) t'en a apporté l'information : un homme comme "Jean,<br />

celui-qui-baptise" (VI-14), un homme que Hérode, le roi, protège car il le sait<br />

"homme° juste et saint" (VI-20), ne peut pas, comme une bête, donner un<br />

cadavre. Or, s'il fut "décapité" (VI-14 et 27), 'on' le disait être "mort°" (g:<br />

nekros), c. <strong>à</strong> d. : capable d'être réveillé.<br />

Alors, lecteur, pose-toi la question : y a-t-il quelque rapport ou quelque<br />

relation entre 'être homme° juste et saint' et "être un prophète, comme l'un des<br />

prophètes" ?<br />

LES TEXTES<br />

1.- (VI-14 et 15) :<br />

kai elegon oti : Jean<br />

alloi de elegon oti : c'est Elie<br />

alloi de elegon oti : PROPHETES OS<br />

eîs tôn PROPHETÔN<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 16 -<br />

2.- (VIII-28) :<br />

-------- : Jean<br />

kai alloi : Elie<br />

alloi de oti : eîs tôn PROPHETÔN<br />

3.- Entre <strong>les</strong> deux textes, il y a la différence :<br />

'g: prophetes ôs ...un prophète comme..;'.<br />

4.- Dans la partie de l'évangile comprise entre ces deux textes, <strong>les</strong> Douze ont<br />

reçu :<br />

l' ENTENDRE et le PARLER correctement<br />

le VOIR distinctement<br />

Mais ils ont une difficulté <strong>à</strong> franchir la notion de 'prophète' dont ils n'ont la<br />

connaissance que par ce qu'ils en savent venant de la Tradition juive (= l' A.T.).<br />

Alors, subitement, sans que rien laisse présager, répondant, Pierre lui dit :<br />

"Toi Tu-es le Messie" (VIII-29)<br />

L ' UN DES PROPHETES<br />

Le lecteur a déj<strong>à</strong> rencontré quelque prophète <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc,<br />

puisqu'il y eut "Isaïe le prophète" (I-2), puis la constatation négative avec "un<br />

prophète n'est pas sans honneur sinon <strong>dans</strong> sa patrie".<br />

Est-ce l<strong>à</strong> une façon de dire que Jésus, s'il est prophète, ne pourra rester en<br />

Galilée, le pays où il s'est manifesté lors de sa première apparition au texte au<br />

verset (I-14) ? Ne va-t-il pas chercher <strong>à</strong> agir vers "tout le pays (de) Judée et tous<br />

<strong>les</strong> habitants-de-Jérusalem" (I-5), vers ceux-l<strong>à</strong> qui s'en allaient auprès de "Jean,<br />

celui-qui-baptise" ?<br />

Et le lecteur remarquera que, <strong>dans</strong> cette séquence avec Jean-Baptiste (I-4 <strong>à</strong> 8),<br />

il ne semble pas que <strong>les</strong> proclamations de Jean aient touché l'un ou l'autre<br />

galiléen. Isaïe a écrit comme écrivent <strong>les</strong> prophètes (I-2); Jean, près du fleuve,<br />

fut-il également un prophète ?<br />

Qu'est-ce qu'un prophète ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 17 -<br />

Dans le Lexique, au mot prophète, j'ai offert la réponse d'Origène : "Que Dieu<br />

connaisse longtemps <strong>à</strong> l'avance chacun des événements futurs comme devant se<br />

produire, c'est évident...". Faut-il en déduire qu'il ne peut y avoir d'autre prophète<br />

que de Dieu ? ... Et cette dernière question n'obligerait-elle pas <strong>à</strong> relire le<br />

verset (VI-4) autrement : "Et (Jésus) vient <strong>dans</strong> sa patrie... Et Jésus leur disait :<br />

'Un prophète n'est pas sans-honneur, sinon <strong>dans</strong> sa patrie'.". N'est-ce pas, ainsi<br />

exprimé, une façon de dire = JE suis <strong>dans</strong> MA patrie et, étant un prophète, je ne<br />

puis "faire l<strong>à</strong> aucun geste-de-puissance" (VI-5) ?<br />

Poursuivant l'examen de cette idée, si Jésus se déclare être prophète et si Dieu<br />

seul connaît longtemps <strong>à</strong> l'avance chacun des événements, n'est-ce pas une<br />

manière (cachée) pour Jésus de dire : étant l'UN des prophètes, je suis Dieu ? ...<br />

et la phrase du verset (VI-4), en forme de parole de Sagesse, devient semblable,<br />

en sa structure de pensée, <strong>à</strong> l'autre phrase, celle qui ouvrit le texte par l'écrit de<br />

Isaïe le prophète. Je suis toujours ramené <strong>à</strong> la même question :<br />

Qu'est-ce qu'un prophète ?<br />

Restant encore <strong>à</strong> l'intérieur de la séquence '<strong>dans</strong> sa patrie' (VI-1 <strong>à</strong> 6), je note<br />

que Jésus "leur disait : 'Un prophète n'est pas sans-honneur...'." (VI-4) E T que<br />

le texte ressent comme une nécessité de donner son propre commentaire : "Et il<br />

ne pouvait faire l<strong>à</strong> aucun geste-de-puissance..." (VI-5). Ce que j'appelle<br />

communément 'le texte' est, en réalité, la pensée de celui qui écrit identifiée <strong>à</strong> la<br />

pensée des témoins (par le voir et l'entendre) de l'événement <strong>dans</strong> la séquence.<br />

((Ailleurs nous avons constaté que le récit présenté par l'évangile de Saint Marc<br />

a été vécu intensément par l'auteur et nous avons dit pourquoi il était l'un des<br />

Douze.))<br />

Au verset (VI-5), l'auteur donne un commentaire du verset (VI-4) et il montre,<br />

de cette façon, sa pensée sur l'agir d'un 'prophète' : celui-ci est un homme qui<br />

doit faire des 'gestes-de-puissance' et notamment il doit guérir <strong>les</strong> infirmes et non<br />

pas seulement <strong>les</strong> 'soigner'. Pour l'un du groupe des Douze, Jésus a déj<strong>à</strong><br />

accompli des guérisons <strong>à</strong> ce moment où nous sommes en (VI-5) :<br />

<strong>à</strong> la synagogue de Capharnaüm : l'esprit-impur (I-21 <strong>à</strong> 28)<br />

<strong>dans</strong> la maison de Simon : la fièvre (II-29 <strong>à</strong> 31)<br />

après le coucher° du soleil : <strong>les</strong> mal-portants<br />

<strong>les</strong> démoniaques (I-32)<br />

près de la porte de la ville : maladies variées (I-34) et démons<br />

------------ un lépreux (I-40 <strong>à</strong> 45)<br />

<strong>à</strong> (la) maison° : un paralytique (II-1 <strong>à</strong> 12)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 18 -<br />

Et ils disent : "Jamais° nous n'avons vu ainsi !" (II-12), car ils voient en lui<br />

un guérisseur qui, de plus, <strong>les</strong> enseigne "comme ayant autorité et non pas comme<br />

<strong>les</strong> scribes" (I-22). Ne serait-ce pas ainsi qu'eux tous pensent (définir) la notion<br />

de prophète ?<br />

A la suite du verset (II-12), le récit change et présente une suite d'événements<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong>quels la fonction de 'guérisseur' n'est plus principale : l'appel de Lévi, le<br />

repas avec publicains et pécheurs, la question du jeûne, des épis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> champs<br />

de blé avec <strong>les</strong> pains de proposition mangés par David.<br />

Une guérison arrive ensuite : "la main desséchée" (III-1 <strong>à</strong> 5) mais, en son<br />

centre, il y a une parole surprenante qui dit avec autorité : "Le jour-du-sabbat,<br />

est-il permis... de sauver une âme ou de tuer ?" (III-4). La question s'étend bien<br />

au-del<strong>à</strong> d'une main atrophiée et elle institue le 'guérisseur' comme parlant en<br />

paro<strong>les</strong> de Sagesse. C'est ce que dit 'le texte' au verset (VI-5); commentant la<br />

parole de Jésus "un prophète n'est pas sans-honneur...", le témoin-auditeur<br />

constate que, <strong>dans</strong> sa patrie, Jésus-prophète "ne pouvait faire l<strong>à</strong> aucun geste-depuissance".<br />

A ce point précis du récit, nous apprenons ainsi :<br />

a) que, pour <strong>les</strong> Douze, un prophète est une sorte de guérisseur qui parle avec<br />

une autorité plus forte que celle des scribes.<br />

b) qu'ils voient en Jésus "un prophète, comme l'un des prophètes" ... et c'est<br />

exactement ce qui sera écrit au verset (VI-15). Le lecteur remarquera alors que le<br />

sujet de ce dire n'est plus 'on' comme en (VI-14), mais 'd'autres' (VI-15) :<br />

"on" disait : "Jean... réveillé hors des morts°..."<br />

"or d'autres" : "... Elie"<br />

"or d'autres" : "C'est un prophète,<br />

comme l'un des prophètes."<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 19 -<br />

Ainsi, ami lecteur, tu apprends que ceux qu'il vient d'envoyer "deux (par)<br />

deux" (VI-7) en mission, ceux <strong>à</strong> qui il "donnait autorité sur <strong>les</strong> esprits-impurs"<br />

(VI-7), ceux qui, pendant le temps du verset (VI-15) sont absents, eux dont on<br />

rapporte leur pensée sur Jésus : "Or d'autres (= il s'agit d'eux(1)-) disaient :<br />

'C'est un prophète..'.", ceux-l<strong>à</strong> qui sont <strong>les</strong> Douze s'en vont tester eux-mêmes<br />

leurs capacités <strong>à</strong> guérir et <strong>à</strong> parler avec autorité.<br />

Lorsque, après l'affaire d'Hérode, ils reviendront <strong>dans</strong> le texte, il sera écrit : "Et<br />

<strong>les</strong> apôtres s'assemblent auprès de Jésus. Et ils lui annoncèrent<br />

tout autant-qu'ils avaient FAIT<br />

et autant-qu'ils avaient ENSEIGNE."<br />

(VI-30).<br />

Les Douze ont jugé en eux-mêmes de ce qu'est un prophète :<br />

un homme qui FAIT et qui ENSEIGNE.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VI - 20 -<br />

Note 1 : il s'agit d'eux = page : 19<br />

Lecteur !<br />

Souviens-toi et écoute la sonorité du texte grec ! Il y a :<br />

"... allOI DE elegon oti : prophetes ôs eis tôn prophetôn".<br />

Voir :<br />

ci-dessus au verset (III-6) :<br />

le chapitre intitulé "(la première Pâque)" <strong>à</strong> la note 2.<br />

Voir également au verset (VIII-28) :<br />

'L'UNIQUE des prophètes' <strong>à</strong> la note 2.<br />

* * * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VII-1 <strong>à</strong> 5)<br />

Les mots du texte<br />

Se-laver<br />

Un mot insolite<br />

Un peu d'archéologie<br />

L'impureté de poterion<br />

L'inconnu de xeston<br />

La présence du cuivre<br />

La puissance de la pierre<br />

Retour <strong>dans</strong> le texte<br />

Constats I - II - III et IV<br />

Exégèse<br />

Une histoire de pain<br />

"En mémoire de..."<br />

(DES RITES DE PURIFICATION)<br />

_______________<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES MOTS DU TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 2 -<br />

Il est des mots qui parlent en leur fréquence et il est d'autres qui frappent par<br />

l'insolite. J'ai choisi ceux-ci :<br />

VII-2 mangent <strong>les</strong> pains avec des mains souillées<br />

esthiousin tous artous koinais chersin<br />

ceci est non-lavées<br />

tout' estin a-niptois<br />

VII-3 ne mangent pas si° non<br />

ouk esthiousin ean me<br />

lavé <strong>les</strong> mains<br />

nipsôntai tas cheiras<br />

VII-4 bains-immersions<br />

de coupes et de vases et de plats-de-cuivre<br />

baptismous<br />

poteriôn kai xestôn kai chalkiôn<br />

VII-5 mangent le pain avec des mains souillées<br />

esthiousin ton arton koinais chersin<br />

(Remarque : xestôn et chalkiôn sont Uniques en N.T.)<br />

Puis j'ai laissé <strong>les</strong> pharisiens et <strong>les</strong> scribes faire ensemble la vaisselle, car j'étais<br />

anxieux de comprendre ce que sont ces "bains-immersions" qui, <strong>à</strong> eux seuls,<br />

occupent un grand espace de texte. D'autant qu'il y a aussi "tous <strong>les</strong> juifs" (VII-<br />

3) comme s'il était impératif de n'en oublier aucun... Or jamais, ailleurs <strong>dans</strong> la<br />

totalité du texte de Saint Marc, il n'y a le moindre 'juif'; le mot vient, pour eux<br />

"tous", uniquement en (VII-3). Alors, où trouver quelque information, puisque<br />

aucun juif ne viendra m'informer ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SE - LAVER<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 3 -<br />

Voir <strong>dans</strong> le Lexique l'analyse du mot laver. Je prends acte que, <strong>dans</strong><br />

l'ensemble du texte de Saint Marc, il y a simplement :<br />

a) un seul emploi du verbe positif 'g: nipto' (VII-3)<br />

b) un seul emploi du verbe négatif 'g: a-nipto' (VII-2).<br />

Au commencement de mon étude, il me faut connaître, <strong>dans</strong> le livre de Moïse<br />

(= la Tora), <strong>les</strong> emplois de ces verbes.<br />

1.- Genèse XVIII-4 Aux chênes de Mambré, en pleine chaleur du jour,<br />

Abraham accueille trois visiteurs :<br />

'Qu'on apporte un peu d'eau. Lavez-vous <strong>les</strong> pieds...'.<br />

2.- Genèse XIX-2 A Sodome, le soir, Loth accueille deux anges :<br />

'Lavez-vous <strong>les</strong> pieds !'.<br />

3.- Genèse XXIV-32 A Aram Naharaïm, le soir, Laban accueille un homme<br />

venu parler <strong>à</strong> Rebecca, près d'un puits. Il le fait entrer <strong>dans</strong> sa maison :<br />

'On donna... du fourrage aux chameaux et de l'eau pour que l'homme selave<br />

<strong>les</strong> pieds et pour <strong>les</strong> pieds des hommes qui étaient avec lui'.<br />

4.- Genèse XLIII-24 (Le majordome de Joseph) accueille des hommes :<br />

'Il donna de l'eau, puis il se-lava le visage et sortit'.<br />

5.- Exode XXX-18 <strong>à</strong> 21 'Tu feras une cuve... entre la Tente du Rendez-vous et<br />

l'Autel. Tu y mettras de l'eau. Aaron et ses fils se-laveront <strong>les</strong> mains et <strong>les</strong><br />

pieds, quand ils entreront <strong>dans</strong> la Tente du Rendez-vous ils se-laveront... Quand<br />

ils s'avanceront vers l'autel pour officier... ils se-laveront <strong>les</strong> mains et <strong>les</strong><br />

pieds... Ce sera pour eux UN RITE ETERNEL...' (Paro<strong>les</strong> de YHVH).<br />

6.- Exode XL-31 'Moïse fit donc tout ce que lui avait ordonné YHVH...<br />

il plaça la cuve... il y mit de l'eau pour l'ablution et, de cette eau, Moïse, Aaron et<br />

ses fils se-lavèrent <strong>les</strong> mains et <strong>les</strong> pieds.'<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 4 -<br />

7.- Lévitique XV-11 'Quiconque aura été touché (par une personne qui est<br />

impure) et qui n'aura pas lavé ses mains <strong>dans</strong> l'eau, (celui-l<strong>à</strong>, il) rincera ses<br />

habits et immergera son corps <strong>dans</strong> l'eau...'<br />

8.- Lévitique XV-12 'Le vase d'argile touché (par une personne impure) sera<br />

brisé et tout vase en bois sera lavé <strong>dans</strong> l'eau.'<br />

9.- Deutéronome XXI-6 'Quand sur le sol (de ta terre) se trouvera une victime...<br />

sans qu'on sache qui l'a frappée... (<strong>les</strong> anciens prendront une génisse, la feront<br />

descendre <strong>à</strong> un torrent intarissable, lui briseront la nuque... et) tous <strong>les</strong> anciens...<br />

laveront leurs mains au-dessus de la génisse (en disant :) 'Nos mains n'ont pas<br />

répandu ce sang et nos yeux n'ont rien vu'.'<br />

En Résumé, en donnant un rang <strong>dans</strong> l'ordre d'arrivée des diverses expressions,<br />

on rencontre <strong>dans</strong> la Tora :<br />

1.2.3 se-laver <strong>les</strong> pieds<br />

4 se-laver le visage<br />

5 se-laver <strong>les</strong> mains <strong>les</strong> pieds<br />

6 se-laver <strong>les</strong> mains <strong>les</strong> pieds<br />

7 se-laver <strong>les</strong> mains<br />

8 laver <strong>les</strong> vases de bois<br />

9 se-laver <strong>les</strong> mains<br />

L'ensemble de ces citations permet de re-garder le texte de Saint Marc d'une<br />

autre manière, puisqu'on y rencontre seulement :<br />

des mains souillées = non-lavées<br />

se-laver <strong>les</strong> mains<br />

des mains souillées.<br />

Pourtant, le texte insiste sur la 'tradition' : un mot qui est employé seulement<br />

cinq fois au total et <strong>dans</strong> un lieu très restreint, puisque <strong>dans</strong> le seul espace (VII-3<br />

<strong>à</strong> 13) (Voir <strong>dans</strong> le Lexique).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


UN MOT INSOLITE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 5 -<br />

Le mot 'tradition' existe deux fois <strong>dans</strong> la séquence analysée présentement<br />

(VII-1 <strong>à</strong> 5) et la deuxième fois il se fait en accompagnement d'un mot inattendu :<br />

"En-raison-de-quoi tes discip<strong>les</strong> ne marchent-ils pas<br />

par° la tradition des anciens" (VII-5)<br />

en grec : 'dia ti ou peripatousin oi mathetai sou...'<br />

Le verbe 'marcher' vient alors que le texte semblerait suggérer une autre sorte<br />

de verbe de mouvement : pourquoi ne suivent-ils pas la tradition... ? Mais ici, il<br />

n'y a aucune liberté pour traduire différemment car le texte grec saura<br />

reprendre(1) fidèlement le même texte grec, <strong>dans</strong> la même forme, au verset<br />

(XVI-12) :<br />

"g: meta de tauta dusin ex autôn peripatousin... = or, après ces-choses-l<strong>à</strong>, <strong>à</strong><br />

deux hors°-d'eux qui marchaient, il se manifesta sous une autre° forme...".<br />

Il est impossible d'écrire, en français, autre chose(2) que le verbe marcher,<br />

lequel impose de regarder <strong>les</strong> pieds !<br />

Alors j'ai re-gardé le texte et j'ai entendu : <strong>les</strong> pharisiens suivent la tradition<br />

orale des juifs et <strong>les</strong> scribes connaissent la tradition écrite; le texte le signale : ce<br />

sont des gens qui 'saisissent la tradition des anciens' (VII-3). Le texte a sa façon<br />

personnelle de me dire : fais attention <strong>à</strong> la tradition chez <strong>les</strong> juifs et sache qu'ils<br />

font des bains-immersions (rituels) pour purifier coupes, vases et plats, car ce<br />

sont des gens qui re-gardent aux mains ! Or, ces gens-l<strong>à</strong> (= <strong>les</strong> pharisiens et <strong>les</strong><br />

scribes) vont parler; tu écouteras attentivement <strong>les</strong> mots qu'ils prononceront.<br />

Et j'ai entendu : "En-raison-de-quoi ... MARCHENT ... TRADITION ...<br />

mains souillées ?".<br />

Alors, re-gardant la Tora (voir plus haut), je note que le livre de Moïse écrivit<br />

<strong>les</strong> compléments suivants du verbe 'se-laver' :<br />

<strong>les</strong> pieds sept fois<br />

<strong>les</strong> mains cinq fois<br />

le visage une fois<br />

(<strong>les</strong> vases de bois) une fois<br />

(sans complément) une fois.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 6 -<br />

Pour la Tora, il est plus important (SEPT = en faire le serment) de se-laver <strong>les</strong><br />

pieds que <strong>les</strong> mains (cinq) ou même le visage (un). Les pharisiens avec <strong>les</strong><br />

(conseils des) scribes disent : "tradition... mains souillées"; le texte avait dit<br />

juste auparavant : "souillées : c. <strong>à</strong> d. non-lavées". Les pharisiens et <strong>les</strong> scribes<br />

disent le verbe 'marcher' : cela veut dire que leur parole dépasse ce qu'elle<br />

dit. Bien plus que <strong>les</strong> mains, il y a <strong>les</strong> pieds <strong>à</strong> laver, selon la tradition... et, bien<br />

plus que "tes discip<strong>les</strong>" (VII-5), il y a : TOI. Peux-tu nous dire en raison de quoi<br />

tu ne te purifies pas ?<br />

Moi, humble exégète étudiant le texte, je sais, <strong>à</strong> cet 'ici' du texte, qu'il est le<br />

Messie = Dieu Incarné. Etant LA PURETE, il n'a pas <strong>à</strong> se purifier. Mais Jésus<br />

répond et leur dit : "... Vous, <strong>les</strong> hypocrites..." (VII-6) car, eux ont lu ce texte<br />

depuis (I-1) jusqu'<strong>à</strong> ce début du chapitre VII et ils le connaissent déj<strong>à</strong>. En posant<br />

leur question, <strong>les</strong> pharisiens aidés de quelques scribes avouent combien ils sont<br />

troublés de son comportement car, au bord de la mer, en (VI-32 <strong>à</strong> 44), ses<br />

discip<strong>les</strong> et lui-même ont mangé du pain et des poissons, et avec eux il y eut<br />

aussi cinq mille hommes°. Il y avait la mer, eau calme et immobile, et nous<br />

n'avons pas vu de ride sur la surface des eaux ni entendu <strong>les</strong> cris de cinq mille<br />

baigneurs. Le récit n'a rien dit. Pourtant, il est écrit <strong>dans</strong> la Tora (au sujet des<br />

mains et des pieds) : "un rite éternel".<br />

Il me faut donc chercher <strong>à</strong> comprendre cette 'annulation de la Parole de Dieu'<br />

(cfr : VII-13) ainsi qu'il sera dit au dernier emploi du mot tradition. N'ayant <strong>à</strong><br />

proximité nul juif pour m'informer et constatant cette divergence(?) des textes<br />

inspirés, il me faut aller ailleurs pour connaître cette tradition.<br />

UN PEU D'ARCHEOLOGIE<br />

A la suite de recherches archéologiques <strong>à</strong> Jérusalem <strong>dans</strong> la ville haute, donc <strong>à</strong><br />

proximité immédiate du Temple, un vaste complexe datant de l'époque du<br />

deuxième Temple(3) a été découvert. Voici ce qu'en dit Ronny Reich, un des<br />

directeurs des fouil<strong>les</strong> : 'La découverte la plus intéressante fut celle de nombreux<br />

bassins : chaque maison en possédait au moins deux ou trois. De ces bassins,<br />

creusés <strong>dans</strong> le roc, tous comportaient quelques marches d'accès, ainsi qu'une<br />

margelle caractéristique en plâtre gris. On y accédait <strong>à</strong> partir des sal<strong>les</strong> de bain<br />

des sous-sols. Nous sommes, de toute évidence, en présence de bains rituels ou<br />

MIQVA'OT au singulier : MIQVEH(4), qui nous sont connus aussi bien par la<br />

littérature rabbinique que par <strong>les</strong> pratiques actuel<strong>les</strong> des juifs <strong>les</strong> observant. Le<br />

fait nouveau est que chacune des résidences avait plusieurs installations de ce<br />

type, en plus des sal<strong>les</strong> de bain et de leurs baignoires.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 7 -<br />

Dans <strong>les</strong> périodes plus récentes et <strong>dans</strong> <strong>les</strong> communautés de la diaspora, <strong>les</strong><br />

juifs construisaient un seul bain rituel pour un quartier ou encore une<br />

communauté, ce qui est encore le cas en Israël aujourd'hui.<br />

Que chaque maison (datant de l'époque du second Temple) en possède deux ou<br />

trois est donc surprenant.<br />

Un grand nombre d'installations similaires ont été découvertes près de la<br />

porte d'accès <strong>à</strong> l'esplanade du Temple : el<strong>les</strong> étaient nécessaires pour<br />

l'immersion des pèlerins avant leur entrée sur <strong>les</strong> parvis du Temple. Cette<br />

abondance de bassins rituels <strong>à</strong> Jérusalem témoigne de l'importance attachée <strong>à</strong> la<br />

pureté (= l'importance de la 'tradition'). Le désir de s'y conformer était vif <strong>à</strong><br />

l'époque et <strong>les</strong> juifs observaient avec soin <strong>les</strong> nombreuses règ<strong>les</strong> s'y rattachant.<br />

Cette pureté concernait spécialement le Temple et le mont du Temple, avec <strong>les</strong><br />

sacrifices qui y étaient pratiqués, mais elle s'étendait aussi aux résidences de la<br />

Ville Haute appartenant <strong>à</strong> des famil<strong>les</strong> sacerdota<strong>les</strong>; cel<strong>les</strong>-ci recevaient du<br />

peuple des présents et la dîme. Les prêtres étaient habilités <strong>à</strong> en jouir, mais <strong>à</strong><br />

condition d'être en état de pureté rituelle. D'où le grand nombre de bains rituels<br />

nécessaires pour cette exigence qui leur était particulière. Nous avons ici<br />

l'expression tangible d'un phénomène religieux caractéristique de cette période<br />

du deuxième Temple.' (Le Monde de la Bible - numéro 60).<br />

Dans ce même article, il est exposé que 'seule... la pierre n'était pas<br />

susceptible de contracter une impureté' et c'est pourquoi, lorsque l'eau d'un bain<br />

rituel était devenue (accidentellement) impure, il suffisait de rendre rituellement<br />

cette eau <strong>à</strong> nouveau pure(5) sans qu'il soit besoin d'un rite particulier pour <strong>les</strong><br />

pierres(6) servant <strong>à</strong> la construction du bassin (=miqveh).<br />

Et c'est pourquoi la vaisselle fabriquée en pierre pouvait servir indéfiniment<br />

car elle ne pouvait jamais devenir impure.<br />

Revenant aux bassins d'eau purificatrice : 'selon la mishna, <strong>les</strong> eaux n'ont un<br />

pouvoir intrinsèque de purification que si el<strong>les</strong> sont collectées naturellement,<br />

sans intervention humaine directe. C'est le principe essentiel qui préside <strong>à</strong> la<br />

construction d'un miqveh : l'eau provient des mains divines.<br />

Cela implique que <strong>les</strong> eaux de pluie soient acheminées, par la seule gravité,<br />

depuis le toit ou la cour jusqu'au miqveh. Des eaux de pluie puisées avec un seau<br />

<strong>dans</strong> une citerne voisine et versées <strong>dans</strong> le miqveh n'auraient pas qualité pour<br />

purifier.' (même référence).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES BAINS - IMMERSIONS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 8 -<br />

Ce double-mot sert pour traduire un seul mot grec (Voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot<br />

baptiser) et il s'applique <strong>à</strong> trois sortes d'ustensi<strong>les</strong> :<br />

a) 'g: poteriôn = des coupes' = Le mot ne précise pas la nature du<br />

matériau avec lequel el<strong>les</strong> sont fabriquées, mais pourtant il suggère la poterie qui<br />

est d'un usage très courant <strong>à</strong> cette époque ancienne. Lorsque <strong>les</strong> coupes<br />

devenaient particulièrement impures, on <strong>les</strong> détruisait en <strong>les</strong> cassant.<br />

b) 'g: xestôn = des vases' = Le radical grec évoque le bois. Ce sont des<br />

vasques creusées et peut-être parfois sculptées. Lorsque, semblablement, el<strong>les</strong><br />

étaient impures, leur destruction intervenait par le feu; mais el<strong>les</strong> pouvaient aussi<br />

être purifiées par immersion (cfr : ci-dessus Lévitique XV-12).<br />

c) 'g: chalkiôn = des plats-de-cuivre' = Le métal sert <strong>à</strong> <strong>les</strong> fabriquer et ils<br />

doivent être purifiés par l'eau du bain rituel.<br />

Le texte de Saint Marc est toujours très concis. Le mot chalkiôn précise bien la<br />

nature du matériau : du cuivre, et je me suis demandé pourquoi cette indication<br />

fut donnée en retenant un mot qui (ainsi que xestôn) n'a nul autre emploi <strong>dans</strong> un<br />

écrit du N.T. J'ai aussitôt pensé que :<br />

a) il n'y a pas de trace d'or <strong>dans</strong> tout le texte de Saint Marc... quoique<br />

l'occasion eût pu être saisie d'employer un tel mot <strong>à</strong> propos de la salle du trésor<br />

(XII-41).<br />

b) le mot 'g: argyrion = argent' est, par l'entremise des grands-prêtres,<br />

destiné <strong>à</strong> Judas (XIV-11). On ne peut pas purifier par immersion cette sorte<br />

d'argent !<br />

c) il n'y a pas de fer <strong>dans</strong> tout le texte et mon rabbin a su me rappeler<br />

combien l'usage du fer (= <strong>les</strong> outils en fer, la lame de scie) fut interdit pour<br />

débiter le rocher et scier <strong>les</strong> pierres ("de quelle-taille !") ayant servi <strong>à</strong> construire<br />

le Temple.<br />

d) mais il y a le bronze de toutes ces monnaies que la foule jette <strong>dans</strong> la<br />

salle du trésor (XII-41), avec le verbe jeter qui est offrande <strong>à</strong> Dieu.<br />

Ainsi ai-je compris la venue de ces trois mots, entrés au texte pour des bainsimmersions<br />

:<br />

des poteries du bois du cuivre de la pierre<br />

coupes vases plats -------<br />

________________________________________ __________<br />

ils peuvent devenir impurs, mais ils retrouvent toujours<br />

leur pureté par des bains-immersions purs<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


L' IMPURETE DE 'POTERION'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 9 -<br />

Dans la (première) Tora (= le livre de Moïse), le mot 'g: poteriôn' vient<br />

seulement CINQ fois pour être la coupe... de pharaon ! Au livre de la Genèse, en<br />

son chapitre XL, il y a l'histoire de l'échanson et du panetier qui agirent mal<br />

envers pharaon, leur maître. Ils sont mis en résidence surveillée et, une nuit, font<br />

chacun un songe. L'échanson raconte son rêve où il est question de vigne, de<br />

raisins et d'une coupe : 'La coupe de pharaon était <strong>dans</strong> ma main. Je pris donc<br />

<strong>les</strong> raisins, je <strong>les</strong> pressai au-dessus de la coupe de pharaon et je plaçai la coupe<br />

sur la paume de pharaon... (Joseph dit son interprétation)<br />

... Encore trois jours et pharaon... te rétablira <strong>à</strong> ton poste et tu placeras la<br />

coupe de pharaon DANS MA MAIN, suivant la coutume d'auparavant...<br />

(Au troisième jour, qui était l'anniversaire de pharaon, celui-ci fit un festin au<br />

cours duquel) le chef des échansons... plaça la coupe sur la paume de pharaon<br />

(pharaon laissa en vie son échanson, mais il fit pendre son panetier)'. (Genèse<br />

XL-11 <strong>à</strong> 21). Le mot 'poteriôn' n'est employé nulle part ailleurs <strong>dans</strong> la<br />

Tora. Vraiment, ces coupes ont un grand besoin d'être immergées suivant le rite<br />

de purification !<br />

Les quelques scribes avec <strong>les</strong> pharisiens, venus en <strong>Mc</strong> (VII-1), ont fort bien su<br />

inspirer le texte en lui faisant choisir le mot 'g: poteriôn' (en hébreu : kos) car<br />

cette coupe apporte avec elle l'idée de la main (de pharaon).<br />

L' INCONNU DE 'XESTON'<br />

Ce mot grec n'est pas <strong>dans</strong> la Septante, ni <strong>dans</strong> le N.T. (sauf ici pour cette<br />

unique fois au verset VII-4).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA PRESENCE DU CUIVRE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 10 -<br />

En hébreu : nehoset, et en grec : chalkiôn. Ce mot se rencontre <strong>dans</strong> la Tora<br />

aux lieux suivants :<br />

Genèse IV-22 Tubal-Caïn, travaillait le cuivre.<br />

Exode XXV-3 Création d'un impôt sur or, argent et cuivre.<br />

Exode XXVII-2 On utilisera du cuivre<br />

Exode XXVII-6 ... ainsi que des barres en cuivre.<br />

Exode XXXI-4 Besale-El artiste façonnant or, argent et cuivre.<br />

Exode XXXV-5 Encore l'impôt sur or, argent et cuivre.<br />

Exode XXXV-24 Toujours l'impôt sur or, argent et cuivre.<br />

Exode XXXV-32 Besale-El, façonnant or, argent et cuivre.<br />

Exode XXXVIII-7 ...<strong>les</strong> barres en cuivre.<br />

Nombres XXXI-22 Les règ<strong>les</strong> de purification :<br />

le métal (dont le cuivre) sera purifié par le feu;<br />

tout ce qui ne va pas au feu sera purifié par l' eau.<br />

Deutéronome VIII-9 YHVH va te faire entrer en Terre Promise, un pays où<br />

tu trouveras tout, y compris du minerai de cuivre.<br />

Deutéronome XXXIII-25 Moïse évoque la vigueur du fer et du cuivre.<br />

En résumé, Caïn, l'or et l'argent avec le cuivre, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> de purification par le<br />

feu ... et, en tout DOUZE emplois <strong>dans</strong> la Tora.<br />

LA PUISSANCE DE LA PIERRE<br />

Alors que, très tôt, <strong>à</strong> la nuit obscure, j'étudiais cette vaisselle fabriquée en<br />

pierre, je ne m'attendais pas <strong>à</strong> ce que ce même jour, aux laudes, je sois amené <strong>à</strong><br />

chanter :<br />

"C'est le NOM du Seigneur que j'invoque.<br />

Vous, magnifiez notre Dieu : LE ROCHER.<br />

Parfaite est son oeuvre !" (Deutéronome XXXII-3 et 4)<br />

...car nous sommes, aujourd'hui, un samedi de semaine 'un'. Aussitôt, comme par<br />

réflexe, j'ai ressenti l'obligation de re-garder <strong>dans</strong> la Tora où se manifeste ce<br />

'rocher'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 11 -<br />

J'ai trouvé <strong>les</strong> références <strong>dans</strong> la Bible en hébreu :<br />

Exode XVII-6 (2 fois) XXXIII-21 et 22 total : 4 emplois<br />

Nombres XX-8 (2 fois) - 10 (2 fois) et 11<br />

XXIII-9 et XXIV-21 total : 7 emplois<br />

Deutéronome XXXII-4 - 15 - 18 - 30 - 31 (2 fois) et 37 total : 7 emplois<br />

_____________<br />

TOTAL : 1 8<br />

donc : DIX-HUIT emplois ! Alors, j'ai regardé ce que peut apporter deux fois<br />

le nombre '7', car je sais que '<strong>à</strong> sept', il y a le serment :<br />

Nombres XXIV-21 le Rocher est le lieu de ton repos = le NID<br />

Deutéronome XXXII-37 le Rocher est le lieu de ton refuge = l' ABRI.<br />

Ainsi, l'Eternel (Béni soit-Il !) l'a juré : le Rocher est pour toi <strong>à</strong> la fois le NID<br />

et l'ABRI. Et 'le ROCHER' est aussi un NOM pour LUI :<br />

"Car j'invoque le NOM de YHVH, rendez hommage <strong>à</strong> notre Dieu : le<br />

ROCHER dont l'œuvre est parfaite puisque toutes ses voies sont justice. C'est<br />

le Dieu de Vérité et non de l'iniquité, il est juste et il est droit !"<br />

(Deutéronome XXXII-3 et 4. Trad. Dhorme).<br />

L'adjectif 'parfaite' qualifie la pureté rayonnante de Dieu et me fait comprendre<br />

pourquoi la pierre (= le rocher lorsqu'il est oeuvré) ne peut jamais être impure :<br />

le rocher donne (naturellement) de l'eau Exode XVII<br />

et Nombres XX<br />

le rocher est le lieu d'où l'on contemple Dieu Exode XXXIII<br />

et Nombres XXIII<br />

le rocher est le nid Nombres XXIV<br />

le ROCHER est Dieu, c. <strong>à</strong> d. mon refuge Deut. XXXII.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 12 -<br />

J'admire la cohérence de tout cela et je comprends pourquoi la pierre est<br />

toujours pure. Les SEPT évocations du rocher <strong>dans</strong> le Deutéronome sont<br />

paro<strong>les</strong> du cantique de Moïse (= le chapitre XXXII) et el<strong>les</strong> m'ont rappelé<br />

comment je fus créé, car Moïse m'a dit : "Tu dédaignes le Rocher qui t'a<br />

engendré et tu oublies le Dieu qui t'a mis au monde." (Dt XXXII-18). De ce<br />

Rocher, je me souviens : Ce fut celui-l<strong>à</strong> sur lequel Jérusalem fut érigée, celui-l<strong>à</strong><br />

creusé pour être silo de stockage des grains (= l'aire d'Arauna).<br />

Sur LUI, David offrit des holocaustes, en plein air. Salomon y fit construire le<br />

Temple avec, au cœur, un Autel de pierres qui n'avaient point été façonnées par<br />

le fer (Dt XXVII-5 = l'interdiction du fer !). Ce ROCHER est d'une pierre<br />

éternellement pure, incluse de mille éclats de lumière comme <strong>les</strong> eaux de<br />

multip<strong>les</strong> diamants, gouttes resplendissantes tout-<strong>à</strong>-fait blanches.<br />

Et voil<strong>à</strong> que je comprends subitement le pourquoi des Tab<strong>les</strong> de la Loi : Dieu<br />

grava de son doigt LA PIERRE, morceau de rocher façonné et taillé en forme<br />

de "tab<strong>les</strong> de pierre" (Exode XXXIV-1).<br />

Puis me vient <strong>à</strong> l'esprit le verbe 'lapider', celui définissant le supplice pour<br />

chaque faux-prophète, 'cet homme' qui blasphème l'ordonnance du ciel, la<br />

Création, la terre vers adam prise en surface du rocher au mont Moriyah, rocher<br />

du 'sacrifice' offert par Abraham : du fils <strong>à</strong> un bélier. Le faux-prophète sera<br />

'lapidé avec des pierres' (cfr : Nombres XV-31 <strong>à</strong> 36).<br />

LE ROCHER : mon Dieu qui m'accompagne comme il fit, pendant<br />

quarante années, pour le peuple des hébreux parcourant le désert. Chaque fois<br />

qu'on le touchait avec un bâton, il donnait son eau, élixir de vie, cette eau qu'il<br />

gardera en son sein sous forme des paillettes aujourd'hui toujours incluses <strong>dans</strong><br />

le rocher du Temple, comme une rosée de miel resplendissante tout-<strong>à</strong>-fait<br />

blanche.<br />

Vois, ô lecteur ! où m'ont conduit :<br />

la pierre toujours pure<br />

<strong>les</strong> poteries <strong>les</strong> vases <strong>les</strong> plats-de-cuivre<br />

"selon la tradition des anciens".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


RETOUR DANS LE TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 13 -<br />

1.- Les trois mots (poterie + vases + plats-de-cuivre) m'ont incité aux rites de<br />

purification. Or le texte est construit pour vouloir dire plus, car il y a :<br />

VII-2 mangent <strong>les</strong> pains<br />

VII-3 ne mangent pas<br />

VII-4 ne mangent pas<br />

VII-5 mangent <strong>les</strong> pains.<br />

2.- Il y a aussi :<br />

VII-3 tradition des anciens<br />

VII-4 coupes (poteries) + vases (bois) + plats (cuivre)<br />

VII-5 tradition des anciens.<br />

3.- Enfin j'apprends que "tous <strong>les</strong> juifs" ne mangent pas "s'ils ne se sont pas<br />

baptisés", ce qui veut dire : ils font leur immersion rituelle <strong>dans</strong> le miqveh avant<br />

de prendre un repas.<br />

4.- Les trois paragraphes ci-dessus ne sont pas des commentaires énoncés par<br />

hasard car, <strong>dans</strong> toute la première partie du texte de Saint Marc, il est deux<br />

endroits où des 'juifs' viennent manger du pain, et ces deux lieux encadrent la<br />

séquence analysée présentement (VII-1 <strong>à</strong> 5) :<br />

VI-32 <strong>à</strong> 44 première multiplication des pains<br />

VII-1 <strong>à</strong> 5 des rites de purification<br />

VIII-1 <strong>à</strong> 9 deuxième multiplication des pains.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


CONSTAT I<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 14 -<br />

L'une et l'autre multiplications des pains ont lieu <strong>à</strong> proximité immédiate de<br />

l'eau :<br />

VI-32 ils s'éloignèrent <strong>dans</strong> la barque...<br />

VI-34 Et sortant (de la barque)...<br />

............. (première multiplication)<br />

VII-1 <strong>à</strong> 5 (des rites et de la tradition)<br />

............. (deuxième multiplication)<br />

VIII-10 Et aussitôt montant° <strong>dans</strong> la barque...<br />

Je lis ceci : "ils" (= <strong>les</strong> juifs) ont eu <strong>à</strong> leur disposition toute cette eau immobile<br />

et calme, comme l'eau des miqva'ot, et ils ont eu la possibilité de se purifier par<br />

immersion (se-laver <strong>les</strong> mains et <strong>les</strong> pieds). Car la première multiplication est<br />

faite pour tous <strong>les</strong> juifs et, au cours de la deuxième multiplication, il y a aussi<br />

(certainement) des juifs.<br />

CONSTATS II<br />

1.- La première multiplication a été faite uniquement pour <strong>les</strong> juifs. Le texte se<br />

devait donc de leur offrir, ouvertement, le moyen de satisfaire au rite de<br />

purification. C'est pourquoi il parle de la barque (VI-32) et du débarquement<br />

(VI-34); le récit de l'événement ne vient qu'après.<br />

2.- La deuxième multiplication étant offerte <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes, le texte n'avait<br />

pas besoin de mettre <strong>à</strong> leur disposition de l'eau AVANT de commencer la<br />

séquence. Mais, soucieux de ne pas heurter <strong>les</strong> anciens, il signale après coup la<br />

présence de l'eau. C'est pourquoi il écrit : "Et aussitôt montant° vers la barque..."<br />

(VIII-10)<br />

CONSTAT III<br />

1.- Première multiplication :<br />

Ils s'étendent (par groupes) "sur l'herbe verte" comme si <strong>les</strong> pieds mouillés<br />

par le bain de purification <strong>dans</strong> l'eau voisine avaient besoin d'un tapis d'herbe<br />

pour rester propres ((purs))(7).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 15 -<br />

2.- Deuxième multiplication :<br />

Ils s'allongent "sur la terre", car le rite de purification des pieds et des mains<br />

n'a aucun sens pour ces hommes non juifs par destination et leurs pieds et leurs<br />

mains restant secs, ils peuvent se mettre directement sur la terre.<br />

CONSTAT IV<br />

Il y a encore <strong>dans</strong> le texte une autre séquence avec manger le pain. Un jour<br />

David "fut <strong>dans</strong> le besoin et... il eut-faim" (II-25). Nous ne l'avons pas vu faire<br />

le rite éternel de se-laver <strong>les</strong> mains et <strong>les</strong> pieds quand "il entra vers la maison° de<br />

Dieu... et mangea <strong>les</strong> pains de proposition". Pourtant nous savons qu'il est<br />

permis seulement "aux prêtres", car ce sont des gens constamment purifiés, de<br />

manger de ces pains.<br />

David et "ceux-qui étaient-avec° lui" (II-26) ne marchaient-ils pas selon la<br />

tradition des anciens ?<br />

EXEGESE<br />

Tous ces 'constats' sont déj<strong>à</strong> l'exégèse de ce texte. Pourtant il y a plus car eux<br />

sont issus de l'analyse et du raisonnement; ils sont enfants de la logique, ils<br />

m'étouffent et je ressens en moi comme une aspiration <strong>à</strong> écouter la musique du<br />

texte, simplement me voulant aboli de toute mémoire, comme pour l'écoute d'un<br />

morceau symphonique. Ainsi je reprends l'ensemble du texte grec et je prête<br />

l'oreille <strong>à</strong> la sonorité des mots, délaissant leur sens immédiat.<br />

Voici, lecteur, ce que l'auditeur peut entendre <strong>dans</strong> ce texte. Ne lis pas<br />

distraitement, ni de façon silencieuse, mais accepte des mots grecs... même s'ils<br />

ont quelque difficulté <strong>à</strong> te suggérer leur signification.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


UNE HISTOIRE DE PAIN<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 16 -<br />

VI-38 Combien de-pains avez-vous ? L'inversion annonce<br />

posous artous echete ? le 'changement'<br />

VIII-5 Combien avez-vous de-pains ? de nature<br />

posous echete artous ? pour (le pain).<br />

VIII-6 kai LABON TOUS EPTA ARTOUS<br />

et prenant <strong>les</strong> sept pains<br />

EU-CHARISTESAS EKLASEN<br />

rendant-grâce il rompit.<br />

VIII-14 Ils avaient oublié de prendre des pains<br />

labein ARTOUS<br />

sinon un-unique pain<br />

ei me ena ARTON<br />

VIII-16 Non, (nous n')avons(-pas) des-pains<br />

ARTOUS<br />

ouk echousin<br />

VIII-17 Pourquoi réfléchissez-vous que :<br />

Non, vous (n')avez(-pas) des-pains<br />

ARTOUS<br />

ouk ECHETE ?<br />

Puis, ô lecteur, tu te rappelleras notre séquence (VII-1 <strong>à</strong> 5) sur <strong>les</strong> rites de<br />

purification. Elle est encadrée par :<br />

VII-2 (ses discip<strong>les</strong>)<br />

avec des mains souillées mangent <strong>les</strong> pains<br />

koinais chersin esthiousin tous ARTOUS<br />

VII-5 (tes discip<strong>les</strong>)<br />

avec des mains souillées mangent LE PAIN<br />

koinais chersin esthiousin TON ARTON.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 17 -<br />

MAINTENANT, ô lecteur, écoute avec grande attention :<br />

XIV-22 Et eux mangeant<br />

kai ESTHIONTON autôn<br />

LABON ARTON<br />

EU-LOGESAS EKLASEN.<br />

Tu as bien entendu : ce n'est pas rigoureusement le verset (VIII-6) et il y a<br />

deux transformations :<br />

a) eu-charistesas est devenu eu-logesas = il faut attendre une parcelle<br />

infime de temps pour entendre 'eu-charistesas' venir sur la coupe 'g: poterion' c. <strong>à</strong><br />

d. cette même coupe 'g: poteriôn' du verset (VII-4) qu'un bain-immersion a<br />

rituellement rendue pure en méta-morphosant son oméga final = 'ô' pour<br />

l'amener <strong>à</strong> la même graphie que le pain :<br />

pain = arton coupe = poterion<br />

(XIV-22) (XIV-23)<br />

Bien entendu, lecteur, tu me réponds qu'un accusatif grec oblige <strong>à</strong> écrire ainsi<br />

... simple règle d'harmonie musicale peut-être; mais le compositeur aurait pu<br />

transgresser en choisissant un autre mot que celui de cette 'poterie'.<br />

b) au verset (VIII-6), il y a ARTOUS = pluriel de pains. Dans <strong>les</strong> versets<br />

qui suivent (VIII-14 <strong>à</strong> 17), la musique du texte fait entendre une discussion :<br />

"... oublié <strong>les</strong> pains ... sinon UN PAIN ! ...<br />

Nous n'avons pas ARTOUS... ! ...<br />

... Vous n'avez pas... ARTOUS ?" .....<br />

.....qui renvoie aux deux versets (VI-38) et (VIII-5) :<br />

artous echete (ou :) echete artous.<br />

Au verset (VIII-17), la négation 'ouk' vient tout régler et elle sépare<br />

définitivement<br />

artous (et) echete !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 18 -<br />

Alors,<br />

<strong>à</strong> la Cène (XIV-22), Jésus règle tout et prend<br />

"ARTON = du pain" ,<br />

avec le singulier, montrant ainsi = par la transformation du verset (VIII-6) = qu'il<br />

suffit d'avoir DU PAIN pour que SON CORPS soit offert (= multiplié)...<br />

... <strong>à</strong> tous = 'g: pantes' (XIV-23).<br />

Ami lecteur,<br />

Avais-tu, <strong>à</strong> ce jour, déj<strong>à</strong> ENTENDU ainsi la musique des mots ?<br />

Avais-tu VU ainsi le contrepoint, l'harmonie et <strong>les</strong> développements en marches<br />

harmoniques ?<br />

EN MEMOIRE DE ...<br />

Il n'y a pas le mot 'mémoire' <strong>dans</strong> le lexique, car il n'apparaît pas <strong>dans</strong> le texte<br />

de Saint Marc.<br />

A la Cène (XIV-22 <strong>à</strong> 25), il n'y a pas le mot 'mémoire'. Tu te demandes<br />

pourquoi ? ... Relis tout ce qui vient d'être écrit, et tu comprendras pourquoi IL<br />

NE PEUT PAS y avoir : 'en mémoire de...'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 19 -<br />

Note 1 : saura reprendre = page : 5<br />

Le lecteur notera (<strong>dans</strong> le Lexique) <strong>les</strong> neuf emplois du verbe marcher. Parmi<br />

ces neuf, il n'y en a que deux qui soient identiques : en (VII-5) et en (XVI-12),<br />

l<strong>à</strong> où le verbe grec se manifeste sous la forme "peripatousin".<br />

Les septs autres emplois sont tous différents :<br />

peripatei<br />

periepatei<br />

peripatôn<br />

peripatounta<br />

peripatountas<br />

peripatountos<br />

peripatein.<br />

J'oserai commenter cette succession des formes grecques en énonçant :<br />

'Comment passer de 'peripatei'...<br />

dit° par Jésus au-sujet-d'un paralytique, <strong>à</strong> cause du défi monté par <strong>les</strong> scribes,<br />

...<strong>à</strong> 'peripatein'<br />

la forme utilisée par ces mêmes scribes lorsqu'ils veulent ... marcher !<br />

Ou encore : de 'Peripatei' <strong>à</strong> 'peripateiN'.<br />

Note 2 : autre chose = page : 5<br />

Il est cependant possible de lire, au verset (XVI-12), que ces deux-l<strong>à</strong><br />

marchaient (selon la tradition) des juifs de l'époque, donc restaient des fidè<strong>les</strong><br />

de l'Alliance ancienne, puisque Jésus, messager de la nouvelle alliance, venait de<br />

mourir, rendant caduque (pour eux qui le croyaient mort) cette nouvelle forme<br />

de l'alliance.<br />

Note 3 : Deuxième Temple = page : 6<br />

Celui-l<strong>à</strong> même que mon rabbin et moi-même avons si souvent fréquenté <strong>dans</strong><br />

nos textes.<br />

Note 4 : MIQVEH = page : 6<br />

Ce mot hébreu peut être traduit <strong>à</strong> la fois<br />

par : 'réservoir/rassemblement' et par : 'espoir'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 20 -<br />

Note 5 : <strong>à</strong> nouveau pure = page : 7<br />

Pour éviter que l'eau d'un miqveh devienne impure, il suffisait d'assurer <strong>dans</strong> le<br />

bassin la présence continue d'un certain volume d'eau. Par convention, lorsqu'il y<br />

avait plus de (trente mètres cubes) d'eau <strong>dans</strong> le bassin, l'eau ne pouvait pas<br />

devenir impure.<br />

Pour garantir le niveau de sécurité, il suffisait d'ajouter de l'eau pure = eau de<br />

pluie, telle elle est donnée par Dieu, eau tombée par gravité et recueillie <strong>dans</strong> un<br />

bassin adjacent servant de réserve.<br />

Les miqva'ot n'étaient donc pas des bacs servant au lavage (qui avait lieu<br />

ailleurs), mais des bassins rituels <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quels on immergeait uniquement ce<br />

qui, déj<strong>à</strong> nettoyé auparavant, donc physiquement propre, devait acquérir la<br />

pureté rituelle.<br />

Note 6 : pour <strong>les</strong> pierres = page : 7<br />

Au sujet de 'la puissance de la pierre', voir le paragraphe qui précède.<br />

Note 7 : propres ((purs)) = page : 14<br />

Il faut noter que, <strong>dans</strong> le rituel, il y a toujours deux actes successifs : d'abord<br />

nettoyer (= la propreté), puis purifier (= le rite de purification). Le miqveh est<br />

une piscine de purification dont l'eau reste toujours propre car cette piscine ne<br />

sert pas <strong>à</strong> se laver.<br />

Dans le cas de la mer de Galilée, l'immensité de la mer permet d'admettre<br />

qu'on s'y lave afin de se nettoyer de la poussière du chemin, puis, ensuite, que le<br />

bain devienne rite de purification, car l'eau de la mer de Galilée est une eau pure<br />

puisque donnée par Dieu (= collectée naturellement).<br />

C'est pour cette raison que, <strong>dans</strong> cette situation, je puis écrire :<br />

'propres = purs'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VII-9 et 10)<br />

Les textes<br />

Analyse<br />

Lecture d'un texte<br />

Saint Irénée<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 21 -<br />

"HONORE TON PERE ET TA MERE"<br />

Annexe : Le texte du Décalogue (Exode XX, <strong>dans</strong> la Septante)<br />

LES TEXTES<br />

_______________<br />

Exode XX-12 kabed et avi-----kha ve-----et ime-----kha<br />

Deut V-16 tima ton patera sou kai ten metera sou<br />

<strong>Mc</strong> VII-10 tima ton patera sou kai ten metera sou<br />

Mt XV-4 tima ton patera ... kai ten metera<br />

<strong>Mc</strong> X-19 tima ton patera sou kai ten metera<br />

Lc XVIII-20 tima ton patera sou kai ten metera<br />

Mt XIX-19 tima ton patera ...... kai ten metera<br />

LXX-Ex XXI-17 o kakologôn patera autou e metera autou<br />

(h: Ex XXI-16)<br />

<strong>Mc</strong> VII-10 o kakologôn patera e metera<br />

Mt XV-4 o kakologôn patera e metera<br />

LXX-Ex XXI-17 teleutesei thanatô<br />

<strong>Mc</strong> VII-10 thanatô teleutatô<br />

Mt XV-4 thanatô teleutatô.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANALYSE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 22 -<br />

1.- Le commandement "Honore ton père et ta mère" (VII-10) est la copie stricte<br />

du texte de la Septante, mais lorsque Jésus dit <strong>les</strong> commandements <strong>à</strong> un-unique<br />

qui est accouru-auprès (de lui), il faut lire réellement : "Honore ton père et la<br />

mère" (X-19).<br />

Pourquoi y a-t-il, <strong>à</strong> ce moment précis, la disparition du possessif 'g: sou = ta<br />

(mère)' ? La question doit être posée...<br />

2.- La sanction : "Qui insulte° ..." doit être traduite : "Qui insulte° le père ou la<br />

mère : de-mort qu'il-finisse !".<br />

Le texte diffère de celui de la Septante mais, ô lecteur, déj<strong>à</strong> tu en as compris la<br />

raison. La Septante écrit : patera AUTOU e metera AUTOU, et Saint Marc ne<br />

peut pas recopier ce texte puisque lui, Saint Marc, il a intronisé le pronom autou<br />

comme étant Dieu-Incarné. Voir Lectio divina par verset en (I-3).<br />

Le texte fait consciemment cet 'abandon' de 'autou' et il ne le remplace par<br />

rien. Pour attirer l'attention du lecteur, il va donc opérer un renversement <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> deux mots qui suivent. On a<br />

Septante = teleutesei thanatO<br />

Saint Marc = thanatO teleutatO<br />

La musique des mots provoquera le réveil du lecteur, d'autant que celui-ci sait<br />

qu'il s'agit d'une citation de l' A.T.<br />

car l'introduction l'a nettement annoncé : "o kakologôn...".<br />

Ainsi le texte met deux fina<strong>les</strong> successives avec la lettre 'ô = omega'. Il met la<br />

même finale "... atO", la même note de musique, le même accent, le même<br />

accord harmonique sur deux mots successifs, en fin de la citation, rompant ainsi<br />

la cadence plagale de la Septante : "...tesei ...ato".<br />

Il y a l<strong>à</strong> plus qu'un hasard. C'est le signe d'un vouloir de l'auteur pour alerter<br />

son lecteur et lui dire : As-tu remarqué comment le pronom 'autou' a disparu ?<br />

As-tu médité sur le sens véritable du pronom "sou" ? Cela ne te rappelle-t-il pas<br />

la séquence (III-31 <strong>à</strong> 35) : "Sa mère et ses frères" ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 23 -<br />

Il y eut alors un jeu du pronom 'mou' pour encadrer le pronom 'g: autou = LUI'<br />

et pour LE présenter comme faisant "la volonté de Dieu" (III-35) = voir au<br />

présent livre le chapitre intitulé : 'Le charpentier, le fils de Marie' pour le verset<br />

(VI-3) :<br />

sou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sou<br />

. .<br />

. autois .<br />

. .<br />

mou . . . . . . . . . . . . . . . . . . .mou<br />

. .<br />

. AUTON .<br />

. .<br />

mou . . . . . . . . . . . . . . . . . . .mou<br />

. .<br />

. Theou .<br />

. .<br />

mou<br />

Tu y liras l'exégèse qui t'y est offerte, au paragraphe 'La mère de LUI' : "la<br />

volonté du texte est de faire glisser l'ensemble 'mère + frère'<br />

depuis le départ sou = de TOI<br />

V E R S MOU = de MOI<br />

Or, ceci se passait aux versets (III-32 <strong>à</strong> 35). Lorsque le texte arrive au verset<br />

(VII-10), il se souvient. Il a répété le commandement "Honore le père de Toi et<br />

la mère de Toi", comme cela est écrit <strong>dans</strong> l' A.T. Aussitôt après, pour la<br />

sanction, il ne peut pas conserver autou et il supprime tout adjectif possessif.<br />

Lorsque le texte se trouve face au verset (X-19), le problème se pose une<br />

nouvelle fois et, se rappelant que le glissement de 'sou' n'a été fait en (III-32) que<br />

pour la mère et <strong>les</strong> frères, le texte n'a rien <strong>à</strong> changer pour le père et il conserve<br />

l'adjectif possessif : "ton patera SOU".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 24 -<br />

Mais, en ce qui concerne la mère, son amour pour elle l'a transcendée par le<br />

glissement de 'SOU' et le texte est obligé d'en tenir compte s'il veut être <strong>dans</strong> sa<br />

cohérence; donc il supprime et écrit simplement : "ten metera ----".<br />

Pour montrer de façon nette QUI parle en (X-19), le texte se réfère au texte de<br />

la bible hébraïque (et non pas <strong>à</strong> la Septante) et il donne la preuve par l'ordre de<br />

succession des versets :<br />

<strong>Mc</strong> ( Bible hébraïque) - 12 - - 13 - 14 - 15 - 16 - 17 - .......<br />

Septante (en grec) - 12 - 15 - 13 - 14 - - 16 - 17 - .......<br />

Ceci signifie que le texte a parfaitement conscience de ce qu'il fait : il néglige<br />

le pronom qui, en hébreu, est la finale du mot par 'kha'; c'est donc<br />

volontairement décidé ainsi et je vois un signe <strong>dans</strong> la parole de Jésus au sujet<br />

de cette MERE.<br />

Pour montrer de façon toujours aussi nette qu'il n'a pas peur de modifier l'ordre<br />

des choses, l'énoncé du verset (X-19) se termine par le verset 12 de Exode XX.<br />

Celui-ci vient, en Saint Marc, <strong>à</strong> la suite des versets 13 <strong>à</strong> 17.<br />

LECTURE D'UN TEXTE<br />

Oui, lecteur ! J'ai entendu ! Tu veux me dire que l'explication ci-dessus<br />

relève d'une lecture poétique plus que scientifique et qu'il ne peut, tout au plus, y<br />

avoir l<strong>à</strong> qu'une hypothèse. Ma réponse est double :<br />

- d'abord : le fonctionnement du texte de Saint Marc est tellement<br />

minutieux et précis que l'exégèse ainsi faite reste au cœur de cette finesse du<br />

texte. Le jeu avec le pronom 'autou' a été commencé en (I-3) et il signifie qu'il y<br />

a plus que le texte d'un prophète. Jésus n'est pas venu accomplir le texte écrit<br />

par le prophète Isaïe : il est venu le compléter, l'expliciter, lui faire magnifier<br />

son sens. La révélation de 'autou = Dieu Incarné' arrive par un jeu du singulier<br />

(= un chemin) VERS un pluriel (= <strong>les</strong> sentiers de lui) et l'extase du texte est<br />

provoquée par la lecture très attentive du détail : la mutation de 'Dieu' en ce<br />

pronom 'autou'.<br />

L'étude de l'écrit de Saint Marc a fait apparaître des lois de fonctionnement<br />

allant jusqu'<strong>à</strong> des règ<strong>les</strong> que le texte s'impose <strong>à</strong> lui-même et qu'il respecte ((ainsi<br />

en est-il de : "el<strong>les</strong> ne dirent° rien"... d'où la disparition du verbe dire° devenu<br />

inutile, puisque <strong>les</strong> femmes qui en avaient reçu l'ordre, ne disant° rien, n'utilisent<br />

pas ce verbe.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 25 -<br />

Dieu Messie est donc obligé de 're-crééer' le verbe dont le texte a besoin ... "et<br />

Jésus dit°" ! Ou encore : la disparition d'un objet que l'on a mis au rebut, ainsi<br />

pour <strong>les</strong> "porcs" (V-13 et 16) et pour une "meule d'âne" (IX-42) qui sont projetés<br />

<strong>dans</strong> la mer et seront anéantis.<br />

Il est donc normal de re-garder le glissement de SOU vers MOU, valable pour<br />

mère et frères, en (III-32) = Voici : ta mère et tes frères dehors te cherchent = g:<br />

idou e meter sou kai oi adelphoi sou...', ce que l'exégète a entendu : Voici le<br />

possessif 'sou' pour la mère et <strong>les</strong> frères : cherche ! ... Et Jésus répond : ide e<br />

meter mou kai oi adelphoi mou ... = le possessif 'sou', je déclare le faire MIEN<br />

et il deviendra 'g: mou'.<br />

- mais aussi : une telle lecture est cohérente avec le titre général du présent<br />

travail : LECTIO DIVINA. Ce ne doit dont pas être uniquement une lecture<br />

scientifique, structurale, grammaticale, historique, philosophique... et bien<br />

d'autres adjectifs encore pourraient venir ici depuis : juive, chrétienne,<br />

paulinienne...<br />

La lectio divina est une entrée <strong>dans</strong> le texte pour le vivre du de<strong>dans</strong> et<br />

pour contempler sa cohérence. Elle est <strong>à</strong> la fois statique et dynamique, mais<br />

l'immobilité est toujours un simple arrêt <strong>dans</strong> la marche en avant pour un temps<br />

de retour (= se-retourner = conversion = répondre) et cette réponse est déj<strong>à</strong><br />

engagement d'aller plus loin sur le chemin.<br />

Revenant <strong>à</strong> la disparition du possessif 'sou' après le mot 'g: meter = mère', j'ai<br />

vu l<strong>à</strong> une délicatesse du texte.<br />

Auparavant, sou a interrogé le texte : dois-je rester <strong>à</strong> ma place ? Pour la mère<br />

et <strong>les</strong> frères, que chercher ? (cfr : III-32). Le texte a rendu sa réponse et 'sou' a<br />

été intronisé en 'mou'. Dans la suite du texte, il y a "père et mère". Lorsque<br />

Jésus dit le Décalogue <strong>à</strong> celui qui allégorise le peuple d'Israël, il a la pensée de<br />

sa mère par laquelle il est devenu homme, lui qui est Messie d'Israël et, redisant<br />

sa Loi qu'il donna jadis <strong>à</strong> Moïse, par délicatesse, il élude 'sou' laissant un vide :<br />

X-19 "tima ton patera sou kai ten metera ....."<br />

Cette pensée du Fils, VERS la mère qui resta "au-dehors" et "se-tenantdebout"<br />

(III-31) m'a obligé <strong>à</strong> écrire longuement. Et c'est pourquoi je lis ce<br />

commandement :<br />

Honore ton père et L A mère : T A mère<br />

et, <strong>à</strong> travers elle, honore toutes <strong>les</strong> mères du monde !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SAINT IRENEE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 26 -<br />

Il est bon que tu saches, ami exégète, pour quelle raison j'ai étudié ainsi :<br />

La lecture de nos Pères présente parfois des rencontres inattendues qui<br />

sont des provocations et obligent <strong>à</strong> reprendre, pour <strong>les</strong> approfondir ou <strong>les</strong><br />

redécouvrir, des textes supposés connus. C'est ainsi que, <strong>dans</strong> Saint Irénée, j'ai,<br />

un jour, découvert le texte du Décalogue et j'ai été alerté car j'ai cru y<br />

reconnaître une citation extraite du livre de Saint Marc, quoique diverses choses<br />

m'aient semblé ne pas correspondre. Cela m'a obligé <strong>à</strong> poser par écrit le texte de<br />

Saint Irénée. En voici l'énoncé en traduction française, avec le texte latin (assez<br />

sûr), avec parfois la correction du texte arménien retranscrite en latin, l<strong>à</strong> où il y a<br />

lieu (également très assurée), et avec la restitution grecque (fort douteuse). J'ai<br />

mis en lettres grasses <strong>les</strong> mots qui renvoient plus directement vers Saint Marc.<br />

'C'est ainsi qu'il répliquait <strong>à</strong> ceux qui accusaient ses discip<strong>les</strong> de ne pas<br />

garder la tradition des anciens :<br />

français Et vous, pourquoi violez-vous le commandement de Dieu<br />

latin Quare vos frustramini praeceptum Dei<br />

français <strong>à</strong> cause de votre tradition ?<br />

latin propter traditionem vestram ?<br />

français Car Dieu a dit<br />

latin Deus enim dixit<br />

grec O gar Theos eipe<br />

HONORE LE PERE ET LA MERE<br />

latin honora patrem et matrem<br />

arménien honora patrem tuum et matrem<br />

grec tima ton patera kai ten metera<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 27 -<br />

QUI INSULTE LE PERE OU LA MERE :<br />

latin qui maledixerit patri aut matri<br />

arm. qui maledixerit patri aut matri<br />

grec o kakologôn patera e metera<br />

DE-MORT QU' IL - FINISSE !<br />

latin morte moriatur<br />

grec thanatô teleutatô<br />

Et il leur disait une deuxième fois : 'Vous avez violé la Parole de Dieu <strong>à</strong><br />

cause de votre tradition'. Par l<strong>à</strong>, de la façon la plus nette, le Christ reconnaissait<br />

pour Père et pour Dieu celui qui a dit <strong>dans</strong> la Loi :<br />

HONORE LE PERE ET LA MERE<br />

latin honora patrem et matrem<br />

arménien honora patrem et matrem<br />

grec tima ton patera kai ten metera<br />

AFIN QU'IL T' ARRIVE DU BIEN<br />

latin ut tibi bene sit<br />

arménien ut tibi bene sit<br />

grec tina eu soi genetai.'<br />

(Irénée : Contre <strong>les</strong> hérésies IV-9.3)<br />

Ainsi le texte (que <strong>les</strong> présentateurs disent être le plus sûr) serait l'arménien et<br />

celui-ci écrit :<br />

HONORE TON PERE ET LA MERE<br />

... et c'est exactement le texte de Saint Marc au verset (X-19) !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 28 -<br />

Mais cela, je ne l'ai su qu'au moment où je rédigeais la présente étude car,<br />

initialement, j'avais seulement entrevu le mélange des textes <strong>à</strong> l'entour de 'sou'.<br />

Se reportant <strong>à</strong> 'Jésus dit le Décalogue' (<strong>dans</strong> le présent tome) et re-gardant <strong>les</strong><br />

textes cités en tête du présent chapitre, le lecteur constatera que c'est aussi, très<br />

exactement, ce que Saint Luc a écrit <strong>dans</strong> son verset (XVIII-20), lorsque Jésus<br />

dit "<strong>les</strong> commandements" (La zone de texte <strong>Mc</strong> (VII-10) n'existe pas <strong>dans</strong><br />

l'évangile de Saint Luc).<br />

Alors le lecteur du texte de Irénée verra comment celui-ci semble se référer<br />

au texte de Saint Matthieu, mais le document arménien apporte la correction<br />

qui était obligée pour celui qui a connaissance du texte de Saint Marc.<br />

Que le lecteur cherche <strong>à</strong> comprendre !<br />

(cfr : <strong>Mc</strong> XIII-14 )<br />

Le lecteur comprendra lorsque, après<br />

lecture, méditation et prière des tomes<br />

qui suivent, il aboutira <strong>dans</strong> le Tome XII<br />

<strong>à</strong> la page 49, puis <strong>à</strong> la note de la page 61<br />

<strong>dans</strong> le chapitre consacré <strong>à</strong> Marcion :<br />

IRENEE fait constamment référence<br />

au texte de Saint Matthieu et ceci est en<br />

cohérence avec ce que j'ai appelé :<br />

La Stratégie Apostolique.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 29 -<br />

ANNEXE : Le texte du DECALOGUE en Exode XX<br />

(en lettres grasses entre parenthèses) : parties de texte propres <strong>à</strong> la Septante et<br />

absentes de la Bible hébraïque.<br />

La référence des versets est donnée par :<br />

h : numéro du verset de la bible hébraïque<br />

g : numéro du verset de la bible en grec (Septante)<br />

h : 12 Honore ton père et ta mère afin que (bien t'arrive et que) tu sois d'une<br />

longue vie sur la terre, (la bonne,) que le Seigneur ton Dieu te donnera.<br />

g : 12 TIMA TON PATERA SOU KAI TEN METERA SOU ina eu soi<br />

genetai kai ina makrochronios gene epi tes ges 'tes agathes' es Kurios o Theos<br />

sou didôsi soi<br />

<strong>Mc</strong> = tima ton patera sou...)<br />

h : 15 (Tu ne feras point de vol)<br />

g : 13 ou klepseis (<strong>Mc</strong> = me klepses)<br />

h : 13 Tu n'assassineras point<br />

g : 14 ou phoneuseis (<strong>Mc</strong> = me phoneuses)<br />

h : 14 Tu ne commettras pas d'adultère<br />

g : 15 ou moicheuseis (<strong>Mc</strong> = me moicheuses)<br />

h : 15 Tu ne feras point de vol<br />

h : 16 Tu ne porteras point de faux-témoignage<br />

contre ton prochain faussement (<strong>Mc</strong> = me pseudomartureses)<br />

g : 16 ou pseudomartureseis<br />

kata tou p<strong>les</strong>ion sou marturian pseude<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 30 -<br />

h : 17 Tu ne convoiteras point ...<br />

g : 17 ouk epithumeseis ... (<strong>Mc</strong> = me apostereses)<br />

hébreu : 17 grec : 17<br />

... la maison de ton prochain ....................<br />

... la femme de ton prochain ten gunaika ton p<strong>les</strong>ion sou<br />

.................... ten oikian tou p<strong>les</strong>ion sou<br />

(ni le champ de lui) oute ton agron autou<br />

ni le serviteur de lui oute ton paida autou<br />

ni la servante de lui oute ten paidisken autou<br />

ni le boeuf de lui oute tou boos autou<br />

(ni l'attelage de lui) oute tou upozugiou autou<br />

(ni tout le troupeau de lui) oute pantos ktenous autou<br />

ni l'âne de lui ....................<br />

ni <strong>les</strong> choses qui sont <strong>à</strong> ton prochain oute osa tô p<strong>les</strong>ion sou esti.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VII-21 et 22)<br />

Douze mots<br />

Vingt-deux mots<br />

La jalousie<br />

L'absent<br />

DOUZE MOTS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 31 -<br />

LES REFLEXIONS LES PIRES<br />

_______________<br />

Au verset (VII-2), le récit ose présenter : "... souillé... c. <strong>à</strong> d. non-lavé"; puis<br />

tout se dégrade peu <strong>à</strong> peu comme si le texte voulait créer un décor de<br />

malédictions :<br />

"... mains souillées (VII-5)... leur cœur éloigné (loin) de moi (VII-6)<br />

vous repoussez bien le commandement de Dieu (VII-9)<br />

insulte° (son) père (VII-10)... annulant la Parole de Dieu (VII-13)<br />

souiller (VII-15)... souillent l'homme (VII-15)<br />

vous-êtes sans-avoir-compris (VII-18)<br />

souiller (VII-18)... souille l'homme (VII-20)<br />

hors du cœur des hommes (VII-21) ...".<br />

Il est alors nécessaire de situer et de définir avec précision <strong>les</strong> souillures des<br />

hommes. Jésus présente douze mots dont six apportent le pluriel et six le<br />

singulier.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 32 -<br />

Voici la liste. : (pour chaque mot, j'ai noté <strong>les</strong> références du mot grec)<br />

inconduites porneiai Unique en <strong>Mc</strong><br />

vols klopai + Mt (XV-19)<br />

meurtres phonoi + (XV-7) = Bar-Abbas<br />

adultères moicheiai Unique en <strong>Mc</strong><br />

cupidités pleoneiai Unique en <strong>Mc</strong><br />

méchancetés poneriai Unique en <strong>Mc</strong><br />

ruse dolos + (XIV-1) = grands-prêtres<br />

impudence aselgeia Unique en <strong>Mc</strong><br />

(oeil) méchant poneros + (VII-23) ces choses<br />

blasphème blasphemia + (deux emplois en <strong>Mc</strong>)<br />

vénalité uperephania Unique en <strong>Mc</strong><br />

infamie aphrosune + (II Corinthiens XI-1-17-21)<br />

Pour le blasphème :<br />

+ (III-28) = sera effacé<br />

+ (XIV-64) = le Grand Prêtre.<br />

Il est visible que ces douze mots sont d'un usage très (réservé)(1) <strong>dans</strong> le texte<br />

puisque neuf d'entre eux ne sont utilisés que pour cette liste de douze mots. Les<br />

trois autres mots, lorsqu'ils reviennent <strong>dans</strong> la suite du texte, ont <strong>les</strong> emplois<br />

suivants :<br />

a) meurtres<br />

(XV-7) "un meurtre" par Bar-Abbas<br />

b) ruse<br />

(XIV-1) "par ruse" <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes...<br />

c) blasphème<br />

(XIV-64) "le blasphème" par le Grand Prêtre.<br />

De tous ces mots (et de leurs frères de même racine grecque), le plus utilisé est<br />

le 'blasphème'. Le verbe blasphémer a été introduit <strong>dans</strong> le texte par la première<br />

parole entendue de la bouche des scribes qui, parlant de Jésus, disent : "Il<br />

blasphème !" (II-7) (affaire du paralytique par le toit). Le dernier emploi de la<br />

racine grecque (toujours le verbe 'blasphémer') viendra lorsque la foule des juifs<br />

anonymes "ceux qui passaient" blasphèment contre Jésus crucifié (XV-29) ... et<br />

ce sera le septième emploi de cette racine comme si, par serment, tous<br />

ensemble, <strong>les</strong> juifs s'étaient engagés devant l'histoire <strong>à</strong> blasphémer leur Messie<br />

quand il viendrait.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


VINGT-DEUX MOTS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 33 -<br />

Tu sais, ô lecteur, combien je semble 'aimer' jouer avec <strong>les</strong> chiffres. Dans la<br />

réalité, je te fais constater lorsque je vois des 'anomalies'. Or, étudiant le livre<br />

de la Didachè (= Doctrine des Douze Apôtres, que certains datent d’environ le<br />

dernier tiers du premier siècle, mais je reviendrai plus loin sur cette question),<br />

j'ai trouvé semblable liste des diverses choses qui souillent l'homme :<br />

'Voici maintenant la voie de la mort. Tout d'abord, elle est mauvaise et pleine<br />

de malédiction :<br />

meurtres phonoi )<br />

adultères moicheiai )<br />

convoitises epithumiai ) p<br />

inconduites porneiai ) l<br />

vols klopai ) u<br />

actes d'idolâtrie eidololatriai ) r = 11<br />

actes de magie mageiai ) i<br />

actes de sorcellerie pharmakiai ) e<br />

rapines arpagai ) l<br />

faux témoignages pseudomarturiai )<br />

hypocrisies upochrisein )<br />

duplicité diplokardia )<br />

ruse dolos ) s<br />

vénalité uperephania ) i<br />

méchanceté kakia ) n<br />

arrogance authadeia ) g<br />

cupidité pleonexia ) u = 11<br />

discours obscène aischrologia ) l<br />

jalousie zelotupia ) i<br />

insolence thrasutes ) e<br />

fierté upsos ) r<br />

vantardise alazoneia )<br />

(Didachè V-1)<br />

Lecteur ! Tu feras toi-même le constat : l'auteur de la Didachè s'est arrangé<br />

pour trouver deux groupes de onze mots.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA JALOUSIE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 34 -<br />

Au sujet de "ces-choses-l<strong>à</strong> méchantes", il y a, <strong>dans</strong> le texte de <strong>Mc</strong>, un 'jeu'<br />

remarquable : en douze mots, chacun sait quel<strong>les</strong> sont "<strong>les</strong> réflexions <strong>les</strong> pires".<br />

A Jérusalem, au verset (XV-9), Pilate parle <strong>à</strong> la foule des juifs. Doit-il libérer<br />

Jésus et châtier Bar-Abbas, ou l'inverse ? Il leur pose la question : "Voulez-vous<br />

que je vous délie le roi des juifs ?". Le texte va expliquer la raison de ce dire, car<br />

une telle formulation ne peut avoir d'autre aboutissement que d'amener la foule <strong>à</strong><br />

crier la condamnation du 'roi des juifs'.<br />

En effet, ainsi présentée, la question de Pilate offre <strong>à</strong> la foule la possibilité de<br />

condamner un "roi", ce qui démagogiquement est reconnaître la puissance et la<br />

liberté de décision du peuple des juifs. Le texte fera comprendre deux versets<br />

plus loin que cette liberté n'est pas aussi réelle puisque "<strong>les</strong> grands-prêtres<br />

incitèrent la foule afin qu'il leur délie plutôt Bar-Abbas". Mais auparavant, le<br />

texte commente et explique la parole de Pilate : "car il (= Pilate) connaissait que<br />

<strong>les</strong> grands-prêtres l'avaient-livré en-raison-de JALOUSIE" (XV-10).<br />

Ainsi Pilate, qui n'est pas juif, a suggéré au texte d'employer un mot terrible...<br />

différent des douze mots pour <strong>les</strong> desseins pires.<br />

Qu'est-ce que la jalousie ?<br />

Le texte ne répondra jamais <strong>à</strong> cette question, car le mot 'g: phtonos =<br />

jalousie' n'existe qu'en cet endroit unique <strong>dans</strong> tout le livre de Saint Marc.<br />

Considérant la liste des douze mots, je puis seulement dire : la 'jalousie' ne<br />

concerne pas des raisons de meurtre, ni de cupidité, ni d'un blasphème, ni la<br />

ruse... ni même la déraison.<br />

Alors, pour quel motif <strong>les</strong> grands-prêtres ont-ils livré Jésus ?<br />

L ' ABSENT<br />

Lecteur, tu iras au passage similaire en Saint Matthieu (Mt XV-19) et tu y<br />

constateras que le mot 'pseudomarturiai' s'y trouve. ... Pourquoi ? ...<br />

Et pourquoi ce même mot, absent de la liste donnée par Saint Marc<br />

(<strong>Mc</strong> VII-21 et 22), apparaît-il <strong>dans</strong> la liste de la Didachè ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 35 -<br />

Note 1 : (réservé) = page : 32<br />

Revenant (ultérieurement) sur ce texte, je m'aperçois que je n'y ai point<br />

remarqué (<strong>à</strong> l'époque où je l'écrivis) une des lois fondamenta<strong>les</strong> du texte : Jésus<br />

parle et énonce la liste des douze mots pour "ces-choses-l<strong>à</strong> méchantes...(qui)...<br />

souillent l'homme".<br />

Dieu (= le Messie = Jésus) dit la LOI morale et <strong>les</strong> douze noms deviennent<br />

'réservés' : ils ne seront plus utilisés par le texte, puisque leur 'usage' est<br />

interdit... sauf pour :<br />

Bar-Abbas avec <strong>les</strong> émeutiers ...?... ...?...<br />

<strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes pluriel anonymat<br />

le Grand Prêtre singulier identité.<br />

Le lecteur prêtera attention <strong>à</strong> "..?.." et il constatera l'action incohérente de ces<br />

(hommes), car cette première ligne devrait comporter : singulier / anonymat !<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VII-24 <strong>à</strong> 30)<br />

Lecture du texte<br />

La syrophénicienne et la cananéenne<br />

Etant - venue<br />

LECTURE DU TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 36 -<br />

La SYROPHENICIENNE<br />

_______________<br />

24 "Or, se-levant de-l<strong>à</strong>, il s'éloigna-vers (= eis) <strong>les</strong> régions de Tyr."<br />

Le lexique, pour l'emploi de 'se-levant', renvoie VERS le verset (I-35), alors<br />

que Jésus "se-levant, ... s'éloigna-vers (= eis) un lieu désert". Le lecteur se<br />

rappellera que le texte utilise, au sujet de 'g: pneuma a-kathartos = esprit-impur',<br />

une structure allant du singulier vers le pluriel :<br />

un esprit-impur I-23 et 26 V-2 et 8<br />

des esprits-impurs I-27 V-13<br />

Ici, le singulier gît <strong>dans</strong> un lieu désert (I-35) alors que le pluriel est <strong>dans</strong> "<strong>les</strong><br />

régions de Tyr", comme si le lieu désert était la localisation du Satan (I-13) et si<br />

Tyr devenait, par une sorte de pluriel de majesté, la capitale d'un royaume de<br />

païens ... d'où le pluriel avec "<strong>les</strong> régions".<br />

Cette incursion de Jésus <strong>dans</strong> le monde païen durera seulement jusqu'au verset<br />

(VII-30) puisque, aussitôt après, il y aura : "Et... sortant hors des régions de Tyr<br />

..." (VII-31) (avec le respect du pluriel).<br />

"Et, étant entré vers une maison..."<br />

C'est une habitation, l<strong>à</strong> où habite un homme (anthropos), sans présence divine.<br />

Cette 'maison = g: oikia' deviendra, <strong>à</strong> la fin de la séquence, la 'maison° = g:<br />

oikos' avec la Présence de Dieu, témoignage du miracle de la petite-enfant<br />

guérie "jetée sur le lit".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 37 -<br />

"... il voulait que personne connaisse..."<br />

Voici un verbe : 'connaître = g: ginoskô' recevant une interdiction d'emploi.<br />

Selon <strong>les</strong> us du texte, il doit donc disparaître du récit. Il reviendra, selon <strong>les</strong><br />

coutumes, grâce <strong>à</strong> Jésus. Ce sera au sujet des pains : "Et, le connaissant, il (=<br />

Jésus) leur dit..." (VIII-17).<br />

"Et il ne put rester-caché."<br />

Ici encore, il est une habitude du texte. Le verbe 'g: lanthanô = rester-caché'<br />

ne peut pas se manifester plusieurs fois, sinon son apparition deviendrait comme<br />

une contradiction de ce qu'il porte en lui. Il n'est donc utilisé, en Saint Marc, que<br />

<strong>à</strong> cette unique occasion.<br />

Le Lexique (voir : cacher) montre qu'il en est de même pour kruptos, apokruptos<br />

et musterion. Peut-être une telle réflexion prêtera-t-elle <strong>à</strong> sourire ? Oui,<br />

pour un sourire de Dieu.!<br />

25 "Mais aussitôt ayant-entendu (parler) <strong>à</strong> son sujet..."<br />

Il y a un rapprochement <strong>à</strong> effectuer VERS la femme au sang :<br />

VII-25 akousasa gune peri ...autou... elthousa<br />

V-27 akousasa peri ...tou Iesou elthousa<br />

Un écart est réalisé par la transformation de 'tou Iesou' en 'autou' et mon<br />

lecteur connaît la puissance de ce pronom personnel, apparu en (I-3) pour<br />

déloger 'Theos' de la citation d'Isaïe et pour prendre le sens de 'Kurios-Incarné'.<br />

La lecture théologique de ces deux passages doit prendre en charge le fait que<br />

la femme au sang a entendu parler de Jésus, mais que la syrophénicienne a ouï<br />

divers bruits sur lui, c. <strong>à</strong> d. sur cet homme dont (on dit ?) des merveil<strong>les</strong> et que<br />

(peut-être ?) il serait comme un (mage, guérisseur, dieu ancien descendu de<br />

l'Olympe ?).<br />

Lorsqu'une femme entend (un tel bruit), par réflexe elle va voir et, ici, <strong>les</strong> deux<br />

textes ont : "elthousa = étant-venue" (du verbe erchomai). Le réflexe est le<br />

même pour l'une et l'autre femmes, pourtant il y a un écart. La séquence de la<br />

femme au sang se passe en un lieu qui est un pays juif, puisque tout commence<br />

par : "Et, comme Jésus avait-fait-la-traversée de-nouveau vers l'autre-rive" (V-<br />

21), ceci <strong>à</strong> partir du "pays des géraséniens" (V-1) qui, comme "la Décapole" (V-<br />

20) est terre étrangère.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 38 -<br />

La femme au sang est une juive en pays juif, car elle aura le réflexe de<br />

'toucher' <strong>les</strong> vêtements de Jésus, faisant ainsi référence <strong>à</strong> l' A.T. La<br />

syrophénicienne, quant <strong>à</strong> elle, est grecque donc païenne, habitant Tyr, un pays<br />

païen. L'une et l'autre femmes ont la même réaction : "étant-venues"; l'une est<br />

l'autre viennent <strong>à</strong> cause du pronom 'autou' car, aussitôt, la femme au sang dit :<br />

"Si je touche au moins <strong>les</strong> vêtements de lui = tôn imatiôn autou" (V-28).<br />

QUI est donc 'autou' ? Pour la juive, peut-être est-il un peu plus que pour la<br />

syrophénicienne. De celle-ci, nous n'entrevoyons, <strong>dans</strong> sa pensée, que 'autou'<br />

seul, alors que la juive sait que, en cet homme, il y a 'autou' avec, en plus, le<br />

nom : Jésus.<br />

Je vois ainsi que, pour la juive, la parenté de Jésus prend de l'importance,<br />

puisque la femme va faire un geste rituel en touchant "du moins la frange de son<br />

vêtement" (cfr : VI-56). En d'autres termes, cela signifie que le fait, pour la<br />

juive, de connaître Son nom : 'Jésus' donne une certaine importance <strong>à</strong> son<br />

appartenance au peuple d'Israël. Je pense que l'auteur a écrit ainsi car Jésus se<br />

rattache, par sa famille, <strong>à</strong> l'histoire d'Israël. Plus tard, <strong>à</strong> cause de Bar-Timée,<br />

nous le saurons 'Fils de David'. L'analyse du texte en (V-27 et 28) permet de<br />

poser l'hypothèse que, pour la femme au sang, Jésus est déj<strong>à</strong> connu comme étant<br />

descendant de David.<br />

"... une femme, dont la fillette avait un esprit-impur..."<br />

1.- Il faut revenir <strong>à</strong> la succession des mots <strong>dans</strong> le texte grec :<br />

ayant-entendu une-femme au-sujet-de lui<br />

avait la fillette d'elle un-esprit impur<br />

Dès que la femme entend que c'est 'autou = LUI', elle pense <strong>à</strong> sa fillette<br />

malade. L'esprit-impur (<strong>dans</strong> la fillette) fait venir la femme (= est cause de la<br />

venue de la femme). La motivation de la venue de la femme est la maladie de<br />

l'enfant.<br />

Il y a eu une démarche similaire pour la femme au sang, car deux mots grecs<br />

se touchent :<br />

vêtements de-lui je-serai-sauvée...<br />

autou sôthesomai.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 39 -<br />

2.- Le lexique signale que le mot 'fillette = g: thugatrion' est uniquement <strong>dans</strong> le<br />

texte en (V-23) pour la fille de Jaïre et ici en (VII-25) pour la syrophénicienne.<br />

Il faut également prendre acte de l'emploi de 'g: thugater = fille', d'abord en<br />

(V-34 et 35), puis en (VII-26 et 29) et uniquement en ces versets.<br />

Il semble que l'on puisse voir, <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong> remarques ci-dessus, s'établir<br />

une relation entre :<br />

d'une part la femme au sang = ancienne alliance )<br />

) = Israël<br />

la fille de Jaïre = nouvelle alliance )<br />

d'autre part la syrophénicienne = <strong>les</strong> païens.<br />

"... étant venue, tomba-devant (lui) <strong>à</strong> ses pieds."<br />

Cette phrase vient aussitôt renforcer la remarque ci-dessus, car on a :<br />

V-22 Iaïros idôn auton piptei pros tous podas autou<br />

voyant LUI tombe devant <strong>les</strong> pieds de LUI<br />

V-33 la femme pros - epesen autô<br />

tombe - devant LUI<br />

VII-25 la grecque pros - epesen pros tous podas autou<br />

tombe - devant devant <strong>les</strong> pieds de LUI<br />

Le texte veut que le lecteur prenne en compte <strong>les</strong> trois citations ensemble. Je<br />

note que Jaïre, juif éminent puisque chef de synagogue, emploie 'autou' comme<br />

la grecque. Celle-ci est gratifiée, par l'auteur du texte, d'un pléonasme :<br />

p r o s . . . / p r o s = devant / devant,<br />

ce qui est la seule façon pour, en si peu de mots, obliger au double renvoi<br />

simultané vers Jaïre et vers la femme.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 40 -<br />

26 "Or la femme était grecque, syrophénicienne de race. Et elle le<br />

questionnait afin qu'il chasse le démon hors de sa fille."<br />

Le lexique présente (au mot 'jeter') l'analyse de 'grecque'. Du verbe<br />

'questionner' je dirai peu de choses. Il n'a que trois emplois <strong>dans</strong> tout le livre et<br />

il semble totalement neutre, ne portant en lui aucune arrière pensée. C'est la<br />

question <strong>à</strong> l'état pur donc, pour cette païenne, la disponibilité de croire ou de ne<br />

pas croire.<br />

Sur 'chasser le démon', il y a lieu de rappeler que, depuis le début du récit,<br />

chaque fois que le mot 'g: daimonion = démon' est venu, c'est pour se voir<br />

accoler le verbe 'chasser'. La femme grecque a peut-être su quelque chose <strong>à</strong> ce<br />

sujet et on peut supposer qu'elle a eu connaissance du fait qu'un certain nombre<br />

de gens, un peu partout, avaient le pouvoir de chasser <strong>les</strong> démons.<br />

Nous, lecteur, nous savons que Jésus avait appelé-auprès (de lui) douze<br />

apôtres afin qu'ils aient "autorité (de) chasser <strong>les</strong> démons" (III-15). Le compterendu<br />

de mission porte :<br />

"Et ils chassaient de nombreux démons." (VI-13)<br />

"Ayant entendu (parler) <strong>à</strong> son sujet" (VII-25), la syrophénicienne questionne,<br />

c. <strong>à</strong> d. se renseigne s'il lui serait possible de "chasser le démon" de sa fille.<br />

27 "Et il lui disait :<br />

'Laisse d'abord <strong>les</strong> enfants se rassasier car il n'est pas beau (de) prendre<br />

le pain des enfants et (de le) jeter aux petits-chiens'."<br />

La voix de Jésus se fait entendre; ce n'est donc plus l'auteur du texte qui nous<br />

donne ses impressions de la scène. Jésus donne un conseil <strong>à</strong> la femme :<br />

"Laisse..." et ce verbe, tout le monde peut facilement le comprendre, puisque<br />

voil<strong>à</strong> longtemps qu'il est en utilisation.<br />

Simon et André ont laissé leurs filets; Jacques et Jean ont laissé leur père.<br />

Après la parole personnalisée envers la femme, vient une parole de Sagesse<br />

introduite par : "il n'est pas beau...". Elle est dite <strong>dans</strong> un style simple<br />

relativement <strong>à</strong> un acte de tous <strong>les</strong> jours; prendre le pain des enfants, le donner<br />

aux petits-chiens. On sent que quelqu'un puisse avoir plaisir <strong>à</strong> s'amuser avec <strong>les</strong><br />

petits-chiens; mais pourquoi délaisserait-il <strong>les</strong> enfants ? D'où : il n'est pas beau.<br />

28 "Celle°-ci répondit et lui dit : Seigneur ..."<br />

La femme a entendu. Ce qui vient de lui être dit relève d'un langage inhabituel;<br />

d'où : Seigneur !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 41 -<br />

"... aussi <strong>les</strong> petits-chiens, dessous la table, mangent des miettes des<br />

petits-enfants'."<br />

La femme se met au niveau de la parole entendue et elle apporte son<br />

commentaire : elle corrige le mot 'enfant' et le précise en utilisant un synonyme<br />

rendu, pour le distinguer <strong>dans</strong> la traduction, par 'petits-enfants'.<br />

Elle ramène aussi le pain, au même niveau en l'appelant : miettes. Elle annule<br />

l'indifférence ou le mépris pouvant résider <strong>dans</strong> 'jeter' en intercalant une table.<br />

Elle dit ce qu'elle voit et comment elle le vit. Son interprétation d'un acte<br />

domestique habituel devient parole de sagesse et la phrase est construite d'une<br />

façon très neutre.<br />

La réponse de la femme est intemporelle : de tous <strong>les</strong> temps et pour tous <strong>les</strong><br />

sièc<strong>les</strong>-<strong>à</strong>-venir, il est vrai que <strong>les</strong> petits-chiens sont sous la table et mangent ce<br />

qui tombe ... même si c'est du pain.<br />

Lecteur ! Voici trop longtemps que nous rêvons avec ces chiens, ce pain en<br />

miettes et <strong>les</strong> petits-enfants. Revenons au récit.<br />

Voici une femme, païenne et étrangère, avec sa fille malade. Elle entend parler<br />

d'un guérisseur entré <strong>dans</strong> une maison et elle va le rencontrer pour lui demander<br />

de guérir sa fille. Lui répond par une histoire de jeunes-chiens. Que devrait-elle<br />

répondre ? Un jour que, ensemble, nous discutions du texte de Saint Marc, mais<br />

pour un autre chapitre, il me "questionnait" sur l'emploi du pronom personnel<br />

"JE", <strong>à</strong> la première personne. Il a posé : 'ego eimi = JE suis', puis subitement il<br />

m'a demandé comment la syrophénicienne répondit. Elle n'a pas dit 'JE', sinon<br />

elle aurait situé son moi avant toute autre chose, or la femme était venue <strong>à</strong> cause<br />

de sa fillette. En ne disant pas 'JE', la femme montre la totale cohérence de ses<br />

sentiments (= sa pensée de païenne). Parlant une parole de sagesse, elle oblige<br />

'lui = autou' <strong>à</strong> guérir sa fille. La femme au sang, en touchant <strong>les</strong> vêtements de<br />

lui, avait obligé au geste-de-puissance :<br />

"Celui°-ci lui dit° : 'Fille, ta foi t'a sauvée. pars...!'." (V-34).<br />

La syrophénicienne, en ne disant pas 'JE', a obligé au geste-de-puissance. "Et il<br />

lui dit° :<br />

'En-raison-de cette parole-ci : pars...!'." (VII-29).<br />

Comme il est beau qu'une telle païenne, par sa seule parole, puisse chasser le<br />

démon ! Chasser ? Que non pas ! Le texte sait faire la différence entre païens et<br />

juifs. Jusqu'<strong>à</strong> ce jour, entre juifs, le démon se faisait 'chasser'. Le texte dira<br />

bientôt, par la voix de Jean : "Maître, nous-avons-vu quelqu'un chasser des<br />

démons par Ton NOM..." (IX-38), comme s'il s'agissait d'une chasse réservée au<br />

peuple d'Israël.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 42 -<br />

Ici, avec la femme grecque, syrophénicienne de race, habitante des régions de<br />

Tyr, le démon subit une autre forme de défaite, car la parole d'une femme<br />

païenne suffit pour qu'il décide de SORTIR :<br />

- Jésus dit° <strong>à</strong> la femme : "En-raison-de cette parole-ci, pars ! Le démon est sorti<br />

hors de ta fille" (VII-29).<br />

- Le rédacteur du récit s'incline et supprime le verbe chasser qu'il avait écrit au<br />

début alors que la femme "questionnait" Jésus afin qu'il chasse(1) "le démon<br />

hors de sa fille" (VII-26). En finale de séquence, l'auteur du texte s'incline et<br />

pousse l'humilité jusqu'<strong>à</strong> faire en sorte que le dernier mot soit le verbe :<br />

'sortir = g: erchomai' :<br />

3O "Et, s'étant éloignée-VERS sa maison° (= eis ton oikon autes), elle y<br />

trouva la petite-enfant jetée sur le lit et le démon... SORTI(2)."<br />

LA SYROPHENICIENNE ET LA CANANENNE<br />

Ils m'ont dit de comparer ce qui, selon eux, est le même événement raconté<br />

par <strong>Mc</strong> et par Mt (absent de Lc et de Jn). J'ai donc rassemblé <strong>les</strong> données.<br />

Voici le texte de Saint Matthieu, <strong>dans</strong> une traduction transposant chaque mot<br />

grec en un mot français dont le sens doit être pris comme conventionnel c. <strong>à</strong> d. /<br />

<strong>à</strong> ce point de l'analyse / sans vouloir en tirer autre chose qu'un sens relativement<br />

imprécis.<br />

(Les mots en lettres grasses se retrouvent <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc.)<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 43 -<br />

TEXTE de Saint Matthieu (chapitre XV) :<br />

21 Kai exelthôn EKEITHEN o Iesous<br />

et de-l<strong>à</strong> sortant, Jésus<br />

anechôresen EIS TA mere TUROU kai Sidônos<br />

se-retira vers <strong>les</strong> territoires de-Tyr et de-Sidon<br />

22 Kai idou GUNE kananaia<br />

et voici une-femme cananéenne<br />

apo tôn oriôn ekeinôn ex-ELTHOUSA ekrazen legousa<br />

de <strong>les</strong> régions de-l<strong>à</strong> sortant criait en-disant :<br />

'Eleison me ! Kurie uios David !<br />

'Prends-pitié de-moi ! Seigneur fils (de) David !<br />

E thugater mou kakôs daimonizetai'<br />

La fille de-moi malement est-démoniaque'.<br />

23 O de ouk apekrithe aute logon<br />

Or celui-ci ne répondit pas <strong>à</strong>-elle une-parole<br />

Kai proselthontes oi mathetai autou<br />

et venant-auprès (de lui) <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de-lui<br />

erôtoun auton legontes<br />

interrogeaient lui en-disant :<br />

'apoluson auten oti krazei opisthen emôn '<br />

'délie elle car elle-crie par-derrière nous '<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 44 -<br />

24 O de apokritheis eipen Ouk apestalen ei me<br />

Or celui-ci répondant dit Non a-été-envoyé si(non) moi<br />

eis ta probata ta apolôlota oicou Israël<br />

vers <strong>les</strong> brebis <strong>les</strong> perdues de-maison Israël<br />

25 E de ELTHOUSA PROSEkunei autô legousa<br />

Mais celle-ci venant se-prosternait-devant lui en-disant<br />

'Kurie ! Boethei moi ! ' = 'Seigneur ! Secours-moi !'<br />

26 O de apokritheis eipen 'OUK ESTIN KALON<br />

Or celui-ci répondant dit '(il) n'est pas beau<br />

LABEIN TON ARTON TON TECNON<br />

de-prendre le pain des enfants<br />

KAI BALEIN TOIS KUNARIOIS '<br />

et de-jeter aux petits-chiens. '<br />

27 E DE eipen 'Nai KURIE !<br />

Mais celle-ci dit 'Oui Seigneur !<br />

KAI gar TA KUNARIA esthiei APO TÔN PSICHION<br />

et car <strong>les</strong> petits-chiens mangent des miettes<br />

tôn piptonton apo TES TRAPEZES tôn Kurion autôn'<br />

<strong>les</strong> tombantes de la table des seigneurs d'eux.'<br />

28 Tote apokritheis o Iesous EIPEN AUTE ô gunai megale sou<br />

Alors répondant Jésus dit <strong>à</strong> elle : ô femme grande <strong>à</strong> toi<br />

E pistis ! Genetheto soi ôs theleis !<br />

la foi ! Qu'il-arrive <strong>à</strong>-toi comme tu-veux !'<br />

Et fut la fille d'elle dès l'heure rétablie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES ECARTS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 45 -<br />

en Saint Matthieu en Saint Marc<br />

22 cananéenne 26 grecque<br />

22 criait en disant 26 le questionnait<br />

(absent) 25 tomba devant <strong>à</strong> ses pieds<br />

22 "Eleison..fils de David !" (absent)<br />

22 la fille (thugater) 25 la fillette (thugatrion)<br />

22 est-démoniaque 25 a un esprit-impur<br />

26 le démon<br />

22 "Prends-pitié de moi !" (absent)<br />

(absent) 26 questionnait afin qu'IL chasse...<br />

23 (Jésus ne lui répond pas) 27 (Jésus) lui disait<br />

23 (intervention des discip<strong>les</strong>) (absent)<br />

24 Jésus dit : "Brebis d'Israël" (absent)<br />

25 elle se prosterne : "Seigneur !" (absent)<br />

26 Jésus : "Il n'est pas beau... 27 (mêmes paro<strong>les</strong>, mais le verbe)<br />

('balein' est en finale)<br />

27 elle dit : "oui ! (g: nai)" (absent)<br />

27 des miettes tombant... 28 des miettes<br />

de la table des seigneurs d'eux des petits-enfants<br />

28 "Grande est ta foi..." 29 "En raison de cette parole..."<br />

28 "... qu'il arrive..." 29 "... Pars ! ..."<br />

28 "qu'il arrive <strong>à</strong> toi 29 "Le démon est sorti...<br />

28 (la fille est) rétablie 30 (la fille est) jetée...<br />

NOTULES<br />

1.- Cananéenne :<br />

L'histoire dit = ancien peuple de Canaan, donc possibilité que la femme soit<br />

païenne, ou de rite juif.<br />

Ceci pourrait expliquer (si elle est juive de rite) : "Eleison ! Fils de David ! ...<br />

Prends-pitié de moi !".<br />

2.- Prends-pitié de moi :<br />

La maladie de la fille pourrait très bien être due au péché de la mère ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 46 -<br />

3.- Les discip<strong>les</strong> :<br />

obligés d'être témoins, ils entendent Jésus parler des brebis d'Israël et voient la<br />

femme (de rite juif ?)(3) aussitôt se prosterner en disant : "Seigneur !".<br />

4.- Canaan :<br />

C'est l'histoire d'un long marchandage(4) entre Jésus et la cananéenne, celleci<br />

étant femme issue d'un peuple de commerçants tel qu'il en existe, notamment,<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> grands ports comme Tyr et Sidon, en bordure de la Méditerranée,<br />

ouverts au commerce maritime international.<br />

5.- Le marchandage :<br />

elle (Jésus dit :)<br />

criait : Eleison me !<br />

Seigneur !<br />

Fils de David ! (il ne répondit rien)<br />

(<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> : Renvoie-la !) "Je suis envoyé pour Israël"<br />

(Israël ?) : elle se prosterne<br />

Seigneur !<br />

Au secours de moi !<br />

"Il n'est pas beau" (parole de Sagesse)<br />

Oui ! Seigneur ! (+ parole de Sagesse)<br />

"Ta foi est grande !"<br />

- - - - - - - "Qu'il arrive CE QUE TU veux"<br />

(sa fille est) rétablie.<br />

6.- Mot grec 'jeter' :<br />

En Mt, il est l<strong>à</strong> pour raison de poésie, car il est 'le mot inversé' du verbe<br />

'prendre = g: labein', venu juste auparavant. C'est pourquoi 'balein' occupe une<br />

place spéciale <strong>dans</strong> une phrase qui est comme la mélodie du texte :<br />

L A B E I N ton arton tôn tecnôn<br />

B A L E I N tois cunariois.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 47 -<br />

En <strong>Mc</strong>, voir l'analyse de ballô au mot jeter (Lexique) :<br />

- avec le sens grec jeter aux chiens<br />

- avec le sens hébreu offrir <strong>à</strong> Dieu.<br />

Donc, en <strong>Mc</strong>, 'ballô' est la conclusion du texte et apporte (= offre) le<br />

témoignage de l'évolution spirituelle de la femme.<br />

7.- petits-enfants :<br />

En <strong>Mc</strong>, la femme conserve '<strong>les</strong> petits-chiens' venant de la parole de Jésus, et<br />

elle ramène <strong>les</strong> enfants au niveau des petits-enfants.<br />

En Mt, mouvement contraire, car la femme élève <strong>les</strong> enfants au rang de<br />

'seigneurs'.<br />

Q U I a guéri ?<br />

En Mt, Jésus délègue <strong>à</strong> la femme le pouvoir de guérir sa fille : "Qu'il arrive <strong>à</strong><br />

toi comme tu veux !". Le lecteur osera aussitôt supposer que si la femme avait<br />

voulu... aurait-elle pu exprimer un vœu autre ? ... vouloir la richesse, le pouvoir,<br />

la gloire ou souhaiter quelque autre satisfaction plus personnelle ?<br />

Question aberrante ? La femme a "une grande foi". L'explicitation de cette<br />

parole vient par ce que dit Jésus : lorsqu'une cananéenne (païenne ? juive ?<br />

certes : une commerçante connaissant <strong>les</strong> usages de tout marchandage) a la foi,<br />

on peut lui faire confiance : elle respectera sa parole. Ainsi font <strong>les</strong> vrais<br />

commerçants entre eux). Jésus a vu qu'elle avait la foi : il lui transmet un<br />

pouvoir et elle guérit sa fille.<br />

A moins que : la femme, de rite juif, pleure sur son propre péché dont la<br />

conséquence est la maladie de sa fille. Etant fille de l'alliance, elle joue du<br />

contrat et marchande avec Jésus. Celui-ci voit et dit la foi de la femme. Cette foi<br />

reconnue abolit le péché de la femme et guérit sa fille.<br />

Ou encore... Mais, je deviens rabbin en discutant ainsi ! Et voici que l'idée me<br />

saisit : (Saint) Matthieu était-il 'juif' avant tout, par son texte ? A-t-il écrit pour<br />

que l'on chante comme un psaume ? (<strong>les</strong> versets 26 et 27 donnent une<br />

impression de phrase orchestrée avec <strong>les</strong> '...on' des violons et <strong>les</strong> '...riois ...peze'<br />

des anches).<br />

En <strong>Mc</strong>, je me suis expliqué au chapitre précédent : le démon obéit <strong>à</strong> Dieu<br />

seul !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


MAIS ALORS...?<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 48 -<br />

Mais alors, en Mt, si une étrangère, plus ou moins juive ou païenne, amène par<br />

un discours <strong>à</strong> la guérison de sa fille, et si elle a totalement entendu "g: genetheto<br />

soi ôs theleis = qu'il t'arrive ce que tu veux !", quel est donc cet homme <strong>à</strong> la<br />

bonne parole qui ose constater pareil fait ? Un devin ? Un mage ? Un prophète<br />

plus grand que d'autres prophètes, un prophète d'Israël ?<br />

POUR CONCLURE :<br />

Ils m'avaient dit de comparer... et j'ai étudié l'un et l'autre textes, posant côte <strong>à</strong><br />

côte, comparant, situant l'un par rapport <strong>à</strong> l'autre. J'ai été saisi par <strong>les</strong> écarts très<br />

importants et je ne puis admettre qu'il s'agisse de deux récits de la même<br />

particularité historique de la vie de Jésus.<br />

S'agit-il alors de deux faits différents ? J'ai repris <strong>les</strong> deux textes grecs et j'ai<br />

noté <strong>les</strong> mots communs <strong>à</strong> Mt et <strong>à</strong> <strong>Mc</strong>. (Reprendre le texte de Saint Matthieu tel<br />

que présenté ci-dessus : <strong>les</strong> mots se retrouvant <strong>dans</strong> le texte de <strong>Mc</strong> sont écrits en<br />

lettres grasses). Voici le résultat :<br />

Référence du verset :<br />

en Mt : en <strong>Mc</strong> :<br />

21 24 ekeithen = de-l<strong>à</strong><br />

21 24 EIS TA... Turou = vers <strong>les</strong> (régions) de Tyr<br />

22 25 gune = femme<br />

22 25 (ex)elthousa (Mt = sortant<br />

(<strong>Mc</strong> = étant-venue<br />

25 25 elthousa pros- = étant-venue (tomba) devant...<br />

26 27 ouk estin kalon labein ton arton tôn teknôn<br />

(il) n'est pas beau prendre le pain des enfants<br />

Mt = kai balein tois kunariois<br />

<strong>Mc</strong> = kai tois kunariois balein<br />

et de le jeter aux petits-chiens.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 49 -<br />

27 = nai Kurie kai gar ta kunaria esthiei apo tôn psichion<br />

tôn piptonton apo tes trapezes tôn kurion autôn.<br />

28 = kai ta kunaria upokatô tes trapezes esthiousin<br />

apo tôn psichion tôn paidion.<br />

28 29 eipen aute = (Jésus) lui dit...<br />

Il apparaît immédiatement que le seul rapprochement valable se fait <strong>à</strong> cause<br />

des versets Mt = 26 avec <strong>Mc</strong> = 27, c. <strong>à</strong> d. par la parole inattendue de Jésus sur le<br />

pain jeté aux chiens.<br />

Déj<strong>à</strong>, <strong>dans</strong> la réponse de la femme (Mt = 27 / <strong>Mc</strong> = 28) <strong>les</strong> mots communs sont<br />

<strong>à</strong> peu près des obligations de toute réponse :<br />

Kurie en Mt, il vient de 22 et de 25<br />

en <strong>Mc</strong>, il est nouveau mais logique <strong>à</strong> cause de la parole<br />

de Sagesse dite par Jésus.<br />

ta kunaria vient des mots utilisés par Jésus<br />

tes trapezes la table Ce sont <strong>les</strong> seuls mots<br />

apo tôn psichiôn des miettes communs nouveaux !<br />

Ces mots de 'table' et 'miettes' relèvent des données de la vie domestique. Ils<br />

sont très présents <strong>à</strong> l'esprit de toute femme, car c'est elle qui est chargée de<br />

balayer quotidiennement <strong>les</strong> miettes de pain tombées sous <strong>les</strong> tab<strong>les</strong>, pendant le<br />

repas. Il est relativement facile de ramasser la poussière sur un sol nu; mais, sous<br />

<strong>les</strong> tab<strong>les</strong>, il y a toujours quelque difficulté. Lorsqu'on a un petit-chien, bien des<br />

miettes disparaissent toutes seu<strong>les</strong> grâce <strong>à</strong> lui. Celui qui balaye sa cuisine et a un<br />

compagnon chien peut attester que l'idée est de tous <strong>les</strong> temps et de tous <strong>les</strong><br />

lieux.<br />

L'exégète reprend alors <strong>les</strong> deux textes et arrive <strong>à</strong> cette conclusion que la<br />

relation 'synoptique' tient <strong>à</strong> deux mots qui sont <strong>dans</strong> le quotidien, et fort<br />

communs.<br />

En face de ces miettes sous la table, il y a beaucoup de différences importantes<br />

et qui, el<strong>les</strong>, ont une implication théologique. D'où l'hypothèse : peut-on<br />

admettre que Jésus ait, au cours de ses divers voyages, et peut-être pendant le<br />

périple <strong>dans</strong> <strong>les</strong> régions de Tyr et de Sidon et de la Décapole (cfr : <strong>Mc</strong> VII-31),<br />

prononcé diverses paro<strong>les</strong> de Sagesse et notamment répété plusieurs fois <strong>à</strong><br />

diverses personnes sa parole sur le pain jeté aux petits-chiens ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 50 -<br />

S'il l'a fait, il est logique qu'il y ait plusieurs sortes de réponses de la part de<br />

ses interlocutrices. Nous avons deux rapports(5) différents de ce qui s'est passé,<br />

un jour, avec une cananéenne, une autre fois avec une syrophénicienne.<br />

(Le lecteur, intéressé par la question 'synoptique' retournera auprès du verset<br />

(III-12) <strong>dans</strong> l'analyse au présent tome, ci-dessus. Puis il ira au livre sur Les<br />

évangi<strong>les</strong> synoptiques et alors il comprendra, en entendant le cri de la femme :<br />

"Seigneur !" (Mt XV-25), puis en lisant l'évocation aux "tab<strong>les</strong> des seigneurs<br />

d'eux" (Mt XV-27), <strong>à</strong> qui s'adresse, en réalité, le récit de Saint Matthieu.)<br />

" ETANT - VENUE "<br />

1.- La loi fondamentale du texte de Saint Marc spécifie combien chaque mot est<br />

nécessaire, <strong>à</strong> la place exacte qu'il occupe. Or, voici que je suis frappé par : "étant<br />

venue" (VII-25). Que peut m'apporter une précision qui passe inaperçue d'un<br />

lecteur lisant très rapidement ? Il y a une relation directe (en analyse structurale,<br />

on dit : une conjonction) entre Jésus et la femme. Or Jésus ne la rencontre pas <strong>à</strong><br />

la suite d'un hasard. Il ne l'a pas appelée <strong>à</strong> lui. La femme 'est-venue' d'elle-même.<br />

Le texte nous informe que sa "fillette avait un esprit-impur" (VII-25). La<br />

raison est valable, mais ne me satisfait pas, car la femme aurait tout aussi bien<br />

pu rendre visite <strong>à</strong> un guérisseur ou <strong>à</strong> un mage. Pourquoi 'est-elle venue' vers<br />

Jésus ?<br />

Le texte m'offre une clé pour pénétrer plus intimement : nous sommes vers<br />

"<strong>les</strong> régions de Tyr" (VII-24). Il y a un certain temps déj<strong>à</strong> nous avons vu "une<br />

multitude nombreuse" (III-8) venir "auprès de lui". Il y avait des gens qui étaient<br />

"d'autour-de Tyr" (III-8). Or Jésus "en soignait beaucoup... et <strong>les</strong> espritsimpurs,<br />

quand ils le considéraient, tombaient-devant lui..." (III-11)<br />

La syrophénicienne avait "entendu (parler) au-sujet-de lui" (VII-25), car<br />

certains de ceux qui étaient-venus auprès de Jésus, au début du chapitre III, s'en<br />

étaient retournés <strong>dans</strong> <strong>les</strong> régions de Tyr, l<strong>à</strong> où ils habitaient, et ils avaient<br />

raconté. Jésus leur avait bien ordonné de ne pas ébruiter ce qu'ils avaient vu (III-<br />

12) : "il <strong>les</strong> rabrouait beaucoup afin qu'ils ne le fassent pas manifeste" (= afin<br />

qu'ils ne fassent aucune publicité <strong>à</strong> son sujet).<br />

Eux, rentrés vers Tyr, ont tout raconté et ils ont même précisé comment Jésus<br />

s'était fait obéir par "<strong>les</strong> esprits-impurs" (III-11)<br />

Alors la femme, "dont la fillette avait un esprit-impur", est venue tomberdevant<br />

(lui) <strong>à</strong> ses pieds.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 51 -<br />

2.- Mais, lecteur, l'analyse peut aller encore plus loin. En (III-8), avec ceux de<br />

Tyr, il y a aussi des gens venus de Sidon et... de l'Idumée. J'ai analysé ce dernier<br />

mot et montré qui étaient ces anciens pillards, semi-nomades, engagés par<br />

Hérode comme forces de police <strong>dans</strong> la région de la Trachonitide. Ce sont de<br />

tels gens qui le considéraient et avaient, envers lui, un langage curieux : "Toi, tu<br />

es le Fils de-le Dieu !". Et il <strong>les</strong> faisait taire.<br />

La syrophénicienne n'hésite pas : elle 'est-venue' auprès de lui, car sa fillette a<br />

"un esprit-impur" (VII-25 = cfr : III-11) et elle n'a pas envie de se taire !<br />

Mais, quel langage va-t-elle parler ? Va-t-elle, comme <strong>les</strong> autres, se contenter<br />

de dire : Tu es le Fils de-le Dieu ! ...alors : Guéris ma fille ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 52 -<br />

Note 1 : afin qu'il chasse = page : 42<br />

La femme sait fort bien qu'elle-même n'a aucun pouvoir sur un démon.<br />

Note 2 : S O R T I = page : 42<br />

Le lecteur prêtera une grande attention au fait que, auparavant, le texte a su<br />

écrire que <strong>les</strong> esprits-impurs (= démon) ont été amenés <strong>à</strong> 'sortir'. Il s'agissait<br />

alors, <strong>dans</strong> la séquence du gérasénien (= un étranger : ger), de cette légion<br />

d'esprits impurs. Le gérasénien "le suppliait beaucoup afin qu'il ne <strong>les</strong> (= <strong>les</strong><br />

esprits-impurs) envoie pas en dehors du pays... Et ils (= <strong>les</strong> esprits-impurs) le<br />

supplièrent en disant : Expédie-nous vers <strong>les</strong> porcs...'. Et il (le) leur concéda. Et,<br />

étant sortis, <strong>les</strong> esprits-impurs entrèrent vers <strong>les</strong> porcs." (V-10 <strong>à</strong> 13).<br />

Ainsi le démon de sa fille, lui aussi, 'est sorti'. Une interprétation de ces deux<br />

textes pourrait mener <strong>à</strong> conclure que <strong>les</strong> esprits-impurs et le démon restent <strong>à</strong> un<br />

certain point maîtres de sortir ou non de l'homme qu'ils habitent, et la lecture<br />

ainsi faite serait erronée car, après la Transfiguration, lorsque le père amène son<br />

fils possédé d'un "esprit sans-parole" (IX-17), Jésus rabroue l'esprit impur et lui<br />

ordonne de sortir. Avec rage l'esprit impur est obligé d'obéir : "Et criant et<br />

contractant beaucoup (l'enfant), il sortit" (IX-26).<br />

Ceci démontre que le démon n'obéit qu'<strong>à</strong> Dieu (et/ou) <strong>à</strong> son Messie. Avec le<br />

gérasénien, sachant qu'il leur faut sortir, ils demandent l'autorisation d'aller vers<br />

<strong>les</strong> porcs; avec la fille de la syrophénicienne, ils sortent dès qu'ils comprennent<br />

que Jésus entend la parole de sagesse (païenne); avec le fils, ils sortent avec<br />

rage).<br />

Mais, toujours, ils obéissent <strong>à</strong> Dieu seul.<br />

Note 3 : (de rite juif ?) = page : 46<br />

Il y a un rapprochement <strong>à</strong> faire entre :<br />

- ce que dit la femme :<br />

Kurie ! Boethei moi !<br />

Seigneur ! Secours moi !<br />

- et ce que dit Pierre lors de la marche sur la mer :<br />

Kurie ! Sôsôn me !<br />

Seigneur ! Sauve moi !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 53 -<br />

Jésus monte <strong>dans</strong> la barque et tous :<br />

"prosekunesan autô legontes : "... Fils de Dieu !"<br />

se-prosternaient-devant lui en-disant : ...(Mt XIV-33)<br />

Or, pour la cananéenne, le texte a écrit :<br />

"prosekunei autô legousa (Mt XV-25)<br />

se-prosternaient-devant lui en-disant :......<br />

(Voir également <strong>les</strong> discip<strong>les</strong>, <strong>à</strong> la tempête apaisée : Mt VIII-25.)<br />

Note 4 : marchandage = page : 46<br />

"La femme, grecque, syrophénicienne de race" (<strong>Mc</strong> VII-26) est décrite par<br />

Saint Matthieu comme "une femme cananéenne = g: gune chananaia". Me<br />

souvenant que, en hébreu, on a : 'h: kena'ani = marchand', je lis cette<br />

transformation :<br />

en <strong>Mc</strong> : une femme païenne (= <strong>les</strong> régions de Tyr) parlant communément le<br />

grec;<br />

en Mt : une marchande circulant un peu partout pour ses affaires, "sortant de<br />

ces régions-l<strong>à</strong>" : Tyr et Sidon, donc ayant un certain franc-parler. Mon lecteur<br />

verra, ailleurs, comment la présente exégèse du texte aboutit <strong>à</strong> constater que<br />

cette femme 'marchande' est venue pour attester, devant divers témoins, que <strong>dans</strong><br />

"ces régions-l<strong>à</strong>" tout le monde savait que Jésus était "Fils de David" (Mt XV-<br />

22).<br />

(Lorsqu'il aura lu, ensuite, mon texte sur Les évangi<strong>les</strong> synoptiques (tome IX), le<br />

lecteur fera de lui-même le rapprochement entre l'expression "ces régions-l<strong>à</strong>" et<br />

'ce qui se disait un peu partout <strong>dans</strong> l'empire romain'... Mais, au point actuel de<br />

notre travail d'exégèse, n'anticipons pas.)<br />

Note 5 : deux rapports = page : 50<br />

(Poursuivant la note immédiatement précédant ci-dessus : je puis déj<strong>à</strong> annoncer<br />

que la lecture du chapitre sur Les évangi<strong>les</strong> synoptiques fournira <strong>les</strong> éléments<br />

définissant ces 'deux rapports' par <strong>les</strong>quels transite notre recherche.)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VII-34)<br />

Présentation<br />

Deux textes en Saint Marc<br />

Trois textes <strong>dans</strong> la Tora<br />

Analyse du soupir<br />

Le signe de la 'génération'<br />

Le signe du 'ciel'<br />

L'humanité de Dieu<br />

PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 54 -<br />

ET JESUS SOUPIRA<br />

_______________<br />

Elle m'a posé une question <strong>à</strong> laquelle je n'ai pas su répondre <strong>dans</strong> l'immédiat et<br />

par laquelle j'ai référé ma foi vers la méthode d'exégèse, sachant qu'il me fallait,<br />

avant d'examiner, amasser <strong>les</strong> matériaux bruts. Il s'agissait de l'emploi, <strong>dans</strong> le<br />

texte de Saint Marc, d'un mot totalement humain, donc ne devant logiquement<br />

avoir aucun sens lorsque appliqué <strong>à</strong> Dieu.<br />

J'ai fort bien entendu l'énoncé du questionnement car, au-del<strong>à</strong> du formulé, il y<br />

a l'hésitation et l'errance, l'une et l'autre structures enlacées pour provoquer<br />

l'incohérence :<br />

Vous dites que Jésus est Messie et vous affirmez que le texte de Saint<br />

Marc relève d'une Inspiration au-del<strong>à</strong> de l'humain. Or, ce texte parle, par deux<br />

fois, des soupirs de Jésus. Comment lisez-vous ces soupirs ? ... Dieu peut-Il<br />

soupirer ? ... Le texte ne se serait-il pas laissé aller en utilisant un mot tellement<br />

humain ?<br />

J'ai mis la question en réserve <strong>dans</strong> mon cœur et j'ai attendu que tout s'échauffe<br />

en moi. Voici, d'abord, <strong>les</strong> matériaux.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 55 -<br />

DEUX TEXTES EN SAINT MARC<br />

Les soupirs arrivent par deux fois au moyen de deux verbes dérivés l'un de<br />

l'autre :<br />

a) le verbe 'g: stenazo = soupirer'<br />

<strong>Mc</strong> VII-34 = "Et, ayant levé-le-regard vers le ciel, il (= Jésus) soupira et lui dit<br />

: 'Ephphata ! c. <strong>à</strong> d. : Sois-réouvert'.".<br />

b) le verbe 'g: ana-stenazo = pousser-un-soupir'<br />

<strong>Mc</strong> VIII-12 = Alors qu'ils viennent de sortir, <strong>les</strong> pharisiens "commencent <strong>à</strong><br />

discuter avec LUI (= Jésus) en cherchant de-sa-part un signe du ciel en le<br />

mettant-<strong>à</strong>-l'épreuve. Et, poussant-un-soupir en son esprit, il (= Jésus) dit :<br />

'Pourquoi cette génération-ci cherche-t-elle un-signe ? En-vérité, je<br />

vous le dis : si, il ne sera pas donné de signe <strong>à</strong> cette génération-ci'.".<br />

TROIS TEXTES DANS LA TORA<br />

Me conformant aux obligations de la méthode exégétique, pour le texte de<br />

Saint Marc (= la nouvelle Tora), j'ai voulu re-garder quels emplois il y a au livre<br />

de Moïse (= la Tora). Le verbe 'stenazo' n'existe pas <strong>dans</strong> la Tora, mais j'ai<br />

trouvé <strong>dans</strong> la Septante un mot de même radical grec : 'g: stenagmos =<br />

soupirs'. Celui-ci se trouve une fois au livre de la Genèse (et il y correspond <strong>à</strong> un<br />

certain mot de l'hébreu <strong>dans</strong> la Bible) et deux fois au livre de l'Exode (où il<br />

correspond <strong>à</strong> un deuxième mot hébreu, n'ayant pas la même racine que le<br />

premier.<br />

Voici <strong>les</strong> (trois) emplois de ces (deux) mots :<br />

a) Genèse III-16 :<br />

plethunô... kai ton stenagmon sou...<br />

YHVH-Elohim parle <strong>à</strong> la femme, après la faute, et lui dit : "Je vais multiplier<br />

tes tristesses et ton gémissement" (car voici que la femme enfantera des fils<br />

<strong>dans</strong> la souffrance). Cet emploi correspond au premier mot hébreu.<br />

b) Exode II-24 :<br />

kai eisekousen o Theos ton stenagmon autôn...<br />

Les israélites sont <strong>à</strong> se lamenter d'être esclaves en Egypte et "Elohim entendit<br />

leur soupir et Elohim se souvint de son Alliance avec Abraham et Jacob..."<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 56 -<br />

c) Exode VI-5 :<br />

kai egô eisekousa ton stenagmontôu uiôn Israel ...<br />

YHVH parle <strong>à</strong> Moïse et lui dit comment il est "apparu <strong>à</strong> Abraham, <strong>à</strong> Isaac et <strong>à</strong><br />

Jacob" ... Il a établi Son Alliance avec eux pour leur donner la terre de Canaan.<br />

Et il dit aussitôt : "J'ai Moi-même entendu <strong>les</strong> soupirs des fils d'Israël<br />

qu'asservissent <strong>les</strong> égyptiens et je me suis souvenu de votre alliance". Alors<br />

YHVH annonce <strong>à</strong> Moïse qu'il va <strong>les</strong> délivrer tous de la servitude d'Egypte.<br />

d) Les deux emplois du livre de l'Exode sont le même mot hébreu pour <strong>les</strong><br />

mêmes soupirs du peuple-esclave. Bien évidemment, le mot pour la Genèse ne<br />

pouvait être identique puisque le 'gémissement' est le même pour toutes <strong>les</strong><br />

femmes, juives et non-juives.<br />

La présente remarque doit être précieusement conservée car voici un 'mot' qui<br />

a, <strong>dans</strong> la langue des hébreux, une double formulation alors que, <strong>dans</strong> la langue<br />

des nations (= le grec), il n'y a qu'une seule forme : soupirs des hébreux et<br />

gémissement de tous ... l'esclavage des uns, la descendance de tous.<br />

ANALYSE DU SOUPIR<br />

1.- En Saint Marc, il y a deux mots différents... de même qu'il y eut deux mots<br />

hébreux différents <strong>dans</strong> la Tora, venus s'unir <strong>dans</strong> le même mot grec de la<br />

Septante.<br />

Mais le texte de <strong>Mc</strong> ne reprend pas le mot grec (unique) : 'stenagmos' et il se<br />

transfère sur la mot 'stenazo' de même racine, inemployé <strong>dans</strong> la Tora.<br />

Puisque <strong>Mc</strong> aura besoin de deux mots (= comme <strong>dans</strong> la Tora), il créera le<br />

deuxième mot avec le préfixe 'ana-' et ce sera 'ana-stenazo' qui est UNIQUEment<br />

employé en <strong>Mc</strong> et n'existe pas ailleurs <strong>dans</strong> le N.T. (ni <strong>dans</strong> la Tora).<br />

2.- Cette exégèse est conforme <strong>à</strong> ce que nous avons exposé par ailleurs : le texte<br />

de Saint Marc est 'le sixième chapitre du livre de Moïse', sixième livre venant<br />

comme pour prolonger (et conclure) <strong>les</strong> cinq livres du Pentateuque (= la Tora).<br />

3.- La conséquence est alors que, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, <strong>les</strong> deux emplois<br />

de ces 'soupirs' doivent renvoyer aux deux mots (hébreux) de la Tora, donc l'un <strong>à</strong><br />

la Genèse, et l'autre <strong>à</strong> l'Exode.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 57 -<br />

LE SIGNE DE LA 'GENERATION'<br />

1.- Un 'signe' m'alerte : le texte de Saint Marc insiste en redoublant deux mots<br />

l'un après l'autre :<br />

<strong>Mc</strong> VIII-12 = "génération ... signes // signe ... génération"<br />

et ceci m'oblige <strong>à</strong> relire avec attention la lexie de Genèse puisqu'IL parle <strong>à</strong> la<br />

femme 'g: te gunaiki', ce qui est déj<strong>à</strong> un mot d'engendrement. Puis : "... c'est <strong>dans</strong><br />

la souffrance que tu enfanteras des fils...", et c'est encore un mot d'engendrement<br />

venu par <strong>les</strong> générations des fils.<br />

2.- Cet 'engendrement' viendra bientôt par <strong>les</strong> souffrances et l'assassinat de Dieu,<br />

au cours de la Passion <strong>à</strong> Jérusalem : le Messie (= Dieu-Incarné) 'pousse-unsoupir'<br />

ou encore (pour reprendre le mot de la Septante en Genèse III = fait<br />

entendre) 'son gémissement'.<br />

Les mots de 'soupir' et de 'gémissement' s'appliquent <strong>à</strong> des signes qui, toujours,<br />

sont humains. C'est la raison pour laquelle ils viennent uniquement <strong>à</strong> la<br />

première partie du texte de Saint Marc, <strong>dans</strong> cette vallée du Jourdain, l<strong>à</strong>-où<br />

Dieu est perçu par tous ceux qui viennent <strong>dans</strong> le texte comme étant purement<br />

(simplement, uniquement, totalement...) homme. Jésus est un homme et 'cet<br />

homme' pousse-un-gémissement qui devient prophétique, car il lui faudra vivre<br />

la Passion afin que vienne l'engendrement de la nouvelle alliance : <strong>les</strong><br />

souffrances <strong>à</strong> vivre sont bien autre chose qu' "un signe" (VIII-12).<br />

LE SIGNE DU CIEL<br />

Restant <strong>dans</strong> cette même région du texte de Saint Marc, j'ai vu "<strong>les</strong><br />

pharisiens... (qui cherchaient)-de-sa-part un signe du ciel(1)" (VIII-1) et ce ciel<br />

est un renvoi <strong>à</strong> l'homme sourd et bègue : "Et (Jésus) ayant levé-le-regard vers le<br />

ciel soupira ".<br />

Alors j'ai eu une belle vision. Voici que YHVH-ELohim, en Son Messie, vient<br />

de 'soupirer'' <strong>à</strong> cause d'un homme sourd et bègue amené devant lui. L'homme<br />

n'est pas libre de ses mouvements, puisqu'il n'est pas venu de lui-même.<br />

D'ailleurs, comment pourrait-il savoir, puisqu'il n'entend pas et puisque, étant<br />

bègue, il ne peut pas poser la moindre des questions ?<br />

L'homme, comme un esclave, est amené devant Jésus et Dieu se met <strong>à</strong><br />

soupirer <strong>à</strong> la 'vue' de l'homme rempli de tristesse <strong>à</strong> se lamenter d'être esclave...<br />

comme ceux-l<strong>à</strong>, jadis, <strong>les</strong> fils d'Israël se lamentaient d'être esclaves en Egypte<br />

(Exode II-24 puis VI-5).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 58 -<br />

Alors Jésus 'se souvient' : Lui-il est le Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Jacob<br />

(Exode VI-2) et il a lui-même "entendu <strong>les</strong> soupirs des fils d'Israël" (Exode VI-<br />

5) asservis en esclaves.<br />

L'homme amené devant lui, l'homme sourd et bègue, est semblable <strong>à</strong> ceux-l<strong>à</strong><br />

de l'Egypte <strong>à</strong> l'époque de Moïse. Jésus, en soupirant, c. <strong>à</strong> d. en assumant luimême<br />

le cri des israélites de l'Egypte, va 'lever-le-regard' et, d'un seul mot :<br />

"Ephphata !" délivrer l'homme de sa servitude ..."Sois-réouvert !", comme jadis<br />

la mer fut aussitôt ré-ouverte AFIN DE leur permettre de fuir loin des chars de<br />

pharaon.<br />

Ces événements ont eu lieu en pays étranger, d'abord vers la mer hors des<br />

régions d'Egypte (livre de l'Exode), puis "hors des régions de Tyr... vers la mer<br />

de Galilée, bien-au-milieu des régions de la Décapole" (<strong>Mc</strong> VII-31).<br />

De l'homme sourd et bègue, il n'est rien dit. Je l'ai vu comme un étranger en<br />

Israël, et il fut guéri par Jésus-le-Messie.<br />

Peu après, j'ai entendu "un aveugle", toujours aussi esclave car 'on le lui<br />

amena' et l'homme sut dire comment, "levant-le-regard" (VIII-24), il avait<br />

regardé <strong>les</strong> hommes... puis comment il avait pu, ensuite, "(fixer-)le-regard<br />

distinctement (sur) tout°" (VIII-25).<br />

Enfin j'ai vu Bar-Timée dire° <strong>à</strong> Jésus : "Rabbouni ! Que je lève-le-regard-<strong>à</strong>nouveau<br />

!" (X-51). Mais, lui, il est juif et il sait invoquer "notre père David" (X-<br />

47 et 48, puis XI-10).<br />

L ' HUMANITE DE DIEU<br />

Dieu a entendu le soupir des israélites, esclaves en Egypte. A la vue de<br />

l'homme sourd et bègue, il a repris en lui ce même soupir. Dieu parla <strong>à</strong> la<br />

femme de ce gémissement pour l'engendrement de toute génération et il reprend<br />

en lui ce même gémissement car il n'est pas 'un-signe'...<br />

Eux veulent voir "un signe du ciel(1)".<br />

Jésus a "levé-le-regard vers le ciel" (VII-34) pour guérir l'homme sourd et<br />

bègue. Un autre homme, toujours aussi esclave car il était aveugle, ayant été<br />

'amené' devant le Messie, va "lever-le-regard" pour regarder <strong>les</strong> hommes.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VII - 59 -<br />

Et enfin, Bar-Timée, un homme encore : esclave par sa cécité, mais lui il est<br />

un fils d'Israël, va demander de "lever-le-regard <strong>à</strong> nouveau" (X-51).<br />

Ainsi Jésus-le-Messie (ou : Dieu parmi <strong>les</strong> hommes) a pris en lui le soupir de<br />

ceux-l<strong>à</strong>, esclaves en Egypte, et il lève-le-regard comme font ceux-l<strong>à</strong>, esclaves<br />

par cécité, quand ils commencent <strong>à</strong> voir.<br />

Vraiment, (ce) Dieu fut pleinement un homme !<br />

* * * *<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : du ciel = page : 57<br />

Les pharisiens savent que "<strong>les</strong> scribes disent...... qu'Elie doit venir d'abord"<br />

(<strong>Mc</strong> IX-11). En "cherchant de-sa-part un-signe du ciel" (VIII-11), ne le font-ils<br />

pas en référence <strong>à</strong> l'Ecriture, car il est écrit :<br />

'Elie le Tishbite... dit <strong>à</strong> Achab :<br />

'Par la vie de YHVH, Dieu d'Israël, devant qui je me tiens,<br />

il n'y aura durant ces années ni rosée, ni pluie,<br />

sinon <strong>à</strong> ma parole'.'<br />

(I Rois XVII-1)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VIII-10)<br />

Dalmanoutha<br />

Encore sur Dalmanoutha<br />

Le coup de lance<br />

DALMANOUTHA<br />

" A DALMANOUTHA "<br />

_______________<br />

"Or ils étaient comme quatre-mille. Et il <strong>les</strong> délia. Et aussitôt, montant° vers la<br />

barque avec ses discip<strong>les</strong>, il vint vers <strong>les</strong> territoires de Dalmanoutha."<br />

LECTURE<br />

VIII-1 <strong>à</strong> 9 = le pain sept pains pour quatre-mille (hommes)<br />

quatre = daleth<br />

sept pains pour sept paniers<br />

sept = serment<br />

VIII-10 <strong>à</strong> 13 = <strong>à</strong> Dalmanoutha : la circularité du texte :<br />

"montant° vers la barque"<br />

centre : <strong>les</strong> pharisiens demandent "un signe"<br />

"montant° de nouveau"<br />

VIII-14 <strong>à</strong> 20 = le pain un pain seulement pour douze hommes.<br />

Ils disent : "Des-pains : non ! (Nous n')avons(-pas) !". Comme ils ne semblent<br />

pas avoir la mémoire des événements récents (le pain multiplié), il interroge :<br />

Combien... <strong>les</strong> deux fois ? Ils répondent avec exactitude : "Douze... Sept...".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


HISTOIRE D'UN SIGNE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 2 -<br />

1.- Ils avaient sept pains :<br />

Et, rendant-grâce,<br />

il (<strong>les</strong>) rompit<br />

Et il donnait <strong>à</strong> ses discip<strong>les</strong><br />

afin qu'ils distribuent." (VIII-6).<br />

Rendant-grâce... ) le temps de...<br />

il rompit ) ...l'action terminée.<br />

il donnait ... l'action inachevée.<br />

Comment <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>-<strong>à</strong>-venir poursuivront-ils le don du pain ?<br />

2.- SEPT est le nombre du serment. Le pain qui est multiplié représente, au<br />

départ des 'sept' pains, l'accomplissement d'une décision de Dieu.<br />

A la fin du repas, "ils levèrent (l')excédent des morceaux : sept paniers" (VIII-<br />

8). Le pain surabondant devient le symbole d'une réserve instituée par Dieu pour<br />

<strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>-<strong>à</strong>-venir.<br />

La quantité mise en réserve est de même ordre de structure qu’au<br />

commencement de la séquence : il y a "sept" qui est le 'signe' du don de Dieu;<br />

mais le pain disponible est désormais plus abondant puisqu'il s'agit de paniers,<br />

renfermant chacun un nombre important de pains. Comment <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>-<strong>à</strong>-venir<br />

poursuivront-ils le don du pain ?<br />

3.- QUATRE : "Or ils étaient comme quatre-mille. Et il <strong>les</strong> délia." (VIII-9)<br />

Le texte présente <strong>dans</strong> la dernière phrase de la séquence le nombre 'quatre'.<br />

C'était déj<strong>à</strong> le nombre des pêcheurs que Jésus avait appelés <strong>à</strong> lui, durant son<br />

cheminement "le-long-de la mer de Galilée" (I-16).<br />

De même que le panier désigne un rassemblement de pains, chaque millier<br />

désigne un rassemblement d'hommes. Il n'est donc pas écrit : 'quatre-mille<br />

hommes', mais simplement "quatre-mille", sans préciser autrement. Ma mémoire<br />

me renvoie <strong>à</strong> la première multiplication des pains; il y avait : "et ceux qui<br />

avaient mangé ((<strong>les</strong> pains)) étaient cinq-mille hommes°"(VI-44). Le texte avait,<br />

alors, précisé et l'omission du mot 'homme°' <strong>dans</strong> le texte en (VIII-9) a un motif<br />

spécial. Je prends note de la structure du texte : deux expressions accolées l'une<br />

<strong>à</strong> l'autre :<br />

sept paniers (du pain)<br />

quatre mille (des hommes)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 3 -<br />

La disponibilité des paniers renvoie <strong>à</strong> un temps <strong>à</strong> venir : comment sera utilisé<br />

ce pain ? L'analyse de situation des mots 'paniers' et 'mille' suggère que le pain<br />

est réservé, au temps <strong>à</strong> venir, pour un grand nombre d'hommes.<br />

En (I-16 <strong>à</strong> 20), il y eut le choix de quatre pêcheurs : deux coup<strong>les</strong> de frères,<br />

ou : le pluriel de pluriel des hommes, avec la mise en évidence du chiffre quatre,<br />

offert <strong>à</strong> la mémoire du lecteur. Quatre ! le pluriel de pluriel des hommes, c. <strong>à</strong> d.<br />

l'humanité entière.<br />

RUPTURE<br />

"Et aussitôt montant° vers la barque avec ses discip<strong>les</strong>, il vint vers <strong>les</strong><br />

territoires de Dalmanoutha." (VIII-10)<br />

DALMANOUTHA<br />

Le nom de "Dalmanoutha" semble suggérer le daleth hébreu qui est aussi le<br />

chiffre quatre. Je lis ce nom de lieu :<br />

Dal / Mân - Hou / Tha<br />

avec : 'Mân - Hou' = Qu'est-ce que c'est ?<br />

'Les fils d'Israël regardèrent... car ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur<br />

dit : 'C'est le pain que le Seigneur vous donne <strong>à</strong> manger. Voici que le Seigneur a<br />

ordonné : Recueillez-en autant que chacun peut en manger'... Ils en recueillirent<br />

matin après matin autant que chacun pouvait manger.' (Exode XVI-15 <strong>à</strong> 21)<br />

La manne a été offerte par l'Eternel <strong>à</strong> son peuple. Je lis : "Il vint vers <strong>les</strong><br />

territoires de Dalmanoutha" comme le voyage offert <strong>à</strong> ma mémoire, aux temps<br />

de la manne donnée par YHVH comme nourriture <strong>à</strong> son peuple, lors du<br />

franchissement du désert, conformément <strong>à</strong> la promesse (le serment = sept).<br />

Il y a donc, au temps présent, un pain donné <strong>à</strong> quatre fois mille (hommes),<br />

pluriel de pluriel = l'humanité, bien au-del<strong>à</strong> du peuple hébreu : <strong>les</strong> nations<br />

deviennent <strong>les</strong> destinataires de cette nourriture. Dans <strong>les</strong> quatre-mille (hommes),<br />

il n'y avait certainement pas que des juifs obéissant(s) (<strong>à</strong> la Loi et aux Rites) et<br />

fréquentant assidûment le Temple. Il y avait aussi obligatoirement des païens,<br />

des étrangers, des gens qui passent ainsi <strong>dans</strong> l'histoire, comme par hasard, en<br />

filigrane du texte, d'autant qu'ils n'avaient pas <strong>à</strong> justifier de leur appartenance <strong>à</strong><br />

une famille ou une tribu, car Jésus ne leur ordonna pas de s'allonger "par rangées<br />

de cent et de cinquante" (VI-40).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 4 -<br />

En effet, le texte dit simplement : "Et il donne-comme-message-<strong>à</strong> la foule de<br />

s'allonger sur la terre" (VIII-6). Le geste est identique : 's'allonger', mais en<br />

(VIII-6), il y a la liberté totale de s'allonger avec qui on veut ou même... seul !<br />

DEMANDE D'UN SIGNE<br />

Les pharisiens "sortirent et commencèrent <strong>à</strong> discuter avec lui" (VIII-11), car il<br />

vient de se passer diverses choses pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils désirent des explications.<br />

Ils cherchent "de-sa-part un-signe du ciel, en le mettant-<strong>à</strong>-l'épreuve." (VIII-11).<br />

Une question se pose, paradoxale peut-être : la demande d'un signe n'est-elle<br />

pas, en elle-même, un-signe de l'action de l'Esprit sur celui qui formule la<br />

demande ?<br />

Et même : la discussion des pharisiens et leur sortie ne marquent-el<strong>les</strong> pas une<br />

inquiétude, un désir de formuler une question ? N'est-ce pas, l<strong>à</strong> aussi, déj<strong>à</strong> unsigne<br />

?<br />

"Poussant-un-soupir en son esprit..." = ou peut-être : soupirant(1) en luimême,<br />

en ce qui le relie avec son Père, en son Esprit.. "..il dit : 'Pourquoi cette<br />

génération cherche-t-elle un-signe ?'." (VIII-12) = pourquoi ces gens remettentils<br />

en cause toute leur histoire, toute la tradition ?<br />

Il y a eu : le pain de la promesse : sept pains<br />

pour l'ensemble des hommes : quatre - mille<br />

et il reste : le pain de la promesse : sept paniers.<br />

Nous sommes <strong>à</strong> Dalmanoutha : la manne au cœur de quatre. Ils veulent unsigne,<br />

mais ils ne voient pas de-signe en train de s'accomplir. Leur demande d'un<br />

signe révèle que leur mémoire ne fonctionne pas ! Pourquoi oublient-ils le temps<br />

de Moïse ?<br />

"En vérité, je vous le dis : Il ne sera pas donné de signe <strong>à</strong> cette génération-ci."<br />

(VIII-12) = Jésus leur adresse une parole simplement reprise de la parole<br />

adressée par YHVH <strong>à</strong> Moïse : 'J'ai entendu <strong>les</strong> murmures des fils d'Israël' (Exode<br />

XVI-12). Ceci a été dit juste avant que 'la couche de rosée' ne se lève : 'quelque<br />

chose de fin, de crissant; quelque chose de fin, tel du givre sur la terre.' (Exode<br />

XVI-13 et 14)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 5 -<br />

Au temps de Moïse, j'ai lu, <strong>à</strong> ce même endroit du Livre de l'Exode :<br />

'Vous vous rassasierez de pain, et vous connaîtrez que<br />

c'est moi, le Seigneur votre Dieu.'<br />

(Exode XVI-12)<br />

RUPTURE<br />

"Et, <strong>les</strong> laissant, montant° de nouveau (vers la barque),<br />

il s'éloigna-vers l'autre-rive." (VIII-13)<br />

HISTOIRE D'UN PAIN<br />

"Et ils avaient oublié de prendre des pains. Et (ils n'avaient rien), sinon ununique<br />

pain. Et il leur recommandait en disant : 'Voyez ! Re-gardez (= prenezgarde)<br />

au levain des pharisiens et au levain d'Hérode." (VIII-14 et 15)<br />

Les voici <strong>dans</strong> la barque, avec Celui qui vient de rendre-grâce, de rompre <strong>les</strong><br />

sept pains et de <strong>les</strong> donner <strong>à</strong> ses discip<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> distribuer... et ils prennent<br />

conscience de n'avoir pas de pains, car : "et ils réfléchissaient <strong>les</strong>-uns-avec-<strong>les</strong>autres<br />

que : 'Des-pains : non, (nous n')avons(-pas) !'." (VIII-16)<br />

Ils sont comme ces pharisiens qui viennent d'avoir connaissance de la multiplication<br />

des pains, mais "cherchent de-sa-part un signe". Les pharisiens ne se sont<br />

pas souvenus de la manne, alors qu'elle est 'au cœur de quatre-mille'. Les<br />

discip<strong>les</strong> relèvent-ils du même levain que ces pharisiens ? : un levain qui ne lève<br />

pas et abolit le souvenir.<br />

Jésus va poser deux questions précises <strong>à</strong> ses discip<strong>les</strong> : "Et vous ne vous<br />

souvenez pas ! Lorsque j'ai rompu <strong>les</strong> cinq pains vers <strong>les</strong> cinq-mille, combien de<br />

corbeil<strong>les</strong> pleines de morceaux avez-vous levées ?" Ils lui disent : "Douze !".<br />

"Lorsque j'ai (rompu) <strong>les</strong> sept (pains) vers <strong>les</strong> quatre-mille, combien de paniers<br />

de morceaux l'ensemble avez-vous levés ?" Et ils lui disent : "Sept !" (VIII-18 <strong>à</strong><br />

20). Leur mémoire est en ordre; elle fonctionne, alors que celle des pharisiens<br />

n'a pas répondu.<br />

Alors : pourquoi <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> ne comprennent-ils pas le don du pain ?<br />

Pourquoi ne se souviennent-ils pas du serment fait par YHVH <strong>à</strong> Abraham,<br />

respecté au temps de Moïse par le don de la manne ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES HOMMES°<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 6 -<br />

Lecteur ! Laisse le texte t'interroger sur le déplacement :<br />

VIII-9 "ils étaient comme quatre-mille"<br />

et ce texte correspond bien <strong>à</strong> :<br />

VIII-20 "lorsque j'ai (rompu) <strong>les</strong> sept (pains) vers <strong>les</strong> quatre-mille"<br />

Mais souviens-toi :<br />

VIII-19 "lorsque j'ai rompu <strong>les</strong> cinq pains vers <strong>les</strong> cinq-mille"<br />

Un mot a disparu ! Il y avait :<br />

VI-44 "ceux ayant mangé... étaient cinq-mille hommes°"<br />

Lecteur : si tu te rappel<strong>les</strong> la signification du mot 'homme°', tu entendras le<br />

texte te dire :<br />

"Il n'est plus question de grec ou de juif, de circoncision ou<br />

d'incirconcision, de barbare, de scythe, d'esclave, d'homme libre; il n'y a que le<br />

Christ..."<br />

(Epître aux Colossiens III-11)<br />

REPRISE DE LA LECTURE<br />

Le pain : sept pains pour quatre mille<br />

la nourriture pour un pluriel de pluriel<br />

le serment pour l'humanité<br />

Dalmanoutha Mân-Hou pour 'quatre' l'humanité<br />

la nourriture pour le pluriel de pluriel<br />

le serment pour 'da-leth' l'humanité<br />

Mân-Hou au cœur dal - eth<br />

La question des pharisiens "un-signe ?"<br />

Ceux qui sont la tradition et <strong>les</strong> rites ne se souviennent pas.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 7 -<br />

Dans la barque : un-unique pain pour Douze,<br />

et ils disent : 'Des-pains : non, (nous n')avons(-pas) !'<br />

...alors que ce pain peut être rompu pour qu'il y ait des-pains, c. <strong>à</strong> d. pour que<br />

chacun reçoive une bouchée. Chaque bouchée de-pain porte en elle la même<br />

puissance théologique, telle qu'elle sera posée <strong>à</strong> Jérusalem, <strong>dans</strong> la grande<br />

chambre haute, <strong>à</strong> la Cène.<br />

Le PAIN : multiplié, donné, sept, serment.<br />

En traversant 'Dal..mân-hou..tha', il acquiert la qualité théologique et<br />

devient, <strong>dans</strong> la barque, le pain <strong>à</strong> rompre pour <strong>les</strong> Douze.<br />

Les discip<strong>les</strong> : Leur comportement aboutit <strong>à</strong> la question-constatation : "Ne<br />

comprenez-vous pas°-même° ?". Le signe donné n'a pas été reconnu, ni validé. Il<br />

faudra attendre jusqu'au premier jour des Azymes (= le pain sans levain...<br />

Méfiez-vous du levain des pharisiens...) <strong>dans</strong> la ville sainte de Jérusalem.<br />

Les discip<strong>les</strong> ont entendu : leurs oreil<strong>les</strong> fonctionnent bien. La guérison du<br />

sourd qui était bègue vient d'avoir lieu juste avant.<br />

Les discip<strong>les</strong> n'ont pas vu le signe : la guérison de l'aveugle de Beth-Saïde<br />

qui voyait flou de loin va intervenir aussitôt après...<br />

... et Pierre pourra alors dire : "Tu es le Messie !".<br />

ENCORE SUR DALMANOUTHA<br />

C'est <strong>à</strong> dire sur : "mân-hou = le pain donné" qui est 'jeté' au cœur de<br />

l'"humanité = daleth", et ceci parce que daleth = quatre et que le pluriel de<br />

pluriel (= deux fois deux font 'quatre') a servi pour désigner tous ces hommes<br />

qui viennent de manger le pain (VIII-9).<br />

Ailleurs, nous avions déj<strong>à</strong> rencontré la lettre 'daleth'. Il y avait un homme<br />

nommé 'Jésus = Yehoschouah'; il y avait un homme autre qui, lui, était nommé :<br />

'Judas = Yehoudah', ce qui est le Tétragramme 'Y H V H' avec la lettre clouée<br />

asymétriquement : 'Y H V daleth H'.<br />

Une bourrasque de vent me souffle la signification de l'arrangement des<br />

lettres; en un point incohérent du Tétragramme, la lettre daleth est venue se<br />

fixer. Elle vaut quatre, ce qui rappelle qu'il y eut, jadis, un couple de frères ou<br />

encore quatre hommes, c. <strong>à</strong> d. le 'pluriel de pluriel'. C'était au bord de la mer de<br />

Galilée. Ce daleth n'est-il pas le poids de l'humanité, le péché de l'homme, la<br />

lourdeur, l'inertie, l'incompréhension, l'épine qui se glisse au cœur de YHVH, le<br />

coup de lance porté par le soldat (Jn XIX-34) ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 8 -<br />

Quatre-mille (hommes) ont mangé et ont été rassasiés par le pain et <strong>les</strong><br />

poissons (fumés) sur la rive de la mer de Galilée.<br />

"Il vint <strong>dans</strong> <strong>les</strong> territoires de Dalmanoutha" (VIII-10). Il accoste au séjour de<br />

'daleth'; au cœur des hommes et de toutes leurs faib<strong>les</strong>ses.<br />

Les pharisiens "sortirent" : pourquoi ce verbe ? Doit-il être extrait, sortir...<br />

pour lui demander "un-signe du ciel" (VIII-11). Dieu doit-il se sortir de<br />

l'humanité, se-tenir loin des pécheurs, ne pas voir l'incohérence humaine,<br />

lorsqu'il veut faire un-signe ? "En vérité.., il ne sera pas donné de-signe <strong>à</strong> cette<br />

génération-ci."<br />

(VIII-12)<br />

"Et, <strong>les</strong> laissant, il s'éloigna-vers l'autre-rive" (VIII-13). Les pharisiens en<br />

sortant ont voulu créer une séparation. Mais voici que la vraie disjonction ne<br />

vient pas des pharisiens, mais de Jésus lui-même, car il passe vers "l'autre-rive".<br />

Les pharisiens, en sortant, se voulaient <strong>à</strong> part; Jésus <strong>les</strong> laisse avec tous <strong>les</strong><br />

autres.<br />

En résumé, il ne se passe rien, rien qu'une discussion avec des pharisiens.<br />

Alors pourquoi donner <strong>à</strong> cette région un nom inconnu de tous ? L'épisode est <strong>à</strong><br />

la fois bref et brutal : c'est qu'ils avaient demandé un signe...<br />

..."en le mettant - <strong>à</strong> - l'épreuve." (VIII-11)<br />

Cela se passait <strong>à</strong> DALMANOUTHA, au séjour de daleth, la lettre qui, <strong>dans</strong><br />

Judas, transperce le Tétragramme.<br />

LE COUP DE LANCE<br />

"Les soldats vinrent... L'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit<br />

aussitôt du sang et de l'eau. Celui qui a vu rend témoignage..." (Jn XIX-34 et 35)<br />

Saint Marc n'en parle pas, ni Mt, ni Lc.<br />

Le linceul de Turin porte <strong>les</strong> marques qui donnent <strong>à</strong> la b<strong>les</strong>sure une<br />

localisation précise (entre 12 et 16 centimètres de l'axe du corps, un peu en<br />

oblique vers le bas, et ces dimensions 'coïncident avec cel<strong>les</strong> des lances<br />

romaines' (A. Legrand : 1980 - page 170).<br />

La plaie est située du côté droit du corps. D'ailleurs, il faut aussi noter que sur<br />

toutes <strong>les</strong> représentations anciennes du Christ en Croix, la b<strong>les</strong>sure est<br />

représentée sur son flanc droit.<br />

Alors : j'ai prié.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 9 -<br />

... : le nom de Juda, en hébreu, s'écrit de droite <strong>à</strong> gauche et donne :<br />

H * V H Y<br />

DALETH<br />

sens de lecture :


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 10 -<br />

Note 1 : soupirant = page : 4<br />

Se reporter, <strong>dans</strong> le présent tome, <strong>à</strong> ce qui a été proposé précédemment pour la<br />

séquence Et Jésus soupira, au verset (VII-34).<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VIII-11)<br />

Il est écrit<br />

Quelques mots grecs<br />

Analyse<br />

Exégèse<br />

Pourquoi <strong>les</strong> cieux ?<br />

Quel bourreau ?<br />

La mort d'Etienne<br />

IL EST ECRIT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 11 -<br />

UN SIGNE DU CIEL<br />

_______________<br />

Il est écrit :<br />

'S'il se trouve au milieu de toi (= chez toi)... un homme ou une femme...<br />

qui aille servir d'autres dieux, qui se prosterne devant eux, soit devant le soleil<br />

ou la lune ou toute l'armée des cieux, chose que je n'ai pas commandée, si on te<br />

le dénonce et que tu l'entendes, tu enquêteras convenablement.<br />

Si c'est vrai, si la chose est constatée, <strong>à</strong> savoir que cette abomination a été<br />

commise en Israël, tu feras SORTIR <strong>à</strong> tes portes cet homme ou cette femme qui<br />

ont commis cette mauvaise action et tu <strong>les</strong> assommeras, l'homme ou la femme,<br />

avec des pierres et ils mourront.'.<br />

(Deutéronome XVII-2 <strong>à</strong> 5)<br />

Ce commandement vient après que le texte, <strong>dans</strong> ce même livre, a mis en<br />

garde chaque fils d'Israël : 'de peur que, quand tu lèves tes yeux vers <strong>les</strong> cieux,<br />

quand tu vois le soleil, la lune, <strong>les</strong> étoi<strong>les</strong>, toute l'armée des cieux, tu te<br />

prosternes devant eux et tu ne <strong>les</strong> serves...'.<br />

(Deutéronome IV-19)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


QUELQUES MOTS GRECS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 12 -<br />

1.- abomination g: bdelugma comme <strong>Mc</strong> (XIII-14)<br />

2.- le soleil g: o heliôs comme <strong>Mc</strong> (XIII-24)<br />

la lune g: e selene comme <strong>Mc</strong> (XIII-24)<br />

<strong>les</strong> étoi<strong>les</strong> g: (tous asteras) comme <strong>Mc</strong> (XIII-25)<br />

toute l'armée des cieux g: panta ton kosmon tou kosmos tou ouranou<br />

<strong>les</strong> puissances qui sont <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux<br />

g: ai dunameis kai en tois ouranois : écart avec <strong>Mc</strong> (XIII-25)<br />

'sortir' similitude avec <strong>Mc</strong> (VIII-11).<br />

ANALYSE<br />

J'ai relu attentivement le texte de Saint Marc : "Et <strong>les</strong> pharisiens sortirent et<br />

commencèrent <strong>à</strong> discuter avec lui en cherchant de-sa-part un-signe du ciel". J'ai<br />

noté <strong>les</strong> deux mots grecs :<br />

'chercher = g: zeteô' et 'discuter = g: su-zeteô'.<br />

(Voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot chercher) et je modifie, un court instant, la<br />

traduction afin de mieux m'en approcher : ils commencèrent <strong>à</strong> chercher-avec lui,<br />

pour essayer de l'amener <strong>à</strong> chercher lui-même un-signe <strong>dans</strong> le ciel.<br />

Si <strong>les</strong> pharisiens pouvaient constater que Jésus se conduise face au ciel comme<br />

en se prosternant devant des dieux païens, alors le constat serait certain, <strong>à</strong> savoir<br />

qu'il commettrait une abomination en Israël. Ils pourraient aussitôt l'assommer<br />

avec des pierres afin de le mettre <strong>à</strong> mort.<br />

Ma nouvelle lecture du texte aboutit <strong>à</strong> comprendre le jeu des pharisiens. Ils<br />

connaissent parfaitement la Loi et ils savent. S'ils peuvent constater (= la<br />

puissance des constats !) qu'un homme ou une femme, quelqu'un d'Israël, a une<br />

certaine puissance occulte sur le soleil, la lune, <strong>les</strong> astres ou <strong>les</strong> puissances des<br />

cieux, ce quelqu'un est un faux-prophète et mérite la mort.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 13 -<br />

Le mot 'mort = g: thanatos' semble très loin et absent de l'environnement<br />

immédiat du verset (VIII-11). Il est venu en (VII-10) pour celui qui insulte° son<br />

père ou sa mère ((au fait : où serait-il marqué, <strong>dans</strong> le texte, que Jésus honorât<br />

son père et sa mère ?)). Il reviendra en (IX-1 et X-33) pour <strong>les</strong> annonces de la<br />

Passion :<br />

(VII-10) (VIII-11) (IX-1 et X-33)<br />

Au milieu, il y a (VIII-11), avec <strong>les</strong> pharisiens qui cherchent le signe pour la<br />

mort. Les pharisiens connaissent la Tora et ils se souviennent : juste <strong>à</strong> la suite du<br />

passage cité plus haut relatif <strong>à</strong> ceux-l<strong>à</strong> qui oseraient rendre un culte au soleil, <strong>à</strong> la<br />

lune ou aux cieux, il y a :<br />

'Sur le dire de deux témoins ou de trois témoins, sera mis <strong>à</strong> mort<br />

celui qui doit mourir; il ne sera pas mis <strong>à</strong> mort sur le dire d'un seul témoin.'<br />

(Deutéronome XVII-6)<br />

Alors j'ai re-gardé <strong>les</strong> pharisiens. Ils cherchaient-avec Jésus afin de l'amener <strong>à</strong><br />

chercher lui-même un-signe venu du ciel. Eux aussi, ils regardaient avec<br />

attention et, s'ils voyaient quelque trace de signe, notant quelque nuage ou un<br />

passage d'oiseaux, leurs visions différaient : "pas°-même° ainsi leur témoignage<br />

n'était égal" (cfr : XIV-59)<br />

Et ils cherchaient encore, ne voyant pas que, <strong>à</strong> ce moment nouveau, ils étaient<br />

devenus, eux-mêmes, cet homme ou cette femme du peuple d'Israël tendus vers<br />

le ciel, la lune, le soleil, <strong>à</strong> vouloir provoquer le signe. Jésus a vu : il leur dit :<br />

"Pourquoi cette génération-ci (= vous, ici !) cherche-t-elle un-signe ?<br />

En-vérité, je vous le dis :<br />

'Si, il ne sera pas donné de-signe <strong>à</strong> cette génération-ci'." (VIII-12)<br />

Et c'est pourquoi, <strong>à</strong> Jérusalem, bientôt, le monde entier verra la ténèbre, puis<br />

il y aura la déchirure du haut° jusqu'en bas. Or tous se-tairont et pas un<br />

pharisien n'osera dire le signe !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


EXEGESE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 14 -<br />

Lecteur !<br />

Tu te demanderas quelle fut l'étincelle qui alluma ce feu de ma lecture,<br />

nous obligeant <strong>à</strong> habiter pendant quelques instants le chapitre XVII du<br />

Deutéronome. Rappelle-toi ! Le texte a écrit une expression inattendue :<br />

"un-signe du ciel = g: semeion apo tou ouranou".<br />

Pourquoi ici parler du ciel, alors que juste avant il y a eu cette multiplication<br />

des pains pour <strong>les</strong> quatre-mille ? Ainsi ces hommes ont vu; or ils sont juifs et<br />

pas-juifs, mélangés, tous ensemble. Des témoins de ce 'signe du pain', il y en eut<br />

plus de deux ou trois : ils étaient quatre-mille.<br />

Ainsi est fait le texte. Si <strong>les</strong> pharisiens voulaient tout simplement 'un-signe',<br />

ils avaient quatre-mille témoins. Or ils cherchent le signe venant du ciel :<br />

"apo tou ouranou".<br />

L''insolite de cette expression m'a obligé <strong>à</strong> voir le soleil, la lune, <strong>les</strong> astres et<br />

<strong>les</strong> puissances des cieux tels qu'ils apparaissent <strong>dans</strong> le Deutéronome.<br />

POURQUOI LES CIEUX ?<br />

Mon rabbin m'a expliqué. Il est aussi écrit <strong>dans</strong> le livre de Moïse :<br />

'Tu écouteras la voix de YHVH ton Elohim et tu pratiqueras tous ses<br />

commandements que je te commande aujourd'hui... car ce commandement que je<br />

te commande aujourd'hui, il n'est pas impossible pour toi, il n'est pas éloigné de<br />

toi, il n'est pas <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux.'<br />

(Deutéronome XXX-8 et 11)<br />

Les connaissances que la Loi transmet ne sont pas du domaine du surnaturel.<br />

El<strong>les</strong> relèvent de l'humain, el<strong>les</strong> sont accessib<strong>les</strong> <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes, compréhensib<strong>les</strong><br />

pour tous.<br />

Les cieux (= le soleil, la lune et <strong>les</strong> astres) doivent être <strong>les</strong> témoignages de la<br />

cohérence divine et ils ne peuvent, d'eux-mêmes ou suivant le commandement<br />

de dieux païens, abandonner l'ordre naturel. Ils sont <strong>les</strong> témoins de l'acte de<br />

Création et rendent hommage au Dieu Créateur.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 15 -<br />

Chercher des signes du ciel est donc un acte blasphématoire accompli en<br />

scrutant l'ordre du monde pour y trouver quelque trace d'incohérence, c. <strong>à</strong> d. y<br />

voir un inaccompli <strong>dans</strong> l'acte de Création ou encore y découvrir une faib<strong>les</strong>se<br />

de la Puissance de Dieu. Un tel blasphème est puni de mort, et le blasphémateur<br />

mourra d'une sorte de mort ne touchant pas le monde créé : son sang ne coulera<br />

pas et il sera assommé avec des pierres jusqu'<strong>à</strong> ce que la mort survienne.<br />

QUEL BOURREAU ?<br />

J'ai voulu poursuivre encore ma lecture du Deutéronome :<br />

'C'est d'abord la main des témoins qui sera contre lui pour le faire<br />

mourir et, ensuite, la main de tout le peuple. Ainsi, tu ôteras le mal du<br />

milieu de toi.'<br />

(Deutéronome XVII-7)<br />

J'ai déj<strong>à</strong> lu un texte <strong>à</strong> peu près identique <strong>dans</strong> la Loi sur <strong>les</strong> faux-prophètes :<br />

'... en le tuant, tu le tueras; ta main sera d'abord contre lui pour le mettre<br />

<strong>à</strong> mort et ensuite la main de tout le peuple. Tu l'assommeras avec des pierres<br />

et il mourra, parce qu'il a cherché <strong>à</strong> t'écarter de YHVH ton Elohim'.<br />

(Deutéronome XIII-10 et 11)<br />

Ceci est la façon de procéder, car :<br />

'... ainsi tu ôteras le mal du milieu de toi.'<br />

(Deutéronome XIII-6)<br />

Pourquoi cette mort par 'lapidation' ? J'ai cherché en remontant <strong>dans</strong> le livre<br />

de Moïse :<br />

'YHVH parla <strong>à</strong> Moïse en disant : 'Et aux fils d'Israël tu diras : Tout<br />

homme-homme ((le mot est répété en hébreu)) d'entre <strong>les</strong> fils d'Israël et d'entre<br />

<strong>les</strong> hôtes qui séjournent en Israël qui donnera de sa descendance (= de sa<br />

semence : spermatos) au Moloch mourra de mort (g: thanatô thanatousto) : <strong>les</strong><br />

gens du pays (h: erets = g: epi tes ges) le pierreront (= lapideront) de pierres'.<br />

(Lévitique XX-1 et 2)<br />

Le texte présente une série de trois mots répétés afin d'insister :<br />

"... homme-homme ... mourir de mort ... pierrer de pierres...".<br />

(Voir Tome XV : Saint Marc et Israël l'article sur répétition (de mots).)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 16 -<br />

Si, de plus, j'ose me référer au symbolisme du chiffre trois (= trois ensemb<strong>les</strong><br />

de mots) ou, par extension, du chiffre six (= <strong>les</strong> trois paires de mots), je suis<br />

obligé de lire que l'aboutissement inexorable vient par la mort et que cette mort<br />

est conséquence de l'Alliance (le chiffre 'six') que Dieu passa avec ces gens 'de<br />

la terre = erets Israel'.<br />

Ainsi, revenant au chapitre XVII du Deutéronome, je prend acte que 'cet<br />

homme' ayant puissance liée avec des signes du ciel doit, AU NOM DE<br />

L'ALLIANCE-LOI, mourir de mort par lapidation avec des pierres. Je note<br />

aussi qu'il revient aux témoins de lever, <strong>les</strong> premiers, la main sur 'cet homme',<br />

avant que la main de tout le peuple ne finisse.<br />

Je me suis demandé si "<strong>les</strong> pharisiens" du verset (VIII-11) avaient pensé <strong>à</strong> tout<br />

cela. Ils commencent <strong>à</strong> chercher avec lui, scrutant le ciel pour voir si quelque<br />

signe ne pouvait pas lui être attribué. Ensuite ils pourront dire : Il est un fauxprophète,<br />

adorateur des dieux païens, ayant passé un pacte avec "Béelzéboul... le<br />

chef des démons" (III-22), ainsi que disaient "<strong>les</strong> scribes" qui "étaient-descendus<br />

de Jérusalem" (III-22) pour faire leur enquête sur ses agissements. S'ils peuvent<br />

témoigner que c'est un faux-prophète, ils le feront mourir de mort et ce sera avec<br />

des "pierres-pierres" ! Mais je suis obligé de noter : c'est <strong>à</strong> eux, <strong>les</strong> pharisiens,<br />

qu'il revient de commencer lancer <strong>les</strong> premières pierres contre lui. En ont-ils le<br />

droit ? ... car il y a la loi martiale (= une loi de guerre) imposée par l'occupant<br />

romain.<br />

Le texte a connu ma question. Et voici que je comprends pourquoi il nous a<br />

entraînés <strong>à</strong> l'étranger. Nous ne sommes ni en Galilée, ni en Judée, car "montant°<br />

vers la barque avec ses discip<strong>les</strong>, il vint vers <strong>les</strong> territoires de Dalmanoutha".<br />

(VIII-10)<br />

Lecteur, tu chercheras sur toutes <strong>les</strong> cartes modernes, anciennes ou antiques où<br />

peut être situé ce 'secteur' de la terre... C'était un territoire sur lequel la<br />

juridiction des romains n'était pas appliquée !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA MORT D'ETIENNE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 17 -<br />

Voici, ô lecteur ! que tu possèdes toutes <strong>les</strong> informations te permettant de<br />

comprendre, <strong>dans</strong> le livre des Actes des Apôtres, ce que fut la mort d'Etienne.<br />

Etienne parle avec autorité et il a reçu une force de Dieu. Son discours est<br />

construit, logique, cohérent. Or, <strong>à</strong> la fin : "Etienne dit : 'Voil<strong>à</strong> que je vois <strong>les</strong><br />

cieux ouverts et le Fils de l'Homme(2) qui est <strong>à</strong> la droite de Dieu'.".<br />

(Actes VII-56)<br />

es juifs orthodoxes ont bien entendu. Conformément au Deutéronome,<br />

tous ceux qui en appellent au ciel "seront lapidés" (g: teleutesousin).<br />

Alors ils le LAPIDERENT (g: e-litho-boloun) !<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : par lapidation = page : 15<br />

Selon la loi juive, Jésus doit mourir par lapidation. Or il mourra crucifié (selon<br />

la loi romaine).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(VIII-28)<br />

La question<br />

Analyse<br />

Finale<br />

Annexe : La Parole<br />

LA QUESTION<br />

1.- D'abord SA question :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 18 -<br />

L ' UNIQUE DES PROPHETES<br />

_______________<br />

"Tina me legousin oi anthrôpoi einai ?" six mots<br />

"Quoi <strong>les</strong> hommes disent-ils moi être ?"<br />

2.- D'où leur réponse :<br />

"... alloi DE oti eîs tôn prophetôn !" six mots<br />

3.- Et encore sa question :<br />

"umeis DE TINA ME legete einai ?" six mots<br />

4.- Avec la réponse de Pierre :<br />

"Su ei o Christos !" = quatre mots.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANALYSE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 19 -<br />

La présentation ci-dessus réalise en elle-même une synthèse du texte. Les lois<br />

du texte m'ont dit : '<strong>à</strong> quatre' = la plénitude et '<strong>à</strong> six' = l'Alliance. Donc, je lis :<br />

1.- sa première question :<br />

Les hommes ont-ils conscience que Jésus puisse être, pour eux, venu<br />

accomplir l'Alliance (car : Alliance = six) ?<br />

2.- LEUR réponse :<br />

Ils ont pris conscience que Jésus est : "eîs = l'unique des prophètes", car<br />

le sens du mot 'g: eîs' doit être pris tel qu'il est <strong>à</strong> la première arrivée de ce mot<br />

<strong>dans</strong> le texte, c. <strong>à</strong> d. <strong>à</strong> son emploi <strong>dans</strong> le verset (II-7) : "Qui peut effacer des<br />

péchés sinon Unique le Dieu" (g: tis dunatai aphienai amartias ei me, eîs o<br />

Theos)...<br />

Je lis sur ton visage, ô lecteur, que tu aurais quelque réticence envers ma<br />

conclusion et que tu la refuserais facilement ? Tu apprendras (voir <strong>dans</strong> La<br />

structure de Saint Marc (tome VI) le chapitre sur La mystique des mots aux<br />

pages 6 et 7) : le mot 'eîs = unique' vient 16 fois <strong>dans</strong> la première partie et 16<br />

fois <strong>dans</strong> la deuxième partie du texte de Saint Marc et, ainsi, il se comporte<br />

comme le mot : 'Theos = Dieu' également présent 16 + 16 = 32 fois. Ce n'est<br />

certainement pas un hasard ?<br />

Bien entendu, <strong>à</strong> Césarée, "ses discip<strong>les</strong>" (VIII-27) ne peuvent avoir la<br />

connaissance de tels faits, puisque la première partie n'est même pas terminée.<br />

Ils pourraient, tout au plus, re-garder que l'emploi de (VIII-28) est le cinquième<br />

emploi de 'eîs'. Toi et moi, lecteur, savons que cela doit apporter l'identité et ce<br />

sera dit par Pierre avec l'emploi du mot 'g: Christos' qui est nouveau pour le<br />

texte (si on excepte le titre de I-1).<br />

Revenons aux discip<strong>les</strong>. Ils peuvent mettre <strong>dans</strong> le mot 'eîs' le sens de<br />

"unique", car le mot est apparu en (II-7), <strong>dans</strong> une lexie construite de telle<br />

façon qu'il ne peut y avoir d'autre traduction que : Unique le Dieu. De plus, mon<br />

exégèse est parfaitement valide pour <strong>les</strong> raisons suivantes :<br />

a) chaque mot prend son sens <strong>à</strong> son premier emploi et garde ce même<br />

sens tout le long du texte. C'est une règle d'exégèse juive, valable pour la Tora,<br />

connue de l'ensemble des scribes et des juifs, <strong>à</strong> l'époque de Jésus.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 20 -<br />

b) <strong>les</strong> discip<strong>les</strong>, qui étaient, au début du texte, des hommes ne sachant pas<br />

comprendre ce qu'ils entendaient et voyaient (= et qui, en cela, étaient<br />

semblab<strong>les</strong> <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> juifs : pharisiens, hérodiens, scribes, ... et foule des juifs)<br />

ont reçu l'entendre (= la guérison du sourd-muet en VII-31 <strong>à</strong> 37) et le voir (= <strong>à</strong><br />

Bethsaïde : l'aveugle de VIII-22 <strong>à</strong> 26). A Césarée de Philippe, ils ont donc des<br />

capacités d'intelligence leur permettant de parler correctement.<br />

c) au temps de la séquence du roi Hérode (voir <strong>dans</strong> le présent tome : L'un<br />

des prophètes en VI-15), notre exégèse a montré que <strong>les</strong> Douze voient en Jésus<br />

une sorte de guérisseur parlant avec autorité et ils pensent que Jésus est "un<br />

prophète comme" l'un des prophètes (VI-15). Mais, toi et moi, lecteur, savons<br />

que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> <strong>à</strong> ce moment-l<strong>à</strong> ne pouvaient pas comprendre (voir le<br />

paragraphe ci-dessus).<br />

d) or il faut noter <strong>les</strong> mouvements du texte :<br />

VII-32 on supplie Jésus d'imposer la main<br />

VII-33 Jésus jette ses doigts vers <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong><br />

........<br />

VIII-22 on supplie Jésus de toucher l'aveugle<br />

VIII-23 Jésus impose <strong>les</strong> mains.<br />

Ces deux gestes ont été décidés par Dieu (= le Messie) selon sa seule volonté<br />

et ils marquent une progression :<br />

d'abord un premier geste pour permettre l'écoute<br />

puis un deuxième geste pour que le 'voir' termine la transformation<br />

des Douze : tout se passe comme si l'Esprit(-Saint) venait déj<strong>à</strong> sur l'homme par<br />

l'imposition des mains.<br />

C'est pourquoi il ne peut pas y avoir d'imposition des mains en (VII-33) et si<br />

"on" supplie, c'est tout au plus d'imposer LA main = g: ten cheira (VII-32).<br />

Lorsque Jésus, pour le deuxième geste de puissance, apporte le discernement<br />

(= la connaissance du voir), il impose LES mains = g: tas cheiras. Ce dernier<br />

geste d'imposer LES mains(1) provoque la transformation des Douze : voici<br />

qu'ils savent entendre et voir.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 21 -<br />

e) finalement, <strong>dans</strong> le verset (VIII-28), l'expression "eîs tôn prophetôn"<br />

revient identiquement <strong>à</strong> ce qu'elle fut en (VI-15), mais il me faut, <strong>dans</strong> la<br />

traduction, prendre en charge l'action de l'Esprit chez <strong>les</strong> Douze. Et l'Esprit leur<br />

fait dire : "L'UNIQUE"(2), car Dieu (= Theos) et Jésus sont l'un et l'autre<br />

l'UNIQUE.<br />

3.- sa deuxième question :<br />

Rien n'est encore dit, évoquant cette alliance. Il y eut sa question en six<br />

mots et leur réponse également en six mots. Alors Jésus pose sa deuxième<br />

question (= dualité du questionnement) et il le fait encore en six mots... ce qui<br />

est une provocation lancée envers le récit, car, ainsi, vient d'arriver par trois fois<br />

une parole en six mots (dix-huit : nombre des bénédictions(3) !).<br />

L'aboutissement DOIT arriver par la nouvelle parole qui DOIT être dite en<br />

réponse, car toute question de Jésus(4) oblige <strong>à</strong> la réponse.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 22 -<br />

4.- La réponse de Pierre :<br />

Elle arrive en quatre mots <strong>à</strong> un moment tel que :<br />

<strong>à</strong> trois (paro<strong>les</strong> de six mots) l'aboutissement<br />

<strong>à</strong> quatre (mots) la plénitude : Jésus est le Messie.<br />

<strong>à</strong> cinq (fois le mot eîs) l'identité : Jésus est l'Unique.<br />

<strong>à</strong> six (fois le verbe questionner) la question...<br />

<strong>à</strong> six (mots <strong>dans</strong> <strong>les</strong> paro<strong>les</strong>) ...sur l'Alliance !<br />

5.- Le jeu du verbe 'g: ep-erotaô = interroger' :<br />

Le verbe vient ici deux fois et cela représente :<br />

son cinquième emploi (VIII-27) la question ...sur l'identité<br />

son sixième emploi (VIII-29) :<br />

Qui suis-je, au sens de l'ALLIANCE ?<br />

Bientôt son septième emploi (IX-11) la question ...sur le retour d'Elie<br />

et c'est le serment, car :<br />

FINALE<br />

ELIE doit venir !<br />

Ainsi ai-je lu : "eîs tôn prophetôn". Toi, lecteur, qui connais <strong>les</strong> lois du<br />

texte, tu n'es pas étonné par cette exégèse. Pourtant, rappelle-toi le titre de tout<br />

ce travail : Lectio divina, c'est <strong>à</strong> dire <strong>à</strong> la fois :<br />

lecture, prière, et aussi contemplation du texte !<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANNEXE : LA PAROLE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 23 -<br />

J'ai posé <strong>à</strong> mon rabbin la question :<br />

Que veut dire 'h: davar =Parole' ?<br />

Répondant, il a dit :<br />

a) la chose / le fait : (l'objet).<br />

b) la parole : l'événement : (la révélation : le commandement).<br />

Le premier de tous <strong>les</strong> emplois vient avec : 'Toute la terre avait un seul<br />

langage et une seule parole' (Genèse XI-1). Mon rabbin ajouta aussitôt : Tout se<br />

passe comme si la charpente des dix premiers <strong>chapitres</strong> (de la Tora) n'était pas<br />

faite de 'choses, objets', comme si <strong>les</strong> dix <strong>chapitres</strong> n'étaient pas traversés par des<br />

'événements, histoires', comme si aucune 'parole' n'avait été entendue. En effet :<br />

1.- il n'y a pas de dialogue entre Adam et Eve. Adam ne dit rien <strong>à</strong> la femme,<br />

mais disserte <strong>à</strong> son sujet : 'YHVH-Elohim bâtit en femme la côte qu'il avait prise<br />

de l'homme. IL l'amena vers l'homme et l'homme dit : 'Cette fois, CELLE-CI est<br />

l'os de mes os... CELLE-CI on l'appellera femme...'.' (Genèse II-22 et 23).<br />

Peu après, la femme 'prit du fruit (de l'arbre) et en mangea. Elle en donna aussi<br />

<strong>à</strong> son mari ...' (Genèse III-6), mais elle ne lui dit rien, alors qu'elle vient,<br />

quelques instants auparavant, de dialoguer avec le serpent ! Alors YHVH<br />

dialogue avec l'homme : ' - Où es-tu ? ... - J'ai entendu ta voix et j'ai eu peur,<br />

parce que je suis nu... - Qui t'a révélé que tu étais nu ?'. L'homme dit : 'La femme<br />

que tu as mise auprès de moi...' (Genèse III-9 <strong>à</strong> 13).<br />

2.- Lamech ne parle pas en tutoyant son épouse, mais il interpelle (au pluriel) ses<br />

deux épouses en parlant <strong>à</strong> la cantonnade : 'Entendez ma voix, femmes de<br />

Lamech; prêtez l'oreille...' (Genèse IV-23 et 24) et c'est le premier chant<br />

patriotique appelant au combat.<br />

3.- Lorsque Eve donne naissance <strong>à</strong> Caïn, elle parle toute seule : 'J'ai acquis un<br />

homme grâce <strong>à</strong> YHVH' (Genèse IV-1). A la naissance de son autre enfant, elle<br />

se dit qu'elle l'appellerait Seth 'car Elohim m'a accordé un autre rejeton...'<br />

(Genèse IV-25)<br />

4.- Caïn et Abel ne dialoguent pas, car si Caïn parle <strong>à</strong> Abel, il le tue avant que<br />

nous entendions la réponse : 'vayomer Qayim el Hevel ahir = Caïn dit <strong>à</strong> son frère<br />

Abel : 'Allons vers le champ' (= sortons dehors). Et il arriva que lorsqu'ils furent<br />

<strong>dans</strong> le champ, Caïn se leva contre son frère Abel et le tua.' (Genèse IV-8).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 24 -<br />

5.- Lamech prononce, pour lui-même, quelques paro<strong>les</strong> pour annoncer la<br />

naissance de son fils Noé : 'Celui-ci nous consolera...' (Genèse V-29)<br />

6.- Noé grandit et vécut (en silence) <strong>les</strong> événements du déluge. Il dut attendre six<br />

cents ans et quelques jours avant de planter une vigne et d'en boire le vin. Alors<br />

il parla (tout seul) : 'Maudit soit Canaan... Béni soit YHVH...' (Genèse IX-25 <strong>à</strong><br />

27).<br />

7.- Au chapitre XI, le texte de la Tora inscrit pour la première fois le mot<br />

(hébreu) de la parole (Genèse XI-1) et toute la terre est une seule parole. Les<br />

gens de Babel se mettent <strong>à</strong> parler (<strong>à</strong> qui ?) <strong>dans</strong> un mode qui est le pluriel :<br />

'Allons ! Briquetons... flambons-<strong>les</strong>... Allons ! Bâtissons... et faisons-nous un<br />

nom...'. Alors YHVH descend pour voir et dit le même langage : 'Voici qu'eux<br />

tous forment un seul peuple... Allons ! Descendons et confondons leur<br />

langage...' (Genèse XI-1 <strong>à</strong> 7)<br />

Ainsi, même YHVH se met <strong>à</strong> parler la parole des hommes en parlant (comme<br />

eux font) pour Lui-même.<br />

8.- Alors vient ABRAM ; il fut le premier qui osa parler <strong>à</strong> sa femme :<br />

'Voici que je sais que tu es femme de bel aspect'. La parole est tellement<br />

inattendue que <strong>les</strong> égyptiens disent : 'C'est sa femme !' (Genèse XII-11 et 12)<br />

9.- Après tant de <strong>chapitres</strong>, voici enfin l'instant où l'histoire, l'événement, le<br />

commandement, le mot hébreu 'davar' s'individualisent.<br />

Depuis la Création, ABRAM est le premier homme qui osa parler <strong>à</strong><br />

ELLE... Alors, YHVH va passer une alliance avec eux. Ils changeront l'un<br />

et l'autre de Nom et leur alliance s'appellera Isaac, d'où Jacob et tout Israël.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> VIII - 25 -<br />

Note 1 : imposer-<strong>les</strong>-mains = page : 20<br />

Voir <strong>les</strong> Actes des Apôtres aux versets : VI-6 (= <strong>les</strong> sept),... VIII-17 (= <strong>les</strong><br />

samaritains)... IX-17 (= pour recouvrer la vue).<br />

Note 2 : L'UNIQUE = page : 21<br />

La mémoire du lecteur pourra, ici, lui faire souvenir de la musique des mots<br />

grecs : "...alloi de oti eîs tôn prophetôn !". Voir ci-dessus au verset (III-6) le<br />

chapitre La première Pâque en note 2. L'expression "oi de" s'y manifeste comme<br />

le centre d'un chiasme présentant <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> comme ne comprenant pas (et<br />

effrayés par) <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de Jésus. Ici, en (VIII-28), "oi de" dit la nouvelle pensée<br />

des discip<strong>les</strong> qui se situe bien au-del<strong>à</strong> de ce qu'ils ont dit au verset (VI-15) : L'un<br />

des prophètes, où l'on relira la note 1.<br />

Note 3 : bénédictions = page : 21<br />

As-tu remarqué, ô lecteur, que :<br />

TROIS x SIX = DIX-HUIT<br />

la TRINITE par l' ALLIANCE mène <strong>à</strong> : BENEDICTIONS<br />

Note 4 : toute question de Jésus = page : 21<br />

Chaque fois que Jésus pose des 'Questions aux hommes', ceux-ci doivent<br />

répondre. Tout homme DOIT répondre <strong>à</strong> toute question de Dieu. Mais si le<br />

Grand Prêtre interroge et ose provoquer en disant (legôn) : "Tu ne réponds rien<br />

? = g: ouk apokrine ouden ?", alors il y a le silence de Dieu : "Celui°-ci setaisait"<br />

(XIV-61). Semblablement, Pilate interroge et veut également provoquer<br />

en disant (legôn) : "Tu ne réponds rien ? = g: ouk apokrine ouden ?", alors il y a<br />

encore le silence de Dieu : "Or Jésus ne° répondit plus° rien" (XV-5).<br />

Lecteur : Tu noteras l'écart : chaque fois que quelqu'un de la foule, une<br />

étrangère grecque, un esprit-impur, des pharisiens, des sadducéens ou quelque<br />

scribe interrogent Jésus, celui-ci répond. Seuls, le Grand Prêtre et Pilate, <strong>dans</strong><br />

leur fonction, interrogent en disant, ce qui <strong>les</strong> place l'un et l'autre <strong>dans</strong> une<br />

certaine égalité. Or, après la mort, seul Pilate reviendra <strong>dans</strong> le texte pour<br />

l'offrande de son corps (= la demande de Joseph) :<br />

... tu méditeras sur ce nouvel écart.<br />

* * * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(IX-2 <strong>à</strong> 8)<br />

Des matériaux<br />

La montagne<br />

Les éléments<br />

Les vêtements<br />

La voix<br />

La nourriture<br />

Les parents<br />

Le prophète<br />

DES MATERIAUX<br />

(LA TRANSFIGURATION)<br />

_______________<br />

La lecture d'un texte nécessite, au-del<strong>à</strong> de la compréhension de chacune des<br />

lexies, un ensemble de connaissances <strong>dans</strong> des modes relatifs au mode de lecture<br />

appliquée. Afin de lire théologiquement la séquence de la Transfiguration, j'offre<br />

ici divers matériaux tirés de l'Ancien Testament. Ce sont des moellons, pierres <strong>à</strong><br />

l'état brut, tirés de la carrière ouverte <strong>dans</strong> le texte de la Bible des hébreux.<br />

Chaque lecteur y trouvera ce qui lui sera nécessaire pour découvrir <strong>les</strong> richesses<br />

du texte.<br />

LA MONTAGNE<br />

1.- Avec Moïse, au livre de l'Exode :<br />

XIX-2 'Ils arrivèrent au désert du Sinaï... et l<strong>à</strong> Israël campa devant la<br />

montagne'.<br />

XIX-11 'Car, au troisième jour, YHVH descendra aux yeux de tout le peuple sur<br />

le mont Sinaï'.<br />

2.- Avec Elie, au livre I des Rois :<br />

XIX-8 (Elie) 'marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'<strong>à</strong> la montagne de<br />

Dieu : l'Horeb'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 2<br />

3.- Avec Jésus, au texte de Saint Marc :<br />

IX-2 "Et (Jésus) <strong>les</strong> emmène° vers une montagne élevée". Le lecteur se rappellera<br />

que c'est la seule montagne de tout le texte qui soit qualifiée avec "une".<br />

LES ELEMENTS<br />

1.- Avec Moïse, au livre de l'Exode :<br />

XIX-16 'Au troisième jour, dès le matin, il y eut des tonnerres, des éclairs et<br />

une lourde nuée sur la montagne, un son de cor très fort'.<br />

XIX-18 'Or le mont Sinaï était tout fumant parce que, sur lui, était descendu<br />

YHVH <strong>dans</strong> le feu et sa fumée montait comme la fumée d'une fournaise. Toute<br />

la montagne tremblait fort. Le son du cor allait en se renforçant de plus en<br />

plus'.<br />

2.- Avec Elie, au livre I des Rois :<br />

XIX-11 'Et voici que YHVH passe : un vent très fort secoue <strong>les</strong> montagnes et<br />

brise <strong>les</strong> rochers ... Un tremblement de terre... Un feu... Et, après le feu, le son<br />

d'une brise légère'.<br />

3.- Avec Jésus, au texte de Saint Marc :<br />

IX-3 "...tout <strong>à</strong>- ait blancs tels qu'un foulon sur la terre ne peut blanchir ainsi".<br />

IX-7 "Et une nuée arriva en <strong>les</strong> couvrant de son ombre".<br />

IX-8 "Et soudain... ils ne° virent plus° personne".<br />

LES VETEMENTS<br />

1.- Avec Moïse, au livre de l'Exode :<br />

XIX-10 'YHVH dit <strong>à</strong> Moïse : 'Va vers le peuple... Qu'ils lavent leurs<br />

vêtements et qu'ils soient prêts pour le troisième jour...'.'.<br />

XIX-14 '... ils lavèrent leurs vêtements'.<br />

2.- Avec Elie, au livre I des Rois : Il n'est pas fait mention des vêtements d'Elie,<br />

sinon par la seule évocation de son manteau :<br />

XIX-13 'Dès qu'il L'entendit, Elie enveloppa son visage de son manteau'. Ce<br />

manteau, comme <strong>les</strong> autres vêtements d'Elie, ne pouvait être ni propre, ni blanc :<br />

l'homme venait de marcher quarante jours. D'ailleurs, lorsque 'Elie monta aux<br />

cieux <strong>dans</strong> le tourbillon', son manteau tomba 'de dessus lui' et Elisée le 'ramassa'<br />

(II Rois II-13 = cfr : lorsque Bar-Timée rejeta "son vêtement" - <strong>Mc</strong> X-50).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 3<br />

3.- Avec Jésus, au texte de Saint Marc :<br />

IX-3 "Et ses vêtements arrivèrent resplendissants tout <strong>à</strong> fait blancs".<br />

LA VOIX<br />

1.- Avec Moïse, au livre de l'Exode :<br />

XIX-19 'Moïse parlait et l'Elohim lui répondait par une voix'.<br />

2.- Avec Elie, au livre I des Rois :<br />

XIX-13 (Elie) 'se tint <strong>à</strong> l'entrée de la grotte et voici qu'une voix lui parvint'.<br />

3.- Avec Jésus, au texte de Saint Marc :<br />

IX-4 "Et leur fut vu Elie, avec Moïse. Et ils étaient <strong>à</strong> parler-avec Jésus".<br />

IX-7 "Et une voix arriva hors de la nuée..."<br />

LA NOURRITURE<br />

Semblablement, avant chacun des trois événements (avec Moïse, Elie et<br />

Jésus), Dieu a multiplié 'le pain' :<br />

1.- Avec Moïse, au livre de l'Exode :<br />

XVI-3 Les fils d'Israël dirent (<strong>à</strong> Moïse et <strong>à</strong> Aaron) : 'Que ne sommes-nous<br />

morts de la main de YHVH au pays d'Egypte ! ... Vous nous avez fait sortir vers<br />

ce désert pour faire mourir de faim toute cette foule !'.<br />

XVI-13 'Et le matin il y eut une couche de rosée autour du camp'.<br />

XVI-15 'Les fils d'Israël la virent et se dirent l'un <strong>à</strong> l'autre : 'Man-hou = qu'estce<br />

?' car ils ne savaient pas ce que c'était. Moïse leur dit : 'C'est le pain que<br />

YHVH vous a donné en nourriture'.<br />

XVII-3 Moïse dit (<strong>à</strong> YHVH) : 'Pourquoi nous as-tu fait monter d'Egypte, pour<br />

me faire mourir de soif avec mes fils et mes troupeaux ?'<br />

XVII-5/6 YHVH dit <strong>à</strong> Moïse : '... Prends en ta main ton bâton... tu frapperas sur<br />

le rocher : il en sortira de l'eau et le peuple boira'. Moïse fit ainsi aux yeux des<br />

anciens d'Israël'.<br />

2.- Avec Elie, au livre I des Rois :<br />

XIX-4/5 'Et lui (= Elie) il marcha <strong>dans</strong> le désert une journée de voyage... et vint<br />

s'asseoir sous un genêt, se souhaita la mort et dit : 'C'en est assez'. Puis il se<br />

coucha et s'endormit sous un genêt. Et voici qu'un ange le toucha et lui dit :<br />

'Lève-toi et mange !'.'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 4<br />

XIX-6 <strong>à</strong> 8 'Il regarda et voici qu'<strong>à</strong> son chevet il y avait une galette cuite et une<br />

jarre d'eau. Il mangea et but, puis il se recoucha. Et l'ange de YHVH revint une<br />

seconde fois, le toucha et dit : 'Lève-toi, mange, car le chemin est trop long pour<br />

toi'. Il se leva, il mangea et but puis, fortifié par cette nourriture, Il marcha quarante<br />

jours et quarante nuits jusqu'<strong>à</strong> la montagne de Dieu : l'Horeb'.<br />

3.- Avec Jésus, au texte de Saint Marc :<br />

Au cours des événements ayant précédé la séquence de la Transfiguration, il y<br />

a eu notamment deux affaires avec des pains :<br />

VI-32 <strong>à</strong> 44 avec le verbe 'eu-logeô = bénir' (pour <strong>les</strong> juifs)<br />

VIII-1 <strong>à</strong> 9 avec le verbe 'eu-charisteô = rendre-grâce' (pour tous)<br />

Chacune de ces <strong>séquences</strong> est introduite par un texte décrivant la situation de<br />

manque de ces gens :<br />

VI-34 Jésus est "ému-de-compassion sur eux parce-qu'ils étaient comme<br />

des brebis qui n'ont pas de pasteur".<br />

VIII-2 Jésus est "ému-de-compassion sur la foule (parce-qu')ils n'ont pas<br />

quoi manger".<br />

LES PARENTS<br />

Semblablement, pour chacun des trois événements, Dieu choisit 'l'homme' sans<br />

référence <strong>à</strong> une famille humaine et 'cet homme' n'a pas un nom le rattachant <strong>à</strong><br />

une tradition familiale.<br />

1.- Pour Moïse :<br />

Lorsque Moïse arrive <strong>dans</strong> le texte de la Bible, il n'y a aucune information sur<br />

son origine : 'Un homme de la maison de Lévi alla prendre une fille de Lévi. La<br />

femme conçut et enfanta un fils. Elle vit qu'il était beau et le cacha trois mois.'<br />

(Exode II-1 et 2) La mère a caché son enfant, car pharaon vient de donner l'ordre<br />

de jeter <strong>dans</strong> le Nil tout enfant mâle des juifs. (Exode I-22)<br />

Le lecteur apprend aussitôt que cet enfant est déposé <strong>dans</strong> une arche calfeutrée<br />

avec du bitume et que cette arche est mise sur le bord du Nil. 'La sœur de<br />

l'enfant se tenait au loin pour savoir ce qui lui adviendrait'. A ce moment du<br />

texte, personne ne sait le nom de la mère et le texte est aussi muet en Egypte<br />

qu'il le sera en Saint Marc (III-31 et 32). La fille de pharaon recueille l'enfant et<br />

lui donne un NOM : 'Mosheh = je l'ai tiré (des eaux)'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 5<br />

Le texte ne dit rien des parents et, comme par inadvertance, il dit leurs noms :<br />

'Amran prit pour femme Jokébéd, sa tante, et elle lui enfanta Aaron et Moïse'<br />

(Exode VI-20). Puis, au verset (VII-7) du même livre, on apprend que Aaron est<br />

plus âgé de trois ans que Moïse. Enfin, toujours comme par inadvertance, le<br />

texte dit encore : 'Or Quelath engendra Amran et le nom de la femme était<br />

Jokébéd, fille de Lévi, qui naquit <strong>à</strong> Lévi en Egypte. D'Amran elle enfanta Aaron,<br />

Moïse et Miriam leur sœur.' (Nombres XXVI-58 et 59)<br />

Ainsi décrite, l'arrivée de Moïse <strong>dans</strong> le texte n'est pas la conséquence d'un<br />

héritage familial ou de la tribu. Le hasard (= la volonté de Dieu) a fait qu'un<br />

enfant, inconnu sur le moment, est tiré des eaux, en terre étrangère, par la fille<br />

du (roi) local.<br />

2.- Pour Elie :<br />

C'est un inconnu sortant, comme par hasard, d'un pays étranger puisque la<br />

rumeur publique l'a qualifié de 'Tishbite, Tishbéh en Galaad' (I Rois XVII-1). Il<br />

n'y aura jamais la moindre évocation de sa famille.<br />

3.- Pour Jésus :<br />

Comme Moïse, Jésus arrive <strong>dans</strong> le texte "en montant hors de l'eau" (I-10);<br />

l'enfant Moïse ne disait rien, et Jésus entend une voix qui arrive 'hors des cieux'<br />

mais lui ne dit rien.<br />

Ainsi se trouve réalisée une occurrence qui évoque Elie, car 'la parole de<br />

YHVH fut adressée (<strong>à</strong> Elie) pour dire...' (I Rois XVII-2). De même que Elie, dès<br />

son arrivée, dit <strong>à</strong> Achab des paro<strong>les</strong> (prophétiques) : '... il n'y aura durant ces<br />

années-ci ni rosée, ni pluie, sinon <strong>à</strong> ma parole...', de même Jésus proclame des<br />

temps nouveaux "en disant que : 'Est-accompli le moment...'." (I-15).<br />

Semblablement au livre de Moïse (= la Tora), l'évangile de Saint Marc (= la<br />

nouvelle Tora) attend un long espace de texte et, comme par inadvertance, il dit<br />

l'existence de "ses frères" (III-31), mais il n'ose pas <strong>les</strong> faire entendre. Puis,<br />

comme par inadvertance, le texte dit encore : "Celui-ci (= Jésus) n'est-il pas... le<br />

fils de Marie, et le frère de Jacques et de Joset et de Jude et de Simon ?" (VI-3).<br />

De son père, il ne sera jamais parlé. Quant <strong>à</strong> sa mère et ses frères, ils semblent<br />

toujours être restés, jusqu'<strong>à</strong> ce jour, "se-tenant-debout au-dehors" ((du texte))<br />

(cfr : III-31).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE PROPHETE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 6<br />

1.- Avec Moïse :<br />

Dt XXXIV-10 = 'Il ne s'est pas levé en Israël de prophète comme Moïse, lui<br />

que YHVH a connu face <strong>à</strong> face, qu'il s'agisse de tous <strong>les</strong> signes et prodiges que<br />

YHVH l'avait envoyé faire au pays d'Egypte... ou qu'il s'agisse de toute la main<br />

forte et de toute la grande terreur dont usa Moïse aux yeux de tout Israël !'<br />

2.- Avec Elie :<br />

I Rois XVII-1 = Elie le Tishbite... dit <strong>à</strong> Achab : '... il n'y aura durant ces<br />

années-ci ni rosée, ni pluie, sinon <strong>à</strong> ma parole !'. Ainsi Elie arrive, <strong>dans</strong> la<br />

Bible, comme un prophète. Et la phrase suivante confirme : 'Puis la parole de<br />

YHVH lui fut adressée pour dire...'.<br />

Le texte ne donne pas d'autre renseignement sur Elie que : 'Elie le Tishbite, de<br />

Tishbéh en Galaad' (XVII-1). Il faudra attendre la fin des écrits prophétiques<br />

pour lire : 'Voici que moi, je vous envoie le prophète Elie avant que vienne le<br />

jour de YHVH, jour grand et terrible. Il ramènera le cœur des pères.'.<br />

(Malachie III-23 et 24 = derniers versets de ce livre)<br />

3.- Avec Jésus :<br />

Noter la progression :<br />

au début, pour <strong>les</strong> discip<strong>les</strong>, Jésus est<br />

'L'un des prophètes' (VI-15)<br />

puis <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> voient en lui :<br />

'l'unique des prophètes' (VIII-28)<br />

ce que Pierre dit sous la forme :<br />

'Tu-es le Messie'<br />

ou encore :<br />

Unique - le - Dieu - Incarné !<br />

Voir :<br />

<strong>dans</strong> le présent livre : L'un des prophètes page VI-12<br />

d° L'unique des prophètes page VIII-18<br />

<strong>dans</strong> le Tome VII : La nouvelle Eglise :<br />

UN = Prophète page 5.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(IX-6)<br />

Entrée<br />

La pierre du témoignage<br />

Et Pierre ?<br />

Répondant...<br />

ENTREE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 7<br />

CAR IL NE SAVAIT PAS<br />

_______________<br />

"Une montagne élevée... transfiguré... Elie avec Moïse... Jésus...". Et il y a<br />

aussi Jacques et Jean ne disant rien. Alors le texte présente le plus resplendissant<br />

des chiasmes :<br />

" ... répondant, Pierre dit..."<br />

et le lecteur entend distinctement une phrase bien scandée :<br />

Rabbi :<br />

kalon estin emas ôde einai (cinq mots)<br />

kai poiesômen treis skenas (trois mots)<br />

soi mian )<br />

kai Môusei mian ) (trois fois 'un').<br />

kai Elia mian )<br />

En tout : dix-huit mots, <strong>à</strong> croire que l'ensemble des paro<strong>les</strong> de Pierre devait<br />

rassembler dix-huit termes pour dire des bénédictions ! avec : "Rabbi" qui est<br />

unique, de même que le Messie (cfr : VIII-29) est unique (cfr : VIII-28). puis :<br />

"trois" occupant la place au centre d'un sous-logion de trois mots.<br />

A trois : l'aboutissement, comme si toute la séquence devait être<br />

l'aboutissement, la création, la réalisation de quelque nouveauté. Et j'ai dit,<br />

ailleurs, comment j'ai lu, <strong>dans</strong> ce texte, la Présence du Dieu d'Amour venu se<br />

manifester <strong>à</strong> trois témoins (Pierre et Jacques et Jean).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 8<br />

encore : "mian" vient trois fois, ce qui situe <strong>les</strong> trois noms "soi... Môusei...<br />

Elia" différents entre eux (chacun <strong>à</strong> "UN"), mais <strong>à</strong> trois places similaires liées<br />

par la dualité des 'kai'... qui sont trois ! Pierre ne parle pas au hasard et <strong>les</strong> mots<br />

qu'il dit sont ordonnés et structurés. Le texte a bien entendu et il prend <strong>à</strong> son tour<br />

la parole pour donner son commentaire, mais tu vas remarquer, ô lecteur,<br />

combien le texte a été frappé par la 'réponse' de Pierre car il va y avoir d'abord<br />

cinq, puis trois mots (et pas un seul 'kai' !) : Ou gar edei ti apokrithe = 5 et<br />

ek-phoboi gar egenonto = 3. Non, Pierre ne savait pas ce qu'il avait répondu<br />

quoiqu'ils soient arrivés saisis-de-crainte ! Moi aussi je suis resté longtemps sans<br />

comprendre pourquoi Pierre avait parlé de faire ces trois abris ou, comme<br />

souvent traduit, de fabriquer trois tentes. Puis, un jour, me promenant sur<br />

quelque sentier du livre de la Genèse, j'ai rencontré Jacob encore sous le coup de<br />

sa dispute avec son beau-père Laban :<br />

'Alors Jacob s'irrita et incrimina Laban... (Jacob dit tout ce qu'il a fait :)<br />

Voici vingt ans que je suis avec toi... que je suis <strong>dans</strong> ta maison... Répondant,<br />

Laban dit (g: apokritheis de Laban eipe...) <strong>à</strong> Jacob : ... Maintenant, donc, allons,<br />

concluons une alliance, moi et toi, et qu'il y ait un témoin entre moi et toi.'<br />

(Genèse XXXI-36 <strong>à</strong> 44)<br />

LA PIERRE DU TEMOIGNAGE<br />

(Suite du récit :) 'Jacob prit une pierre (g: lithon) et l'érigea en stèle (g: stelen).<br />

Puis Jacob dit <strong>à</strong> ses frères : 'Ramassez des pierres !'. Ils prirent des pierres et en<br />

firent un monceau... Laban l'appela Yegar-Sahadouta (= mot araméen signifiant<br />

'monceau du témoignage') et Jacob l'appela Kale-Ed' (= mot hébreu, de même<br />

sens que Yegar-Sahadouta et signifiant 'monceau du témoignage'. Ici, la Vulgate<br />

ajoute une explication qui n'est ni <strong>dans</strong> l'hébreu, ni <strong>dans</strong> la Septante : 'uterque<br />

juxta proprietatem suae = chacun selon la propriété de sa langue' : Laban parle<br />

en araméen et Jacob en hébreu). (Genèse XXXI-45 <strong>à</strong> 47). 'Laban dit : 'Ce<br />

monceau est aujourd'hui témoin (g: marturei) entre moi et toi !' C'est pourquoi<br />

on l'a appelé du nom de Gale-Ed' (Genèse XXXI-48). La montagne est<br />

également appelée GALa-ad, ainsi que cela fut dit quelques versets auparavant<br />

(Genèse XXXI-21-23 et 25). Ce dernier verset dit : '... et Jacob avait planté sa<br />

tente sur la (= une) montagne (g: ten skenen autou en tô orei) tandis que Laban,<br />

avec ses frères, avait planté la sienne <strong>dans</strong> la montagne de GALa-ad (g: en tô<br />

orei Gala-ad).' (Genèse XXXI-25).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 9<br />

(Les lieux où sont plantées <strong>les</strong> tentes sont différents, <strong>dans</strong> le texte hébreu pour<br />

lequel il s'agit de deux montagnes différentes.)<br />

Dans le texte de Saint Marc, <strong>à</strong> la Transfiguration (IX-5), "Pierre dit : ... faisons<br />

trois abris..." avec le même mot grec 'skene'. Si la parole de Pierre renvoie, <strong>à</strong><br />

travers le mot skene, <strong>à</strong> la pierre du Témoignage, c'est que Pierre dit, <strong>dans</strong> la<br />

séquence de la Transfiguration, comme la passation d'une nouvelle alliance car,<br />

sur leur(s) montagne(s), Laban et Jacob se réconcilient et Laban a su proposer :<br />

'Maintenant donc, allons ! Concluons une alliance, moi et toi, et qu'il y ait un<br />

témoin entre moi et toi !' (Genèse XXXI-44). Ce témoin fut la pierre que Jacob<br />

érigea en stèle et qui devient 'pierre du témoignage = h: GALa-ad'. (Sur le mot<br />

'h: ad', voir <strong>dans</strong> le présent tome le chapitre sur Ecoute Israël ! page XII-1.<br />

Non ! Pierre "ne savait pas ce-qu'il avait répondu" car il venait, sans en avoir<br />

conscience, de poser la pierre en forme de témoignage de l'Alliance Nouvelle.<br />

'Alliance = g: diatheken' (Genèse XXXI-44)<br />

'témoignage = g: marturion' (Genèse XXXI-44)<br />

'pierre = g: lithon' (Genèse XXXI-45)<br />

Ces trois mots se heurtent <strong>dans</strong> ma tête. Ils font comme un bruit de roulement<br />

de cette pierre qui viendra témoigner d'elle-même du vide du tombeau et elle<br />

sera le témoignage de l'Alliance Nouvelle donnée par Jésus Messie. C'est<br />

toujours la même pierre : celle de GALa-ad et celle du GOL-gotha, monument<br />

érigé en stèle ou creusé <strong>dans</strong> le roc.<br />

Sur "une montagne élevée" Pierre dit des paro<strong>les</strong> dont il ne pouvait pas<br />

percevoir le sens et le texte veut <strong>les</strong> excuser : "car ils étaient arrivés saisis-decrainte"<br />

(g: ek-phoboi) (IX-6). Plus tard, "au lieu GOLgotha", des femmes "ne<br />

dirent° rien <strong>à</strong> personne car el<strong>les</strong> craignaient" (g: ephobounto gar) (XVI-8). Dans<br />

un cas, il y a : "ses vêtements... resplendissants tout-<strong>à</strong>-fait blancs" (IX-3), et<br />

<strong>dans</strong> l'autre : "un jeune-homme... enveloppé d'une-robe blanche" (XVI-5). Ce<br />

sont <strong>les</strong> deux seuls emplois de 'g: leukos = blanc' avec, de plus, un emploi<br />

chargé de puissance négative en (IX-3) : un tel 'blanc' ne peut pas exister sur la<br />

terre, ce que j'entends comme signifiant : le mot 'leukos' désigne une couleur qui<br />

ne peut pas servir <strong>à</strong> l'homme et dont l'usage est réservé <strong>à</strong> Dieu. Alors, ce 'jeunehomme'<br />

de (XVI-5), qui est-IL ? Ne serait-ce pas le témoin de l'Alliance<br />

Nouvelle ?<br />

Car, toute seule, "LA PIERRE a été dé-roulée" (XVI-4)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ET PIERRE ?<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 10<br />

Et Pierre, pouvait-il comprendre tout ce qui est en jeu lors de la<br />

Transfiguration ? Le texte dit : Pierre n'a pas su ce qu'il disait. Il a dit :<br />

"poiesômen treis skenas = trois abris" (IX-5) en utilisant le mot 'g: skene'.<br />

Laban et Jacob alors qu'ils s'étaient irrités l'un contre l'autre, avaient fait aussi<br />

chacun leur abri sur la montagne et ils scellèrent <strong>à</strong> cet endroit leur réconciliation.<br />

Il y eut, selon le texte de la Bible, 'la pierre du témoignage' ou encore : la pierre<br />

(lithon) érigée en stèle (stelen). Mais il y eut aussi '<strong>les</strong> abris de la réconciliation'<br />

par ces deux 'g: skene' que Jacob, que Laban, que chacun érigea sur la<br />

montagne.<br />

Ainsi ai-je vu, <strong>dans</strong> le mot 'g: skene', le signe initial du nouveau contrat de<br />

l'Alliance. Sur l'une et l'autre montagnes, la scène est identique et la signification<br />

des paro<strong>les</strong> de Pierre est exactement : il est beau pour nous d'être ici en ce temps<br />

de l'Alliance renouvelée, en présence d'Elie et de Moïse ... Mais Pierre avait dit<br />

autrement et il ne savait pas la signification de ce qu'il avait répondu.<br />

REPONDANT...<br />

Pourquoi le verbe répondre est-il venu <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, tout aussi<br />

présent qu'il le fut auprès de Laban ?<br />

En Genèse (XXXI-43), le verbe 'répondant = g: apokriteis' arrive en fin de<br />

dialogue et prend un sens nouveau : il va y avoir l'inattendue proposition dite<br />

par Laban pour une alliance entre Jacob et Laban avec, pour l'avenir, l'obligation<br />

de se souvenir <strong>à</strong> cause du témoignage : 'Qu'il y ait un témoin entre moi et toi !'.<br />

En Saint Marc, Pierre vient de voir des signes inattendus : "Vêtements blancs<br />

... Elie avec Moïse" et le texte a bien précisé que <strong>les</strong> trois discip<strong>les</strong> de Jésus ont<br />

perçu ces signes : "Et leur fut vu ...". Quand il y a de tels signes, celui qui a-foi<br />

(voir : VIII-29) doit répondre. (Sur la réponse : voir <strong>dans</strong> Lectio divina par<br />

verset (<strong>à</strong> la page I-23) le mot 'conversion = h: teshuva').<br />

Pierre était donc obligé de répondre. L'emploi du verbe, venu de<br />

l'environnement de Laban, souligne l'inattendu de ce qui se passe.<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(IX-14 <strong>à</strong> 30)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 11<br />

GUERISON DE L'ESPRIT-SANS-PAROLE<br />

_______________<br />

Descendant d' "une montagne élevée" où venait d'arriver la Transfiguration,<br />

Jésus, accompagné de Pierre et Jacques et Jean, vient auprès des discip<strong>les</strong> et<br />

d'une foule nombreuse avec des scribes : LES discip<strong>les</strong> (IX-14) n'ont pas eu-laforce<br />

de chasser l'esprit-sans-parole du petit-enfant.<br />

J'ai noté le mode opératoire suivi par Jésus afin de faire la guérison :<br />

a) il rabroue l'esprit-impur "en lui disant..."<br />

b) il lui commande : "Esprit sans-parole et sourd, moi-je t'ordonne :<br />

Sors hors°-de lui et n'entre plus vers lui !".<br />

Ainsi la voix du Messie fut-elle entendue, quoique l'esprit fût sourd !<br />

c) "Jésus, saisissant sa main, le réveilla". C'est l<strong>à</strong> un geste physique <strong>à</strong> partir des<br />

mains de celui qui guérit.<br />

J'ai noté ensuite l'explication donnée par Jésus <strong>à</strong> la question posée par<br />

SES discip<strong>les</strong> :<br />

"Cette race-l<strong>à</strong> peut sortir par rien, sinon par la prière" (IX-29).<br />

Dans un texte de Qumrân(1), livre "Apocryphe de la Genèse", il est raconté<br />

comment le roi d'Egypte tomba malade après l'enlèvement de Sara, la femme<br />

d'Abraham (voir Genèse XII-15 <strong>à</strong> 17). On attribua cette maladie <strong>à</strong> un 'espritimpur',<br />

venu fort <strong>à</strong> propos, châtier le roi afin de protéger la vertu de Sara. Le roi<br />

fut malade pendant plus de deux ans et sans doute a-t-il, lui aussi, "beaucoup<br />

souffert par de nombreux médecins" (cfr : V-26), car il fit venir <strong>à</strong> lui tous <strong>les</strong><br />

médecins égyptiens. 'Aucun guérisseur, aucun magicien ni sage ne pouvait rester<br />

pour le soigner, car l'esprit <strong>les</strong> frappait tous et ils se sauvaient' (Qumrân).<br />

Pour en finir, le roi finit par faire appel au mari lui-même, c. <strong>à</strong> d. <strong>à</strong> Abraham :<br />

'Je priai.. et imposai-mes-mains sur sa tête, et la plaie sortit de lui et l'espritimpur<br />

fut chassé hors(de lui) et il guérit' (Qumrân).<br />

Abraham sut faire conjointement le geste-des-mains et la prière. Jésus, pour<br />

le petit-enfant, refait le geste d'Abraham.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> IX - 12<br />

J'ai dit (voir notamment <strong>dans</strong> le Tome VI : La structure de Saint Marc le<br />

chapitre intitulé Les annonces de la Passion notamment <strong>à</strong> la page 4) comment la<br />

séquence (IX-14 <strong>à</strong> 29) était un récit événementiel, premier d'une suite de trois : il<br />

est donc permis de lire théologiquement en allégorie. Au centre (= comme le<br />

cœur physique de cette longue séquence), il y a :<br />

(Jésus) "interrogea son PERE :<br />

'Combien de temps y a-t-il que°° cette-chose-l<strong>à</strong> lui arrive ?'.<br />

Celui°-ci dit° :<br />

'Hors de l'enfance (= depuis l'enfance)'." (IX-21)<br />

Alors j'ai eu la vision de l'événement et j'ai contemplé notre PERE Abraham<br />

venu, du fond des âges, rappeler comment il sut guérir. Combien de temps y a-til<br />

que cette guérison a pu arriver ? Et Abraham répond : 'Depuis l'enfance !'<br />

(d'Israël) ... depuis le début des actes de notre père Abraham : sa descente en<br />

Egypte.<br />

Puis j'ai eu la vision d'Abraham après la guérison du roi. Sara est libérée de la<br />

menace pesant sur sa vertu. Alors, avec honneur (Genèse XII-20), Sara et<br />

Abraham sortent d'Egypte et marchent vers la terre promise (Genèse XIII-1).<br />

Jésus, qui est l'Eternel (= la 'mémoire' de Dieu) se souvient et le texte de Saint<br />

Marc a noté : "Et, étant-sortis de-l<strong>à</strong>, ils passaient par la Galilée" (IX-30).<br />

Lecteur ! Tu remarqueras que cette citation nous offre le dernier emploi, <strong>à</strong> la<br />

première partie, du verbe 'sortir = g: ex-erchomai', comme si - semblablement<br />

<strong>à</strong> Abraham - Jésus commençait <strong>à</strong> s'éloigner de la vallée d'un grand fleuve pour<br />

prendre le "chemin montant vers Jérusalem" (cfr : X-32).<br />

Souviens-toi ! Au verset (VIII-27), nous sommes revenus aux sources des eaux<br />

du fleuve Jourdain, car nous sommes au départ <strong>dans</strong> la région de Césarée de<br />

Philippe. Or, depuis, nous descendons vers Jéricho.<br />

Abraham, lui aussi, quitta le roi d'Egypte, suivit pendant quelque temps le<br />

fleuve Nil, puis partit vers... Erets Israël.<br />

Il est des temps qui parfois nous obligent <strong>à</strong> sortir des lieux où nous avions<br />

été amenés <strong>à</strong> séjourner...<br />

(Abb. Keizersberg : en la fête de Saint Benoit)<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : texte de Qumrân = page : IX-11<br />

Ecrits intertestamentaires - La Pléiade - Gallimard 1987 - pages 392 et 393.<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(X-17)<br />

"QUE FERAI-JE AFIN D'AVOIR - EN - HERITAGE<br />

La question<br />

Le verbe écouter<br />

Sur (XIII-29)<br />

Le Dieu-Unique<br />

Les rites d'Israël<br />

La prise de Jérusalem<br />

J'ai entendu<br />

LA QUESTION<br />

LA VIE ETERNELLE ?"<br />

_______________<br />

Posée <strong>à</strong> Jésus (= un juif) par "un-unique" (= juif ?), cette question est<br />

inattendue car, en ce temps-l<strong>à</strong>, tout a été défini (depuis longtemps) par l'Ecriture.<br />

Il y a la Loi de Moïse telle qu'elle fut écrite (= la Tora écrite) <strong>dans</strong> le Livre de<br />

Moïse, lequel cite <strong>les</strong> textes gravés <strong>dans</strong> la pierre du Sinaï. Il y a toute la<br />

tradition orale des juifs et le Messie (= Dieu Incarné) est lié (= l'Alliance) <strong>à</strong> son<br />

peuple (= <strong>les</strong> juifs) par SA PAROLE du Sinaï. Jésus (= le Messie) ne peut que<br />

dire le texte de la Table. Saint Marc présente, cependant, son récit d'une manière<br />

singulière afin que ce soit un signe pour son lecteur. Il n'y a pas de circularité<br />

identique pour <strong>les</strong> expressions 'initiale/finale', pourtant il y a une ébauche de<br />

symétrie :<br />

quoi... ferai - je ...?"<br />

(au centre :) L A L O I (avec renversement de père et mère)<br />

"toutes ces-choses-l<strong>à</strong> j'ai-observées !"<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(ou encore :)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 2 -<br />

d'abord : futur + j e<br />

ensuite : j e + temps-accompli.<br />

Il n'y a pas identité, ni même égalité approchée, entre <strong>les</strong> deux verbes faire et<br />

observer. J'ai déj<strong>à</strong> analysé comment l'Ecriture rapporta <strong>les</strong> engagements du<br />

peuple hébreu : faire puis écouter (Exode XXIV-7).<br />

LE VERBE 'ECOUTER'<br />

Ce verbe a, en hébreu, une double signification. Il s'applique <strong>à</strong> l'oreille et dit la<br />

transmission vers le cerveau des hommes de tous <strong>les</strong> bruits ou sons. En plus,<br />

comme en français, il est une certaine forme d'obéissance et de soumission <strong>à</strong> un<br />

ordre ou <strong>à</strong> un précepte. Mon rabbin m'a commenté :<br />

"(Ecouter est aussi) se soumettre <strong>à</strong> une parole qui vient de l'extérieur de<br />

soi et qui est première parce que fondatrice de toute parole. Ce n'est pas une<br />

attitude physique ou intellectuelle; c'est plutôt une disposition de toute la<br />

personnalité faite d'ouverture et d'accueil car ce qui est reçu est reconnu comme<br />

premier et fondamental en fait et en droit. "Ecoute = Shema !" c. <strong>à</strong> d. 'mets-toi au<br />

service de ce que tu vas entendre', et également : 'sache exactement ce qui t'est<br />

demandé avant même d'être capable de comprendre pourquoi'. Attitude<br />

d'existence, donc antérieure <strong>à</strong> la vigilance rationnelle, disposée-pensée <strong>à</strong> l'ordre<br />

de l'existence."<br />

(Armand Abécassis : La pensée juive II/II-6)<br />

SUR (XIII-29)<br />

Lorsque "l'un des scribes" vient auprès de Jésus, <strong>dans</strong> le Temple de Jérusalem,<br />

afin de poser la question sur "commandement premier de-tous", Jésus répond :<br />

"Premier est : Ecoute Israël..." (XII-29)<br />

Moi, qui ai pris conscience de la précision de ce texte et de l'importance de<br />

chacun des détails, je suis étonné et surpris car, si Jésus est venu apporter aux<br />

hommes (= <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes, aux hommes des nations) le Message-Révélé<br />

(= Message-Authentique) de Dieu, pourquoi tient-il <strong>à</strong> citer d'abord "Israël" ? Il<br />

n'y a, <strong>dans</strong> l'intégralité du texte de Saint Marc, que cet unique emploi du mot<br />

'Israël' sous forme isolée.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 3 -<br />

(Il y a bien un deuxième emploi, mais il est <strong>dans</strong> l'expression 'roi d'Israël' venue<br />

en (XV-32) comme en aboutissement et en résolution de l'expression 'roi des<br />

juifs'). Voici que, au moment d'entendre l'énoncé de ce premier commandement<br />

me concernant, je dois écouter deux mots traversant le peuple d'Israël. Au lieu<br />

de la réponse attendue et devant s'enfoncer en moi-même : tu dois faire telle<br />

chose ..., au lieu d'un ordre/précepte précis <strong>à</strong> respecter, voici mon rejet car, moi,<br />

je ne suis pas un fils d'Israël. Jésus dit :<br />

"PREMIER EST ... ISRAEL !".<br />

Dois-je avoir la soumission ou la simple disponibilité d'entendre la suite de la<br />

réponse ?<br />

LE DIEU - UNIQUE<br />

L'inattendu de la réponse s'amplifie. Après "Ecoute Israël", il n'y a pas la<br />

phrase énonciation d'un quelconque commandement, mais Dieu dit son ETRE<br />

qui est aussi son AGIR, car il y a : "UNIQUE" et l'unicité englobe le (tout) en<br />

"UN", <strong>à</strong> la fois être/agir, au passé/futur, ou rien/tout. Jésus dit alors ce qui est<br />

"Premier commandement" (= ma formulation respecte l'absence de l'article<br />

défini) et j'entends sa voix : "Et tu aimeras Seigneur ton Dieu" + QUATRE (=<br />

la plénitude) engagements de mon ETRE.<br />

Une deuxième formulation vient s'incruster <strong>à</strong> la suite :<br />

"Tu aimeras ton prochain comme toi-même".<br />

Ceci est l' "humanisation" de Dieu. Il n'est pas Dieu de rochers, des eaux ou du<br />

soleil. Il n'est pas centre d'un dieu panthéiste. Nous n'avons pas quitté l'Egypte<br />

qui fut pays où le dieu fécondateur s'appelait Nil pour venir en une terre promise<br />

par un dieu nouveau dénommé 'le Jourdain'. Dieu n'est pas l'inanimé de la<br />

nature, même si l'eau semble courir entre deux berges, car le mouvement doit<br />

dépasser l'immobilité des deux rives statiques. Dieu est ce qui déborde,<br />

l'inattendu de l'action plongé vers le DEVENIR qui est temps d'un futur déj<strong>à</strong><br />

présent ici mais disponible vers l'ailleurs du temps qui vient ('g: aion = le siècle<strong>à</strong>-venir').<br />

Jésus qui est Dieu-homme, ne peut pas répondre <strong>à</strong> la question du scribe<br />

par une-unique formulation sur l'amour VERS Lui-même : "tu aimeras Seigneur<br />

ton Dieu"; il lui faut poser sa relation <strong>à</strong> l'homme et le verbe 'aimer' sert <strong>à</strong> situer<br />

le 'UN' en rapport avec 'TON PROCHAIN'... sinon Dieu ne serait qu'un dieu de<br />

la nature, des pierrail<strong>les</strong> ou des bêtes, comme tous <strong>les</strong> dieux païens.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE FUTUR DU VERBE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 4 -<br />

Et voici que je suis étonné et surpris par le temps du futur. Dois-je accepter<br />

que mon amour pour le Seigneur mon Dieu ou pour tout prochain n'aura de<br />

possibilité que demain, le jour de tout futur ?<br />

Le scribe l'a bien senti, lui qui a par réflexe utilisé l'infinitif <strong>dans</strong> sa réponse, et<br />

son infinitif semble suggérer que lui, le juif, déj<strong>à</strong> il a aimé et lui et son<br />

prochain. Cet homme (= le scribe) me fait sentir une différence entre lui-juif et<br />

moi-homme-des-nations), car entre nous je vois l'écart séparant deux temps : un<br />

infinitif se voulant durée depuis le passé et le futur de sa réponse. Depuis<br />

longtemps Israël aime l'UNIQUE et <strong>les</strong> TROIS modes d'aimer apportent, par le<br />

chiffre trois, l'attestation que c'est un aboutissement. Quant <strong>à</strong> son prochain,<br />

j'entends que le scribe accepte de l'aimer, mais avec une explication complexe y<br />

mêlant comme des degrés d'intensité ou d'efficacité face <strong>à</strong> "tous <strong>les</strong> holocaustes<br />

et sacrifices" (XII-33).<br />

Alors, j'ai prié ou encore : j'ai voulu "écouter" la réponse de Jésus comme étant<br />

la Parole du Dieu d'Israël, scindant ainsi l'expression introductive. Voici que j'<br />

ECOUTE ce que me dit mon Dieu au sujet d' ISRAEL.<br />

LES RITES D ' ISRAEL<br />

Il est <strong>dans</strong> l'Ecriture comme une suite ordonnée allant en s'amplifiant, thème<br />

d'un long choral : "Voici <strong>les</strong> commandements, <strong>les</strong> préceptes, <strong>les</strong> sentences... (Dt<br />

VI-1)", première variation de : "ECOUTE ISRAEL <strong>les</strong> préceptes et <strong>les</strong><br />

sentences... (Dt V-1)", venant de la formule temporisée : "ET MAINTENANT<br />

Israël ECOUTE <strong>les</strong> préceptes et <strong>les</strong> sentences... (Dt IV-1)", et s'en allant vers un<br />

futur rapproché : "ECOUTE ISRAEL, tu vas passer... (Dt IX-1)".<br />

Lecteur ! Tu vas pouvoir, toi aussi, lire ce cinquième livre de Moïse en<br />

écoutant le texte parler de tous ces commandements, préceptes et sentences; c'est<br />

la LOI et <strong>les</strong> commentaires t'apprennent <strong>les</strong> rites <strong>à</strong> satisfaire.<br />

Depuis de nombreux sièc<strong>les</strong> le peuple d'Israël, des hébreux et des juifs observe<br />

ces commandements que YHVH lui a commandés (cfr : Dt VIII-1) et cela ne<br />

peut plus durer car le peuple que Dieu s'est choisi, ce même peuple d'Israël, est<br />

en train de s'éloigner "car il-était (= c'est un présent d'inaccompli et du non<br />

terminé) ayant de-nombreux biens" (<strong>Mc</strong> X-22).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 5 -<br />

Les anciens, sadducéens, hérodiens, s'assombrissent <strong>à</strong> la Parole (cfr : <strong>Mc</strong> X-<br />

22) et, au lieu de marcher <strong>les</strong> sentiers de Dieu comme "il est écrit en Isaïe le<br />

prophète", ils se sont "assis le-long-du chemin en mendiant" (<strong>Mc</strong> X-46)... En<br />

mendiant : quoi ? ... Les pharisiens ont su le dire : ils cherchent "un-signe du<br />

ciel" (<strong>Mc</strong> VIII-11) ! Or il est quelqu'un qui vient "en disant : Est-accompli le<br />

moment..." (<strong>Mc</strong> I-15). Pourquoi : "est-accompli" ? L'amas de trop "de nombreux<br />

biens", en <strong>les</strong> "assombrissant devant la Parole" <strong>les</strong> a-t-il rendus aveug<strong>les</strong>, <strong>les</strong><br />

forçant <strong>à</strong> être "assis le-long-du chemin" alors que tous <strong>les</strong> autres restent "sur le<br />

chemin montant vers Jérusalem" ?<br />

LA PRISE DE JERUSALEM<br />

Moi aussi, avec eux, je "suivais sur le chemin" et je suis entré <strong>dans</strong> la ville "de<br />

notre père David". J'y ai vécu tous <strong>les</strong> événements : Jésus crucifié, le rideau<br />

déchiré, la pierre dé-roulée... et <strong>les</strong> signes qui accompagnaient°°. J'y ai vécu<br />

aussi <strong>les</strong> temps de la nouvelle église, la chambre-haute, puis Jacques, et de<br />

nouveau <strong>les</strong> Douze. J'ai vécu <strong>les</strong> combats de l'été 70 avec, au 17 tamuz, la<br />

cessation subite des sacrifices au Temple et, quelques jours après, j'ai vu Titus<br />

entrer <strong>dans</strong> le Saint des Saints pour l'instant d'un regard alors que le feu déj<strong>à</strong><br />

entourait tout avant de tout détruire, supprimer, arraser.<br />

"Après la prise de Jérusalem, la législation de Moïse s'est trouvée abolie<br />

car elle défendait aux juifs de pratiquer leur religion ailleurs qu'en un seul lieu. Il<br />

leur est donc interdit aujourd'hui(1) de faire <strong>les</strong> sacrifices de la loi, d'avoir un<br />

temple et un autel, de célébrer <strong>les</strong> cérémonies, de se purifier, d'expier ses péchés,<br />

d'obtenir une propitiation. Et ainsi ils sont retombés sous l'anathème de Moïse<br />

pour cela même qu'ils veulent observer une partie de leur loi, puisque Moïse a<br />

déclaré exécrable quiconque n'observe pas la loi toute entière."<br />

(Eusèbe de Césarée : Démonstration évangélique I-6).<br />

Cette citation m'a fait percevoir comment, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, le<br />

Messie jamais n'est présenté en train d'accomplir <strong>les</strong> gestes énoncés : faire <strong>les</strong><br />

sacrifices, avoir un autel, célébrer, purifier .<br />

Mais il y a, par deux fois, le verbe 'rendre-grâce' : pour le pain, pour la<br />

coupe. Il n'y a plus l'obligation de célébrer <strong>dans</strong> le Temple, sur l'Autel, puisque<br />

partout où nous serons-<strong>à</strong>-table, avec <strong>les</strong> Douze, il y aura "mon corps... mon<br />

sang" (XIV-22 et 24), ce qui est la Présence.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


J ' AI ENTENDU<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 6 -<br />

Ainsi j'ai entendu "un-unique" LUI dire : 'Que... FERAI-JE... ?', question<br />

inattendue car, en ce temps-l<strong>à</strong>, il y avait encore la législation de Moïse.<br />

Puis j'ai entendu le Messie me dire : "ECOUTE ISRAEL ...", réponse<br />

insolite car PREMIER EST Dieu Unique, et il EST par <strong>les</strong> liens (= l'Alliance)<br />

du verbe 'aimer'.<br />

Et voici : je veux écouter le Message Authentique (= Message-Divin) de<br />

Jésus le Messie venu donner <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes la loi nouvelle (= la Nouvelle<br />

Alliance) puisque la législation de Moïse va être anéantie au dix-sept tamuz, <strong>à</strong><br />

l'incendie du Temple.<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : interdit aujourd'hui = page : 5<br />

C'est pourquoi, encore aujourd'hui, au sabbat, durant la prière de moussaf<br />

(= 'ce qui est ajouté', c. <strong>à</strong> d., actuellement, l'office particulier au sabbat qui<br />

remplace le sacrifice supplémentaire offert jadis, en ces jours-l<strong>à</strong>, <strong>dans</strong> le<br />

Temple), on récite :<br />

" Dieu de nos pères, fais-nous rentrer <strong>dans</strong> notre pays<br />

et nous rétablirons <strong>les</strong> sacrifices obligatoires".<br />

Puis, au repas du soir, on dit :<br />

"L<strong>à</strong> nous rétablirons <strong>les</strong> sacrifices obligatoires du sabbat,<br />

car ici nous n'avons point de Sanctuaire<br />

et point d'Autel pour le sacrifice".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(X-17)<br />

Le texte grec<br />

Poésie du texte<br />

Le verbe pros-trechô<br />

"Un-unique"<br />

Sur le verbe faire<br />

Fils d'Adam<br />

Dualité<br />

Quelques matériaux<br />

Pour finir<br />

LE TEXTE GREC<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 7 -<br />

UN - UNIQUE (homme)<br />

_________________________<br />

On ne peut trouver de texte plus court :<br />

"pros-dramôn eîs = accourant-auprès un-unique".<br />

Conformément aux habitudes de l'exégèse, il me faut d'abord voir l'arrivée de<br />

ces deux mots <strong>dans</strong> l'ensemble du texte, puis re-garder le comportement du<br />

verbe 'g: pros-trechô' ailleurs <strong>dans</strong> le texte. Ce sont l<strong>à</strong> des matériaux <strong>à</strong><br />

rassembler avant d'édifier un commentaire.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


POESIE DU TEXTE<br />

J'ai entendu la musique des mots :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 8 -<br />

"kai ek-poreuomenou autou eis odon<br />

pros-dramôn eîs<br />

kai gonupetesas auton<br />

eperôta auton."<br />

"Et, (comme il) s'en-allait LUI vers un chemin,<br />

auprès-(de-lui-)accourant, un-unique (homme)<br />

et tombant-<strong>à</strong>-genoux (devant) LUI,<br />

(il) interrogeait LUI."<br />

Lisant cette partition, j'entends un thème nouveau par 'pros-dramôn'. Le lecteur<br />

se souvient du commencement du livre de Saint Marc : ce fut une poésie par la<br />

suite des mots, tous avec la même finale en ou = tou euaggeliou Iesou Christou<br />

uiou Theou" (I-1). Ce titre de l'ouvrage lance vers un chemin dont <strong>les</strong> bornes<br />

sont des fina<strong>les</strong> en ou. Au verset (X-17), j'ai retrouvé le chemin de ces rimes en<br />

ou : "ek-poreuomenou autou" et je sais que le pronom autou avec sa finale en<br />

ou vient de (I-3) <strong>à</strong> cause des sentiers : "... tas tribous autou = apprêtez le chemin<br />

(du) Seigneur, faites plats <strong>les</strong> sentiers de lui". Déj<strong>à</strong> il y a le mot 'g: odon =<br />

chemin' (I-3) qui revient en (X-17) mais magnifié par 'eis' :<br />

"ten odon Kuriou (I-3) .....eis odon (X-17)"<br />

Le texte s'entrouvre, pour suggérer du sens : voici que LUI s'en-va VERS (un)<br />

chemin. Dois-je écrire (un) chemin, ou (LE) chemin ? En (I-3), il y a : "... ten<br />

odon = apprêtez le chemin". Ce chemin est-il déj<strong>à</strong> apprêté, au verset (X-17) ?<br />

J'hésite, car le texte a (oublié) l'article. Jésus est 'en' chemin et il ne peut y avoir,<br />

sur la terre, qu'un seul chemin car l<strong>à</strong> où passe Jésus il y a "le chemin du Seigneur<br />

= g: ten odon Kuriou" (I-3).<br />

Jésus est en chemin et le texte s'installe avec deux mots dont la finale est ou :<br />

"ek-poreuomenou autou" (X-17). Alors, subitement, tout change et un mot<br />

étrange vient bouleverser le calme de ce chemin :<br />

"pros-dramôn eîs"<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 9 -<br />

La finale est cassée et il n'y a plus ou, mais ôn. Aussitôt le mot qui suit<br />

soutient la mutation et, au lieu de 'eis', il y a 'eîs'. Nous ne pouvons plus espérer<br />

parcourir le chemin ni faire plats <strong>les</strong> sentiers. Puisqu'il nous est interdit d'avancer<br />

(= de faire mouvement), le texte nous fait tomber-<strong>à</strong>-genoux : "gonupetesas" et<br />

l'accord harmonique plaqué sur le mot nouveau fait entendre la modulation (=<br />

changement de l'ambiance). Le mot est rocailleux, empli de dissonance et on<br />

croirait ouïr le claquement qui est chute sur le sol. La finale est "...tesas", ce qui<br />

est l'inverse du ou initial. Autre mode, autre tonalité avec, en constance d'idée<br />

pour marquer la continuité de l'événement et son rattachement aux deux mots<br />

qui ont débuté la lexie, le rappel de 'LUI' :<br />

"gonupetesas AUTON"<br />

Bien entendu, ce ne peut plus être 'autou' (I-3) ou (I-7), et ce n'est pas 'autos'<br />

(I-8). Alors, pour nettement dire la chose, le texte reprend avec l'accord en<br />

sensible de 'a' et il répéte 'auton' :<br />

"eperôta AUTON"<br />

Cet "eîs = un-unique" accourt, mais il stoppe son mouvement et sa chute-<strong>à</strong>genoux<br />

est un questionnement. Il s'adresse <strong>à</strong> 'auton'. Mais, lecteur, sais-tu QUI<br />

est AUTON ?<br />

Revenant encore sur l'écoute du texte, je sais, car je l'entends, que Jésus est<br />

"autou eis odon" et je lis : IL est 'autou' qui va-VERS (= eis) la rime du chemin<br />

= odon. J'entends : 'AUTOU' va devenir 'AUTON'.<br />

Quelle est la conclusion d'une telle lecture ? Jésus est en chemin. Il est<br />

AUTOU (= le Seigneur-Incarné = I-3); IL est sur LE chemin (I-3). Mais IL va<br />

paraître sous la forme AUTON. Alors, tout change et un-unique ac-court et<br />

tombe-(brutalement-)<strong>à</strong>-genoux car il va poser sa question.<br />

Ce 'un-unique' n'est pas venu apprêter un chemin ou faire plats des sentiers. Il<br />

n'a pas besoin d'un chemin ou de sentiers. Il arrête son mouvement.<br />

Le voici <strong>à</strong> genoux. Au lieu de faire (un chemin, des sentiers), il veut écouter<br />

une parole et il va questionner. Le 'un-unique' arrête la tradition d'Israël : 'Nous<br />

le ferons ET (= puis, après) nous l'écouterons'.<br />

L' (homme), tombé-<strong>à</strong>-genoux, voudrait d'abord écouter. Ensuite, si possible, il<br />

fera.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE VERBE 'PROS-TRECHO'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 10 -<br />

Le lexique donne deux emplois seulement, <strong>dans</strong> l'ensemble du texte de Saint<br />

Marc : ici (X-17) et, peu auparavant, en (IX-15). C'était alors un temps aussitôt<br />

après la Transfiguration. Jésus descend de la montagne (IX-9) accompagné de<br />

Pierre et Jacques et Jean. Ils viennent tous quatre "auprès des (= c. <strong>à</strong> d. 'de LES')<br />

discip<strong>les</strong> (et) ils virent une foule nombreuse... Et aussitôt toute la foule ayant-vu<br />

lui (= auton) fut saisie-de-frayeur et accourt-auprès de lui (= auton)" (IX-15).<br />

Voici, ô lecteur, que tu viens d'entendre encore une fois auton, comme <strong>dans</strong> la<br />

lexie avec ce 'un-unique (homme)', mais il y a des différences de comportement.<br />

La foule :<br />

entoure <strong>les</strong> discip<strong>les</strong><br />

(écoute) <strong>les</strong> scribes discuter auprès des discip<strong>les</strong><br />

voit Jésus qui vient<br />

est saisie-de-stupeur (...pourquoi ?)<br />

accourt-auprès de lui = auton<br />

et ' O N ' le saluait.<br />

Une des règ<strong>les</strong> de lecture, pour le texte de Saint Marc, dit que tout mot<br />

inattendu doit être examiné avec soin.<br />

Le verbe 'g: aspazomai = saluer' vient <strong>dans</strong> le texte :<br />

a) ici, en (IX-15)<br />

b) une seule autre fois, ailleurs, lorsque <strong>à</strong> la Passion <strong>les</strong> soldats "commencèrent <strong>à</strong><br />

le saluer : 'Réjouis-toi ! Roi des juifs !' Et ils tapaient avec un roseau sur sa<br />

tête..." (XV-18)<br />

Cette foule nombreuse est saisie-de-stupeur; mais le pronom indéfini 'on'<br />

L'attendait pour LE 'saluer' avec ironie, car SES discip<strong>les</strong> restés au pied de la<br />

montagne n'ont pas été capab<strong>les</strong> de guérir l'enfant malade. Ce n'est pas la foule<br />

qui salue, c'est simplement 'on'. La foule, elle, ne comprend pas mais voit en lui<br />

(= auton) quelqu'un hors de l'ordinaire.<br />

C'est ce même auton que "un-unique" (homme) (a vu et) approche afin de<br />

l'interroger.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


"UN - UNIQUE"<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 11 -<br />

1.- Je me suis demandé QUI était ce 'un-unique (homme)'. Les analyses qui<br />

précèdent m'ont fait comprendre QUI est AUTON, c. <strong>à</strong> d. ce que représente ce<br />

Jésus s'en-allant sur (son) chemin. AUTON est un homme qui descendit d'une<br />

montagne, où il était allé avec trois de ses discip<strong>les</strong>. Il retrouve ses autres<br />

discip<strong>les</strong>, ceux-ci entourés par des scribes se moquant d'eux <strong>à</strong> cause de leur<br />

incapacité <strong>à</strong> guérir un enfant. "IL <strong>les</strong> interrogea : '(De-)quoi discutez-vous<br />

auprès-d'eux ? (g: pros autous)'." (IX-16).<br />

La séquence s'est terminée par un geste-de-puissance et l'enfant fut guéri.<br />

2.- En (X-17), le 'un-unique (homme)' accourt-auprès (de lui) comme fit la<br />

foule. Peut-être est-il un de ceux-l<strong>à</strong> qui assistèrent <strong>à</strong> la guérison de l'enfant ?<br />

N'aurait-il pas été un de tous ceux-l<strong>à</strong> "lui apportant des petits-enfants afin qu'il<br />

<strong>les</strong> touche" (X-13) et peut-être a-t-il entendu la discussion qui suivit (X-14 et<br />

15). Alors, se rappelant, l'(homme) se demande de quoi ils discutaient et, afin de<br />

l'éprouver, il va lui poser sa question.<br />

3.- Pourquoi : afin de l'éprouver ? Ma lecture prend en compte la présence de<br />

"pros" :<br />

Jésus descend de la montagne avec <strong>les</strong> trois; "venant auprès des discip<strong>les</strong><br />

(= pros tous mathetas), ils virent une foule nombreuse autour d'eux (= peri autous)<br />

et des scribes discutant auprès d'eux (= pros autous)" (IX-14). Alors Jésus<br />

"<strong>les</strong> interrogea (= eperôtesen autous) : 'De quoi discutez-vous auprès d'eux (=<br />

pros autous) ?'." (IX-16).<br />

Je puis schématiser ainsi :<br />

pros tous mathetas peri autous<br />

(suzetountas) (discuter : participe)<br />

pros autous<br />

eperôtesen autous (interroger : aoriste)<br />

pros autous eperôtaô<br />

Le 'un-unique (homme)' a connaissance des faits :<br />

pros (dramôn) auton<br />

eperôta auton (interroger : imparfait)<br />

eperôtaô<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 12 -<br />

Le 'un-unique' a entendu Jésus interroger ses discip<strong>les</strong> car <strong>les</strong> scribes<br />

discutaient AUPRES (= pros) des discip<strong>les</strong>. Le lexique (au mot 'chercher')<br />

signale <strong>les</strong> divers emplois de 'discuter'; la simple lecture des différentes lexies<br />

présentées montre que ce verbe est loin d'être neutre et que ces 'discussions' sont<br />

plutôt des contestations. Mais le lecteur tendra l'oreille : voici la finale<br />

'suzetountas' (IX-14) qui va se retrouver <strong>dans</strong> 'gonupetesas' (X-17), finale qui<br />

abolit <strong>les</strong> rimes en ou !<br />

Ainsi le 'un-unique' devient presque un contestataire : il va, <strong>à</strong> son tour,<br />

'questionner' (= le verbe 'eperôtaô') et pour cela il lui faut ac-courir-AUPRES<br />

(= pros), refaisant ainsi ce que firent <strong>les</strong> scribes envers <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> (IX-14).<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi cet 'un-unique' s'adresse <strong>à</strong> auton, celui que la foule a vu et<br />

AUPRES (= pros) duquel elle accourut : le verbe 'pros-trecho' présent<br />

uniquement pour ces deux emplois de la foule (IX-15) et de 'un-unique' (X-17).<br />

4.- Je me suis demandé pourquoi le texte n'avait pas dit : "un-unique HOM-<br />

ME...". Le lexique me renseigne sur <strong>les</strong> deux mots grecs :<br />

'anthrôpos = homme ' et 'aner = homme°'.<br />

Le texte ne pouvait pas utiliser l'un quelconque de ces mots sans donner au<br />

lecteur une information erronée, car :<br />

- antrôpos = ce serait donc un homme, sans aucune attache avec le Dieu d'Israël.<br />

Cela semble impossible.<br />

- aner = ce serait donc un homme° 'juste' en Israël ? Cela est encore impossible,<br />

car tout juste (h: tsaddiq) doit connaître la réponse <strong>à</strong> la question posée.<br />

5.- Le texte ne donne pas, <strong>à</strong> ce 'un-unique (homme)', d'identité (= un nom<br />

propre, une définition permettant de la situer). Il y a donc la volonté de le laisser<br />

<strong>dans</strong> un certain anonymat.<br />

Aussi, j'ai pensé que cet 'un-unique' était un juif, simple, ordinaire, habituel,<br />

un peu une sorte de juif moyen, tel que la société en compte d'innombrab<strong>les</strong>.<br />

Etant membre de la communauté d'Israël, il a droit <strong>à</strong> sa part de l'Alliance, c. <strong>à</strong> d.<br />

de ce pacte passé entre l'Eternel et son peuple, jadis, au temps d'Abraham. Le<br />

'un-unique' est un 'fils d'Israël' et, comme tous <strong>les</strong> fils, il attend l'héritage. Que<br />

doit-il faire pour être assuré que le pacte de l'Alliance s'appliquera <strong>à</strong> lui ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 13 -<br />

6.- Cependant, rien n'est dit <strong>dans</strong> le texte, de la possibilité pour lui d'être 'fils<br />

d'Israël' car, réellement, depuis la séquence de la deuxième multiplication des<br />

pains, le lecteur sait que <strong>les</strong> "quatre-mille" (VIII-9) ont mangé ce pain après qu'il<br />

eut 'rendu-grâce', mais ces quatre-mille ne relèvent ni de 'anthrôpos', ni de 'aner'.<br />

Ce ne sont pas obligatoirement des juifs et ils n'ont pas eu <strong>à</strong> justifier de leur<br />

appartenance <strong>à</strong> l'une des douze tribus. Peut-être ce 'un-unique' est-il un des<br />

quatre-mille ou de leurs semblab<strong>les</strong> et faut-il voir en lui un 'fils d'adam' ? La<br />

Création, avec tout ce qui arriva au premier chapitre de la Genèse, est un<br />

patrimoine (= un ensemble de biens) que Dieu donna <strong>à</strong> l'homme.<br />

Dans sa réponse de (X-18 et 19), Jésus reprend la Loi fondamentale. Je sais<br />

que c'est une loi juive, donnée au Sinaï, <strong>à</strong> Moïse. Pourquoi ne serait-elle pas la<br />

vraie Loi valable pour tout homme, de toute l'humanité ?<br />

La réponse de (X-20) s'entend alors comme une parole pleine de sincérité :<br />

tout cela, je l'ai observé ! Et tout le texte peut alors se lire comme étant la Parole<br />

de Dieu dite <strong>à</strong> un (homme)... un homme de la "foule nombreuse" (cfr : IX-15)<br />

des hommes.<br />

SUR LE VERBE 'FAIRE'<br />

Le lexique offre une réflexion sur le verbe 'observer' (voir au mot 'prison'), car<br />

"un-unique (homme)" a posé sa question avec le verbe 'poieô' = "Que ferai-je<br />

afin d'avoir-en-héritage... ?" puis il dit son agir avec un autre verbe : 'g: phulassô'<br />

= "Tout ceci j'ai observé...".<br />

A un certain stade de mes études sur ce texte, j'ai cru que 'un-unique' était un<br />

juif, observant <strong>les</strong> commandements parce qu'ils sont la LOI du Décalogue. Voici<br />

que j'évolue et je vois <strong>dans</strong> cet 'un-unique' un (homme) issu de la "foule<br />

nombreuse" (de Genèse I ?), pas obligatoirement juif, mais ayant le savoir de<br />

l'Unicité de Dieu. Cet homme a pu très bien ne pas dire le verbe faire et utiliser<br />

observer sans se rendre compte de la signification que cela a pour <strong>les</strong> juifs. Une<br />

telle remarque est possible car la LOI (= deuxième table, celle envers le<br />

prochain) est une loi générale valable pour tous <strong>les</strong> hommes et elle n'est pas<br />

réservée <strong>à</strong> Israël. En outre, cela explique pourquoi Jésus ne dit que la deuxième<br />

table. Au verset (X-18), <strong>dans</strong> le début de sa réponse, Jésus dit l'identité de Dieu :<br />

IL est UNIQUE. L' (homme) va montrer, <strong>dans</strong> sa réponse, qu'il est d'accord. Il<br />

n'y a donc pas lieu de relire la première table de la Loi, celle relative aux cultes<br />

d'ido<strong>les</strong> ou de faux-dieux.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


FILS D ' ADAM<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 14 -<br />

L'exégèse vient de donner, pour 'un-unique', une définition qui permet de<br />

l'appeler : non plus 'Fils d'Israël', mais : 'fils d'adam'. Le renvoi ainsi fait vers<br />

Genèse (I-26) explique pourquoi Jésus commence sa réponse avec : "Pourquoi<br />

me dis-tu 'Bon' ? ", qui est une parole renvoyant <strong>à</strong> Genèse I.<br />

Revenant <strong>à</strong> la question posée par l' (homme), il est alors offert d'entendre :<br />

"Que ferai-je afin d'avoir-en-héritage la vie éternelle ?". Tout (homme), donc pas<br />

nécessairement un 'fils d'Israël', peut-il bénéficier des promesses d'Alliance<br />

faites jadis par Dieu ? Noé, un 'fils d'adam', a reçu la promesse pour lui, sa<br />

femme, ses fils et <strong>les</strong> femmes de ses fils (Genèse VIII-16 et 18, puis IX-1). Cette<br />

promesse est-elle toujours valable ?<br />

DUALITE<br />

Ainsi ai-je lu l'histoire de 'un-unique' et je prends conscience de<br />

l'impossibilité de choix entre 'antrôpos' et 'aner' pour le qualifier. Il était peutêtre<br />

'Fils d'Israël', <strong>à</strong> moins qu'il ne fut 'fils d'adam'. L'une et l'autre lectures<br />

peuvent être faites et restent <strong>dans</strong> leur cohérence. Car, cet homme est un juif<br />

semblable <strong>à</strong> ceux que je côtoie tout le long de ce texte; mais il peut aussi être<br />

'moi', qui vis le long du texte et bien souvent m'en éloigne m'assombrissant <strong>à</strong> ces<br />

mots qui, parfois, me rebutent et m'attristent (cfr :X-22).<br />

QUELQUES MATERIAUX<br />

L'ensemble de l'exégèse présentée <strong>dans</strong> ce chapitre, <strong>à</strong> l'occasion d'un-unique<br />

mot grec : " e î s ", a commencé avec la collecte d'un certain nombre de<br />

matériaux issus du texte.<br />

J'offre <strong>à</strong> mon lecteur de continuer, par lui-même, une telle méditation et voici<br />

quelques matériaux puisés <strong>dans</strong> (IX-14 <strong>à</strong> 29), et <strong>dans</strong> (X-17 <strong>à</strong> 22), dont il verra<br />

facilement la richesse :<br />

1.- a) pros + accusatif<br />

IX-14 (deux fois) - 16 - 17 - 19 (deux fois) et 20<br />

...mais n'existe pas ainsi entre (X-17) et (X-22).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 15 -<br />

1.- b) pros-trechô<br />

IX-15 et X-17 = ce sont <strong>les</strong> deux seuls emplois de tout le N.T. avec Actes (VIII-<br />

30).<br />

1.- c) Il n'y a aucun autre mot composé avec pros <strong>dans</strong> <strong>les</strong> deux <strong>séquences</strong><br />

analysées.<br />

2.- epi<br />

IX-20 : "epi tes ges = sur la terre"<br />

X-22 : "epi tô logô = <strong>à</strong> la Parole".<br />

Il n'y a aucun mot composé avec epi.<br />

3.- peri<br />

+ accusatif : (IX-14).<br />

Il n'y a pas d'emploi avec le génitif, ni aucun mot composé.<br />

4.- eis<br />

"eis odon = en chemin".<br />

5.- ek<br />

IX-17 : "ek tou ochlou = hors de la foule"<br />

IX-21 : "ek paidiothen = depuis l'enfance"<br />

X-20 : "ek neotetos mou = depuis ma jeunesse"<br />

Il y a également trois mots composés :<br />

ek-ballo IX-18<br />

ek-thambeomai IX-15 (Unique en N.T.)<br />

ek-poreuomai X-17.<br />

6.- eîs<br />

IX-17 : eîs ek ton ochlou<br />

= un-unique (homme) hors de la foule<br />

X-17 : pros-dramôn eîs<br />

= un-unique (homme) accourant-auprès<br />

X-18 : oudeis agathos ei me eîs to Theos<br />

= personne n'est bon sinon Unique le Dieu<br />

X-21 : en se ustereî'<br />

= une-unique (chose) te manque.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


POUR FINIR<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 16 -<br />

1.- Ainsi s'est construite peu <strong>à</strong> peu notre exégèse. Partant d'un mot très court<br />

'eîs', mais dont la puissance est très grande, car l'Unique contient le Tout, nous<br />

avons marché avec régularité sur LE chemin du Seigneur. D'autres sentiers te<br />

sont offerts grâce <strong>à</strong> tous ces matériaux et tu sens, ô lecteur, déj<strong>à</strong> briller en toi des<br />

clartés nouvel<strong>les</strong>.<br />

Ce "un-unique (homme)" (X-17), qui accourt pour "tomber-<strong>à</strong>-genoux (devant)<br />

LUI", pourquoi ne serait-ce pas ce "un-unique (homme)" (IX-17), le père de 'son<br />

fils' (IX-17) qui est "tombé sur la terre" (IX-20)... une expression que tu<br />

retrouveras au domaine de Gethsémani alors que le Fils, s'adressant au Père,<br />

tombait sur la terre (XIV-35), car il y a le même verbe (voir au lexique le mot<br />

tomber) et car :<br />

(IX-20) = (XIV-35) = "epi tes ges : sur la terre" !<br />

2.- Lecteur ! Tu ne dois pas lire tout le présent chapitre simplement pour te<br />

détendre. J'ai écrit <strong>à</strong> la Gloire de Dieu le Père, mais aussi pour rendre manifeste<br />

une nouvelle méthode d'exégèse du texte de Saint Marc.<br />

La première idée, pour lancer mon écrit, est venue par la poésie du texte et la<br />

finale en 'ou' qui brusquement se casse VERS '...dramôn'. Cela nous a permis de<br />

creuser méthodiquement tout autour et de trouver de nombreux cristaux de roche<br />

toujours plus resplendissants et de plus en plus importants. Ce qui était<br />

initialement une simple impression de lecture (la rupture des deux fina<strong>les</strong> en<br />

'ou') s'est imposé en renvoi de plus en plus puissant VERS la séquence avec des<br />

discip<strong>les</strong>, des scribes, une foule nombreuse.<br />

Ainsi est le parfum du texte : analyser un-unique et se trouver confronté <strong>à</strong><br />

une multitude. Etudiant, cherchant, déblayant, nous avons alors découvert,<br />

parmi tous ces gens, ce qui fut "un-unique (homme) hors de la foule" (IX-17).<br />

3.- L'ensemble du présent chapitre a été écrit sans faire aucune référence <strong>à</strong> la<br />

structure du texte de Saint Marc. Lecteur, tu te reporteras <strong>à</strong> la section étudiant<br />

cette "structure", et notamment au tableau commençant le chapitre : Les<br />

annonces de la Passion (<strong>dans</strong> le Tome VI <strong>à</strong> la page 4). Tu y verras comment<br />

trois <strong>séquences</strong> sont des "récits événementiels", avec notamment :<br />

I° IX-14 <strong>à</strong> 29 don de la Parole<br />

II° X-17 <strong>à</strong> 22 ENTENDRE la Loi.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(X-19)<br />

Le texte<br />

Les verbes<br />

Donnée fondamentale<br />

Constat I : la directe<br />

Constat II : la symétrique<br />

Conclusion I<br />

Constat III<br />

Une exception<br />

Témoigner<br />

Vision du témoignage<br />

Constat IV<br />

Examen des textes<br />

Conclusion II<br />

Méditation<br />

Les conjonctions<br />

Mystique d'un mot<br />

Annexe : le doigt de D.<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 17 -<br />

JESUS DIT LE DECALOGUE<br />

_______________<br />

_______________<br />

Voir : 'Honore ton père et ta mère' <strong>à</strong> la page VII-21.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 18 -<br />

A un-unique (homme) accouru auprès de lui, Jésus dit la seconde partie du<br />

Décalogue :<br />

" Tu sais <strong>les</strong> commandements :<br />

ne fais pas de meurtre<br />

ne sois pas adultère<br />

ne vole pas<br />

ne porte pas de faux témoignages<br />

ne fais pas de tort..." (X-19)<br />

Ceci est le texte de la deuxième table de la Loi, donnée par l'Eternel (Béni soit-<br />

IL !) <strong>à</strong> Moïse, sur le mont Sinaï (voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot Décalogue).<br />

LES VERBES<br />

Le texte ci-dessus est relatif aux rapports entre l'homme et son prochain et il<br />

prononce cinq interdictions, chacune étant constituée de la particule négative<br />

(grecque) : ME, suivie du verbe d'action. Les cinq verbes sont <strong>les</strong> suivants :<br />

1.- phoneuô faire-un-meurtre unique en Saint Marc<br />

2.- moicheuô être-adultère unique en Saint Marc<br />

3.- kleptô voler unique en Saint Marc<br />

4.- pseudo-martureô trois fois en Saint Marc<br />

5.- apo-stereô faire-du-tort unique en Saint Marc.<br />

DONNEE FONDAMENTALE<br />

Lorsqu'un commandement est énoncé pour Israël, il peut être présenté par :<br />

une formulation positive : Fais telle chose ! C'est une obligation de faire,<br />

mais il peut y avoir des excuses si, en certaines circonstances, il n'a pas été fait.<br />

une formulation négative : ne-fais pas telle chose ! C'est une faute très<br />

grave que de transgresser un tel commandement, car il faut une volonté<br />

nettement exprimée pour blasphémer la Loi.<br />

Les cinq commandements mentionnés ci-dessus et qui sont la deuxième des<br />

tab<strong>les</strong> de la Loi ont tous une formulation négative. Ce sont des lois<br />

fondamenta<strong>les</strong> qu'il serait très grave de transgresser.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


CONSTAT I : LA DIRECTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 19 -<br />

Une première loi du texte de Saint Marc énonce que, si un verbe d'action est<br />

'nié', c. <strong>à</strong> d. soumis <strong>à</strong> l'interdiction d'agir par une négation venue <strong>à</strong> son côté, le<br />

verbe disparaît du texte. Chaque fois un verbe 'disparu' du texte ne peut<br />

revenir <strong>dans</strong> le texte (= être ré-introduit) que par Dieu (= le Messie).<br />

Exemple : Au verset (XVI-8), <strong>les</strong> femmes "ne dirent° rien <strong>à</strong> personne". Le texte<br />

doit se soumettre et ne plus utiliser, par la suite, le verbe 'dire°'. Ainsi, Marie-<br />

Madeleine n'a pas 'dit°', mais elle "annonça" (XVI-10). De même, <strong>les</strong> "deux hors<br />

d'eux" ne 'dirent°' pas, mais "annoncèrent" (XVI-12 et 13). Le verbe 'dire°' sera<br />

ré-introduit <strong>dans</strong> le texte lorsque Dieu en marquera la volonté et ceci arrivera<br />

au verset (XVI-15) : Et Jésus "leur dit°".<br />

Ici, au Décalogue, il en est de même pour quatre des verbes : phoneuô,<br />

moicheuô, kleptô, apo-stereô. Ils ne paraîtront plus après le verset (X-19).<br />

Pour l'instant, je dois réserver pseudo-martureô qui se comporte différemment.<br />

CONSTAT II : LA SYMETRIQUE<br />

Analysant la partie du texte de Saint Marc précédant le verset (X-19), il faut<br />

noter que <strong>les</strong> quatre verbes ci-dessus sont encore absents. Je vois <strong>dans</strong> ceci une<br />

volonté bien arrêtée du texte.<br />

Le Décalogue est la Loi, telle qu'elle fut gravée par le doigt de Dieu <strong>dans</strong> la<br />

pierre afin d'être donnée <strong>à</strong> Moïse. La deuxième partie de la Table de la Loi, celle<br />

contenant <strong>les</strong> prescriptions envers le prochain, est constituée de commandements<br />

négatifs : Tu ne feras pas... et elle est entrée en vigueur au moment précis où<br />

Dieu la donna <strong>à</strong> Moïse. Donc, puisque au Sinaï Dieu en a interdit l'usage par<br />

sa Table de la Loi, ces quatre verbes ne peuvent pas être <strong>dans</strong> le texte qui<br />

précède le verset (X-19).<br />

CONCLUSION I<br />

Assemblant <strong>les</strong> deux constats I et II ci-dessus, le lecteur prendra acte de<br />

l'impossibilité pour chacun de ces quatre verbes : phoneuô, moicheuô, kleptô et<br />

apo-stereô d'être utilisé en Saint Marc soit avant, soit après le verset (X-19).<br />

C'est pourquoi ils sont d'un 'emploi unique en Saint Marc'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


CONSTAT III<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 20 -<br />

Le lecteur pourra se demander pourquoi il est absolument impossible que l'un<br />

de ces verbes reviennent après le verset (X-19). Selon la loi du texte, il faudrait<br />

que Jésus le Messie ré-introduise le verbe en l'utilisant <strong>dans</strong> sa forme active :<br />

Dieu respecte ses propres lois et aucun de ces verbes ne PEUT revenir.<br />

UNE EXCEPTION<br />

Cependant, il y a un cinquième verbe : 'pseudo-martureô', paraissant vouloir<br />

mal s'inclure <strong>dans</strong> <strong>les</strong> constats précédents. Le lecteur remarquera d'abord que,<br />

conformément <strong>à</strong> ce qui est dit ci-dessus, le verbe 'pseudo-martureô' ne s'est<br />

pas manifesté avant le verset (X-19). Il respecte donc la loi du Sinaï.<br />

Le texte va faire revenir deux fois ce verbe après le verset (X-19) :<br />

XIV-56 beaucoup...<br />

XIV-57 et quelques-uns...<br />

...portaient-de-faux-témoignages contre Jésus.<br />

Le verbe revient ainsi deux fois afin que "beaucoup", puis "quelques-uns se<br />

levant" blasphèment le Décalogue "en disant" leur témoignage (voir au lexique,<br />

au mot 'dire', le paragraphe d'analyse sur la fausseté contenue <strong>dans</strong> "en disant"),<br />

et, "pas même ainsi leur témoignage n'était égal" (XIV-59).<br />

Le verbe 'pseudo-martureô' vient donc, au total, trois fois <strong>dans</strong> tout le texte de<br />

Saint Marc. A trois, il y a l'aboutissement : le Grand Prêtre a tout entendu.<br />

Imitant ces "quelques-uns" qui se sont levés pour porter-le-faux-témoignage, lui<br />

aussi se-lève et il parle le verbe 'kata-martureô' : "Tu ne réponds rien ? Quoi<br />

témoignent contre toi ceux-ci ?" (XIV-60)<br />

TEMOIGNER<br />

Lecteur ! Tu iras au lexique entendre le 'témoignage' et tu verras comment le<br />

radical 'marturion' entre <strong>dans</strong> le texte au verset (I-44) grâce <strong>à</strong> Moïse; il vivra<br />

trois emplois présentés <strong>à</strong> l'identique : 'g: marturion AUTOIS = en témoignage<br />

(pour) eux'.<br />

Ensuite vient notre verbe du Décalogue : 'pseudo-martureô', encore pour trois<br />

emplois.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 21 -<br />

Puis il y a le 'témoignage = g: marturia' qui est pour trois emplois <strong>dans</strong> la<br />

zone de texte (XIV-55 <strong>à</strong> 59). La hiérarchie du Temple cherche un témoignage<br />

(XIV-55 = un seul ?); elle entend des témoignages (= le pluriel) qui ne sont pas<br />

égaux (XIV-56) et elle ne peut pas même retenir un témoignage concordant<br />

(XIV-59).<br />

Alors le Grand Prêtre se lève et il dit 'témoigner-contre = g: kata-martureô'<br />

(XIV-60) et il doit dire sa conclusion : "Pourquoi avons-nous encore besoin de<br />

témoins ? (XIV-63 = g: marturon). Vous avez-entendu le blasphème (XIV-64 =<br />

g: blasphemias)". Il ne sera plus jamais question, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc,<br />

d'un quelconque mot grec de la famille des 'martyrs'.<br />

Ainsi ai-je entendu <strong>les</strong> accords dissonants d'une musique sérielle construite<br />

faussement avec des témoignages : partie du "témoignage° (pour) eux" prescrit<br />

par Moïse, elle 'déchire° ses tuniques' (cfr : XIV-63) pour aboutir au<br />

"blasphème" (XIV-64).<br />

VISION DU TEMOIGNAGE<br />

Moi-je vois se lever au commencement du texte, comme trois fois le<br />

'témoignage°' semblable aux trois apôtres <strong>à</strong> qui fut réservé de voir <strong>les</strong><br />

resplendissements du blanc sur "une montagne élevée". J'ai vu ensuite, fils de la<br />

mémoire, venir celui-l<strong>à</strong> issu de l'Exode, ou du Deutéronome, tel qu'il fut gravé<br />

sur la pierre pour une particule négative. Les quatre premiers emplois sont<br />

comme un (té-moignage) offert aux deux coup<strong>les</strong> de frères de la mer de Galilée.<br />

Le cinquième est venu, comme le cinquième apôtre, comptable <strong>dans</strong> ses<br />

livres, cherchant <strong>à</strong> équilibrer (ou : déséquilibrer ?) un bilan. Pour moi, ce fut<br />

Lévi (II-14), nom porteur de prêtrise en rapprochement avec <strong>les</strong> grands-prêtres<br />

et le sanhédrin (XIV-55). Eux aussi cherchaient <strong>à</strong> mettre de l'ordre <strong>dans</strong> tous <strong>les</strong><br />

rapports, procès-verbaux, écrits divers qui étaient envoyés au Temple au sujet de<br />

Jésus.<br />

Et d'autres sont venus qui firent Témoignage et il y eut Onze en tout. Le<br />

douzième, "celui qui le livra" (cfr : III-19) avait pour nom : "blasphème" car dès<br />

qu'ils l'eurent entendu, "tous <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> anciens et <strong>les</strong> scribes (= le<br />

sanhédrin entier) "LE condamnèrent étant coupable de mort" (XIV-64).<br />

Alors, "jetant-mon-attention-sur-cela,<br />

j'ai pleuré" (cfr : XIV-72)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


CONSTAT IV<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 22 -<br />

J'ai scruté <strong>les</strong> présences du verbe 'g: pseudo-martureô'. Ce verbe vient de<br />

Exode (XX-16) :<br />

"ou pseudomartureseis kata tou p<strong>les</strong>ion sou marturian pseude =<br />

tu ne prêteras-pas-de-faux-témoignages contre le prochain de toi<br />

avec-des-témoignages faux".<br />

Au Nouveau Testament, il est uniquement présent en :<br />

<strong>Mc</strong> X-19 me pseudomartureses<br />

Mt XIX-18 ou pseudomartureseis<br />

Lc XVIII-20 me pseudomartureses<br />

... et, bien entendu, en <strong>Mc</strong> (XIV-56 et 57) pour la condamnation <strong>à</strong> mort. Le<br />

verbe n'est nulle part ailleurs <strong>dans</strong> le N.T.<br />

Lecteur : tu noteras que <strong>les</strong> textes de <strong>Mc</strong> - Mt et Lc sont tous trois relatifs <strong>à</strong> la<br />

même séquence = Jésus dit le Décalogue <strong>à</strong> celui qui l'interroge.<br />

EXAMEN DES TEXTES<br />

Les textes grecs présentent <strong>les</strong> caractéristiques suivantes :<br />

1.- Texte de Saint Luc :<br />

<strong>les</strong> quatre premières interdictions = même formulation que <strong>Mc</strong>, sauf une<br />

modification <strong>dans</strong> l'ordre des interdictions.<br />

ne-fais-pas-de-tort = absent en Lc, ce qui est normal car la formulation de <strong>Mc</strong><br />

diffère de celle de la Septante.<br />

honore ton père et ta mère = même formulation que <strong>Mc</strong>.<br />

Pourquoi Saint Luc a-t-il changé l'ordre des textes ? S'adressant aux païens,<br />

n'aurait-il pas voulu insister sur <strong>les</strong> liens sacrés du mariage en créant ainsi un<br />

chiasme :<br />

pas adultère<br />

pas de meurtre<br />

pas voler<br />

pas de faux témoignage<br />

honore ton père et ta mère,<br />

car ce que tu honores en tes parents, c'est qu'ils n'ont pas été adultères (et que<br />

TON père n'a pas répudié LA mère... ce qui est conforme <strong>à</strong> l'énoncé du texte et<br />

ce que <strong>les</strong> païens peuvent facilement comprendre.)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 23 -<br />

2.- Texte de Saint Matthieu :<br />

Il diffère du texte de Saint Marc par la négation : il n'y a pas 'g: me' comme en<br />

<strong>Mc</strong>, mais 'g: ou' comme <strong>dans</strong> la Septante.<br />

Mt, comme Lc, ne conserve que <strong>les</strong> quatre premières interdictions et abandonne<br />

la cinquième (ne-fais-pas-de-tort), puisque ce n'est pas <strong>dans</strong> l'Exode. Mt note<br />

"honore le père et la mère" et laisse tomber le possessif 'g: sou'. Ceci est normal :<br />

comment Saint Matthieu qui est juif et écrit pour des juifs de la diaspora,<br />

pourrait-il leur expliquer :<br />

a) la cinquième interdiction n'est pas <strong>dans</strong> l' Exode avec cette formulation<br />

b) que 'sou' ne soit présent qu'une seule fois pour 'patera' ?<br />

Mais Saint Matthieu respecte :<br />

a) la négation grecque 'ou' de la Septante<br />

b) l'ordre des interdictions selon la bible hébraïque (car lui, Mt, reste juif).<br />

CONCLUSION II<br />

Outre la question posée(1) par la formulation sur 'Honore ton père et ta mère',<br />

et revenant <strong>à</strong> la seule analyse du verbe 'g: pseudomartureô', je constate que ce<br />

verbe n'existe, <strong>dans</strong> l'ensemble du N.T., que par Saint Marc, puisque je sais (par<br />

ailleurs) que le texte de Saint Marc est le plus ancien ET qu’<strong>à</strong> la fois Saint<br />

Matthieu et Saint Luc ont, l'un et l'autre, eu a leur disposition le texte de Saint<br />

Marc avant d'écrire chacun leur propre texte.<br />

Le verbe 'pseudomartureô' doit être considéré comme UNIQUE en N.T.<br />

puisque l'emploi en Mt (XIX-18) et l'emploi en Lc (XVIII-20) sont l'un et l'autre<br />

issus du texte de Saint Marc.<br />

MEDITATION<br />

Le verbe 'pseudomartureô' se comporte différemment de ses quatre frères<br />

puisqu'il vient, ultérieurement, deux fois encore comme accusateur de Jésus,<br />

apportant <strong>les</strong> faux-témoignages qui mèneront, par le blasphème, <strong>à</strong> la<br />

condamnation <strong>à</strong> mort. J'ai ressenti en moi une douleur violente lorsque j'ai<br />

constaté que ce verbe est 'Unique en N.T.' : il est le verbe par qui arrive<br />

l'assassinat du Messie et nul autre, parmi <strong>les</strong> auteurs chrétiens des livres retenus<br />

comme Ecriture Canonique, ne s'en est servi.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 24 -<br />

Seuls Mt et Lc ont osé le copier ... mais ils n'avaient pas conscience de la<br />

puissance de ces 'constats'. Je pense que ceci est l'effet du H a s a r d : c'est<br />

ainsi que j'appelle l'Inspiration, qui est accomplissement en un-signe de la<br />

Volonté de Dieu.<br />

Le texte de Saint Marc est doublement inspiré : d'abord en lui-même par la<br />

structure, l'emploi des divers mots, leurs nombres et leurs jeux de position, et<br />

toute la cohérence. Il est ensuite marqué "DU DOIGT de Dieu"(2) puisque<br />

son inspiration SE projette <strong>dans</strong> le futur du texte : le signe en est le<br />

bannissement <strong>à</strong> vie du verbe 'pseudomartureô'.<br />

Si tu veux, ô lecteur, voir de semblab<strong>les</strong> signes, prends la liste des mots grecs<br />

(voir : Tome VI) que Saint Marc a utilisés et qu'il est le seul <strong>à</strong> avoir proposés aux<br />

lecteurs du N.T. Tu <strong>les</strong> étudieras, tu chercheras et, quand tu hésiteras, prends un<br />

long temps de silence, c'est <strong>à</strong> dire de prière. Alors tu entendras en toi le texte te<br />

parler. Il te dira quoi faire, où chercher, comment écouter ce qu'il expose et tu<br />

trouveras. Ce sera pour toi une violente douleur d'amour en ton Etre. Ainsi,<br />

regarde et mesure le chemin que nous venons ensemble de parcourir. Le tableau<br />

du début devient :<br />

1.- phoneuô faire-un-meurtre unique en Saint Marc<br />

2.- moicheuô être-adultère unique en Saint Marc<br />

3.- kleptô voler unique en Saint Marc<br />

4.- pseudo-martureô UNIQUE EN N.T.<br />

5.- apo-stereô faire-du-tort unique en Saint Marc<br />

Le quatrième verbe marque la plénitude du blasphème de la LOI :<br />

c'est assassiner Dieu !<br />

Au troisième emploi de ce verbe a lieu l'ASSASSINAT !<br />

LES CONJONCTIONS<br />

La puissance du verbe 'pseudomartureô' est présentée par <strong>les</strong> conjonctions<br />

servant <strong>à</strong> introduire <strong>les</strong> phrases de chacun des versets utilisant ce verbe :<br />

X-19 (pas de conjonction, mais :) NE - PAS<br />

XIV-56 CAR beaucoup...<br />

XIV-57 ET quelques-uns...<br />

Le texte dit : "NE témoignez PAS faussement, CAR beaucoup l'ont fait... ET<br />

quelques-uns l'ont aussi fait... Vous entendez le blasphème ? ...<br />

Tous le condamnèrent <strong>à</strong> mort !"<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


MYSTIQUE D ' UN MOT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 25 -<br />

J'ai voulu poursuivre encore l'examen des cinq verbes et j'ai re-gardé la<br />

Septante (= le texte en langue grecque de la Bible des juifs). Le tableau cidessous<br />

donne <strong>les</strong> résultats auxquels je suis parvenu :<br />

Les verbes Nombre d'emplois <strong>dans</strong> la Tora<br />

1 phoneuô Ex = 2 + Nu = 11 + Dt = 4 total = 17<br />

2 moicheuô Ex = 1 + Le = 3 + Dt = 1 total = 5<br />

3 kleptô Ge = 7 + Ex = 7 + Le = 1 + Dt = 2 total = 17<br />

4 pseudo-martureô (Uniques : Ex (XX-16) /Dt (V-20) total = 2<br />

5 apo-stereô (Uniques : Ex (XXI-10)/Dt (XXIV-14)total = 2<br />

Et, en plus :<br />

<strong>les</strong> verbes 1 phoneuô / 2 moicheuô / 3 kleptô / 5 apo-stereô<br />

sont utilisés diverses fois <strong>dans</strong> le reste du Nouveau Testament<br />

Voici le témoignage de ce tableau : le verbe 'pseudomartureô' n'existe que<br />

<strong>dans</strong> le Décalogue (Exode + Deutéronome) et il ne vient nulle part ailleurs.<br />

Pourtant, un mot de même nature se trouve en emploi isolé (c. <strong>à</strong> d. une-unique<br />

fois) au livre de Daniel : 'g: pseudo-martus' = "... puis ils s'élevèrent contre <strong>les</strong><br />

deux anciens que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d'avoir porté<br />

faux témoignage et ils leur firent le mal qu'eux-mêmes avaient méchamment<br />

imaginé contre leur prochain, AFIN D'ACCOMPLIR LA LOI DE MOISE :<br />

ils <strong>les</strong> firent MOURIR." (Daniel - Suzanne 61 et 62). C'est le seul emploi de<br />

tout l' A.T. de ce mot et de cette racine avec le préfixe 'pseudo-'.<br />

Lecteur ! Il est un moment où il faut savoir arrêter ton temps ! Le verbe<br />

'pseudomartureô' est utilisé d'une façon remarquable et tu viens de constater qu'il<br />

est uniquement <strong>dans</strong> le Décalogue. Un seul dérivé de ce verbe arrive, d'une<br />

façon unique, <strong>dans</strong> le livre de Daniel : ceux-l<strong>à</strong> qui ont porté de faux témoignages<br />

subissent la peine de mort. Le texte, comme pour s'excuser d'avoir usé du mot le<br />

plus affreux dit son excuse : "afin d'accomplir la Loi de Moïse".<br />

C'est au NOM de Moïse que le texte a écrit le mot qui deviendra, <strong>dans</strong> le<br />

texte de Saint Marc, celui par lequel arrive la condamnation <strong>à</strong> mort du<br />

Messie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Lecteur !<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 26 -<br />

Depuis <strong>les</strong> temps d'avant le Messie, nul écrit canonique des juifs n'a osé avoir<br />

recours <strong>à</strong> ce verbe. L'Eternel l'a gravé de son doigt, mais aucun homme ne l'a<br />

employé. Depuis avant <strong>les</strong> temps jusqu'<strong>à</strong> l'après du temps, il n'y aura jamais que<br />

"beaucoup" (XIV-56), puis "quelques-uns"(XIV-57). Alors le Grand Prêtre<br />

entend, se-lève, déchire sa tunique et raye de façon définitive tous <strong>les</strong> mots de la<br />

famille des "témoins". Pour ce faire, il introduit <strong>dans</strong> le texte un mot nouveau<br />

qui sera utilisé cette seule fois : 'g: martus = témoin' (XIV-63). Et le texte<br />

entendra. Et le texte n'aura plus jamais recours <strong>à</strong> lui.<br />

Comme il fallait qu'un douzième arrive, AFIN DE LE LIVRER , le Grand<br />

Prêtre présente "le blasphème" (XIV-64). Mais le NOM des 'témoins' va<br />

grandir <strong>dans</strong> l'histoire de l'Eglise par l'offrande de leur sang en rachat du<br />

'blasphème'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANNEXE : LE DOIGT DE D.<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 27 -<br />

Ils étaient tous l<strong>à</strong>, assis devant moi, silencieux. "ILS" = ? Oui : tous ceux qui,<br />

cette année-l<strong>à</strong>, comme moi, étaient venus étudier <strong>à</strong> l'école d'exégèse hébraïque<br />

de Césarée, au temps d'Origène.<br />

Tous étaient l<strong>à</strong>, attentifs, immobi<strong>les</strong>, peut-être saisis-de-crainte ? Je ne l'ai<br />

appris que plus tard : ils avaient écouté avec beaucoup d'attention ce que j'avais<br />

pu dire, entre nous, pendant <strong>les</strong> pauses entre <strong>les</strong> cours; or, je m'étais laissé aller <strong>à</strong><br />

raconter ce que j'avais lu <strong>dans</strong> le texte grec (= la Septante) au sujet du verbe<br />

'pseudo-martureô'. Ils s'étaient inquiétés car leur référence, conformément <strong>à</strong><br />

l'enseignement que nous recevions, était uniquement le texte en hébreu et ils<br />

considéraient le texte grec comme un adjuvant vernaculaire pour ceux de la<br />

diaspora.<br />

Etonnés pourtant d'apprendre qu'un texte grec puisse (d'une certaine façon)<br />

être 'inspiré', ils étaient allés trouver le Grand Maître Rabban et lui avaient<br />

expliqué. Finalement, celui-ci avait décidé : je devrais, devant eux tous,<br />

commenter <strong>dans</strong> la Septante le mot grec 'pseudomartureô' tel il arrive au Livre<br />

de Moïse, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>chapitres</strong> de l'Exode et du Deutéronome. Je devrais aussi leur<br />

parler du texte (pour eux : apocryphe) de l'histoire de Suzanne.<br />

Ils étaient tous l<strong>à</strong> : mes compagnons de cours, et <strong>les</strong> professeurs, et aussi avec<br />

eux : <strong>les</strong> scribes et <strong>les</strong> anciens. Alors, <strong>dans</strong> ce temps posé juste avant le<br />

commencement de mon exposé, je vis l'insolite de la situation et leurs regards<br />

inquiets. J'entendis le silence. L'équation s'était mise toute seule en place :<br />

(incohérence + crainte), avec le silence...<br />

Je pris conscience de la Puissance et de l'Autorité <strong>dans</strong> une telle situation. C'est<br />

pourquoi, au lieu d'analyser la traduction en grec faite par <strong>les</strong> juifs d'Alexandrie,<br />

lentement / très l e n t e m e n t / j'écrivis sur le mur, avec <strong>les</strong> caractères hébreux<br />

et de droite <strong>à</strong> gauche, le texte de la deuxième table de la Loi telle que D.(3) la<br />

grava :<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Texte de EXODE XX :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 28 -<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Traduction :<br />

1 ne-pas faire-de-meurtre<br />

2 ne-pas être adultère<br />

3 ne-pas voler<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 29 -<br />

4 ne-pas-porter-témoignage contre-ton prochain en-mensonges<br />

5 ne-pas convoiter la-maison de ton prochain Exode<br />

ne-pas convoiter la femme de ton prochain Deutéronome<br />

Transcription = (le texte hébreu se lit de droite <strong>à</strong> gauche)<br />

1 lo tir-tsah<br />

2 lo tin-af<br />

3 lo tig-nav<br />

4 lo ta-'a-ne be-re-' a-kha 'ed shaker<br />

5 lo tah-mod bet re-'a-kha ...<br />

((Ces mots, transcrits phonétiquement, se lisent de gauche <strong>à</strong> droite)).<br />

Comme je l'ai fait ici, je gravais sur le mur <strong>les</strong> deux flèches montrant le tiret et<br />

je leur dis<br />

"Voici <strong>les</strong> textes que Moïse écrivit aux deux <strong>chapitres</strong> de son Livre.<br />

a) Les deux textes ne diffèrent que par la lettre initiale 'vav' (quatre fois et<br />

signalée par une petite flèche ).<br />

Dans le Deutéronome, ce 'vav' précise l'égalité absolue entre <strong>les</strong> lois. El<strong>les</strong> ont<br />

même importance et sont nées au même instant, simultanément. Semblablement,<br />

il y eut, aux six jours de la Création (Genèse I-1), une lettre initiale répétitive<br />

marquant l'immobilité de ce qui deviendra l'horloge du temps pour <strong>les</strong> hommes.<br />

Ici, aucune de ces lois ne dépasse en importance <strong>les</strong> autres lois; el<strong>les</strong> furent<br />

instituées mêmement et simultanément par D.(4), qui <strong>les</strong> grava de son doigt.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 30 -<br />

b) Le trait d'union (signalé par une grande flèche ) vient deux fois,<br />

identiquement, entre la négation et le verbe du témoignage. Vous l'appelez 'h:<br />

maqqef' et il est, d'ordinaire, semblable <strong>à</strong> la pause musicale. C'est le signe gravé<br />

pour alerter le lecteur et lui dire d'inspirer fortement car il va avoir <strong>à</strong> franchir un<br />

ensemble de mots devant rester unis.<br />

Ici, ce n'est pas le cas puisque l'écart entre <strong>les</strong> textes de l'Exode et du<br />

Deutéronome signale, par le 'et' de coordination (la lettre 'vav') une égalité de<br />

valeur pour <strong>les</strong> cinq commandements. Ici, le maqqef n'est pas un signe technique<br />

pour la lecture. C'est un espace de vide écrit par D. obligeant le lecteur <strong>à</strong><br />

marquer un arrêt :<br />

voici le mot par lequel Israël<br />

fera le meurtre du Messie,<br />

deviendra adultère envers l'Alliance,<br />

volera le drap<br />

(des holocaustes, des prières, des jeûnes, et dilapidera le rituel hérité de nos<br />

pères ... cfr : <strong>Mc</strong> XIV-52).<br />

Le trait d'union (maqqef) est le signe de ce que Israël va faire survenir(5) au<br />

sujet du Messie. D. a gravé ce trait avec son doigt <strong>dans</strong> le creux de la pierre. IL<br />

l'a fait au coeur du texte hébreu.<br />

Vous cherchiez de SA part un signe du ciel ? (<strong>Mc</strong> VIII-11) ... et vous avez LE<br />

SIGNE <strong>dans</strong> l'Ecriture, DUALITE de deux mêmes signes <strong>dans</strong> la Table des<br />

deux textes. LE SIGNE EST UNIQUE puisqu'il n'y a qu'UNE LOI.<br />

Vous désiriez ENTENDRE de moi le texte grec : il vous suffit de VOIR le<br />

texte hébreu !<br />

Pourquoi cette génération cherche-t-elle un signe ? ... alors que Moïse, ayant<br />

cassé <strong>les</strong> tab<strong>les</strong> écrites du doigt de D. fut obligé, lui, le serviteur Moïse, de<br />

graver <strong>à</strong> nouveau le même texte ...<br />

... toujours avec LE MEME SIGNE !"<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 31 -<br />

Note 1 : la question posée = page : 23<br />

Voir le chapitre 'Honore ton père et ta mère' <strong>à</strong> la page VII-21.<br />

Note 2 : "DU DOIGT de DIEU" = page : 24<br />

Les deux Tab<strong>les</strong> de la Loi, encore appelées Tab<strong>les</strong> du Témoignage, ont été<br />

données <strong>à</strong> Moïse sur le mont Sinaï. Dieu <strong>les</strong> avait écrites Lui-même et il avait<br />

gravé <strong>les</strong> deux plaques de pierre avec son doigt : "tas duo plakas tou marturiou,<br />

plakas lithinas, gegrammenas tô dactulô tou Theou" (Exode XXXI-18).<br />

Voir ci-dessus : 'Annexe : Le doigt de D.'.<br />

Note 3 : telle que D. = page : 27<br />

Je me sens obligé, étant donné la solennité de la situation, de respecter, <strong>dans</strong><br />

cette 'explication', l'usage des juifs et je ne puis écrire le NOM autrement que<br />

sous cette forme conventionnelle.<br />

Note 4 : par D. = page : 29<br />

Bien entendu, lorsque je parlais, je prononçais CE-QUE l'on est autorisé <strong>à</strong><br />

prononcer pour dire l'Eternel (Béni soit-IL !). Mais, pour mon écrit, je conserve<br />

la forme "D.".<br />

Note 5 : survenir = page : 30<br />

Voir l'unique emploi de ce verbe <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc : "Et aussitôt ...<br />

SURVIENT Judas..." (XIV-43), avec tout Israël ! Et il y eut "un signe<br />

convenu" (XIV-44). Ce signe fut le trait d'union ((= "un baiser")) entre la<br />

négation et le verbe témoigner ...<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(X-32 <strong>à</strong> 52)<br />

Lecture théologique de (X-32)<br />

" L E S " discip<strong>les</strong><br />

Monter vers Jérusalem<br />

Nous asseoir !<br />

Jéricho<br />

Synthèse<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 32 -<br />

PAR JERICHO<br />

_______________<br />

LECTURE THEOLOGIQUE DE (X-32)<br />

Un jour, un frère m'a dit ses hésitations <strong>à</strong> la lecture du verset (X-32) : ils sont<br />

en chemin et ils sont stupéfiés, bref ils craignent. S'agit-il des apôtres ? Pourquoi<br />

le suivent-ils ? Ceux qui suivent sont-ils d'un autre groupe que ceux qui sont en<br />

chemin ?<br />

J'ai entendu combien était grande l'errance de celui-l<strong>à</strong> mais moi, je n'ai pas su<br />

répondre <strong>à</strong> sa question car un verset, surtout pris isolément, est toujours difficile<br />

et semble vide. J'ai pensé que c'était un sujet d'étude qui m'était envoyé et j'ai<br />

voulu lire théologiquement ce verset <strong>dans</strong> l'endroit où il arrive <strong>dans</strong> le texte, c. <strong>à</strong><br />

d. avec la connaissance de tous <strong>les</strong> événements arrivés auparavant, mais - bien<br />

entendu - sans utiliser ce qui est au-del<strong>à</strong>, <strong>à</strong> la suite. Bref, j'ai appliqué la méthode<br />

de lecture <strong>à</strong> partir des données de 'lectio divina' (par verset, pour X-32) et du<br />

lexique pour chacun des mots rencontrés.<br />

Voici le résultat de ma recherche.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 33 -<br />

"Or ils étaient en chemin, en montant vers Jérusalem."<br />

a) chemin :<br />

sens littéral = ils sont sur le chemin et vulgairement nous dirions : ils sont en<br />

route vers Jérusalem.<br />

sens allégorique = le chemin étant aussi la puissance (voir <strong>dans</strong> le Lexique le<br />

mot chemin), ils sont en train d'acquérir la 'puissance' qui leur permettra<br />

d'arriver, ultime étape, <strong>à</strong> la ville de David et alors ce sera l'aboutissement de tout<br />

le récit.<br />

sens historique = en (IX-33) Jésus <strong>les</strong> interrogeait : "<strong>à</strong> quoi réfléchissiez-vous en<br />

chemin" avec, au texte grec :<br />

(IX-33) = (X-32) = en te odô.<br />

Le récit donnera tout <strong>à</strong> l'heure l'explication : "ils étaient-stupéfiés", ce qui est<br />

leur comportement en suite <strong>à</strong> leur réflexion.<br />

b) montant :<br />

Le verbe 'g: ana-baino' suivi de 'eis'. L'expression reviendra <strong>dans</strong> quelques<br />

instants au verset (X-33). Ces deux mots ont déj<strong>à</strong> été rencontrés côte <strong>à</strong> côte :<br />

III-13 : (Jésus) "monte vers la montagne.<br />

Et il appelle-auprès (de lui) ceux que lui voulait".<br />

VI-51 : (Jésus) "monta auprès d'eux vers la barque.<br />

Et le vent s'apaisa."<br />

X-32 : Ici vient le troisième emploi de 'ana-baino + eis', ce qui oblige <strong>à</strong> la<br />

réalisation et <strong>à</strong> l'aboutissement de l'action.<br />

c) ils :<br />

QUI est derrière ce pronom ? Les résultats des deux paragraphes 'a' et 'b' cidessus<br />

donnent :<br />

IX-33 : ceux-l<strong>à</strong> qui, en chemin, réfléchissaient.<br />

III-13 : ceux que lui voulait et qu'il appela-auprès (de lui).<br />

VI-51 : ceux qui sont <strong>dans</strong> la barque : "il contraignit ses discip<strong>les</strong> <strong>à</strong> monter°<br />

(g: em-baino) vers la barque (g: eis to ploion)" (VI-45), ce qui est confirmé part<br />

le fait que le verset (VI-51) dit : "eux vers la barque (g: eis to ploion)".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


"Et Jésus était <strong>à</strong> <strong>les</strong> précéder."<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 34 -<br />

d) précéder :<br />

Le mot vient de (VI-45). (Jésus) "contraignit ses discip<strong>les</strong> <strong>à</strong> monter° vers la<br />

barque et <strong>à</strong> (le) précéder vers l'autre rive (g: eis to peran) auprès de Beth-Saïde".<br />

Ceci confirme le paragraphe 'c' ci-dessus.<br />

e) <strong>les</strong> :<br />

Ou encore : 'ses discip<strong>les</strong>', ainsi qu'il est dit ci-dessus.<br />

"Et ils étaient-stupéfiés."<br />

f) stupéfiés :<br />

C'est comme pour 'ana-baino + eis' le troisième emploi, ici, de 'g: thambeo =<br />

être stupéfié'. Il n'y aura pas de quatrième emploi, ce qui est un signe, car on ne<br />

peut atteindre une quelconque plénitude (= 4) lorsqu'on est-stupéfié. Il y a eu,<br />

auparavant, <strong>les</strong> deux emplois :<br />

X-24 : Jésus leur a parlé... "or <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> étaient-stupéfiés devant <strong>les</strong><br />

Paro<strong>les</strong> de lui".<br />

I-27 : Dans la synagogue, <strong>à</strong> Capharnaüm, le jour-du-sabbat, Jésus vient<br />

de faire sortir l'esprit impur qui était en un homme. "Et tous° furent-stupéfiés<br />

de-sorte-qu'ils discutaient entre eux-mêmes..".<br />

La présente citation remet en mémoire le verbe 'discuter = g: su-zeteo' qui<br />

introduit quelque peu d'opposition.<br />

L'aboutissement (car : troisième emploi) du mot 'stupéfié' indique un certain<br />

écart entre Jésus et <strong>les</strong> discip<strong>les</strong>.<br />

g) ils :<br />

On doit noter la suite des mots : "ils.. <strong>les</strong>.. ils..", ce qui suggère qu'il s'agisse<br />

non pas de 'ses' discip<strong>les</strong>, mais de '<strong>les</strong>' discip<strong>les</strong>, avec une disjonction entre eux.<br />

Lorsqu'il y a la formulation 'ses' discip<strong>les</strong>, il y a union étroite de pensée entre<br />

eux et Jésus. Avec '<strong>les</strong>', on sent qu'il y a une incompréhension, un doute, peutêtre<br />

jusqu'<strong>à</strong> la plus extrême réserve.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Le chiasme :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 35 -<br />

ils...<br />

<strong>les</strong>...<br />

ils...<br />

met en évidence au centre : '<strong>les</strong>' et amène <strong>à</strong> penser que ces gens en chemin,<br />

montant vers Jérusalem, ont peut-être acquis au contact de Jésus, une certaine<br />

puissance (= chemin); ils ne sont pas, pour autant, totalement d'accord.<br />

"Or ceux qui suivaient craignaient."<br />

h) or :<br />

Le mot grec 'oi de' marque une rupture. La marche sur le chemin perd de son<br />

calme et de sa régularité; la lecture se heurte <strong>à</strong> l'inattendu. La dernière fois que<br />

'oi de' s'est manifesté au texte, ce fut au verset (X-24) : "Or <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> étaientstupéfiés<br />

<strong>à</strong> propos de ces paro<strong>les</strong>". Ceci confirme l'analyse car il y a "<strong>les</strong><br />

discip<strong>les</strong>" et non 'ses' discip<strong>les</strong>, et il y a aussi 'être-stupéfié'.<br />

i) ceux qui :<br />

Ce sont ceux qui étaient derrière lui; or "Jésus était <strong>à</strong> <strong>les</strong> précéder". Donc il y a<br />

l'égalité :<br />

'ceux - qui' = 'LES'.<br />

j) suivaient :<br />

Il y a très peu de temps, Pierre disait <strong>à</strong> Jésus : "Nous, nous avons tout laissé et<br />

nous t'avons suivi" (X-28). Il y a un peu de temps encore, Jésus disait <strong>à</strong> celui-l<strong>à</strong><br />

qui était ac-couru-auprès (de lui) "sur le chemin = eis odon" (X-17), ce qui n'est<br />

pas la même chose que 'en te odô' (X-32) : "Pars... vends... et suis-moi !" (X-21).<br />

Ici, en (X-32), ils le suivent, en chemin vers Jérusalem, mais ils réfléchissent<br />

en eux-mêmes et ils ne sont pas d'accord; ils se demandent pourquoi ils le<br />

suivent et '<strong>les</strong>' discip<strong>les</strong> sont-stupéfiés.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 36 -<br />

k) craignaient :<br />

Le lexique offre la structure d'emploi de ce mot; il en ressort que c'est un mot<br />

restant <strong>dans</strong> le silence du non-exprimé, du non-dit. Lorsqu'on craint, on ne dit<br />

pas (cfr : XVI-8). Ainsi ceux qui suivent, en chemin vers Jérusalem, ne disent<br />

rien. En (IX-33), ils étaient déj<strong>à</strong> en chemin : en te odô, mais ils n'avaient pas eupeur,<br />

entre eux, de se disputer. Or dès que Jésus <strong>les</strong> avait interrogés, déj<strong>à</strong> ils "setaisaient"<br />

(IX-33).<br />

Voici que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> voient et entendent. Alors Jésus prend-avec (lui) "de<br />

nouveau <strong>les</strong> Douze" et conserve auprès de lui uniquement ceux qui ont reçu le<br />

don de l'entendre (en VII-34) et du voir (en VIII-25) et qui sont <strong>les</strong> 'apôtres'.<br />

Et "il commença <strong>à</strong> leur dire"... d'une nouvelle manière ce qu'il avait déj<strong>à</strong><br />

annoncé sur sa mort prochaine (voir Lectio divina par verset pour X-32).<br />

Ainsi la lecture doit s'arrêter <strong>à</strong> chaque mot, re-gardant (= prenant-garde) vers<br />

<strong>les</strong> endroits <strong>dans</strong> le passé récent du texte, écoutant la sonorité des mots grecs qui<br />

sont des renvois voulus par l'auteur, donc porteurs de sens, <strong>dans</strong> le respect de la<br />

cohérence qui est vérité du récit.<br />

" L E S " DISCIPLES<br />

Ayant terminé ma lecture du verset (X-32) comme je me l'étais proposé, c. <strong>à</strong> d.<br />

en re-gardant <strong>les</strong> mots <strong>dans</strong> leurs emplois antérieurs, je vais me pro-jeter vers le<br />

futur de ce verset, <strong>dans</strong> l'au-del<strong>à</strong> de (X-32).<br />

Je viens de lire que ceux-l<strong>à</strong>, en chemin avec Jésus vers Jérusalem, vont<br />

derrière lui; il est <strong>à</strong> <strong>les</strong> précéder et ceux qui suivent sont '<strong>les</strong>' discip<strong>les</strong>, très<br />

conscients de leurs difficultés et de leur non-compréhension, fort chargés<br />

d'inquiétude. Ils le suivent sur le chemin; ils se posent des questions et "ils<br />

craignaient".<br />

Jésus s'en est aperçu; il va <strong>les</strong> laisser, non pas en <strong>les</strong> renvoyant ouvertement,<br />

mais du seul fait qu'il prend-avec (lui) seulement <strong>les</strong> Douze.:<br />

"Et, ayant pris-avec (lui) de nouveau <strong>les</strong> Douze,<br />

il commença <strong>à</strong> leur dire<br />

ce qui était-sur-le-point de lui advenir."(X-32)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 37 -<br />

Le verset qui suit aussitôt reprend, pour la troisième fois, une annonce qui est<br />

prophétie de la Passion. La formulation est nouvelle, beaucoup plus développée<br />

que ne le furent <strong>les</strong> deux précédentes et, surtout, elle apporte SEPT verbes au<br />

futur :<br />

sera livré / condamnera (<strong>à</strong> mort) / livrera<br />

bafouera / crachera (sur lui) / fouettera<br />

t u e r a<br />

et cette liste comporte<br />

un verbe au passif : sera livré<br />

six verbes <strong>à</strong> l'actif avec pour sujet 'on'.<br />

Le dernier verbe de la prophétie témoigne d'un redressement brutal du texte<br />

car le sujet en est 'lui' : IL se-lèvera.<br />

SEPT verbes <strong>à</strong> l'encontre de LUI : c'en est fait de sa liberté; c'est un serment<br />

du mal. La circularité des trois premiers verbes :<br />

sera livré<br />

(au centre :) condamnera <strong>à</strong> mort<br />

le livrera<br />

mesure la violence du jugement : tout aboutira <strong>à</strong> sa mort !<br />

Cette prophétie, ainsi présentée, est nouvelle et il faut la voir et l'entendre<br />

pour lui donner son sens. Or, elle n'est pas dite <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> qui, derrière<br />

lui, montent vers Jérusalem. Jésus vient d'en laisser beaucoup et il n'a pris-avec<br />

(lui) que <strong>les</strong> Douze. QUI sont donc ces Douze, par rapport aux discip<strong>les</strong> ?<br />

Au début du verset (X-32), <strong>les</strong> Douze sont noyés <strong>dans</strong> : ils... <strong>les</strong>... ils... et<br />

l'analyse a montré que c'était l<strong>à</strong> une manière de désigner LES discip<strong>les</strong> (avec le<br />

sens de 'LES'). Parmi <strong>les</strong> discip<strong>les</strong>, il y a <strong>les</strong> Douze. Quelle différence y a-t-il<br />

entre eux ?<br />

Pour connaître le sens d'un mot, il faut toujours le visiter <strong>à</strong> son premier<br />

emploi <strong>dans</strong> le texte (rabbi Aqiba). L'expression '<strong>les</strong> Douze' arrive en (III-14) et<br />

le texte précise pourquoi ils ont été choisis : "Et il fit Douze (...) afin qu'ils soient<br />

avec lui et afin qu'il <strong>les</strong> envoie proclamer et avoir autorité (de) chasser <strong>les</strong><br />

démons." Or, que sont '<strong>les</strong> discip<strong>les</strong>' ? Que savons-nous d'eux en ce point précis<br />

du récit (III-14 et 15) ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 38 -<br />

Ce sont des gens qui sont-<strong>à</strong>-table-avec Jésus, même s'il y a aussi des publicains<br />

et des pécheurs (II-15). Ils connaissent <strong>les</strong> scribes et parlent avec eux (II-16),<br />

puis ils rapportent ce qu'ils ont entendu <strong>à</strong> Jésus, puisque celui-ci donne un<br />

commentaire. Contrairement aux discip<strong>les</strong> de Jean qui jeûnent (II-18), ceux de<br />

Jésus "ne jeûnent pas" (II-18). Un jour-de-sabbat, passant par <strong>les</strong> champs-de-blé,<br />

ils "commencèrent <strong>à</strong> faire un chemin en égrenant des épis" (II-23) = est-ce un<br />

geste inconscient mais prémonitoire portant en lui l'allégorie d'acquérir une force<br />

(= puissance = chemin) nouvelle au travers des épis (= <strong>les</strong> grains, le blé) ? Ils<br />

écoutent avec patience la parole de Jésus, donc connaissent l'Ecriture (pour<br />

comprendre II-25 et 26 sans poser de question; de même pour II-27 et 28).<br />

Enfin ils suivent Jésus, même lorsqu'il 'se retire' auprès-de la mer (III-7). En<br />

outre, comme il y a la présence de "une nombreuse multitude de la Galilée", ils<br />

ne vivent pas mélangés intimement <strong>à</strong> cette foule. Or <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> semblent être<br />

surtout des galiléens, puisque <strong>à</strong> leur arrivée au texte en (II-15), l'action a lieu <strong>à</strong><br />

Capharnaüm, au bord de la mer de Galilée... de même qu'en (III-7). D'ailleurs,<br />

ils ont l'habitude de la mer puisque, en (III-9), ils sont chargés de préparer "une<br />

petite-barque"; il y a un choix <strong>à</strong> faire qui oblige <strong>à</strong> connaître des choses de la mer<br />

et <strong>à</strong> être connu des pêcheurs de ces lieux. Les discip<strong>les</strong> ne sont-ils pas, avant<br />

tout, des pêcheurs en mer de Galilée ? Non identifiab<strong>les</strong> <strong>à</strong> de quelconques gens<br />

de ces fou<strong>les</strong> qui suivent Jésus, <strong>les</strong> Douze sont constamment "avec lui" (III-14)<br />

et ils doivent pouvoir être envoyés pour "proclamer" (III-14).<br />

Au verset (X-32), il y a <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> :<br />

en chemin ... qui suivaient = donc ils sont "avec".<br />

(qui) craignaient = donc ils se taisent !<br />

Pour dire, avec netteté, l'annonce de sa Passion, Jésus a besoin "avec lui" de<br />

gens qui, un jour, sauront proclamer la prophétie. Il appelle <strong>les</strong> Douze.<br />

Ainsi, pour annuler <strong>les</strong> con<strong>séquences</strong> désastreuses, <strong>dans</strong> le texte, de la phrase :<br />

"Et ceux qui suivaient craignaient", Jésus est obligé de prendre avec lui "ceux<br />

que lui (il) voulait... afin (qu'ils puissent) proclamer" (cfr : III-13 et 14) et c'est<br />

pourquoi le récit a noté : "Et, ayant pris-avec (lui) de nouveau <strong>les</strong> Douze, il<br />

commença <strong>à</strong> leur dire ce qui était-sur-le-point de lui advenir" (X-32).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Sur : "de nouveau" :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 39 -<br />

Pourquoi ceci vient-il se glisser entre "ayant pris-avec" et "<strong>les</strong> Douze" <strong>dans</strong><br />

cette finale du verset (X-32) ?<br />

Le lexique, consulté au mot 'prendre', montre que jamais ailleurs <strong>dans</strong> le texte<br />

Jésus ne prend-avec (lui) <strong>les</strong> Douze, mais que, par deux fois, il y a Pierre et<br />

Jacques et Jean qui sont pris-avec (IX-2 = la Transfiguration / XIV-33 =<br />

Gethsémani)... avec aussi (V-40) où il y a, en plus, le père et la mère de la petiteenfant<br />

(= Jaïre).<br />

Une hypothèse revient en moi avec insistance. Ne s'agirait-il pas, ici encore,<br />

d'un signe révélant l'auteur du texte comme par une signature inconsciente ? Si<br />

celui qui écrivit ces textes est du groupe des trois (Pierre et Jacques et Jean), n'at-il<br />

pas ressenti en lui la nécessité d'utiliser une fois encore le verbe 'g: paralambano<br />

= prendre-avec', en tout six fois employé <strong>dans</strong> le texte, dont cinq en<br />

présence de Pierre et Jacques et Jean ?<br />

Le verbe 'para-lambanô' :<br />

Il me faut d'abord essayer de comprendre le septième emploi de ce verbe (voir<br />

<strong>dans</strong> le Lexique le verbe prendre). Alors, je note :<br />

IV-36 para-lambanousin<br />

V-40 para-lambanei<br />

VII-4 pare-labon (aor. 2)<br />

IX-2 para-lambanei<br />

X-32 para-labon (part. aort.)<br />

-------<br />

XIV-33 para-lambanei<br />

Il y a comme un rythme des formes du verbe. L'emploi de (VII-4) est singulier<br />

(voir Lectio divina par verset). J'ai noté encore :<br />

IV-36 eux <strong>dans</strong> la barque<br />

Jésus commande au vent et <strong>à</strong> la mer.<br />

V-40 (<strong>dans</strong> la chambre de la fillette)<br />

Jésus commande <strong>à</strong> la mort.<br />

IX-2 vers une montagne élevée<br />

La Transfiguration.<br />

-------<br />

XIV-33 <strong>à</strong> Gethsémani.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 40 -<br />

En (IX-2) et en (XIV-33), l'événement n'a pu être raconté, plus tard, que par<br />

Pierre et/ou Jacques et/ou Jean, car personne d'autre n'était témoin. Les trois ont<br />

aussi pu raconter (IV-36) et (V-40) et il serait surprenant que <strong>les</strong> conditions du<br />

réveil de la fille de Jaïre aient été connues, quelques années plus tard, uniquement<br />

par ce qu'a pu dire le chef-de-synagogue ou la mère.<br />

Ceci établit une relation intime entre 'être pris-avec' (lui) et 'proclamer'.<br />

Etendue <strong>à</strong> (X-32), cette relation de cause <strong>à</strong> effet confirme le résultat de l'analyse<br />

:<br />

<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> craignaient = se-taisaient.<br />

Jésus prend-avec = ceux que lui avait choisis pour proclamer.<br />

Ainsi, "de nouveau" est présent au texte pour attirer l'attention du lecteur : "il<br />

prend-avec de nouveau" afin que, selon l'habitude, ceux qui sont pris-avec puissent,<br />

un jour, proclamer.<br />

Conclusion - rebondissement :<br />

Il y a donc, <strong>dans</strong> ce secteur du texte, aux alentours du verset (X-32) :<br />

<strong>les</strong> Douze qui savent voir et entendre et devront proclamer;<br />

LES (autres) discip<strong>les</strong>, ceux qui craignaient (= se-taisaient).<br />

Que vont faire ceux-ci ?<br />

MONTER VERS JERUSALEM<br />

Il y a quelque chose d'insolite <strong>dans</strong> le texte :<br />

X-32 : "Or, ils étaient<br />

en chemin en montant vers Jérusalem."<br />

Il est donc très clair que nous tous qui marchions en suivant ce Jésus qui "était<br />

<strong>à</strong> (nous) précéder" (X-32), nous allions quitter la vallée des eaux vives pour<br />

arriver bientôt en vue de Jérusalem.<br />

Pourtant, quelque chose dérange <strong>dans</strong> le verset (X-32). Pourquoi cette<br />

redondance de Jésus en train de "<strong>les</strong> précéder" et de "ceux qui suivaient" ? Il est<br />

des évidences semblab<strong>les</strong> <strong>à</strong> des reproches, comme si le lecteur ne pouvait même<br />

pas comprendre : lorsqu'on suit quelqu'un, c'est que lui vous précède et jamais le<br />

texte de Saint Marc n'a osé de tel<strong>les</strong> facilités... d'où je déduis que mon<br />

commentaire ne vaut rien !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 41 -<br />

Un temps de longue prière a laissé s'installer en moi, l'une derrière l'autre, <strong>les</strong><br />

deux formulations. Jésus 'précède' (donc conduit) tout le monde : il sait où il va;<br />

il le leur a dit, puisque le texte le sait : "ils étaient en chemin en montant vers<br />

Jérusalem".<br />

"Et ils étaient stupéfiés" = ils se rendent compte de ce que quelque chose ne va<br />

pas en eux; pourquoi LE suivre ? Et pourquoi : "vers Jérusalem" ? Dans la vie,<br />

n'y a-t-il pas des "chemins" plus faci<strong>les</strong> que ceux qui vont "en montant" ? Le<br />

doute et le questionnement leur fait prendre conscience; le texte <strong>les</strong> voit "sous<br />

une autre° forme" (cfr : XVI-12) et le dit aussitôt, car 'ceux que lui précédait'<br />

deviennent "ceux qui suivaient". L'agir du cheminement n'est plus par lui qui<br />

voulait monter vers Jérusalem, mais par eux qui prennent conscience de<br />

l'existence du verbe suivre. Peut-être serait-il plus judicieux (= plus facile, plus<br />

agréable) de ne pas 'monter' ? Tout ceci est dit <strong>dans</strong> le verset (X-32), qui est<br />

parole du texte. Jésus sait tout cela. Il prend-avec (lui) <strong>les</strong> Douze, ceux qui, plus<br />

tard, devront proclamer et il leur dit : "Voici, nous montons vers Jérusalem".<br />

C'est la confirmation de ce que le texte disait, il y a un instant. Nous sommes<br />

bien "en chemin, en montant vers Jérusalem". L'exégète, quant <strong>à</strong> lui, sait aussi<br />

que, en (X-32) comme en (X-33), il y a "EIS Ierosoluma".<br />

Considérant la puissance théologique de eis (voir au lexique), il constate que<br />

'eis' vient de "ten Basileian tou Theou = le Royaume de Dieu" (X-25) et que eis<br />

s'en va "vers Jéricho = EIS Iericho" (X-46). Il s'agit l<strong>à</strong> de signes.<br />

Revenant <strong>à</strong> (X-33), l'exégète a noté que, vraiment, nous sommes en montant<br />

vers Jérusalem. Alors il regarde la suite du texte pour voir où cette longue<br />

marche aboutira.<br />

Voici que "s'avancent-auprès de LUI Jacques et Jean" (X-35). La discussion<br />

dérive vers une histoire de coupe. "Et, ayant entendu, <strong>les</strong> Dix commencèrent <strong>à</strong><br />

s'indigner au sujet de Jacques et Jean" (X-41). Le texte profite de la situation<br />

pour dire, <strong>à</strong> sa manière, que nous sommes toujours <strong>à</strong> l'écart des (autres)<br />

discip<strong>les</strong>. Mais, où ceux-ci sont-ils ? Ont-ils continué le chemin, plus loin,<br />

passant ainsi 'devant' et dirigeant la marche ? Le texte insiste sur le petit groupe<br />

formé par Jésus et <strong>les</strong> Douze : "<strong>les</strong> ayant appelés-auprès, Jésus leur dit..." (X-<br />

42). Il y a donc <strong>les</strong> Douze avec lui et il leur parle des chefs-de-nations (X-42).<br />

Le chef d'une nation est celui qui conduit <strong>les</strong> siens, donc leur montre le chemin.<br />

Le lexique (voir 'Seigneur') constate que le verbe grec est 'kata-kurieuô', parent<br />

intime du mot 'Kurios = Seigneur' et que c'est son seul emploi. Voici que le<br />

texte me dit : c'est au conducteur de nation qu'il revient de conduire <strong>les</strong> siens;<br />

mais il lui revient surtout d'être le "serviteur de tous".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 42 -<br />

Où le texte me mène-t-il ? La réponse vient au verset suivant : "Et ils viennent<br />

vers Jéricho" (X-46).<br />

Ainsi, Jésus précédait ses discip<strong>les</strong> sur le chemin qui monte vers Jérusalem.<br />

Eux, ils ne sont pas d'accord et le montrent. Jésus appelle <strong>à</strong> part <strong>les</strong> Douze, leur<br />

parle de coupe mais s'aperçoit que, pendant ce temps, ses discip<strong>les</strong> ont pris le<br />

chemin plus facile qui va en descendant la vallée du Jourdain. Il le dit aux<br />

Douze en forme de parabole puis <strong>les</strong> suivant eux tous, marche ainsi... vers<br />

Jéricho, dernière ville, dernière palmeraie, dernier jardin <strong>dans</strong> la vallée du<br />

Jourdain, avant la zone de mort de la mer asphaltite (= la mer Morte). Comme<br />

Jésus a marché avec eux, se faisant lui-même le "serviteur de tous" (X-44), le<br />

texte est obligé de reconnaître que ceux qui sont avec lui et qui l'ont amené <strong>à</strong><br />

Jéricho sont bien 'SES' discip<strong>les</strong> et le texte le dit au verset (X-46). Mais, avant<br />

d'en lire la deuxième phrase, il faut connaître mieux la ville de Jéricho.<br />

NOUS ASSEOIR<br />

"Ils... <strong>les</strong>... ils..." : ainsi sont rassemblés toutes sortes de gens qui forment 'ses<br />

discip<strong>les</strong>'. Parmi eux, il en est Douze plus particulièrement choisis (III-13) ; ce<br />

sont des permanents, ceux qui doivent être avec lui, destinés <strong>à</strong> proclamer. En (X-<br />

23) comme en (X-32), <strong>les</strong> Douze sont <strong>dans</strong> le groupe des discip<strong>les</strong>. A quelques<br />

versets d'intervalle, <strong>les</strong> voici par deux fois stupéfiés : (X-24) et (X-32), car ils<br />

n'admettent pas <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> qu'il leur disait.<br />

a) "il est très malaisé d'entrer <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu" est en (X-23) puis<br />

repris en (X-24). Jésus leur en donne un commentaire difficile <strong>à</strong> saisir mais qui<br />

frappe l'imagination de tous <strong>les</strong> lecteurs depuis que le texte est écrit; même <strong>les</strong><br />

chameaux, dit-on, en restent stupéfiés car ils ne savent comment "traverser <strong>à</strong><br />

travers un chas d'aiguille" (X-25).<br />

b) "<strong>les</strong> premiers seront derniers et <strong>les</strong> derniers premiers", phrase rythmée<br />

pour la mémoire, mais entrechoquée "avec des persécutions et, <strong>dans</strong> le siècle-<strong>à</strong>venir<br />

: la vie éternelle" (X-30).<br />

Par deux fois, le texte a écrit : "ils étaient-stupéfiés" avec, entre temps :<br />

"ceux°-ci étaient excessivement saisis-de-surprise" (X-26). "Ses discip<strong>les</strong>"<br />

deviennent d'abord "LES discip<strong>les</strong>" (X-24), puis "leur", "ceux°-ci", "eux", "ils...<br />

<strong>les</strong>... ils..." et, comme aussitôt après Jésus "prend-avec (lui) de nouveau <strong>les</strong><br />

Douze" (X-32), ceux-ci ne peuvent sortir que du groupe des (= de LES)<br />

discip<strong>les</strong>. Eux aussi "étaient-stupéfiés... (et) craignaient" (X-32).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 43 -<br />

La lecture a montré le jeu de ce chemin qui est annoncé par deux fois comme<br />

"montant vers Jérusalem" (X-32 et 33); il finira <strong>à</strong> la ville de Jéricho après une<br />

longue descente.<br />

J'ai lu comme une parabole <strong>dans</strong> la parole de Jésus dite aux Dix indignés au<br />

sujet de Jacques et de Jean et j'ai compris que Jésus, avant tout serviteur de tous,<br />

s'était résigné <strong>à</strong> <strong>les</strong> suivre eux tous sur la route en descendant vers Jéricho au lieu<br />

d'aller en montant vers Jérusalem. Il a ainsi rétabli la paix et l'harmonie avec "ses<br />

discip<strong>les</strong>" (X-46) auxquels est venue se joindre "une foule suffisante" (X-46).<br />

Mais il est un secteur du texte que j'ai laissé <strong>à</strong> part, l<strong>à</strong> où Jésus est avec <strong>les</strong><br />

Douze en retrait des (autres) discip<strong>les</strong>. "Jacques et Jean... s'avancent-auprès de<br />

lui" (X-35) et voici que je <strong>les</strong> entends, d'une seule voix, demander de s'asseoir !<br />

(X-37). Bien entendu, il y a un sens très au-del<strong>à</strong> de celui d'un geste instantané dû<br />

<strong>à</strong> la fatigue après une longue marche. Ils veulent s'asseoir <strong>dans</strong> la gloire, l'un <strong>à</strong> ta<br />

droite et l'un <strong>à</strong> gauche.<br />

Aujourd'hui, je suis fatigué. Voil<strong>à</strong> tant de jours que je <strong>les</strong> ai "suivis" et j'ai<br />

entendu Pierre disant : "Nous avons tout laissé et nous t'avons suivi" (X-28),<br />

indice que la fatigue se faisait sentir également chez <strong>les</strong> Douze. Lorsque j'ai<br />

entendu Jacques et Jean lui demander de s'asseoir, j'ai été encore un peu plus<br />

fatigué.<br />

Il est des moments où le mirage jailli des mots efface <strong>les</strong> grandes idées. Plutôt<br />

que marcher sur ce chemin qui monte, il vaudrait mieux s'asseoir <strong>à</strong> l'entour de<br />

lui, un <strong>à</strong> sa droite, un <strong>à</strong> gauche.<br />

Or Jésus répondit par des mots qui harmonisaient mon mirage par le mode du<br />

baptême (six emplois) avec la cadence plagale de la coupe (deux fois) s'offrant<br />

au verbe boire (quatre fois).<br />

"Et, ayant entendu, <strong>les</strong> Dix commencèrent <strong>à</strong> s'indigner au sujet de Jacques et<br />

de Jean", peut-être tout simplement car, pendant ce temps, <strong>les</strong> (autres) discip<strong>les</strong><br />

étaient passés devant, en prenant le chemin descendant la vallée, ce qui<br />

m'expliquerait pourquoi le texte a noté : "Et, <strong>les</strong> ayant appelés-auprès, Jésus leur<br />

dit..." (X-42). S'il <strong>les</strong> appelle-auprès, c'est que déj<strong>à</strong> quelques-uns des Douze qu'il<br />

venait en (X-32) de "prendre-avec (lui)" commençaient <strong>à</strong> s'éloigner, toujours<br />

aussi stupéfiés !<br />

Vraiment, cette question de Jacques et de Jean demandant de s'asseoir <strong>à</strong> cet<br />

endroit du texte était fort déplacée. Pourquoi n'ont-ils pas attendu, pour poser<br />

la question, que nous soyons arrivés... <strong>dans</strong> Jéricho ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


JERICHO<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 44 -<br />

Nous le suivions sur ce chemin qui montait vers Jérusalem et nous sommes<br />

descendus vers Jéricho ! Il y a donc une raison impérieuse qui nous a obligés <strong>à</strong><br />

ce passage, car nous ne sommes pas restés longuement <strong>à</strong> Jéricho : juste le temps<br />

de lire quatre mots grecs :<br />

"Et ils viennent vers Jéricho<br />

Et, comme il s'en-allait de Jéricho."<br />

kai ekporeuomenou autou apo ............<br />

C'en est fini de Jéricho : le mot ne figurera plus <strong>dans</strong> le texte. La lecture<br />

attentive vient de montrer comment "ils..." (X-32) représente '<strong>les</strong> discip<strong>les</strong>',<br />

stupéfiés et <strong>dans</strong> leur crainte. ·Pourtant, ils ont su décider du chemin et, alors que<br />

Jésus était occupé <strong>à</strong> parler avec <strong>les</strong> Douze, <strong>les</strong> (autres) discip<strong>les</strong> poursuivaient<br />

leur marche le long du Jourdain, évitant la montée vers Jérusalem.<br />

"Et ils viennent vers Jéricho" (X-46). Est-ce dû uniquement au fait qu'il n'est<br />

aucune autre route pour descendre que celle allant vers Jéricho ? N'y a-t-il pas<br />

quelque raison biblique, consciente ou non, ayant guidé <strong>les</strong> pas de tous ?<br />

Eux qui savaient l'Ecriture se sont souvenus : Jéricho était une ville fortifiée,<br />

soigneusement barricadée contre <strong>les</strong> israélites : personne n'y entrait et personne<br />

n'en sortait (Josué VI-1). Lorsque Josué arriva devant la ville, il décida d'une<br />

stratégie nouvelle : on fit six jours de suite le tour des remparts; au matin du<br />

septième jour, on fit encore une procession et <strong>les</strong> prêtres sonnèrent <strong>les</strong> cornes de<br />

béliers. Alors YHVH fit tomber <strong>les</strong> remparts et on put tuer tout le monde : <strong>les</strong><br />

hommes et <strong>les</strong> femmes, <strong>les</strong> enfants avec <strong>les</strong> vieillards, <strong>les</strong> bœufs et <strong>les</strong> brebis<br />

avec aussi <strong>les</strong> ânes. Seuls l'or, l'argent, le bronze et le fer furent épargnés au<br />

bénéfice du trésor de YHVH. On brûla toute la ville. Il n'y eut d'exception que<br />

pour Rahab la prostituée, son père et sa mère, ses frères et tous <strong>les</strong> siens. 'En ce<br />

temps-l<strong>à</strong>, Josué fit prononcer ce serment devant YHVH : 'Maudit soit l'homme<br />

qui se présentera pour rebâtir cette ville !'.' (Josué VI-26). Est-ce le souvenir de<br />

cette malédiction qui nous attira vers Jéricho ?<br />

Bien entendu, tout cela est de la vieille histoire et, au temps de Jésus, Jéricho<br />

est devenue une ville moderne, fréquentée par <strong>les</strong> touristes aimant <strong>à</strong> y boire le<br />

vin de dattes et par <strong>les</strong> curistes venant y soigner <strong>les</strong> maladies des yeux. De cela<br />

nous discutions en chemin, alors que nous descendions vers Jéricho et d'aucuns<br />

demandaient quelle serait la réaction de Jésus devant la ville biblique.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 45 -<br />

S'IL est bien le Messie, comment va-t-il se comporter face <strong>à</strong> la ville dont 'il'<br />

extermina le peuple et qu' 'il' brûla entièrement ? Car, disaient-ils, 'il', c'est<br />

YHVH et si Jésus est le Messie, IL doit se souvenir...<br />

Un espace de quatre mots grecs, et déj<strong>à</strong> Jésus s'en-allait de Jéricho, "(lui) et<br />

ses discip<strong>les</strong> et une foule suffisante" (X-46).<br />

Je fus-stupéfié par ma lecture et déj<strong>à</strong> moi aussi je m'en allais de Jéricho,<br />

lorsque 'levant-le-regard, je vis un homme qui se tenait debout devant lui'<br />

(cfr : Josué V-13).<br />

Lecteur :<br />

Tu sais la nouvelle : Bar-Timée, un aveugle-mendiant, avait crié deux<br />

fois, puis "ayant bondi, (il) vint auprès de Jésus" (X-50). Et je l'ai entendu<br />

demander : "Rabbouni, que je lève-le-regard-<strong>à</strong>-nouveau !" (X-51), avec cette<br />

expression de 'lever-le-regard' qui me faisait mémoire de Josué conducteur<br />

d'Israël et serviteur des israélites, arrivant près de Jéricho (Josué V-13).<br />

Au livre de Josué, la conclusion de la séquence vient <strong>à</strong> la fin du chapitre VI :<br />

'YHVH fut avec Josué, dont la renommée se répandit <strong>dans</strong> toute la contrée'<br />

(Josué VI-27)<br />

Dans le livre de Saint Marc, la conclusion viendra <strong>dans</strong> <strong>les</strong> premiers versets du<br />

chapitre XI : YHVH était (avec) Jésus dont la renommée se répandait <strong>dans</strong> tout<br />

Jérusalem. Le texte sait toujours, même <strong>dans</strong> <strong>les</strong> grandes joies, rester d'une très<br />

grande précision : "Et ceux qui précédaient et ceux qui suivaient criaient :<br />

Hosanna... !" (XI-9 et 10).<br />

Lecteur :<br />

As-tu bien entendu ? Il y a : "ceux qui suivaient = g: akolouthountes"<br />

...comme en (X-32), mais de plus il y a "ceux qui précédaient = g: proagontes",<br />

c. <strong>à</strong> d. ceux-l<strong>à</strong> qui jadis n'avaient pas voulu monter vers Jérusalem et<br />

qui étaient descendus sur le chemin qui va <strong>à</strong> Jéricho !<br />

------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SYNTHESE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 46 -<br />

Pour finir, voici que je puis reprendre ma lecture mais hors des mots du texte :<br />

1.- Trop de biens !<br />

Un-unique (homme = juif = peuple) tombe-<strong>à</strong>-genoux devant Jésus et lui dit :<br />

"Adoni ! " (= maître = Adonaï = Messie !) : Que dois-je faire pour hériter de la<br />

vie éternelle ? (X-17)<br />

Le Messie répond en redisant le Décalogue (X-18 et 19); or Israël n'a pas 'fait',<br />

mais il a "observé" (X-20). Et l'Eternel (Béni soit-IL !) l'aima (X-21), puis lui dit<br />

la Loi de l'alliance nouvelle : vendre et donner, cela sera pour toi un trésor° <strong>dans</strong><br />

le ciel. Mais Israël avait trop de biens <strong>à</strong> gérer, car trop de rites <strong>à</strong> satisfaire. Il<br />

s'éloigna en s'assombrissant, perdant peu <strong>à</strong> peu la vue (X-22).<br />

2.- Interlude du chameau -<br />

Jésus regarde-autour et offre la conclusion : qu'il est malaisé pour un riche<br />

d'entrer <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu ! LES discip<strong>les</strong> sont-stupéfiés ? Jésus<br />

confirme : il est très malaisé pour un riche d'entrer <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu !<br />

(Le lecteur notera que, <strong>dans</strong> la précision du texte, la première expression dite par<br />

Jésus est au futur : "entreront", la répétition se fait avec le présent "il est...<br />

entrer". Si la première formulation pouvait être entendue par SES discip<strong>les</strong><br />

comme une parole de Sagesse, voici que la répétition s'applique <strong>à</strong> ceux qui<br />

l'entendent, c. <strong>à</strong> d. LES discip<strong>les</strong>.)<br />

Un chameau s'efforce de passer <strong>à</strong> travers le chas de l'aiguille : parmi <strong>les</strong><br />

bagages qu'il emporte avec lui, il y a l'expression "entrer <strong>dans</strong> le Royaume de<br />

Dieu" (troisième emploi pour trois versets).<br />

Jésus regarde-autour et offre la conclusion : "Tout (est) possible pour Dieu"<br />

(cfr : XIV-36).<br />

3.- Richesse de la fatigue -<br />

Pierre offre leur pauvreté : <strong>les</strong> Douze ne sont pas riches, car ils ont tout laissé.<br />

Mais Pierre souligne leur fatigue : "... et nous t'avons suivi !".<br />

La fatigue ne peut être vaine (= gratuite). Jésus lui donne-t-il quelque valeur en<br />

paiement du droit d'entrée <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 47 -<br />

Jésus ne regarde pas autour, mais donne son commentaire. Il fait la liste des<br />

biens susceptib<strong>les</strong> d'être échangés : maison, frères... mères... enfants, campagnes.<br />

Et il conclut en utilisant une rupture de temps :<br />

OR... premiers seront derniers,<br />

et derniers premiers.<br />

4.- Le verset (X-32) -<br />

Le texte prend le relais du temps perturbé :<br />

OR... et... et... OR...<br />

et il dit la perturbation des (= de <strong>les</strong>) discip<strong>les</strong> : "stupéfiés" ! Parce qu'ils<br />

"craignaient", il n'y a plus personne pour parler et tous se taisent.<br />

Pourquoi "stupéfiés" ? Et pourquoi leur silence ? Ceux qui ont des richesses<br />

auront/ont du mal pour entrer <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu. EUX, ils ont tout laissé<br />

et ils sont riches de leur fatigue, car ils l'ont suivi. Ils devraient donc entrer <strong>les</strong><br />

premiers <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu.<br />

O R . . . <strong>les</strong> premiers seront derniers...<br />

5.- On monte <strong>à</strong> Jérusalem.<br />

Jésus ne regarde pas, mais prend avec lui uniquement <strong>les</strong> Douze. Il confirme<br />

ce que disait le texte (= ce que tous pensaient) : nous montons <strong>à</strong> Jérusalem; puis<br />

il leur redit l'annonce de sa Passion. Jacques et Jean suggèrent en forme de<br />

parabole qu'il serait peut-être temps de songer <strong>à</strong> s'asseoir. Une parabole en<br />

provoque une autre : pouvez-vous boire la coupe ?<br />

Pour Jacques et Jean, peut-être veut-il leur dire (troisième parabole) : pouvezvous,<br />

ne vous asseyant pas (c. <strong>à</strong> d. continuant <strong>à</strong> marcher), boire la coupe, ou<br />

encore : aller vers la fatigue de la montée en quittant la vallée où l'eau coule...<br />

une coupe de sécheresse, d'aridité, du désert de ce chemin montant vers<br />

Jérusalem ? Ils répondent : d'accord.<br />

Le texte joue le jeu de ces difficultés :<br />

"OR Jésus leur dit° (X-38)..."<br />

"OR Jésus leur dit° (X-39)..."<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 48 -<br />

Le texte montre ainsi, comme il l'a déj<strong>à</strong> montré par l'emploi de 'OR' au verset<br />

(X-32), qu'il se passe quelque chose <strong>dans</strong> la tête de ceux qui sont l<strong>à</strong> et ne sont<br />

pas <strong>les</strong> Douze : où sont-ils, maintenant, tous ceux-l<strong>à</strong> suivant ce Jésus qui était <strong>à</strong><br />

<strong>les</strong> précéder ? (X-32).<br />

Jésus a 'entendu' le texte, par deux fois, marquer la rupture avec 'OR'/ Il dit°<br />

une parole qui sera le troisième 'OR' :<br />

"Or s'asseoir <strong>à</strong> ma droite ou <strong>à</strong> gauche..." (X-40)<br />

6.- (OR ils descendent...) -<br />

Le texte a entendu Jésus et il le dit : "Et, ayant entendu..."; il installe<br />

confortablement <strong>les</strong> Dix avec Jacques et Jean auprès de Jésus : "<strong>les</strong> ayant<br />

appelés-auprès" (X-42). Ainsi, il y a d'une part Jésus avec <strong>les</strong> Douze; le texte ne<br />

dit pas si, d'autre part, il se passe quelque chose. Que font <strong>les</strong> autres, ceux qui<br />

suivaient celui qui précédait ? Jésus a entendu et parle de conduire <strong>les</strong> nations,<br />

disant comment "arriver" (X-43) en tant que serviteur d'el<strong>les</strong>. (Pendant ce temps,<br />

tous marchaient mais ils ne montaient pas... Où vont-ils "arriver" ?)<br />

7.- "Et ils viennent vers Jéricho. Et comme il s'en allait de Jéricho..." -<br />

Le texte n'a jamais dit qu'ils soient entrés <strong>dans</strong> Jéricho. Peut-être ont-ils<br />

simplement fait un crochet <strong>à</strong> droite, l<strong>à</strong> où la route venant de Jérusalem rejoint<br />

celle venant du nord, juste <strong>à</strong> l'entrée de Jéricho ?<br />

Eux, ils avaient voulu voir : que ferait ce Jésus mis en face de la ville ? Lui, il<br />

enseigne avec autorité et fait des actes-de-puissance; sa parole est Sagesse, sa<br />

vie est mouvement tourné vers le futur. QUI est-il ? S'il est le Messie, il doit se<br />

souvenir. O R il ne semble pas se souvenir de l'histoire d'Israël car il disait,<br />

il y a peu de temps, combien il est malaisé (pour) ceux qui ont des richesses°<br />

d'entrer <strong>dans</strong> le Royaume de Dieu. Tout est parti de l<strong>à</strong> ! Ne se souvient-il pas de<br />

l'histoire de Jacob, celui-l<strong>à</strong> qui est l'identité d'Israël, celui-l<strong>à</strong> qui amassa tant et<br />

tant de richesses en rangeant des branchages <strong>dans</strong> <strong>les</strong> mangeoires des bêtes du<br />

troupeau, afin que <strong>les</strong> petits <strong>à</strong> naître soient tachetés ou rayés, animaux impurs<br />

qui, selon <strong>les</strong> clauses du contrat, devaient appartenir au seul Jacob ? Or, cet<br />

homme-l<strong>à</strong>, si riche, fut celui-l<strong>à</strong> auquel Dieu se réfère, LUI qui est Dieu<br />

d'Abraham, Dieu d'Isaac et Dieu de Jacob !<br />

Est-ce qu'il a été si malaisé pour ce Jacob d'entrer en relation étroite avec Dieu,<br />

celui-l<strong>à</strong> qui fit fortune de façon si aisée ? Et : si Jésus ne s'est pas souvenu de<br />

Jacob, alors se souviendra-t-il de Jéricho ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 49 -<br />

8.- Quatre mots grecs -<br />

Le séjour <strong>à</strong> Jéricho n'a pas dépassé le temps de quatre mots. A peine eux tous<br />

venus, que déj<strong>à</strong> Jésus s'en va de Jéricho. YHVH s'est souvenu ! Et ceux qui<br />

étaient devenus LES discip<strong>les</strong> (X-24) retrouvent leur confiance et sont <strong>à</strong><br />

nouveau SES discip<strong>les</strong> (X-46), car ils savent que Jésus est Celui qui EST le<br />

Dieu de l'A.T. de même que Bar-Timée EST son peuple, ASSIS immobile,<br />

aveugle, condamné <strong>à</strong> mendier le plus léger des bruits de la vie.<br />

9.- Fils de David !<br />

L'aveugle a entendu "que c'est Jésus le nazarénien" (X-47); donc il a fallu que<br />

certains précèdent, pour que le mendiant comprenne QUI va passer et puisse lui<br />

demander un peu de sa pitié. Il crie : Fils de David, Jésus !. Celui qui implore<br />

offre <strong>à</strong> celui qui passe un peu d'identité <strong>dans</strong> l'histoire d'Israël... et beaucoup le<br />

rabrouaient (X-48). Alors, il crie plus fort : Fils de David ! qui est totale<br />

identité par l'histoire d'Israël pour le Messie qui marche.<br />

10.- Jérusalem... -<br />

"Et lorsqu'ils s'approchent vers Jérusalem..." (XI-1), phrase offerte en<br />

provocation au lecteur. Celui-ci aimerait entrer <strong>dans</strong> la ville de David... et il n'a<br />

droit qu'<strong>à</strong> Beth-Phagée, Beth-Anie et quelques oliviers. Mais Jésus EST toujours<br />

le Dieu de l'ancien testament et il leur offre le rite de l'ânon. Le texte jette sur<br />

lui en dualité d'expressions : "ceux qui précédaient et ceux qui suivaient" criant<br />

leur chant de bénédiction, troisième emploi, aboutissement en sa sainte ville,<br />

pour le Nom de David (XI-10).<br />

11.- Jésus regarde-autour -<br />

Nous sommes arrivés au coeur de Jérusalem, <strong>dans</strong> le Temple. Jésus regardeautour<br />

(XI-11 = X-23), puis il sort. Le lendemain, il a-faim et il voit un figuier :<br />

il lui parle. Le texte précise bien qu'il parle <strong>à</strong> "ses discip<strong>les</strong>" (XI-14 = X-23). J'ai<br />

entendu : "Que vers le siècle-<strong>à</strong>-venir (XI-14)...<br />

Et, <strong>dans</strong> le siècle-<strong>à</strong>-venir (X-30)...".<br />

12.- Kai erchontai eis... -<br />

Au douzième de mes versets, j'arrête ma lecture sur la phrase : "Et ils<br />

viennent...". En (XI-15) vers Jérusalem, comme en (X-46) vers Jéricho, la phrase<br />

du texte grec est identique. Entre <strong>les</strong> deux, il y a "David". Or, nous le savions<br />

tous :<br />

le Messie est Fils de David (cfr : XII-35).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(X-35 <strong>à</strong> 45)<br />

Jean et Pierre<br />

Les Dix<br />

JEAN ET PIERRE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 50 -<br />

" JEAN et PIERRE"<br />

_______________<br />

J'ai cherché, <strong>dans</strong> la première partie de l'évangile de Saint Marc, ce que disent<br />

<strong>les</strong> Douze <strong>à</strong> Jésus. Mais il y a beaucoup de paro<strong>les</strong> anonymes...<br />

1.- Et ils (= Simon et <strong>les</strong> siens)... lui disent :<br />

Tous te cherchent. (I-37).<br />

2.- Ses discip<strong>les</strong> (IV-34).. le réveillent et lui disent :<br />

Maître, tu ne te soucies pas<br />

que nous sommes perdus ? (IV-38).<br />

3.- Et ses discip<strong>les</strong> lui disaient :<br />

Tu regardes la foule qui t'écrase° et tu dis :<br />

Qui m'a touché ?. (V-31).<br />

4.- Et, comme déj<strong>à</strong> une heure tardive était arrivée,<br />

ses discip<strong>les</strong> s'avançant ((vers lui)) disaient :<br />

Le lieu est désert...délie-<strong>les</strong>... (VI-35 et 36).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 51 -<br />

5.- Et ils lui disent :<br />

Nous, étant éloignés, achèterons-nous des pains<br />

pour deux cents deniers<br />

et leur donnerons-nous <strong>à</strong> manger ?<br />

Celui°-ci leur dit :<br />

Combien de-pains avez-vous ? Partez, voyez !<br />

Et, l'ayant connu, ils disent :<br />

Cinq ! ... et deux poissons. (VI-37 et 38)<br />

6.- Ses discip<strong>les</strong> (VI-45) le voyant marcher sur la mer, estimèrent :<br />

C'est un fantôme ! (VI-49)<br />

7.- Et ses discip<strong>les</strong> lui répondirent :<br />

D'où quelqu'un ici pourra-t-il rassasier ceux-ci de-pains,<br />

sur un désert ?<br />

Et il <strong>les</strong> questionnait :<br />

Combien avez-vous de-pains ?<br />

Ceux°-ci dirent :<br />

Sept ! (VIII-4 et 5)<br />

8.- (et vous ne vous-souvenez pas ! ... Combien de corbeil<strong>les</strong> ?<br />

Douze !<br />

-... lorsque <strong>les</strong> sept ... combien de paniers ?<br />

Sept ! (VIII-19 et 20).<br />

9.- Ses discip<strong>les</strong> (VIII-27).. dirent° en disant :<br />

Jean le Baptiste . (VIII-28)<br />

10.- Et lui (= Jésus) <strong>les</strong> interrogeait :<br />

Or vous-mêmes : QUI dites-vous moi être ?<br />

Répondant PIERRE lui dit :<br />

Toi, tu-es le Messie. (VIII-29)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 52 -<br />

11.- Et répondant PIERRE dit <strong>à</strong> Jésus :<br />

Rabbi, il est beau (pour) nous (d')être ici.<br />

Faisons trois abris : pour-toi : un,/<br />

/ et pour-Moïse : un / et pour-Elie : un. (IX-5)<br />

12.- Et ILS (= Pierre et Jacques et Jean) l'interrogeaient en disant :<br />

(Pourquoi) <strong>les</strong> scribes disent(-ils) :<br />

Elie doit venir d'abord ? (IX-11)<br />

13.- Ses discip<strong>les</strong> l'interrogeaient en propre :<br />

(Pourquoi) nous,<br />

n'avons-nous pas pu le chasser ? (IX-28)<br />

14.- JEAN lui déclara :<br />

Maître, nous-avons-vu quelqu'un<br />

chasser des démons par ton Nom<br />

et nous l'empêchions,<br />

parce qu'il ne nous suivait pas. (IX-38)<br />

15.- PIERRE commença <strong>à</strong> lui dire :<br />

Voici ! Nous,<br />

nous avons tout laissé<br />

et nous t'avons suivi. (X-28)<br />

16.- Et s'avancent-auprès de lui JACQUES et JEAN,<br />

<strong>les</strong> fils de Zébédée, en lui disant :<br />

Maître, nous voulons que tu fasses pour-nous<br />

ce-quoi nous te demanderons.<br />

Celui-ci° leur dit° :<br />

Quoi voulez-vous (moi) je fasse pour-vous ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 53 -<br />

Ceux°-ci lui dirent° :<br />

Donne-nous de nous asseoir <strong>dans</strong> ta gloire,<br />

l'un <strong>à</strong> ta droite et l'un <strong>à</strong> gauche.<br />

Or Jésus leur dit° :<br />

Vous ne savez pas quoi vous demandez !<br />

Pouvez-vous boire la coupe... ?<br />

Ceux-ci° lui dirent° :<br />

Nous pouvons ! (X-35 <strong>à</strong> 39)<br />

Il pourrait sembler fastidieux et inutile de reprendre ainsi autant de citations.<br />

Une longue pratique de ces textes m'a certifié que partout il se trouve des jeux,<br />

des relations, des renvois et que cela n'est pas dû au hasard.<br />

Ici, j'ai vu :<br />

1.- Pierre :<br />

10 et 11 "répondant, Pierre dit..."<br />

15 "Pierre commença <strong>à</strong> dire..."<br />

'15' semble marquer une hésitation. Ce n'est plus la netteté de "répondant,<br />

Pierre...". Mais, dès que l'on entend la parole de Pierre : "Voici...", le texte est dit<br />

d'un seul trait, nettement, et on ne peut guère dire autant et avec une telle<br />

intensité en aussi peu de mots.<br />

2.- Simon puis Pierre :<br />

La première parole entendue est celle des quatre, donc aussi de Simon. Nous<br />

savons que Simon devient Pierre en (III-16). La première parole de 'Pierre' est<br />

dite <strong>à</strong> Césarée. Alors je puis poser :<br />

1 Simon dit <strong>à</strong> Jésus : "Tous te cherchent".<br />

10 Pierre dit <strong>à</strong> Jésus : "Tu-es le Messie".<br />

Ceci peut aussi s'écrire :<br />

1 Simon dit <strong>à</strong> l'homme : "Toi, tu-es Jésus".<br />

10 Pierre dit au Messie : "Toi, tu-es le Messie".<br />

Et encore :<br />

Celui que "tous... cherchent" = c'est le Messie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 54 -<br />

3.- Jean et Pierre :<br />

14 Jean dit : "Maître, nous..." et le verbe qui suit marque l'affirmation d'une<br />

action :<br />

nous-avons-vu...<br />

nous l'empêchions...<br />

(= deux emplois comme 'sujet'.)<br />

11 Pierre avait dit : "Rabbi..." (IX-5) et c'est lui qui avait parlé <strong>à</strong> la<br />

Transfiguration, alors que Jean ne disait rien.<br />

"Rabbi" n'est pas la même chose que "Maître".<br />

15 Alors, entendant la parole de Jean en '14', Pierre, après un certain temps (de<br />

IX-38 jusqu'<strong>à</strong> X-28), interpelle Jésus et donne <strong>à</strong> "nous" sa pleine valeur en<br />

l'utilisant, comme l'a fait Jean, deux fois :<br />

nous avons tout laissé<br />

nous t'avons suivi.<br />

4.- Le verbe 'suivre' :<br />

15 Lecteur ! As-tu remarqué la délicatesse de la réponse de Pierre ? "Nous<br />

t'avons suivi !" et "Nous avons tout laissé !", ce qui sous-entend : nous avons<br />

tout abandonné, nous n'avons rien reçu de particulier en échange. Nous t'avons,<br />

avec simplicité, suivi.<br />

14 Jean avait dit autre chose : quelqu'un chassait <strong>les</strong> démons en ton Nom et<br />

faisait des gestes-de-puissance. Or, "il ne nous suivait pas" (troisième emploi :<br />

complément).<br />

Lecteur, tu peux vérifier : c'est le même verbe grec :<br />

'akolutheo = suivre'.<br />

Pierre reprend, après un temps assez long, <strong>les</strong> mêmes mots que Jean utilisa. En<br />

situant son dire <strong>à</strong> partir de "nous", Pierre engage l'ensemble des Douze : <strong>les</strong><br />

Douze ont tout laissé et <strong>les</strong> Douze t'ont suivi !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 55 -<br />

5.- Jean répond :<br />

Entendant la parole de Pierre, très peu de temps après (de X-28 <strong>à</strong> X-35), Jean<br />

répond avec l'appui de Jacques pour donner <strong>à</strong> "nous" une puissance plus<br />

personnelle :<br />

nous voulons que tu fasses pour<br />

n o u s<br />

ce que n o u s te demanderons.<br />

(= deux emplois comme 'sujet' + un emploi comme 'complément', ce dernier<br />

emploi étant au centre. Au total trois emplois.)<br />

Ou encore :<br />

Jacques et Jean veulent que tu fasses pour eux seuls<br />

ce qu'ils vont tous deux te demander.<br />

Il y a trois emplois de "nous"; en logique des textes sacrés, ces trois<br />

utilisations doivent aboutir <strong>à</strong> une réalisation. Or la finale est : "nous pouvons..."<br />

et le texte tourne court.<br />

"Les Dix commencèrent <strong>à</strong> s'indigner au sujet de Jacques et de Jean." (X-<br />

41) = <strong>les</strong> Dix prennent parti pour Pierre. En réagissant ainsi, ils donnent <strong>à</strong><br />

"nous" le sens qui <strong>les</strong> englobe tous, solidairement, eux tous du groupe des Dix.<br />

Et pourtant, bientôt, il y aura : "l'un des Douze"(1). (Lecteur : tu noteras que, si<br />

tu annu<strong>les</strong> <strong>les</strong> emplois du mot 'douze' chaque fois qu'il y a Judas présent au<br />

texte, il reste douze emplois du mot 'dodeka = douze').<br />

Nous qui savons la suite du récit nous comprenons combien cette réaction des<br />

Dix marque une opposition par rapport <strong>à</strong> Jean et Jacques, <strong>les</strong> deux qui n'ont<br />

qu'un seul NOM.<br />

Si '<strong>les</strong> Dix s'indignèrent', c'est que Pierre, comme <strong>les</strong> neuf autres, lui aussi,<br />

s'indigna. Et Judas(1) aussi !<br />

Alors, ce groupe de Dix, que représente-t-il, en vérité ?<br />

6.- Sur la mer :<br />

Pierre dit <strong>à</strong> Jésus "Toi" ou "Rabbi". Et Jean lui dit "Maître". Alors, qui a parlé<br />

en premier en (IV-38), qui a eu le plus peur ?<br />

Ou encore : celui qui a vécu en lui-même tous <strong>les</strong> événements tels qu'ils l'ont<br />

façonné jusque (X-35), tel qu'il est devenu en (X-35), aurait-il encore peur d'un<br />

grand tourbillon de vent et des vagues se jetant-vers la barque ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 56 -<br />

7.- Sur l'exégèse :<br />

Tu trouves, ô lecteur, que l'analyse va loin <strong>dans</strong> le détail du texte ?<br />

Pourtant, prends du temps et note avec précision <strong>les</strong> moindres incises de style.<br />

Tu verras alors se révéler LE NOM de qui... a écrit (ont écrit ?)...le texte.<br />

LES DIX<br />

"Et s'avancent-auprès de LUI, Jacques et Jean, <strong>les</strong> fils de Zébédée, en LUI<br />

disant : 'Maître, nous voulons que tu fasses pour nous...<br />

... Et, ayant-entendu, <strong>les</strong> DIX commencèrent <strong>à</strong>-s'indigner au-sujet-de<br />

Jacques et Jean. Et, <strong>les</strong> ayant appelés-auprès, Jésus leur dit : 'Vous savez<br />

que ceux qui estiment être-chefs des nations...'." (X-35 ... 41).<br />

J'ai lu <strong>dans</strong> le livre de la Genèse :<br />

- 'Le seigneur dit : 'La plainte contre Sodome et Gomorrhe est si forte...'<br />

Abraham se tenait encore devant le Seigneur et dit :'... peut-être y a-t-il<br />

cinquante justes <strong>dans</strong> la ville ?'<br />

- Le Seigneur dit : 'Si je trouve <strong>à</strong> Sodome cinquante... <strong>à</strong> cause d'eux je<br />

pardonnerai'.<br />

- Abraham reprit et dit : '.. Peut-être sur cinquante justes, en manquera-t-il cinq.'<br />

- Il dit : 'Je ne <strong>les</strong> détruirai pas... si quarante-cinq justes'.<br />

- Abraham reprit et dit : 'Peut-être s'en trouvera-t-il quarante ?'.<br />

- Il dit : 'Je ne le ferai pas <strong>à</strong> cause de ces quarante'.<br />

- Il reprit : '... trente ?'.<br />

- Il dit : 'Je ne le ferai pas si j'y trouve ces trente'.<br />

- Il reprit : '... vingt ?'.<br />

- Il dit : 'Je ne détruirai pas <strong>à</strong> cause de ces vingt'.<br />

- Il reprit : '... peut-être l<strong>à</strong> s'en trouvera-t-il dix ?'.<br />

'Je ne détruirai pas <strong>à</strong> cause de ces DIX'.<br />

- Le Seigneur partit, lorsqu'il eut achevé de parler <strong>à</strong> Abraham, et Abraham<br />

retourna chez lui.' (Genèse XVIII-16 <strong>à</strong> 33)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 57 -<br />

Près de la Porte du Temple, j'ai rencontré mon hébreu et je lui demandai son<br />

commentaire du texte de la Genèse :<br />

50 : cinquante : ce nombre est celui des portes de l'intelligence, dignes, <strong>à</strong> el<strong>les</strong><br />

seu<strong>les</strong>, de sauver la totalité du monde.<br />

45 : quarante-cinq : c'est la valeur numérique du Tétragramme lorsqu'il est écrit<br />

en 'lettres pleines' et c'est aussi la valeur du mot 'adam = homme'.<br />

30 : trente : <strong>les</strong> trente degrés de la vision d'Ezéchiel.<br />

20 : vingt : chaque jour, chaque juste proclame deux fois que l'Eternel est UN.<br />

Or, 'h: ehad = un' est un mot hébreu qui vaut : aleph (= 1) + heth (= 8) auquel..<br />

on ajoute le mot lui-même (= un); tout cela fait bien 1 + 8 + 1 = 10. Deux fois<br />

par jour font donc vingt.<br />

Quant <strong>à</strong> la lettre daleth, elle n'est pas oubliée, mais elle représente la porte<br />

ainsi qu'il est dit par David : 'C'est ici la porte du Seigneur. Que <strong>les</strong> justes<br />

entrent !' (Psaume CXVIII-20). Le daleth est la porte que le juste franchit pour<br />

valoir vingt.<br />

10 : dix : avec <strong>les</strong> dix paro<strong>les</strong> du Décalogue / <strong>les</strong> dix 'verbes' par lequel le monde<br />

fut créé / 'Ainsi parle YHVH Sabaoth : En ces jours-l<strong>à</strong>, DIX hommes...'<br />

(Zacharie VIII-23).<br />

Le Seigneur ayant fini s'en alla et Abraham rentra chez lui. Puis, l'hébreu,<br />

ayant fini, rentra <strong>dans</strong> le Temple pour rejoindre <strong>les</strong> grands-prêtres, <strong>les</strong> scribes et<br />

<strong>les</strong> anciens qui discutaient entre eux au sujet de l'autorité.<br />

Quant <strong>à</strong> moi, je comprenais que l'hébreu venait de me donner une leçon<br />

d'exégèse un peu spéciale : beaucoup d'affirmations, en vrac, sans justification,<br />

avec des chiffres approximatifs, triturés, j'ose écrire : tétra-grammisés !<br />

Alors, je suis revenu vers le texte de Saint Marc et je l'ai lu "avec plaisir". Et<br />

<strong>dans</strong> son enseignement, il disait : "Regardez aux scribes qui veulent marcher en<br />

(longues) robes" (XII-38) et discourir en merveilleuses formu<strong>les</strong>...<br />

C'était il y a bien longtemps, "juste-en-face-de la salle du trésor". (XII-41)<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 58 -<br />

Note 1 : l'un des Douze : Judas = page : 55<br />

Il est parfaitement licite, pour mon commentaire, d'évoquer le devenir de<br />

Judas, puisque le texte a présenté, au verset (III-19) : "... et Judas Iskarioth, celui<br />

qui le livra".<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(X-37)<br />

Trois mots<br />

Jacques et Jean : I et II<br />

JERICHO<br />

Avec Moïse : I et II<br />

Les lois du texte<br />

La GLOIRE de Dieu<br />

TROIS MOTS<br />

Trois mots sonnent <strong>à</strong> mes oreil<strong>les</strong> :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 59 -<br />

LA GLOIRE DE DIEU<br />

_______________<br />

IX-7 : (la Transfiguration)<br />

Pierre vient de proposer : "...Faisons aussi trois ABRIS : pour-toi = UN et<br />

pour-Moïse = un et pour-Elie = un... Et une NUEE arriva... Et une voix arriva<br />

hors de la NUEE : 'Celui-ci est mon Fils, le Bien-Aimé. Entendez-le !'."<br />

X-37 : (boire la coupe)<br />

"Ceux-ci (= Jacques et Jean) lui dirent : 'Donne-nous de nous asseoir <strong>dans</strong> ta<br />

GLOIRE l'un <strong>à</strong> ta droite et l'un <strong>à</strong> gauche'.".<br />

Le lexique renseigne sur <strong>les</strong> mots grecs :<br />

abri = g: skene<br />

nuée = g: nephele<br />

gloire = g : doxa<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 60 -<br />

Ici, l'hébreu m'a rappelé le texte de la Septante :<br />

'Alors, la NUEE (e nephele) couvrit l'ABRI (ten skenen) du Témoignage (tou<br />

marturiou) et la GLOIRE de YHVH (doxes Kuriou) remplit l'ABRI (e skene).<br />

Or Moïse ne pouvait pénétrer (eis-eltein) <strong>dans</strong> (eis) l'ABRI (ten skenen) du<br />

Témoignage (tou marturiou) car (elle descendait-et-)restait-sur elle (ep auten) la<br />

NUEE (e nephele). Et la GLOIRE de YHVH (doxes Kuriou) remplissait<br />

l'ABRI (e skene)' (Exode XL-34 et 35).<br />

Que le lecteur pardonne cette lourdeur du texte. Habituellement, il lit quelque<br />

chose comme : 'La nuée couvrit la tente de la rencontre et la gloire du Seigneur<br />

remplit la demeure. Moïse ne pouvait pas entrer <strong>dans</strong> la tente de la rencontre car<br />

la nuée y demeurait et la gloire du Seigneur remplissait la demeure...' (Exode<br />

XL-34 et 35).<br />

Ou encore, <strong>dans</strong> la traduction Dhorme : 'Alors la nuée couvrit la Tente du<br />

rendez-vous et la gloire de YHVH remplit la Demeure. Or Moïse ne pouvait<br />

entrer <strong>dans</strong> la Tente du rendez-vous car sur elle demeurait la nuée et la gloire de<br />

YHVH remplissait la Demeure. Lors donc que la nuée s'élevait de dessus la<br />

Demeure, <strong>les</strong> fils d'Israël se déplaçaient en tous leurs déplacements. Mais, si la<br />

nuée ne s'élevait pas, ils ne se déplaçaient jusqu'au jour où la nuée se déplaçait.<br />

Car la nuée de YHVH était sur la Demeure pendant le jour et un feu était en elle<br />

pendant la nuit, aux yeux de toute la maison d'Israël, en tous leurs<br />

déplacements.' (fin du Livre de l'Exode : XL-34 <strong>à</strong> 38)<br />

JACQUES et JEAN : I<br />

A la Transfiguration, il y a proximité entre <strong>les</strong> mots 'skene' et 'nephele', c. <strong>à</strong> d.<br />

entre <strong>les</strong> trois abris et deux fois la nuée; mais aucun des trois discip<strong>les</strong> n'a rendu<br />

gloire <strong>à</strong> Dieu. Le mot 'g: doxa = gloire' est absent et même le verbe 'g: doxazô<br />

= glorifier' n'a pas osé s'approcher. Pourtant...<br />

En (II-12), <strong>à</strong> Capharnaüm, <strong>à</strong> la maison°, il y eut une scène curieuse que j'ai<br />

longuement analysée. Des scribes ont monté un scénario avec rumeurs pour<br />

alerter <strong>les</strong> gens, bouchon empêchant toute circulation <strong>à</strong> la porte d'entrée, convoi<br />

exceptionnel de quatre (hommes) apportant un paralytique couché sur un grabat.<br />

La déviation mise en place <strong>les</strong> oblige <strong>à</strong> passer par le toit pendant que <strong>les</strong> scribes,<br />

assis, réfléchissaient. Finalement, le paralytique, guéri, sortit en levant le grabat<br />

"en-présence-de-tous, de-sorte-que tous étaient-hors-d'eux-mêmes et glorifiaient<br />

Dieu en disant : 'Jamais° nous n'avons vu ainsi'." (II-12).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 61 -<br />

Dois-je en déduire que, <strong>à</strong> la Transfiguration, Pierre et Jacques et Jean ne furent<br />

pas étonnés ? Ils n'avaient jamais vu ainsi et pourtant ils ne glorifient pas Dieu !<br />

Il est vrai que Pierre vient de parler en proposant trois abris. Le texte,<br />

remarquable observateur de tout ce qui se passe, ose écrire que Pierre "ne savait<br />

pas ce-qu'il avait répondu" (IX-6). Jacques et Jean ont 'entendu' ce que disait le<br />

texte et ils n'ont pas glorifié Dieu. Ils restèrent silencieux, "car ils étaient arrivés<br />

saisis-de-crainte" (IX-6).<br />

JACQUES et JEAN : II<br />

Peu après, alors que Jésus et ses discip<strong>les</strong> "étaient en chemin en montant vers<br />

Jérusalem" (X-32), le texte note encore la crainte : "ceux qui suivaient<br />

craignaient" (X-32). Il y a un malaise et eux ne disent rien. Jésus prend avec lui<br />

<strong>les</strong> Douze et leur prophétise, pour la troisième fois, sa Passion. Alors, Jacques et<br />

Jean "s'avancent-auprès de lui" (X-35) et voici que, ensemble, ils parlent <strong>à</strong> Jésus.<br />

Lecteur, rappelle-toi ! Jamais tu n'as entendu, jusqu'ici, la voix de Jacques.<br />

Seul Jean a parlé en (IX-38) : "Maître, nous-avons-vu quelqu'un...". Ici,<br />

ensemble, ils disent une même sorte de parole : "Maître, nous voulons que tu<br />

fasses pour-nous...". Et c'est la demande de "nous asseoir <strong>dans</strong> ta GLOIRE" (X-<br />

37), comme si, subitement, ils se rappelaient la scène de la Transfiguration. On<br />

s'assied sous la tente, ou encore <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cabanes (h: soukot) ou <strong>les</strong> abris (g:<br />

skenas). A la fin de la première partie du récit de Saint Marc, après une très<br />

longue marche, fatigués, Jacques et Jean éprouvent le besoin de demander <strong>à</strong><br />

s'asseoir; ils pensent <strong>à</strong> ces trois ABRIS évoqués par Pierre, <strong>à</strong> la NUEE qui <strong>les</strong><br />

couvrit-de-son-ombre et voici que leur question aboutit <strong>à</strong> la GLOIRE de Dieu.<br />

Lorsque j'ai entendu Jacques et Jean poser leur question, j'ai aussitôt relié la<br />

GLOIRE aux deux NUEES et aux trois ABRIS de la Transfiguration. Cela<br />

m'oblige <strong>à</strong> convoquer Moïse au sujet de cette GLOIRE de Dieu, mais auparavant<br />

il y a l'approche de...<br />

JERICHO<br />

Le mot 'g: doxa = gloire' est <strong>dans</strong> la question posée par Jacques et Jean, puis<br />

Jésus donne sa réponse. Ils voulaient s'asseoir "<strong>dans</strong> ta gloire" (X-37); ses<br />

paro<strong>les</strong> disent : "s'asseoir <strong>à</strong> ma droite ou <strong>à</strong> gauche, il n'est pas mien de (le)<br />

donner" (X-40).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 62 -<br />

Sa gloire est donc la gloire de Dieu puisque Jésus-homme ne peut lui-même<br />

donner ce qu'ils ont demandé. Cependant, "<strong>dans</strong> ta gloire" devient "<strong>à</strong> ma droite"<br />

et suggère que la gloire de Dieu pourrait se dire comme <strong>les</strong> actes de Dieu en vue<br />

du salut des hommes, ce qui, au sens très large, est la relation salvatrice de Dieu<br />

avec l'homme, ou encore son incarnation(1), c. <strong>à</strong> d. le Messie.<br />

A la suite de ces versets (X-35 <strong>à</strong> 40), "<strong>les</strong> DIX commencèrent <strong>à</strong>-s'indigner" (X-<br />

41) et Jésus s'adresse <strong>à</strong> eux : servant... serviteur... être servi... servir... Puis,<br />

subitement, le texte change :<br />

"Et ils viennent vers Jéricho" (X-46).<br />

J'ai dit, ailleurs, comment Jéricho avait été rasé par YHVH et comment tous<br />

ses habitants avaient été exterminés. Il y a l<strong>à</strong> une manifestation de la Puissance<br />

de Dieu, pour aider <strong>les</strong> hébreux <strong>dans</strong> leur prise de possession de la Terre<br />

Promise. Ce n'est absolument pas <strong>à</strong> porter au crédit de la gloire de Dieu. YHVH<br />

aide Israël; il tue et extermine et détruit et rase, mais c'est pour respecter la<br />

parole donnée. Il n'a nulle gloire <strong>à</strong> passer par Jéricho, surtout aussi peu de temps<br />

après que Jacques et Jean eurent fait leur demande de siéger <strong>dans</strong> cette gloire.<br />

Le texte fait un nouveau basculement en précisant immédiatement comment...<br />

"il s'en-allait de Jéricho" (X-46).<br />

Jéricho n'est pas un 'monument° = g: mnema' élevé <strong>à</strong> la gloire de Dieu, car<br />

cette ville n'est qu'un 'monument = g: mnemon' témoin de la Puissance de Dieu.<br />

AVEC MOISE<br />

J'ai rencontré Moïse et il m'a raconté comment YHVH lui avait dit; 'cette<br />

parole même que tu as dite, je la ferai car tu as trouvé grâce devant moi et je te<br />

connais de NOM !'. Alors, Moïse dit <strong>à</strong> YHVH :<br />

(<strong>dans</strong> la bible en hébreu :)<br />

'Fais-moi donc voir ta gloire !'<br />

'Fais-moi voir, oui, ta gloire !'<br />

(ce qui, <strong>dans</strong> la Septante, devient :)<br />

'Rends-toi visible <strong>à</strong> moi !<br />

(Exode XXXIII-18)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 63 -<br />

Et YHVH répondit <strong>à</strong> Moïse :<br />

(<strong>dans</strong> le texte hébreu :)<br />

'Je ferai passer devant toi toute ma bonté.'<br />

(et, <strong>dans</strong> le texte en grec :)<br />

'Je passerai d'abord devant toi avec ma gloire.'<br />

(Exode XXXIII-19)<br />

La réponse <strong>à</strong> la demande de Moïse est venue <strong>à</strong> l'Horeb et Moïse a dit <strong>à</strong> son<br />

peuple : 'Et YHVH vous parla du milieu du feu : vous entendiez la voix de ses<br />

paro<strong>les</strong>, mais vous ne voyiez pas de forme apparente, seulement une voix. Il<br />

vous fit connaître son Alliance' (Deutéronome IV-12).<br />

Ainsi, la GLOIRE de Dieu n'est pas <strong>dans</strong> sa Puissance, ni <strong>dans</strong> sa forme. Elle<br />

est <strong>dans</strong> son inclination VERS = EL l'homme, continuel mouvement offert <strong>à</strong><br />

l'homme, alliance toujours renouvelée, forme toujours inattendue.<br />

AVEC MOISE = II<br />

Lorsque le roi Salomon inaugura le Temple, <strong>les</strong> prêtres amenèrent l'Arche<br />

d'Alliance <strong>à</strong> sa place <strong>dans</strong> le Sanctuaire et il n'y avait <strong>dans</strong> l'Arche rien d'autre<br />

que <strong>les</strong> deux Tab<strong>les</strong> de pierre que Moïse avait déposées <strong>à</strong> l'Horeb.<br />

'Or, comme <strong>les</strong> prêtres sortaient du Saint, la NUEE remplit la Maison de<br />

YHVH et <strong>les</strong> prêtres ne purent rester <strong>à</strong> leur service <strong>à</strong> cause de la NUEE, car la<br />

GLOIRE DE YHVH avait rempli la Maison de YHVH.' (I Rois VIII-10 et 11).<br />

avec :<br />

nuée = nephele<br />

gloire = doxa<br />

maison = oikos<br />

(noter que ces trois mots grecs sont <strong>les</strong> mêmes que <strong>dans</strong> Saint Marc)<br />

(et avec : 'oikos = maison°', car il y a la Présence de Dieu).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES LOIS DU TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 64 -<br />

Pour finir <strong>dans</strong> la gloire du mot 'doxa', j'ai voulu regarder <strong>les</strong> lois du texte :<br />

premier emploi :<br />

Ceux qui sont présents en (II-12) et savent que le convoi exceptionnel des<br />

ambulanciers passe par le toit deviennent hors d'eux-mêmes et ils glorifient<br />

Dieu. Rendre gloire <strong>à</strong> Dieu est donc proclamer que jamais on n'a vu quelque<br />

chose de pareil ! Les mots harmonieusement structurés, <strong>les</strong> circularités ou <strong>les</strong><br />

parallélismes, <strong>les</strong> renvois de verset <strong>à</strong> verset, <strong>les</strong> nombres d'emplois répartis selon<br />

chacune des deux parties du récit et toutes <strong>les</strong> lois du texte dont la première<br />

affirme que chaque mot est défini par son premier emploi m'obligent <strong>à</strong> dire :<br />

jamais je n'ai vu un texte pareil, sauf peut-être le Livre de Moïse ...? Aussi, je<br />

proclame et je glorifie Unique le Dieu !<br />

deuxième emploi :<br />

Au verbe 'doxazo' de (II-12) vient s'ajouter 'doxa' en (VIII-38) établissant la<br />

dualité des mots grecs consacrés <strong>à</strong> la gloire de Dieu. L'entrée du mot 'doxa' se<br />

fait par l'intercession du Fils de l'homme "quand il viendra <strong>dans</strong> la gloire de son<br />

Père avec <strong>les</strong> missionnaires saints" (= <strong>les</strong> anges saints). Le verbe 'venir' indique<br />

la volonté salvatrice de Dieu et la dualité est atteinte par 'doxazo - doxa' avec<br />

cette venue du FILS <strong>dans</strong> la gloire du PERE, dualité du Dieu-Unique.<br />

troisième emploi ;<br />

Jacques et Jean posent leur question <strong>à</strong> Jésus et j'ai dit comment la gloire venait<br />

se raccorder <strong>à</strong> la double nuée et <strong>à</strong> ces trois abris pour témoigner de cette gloire<br />

de Dieu manifestée <strong>à</strong> Moïse. J'ai dit aussi comment la gloire est liée au Messie et<br />

ne doit pas être confondue avec la Puissance qui rasa Jéricho.<br />

Le troisième emploi vient <strong>à</strong> un moment du texte où Jésus va réaliser le dernier<br />

acte de puissance avant d'entrer <strong>à</strong> Jérusalem.: l'aveugle Bar-Timée va lever <strong>à</strong><br />

nouveau le regard. Dieu n'est pas le Puissant qui détruisit une ville; il est la<br />

gloire qui sauve Israël en lui redonnant la vue. Bar-Timée, qui allégorise Israël,<br />

a sa manière <strong>à</strong> lui de glorifier Dieu : il suit son Messie sur le chemin et bientôt il<br />

organisera l'entrée - comme pour un roi - de Jésus assis sur un ânon aux cris de :<br />

Hosanna ! Béni soit... celui qui vient... (au NOM) ... de notre père David !" (XI-<br />

9 et 10). Le troisième emploi est un aboutissement, cfr : la loi du texte.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 65 -<br />

quatrième emploi :<br />

En (XIII-26), il y a comme une reprise du verset (VIII-38) puisque l'un et<br />

l'autre versets ont en commun :<br />

venir ... Fils de l'homme ... la GLOIRE <strong>les</strong> missionnaires<br />

mais le texte de (XIII-26) est beaucoup plus complet et grandiose :<br />

le Fils de l'homme viendra<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> nuées, avec Puissance nombreuse et GLOIRE.<br />

le Fils de l'homme enverra <strong>les</strong> missionnaires<br />

le Fils de l'homme rassemblera<br />

((ses)) élus des quatre points cardinaux<br />

depuis l'aleph (= extrémité de la terre)<br />

jusqu'au tav (= extrémité du ciel)<br />

Le quatrième emploi est la plénitude de la GLOIRE de Dieu.<br />

cinquième emploi :<br />

La loi s'applique encore, quoiqu'il n'y ait pas de cinquième emploi. En effet,<br />

<strong>les</strong> lois du texte m'ont affirmé que l'emploi de rang cinq apportait l'identité. Bien<br />

entendu, cela ne peut avoir aucune signification pour la Gloire de Dieu. Elle est<br />

la plénitude (rang 4), l'aboutissement (rang 3), la dualité (rang 2) de l'Unique<br />

(rang 1) et il y aurait une incohérence <strong>à</strong> lire un cinquième emploi.<br />

LA GLOIRE DE DIEU<br />

Oui, MAINTENANT, je dis que j'ai vu la GLOIRE de Dieu, descendue <strong>dans</strong><br />

le texte : elle est le Messie, le Roi d'Israël, et j'ai-foi (cfr : XV-32(2).<br />

...car, jamais, je n'ai vu aucun texte que je puisse lire ainsi ! (cfr : II-12(3).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 66 -<br />

Note 1 : Incarnation = page : 62<br />

Je prends l'expression 'gloire de Dieu' <strong>dans</strong> un sens volontairement limité <strong>à</strong> la<br />

perception par l'homme voyant le Messie. La GLOIRE est alors (<strong>dans</strong> ce sens<br />

restrictif) la manifestation aux yeux des hommes du fait nouveau (pour eux)<br />

qu'est Jésus-le-Messie. C'est l'arrivée parmi <strong>les</strong> hommes d'un homme (= Jésus)<br />

comme eux tous, semblable (<strong>à</strong> leurs yeux) <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes mais pourtant<br />

différent (par son enseignement = I-22) des autres hommes. L'Incarnation est la<br />

vue par <strong>les</strong> hommes de l'arrivée (parmi <strong>les</strong> hommes) et sous une forme humaine<br />

de la GLOIRE de Dieu.<br />

Or la GLOIRE (au sens général de ce mot) de Dieu existe en Dieu depuis<br />

avant tout temps humain (= avant le Bereshit de Genèse I). Dieu est Dieu (=<br />

n'est Dieu que) par SA GLOIRE. Et cette Gloire a été vue par l'homme dès<br />

Genèse I-26. Voici, dès (<strong>Mc</strong> I-10) qu'un nouveau temps arrive (= "est accompli<br />

le moment" = I-15) où cette Gloire est vue par l'homme par le moyen d'un<br />

homme (= Jésus); c'est la vue par "tout le pays (de) Judée et tous <strong>les</strong> habitantsde-Jérusalem"<br />

(I-5) de Dieu-Incarné (= le Messie = l'humaine manifestation de<br />

la Gloire de Dieu), ((= manifestation = attestation publique et donnant<br />

l'information <strong>à</strong> tous <strong>les</strong> hommes.))<br />

La présente note trouve sa nécessité <strong>dans</strong> le fait que, pour le texte de Saint<br />

Marc, chaque mot a un sens bien défini par le texte. Ce sens n'est pas<br />

obligatoirement celui que chacun d'entre nous pourrait mettre de lui-même, <strong>à</strong><br />

cause de sa culture ou de références diverses extérieures. En théologie, la Gloire<br />

de Dieu a un sens bien déterminé. J'ai lu, <strong>dans</strong> Saint Marc, la GLOIRE de Dieu<br />

comme étant la Gloire du Dieu-Incarné dont la connaissance est offerte <strong>à</strong> tout<br />

homme.<br />

Mais :<br />

Qu'est-ce que 'la connaissance' ?<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 67 -<br />

Note 2 : (XV-32) = page : 65<br />

Les grands-prêtres... avec <strong>les</strong> scribes disaient : "... Que le Messie, le Roi<br />

d'Israël, descende MAINTENANT de la Croix afin que nous voyions et que<br />

nous ayions-foi !".<br />

Note 3 : (II-12) = page : 65<br />

Tous étaient hors d'eux-mêmes et glorifiaient Dieu en disant : "Jamais nous<br />

n'avons vu ainsi !".<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(X-47)<br />

Présentation<br />

Sur le verset (I-9)<br />

Un petit village<br />

Un village caché<br />

La lumière<br />

PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 68 -<br />

JESUS LE NAZARENIEN<br />

_______________<br />

Alors que nous venions de Jéricho, voici que Jésus changea de (chemin) et<br />

déj<strong>à</strong> "il s'en allait de Jéricho" (X-46). Un aveugle était assis le long du chemin et<br />

(dirent certains) il avait "entendu que (c')est Jésus le nazarénien" (X-47).<br />

Rappelle-toi, ami lecteur : jadis, presque au commencement du texte, nous avons<br />

appris que "Jésus vint" (I-9) et ceci se passa "<strong>à</strong> Nazareth de la Galilée". Pourquoi<br />

l'aveugle n'a-t-il pas su que Jésus était 'de Nazareth' ? ou aussi : pourquoi en (I-<br />

9) Jésus n'était-il pas 'nazarénien' alors que "la rumeur <strong>à</strong> son sujet" se répandait<br />

puisque "un homme en esprit-impur" (I-23) avait osé le crier "<strong>dans</strong> la<br />

synagogue, (<strong>à</strong> un) jour-du-sabbat" ?<br />

SUR LE VERSET (I-9)<br />

Le sens strict est : "En ces jours-l<strong>à</strong>, <strong>à</strong> Nazareth, il arriva que Jésus vint ! ... <strong>à</strong><br />

Nazareth de la Galilée." Il n'y a pas que le sens 'local' : Jésus vint DE Nazareth,<br />

lequel marquerait un simple voyage d'un homme : voici que l'homme Jésus<br />

vient, comme n'importe quel voyageur, de la ville de Nazareth en Galilée. Le<br />

sens ainsi compris de 'g: apo = (venant) de' donne une humanité très forte qui,<br />

certainement, a été entendue ainsi par ceux qui, au Jourdain, ont vu 'venir' cet<br />

homme.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 69 -<br />

Ce sens 'local' est celui qui vient le premier <strong>à</strong> l'esprit, mais s'y maintenir est<br />

dangereux car il y a le risque de demeurer sur un chemin (cfr : I-3) qui n'est pas<br />

"<strong>les</strong> sentiers de LUI" (I-3) avec le sens de "LUI = g: AUTOU" déj<strong>à</strong> par ailleurs<br />

longuement analysé (= Dieu-Incarné).<br />

J'ai retenu pour 'g: apo' le sens 'causal' car c'est <strong>à</strong> Nazareth de la Galilée qu'il<br />

est arrivé une grande chose : "Jésus vint". Par cette exégèse, Nazareth n'est plus<br />

seulement la ville (ou la bourgade ?) point de départ de ce qui deviendra la<br />

grande marche de Jésus. Le nom de 'Nazareth' dépasse le simple repère<br />

géographique situant un lieu en dehors (ou : par rapport <strong>à</strong>) des routes<br />

fréquentées, <strong>dans</strong> cette région de la Galilée.<br />

UN PETIT VILLAGE<br />

Nazareth est un village simple et pauvre. Quelques maisons adossées <strong>à</strong> la<br />

colline avec une source unique <strong>à</strong> laquelle <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> enfants vont chercher<br />

l'eau nécessaire.<br />

Quand David vint <strong>à</strong> Jérusalem, n'était-ce pas un peu la même présentation<br />

d'une petite source, d'une montagne, d'un sol fait de rocher, mais assez tendre<br />

pour être creusé afin d'en faire des silos ? Les céréa<strong>les</strong> y sont entreposées et la<br />

vigne approvisionne en raisins que l'on presse pour un jus rouge de soleil<br />

s'écoulant par une rigole <strong>dans</strong> la cuve souterraine, en forme de cave. Ce flot de<br />

vie emprisonné y deviendra un vin lourd, caractéristique des coteaux. Silos <strong>à</strong><br />

grains et cuves <strong>à</strong> vin, mais aussi cuve pour l'huile qui sera lumière ou servira <strong>à</strong><br />

oindre.<br />

Une vingtaine de maisons constitue le village, avec la seule pièce de séjour<br />

taillée comme une étable ou une grotte, décor depuis la naissance jusqu'<strong>à</strong> la<br />

mort, comme deux parenthèses pour toute vie humaine. Peu ou pas de fenêtre,<br />

l'humilité de l'ombre, d'où peut-être le nom de ce village : NAZARETH dont la<br />

racine, en hébreu, comme presque toute racine des mots <strong>les</strong> plus communs, ne<br />

comporte que trois lettres... TROIS ? Oui, car que va-t-il arriver ? Que peut-il<br />

arriver d'un lieu aussi CACHE ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


UN VILLAGE CACHE<br />

J'ai posé :<br />

Et j'ai vu :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 70 -<br />

N A Z A R E T H<br />

N -- S -- R -- = caché<br />

N a S a R a = la vérité<br />

(car, bien souvent, la vérité est 'cachée'). Et, en plus :<br />

N e S e R = le rejeton<br />

(au sens messianique, c. <strong>à</strong> d. celui dont parle le prophète Isaïe : 'Moi-YHVH... je<br />

t'ai mis en réserve et je t'ai destiné <strong>à</strong> l'alliance de la multitude, <strong>à</strong> être LA<br />

LUMIERE DES NATIONS(1) ...' (Isaïe XLII-6).<br />

LA LUMIERE<br />

Mis en réserve ------> Destiné -----> Le sens messianique<br />

I I<br />

I I<br />

N a S i R aia S N e S e R<br />

= consacré <strong>à</strong> = le rejeton<br />

Dieu<br />

J'ai posé : 'N a Z a R e Th' ... Et J'AI VU l'écrit du prophète Isaïe avec :<br />

LA LUMIERE DES NATIONS. Les yeux de Bar-Timée se sont ré-ouverts<br />

alors que la première partie du texte arrivait <strong>à</strong> sa fin car tous nous quittions le val<br />

de l'eau vive et son fleuve Jourdain. Montons vers Jérusalem ! L'eau si<br />

abondante du fleuve alimentant des étendues qui sont le nom de 'mer' (la mer de<br />

Galilée et la mer asphaltite) ne sera plus bientôt que l'eau contenue <strong>dans</strong> une<br />

simple cruche (XIV-13). J'ai dit comment j'ai su l'existence des réservoirs <strong>à</strong><br />

Jérusalem; ils ne sont plus 'la mer', mais ils sont 'miqva'ot' (Voir Lectio divina<br />

pour la séquence VII-1 <strong>à</strong> 5).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 71 -<br />

Alors, J'AI VU comme un retournement. Il y avait un rocher qui se laissait<br />

creuser et la pierre y était remplie de mille paillettes comme gouttes de rosée ou<br />

de miel. Le rocher gardait en lui la vie car il était silo pour le grain, l'huile ou le<br />

vin et cette vie, le rocher la destinait <strong>à</strong> l'homme. Le rocher est YHVH; David l'a<br />

écrit. La vie qui s'en écoule est comme le mince filet d'eau qui sourd de Nazareth<br />

ou de Moriyah.<br />

Et J'AI VU :<br />

<strong>à</strong> Nazareth de la Galilée (I-9) =<br />

le lieu d'où IL est venu<br />

<strong>à</strong> Capharnaüm (I-21 et 24) =<br />

le nazarénien<br />

<strong>à</strong> (et) de Jéricho (X-46 et 47) =<br />

le nazarénien<br />

le Nazarénien en Galilée (XVI-6 et 7) =<br />

le lieu où IL précède<br />

Alors, J'AI LEVE-MON-REGARD car toute la partie du texte comprise<br />

entre (I-9) et (XVI-7) est la REVELATION DE CE QUI EST CACHE... A<br />

NAZARETH.<br />

Et J'AI VU resplendir <strong>dans</strong> le texte deux mêmes mouvements apportant la<br />

LUMIERE :<br />

X-21 XV-33<br />

p u i s :<br />

un-unique la terre entière<br />

s'assombrissant une ténèbre<br />

X-52 XVI-4<br />

Bar-Timée <strong>les</strong> femmes<br />

leva-le-regard levant-leur-regard<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> X - 72 -<br />

Note 1 : la lumière des nations = page : 70<br />

Celui qui deviendra la lumière des nations saura faire en sorte que <strong>les</strong> aveug<strong>les</strong><br />

lèvent-le-regard <strong>à</strong> nouveau, du moins selon l'écrit d'Isaïe qui ajoute : "... <strong>à</strong> être la<br />

lumière des nations, <strong>à</strong> ouvrir <strong>les</strong> yeux des aveug<strong>les</strong>...".<br />

La présente remarque explique pourquoi Bar-Timée "ayant-entendu que (c')est<br />

Jésus le NAZARENIEN" (X-47) se met aussitôt <strong>à</strong> crier.<br />

* * * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XI-0)<br />

Proposition<br />

La Semaine Sainte <strong>à</strong> Jérusalem<br />

PROPOSITION<br />

LA SEMAINE DE LA PASSION<br />

_______________<br />

Une année durant, nous venons de marcher avec lui <strong>dans</strong> la plaine des eaux et<br />

voici qu'ils approchent de Jérusalem. "Ils" représente ceux qui précèdent car<br />

"ils" l'ont dépassé peu après le verset (X-42). Nous <strong>les</strong> retrouverons en (XI-19).<br />

Bientôt nous allons vivre cette grande (semaine) <strong>à</strong> Jérusalem. Elle portera,<br />

pour <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>-<strong>à</strong>-venir, le nom de Semaine de la Passion. Veux-tu la vivre, ô<br />

lecteur, jour par jour et lire ainsi le texte en avançant <strong>à</strong> marches irrégulières<br />

(= plus ou moins de versets chaque jour) mais en lecture continue, depuis (XI-1)<br />

jusque vers la fin ?<br />

Le calendrier ci-dessous a été établi en tenant compte de la liturgie de l'Eglise<br />

telle que nous la vivons, chaque année, durant la semaine de la Passion. Ce<br />

calendrier sera ton plan de marche et il te propose, chaque jour, une rencontre<br />

insolite. Ainsi pourras-tu, quotidiennement, vivre ta lectio divina en allant de<br />

station en station, par le chemin du commentaire des <strong>séquences</strong> traversées.<br />

Au sujet du déroulement <strong>dans</strong> le temps des événements tels qu'ils se<br />

déroulèrent, cette année-l<strong>à</strong>, <strong>à</strong> Jérusalem, au temps de Pilate, du centurion et des<br />

grands-prêtres avec <strong>les</strong> scribes : tu te reporteras au chapitre traitant du<br />

"calendrier".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 2 -<br />

LA SEMAINE SAINTE A JERUSALEM<br />

SAMEDI des Rameaux :<br />

(XI-1) " Et lorsqu'ILS s'approchent vers Jérusalem "<br />

DIMANCHE des Rameaux :<br />

(XI-9) " Et ceux qui précédaient<br />

et ceux qui suivaient criaient"<br />

LUNDI saint :<br />

(XII-37) " Et ((la)) nombreuse foule<br />

l'entendait avec-plaisir"<br />

MARDI Saint :<br />

(XIV-10) " Et JUDAS ISKARIOTH ...<br />

s'éloigna-auprès des grands-prêtres"<br />

MERCREDI Saint :<br />

(XIV-13) " Et... un homme<br />

en portant° une cruche d'eau"<br />

JEUDI Saint :<br />

(XIV-54) " Et PIERRE... avec <strong>les</strong> valets<br />

en se chauffant auprès de la lumière"<br />

VENDREDI Saint :<br />

(XV-36) " Or quelqu'un...<br />

ayant rempli une éponge de vinaigre"<br />

SAMEDI Saint :<br />

(XV-47) " MARIE la magdaléenne et MARIE... considéraient<br />

où il avait-été-posé"<br />

DIMANCHE de Pâque :<br />

(XVI-5) " Et, ... (comme)se-levait° le soleil ...<br />

un jeune-homme assis...<br />

enveloppé d'une robe blanche"<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XI-1)<br />

La montée<br />

Quelques informations<br />

L'histoire d'un bélier<br />

Deux discip<strong>les</strong><br />

LA MONTEE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 3 -<br />

VERS LA MONTAGNE DES OLIVIERS<br />

_______________<br />

Voici quelque temps déj<strong>à</strong> que tous nous avions lu <strong>dans</strong> le texte : " Or ils<br />

étaient en chemin en montant VERS Jérusalem " (X-32). Cette information est<br />

confirmée peu après par une parole de Jésus : " Voici : nous montons VERS<br />

Jérusalem " (X-33). Le lecteur, familiarisé avec le texte, a aussitôt noté ' g: EIS<br />

Ierosoluma = VERS Jérusalem ' (voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot vers). Dans le<br />

premier verset de la deuxième partie, il y a :<br />

"kai ote eggizousin EIS Ierosoluma..."<br />

"et lorsqu'ils s'approchent VERS Jérusalem ..." (XI-1)<br />

C'est la troisième fois que EIS présente la ville de Jérusalem ; c'est donc<br />

l'aboutissement (= l'arrivée définitive) <strong>dans</strong> la Ville. Le texte offre <strong>à</strong> son lecteur<br />

de s'arrêter quelques instants sur la montagne des Oliviers.<br />

QUELQUES INFORMATIONS<br />

Les recherches et réflexions en analyse du texte ne peuvent se faire en suivant<br />

l'ordre de l'écrit car il est des lieux privilégiés et riches, mais d'autres aussi<br />

beaucoup plus pauvres et diffici<strong>les</strong> <strong>à</strong> saisir. " Que le lecteur réalise ! " (cfr : XIII-<br />

14) et qu'il excuse celui qui va l'envoyer directement <strong>à</strong> un autre chapitre dont le<br />

titre est : 'Apprêter... du pain'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 4 -<br />

Il y trouvera une étude sur Beth-Phagée et Beth-Anie, puis sur la montagne des<br />

Oliviers, et quelque conclusion. Il en prendra connaissance et il saura pourquoi<br />

Jésus, refaisant le chemin parcouru par David, arrive au Mont des Oliviers pour<br />

y apprendre la naissance d'un complot fomenté par ceux qui "cherchaient<br />

comment ils le perdraient ".<br />

L'HISTOIRE D'UN BELIER<br />

Nous le suivions "sur le chemin", nous éloignant de Jéricho; nous sommes<br />

montés par Beth-Phagée, passés <strong>à</strong> Beth-Anie et arrivés auprès de la montée des<br />

Oliviers. Depuis le flanc de la montagne de Dieu, j'ai voulu regarder, comme lui,<br />

la Ville avec le Temple, et je me suis imaginé être aux côtés de David, lui qui,<br />

jadis, pouvait seulement admirer le rocher, un roc nu et sans végétation ni même<br />

une plante digne d'être appelée un arbre, tout au plus un roncier qui, en fils<br />

barbelés, retiendra la tête d'un bélier. La ronce est cette plante qui aime <strong>à</strong> courir<br />

par terre, j'allais dire 'serpenter' en pensant <strong>à</strong> la bête qui sur cette montagne où<br />

l'homme fut créé <strong>à</strong> la fois mâle et femelle, voulut s'insinuer en discorde de<br />

pomme. Nul buisson en ce lieu, ce qui a obligé le fils <strong>à</strong> porter le bois pour<br />

allumer le premier feu (en ce lieu) sur le premier autel, avant l'abattage d'un<br />

agneau. Le fils dit <strong>à</strong> son père :<br />

... pou esti to probaton to EIS holocarpôsin ?<br />

'... où est la brebis pour l'holocauste .. ? '<br />

(Genèse XXII-7)<br />

Le rocher avait enfermé en son sein(g) l'écho de cette parole et, arrivant au<br />

mont des Oliviers, avec lui et ceux qui le précédaient et ceux qui le suivaient, j'ai<br />

entendu nettement l'écho renvoyer cette parole vieille d'un millier d'années.<br />

Etant comme Israël, <strong>à</strong> l'écoute, j'ai entendu le vent par un bruit de feuil<strong>les</strong> des<br />

oliviers, apporter la réponse :<br />

O Theos opsetai eautô probaton EIS holocarpôsin<br />

' Dieu se pourvoira Lui-même de la brebis pour l'holocauste '<br />

(Genèse XXII-8)<br />

Les deux paro<strong>les</strong> sont simp<strong>les</strong> et, d'ordinaire, <strong>à</strong> leur écoute, je m'endormais<br />

<strong>dans</strong> l'habitude de pensée. Aujourd'hui, ayant traversé Phagée et Anie <strong>à</strong> cause du<br />

commencement (= beth), je me sens libéré de cette coutume d'entendre en<br />

formes anodines et humaines ce qui est la Parole de Dieu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 5 -<br />

Le fils pose une question <strong>à</strong> son père avec la préposition grecque EIS, ce qui<br />

est marque de respect pour l'holocauste <strong>à</strong> offrir <strong>à</strong> Dieu. Il demande où est la<br />

'brebis' (le mot est <strong>dans</strong> le texte hébreu et <strong>dans</strong> la Septante et, afin que je n'en<br />

ignore pas, Saint Marc l'utilise deux fois en VI-34 et XIV-27). Le père répond en<br />

employant trois mêmes mots : "... brebis pour holocauste..." et il termine sa<br />

phrase avec le mot 'g: teknon = enfant' car il était écrit complètement :<br />

probaton eis holokarpôsin TEKNON(1)<br />

'... la brebis pour l'holocauste (l') enfant .'<br />

Saint Marc a utilisé le mot teknon plusieurs fois. Je vois alors le texte prendre<br />

une forme nouvelle : Dieu saura se trouver la brebis pour SON holocauste... =<br />

l'enfant = teknon.<br />

La Parole de Dieu introduit 'EIS holokarpôsin' qui, <strong>dans</strong> le texte de la Septante,<br />

est répété.<br />

Le lecteur pourra vérifier que <strong>les</strong> lois du texte (trouvées en Saint Marc)<br />

s'appliquent bien, puisque l'expression vient en Genèse XXII aux versets<br />

suivants :<br />

<strong>à</strong> un = verset 2 : présentation par Dieu;<br />

<strong>à</strong> deux = verset 3 : Isaac coupe du bois pour l'holocauste, dualité du<br />

fils qui accomplit la volonté de son père;<br />

<strong>à</strong> trois = verset 7 : la question posée par le fils oblige l'holocauste <strong>à</strong><br />

un aboutissement, l'holocauste est engagé irrémédiablement;<br />

<strong>à</strong> quatre = verset 8 : le père répond en accolant <strong>les</strong> deux mots :<br />

holocauste et enfant. Pour un père, c'est la plénitude de l'offrande et il ne peut y<br />

en avoir de plus grande;<br />

<strong>à</strong> cinq = verset 13 : le bélier est offert 'g: eis holocarpôsin = pour<br />

holocauste' et c'est l'identité, car le bélier(2) est Dieu qui vient lui-même S'offrir<br />

pour arrêter <strong>les</strong> sacrifices humains.<br />

Ainsi la marche, en montant vers Jérusalem par la montée des Oliviers, nous a<br />

menés en-face-de-la ville et j'ai vu la mémoire des sièc<strong>les</strong> en contemplant<br />

l'esplanade du Temple. J'ai lu comment la même loi, découverte en Saint<br />

Marc, pré-existait <strong>dans</strong> le texte du livre de la Genèse et j'ai admiré la richesse<br />

de l'expression 'g: eis holokarpôsin = pour holocauste'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 6 -<br />

Lorsque Jésus arrive <strong>dans</strong> le verset (XI-1) <strong>à</strong> la montagne des Oliviers, il est la<br />

"brebis pour holocauste". LA PROXIMITE de la date DE PAQUE(3) déviera<br />

légèrement l'allégorie, Jésus devenant l'agneau, offrande pour la nouvelle<br />

alliance, substitué par Dieu au bélier, offrande de l'ancienne alliance.<br />

Bélier... ou agneau = c'est toujours Dieu qui s'offre !<br />

DEUX DISCIPLES<br />

A la suite de l'énoncé de ces noms de lieux, le texte écrit :<br />

" il envoie deux des discip<strong>les</strong> de lui<br />

" apostellei duo tôn mathetôn autou<br />

et dit <strong>à</strong> eux :<br />

kai legei autois :<br />

'Partez vers le village'."<br />

'upagete eis ten kômen'."<br />

La totalité de la citation se trouve reproduite au verset (XIV-13) avec pour seul<br />

changement :<br />

'Partez vers la ville '."<br />

'upagete eis ten polin '."<br />

Le lecteur se rendra ci-dessous au chapitre traitant de "une cruche d'eau" et il y<br />

rencontrera <strong>les</strong> deux discip<strong>les</strong> Pierre et Jean. Au verset (XIII-1), il y a une<br />

expression semblable pour "un des discip<strong>les</strong> de lui" et j'en ai donné une analyse.<br />

Puis-je connaître l'identité, ici en (XI-1), de ces deux-l<strong>à</strong> envoyés en avant pour<br />

apprêter l'ânon ?<br />

En Saint Matthieu, il y a : Jésus "envoya deux discip<strong>les</strong> en disant <strong>à</strong> eux ..."<br />

(Mt XXI-1 et 2) et ce texte ne m'apporte rien de plus.<br />

En Saint Luc, il y a : "il envoie deux des discip<strong>les</strong>, disant ..." (Lc XIX-29 et<br />

30). Quant <strong>à</strong> Saint Jean, il ne dit rien, sinon : "Jésus trouva un petit âne et monta<br />

dessus." (Jn XII-14).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 7 -<br />

Connaissant <strong>les</strong> lois qui régissent le texte de Saint Marc, je sais qu'il y a une<br />

volonté de l'auteur pour faire en sorte que <strong>les</strong> deux versets (XI-1) et (XIV-13)<br />

soient identiquement écrits et cela a une signification. Aucun autre évangéliste<br />

ne peut me renseigner et <strong>les</strong> deux textes de Mt et de Lc ne concordent même pas<br />

Mt envoya deux discip<strong>les</strong> en-disant <strong>à</strong> eux<br />

Lc envoie deux des discip<strong>les</strong> ... disant ...<br />

<strong>Mc</strong> envoie deux des discip<strong>les</strong> de lui et dit <strong>à</strong> eux.<br />

La présence en Saint Marc de autou me fait poser l'hypothèse que ces deux-l<strong>à</strong><br />

sont <strong>les</strong> mêmes en (XI-1) et en (XIV-13). En effet, la première partie de<br />

l'évangile est terminée et le verset (XI-1) ouvre la deuxième partie. Or, <strong>à</strong> la<br />

première partie, <strong>les</strong> apôtres ont reçu la grâce du voir et de l'entendre, ce qui a<br />

permis la Confession de Césarée et la Transfiguration.<br />

De plus, le peuple d'Israël, avec sa longue histoire (cfr : X-17 <strong>à</strong> 22), va être<br />

guéri de son assombrissement (X-51) et suivra Jésus "sur le chemin" (X-52).<br />

La longue pratique et l'intime connaissance que j'ai de ce texte me font penser<br />

que la Présence de autou est intentionnelle et que 'duo tôn mathetôn autou'<br />

affirme que <strong>les</strong> deux discip<strong>les</strong> de lui sont effectivement 'deux discip<strong>les</strong> de<br />

Kurios-Incarné'; en d'autres termes, <strong>les</strong> deux sont des apôtres qui SAVENT que<br />

Jésus est le Messie.<br />

A ce niveau d'analyse, je laisserai mon lecteur décider s'il est possible de<br />

donner le nom de ces deux discip<strong>les</strong>. Cependant, je noterai de plus que le texte<br />

de Saint Marc donne des précisions :<br />

<strong>Mc</strong> : Et trouvèrent un ânon lié, auprès-d'une porte,<br />

au-dehors, sur la rue.<br />

Mt : Or <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> allant et faisant<br />

selon que leur avait prescrit Jésus,<br />

menèrent l'ânesse et l'ânon...<br />

Lc : Or, s'étant éloignés, <strong>les</strong> envoyés trouvèrent<br />

selon qu'il leur avait dit<br />

Et ils le (= l'ânon) menèrent auprès de Jésus.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Lecteur !<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 8 -<br />

Tu reliras très attentivement l'exégèse que je te propose du verset (XIV-13).<br />

Puis tu reviendras ici prendre note de la façon dont Mt et Lc relatent l'arrivée <strong>à</strong><br />

Jérusalem (ce qui est le verset XI-1 en <strong>Mc</strong>). Et tu prieras longuement.<br />

Puis tu méditeras sur celui (ou : ceux ?) qui ont pu écrire :<br />

"... un ânon ...<br />

lié<br />

auprès-d'une porte<br />

au-dehors<br />

sur la rue..."<br />

... ce qui fait quatre informations très précises. Sachant ce que tu sais, tu as<br />

compris pourquoi Saint Matthieu ne dit rien de l'ânon délié; tu sais aussi pourquoi<br />

Saint Luc a longuement repris ce passage du récit de Saint Marc : il délient°<br />

l'ânon / on <strong>les</strong> interroge : Que faites-vous ? / ils répondent et on <strong>les</strong> laisse faire.<br />

Lecteur !<br />

Tu pourras alors mieux poser ton hypothèse sur l'identité de ces discip<strong>les</strong>,<br />

puisque Saint Luc a été, aussi, informé de ce qui s'est passé... comme pour la<br />

chambre-haute qu'il fallait apprêter (cfr : <strong>Mc</strong> XIV-13).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 9 -<br />

Note 1 : teknon = Page : 5<br />

Lorsqu'il répond, Abraham sait que cette brebis doit être son fils, car Dieu lui a<br />

dit :"Prends ton fils, l'unique que tu aimes, l'Isaac, et vas vers le pays de Moriah<br />

(Septante = vers la terre élevée = eis ten gen upselen) et offre-le <strong>à</strong> cet endroit<br />

pour (= eis) holocauste (= holokarposin)". C'est pour cette raison que Abraham<br />

répond <strong>à</strong> son fils Isaac avec le mot 'teknon' venu s'accoler au mot 'holocauste'.<br />

Note 2 : bélier = Page : 5<br />

En hébreu : 'ayl', c. <strong>à</strong> d. au centre la lettre yod, qui est la première du<br />

Tétragramme, et - aux extrémités - <strong>les</strong> lettres 'aleph' et 'lamed' qui forment le mot<br />

E L = Dieu.<br />

Le bélier est ainsi 'Dieu au cœur de Dieu' et c'est lui qui s'offre au cœur de<br />

lui-même pour l'holocauste.<br />

Lui au cœur de lui deviendra, pour l'holocauste <strong>à</strong> venir : son fils !<br />

Note 3 : la proximité... de Pâque = Page : 6<br />

Voir (XI-13) : le figuier n'a que des feuil<strong>les</strong> et pas de figues.<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XI-15 et 16)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 10 -<br />

TRANSPORTER D'AFFAIRE PAR LE TEMPLE<br />

Le texte grec<br />

En Néhémie<br />

En Jérémie<br />

Analyse<br />

Sur la cruche d'eau<br />

A travers le Temple<br />

LE TEXTE GREC<br />

Le texte grec du verset (XI-16) est :<br />

_______________<br />

kai = et<br />

ouk = ne-pas : c'est une négation venant pour un verbe actif.<br />

Elle marque donc une interdiction qu'il serait très grave de transgresser.<br />

ephien = il-laissait : verbe concéder, permettre, laisser : "Et il<br />

ne laissait pas..."<br />

ina = afin-que<br />

tis = quelqu'un<br />

dienegke = transporte : du verbe dia-pherô.<br />

skeuos = d'-affaire : ce sont des objets d'équipement comme :<br />

des outils, instruments, harnais, armes, ...<br />

dia = <strong>à</strong>-travers<br />

tou = le<br />

Ierou = Temple.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


EN NEHEMIE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 11 -<br />

'Des tyriens s'étaient installés <strong>à</strong> Jérusalem, faisaient venir du poisson et<br />

toutes sortes de marchandises et <strong>les</strong> vendaient le jour-du-sabbat...<strong>à</strong> Jérusalem. Je<br />

fis des reproches... et dis : 'Quelle est donc cette mauvaise action que vous commettez<br />

en profanant le jour-du-sabbat ?' ...<br />

Lorsque <strong>les</strong> portes de Jérusalem commençaient <strong>à</strong> être <strong>dans</strong> l'ombre, avant le<br />

sabbat (= donc <strong>à</strong> la chute du jour, le vendredi soir), je dis de fermer <strong>les</strong> battants<br />

et de ne pas <strong>les</strong> ouvrir jusqu'après le sabbat. Je plaçai quelques-uns de mes<br />

serviteurs aux portes (pour qu') aucun fardeau (g: bastagmata) n'entrât pendant<br />

le jour-du-sabbat. Les marchands et <strong>les</strong> vendeurs de toutes sortes de<br />

marchandises passèrent la nuit, une fois ou deux, en dehors de Jérusalem.'<br />

(Néhémie XIII-16 <strong>à</strong> 20)<br />

EN JEREMIE<br />

'Ainsi m'a parlé YHVH : ... Ecoutez la parole de YHVH... vous tous,<br />

habitants de Jérusalem, vous qui entrez par ces portes...<br />

Ne portez pas des fardeaux le jour-du-sabbat (g: kai me airete bastagmata<br />

en te emera tôn sabbatôn) et ne <strong>les</strong> introduisez pas par <strong>les</strong> portes de Jérusalem et<br />

ne sortez pas des fardeaux hors des maisons (g: me ekpherete bastagmata ex<br />

oikiôn umôn) le jour-du-sabbat...<br />

Sanctifiez le jour-du-sabbat... Il adviendra, si vous m'écoutez bien /Parole<br />

de YHVH/ en ne portant pas de fardeaux par <strong>les</strong> portes (g: tou me eispherein<br />

bastagmata dia tôn pulôn) de cette ville au jour-du-sabbat et en sanctifiant le<br />

jour-du-sabbat... qu'alors entreront <strong>les</strong> rois et <strong>les</strong> princes qui siègent sur le trône<br />

de David...<br />

Que si vous ne m'écoutez pas, pour sanctifier le jour-du-sabbat en ne<br />

levant pas de fardeaux (g: tou me airein bastagmata) et en n'entrant pas par <strong>les</strong><br />

portes de Jérusalem au jour-du-sabbat, alors j'allumerai un feu <strong>à</strong> ses portes : il<br />

dévorera <strong>les</strong> palais de Jérusalem et il ne s'éteindra pas !'<br />

(Jérémie XVII-21 <strong>à</strong> 27)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANALYSE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 12 -<br />

1.- Néhémie signale que '<strong>les</strong> marchands et <strong>les</strong> vendeurs' furent parfois obligés de<br />

passer la nuit hors de l'enceinte de Jérusalem. Saint Marc vient, au verset<br />

précédant celui que nous analysons, de signaler comment Jésus chassa "<strong>les</strong><br />

vendeurs et <strong>les</strong> acheteurs" hors du Temple.<br />

2.- Néhémie et Jérémie exposent la raison d'une interdiction de circuler par <strong>les</strong><br />

portes : le motif en est la sanctification du sabbat. Jésus ne laisse pas transporter<br />

d'affaire par le Temple, en grec : 'DIA tou Ierou' avec, pour ce dernier mot, le<br />

sens de : lieu saint. Le motif de l'interdiction prononcée par Jésus est la<br />

sanctification du lieu.<br />

3.- Il y a donc un écart entre la loi prononcée par <strong>les</strong> prophètes = sanctifier le<br />

jour-du-sabbat, et celle donnée par Jésus = sanctifier le lieu-saint. Mais la lecture<br />

du texte de Jérémie apporte une menace : 'Si vous ne m'écoutez pas... le feu<br />

dévorera <strong>les</strong> palais de Jérusalem' et, de suite, vient l'image du Temple qui, <strong>dans</strong><br />

quelques années, sera détruit par le feu. La parole de Jésus peut-elle être lue, au<br />

travers du texte de Jérémie, comme une annonce prophétique ?<br />

4.- Mon rabbin, toujours très informé des rites d'Israël au temps du second<br />

Temple, m'a dit : Le port des fardeaux (= <strong>les</strong> affaires, objets, matériaux,...) est<br />

interdit en premier lieu sur la voie publique et il avait fallu définir ce qu'était une<br />

telle voie : rue large d'au moins seize coudées (= environ huit mètres = ce qui<br />

englobe toutes <strong>les</strong> places publiques... et, bien entendu, l'esplanade du Temple).<br />

SUR LA CRUCHE D'EAU<br />

Les textes de Néhémie et de Jérémie oscillent autour du mot :<br />

'g: bastagmata = fardeaux'<br />

lequel n'est pas <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc. Mais il s'y trouve un mot de la<br />

même famille : 'g: bastazô = porter°' qui sera l<strong>à</strong> une seule fois et pour une<br />

cruche d'eau; elle aussi sera d'un emploi unique ... comme le verbe d'action 'g:<br />

ap-antesei' ... = viendra-<strong>à</strong>-votre-rencontre un homme en-portant° une cruche<br />

d'eau (XIV-13).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 13 -<br />

Ceci a lieu au soir non pas d'un sabbat commençant, mais "le premier jour<br />

(XIV-12 = de la fête) des Azymes" ((le 'jour' commence la veille au soir)), juste<br />

avant que la troisième étoile s'allume <strong>dans</strong> le ciel. Le verbe bastazô est <strong>dans</strong> la<br />

parole du Messie et il dit une action permise... car, afin, de sanctifier la fête des<br />

pains sans levain, il y a la nécessité de préparer l'eau. J'admire la délicatesse du<br />

texte de Saint Marc : bastagmata est interdit aux veil<strong>les</strong> du sabbat quand l'ombre<br />

vient sur Jérusalem. Jésus autorise 'bastazo' car, cette soirée allant vers <strong>les</strong><br />

Azymes et vers la Pâque, l'action de porter° est faite pour sanctifier. C'est l<strong>à</strong><br />

un signe du texte qui avalise l'exégèse faite pour la cruche d'eau.<br />

A TRAVERS LE TEMPLE<br />

Jésus vient de chasser "<strong>les</strong> vendeurs et <strong>les</strong> acheteurs" et, de plus, il a renversé<br />

des tab<strong>les</strong>, d'où la question de savoir si, parmi ces tab<strong>les</strong>, il n'y aurait pas<br />

quelque bureau d'un taxateur chargé de percevoir des droits sur le transit des<br />

marchandises. Le texte, toujours très précis, ne dit ici rien de tel. Jésus n'est pas<br />

près d'une porte menant au-dehors de Jérusalem; il est "entré <strong>dans</strong> le Temple".<br />

Mais, puisqu'il chasse "<strong>les</strong> vendeurs et <strong>les</strong> acheteurs <strong>dans</strong> le Temple" (XI-15),<br />

avec cette précision du lieu qui vient deux fois de suite, il interdit de faire tout<br />

commerce : ne-pas vendre et ne-pas acheter.<br />

Il n'y a plus besoin d'affaire = skeuos telle que j'ai défini au début du présent<br />

chapitre.<br />

Puisque <strong>les</strong> "affaires" sont devenues inuti<strong>les</strong>, Jésus confirme en interdisant<br />

d'en transporter "<strong>à</strong>-travers le Temple" sinon, bien évidemment, <strong>les</strong><br />

vendeurs et <strong>les</strong> acheteurs seront vite revenus.<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XI-21)<br />

Sa vigne et son figuier<br />

Par quelle autorité... une vigne ?<br />

SA VIGNE ET SON FIGUIER<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 14 -<br />

LE FIGUIER DESSECHE<br />

_______________<br />

Alors que 'Salomon dominait sur tous <strong>les</strong> royaumes', étant au faîte de sa<br />

puissance, la paix régnait sur l'ensemble de la Terre Promise, depuis le nord<br />

(= Dan) jusqu'au sud (= Bersabée) ainsi qu'il est écrit : 'Juda et Israël (= le<br />

royaume du sud et le royaume du nord) habitèrent en sécurité chacun sous sa<br />

vigne et sous son figuier, depuis Dan jusqu'<strong>à</strong> Bersabée, tous <strong>les</strong> jours de<br />

Salomon.'<br />

(I Rois V-5)<br />

Le prophète Michée a repris cette formulation lorsqu'il annonça : 'Il adviendra<br />

<strong>à</strong> la fin des jours que la montagne de la maison de YHVH sera fixée <strong>à</strong> la tête des<br />

montagnes... car de Sion sortira la Loi et de Jérusalem la parole de YHVH ...<br />

Une nation ne lèvera plus l'épée contre une nation ... (jamais) plus la guerre ! ...<br />

en sorte qu'ils seront assis chacun sous sa vigne et sous son figuier, sans qu'on<br />

<strong>les</strong> inquiète, car ainsi a parlé la bouche de YHVH.'<br />

(Michée 1 <strong>à</strong> 4)<br />

(Voir Lectio divina pour 'Lema sabactani' en (XV-33 et 34) <strong>à</strong> l'annexe II).<br />

Le prophète Zacharie a également repris cette formulation : 'Ainsi a parlé<br />

YHVH... : 'Si tu marches <strong>dans</strong> mes voies et si tu observes mon observance, c'est<br />

toi-même qui rendras justice <strong>dans</strong> ma maison... En ce jour-l<strong>à</strong>, oracle de<br />

YHVH... vous vous inviterez l'un l'autre sous la vigne et sous le figuier'.'<br />

(Zacharie III-7 <strong>à</strong> 10)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 15 -<br />

Ainsi, j'ai lu <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc comment Jésus, après être allé par<br />

deux fois vers le Temple de Jérusalem, est venu, <strong>à</strong> sa deuxième visite, "chasser<br />

<strong>les</strong> vendeurs et <strong>les</strong> acheteurs" (XI-15); puis il sortit de Jérusalem au soir° venu.<br />

Le lendemain matin, "au matin, ils virent le figuier desséché hors des racines"<br />

(XI-20) : il ne reste pas même la moindre petite branche pour que l'on puisse se<br />

mettre assis sous le figuier.<br />

Pierre fait remarquer : "le figuier que tu as maudit est desséché !" (XI-21) et<br />

Jésus, aussitôt, parle de la montagne : "(Qui) dira° <strong>à</strong> cette montagne-ci lèvetoi..."<br />

(XI-23) parole qui renvoie directement au texte de Michée : 'La montagne<br />

de la maison de YHVH sera fixée <strong>à</strong> la tête des montagnes" (Michée chapitre V<br />

- voir ci-dessus). Le texte de Michée mentionne l'ensemble : 'vigne + figuier'.<br />

Dans le texte de Saint Marc, la complémentarité par la vigne va arriver<br />

immédiatement après l'affaire du figuier desséché.<br />

PAR QUELLE AUTORITE ... UNE VIGNE ?<br />

Venant "de nouveau vers Jérusalem... Dans le Temple... <strong>les</strong> grands-prêtres et<br />

<strong>les</strong> scribes et <strong>les</strong> anciens" (XI-27) ont appris l'affaire du figuier "et ils lui disent :<br />

Par quelle autorité fais-tu ces-choses-l<strong>à</strong> ?'.". La réponse de Jésus fuse au travers<br />

de la question sur le baptême de Jean : "Pas°-même° moi je ne vous dis par<br />

quelle autorité je fais ces-choses-l<strong>à</strong> !" (XI-33) et j'entends ces-choses-l<strong>à</strong> comme<br />

portant en el<strong>les</strong> l'affaire du figuier. Puis : "Jésus commença <strong>à</strong> leur parler en<br />

parabo<strong>les</strong>", car quand on n'est pas près d'une vigne, il n'y a pas d'autre méthode<br />

si on veut discuter de l'affaire de la vigne (XII-1 et versets suivants).<br />

De même que l'affaire du figuier a été terminée par : "desséché hors des<br />

racines" ce qui empêcha de s'asseoir dessous, de même l'affaire de la vigne va<br />

prendre fin avec : "Ils le chassèrent en-dehors de la vigne" (XII-8) et il devient<br />

impossible d'aller s'y asseoir. Il est fini le temps où chacun pouvait être assis<br />

sous sa vigne ou sous son figuier.<br />

Alors :<br />

"I l s s' é l o i g n è r e n t"<br />

(XII-12)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XI-25)<br />

Présentation<br />

La vie<br />

Analyse<br />

Des jalons<br />

Sur : "afin que..." (textes)<br />

Méditation sur : "afin que"<br />

Exégèse<br />

Aux laudes du lundi quatre<br />

"INA" en Saint Marc<br />

Nouvel<strong>les</strong> traductions<br />

Contemplation<br />

Un double-point<br />

PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 16 -<br />

AFIN QU' AUSSI (VOTRE PERE...)<br />

_______________<br />

Un jour, alors que nous étions arrêtés par un texte difficile, il m'a demandé<br />

quel sens pouvait avoir, <strong>dans</strong> le verset (XI-25), l'expression : afin qu'aussi ?<br />

Pouvait-on y lire une sorte de conseil donné <strong>à</strong> tout homme de pardonner <strong>à</strong> son<br />

prochain ((= de laisser si on a quelque chose contre lui)) pour obliger Dieu <strong>à</strong><br />

pardonner ((= <strong>à</strong> laisser aussi nos manquements)) ?<br />

Alors j'ai re-gardé le texte grec et j'y ai trouvé : '...ina kai...'. Et j'ai cherché<br />

jusqu'<strong>à</strong> poser une nouvelle question : Comment puis-je comprendre l'ordre et<br />

commandement donné au Deutéronome au verset (XXX-19) :<br />

'Choisis la vie AFIN QUE tu vives' ?'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 17 -<br />

J'ai lu ce premier commentaire :<br />

'On peut d'abord choisir la vie pour ne pas vivre; on peut ensuite vivre la<br />

vie pour proclamer la fin de la vie... D'après la Tora, il faut choisir la vie pour<br />

vivre et pour sanctifier la vie. A mon avis, il faut dire : premièrement = "choisis<br />

la vie", et deuxièmement = "choisis <strong>les</strong> vivants". Un être vivant devant nous est<br />

plus important que tous <strong>les</strong> morts qui nous ont précédés.'<br />

(Elie Wiesel : Rencontres avec E.W./ Le mal et l'exil -1988)<br />

LA VIE<br />

La parole du Deutéronome offre la symétrie : 'la vie...tu vives' avec, pour<br />

centre : "AFIN QUE". Le sens est lié par ce centre et par l'ensemble (= le<br />

couple) des extrémités. Il m'a paru plus facile d'essayer d'approcher, d'abord, le<br />

mot vie avant d'essayer de comprendre la formulation du milieu.<br />

Conformément aux recommandations de rabbi Aqiba, <strong>les</strong> premiers emplois<br />

<strong>dans</strong> la Tora du mot (grec... puisque je suis <strong>à</strong> la recherche du sens du mot grec<br />

ina) doivent être re-gardés avec attention. Ils sont <strong>dans</strong> le livre de la Genèse.<br />

1.- Genèse (I-30)<br />

'...<strong>à</strong> tout ce qui rampe sur la terre, <strong>à</strong> tout ce qui a en soi âme vivante (g: o<br />

echei en eanto PSUCHEN ZOES).'<br />

2.- Genèse (II-7)<br />

'Alors YHVH-Elohim forma l'homme, poussière provenant du sol (apo tes<br />

ges) et il insuffla en ses narines une haleine de vie (kai enephusesen eis to<br />

prosôpon autou pnoen ZOES) et l'homme arriva <strong>à</strong> une âme vivante (kai egeneto<br />

o anthrôpos eis psuchen zosan).'<br />

3.- Genèse (II-9)<br />

'Et YHVH-Elohim fit germer du sol (ec tes ges) TOUT ARBRE<br />

AGREABLE A VOIR ET BON A MANGER, ainsi que l'arbre de vie (kai to<br />

xulon tes ZOES) au-milieu du jardin (en mesô tou paradeisou) et l'arbre (kai to<br />

xulon) de la science du bien et du mal.'<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANALYSE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 18 -<br />

1.- Genèse (I-30)<br />

Aussitôt après la Création de l'homme (I-26), le texte unit deux mots<br />

fondamentaux : "PSUCHEN - ZOES". La vie est donc plus que la vie.<br />

2.- Genèse (II-7)<br />

Hors de la terre (apo tes ges) Dieu fit arriver l'homme par une haleine ((un<br />

souffle, un esprit)) de vie (pnoen zôes) <strong>à</strong> une âme vivante (psuchen zôsan) ce qui<br />

réunit <strong>les</strong> deux mots fondamentaux : "psuchen zôes" de Genèse (I-30).<br />

3.- Genèse (II-9)<br />

Une formulation inattendue arrive avec l'arbre de vie (xulon tes zôes) qui<br />

arrive hors du sol (ek tes ges) semblablement <strong>à</strong> cet homme formé de la poussière<br />

prise hors du sol (sol = terre). Cet arbre est l'un parmi tous <strong>les</strong> arbres et il est<br />

semblablement 'agréable <strong>à</strong> voir et bon <strong>à</strong> manger'. Or Dieu lui donne une valeur<br />

(= importance) singulière puisque cet arbre est mentionné <strong>dans</strong> le texte et avec le<br />

singulier (to xulon). C'est un-unique arbre (to xulon) que Dieu présente <strong>à</strong> ununique<br />

homme (ton anthrôpon). Pour cet homme, il y eut un souffle de vie avec<br />

l'âme vivante et pour cet arbre, il y a la vie.<br />

DES JALONS<br />

Le lecteur utilisera <strong>les</strong> citations ci-dessus (...notamment...) afin de voir <strong>les</strong><br />

mots fondamentaux et de s'approcher <strong>à</strong> l'intérieur du sens de ces mots. Ainsi il<br />

fera avec : '...psuchen zôes...pnoen zôes (kai) eis psuchen zôsan... xulon tes<br />

zôes...' et il ira <strong>dans</strong> le Lexique consulter le mot âme.<br />

Selon ce que lui il vit, mon lecteur vivra pour lui le mot vie et lui donnera le<br />

sens.<br />

SUR : "AFIN QUE..." (TEXTES)<br />

1.- Deutéronome (IV-1)<br />

'Et maintenant, Israël, écoute <strong>les</strong> préceptes et <strong>les</strong> sentences que je vous<br />

enseigne pour <strong>les</strong> mettre en pratique AFIN QUE vous viviez (INA zete)...'<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 19 -<br />

2.- Deutéronome (XIX-21)<br />

'vie pour vie psuchen anti psuches<br />

oeil pour oeil ophtalmon anti ophtalmou<br />

dent pour dent odonta anti odontos<br />

main pour main cheira anti cheiros<br />

pied pour pied.' poda anti podos<br />

3.- Deutéronome (XXII-7)<br />

'...AFIN QUE il t'arrive du bonheur (INA eu soi genetai) et que tu vives<br />

longtemps (kai poluemeros gene).'<br />

4.- Deutéronome (XXV-15)<br />

'...AFIN QUE tu vives longtemps (INA POLUEMEROS GENE) sur le sol<br />

(epi tes ges) que te donne ton Elohim ( Kurios o Theos)...'<br />

5.- Deutéronome (XXX-19)<br />

'...J'en atteste aujourd'hui contre vous <strong>les</strong> cieux et la terre : j'ai mis devant<br />

toi ((je t'ai PRO-posé)) la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction.<br />

CHOISIS LA VIE A F I N QUE TU VIVES (eklexai ten zôen INA zeses) TOI<br />

ET TA DESCENDANCE (su kai to sperma sou).'<br />

MEDITATION SUR : "AFIN QUE..."<br />

Je me suis inquiété de savoir quelle signification (= traduction) je pourrais<br />

offrir au mot grec ina et, réflexe mais aussi loi du texte, je suis revenu <strong>dans</strong> le<br />

livre de Moïse au cinquième de ses <strong>chapitres</strong>, (le Deutéronome), qui est<br />

l'expression la plus précise et finale de la LOI. Je viens de noter quatre emplois<br />

de 'INA' qui aboutissent <strong>à</strong> la VIE et, <strong>à</strong> chaque fois, le sens est : "AFIN QUE...".<br />

Il pourrait y avoir, ici, une très longue étude sur le sens précis de 'INA' <strong>dans</strong> le<br />

seul cas des citations ci-dessus : y a-t-il une idée de condition mise par Dieu<br />

pour avoir plénitude de vie ? Est-ce la formule introductive <strong>à</strong> la clause d'un<br />

contrat : je donne <strong>les</strong> préceptes et <strong>les</strong> sentences et je vous garantis la vie si vous<br />

<strong>les</strong> mettez en pratique ? Est-ce une condition d'obligation : pour qu'il t'arrive (=<br />

que Dieu te fasse ARRIVER A) du bonheur ? Est-ce un code de déontologie, si<br />

tes poids sont munis de leur poinçon d'étalonnage, tu vivras longtemps sur ce sol<br />

qui est <strong>à</strong> toi car Dieu te l'a donné ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 20 -<br />

La dernière citation (Deutéronome XXX-19) est encore plus solennelle car<br />

Dieu prend <strong>à</strong> témoin <strong>les</strong> cieux et la terre : le texte hébreu comporte <strong>les</strong> mêmes<br />

mots avec <strong>les</strong> mêmes lettres en Dt (XXX-19) et en Genèse (I-1) : '...et hashamaïm<br />

ve-et ha-erets...', <strong>à</strong> la seule différence que, <strong>dans</strong> Dt (XXX-19), il y a<br />

entre le mot 'et' et l'un puis l'autre mots qui le suivent, un trait d'union semblable<br />

<strong>à</strong> celui analysé <strong>dans</strong> 'le doigt de D.' (voir Lectio divina par séquence pour le<br />

verset (X-19) : Jésus dit le Décalogue).<br />

Ce trait (en hébreu : maqqef) n'est pas un signe technique pour la lecture<br />

(puisqu'il n'arrive pas en Genèse (I-1) et puisque <strong>les</strong> mots sont simp<strong>les</strong> et courts).<br />

Il est un signe alertant le lecteur sur l'importance des deux mots 'ha-shamaïm' et<br />

'ha-erets' = '<strong>les</strong> cieux et la terre'. Obligation est ainsi faite de voir la solennité de<br />

la proclamation. Or tout, <strong>dans</strong> le verset Dt (XXX-19) repose sur la charnière<br />

construite avec 'INA'.<br />

Voici que, maintenant, ô lecteur, tu disposes de toutes <strong>les</strong> informations pour<br />

analyser et comprendre. Tu as devant toi :<br />

la vie et la mort<br />

la bénédiction et la malédiction.<br />

' CHOISIS LA VIE afin que TU VIVES... '.<br />

Selon le sens que tu donneras <strong>à</strong> "AFIN QUE", toute ta vie sera... car c'est toi,<br />

lecteur, qui deviens responsable de ta propre Lectio Divina, le mot 'INA = afin<br />

que' n'étant présent au texte que pour te faire mémoire de ton choix personnel.<br />

Et ta propre lecture sera entendue par Dieu. IL te le garantit au témoignage des<br />

cieux et de la terre.<br />

"INA" = un mot qui signe ton engagement !<br />

EXEGESE<br />

Revenant <strong>à</strong> la lexie, je note le balancement autour de 'INA' de : "TU VIVES"<br />

face <strong>à</strong> "CHOISIS LA VIE". Le centre est "INA" auquel je puis donner, comme<br />

première approche de sens : 'afin que = pour que' avec une idée de cause : '<strong>à</strong><br />

cause de' ton choix de la vie, tu vivras de telle façon. Mais je note que rien n'est<br />

obligé ni imposé par Dieu pour le contenu de "TU VIVES" puisque le<br />

balancement renvoie <strong>à</strong> une expression : "Choisis la vie" comportant et affirmant<br />

ta liberté de décision. Tu dois seulement 'choisir' et tu es libre de prendre l'une<br />

ou l'autre voie(1), car il n'y a pour toi que deux possibilités.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 21 -<br />

Afin de mieux pénétrer <strong>dans</strong> le texte, je suis remonté en amont sur une<br />

distance de quelques versets : 'Car ce commandement que je te commande<br />

aujourd'hui, il n'est pas <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux pour qu'on nous dise : 'Qui montera aux<br />

cieux pour nous, le prendra pour nous et nous le fera entendre, afin que nous le<br />

pratiquions ?'. Et il n'est pas au-del<strong>à</strong> de la mer... ((= et je note la richesse et la<br />

puissance qu'aura la Parole prononçant : "J'en atteste aujourd'hui contre vous <strong>les</strong><br />

cieux et la terre..."))... car tout près de toi est la parole, <strong>dans</strong> ta bouche et <strong>dans</strong><br />

ton cœur, pour la pratiquer'.<br />

(Deutéronome XXX-11 <strong>à</strong> 14)<br />

Suit alors l'énoncé de deux possibilités entre <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> tu dois choisir la vie :<br />

Dt (XXX-15) = la vie et le bien la mort et le mal<br />

-16) = aimer YHVH<br />

MARCHER <strong>dans</strong> ses chemins<br />

observer ses commandements<br />

ses préceptes<br />

ses sentences<br />

-17) = ne pas écouter<br />

ces paro<strong>les</strong><br />

te laisser entraîner<br />

te prosterner devant<br />

d'autres dieux<br />

servir d'autres dieux<br />

tu vivras tu périras sûrement<br />

tu te multiplieras tu ne prolongeras pas<br />

YHVH te bénira tes jours<br />

<strong>dans</strong> le pays sur le sol où...<br />

où tu entreras tu vas entrer<br />

-19) = J' EN ATTESTE... LES CIEUX ET LA TERRE<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 22 -<br />

J' AI MIS DEVANT TOI<br />

la vie la mort<br />

la bénédiction la malédiction<br />

C H O I S I S<br />

L A V I E<br />

afin que tu vives<br />

TOI et TA DESCENDANCE.<br />

Je lis alors "AFIN QUE" comme étant un entraînement qui est l'union entre<br />

"LA VIE" (que tu as choisie, c. <strong>à</strong> d. la colonne de gauche et tout ce qu'elle<br />

contient) et "TOI et TA DESCENDANCE", ce qui va bien au-del<strong>à</strong> de toi, car<br />

comportant TON prolongement vers le siècle-<strong>à</strong>-venir.<br />

Ina n'est donc pas une formule introductive <strong>à</strong> la clause d'un contrat, ni une<br />

condition d'obligation, ni une formule déontologique qui te serait imposée. 'ina'<br />

est ton propre choix, ta libre décision et ton engagement personnel.<br />

Ina est cohérent avec tout ce que, jusque l<strong>à</strong>, Dieu fit pour l'homme et lui<br />

'donna'. Un 'don' est toujours fait gratuitement, mais celui qui reçoit peut<br />

accepter (= sa disponibilité) ou refuser (= son opposition). Le don fait par Dieu<br />

dépasse l'homme car celui-ci, étant mortel, se trouve être <strong>dans</strong> un temps limité.<br />

L'homme se dépasse lui-même quand la conséquence de son CHOIX va audel<strong>à</strong><br />

du choix pour sa propre vie et engage aussi SA DESCENDANCE. 'INA' est<br />

vraiment liberté et raison personnel<strong>les</strong>, il est DON accepté ou refusé, il est<br />

disponibilité et offre de vie (= une 'offre' est ce que l'on offre, mais aussi le<br />

donné/reçu).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 23 -<br />

AUX LAUDES DU LUNDI QUATRE<br />

Depuis très tôt ce matin, j'avais 'veillé' en écrivant ce que de ci-dessus et je<br />

viens d'être saisi par notre chant. Les laudes commençaient par le psaume LI :<br />

'Dieu de miséricorde, aie pitié de moi ! ET DANS L'ABONDANCE DE TA<br />

BONTE, efface mon péché' (verset 2, c. <strong>à</strong> d. le début du chant puisque le<br />

premier verset comporte le titre : 'Pour le coryphée, psaume de David ...'). Je n'ai<br />

pu, au-del<strong>à</strong>, accompagner mes frères par ma voix, car j'ai dû m'arrêter.<br />

Ne serait-ce pas l<strong>à</strong> une vraie traduction(2) de 'ina' ? "Dans l'abondance de ta<br />

bonté", ou aussi : "selon ta grande miséricorde", si je choisis cette vie (= cette<br />

voie) je sais que mon péché sera effacé "afin que je vive". Dans le livre du<br />

Deutéronome, la Parole de Dieu se dit elle-même en attestation des cieux et de<br />

la terre. Or, en ce lundi de la quatrième semaine, le répons m'a apporté la même<br />

garantie : "Pour toujours, Seigneur, ta Parole immuable <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux".<br />

Tu pourras, ami lecteur, relire ce psaume (Vulgate : L) et le méditer (= prier)<br />

avant de revenir <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc.<br />

En Saint Marc :<br />

"Et quand vous vous-tenez-debout en priant, LAISSEZ (aphiete) si vous<br />

avez quelque chose contre quelqu'un afin qu'AUSSI (INA KAI) votre Père qui<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux (o pater umôn o en tois ouranois) LAISSE <strong>à</strong> vos manquements<br />

(aphe umin ta paraptômata umôn)." (XI-25).<br />

Voici que le sens de cette lexie rayonne d'un éclat transcendant si la lecture<br />

s'appuie sur ce qu'elle a vu <strong>dans</strong> le texte de la Tora au chapitre du Deutéronome.<br />

La traduction du passage de Saint Marc peut être exposée : "laissez, si vous-avez<br />

quelque-chose contre quelqu'un et <strong>dans</strong> sa grande bonté votre Père qui <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

cieux vous laisse vos manquements"... ((car sa Parole est immuable <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

cieux)). Mais puis-je avoir l'orgueil, l'audace, l'inconscience de dire, <strong>à</strong> monotone<br />

et haute voix, ce texte ? Car il engage chacun, en propre, pour lui-même et si je<br />

donnais au texte une force telle qu'elle (oblige) Dieu, telle que la lexie devienne<br />

un article de contrat (obligeant) Dieu, sans tenir compte de ce que j'ai pu mettre<br />

<strong>dans</strong> mon CHOIX ((= comment j'ai fait pour accomplir mon CHOIX)), cela ne<br />

signifierait-il pas que je me laisserais (alors) entraîner <strong>à</strong> me prosterner devant<br />

d'autre dieu en lui VENDANT ce que j'aurais fait uniquement pour lui<br />

ACHETER une miséricorde ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 24 -<br />

Depuis le verset (X-21), je sais (par le texte de Saint Marc) que le verbe<br />

'vendre'(3) doit être 'laissé'. J'ai relu avec attention le texte grec :<br />

"... pô<strong>les</strong>on KAI dos ..."<br />

"... vends ET donne ..."<br />

et j'ai noté la mutation arrivant au travers de 'g: KAI = ET', ce même mot venu,<br />

avec la même délicatesse : "...kata tinos INA K A I o pater umôn..." = contre<br />

quelqu'un INA KAI votre Père .<br />

Voici alors une circularité commentant le texte : ce 'quelqu'un' devra, pour toi<br />

qui choisis la vie, être pareil au 'Père' ; "Tu aimeras ton prochain comme toimême"<br />

(cfr : XII-31 et 33). Et le chiasme donne toute sa vérité <strong>à</strong> l'autre chiasme,<br />

si évident <strong>à</strong> toute lecture : "aphiete...INA KAI...aphe" = laissez...INA<br />

KAI..laisse. Est-ce un simple hasard rédactionnel ?<br />

"INA" EN SAINT MARC<br />

Désormais, ô lecteur, nous connaissons le sens contenu <strong>dans</strong> 'ina'. Je te donne,<br />

ci-dessous, la liste des diverses manifestations de ce mot <strong>dans</strong> le texte. Pourquoi<br />

: 'manifestations' ? Parce que tu sais combien ce mot grec déborde de la bonté<br />

de Dieu et de sa grande miséricorde.<br />

Te rappel<strong>les</strong>-tu la puissance théologique de 'g: eis = vers'? Il en est de même<br />

avec 'ina' et tu peux, en totale foi, lire le texte en surveillant <strong>les</strong> lexies où tu<br />

rencontreras, <strong>dans</strong> le texte français, la locution : "AFIN QUE". Comme certains<br />

passages n'ont pas enrégistré cette formulation, je te donne ci-dessous le texte<br />

rénové (afin que) tu y trouves l'infinie douceur de Dieu.<br />

J'aurais pu, comme pour 'eis', relever verset après verset et dire ma vision de<br />

'ina'. Je laisse...((= car le verbe 'laisser' est celui par lequel, au verset (XI-25), je<br />

fus amené <strong>à</strong> découvrir la splendeur de 'ina')).<br />

Voici <strong>les</strong> divers emplois de 'ina' en Saint Marc :<br />

I-38 / II-10 / III-2-9-10-12-14(bis) / IV-12-21(bis)-22(bis) / V-10-12-18-<br />

23(bis)-43 / VI-8-12-25-36-41-56 / VII-9-26-32-36 / VIII-6-22-30 / IX-9-12-18-<br />

22-30 / X-13-17-35-37-48-51 /<br />

-------<br />

XI-16-25-28 / XII-2-13-15-19 / XIII-18-34 / XIV-10-12-35-38-49 / XV-<br />

11-15-20-21-32 / XVI-1<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


NOUVELLES TRADUCTIONS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 25 -<br />

VI-25 Je veux AFIN QUE tout-de-suite tu me donnes<br />

VIII-22 Et on le supplie AFIN DE le toucher<br />

IX-12 AFIN QU'il souffrira beaucoup<br />

et sera-anéanti<br />

IX-30 Et il ne voulait pas AFIN QUE quelqu'un le connaisse<br />

X-35 Nous voulons AFIN QUE tu fasses pour nous<br />

X-37 Donne-nous AFIN QUE nous asseoir <strong>dans</strong> ta gloire<br />

X-51 Rabbouni ! AFIN QUE je lève-le-regard <strong>à</strong> nouveau<br />

----------<br />

XI-16 Et il ne laissait pas AFIN QUE quelqu'un transporte d'affaire<br />

XII-19 = ... AFIN QUE son frère prenne la femme<br />

XIII-34 ...il a commandé AFIN DE veiller.<br />

CONTEMPLATION<br />

Ainsi, peu <strong>à</strong> peu, la lecture glisse vers la contemplation. Ce n'est plus un Dieu<br />

Contrat d'Alliance Ancienne que le lecteur trouve <strong>dans</strong> ce texte, car l'Alliance est<br />

d'Amour. Tout le long du récit, comme une fine cloche chantant sa note<br />

fondamentale vibrante aux lumières et aux clartés changeantes du jour, le mot<br />

ina vient rappeler une forme de Présence autre que celle soulignée par eis.<br />

Dans ina il y a plus, car la traduction respectée au moyen de "afin que..."<br />

laisse, par <strong>les</strong> trois points de suspension toujours décorés de mots définissant<br />

l'orientation attendue (ou défendue quand, parfois, il y a 'g: ina me'), l'attente<br />

d'un avenir soutenu par la prescience de Dieu ou incité par Lui.<br />

Or, la phrase la plus belle, servant d'accord fondamental pour donner <strong>à</strong> tout<br />

l'évangile de Saint Marc sa tonalité, est celle qui est venue vers la fin du<br />

Deutéronome !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 26 -<br />

' Choisis la vie AFIN QUE tu vives :<br />

TOI et TA DESCENDANCE<br />

en aimant YHVH-ton-Elohim,<br />

en écoutant sa voix et<br />

en t'attachant <strong>à</strong> lui,<br />

car c'est l<strong>à</strong> ta vie<br />

et la prolongation de tes jours<br />

tant que tu habiteras sur le sol<br />

que YHVH a juré <strong>à</strong> tes pères :<br />

Abraham, Isaac et Jacob<br />

qu'il leur donnerait.'<br />

(Deutéronome XXX-19 et 20)<br />

Le texte du Deutéronome prend ensuite un virage très serré : 'Moïse alla dire<br />

tout ceci <strong>à</strong> tout Israël et il leur dit : 'Je suis âgé de cent vingt ans'.'. Moïse est trop<br />

âgé pour continuer la migration. Il appelle Josué et le désigne comme<br />

successeur.<br />

Alors YHVH annonce <strong>à</strong> Moïse sa mort prochaine et la trahison du peuple<br />

d'Israël : que Moïse écrive un cantique pouvant servir <strong>à</strong> YHVH de témoignage<br />

contre <strong>les</strong> fils d'Israël. Moïse prend <strong>les</strong> dernières mesures de sauvegarde : le<br />

Livre de la Loi mis <strong>à</strong> côté de l'Arche et tout le peuple rassemblé pour entendre le<br />

nouveau cantique composé par Moïse. Enfin encore quelques pieuses<br />

recommandations de la part de Moïse avant que YHVH dirige une mise en scène<br />

grandiose ! 'monte <strong>à</strong> la montagne... vois le pays de Canaan... puis meurs sur la<br />

montagne... c'est <strong>à</strong> distance que tu verras le pays, mais tu n'y entreras pas, <strong>dans</strong><br />

ce pays que je donne aux fils d'Israël !' (Dt XXXII).<br />

Ici s'interrompt la symphonie orchestrale commentant la Parole de l'Eternel, et<br />

Moïse chante son dernier air : bénédiction sur <strong>les</strong> fils d'Israël. Le chœur final est<br />

un choral (= commentaire du texte) : 'Il ne s'est pas levé en Israël de prophète<br />

comme Moïse, lui que YHVH a connu face <strong>à</strong> face'... et c'est la fin de l'acte<br />

dernier, c'est <strong>à</strong> dire la finale de la Tora.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 27 -<br />

Alors j'ai vu, venant du septentrion, 'cet homme' sorti des lèvres de la mer de<br />

Galilée. Il dit une parole de renaissance :<br />

"Est accompli le moment et s'est approché le Règne de Dieu"<br />

(<strong>Mc</strong> I-15).<br />

Puis il appela deux coup<strong>les</strong> de frères et il ne leur promit rien (= pas de contrat,<br />

ni d'alliance) : ils s'éloignèrent derrière lui. Tous pénétrèrent <strong>à</strong> Capharnaüm où<br />

ils furent stupéfiés : Quel est cet enseignement nouveau, par quelle autorité ?<br />

Une femme fiévreuse est guérie. Les mal portant et <strong>les</strong> démoniaques sont<br />

soignés et <strong>les</strong> démons sont chassés. Et l<strong>à</strong>, il priait, et sa voix se fit entendre <strong>à</strong><br />

l'intérieur du texte : elle était, pour la première fois, adressée <strong>à</strong> l'ensemble des<br />

hommes. Il leur dit : "Partons° ailleurs, vers <strong>les</strong> bourgades attenantes, AFIN<br />

QUE aussi-l<strong>à</strong> je proclame, car, vers cette chose-l<strong>à</strong>, je suis sorti." (I-38)<br />

C'est le premier des soixante trois emplois de 'ina' et je lis ce passage : 'car<br />

c'est la miséricorde de Dieu et sa bonté que je suis venu, aussi-l<strong>à</strong>, proclamer'.<br />

Comme mû par un réflexe de lecture dû <strong>à</strong> mon intimité avec le texte, j'ai voulu<br />

voir aussitôt quel sera le dernier des emplois de 'ina'.<br />

Le premier (relaté ci-dessus) était venu "au-matin tout-<strong>à</strong>-fait <strong>à</strong>-la-nuit-noire"<br />

(I-35). Le dernier sera la cause d'un chiasme de lumière : "tout-<strong>à</strong>-fait aumatin...<br />

comme le soleil se-levait°" (XVI-2). Il y a l<strong>à</strong> plus qu'un très grand<br />

HASARD(4) arrivé par <strong>les</strong> cieux. Des femmes (el<strong>les</strong> sont TROIS, afin que<br />

quelque chose de remarquable arrive) "achetèrent des aromates AFIN QUE,<br />

étant venues, el<strong>les</strong> l'oignent" (XVI-1). Je lis ce passage : 'ces femmes sont<br />

venues AFIN QUE..., c'est <strong>à</strong> dire par miséricorde et par bonté; el<strong>les</strong> sont animées<br />

de la plus grande des pitiés envers ce cadavre glacé par une longue journée de<br />

sabbat passée au cœur d'un monument taillé <strong>dans</strong> le roc. Et el<strong>les</strong> viennent pour<br />

oindre LUI = celui en qui el<strong>les</strong> avaient vu le Messie, car le mot oindre, en<br />

hébreu, désigne le MESSIE : HASARD ? Or ce (messie) est mort, il n'est plus<br />

qu'un (cadavre).<br />

Il faut avoir assisté au final des cinq jours du Livre de Moïse pour comprendre<br />

l'architecture et la puissance divine de ce texte <strong>à</strong> la fin du chapitre XXX, l<strong>à</strong>-où<br />

l'apo-théo-se arrive par la Parole de Dieu :<br />

" Choisis la vie AFIN QUE tu vives<br />

TOI et TA DESCENDANCE ! "<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 28 -<br />

Par leur pitié et leur douce bonté, trois femmes veulent oindre d'aromates<br />

(baptiser ?) un cadavre glacé : "INA elthousai aleipsôsin AUTON". Cela me<br />

rappelle le début du texte de Saint Marc. J'avais rencontré AUTOU (I-3 et I-7)<br />

puis AUTOS (I-8) pour désigner L U I = Seigneur-Incarné et, au centre, pour<br />

l'annoncer, il y avait AUTON (I-5 et I-6) qui, eux, désignaient Jean. La structure<br />

des arrivées au texte a été :<br />

JESUS JEAN<br />

AUTOU (I-3)<br />

AUTON (I-5)<br />

AUTOU (I-5 et I-6)<br />

AUTOU (I-7)<br />

AUTOS (I-8)<br />

En (XVI-1), <strong>les</strong> trois femmes, dont la motivation(5) est soutenue par 'ina',<br />

sont venues OINDRE "AUTON"(6). Est-ce donc un rite conformément <strong>à</strong><br />

l'enseignement et au rituel de Jean, celui qui baptise.? Or, ce cadavre glacé<br />

devrait recevoir l'ONCTION. La puissance de "ina" est telle que la pierre sera<br />

déroulée...<br />

UN DOUBLE - POINT<br />

Longuement j'ai prié sur toute cette analyse car il faut conclure au sujet de la<br />

traduction <strong>à</strong> retenir en français pour le mot grec 'ina'. Il y a, <strong>dans</strong> le texte<br />

proposé, la formule "afin que...", car elle est posée afin que la mémoire du<br />

lecteur soit mise en alerte. Il pourrait y avoir référence <strong>à</strong> la Bonté ou <strong>à</strong> la<br />

Miséricorde de Dieu, <strong>à</strong> son Vouloir, sa Puissance, sa Fidélité, son Hesed... bref <strong>à</strong><br />

tous ces noms qui sont la Vérité de Dieu. La multiplicité des emplois (soixantetrois)<br />

fait que le même mot ne peut être conservé partout.<br />

J'avais pensé aussi <strong>à</strong> : 'par Dieu / car par Dieu / de par Dieu / de Dieu', mais l<strong>à</strong><br />

encore l'ensemble si diversifié des lexies ne peut être couvert par une seule<br />

expression. Alors je suis revenu <strong>à</strong> la Parole du Deutéronome : "Choisis la vie I<br />

N A tu vives". Le choix est un engagement personnel qui engage chaque lecteur<br />

et chacun met souvent <strong>dans</strong> un mot des sens qui diffèrent selon sa culture, son<br />

vécu, son expérience, sa disponibilité ou son engagement. Il ne peut y avoir<br />

UNE formule unique valable pour tous <strong>les</strong> hommes et ayant le même sens pour<br />

chacun des hommes.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 29 -<br />

Aussi, j'ai longuement prié, en profond silence. Et c'est ce silence que je<br />

propose comme traduction. Lorsqu'on écrit un texte, il suffit de mettre un<br />

double-point. Lorsqu'on lit le texte ainsi écrit, il suffit de baisser la force de la<br />

voix et de la faire glisser vers la tonalité que la musique appelle 'mineure'.<br />

Lecteur,<br />

lis maintenant la lexie du Deutéronome :<br />

' Choisis la vie : tu vivras... '<br />

... AFIN QUE tu te sentes imprégné de la Présence arrivant au double-point<br />

du texte et que tu connaisses YHVH face <strong>à</strong> face(7) (cfr : Deutéronome XXXIV-<br />

10).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 30 -<br />

Note 1 : l'une ou l'autre voie = Page : 20<br />

Cfr : le début du texte de la Didachè = "Il y a deux voies, l'une de la vie et<br />

l'autre de la mort...".<br />

Note 2 : vraie traduction = Page : 23<br />

C'est <strong>à</strong> dire : un commentaire pour expliquer le sens <strong>à</strong> donner <strong>à</strong> la 'traduction'<br />

du mot grec 'ina', car le texte grec du psaume ne dit pas 'ina', mais : "kata to<br />

mega eleos sou".<br />

Note 3 : le verbe 'vendre' = Page : 24<br />

Pour celui qui vit <strong>dans</strong> le texte, il est évident que le verbe 'vendre' doit être<br />

l'objet d'un constat remarquable <strong>dans</strong> le verset (X-21). Or, c'est <strong>à</strong> cet endroit que<br />

se trouve le premier emploi de 'g: poleo = vendre'. Bien évidemment, puisque<br />

le texte dit : "Vends(-le)", le verbe 'vendre' étant (vendu) ne peut plus apparaître<br />

<strong>dans</strong> la suite. Le lexique (au mot 'vendre') confirme aussitôt... et c'est une raison<br />

suffisante pour que, au verset (XIV-5), lorsqu'il va être question d'évoquer la<br />

cession d'un flacon de parfum, il y ait un autre verbe 'g: piprasco = vendre°'.<br />

Note 4 : HASARD = Page : 27<br />

N'est-ce pas l<strong>à</strong> un signe DU CIEL (cfr : VIII-11) venu pour "confirmer la<br />

Parole" (cfr : XVI-20) de toute cette exégèse ?<br />

Note 5 : la motivation = Page : 28<br />

Les femmes ont "choisi" et agissent en fonction de "ina". Alors "el<strong>les</strong> vivent"<br />

l'événement et ce sera la pierre dé-roulée et "un jeune-homme... enveloppé d'une<br />

robe blanche". Le triomphe sur la mort supprimera tout emploi ultérieur du<br />

mot ina car, désormais, la vie est toute tracée pour ceux qui ont-foi.<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 31 -<br />

Note 6 : OINDRE "AUTON" = Page : 28<br />

Le texte grec dit en effet : "...INA ELthousai aleipsosin AUTON = afin que,<br />

étant venue, el<strong>les</strong> oignent AUTON". Le lecteur remarquera la délicatesse du<br />

texte qui, pour le verbe de mouvement, ose - avec <strong>les</strong> lettres grecques - écrire<br />

EL...<br />

Note 7 : face <strong>à</strong> face = Page : 29<br />

Afin que tu puisses suivre et progresser et afin de ne pas te perturber, j'ai<br />

ignoré, au long de ce chapitre, <strong>les</strong> réactions de mon rabbin. Je profite de<br />

l'expression VERS laquelle a tendu mon exégèse : "face <strong>à</strong> face" car ce n'est pas<br />

une expression <strong>dans</strong> la tradition d'Israël : notre compréhension et notre prière<br />

divergent de cel<strong>les</strong> de 'mon rabbin'.<br />

Il m'a dit : '...le pardon d'homme <strong>à</strong> homme, aujourd'hui, existe toujours... Erev<br />

yom Kippour, le soir de Yom Kippour, je suis obligé de par la loi de pardonner <strong>à</strong><br />

autrui, <strong>à</strong> mes amis, <strong>à</strong> mes semblab<strong>les</strong> et même <strong>à</strong> mes ennemis, <strong>à</strong> condition que<br />

leurs actes ne dépassent pas ma personne. Mais je ne dois leur pardonner que<br />

s'ils sollicitent le pardon. Alors, je suis obligé de le leur accorder.' (Elie Wiesel :<br />

Le mal et l'exil -1988 - Nouvelle Cité - page 107)... sauf <strong>à</strong> noter que, <strong>dans</strong> cette<br />

citation, j'ai personnellement mis avec une graphie spéciale des mots sentis par<br />

moi comme spécifiques d'une autre forme de pensée.<br />

Lecteur !<br />

Il te faut, ici, <strong>dans</strong> cette note qui ne se veut pas intégrée au texte mais qui, étant<br />

extérieure et <strong>dans</strong> l'au-del<strong>à</strong> du "face <strong>à</strong> face" final, vient t'apporter comme une<br />

information de ce qui est une pensée fondamentale d'Israël, retrouver ce qui,<br />

<strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, a été, par obligation, concrétisé sous la forme de ina<br />

kai. Israël est bien plus qu'un peuple <strong>à</strong> un instant donné sur une terre trouvée<br />

après beaucoup de pérégrinations; il est le peuple <strong>à</strong> qui Dieu donna une mission<br />

vers tout le reste de l'humanité. Cela s'appelle : commandement, ordre, contrat,<br />

aide et appui; cela s'appelle l'Alliance. Israël est de tous <strong>les</strong> temps et de tous <strong>les</strong><br />

lieux et la citation faite ci-dessus en début de la présente note peut être entendue<br />

comme ayant son origine <strong>dans</strong> le dire d'un des anciens, des scribes ou des<br />

grands-prêtres <strong>à</strong> l'époque exacte où Jésus, venant de vivre sa Passion, celui-l<strong>à</strong><br />

(= ceux-l<strong>à</strong> ?) écrivit (= écrivirent ?) le texte dont fait partie le verset (XI-25).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Mon rabbin commenta :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 32 -<br />

'Israël ne pensait qu'en termes de contrat, ou d'alliance. Ce qu'un autre<br />

homme a pu faire contre Dieu ne regarde que Dieu et "Dieu n'a pas besoin de<br />

mon conseil. Dieu fait ce qu'il veut..." (même citation <strong>à</strong> même page). Ce qu'un<br />

autre homme et même "mes ennemis" a pu faire <strong>à</strong> moi personnellement<br />

m'engage librement et, au soir de la fête du JOUR du PARDON ((Yom<br />

Kippour)), je serai OBLIGE de pardonner SI L'AUTRE SOLLICITE le pardon.<br />

D'abord demander... donc donner ! Mais je ne dis pas que cette forme de pardon<br />

doive entraîner l'oubli <strong>dans</strong> ma mémoire...'<br />

Alors, j'ai dit <strong>à</strong> mon rabbin :<br />

'Non ! Je refuse et c'est pourquoi j'ai entouré de silence l'espace qui, <strong>dans</strong><br />

le texte grec, est occupé par 'ina kai'. Ce n'est pas un contrat, ni une obligation et<br />

Dieu, qui inspira ce texte de la même façon qu'il fit pour la Tora ((= le livre de<br />

Moïse)), a fait qu'il y ait un-signe pour donner pleine puissance <strong>à</strong> sa<br />

signification.<br />

Tu iras aux versets (XV-36 et 37) et l<strong>à</strong> tu entendras encore par deux fois le<br />

verbe 'g: aph-iemi = laisser'. L<strong>à</strong>, il n'y a plus de place pour 'ina kai' ! '.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XI-25)<br />

Présentation<br />

Le "Notre Père"<br />

PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 33 -<br />

QUI... DANS LES CIEUX<br />

_______________<br />

La lecture du texte de Saint Marc a montré, lorsqu'on regarde <strong>les</strong> deux<br />

évangi<strong>les</strong> de Saint Matthieu et de Saint Luc, que 'notre texte' a été écrit le<br />

premier et que <strong>les</strong> deux autres en sont inspirés. Il y a lieu de se poser la question<br />

de savoir si <strong>les</strong> rites et <strong>les</strong> prières liturgiques (catholiques) des premiers sièc<strong>les</strong><br />

n'ont pas eu leurs fondements <strong>à</strong> l'intérieur du texte de Saint Marc. Voici ce que<br />

j'ai constaté relativement au 'Notre Père'.<br />

Auparavant, le lecteur relira : Lectio divina par verset (tome V) pour <strong>les</strong><br />

versets (XI-25 et 26) puis pour le verset (XIII-26) : le Fils de l'homme...<br />

Puissance... et gloire.<br />

Plus tard, le lecteur ira consulter l'étude sur la Didachè. Il y apprendra<br />

comment le livre de la Didachè est contemporain (postérieur d'<strong>à</strong> peine quelques<br />

années) de l'évangile de Saint Marc et il y lira le premier texte écrit du "Notre<br />

Père".<br />

Je donne ci-dessous le texte français de cette prière conformément aux<br />

enseignements apportés par l'évangile selon Saint Marc.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE "NOTRE PERE "<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 34 -<br />

NOTRE... = La prière est dite <strong>dans</strong> la communion<br />

avec tous <strong>les</strong> hommes (nos frères) car : "Qui fera la volonté de Dieu, celui-ci est<br />

pour moi frère" (III-35).<br />

.......PERE = "Personne ne sait... sinon le Père" (XIII-<br />

32).<br />

QUI... DANS LES CIEUX = Voir <strong>les</strong> versets (XI-25 et 26).<br />

VOTRE... = A ces deux mêmes versets, Jésus a dit :<br />

'votre Père' et il n'a pas dit 'ton' Père. La formulation respecte Son Nom tel IL l'a<br />

dit <strong>à</strong> Moïse en Exode (III-14).<br />

.......NOM SOIT SANCTIFIE = "Qui accueillera en mon Nom, (celui-l<strong>à</strong>)<br />

m'accueille" (Cfr : IX-37).<br />

VOTRE... REGNE VIENNE = "(Voici) le moment (où) s'est<br />

approché le Règne de Dieu" (I-15). Le mot 'vienne' marque l'approche du Règne<br />

en suite de l'action et du vouloir de l'homme... et c'est pourquoi il ne saurait y<br />

avoir le verbe 'arriver' qui signifierait la venue du Règne par le seul moyen du<br />

vouloir de Dieu.<br />

QUE VOTRE VOLONTE SOIT FAITE = "Qui voudra parmi vous... sera<br />

serviteur de tous" (X-44). Etre serviteur signifie : accepter le vouloir de Dieu, ou<br />

encore : être disponible.<br />

ET AU CIEL ET SUR TERRE = Text.: 'semblablement... et...'. En<br />

Saint Marc, 'le ciel' est un lieu géographique en opposition <strong>à</strong> 'la terre'. Par contre<br />

'<strong>les</strong> cieux' est le domaine de Dieu : c'est le mouvement = ha-shamaïm. Voir<br />

lexique.<br />

DONNEZ-NOUS AUJOURD'HUI = Notre disponibilité <strong>à</strong> recevoir.<br />

NOTRE PAIN... = Au sens de l'hébreu 'h: lehem' qui<br />

signifie 'la nourriture' en général.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 35 -<br />

....... QUOTIDIEN = L'affirmation<br />

renouvelée de 'au-jourd'hui'. Ce n'est pas 'de tous <strong>les</strong> jours', car cette dernière<br />

expression ne trouve son sens que par le passé et signifierait : donnez-nous car<br />

vous nous avez donné tous <strong>les</strong> jours passés la nourriture nécessaire; ce serait<br />

alors une marque d'irrespect en prenant Dieu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> filets de ses propres<br />

actions : parce qu'il a fait, il devrait faire encore !<br />

.......ET.......<br />

.......PARDONNEZ-NOUS NOS OFFENSES = C'est aussi : Effacez<br />

nos faute, ou encore : laissez (Voir verset XI-25).<br />

.......< : >....... = Il n'y a pas 'car', c. <strong>à</strong> d. :<br />

'...nos offenses car/comme nous pardonnons aux autres'. Il ne s'agit pas d'un<br />

contrat : si JE fais, DIEU devrait faire ? Humblement, il y a " : " (deux points)<br />

afin que cet instant de silence, rupture <strong>dans</strong> le déroulement du texte, soit prise de<br />

conscience profonde et examen intérieur pour celui qui dit la prière.<br />

QUE...(ET)...... NOUS PARDONNONS A CEUX = Il n'y a surtout<br />

pas 'aussi', qui serait offensant <strong>à</strong> l'égard de Dieu en LUI disant : TU DOIS...!<br />

QUI NOUS ONT OFFENSES = "laissez... afin<br />

qu'aussi votre Père... vous LAISSE" (XI-25).<br />

.......ET....... = La formule de Saint Marc<br />

inverse le sens de 'aussi'.<br />

GARDEZ-NOUS DE CEDER A LA TENTATION = Car nous aussi,<br />

souvent, nous sommes "sans-avoir-compris" (VII-18) et il est nécessaire que<br />

Dieu-Incarné appelle-auprès (de LUI) et dise : "Entendez-moi tous et<br />

comprenez" (VII-14).<br />

.......ET....... = Ce n'est pas 'mais', qu'il<br />

serait indigne de dire <strong>à</strong> Dieu, car 'mais' est une restriction mentale ou une sorte<br />

de clause révisionniste d'un contrat.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XI - 36 -<br />

...DELIVREZ-NOUS DU MAL = Nous reconnaissons la puissance<br />

de Dieu et la parole dit notre confiance (<strong>à</strong> l'intérieur de ce dernier mot, il y a 'la<br />

foi'). "Et, voyant leur FOI, Jésus dit... 'Enfant, tes péchés sont effacés'." (II-5)<br />

....... CAR ....... = Notre foi se dit en un seul mot.<br />

...EN VOUS SONT<br />

LA PUISSANCE<br />

ET LA GLOIRE = Ceci est écrit conformément au verset<br />

(XIII-26). Il n'y a pas 'le Règne', puisque celui-ci doit venir ("Votre Règne<br />

vienne !"). La présente énonciation est conforme au texte quasi<br />

contemporain(1) du texte de Saint Marc : premières formu<strong>les</strong> liturgiques<br />

connues.<br />

DANS LES SIECLES. = Il est inutile d'avoir, ici, une redondance<br />

qui n'ajoute aucun temps même si elle dit '<strong>dans</strong> <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong> des sièc<strong>les</strong>'. Le mot<br />

siècle rappelle 'g: aiona', mais ce dernier mot a, en lui, une idée de futur (<strong>les</strong><br />

sièc<strong>les</strong>-<strong>à</strong>-venir). Or la Puissance et la Gloire SONT <strong>à</strong> Dieu depuis <strong>les</strong> temps<br />

d'avant le commencement jusqu'au temps de l'ultime (oultre-temps, c. <strong>à</strong> d. audel<strong>à</strong><br />

de tout temps concevable par un esprit humain. Ultime n'a pas la<br />

signification de l'eschatologie ni du final).<br />

A M E N ! = C'est ainsi ! C'est ma vérité ! C'est ma<br />

foi, solide comme le Roc, comme le Rocher, comme <strong>les</strong> Rochers qui sont MON<br />

DIEU !<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : quasi contemporain = Page : 36<br />

C'est <strong>à</strong> dire : le texte de la Didachè.<br />

* * * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XII-29)<br />

Un signe par deux lettres<br />

UN SIGNE PAR DEUX LETTRES<br />

Ecoute Israël ;<br />

ECOUTE ISRAEL !<br />

_______________<br />

YHVH Dieu - nôtre YHVH Unique !<br />

ce qui, en hébreu, est présenté :<br />

ShemA Israël : YHVH Elohenou YHVH EhaD<br />

Deux lettres sont plus grandes que toutes <strong>les</strong> autres lettres composant<br />

égalitairement le texte de la Bible des hébreux et ces lettres sont :<br />

Ayin et Daleth.<br />

Ceci arrive au premier et au dernier mot de la lexie-fondement d'Israël : dualité<br />

qui doit avoir un sens, selon <strong>les</strong> traditions du livre de Moïse qui est la Tora, livre<br />

écrit sous l'Inspiration (de Dieu).<br />

Le sens direct de la lecture "selon qu'il est écrit" (cfr : I-2), de gauche <strong>à</strong> droite,<br />

faite au fil des mots, présente 'A-D' qui est un mot hébreu signifiant 'témoin'.<br />

Que le Shema Israël soit pour toi et pour tous ceux qui prient ce texte, le<br />

proclament chaque jour et le portent comme des tephilim imprégnant leur front<br />

pour le graver <strong>dans</strong> leur coeur, la prière de disponibilité pour rendre-grâce <strong>à</strong><br />

Dieu; Trinité en Un, IL est l'Unique. Que le Shema Israël donne <strong>à</strong> tous, et <strong>à</strong> toi<br />

aussi, d'être toujours témoins du Dieu qui a donné de LE connaître.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 2 -<br />

J'ai voulu tester ce que suggérerait ce jeu des deux lettres si on <strong>les</strong> lisait <strong>à</strong><br />

l'envers. Dans la langue des hébreux, deux lettres prises au hasard forment une<br />

racine ou un mot. Le sens inverse présente 'D-A' qui est le mot hébreu 'D-Ah'<br />

portant le sens de 'sache !'.<br />

Que le Shema Israël soit le texte fondement de toute notre foi : sache-le ! Ce<br />

Dieu est Trine, mais /au centre/ il a inspiré la désinence qui, traduite, est : 'nôtre';<br />

car IL n'est pas un Dieu froid, absent, extérieur; cristallisé lors du tohu-bohu des<br />

temps du commencement. IL est NOTRE et ce 'nôtre' apparaît au coeur de la<br />

lexie juste au-milieu entre <strong>les</strong> deux lettres D et Ah !<br />

Toute dualité est occasion offerte <strong>à</strong> l'homme de comparer le deux, car la<br />

dualité prépare le UN, et le DEUX se résout toujours en l'UN quand elle est<br />

perfection. Ainsi, la dualité des mots hébreux construits sur <strong>les</strong> deux lettres Ayin<br />

et Daleth aboutit <strong>à</strong> deux mots qui sont, l'un et l'autre, <strong>dans</strong> l'Unique de ma<br />

pensée :<br />

savoir (être) TEMOIN<br />

être-TEMOIN (de) mon-savoir.<br />

Il n'y a l<strong>à</strong> qu'un commentaire de vérité de ce qui est contenu <strong>dans</strong> le verbe<br />

'proclamer = g: kerusso' (voir lexique).<br />

Lecteur ! Il faut que tu saches :<br />

- <strong>dans</strong> la première partie, il y a dix emplois de 'proclamer' et tous obéissent <strong>à</strong> une<br />

structure bien déterminée. La proclamation est affaire d'église (= le chiffre dix !,<br />

car il faut être dix, ainsi que cela fut écrit en Genèse XVIII-32).<br />

- <strong>dans</strong> la deuxième partie, la Trinité de 'proclamer le Message-Divin' aboutit <strong>à</strong><br />

l'UNITE de 'proclamer le Seigneur' !<br />

Et, lecteur, tu sais que 'proclamer' signifie : porter le TEMOIGNAGE que<br />

Jésus s'est réveillé ((= s'est ressuscité)). La foi est = 'savoir + témoigner', ce qui,<br />

avec <strong>les</strong> lettres de l'alphabet des hébreux, se dessine :<br />

A D<br />

Texte de DEUTERONOME VI =<br />

Daleth Ayin<br />

(sens de lecture :


(XII-31)<br />

Un autre signe par deux lettres<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 3 -<br />

ECOUTE ISRAEL !<br />

_______________<br />

UN AUTRE SIGNE PAR DEUX LETTRES<br />

Y H V H Elohenou Y H V H EhadD<br />

Les lettres encadrantes sont : Yod Daleth<br />

10 4 valeur = 14.<br />

Il faut noter :<br />

le 14 nisan = Pâque = jour du passage;<br />

14 = la main.<br />

... car, par une main forte, le Seigneur a fait arriver notre passage hors<br />

de l'Egypte, pays de servitude.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XII-31)<br />

Présentation<br />

En Lévitique (XIX-18)<br />

Lecture directe de la lexie<br />

Les lois du texte<br />

Sur : "JE SUIS !"<br />

YHVH parle !<br />

Le Décalogue<br />

Lectio Divina<br />

PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 4 -<br />

TON PROCHAIN COMME TOI-MEME<br />

_______________<br />

Jérusalem... le Temple... un scribe... le 'Shema Israël', échelle mystique gravie<br />

par le récit. Pour toi et moi, ô lecteur de ce texte, il y aussi : le Messie...<br />

l'humanité : "Quel est commandement premier de-tous ?" ... la Parole (de Dieu)<br />

(la Tora) "Premier est : Shema Israël ! ...". Et aussitôt : " Le second celui-ci : Tu<br />

aimeras..."<br />

Il faut nous arrêter ici, lire, re-lire, écouter, entendre, méditer, prier, afin de<br />

comprendre.<br />

J'aurais pu, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> mois et années qui précèdent ce temps présent où j'écris,<br />

chercher <strong>à</strong> apprendre et <strong>à</strong> commenter : j'ai attendu. Or, aujourd'hui, je sais que<br />

l'évangile de Saint Marc est le sixième chapitre de la Tora et que <strong>les</strong> cinq livres<br />

du Pentateuque arrivent <strong>à</strong> leur aboutissement par ce sixième, toujours livres de<br />

l'Alliance, premier livre du nouveau testament(1).<br />

Voici quelle lectio divina j'ai faite en écoutant attentivement parler le Messie<br />

et en me souvenant de ce qu'il avait déj<strong>à</strong> dit <strong>à</strong> Moïse, il y a fort longtemps.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


EN LEVITIQUE (XIX-18)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 5 -<br />

'YHVH parla <strong>à</strong> Moïse en disant : ... Tu ne haïras pas ton frère en ton cœur... tu<br />

ne garderas pas rancune envers <strong>les</strong> fils de ton peuple, mais :<br />

tu-aimeras ton-prochain comme-toi-même je-suis YHVH !<br />

veahavta lereakha kamokha ani YHVH '<br />

LECTURE DIRECTE DE LA LEXIE<br />

1.- Tu-aimeras ton-prochain comme-toi-même ! (Je suis YHVH) =<br />

Car : ton prochain est comme toi tu es et tu dois l'aimer (= faire avec lui)<br />

comme tu t'aimes toi-même (= comme tu fais avec toi). Bien entendu, si tu<br />

pousses ton raisonnement au-del<strong>à</strong> du raisonnable, tu me répondras que tu prends<br />

peu de soin de toi, <strong>à</strong> la limite, que parfois tu te méprises car tu as conscience de<br />

ta faib<strong>les</strong>se, de ton orgueil d'humilité... ou par paresse. Alors : si tu traitais ton<br />

prochain ainsi, serait-ce encore conforme <strong>à</strong> l'esprit du commandement du<br />

Lévitique ?<br />

2.- Tu-aimeras ton-prochain ! Sois-toi-même ! (Je suis YHVH) =<br />

La finale "Je suis YHVH" est l<strong>à</strong> pour te dire que Moi, Dieu, je sais juger; "Tu<br />

dois aimer ton prochain", c'est l<strong>à</strong> LE commandement. Je te dis, en plus, que la<br />

raison de cet amour envers ton prochain est que toi, homme, tu es amour.<br />

Puisque toi, homme, tu as en toi des possibilités d'amour, tu dois <strong>les</strong> offrir <strong>à</strong> ton<br />

prochain et tu dois l'aimer.<br />

3.- Tu-aimeras ton-prochain. Comme-toi-même, je suis YHVH ! =<br />

Moi, Dieu, je suis le Dieu d'amour et moi, je sais ce qui est bon pour tout<br />

homme. Toi, tu ne le sais pas et tu te demandes comment agir envers ton<br />

prochain. Alors, regarde-moi et tu sauras que j'aime tous <strong>les</strong> hommes (= donc :<br />

ton prochain). Moi, aussi, moi-YHVH, je suis ainsi que mon devenir est d'aimer<br />

chaque homme(2) et c'est pourquoi, en aimant ton prochain, tu fais que "(en<br />

étant) comme-toi-même, je-suis (<strong>dans</strong> ma plénitude de) YHVH". Comme toi,<br />

homme : je suis l'Amour !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES LOIS DU TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 6 -<br />

Il est une autre façon d'examiner un texte : lorsqu'il comporte au total CINQ<br />

MOTS, que résulte-t-il de l'application des lois du texte successivement <strong>à</strong><br />

chacun des cinq mots, <strong>dans</strong> l'ordre de leur arrivée ?<br />

1.- <strong>à</strong> un : "h: veahavta = tu-aimeras"<br />

UN est le fondement, la base, Dieu en son Unité et c'est le commandement<br />

d'Amour. Pour tous, pour chacun, Dieu est Amour et chacun aimera.<br />

2.- <strong>à</strong> deux : "h: lereakha = ton-prochain"<br />

DEUX est la dualité car il y a le UN qui est amour et le DEUX qui est 'touthomme'.<br />

La finale 'h: kha' signifie : de toi; c'est le prochain 'de toi', Tu-aimeras<br />

de-toi-le-prochain, dualité unissant étroitement par le déversement de l'amour<br />

vers tout-prochain.<br />

La dualité est offre de comparaison. Si 'tu-aimeras' est l'Unique de l'Amour,<br />

'ton-prochain' est l'attributif face <strong>à</strong> toi. Deux mots face <strong>à</strong> face, de même que<br />

l'amour doit mettre tout-prochain-de-toi face <strong>à</strong> toi-tu-aimeras. Ce face <strong>à</strong> face est<br />

déj<strong>à</strong> celui de l'homme et de Dieu, car chacun des hommes est aussi le prochain<br />

des autres face <strong>à</strong> 'tu-aimeras' qui est l'immensité d'amour au coeur du monde<br />

créé.<br />

3.- <strong>à</strong> trois : "h: kamokha = comme-toi"<br />

Ma lecture pourrait s'arrêter ici car il serait tellement beau d'aboutir <strong>à</strong> ce que,<br />

comme par réflexe, chacun (s')aime en chacun. Le trois est aboutissement et<br />

aussi création. Or si la Parole se finissait avec ce troisième mot, déj<strong>à</strong> la Création<br />

aurait abouti. En effet, pour que chacun donne en amour <strong>à</strong> chacun ce qu'il reçoit<br />

lui-même ((= le sens de 'comme-toi')), il faut que l'homme soit "<strong>à</strong> l'image de<br />

Dieu". Seul celui qui fut créé en Genèse (I-1) est capable d'une telle démarche<br />

d'amour. Ni la clarté ou la lumière, ni <strong>les</strong> eaux du bas avec <strong>les</strong> eaux d'en haut, ni<br />

le gazon ou l'herbe ou quelque arbre fruitier, ni <strong>les</strong> deux luminaires ou <strong>les</strong> astres<br />

lumineux, ni le grand dragon, le volatile ailé ou l'animal vivant, ni <strong>les</strong> autres<br />

bestiaux, repti<strong>les</strong> ou bêtes sauvages : aucun ne peut 's'aimer l'autre' comme Dieu<br />

sait aimer.<br />

Au livre ultime de la Tora (= l'évangile de Saint Marc), j'ai lu comment le<br />

verbe 'aimer' a su arriver <strong>dans</strong> le texte et par le Messie et pour celui-l<strong>à</strong> "ayant de<br />

nombreux biens"; "Or Jésus, ayant fixé-son-regard sur lui, l' A I M A " (X-20).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 7 -<br />

C'est l<strong>à</strong> le premier emploi du verbe 'aimer' en Saint Marc. Dans mon cœur, je<br />

sais que, après <strong>les</strong> trois emplois(3) de la Tora, ce premier est aussi le QUATRE<br />

de la Plénitude de Dieu.<br />

Amour de Dieu, amour de l'homme : ainsi est-ce dit au texte hébreu par le mot<br />

'comme-toi'.<br />

Amour du Messie, amour de l'homme : ainsi est-ce écrit au texte grec par le<br />

verbe agapaô.<br />

4.- <strong>à</strong> quatre : "h: ani = je-suis"<br />

Celui qui a le pouvoir (= la puissance) pour prononcer ce mot <strong>à</strong> la suite des<br />

trois mots qui précèdent ne peut être que celui qui est la totalité de la Plénitude<br />

(= la Puissance). Par son infini amour, il a choisi ce mot humble et simple 'h:<br />

ani', mot que chaque homme sait prononcer pour lui-même.<br />

5.- <strong>à</strong> cinq : " Y H V H "<br />

Les quatre lettres viennent au cinquième rang qui est celui par lequel l'identité<br />

arrive.<br />

LE NOM est prononcé et Dieu déclare son identité.<br />

SUR : " JE SUIS "<br />

1.- Dans le Lévitique (XIX-18), il est écrit "ANI YHVH", mais lorsque Dieu<br />

donnera <strong>dans</strong> la forme solennelle <strong>les</strong> Tab<strong>les</strong> du Décalogue, il y aura une<br />

déclaration d'identité en forme emphatique :<br />

"ANOKHI YHVH ELOHEKHA = Je (suis) YHVH ton-Elohim !"<br />

(Deutéronome V-6)<br />

Cette dernière citation en refère <strong>à</strong> Dieu <strong>dans</strong> sa toute Puissance et son Infinie<br />

Majesté. L'écart entre 'anokhi' et 'ani' précise le Dieu-Eternel (parfait-éternelinfini)<br />

par rapport <strong>à</strong> Dieu <strong>dans</strong> sa relation avec l'homme... car, <strong>dans</strong> l'A.T., il<br />

arrive qu'un homme dise 'ani', alors que 'anokhi' est réservé <strong>à</strong> Dieu.<br />

2.- Revenant au texte du Lévitique, 'Je suis YHVH' est écrit avec 'ani', c. <strong>à</strong> d.<br />

vient comme un refrain : Moi, YHVH, je sais ce qu'est l'homme et je lui parle un<br />

langage que l'homme connaît et peut comprendre, car je dis : 'ani'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


3.- Ainsi l'exégète est conduit <strong>à</strong> poser :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 8 -<br />

ani YHVH = l' humanité de Dieu<br />

anokhi YHVH Elohekha = la transcendance de Dieu.<br />

Lecteur ! Lis attentivement : je n'ai pas écrit qu'il y ait séparation ou<br />

indépendance de l'une des énonciations en rapport avec l'autre, et je n'écris pas,<br />

ici et en cet endroit du présent paragraphe, qu'il y ait identité ou égalité ou<br />

similitude entre <strong>les</strong> deux. Si le texte a écrit deux expressions distinctes, c'est qu'il<br />

en a reçu l'inspiration. C'est aussi une Loi du texte.<br />

Alors, lecteur, reprenons ce livre du Lévitique et écoutons YHVH parler.<br />

YHVH PARLE !<br />

Dans le livre du Lévitique, j'ai lu : 'YHVH parla <strong>à</strong> Moïse en disant : 'Parle<br />

aux fils d'Israël et tu leur diras =.<br />

ANI YHVH ELOHEKHA : Je (suis) YHVH ton-Elohim<br />

Ce qui se fait au pays d'Egypte ... vous ne le ferez pas ...vous observerez mes<br />

préceptes pour marcher d'après eux :<br />

ANI YHVH ELOHEKHA : Je (suis) YHVH ton-Elohim.<br />

Vous observerez mes préceptes et mes sentences; l'homme qui <strong>les</strong> exécute, vit<br />

par eux !<br />

ANI YHVH : Je (suis) YHVH'.'.<br />

Auparavant, j'avais relu tout ce qui précède, <strong>dans</strong> le livre du Lévitique et<br />

j'avais entendu YHVH parler <strong>à</strong> Moïse. Souvent j'ai lu en hébreu : YHVH, et en<br />

grec : Kurios, venus <strong>dans</strong> ce texte <strong>à</strong> partir du verset (Lév. I-1). Dans le texte<br />

hébreu, "YHVH" est le quatrième mot... mais, dès le deuxième mot, il y a cette<br />

dualité admirable que, seule, la langue des hébreux peut présenter : "EL-<br />

Moshé(4) union de ce qui représente, pour moi, <strong>les</strong> deux NOMS, face <strong>à</strong> face tout<br />

au long de ce livre. Pendant dix-sept <strong>chapitres</strong>, il y a la Parole dite par YHVH <strong>à</strong><br />

Moïse et j'ai ressenti beaucoup d'admiration pour l'humour de ce texte, car très<br />

longuement il rapporte uniquement des paro<strong>les</strong> de YHVH. Moïse ne dit rien et<br />

ne répond pas(5). Alors, pour relancer et comme leitmotiv pour faire patienter<br />

son lecteur, le texte dit : "YHVH parla <strong>à</strong> Moïse en disant...". Cela dure sept<br />

<strong>chapitres</strong> et le huitième, <strong>à</strong> son commencement, ne sait pas écrire autre chose que<br />

: "YHVH parla <strong>à</strong> Moïse en disant...".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 9 -<br />

Or, ici, tout va changer et Moïse ose parler <strong>à</strong> la communauté. Il leur dit : 'Voici<br />

la chose que YHVH a ordonné de faire !' et Moïse fait beaucoup de choses (sans<br />

rien dire !) pendant près d'une trentaine de versets. Puis, il parle <strong>à</strong> nouveau pour<br />

donner <strong>les</strong> consignes du repas festif : '... vous observerez l'observance de YHVH<br />

AFIN QUE (grec : 'ina') vous ne mouriez pas, car ainsi il m'a été ordonné'.<br />

(Lévitique VIII-35)<br />

Au chapitre suivant (IX), Moïse parle beaucoup puis il offre des sacrifices.<br />

'Alors la Gloire de YHVH apparut...un feu sortit d'au-devant de YHVH ...'.<br />

(Lévitique IX-23 et 24)<br />

Le chapitre X fait entendre Moïse parlant <strong>à</strong> Aaron : 'Et AARON SE TUT(6)'<br />

(Lév X-3). Moïse parle encore un peu, bientôt relayé par YHVH : 'YHVH parla<br />

<strong>à</strong> Aaron en disant...' (Lévitique X-9). Bref dialogue encore, puis il n'y a plus que<br />

la Parole de YHVH dès le début du chapitre XI... et ainsi arrive la citation<br />

(Lévitique XVIII-5) rapportée ci-dessus.<br />

Il m'a semblé intéressant d'examiner cet ensemble des déclarations d'identité<br />

faites par YHVH et dont le commencement se situe en (Lév XVIII-5) :<br />

YHVH parla<br />

<strong>à</strong> Moïse en ani YHVH Elohekha : ani YHVH :<br />

disant :<br />

XVIII-1 XVII-2 et 4<br />

XVIII-30<br />

XVIII-5 et 6 et 21<br />

XIX-1 XIX-2-3-4-10 XIX-12-14-16-18<br />

XIX-25<br />

XIX-31<br />

XIX-34-36<br />

XIX-28-30<br />

XIX-32<br />

XIX-37<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 10 -<br />

Déj<strong>à</strong> ; un tel tableau indique une volonté de structure <strong>dans</strong> le texte du<br />

Lévitique et deux <strong>séquences</strong> apparaissent :<br />

a) XIX- 2- 3- 4 et 10 quatre fois Moi-Dieu-ton-Elohim<br />

XIX-12-14-16 et 18 quatre fois Moi-Dieu<br />

b) une circularité :<br />

Moi-Dieu-ton-Elohim : 25 31 34-36<br />

Moi-Dieu : 28-30 32 37<br />

ce qui m'amène <strong>à</strong> lire, en <strong>les</strong> raccordant, <strong>les</strong> passages 'juste avant 25' et 'juste<br />

après 37' et je trouve : "Quand vous entrerez <strong>dans</strong> le pays... toutes mes<br />

sentences, vous <strong>les</strong> pratiquerez". C'esr l<strong>à</strong> une parole d'une grande Sagesse : la<br />

possession de toutes choses (= le pays riche en lait et en miel...) doit être vécue<br />

en référence <strong>à</strong> Dieu qui l'a donnée.<br />

LE DECALOGUE<br />

1.- Revenant <strong>à</strong> la structure (a), je sens qu'il s'y joue un jeu très important. La<br />

lecture attentive m'a fait penser aux lois gravées sur <strong>les</strong> deux tab<strong>les</strong> de pierre et<br />

j'ai noté (Lév XIX) :<br />

L E D E C A L O G U E :<br />

verset texte<br />

1 "YHVH parla <strong>à</strong> Moîse en disant..."<br />

2 un seul Dieu puis : ani YHVH Elohekha<br />

3 honore ton père et la mère<br />

+ observe le sabbat puis : ani YHVH Elohekha<br />

4 ne-pas faire d'idole puis : ani YHVH Elohekha<br />

5 <strong>à</strong> 10 <strong>les</strong> sacrifices :<br />

ne-pas profaner YHVH<br />

PENSER AUX MISEREUX puis : ani YHVH Elohekha<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 11 -<br />

-------<br />

11 et 12 ne-pas voler<br />

+ ne-pas mentir<br />

+ ne-pas jurer le NOM puis : ani YHVH<br />

13 et 14 ne-pas faire de tort puis : ani YHVH<br />

15 et 16 ne-pas faux-témoigner<br />

+ ne-pas tuer puis : ani YHVH<br />

17 et 18 ne-pas haïr<br />

AIMER TON PROCHAIN puis : ani YHVH<br />

2.- Ainsi tu vois apparaître, lecteur, <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> du Décalogue... mais tu noteras<br />

qu'il y a une évolution <strong>dans</strong> l'énoncé : rien n'y est dit sur 'convoiter la maison, la<br />

femme, le champ, le serviteur, le boeuf ou l'âne'. Mais : 'ton prochain = h:<br />

reakha' y est écrit, lui qui vient deux fois en Exode XX et deux fois en<br />

Deutéronome V.<br />

3.- Tu noteras aussi l'insistance du Lévitique sur (ne-pas faire de tort)... ce qui<br />

est conforme <strong>à</strong> l'énonciation des préceptes du Décalogue telle Jésus-le-Messie l'a<br />

dite en <strong>Mc</strong> (X-19) <strong>à</strong> celui qui avait "de nombreux biens".<br />

4.- Mais tu prendras acte que, <strong>dans</strong> le texte grec de Lévitique XIX, il n'y a pas le<br />

verbe 'g: apo-stereô = faire-du-tort'. Seule, l'idée est sous-jacente le long de cette<br />

séquence. Pour donner de la force aux règ<strong>les</strong> de conduite tel<strong>les</strong> qu’el<strong>les</strong> sont<br />

énoncées <strong>dans</strong> ce chapitre, il y a beaucoup d'interdictions : NE-PAS + un verbe<br />

d'action. Les préceptes positifs sont <strong>les</strong> suivants :<br />

Soyez saints... Vous craindrez chacun sa mère et son père... Vous observerez<br />

mes sabbats... Un sacrifice, vous le sacrifierez pour être agréés (Il sera mangé...<br />

sera brûlé...)<br />

... Pour le MISEREUX et pour l'HOTE tu laisseras la glanure de blé et de raisin :<br />

Je (suis) YHVH ton-Elohim !<br />

Tu craindras YHVH... Avec justice tu jugeras... Tu corrigeras ton prochain...<br />

TU AIMERAS TON-PROCHAIN COMME-TOI- MEME : Je (suis) YHVH !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 12 -<br />

Dans le même espace de texte, il y a, en plus : vingt-cinq commandements<br />

négatifs. Ainsi apparaissent DEUX commandements positifs mis en position<br />

remarquable <strong>dans</strong> ce texte :<br />

pour le MISEREUX et pour l' HOTE :<br />

laisser <strong>les</strong> grains de blé et de raisin<br />

(c. <strong>à</strong> d. ce qui, <strong>à</strong> la Cène, deviendra le pain et (la coupe).<br />

pour le PROCHAIN : l' aimer.<br />

Tu noteras, ô lecteur, comment le Lévitique présente chacun de ces deux<br />

commandements :<br />

pour le pain et le vin :<br />

YHVH ton-Elohim (transcendant)<br />

pour l' amour du prochain :<br />

YHVH - - (formulation 'humaine' de Dieu)<br />

Le texte de Saint Marc conserve tout ceci : Jésus a laissé ses discip<strong>les</strong> égrener<br />

<strong>les</strong> épis... institua la transcendance du pain et du contenu de la coupe... et<br />

explicita solennellement l'amour du prochain.<br />

LECTIO DIVINA<br />

1.- Ainsi s'établit notre lectio divina pour le verset (XII-31) du texte de Saint<br />

Marc. Nous avons été entraînés très loin, l'Ecriture nous incitant <strong>à</strong> rester<br />

longuement au coeur du Lévitique. Nous y avons vu des choses nouvel<strong>les</strong>, y<br />

entendant YHVH dire son identité sous deux formulations. Lorsqu'il dit anokhi,<br />

il est Dieu qui solennellement donne <strong>les</strong> Tab<strong>les</strong> de la Loi (Dt V-6).<br />

Dans le livre du Lévitique, Dieu parle un langage plus 'humain' et il dit ani<br />

pour reprendre, sous une forme explicitée, <strong>les</strong> préceptes du Décalogue, gravés<br />

sur <strong>les</strong> deux tab<strong>les</strong> de pierre. Quatre fois il dit une formule; puis quatre fois il<br />

dit la formule écourtée. Ainsi, l'une et l'autre ont même plénitude mais ne<br />

peuvent être regardées comme pouvant arriver pour une identité (= <strong>à</strong> cinq), pour<br />

l'alliance (= <strong>à</strong> six) ou en raison d'un serment (= <strong>à</strong> sept) : ceci respecte la liberté<br />

de l'homme.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 13 -<br />

2.- Les prescriptions énoncées reprennent <strong>les</strong> diverses sentences des deux<br />

tab<strong>les</strong>... sauf la dernière. Or, si 'tu ne convoiteras pas' est absent du Lévitique, il<br />

vient une particulière insistance de ménager le malheureux, l'hôte et le<br />

prochain.<br />

3.- Dans le paragraphe introductif de la présente exégèse, je notais l'échelle<br />

mystique gravie par le récit. Voici que toi et moi, lecteur, nous accédons <strong>à</strong> une<br />

montée d'une autre forme : le texte... le Messie... penser au miséreux... aimer son<br />

prochain<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 14 -<br />

Note 1 : du nouveau testament = Page : 4<br />

Ceci signifie : d'un ensemble de livre appelés, selon la tradition : le Nouveau<br />

Testament. Ne voir ici aucun sens spécifique de novation pour le mot 'nouveau'.<br />

Note 2 : chaque homme = Page : 5<br />

Ou mieux : chaque homme <strong>à</strong> venir, c. <strong>à</strong> d. tous <strong>les</strong> hommes qui viendront <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>-<strong>à</strong>-venir, mais aussi tous <strong>les</strong> hommes vivants au présent jour et<br />

considérés du point de vue de leur propre devenir. Voir le chapitre "Sur Exode<br />

III-14".<br />

Note 3 : <strong>les</strong> trois emplois = Page : 7<br />

Voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot aimer. Le mot 'h: veahavta' ne vient que trois<br />

fois <strong>dans</strong> la Tora :<br />

Deutéronome VI-4 : aimer YHVH ton-Elohim<br />

Lévitique XIX-18 : aimer ton-prochain (voir ci-dessus)<br />

Lévitique XIX-34 : aimer l'étranger<br />

(celui qui réside en erets-Israël)<br />

Noter la progression :<br />

ton-Dieu... ton-prochain... ton-étranger !<br />

Note 4 : "EL - Moshe" = Page : 8<br />

Ce mot hébreu signifie : 'VERS Moïse'.<br />

Note 5 : ne répond pas = Page : 8<br />

Cfr : "Celui°-ci se-taisait et il ne répondit rien" (<strong>Mc</strong> XIV-61). Puis-je voir,<br />

<strong>dans</strong> cette dernière lexie, comme une allusion faite par le texte de Saint Marc ;<br />

devant le Grand Prêtre, Jésus se comporte semblablement <strong>à</strong> Moïse devant Dieu.<br />

Or Moïse n'était qu'un prophète. Pour le Grand Prêtre, Jésus ne serait-il tout au<br />

plus qu'un prophète ? (= c'est <strong>à</strong> dire, puisque Jésus dit des choses qui sont<br />

nouvel<strong>les</strong> par rapport <strong>à</strong> la tradition, ne serait-il, aux yeux du Grand Prêtre, qu'un<br />

faux-prophète ?)<br />

Note 6 : Aaron se tut = Page : 9<br />

Car Aaron est prophète. Voir note 5 ci-dessus.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XII-33)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 15 -<br />

AIMER... PLUS... QUE HOLOCAUSTES ET SACRIFICES<br />

Divers textes<br />

L'intelligence<br />

Génie et sainteté<br />

La foi<br />

DIVERS TEXTES<br />

_______________<br />

'... si ces vertus demeurent pures devant le Seigneur, sagesse, intelligence,<br />

science et connaissance viennent se réjouir avec el<strong>les</strong>, car il nous a bien montré,<br />

par tous <strong>les</strong> prophètes, qu'il n'a besoin ni des sacrifices, ni des holocaustes, ni<br />

des offrandes. Voici ce qu'il dit <strong>dans</strong> un premier passage : 'Que m'importe la<br />

multitude de vos sacrifices, dit le Seigneur. Je suis rassasié des holocaustes de<br />

béliers et de la graisse des agneaux et du sang des taureaux et des boucs; je n'en<br />

veux pas même lorsque vous me <strong>les</strong> présentez. Qui donc a réclamé cela par vos<br />

mains ? Ne continuez pas <strong>à</strong> fouler mon parvis. Si vous offrez de la fleur de<br />

farine, c'est en vain. L'encens me fait horreur; vos néoménies et vos sabbats, je<br />

ne <strong>les</strong> supporte pas.'.'<br />

(Barnabé : Epître II-4 et 5)<br />

Et le commentaire vient aussitôt :<br />

'Ai-je commandé <strong>à</strong> vos pères <strong>à</strong> leur sortie du pays d'Egypte de m'offrir des<br />

holocaustes et des sacrifices ? Bien au contraire, voici ce que je leur ai<br />

commandé : 'Que nul d'entre vous ne garde en son coeur mauvaise rancune<br />

contre son prochain...' Nous devons donc comprendre, si nous ne sommes pas<br />

sans intelligence , le dessein de notre Père <strong>dans</strong> sa bonté ...'.<br />

(Barnabé : Epître II-7)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 16 -<br />

Dans son dernier chapitre, Barnabé dit encore :<br />

'Et que le Dieu qui règne sur le monde entier vous donne la sagesse, la<br />

science, la connaissance de ses volontés, la persévérance'.<br />

(Barnabé : Epître XXI-5)<br />

(Cfr : Amos V-21 <strong>à</strong> 25 et cfr : Proverbes XXI-3(1) )<br />

L'INTELLIGENCE<br />

1.- L'INTELLIGENCE est le lien entre Dieu et l'homme; elle doit être le<br />

constitutif (= l'ETRE) de l'image. La 'ressemblance' est 'l'intelligence<br />

cohérente'.<br />

2.- Ayant reçu le don de l'INTELLIGENCE (car j'ai été créé au dernier des<br />

'jours' après la lumière, la séparation des eaux, <strong>les</strong> rochers et <strong>les</strong> plantes et tout ce<br />

qui est 'animal', je dois, par mon intelligence, rendre gloire <strong>à</strong> Dieu puisque je<br />

suis une infiniment petite parcelle de cette gloire. Dieu a fait (et s'est fait)<br />

l'homme (= SA GLOIRE) et l'ensemble des hommes de tous lieux et de tous<br />

temps sont comme un seul (= l'humanité) en le(s)quel(s) Dieu a risqué sa<br />

divinité, par le(s)quel(s) sa Divinité se révèle, par le(s)quel(s) Dieu le(s)<br />

bénissant est LUI-aussi béni.<br />

GENIE ET SAINTETE<br />

Mon rabbin m'a cité :<br />

'Le génie, <strong>dans</strong> la hiérarchie des valeurs, se situe juste après le saint.<br />

Comme homme, le génie possède rarement l'humilité du saint et son superbe et<br />

indispensable égoïsme (l'autre face de la générosité créatrice) font qu'entre le<br />

témoignage du saint et celui du génie il existe une différence de nature, l'un<br />

témoignant par sa vie, l'autre par son œuvre.'<br />

Ensemble, nous avons commenté : le génie et le saint sont proches car l'un et<br />

l'autre ont compris qu'il existe, <strong>dans</strong> le monde créé, une cohérence.<br />

L'un et l'autre ont pu, grâce <strong>à</strong> leur intelligence, atteindre une certaine<br />

connaissance (la révélation, en eux) de cette cohérence, mais cette connaissance<br />

de la cohérence est limitée au savoir de son existence et n'atteint pas le savoir de<br />

sa structure ou de son 'être'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 17 -<br />

Le génie et le saint savent que le monde créé est cohérence, c. <strong>à</strong> d. perfection<br />

+ éternité + universalité. Le génie sait par son intelligence, et 'son superbe et<br />

indispensable égoïsme' l'entraîne vers un 'chercher <strong>à</strong> savoir plus', car il ne pense<br />

qu'<strong>à</strong> témoigner par son oeuvre. Le saint ne peut pas savoir sans le soutien de<br />

Dieu et son 'avoir-foi(2)' l'oblige <strong>à</strong> proclamer. Sa démarche vise, partant de son<br />

état (inné) d'être "<strong>à</strong> l'image de", <strong>à</strong> proclamer son devenir VERS 'la<br />

ressemblance'.<br />

L'acte de 'comprendre' peut laisser au prochain l'impression d'un certain<br />

orgueil car il y a isolement, <strong>à</strong> ce niveau de la pensée. L'acte de vivre<br />

l'illumination du cœur peut donner au prochain l'impression d'une certaine folie.<br />

Mais, ici, <strong>les</strong> deux mots de orgueil et de folie ont un sens très proche et<br />

basculent l'un <strong>dans</strong> l'autre, car ils désignent le jugement du prochain par son voir<br />

et son entendre, alors qu'au cœur du génie et du saint, il y a, d'abord, la foi = leur<br />

connaissance du monde créé <strong>dans</strong> la Cohérence (avec la lettre majuscule).<br />

LA FOI<br />

Venu au monde après la lumière, la séparation des eaux et le dernier des<br />

animaux, j'ai reçu d'être '<strong>à</strong> l'image de', ce qui fut le don d'une intelligence dont<br />

l'animal ne peut pas disposer : lui ne sait ni juger, ni témoigner; la bête ne peut<br />

pas dépasser son temps présent.<br />

L'homme, par l'intelligence, acquiert le mouvement VERS le futur : son<br />

devenir. Le présent n'est alors que le CONSTAT : soubassement et fondement<br />

permettant d'analyser et de saisir, pour se rendre disponible VERS l'immédiat<br />

présent (= un autre nom pour le futur proche).<br />

Utilisant toute ma puissance d'être '<strong>à</strong> l'image de', je dois tendre vers 'la<br />

ressemblance'. Ceci est 'mon devenir' et la présente formulation est<br />

proclamation de ma foi.<br />

La foi n'est pas holocauste ni sacrifice, graisse des agneaux, ni sang des<br />

taureaux.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XII - 18 -<br />

Note 1 : Proverbes XXI-3 = Page : 15<br />

Au livre des Proverbes (= la Sagesse de Salomon !), il est écrit : 'poiein<br />

dichaia... = faire la justice et l'équité est, pour YHVH, préférable aux sacrifices<br />

(g: tusiôn)'<br />

Et en Saint Marc : "kai to agapan... = et aimer le prochain comme soi-même<br />

est plus-excessif que tous <strong>les</strong> holocaustes et sacrifices (g: thusiôn)" (XII-33).<br />

Le lecteur méditera sur l'évolution de l'écrit des deux textes qui, partant du<br />

verbe 'g: poiein' (<strong>dans</strong> le livre des Proverbes, qui est Sagesse de Salomon, fils de<br />

David) aboutit <strong>à</strong> 'g: agapan' (parole dite par le scribe <strong>à</strong> Jésus, le "fils de David").<br />

Note 2 : savoir ... foi = Page : 17<br />

Ceci peut encore être formulé d'une autre façon : il y a un écart entre la<br />

'perception de la vérité = h: emet' et la 'foi = h: emounah', <strong>les</strong> deux mots<br />

hébreux ayant même racine.<br />

* * * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIII-1 <strong>à</strong> 5)<br />

Envoi par la cruche d'eau<br />

Saint Luc<br />

Saint Matthieu<br />

L'anonyme<br />

L'anonymat<br />

ENVOI PAR LA CRUCHE D'EAU<br />

L'UN DE SES DISCIPLES<br />

_______________<br />

Au premier des jours des Azymes, je suis parti vers la ville pour apprêter la<br />

Pâque et je cheminais avec "deux de ses discip<strong>les</strong>" (<strong>Mc</strong> XIV-13). Jésus <strong>les</strong> avait<br />

choisis parmi <strong>les</strong> Douze : c'étaient "Pierre et Jean" (Lc XXII-8) et je marchais<br />

avec eux, réfléchissant en mon coeur. J'étais <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc et ces<br />

deux-l<strong>à</strong> étaient bien : 'g: duo tôn mathetôn autou', ou encore : 'deux des discip<strong>les</strong><br />

de lui'.<br />

Ce "lui", je le connaissais depuis l'immédiat 'Commencement' puisque en (I-<br />

3) j'avais appris <strong>à</strong> discerner le sens nouveau des sentiers du Dieu (= Theos)<br />

d'Isaïe devenu désormais 'g: tas tribas autou = <strong>les</strong> sentiers de Dieu-Incarné'.<br />

Plus je regardais Pierre et Jean marcher devant moi en allant "vers la ville"<br />

(<strong>Mc</strong> XIV-13), plus je m'interrogeais sur ces deux hommes. Ils sont "discip<strong>les</strong> de<br />

lui"; est-ce dire qu'ils savent tout du Messie ou encore de Dieu venu s'incar- ner<br />

? ... car si grande est la 'folie' de cette arrivée de Dieu parmi <strong>les</strong> hommes !<br />

Je me suis revu au Temple, quelques jours auparavant, car l<strong>à</strong> aussi, j'avais<br />

ressenti cette même interrogation. Au lieu d'être 'g: duo = deux', il était 'g: eîs =<br />

un-unique', mais il était nommé comme appartenant aux 'discip<strong>les</strong> de lui = g: tôn<br />

mathetôn autou' (<strong>Mc</strong> XIII-1). Alors j'ai voulu l'identifier(1) et, pour cela, j'ai<br />

cherché <strong>à</strong> comprendre ce que disent <strong>les</strong> autres évangélistes.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SAINT LUC<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIII - 2 -<br />

"Et comme quelques-uns disaient au sujet du Temple qu'il se-trouvait-décoré<br />

de bel<strong>les</strong> pierres et ex-voto, il dit : 'Ceci que vous observez, des jours viendront<br />

où il ne sera pas laissé pierre sur pierre qui ne sera détruite'." (Lc XXI-5 et 6).<br />

Et au verset suivant, ils questionnent Jésus : "Quand donc ceci sera-t-il et<br />

que(l) signe (pour) que ceci (arrive) ?" (Lc XXI-7). Saint Luc reprend ici le texte<br />

de Saint Marc, mais l'anonyme qui est <strong>dans</strong> "un de ses discip<strong>les</strong>" (<strong>Mc</strong> XIII-1) a<br />

réussi <strong>à</strong> rester caché. Pourtant Saint Luc écrit : "Quelques-uns".<br />

SAINT MATTHIEU<br />

"Et Jésus, sortant du Temple, allait et ses discip<strong>les</strong> vinrent-auprès (de lui) pour<br />

lui montrer <strong>les</strong> constructions du Temple. Or répondant il leur dit : 'Ne regardezvous<br />

pas ceci ? En vérité je vous dis : Il ne sera pas laissé ici pierre sur pierre qui<br />

ne sera pas détruite'." (Mt XXIV-1 et 2). Et, au verset suivant, ils questionnent<br />

Jésus : "Dis-nous quand ceci sera et quel (sera) le signe..." (Mt XXIV-3). Je suis<br />

frappé par l'explication : "pour lui montrer <strong>les</strong> constructions du Temple". Jamais<br />

Saint Marc ne se serait permis un tel commentaire; mais, pour Saint Matthieu, ce<br />

sont des hommes qui font visiter <strong>à</strong> un autre homme (= Jésus) le Temple de<br />

Jérusalem. Pourtant... l'auteur aurait dû expliquer, car depuis Mt (XXI-12), Jésus<br />

fréquente le Temple. N'aurait-il pas su voir lui-même ces constructions, alors<br />

que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> (en Saint Matthieu) ne disent rien de la décoration (et : ex-voto)<br />

ni de la grande taille des pierres (et des bâtiments) ?<br />

L'ANONYME<br />

La lecture des trois évangi<strong>les</strong>, pour ce moment précis où Jésus est avec ses<br />

discip<strong>les</strong> face <strong>à</strong> la majesté du Temple, n'est pas - pour moi - signe d'incohérence,<br />

car tout confirme.<br />

1.- Saint Matthieu a façonné un texte autour de Jésus(-homme), venu pour<br />

accomplir l'Ecriture et, en ce sens, il est Dieu; mais, pour écrire, l'auteur a eu<br />

besoin de disposer d'un texte déj<strong>à</strong> existant (= celui de Saint Marc) <strong>dans</strong> lequel il<br />

cherche l'explication scripturale (= la référence <strong>à</strong> l'Ecriture).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIII - 3 -<br />

Alors, pour faire comprendre, il est obligé d'interpréter (car tout texte qui n'est<br />

pas recopié strictement, même si un seul iota est changé, devient un texte<br />

interprété).<br />

L'évangile de Saint Matthieu est le témoignage d'une certaine foi (transmise<br />

par l' auteur = ici, le mot auteur désigne tous ceux qui, hormis le texte initial de<br />

Saint Marc, ont contribué <strong>à</strong> élaborer le texte de Saint Matthieu tel qu'il nous est<br />

connu).<br />

2.- Saint Luc a annoncé <strong>dans</strong> son prologue écrit <strong>à</strong> la suite de tous ceux-l<strong>à</strong> qui<br />

déj<strong>à</strong> ont écrit avant lui, et qui, témoins-oculaires, se sont mis au service de la<br />

Parole (cfr : Lc I-1 <strong>à</strong> 4). Le dernier mot de ce prologue est d'une grande vérité :<br />

Saint Luc a cherché que son écrit soit "la solidité", ce qui, pour moi, signifie :<br />

authenticité, exactitude, précision. Ces mots sont, pour moi, la Cohérence de<br />

Dieu.<br />

Saint Luc connaissait <strong>les</strong> noms des deux envoyés "vers la ville" pour apprêter<br />

la Pâque; aussitôt il <strong>les</strong> nomme : Pierre et Jean. D'ailleurs, <strong>les</strong> neuf autres, après<br />

la résurrection, durent le dire <strong>à</strong> tous car ce qui se passa lors de l'envoi des deux<br />

vers la ville <strong>les</strong> a tous frappés puisque, juste avant, ils étaient "SES" discip<strong>les</strong> et<br />

que le doute <strong>les</strong> a transformés en "LES" discip<strong>les</strong>(2).<br />

Mais, pour cette question posée sur <strong>les</strong> pierres de grande taille du Temple,<br />

Saint Luc n'a pas (précisé) l'identité des questionneurs. Ceci m'oblige <strong>à</strong> relire<br />

attentivement ce qui est écrit en <strong>Mc</strong> (XIII-1) : "Et, comme il s'en allait hors du<br />

Temple, l'un de ses discip<strong>les</strong> lui dit : 'Maître ! Vois de-quelle-taille (ces)<br />

pierres ! ...'.". Il n'est pas dit que, <strong>à</strong> ce moment précis, tous soient autour de lui.<br />

Souvent il en est ainsi et on s'en va par petits groupes. C'est alors le moment le<br />

plus propice pour poser en tête <strong>à</strong> tête une question pouvant sembler de peu<br />

d'importance mais <strong>à</strong> laquelle on attache de la valeur.<br />

Tout le monde sait que <strong>les</strong> pierres formant la base du Mur (du Temple) sont de<br />

grande taille et personne ne se pose plus la moindre question <strong>à</strong> leur sujet. Alors<br />

"un de ses discip<strong>les</strong>" s'arrange pour être seul, quelques instants, avec lui<br />

"comme il s'en allait hors du Temple" et il lui pose sa question(3).<br />

Lecteur ! Voici que tu vis intensément la scène. Alors, moi aussi qui suis <strong>à</strong> tes<br />

côtés, je te pose ma question :<br />

... et si celui-l<strong>à</strong> était bien seul avec Jésus, ne serait-il pas <strong>à</strong> compter<br />

comme auteur du texte, puisqu'il nous a transmis la réponse de Jésus, comme<br />

seul, de tous <strong>les</strong> hommes, Jésus pouvait répondre ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


L'ANONYMAT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIII - 4 -<br />

1.- Il y a trois endroits où l'identité des discip<strong>les</strong> n'a pas été précisée par Saint<br />

Marc :<br />

XI-1 deux de ses discip<strong>les</strong> envoyés pour un ânon<br />

XIII-1 un de ses discip<strong>les</strong> la question sur <strong>les</strong> pierres<br />

XIV-13 deux de ses discip<strong>les</strong> envoyés pour un agneau.<br />

Ainsi présentées, ces citations révèlent une volonté de chiasme. Saint Luc nous<br />

a permis de savoir que, en (XIV-13), il s'agit de Pierre et de Jean; <strong>les</strong> deux autres<br />

citations (XI-1 et XIII-1) conservent leur secret.<br />

2.- D'abord j'ai essayé de me souvenir des intonations des voix entendues :<br />

XI-1 (le texte ne fait entendre aucune voix)<br />

XIII-1 l'un des discip<strong>les</strong> dit :<br />

"Didaskale ! ide potapoi lithoi kai potapai oikodomai"<br />

XIV-13 (le texte ne fait entendre aucune voix)<br />

Ainsi le chiasme persiste...<br />

3.- Alors j'ai voulu ré-entendre la voix de Jean :<br />

IX-38 "Didaskale ! eidomen tina en tô onomati sou<br />

ekballonta daimonia kai ekôluomen auton<br />

oti ouk ekolouthei emin !"<br />

X-35 "Didaskale ! thelomen ina o ean aitesômen se<br />

poieses emin !"<br />

4.- Enfin je me suis souvenu d'une très récente parole de Pierre :<br />

X-28 "Idou emeis aphekamen panta kai ekolouthekamen soi"<br />

5.- Analyse :<br />

Je lis :<br />

IX-38 et X-35 (Jean) "Didaskale ! ... ...emin ! "<br />

XIII-1 ( ? ) "Didaskale ! Ide ..."<br />

X-28 (Pierre) " Idou emeis..."<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIII - 5 -<br />

Une première hypothèse apparaît : en (X-35), "Jacques et Jean" s'avancentauprès<br />

de Jésus "en lui disant"; on peut supposer que la voix commune de ces<br />

deux-l<strong>à</strong> (dont le NOM est unique, puisque Boan-Ergès = III-17) est la voix de<br />

Jean.<br />

Comme deuxième hypothèse, je poserai que l'inconnu parlant en (XIII-1) ne<br />

peut pas être Pierre, notamment pour <strong>les</strong> raisons suivantes :<br />

a) Pierre ne dit jamais : "Didaskale ! = Maître !".<br />

b) le transfert du pronom personnel 'nous' montre combien la parole de<br />

Pierre n'est pas celle de Jean. En Jean, le 'nous' ne dépasse sans doute pas 'Boan-<br />

Ergès'. En Pierre, le 'nous' englobe <strong>les</strong> Douze.<br />

6.- Final :<br />

D'où une proposition : "L'un de ses discip<strong>les</strong>" (XIII-1) ne serait-il pas Jean ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIII - 6 -<br />

Note 1 : j'ai voulu l'identifier = Page : 1<br />

Cette formulation semble présenter, de ma part, quelque présupposé. En effet,<br />

le pronom 'g: AUTOU = de LUI' joue, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, un rôle<br />

important (Voir la Lectio divina pour le verset (I-3) : Ses sentiers). Le texte<br />

aurait pu écrire plus simplement : 'tôn mathetôn' et j'aurais su également que,<br />

"comme lui s'en allait hors du Temple = g: ekporeuomenou autou ek tou Ierou",<br />

un des discip<strong>les</strong> va l'interroger. Je connais très bien <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> et je me serais<br />

dit : voici que l'un des Douze questionne Jésus. Cependant le texte a précisé : 'g:<br />

tôn mathetôn autou = des discip<strong>les</strong> de lui' et cette insistance du pronom autou<br />

m'intrigue fortement. Cela signifie que le un des discip<strong>les</strong> qui pose la question<br />

est un qui sait que lui est autou, ou encore que Jésus est le Messie, c'est <strong>à</strong> dire<br />

Dieu-Incarné.<br />

Lecteur ! Il faut te remémorer tout ce que t'a dit le texte jusqu'<strong>à</strong> cette lexie<br />

(XIII-1). Vois de quelle dimension est le pronom autou ! Qui, parmi 'SES'<br />

discip<strong>les</strong> peut avoir conscience d'être vraiment un disciple de lui (= un disciple<br />

du Messie (ou) de Dieu-Incarné) ? Qui a pu en avoir la Révélation ? Où ?<br />

Comment ?<br />

Voici que, ô lecteur, tu voudrais répondre en avançant trois ou quatre noms,<br />

pour <strong>les</strong> trois que tu veux proposer, car tu penses (avec justesse) <strong>à</strong> la<br />

Transfiguration. C'est l<strong>à</strong> tout le présupposé de ma formulation qui te pousse<br />

aussi, toi lecteur, <strong>à</strong> vouloir identifier le "un des discip<strong>les</strong> de lui".<br />

Note 2 : LES" discip<strong>les</strong> = Page : 3<br />

Voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot discip<strong>les</strong> et y lire notamment l'analyse de 'LES<br />

discip<strong>les</strong>'.<br />

Note 3 : sa question = Page : 3<br />

Que viennent faire ici ces "pierres et bâtiments" ? Pourquoi "L'UN des<br />

discip<strong>les</strong> de LUI" pose-t-il cette question ?<br />

Voir au chapitre ci-dessous "Pierre" ce qui a été proposé pour le mot "béni".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIII-9 <strong>à</strong> 13)<br />

'Marturion'<br />

Avec Saint Matthieu<br />

'MARTURION'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIII - 7 -<br />

LE MARTYRE<br />

_______________<br />

Voici un mot grec qui vient seulement trois fois <strong>dans</strong> tout le texte. J'ai donc<br />

attendu sa troisième manifestation pour méditer sur lui, puisque '<strong>à</strong> trois' il doit<br />

être <strong>à</strong> son aboutissement. Les deux premiers emplois sont en première partie;<br />

d'abord, au sujet du témoignage° défini par Moïse (pour) une cérémonie de<br />

purification (I-44); puis, en (VI-11) lors de l'envoi en mission : si on ne vous<br />

accueille pas quelque part et si on ne veut pas écouter vos paro<strong>les</strong>, allez ailleurs<br />

en secouant la poussière dessous vos pieds en témoignage° (pour) eux. J'ai cru<br />

que ceci était le conseil de fuir devant des difficultés et je suis resté longuement<br />

immobile, inquiet :<br />

'C'est pourquoi il ne convient pas <strong>à</strong> l'homme de s'opposer aux décisions de<br />

Dieu... Dans l'A.T. on trouve beaucoup de personnages qui ont subi le martyre,<br />

mais aussi un bon nombre qui y ont échappé, pour qu'il soit démontré qu'hier et<br />

aujourd'hui il n'existe qu'un seul et même Dieu lequel a le pouvoir de faire ce<br />

qu'il veut de ses serviteurs... Alors, où est ton intérêt ô homme ? Est-ce de subir<br />

le martyre et de sortir de ce monde couvert de gloire, ou au contraire d'y<br />

échapper et de rester ici-bas <strong>à</strong> faire des péchés ? ... Courage donc, ô homme, que<br />

ta foi ne te fasse jamais claquer des dents. Et si tu es appelé <strong>à</strong> être martyre,<br />

réponds volontiers <strong>à</strong> l'appel pour que ta foi apparaisse. Il se peut que Dieu<br />

veuille ainsi t'éprouver comme il éprouva jadis Abraham en lui demandant Isaac.<br />

Si, quand tu seras au tribunal, Dieu veut te tirer de l<strong>à</strong>, rends-en gloire <strong>à</strong> Dieu.'.<br />

(Hippolyte : Commentaire sur Daniel II-35 et 37)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


AVEC SAINT MATTHIEU<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIII - 8 -<br />

Il y a un commandement venant contredire et j'ai noté l'incohérence : "Or,<br />

prenez-garde aux hommes car ils vous livreront... Or, quand ils vous livreront,<br />

ne vous inquiétez pas... l'Esprit de votre Père, celui qui parle en vous... Or un<br />

frère livrera (son) frère <strong>à</strong> la mort, et un père (son) enfant... Or, qui est-restéferme<br />

vers une fin, celui-l<strong>à</strong> sera sauvé...".<br />

Et voici le verset que je ne comprends pas :<br />

"Or, quand on vous présentera <strong>dans</strong> cette ville-ci, fuyez vers la seconde (et<br />

si on vous persécute <strong>dans</strong> cette autre, fuyez vers l'autre)..." (Mt X-17 <strong>à</strong> 23).<br />

Les Pères de l'église ont longuement discuté, et aussi Tertullien : De fuga in<br />

persecutione). Or, je n'ai rien trouvé, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, que de<br />

conforme au commentaire de Saint Hippolyte. Si Saint Marc dit de s'enfuir, c'est<br />

<strong>dans</strong> un autre contexte que <strong>dans</strong> Saint Matthieu et c'est "l'abomination de la<br />

désolation" (XIII-14). Ce n'est donc pas du tout de fuir <strong>dans</strong> une autre ville,<br />

quitte <strong>à</strong> parcourir toutes <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> d'Israël, puisque le texte dit : "Qu'ils s'enfuient<br />

vers <strong>les</strong> montagnes !" (<strong>Mc</strong> XIII-14).<br />

Il y a un fossé entre <strong>les</strong> deux textes et le message est fondamentalement<br />

différent. Bon nombre d'hommes se sont référés au verset de Saint Matthieu<br />

pour fuir, supposant que leur fuite n'avait que peu d'importance aux regards de<br />

tous. Le message dit par Saint Marc est autre et il ne laisse aucune place <strong>à</strong> une<br />

interprétation personnelle. Il affirme <strong>dans</strong> sa conclusion : "celui-ci sera sauvé"<br />

(XIII-13). Le texte reprendra cette affirmation en finale : "Celui qui aura-foi et<br />

sera baptisé sera sauvé." (XVI-16)<br />

La forme 'être sauvé' vient en tout SEPT fois <strong>dans</strong> le texte et, en (XVI-16),<br />

c'est l'ultime (donc septième) emploi.<br />

Oui, le Seigneur en a fait SERMENT <strong>à</strong> nos Patriarches, celui qui a-foi SERA-<br />

SAUVE ! (Même si l'on cherchait parfois <strong>à</strong> me faire douter de l'identité par<br />

'Saint Marc' de l'auteur de quelques versets de la finale, je note que 'l'auteur' a<br />

respecté la loi de 'sept = serment'.)<br />

* * * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIV-1 <strong>à</strong> 26)<br />

Présentation<br />

La date de Pâque<br />

Les horaires du Temple<br />

Les heures de la journée<br />

Heure de l'offrande communautaire<br />

Offrande sur l'autel<br />

Brûler l'encens<br />

Allumer <strong>les</strong> lumières<br />

Horaire pour la veille de Pâque<br />

Abattage de l'agneau pascal<br />

Offrande de l'agneau<br />

Qui participe <strong>à</strong> l'offrande de l'agneau ?<br />

Roi d'Israël (XIV-32)<br />

La Haghiga<br />

Sur le choix de l'agneau<br />

Sur : Prenez, CECI est mon corps<br />

LA PAQUE<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 2 -<br />

Il est des mots que Saint Marc a pris grand soin d'éviter. Déj<strong>à</strong> j'ai signalé que<br />

l'étranger n'est pas directement un mot du texte et il m'a fallu entrevoir <strong>dans</strong> le<br />

nom du gérasénien un radical suggérant 'le prosélyte', en hébreu ger. J'ai<br />

cherché vainement une trace de l'Egypte et je n'ai pu trouver aucun texte écrit en<br />

mémoire de...<br />

(XIV-1) :<br />

"Or (c')était la Pâque et <strong>les</strong> Azymes après deux jours..."<br />

(XIV-12) :<br />

"Et, le premier jour des Azymes, lorsqu'on immolait la Pâque.."<br />

(XIV-14) :<br />

"Où° est ma salle, l<strong>à</strong>-où je mangerai la Pâque..."<br />

(XIV-16) :<br />

"Et (<strong>les</strong> discip<strong>les</strong>) apprêtèrent la Pâque..."<br />

Quatre emplois seulement du mot 'g: Pascha = Pâque' et je n'ai pas osé<br />

présenter ce mot, <strong>dans</strong> le lexique, majestueusement isolé puisqu'il vient humblement<br />

<strong>à</strong> la suite du mot fête. Une lecture attentive de ces quatre citations semble<br />

me suggérer deux sens différents conformes <strong>à</strong> l'interprétation sémitique :<br />

XIV-1 la fête<br />

XIV-12 l'agneau <strong>à</strong> immoler<br />

XIV-14 l'agneau <strong>à</strong> manger<br />

XIV-16 la fête.<br />

Y aurait-il deux sens, pour un même mot, <strong>dans</strong> ce texte de Saint Marc,<br />

d'ordinaire si respectueux de respecter des lois dont l'une est l'unicité de sens<br />

d'un même mot tout le long du texte ?<br />

Deux emplois, en tout, pour le mot 'g: Azymos = Azymes'. Je vois aussitôt :<br />

Pâque Azymes après deux jours<br />

le premier jour Azymes Pâque.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 3 -<br />

Cette circularité (chiasme) contient en son centre une séquence insolite avec<br />

une histoire qui semble, <strong>à</strong> première lecture, assez anodine. Une femme dilapide<br />

pour trois cents deniers de parfum. L'énormité du chiffre agit sur l'esprit du<br />

lecteur car le parfum "versé sur sa tête" en un geste gratuit, permet d'évoquer le<br />

sang (versé <strong>à</strong> l'occasion de la fête de Pâque) sur l'autel, au Temple, sang dont le<br />

prix est la vie d'un agneau. Or la séquence se termine par l'annonce d'un marché<br />

passé entre Judas Iskarioth et <strong>les</strong> grands-prêtres. Judas veut leur livrer Jésus et<br />

eux promettent "de lui donner de l'argent" = le prix de la vie.<br />

Tout ceci est au centre du chiasme, encadré par le mot 'Pâque' dont la<br />

signification est, en hébreu : l'agneau. Le texte le dit clairement, suivant une<br />

formulation dont il a l'habitude, car il a su écrire : "pas pendant la fête" (XIV-2).<br />

Au sens du mot <strong>à</strong> mot, il s'agit ici d'un dire propre <strong>à</strong> ce texte dont la signification<br />

est : 'Pâque' = un mot dont le sens est : 'pas fête'. Il reste donc, bien<br />

évidemment, le seul sens de 'Pâque = agneau' et c'est pourquoi, aussitôt après,<br />

il va y avoir : "immoler la Pâque... manger la Pâque", qui confirment.<br />

J'ai donc étudié l'agneau pascal et j'ai demandé <strong>à</strong> l'hébreu de venir m'instruire<br />

de la tradition telle qu'elle était alors vécue <strong>dans</strong> le Temple, <strong>à</strong> Jérusalem.<br />

LA DATE DE PAQUE<br />

A cette époque, Pâque n'était pas fixé par un calcul du calendrier, mais selon<br />

des témoignages qui déterminaient le commencement des mois selon le cycle<br />

lunaire.<br />

Il avait été arrêté que Pâque ne pouvait tomber :<br />

ni un lundi<br />

ni un mercredi<br />

ni un vendredi<br />

La veille de Pâque ne pouvait donc jamais tomber un dimanche, un mardi ou<br />

un jeudi. Elle tombait donc obligatoirement :<br />

un lundi<br />

un mercredi<br />

une veille de sabbat<br />

un sabbat<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 4 -<br />

L'hébreu n'a pas pu m'expliquer <strong>à</strong> quelle date - jusqu'<strong>à</strong> quelle date - cela fut<br />

appliqué <strong>à</strong> Jérusalem, ni pour quelle raison. Mais il m'a dit comment <strong>les</strong> uns<br />

fêtent Pâque au jour vrai de la fête alors que d'autres reportent la célébration au<br />

sabbat suivant.<br />

(Lorsque le texte de Saint Marc écrit : "Or (c')était la Pâque et <strong>les</strong> Azymes après<br />

deux jours" (XIV-1), il semble que ce soit en conformité avec ce qui est dit cidessus,<br />

un jour de la semaine. Le texte ne fixera une date ensuite qu’au verset<br />

(XV-42) : "...puisque (c')était la Préparation, c'est <strong>à</strong> dire l'avant-sabbat...".)<br />

J'ai lu, grâce <strong>à</strong> Philon d'Alexandrie, que 'la date de ce festin national (Pâque)<br />

est digne de remarque, puisqu'il est célébré le quatorzième jour du mois (de<br />

nisan), c. <strong>à</strong> d. deux fois sept, afin que vous sachiez que ce chiffre ne saurait<br />

manquer <strong>à</strong> une chose digne d'être honorée, il est partout où se trouvent gloire et<br />

majesté...<br />

Ce mois (de nisan), par son numéro d'ordre, est le septième sur la route que<br />

parcourt le soleil. Mais, par son importance, il est le premier, et appelé pour cette<br />

raison ‘premier’ <strong>dans</strong> la Sainte Ecriture. En voici, d'après moi, la raison :<br />

l'équinoxe de printemps est une imitation et le symbole des premiers jours de la<br />

création du monde. En ces jours-l<strong>à</strong>, <strong>les</strong> éléments de la nature ont été séparés pour<br />

s'ordonner harmonieusement entre eux. Le ciel a été revêtu de splendeur par le<br />

soleil, la lune,... La terre, de son côté, a tiré sa splendeur des différentes espèces<br />

de plantes... Pour rappeler la création du monde, Dieu fait, chaque année, revenir<br />

le printemps où on voit <strong>les</strong> plantes germer et fleurir. Ce n'est donc pas<br />

gratuitement que le mois du printemps est appelé, <strong>dans</strong> l'Ecriture, le premier<br />

mois, car, d'une certaine manière, c'est l'annonciation du commencement des<br />

commencements...'.<br />

LES HORAIRES DU TEMPLE<br />

1.- Quotidiennement<br />

offrandes volontaires individuel<strong>les</strong> début <strong>à</strong> 6h.1/2<br />

offrande communautaire (abattage) 8h.1/2 durée 1h.<br />

offrande sur l'autel 9h.1/2<br />

brûler l'encens<br />

allumer <strong>les</strong> lumières du chandelier (c'est le dernier rite de la journée).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 5 -<br />

2.- La veille de la Pâque<br />

a) si la veille de Pâque n'est pas une veille de sabbat :<br />

offrande de moussaf 6h.<br />

offrande des coupel<strong>les</strong> d'encens 7h.<br />

offrande communautaire (abattage) 7h.1/2<br />

offrande sur l'autel 8h.1/2<br />

(puis) offrande de l'agneau pascal<br />

brûler l'encens<br />

allumer le chandelier<br />

b) si la veille de Pâque est une veille de sabbat :<br />

offrande communautaire (abattage) 6h.1/2<br />

offrande sur l'autel 7h.1/2<br />

(puis) offrande de l'agneau pascal<br />

c) si la veille de Pâque est un jour de sabbat :<br />

Le jour de sabbat, il n'y a pas d'offrande volontaire individuelle. En plus, de<br />

toutes façons, on ne peut pas rôtir l'agneau pascal avant d'être 'sorti' du sabbat,<br />

puisqu'il est interdit d'allumer du feu le jour du sabbat (= car c'est un travail). Il<br />

faut attendre jusqu'<strong>à</strong> la nuit tombée pour rôtir l'agneau. Donc, quoiqu'il y ait une<br />

situation particulière de sabbat, il n'y a aucune raison pour modifier l'horaire par<br />

rapport aux autres jours de la semaine et on opère comme dit ci-dessus au<br />

paragraphe 2.a.<br />

LES HEURES DE LA JOURNEE<br />

La journée se compose de deux parties : la nuit et le jour (voir Genèse I). La<br />

nuit commence lorsque l'on peut discerner <strong>les</strong> trois premières étoi<strong>les</strong> et elle<br />

s'arrête de façon inverse <strong>à</strong> l'aurore.<br />

Chaque partie de la journée est divisée en douze heures éga<strong>les</strong> : voir <strong>dans</strong><br />

Saint Marc et Israël (tome XV) l'article sur <strong>les</strong> Heures. Ainsi, au milieu de l'été,<br />

la durée d'une heure de jour est maximale et dure beaucoup plus de soixante<br />

minutes; l'hiver, c'est l'inverse. A l'équinoxe, l'heure du jour a même durée que<br />

l'heure de la nuit ou encore : soixante minutes.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 6 -<br />

Le milieu du jour est donc fixé par la sixième heure :<br />

nuit * * * * * * midi * * * * * * nuit<br />

6h.<br />

HEURE DE L'OFFRANDE COMMUNAUTAIRE<br />

Il est écrit : 'Un agneau, tu le feras le matin et le deuxième agneau, tu le feras<br />

entre <strong>les</strong> deux soirs' (Nombres XXVIII-4)<br />

A cause de l'expression 'entre <strong>les</strong> deux soirs', <strong>les</strong> prêtres décidèrent que l'aprèsmidi<br />

doit être découpé de la façon suivante :<br />

la première partie le premier soir durée 2h.1/2)<br />

abattage = offrande communautaire durée 1h. )<br />

la deuxième partie le deuxième soir durée 2h.1/2)<br />

(total = 6 heures)<br />

La journée se déroule alors suivant l'horaire suivant :<br />

nuit * * * * * * midi * * * * * * nuit<br />

6h( 2h.1/2 )<br />

(<strong>à</strong> 8h.1/2 = abattage : ----->=


BRULER L'ENCENS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 7 -<br />

En mettant le feu <strong>à</strong> l'encens, on commence <strong>à</strong> introduire une autre sorte de<br />

lumière : celle du feu. C'est donc un rite qui sanctifie la nouvelle lumière qui va<br />

veiller sur la nuit.<br />

ALLUMER LES LUMIERES<br />

Après l'allumage du chandelier, il ne peut plus y avoir aucun rite valide, car il<br />

est écrit : 'Aaron et ses fils mettront en place elle (= la lumière) depuis le soir<br />

jusqu'au matin' (Exode XXVII-21).<br />

(Alors j'ai dit <strong>à</strong> l'hébreu : <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, le mot lumière n'est<br />

présent qu'une seule fois, lorsque Pierre "était assis-ensemble avec <strong>les</strong> valets en<br />

se chauffant auprès de la LUMIERE" (XIV-54). Ceci accomplit l'Ecriture,<br />

puisque Pierre, qui plus tard sera le Grand Prêtre des chrétiens donc successeur<br />

spirituel d'Aaron, met en place le mot lumière pendant cette nuit. En effet, il<br />

faisait 'nuit' puisque le texte a écrit : "comme le soir était arrivé (XIV-17)...<br />

ayant chanté-<strong>les</strong>-psaumes (XIV-26)" et cette lumière du feu des valets va<br />

éclairer la scène, relayée ensuite par le jour qui viendra, depuis (XIV-54)<br />

jusqu'au verset (XV-1) : "Et aussitôt, au-matin...".)<br />

HORAIRE POUR LA VEILLE DE PAQUE<br />

1.- Abattage de l'agneau pascal<br />

Ceci doit être l'accomplissement de l'Ecriture : 'le soir' (Deutéronome XVI-6).<br />

(Dans le verset (XIV-17) du texte de Saint Marc, il y a : "comme le soir était<br />

arrivé". Le verbe 'arrivé' dit que Dieu fait en sorte que "est accompli le moment"<br />

(cfr : I-15), conformément <strong>à</strong> ce que dit l'Ecriture en Dt (XVI-6). Voici le temps<br />

précis où l'agneau de la Nouvelle Alliance (= Jésus le Messie) va être sacrifié.)<br />

2.- Abattage de l'offrande communautaire<br />

a) Si la veille de Pâque n'est pas une veille de sabbat (voir au paragraphe<br />

2.a ci-dessus), l'heure de l'abattage communautaire qui est fixé quotidiennement<br />

(= <strong>les</strong> jours ordinaires) <strong>à</strong> 8h.1/2, doit être avancé d'une heure et avoir lieu <strong>à</strong><br />

7h.1/2, ceci car il y a, en plus, <strong>à</strong> faire l'offrande de l'agneau pascal.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 8 -<br />

b) Si la veille de Pâque est veille de sabbat, il faut encore, en plus, prévoir<br />

le temps de rôtir l'agneau pascal, pendant qu'il fait encore jour, c. <strong>à</strong> d. avant<br />

d'entrer <strong>dans</strong> le sabbat. En effet, tout travail étant interdit le jour du sabbat, il est<br />

défendu de faire du feu, ce qui empêche de rôtir la viande.<br />

c) L'horaire ainsi décalé en a) et b) ci-dessus est dû <strong>à</strong> ce que l'offrande<br />

communautaire doit toujours être faite avant celle de l'agneau pascal.<br />

ABATTAGE DE L'AGNEAU PASCAL<br />

L'abattage de l'agneau pascal doit obligatoirement être fait la veille de la<br />

Pâque, donc le quatorze nisan.<br />

Le culte comporte quatre actes, qui se font <strong>à</strong> la suite et <strong>dans</strong> l'ordre :<br />

faire l'abattage<br />

recueillir le sang<br />

apporter le sang<br />

jeter sur l'autel le sang<br />

avec le sens du mot hébreu jeter : lancer le sang = faire offrande du sang; c'est<br />

pourquoi <strong>les</strong> prêtres pro-jetaient le sang d'un mouvement brusque en direction de<br />

l'autel et ne 'versaient' pas <strong>les</strong> coupes de sang qu'on leur tendait l'une après<br />

l'autre. En effet, il est écrit : 'Les fils d'Aaron, <strong>les</strong> Kohanim (= prêtres) lanceront<br />

son sang sur l'autel tout autour' (Lévitique I-11). Il est encore écrit : 'Leur sang,<br />

tu le lanceras sur l'autel et leur graisse, tu la feras brûler' (Nombres XVIII-17 et<br />

ceci s'applique au premier-né d'un bœuf d'un mouton ou d'une chèvre).<br />

L'hébreu m'a rappelé la prescription suivante pour rôtir l'agneau : la broche<br />

doit être un pieu en bois et non pas métallique afin que la viande soit rôtie et<br />

non pas comme cuite <strong>à</strong> l'intérieur par la chaleur qui serait transmise par une<br />

broche de métal.<br />

(Or, en Saint Marc, il y a le mot 'g: stauros = pieu, pal' pour désigner la Croix.<br />

Le lexique a expliqué ce sens et cela implique, <strong>à</strong> l'époque, un pieu en bois.<br />

Jésus, agneau nouveau, est fixé, comme l'agneau pascal, <strong>à</strong> un pieu en bois.)<br />

L'abattage de l'agneau est mené par trois groupes de personnalités agissant<br />

successivement, car il est écrit : 'Et toute l'assemblée de la communauté d'Israël<br />

assurera l'abattage' (Exode XII-6). Les scribes ont analysé ce texte et ont noté :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 9 -<br />

toute l'assemblée )<br />

la communauté )<br />

Israël )<br />

Total = trois groupes.<br />

((Moi aussi, j'ai lu attentivement le texte de Saint Marc et j'ai noté trois groupes.<br />

J'ai repris le texte lorsque "Pilate... livra Jésus... afin qu'il soit crucifié" (XV-15)<br />

= livraison pour l'abattage. Et j'ai vu :<br />

(XV-16) : " Or <strong>les</strong> soldats..."<br />

(XV-29) : " Ceux qui passaient..."<br />

(XV-31) : " Les grands-prêtres... avec <strong>les</strong> scribes..."<br />

... et cela fait trois groupes !))<br />

Au Temple, <strong>les</strong> prêtres sont vêtus chacun de 'son vêtement de lin' (Lévitique<br />

XVI-3). Cette robe de lin doit arriver jusqu'au niveau du sol et elle ne doit<br />

jamais être tachée pendant le sacrifice, sinon celui-ci serait déclaré invalide. (Ce<br />

n'est pas un acte de culte que de recueillir le sang, ni de le porter <strong>à</strong> l'autel : aussi<br />

le prêtre peut, <strong>à</strong> ce moment-l<strong>à</strong>, relever sa longue robe).<br />

(Mais j'ai lu, en Saint Marc, : "Regardez aux scribes qui veulent marcher en<br />

longues-robes" (XII-38)... veulent-ils marcher comme <strong>les</strong> grands-prêtres <strong>à</strong><br />

l'heure de l'offrande ?)<br />

OFFRANDE DE L'AGNEAU<br />

Avant de faire l'abattage de l'agneau, il y a l'obligation d'en déclarer l'intention<br />

car 'un agneau pascal dont on aurait fait l'abattage sans y mettre son intention...<br />

l'offrande est disqualifiée'.<br />

Jésus a accompli le rite juif, en annonçant le sens de ce qui allait arriver. Il<br />

faut, ici, noter que la prescription obligeant <strong>à</strong> une déclaration préalable précise<br />

que l'offrande n'a aucune valeur si la déclaration préalable n'est pas accomplie,<br />

donc si l'intention, énoncée avant le sacrifice, est modifiée au sens où le sacrifice<br />

serait accompli avec une autre intention que celle énoncée.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 10 -<br />

Avec l'hébreu, nous avons longuement argumenté <strong>à</strong> ce sujet. A la Cène, Jésus<br />

déclare que son sang "est répandu pour beaucoup", mais, <strong>à</strong> la Croix, au dernier<br />

moment, <strong>les</strong> juifs nous rapportent, par un dire du texte, leur interprétation que<br />

Jésus clama "lema sabactani... Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné° ?" (XV-34).<br />

Si une telle déclaration était exacte, elle annulerait et disqualifierait le sacrifice<br />

au sens strict des prescriptions juives pour l'offrande de l'agneau pascal, puisqu'il<br />

y aurait un vécu du sacrifice en contradiction avec la déclaration initiale<br />

d'intention dite par Jésus <strong>à</strong> la Cène.<br />

Que le lecteur nous pardonne de tels raisonnements dignes de l'école<br />

rabbinique où nous fûmes en stage, l'hébreu et moi, mais <strong>les</strong> versets (XV-31 <strong>à</strong><br />

36) sont imprégnés de grands-prêtres et de scribes, et d'eux seuls.<br />

La conclusion <strong>à</strong> laquelle nous avons ainsi abouti est d'une extrême importance,<br />

car elle est conforme <strong>à</strong> la lecture faite par <strong>les</strong> scribes des prescriptions en usage<br />

au Temple pour l'offrande de l'agneau pascal. Pour eux, si Jésus est le Messie<br />

offrande pour le salut des hommes, l'offrande sacrificielle n'a liturgiquement<br />

aucune validité <strong>à</strong> cause du changement d'intention par 'lema sabactani'.<br />

Si ce sont <strong>les</strong> scribes qui ont 'soufflé' aux grands-prêtres (XV-31) ou <strong>à</strong> certains<br />

de "ceux qui étaient-présents" (XV-35), cette référence <strong>à</strong> 'lema sabactani', ils<br />

l'ont donc faite avec la volonté de démontrer au peuple juif la nullité du<br />

sacrifice de Jésus. Le lecteur portera une extrême attention <strong>à</strong> cette analyse car<br />

elle suggère qu'il y a "quelques-uns des scribes... (qui) réfléchissent <strong>dans</strong> leur<br />

coeur", ce qui montre que, depuis le verset (II-6), il y a un doute réel et profond<br />

en eux sur la véritable réalité (= humanité ?) de Jésus. Les scribes l'ont d'ailleurs<br />

redit <strong>à</strong> SON entrée <strong>à</strong> Jérusalem.<br />

En effet, le texte dit, en enchaînant <strong>les</strong> phrases l'une <strong>dans</strong> l'autre: "Et ils (Jésus<br />

et ses discip<strong>les</strong>) viennent... <strong>à</strong> Jérusalem... Et <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes...<br />

viennent auprès de lui. Et ils lui disent : 'Par quelle autorité fais-tu (ceci) ? (ou)<br />

Qui t'a donné cette autorité-ci ...'." (XI-27 et 28).<br />

Les scribes ont un doute en eux-mêmes. En suggérant 'lema sabactani', ils ne<br />

résolvent rien de leur propre questionnement, mais ils 'sauvent' (cfr : XV-31) <strong>les</strong><br />

grands-prêtres en présentant un dire qui disqualifie, aux yeux de tous <strong>les</strong> juifs, la<br />

mort de Jésus.<br />

Les grands-prêtres viennent de poser des questions en référence <strong>à</strong> l'Ecriture :<br />

sauver... le Messie... Roi d'Israël... descendre... MAINTENANT... voir pour<br />

avoir-foi. Les scribes ont suggéré la prescription négative qui disqualifie<br />

définitivement Jésus.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 11 -<br />

QUI PARTICIPE A L'OFFRANDE DE L'AGNEAU ?<br />

'Chacun selon qu'il sera en état de manger, vous le compterez comme<br />

participant <strong>à</strong> l'agneau' (Exode XII-4).<br />

L'hébreu m'a dit que le verbe 'compter' se rattache <strong>à</strong> un radical araméen<br />

signifiant 'faire l'abattage'. Ainsi, le chiffre 'DOUZE' porte en lui une multiplicité<br />

de sens :<br />

Jésus a 'compté' <strong>les</strong> Douze<br />

ils sont en état de manger<br />

ils vont faire l'abattage = l'offrande de l'agneau pascal.<br />

Au verset (XIV-22), il y a : "Et (comme ils mangeaient)...", qui précise :<br />

comme <strong>les</strong> Douze mangeaient... Mais <strong>les</strong> versets (XIV-17 et 18) disent : Et... il<br />

(= Jésus) vient avec <strong>les</strong> Douze. Et, comme ils étaient-<strong>à</strong>-table et mangeaient,<br />

Jésus dit :"... celui qui mange avec moi". A ce moment précis, le texte nous<br />

informe que Jésus 'mange avec eux', mais le texte ne va pas préciser, aussitôt<br />

après, que pour le pain (XIV-21) et pour la coupe (XIV-23), Jésus ait mangé et<br />

bu avec eux : "IL... leur donna... IL leur donna...". Pourtant, il y a : "Et ils en<br />

burent TOUS" (XIV-23) suivi de : "Jamais plus JE NE BOIRAI..." (XIV-25).<br />

ROI D'ISRAEL<br />

Dans le rituel pour l'offrande de l'agneau pascal, au Temple, <strong>les</strong> prêtres<br />

interviennent ensemble au cours des deuxième et troisième <strong>séquences</strong> : recueillir<br />

le sang et le porter <strong>à</strong> l'autel. Pour cela, ils se servent de coupes sans pied n'ayant<br />

pas de fond plat, afin d'empêcher <strong>les</strong> prêtres de <strong>les</strong> poser sur le sol.<br />

Celui qui procédait <strong>à</strong> l'abattage n'était pas obligé d'être prêtre; mais, pour<br />

recueillir le sang en remplissant <strong>les</strong> coupes au fur et <strong>à</strong> mesure, puis pour <strong>les</strong><br />

apporter <strong>à</strong> l'autel, il fallait obligatoirement être prêtre. Ainsi la coupe pleine<br />

passait de main en main vers l'autel alors que, en sens inverse, on se transmettait<br />

chacune vide afin qu'on puisse la remplir <strong>à</strong> nouveau.<br />

Les prêtres voyaient, <strong>dans</strong> ce rite, l'accomplissement du verset : 'avec un grand<br />

concours de peuple se manifeste la majesté du roi' (Proverbes XIV-28), car<br />

tous <strong>les</strong> prêtres devaient être présents pour ce rite.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 12 -<br />

Je vois, <strong>dans</strong> ceci, deux idées fortes qui sont accomplies <strong>dans</strong> le texte de Saint<br />

Marc :<br />

a) Si, <strong>à</strong> la croix, <strong>les</strong> grands-prêtres reprennent l'expression : "Roi d'Israël"<br />

(XV-32), c'est pour donner un sens liturgique, conforme <strong>à</strong> la formulation du<br />

livre des Proverbes. Cela leur permet de faire mémoire de la raillerie des soldats<br />

tout en le saluant du titre de "Roi des juifs" (XV-18).<br />

b) Tous <strong>les</strong> prêtres... d'où : <strong>les</strong> Douze vont être "TOUS" <strong>les</strong> prêtres de la<br />

nouvelle église. Ils sont 'douze', de même qu'il y a 'douze' tribus en Israël, et ils<br />

resteront 'douze' pour <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong> des sièc<strong>les</strong>.<br />

LA HAGHIGA<br />

Du mot hébreu 'h: hag = fête'. Au Temple, on avait l'habitude d'apporter, en<br />

même temps que l'offrande de l'agneau pascal, une offrande dite de HAGHIGA<br />

= offrande de fête, au premier jour de la fête.<br />

Lorsque le quatorze nisan tombe un jour de semaine, <strong>les</strong> offrandes sont<br />

insuffisantes pour nourrir toutes <strong>les</strong> personnes de la foule et on faisait une<br />

haghiga supplémentaire. En fait, c'est un agneau identique <strong>à</strong> l'agneau pascal et il<br />

n'y a pas <strong>à</strong> faire de différence entre la haguiga et l'agneau pascal (sauf sur la<br />

valeur liturgique) en ce qui concerne le traitement de l'offrande. L'offrande de<br />

haghiga doit être constituée par du petit bétail (un agneau, mais aussi<br />

éventuellement d'autre espèce) <strong>dans</strong> sa première année d'âge, puisqu'il est écrit :<br />

'(âgé) d'un an' (Exode XII-5). Ce sera une bête mâle et elle sera consommée<br />

uniquement rôtie. Ainsi, (plus tard, après l'année 70), il ne sera pas dérogé au<br />

fait que, <strong>à</strong> la table du soir <strong>à</strong> (la veille) de Pâque (le seder), l'enfant demande<br />

pourquoi tous mangent ce soir-l<strong>à</strong> de la viande rôtie. La haghiga doit être mangée<br />

<strong>dans</strong> le même délai que l'agneau pascal (une journée et une nuit) et uniquement<br />

par ceux qui sont 'comptés' pour l'agneau pascal. Il est également interdit d'en<br />

briser <strong>les</strong> os selon qu'il est écrit : 'Vous n'en briserez pas d'os' (Exode XII-46) et<br />

aussi : 'Ils n'en laisseront pas jusqu'au matin et ils n'en briseront pas un os...<br />

suivant la règle de la Pâque' (Nombres IX-12).<br />

On commençait toujours le repas de la veille de Pâque en mangeant la haghiga<br />

puis on terminait par l'agneau pascal dont on consommait un morceau<br />

(symbolique : gros au minimum comme une olive) car un seul agneau n'aurait pu<br />

suffire, <strong>à</strong> lui seul, <strong>à</strong> nourrir tant de monde. C'était la raison de l'institution de<br />

cette tradition de haghiga.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 13 -<br />

Ainsi est respectée la prescription du livre de l'Exode (XII-4) obligeant chacun<br />

<strong>à</strong> manger ne serait-ce qu'une bouchée de viande provenant de l'agneau pascal.<br />

De cette façon, tous <strong>les</strong> convives sont rassasiés puisqu'ils mangent d'abord<br />

chacun selon son besoin tout en recevant ensuite le morceau rituel de l'agneau.<br />

Tous sont donc joyeux : 'Et tu te réjouiras pendant la fête' (Deutéronome XVI-<br />

14).<br />

La haghiga offerte au quatorze nisan est 'la joie' et elle s'intègre aux préceptes<br />

valab<strong>les</strong> pour l'agneau pascal. La haghiga offerte le lendemain (qui est premier<br />

jour de fête) n'a pas le même sens et donc peut être consommée <strong>dans</strong> un délai<br />

plus long (une journée + une nuit + une journée), alors que la haghiga de<br />

l'agneau pascal respectera : 'Et on ne gardera pas pendant la nuit jusqu'au matin<br />

l'offrande de la fête de la Pâque' (Exode XXXIV-25).<br />

Ainsi la haghiga est comme un agneau pascal supplémentaire apportant la joie<br />

pour <strong>les</strong> convives ainsi rassasiés, mais elle n'est pas l'agneau pascal dont chacun<br />

doit manger un morceau, ne serait-ce que gros comme une olive. Elle pose le<br />

problème du fractionnement de l'offrande pour que tous puissent respecter le<br />

précepte d'obligation d'en manger.<br />

Dans le texte de Saint Marc, il y a : "Ayant-pris du pain, ayant-béni, il<br />

rompit..." (XIV-22) et chaque morceau de pain acquiert la Puissance de SON<br />

corps. La haghiga juive quant <strong>à</strong> elle n'a jamais pu s'arroger la puissance<br />

liturgique de l'agneau pascal, et c'est pourquoi elle est restée <strong>à</strong> sa place, avant<br />

l'agneau pascal, quoique étant physiquement son égal.<br />

SUR LE CHOIX DE L'AGNEAU<br />

Il est écrit : 'un agneau (âgé) d'un an' (Exode XII-5). ((Lorsque j'ai lu ce texte,<br />

j'ai médité comme suit : si Jésus est l'agneau immolé <strong>à</strong> la Pâque, en quoi le texte<br />

de Saint Marc peut-il accomplir le précepte de l'Ecriture d'un 'agneau (âgé) d'un<br />

an' ?<br />

Je me suis aussitôt rappelé qu'il est un passage du texte de Saint Marc que j'ai<br />

pu dater comme juste avant (= aux abords d') une fête de Pâque : il s'agit de la<br />

séquence intitulée 'des épis - <strong>les</strong> pains - le sabbat'. Etudiant <strong>les</strong> raisons de la<br />

venue du grand prêtre Abiathar, je fus amené <strong>à</strong> re-garder <strong>les</strong> épis = le blé mûr,<br />

annonce de l'imminence de la fête de Pâque.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 14 -<br />

Je me suis également souvenu de la sortie du texte pour "<strong>les</strong> pharisiens... avec<br />

<strong>les</strong> hérodiens" (III-6); ils s'en vont donner "conseil contre lui en-vue-qu'ils le<br />

perdent" (III-6).<br />

Et j'ai admiré le sens nouveau du texte : le conseil des pharisiens avec <strong>les</strong><br />

hérodiens est déj<strong>à</strong> une déclaration préalable de l'offrande qui sera faite <strong>à</strong> la<br />

prochaine Pâque. Avec un an d'avance, <strong>les</strong> ennemis de Jésus disent qu'ils<br />

immoleront Jésus et, pour moi, Jésus sera 'l'agneau prévu pour le sacrifice'<br />

pendant juste un an... comme le prescrit le texte du livre de l'Exode (XII-5).<br />

Tout ceci, parce que <strong>les</strong> pharisiens et <strong>les</strong> hérodiens donnaient conseil en (III-<br />

6), juste après le passage par des champs-de-blés mûrs !<br />

Continuant une lecture m'ayant ainsi projeté vers la Pâque de l'année de la<br />

Passion du Christ, j'ai relu le texte de Saint Marc aux alentours du conseil tenu<br />

par <strong>les</strong> pharisiens et <strong>les</strong> hérodiens. Le texte dit : "Et il entra de-nouveau vers la<br />

synagogue" (III-1). Il y vit un homme <strong>à</strong> la main desséchée "et on l'épiait (pour<br />

voir) s'il le soignerait le jour-du-sabbat" (III-2).<br />

Je me suis souvenu, <strong>dans</strong> l'A.T. de la main de l'Eternel (Béni soit-il !), main<br />

qui est SA Puissance au service d'Israël, <strong>à</strong> cause de l'Alliance. Alors j'ai fait un<br />

transfert des mots et j'ai entendu en moi :<br />

le passage de la synagogue vers le texte <strong>à</strong> Jérusalem<br />

le passage du jour-du-sabbat vers le texte sur la fête (Pâque)<br />

L'hébreu m'a soufflé : 'l'an prochain <strong>à</strong> Jérusalem !', mais cette parole n'avait<br />

aucun sens <strong>à</strong> ce moment précis, quoiqu'elle revienne au cours des sièc<strong>les</strong> <strong>dans</strong><br />

l'histoire de la Ville. Dans un an, <strong>à</strong> Jérusalem, au moment de la Pâque, ils (= <strong>les</strong><br />

pharisiens, hérodiens, et d'autres encore) vont le tuer. Pilate, pour éviter<br />

l'émeute, le meurtre des émeutiers (cfr : XV-7), préfèrera en tuer un seul, et il le<br />

livrera afin qu'il soit crucifié (XV-15).<br />

Alors, j'ai entendu ce verset de l'Ecriture :<br />

'Et vous direz : l'offrande pascale est CECI pour YHVH'.'<br />

thusia to Pascha TOUTO Kuriô<br />

(Exode XII-27)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 15 -<br />

J'entends ce texte comme un questionnement :<br />

Q U O I est : (' g: touto = ceci ') ?<br />

A la Cène, Jésus dit la réponse :<br />

" TOUTO ESTIN T O SÔMA MOU "<br />

" CECI e s t m o n C O R P S"<br />

SUR : PRENEZ , C E C I EST MON CORPS<br />

A aucun moment, Jésus ne dit de refaire son geste plus tard et, SURTOUT, il<br />

ne dit pas 'en mémoire de'.<br />

Jésus étant l'agneau, manger le pain-azyme (h: matsa) revient <strong>à</strong> manger son<br />

'corps = g: soma', ce qui n'est pas sa 'chair = g: sarx'. Par SA Parole, il y a un<br />

transfert depuis la chair de l'agneau pascal jusqu'au pain azyme qui réalise, par<br />

l'égalité : chair de l'agneau = corps de Jésus, la parole : "CECI est mon corps".<br />

Les prescriptions valab<strong>les</strong> pour l'agneau demeurent et, selon le verset de<br />

l'Exode (XII-4), il y a obligation pour tout homme d'en manger 'chacun suivant<br />

la bouche de son manger' (= selon son besoin d'en manger). Tout homme doit<br />

manger <strong>à</strong> chaque fête de Pâque le pain azyme et la chair de l'agneau pascal. Le<br />

transfert s'opère vers le pain consacré par Jésus qui devient son corps = chair de<br />

l'agneau; chaque homme doit, chaque année, immoler la Pâque, donc manger de<br />

ce pain nouveau.<br />

Jésus n'a pas besoin de préciser si son geste doit être répété, refait,<br />

recommencé... car IL l'installe <strong>dans</strong> un temps qui est présent d'éternité.<br />

Les Douze, autour de LUI, représentent TOUS <strong>les</strong> prêtres du Temple<br />

obligatoirement présents <strong>à</strong> l'abattage de l'agneau pascal. A la Cène, Jésus installe<br />

l'égalité : 'chair de l'agneau pascal = SON corps' et CECI pour le temps d'un<br />

Eternel présent.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 16 -<br />

Il restera, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong> <strong>à</strong> venir, <strong>à</strong> prendre ce même pain et ce sera la même<br />

offrande avec la même Puissance. L'histoire nous dira que, une fois Judas<br />

disparu, il fallait <strong>à</strong> sa place désigner, avec l'accord de Dieu, celui qui occuperait<br />

le douzième trône laissé vide un instant. Après l'élection (par Dieu) de Matthias,<br />

aucun des Douze ne sera plus remplacé et <strong>les</strong> douze trônes agissent <strong>dans</strong> le<br />

présent d'éternité du rite de SON CORPS.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIV-12 <strong>à</strong> 22)<br />

Hamets = le pain levé<br />

La ténèbre<br />

Le rite juif de destruction du pain<br />

Délai pour le pain consacré<br />

Définition du pain<br />

Où veux-tu (que)... nous apprêtions ?<br />

Sur : une cruche d'eau (XIV-13)<br />

Sur : du pain (XIV-22)<br />

Sur : Beth-Phagée et Beth-Anie (XI-1)<br />

Sur : la montagne des oliviers (XI-1)<br />

Sur la valeur de "Beth"<br />

Conclusion...<br />

Une vision d'Ezéchiel<br />

HAMETS = LE PAIN LEVE<br />

Il est écrit :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 17 -<br />

APPRETER ... DU PAIN<br />

_______________<br />

(Exode XII-19) : 'Pendant sept jours, il ne devra pas se trouver de levain <strong>dans</strong><br />

vos maisons, car qui mangera un produit levé sera retranché (de la communauté<br />

d'Israël)'.<br />

(Exode XII-15) : 'Mais le premier jour vous ferez cesser (la présence de) levain<br />

<strong>dans</strong> vos maisons'.<br />

Le premier jour = le jour qui précède... ou le premier jour de la fête ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Réponse :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 18 -<br />

(Exode XII-18) : 'Au quatorzième jour du mois, le soir, vous mangerez des<br />

pains azymes'.<br />

(Exode XII-20) : 'Tout ce qui est produit levé, vous n'en mangerez pas; <strong>dans</strong><br />

toutes vos demeures vous mangerez des pains azymes'.<br />

(Exode XII-15 et XIII-6) : 'Il sera consommé de la matsa (= pain azyme)<br />

pendant <strong>les</strong> sept jours'.<br />

(Exode XIII-7) : 'On ne devra pas voir du tien levain (= chez toi, du levain) et<br />

on ne devra pas voir du tien pain (= chez toi, du pain) <strong>à</strong> l'intérieur de toutes <strong>les</strong><br />

limites de ton pays, <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong> maisons de ton pays'.<br />

(Deutéronome XVI-3 et 4) : 'Tu n'y mangeras pas de hamets (= pain levé),<br />

pendant sept jours tu mangeras des pains azymes... Il ne sera pas vu du tien<br />

levain <strong>dans</strong> tout ton pays pendant sept jours'.<br />

A partir de la sixième heure, il est interdit de conserver du pain levé (h:<br />

hamets) et il est écrit : 'Tu n'offriras pas le sang de MON sacrifice sur le pain<br />

levé' (Exode XXXIV-25), ce que <strong>les</strong> prêtres lisent : tu ne tueras pas l'agneau tant<br />

qu'il y a encore du hamets <strong>dans</strong> la maison.<br />

Ainsi, il était défendu pendant <strong>les</strong> sept jours de la fête des Azymes de manger<br />

du pain levé et l'interdiction débutait <strong>à</strong> la sixième heure (= le milieu du jour) de<br />

la 'veille' de Pâque.<br />

Ce jour-l<strong>à</strong>, il était permis de manger le pain levé seulement pendant <strong>les</strong> quatre<br />

premières heures du jour.<br />

Au Temple, on prélevait deux pains levés parmi <strong>les</strong> offrandes d'action de grâce,<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> consistaient en pains azymes : 'avec le sacrifice de remerciement.<br />

on offrira des galettes d'azymes mélangées d'huile et des gaufres d'azymes imprégnées<br />

d'huile', et en pains levés : 'on présentera son sacrifice avec des galettes<br />

de pain levé sur le sacrifice de remerciement de ses purifications'.<br />

(Lévitique VII-12 et 13)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 19 -<br />

La veille de Pâque, au matin, on exposait deux pains levés sur le toit du<br />

Portique ((hébreu : stav - grec : stoa - le Portique du Temple s'appelait 'isteavnit',<br />

mot formé <strong>à</strong> partir de l'hébreu h: stav = rangée de colonnes, car il y avait une<br />

rangée de colonnes <strong>à</strong> l'intérieur d'une autre rangée de colonnes)) afin que tout le<br />

monde puisse <strong>les</strong> voir. Tant qu'il y avait deux pains, on pouvait manger de cette<br />

sorte de pain, c. <strong>à</strong> d. du pain levé.<br />

A la cinquième heure, on retirait un des pains et cela signifiait qu'il devenait<br />

interdit d'en manger, mais on ne brûlait pas encore le stock des pains levés<br />

restants.<br />

A la sixième heure, on retirait le deuxième pain, ce qui était le signal pour<br />

détruire tous <strong>les</strong> pains levés.<br />

LA TENEBRE<br />

Lors de la crucifixion de Jésus, Dieu provoque une ténèbre <strong>à</strong> la sixième<br />

heure. Le rituel du pain change brusquement. Désormais, ce ne sera plus Israël<br />

qui fera le signal du pain retiré du Portique et Dieu, par la ténèbre, empêche de<br />

voir le signe des juifs. Il interdit de voir tout pain (= présent ? absent ?) sur le<br />

Portique car ce pain des hébreux, des israélites ou des juifs va disparaître.<br />

Au nouveau temps qui commence en cette ténèbre, il n'y aura plus de rite des<br />

sept jours et tous <strong>les</strong> hommes fêteront, chaque jour, le rite du pain azyme... et se<br />

sustenteront (chaque jour) avec du pain levé.<br />

Ainsi ai-je vu la ténèbre comme signe cosmique arrivé par le vouloir de Dieu,<br />

c'est le signe du pain. Le pain Unique restant posé en haut de l'Isteavnit s'efface<br />

<strong>dans</strong> la nuit au point que nul ne peut savoir s'il est déj<strong>à</strong> ôté ou s'il est encore l<strong>à</strong>, et<br />

l'obscurité a effacé aussi la vue des deux portiques. La ténèbre est le signe que<br />

Dieu nous offre pour comprendre la Cène. Il confirme 'mon corps'; puis 'le sang<br />

de mon sacrifice' (Exode XXXIV-25) confirme "mon sang de l'Alliance" (XIV-<br />

24).<br />

Toute cette exégèse s'appuie sur la ténèbre et sur la sixième heure, sur <strong>les</strong> pains<br />

d'offrande, sur David qui prit <strong>les</strong> pains de proposition pour lui et pour <strong>les</strong> siens.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 20 -<br />

LE RITE JUIF DE DESTRUCTION DU PAIN<br />

A la veille de Pâque, <strong>à</strong> la sixième heure, la hiérarchie du Temple donne le<br />

signal sur le Portique en enlevant le pain unique. Tous <strong>les</strong> juifs doivent aussitôt<br />

détruire (un seul moyen : le feu) tous <strong>les</strong> pains levés qu'ils ont rassemblés, après<br />

un rite de recherche, <strong>à</strong> travers toute la maison. Cette destruction a pour raison le<br />

fait d'éviter de conserver, durant sept jours <strong>à</strong> venir, des pains levés qui se<br />

recouvriraient de moisissures.<br />

Mais, au Temple, il y a <strong>les</strong> pains des offrandes et la fête des Azymes va <strong>les</strong><br />

rendre inutilisab<strong>les</strong>. Le pain fait partie de l'offrande et il devient consacré par<br />

deux raisons : l'abattage des animaux offerts, puis l'aspersion avec le sang de<br />

la bête, qui sont <strong>les</strong> deux actes 'rituels' de l'offrande. Il fallait l'un et l'autre rites<br />

pour que l'offrande soit consacrée ; cependant, l'abattage de la bête donnait déj<strong>à</strong><br />

une valeur 'réservée' <strong>à</strong> ces pains. Pour cette raison, il n'existait pas d'autre moyen<br />

de destruction que le feu ("pur"ificateur).<br />

Pendant la fête des Azymes, on ne peut pas apporter d'offrande d'action de<br />

grâce puisque le pain levé est interdit et il est interdit d'apporter des offrandes si<br />

el<strong>les</strong> doivent être 'disqualifiées'.<br />

Donc, le treize de nisan, c. <strong>à</strong> d. la veille, tout le monde apportait des offrandes<br />

d'action de grâce et il y avait grande abondance de pains. Il n'y avait pas<br />

suffisamment de prêtres pour consommer tous <strong>les</strong> pains et le pain, parce qu'il<br />

passait la nuit, devenait disqualifié... Mais il ne pouvait plus redevenir du pain<br />

levé normal, puisqu'il était consacré par l'abattage des animaux, sinon par le<br />

sang d'aspersions qui n'avaient pu avoir lieu. Il n'y avait donc qu'une solution :<br />

la destruction par le feu du pain qui autrement aurait été disqualifié par la nuit<br />

passée puisque non consacré auparavant par le sang.<br />

Dieu, par sa ténèbre, donne une nouvelle dimension au pain car Son sang de<br />

l'Alliance répandu sur la Croix réalise l'aspersion sur le pain de Son corps.<br />

L'événement de la Croix projette pour tous <strong>les</strong> hommes l'événement de la Cène :<br />

le nouveau pain (= SON CORPS) consacré par la mort de l'AGNEAU (= Jésus)<br />

avec l'aspersion par le sang (= MON SANG DE L'ALLIANCE).<br />

Ce pain n'est plus celui des pains de proposition. Il est celui des offrandes que<br />

font tous <strong>les</strong> hommes et il est porté par le prêtre sur l'autel. Chaque jour (et non<br />

plus seulement sept jours <strong>à</strong> la fête des Azymes), le Messie asperge de Son sang<br />

ce pain qui est Son Corps.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 21 -<br />

DELAI POUR LE PAIN CONSACRE<br />

'Tout ce qui sera en contact avec sa chair sera consacré' (Lévitique VI-20).<br />

Devenir 'consacré' est : devenir comme l'autre; donc le pain d'offrande, offert<br />

avec un animal <strong>à</strong> sacrifier, reçoit sa consécration par l'abattage de la bête ET<br />

par l'aspersion du sang de la bête, aspersion qui réalise le contact avec la chair.<br />

Ainsi, <strong>les</strong> préceptes d'interdits pour la chair ont même validité pour le pain.<br />

Or, <strong>les</strong> pains des offrandes sont des pains levés. On suivra donc le précepte : 'Et<br />

la chair du sacrifice... devra être mangée le jour même, on n'en laissera pas<br />

jusqu'au (lendemain) matin' (Lévitique VII-15). C'est ce qui interdit de garder <strong>les</strong><br />

pains consacrés (ou aussi réservés) pendant la nuit et qui oblige <strong>à</strong> leur<br />

destruction par le feu.<br />

DEFINITION DU PAIN<br />

h: maïssa farine que l'on verse sur l'eau bouillante<br />

h: halita eau bouillante que l'on verse sur la farine<br />

((Si l'on fait cuire <strong>à</strong> l'eau bouillante (= quenel<strong>les</strong>), ou si l'on met <strong>dans</strong> la graisse<br />

fumante (= beignets), ce n'est pas du pain.))<br />

h: hamets pain levé<br />

h: matsa pain azyme (non levé)<br />

Le pain est dit 'levé' si le ferment s'y est développé, même infinitésimalement.<br />

Hamets et matsa sont fabriqués avec la même farine : de blé - épeautre - orge -<br />

seigle - avoine. Cependant, si on utilisait une autre farine, comme elle n'est pas<br />

<strong>dans</strong> la liste ci-dessus, elle disqualifierait le pain azyme, mais resterait valable<br />

pour le pain levé<br />

qui ne présente aucun caractère liturgique et sert seulement <strong>à</strong> la nourriture.<br />

h: siour pâte qui n'a pas encore suffisamment levé;<br />

sa surface est pâle et présente des fentes très fines.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 22 -<br />

h: sidouk l'état suivant pour le siour qui est plus fermenté;<br />

il y a déj<strong>à</strong> des fentes plus importantes qui se 'mélangent' entre<br />

el<strong>les</strong>.<br />

gâteaux :<br />

Le lecteur profitera de ces informations sur <strong>les</strong> farines pour apprendre que,<br />

mélangées avec de l'eau et divers parfums, el<strong>les</strong> donnent des gâteaux. Un gâteau<br />

de 'miel' est fait <strong>à</strong> partir du miel qui est d'abord le produit des abeil<strong>les</strong>, mais aussi<br />

un extrait obtenu <strong>à</strong> partir de divers fruits, par exemple <strong>les</strong> dattes. Le 'miel'<br />

désigne ainsi parfois l'arbre produisant ces fruits, ainsi que le texte le dit : 'terre <strong>à</strong><br />

olive, <strong>à</strong> huile, <strong>à</strong> miel' (= arbre <strong>à</strong> dattes : Deutéronome VIII-8).<br />

OU VEUX - TU QUE NOUS APPRETIONS ?<br />

Au verset (XIV-12), "ses discip<strong>les</strong>" lui posent cette question, puisque le temps<br />

est "au premier jour des Azymes, lorsqu'on immolait la Pâque".<br />

Jésus envoie "deux de ses discip<strong>les</strong>" (XIV-13) pour réserver une chambre<br />

auprès d'un "maître-de-maison" en lui annonçant qu'il viendra y manger "la<br />

Pâque avec ses discip<strong>les</strong>" (XIV-14).<br />

Jésus respecte le précepte de compter par avance ceux qui vont sacrifier<br />

l'agneau pascal. L'offre de l'agneau est faite au nom d'un certain nombre de<br />

personnes; donc, personne d'autre que ceux qui sont inscrits et sont comptésavec<br />

ceux qui font l'offrande ne peut consommer de cet agneau, sous peine de<br />

disqualification de l'offrande. C'est pourquoi le texte dira, peu après : "Et,<br />

comme le soir était arrivé, il vient avec <strong>les</strong> Douze..." (XIV-17)<br />

Ainsi <strong>les</strong> deux discip<strong>les</strong> vont réserver une chambre pour (et uniquement pour)<br />

<strong>les</strong> Douze avec Jésus. C'est l<strong>à</strong> qu'ils vont vivre le précepte : 'Vous mangerez<br />

l'agneau pascal avec matsa et herbes amères' (Nombres IX-11). Il faut donc<br />

préparer l'agneau, <strong>les</strong> herbes, mais aussi le pain azyme (h: matsa).<br />

L'agneau doit être abattu (d'où du sang <strong>à</strong> laver...). Le pain azyme doit être<br />

apprêté. D'où une cruche d'eau...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 23 -<br />

SUR : UNE CRUCHE D'EAU (XIV-13)<br />

"Et viendra-<strong>à</strong>-votre-rencontre un homme portant° une cruche d'eau" (XIV-<br />

13). Nous sommes au premier jour des Azymes et il va être interdit de<br />

consommer, donc de fabriquer, du pain levé. D'ailleurs, en ce jour, le rituel<br />

oblige <strong>à</strong> rassembler tous <strong>les</strong> pains levés qui sont <strong>dans</strong> la maison et <strong>à</strong> <strong>les</strong> cacher<br />

car, durant la fête, ils ne doivent pas être vus, sinon on pourrait avoir le réflexe<br />

d'en manger un morceau, ce qui serait blasphémer la fête. (Au Temple, il y a, en<br />

plus, l'obligation de détruire ces pains levés : mais, en privé, chez soi, il suffit de<br />

<strong>les</strong> rassembler et de <strong>les</strong> cacher).<br />

La fête des Azymes tombe au quatorze nisan et, <strong>à</strong> Jérusalem, (ville qui est en<br />

altitude), la température de l'air, dehors, est assez basse (cfr : <strong>les</strong> valets et Pierre<br />

qui se chauffent). Cependant, ces jours-l<strong>à</strong>, l'eau que l'on utilise et qui provient<br />

des puits ou des bassins est chaude par rapport <strong>à</strong> l'air ambiant. Il faut donc faire<br />

provision d'eau dès la nuit qui précède(1) pour lui permettre de se refroidir,<br />

sinon l'eau un peu chaude hâterait la fermentation de la pâte et le pain ne serait<br />

plus azyme, mais du pain levé (voir ci-dessus la 'définition du pain').<br />

L'homme <strong>à</strong> la cruche d'eau est donc un serviteur qui a reçu un ordre de la<br />

part d'un maître 'juif très respectueux des rites'. En le suivant, <strong>les</strong> deux<br />

discip<strong>les</strong> sont assurés d'entrer <strong>dans</strong> la maison d'un 'vrai' juif, et c'est la garantie<br />

que le maître-de-maison n'est ni un étranger, ni un 'h: ger = sympathisant'.<br />

C'est pourquoi le texte a choisi le mot grec 'oikos-despotes = maître-demaison'<br />

composé <strong>à</strong> partir du mot grec 'oikos = maison°' (= un immeuble avec la<br />

Présence de Dieu : voir au lexique le mot 'maison').<br />

SUR : DU PAIN (XIV-22)<br />

Bien évidemment, selon <strong>les</strong> préceptes, il s'agit de matsa, c. <strong>à</strong> d. de pain nonlevé<br />

ou azyme.<br />

C'est aussi le pain azyme tel que le mange, d'ordinaire, celui qui a fait voeu<br />

de se consacrer <strong>à</strong> Dieu. C'est donc le pain que mange Jésus le nazarénien.<br />

Pour nous le rappeler, le texte a la délicatesse de ne pas le dire brutalement (ce<br />

qui laisserait supposer un lecteur ignare). Alors il le dit autrement : "Jamais plus<br />

je ne boirai du produit de la vigne°" (XIV-25), qui est la référence <strong>à</strong> l'Ecriture :<br />

'De tout ce qui provient de la vigne <strong>à</strong> vin, depuis <strong>les</strong> pépins, jusqu'<strong>à</strong> la peau...'.<br />

(Nombres VI-4)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 24 -<br />

SUR : BETH - PHAGEE ET BETH - ANIE (XI-1)<br />

Avec mon ami l'hébreu, nous avons eu une longue discussion. L'un et l'autre<br />

nous savions bien que : 'h: beth = maison, village, lieu-dit' et cela ne nous posait<br />

aucune question. Mais, pour Phagée, nous cherchions car Origène nous avait<br />

orientés vers une racine grecque évoquant le fait de manger.<br />

Beth-Phagée vient, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, pour accomplir une dualité de<br />

lieux aux côtés de Beth-Anie et il y a comme une circularité des noms de lieux :<br />

ils s'approchent...<br />

Jérusalem<br />

Beth - Phagée<br />

Beth - Anie<br />

montagne des oliviers<br />

Il envoie...<br />

Quelle signification et quelle allégorie ? Nous avons scruté le texte en<br />

organisant quelques fouil<strong>les</strong> autour de Beth-Anie. Il nous est apparu :<br />

(XI-11) entrer vers Jérusalem - le Temple<br />

(XI-11) sortir vers Beth-Anie<br />

(XI-12) sortir de Beth-Anie<br />

(XI-15) venir vers Jérusalem - le Temple<br />

Au centre, entre <strong>les</strong> deux 'Beth-Anie', il n'y a que :'<strong>les</strong> Douze' et 'le<br />

lendemain'. Nous réfugiant <strong>dans</strong> le lexique, nous avons noté que :<br />

<strong>les</strong> Douze<br />

Le mot 'g: dodeka', lorsqu'il désigne le groupe, vient en deuxième partie<br />

d'abord en (XI-11) ci-dessus, puis une ultime fois en (XIV-17). Les autres fois, il<br />

qualifie Judas qui est "l'un des Douze".<br />

le lendemain<br />

L'emploi est unique en Saint Marc...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 25 -<br />

Hélas ! Tout ceci ne résoud rien, ni pour Beth-Phagée, ni pour Beth-Anie.<br />

Nous avons alors orienté nos fouil<strong>les</strong> <strong>dans</strong> d'autres directions et nous avons<br />

trouvé une prescription relative au pain <strong>à</strong> consacrer, pain que l'on joint <strong>à</strong><br />

l'offrande des animaux. 'Si on a fait l'abattage de l'offrande communautaire<br />

quotidienne <strong>à</strong> l'intérieur du parvis (du Temple) et si le pain d'accompagnement<br />

est resté en dehors du mur d'enceinte (du Sanctuaire), le pain ne sera pas<br />

'consacré'.' En d'autres termes, le pain doit être joint (= conjoint) <strong>à</strong> la bête <strong>à</strong><br />

immoler.<br />

Il existe un commentaire juif qui donne du sens <strong>à</strong> l'expression 'en dehors du<br />

mur d'enceinte', en situant "en dehors de l'enceinte de Beth-Phagée". Ainsi, la<br />

zone <strong>à</strong> l'intérieur de laquelle le pain conserve sa présence est étendue depuis le<br />

parvis du Temple jusqu'<strong>à</strong> toute la ville de Jérusalem y compris sa banlieue,<br />

puisque le village de Beth-Phagée est juste au-del<strong>à</strong> de la ville.<br />

Avec l'hébreu, nous nous sommes mis d'accord pour admettre que, au verset<br />

(XI-1), ils approchent de Jérusalem par ce côté de la ville qui est frontière<br />

(rituelle) du pain :<br />

Beth-Phagée = la ville-frontière du pain !<br />

Reprenant nos recherches autour de Beth-Anie, avec l'hébreu, nous avons<br />

remarqué la place 'centrale' des Douze. Or, <strong>à</strong> la Cène, il y aura le pain et il y a <strong>les</strong><br />

Douze (XIV-17), donc il y a Judas. Le nom de Beth-Anie n'est-il pas venu <strong>dans</strong><br />

le texte pour nous alerter sur un danger <strong>à</strong> l'intérieur du groupe des Douze ?<br />

N'est-ce pas comme un signe que, déj<strong>à</strong>, il y a en Judas quelqu'idée de trahison ?<br />

Nous avons remarqué aussitôt que :<br />

- peu après le chiasme avec : "Jérusalem-le Temple... Beth-Anie" (de XI-11<br />

jusque XI-15), il y a <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes qui viennent rôder avec :<br />

(XI-18) "Et ils cherchaient comment ils le perdraient".<br />

N'est-ce pas l<strong>à</strong> le signe d'une première démarche qu'ils tentent vers Judas ?<br />

- puis il y a :<br />

(XI-27) <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes et <strong>les</strong> anciens :<br />

(XII-12) "Et ils cherchaient <strong>à</strong> le saisir" = deuxième démarche ?<br />

- puis :<br />

(XII-13) quelques-uns des pharisiens et des hérodiens<br />

(XII-18) des sadducéens<br />

(XII-28) l'un des scribes<br />

avec (XII-35 <strong>à</strong> 37) "<strong>dans</strong> le Temple ... (la) nombreuse foule".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 26 -<br />

Lecteur ! Réveille-toi ! N'es-tu pas étonné : où sont passés <strong>les</strong> DOUZE ? Le<br />

texte n'oserait-il plus dire qu'ils sont (déj<strong>à</strong> seulement) onze ? Et Judas ne serait-il<br />

pas parti négocier avec le Grand Prêtre ?<br />

Alors je vois "l'un des discip<strong>les</strong>" (XIII-1) ((comme en réponse <strong>à</strong> l'absence de<br />

"l'un des Douze" en train de trahir)), puis Pierre, Jacques et Jean, et André (XIII-<br />

3), avec un long discours pour la mémoire de ceux-ci. Et le texte, jouant de ses<br />

structures, présente :<br />

la Pâque et <strong>les</strong> Azymes<br />

<strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes<br />

(XIV-1),<br />

avec, comme toujours, le verbe 'chercher' :<br />

(XIV-1) : Et ils "cherchaient comment, l'ayant saisi par ruse, ils le tueraient".<br />

Donc : ils ont rencontré Judas, puisque voici qu'ils voient une difficulté non<br />

plus <strong>à</strong> "le saisir" (XII-12), mais '<strong>à</strong> le tuer' (XIV-1).<br />

Vient alors la séquence du flacon-d'albâtre. En conclusion, le texte s'oblige <strong>à</strong><br />

avouer que Judas a passé un contrat avec <strong>les</strong> grands-prêtres (XIV-10)... Quant<br />

aux DOUZE, quoique étant encore Douze, ils ne sont déj<strong>à</strong> réellement plus que<br />

onze fidè<strong>les</strong>. Pour décrire nettement la trahison, le texte doit réintroduire le<br />

groupe entier : il le fait en (XIV-17 et 18) ; "... il vient avec <strong>les</strong> Douze. Et, eux<br />

étant-<strong>à</strong>-table et mangeant..."<br />

Ainsi <strong>à</strong> Beth-Anie, un des Douze, déj<strong>à</strong>, s'est posé des questions et eut son idée<br />

qui devint trahison, parce que Jésus et ses discip<strong>les</strong> étaient venus <strong>à</strong> Bethanie<br />

après avoir traversé Beth-Phagée, ville-frontière symbolique pour le rite du<br />

pain. Parmi <strong>les</strong> Douze, <strong>à</strong> Beth-Anie (XI-1), il y en a un qui se sent en désaccord<br />

avec la position prise par Jésus face <strong>à</strong> la tradition liturgique des juifs.<br />

Et celui-l<strong>à</strong>, c'est l'un des Douze : "Judas Iskarioth, celui aussi qui le livra"<br />

(III-17)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 27 -<br />

SUR : LA MONTAGNE DES OLIVIERS (XI-1)<br />

Je suis revenu vers la circularité :<br />

ils s'approchent...<br />

Jérusalem<br />

Beth- (Phagée + Anie)<br />

montagne des oliviers<br />

il envoie...<br />

Se présentant ainsi, le texte veut me montrer une correspondance entre<br />

'Jérusalem' et la 'montagne des oliviers'. Jérusalem est la ville de David :<br />

'...David s'empara de la forteresse de Sion : c'est la Cité de David ... David résida<br />

<strong>dans</strong> la forteresse et l'appela 'Cité de David'.' (II Samuel V-7 et 9). Et j'ai lu peu<br />

après, <strong>dans</strong> le même livre de Samuel, comment David était venu <strong>à</strong> la montagne<br />

des oliviers <strong>dans</strong> une circonstance tragique : 'Et David montait par la montée des<br />

oliviers' (II Samuel XV-30).<br />

Pour un instant, j'arrête cette 'montée' car je me rappelle que le texte de Saint<br />

Marc m'a dit :<br />

X-32 = "Or ils étaient en chemin en montant VERS Jérusalem"<br />

esan de en te odô anabainontes eis Ierosoluma<br />

X-33 = "Voici : nous montons VERS Jérusalem"<br />

oti idou anabainomen eis Ierosoluma<br />

que je rapproche du texte de Samuel (II Samuel XV-30) :<br />

"Et David montait par la montée des oliviers,<br />

David anebaine en te anabasei tôn elaiôn<br />

montant et pleurant..."<br />

anabainon kai klaion<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 28 -<br />

Il y a une volonté du texte de Saint Marc de me faire lire attentivement le texte<br />

de Samuel :<br />

'... montant et pleurant, la tête voilée et marchant nu-pieds. Et aussi tout le<br />

peuple (g: laos) étaient avec lui, la tête voilée. Et ils montaient en montant et<br />

pleurant = g: kai anebainon anabainontes kai klaiontes.'.<br />

On informa David en ces termes : 'Akhitophel est parmi <strong>les</strong> comploteurs avec<br />

Absalon' et David dit : 'Daigne, ô YHVH, rendre stupides (= inefficaces,<br />

inuti<strong>les</strong>) <strong>les</strong> conseils d'Akhitophel'. Et comme David arrivait <strong>à</strong> la tête (= au<br />

sommet= 'où il adorait Elohim, on vint <strong>à</strong> sa rencontre...'<br />

(II Samuel XV-30 <strong>à</strong> 32)<br />

Le texte de Samuel précise : 'où il adorait Elohim', et j'ai trouvé en Saint Marc<br />

l'expression correspondante sous-tendant la même information : 'juste-en-facede<br />

= g: kat-en-anti' qui vient trois fois au total <strong>dans</strong> le texte, car la montagne des<br />

oliviers est 'juste-en-face-de' :<br />

(XI-2) = .. vous (1er emploi)<br />

(XIII-3) = ... le Temple (3ème emploi)<br />

Cette cohésion entre l'écrit de Saint Marc et le livre de Samuel met en<br />

évidence l'information : il y a des comploteurs ! et ceci confirme la lecture faite<br />

<strong>à</strong> propos de Beth-Anie : "Ils cherchaient... comment ils le perdraient" (XI-<br />

18). La montée de Jésus avec ses discip<strong>les</strong> rappelle la montée de David avec ses<br />

compagnons, avec - cependant - un écart dû au mot 'g: laos = peuple', car "tout le<br />

peuple = g: o laos" accompagne David alors que bientôt il y aura "toute la foule<br />

= g: pas ... o ochlos" (XI-18).<br />

SUR LA VALEUR DE "BETH"<br />

La circularité mise en évidence au verset (XI-1) a pour centre : "Beth-Phagée<br />

+ Beth-Anie" que j'ai écrit au paragraphe ci-dessus : Beth- (Phagée + Anie). Les<br />

deux mots de la parenthèse présentent l'appui par deux informations : la frontière<br />

du pain (Phagée) et la recherche de le perdre (= Anie). La montagne (= montée)<br />

des oliviers apporte, par David, la donnée du complot.<br />

"Beth-" est au centre du chiasme et réalise un pivot. J'ai analysé (voir lectio<br />

divina pour le verset I-1) l'idée de dualité pour cette lettre qui est au deuxième<br />

rang de l'alphabet hébreu, cette même lettre qui commence Genèse (I-1) pour le<br />

mot 'h: bereshit = commencement'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 29 -<br />

Voici, en (XI-1), que le texte offre un chiasme dont le centre est composé du<br />

beta-grec arrivé par deux fois et je vois, <strong>dans</strong> ce fait, l'allégorie qui est le<br />

'commencement' de la DEUXIEME partie du texte.<br />

Alors, prenant attention <strong>à</strong> la lettre alpha qui commence le premier mot du<br />

texte grec : "g: arche = commencement du Message-Divin de Jésus le Messie"<br />

(I-1), puis de la dernière lettre du texte : "...par <strong>les</strong> signes qui accompagnaient°°<br />

= g: tôn epakolouthounton semeion" qui est trois fois le même dessin de la lettre<br />

écrite, cette forme étant celle de l'oméga (= o ou ô). Voici que je vois le texte<br />

commencer la deuxième partie en mettant en valeur, par deux fois, le "Beth-"<br />

des hébreux.<br />

Un réflexe m'oblige aussitôt <strong>à</strong> re-garder la dernière lettre de la première partie<br />

et, bien entendu, c'est encore un ((oméga)) final : "g: kai ekolouthei autô en te<br />

odô = et il le suivait sur le chemin". La présente remarque est valable<br />

seulement pour l'œil qui voit une lettre semblable <strong>à</strong> l'oméga alors que c'est un<br />

iota souscrit prononcé par la diphtongue 'oï'.<br />

En passant, je prends acte que 'sur le chemin = g: en te odô' vient de (X-32) où<br />

il accompagnait le verbe 'monter = g: anabaino' (voir <strong>dans</strong> le Lexique).<br />

Je puis donc poser :<br />

première partie :<br />

deuxième partie :<br />

depuis alpha jusqu'<strong>à</strong> ((omega))<br />

(une fois) (une fois)<br />

(I-1) (X-51)<br />

depuis 'beth-' jusqu'<strong>à</strong> omega<br />

(deux fois) (trois fois)<br />

(XI-1) (XVI-20)<br />

Je vois aussi la première partie comme étant cet ensemble du texte qui, au<br />

commencement, a posé le principe (= commencement; en grec : arche) d'aplanir<br />

SON chemin (g: ten odon sou = I-2). Cette première partie finit lorsque "ses<br />

discip<strong>les</strong> et une foule suffisante" (X-46) suivent "sur le chemin" (g: en te odô).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


En résumé, je puis poser :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 30 -<br />

première partie : deuxième partie :<br />

I-1 X-52 XI-1 XVI-2<br />

alpha ((omega)) beth omega<br />

x 1 x 1 x 2 x 3 .<br />

A -rche od- Ô B -eth semei-ON<br />

préparer sur Phagée <strong>les</strong><br />

le chemin le chemin + Anie signes.<br />

Ceci peut aussi s'écrire :<br />

alpha = UN Beth- = DUALITE TRINITE<br />

(I-1) (XI-1) (XVI-2O)<br />

Lecteur ! Je te laisse en tête <strong>à</strong> tête avec ces résultats. Ils sont dûs certainement<br />

au hasard...<br />

... mais il est des jours où je pense<br />

CONCLUSION...<br />

que ce HASARD s'appelle aussi : " D I E U " !<br />

J'ai commencé le présent chapitre en étudiant comment apprêter... du pain, car<br />

le texte m'avait attiré vers "le premier jour des Azymes, lorsqu'on immolait la<br />

Pâque" (XIV-12).<br />

Voici que je le termine en étant revenu en arrière, en ce temps où "ils<br />

s'approchent VERS Jérusalem" (XI-1).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 31 -<br />

Ma lecture est devenue communion <strong>à</strong> ce texte qui offre sa Cohérence = sa<br />

Perfection, sa Puissance, sa Vérité : quatre NOMS pour Dieu, qui sont :<br />

l'Inspiration. Ainsi j'ai appris que, "sur le chemin" (X-52), il y avait un aveuglemendiant<br />

et, voyant <strong>à</strong> nouveau, il "suivait" (X-52). Il y avait aussi l'un ou l'autre<br />

(ou plusieurs peut-être ?) de ceux qui précédaient et de ceux qui suivaient<br />

(cfr : XI-9) inquiets et anxieux : ceux-l<strong>à</strong> ont pris conscience lorsqu'ils passèrent<br />

par la frontière du pain (= Phagée) et ils se sont rappelés : <strong>dans</strong> peu de temps, ce<br />

sera la fête des Azymes (= le pain non-levé). Or, il y a peu de temps, car cela<br />

s'est passé depuis la précédente Pâque qui eut lieu aux alentours du verset (II-<br />

23), Jésus a - par deux fois - multiplié le pain (= levé). D'abord il fit distribuer<br />

(VI-41) uniquement <strong>à</strong> ceux qui étaient juifs (cfr : VI-40); puis il refit son même<br />

geste-de-puissance "afin qu'ils distribuent... <strong>à</strong> la foule" (VIII-6), mais, cette<br />

deuxième fois, Jésus avait 'rendu-grâce' (VIII-6), geste qu'il ne fit pas pour <strong>les</strong><br />

cinq mille hommes° (= des juifs) en (VI-44).<br />

Dans peu de temps, ce sera la fête des Azymes ; que va faire Jésus juste-enface-du<br />

pain : hamets... ou matsa ? ... pain levé... ou azyme ?<br />

Et voici qu' "ils s'approchent... auprès de la montagne des oliviers" (XI-1), par<br />

la même montée suivie jadis par David venu y apprendre comment l'on<br />

complotait contre lui. Le texte utilisera encore deux fois la 'montagne des<br />

oliviers'. En (XIII-3), Pierre et Jacques et Jean et André viendront en lui<br />

demandant : Dis-nous quand le complot va-t-il être accompli ? Lorsque Jésus et<br />

<strong>les</strong> Douze auront mangé la Pâque, "ayant chanté-<strong>les</strong>-psaumes", ils sortiront "vers<br />

la montagne des oliviers" (XIV-26) et Jésus leur dira : soyez scandalisés car<br />

l'heure d'aboutissement du complot est venue (cfr : XIV-27 et 41)...<br />

(aboutissement = car il y a trois !).<br />

Lecteur : Prends bien note : en (XIII-3) et en (XIV-26) le texte grec est<br />

identique :<br />

eis to oros tôn elaiôn<br />

vers la montagne des oliviers<br />

Tu noteras que la préposition 'g: eis' a refusé de venir en (XI-1) et s'est fait<br />

remplacer par 'g: pros = auprès' :<br />

pros to oros tôn elaiôn<br />

auprès de la montagne des oliviers.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 32 -<br />

Est-ce le signe que la montagne des oliviers porte en elle, en ce verset (XI-1),<br />

l'annonce du complot tramé contre Jésus, de même que jadis un semblable<br />

complot le fut contre David ? Vraiment, 'eis' était obligé de se faire remplacer<br />

par une autre proposition, fort neutre <strong>dans</strong> son comportement(2).<br />

UNE VISION D'EZECHIEL<br />

Depuis l'entrée <strong>à</strong> Jérusalem, j'ai remarqué :<br />

'L'esprit me soulève et m'amène <strong>à</strong> la porte orientale de la Maison de<br />

YHVH, celle qui fait face <strong>à</strong> l'orient (= face <strong>à</strong> la montagne des oliviers)... Il me<br />

dit : 'Fils d'homme (Fils de l'homme), ce sont l<strong>à</strong> <strong>les</strong> hommes qui ourdissent<br />

l'iniquité et donnent de mauvais conseils <strong>dans</strong> cette ville. Ils disent : ce n'est pas<br />

prochainement que l'on bâtira des maisons ! (cfr : <strong>Mc</strong> XIII-2). Elle est la<br />

marmite et c'est nous qui sommes la viande (= l'agneau pour l'abattage). C'est<br />

pourquoi prophétise contre eux, prophétise, Fils d'homme !' (cfr : <strong>Mc</strong> XIII-4).<br />

L'esprit de YHVH s'abattit sur moi et il me dit : 'Dis : Ainsi a dit YHVH...<br />

Vous craignez le glaive et c'est le glaive que j'enverrai contre vous ... je vous<br />

montrerai <strong>à</strong> la main d'étrangers ... vous tomberez par l'épée (cfr : <strong>Mc</strong> XIII-7 <strong>à</strong><br />

21)... et vous saurez que je suis YHVH (cfr : <strong>Mc</strong> XIII-22).<br />

...C'est pourquoi, dis : Ainsi a dit YHVH... Je leur donnerai un seul cœur, je<br />

mettrai au-milieu de vous un esprit nouveau; j'ôterai de leur chair le cœur de<br />

pierre et je leur donnerai un cœur de chair afin qu'ils marchent suivant mes<br />

ordonnances, qu'ils observent mes règ<strong>les</strong>, qu'ils <strong>les</strong> appliquent, qu'ils soient pour<br />

moi un peuple et que je sois pour eux un Dieu. Quant <strong>à</strong> ceux dont le cœur va<br />

suivant leurs horreurs et leurs abominations, je ferai retomber sur leur tête leur<br />

conduite. Oracle de YHVH !' ...<br />

... La gloire de YHVH s'éleva du milieu de la ville et s'arrêta sur la montagne<br />

qui est <strong>à</strong> l'orient de la Ville' (= la montagne des oliviers). (cfr : <strong>Mc</strong> XIII-3 : "il<br />

était sur la montagne des oliviers" et cfr : <strong>Mc</strong> XIII-26 : "on verra le Fils de<br />

l'Homme en venant... avec puissance nombreuse et gloire").<br />

(Le texte d'Ezéchiel (XI-1 <strong>à</strong> 23) est-il vision prophétique ou prière méditation<br />

prenant en charge, d'une expression lucide, <strong>les</strong> difficultés entre <strong>les</strong> hommes ?<br />

Est-ce la poésie qui transfigure ou est-ce la description froidement concrète de la<br />

réalité, mais en des termes qui laissent <strong>les</strong> horreurs en forme de nuée offerte au<br />

flou du doute ?)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 33 -<br />

J'ai continué ma lecture du livre d'Ezéchiel et j'y ai entendu comme le choc des<br />

mots et des expressions se heurtant en mémoire du texte de Saint Marc, car la<br />

mémoire d'un texte est-elle ce qui est annoncé en forme de prophétie <strong>à</strong> retrouver<br />

plus tard ou bien le texte ultérieur analysant son actualité d'alors avec sa<br />

référence <strong>à</strong> du déj<strong>à</strong> vécu au texte précédent ?<br />

La conclusion aboutissement est toujours la même car un texte inspiré va l<strong>à</strong><br />

d'où il vient : <strong>à</strong> Dieu seul. "C'est pourquoi dis-leur : Ainsi a dit YHVH : Il n'y<br />

aura plus de délai en ce qui concerne mes paro<strong>les</strong> : la parole que je dis se<br />

rélisera. Oracle de YHVH." (Ezéchiel XII-28). "Regardez, je vous ai tout prédit<br />

(XII-23)... Quand vous verrez ceci, sachez que le moment (cfr : I-15) est proche,<br />

aux portes (XIII-29)".<br />

'La parole de YHVH me fut adressée en ces termes : 'Fils de l'Homme,<br />

prophétise' ... Ecoutez la parole de YHVH !...'<br />

(Ezéchiel XIII-1)<br />

Alors, j'ai entendu le prophète Zacharie :<br />

'En ce jour, <strong>les</strong> pieds de YHVH se dresseront (= s'arrêteront) sur la<br />

montagne des oliviers qui est juste-en-face-de Jérusalem, <strong>à</strong> l'est. (Cette montagne<br />

est lieu de basculement entre <strong>les</strong> deux parties du texte de Saint Marc: ) La<br />

montagne des oliviers se fendra par moitié (par son milieu) entre l'est et la mer<br />

en une très grande vallée. Une moitié de la montagne se retirera vers le nord (=<br />

le septentrion) et l'autre moitié vers le sud (= le Neguev)'.<br />

(Zacharie XIV-4)...<br />

"Et il rassemblera (ses) élus des quatre vents, de l'extrémité de (la) terre<br />

jusqu'<strong>à</strong> l'extrémité (du) ciel..."<br />

(<strong>Mc</strong> XIII-27)<br />

'... car aux quatre vents des cieux, je vous ai dispersés'<br />

(Zacharie II-10)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 34 -<br />

Note 1 : la nuit qui précède = Page : 23<br />

L'hébreu m'a dit : 'A partir de la prière du soir du treize nissan, <strong>les</strong> juifs<br />

s'abstiennent de travailler et d'étudier comme aussi de manger tant qu'ils n'ont<br />

pas puisé l'eau nécessaire <strong>à</strong> la confection de l'azyme : l'usage veut que cette eau<br />

soit puisée "entre le soleil et l'étoile".'.<br />

Cette eau est mise <strong>à</strong> reposer pendant la nuit, afin qu'elle devienne très<br />

rafraîchie le lendemain matin, car la nuit est fraîche. En effet, j'ai encore lu :<br />

'Nous marchâmes ainsi sept lieues <strong>dans</strong> <strong>les</strong> solitudes, descendant toujours<br />

jusqu'<strong>à</strong> Jéricho... Il y a l<strong>à</strong> beaucoup de jardins, des orangers, des citronniers...<br />

Que Jéricho serait une grande chose si elle était au pouvoir des chrétiens... Elle a<br />

une grande plaine irriguée, mais il y fait très chaud : c'était le vingt avril et nous<br />

étions rôtis tout vifs, alors qu'<strong>à</strong> Jérusalem, la nuit, nous mourions de froid.'<br />

(Diego-de-Mérida : Rapport de voyage en Orient)<br />

(1507 <strong>à</strong> 1512 Chapitre XIII)<br />

Note 2 : son comportement = Page 32<br />

La préposition 'g: pros' est utilisée, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> mêmes conditions grammatica<strong>les</strong>,<br />

et pour la seule deuxième partie du texte de Saint Marc, en :<br />

XI-1-4-7-27 / XII-2-4-6-13-18 / XIV-10-49-53-54 / XV-43.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIV-13)<br />

La question synoptique<br />

Saint Matthieu<br />

Saint Luc<br />

Et Saint Jean ?<br />

Retour <strong>à</strong> Saint Luc<br />

Méditation<br />

Quel fut le premier texte ?<br />

Résultats<br />

Hypothèse A<br />

Hypothèse B<br />

Conclusion<br />

Rebondissement<br />

Une information importante<br />

LA QUESTION SYNOPTIQUE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 35 -<br />

UNE CRUCHE D'EAU<br />

_______________<br />

Au chapitre Apprêter... du pain, le lecteur ira lire, avec grande attention, ce qui<br />

a été proposé Sur : une cruche d'eau.<br />

Il en retiendra que Jésus n'envoie pas deux de ses discip<strong>les</strong> au hasard <strong>à</strong><br />

Jérusalem pour entrer <strong>dans</strong> n'importe quelle maison, si tant est qu'un homme se<br />

promène en tenant un récipient avec de l'eau.<br />

Il ne <strong>les</strong> envoie pas non plus <strong>dans</strong> telle maison désignée <strong>à</strong> l'avance, de tel<br />

quartier ou en telle rue. Dieu provoque le départ (pour une mission bien définie)<br />

de deux de ses discip<strong>les</strong> et leur annonce une série de 'signes' :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 36 -<br />

d "Viendra-<strong>à</strong>-votre-rencontre<br />

o un homme en portant°<br />

u une cruche<br />

z d'eau.<br />

e Suivez-le !<br />

Et, l<strong>à</strong>-où il entrera...(un) maître-de-maison<br />

s Où est ma salle...<br />

i lui vous montrera<br />

g une grande<br />

n chambre-haute<br />

e étalée<br />

s prête."<br />

A ce moment précis auquel Jésus envoie pour cette mission ses deux discip<strong>les</strong>,<br />

ceux-ci ne peuvent qu’entendre cette suite de paro<strong>les</strong> et considérer chacune des<br />

rubriques ainsi présentées comme constituant un signe. Le hasard et ma<br />

présentation font qu'il y a douze signes ! Certains sont affaires courantes, pris<br />

isolément : <strong>dans</strong> toute ville, il y a toujours quelqu'un pour venir-<strong>à</strong>-votrerencontre.<br />

Mais l'ordre : "Suivez-le !" est aussi un signe car, <strong>à</strong> suivre quelqu'un<br />

sans se cacher, on s'expose parfois <strong>à</strong> quelque réaction de la personne suivie,<br />

surtout si on la suit <strong>dans</strong> la maison où elle est entrée. Dans toute maison, il y a<br />

toujours une salle : vous la montrera-t-on ou bien vous en fermera-t-on la porte ?<br />

J'ai dit (voir lexique <strong>à</strong> 'discip<strong>les</strong>') combien <strong>les</strong> deux ont entendu "correctement"<br />

(cfr : VII-35) le long énoncé des (signes); cela a dû se voir en leur comportement<br />

et l'auteur du texte l'a remarqué, puisqu'il écrit aussitôt : "LES discip<strong>les</strong><br />

sortirent..." (XIV-16), avec : 'LES', ce qui n'est plus 'SES'. LES deux discip<strong>les</strong><br />

doutent que tout cela puisse arriver !<br />

Cette exégèse du verset (XIV-13) avec sa cruche d'eau est d'une grande<br />

richesse, car le lecteur sent la puissance et la précision du texte. Les douze<br />

signes forment un élément de l'Inspiration, car ils sont douze Paro<strong>les</strong> de Dieu<br />

offertes <strong>à</strong> l'entendement des deux discip<strong>les</strong> avant d'être présentées <strong>à</strong> leur vision<br />

des faits.<br />

Dépassant le texte de Saint Marc, je me suis demandé comment tout ceci est<br />

écrit <strong>dans</strong> <strong>les</strong> trois autres évangi<strong>les</strong>.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SAINT MATTHIEU<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 37 -<br />

Voici, telle que je puis l'écrire, la traduction des versets de Saint Matthieu <strong>dans</strong><br />

leur intégralité. J'ai reporté, ligne <strong>à</strong> ligne, <strong>les</strong> passages concordants de Saint<br />

Marc. Avec une graphie spéciale : <strong>les</strong> mots qui sont identiques <strong>dans</strong> <strong>les</strong> deux<br />

textes grecs.<br />

Mt XXVI-17 Or, le premier (jour) des Azymes<br />

<strong>Mc</strong> XIV-12 Et, au premier jour des Azymes<br />

Mt <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> vinrent-auprès-de Jésus<br />

<strong>Mc</strong> <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de LUI<br />

Mt en disant : "Où veux-tu que nous t' apprêtions<br />

<strong>Mc</strong> lui disent : "Où veux-tu (que) nous apprêtions<br />

Mt <strong>à</strong> manger la Pâque ?"<br />

<strong>Mc</strong> tu manges la Pâque ?"<br />

Mt XXVI-18 Or il dit : "Partez vers la ville<br />

<strong>Mc</strong> XIV-13 Et il dit : "Partez vers la ville<br />

Mt auprès d'un tel et dites-lui :<br />

<strong>Mc</strong><br />

Mt Le Maître dit Mon moment est proche<br />

<strong>Mc</strong> XIV-14 Le Maître dit .......<br />

Mt Chez toi je fais la Pâque avec mes discip<strong>les</strong> !"<br />

<strong>Mc</strong> l<strong>à</strong> - où je mangerai la Pâque avec mes discip<strong>les</strong> !"<br />

Mt XXVI-19 Et(...)<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> firent comme leur avait prescrit Jésus.<br />

<strong>Mc</strong> XIV-16 Et(...)<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> .......................<br />

Mt Et ils apprêtèrent la Pâque.<br />

<strong>Mc</strong> Et ils apprêtèrent la Pâque.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


( A n a l y s e )<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 38 -<br />

1.- Le lecteur notera aussitôt que, s'il lit seulement <strong>les</strong> mots grecs communs <strong>à</strong> Mt<br />

et <strong>à</strong> <strong>Mc</strong>, il obtient un texte clair décrivant et résumant la séquence :<br />

" ...premier des Azymes, <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> : "Où veux-tu (que) nous apprêtions<br />

la Pâque ?" (Réponse :) "Partez vers la ville; le maître dit :'la Pâque avec<br />

mes discip<strong>les</strong> !' ". Et <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> apprêtèrent la Pâque."<br />

L'idée fondamentale d'un envoi vers la ville pour faire <strong>les</strong> préparatifs demeure,<br />

mais elle est dépouillée de tout ce qui, en Saint Marc, en a fait un texte 'Inspiré'.<br />

Le texte de Mt est purement humain... et juif.<br />

2.- En Mt, il n'y a aucune trace de ces 'douze' signes que je signalais plus haut et,<br />

notamment, la cruche d'eau a disparu. Or <strong>les</strong> emprunts faits au texte de <strong>Mc</strong><br />

représentent un certain nombre de mots qui permettent de poser l'hypothèse que<br />

Mt a connu l'épisode peut-être par une tradition orale (mais alors, pourquoi<br />

néglige-t-il la cruche d'eau et aussi tout ce qui l'entoure ?) ou par la lecture du<br />

texte de <strong>Mc</strong> (hypothèse plus séduisante <strong>à</strong> cause des paro<strong>les</strong> : "Où veux-tu...<br />

apprêtions... la Pâque ? ... Partez vers la ville !").<br />

Pour moi, je conclus de ceci que Mt a connu le texte de <strong>Mc</strong>, n'a rien voulu<br />

écrire au sujet de cet "homme en portant° une cruche d'eau" car, pour ne pas<br />

avoir <strong>à</strong> expliquer si un de ses lecteurs l'interrogeait, il a préféré supprimer.<br />

3.- J'ai cherché <strong>à</strong> comprendre la motivation de Saint Matthieu et j'ai posé <strong>les</strong><br />

hypothèses suivantes :<br />

a) Mt lit <strong>les</strong> trois versets <strong>Mc</strong> (XIV-13 <strong>à</strong> 15), ce qui représente un assez long<br />

passage. Il n'a pas connaissance des raisons pouvant faire intervenir une cruche<br />

d'eau. Peut-être, très simplement, parce que cela ne se faisait pas <strong>dans</strong> le pays<br />

où il habitait : l'eau étant fraîche d'un cours d'eau et non pas chaude d'une<br />

citerne ?<br />

Mais Mt comprend que cette histoire de cruche d'eau cache quelque chose. Ne<br />

comprenant pas la raison profonde, il décide de supprimer.<br />

b) Mt, ayant remarqué la cruche d'eau, s'interroge sur le signe qu'elle peut<br />

représenter. Or, pour lui,, le texte de Saint Marc (= la vie de Jésus) est<br />

l'accomplissement de ce qu'ont dit <strong>les</strong> Prophètes. Alors, il cherche <strong>dans</strong><br />

l'Ecriture une trace de cruche.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 39 -<br />

Dans le livre de Moïse, il y a l'histoire d'une femme (= ce n'est pas un homme<br />

!) (et ce n'est pas la 'cruche = g: keramion' de Saint Marc) (Genèse XXIV-14...)<br />

et c'est tout ! Dans le reste de la bible hébraïque, il y a des cruches d'huile ou de<br />

vin, des cruches vides et des cruches brisées, et aussi, isolée <strong>dans</strong> un passage du<br />

livre des Rois, une cruche d'eau : il s'agit d'Elie le Tishbite en présence de la<br />

veuve de Sarepta. Elie voit la femme, l'appelle et dit : "Donne-moi un peu d'eau<br />

de ton vase, afin que je boive !" (I Rois XVII-10). Or, le mot grec n'est pas le<br />

même que celui utilisé par Saint Marc, car ce n'est toujours pas 'keramion' ! Un<br />

vase n'est pas une cruche, même s'il sert <strong>à</strong> tirer l'eau du puits.<br />

Saint Matthieu ne trouvant rien <strong>dans</strong> l'Ecriture, laisse tomber la cruche de<br />

Saint Marc pour que ses morceaux brisés s'enfoncent <strong>dans</strong> l'oubli.<br />

( C o n c l u s i o n )<br />

Toute cette analyse me porte <strong>à</strong> penser que Saint Matthieu a eu en mains le<br />

texte de Saint Marc, a lu "la cruche d'eau", n'en a pas retenu la séquence car il<br />

n'a trouvé aucune référence <strong>dans</strong> la Bible des juifs et il a simplement évité d'en<br />

parler.<br />

Tout son récit de la préparation de la Pâque s'en ressent car cela devient une<br />

simple anecdote, sans aucune connotation théologique.<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SAINT LUC<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 40 -<br />

Suivant la même méthode de travail, voici <strong>les</strong> traductions des deux textes de<br />

Saint Luc et Saint Marc, la version de Saint Luc étant <strong>dans</strong> son intégralité.<br />

Lc XXII-7 Or vint le jour des Azymes<br />

<strong>Mc</strong> XIV-12 Et au premier jour des Azymes<br />

Lc auquel il fallait immoler-chaque-fois la Pâque<br />

<strong>Mc</strong> lorsqu'on immolait la Pâque<br />

Lc XXII-8 Et il envoya Pierre et Jean , ayant<br />

<strong>Mc</strong> XIV-13 Et il envoie deux de ses discip<strong>les</strong> et il leur<br />

Lc dit : "Ayant fait route, apprêtez pour nous la Pâque<br />

<strong>Mc</strong> dit : "................. apprêtez pour nous.<br />

Lc afin que nous (la) mangions ."<br />

<strong>Mc</strong> ............................ ."<br />

Lc XXII-9 Ceux-ci lui dirent :<br />

<strong>Mc</strong> XIV-12 Ses discip<strong>les</strong> lui disent :<br />

Lc "Où veux-tu (que) ..................... nous apprêtions<br />

<strong>Mc</strong> "Où veux-tu (que) nous éloignant nous apprêtions<br />

Lc................................................"<br />

<strong>Mc</strong> afin que tu manges la Pâque."<br />

Lc XXII-10 Celui-ci leur dit :<br />

<strong>Mc</strong> XIV-13 (Et il envoie deux discip<strong>les</strong> et il) leur dit :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 41 -<br />

Lc "Voici : comme vous serez entrés VERS la ville<br />

<strong>Mc</strong> "Partez......................... VERS la ville<br />

Lc se rencontrera-avec vous<br />

<strong>Mc</strong> Et viendra-<strong>à</strong>-votre-rencontre<br />

Lc un homme en portant° une cruche d'eau<br />

<strong>Mc</strong> un homme en portant° une cruche d'eau<br />

Lc Suivez-le <strong>dans</strong> la maison <strong>dans</strong> laquelle il pénètre<br />

<strong>Mc</strong> Suivez-le !................. Et l<strong>à</strong>-où il entrera<br />

Lc XXII-11 Et vous direz au maître-de-maison de la maison<br />

<strong>Mc</strong> XIV-14 ....... dites au maître-de-maison<br />

Lc Le Maître te dit : Où est la salle l<strong>à</strong>-où je mangerai<br />

<strong>Mc</strong> Le Maître .. dit : Où est ma salle l<strong>à</strong>-où je mangerai<br />

Lc la Pâque avec mes discip<strong>les</strong> ?"<br />

<strong>Mc</strong> la Pâque avec mes discip<strong>les</strong> ?"<br />

Lc XXII-12 Et celui-l<strong>à</strong> vous montrera une grande chambre-haute<br />

<strong>Mc</strong> XIV-15 Et lui vous montrera une grande chambre-haute<br />

Lc étalée, ....... L<strong>à</strong>, :<br />

<strong>Mc</strong> étalée, prête, et l<strong>à</strong> :<br />

Lc apprêtez (le repas) !<br />

<strong>Mc</strong> apprêtez (le repas) pour nous !<br />

Lc XXII-13 Or, s'étant-éloignés,<br />

<strong>Mc</strong> XIV-16 Et <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> sortirent et vinrent <strong>à</strong> la ville.<br />

Lc ils trouvèrent selon qu'il se-trouvait- leur-avoir-dit<br />

<strong>Mc</strong> Et ils trouvèrent selon qu'il ........... leur avait dit<br />

Lc Et ils apprêtèrent la Pâque.<br />

<strong>Mc</strong> Et ils apprêtèrent la Pâque.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


( A n a l y s e )<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 42 -<br />

1.- Ici encore on obtient un texte clair, décrivant la séquence, en notant<br />

seulement <strong>les</strong> mots grecs communs <strong>à</strong> Lc et <strong>à</strong> <strong>Mc</strong> :<br />

"Jour des Azymes = immoler la Pâque. Il envoya : 'Apprêtez pour nous !'<br />

(Réponse :) 'Où veux-tu nous apprêtions ?' (Jésus dit :) 'Vers la Ville ... un<br />

homme, ...en portant° une cruche d'eau. Suivez-le !' Au maître-de-maison<br />

(dites :) "Le Maître dit : 'Où est (la) salle, l<strong>à</strong>-où je mangerai la Pâque<br />

avec mes discip<strong>les</strong> ? (Il) vous montrera une grande chambre-haute, étalée.<br />

Apprêtez !' Ils trouvèrent selon qu'il leur (avait dit). Et ils apprêtèrent la<br />

Pâque."<br />

2.- Le lecteur retrouve ainsi le texte de Saint Marc presque entier. La<br />

comparaison avec le récit commun <strong>à</strong> Mt/<strong>Mc</strong> montre <strong>les</strong> différences d'emprunt.<br />

Reprenant <strong>les</strong> douze signes notés au début de cette étude, il apparaît que tous<br />

<strong>les</strong> signes ont été retenus par Saint Luc... sauf le dernier qui présente, il est vrai,<br />

une certaine incohérence car : pourquoi la chambre étant "prête", Jésus a-t-il dit :<br />

"Apprêtez..." ? Saint Luc a sans doute estimé qu'il aurait quelque difficulté <strong>à</strong><br />

expliquer <strong>à</strong> ses propres lecteurs ou que <strong>les</strong> usages juifs (= ce qui est contenu<br />

<strong>dans</strong> le mot 'apprêter' et qui est spécifique des préparatifs pour le seder(1),<br />

repas pascal) étaient par trop singuliers pour <strong>les</strong> lecteurs de l'évangile de Saint<br />

Luc. Par simplification, Saint Luc a supprimé l'adjectif 'prête' pour la chambre.<br />

Mais <strong>les</strong> onze autres signes sont conservés et la puissance théologique du texte<br />

de Saint Luc dépasse celle du récit de Saint Matthieu.<br />

3.- La cruche d'eau est, elle aussi, conservée. Sans doute, Saint Luc n'a-t-il vu l<strong>à</strong><br />

qu'un détail fort surprenant, donnant <strong>à</strong> la parole de Jésus une valeur de<br />

prophétie, négligeant donc l'usage qu'ont <strong>les</strong> juifs en certains pays de laisser<br />

refroidir l'eau pendant une nuit pour pouvoir fabriquer le lendemain un pain<br />

garanti 'non-levé'.<br />

Un indice du texte de Saint Luc est significatif : il parle du "maître-de-maison<br />

de la maison = g: ...tô oikodespotes tes oikias" (Lc XXII-11). Que signifie "de la<br />

maison" ? Saint Luc a-t-il voulu tenir compte de ce que Saint Matthieu écrivit :<br />

"Partez vers la ville AUPRES D'UN TEL et dites-lui..." (Mt XXVI-18)?<br />

Je ne vois que cette explication permettant d'expliquer "de la maison" comme<br />

si cette maison avait été désignée par Jésus aux deux discip<strong>les</strong> qu'il envoie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 43 -<br />

La remarque est très importante, car elle permet d'affirmer que Saint Luc n'a<br />

pas voulu exposer l'affaire (sémitique) de la cruche d'eau; il n'a pas voulu<br />

évoquer le fait qu'un juif puisse préparer son eau pour apprêter le pain azyme;<br />

d'où, en entrant <strong>dans</strong> la maison avec lui, <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> seront assurés d'entrer chez<br />

un maître-de-maison juif pratiquant <strong>les</strong> rites de la Pâque, évitant ainsi que le<br />

hasard ne <strong>les</strong> mène chez un étranger ou un païen.<br />

(Je proposerai aux lecteurs plus avertis des divers rites pour la fête de Pâque, tels<br />

qu'ils existent au temps de Jésus, de réfléchir sur le fait que ce maître-de-maison<br />

est un juif qui mange la Pâque le même soir que Jésus, c. <strong>à</strong> d. que le Messie !<br />

Ceux de la hiérarchie du Temple ont compris ce que voulait dire un tel<br />

Message...)<br />

Revenant <strong>à</strong> Saint Luc, je lis qu'il a, cependant, respecté la cruche d'eau, car une<br />

telle 'prophétie' est facile <strong>à</strong> admettre par tous ceux qui seront <strong>les</strong> lecteurs de son<br />

texte ; la prophétie 'démontre' que Jésus est Fils de Dieu.<br />

( C o n c l u s i o n )<br />

Cette exégèse des relations entre <strong>les</strong> deux textes Lc/<strong>Mc</strong> aboutit <strong>à</strong> conclure que<br />

Saint Luc s'est inspiré plus profondément de l'écrit de Saint Marc sans, pour<br />

autant, négliger complètement l'évangile de Saint Matthieu. Elle n'en confirme<br />

pas moins que Saint Luc a reçu, lui aussi, le texte écrit de Saint Marc.<br />

ET SAINT JEAN ?<br />

Il suffit de citer le passage suivant : "Avant la fête de la Pâque, sachant venue<br />

son heure de passer de ce monde au Père, Jésus qui avait aimé <strong>les</strong> siens <strong>dans</strong> ce<br />

monde <strong>les</strong> aima jusqu'<strong>à</strong> la fin. Pendant le dîner, comme le diable avait déj<strong>à</strong> mis<br />

au cœur de Judas Iskarioth..." (Jn XIII-1 et 2)<br />

Ainsi, il n'est aucunement rapporté <strong>dans</strong> cet évangile de préparer la Pâque ou<br />

d'apprêter une grande chambre-haute.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


RETOUR A SAINT LUC<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 44 -<br />

La présente méditation devant une simple cruche d'eau a montré <strong>les</strong> limites -<br />

ou - <strong>les</strong> richesses, pour l'exégèse, des deux autres textes dits synoptiques face <strong>à</strong><br />

l'évangile de Saint Marc.<br />

Cependant l'évangile de Saint Luc, par ailleurs fort conforme au récit de Saint<br />

Marc, apporte en quelques mots une information importante nouvelle : "Et il<br />

(= Jésus) envoya PIERRE et JEAN..." (Lc XXII-8). De qui Saint Luc a-t-il tenu<br />

l'information ? Ces deux-l<strong>à</strong> sont-ils ceux-l<strong>à</strong> que Saint Marc a laissés <strong>dans</strong> le flou<br />

d'un anonymat : "Et il envoie DEUX DE SES DISCIPLES" (<strong>Mc</strong> XIV-13) ?<br />

Si cela est, il y a alors peut-être ici un signe permettant de lever un autre<br />

anonymat. Peu de temps auparavant, "comme il (= Jésus) s'en allait hors du<br />

Temple, L'UN DE SES DISCIPLES lui dit : 'Maître ! Vois de quelle-taille (sont<br />

ces) pierres..." (<strong>Mc</strong> XIII-1). L'expression est de même conformation. Les deux<br />

formulations en grec sont :<br />

XIII-1 avec : UN eîs tôn mathetôn autou<br />

XIV-13 avec : DEUX duo tôn mathetôn autou<br />

Je retrouve ici ce même pronom personnel auquel j'ai vu une si grande<br />

puissance : tas tribas autou = des sentiers de LUI (ou :) de SES sentiers (I-3).<br />

Que le lecteur prête ici une grande attention ! Le texte de Saint Luc suit de très<br />

près celui de Saint Marc et il n'y a, pour différence, que l'information particulière<br />

de Lc (XXII-8). Je ne puis pas douter un seul instant de son authenticité, car tout<br />

le reste du texte demeure <strong>dans</strong> le vrai en suivant (sans innover) ce que dit Saint<br />

Marc. Or Saint Luc a été amené <strong>à</strong> écrire sur le "maître-de-maison de la maison".<br />

L'expression ne comporte aucune erreur au sens où, de cette "maison", rien n'est<br />

dit. Ainsi la seule touche nouvelle n'est pas in-authentique; elle vient comme<br />

preuve que Saint Luc n'a pas voulu évoquer le rite juif de la cruche d'eau.<br />

Poursuivant mon analyse, je prends acte que, grâce <strong>à</strong> Saint Luc, je viens<br />

d'apprendre que "deux de ses discip<strong>les</strong>" (<strong>Mc</strong> XIV-13) représente "Pierre et Jean"<br />

(Lc XXII-8). Accepteras-tu, lecteur, de méditer sur l'hypothèse immédiate : le<br />

"un de ses discip<strong>les</strong>" (<strong>Mc</strong> XIII-1) ne serait-il pas l'un de Pierre ou de Jean ? ... et<br />

ne serait-ce pas alors un anonymat d'humilité ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 45 -<br />

J'ai écrit cette étude le long des lèvres de ce deuxième dimanche de l'avent, au<br />

monastère, par un temps tiède de bourrasques de vent chargées de pluies. Le<br />

calme de ma journée, pour moi réellement passée <strong>à</strong> Jérusalem en la veille des<br />

Azymes <strong>à</strong> apprêter la grande chambre-haute, m'a fait vivre intensément <strong>les</strong> trois<br />

textes. Je croyais, ce matin encore, regarder Saint Matthieu comme <strong>à</strong> peine<br />

dérivé de Saint Marc, puis voir en Saint Luc quelque chose de nouveau.<br />

L'humilité m'oblige <strong>à</strong> reconnaître le contraire ; Saint Matthieu n'a pas voulu<br />

parler de la cruche d'eau et a cherché en vain <strong>dans</strong> la bible hébraïque; s'étant<br />

rendu compte de son impossibilité <strong>à</strong> expliquer, il a annulé la séquence en<br />

l'amenant au rang d'une simple notule. Saint Luc a su (par qui ? comment ?)<br />

combien <strong>les</strong> apôtres avaient été saisis d'étonnement par ce qu'ils ont vécu en<br />

cette veille des Azymes. Et il a su le rôle joué par Pierre et Jean. Mais il n'a pas<br />

raconté tout le reste par lui-même, selon ce qu'on lui avait dit : il a tenu <strong>à</strong> se<br />

référer constamment au texte de Saint Marc et ceci démontre que Saint Luc<br />

connaissait l'authenticité et la précision vraie du texte de Saint Marc. C'est<br />

pourquoi il l'a suivi de très près, lui empruntant beaucoup et modifiant <strong>à</strong> peine.<br />

MEDITATION<br />

Lecteur ! Elève-toi au-dessus de tous ces textes et contemple ! Voici le<br />

Message-Divin de Saint Marc dont nous ne savons pas l'origine, mais nous<br />

avons par lui la connaissance de Dieu. Il y a aussi l'évangile de Saint Luc qui est<br />

une autre présentation - pour d'autres sortes de lecteurs ? - avec la précision<br />

nouvelle reçue par une tradition orale (nul autre n'a écrit 'ainsi' avant lui). Il y a<br />

enfin le texte de Saint Matthieu qui semble (c'est une hypothèse) refléter la<br />

pensée de personnes n'ayant pas été présentes aux événements et ne pouvant pas<br />

témoigner d'une vision directe des faits.<br />

Tu vois, lecteur, combien différentes sont nos réactions en présence de ces<br />

textes : "La connaissance de Dieu, obtenue par (présentée <strong>dans</strong> une certaine)<br />

tradition (= Saint Matthieu) est inférieure <strong>à</strong> celle qui vient par la raison... Ceux<br />

qui méditent sur Dieu ne s'attachent (trop souvent) qu'<strong>à</strong> une croyance reçue par<br />

tradition...ne pensent pas réellement <strong>à</strong> Dieu et ne méditent pas sur lui. Il faut<br />

concevoir Dieu par l'intellect ; le culte suprême suit la perception".(Paro<strong>les</strong> de<br />

l'hébreu)... ... car, faire l'exégèse du livre de Saint Marc,<br />

c'est vivre <strong>à</strong> côté - avec - en- présence du Messie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 46 -<br />

QUEL FUT LE PREMIER TEXTE ?<br />

Il m'a dit : 'Votre étude sur "une cruche d'eau" apporte des éléments très<br />

importants et vous avez su <strong>les</strong> ordonner pour faire 'constater' (= un mot fort<br />

délicat) <strong>les</strong> chances de votre hypothèse. Cela ne suffit pas car, quoique vous<br />

établissiez une relation entre le texte de Saint Marc et chacun des deux autres<br />

textes de Saint Matthieu et de Saint Luc, pourquoi l'un de ces derniers, de Mt ou<br />

de Lc, n'aurait-il pas été écrit le premier, c. <strong>à</strong> d. avant <strong>Mc</strong> ?<br />

J'aimerais que vous regardiez chacune des hypothèses : Mt peut-il être<br />

premier... (et)... Lc est-il le premier ?'.<br />

J'ai été bousculé par son dire et il m'a fallu longuement réfléchir car, puisqu'il<br />

y a trois textes, il y a au total trois hypothèses pour suggérer quel fut le premier<br />

écrit parmi <strong>les</strong> trois. Alors j'ai préparé, d'abord, <strong>les</strong> matériaux de l'analyse et j'ai<br />

écrit chacun des textes (en grec) en respectant une règle du positionnement des<br />

mots : chaque texte est présenté de façon telle que, si on met l'un sur l'autre deux<br />

des textes, <strong>les</strong> mots communs <strong>à</strong> ces deux textes vont apparaître aux mêmes<br />

places de la feuille; ceci m'a donné trois transparents.<br />

Ensuite, prenant l'un des textes, il suffit de souligner <strong>les</strong> mots communs <strong>à</strong> ce<br />

texte et aux deux autres. Ainsi obtient-on :<br />

Mt par rapport <strong>à</strong> Lc et par rapport <strong>à</strong> <strong>Mc</strong><br />

<strong>Mc</strong> " " " Mt " " " " Lc<br />

Lc " " " Mt " " " " <strong>Mc</strong><br />

L'expression 'par rapport <strong>à</strong>' signifie que chaque texte est considéré comme<br />

s'il avait été écrit par son auteur en empruntant certaines idées ou certains<br />

mots de son modèle.<br />

Ainsi, prenons par exemple le premier texte proposé, c. <strong>à</strong> d. "Mt par rapport <strong>à</strong><br />

Lc". Considérant le transparent "Lc" et le mettant sur le texte de Mt, le lecteur<br />

verra apparaître aussitôt <strong>les</strong> mots communs <strong>à</strong> ces deux textes : il suffit de<br />

souligner, <strong>dans</strong> Mt, <strong>les</strong> mots communs d'un trait continu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 47 -<br />

(Certains mots seront avec des traits discontinus, exemple :<br />

ligne 6 de Mt :<br />

to pascha = par référence <strong>à</strong> la ligne 2 de Lc,<br />

ligne 6 de Mt :<br />

phag(ein) = par référence <strong>à</strong> phag(ômen) de la ligne 4 de Lc.<br />

ligne 3 avant la fin de Mt :<br />

oi ma(thetai) = par référence <strong>à</strong> (et)oima(sate) de la ligne 4 avant la fin de Lc.<br />

Il y aurait <strong>à</strong> faire une étude beaucoup plus étendue <strong>dans</strong> le texte de chacun des<br />

évangi<strong>les</strong> pour examiner s'il s'agit l<strong>à</strong> de procédés poétiques, mnémotechniques,<br />

harmoniques, ou autres, propres <strong>à</strong> chacun des auteurs. J'ai signalé, par ces<br />

pointillés, seulement des syllabes qui, tel<strong>les</strong> des mots contrapuntiques, donnent<br />

une clarté, un parfum, une saveur <strong>à</strong> la ligne mélodique du texte; mais je n'ai pas<br />

tenu compte de ces jeux de syllabes pour mon inventaire des mots voisins.)<br />

Finalement, le lecteur dispose ainsi de trois groupes de textes<br />

Mt par rapport <strong>à</strong> Lc face <strong>à</strong> Mt par rapport <strong>à</strong> <strong>Mc</strong><br />

<strong>Mc</strong> " " " Mt " " <strong>Mc</strong> " " " Lc<br />

Lc " " " Mt " " Lc " " " <strong>Mc</strong><br />

RESULTATS<br />

Les résultats bruts sont donnés <strong>dans</strong> le tableau :<br />

Texte Nombre de Nombre de<br />

re-gardé mots mots communs<br />

du texte Mt <strong>Mc</strong> Lc<br />

Saint Matthieu Mt = 61 --- 31 26<br />

Saint Marc <strong>Mc</strong> = 99 31 --- 49<br />

Saint Luc Lc = 96 26 49 --<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 48 -<br />

Pour ramener ces valeurs <strong>à</strong> des résultats comparab<strong>les</strong>, j'ai calculé en<br />

pourcentages du 'texte re-gardé' :<br />

Texte Pourcentage de mots communs<br />

re-gardé Mt <strong>Mc</strong> Lc<br />

Saint Matthieu -- - 50.8 42.6<br />

Saint Marc 31,3 ----- 49.5<br />

Saint Luc 27,0 51.0 ----<br />

Ceci peut se lire de la façon suivante :<br />

Mt utilise 31,3 % des mots de <strong>Mc</strong> 27,0 % des mots de Lc<br />

Lc " 49,5 % " " <strong>Mc</strong> 42,6 % " " Mt<br />

Il y a donc une certaine corrélation entre ces divers textes et ils n'ont pas été<br />

écrits indépendamment <strong>les</strong> uns des autres.<br />

HYPOTHESE A<br />

On peut poser l'hypothèse suivante :<br />

50,8 % des mots de Mt ) proviennent de<br />

et )<br />

51,0 % des mots de Lc ) <strong>Mc</strong> premier ?<br />

a) <strong>Mc</strong> n'a pas pu s'inspirer de Mt, puisque seulement 31,3 % des mots de <strong>Mc</strong><br />

proviendraient d'un Mt (supposé) initial. <strong>Mc</strong> aurait donc dû recevoir des<br />

informations extérieures pour <strong>les</strong> 99-31 = 68 mots non-communs aux deux<br />

textes.<br />

b) Lc n'a pu de même s'inspirer de Mt puisqu'il lui aurait fallu recevoir des<br />

informations nouvel<strong>les</strong> pour 96-26 = 70 mots.<br />

c) Donc le texte de Mt ne peut avoir été écrit le premier.<br />

d) Il reste <strong>à</strong> analyser qui a été premier de <strong>Mc</strong> ou de Lc. Ces deux textes sont<br />

sensiblement de même longueur, puisqu'ils contiennent respectivement 99 et 96<br />

mots.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


HYPOTHESE B<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 49 -<br />

Contradictoirement avec l'hypothèse A ci-dessus, on peut aussi poser la<br />

deuxième hypothèse :<br />

42,6 % des mots de Mt ) proviennent de<br />

et )<br />

49,5 % des mots de <strong>Mc</strong> ) Lc premier ?<br />

a) Il faut d'abord noter que cette dernière formulation laisse apparaître des<br />

valeurs en baisse pour le nombre de mots 'empruntés' :<br />

en A : 50,8 et 51,0 % si <strong>Mc</strong> est premier<br />

en B : 41,6 et 49,5 % si Lc est premier.<br />

L'homogénéité des valeurs, <strong>dans</strong> l'hypothèse A, peut permettre de supposer<br />

que cette hypothèse a plus de chances d'être retenue comme vraie, car elle atteste<br />

que Mt et Lc se sont 'inspiré' <strong>à</strong> un même degré du texte de <strong>Mc</strong>. Il semblerait<br />

que Mt et Lc aient eu la même confiance en l'exactitude des récits de <strong>Mc</strong> et<br />

chacun, ayant retenu telle partie de la séquence de <strong>Mc</strong>, en a fait une présentation<br />

qui amène chaque écrivain <strong>à</strong> (enrober) avec d'autres mots.<br />

Cet (enrobage) représente, en Mt et en Lc, exactement 50% des mots : Mt et<br />

Lc connaissent donc pareillement l'exactitude du texte de Saint Marc (le texte est<br />

le récit VRAI des événements) et, de façon également semblable, n'ont pas<br />

connu la raison de certaines formu<strong>les</strong> rédactionnel<strong>les</strong> employées par Saint Marc<br />

(notamment, ils ne savent pas la raison d'une cruche d'eau).<br />

b) Si l'on suppose que l'hypothèse B soit vraie, on voit aussitôt qu'il faudrait que<br />

Mt invente 31-26 = 5 mots (ce qui représente un sixième des mots communs,<br />

mais aussi presque 10% de ses propres mots, et ceci supposerait que l'on ait,<br />

chronologiquement, l'ordre des écrits :<br />

(si B est vrai :) Lc (premier) <strong>Mc</strong> Mt (dernier).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 50 -<br />

L'analyse qui a été donnée au paragraphe 'Saint Luc', vers <strong>les</strong> débuts du<br />

présent chapitre, signale des faits textuels importants :<br />

a) Lc néglige le mot "prête" qui lui semble contradictoire avec l'ordre qui suit<br />

aussitôt : "Apprêtez pour nous !"; Lc, ne comprenant pas <strong>les</strong> usages des juifs<br />

pour le 'seder', omet l'adjectif qu'il a lu en <strong>Mc</strong>.<br />

b) Lc commente avec "le maître-de-maison de la maison" et Lc se réfère ici au<br />

texte de Mt : "... partez vers la ville auprès d'un tel...".<br />

c) Au début de la séquence, Lc commence son récit avec : "(Jésus) envoya<br />

Pierre et Jean, ayant dit : 'Ayant fait route, apprêtez pour nous la Pâque'.". Ceci<br />

renvoie au début de Mt : "Les discip<strong>les</strong> vinrent-auprès-de Jésus en disant : 'Où<br />

veux-tu que nous t'apprêtions <strong>à</strong> manger la Pâque ?'.".<br />

<strong>Mc</strong> commence comme Mt : "Ses discip<strong>les</strong> lui disent : 'Où veux-tu (que) nous<br />

éloignant nous apprêtions...'."<br />

Tout ceci peut se résumer schématiquement :<br />

Lc : Jésus envoie Pierre et Jean -<br />

<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> disent : Où... ?<br />

Mt : <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> viennent-auprès de Jésus<br />

et disent : Où... ?<br />

C'est <strong>à</strong> dire :<br />

Lc : l'initiative vient de Jésus<br />

Mt : l'initiative vient des discip<strong>les</strong>.<br />

Revenant <strong>à</strong> la formulation B ci-dessus, si elle est vrai, donc si on a :<br />

Lc (premier) <strong>Mc</strong> Mt (dernier)<br />

comment peut-il se faire que 'l'initiative de Jésus' (en Lc) ne soit jamais reprise<br />

ni par <strong>Mc</strong>, ni par Mt ?<br />

Je sais qu'il peut être répondu que la lexie "Et il envoya Pierre et Jean..." (Lc)<br />

pourrait être vue comme l'annonce de ce qui arrivera <strong>dans</strong> la séquence et comme<br />

une anticipation. Ceci est une hypothèse nouvelle qui, si elle était suivie,<br />

amènerait <strong>à</strong> considérer que l'ordre des lexies en Lc devient arbitraire et plus<br />

aucune lecture raisonnée ne serait possible. Or, je n'ai pas, en Lc, rencontré <strong>à</strong> ce<br />

jour d'autre lexie déplacée <strong>dans</strong> le temps d'une séquence.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


CONCLUSION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 51 -<br />

L'hypothèse B (= Lc 'premier') ne peut être retenue et il reste uniquement la<br />

seule hypothèse A, c. <strong>à</strong> d. :<br />

<strong>Mc</strong> = 'premier' texte<br />

L'analyse ci-dessus m'oblige également <strong>à</strong> admettre :<br />

Lc = 'postérieur' <strong>à</strong> Mt.<br />

Donc l'ordre des textes est :<br />

<strong>Mc</strong> : premier Mt Lc : dernier.<br />

REBONDISSEMENT<br />

Puisque <strong>Mc</strong> est premier, et puisque <strong>Mc</strong> écrivit que l'initiative appartient aux<br />

discip<strong>les</strong> : "Et, au premier jour des Azymes, lorsqu'on immolait la Pâque, SES<br />

DISCIPLES LUI DISENT ; 'Où veux-tu (que)... nous apprêtions afin que tu<br />

manges la Pâque'." (<strong>Mc</strong> XIV-12), comment se fait-il que Lc ait inversé <strong>les</strong> rô<strong>les</strong><br />

pour écrire : " Or vint le jour des Azymes auquel il fallait immoler-chaque-fois<br />

la Pâque. Et il envoya Pierre et Jean..." (Lc XXII-7 et 8) ?<br />

En effet, si on admet que Saint Luc ait connaissance de l'authenticité et de la<br />

précision du texte de Saint Marc, il semble y avoir une contradiction (ou une<br />

incohérence).<br />

Le lecteur re-gardera alors entre <strong>les</strong> divers emplois de la conjonction 'g; kai =<br />

et', laquelle ne sert pas <strong>à</strong> unir deux lexies successives mais, bien souvent,<br />

marque la simultanéité des faits. Cette conjonction se conduit comme sa<br />

correspondante de la langue hébraïque : voir l'analyse du premier chapitre de la<br />

Genèse(2); avec la simultanéité des créations, <strong>les</strong> "jours" n'étant que des faces<br />

diverses des Puissances (= de la Puissance) de Dieu(x).<br />

Pour celui qui connaît la précision du texte de Saint Marc, la lexie "ET il<br />

envoie deux de ses discip<strong>les</strong>" (XIV-13) est introduite par 'kai' et marque un<br />

événement simultané avec "ses discip<strong>les</strong> lui disent" et avec "ET il leur dit". Il est<br />

fort vraisemblable que Saint Luc n'a pas eu connaissance de cette finesse du<br />

texte de <strong>Mc</strong>.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 52 -<br />

Le lecteur se souviendra que Saint Luc a pu préciser que "deux de ses<br />

discip<strong>les</strong>" (<strong>Mc</strong> XIV-13) signifie "Pierre et Jean" (Lc XXII-8), parce que Saint<br />

Luc a une information nouvelle de quelqu'un connaissant l'événement. Saint Luc<br />

a donc raconté avec exactitude et <strong>dans</strong> l'ordre ce qui s'est passé. Mais Saint Marc<br />

(sauf le fait de ne pas citer <strong>les</strong> noms des deux discip<strong>les</strong>) n'a rien raconté d'autre.<br />

Même si la forme peut nous sembler différente, il faut resituer la succession des<br />

faits en regroupant en un même instant de très courte durée tout ce qui est lié par<br />

la conjonction 'g: kai = et'. Ainsi, l'objection soulevée au début du précédent<br />

paragraphe ne tient pas.<br />

ET tout ceci confirme la validité de la seule hypothèse A.<br />

UNE INFORMATION IMPORTANTE<br />

J'ai noté le texte suivant, car il apporte cette information que <strong>les</strong> habitants des<br />

régions de la mer de Galilée n'ont pas coutume de mettre <strong>à</strong> refroidir l'eau <strong>dans</strong><br />

une cruche pour la fête des Azymes. Peut-être est-ce l<strong>à</strong> l'information que <strong>les</strong><br />

apôtres ne connaissaient pas cet usage ? ... <strong>à</strong> moins que Judas ne soit du royaume<br />

du sud (Jérusalem), l<strong>à</strong> où l'on pratiquait de cette manière ? Et de plus ceci ne<br />

signifierait-il pas que Saint Matthieu et Saint Luc (ne connaissant pas cette façon<br />

de faire avec une cruche d'eau) seraient d'un pays situé soit en montagne, soit<br />

des régions de la mer de Galilée soit de l'au-del<strong>à</strong> vers le nord ?<br />

Voici le texte : 'Le lac de Génésareth prend son nom de la terre qui l'environne.<br />

Sa longueur est de cent stades, sa largeur de quarante et il n'y a point de rivières<br />

ni même de fontaines qui soient plus tranquil<strong>les</strong>. Son eau est très bonne <strong>à</strong> boire<br />

et très facile <strong>à</strong> puiser, parce qu'il n'y a, sur son rivage, qu'un gravier fort doux.<br />

Elle est si froide qu'elle ne perd pas même sa froideur lorsque ceux du pays,<br />

selon leur coutume, la mettent au soleil pour l'échauffer durant <strong>les</strong> plus<br />

grandes chaleurs de l'été.'.<br />

(Flavius Josèphe : La guerre des juifs contre <strong>les</strong> romains III-35)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 53 -<br />

Note 1 : préparatifs pour le seder = Page : 42<br />

L'hébreu m'a dit : dès le mois qui précède, on commence <strong>à</strong> nettoyer la maison<br />

<strong>à</strong> l'intérieur et au dehors. On lave, on récure, on fait resplendir. Puis, on sort <strong>les</strong><br />

matériels de cuisine réservés aux azymes, ceux qui ne touchent jamais un<br />

aliment qui serait fermenté, afin de chasser toute parcelle de levain. Alors déj<strong>à</strong> la<br />

chambre est "prête." (XIV-15)<br />

Avant de commencer <strong>les</strong> rites des azymes, on inspecte <strong>à</strong> nouveau la maison, le<br />

logement, la chambre où l'on va se réunir et on ramasse toute miette ou toute<br />

poussière qui aurait pu être contaminée par une fermentation. C'est ce que l'on<br />

appelle le rite d' "apprêter". (XIV-15)<br />

Dans la traduction proposée pour le verset (XIV-15), il a été écrit : "Et l<strong>à</strong>,<br />

apprêtez (le repas) pour nous", correspondant au texte grec : "kai ekei etoimasate<br />

emin". La parenthèse '(le repas)' représente <strong>les</strong> préparatifs de la table et des<br />

nourritures. Elle représente aussi tous <strong>les</strong> travaux <strong>à</strong> faire <strong>dans</strong> le temps d'avantrepas<br />

: nettoyage ultime et ramassage des miettes de tout ferment, purification<br />

rituelle spéciale préparant aux Azymes.<br />

Note 2 : la Genèse = Page : 51<br />

Au sujet de la lettre 'h: vav', se reporter au chapitre : 'Un Dieu nommé YHVH'.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIV-22 <strong>à</strong> 24)<br />

Ceci<br />

CECI<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 54 -<br />

CECI... EST MON CORPS /... EST MON SANG<br />

_______________<br />

Nous nous rappelons tous le texte du livre de l'Exode : 'Et tu raconteras <strong>à</strong> ton<br />

fils ce jour-l<strong>à</strong> en lui disant : C'est en vue de ceci que l'Eternel a fait pour moi<br />

quand je suis sorti d'Egypte'.<br />

Le mot 'g: touto = ceci' est <strong>dans</strong> le texte grec (= Septante) de ce passage de<br />

l'Exode : 'dia touto epoiese Kurios o Theos moi...'.<br />

En Saint Marc, <strong>à</strong> la Cène, Jésus dit :<br />

touto estin to sôma mou<br />

touto estin to aima mou<br />

Cette remarque est d'une extrême importance car le geste qui est 'fait' re-fait<br />

chaque fois 'dia touto', avec tout ce que la formule venue du livre de l'Exode<br />

contient.<br />

L'absence de 'dia' <strong>dans</strong> <strong>les</strong> deux paro<strong>les</strong> de Jésus devient la Présence réelle ;<br />

l'Eternel fait <strong>à</strong> ce moment, par SA Parole de Messie, un acte 'pour moi'.<br />

Je puis encore formuler d'une autre façon : l'absence de 'dia' est la Présence de<br />

Dieu et cette Présence est le 'faire = g: poieô' de Dieu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 55 -<br />

Pour offrir une conclusion empreinte de majesté <strong>à</strong> cette remarque, il suffit de<br />

poursuivre la lecture du livre de l'Exode :<br />

kai estai soi semeion epi tes cheiros sou<br />

'Et ce sera pour toi un signe sur ta main et un<br />

monument entre tes yeux... car c'est par une<br />

MAIN FORTE(1) que YHVH t'a FAIT<br />

sortir de l'Egypte.' (Exode XIII-9)<br />

'Ceci que l'Eternel a fait pour moi' est l'inclination et la sollicitude de Dieu afin<br />

de me tirer hors de la servitude de l'Egypte ; "Etends ta main", ce signe viendra<br />

'sur ta main'. Ce signe est celui de sa main forte, de cette même force par<br />

laquelle il t'a fait sortir d'Egypte.<br />

Dans le texte de Saint Marc, j'ai situé la séquence de la main desséchée <strong>à</strong><br />

proximité immédiate d'une première Pâque. Le transfert de 'ceci' vers la<br />

deuxième Pâque arrive <strong>à</strong> la Cène non plus avec le verbe 'faire = g: poieô' qui est<br />

l'inclination VERS, mais avec 'g: estin' disant l'ETRE = LA Présence de Dieu.<br />

L'humanité de Dieu éclate par son corps et son sang qui SONT <strong>dans</strong> un présent<br />

d'éternité (= le temps du verbe 'être' en grec).<br />

L'action passée 'a-fait = g: epoiese'; elle est projetée hors du temps <strong>dans</strong> 'g:<br />

estin = est'(2). Désormais, <strong>les</strong> fêtes de Pâque ne se succèderont pas l'une <strong>à</strong><br />

l'autre pour transmettre la mémoire d'un événement, car désormais toute Pâque<br />

'est' avec la même humanité présente d'un Dieu-Unique, Présence arrivée par SA<br />

dualité d'état : le corps et le sang.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 56 -<br />

Note 1 : main forte = Page : 55<br />

Dans le texte grec de la Septante, l'expression est rigoureusement la même en<br />

Exode (VI-1) et en Exode (XIII-9).<br />

Note 2 : 'g: estin = est' = Page : 55<br />

Voir ci-dessus "La Pâque (XIV-1 <strong>à</strong> 26)", au paragraphe 'sur le choix de<br />

l'agneau'.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIV-54)<br />

Le feu<br />

La lumière<br />

Prière<br />

LE FEU<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 57 -<br />

LE FEU ET LA LUMIERE<br />

_______________<br />

'YHVH parla <strong>à</strong> Moïse en disant : ... Voici la loi de l'holocauste... et voici la loi<br />

de l'oblation... Et, ce qui en reste, Aaron et ses fils le mangeront : il sera mangé<br />

comme azymes <strong>dans</strong> un lieu saint. C'est un rite éternel pour vos générations...<br />

Voici la loi de l'expiatoire... Le prêtre qui offre l'expiatoire en mangera. Dans un<br />

lieu saint, on en mangera, <strong>dans</strong> le parvis du Sanctuaire (g: en aule tes skenes tou<br />

marturiou = <strong>dans</strong> le palais de l'abri du Témoignage) c. <strong>à</strong> d. en un lieu saint (g; en<br />

topo agio). Tout ce qui en touchera la chair sera sanctifié (g: agiastesetai)...'<br />

Dans un lieu saint, appelé encore Sanctuaire, ils sont sanctifiés. Tout ce dont<br />

on ne mangera pas 'sera brûlé par le feu' (Lévitique VI-1 <strong>à</strong> 23). Ainsi, lorsque<br />

vient l'interdiction de manger <strong>les</strong> offrandes sanctifiées, il faut <strong>les</strong> détruire. Le rite<br />

du deuxième Temple met alors côte <strong>à</strong> côte : 'brûler par le feu' et 'Sanctuaire'.<br />

Dans le texte de Saint Marc, le mot 'Sanctuaire' attend, pour entrer en scène,<br />

qu'il y ait eu disparition du radical grec : 'pyr-', uniquement présent en première<br />

partie avec le feu (IX-22-43-48-49) et avec le verbe brûler (IV-6).<br />

Or le feu est présent en deuxième partie : il a été allumé par <strong>les</strong> valets (XIV-<br />

54), il permet de se chauffer et il donne la lumière. Ce feu qui 'perd' (IX-22) ce<br />

qu'on lui jette est un feu inextinguible (IX-43) et qui ne-s'éteint-pas (IX-48). Ce<br />

feu qui détruit tout permet, en venant <strong>dans</strong> le texte en (XIV-54), d'introduire côte<br />

<strong>à</strong> côte le 'Sanctuaire' et le verbe 'détruire'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 58 -<br />

Comme ces deux mots sont entendus par un dire de la hiérarchie juive, il y a<br />

une présentation faussée : "Nous l'avons-entendu dire : moi-je détruirai...<br />

Sanctuaire..." (XIV-58). Et, afin que nul n'ignore, le texte reprend ces mêmes<br />

mots <strong>dans</strong> un blasphème : "ô°(-toi) (qui-)détruis le Sanctuaire..." (XV-29)<br />

J'ai envie de crier aux grands-prêtres, aux anciens et aux scribes et de lancer <strong>à</strong><br />

la face du Grand Prêtre : c'est vous qui, <strong>dans</strong> le Sanctuaire, détruisez (ces pains)<br />

faits-de-main d'homme...<br />

Ceux qui blasphèment en affirmant qu'il veut détruire le Sanctuaire sont ceuxl<strong>à</strong><br />

mêmes qui disent <strong>à</strong> propos de la surabondance des pains-levés, <strong>à</strong> la veille de la<br />

fête des Azymes : 'Dans le Sanctuaire, elle sera brûlée au feu' (Lévitique VI-<br />

23).<br />

Cette analyse m'avait conduit <strong>à</strong> méditer que le mot 'Sanctuaire' ne pouvait<br />

arriver <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc que après l'unique présence du mot<br />

'lumière' puisque c'est au temps où la lumière est maximale <strong>dans</strong> la journée, <strong>à</strong><br />

midi (= la sixième heure) qu'il y a l'obligation de brûler <strong>les</strong> pains levés trouvés<br />

<strong>dans</strong> le Sanctuaire <strong>à</strong> la veille des Azymes.<br />

Lorsque j'ai vérifié, j'ai trouvé :<br />

XIV-54 la lumière,<br />

(puis :) XIV-58 détruire ce Sanctuaire-ci.<br />

Le texte approuve ainsi l'exégèse faite <strong>à</strong> partir de la fête des Azymes, c. <strong>à</strong> d. du<br />

rite de destruction de tous <strong>les</strong> pains levés.<br />

LA LUMIERE<br />

1.- Schéma<br />

a) XIV-54 : 'g: phôs = lumière' --- emploi UNIQUE en Saint Marc<br />

b) Le mot 'lumière' introduit le procès, ce qui oblige le verset (XIV-54) <strong>à</strong> être <strong>à</strong><br />

cette place et non pas, comme cela serait logique, juste avant (XIV-66).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 59 -<br />

c) Premier emploi de 'g: naos = Sanctuaire' en (XIV-58) <strong>à</strong> côté du verbe<br />

'détruire'. La place de ce premier emploi du mot 'Sanctaire' doit obligatoirement<br />

être située après le mot 'lumière'.<br />

d) XV-33 : (<strong>à</strong>) "la sixième heure une ténèbre arriva": l'importance de 'sixième' -<br />

la raison de la ténèbre.<br />

e) Entre début (XV-34) et fin (XV-36), il n'y a pas le verbe 'voir', sinon <strong>dans</strong> un<br />

dire de l'homme <strong>à</strong> l'éponge qui ne sera pas réalisé : "Voyons si Elie vient..."<br />

(XV-36). Il est évident que, pendant la ténèbre, personne ne peut rien 'voir'. Le<br />

verbe revient au verset (XV-39) après que le "rideau" tendu devant <strong>les</strong> yeux des<br />

juifs se soit déchiré; alors il y a : "le centurion... voyant que...".<br />

2.- Lumière<br />

Le feu allumé par <strong>les</strong> valets est désigné par le texte comme étant la lumière<br />

(c'est le seul emploi du mot 'g: phôs' <strong>dans</strong> tout le texte). J'ai vu, en ceci, une<br />

expression mystique juive, car la lumière correspond au mot hébreu 'or' venant<br />

de Genèse I : 'Et Dieu appela la lumière jour et l'obscurité, il l'a appelée nuit'<br />

(Genèse I-5). Le verbe appeler a - en hébreu - comme en français, un double<br />

sens : Dieu <strong>les</strong> appela : <strong>les</strong> nomma, mais aussi <strong>les</strong> appela <strong>à</strong> lui pour venir prendre<br />

en charge l'une le jour et l'autre la nuit. Le mot 'or' devient le maître de ce qui se<br />

voit durant le jour (= la certitude) opposé au non-vu de l'incertitude de la nuit.<br />

Et voici que, regardant le feu des valets, je pense <strong>à</strong> tous ces feux qui brûlent <strong>les</strong><br />

offrandes. J'ai dit déj<strong>à</strong> comment Jésus est le nouvel agneau immolé pour la<br />

Pâque. Conformément <strong>à</strong> la coutume, on l'a gardé le nombre de jours prescrits. Et<br />

'le jour même de votre offrande, elle doit être consommée ainsi que le lendemain<br />

et ce qui en restera jusqu'au jour' (Lévitique XIX-6). Le mot jour marque la<br />

limite pour la finale de la consommation et ce mot, en hébreu, est celui de la<br />

'lumière = h : or'.<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi je vois, <strong>dans</strong> cette unique apparition du mot 'lumière' <strong>dans</strong> le<br />

texte de Saint Marc grâce au feu des valets, l'annonce conforme <strong>à</strong> la prescription<br />

du Lévitique : voici bientôt la clarté de 'jour' qui approche; la lumière du jour va<br />

prendre le relais de la lumière du feu et Jésus, votre offrande, agneau de la<br />

Nouvelle Pâque, devra être sacrifié <strong>dans</strong> ce temps de lumière offerte au jour qui<br />

vient. Ainsi, le mot 'lumière = g: phôs' introduit le procès.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 60 -<br />

Alors j'ai vu <strong>les</strong> événements depuis le moment du feu de ces valets et lorsque<br />

l'obscurité viendra, tout sera fini, <strong>les</strong> hommes devront avoir terminé leurs rites<br />

de sacrifice; Jésus sera en Croix. Car cette obscurité qui vient, raccourcissant<br />

l'espace de lumière offerte au jour, c'est "la ténèbre" <strong>à</strong> la sixième heure. Cette<br />

nuit nouvelle ferme le temps permis pour le sacrifice. Les hommes ne peuvent<br />

plus rien : l'homme <strong>à</strong> l'éponge va courir en vain, il arrivera trop tard et son geste<br />

ne pourra pas être inclu avec <strong>les</strong> blasphèmes, <strong>les</strong> bafouements et <strong>les</strong> insultes, et<br />

tous <strong>les</strong> jeux de mascarade de la soldatesque. La ténèbre est la frontière<br />

cosmique. En-deç<strong>à</strong>, il y a le jour de la consommation. Au-del<strong>à</strong>, il y a deux<br />

événements = le cri entendu 'eloï' (lema sabactani) et le cri entendu pour<br />

convoquer Elie. Par le texte du Lévitique (XIX-6), <strong>à</strong> cause du mot 'lumière'<br />

arrivé par un feu de valets, ces deux cris ne participent plus au rite du sacrifice et<br />

le dire des juifs s'éteint <strong>dans</strong> l'au-del<strong>à</strong> du souffle du crucifié qui "expira". (XV-<br />

37)<br />

3.- La ténèbre<br />

L'analyse ci-dessus pose le feu des valets comme étant la lumière installée<br />

jusqu'<strong>à</strong> se lier <strong>à</strong> la lumière du jour qui vient. Durant cette lumière, doit avoir lieu<br />

le sacrifice-holocauste de l'agneau-Jésus. Dès que tout est installé et <strong>à</strong> la sixième<br />

heure c. <strong>à</strong> d. <strong>à</strong> l'heure de basculement de la journée, celle pour laquelle le soleil a<br />

fini sa montée et va commencer <strong>à</strong> descendre, Dieu étend un rideau sur <strong>les</strong> yeux<br />

de tous <strong>les</strong> hommes; ce rideau a pour nom : la ténèbre.<br />

C'est aussi l'au-del<strong>à</strong> du temps interdit aux hommes, pour tout sacrifice, car<br />

avant la nuit (ici : l'obscurité de la ténèbre) l'offrande (= l'agneau tué) doit être<br />

consommée. Durant trois heures, Dieu installe sa ténèbre et Israël (= le peuple<br />

élu, c. <strong>à</strong> d. mandaté pour agir au NOM de Dieu envers l'humanité toute entière)<br />

ne peut plus rien. Des juifs voudraient poursuivre leur action contre Jésusagneau<br />

offert en sacrifice. Avant l'obscurité, il y avait trois verbes : blasphémer<br />

- bafouer - insulter. Après la neuvième heure, Israël se croit obligé de poursuivre<br />

et ils disent : "...eloï = lema sabactani" et ils 'l'entendent' convoquer Elie. Or le<br />

rideau d'obscurité que Dieu a étendu sur eux enlève, au nom de Lévitique<br />

(XIX-6), toute valeur <strong>à</strong> l'acte de ces juifs. C'est faussement qu'ils répandirent<br />

le bruit du reniement comme c'est en vain qu'il tendit son éponge. Nous sommes<br />

en un temps où l'action d'Israël se trouve disqualifiée. L'offrande est<br />

consommée. La ténèbre qui est obscurité cosmique abolit tout acte, tout geste,<br />

toute intervention d'Israël.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 61 -<br />

C'est un temps où demeure le Seul vouloir de Dieu, Unique décision de<br />

l'Unique. Le Dieu-Incarné est en Croix. S'il en décide, il peut, d'un souffle,<br />

monter par la nuée ou descendre de la Croix. Les juifs qui sont l<strong>à</strong> ne verront rien<br />

et ne pourront pas entendre, car règne la ténèbre. Dieu-Homme va-t-il rester en<br />

croix jusqu'<strong>à</strong> une mort humaine ? Celui qui subitement arriva sur le bord de la<br />

mer de Galilée va-t-il faire que cette Croix arrive subitement vide ?<br />

Le texte a répondu : "laissant une grande voix, Jésus expira". Dieu a voulu être<br />

son humanité jusque <strong>dans</strong> l'au-del<strong>à</strong> humain de chaque homme : il a traversé la<br />

mort humaine.<br />

Aussitôt le rideau de cette ténèbre qui avait marqué la fin du temps des rites<br />

pour Israël se déchire par le rideau du Sanctuaire. J'admire la structure :<br />

(XIV-54) le feu installe le jour :<br />

le temps du sacrifice jusqu'<strong>à</strong> la consommation :<br />

acte rituel des juifs.<br />

(XV-33) la ténèbre arrive :<br />

fin du temps précédent et...<br />

fin de l'intervention rituelle des juifs.<br />

(ici :) (XV-37) Dieu seul va décider !<br />

"Or Jésus... expira."<br />

(XV-38) le rideau du Sanctuaire fut déchiré :<br />

un temps nouveau offert aux nations;<br />

Israël déchu du titre de peuple élu.<br />

Alors : un des nations peut parler :<br />

le centurion dit la VERITE :<br />

Vraiment... fils d'Elohim !<br />

Pour que cela arrive ainsi, il fallait que des valets installent 'la lumière'. Cette<br />

lumière : Israël, serviteur-élu de Dieu, n'a pas su la gérer.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


PRIERE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 62 -<br />

Avec Saint Hippolyte (env. 210 après J.C.) j'ai prié : 'Si tu es chez toi, prie <strong>à</strong> la<br />

troisième heure et loue Dieu... car, <strong>à</strong> cette heure, on a vu le Christ attaché au<br />

bois... Prie également <strong>à</strong> la sixième heure car, quand le Christ fut attaché au bois<br />

de la croix, ce jour fut interrompu et il se fit une grande obscurité... On fera aussi<br />

une grande prière et une grande louange <strong>à</strong> la neuvième heure...' (in : Tradition<br />

apostolique, document unique datant des débuts de l'ère chrétienne et donnant<br />

des directives sur l'organisation et le fonctionnement de l'église. La citation cidessus<br />

vient au chapitre intitulé : Du moment où il faut prier).<br />

On prendra alors note des trois temps de prière :<br />

<strong>à</strong> la troisième heure le milieu de la matinée<br />

<strong>à</strong> la sixième heure <strong>à</strong> midi<br />

<strong>à</strong> la neuvième heure le milieu de l'après-midi.<br />

Je note simplement que la première prière vient avec la lumière, celle-ci étant<br />

la nuit allumée par <strong>les</strong> valets avec leur feu; la deuxième est <strong>à</strong> l'heure de la pleine<br />

clarté du soleil, c. <strong>à</strong> d. au début de la ténèbre obscurcissant <strong>les</strong> yeux des juifs; la<br />

dernière est <strong>à</strong> l'heure de la mort alors que la ténèbre s'efface devant la lumière<br />

revenue pour ce qui sera bientôt le crépuscule.<br />

Ainsi, la clarté au Golgotha est inverse de celle du jour quotidien tel qu'il fut<br />

créé pour le grand luminaire en Genèse I.<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


O DIEU !<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 63 -<br />

Aide-moi <strong>à</strong> vivre en plénitude ces journées inversées afin que, ici, depuis le<br />

jaune éblouissant de l'aube jusqu'au sombre violet du soir, je puisse servir mes<br />

frères, tout en vivant, intensément avec Toi, la lumière renversée de cette<br />

journée du Golgotha :<br />

avant l'aube :<br />

<strong>à</strong> la lumière d'un feu projetant, sur <strong>les</strong> murs du palais :<br />

<strong>les</strong> ombres des valets,<br />

le m i d i :<br />

<strong>dans</strong> la nuit...<br />

en fin d'après-midi :<br />

<strong>à</strong> la lumière qui, sur <strong>les</strong> trois croix levées éclaire :<br />

<strong>les</strong> ombres de la mort.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIV-53 <strong>à</strong> 72)<br />

Pierre et le Grand Prêtre<br />

Présentation<br />

Dans le palais<br />

L'abolition de la loi<br />

Le Dire de Jésus<br />

Le Dire du Grand Prêtre<br />

La puissance du possible<br />

Les paro<strong>les</strong> de Pierre<br />

Présentation<br />

Réflexion sur Pierre <strong>à</strong> Césarée<br />

Une servante<br />

Ceux qui étaient-présents<br />

Extase du mot 'homme'<br />

Pierre a entendu<br />

Prophétise !<br />

Et il pleurait<br />

Arithmétique théologique<br />

Le Béni<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 64 -<br />

P I E R R E<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


PIERRE ET LE GRAND PRETRE<br />

Présentation<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 65 -<br />

Lecteur ! Je veux t'offrir une autre manière de lire le texte <strong>à</strong> partir du temps des<br />

verbes. Pour cela, je me suis penché sur le cas de Pierre et j'ai lu :<br />

"Et Pierre, de-loin, le (= Jésus qu'on amène) suivit jusqu'au-de<strong>dans</strong> vers le<br />

palais du Grand Prêtre" (XIV-54).<br />

Voici que j'entends ce texte d'une façon nouvelle : avec qui Pierre veut-il s'en<br />

aller ? Est-ce vraiment avec Jésus que l'on vient de 'saisir' (XIV-46) ou plutôt ne<br />

serait-ce pas avec ce Grand Prêtre qui attire <strong>à</strong> lui tout le monde : "tous <strong>les</strong><br />

grands-prêtres et <strong>les</strong> anciens et <strong>les</strong> scribes" avec l'unanimité et la fascination<br />

pour tous ?<br />

Qu'en est-il de Pierre ? lui que je croyais un peu comme le grand-prêtre du<br />

groupe des Douze, car <strong>à</strong> Césarée il fut le seul <strong>à</strong> parler et, <strong>à</strong> la Transfiguration, il<br />

fut - encore - le seul <strong>à</strong> parler. Le "Grand Prêtre des Douze" serait-il fasciné par le<br />

Grand Prêtre des juifs ? Y a-t-il, entre eux, une similitude d'idées ? Pensent-ils,<br />

l'un comme l'autre, en bons juifs, attendant la venue en puissance et en gloire du<br />

Messie ?<br />

Ils sont deux juifs de culture sémitique, sinon du même milieu social, ayant en<br />

commun la bible hébraïque. Quelle intelligence en ont-ils, l'un et l'autre ?<br />

Dans le palais<br />

J'en étais l<strong>à</strong> de ma réflexion lorsque je fus saisi par le bruit qui se faisait "aude<strong>dans</strong>,<br />

vers le palais du Grand Prêtre" : "beaucoup" (XIV-56) disaient des<br />

choses; "quelques-uns" (XIV-57) se levèrent et dirent d'autres choses.<br />

Finalement, le Grand Prêtre se lève lui aussi et sa voix couvre celle de tous : "Tu<br />

ne réponds rien ?" (XIV-60).<br />

Subitement, tous entendent un silence immobile : "et il ne répondit rien" (XIV-<br />

61). Le Grand Prêtre DOIT parler, puisqu'il est LE Grand Prêtre; il interroge<br />

Jésus : "Toi, es-tu le Messie, le Fils du Béni ?". Tous écoutent (religieusement).<br />

"Or Jésus dit° : 'Je suis. Et vous verrez le Fils de l'homme assis <strong>à</strong> la droite de la<br />

Puissance et venant avec <strong>les</strong> nuées du ciel'." (XIV-62).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 66 -<br />

Lorsque Dieu a parlé la Parole, il n'est plus possible au Grand Prêtre de parler.<br />

Or, étant le chef de tous, il doit pourtant occuper l'espace sonore : alors il<br />

déchire° ses vêtements et c'est le verbe grec dia-rhessô qui provoque le bruit<br />

<strong>dans</strong> le texte, par l'onomatopée. Le bruit de cette déchirure a une puissance<br />

semblable <strong>à</strong> celui qui arrive au moment du baptême. Dieu avait déchiré <strong>les</strong><br />

cieux (I-10) afin de pouvoir parler : "Toi tu es mon Fils, le Bien-Aimé...". Le<br />

texte, très soucieux de respect, ne mélange pas ces deux déchirures. Quand Dieu<br />

déchire, c'est le verbe schizô et ce mot reviendra <strong>à</strong> la mort de Jésus, pour le<br />

rideau du Sanctuaire (XV-38).<br />

Voil<strong>à</strong> pourquoi, au-de<strong>dans</strong> du palais, il y a une déchirure° avec le verbe diarhessô<br />

: ce n'est pas une déchirure divine.<br />

L'abolition de la loi<br />

Le Grand Prêtre déchire et le silence qui a servi d'écrin <strong>à</strong> la parole de Dieu se<br />

trouve déchiré. Le Grand Prêtre peut parler. Alors il abolit la loi des deux ou<br />

trois témoins telle que le Deutéronome l'avait fixée :<br />

'Pourquoi avons-nous encore besoin de témoins(1) ?'.<br />

Le bruit et le brouhaha reviennent par "tous" (XIV-65) et le tohu-bohu arrive.<br />

Tout recommence et ce petit monde des juifs "au-de<strong>dans</strong>, <strong>dans</strong> le palais du<br />

Grand Prêtre" est en train de revivre un temps d'avant la Création(2) (cfr :<br />

Genèse I-1).<br />

Il y avait eu alors le tohu-bohu suivi de la parole de Dieu. Dans le palais du<br />

Grand Prêtre, en fin de tintamarre, j'ai entendu un mot (3), un seul, qu'ils disent<br />

<strong>à</strong> Dieu : "Prophétise !" (XIV-65).<br />

Le Dire de Jésus<br />

Le lecteur incroyant pourra se demander pourquoi arrive ici une telle demande<br />

de prophétie. Dans ce qui suit aussitôt, le texte exécute un virage et revient au<br />

passé avec la prophétie dite <strong>à</strong> Pierre au sujet d'un coq, ce qui est une manière fort<br />

simpliste de conforter le mot 'prophétie'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 67 -<br />

Mais le lecteur ouvert <strong>à</strong> la foi entendra le verset (XIV-65) comme la projection<br />

vers le futur de la dernière parole de Jésus dite peu auparavant au Grand Prêtre :<br />

Je suis (c'est le verbe <strong>à</strong> un présent d'éternité)<br />

et vous verrez (c'est le futur qui est <strong>dans</strong> le temps d'éternité)<br />

le Fils de l'homme<br />

assis (c'est <strong>à</strong> dire : qui sera assis un futur)<br />

et venant (c'est <strong>à</strong> dire : qui viendra un futur)<br />

Ainsi je lis ce texte :<br />

"Je suis..." = l'Unité (= l'unicité) du temps présent, un temps qui est celui de<br />

Dieu, donc qui n'est d'aucun temps humain, qui est l'éternité comme aussi le<br />

présent, donc qui est la certitude. C'est la réalité de la Parole (= le Dire du<br />

Messie : la prophétie).<br />

"... et vous verrez... assis... venant..." = <strong>les</strong> trois verbes au futur avec la<br />

certitude de l'aboutissement, puisqu'il y a trois.<br />

Le Dire du Grand Prêtre<br />

Alors le Grand Prêtre déchire° ses tuniques et parle avec un verbe au temps<br />

présent : "Pourquoi avons-nous encore besoin...", puis aussitôt il utilise un verbe<br />

au passé : "Vous avez-entendu...", afin que chacun comprenne bien son mode de<br />

pensée. Ce verbe au passé le conduit <strong>à</strong> une conclusion par un verbe au présent :<br />

"Vous avez-entendu... Quoi vous paraît-il ?" (XIV-64)<br />

La puissance du possible<br />

Le Grand Prêtre définit son engagement et sa conduite par rapport au passé,<br />

alors que Jésus installe son présent en vue de l'avenir. Et <strong>à</strong> moi :<br />

que m'importent le passé et tout ce que j'ai fait...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 68 -<br />

... ma puissance n'est-elle pas <strong>dans</strong> mon possible ?, <strong>dans</strong> ce que je ferai (= un<br />

verbe au futur) et non pas <strong>à</strong> cause de ce que j'ai déj<strong>à</strong> fait, mais simplement en<br />

conséquence de ce que "je suis" (= le verbe au présent) (XIV-62).<br />

Naguère j'ai longuement marché avec eux tous, le-long-de la mer (I-16), <strong>dans</strong><br />

le pays-d'alentour entier de la Galilée (I-28), au-milieu des régions de la<br />

Décapole (VII-31) et, avec <strong>les</strong> apôtres, j'ai reçu la puissance de l'entendre (= un<br />

sourd et bègue : VII-35) et du voir (= l'aveugle de Beth-Saïde : VIII-25).<br />

Avec eux j'ai entendu la Confession de Césarée; avec trois d'entre eux j'ai vu<br />

la Transfiguration. Comme nous descendions de la montagne (cfr : IX-9), nous<br />

vîmes une foule nombreuse autour des discip<strong>les</strong> (cfr : IX-14). Un homme (IX-<br />

17) avait amené son fils qui avait un esprit-sans-parole et sourd et le père (IX-<br />

21) demandait le secours de Jésus. Or celui-ci lui dit :<br />

"Tout (est) possible <strong>à</strong> celui qui a-foi" (IX-23)<br />

Que m'importe mon passé et ce que j'ai pu faire ? Ma puissance est ma foi, et<br />

elle est mon possible !<br />

LES PAROLES DE PIERRE<br />

Présentation<br />

Pierre est entré <strong>dans</strong> le palais et il s'est "assis-ensemble avec <strong>les</strong> valets en se<br />

chauffant auprès de la lumière" (XIV-54).<br />

Il y a aussitôt le silence de Pierre avec, en face :<br />

(grands-prêtres et sanhédrin entier ) ( ils témoignent<br />

3 (beaucoup ) (<br />

(puis quelques-uns ) ( contre Jésus<br />

(le Grand Prêtre interroge (XIV-60) Jésus se tait<br />

3 (le Grand Prêtre interroge (XIV-61) Jésus prophétise<br />

(le Grand Prêtre conclut.. (<strong>à</strong> trois) aboutissement.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 69 -<br />

Tous le condamnent étant coupable de mort. "Et <strong>les</strong> valets le prirent avec des<br />

gif<strong>les</strong>" (XIV-65). Le texte ferme la séquence avec <strong>les</strong> valets. Ceux-ci, n'étant que<br />

deux fois <strong>dans</strong> la totalité du texte de Saint Marc, n'aboutissent <strong>à</strong> rien; il leur<br />

aurait fallu venir une troisième fois pour réaliser quelque chose : ainsi le veut<br />

une des lois régissant le texte. Leurs gif<strong>les</strong> ne servent <strong>à</strong> rien. Or Pierre est<br />

toujours avec eux, <strong>à</strong> regarder, auprès de la chaleur.<br />

Quand tous ces gens ont porté des témoignages qui ne concordaient pas, car ils<br />

"n'étaient pas égaux" (XIV-56), Pierre n'a rien dit. Est-ce parce qu'on n'a pas<br />

interrogé <strong>les</strong> valets ? car eux aussi ne disent rien ! Pourtant Pierre n'était pas très<br />

"loin" (XIV-54) et il doit avoir tout entendu. En effet, Pierre est venu se chauffer<br />

"auprès de la lumière" (XIV-54), car le feu éclaire. Mais il n'illumine jamais<br />

loin, <strong>à</strong> quelques mètres tout au plus. Ou alors, est-il venu simplement pour se<br />

faire voir lui, Pierre, au-milieu des valets ? Or il ne dit rien ! Pierre a-t-il<br />

vraiment foi en ce qu'il a dit, naguère <strong>à</strong> Césarée : "Toi, Tu-es le Messie" (VIII-<br />

29), ou encore, doute-t-il ? Pierre est juif et, comme tous <strong>les</strong> juifs, il a une<br />

(certaine) connaissance de la Bible. Le Grand Prêtre aussi est un juif, mais il est<br />

le premier de toute la hiérarchie du Temple : donc il est l'Autorité et le garant de<br />

l'orthodoxie. Pierre n'est-il pas venu <strong>dans</strong> le palais pour entendre la décision<br />

du Grand Prêtre ?<br />

Réflexion sur Pierre <strong>à</strong> Césarée<br />

La question de la nature de la foi en Pierre se pose aussitôt, ce qui m'oblige <strong>à</strong><br />

retourner vers <strong>les</strong> villages de Césarée de Philippe. Jésus "interrogeait ses<br />

discip<strong>les</strong> en leur disant : 'QUI <strong>les</strong> hommes... disent-ils moi être ?'." (VIII-27).<br />

Ceux-ci dirent : "Jean-le-Baptiste, autres : Elie. OR d'autres : l'un des prophètes<br />

(VIII-28).<br />

Alors Jésus "<strong>les</strong> interrogeait : OR vous-mêmes, qui dites-vous moi être ?".<br />

"Répondant, Pierre lui dit : Toi, Tu-es le Messie" (VIII-29)<br />

Jésus n'a pas interrogé Pierre tout seul; il a interrogé "ses discip<strong>les</strong>" (VIII-27)<br />

et le texte revient, avec intention, en précisant : "Et lui LES interrogeait" (VIII-<br />

29). Jésus interroge donc sur l'opinion des discip<strong>les</strong>.<br />

Pierre répond et aucun autre ne dit mot. Pourtant, depuis très longtemps, je sais<br />

qu'il n'y a pas l'unanimité parmi eux. Lorsque Jésus <strong>les</strong> a choisis, ils étaient onze<br />

<strong>à</strong> avoir un seul nom, et le douzième avait deux noms : ce fut "celui qui aussi le<br />

livra" (avec l'étrangeté du mot "aussi").<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 70 -<br />

Or <strong>les</strong> onze ne sont pas homogènes. Simon change de nom, son frère André<br />

conserve le sien. Ils étaient frères, ils sont cités séparément. Jacques et Jean<br />

acquièrent ensemble un même nouveau nom. Jacques, deuxième du nom, est<br />

identifié en tant que le (fils) d'Alphée. De celui-ci, nous ne savons rien sinon<br />

qu'il est le père de Lévi et j'ai retenu que Lévi et Jacques pouvaient être un seul<br />

et même personnage, ce qui apporterait un publicain au-milieu de quatre<br />

pêcheurs de poissons, d'un zélote et des autres. Ainsi, il y a beaucoup de raisons<br />

pour que <strong>les</strong> Douze n'aient pas, au même moment, une même conviction sur le<br />

rôle messianique de Jésus.<br />

En outre, une autre question doit être posée. A Césarée, Jésus interroge "ses<br />

discip<strong>les</strong>" (VIII-27) et il n'est nulle part précisé que <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> soient<br />

uniquement <strong>les</strong> Douze (qu'il nomma aussi apôtres) (III-14). Le mot 'g: mathetes<br />

= discip<strong>les</strong>' n'est pas utilisé au moment du choix des Douze (III-13 <strong>à</strong> 19), ni lors<br />

de l'envoi en mission (VI-30 et 31), alors que le texte a précisé <strong>les</strong> Douze (VI-7)<br />

et <strong>les</strong> apôtres (VI-30) identifiant ainsi ceux qui partirent en mission et ceux qui<br />

en revinrent.<br />

Tout ceci m'amène <strong>à</strong> penser que parmi "ses discip<strong>les</strong>", il y avait certaines<br />

divergences d'idées. A Césarée, "répondant", Pierre seul a osé prendre la<br />

parole et il a dit la vérité. Quelques instants plus tard, <strong>à</strong> la Transfiguration, Pierre<br />

osera encore parler et le texte tiendra <strong>à</strong> commenter : "il ne savait pas ce-qu'il<br />

avait répondu" (IX-6), ce qui installe un doute sur le contenu de la réponse<br />

donnée <strong>à</strong> Césarée. Il m'est difficile de conclure que la parole dite <strong>à</strong> Césarée soit<br />

l'expression réfléchie de l'intime conviction de Pierre.. peut-être est-elle<br />

simplement la pensée de l'ensemble (= la majorité) des discip<strong>les</strong> ? Dépassant <strong>les</strong><br />

prophètes anciens, Jésus leur apparaît sans doute comme le prophète des<br />

prophètes. Peuvent-ils identifier Jésus au Messie que <strong>les</strong> juifs attendent ? Le mot<br />

'g: christos = messie' est <strong>à</strong> son premier emploi <strong>à</strong> Césarée (VIII-29), car je ne puis<br />

retenir sa venue en (I-1) autrement que comme un mot mis <strong>dans</strong> un titre donné <strong>à</strong><br />

toute l'oeuvre de Saint Marc. Le fait que le mot 'Messie' apparaisse <strong>à</strong> son premier<br />

emploi réel (VIII-29) m'interdit de mettre <strong>dans</strong> la réponse de Pierre tout ce que<br />

je puis savoir par ailleurs au sujet du 'Messie'.<br />

Pour Pierre (et le Grand Prêtre) :<br />

Qui et Quel Homme devait être ce Messie ?<br />

Qui et Quel Homme est ce Jésus ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Une servante<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 71 -<br />

Comme <strong>les</strong> valets, la servante ne vient que deux fois <strong>dans</strong> tout le texte; elle<br />

n'est qu'un moyen et n'aboutit <strong>à</strong> rien. Elle "dit" deux fois, car deux fois elle a<br />

'vu' (XIV-67 et XIV-69). Ses paro<strong>les</strong> couvrent la totalité de l'espace car elle dit :<br />

être avec : (Tu-)étais avec le nazarénien le Jésus !<br />

être hors de : Celui-ci est (l'un) hors°-d'eux !<br />

Entre ces deux paro<strong>les</strong> de la servante, Pierre s'est senti très proche de Jésus "et<br />

il sortit au-dehors" (XIV-68).<br />

La parole de la servante va le poursuivre jusque <strong>dans</strong> "le vestibule". A-t-elle<br />

dit, simple parole, tu es hors°-d'eux car tu es bien l'un du groupe des Douze ou<br />

Pierre entend-il déj<strong>à</strong> en lui le heurt de ce "hors°-d'eux" lui faisant constater sa<br />

marginalité : il est "au-dehors" physiquement et, en criant : "Je ne sais, ni n'ai<br />

idée-de ce que toi tu dis", prend-il conscience qu'il s'exclut, se mettant 'hors°-' du<br />

groupe ? La servante disparaît ensuite.<br />

Ceux qui étaient - présents<br />

L'expression désigne un groupe informel de gens qui sont l<strong>à</strong> soit par fonction,<br />

soit par curiosité, ou encore par hasard. La servante leur a parlé par sa deuxième<br />

parole, puisque Pierre avait nié lors de son questionnement. Les questions<br />

glissent insensiblement de l'identité vers l'anonymat de ceux qui interrogent.<br />

C'était une servante du Grand Prêtre.<br />

Voici des gens venus on ne sait d'où. Ils usent de leur anonymat pour poser <strong>à</strong><br />

Pierre une question évoquant son identité : "Tu-es aussi galiléen", mais<br />

commencée par l'invocation <strong>à</strong> la vérité : "En-vérité ..." et reprenant le mot<br />

fonde-ment du dire de la servante, qui a une double signification pour Pierre :<br />

"Tu es hors°-d'eux !".<br />

La question est précise et provoque Pierre <strong>à</strong> faire sa propre déclaration<br />

d'identité. Il répond faussement sur l'identité de Jésus : "Je ne sais pas cet<br />

homme-ci que vous dites !".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Extase du mot 'homme'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 72 -<br />

Ici, il me faut m'arrêter. Le mot 'g: anthrôpos = homme' vient d'être utilisé avec<br />

la négation qui doit, selon <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> usuel<strong>les</strong> du texte, l'anéantir. Lecteur ! Tu<br />

iras <strong>dans</strong> le Lexique consulter ce mot et tu t'apercevras qu'il revient encore une<br />

fois, en apothéose, avec le centurion : "En-vérité celui-ci l'homme Fils de-le<br />

Dieu était" (XV-39).<br />

La parole du centurion est la réponse directe au reniement :<br />

Pierre : Je ne sais pas cet homme-ci...<br />

le centurion : Celui-ci l'homme était Fils de Dieu !<br />

Le centurion dit : 'g: alethôs = en-vérité' (XV-39) et ceux qui étaient-présents<br />

ont introduit leur question par ce même mot 'alethôs' (XIV-70). Or, il n'y a pas<br />

d'autre emploi de ce mot !<br />

PIERRE A ENTENDU<br />

Pierre est très respectueux de la hiérarchie juive. Lui que j'ai appelé "le grand<br />

prêtre des Douze" a un grand respect pour la structure religieuse juive. Sait-il<br />

qu'il est impossible de construire quelque chose sur le terrain mouvant de la<br />

contestation ? Ce n'est pas lui qui osa poser <strong>à</strong> Jésus <strong>les</strong> questions dites par Boan-<br />

Ergès :<br />

a) "Maître, nous-avons-vu quelqu'un chasser des démons par ton nom et<br />

nous l'empêchions..." (IX-38) = un mouvement de représaille envers celui qui<br />

"ne nous suivait pas" (Jean).<br />

b) "Maître, nous voulons que tu fasses pour-nous ce-quoi nous te demanderons..."<br />

(X-35) : la primauté de siéger <strong>à</strong> son côté "l'un <strong>à</strong> ta droite et l'un <strong>à</strong><br />

gauche" (Jacques et Jean).<br />

Mais Pierre a su dire : "Voici : nous, nous avons tout laissé et nous t'avons<br />

suivi" (X-28) et ce langage est parole d'abbé (= 'abba' : le père de la<br />

communauté). Pierre n'a rien dit de plus et il ne remet pas en cause un passé<br />

accompli. Jésus venait de dire : "Tout (est) possible pour Dieu" (X-27) et<br />

j'entends l'intervention de Pierre comme étant la réponse directe : 'Voici, nous,<br />

nous sommes totalement disponib<strong>les</strong> !'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 73 -<br />

Alors, au moment où Jésus est amené auprès du Grand Prêtre, Pierre "le suivit<br />

jusqu'au-de<strong>dans</strong>, vers le palais" car il voulait savoir quel serait le comportement<br />

de la hiérarchie juive = le Grand Prêtre, c. <strong>à</strong> d. l'Autorité, garante de l'orthodoxie.<br />

Pierre va voir quelques-uns se lever, puis entendre des faux-témoignages, voir<br />

le Grand Prêtre se lever, enfin entendre la question :<br />

(XIV-61) SU EI O CHRISTOS ?<br />

o uios tou eulogetou ?<br />

Toi, es-tu le Messie ?<br />

le Fils du Béni ?<br />

Pierre a bien entendu ! Le Grand Prêtre vient de poser la question avec <strong>les</strong><br />

mêmes mots, ceux-l<strong>à</strong> que Pierre avait dits <strong>à</strong> Césarée alors que Jésus l'avait<br />

interrogé :<br />

"OR vous-mêmes : QUI dites-vous moi être ?"<br />

Répondant, Pierre lui dit :<br />

"SU EI O CHRISTOS !" (VIII-29)<br />

Pierre a entendu et tout s'écroule en lui, car le hasard des mots ne peut être un<br />

hasard. Le Grand Prêtre, le Sanhédrin, <strong>les</strong> grands-prêtres, <strong>les</strong> anciens, <strong>les</strong><br />

scribes, <strong>les</strong> témoins devenus inuti<strong>les</strong>, la Puissance niée, <strong>les</strong> nuées occultées, <strong>les</strong><br />

crachats, le visage recouvert, <strong>les</strong> soufflets, <strong>les</strong> gif<strong>les</strong>.. VERS quel<strong>les</strong> prophéties ?<br />

PROPHETISE !<br />

Pierre a tout entendu et le heurt des bruits, des paro<strong>les</strong>, des cris, des<br />

vociférations, mélange tout en lui. Qu'est devenue l'Autorité du Pontife suprême,<br />

le Grand Prêtre ? Où est passée la garantie d'orthodoxie interprétée par <strong>les</strong><br />

scribes, confortée par <strong>les</strong> anciens, dite par <strong>les</strong> grands-prêtres et homologuée par<br />

eux tous réunis <strong>dans</strong> "le Sanhédrin entier" (XIV-55) ? Tout finit <strong>dans</strong> le tohubohu<br />

qui abolit la Loi et idolâtre Dieu. Les nuées du ciel sont immobilisées alors<br />

que des tuniques de prêtre sont déchirées°. Jusqu'au mot 'g: blasphemia =<br />

blasphème' qui profite de l'occasion pour venir, <strong>à</strong> son troisième emploi, apporter<br />

comme en aboutissement une ultime injure obligeant tous <strong>à</strong> LE condamner<br />

coupable de mort !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 74 -<br />

Alors réapparaît un mot qui fut cautionné par le prophète Isaïe : le verbe<br />

'prophétiser'. Le roi Hérode avait entendu, jadis, que "on disait (en parlant de<br />

Jésus)... : c'est un prophète comme l'un des prophètes" (VI-14 et 15). Le Grand<br />

Prêtre va entendre, ici, quelques-uns dire : "Prophétise !" (XIV-65).<br />

Or Pierre vient de prêter attention aux paro<strong>les</strong> tombées par hasard de la<br />

bouche du Grand Prêtre : SU EI O CHRISTOS...? Ce sont <strong>les</strong> mêmes mots que<br />

lui, Pierre, disait <strong>dans</strong> la région de Césarée de Philippe. QUI est alors le vrai<br />

prophète ? Le Grand Prêtre parle des mots qui ne peuvent être l<strong>à</strong> par<br />

hasard. Si Dieu l'a inspiré, comment a-t-il pu, ensuite, abolir la Loi et<br />

immobiliser Dieu <strong>dans</strong> le temps du passé en niant le futur (= vous verrez...<br />

sera assis... venant...), refusant ainsi <strong>à</strong> Dieu tout mouvement (Son ETRE qui est<br />

EL = Dieu).<br />

Pierre ne comprend pas. Cette parole : "SU EI O CHRISTOS" bourdonne en<br />

lui. A Césarée de Philippe, Jésus interrogeait (un verbe utilisé deux fois) et<br />

surtout il avait renvoyé la question :<br />

umeis de tina me legete einai ?<br />

Vous-mêmes OR qui moi dites(-vous) être ?<br />

Pourquoi alors Jésus n'a-t-il pas posé cette même question au Grand Prêtre :<br />

Toi-même, or, qui toi dis(-tu) moi être ? Entendant la réponse, Pierre aurait su.<br />

Au lieu de cela, Jésus a prophétisé (= employé le futur pour <strong>les</strong> verbes) en projetant<br />

(= accélérant) <strong>les</strong> événements vers l'avenir : "Vous verrez... (sera) assis...<br />

et venant...".<br />

Et voici que quelques-uns commencent <strong>à</strong> employer trois verbes contre Jésus :<br />

cracher... recouvrir le visage... souffleter... afin que l'arrivée du quatrième<br />

verbe marque la plénitude du défi :<br />

" P r o p h é t i s e ! "<br />

Pierre ne comprend plus rien. Une servante du Grand Prêtre vient et lui parle<br />

par une parole disant comme Pierre "était" (c. <strong>à</strong> d. : est toujours !) membre du<br />

groupe des Douze : "Toi aussi, (tu-)étais avec le nazarénien Jésus !" (XIV-67).<br />

Pierre comprend de moins en moins et n'a-pas-idée-de ce qu'elle peut dire.<br />

La servante "de nouveau"... et Pierre "de nouveau"... (XIV-70). Alors "ceux<br />

qui étaient-présents disaient..." (cfr : XV-35) et Pierre commença <strong>à</strong> jurer : "Je ne<br />

sais pas 'cet homme-ci' ...", parole qui amènera plus tard un centurion <strong>à</strong> définir<br />

'celui-ci l'homme' (XV-39).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 75 -<br />

"Et aussitôt..." = le temps s'est arrêté car la réponse de Pierre oblige <strong>à</strong><br />

l'événement : "un coq convoqua". Pierre entend, car il est convoqué devant le<br />

coq-juge. Il vient successivement de noter :<br />

- la parole qu'il a dite <strong>à</strong> Césarée oracle du Grand Prêtre !<br />

- des paro<strong>les</strong> dites <strong>à</strong> la montagne<br />

des oliviers oracle par Jésus !<br />

- trois paro<strong>les</strong> provocantes :<br />

"une des servantes" <strong>à</strong> Pierre<br />

"la servante " <strong>à</strong> ceux - présents<br />

et ceux-présents <strong>à</strong> Pierre.<br />

- <strong>les</strong> trois aboutissant <strong>à</strong>... oracle par un coq !<br />

Voici venir un temps où la parole de Dieu, passant par un Grand Prêtre<br />

abolissant la Loi aboutit... <strong>à</strong> un coq ! Sont-ce l<strong>à</strong> <strong>les</strong> "signes et prodiges pour<br />

provoquer-l'égarement" ? (XIII-22).<br />

Il y a peu de temps Pierre et Jacques et Jean et André avaient interrogé Jésus<br />

"en propre" (XIII-3) : "Quoi pour le signe que toutes ces-choses-l<strong>à</strong> seront-sur-lepoint<br />

de se consommer ?" (XIII-4). "Or Jésus commença <strong>à</strong> leur dire... 'JE SUIS<br />

(XIII-5)... Et alors on verra le Fils de l'homme en venant <strong>dans</strong> <strong>les</strong> nuées avec<br />

Puissance nombreuse et Gloire (XIII-26) '.". Puis il leur avait dit : "Veillez ! car<br />

vous ne savez pas quand° le Seigneur de la maison vient... ou le-soir°... <strong>à</strong><br />

minuit... au chant-du-coq ... ?" (XIII-35). Or voici le temps du chant-du-coq,<br />

car : "un coq convoqua" (XIV-72).<br />

Peu après la Cène, ils étaient sortis "vers la montagne des Oliviers... Or Pierre<br />

déclara : 'Même si tous sont-scandalisés... mais pas moi !' Et Jésus : '... Toi...<br />

cette nuit-ci, avant que° deux-fois un coq convoque, trois-fois tu me renieras'."<br />

(XIV-29 et 30).<br />

Lecteur, tu reliras au lexique <strong>les</strong> deux emplois ( le premier et l'avant-dernier)<br />

du verbe 'scandaliser' et tu comprendras le désespoir de Pierre, car ce sont, l<strong>à</strong><br />

aussi, deux prophéties que Jésus leur a dites.<br />

"Même <strong>les</strong> esprits-impurs" (I-27),<br />

et le Grand Prêtre aussi,<br />

"même le vent et la mer" (IV-41),<br />

et le coq, par deux-fois, "<br />

L U I obéissent ! " (I-27 et IV-41).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 76 -<br />

Alors Pierre a compris.Pourquoi a-t-il douté ? Pourquoi a-t-il "suivi jusqu'aude<strong>dans</strong>,<br />

vers le palais", l<strong>à</strong> où il cherchait la lumière car il voulait comprendre ?<br />

ET IL PLEURAIT !<br />

"Où étais-je ? Je l'ignorais.<br />

Et, cependant, introduit l<strong>à</strong>,<br />

Sans savoir où je me trouvais,<br />

Je compris de très grandes choses.<br />

D'en parler, je suis incapable...<br />

Je ne pus que balbutier...<br />

C'est l<strong>à</strong> cette nuée ténébreuse<br />

Qui donne lumière <strong>à</strong> la nuit<br />

Celui qui, par elle, est instruit<br />

Reste toujours en ignorance<br />

Sa précédente connaissance<br />

N'est plus que bassesse <strong>à</strong> ses yeux."<br />

(Frère Jean)<br />

"Et, jetant-son-attention-sur-cela,<br />

"IL PLEURAIT"<br />

(XIV-72)<br />

Après avoir posé cinquante-deux fois le mot 'anthrôpos' <strong>dans</strong> son texte (voir<br />

le paragraphe ci-dessous sur l'Arithmétique théologique), Saint Marc l'annule<br />

par le dire de Pierre : "Je ne sais pas 'cet homme-ci' que vous dites". Mais Dieu<br />

n'a pas voulu qu'il en fût ainsi. Celui qui vient de s'annuler par sa propre parole<br />

est Pierre lui-même qui n'osera plus se montrer <strong>dans</strong> le texte. Un coq va<br />

'convoquer', le mot qui a servi en (IX-35) quand Jésus, "s'étant-assis...<br />

convoqua <strong>les</strong> Douze" pour juger ceux qui venaient de se disputer en chemin <strong>les</strong>uns-avec-<strong>les</strong>-autres.<br />

Le coq devient le juge et Pierre "jetant-son-attention-surcela...PLEURAIT"<br />

(XIV-72). Le verbe est <strong>à</strong> un temps qui est celui pour l'action<br />

non finie. A partir de ce verset (XIV-72), et <strong>à</strong> cause d'un coq, Pierre va pleurer<br />

longuement, durant tout ce qui suit. Le verbe 'g: klaiô = pleurer' reviendra en<br />

(XVI-10) pour relancer <strong>les</strong> pleurs. C'était <strong>à</strong> cause de Marie-Madeleine <strong>à</strong> qui<br />

Jésus est apparu. Elle s'en-va pour annoncer "<strong>à</strong> ceux qui avaient été avec lui<br />

(donc <strong>à</strong> Pierre et aux autres) qui s'affligeaient et qui pleuraient..." (XVI-10).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 77 -<br />

Pierre, entre <strong>les</strong> versets (XIV-72) et (XVI-10) est resté <strong>à</strong> pleurer et, par-del<strong>à</strong><br />

l'annonce de Marie-Madeleine, il continue <strong>à</strong> pleurer, car le verbe klaiô est<br />

revenu au temps de l'inaccompli, pour relancer <strong>les</strong> pleurs.<br />

Quant au verbe 'g: phoneô = convoquer', il terminera sa vie lamentablement.<br />

Il était entré <strong>dans</strong> le texte avec un esprit-impur qui, <strong>à</strong> Capharnaüm, convoquait<br />

d'une grande voix (I-26). Il va disparaître <strong>à</strong> Jérusalem, <strong>à</strong> la Croix, lorsque<br />

"quelques-uns... disaient : 'Voici ! Il convoque Elie !'." (XV-35). Injure et défi,<br />

dérision et blasphème, triste fin pour le verbe 'convoquer' qui est si beau <strong>à</strong><br />

entendre lorsqu'il est chant du coq.<br />

Un instant encore, ô lecteur ! As-tu bien relu ce verset (XV-35), <strong>à</strong> la Croix ?<br />

L'esprit-impur convoquait d'une grande voix (I-26) et voici qu'après le<br />

blasphème de la convocation d'Elie, "Jésus, laisant une grande voix, expira"<br />

(XV-37).<br />

As-tu bien relu le verset (XV-35) ? Car il y avait : "et quelques-uns de-ceuxqui<br />

étaient-présents"...<br />

Or, tout a commencé, de notre méditation du texte et de notre extase de<br />

l'homme, <strong>à</strong> cause de "ceux qui étaient-présents" qui s'adressèrent <strong>à</strong> Pierre :<br />

"En-vérité (XIV-70)...".<br />

En-vérité, celui-ci l'homme était Fils de Dieu !<br />

ARITHMETIQUE THEOLOGIQUE<br />

1.- Ami lecteur, tu vois combien ce texte se manifeste de façon très remarquable.<br />

Je vais te proposer une lecture singulière. Tu vas faire comme j'ai fait, afin de<br />

découvrir la puissance du mot 'g: anthrôpos'. Prenant le lexique, tu compteras<br />

le nombre des emplois <strong>dans</strong> la partie du texte AVANT et aux alentours du verset<br />

(XIV-62) qui est prophétie dite par le Messie au Grand Prêtre du Temple de<br />

Jérusalem.<br />

Tu trouveras :<br />

homme (seul)<br />

(1° partie :) 31 + (2° partie :) 8 + 2 (XIV-71) et (XV-39)<br />

Fils de l'homme<br />

(1° partie :) 9 + (2° partie :) 4 + 1 (XIV-62).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 78 -<br />

Ainsi, <strong>dans</strong> tout ce qui est situé avant (XIV-62), il y a en tout :<br />

(31 + 8) + (9 + 4) = 52 emplois du mot 'anthrôpos'.<br />

2.- Ensuite, tu te souviendras que <strong>les</strong> mots, en hébreu, ont une équivalence avec<br />

<strong>les</strong> nombres puisque chaque lettre représente un chiffre (il n'y a pas, en hébreu,<br />

de signes distincts pour écrire <strong>les</strong> chiffres et on écrit avec des lettres. En latin, on<br />

a semblablement : M = mille, C = cent, X = dix, etc...).<br />

Or le mot 'Fils' se dit 'h: ben'; comme il est composé des lettres <br />

(valeur = 2) et (valeur = 50), le mot 'h: ben = Fils' a pour valeur<br />

numérique : 2 + 50 = 52. (Voir aussi <strong>dans</strong> le Lexique la note 3 sur le mot commencement).<br />

3.- Alors tu verras la Transfiguration du mot 'g: anthrôpos = homme'.<br />

Jésus, qui est Messie, s'est défini dès le verset (II-10) en faisant arriver pour<br />

son premier emploi "le Fils de l'homme (= celui qui) a l'autorité d'effacer des<br />

péchés sur la terre". Le texte a entendu et va s'appliquer <strong>à</strong> utiliser le mot<br />

'homme' cinquante-deux fois, ce qui est la valeur du mot 'Fils'.<br />

Or, lecteur, tu te demandes pourquoi cette césure au verset(XIV-62) ? Arrivant<br />

<strong>à</strong> ce verset, tu as entendu la prophétie dite par Jésus <strong>à</strong> toute la hiérarchie juive.<br />

La scène se passe au coeur du palais du Grand Prêtre et ils sont "tous" (XIV-53)<br />

présents. Jésus leur dit ce qu'est (ou : sera, puisque le futur vaut le présent<br />

d'éternité) le Fils de l'homme : "JE-SUIS et vous verrez le Fils de l'homme<br />

assis <strong>à</strong> la droite de la Puissance et venant avec <strong>les</strong> nuées du ciel" (XIV-62).<br />

Le mot 'homme' viendra encore deux fois au texte :<br />

Pierre : Je ne sais pas 'CET HOMME - CI' (XIV-71)<br />

le centurion : ET moi, je sais 'CELUI-CI L'HOMME' :<br />

(c'est) LE FILS DE DIEU (XV-39)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 79 -<br />

4.- Je vois ainsi l'arrangement de ces trois citations :<br />

XIV-62 Jésus met au centre de sa prophétie "le Fils" (valeur = 52)<br />

XIV-71 Pierre ne sait pas "cet homme-ci" nombre d'emplois = 52)<br />

XV-32 Le centurion définit "celui-ci l'homme" : (valeur = 52)<br />

"c'est "le Fils" (valeur = 52).<br />

Lecteur ! Ne vois <strong>dans</strong> tout ceci qu'une lecture poétique se révélant en forme<br />

du jeu d'un nombre. Et puis, est-ce simplement... un hasard ?<br />

5.- Ecrivant tout ceci, l'exégète a entendu en lui-même une question nouvelle :<br />

qu'en est-il de l'emploi du mot "Fils"(4) ? Ayant une grande foi au texte, il a<br />

prophétisé - pour lui-même - ce qu'il allait trouver quelques instants plus tard : le<br />

mot 'g: uios = Fils' arrive :<br />

XIV-61 le seul emploi de : 'Fils du Béni' =<br />

la question posée par le Grand Prêtre <strong>à</strong> Jésus<br />

XIV-62 le dernier emploi de : 'Fils de l'homme' =<br />

"Vous verrez le Fils de l'homme..."<br />

XV-39 le dernier emploi de : 'Fils de Dieu' =<br />

"En-vérité, celui-ci l'homme était Fils de Dieu !".<br />

Ainsi ai-je entendu cette Trinité d'expressions :<br />

le Grand Prêtre interroge Es-tu le Fils du Béni ?<br />

le Messie prophétise Vous verrez le Fils de l'homme<br />

l' homme dit Cet homme était Fils de Dieu !<br />

6.- Le paragraphe ci-dessus n'a pas satisfait le kabbaliste et il a continué <strong>à</strong><br />

chercher. Puis il m'a dit : n'as-tu pas remarqué que l'expression 'Fils du Béni' ne<br />

vient qu'une seule fois <strong>dans</strong> tout le texte ? Et comme elle vient en conclusion de<br />

tous ces divers emplois du mot 'fils' que tu n'as pas répertoriés par ailleurs sous<br />

<strong>les</strong> rubriques de 'Fils de Dieu' et de 'Fils de l'homme', tu compteras et tu verras<br />

Il y a en tout dix-huit fois le mot 'g: uios = fils' (voir <strong>dans</strong> le Lexique).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 80 -<br />

Avec un sourire énigmatique, le kabbaliste ajouta : Et, bien entendu, <strong>à</strong> la dixhuitième<br />

fois (<strong>à</strong> cause du nombre des dix-huit bénédictions = une prière<br />

fondamentale des juifs que Jésus récitait), arrive 'le Fils du Béni !<br />

7.- Alors je lui ai répondu : le 'Fils du Béni' résulte du mot 'g: eu-logeô = bénir'<br />

et, si je compte <strong>les</strong> six emplois de 'eu-logeô' y ajoutant l'emploi unique de 'kateu-logeô<br />

= bénir-avec-louange', il y a sept emplois dont le dernier est <strong>dans</strong> la<br />

question de Grand Prêtre : Es-tu le Messie, le Fils du Béni ?. Or, sept est le<br />

nombre du serment : "serment juré <strong>à</strong> notre Père Abraham".<br />

8.- Le kabbaliste reprit aussitôt la parole : ainsi, il y a trois nombres qui jouent<br />

un grand rôle <strong>dans</strong> cette région du texte :<br />

52 : le "Fils" : c'est aussi le nombre d'emplois du mot 'homme' et enfin c'est<br />

le double de 26 qui est la valeur de 'Y+H+V+H'.<br />

18 : la bénédiction qui est la préparation du mot 'Béni".<br />

7 : le serment : 'celui-ci l'homme = Fils du Béni' : Dieu-Incarné.<br />

Puis, avec un sourire qui n'est d'aucun temps et qui est sourire de Dieu, il me<br />

dit : Et il y a, surtout, le nombre fondamental qui est l'Unique.<br />

Le mot "béni" vient sous la forme 'g: eu-logetou' <strong>dans</strong> l'expression 'o uios tou<br />

Eulogetou = le Fils du Béni' (XIV-61). A son septième emploi, le verbe se<br />

transforme et s'installe <strong>dans</strong> l'état nominal. C'est l'Unique fois que cela se<br />

produit <strong>dans</strong> tout le Nouveau Testament.<br />

L'exégète crut bon de répondre que, selon lui, <strong>dans</strong> l'Ancien Testament...<br />

Finalement, l'exégète et le kabbaliste tombèrent d'accord pour terminer le<br />

présent paragraphe par la ligne ci-dessous, <strong>à</strong> la suite des trois lignes plus haut,<br />

plénitude de la série nouvelle des nombres :<br />

52 - 18 - 7 - 1<br />

1 = l'Unique , c'est le Béni .<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 81 -<br />

9.- Aussitôt, nous étant-levés au-milieu, le kabbaliste, l'exégète et moi, nous<br />

disions en criant :<br />

LE BENI<br />

Baroukh Shem kevod malkouto le-olam vaëd !<br />

(Voir lectio divina du verset XI-9)<br />

1.- Pendant longtemps, je me suis demandé pourquoi le texte avait été incité <strong>à</strong><br />

employer un NOM pour Dieu aussi inattendu, jusqu'<strong>à</strong> ce que je sente le besoin<br />

d'imaginer, si j'étais le Grand Prêtre, quel Nom je devrais employer. Alors j'ai<br />

pris conscience que le Grand Prêtre est, d'abord, le prêtre le plus élevé <strong>dans</strong> la<br />

hiérarchie du Temple. Il ne peut donc pas dire :<br />

- Kurios = le Dieu d'Amour, car l'amour n'a aucune place au-milieu des cris et<br />

des faux-témoignages<br />

- Theos = le Dieu de Rigueur ou encore la Justice, car nous sommes <strong>à</strong> un<br />

temps où la justice des juifs est bafouée par la suppression de l'obligation des<br />

témoins.<br />

Il ne restait plus au Grand Prêtre qu'<strong>à</strong> choisir parmi tous <strong>les</strong> autres Noms de<br />

Dieu, mais beaucoup ne pouvaient être retenus <strong>à</strong> cause de la situation <strong>à</strong> cet<br />

endroit du texte :<br />

- Shaddaï = est celui qui se fait voir... donc peut-être ce Jésus<br />

- la "Couronne" ou le "Trône" = aurait suggéré que 'cet homme' pourrait être<br />

"Roi d'Israël" (cfr : XV-32)<br />

- l' "Eternel" = ne se dit pas <strong>à</strong> un homme que l'on offre <strong>à</strong> la mort<br />

- le "Créateur" ou le "Bâtisseur" = sont tous deux impensab<strong>les</strong> après ce qui a<br />

été dit sur la reconstruction du Temple au bout de trois jours (XIV-58)<br />

- Quant <strong>à</strong> dire la "Lumière" = alors que la nuit est obscure, <strong>à</strong> peine éclairée par<br />

la chaleur du feu...<br />

Le Grand Prêtre aurait pu, aussi bien, finir sa phrase <strong>dans</strong> un souffle inaudible.<br />

Chaque année, au jour du pardon, il entre au Saint des Saints pour implorer le<br />

pardon du (Tétragramme) en faveur du peuple d'Israël et il doit prononcer en<br />

sons inaudib<strong>les</strong> le nom Sacré. Le souffle est alors l'invocation <strong>à</strong> Dieu pour qu'il<br />

pardonne. "En-vérité", le Grand Prêtre ne peut pas interroger Jésus destiné <strong>à</strong> la<br />

mort en disant le nom du pardon !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 82 -<br />

Il reste un seul mot possible, car il n'est pas le Nom d'une action attribuée <strong>à</strong><br />

Dieu. En disant "le Béni", c'est l'identification de Celui que l'on prie par le cri<br />

qui est moyen de la prière, car la bénédiction est parole d'humains qu'ils<br />

adressent <strong>à</strong> Dieu : la foule bénit Celui qui la bénit. Le Grand Prêtre, qui est aussi<br />

LE liturgiste du Temple, choisit alors le premier mot de l'incantation criée,<br />

chaque jour, plusieurs fois, par la foule :<br />

Baroukh Shem... Béni le Nom... et il dit : "le Béni".<br />

Réponse de Jésus<br />

Le Grand Prêtre a hésité <strong>à</strong> choisir le mot qui soit un Nom pour Dieu. Alors<br />

qu'il veut parler du 'Messie, le Fils de Dieu', il dit l'inattendu : "Fils du Béni".<br />

"Or Jésus dit : Vous verrez...<br />

... le Fils de l'homme... (= c'est "le Messie", <strong>dans</strong> la parole du Grand Prêtre)<br />

... assis <strong>à</strong> la droite de la Puissance<br />

et venant avec <strong>les</strong> nuées du ciel" (XIV-62)...<br />

... et ce sont TROIS Noms pour Dieu.<br />

(Voir notamment <strong>dans</strong> le Lexique chacun de ces trois mots, ainsi que <strong>les</strong> mots<br />

'sagesse'(5) et 'tonnerre').<br />

2.- Voici que, un assez longtemps après avoir écrit le paragraphe ci-dessus, je<br />

me sens obligé de revenir sur cette expression : "le Fils du Béni". L'occasion<br />

m'en est donnée par une découverte nouvelle (voir 'le charpentier' <strong>à</strong> la note 1).<br />

Le mot 'père' a été "laissé" au verset (X-29), mais le texte ne l'a pas réintroduit<br />

au verset (X-30) et il a attendu l'entrée <strong>à</strong> Jérusalem pour qu'il soit 'crié' par tous<br />

ces gens qui précédaient et qui suivaient Jésus : "Béni soit le Règne qui vient...<br />

de notre PERE David" (XI-10). Il s'agit l<strong>à</strong> du DIX-HUITIEME emploi du mot<br />

'père' et j'ai montré combien le nombre 'dix-huit' est intimement lié <strong>à</strong> l'idée de<br />

bénédiction (= la prière des dix-huit bénédictions, prière quotidienne de tout juif,<br />

bien avant le temps de Jésus, déj<strong>à</strong>).<br />

Bien évidemment, le 'Père' représente, d'abord, Dieu-le-Créateur, mais, pour le<br />

texte de Saint Marc, et <strong>à</strong> cause du verset (XI-10), le 'père' est aussi David-le-<br />

Créateur du royaume d'Israël. Aussi j'entends la question dite par le Grand Prêtre<br />

comme chargée d'un sens nouveau.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 83 -<br />

Tous ont entendu :<br />

"Toi, es-tu le Messie, le Fils du Béni ?"<br />

ce qui - pour eux - doit signifier quelque chose comme :<br />

'Toi, es-tu le Messie, celui qui doit venir ?'<br />

et que j'entends :<br />

"Toi, es-tu le Messie, le Fils de David ?"<br />

car, comme le Grand Prêtre, je sais que :<br />

"<strong>les</strong> scribes disent que le Messie<br />

est Fils de David" (cfr : XII-35)<br />

Le texte conclut aussitôt :<br />

"Or Jésus dit° : 'Moi, JE-SUIS'." (XIV-62)<br />

Ce résultat montre, une nouvelle fois, que l'exégèse doit être conduite avec<br />

prudence et minutie. Relisant ce que j'ai écrit au paragraphe 1 ci-dessus, tu<br />

noteras, ô lecteur, mon hésitation au départ (= je me suis demandé pourquoi...) et<br />

ma conclusion première avec la 'sagesse'. Or, ne voici-t-il pas que, <strong>dans</strong> la réalité<br />

de l'histoire d'Israël, le vrai Fils de David fut Salomon, c. <strong>à</strong> d. 'la Sagesse' ! Jésus<br />

est-il perçu comme le nouveau Salomon, car après la Loi et <strong>les</strong> Prophètes, vient<br />

la Sagesse ?<br />

3.- Les résultats de l'exégèse doivent toujours, <strong>dans</strong> le cas de Saint Marc,<br />

être confrontés aux lois du texte afin de vérifier leur cohérence avec le<br />

commentaire.<br />

Le verbe 'g: eu-logeô = bénir' est employé au total six fois, en deux séries de<br />

trois emplois :<br />

a) pour le pain :<br />

VI-41 première multiplication des pains<br />

VIII-7 deuxième multiplication des pains<br />

(et, <strong>à</strong> trois, l'aboutissement avec :)<br />

XIV-22 "du pain... Ceci est mon corps" (la Cène).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


) en relation avec David :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 84 -<br />

XI-9 Béni soit... ...celui qui vient !<br />

XI-10 Béni soit... le Règne de notre père David !<br />

(et, <strong>à</strong> trois, l'aboutissement avec :)<br />

XIV-61 "Toi, es-tu... ...le Fils du Béni ?"<br />

c) Le lecteur constate, ici, le strict respect de la loi du texte avec la proposition<br />

d'une relation entre : (a) le pain et (b) David. Déj<strong>à</strong> ceci a été dit aux versets (II-<br />

25 et 26) lorsqu'il était question de 'manger <strong>les</strong> pains de proposition'. Une<br />

confirmation vient par le verbe 'manger = g: esthiô' qui est présent, lui aussi,<br />

aux côtés du pain :<br />

VI-42 "Et tous mangèrent et furent rassasiés."<br />

VIII-8 "Et ils mangèrent et furent rassasiés."<br />

XIV-22 "Et, comme ils mangeaient, ayant pris du pain..."<br />

(ce qui est le dernier emploi du mot 'manger').<br />

4.- Quant au texte, il sourit en lisant mon écrit, car, en (II-26), il y a eu<br />

l'expression 'manger <strong>les</strong> pains de proposition' avec le mot 'proposition = g:<br />

pro-thesis'. Ce mot est d'un emploi unique <strong>dans</strong> tout le texte de Saint Marc, car<br />

il ne peut y avoir qu'une proposition qui tienne : celle aboutissant <strong>à</strong> manger le<br />

pain qui est son corps.<br />

De - quelle - taille (ces) pierres ?<br />

Pourquoi cette intervention de "l'un des discip<strong>les</strong> de lui" ? (XIII-1) Quel en est<br />

le sens ? Quelle raison... et quel enseignement ?<br />

Précédant peu ce verset, il y a "<strong>dans</strong> le Temple" (XII-35) un enseignement de<br />

Jésus ayant permis au texte d'écrire TROIS fois le Nom de David; pour montrer<br />

avec détermination combien le texte n'y est pour rien, celui-ci rapporte<br />

simplement des paro<strong>les</strong> dites par Jésus :<br />

il y a, ici, la volonté de Dieu de se faire entendre directement :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 85 -<br />

"... <strong>les</strong> scribes disent le Messie est Fils de David...<br />

o Christos uios David<br />

" Lui, David a dit° l' Esprit-Saint...<br />

en tô pneumati tô agiô<br />

" Lui, David le dit Seigneur..."<br />

autos David legei auton Kurion<br />

Je note aussitôt que "Seigneur" étant l'Unique, n'a pas d'article défini; je note la<br />

Trinité; je note que <strong>les</strong> deux autres personnes de la Trinité : Esprit-Saint et<br />

Messie ont l'article défini et ceci est conforme <strong>à</strong> ce que l'Eternel (= son Messie) a<br />

dit en (XII-29) : "Kurios eîs estin = Seigneur est Unique"...(...sans l'article !).<br />

(Récemment, 'il' me disait que le message de Saint Marc parlait d'un Dieu en<br />

forme de dualité et qu'il ne s'y trouvait pas l'idée de Trinité. Voici que par David<br />

et des scribes, au travers de la Parole du Messie (Jésus = Dieu-Incarné), la<br />

Trinité est nettement énoncée... comme le fut le Décalogue, le Shema Israël, le<br />

commandement du Lévitique.<br />

Or celui qui parle la Parole est Dieu Lui-même !)<br />

Aussitôt après ces versets (XII-35 <strong>à</strong> 37), Jésus est assis (XII-41) (ce qui est très<br />

rare <strong>dans</strong> ce texte où l'on est sans cesse en mouvement). En-face, il y a la salle<br />

du Trésor et <strong>les</strong> deux sous d'une-unique pauvre veuve.<br />

Ces "pierres", ces "bâtiments" (XIII-1) pourraient, très simplement, afficher<br />

l'immense richesse du trésor; la réponse de Jésus apparaît comme très réaliste<br />

car, même sans être prophète, il est facile de prophétiser que le milliard de<br />

francs-or (voir lectio divina pour le verset XII-41) ne tiendra pas éternellement<br />

en-face-des deux sous de la misère humaine : quel<strong>les</strong> révoltes, quels pillages,<br />

quel<strong>les</strong> révolutions détruiront <strong>à</strong> nouveau ce Temple de l'or et de l'argent ?<br />

Une telle lecture me semble trop simpliste et elle n'apporte rien que d'évident<br />

et de logique... Elle n'explique pas <strong>les</strong> trois mentions du nom de David !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 86 -<br />

Je confie l'histoire de David <strong>à</strong> mon lecteur. Qu'il se rappelle comment celui-l<strong>à</strong><br />

a fondé "la ville de David" (= Jérusalem), y acheta une aire (= un silo ) un rocher<br />

percé d'une cavité pour y mettre le blé - voir (II-23) - afin de préparer <strong>les</strong> pains<br />

de (II-26). David réalisa l'unité d'Israël et réunit <strong>les</strong> douze tribus autour de<br />

Jérusalem et de cette esplanade qui deviendra bientôt un Temple de grandes<br />

pierres, d'argent, de colonnes, de cèdre, d'olivier, de sculptures... David y installa<br />

la royauté et seule la dynastie de David garantira la continuité de l'Alliance entre<br />

Dieu et son peuple. David a été "oint" (le mot veut dire 'béni' et revient en XIV-<br />

61). Celui qui rétablira la puissance d'Israël sera "oint" et il acceptera ces<br />

'structures' de pierres et ces grands bâtiments. Comme David fut proclamé le fils<br />

adoptif d'Israël, celui qui doit venir sera de même manière proclamé "Fils de<br />

David".<br />

Le disciple... <strong>les</strong> pierres, <strong>les</strong> bâtiments... David avec son aire, et le Fils de<br />

David (= Salomon) qui construisit le Temple... Le Temple sera rasé : "Il ne sera<br />

pas laissé ICI pierre contre pierre" (XIII-2). Jésus refuse-t-il la structure ?<br />

Le Messie est Fils de David... et d'où (= comment) est-il son Fils ? Jésus s'asseoit<br />

"vers la montagne des Oliviers, juste-en-face-du Temple" (XIII-3). Le<br />

Temple est donc devant lui, et ceci signifie que le Temple entre déj<strong>à</strong> <strong>dans</strong> le<br />

passé car ce qui est devant est visible et connu, donc <strong>dans</strong> le temps du passé.<br />

Déj<strong>à</strong> tout arrive comme si le Temple n'existait plus, comme s'il était "détruit"<br />

(XIII-2).<br />

Alors Jésus leur parle un nouveau temps et il le dit avec le présent éternel de<br />

Dieu : "Je suis" (XIII-6), qui introduit le futur pour <strong>les</strong> hommes qui regarderont<br />

(cfr : XIII-5).<br />

David avait fondé <strong>les</strong> royaumes d'Israël par douze régions; le Fils de David va<br />

être le fondateur du Royaume de Dieu avec <strong>les</strong> Douze trônes : "Et il fit Douze<br />

(qu'il nomma aussi 'apôtres')" (III-14).<br />

Et tout cela, le Grand Prêtre l'a parfaitement compris car <strong>les</strong> scribes, ceux-l<strong>à</strong><br />

qui disent que le Messie est Fils de David, ces scribes lui ont dit. Or, d'où seraitil<br />

le Fils de David, lui qui a prophétisé qu'il ne sera pas laissé - du Temple i c i<br />

<strong>à</strong> Jérusalem - pierre contre pierre qui ne soit détruite" (XIII-2). Quelques-uns<br />

porteront ce témoignage contre lui : "Nous l'avons-entendu dire : moi-je<br />

détruirai ce Sanctuaire..." (XIV-58) et le Grand Prêtre lui demandera : "Es-tu le<br />

Messie, le Fils de David (= le Béni) ?" (XIV-61). Lorsqu'il aura répondu : "Je<br />

suis", il n'y aura plus besoin de témoins, car le Fils de David ne peut envisager la<br />

destruction du Temple sans blasphémer David, donc la royauté d'Israël, donc<br />

l'Alliance, donc Dieu...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 87 -<br />

Et tout cela suggère de plus en plus : "L'un des discip<strong>les</strong> de lui" ne peut pas<br />

être n'importe qui des Douze... et la question n'est pas simple hasard, mais<br />

directe conséquence de ce qu'il vient d'enseigner <strong>dans</strong> le Temple :<br />

"Comment <strong>les</strong> scribes disent-ils que :<br />

le Messie est : Fils de David ?".<br />

Le disciple sait que LUI est le Messie : il l'a vu réveiller la jeune-fille morte,<br />

resplendir avec Elie et Moïse, agir par son Nom et, au moment où il semble<br />

s'asseoir face <strong>à</strong> la gloire (cfr : X-37) du Trésor (XII-41), Jean dit la force et la<br />

grandeur du Temple de David : "Maître ! Vois de-quelle-taille (ces) pierres...<br />

(ces) bâtiments !" (XIII-1).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 88 -<br />

Note 1 : témoins = Page : 66<br />

Le Grand Prêtre supprime, pour Israël, l'obligation d'avoir au moins deux<br />

témoins. Le texte sait écouter et prendre acte ; il vient d'utiliser, <strong>à</strong> son premier<br />

emploi, le mot 'g: martus = témoin'. Puisque nous n'avons plus besoin de ces<br />

gens, il n'y aura pas d'autre emploi du mot <strong>dans</strong> tout le texte qui suit.<br />

Pourtant, il s'agit l<strong>à</strong> d'un mot important <strong>dans</strong> la théologie juive, puisqu'il est la<br />

raison initiale de toute l'Alliance. Lorsque YHVH parle pour la première fois <strong>à</strong><br />

Abram, il lui dit : 'Pars de ton pays et de la maison de ton père vers le pays que<br />

je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai et je grandirai ton<br />

nom. Tu seras bénédiction : je bénirai ceux qui te béniront et maudirai<br />

quiconque te maudira...' (Genèse XII-1 <strong>à</strong> 3). La bénédiction sera le témoignage<br />

que portera Abram <strong>à</strong> YHVH pour tous ceux-l<strong>à</strong>.<br />

Peu après, lorsque pour la première fois YHVH apparaîtra <strong>à</strong> Abram, il lui<br />

dira : 'Je suis EL-Shaddaï... je vais mettre mon alliance entre moi et toi...'<br />

(Genèse XVII-1 et 2). Le contrat de l'Alliance entérine <strong>les</strong> clauses exposées lors<br />

de la première parole : Tu auras un nouveau pays et tu me rendras témoignage<br />

des bénédictions.<br />

Le Grand Prêtre, en supprimant la mission de témoignage pour Israël, instaure<br />

la malédiction contre Jésus; la séquence ne peut donc se terminer autrement que<br />

par : "Tous ceux-ci le condamnèrent étant coupable de mort" (XIV-64).<br />

Note 2 : un temps d'avant la Création = Page : 66<br />

1.- Le Grand Prêtre vient, par son dire, d'abolir la loi du Deutéronome; il y a<br />

donc comme un retour <strong>à</strong> une époque où, sur la terre, il n'y avait encore aucune<br />

loi, donc aucune Révélation. Ceci est le temps juste avant le premier mot du<br />

Commencement, donc avant Genèse (I-1).<br />

2.- En supprimant l'obligation d'avoir des "témoins" (XIV-63), le Grand Prêtre<br />

annule la mission que Dieu a donnée au peuple d'Israël lorsqu'il l'a choisi parmi<br />

tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong>. Israël devait voir le Dieu qui se fait voir (= EL-Shaddaï, tel il<br />

fut lorsqu'il se montra <strong>à</strong> Abram) afin de pouvoir témoigner auprès de toutes <strong>les</strong><br />

nations de la vérité du Dieu-Unique.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 89 -<br />

Puisque désormais (XIV-63) 'nous n'avons plus besoin de témoins', cela<br />

signifie que Israël modifie le sens qu'il donne <strong>à</strong> sa mission de témoignage. Il ne<br />

veut plus voir ni entendre le message de Dieu (ici : la parole dite par Jésus-le-<br />

Messie).<br />

Israël a sa propre conception de son Dieu et l'idée, qu'il s'en fait, est devenue le<br />

Dieu-immuable. Nul témoignage ne pourra modifier l'image qu'Israël se fait de<br />

son Dieu. En d'autres termes, le Grand Prêtre leur dit (sans avoir la connaissance<br />

de tout ce que contient son dire) : Dieu est fixe, rigide, et nous le connaissons<br />

totalement. Il n'a pas de futur; il ne bouge pas et il ne viendra pas sur <strong>les</strong> nuées<br />

du ciel, et jamais un fils de l'homme (= fils d'Adam) ne pourra voir la Puissance<br />

car cela est réservé aux 'fils d'Israël' (= une expression qui jamais ne se trouve en<br />

Saint Marc !).<br />

Ainsi le Grand Prêtre enseigne <strong>à</strong> tous comment il vient, avec Dieu, de se faire<br />

une idole et de contrevenir <strong>à</strong> la première des deux tab<strong>les</strong> de la Loi.<br />

Note 3 : j'ai entendu un mot = Page : 66<br />

Au Commencement, en Genèse (I-1 <strong>à</strong> 3), tout fut mis en mouvement au-del<strong>à</strong><br />

du désert et du vide initial, par une parole de Dieu qui fut dite en un souffle : 'h:<br />

yehi or = (que la) lumière soit !'.<br />

Dans le palais du Grand Prêtre, j'entends un seul mot : 'Prophétise !' (XIV-<br />

65). Ainsi ils disent <strong>à</strong> Dieu d'imiter Isaïe... car le verbe 'g: pro-pheteuô =<br />

prophétiser' n'est présent, <strong>dans</strong> tout le texte, que deux fois : en (VII-6) avec la<br />

référence <strong>à</strong> Isaïe qui "a bien prophétisé" et ici en (XIV-65).<br />

Le lecteur se rappellera que le récit de Saint Marc commence dès son verset (I-<br />

2) par un texte de ce même prophète Isaïe dont le contenu est aménagé (=<br />

arrangé, organisé, transformé) afin de supprimer 'g: tou Theou emon = le Dieu<br />

de Rigueur' pour lui faire annoncer la venue de 'g: AUTOU = LUI = Kurios-<br />

Incarné'. Il y a donc une certaine ironie <strong>à</strong> <strong>les</strong> voir demander <strong>à</strong> Jésus de<br />

'prophétiser' comme Isaïe, un prophète dont on a interprété la citation.<br />

Veulent-ils, eux aussi, interpréter ce que pourra dire Jésus ? Le lecteur se<br />

remémorera aussitôt qu'il est deux passages du texte où il fut déj<strong>à</strong> question de<br />

prophètes. En (VI-15) ils disent <strong>à</strong> Hérode, en parlant de Jésus : c'est "Jean, celuiqui-baptise,<br />

Elie... un prophète comme l'un des prophètes". En (VIII-28) <strong>les</strong><br />

discip<strong>les</strong> disent <strong>à</strong> Jésus la même chose : "Jean le Baptiste... Elie... l'un des<br />

prophètes".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 90 -<br />

Curieux texte qui s'est choisi, dès son début, le prophète Isaïe comme parrain,<br />

et qui, lorsqu'il veut évoquer un prophète éminent parmi tous <strong>les</strong> prophètes, se<br />

réfère <strong>à</strong> Elie et tait le nom d'Isaïe !<br />

Note 4 : l'emploi du mot 'Fils' = Page : 79<br />

Si on classe <strong>les</strong> mots selon leur nombre d'emplois <strong>dans</strong> la Tora, (en ordre<br />

décroissant), on a :<br />

le plus utilisé : 'FILS', puis : 'Dieu', ensuite :'Israël'<br />

et ensuite : 'terre' (avec environ 2.500 emplois).<br />

Note 5 : sagesse = Page : 82<br />

Au-de<strong>dans</strong> du palais, nous sommes au temps de l'abomination de la désolation.<br />

(Voir lectio divina : note pour le verset XIII-14)<br />

Voici que le mot "Béni" (XIV-61) me renvoie <strong>à</strong> un autre passage du prophète<br />

Daniel : 'Alors le mystère fut découvert <strong>à</strong> Daniel et Daniel bénit (g: eu-logeô) le<br />

Dieu des cieux. Et, ayant parlé, il dit : 'Que le Nom du Seigneur soit béni<br />

d'éternité en éternité parce que la (sagesse/intelligence) et la force sont <strong>à</strong> lui ...<br />

C'est lui qui révèle <strong>les</strong> choses profondes et cachées.'.'.<br />

(Daniel II-20 <strong>à</strong> 22).<br />

Avec : au texte hébreu = le mot sagesse<br />

au texte grec = le mot intelligence.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XIV-61)<br />

Celui-ci se-taisait<br />

Et le vent s'apaisa<br />

Deuxième chiasme<br />

Quelques bruits<br />

Ezéchiel<br />

CELUI - CI SE - TAISAIT<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 91 -<br />

CELUI-CI SE-TAISAIT<br />

_______________<br />

Lorsqu’un mot ou une expression arrive '<strong>à</strong> trois' <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, il<br />

y a toujours la fin, l'aboutissement, la conclusion. Dans le Lexique, le lecteur<br />

verra la structure de l'emploi de : "Ceux-ci... ceux-ci... celui-ci se-taisai(en)t".<br />

(Voir le mot taire). La manifestation par trois arrive avec, en dernier, une autre°<br />

forme.<br />

Les trois emplois sont <strong>les</strong> suivants :<br />

a) premier emploi<br />

III-4 "Ceux°-ci se-taisaient", car Jésus parle :<br />

il leur dit : "Le jour-du-sabbat, est-il permis de faire du bon ou de faire-dumal<br />

? de sauver une âme (= une vie) ou de tuer ?".<br />

b) deuxième emploi<br />

IX-34 "Ceux°-ci se-taisaient", car Jésus parle ;<br />

il interroge ses discip<strong>les</strong> : "(A-)quoi réfléchissiez-vous en chemin ?"<br />

(... ils s'étaient disputés).<br />

c) troisième emploi<br />

XIV-61 "Celui°-ci se-taisait", car le Grand Prêtre parle :<br />

il interroge Jésus.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 92 -<br />

Le mouvement de la parole s'est ainsi inversé, ce n'est plus Jésus qui parle aux<br />

uns ou <strong>à</strong> d'autres. Voici que, "s'étant-levé au-milieu", le Grand Maître du Temple<br />

s'adresse <strong>à</strong> Jésus. Alors le texte change le sujet de son verbe et écrit :<br />

"CELUI°-CI se-taisait".<br />

Le texte se surprend lui-même de telle façon qu'il est obligé de confirmer par<br />

un commentaire : "et il ne répondit rien" (XIV-61).<br />

Je me suis demandé quelle signification je pouvais donner <strong>à</strong> 'se-taire' car, après<br />

un instant laissé au Grand Prêtre qui "de nouveau... l'interrogeait", j'ai entendu la<br />

voix de Jésus :<br />

"Moi, je-suis ! Et vous verrez..." (XIV-62)<br />

C'est l<strong>à</strong> un texte étrange(1), disant le verbe se-taire pour quelqu'un sur le<br />

point de prendre la parole <strong>dans</strong> le verset (XIV-62) arrivant aussitôt. Je sais que,<br />

<strong>dans</strong> l'au-del<strong>à</strong> du texte, je n'entendrai plus sa voix sauf <strong>à</strong> travers un dire des juifs<br />

: "Jésus clama d'une grande voix... Lema sabactani" (XV-34), avec le dire<br />

contradictoire : "Il convoque Elie" (XV-35). Cette contradiction <strong>dans</strong> l'entente<br />

de la parole se résoud par un abandon précisé par le texte : "Jésus, laissant une<br />

grande voix..." (XV-37). Suit un long silence, empli de tressaillement et d'effroi<br />

avec la crainte (XVI-8), jusqu'<strong>à</strong> la brutalité du réveil des consciences : Jésus <strong>les</strong><br />

"insulta" (XVI-14), suivie de la douceur de sa Parole : "Et il leur dit : ...<br />

proclamez !" (XVI-15).<br />

Voil<strong>à</strong> : face au Grand Prêtre, ce Jésus qui va 'dire°' (XIV-62), reçoit du texte<br />

l'expression par deux fois arrivée en même forme, mais cette fois appliquée <strong>à</strong> lui<br />

pour son troisième emploi : "Celui-ci se-taisait". Que veut dire 'se-taire' ?<br />

ET LE VENT S'APAISA<br />

Les trois manifestations, le long du texte, de l'expression "Ceux-ci... ceux-ci...<br />

celui-ci..." peuvent être regardées comme formant successivement deux<br />

chiasmes. Il y a d'abord :<br />

(III-4) Ceux°-ci se-taisaient<br />

(IV-39) "Tais-toi !"<br />

(IX-34) Ceux°-ci se-taisaient<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 93 -<br />

L'hébreu m'a raconté comment, <strong>à</strong> Guibéon, Josué arrêta le soleil : 'Alors, au<br />

jour où YHVH livra l'amorrhéen <strong>à</strong> la face des fils d'Israël, Josué parla <strong>à</strong> YHVH<br />

et dit, sous <strong>les</strong> yeux d'Israël : 'Soleil, <strong>dans</strong> Gabaon, TAIS-TOI (hébreu : dôm), et<br />

lune <strong>dans</strong> la vallée d'Aialon'. Et le soleil SE-TUT, et la lune s'arrêta, jusqu'<strong>à</strong> ce<br />

que la nation se fut vengée de ses ennemis. Cela n'est-il pas écrit <strong>dans</strong> le livre<br />

des Justes ? C'est pourquoi le soleil s'arrêta au-milieu du ciel et ne se hâta point<br />

de se coucher durant l'espace d'un jour.'<br />

(Josué X-12 et 13)<br />

Josué n'a pas dit au soleil : 'arrête-toi', mais : 'h: dôm = tais-toi'. Ce mot a de<br />

nombreux emplois <strong>dans</strong> l'Ancien Testament (= la Bible en hébreu) où il<br />

représente le silence : pour Dieu ET pour <strong>les</strong> hommes. Ce silence est l'arrêt du<br />

mouvement : 'le soleil se-tut et la lune s'arrêta'. Ce n'est donc pas, <strong>dans</strong> le texte<br />

de Josué, un silence vers la nuit ou vers l'obscurité, mais étant silence<br />

commandant au mouvement, il suspend la vie et permet la mort. En Josué, le<br />

silence prépare la défaite et la mort des ennemis, puis il y aura la vie pour <strong>les</strong><br />

vainqueurs, comme si le silence était un anti-bruit bloquant <strong>les</strong> bruits néfastes et<br />

offrant un espace de vide sonore <strong>à</strong> la Parole.<br />

J'ai dit, par ailleurs, combien l'affaire du grand tourbillon de vent et des vagues<br />

se jetant vers la barque évoquait l'histoire de Jonas. J'ai lu :<br />

'Ils lui (= <strong>à</strong> Jonas) disent donc : 'Que te ferons-nous pour que SE-TAISE<br />

la mer autour de nous ?', car la mer continuait <strong>à</strong> se soulever. Il leur dit : 'Portezmoi<br />

et jetez-moi <strong>à</strong> la mer. La mer SE-TAIRA autour de vous. Oui, moi je sais<br />

que <strong>à</strong> cause de moi cette grande tempête est survenue contre vous...'.<br />

(Jonas I-11 et 12)<br />

Il m'a fallu longuement questionner l'hébreu sur le verbe 'se-taire'. Il m'a dit :<br />

En Josué = h: damo le silence (Dieu, <strong>les</strong> hommes)<br />

En Jonas = h: shataq le silence (paralysie de tout)<br />

L'un est silence du dire (de la parole de Dieu ou des hommes), l'autre suspend<br />

l'activité physiologique et débraye l'action pour aboutir <strong>à</strong> un point mort. J'ai donc<br />

pris attention plus fine au passage de Jonas, l<strong>à</strong>-où j'avais cru reconnaître une<br />

situation similaire avec l'eau agitée s'attaquant au navire. J'ai trouvé une<br />

similitude de texte :<br />

Et ils craignaient d'une grande crainte<br />

kai ephobethesan phobon megan (<strong>Mc</strong> IV-41)<br />

Et ils craignaient, ces hommes, d'une grande crainte<br />

kai ephobethesan oi andres phobon megan (Jonas I-10)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 94 -<br />

Or, l'examen détaillé de ce qui suit montre une divergence des textes. Il ne<br />

s'agit que d'un hébraïsme respecté par la Septante et écrit par Saint Marc selon sa<br />

culture juive. L'examen comparé des deux <strong>séquences</strong> apporte :<br />

Jonas dort au fond Jésus dort <strong>à</strong> la poupe<br />

du navire<br />

Jonas s'offre en Jésus commande aux éléments<br />

victime pour être jeté<br />

en sacrifice afin de<br />

calmer <strong>les</strong> éléments<br />

Il m'a dit l'écart entre <strong>les</strong> deux récits : ceux avec Jonas <strong>dans</strong> le navire sont des<br />

païens; Jésus est avec ses discip<strong>les</strong> et ceux-ci ont une certaine foi <strong>dans</strong> le Dieu<br />

d'Israël. Donc il ne peut y avoir aucun comportement identique.<br />

a) Ceux avec Jonas vont lui dire :<br />

'Pourquoi as-tu fait cela ? = ti touto epoeisas ?' (Jonas I-10)<br />

Ceux avec Jésus se disent <strong>les</strong>-uns-<strong>les</strong>-autres<br />

(et ainsi ne posent pas directement de question <strong>à</strong> Jésus) :<br />

"Quoi de fait celui-ci est(-il) ? = tis ara outos estin ?" (<strong>Mc</strong> IV-41)<br />

b) D'ailleurs, le commencement de chaque séquence est significatif : Jonas<br />

trouve un navire allant <strong>à</strong> Tarsis, il paye le prix de la traversée et 'il était descendu<br />

<strong>dans</strong> le vaisseau afin de..... fuir de la face de YHVH(2) = ek prosôpou Kuriou'<br />

(Jonas I-3).<br />

En Saint Marc, "ses propres discip<strong>les</strong> (IV-34)... le prennent-avec (eux)... <strong>dans</strong><br />

la barque (IV-36)... Et lui était <strong>à</strong> la poupe (IV-38)". Comme, <strong>dans</strong> toute barque,<br />

ceux qui rament sont face <strong>à</strong> l'arrière (= la poupe), ils sont donc face <strong>à</strong> LUI. J'ai<br />

posé l'hypothèse qu'il s'agit d'une barque <strong>à</strong> rames, <strong>à</strong> cause du verset (VI-48) : ils<br />

étaient "tourmentés <strong>à</strong> ramer"; <strong>à</strong> cause de "la barque" (VI-45 et 47) et (IV-36 et<br />

37); <strong>à</strong> cause de "Et le vent s'apaisa" (VI-51) et (IV-39), vent qui obéit pour<br />

mettre fin <strong>à</strong> des risques similaires.<br />

En suite de l'ensemble de ces données, je comprends que le verbe 'se-taire'<br />

(IV-39) ne soit pas le même que le verbe employé <strong>dans</strong> le livre de Jonas. Cette<br />

exégèse justifie mon choix du mot hébreu 'damo' et me permet de m'orienter<br />

vers 'h: douma = le lieu du grand-silence, le séjour des morts' (voir ci-dessous :<br />

'avec Isaïe').<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


DEUXIEME CHIASME<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 95 -<br />

La structure des emplois de 'se-taire' offre <strong>à</strong> ma réflexion :<br />

(IX-34) Ceux°-ci se-taisaient<br />

(IX-48) (Bar-Timée)<br />

(XIV-61) Celui°-ci se-taisait<br />

J'étais avec eux sur le chemin qui va de Jéricho jusque Jérusalem et le fils de<br />

Timée, un aveugle, était-assis. Il a tout entendu : le bruit de ceux qui<br />

précédaient, <strong>les</strong> discours de ceux qui suivaient et il a su entendre, au centre, que<br />

c'est Jésus le nazarénien. Alors il commence son cri et beaucoup l'ont rabroué<br />

"afin qu'il se-taise" (X-48). Un aveugle qui veut voir, s'il est juif et que passe<br />

devant lui le Messie, crie toujours "plutôt plus" (X-48). Bar-Timée m'a fait<br />

penser <strong>à</strong> Isaïe le prophète :<br />

" Je dis alors :<br />

Malheur <strong>à</strong> moi ! Je suis anéanti,<br />

car je suis un homme impur,<br />

aux (yeux) impurs..."<br />

(Cfr : Isaïe(3) VI-5)<br />

L'aveugle mendiant crie son propre malheur qui est la cécité du peuple d'Israël.<br />

Eux ne le feront pas taire, mais le grand calme (cfr : IV-39) reviendra pour<br />

l'aveugle guéri suivant sur le chemin. Le texte sait respecter <strong>les</strong> sentiments de foi<br />

profonde de Bar-Timée : "Et aussitôt il leva-le-regard <strong>à</strong> nouveau. Et il le suivait<br />

sur le chemin". Je ressens un profond désir de traduire en commentant : 'Et Bar-<br />

Timée retrouva sa vue perdue. Et il marchait derrière, en se-taisant.'<br />

Le silence est devenu le silence de la vie, de la marche sur le chemin, de la<br />

disponibilité d'eux tous VERS Jérusalem. J'ai marché, moi aussi, sur le même<br />

chemin et j'ai voulu marcher comme un aveugle, simplement en écoutant <strong>les</strong><br />

bruits du texte. J'ai entendu un ordre : "Partez vers le village... un ânon...<br />

Déliez°... le Seigneur en a besoin...". Puis il y eut encore un long moment avec<br />

des bruits divers : "des feuillages" que l'on coupe, des vêtements étalés. Et ce<br />

furent des cris de joie : "Hosanna ! Béni soit... Baroukh Shem... !" (XI-9 et 10).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 96 -<br />

Le silence qu'ils voulaient imposer en rabrouant Bar-Timée n'aurait-il pas été<br />

silence de la non-vue pour le mendiant, donc de la non-vie joyeuse sur le chemin<br />

? Le silence pour <strong>les</strong> hommes (= eux, qui rabrouaient) n'aurait-il pas un sens<br />

différent du silence pour le vent et la mer ?<br />

QUELQUES BRUITS<br />

Ils rabrouent Bar-Timée afin qu'il se-taise.<br />

Il rabroue le vent et il dit : "Tais-toi !"<br />

J'ai écouté attentivement le texte et j'ai entendu successivement :<br />

<strong>les</strong> tuniques déchirées<br />

ceux-ci condamnent en criant : A mort !<br />

quelques-uns lui disent : Prophétise !<br />

<strong>les</strong> claquements de quelques gif<strong>les</strong><br />

le feu ronfle <strong>dans</strong> la nuit<br />

un coq se réveille<br />

l'accent d'un homme galiléen<br />

diverses imprécations<br />

.......<br />

Et le coq convoqua...<br />

Ainsi, lecteur, écoute bien <strong>les</strong> bruits des hommes, avec l'horloge de la<br />

Création pour préciser <strong>les</strong> heures, et sache que lire un texte, c'est aussi entendre<br />

des bruits et un silence :<br />

des bruits = un pluriel anonyme ,<br />

UN silence = la Présence de Dieu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


EZECHIEL<br />

J'ai lu prophétiquement :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 97 -<br />

'Et Toi, Fils de l'homme, voici qu'ils mettront sur toi des cordes avec <strong>les</strong>quel<strong>les</strong><br />

ils te lieront et tu ne sortiras pas parmi eux. Et j'attacherai ta langue <strong>à</strong> ton palais,<br />

tu deviendras muet et tu ne leur seras pas un sermonneur, car ils sont une maison<br />

de rébellion. Mais, quand je te parlerai, j'ouvrirai ta bouche et tu leur diras :<br />

Ainsi parle YHVH-Elohim. Ecoute qui veut écouter, refuse d'entendre qui veut<br />

refuser ! car ils sont une maison de rébellion !'.<br />

(Ezéchiel III-25 <strong>à</strong> 27)<br />

Fils de l'homme = "vous verrez le Fils de l'homme ...<br />

(XIV-62)<br />

tu ne sortiras pas = "jusqu'au-de<strong>dans</strong>, vers le palais"<br />

(XIV-54)<br />

j'attacherai ta langue <strong>à</strong> ton palais =<br />

lorsque le sourd et bègue retrouve<br />

l'usage de la parole, il y a :<br />

"Et le lien de sa langue fut délié<br />

et il parlait correctement".<br />

(VII-35)<br />

une maison =<br />

"Et ils emmenèrent Jésus... vers<br />

le palais du Grand Prêtre".<br />

(XIV-53 et 54)<br />

rébellion =<br />

grands-prêtres,anciens,scribes...<br />

(XIV-53)<br />

quand je te parlerai =<br />

de nouveau le G.P. l'interroge..<br />

(XIV-61)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


tu leur diras =<br />

"Or Jésus dit° ..."<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 98 -<br />

(XIV-62)<br />

YHVH-Elohim =<br />

"JE SUIS" (= Son nom)<br />

(XIV-62)<br />

qui veut écouter =<br />

"Et vous verrez..."<br />

(XIV-62)<br />

qui veut refuser =<br />

"Le G.P. dit : ... le blasphème !"<br />

(XIV-64)<br />

une maison de rébellion =<br />

Tous le condamnent <strong>à</strong> mort.<br />

(XIV-64)<br />

(Alors que l'exégète écrivait chaque notule prophétique<br />

il pensait :<br />

' H A S A R D ? '<br />

... pourtant, il "se-taisait".)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 99 -<br />

Note 1 : texte étrange = Page : 92<br />

L'hébreu m'a commenté : 'Le lecteur ne sait pas si Dieu sait et, <strong>à</strong> chaque étape<br />

du drame, il se demande avec inquiétude si son devoir de lecteur ne consisterait<br />

pas <strong>à</strong> se tourner vers Dieu et vers son Silence pour Le rappeler <strong>à</strong> ses<br />

responsabilités : mais enfin, Dieu, de deux choses l'une, ou bien Tu sais, alors<br />

interviens ! Ou bien Tu ne sais pas, alors, raison de plus pour que Tu enquêtes et<br />

que sur la base de l'enquête, Tu saches et interviennes !'.<br />

(André Neher - 1970)<br />

Et l'autre me répétait : Dieu savait-IL qu'IL était Dieu ? (Notant la question,<br />

j'ai écrit <strong>les</strong> deux pronoms (personnels) "IL" en lettres majuscu<strong>les</strong>, ce qui est<br />

ma réponse. Mais, quand lui (= l'autre) me parlait, je voyais ses paro<strong>les</strong> avec<br />

des minuscu<strong>les</strong>, car cel<strong>les</strong>-ci étaient sa question.<br />

Note 2 : la face de YHVH = Page : 94<br />

Jonas cherche <strong>à</strong> fuir de la face de Dieu; il cherche un monde où règne le<br />

silence de Dieu et il trouve un grand vent et une grande tempête. Jonas se<br />

réfugie <strong>dans</strong> la cale (le lieu le plus reculé, au fond du bateau, l<strong>à</strong> où il fait nuit) et<br />

il y joue le sommeil.<br />

Le texte hébreu utilise ici un mot avec la motivation de Jonas : 'h:<br />

vayeraDAM' <strong>dans</strong> lequel gît le mot de Josué <strong>à</strong> la face du soleil :<br />

'h : damo = silence'.<br />

Jonas, au fond de la cale, cherche un sommeil qui soit silence; il ne veut pas<br />

entendre le bruit de la tempête (= la manière, pour Dieu, d'interpeller Jonas en<br />

train de 'fuir de la face de Dieu'). 'Vayeradam' est le sommeil 'bruyant' qui<br />

plonge <strong>dans</strong> un coma l'ivrogne au pied d'un arbre ou au fond d'un fossé :<br />

ronflements comme ceux de la tempête de vent entendus par tous <strong>à</strong> l'entour, mais<br />

avec 'dam' qui est profond silence, perte de la conscience humaine pour<br />

l'ivrogne. Jonas joue ce sommeil, car il joue le silence au fond du navire. Le récit<br />

saura très bien entendre <strong>les</strong> ronflements sonores et <strong>les</strong> dissocier des tourbillons<br />

de la tempête : ce n'est pas la même chose, ce ne sont pas <strong>les</strong> mêmes mots.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 100 -<br />

Le silence de l'homme est <strong>dans</strong> le mot 'vayeradam'. En fin de la séquence,<br />

Jonas est <strong>dans</strong> le ventre d'un grand poisson pendant trois jours et trois nuits, et<br />

l<strong>à</strong>, il prie YHVH. Il n'y a plus de mot évoquant le 'silence = h: damo'. 'Et YHVH<br />

parla au poisson' (= le retour de la parole fait que même le poisson lui obéit !)<br />

... 'et le poisson vomit Jonas sur la terre-sèche.' (Jonas II-11). Ainsi Jonas est<br />

revenu <strong>à</strong> son point de départ (= face <strong>à</strong> Dieu, un temps d'avant silence) alors que<br />

Jésus et ses discip<strong>les</strong> surent faire le passage (la Pâque = la traversée : <strong>Mc</strong> V-1).<br />

Note 3 : Isaïe = Page : 95<br />

Je viens d'évoquer Isaïe, mais je me dois de le citer en respectant son texte :<br />

- Je dis alors :<br />

Malheur <strong>à</strong> moi ! Je suis anéanti,<br />

car je suis un homme aux lèvres impures,<br />

j'habite au milieu d'un peuple aux lèvres impures...<br />

- Il dit alors :<br />

Va ! Tu diras <strong>à</strong> ce peuple :<br />

Entendez bien, mais ne comprenez pas !<br />

Voyez bien, mais ne reconnaissez pas !"<br />

(Isaïe VI-5 et 9)<br />

Alors, j'ai entendu la parole du prophète comme l'oracle de YHVH parlant <strong>à</strong><br />

son Messie. Le Grand Prêtre interroge Jésus : "Celui°-ci se-taisait et il ne<br />

répondit rien" (XIV-61). Le silence arrive par le verbe se-taire. Pour moi, je lis<br />

au travers du texte grec le mot hébreu 'h: damo' que j'ai retrouvé longuement<br />

commenté par le même prophète, car en hébreu 'douma' est le 'séjour des morts',<br />

l<strong>à</strong> où <strong>les</strong> hommes mettaient la nuit, la mort et le silence :<br />

'Oracle sur 'DOUMA' :<br />

On me crie de Séïr :<br />

Veilleur, quel<strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> de la nuit ?<br />

Veilleur, quel<strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> de la nuit ?<br />

Le veilleur dit : le matin vient,<br />

mais aussi la nuit,<br />

si vous voulez interroger : interrogez !<br />

Revenez encore une fois.'<br />

(Isaïe XXI-11 et 12)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XIV - 101 -<br />

Le prophète vient de dire : 'Si vous voulez interroger : interrogez !'. Et "denouveau,<br />

le Grand Prêtre interrogeait..." (<strong>Mc</strong> XIV-61). Jésus (lui) dit° : "Jesuis.<br />

Et vous verrez..."(XIV-62) et ce fut, aussitôt, le grand silence(4) de Dieu.<br />

Le texte n'ose plus rien dire et j'ai bien entendu que Jésus, MAINTENANT, setait<br />

et se-taira jusqu'<strong>à</strong> Sa Parole nouvelle nettement enrégistrée : "(Vous)-enallant-VERS..."<br />

(XVI-15), parole qui est SON NOM = EL = VERS venu se<br />

loger (pour) "le monde tout entier" qui est la Création.<br />

Face au Grand Prêtre : le Silence de Dieu. Alors, sans perdre un espace de<br />

texte, le Grand Prêtre "déchire° ses tuniques" pour occuper l'espace sonore (Que<br />

le lecteur aille écouter, <strong>dans</strong> le Lexique, le bruit du verbe déchirer°).<br />

Note 4 : le grand silence = Page : 101<br />

J'admire l'expression, en langue grecque, car elle est silence de cohérence :<br />

kai egeneto GALE-NE.......ME-GALE<br />

(Cfr : <strong>Mc</strong> IV-39)<br />

* * * *<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-1)<br />

Trois emplois<br />

A Jérusalem<br />

Les sanhédrins<br />

Le siège du sanhédrin<br />

Pluriel puis singulier<br />

Le (Grand) Sanhédrin LE livra<br />

En Saint Matthieu<br />

En Saint Luc<br />

TROIS EMPLOIS<br />

LE SANHEDRIN ENTIER<br />

_______________<br />

J'ai été frappé par l'opposition violente manifestée par ceux de la hiérarchie<br />

juive (face <strong>à</strong>) Jésus et ceci m'a incité <strong>à</strong> re-garder comment se comporte le mot<br />

'g: sunedrion' <strong>dans</strong> le texte. Il y a trois emplois, trois étant le nombre pour<br />

l'aboutissement.<br />

Voici comment ce mot chemine <strong>dans</strong> l'évangile de Saint Marc :<br />

XIII-9 le pluriel eis sunedria<br />

On vous livrera vers des sanhédrins<br />

XIV-55 le singulier kai olon to sunedrion<br />

Les grands-prêtres et entier le sanhédrin<br />

XV-1 le singulier kai olon to sunedrion<br />

Les grands-prêtres avec <strong>les</strong> anciens et <strong>les</strong> scribes<br />

et entier le sanhédrin.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


A JERUSALEM<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 2 -<br />

Le sanhédrin n'est pas un groupe de responsab<strong>les</strong> religieux qui accepteraient<br />

de "s'en-aller" (cfr : I-5) hors de Jérusalem, ainsi que firent "tout le pays (de)<br />

Judée et tous <strong>les</strong> habitants-de-Jérusalem" pour s'en-aller auprès-de Jean, celuiqui-baptise<br />

<strong>dans</strong> le désert. Le mot 'sunedrion' n'a daigné venir <strong>dans</strong> le récit que<br />

tard, Jésus (et ses discip<strong>les</strong>) étant déj<strong>à</strong> depuis un temps assez long <strong>à</strong> fréquenter le<br />

Temple. Il est d'ailleurs remarquable que ce soit Jésus qui l'introduise :<br />

"Regardez... on vous livrera vers des sanhédrins..." (XIII-9), alors que le<br />

(Grand) Sanhédrin de Jérusalem ne s'est pas encore manifesté. Et, depuis que<br />

Jésus est "entré vers le Temple" (XI-15), il y a comme une accumulation de gens<br />

: "<strong>les</strong> vendeurs et <strong>les</strong> acheteurs... des changeurs... des vendeurs... (des)<br />

brigands... <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes" (XI-15 <strong>à</strong> 18). Une telle présentation<br />

pourrait paraître tendancieuse, réunissant ainsi tant de gens différents avec, au<br />

centre, "une caverne de brigands"; mais eux tous sont bien "<strong>dans</strong> le Temple",<br />

puisque le chiasme écrivit au verset (XI-15) :<br />

vers le Temple<br />

<strong>les</strong> vendeurs<br />

<strong>les</strong> acheteurs<br />

<strong>dans</strong> le Temple<br />

des changeurs<br />

des vendeurs<br />

<strong>à</strong>-travers le Temple<br />

Il y a véritablement un grand pluriel de personnes <strong>dans</strong> le Temple et il n'y a<br />

pourtant pas de 'sanhédrin' !<br />

"De nouveau vers Jérusalem... <strong>dans</strong> le Temple" (XI-27) il y a presque tous <strong>les</strong><br />

responsab<strong>les</strong> religieux : "<strong>les</strong> grands-prêtres, et <strong>les</strong> scribes, et <strong>les</strong> anciens" (XI-<br />

27); il n'y a toujours pas de 'sanhédrin' !<br />

Ils interrogent Jésus <strong>les</strong>-uns-après-<strong>les</strong>-autres :<br />

(XI-27 <strong>à</strong> XII-12) grands-prêtres, scribes et anciens<br />

(XII-13 <strong>à</strong> 17) pharisiens et hérodiens<br />

(XII-18 <strong>à</strong> 27) sadducéens<br />

(XII-28 <strong>à</strong> 33) l'un des scribes<br />

(XII-34) Et personne n'osait plus l'interroger<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 3 -<br />

Alors Jésus poursuit son enseignement en citant lui-même le dire de ces gens :<br />

(XII-35) "Comment <strong>les</strong> scribes disent-ils...?"<br />

(XIII-6) "Beaucoup viendront... en disant..."<br />

(XIII-9) "On vous livrera vers des sanhédrins"<br />

Ainsi le mot 'g: sunedrion' entre pour la première fois par la parole du<br />

Messie, avec deux particularités <strong>dans</strong> cet emploi du mot : il y a le pluriel et il y a<br />

le verbe 'livrer'.<br />

LES SANHEDRINS<br />

Mon rabbin m'a expliqué la genèse de ce pluriel. Au commencement, il y avait<br />

seulement le Grand Sanhédrin ; composé de 71 membres et siégeant <strong>à</strong><br />

Jérusalem, il délibérait sur <strong>les</strong> questions religieuses :<br />

a) le dogme<br />

b) <strong>les</strong> actes délictueux du Grand Prêtre...<br />

des (faux-)prophètes...<br />

c) l'immobilier du Temple murs, parvis...<br />

l'enceinte de Jérusalem.<br />

Au premier siècle (av. J.C.), le gouverneur romain Gabinius est amené <strong>à</strong><br />

supprimer le grand Sanhédrin et autorise cinq sanhédrins régionaux : Jérusalem,<br />

Gadara, Amath, Jéricho et Sepphoris. Le groupe de Jérusalem n'est plus le<br />

tribunal central qu'il fut jadis; il devient l'un des cinq et perd tout son pouvoir<br />

dogmatique. Il est, comme <strong>les</strong> autres, un tribunal religieux ayant <strong>à</strong> délibérer<br />

seulement sur des affaires régiona<strong>les</strong>. La parole de Jésus est ainsi parlée qu'elle<br />

fait entendre : "... eis sunedria kai eis sunagôgas..." = "on vous livrera vers des<br />

sanhédrins et vers des synagogues vous serez maltraités" (XIII-9). Le<br />

voisinage, la proximité, le côte <strong>à</strong> côte des sanhédrins et des synagogues<br />

banalise l'ensemble. Le pluriel règne en maître <strong>dans</strong> ce passage du texte et on<br />

trouve rassemblés :<br />

sanhédrins synagogues...<br />

gouverneurs rois (XIII-9)<br />

Il n'y a plus de grand sanhédrin ! Seule demeure, pour <strong>les</strong> activités<br />

(régiona<strong>les</strong>), une pluralité de sanhédrins.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE SIEGE DU SANHEDRIN<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 4 -<br />

Mon rabbin a évoqué <strong>les</strong> temps du Grand Sanhédrin, celui qui était l'unique<br />

pour Israël et siégeait <strong>à</strong> Jérusalem initialement <strong>à</strong> l'intérieur du Temple, puis<br />

ensuite transféré hors du centre du Temple <strong>à</strong> 'l'emplacement du négoce', c'est <strong>à</strong><br />

dire <strong>dans</strong> le hall des marchands.<br />

Aussitôt me voici obligé de prendre note de la première action de Jésus alors<br />

que, venant "vers Jérusalem et étant entré <strong>dans</strong> le Temple, il commença <strong>à</strong><br />

chasser <strong>les</strong> vendeurs et <strong>les</strong> acheteurs" (XI-15). Il n'y a même plus<br />

'd'emplacement du négoce'. Que peut représenter un (tel) sanhédrin <strong>dans</strong> de<br />

pareil<strong>les</strong> conditions ? Que représentent <strong>les</strong> cinq sanhédrins, pluriel qui est<br />

pulvérulence de sanhédrins... et je retrouve ici comme un relent de paganisme (=<br />

<strong>les</strong> dieux païens), dissolution, démembrement, dévaluation, destruction du<br />

monolithisme de l'Unité.<br />

PLURIEL PUIS SINGULIER<br />

Un jour, lisant l'évangile de Saint Marc, je fus frappé par une structure<br />

répétitive :<br />

le singulier : (anonymat)<br />

un esprit -impur : I-23 et 26 V-2 et 8<br />

le pluriel : (anonymat)<br />

<strong>les</strong> esprits-impurs : I-27 V-13<br />

III-11 VI-7<br />

le nom propre : (identité)<br />

<strong>les</strong> 'humains' : Béelzéboul Hérode/Hérodiade<br />

III-22 VI-14 <strong>à</strong> 29<br />

le nom propre : (identité)<br />

<strong>les</strong> dieux : Satan Tyr<br />

III-23 VII-24<br />

le singulier : (anonymat)<br />

un esprit -impur : III-30 VII-25<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 5 -<br />

Depuis ce temps, je prête une grande attention aux successions de<br />

singulier/pluriel et voici que je vois :<br />

(XIII-9) des sanhédrins le pluriel anonymat<br />

(XIV-55) entier le sanhédrin le singulier identité<br />

(XV-1) entier le Sanhédrin le singulier identité<br />

En effet, au verset (XIV-55), le Grand Prêtre a, pour l'assister, <strong>les</strong> grandsprêtres<br />

et entier le sanhédrin et ce sont <strong>les</strong> deux seu<strong>les</strong> autorités mentionnées<br />

<strong>dans</strong> la phrase (<strong>dans</strong> le verset 55) : ils cherchent "un témoignage contre Jésus".<br />

Comme par un renversement des valeurs, le texte va prendre ce "témoignage"<br />

au singulier (XIV-55) pour l'amener au pluriel (XIV-56) : "leurs témoignages<br />

n'étaient pas égaux" ce qui, en une autre formulation, aurait pu être écrit : et il y<br />

avait de nombreux faux-témoignages. Le texte n'a pas osé dire, avec brutalité,<br />

qu'il y eût alors de nombreux (= une pluralité de) faux-témoignages et il ne parle<br />

que de 'témoignages = g: marturiai'.<br />

Oui, lecteur ! J'entends ton objection; mais, as-tu remarqué que l'expression<br />

'faux-témoignages' ne vient que par le verbe 'pseudo-martureô = porter-de-fauxtémoignages'<br />

dont la responsabilité retombe sur ceux-l<strong>à</strong> seuls qui sont (<strong>dans</strong> la<br />

phrase) <strong>les</strong> sujets de ce verbe, c. <strong>à</strong> d. "beaucoup", puis "quelques-uns". Leur<br />

identité n'est pas révélée, et cela est intentionnel car, ainsi, l'anonymat va <strong>les</strong><br />

protéger.<br />

En effet, le "Sanhédrin entier" est réuni. Sa vocation première fut d'être un<br />

tribunal dogmatique et il avait <strong>à</strong> faire avec tous <strong>les</strong> constats de fauxtémoignages.<br />

Or une telle faute était un crime puisque punie de la peine de<br />

mort. Aux versets (XIV-55) le sanhédrin constate et prend acte : il y a de<br />

nombreux faux-témoignages et un jugement de mort va être aussitôt rendu... non<br />

pas contre la 'pluralité-anonymat' de ceux qui portèrent-ces-faux-témoignages,<br />

mais contre le 'singulier-identité' de Jésus, "le Messie, le fils de David" ! ((cfr :<br />

la question posée par le Grand Prêtre <strong>à</strong> Jésus en XIV-61)).<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 6 -<br />

LE (GRAND) SANHEDRIN LE LIVRA<br />

Le récit aurait pu négliger désormais le mot 'g: sunedrion' puisque la<br />

condamnation <strong>à</strong> mort vient d'être prononcée. Mais il est des lois, <strong>dans</strong> le texte de<br />

Saint-Marc, qui (s'imposent) <strong>à</strong> l'auteur et il fallait que l'Ecriture (= le livre<br />

canonique) utilise une troisième fois le mot afin de le faire aboutir <strong>dans</strong> ce que<br />

le Messie avait lui-même parlé par sa Parole. Il avait dit : "On vous livrera vers<br />

des sanhédrins" (XIII-9). Voici que, <strong>à</strong> Jérusalem, "au-matin", ils se réunissent<br />

pour 'faire un conseil' (XV-1).<br />

Avec solennité le texte <strong>les</strong> mentionne tous car il y a, <strong>dans</strong> l'ordre de la<br />

procession, "<strong>les</strong> grands-prêtres, avec <strong>les</strong> anciens et <strong>les</strong> scribes et le Sanhédrin<br />

entier" (XV-1).<br />

Je ne sais pas où s'est tenu ce "conseil". Tout <strong>à</strong> l'heure, nous étions "<strong>dans</strong> le<br />

palais" l<strong>à</strong> où il y a "une des servantes du Grand Prêtre", donc sans doute "<strong>dans</strong> le<br />

palais" du Grand Prêtre, l<strong>à</strong> où ils avaient amené Jésus (XIV-53). Pourtant le<br />

texte ne localise pas l'action, au verset (XV-1), pour cette réunion du Conseil<br />

suprême.<br />

J'aurais préféré qu'ils aillent se réunir <strong>à</strong> 'l'emplacement du négoce', mais cela<br />

est devenu impossible car, depuis que <strong>les</strong> vendeurs et acheteurs (= <strong>les</strong><br />

négociants) ont été chassés, il n'y a plus de tel 'emplacement' <strong>dans</strong> le secteur du<br />

Temple.<br />

Alors je lis directement : "... le Sanhédrin Entier ayant lié Jésus... le livrèrent <strong>à</strong><br />

Pilate" et cela fait hurler <strong>à</strong> mes oreil<strong>les</strong> comment le pluriel de tous ces<br />

sanhédrins vers <strong>les</strong>quels "on vous livrera" vient se venger en devenant sujet du<br />

même verbe qui, grâce <strong>à</strong> la pluralité des membres constitutifs du Grand<br />

Sanhédrin, est obligé d'être mis au pluriel.<br />

EN SAINT MATTHIEU<br />

L'analyse proposée pour le texte de Saint Matthieu se trouve <strong>dans</strong> le tome sur<br />

Les évangi<strong>les</strong> synoptiques (tome IX) : voir pages 131 et 132. On y verra<br />

notamment qu'il n'y a, également, que trois emplois de 'g: sunedrion' :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 7 -<br />

Mt V-22 = nouveau par rapport <strong>à</strong> <strong>Mc</strong><br />

Mt X-17 = presque le texte de <strong>Mc</strong>(XIII-9), hors-mis...<br />

la relation entre sanhédrins et synagogues.<br />

Mt XXVI-59 = sensiblement le texte de <strong>Mc</strong> (XIV-55).<br />

La conclusion sera que : rien de l'analyse faite ci dessus au sujet de <strong>Mc</strong> ne peut<br />

être conservé pour Mt.<br />

EN SAINT LUC<br />

Il n'y a qu'un-unique emploi :<br />

Lc XXII-66 = kai (an-/ap-)egagon auton eis to sunedrion autôn<br />

"Et, lorsque (le) jour arriva, fut assemblé le conseil-des-anciens du peuple<br />

ainsi que grands-prêtres et scribes, et ils l'emmenèrent vers leur Sanhédrin en<br />

disant : 'Si toi tu es le Christ, dis(-le) nous !'.".<br />

Ce sanhédrin est donc celui d'eux = de ceux de la hiérarchie du Temple et la<br />

question posée est dogmatique. Après l'interrogatoire de Jésus, ils vont ensuite le<br />

livrer <strong>à</strong> Pilate, mais sans avoir prononcé la sentence de mort.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-19)<br />

Les soldats<br />

Fêtes avec feuillages<br />

Analyse<br />

LES SOLDATS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 8 -<br />

AVEC UN ROSEAU<br />

_______________<br />

Jésus est condamné <strong>à</strong> être crucifié et <strong>les</strong> soldats s'amusent. Ils le déguisent en<br />

roi "et ils tapaient avec un roseau sa tête" (XV-19). Pourquoi : "un roseau" ?<br />

FETES AVEC FEUILLAGES<br />

J'ai cherché <strong>dans</strong> l'A.T. si je pourrais trouver quelque plante voisine du roseau<br />

et, pour cela, j'ai consulté un agriculteur ami de mon hébreu. Il m'a dit <strong>les</strong> deux<br />

fêtes agrico<strong>les</strong> principa<strong>les</strong> :<br />

- au début = la moisson avec offrande des prémices du travail, quelle que soit<br />

l'espèce de plante semée <strong>dans</strong> le champ.<br />

- <strong>à</strong> la fin = la fête de la récolte 'h: ha-asif' (Exode XXIII-16) qui est confondue<br />

avec 'h: hag ha-sukkoth' ou fête des cabanes :<br />

' A la fin de l'automne, au déclin de l'année, quand tu récolteras le fruit de tes<br />

travaux <strong>dans</strong> <strong>les</strong> champs' (Lévitique XXIII-34 et Deutéronome XVI-13).<br />

' Vous prendrez le premier jour des fruits de l'arbre HADAR, des branches<br />

de palmier (h: loulav), des rameaux d'un arbre au feuillage épais ABOTH et des<br />

sau<strong>les</strong> (h: aravah) de torrent : et vous vous réjouirez face <strong>à</strong> YHVH-votre<br />

Elohim, pendant sept jours.' (Lévitique XXIII-4O).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 9 -<br />

Le texte offre des difficultés :<br />

a) est-ce 'le premier jour' ou 'sept jours' ? Les rabbins ont décidé que, <strong>dans</strong> le<br />

Temple, ce serait chaque jour pendant sept jours mais que, hors du Temple, ce<br />

serait uniquement le premier jour.<br />

b) deux plantes seulement sont identifiées : le palmier et le saule de torrent.<br />

c) l'arbre hadar a été fixé, par la tradition, comme devant être le cédrat : 'h:<br />

peri etz-hadar = le plus beau des fruits'.<br />

d) pour un rameau d'arbre touffu, la tradition a choisi le myrte car son<br />

feuillage est très épais et recouvre la totalité du tronc de l'arbre.<br />

e) <strong>les</strong> quatre arbres ainsi définis (palmier et saule, cédrat et myrte) poussent<br />

d'ordinaire au bord de l'eau... Il est vrai que, <strong>à</strong> la fête de Soukkoth, <strong>les</strong> juifs<br />

prient pour que la pluie tombe ! Cependant, j'ai entendu mon ami hébreu<br />

agriculteur : 'Lorsqu'un arbre manque d'eau, il se dessèche, pourrit et cesse de<br />

pousser. Si <strong>les</strong> sau<strong>les</strong> du torrent n'ont pas d'eau, ils se dessèchent aussitôt mais,<br />

s'ils baignent <strong>dans</strong> l'eau, ils poussent aussi vite que n'importe quel autre arbre. Le<br />

saule ne pousse que <strong>dans</strong> <strong>les</strong> vallées, mais jamais sur <strong>les</strong> montagnes.'<br />

f) la question vient aussitôt : d'où provenaient <strong>les</strong> branches de ces arbres ?<br />

Car, où trouver des sau<strong>les</strong> de torrent, <strong>à</strong> Jérusalem, ville haute, construite sur le<br />

rocher et n'ayant qu'une 'source' canalisée vers la piscine de Siloé, réservoir taillé<br />

<strong>dans</strong> le roc ?<br />

ANALYSE<br />

a) A cause de cette sécheresse <strong>à</strong> Jérusalem, je suis incité <strong>à</strong> croire que le texte<br />

du Lévitique (XXIII-40) aurait pu être écrit en référence au séjour des hébreux <strong>à</strong><br />

proximité du Jourdain, pas très loin de l'oasis des palmiers, l<strong>à</strong>-où il y a des<br />

sau<strong>les</strong> en bordure du fleuve.<br />

b) L'interprétation des rabbins oblige <strong>à</strong> conclure qu'il ne devait pas être<br />

difficile de trouver, pour chacun des sept jours, des branches de palmier et de<br />

saule <strong>dans</strong> <strong>les</strong> environs du Temple de Jérusalem, sinon ils auraient restreint<br />

l'utilisation de ces quatre feuillages au seul premier jour.<br />

c) Consultant le Lexique au mot plantes, je remarque qu'il y a, outre <strong>les</strong> mots<br />

au sens global comme : arbres, branches, feuillage, feuille, racine, des mots plus<br />

spécifiques d'un climat tempéré ou chaud : blé, figuier et figues, herbes,<br />

moutarde, plantes potagères, vigne et des mots pour zones plus arides : buisson,<br />

épines et épineuse. Et il y a ce roseau, seule plante d'un lieu où l'eau doit être<br />

toute l'année.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 10 -<br />

d) Le Lévitique a référencé le saule "au torrent", ce qui suggère une sorte de<br />

val profond ou de gorge.<br />

e) L'A.T. parle aussi de la mer des roseaux, mais le lieu est trop loin de<br />

Jérusalem pour aller y chercher, sept jours de suite, quelques roseaux pour la<br />

fête de l'automne.<br />

Il y a enfin un certain nombre de joncs qui participent <strong>à</strong> sauver l'enfant Moïse :<br />

une corbeille de joncs (Exode II-3) était 'parmi <strong>les</strong> joncs de la rive du fleuve'<br />

(même référence), donc la corbeille était invisible. Ces joncs me semblent<br />

diffici<strong>les</strong> <strong>à</strong> évoquer : Jésus n'est pas Moïse.<br />

f) Voil<strong>à</strong> pourquoi, très simplement, ô lecteur, je vais te proposer de<br />

descendre depuis la ville haute de Jérusalem jusqu'au fond de la vallée de la<br />

Géhenne (IX-43-45-47). Peut-être y trouveras-tu le lit d'un torrent avec quelques<br />

sau<strong>les</strong>, avec un peu d'eau stagnante cachée sous quelque rocaille et des roseaux <strong>à</strong><br />

l'entour.<br />

Tu ramèneras suffisamment de ces roseaux imprégnés de l'odeur de Géhenne<br />

afin que <strong>les</strong> soldats en aient pour s'amuser (XV-19) et qu'il en reste au moins un<br />

pour que l'autre y accroche son éponge (XV-36).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-22)<br />

Au livre des Juges (IX-53)<br />

Au livre II Rois (IX-35)<br />

Prophétie sur le Temple ?<br />

Une loi de l'exégèse<br />

AU LIVRE DES JUGES<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 11 -<br />

LIEU DU CRANE<br />

_______________<br />

1.- 'Abimelekh, fils de Jeroub-Baal, alla <strong>à</strong> Sichem, vers <strong>les</strong> frères de sa mère; il<br />

leur parla en disant : '... Que vaut-il mieux pour vous :<br />

ou bien que dominent sur vous soixante-dix hommes,<br />

ou bien que domine sur vous un seul homme ?<br />

Et souvenez-vous que je suis votre os et votre chair'.'<br />

(= Et j'entends : Melekh = (le) Roi + Ab = (le) père !<br />

Baal = (le) dieu païen<br />

soixante-dix = la multitude des païens mise<br />

en face d'UN-unique<br />

Et souvenez-vous que je suis Messie : Dieu-Incarné, c. <strong>à</strong> d. HOMME, car j'ai<br />

pris pour moi 'votre os et votre chair'.)<br />

2.- (Ils proclament Abimelekh comme roi et celui-ci) 'alla se tenir debout au<br />

sommet du mont Garizim. Il éleva la voix et cria. Il leur dit : Ecoutez-moi... Les<br />

arbres s'en sont allés pour oindre un roi sur eux. Ils dirent <strong>à</strong> l'olivier : Règne<br />

donc sur nous ! Et l'olivier leur dit : Est-ce que je vais renoncer <strong>à</strong> mon huile...?<br />

(et j'ai vu <strong>les</strong> oliviers qui règnent sur la montagne, en face de Jérusalem. Je me<br />

suis rappelé comment David passa <strong>à</strong> côté d'eux et la connaissance qu'il reçut<br />

d'un complot préparé contre lui. J'ai revu, <strong>dans</strong> ma mémoire, le paysage du<br />

verset (XI-1).)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 12 -<br />

Alors <strong>les</strong> arbres dirent au figuier : Viens, toi, règne sur nous ! Et le figuier leur<br />

dit : Est-ce que je vais renoncer <strong>à</strong> ma douceur, <strong>à</strong> mon bon fruit ...? (= et j'ai vu un<br />

figuier qui n'avait "rien, sinon des feuil<strong>les</strong>, car ce n'était pas le moment des<br />

figues" (XI-13). Peut-être voulurent-ils, quand même, le choisir pour roi ? Le<br />

lendemain, passant par l<strong>à</strong>, "ils virent le figuier desséché depuis <strong>les</strong> racines" (XI-<br />

20).)<br />

Alors <strong>les</strong> arbres dirent <strong>à</strong> la vigne : Viens, toi, règne sur nous ! Et la vigne leur<br />

dit ... ((= et j'ai vu une vigne avec une clôture, un pressoir et la tour. Je me suis<br />

inquiété : ne serait-ce pas la tour de Sichem, l<strong>à</strong>-où le feu tua tous <strong>les</strong> gens venus<br />

s'y réfugier, 'un millier environ, hommes et femmes'. (Juges IX-50). Or, ce feu,<br />

le voici :)) alors tous <strong>les</strong> arbres dirent au buisson d'épines : Viens, toi, règne sur<br />

nous : Et le buisson d'épines dit aux arbres : Si en vérité vous voulez m'oindre<br />

comme roi sur vous, venez, abritez-vous sous mon ombre... mais, si ce n'est pas,<br />

qu'un feu sorte du buisson d'épines et qu'il dévore jusqu'aux cèdres du Liban !'<br />

((= et j'ai revu, <strong>dans</strong> mon esprit, le texte du livre de l'Exode (III-14) car j'ai revu<br />

le buisson qui vint (XII-26) <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc après l'olivier (XI-1)<br />

...le figuier (XI-20) ...et la vigne (XII-1).<br />

Et j'ai revu surtout la "couronne épineuse" (XV-17) tressée par <strong>les</strong> soldats. Au<br />

récit du livre des Juges, <strong>les</strong> épines sont comme une couronne posée-autour du<br />

buisson et le feu sort du buisson. Jadis, au livre de l'Exode, le buisson était en<br />

feu mais ne se brûlait pas et le feu restait en lui.<br />

Le récit des Juges m'a ainsi amené en un lieu où 'une femme lança une meule<br />

mobile sur la tête d'Abimelekh et lui fracassa LE CRANE', et ainsi, il mourut.<br />

'Ainsi Elohim rendit le mal qu'avait commis Abimelekh contre son père...'<br />

(Juges - Chapitre IX)<br />

En Saint Marc, la meule a été lancée <strong>dans</strong> la mer (IX-42) et elle a disparu du<br />

texte. Mais une pierre viendra et saura rouler toute seule. Les deux idées de<br />

'pierre' et de 'cercle' sont <strong>dans</strong> le mot 'Golgotha' et le texte de Saint Marc<br />

m'oblige <strong>à</strong> penser <strong>à</strong> "un crâne". (XV-22)<br />

Vois ! Lecteur , le cheminement de la lecture : celui que l'on amène au lieu<br />

Golgotha n'est pas un roi (= melekh), ni un père (= ab). IL est le Fils de<br />

l'Homme et, au travers du mont des oliviers, du figuier desséché, de la vigne<br />

donnée, IL nous vient du buisson ! IL est "Dieu de vivants" (XII-27). Alors :<br />

ils l'amenèrent au "lieu du CRANE".<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


AU LIVRE II ROIS (IX-35)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 13 -<br />

L'autre emploi du mot 'g: kranion = crâne' <strong>dans</strong> l'Ancien Testament se trouve<br />

<strong>dans</strong> le verset suivant : (Ochosias, roi de Juda, vient de mourir. Il est enterré)<br />

'<strong>dans</strong> la cité de David' (= <strong>à</strong> Jérusalem. Ensuite, Jéhu rentre <strong>à</strong> Jizré-El et Jézab-El<br />

l'accueille en le traitant d'assassin. Jéhu ordonne de la jeter du haut du rempart :)<br />

'ils la précipitèrent. Son sang gicla sur le mur... puis... il dit : '... mettez-la au<br />

tombeau'. Ils allèrent pour la mettre au tombeau, mais ils ne trouvèrent d'elle que<br />

le crâne, <strong>les</strong> pieds, <strong>les</strong> paumes des mains. (Ils informent Jéhu et celui-ci) dit :<br />

'C'est la parole de YHVH qu'il avait dite par l'organe de Jizréel, <strong>les</strong> chiens<br />

mangeront le corps de Jézabel. Et le cadavre de Jézabel sera comme du fumier<br />

sur la surface de la campagne <strong>dans</strong> le champ...'.<br />

(II Rois 29 <strong>à</strong> 37)<br />

En Saint Marc, ils ont amené Jésus au "lieu du crâne" et j'ai vu l'enrochement<br />

du sol : il n'est l<strong>à</strong> nul champ, nulle terre friable, nulle argile, et Jésus sera déposé<br />

"<strong>dans</strong> un monument qui était taillé hors du roc" (XV-46). Son "cadavre" (XV-<br />

45) ne sera jamais comme du fumier sur la surface de la campagne <strong>dans</strong> le<br />

champ.<br />

Ainsi le mot 'kranion' a amené, <strong>dans</strong> le livre des Rois, le texte <strong>à</strong> faire<br />

mémoire d'une prophétie dite par ELIE au roi Achab, parce que celui-ci s'est<br />

'vendu pour faire ce qui est mal aux yeux de YHVH'. Alors, le malheur arrivera<br />

sur lui, il sera balayé <strong>à</strong> fond, <strong>les</strong> siens seront retranchés et même sa maison... <strong>à</strong><br />

cause de l'irritation dont il a irrité YHVH. 'Or quand Achab entendit ces paro<strong>les</strong>,<br />

il déchira ses habits, mit un sac sur son corps et jeûna. Il se couchait sous le<br />

sac... Alors la parole de YHVH fut adressée <strong>à</strong> Elie le Tishibite pour dire : 'As-tu<br />

vu comme Achab s'est humilié devant moi ? Puisqu'il s'est humilié devant moi,<br />

ce n'est pas de son temps que je ferai venir le malheur, mais aux jours de son fils<br />

je ferai venir le malheur sur sa maison'.' (I Rois XXI-20 <strong>à</strong> 29)<br />

Voici que j'ai lu ce texte des Rois comme prophétie d'Elie, actualisée <strong>dans</strong> le<br />

texte de Saint Marc par la chaîne : Elie - Jézabel - son cadavre - le crâne - le<br />

Golgotha. J'entends doublement cet ensemble de textes :<br />

a) le cadavre de Jésus ne sera pas mis <strong>dans</strong> un champ et il ne sera pas<br />

fumier sur la campagne.<br />

b) parce qu'ils ont fait ce qui est mal aux yeux de YHVH ((= ils ont joué<br />

avec le condamné <strong>à</strong> mort et, par del<strong>à</strong> le "roi des juifs" c'est un juif, un homme<br />

qu'ils ont blasphémé !)), le malheur arrivera sur eux. Elie avait bien précisé : '<strong>à</strong><br />

cause de l'irritation dont tu m'as irrité et parce que tu as fait pécher Israël'.<br />

(I Rois XXI-22)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 14 -<br />

La prophétie d'Elie peut être lue en transparence du texte de Saint Marc : non<br />

pas <strong>dans</strong> la présente génération, mais 'aux jours de vos fils' (cfr : I Rois XXI-29),<br />

je ferai venir le malheur et le Temple sera détruit !<br />

(Ainsi sont <strong>les</strong> deux seuls emplois du mot 'kranion' <strong>dans</strong> la totalité de la Bible<br />

des hébreux.)<br />

PROPHETIE SUR LE TEMPLE ?<br />

Tu pourrais croire, lecteur, que je viens d'entendre, par la voix de Elie le<br />

Tishbite, une prophétie annonçant la destruction du Temple de Jérusalem en<br />

l'année 70... ce qui correspond <strong>à</strong> une génération après la mort du Christ. Parce<br />

que Pilate et <strong>les</strong> soldats ont fait pécher Israël en l'amenant <strong>à</strong> crier la mort pour<br />

Jésus, et parce que Joseph, un conseiller très honorable, a eu le réflexe de pitié<br />

pour le cadavre, Dieu aurait reporté son acte de vengeance <strong>à</strong> trente ou quarante<br />

années plus tard, espace d'une génération.<br />

Dans la réalité de mon exégèse, ce n'est pas ainsi que je veux te proposer le<br />

souvenir du mot kranion. Pour moi, Dieu est Amour et ne peut se venger.<br />

Dieu n'est pas la violence comme il fut aux temps anciens où il LUI fallut<br />

défendre le peuple des hébreux et lui faire une place en terre de Canaan. Ma<br />

lecture du mot kranion m'a envoyé au livre des Rois en un temps où Dieu était<br />

Vengeur et Justicier.<br />

Celui qui a écrit le texte de l'évangile de Saint Marc est un juif, connaissant<br />

parfaitement la Bible (= l'A.T.). Il a vu certainement la symbolique du crâne,<br />

avec tout ce qui peut se trouver en malédictions, en vengeances, en violences.<br />

"Ceux qui passaient" (cfr : XV-29) en ce lieu savaient qu'il était lieu des<br />

supplices, avec mort lente et exposition du cadavre. D'ordinaire, le condamné<br />

mettait un temps très long pour mourir, parfois plusieurs jours. Dans le cas de<br />

Jésus et des deux brigands, tout devait aller très vite car "(c')était la Pâque et <strong>les</strong><br />

Azymes après deux jours" (XIV-1).<br />

Mais, pour un juif, il était très logique de faire une lecture du mot kranion vers<br />

une prophétie appelant le jugement de Dieu : provocation de sa vengeance.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


UNE LOI DE L'EXEGESE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 15 -<br />

Cette exégèse respecte l'habituelle précision du texte en ce sens qu'elle prend<br />

en compte la réponse <strong>à</strong> la question : Qui a écrit : 'lieu du crâne' ?<br />

Cette expression est donnée comme l'explication du mot Golgotha, puisqu'il y<br />

a : "c'est-<strong>à</strong>-dire, traduit : ...". Ce n'est pas une parole du Messie, ni le<br />

commentaire donné par l'un quelconque des présents. Ce n'est pas un dire des<br />

soldats, sinon la phrase serait différente. Pilate n'a pas ordonné d'amener Jésus<br />

au lieu du crâne. Les grands-prêtres, encore nommément présents en (XV-11),<br />

se sont dissous <strong>dans</strong> l'anonymat de "ceux-ci" (XV-13 et 14) et Pilate ne voit plus<br />

que "la foule" (XV-15). Puis il y a "<strong>les</strong> soldats" (XV-16) alors tout change car<br />

'lui' se trouve prisonnier au milieu de la page du texte (voir<strong>dans</strong> le tome I la<br />

page 230).<br />

Déj<strong>à</strong> un peu auparavant (page 226 ) 'lui' avait été mis par Pilate <strong>à</strong> cette même<br />

place centrale sous le (regard) des grands-prêtres, des anciens et scribes et du<br />

Sanhédrin entier. Mais, lorsque <strong>les</strong> soldats romains interviennent, <strong>les</strong> verbes<br />

apportent un agir débordant de méchancetés :<br />

1 <strong>les</strong> soldats emmenèrent<br />

2 ils-appellent-<strong>à</strong>-eux<br />

3 ils-affublent<br />

4 ils-posent-autour<br />

5 ils-commencèrent-<strong>à</strong><br />

6 ils-tapaient<br />

7 ils-crachaient-sur<br />

8 sil-se-prosternaient-devant<br />

9 ils-eurent-bafoué<br />

10 ils-dévêtirent<br />

11 ils-revêtirent<br />

12 ils-emmenèrent-dehors afin-de le crucifier !<br />

Il y a douze verbes de méchancetés et tout arrive au moment du douzième celui<br />

qui le crucifie :<br />

(Cfr : le douzième, Judas Iskarioth : "celui qui le livra" (III-19).<br />

ils-réquisitionnèrent afin-que... la croix !<br />

ils-amenèrent sur le Golgotha lieu<br />

ce-qui est traduit : du crâne lieu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 16 -<br />

Et ce lieu,qui est un Nom pour Dieu (voir Tome XV : Marc et Israël) est<br />

revenu <strong>à</strong> la place <strong>à</strong> la droite de la ligne (suivant l'ordonnancement du texte grec).<br />

Il va ainsi marquer une rupture <strong>dans</strong> l'agir des verbes :<br />

ils-donnaient<br />

ils-crucifient<br />

ils-se-départagent<br />

ils-crucifièrent<br />

(Soit, en tout, quatre verbes :<br />

le couple crucifier<br />

et le couple donner/départager.<br />

avec pour finale un cinquième verbe qui est troisième emploi de crucifier, car il<br />

y a, au total, trois homme crucifiés :)<br />

Avec° lui ils-crucifient deux brigands.<br />

Par trois : l'aboutissement ... et par cinq : l'identité d'être brigand.<br />

Ainsi, par la double série des verbes, le crâne vient marquer d'un-signe le<br />

sens profond du texte. Il n'est pas la prophétie venue par le souvenir d'Elie, du<br />

fond de l'Ancien Testament annonçant la destruction du Temple pour une<br />

nouvelle génération (ceci sera simple conséquence de l'agir des hommes). Le<br />

crâne est un dire du texte, information connue rassemblant en lui tous ceux qui<br />

agissent et tous ceux qui regardent et écoutent, public que le texte va évoquer<br />

aussitôt après la fin des atrocités :<br />

"ceux qui passaient" XV-29 : <strong>les</strong> mouvements<br />

"<strong>les</strong> grands-prêtres...<br />

... avec <strong>les</strong> scribes XV-31 : libres <strong>dans</strong> leurs mou-<br />

vements, mais que j'aurais, volontiers, imaginés<br />

être "assis" en souvenir de ce qui se passa <strong>dans</strong><br />

le verset (II-6), donc que je vois immobi<strong>les</strong>.<br />

"et <strong>les</strong> crucifiés-ensemble<br />

... avec° lui" XV-32 : <strong>les</strong> mouvements entravés<br />

et la rigide immobilité.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 17 -<br />

Lecteur, prends le texte et regarde : y a-t-il encore <strong>dans</strong> le texte traduit une<br />

présence de "ils" ? Tu remarqueras que, bientôt, après des noms de femmes, il y<br />

a "el<strong>les</strong>" (chapitre XVI).<br />

Lecteur ! Ainsi avons-nous respecté la loi de l'exégèse en dépassant<br />

l'apparente lecture immédiate du texte.<br />

Nous avons lu la prophétie d'Elie et nous aurions pu nous arrêter l<strong>à</strong>, en<br />

attendant que la guerre en l'année 70 apporte la destruction du Temple de<br />

Jérusalem. Mais tout ceci n'est pas marqué <strong>dans</strong> le texte et nous aurions<br />

transgressé <strong>les</strong> lois du texte en introduisant des données étrangères au récit.<br />

Notre retour vers le texte pour définir quel est ce "ils" (introducteur du "lieu<br />

du crâne") nous a permis un regard nouveau sur 'ceux qui sont présents' et nous<br />

avons constaté l'effacement de "ils" et la venue de "el<strong>les</strong>". La réponse du texte<br />

est <strong>dans</strong> sa cohérence, car il est texte inspiré; elle nous fait comprendre combien<br />

une lecture par la prophétie d'Elie (ré-actualisation <strong>dans</strong> le temps de Saint Marc)<br />

portait en elle d'incohérence : Dieu des nations est plus que le Dieu qu'il fut<br />

pour Israël : il est Dieu d'Amour.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-28)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 18 -<br />

IL FUT COMPTE AVEC LES SANS - LOIS<br />

Le texte<br />

"Etends la main !"<br />

Références de (XV-28)<br />

Le fait 'synoptique'<br />

Les lois du texte<br />

Méditation<br />

LE TEXTE<br />

_______________<br />

"Et avec° lui, ils crucifient deux brigands : l'un <strong>à</strong> droite et l'un <strong>à</strong> sa<br />

gauche. Et fut-accomplie l'Ecriture qui dit :<br />

"ETENDS LA MAIN !"<br />

'Et il fut-compté avec <strong>les</strong> sans-loi'."<br />

C'en est fini de Jésus-homme. Il est devenu Jésus-crucifié et lui qui pouvait<br />

dire en pleine synagogue et le jour-du-sabbat : "g: ekteinon ten cheira = étends la<br />

main !" (III-5), de même que lui (= YHVH) avait dit jadis <strong>à</strong> Moïse : 'Etends la<br />

main ! = g: ekteinon ten cheira' (Exode(1) XIV-26), lui ne peut plus, <strong>les</strong> deux<br />

mains étendues et clouées <strong>à</strong> la croix, dire la condamnation(2) de Dieu vers <strong>les</strong><br />

grands-prêtres avec <strong>les</strong> scribes, comme il l'avait dite 'vers <strong>les</strong> égyptiens sur leurs<br />

chars et leurs cavaliers' (Exode XIV-26).<br />

Le texte ne peut s'empêcher de dire sa vision et son entendement, et il le fait<br />

<strong>dans</strong> des conditions tragiques.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


REFERENCES DE (XV-28)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 19 -<br />

1.- Ce verset est absent de nombreux documents et son texte est :<br />

kai eplerôte e graphe e legousa :<br />

et fut accomplie l' Ecriture qui dit :<br />

" kai meta a-nomôn elogisthe"<br />

" et avec <strong>les</strong> sans-loi il fut compté"<br />

2.- La deuxième partie de ce texte est <strong>dans</strong> l'évangile de Saint Luc (XXII-37)<br />

avec <strong>les</strong> mêmes mots et <strong>dans</strong> le même ordre.<br />

3.- On m'a dit : c'est une citation du prophète Isaïe :<br />

Is LIII-12 kai en tois a-nomois elogisthe<br />

<strong>Mc</strong> XV-28 et Lc XXII-37 kai meta a-nomôn elogisthe<br />

A part le mot elogisthe, rien n'est commun... Alors, j'ai essayé de 'lire' la prophétie<br />

d'Isaïe en re-gardant comment on pouvait entendre le texte d'Isaïe, surtout<br />

celui situé tout autour du verset Is (LIII-12). Voici quelques constats :<br />

1.- <strong>à</strong> qui le bras de YHVH a-t-il été relevé ? <strong>Mc</strong> III-1 <strong>à</strong> 5<br />

2.- et il montera comme une branche (le bâton de Jessé)<br />

comme une racine sortie d'une terre aride <strong>Mc</strong> I-12/13<br />

3.- méprisé, nous l'avons compté pour rien <strong>Mc</strong> XIV-50<br />

4.- il a pris nos langueurs sur lui <strong>Mc</strong> XIV-24<br />

comme un lépreux <strong>Mc</strong> I -41<br />

5.- son châtiment /notre paix/ est tombé sur lui <strong>Mc</strong> XV-15<br />

par ses meurtrisseurs nous avons été guéris <strong>Mc</strong> XV-15/19<br />

6.- nous tous comme des brebis nous avons erré <strong>Mc</strong> VI-34<br />

7.- il sera muet et il n'ouvrira pas sa bouche <strong>Mc</strong> XV-15<br />

8.- <strong>à</strong> cause du crime <strong>Mc</strong> XV-7/11<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 20 -<br />

9.- on a mis son sépulcre avec <strong>les</strong> impies<br />

mais il a été avec le riche après sa mort <strong>Mc</strong> XV-43/46<br />

.......<br />

12.- et <strong>dans</strong> / avec <strong>les</strong> sans-loi il fut compté<br />

Je ne suis pas persuadé que cette hypothèse ait quelque valeur : elle ne rentre<br />

pas <strong>dans</strong> l'harmonie des structures du texte de Saint Marc. Les renvois se<br />

succèdent au hasard, sans-loi et sans-ordre.<br />

Je pense aussi que tout texte développé suivant l'idée directrice d'Isaïe entraîne<br />

automatiquement un certain nombre de rencontres, du seul fait que le style et le<br />

langage sont conformes <strong>à</strong> la littérature 'prophétique'.<br />

LE FAIT SYNOPTIQUE<br />

Autrement importante me paraît la remarque exposée au paragraphe 2 cidessus.<br />

Analysant en divers endroits du texte le fait 'synoptique', j'ai trouvé<br />

combien :<br />

le texte de Saint Marc...<br />

me semble le premier écrit, et d'une cohérence parfaite;<br />

le texte de Saint Matthieu...<br />

a été composé par un auteur ayant eu en mains le texte de Saint Marc,<br />

mais n'ayant pas entendu, <strong>à</strong> son sujet, le moindre commentaire oral.<br />

le texte de Saint Luc(3)...<br />

(est écrit après ceux de Saint Marc et de Saint Matthieu), considère le<br />

texte de Saint Marc comme authentique et reçoit des informations de divers<br />

autres contacts. Il ne retient une information qu'après vérification et<br />

authentification.<br />

Toute lecture suivant une (synopse) doit impérativement s'appuyer sur ces<br />

constats fondamentaux.<br />

Pour le verset (XV-28), si sa présence n'est pas constante sur l'ensemble des<br />

documents qui nous ont permis de recevoir le texte de l'évangile, il y a lieu -<br />

avant de prendre une décision <strong>à</strong> son sujet - de considérer :<br />

que Saint Matthieu ne cite pas ce verset<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 21 -<br />

que seul Saint Luc a écrit identiquement (la deuxième partie de) ce verset,<br />

donc qu'il l'a reçu par ailleurs. Or ce verset n'est pas une information d'un témoin<br />

et n'apporte rien au récit : il est un simple commentaire.<br />

Lors de la séquence de la cruche d'eau, il en était tout autrement : Saint Luc<br />

avait précisé que <strong>les</strong> deux discip<strong>les</strong> envoyés par Jésus pour apprêter la Pâque<br />

étaient Pierre et Jean (voir <strong>Mc</strong> XIV-13); ce n'était pas un commentaire, mais une<br />

information que chacun pouvait, ce jour-l<strong>à</strong>, vérifier. Le verset (XV-28) quant <strong>à</strong><br />

lui n'est qu'un commentaire. D'où Saint Luc l'a-t-il reçu ? Je suis obligé, ici, de<br />

faire une hypothèse pour pouvoir continuer mon analyse (<strong>les</strong> résultats de cette<br />

analyse devant, ensuite, confirmer ou infirmer l'hypothèse faite). Je vais<br />

supposer que le verset existe bien <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc et que Saint Luc<br />

l'y ayant trouvé, le considérant comme valable, l'a conservé.<br />

LES LOIS DU TEXTE<br />

Une façon de vérifier la pertinence de l'hypothèse est de voir comment <strong>les</strong><br />

lois habituel<strong>les</strong> du texte de Saint Marc s'appliquent et ce que leur étude peut<br />

apporter.<br />

Il y a lieu d'analyser successivement chacun des mots de ce texte.<br />

1.- 'g: a-nomos = sans-loi'<br />

Le mot existe une seule fois en Saint Marc et en Saint Luc. Il est employé une<br />

fois <strong>dans</strong> <strong>les</strong> Actes (II-23) mais il est présent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> écrits de Saint Paul et de<br />

Saint Pierre. Pourtant, lorsqu'il est appliqué <strong>à</strong> Jésus, il n'y a que cet emploi de<br />

notre verset.<br />

2.- 'g: logizomai = compter'<br />

Encore un mot une seule fois <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc : ici ! Donc, c'est un<br />

mot difficile, sauf que ce mot vient juste après le décompte fait par le texte du<br />

nombre des brigands : il y a deux brigands, l'un <strong>à</strong> droite et l'un <strong>à</strong> sa gauche. Cela<br />

fait bien deux ! Mais, du fait que le premier soit <strong>à</strong> droite et le deuxième <strong>à</strong> sa<br />

gauche, suivant l'habitude des juifs, cela signifie qu'il est le Maître des brigands,<br />

puisque ce sont '<strong>les</strong> discip<strong>les</strong>' d'un maître qui ont le droit de se mettre<br />

alternativement, suivant leur ordre, <strong>à</strong> côté et de part et d'autre de ce maître.<br />

Donc, lorsque le texte écrit "l'un <strong>à</strong> droite et l'un <strong>à</strong> sa gauche", cela veut dire : il<br />

est le Maître des brigands, et il y a en tout trois brigands, puisqu'on le compte<br />

avec <strong>les</strong> brigands. Le texte a des raisons d'écrire le verset (XV-28).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 22 -<br />

3.- 'g: meta = avec'<br />

Le lecteur se reportera au Lexique où il trouvera <strong>les</strong> éléments pour une analyse<br />

de meta.<br />

MEDITATION<br />

Le mot important du verset est, bien évidemment : 'g : a-nomos = sans-loi'. Il<br />

oblige chacun des lecteurs <strong>à</strong> prendre acte que, <strong>à</strong> aucun endroit du texte de Saint<br />

Marc, n'arrive le mot 'g: nomos = loi' ... sauf <strong>dans</strong> le verset présentement<br />

analysé, par cette venue de 'nomos' orné de la garniture d'un 'a-' privatif de<br />

toute existence : sans-loi !<br />

Il y a toujours en nous, quoique nous fassions pour apurer notre mémoire,<br />

quelques traces en forme de souvenir et voici qu'il me revient : "Ne vous<br />

imaginez pas que je sois venu détruire la Loi (g: ton nomon) ou <strong>les</strong> prophètes; je<br />

ne suis pas venu détruire, mais accomplir. Car, en vérité, je vous dis : jusqu'<strong>à</strong> ce<br />

que passent le ciel et la terre, un-seul iota ou un-seul trait ne passera pas de la<br />

Loi (g: apo tou nomou) jusqu'<strong>à</strong> ce que tout arrive" (Mt V-17 et 18).<br />

De plus, il est important de savoir qu'il y a un peu plus de deux cents emplois<br />

du mot 'nomos' ou d'un mot dérivé <strong>dans</strong> le Nouveau Testament, ceci étant <strong>à</strong><br />

comparer avec l'unique 'a-nomos' de Saint Marc.<br />

Je commence ma méditation avec :<br />

"J'ai été sans-loi avec ceux qui sont sans-loi, moi qui ne suis pas sans une<br />

loi de Dieu, étant sous la loi du Christ, pour gagner <strong>les</strong> sans-loi".<br />

(I Corinthiens IX-21)<br />

Puis je reconnais que Saint Paul ne m'apporte pas, <strong>dans</strong> ce texte, un<br />

commentaire adapté au texte de Saint Marc.<br />

Par contre, Irenée commente <strong>à</strong> sa façon par le texte suivant :<br />

'C'est pourquoi aussi la LOI ne nous est pas nécessaire comme<br />

pédagogue; voici que nous causons avec (le) Père et que, devant lui, nous nous<br />

tenons face <strong>à</strong> face, devenus enfants pour la malice et affermis en toute justice et<br />

modestie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(ni :)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 23 -<br />

La LOI en effet n' aura plus <strong>à</strong> dire :<br />

tu ne seras pas adultère<br />

<strong>à</strong> celui en qui il n'est venu absolument aucun désir<br />

de la femme d'un autre;<br />

<strong>à</strong> celui qui a éliminé, en soi, toute colère et inimitié;<br />

tu ne désireras pas le champ de ton prochain ou son bœuf ou son âne,<br />

<strong>à</strong> ceux qui n'ont absolument aucun souci des choses de cette<br />

terre, mais font provision des fruits cé<strong>les</strong>tes;<br />

(ni :)<br />

oeil pour oeil, et dent pour dent,<br />

<strong>à</strong> celui qui ne regarde personne (comme) son ennemi<br />

mais tous (comme) son prochain et, pour cette raison, ne peut pas même<br />

avancer la main pour la vengeance.<br />

La dîme, la LOI ne la réclamera pas,<br />

<strong>à</strong> celui qui a consacré <strong>à</strong> Dieu tous ses biens, a abandonné son père,<br />

sa mère et sa famille au complet et a suivi le Verbe de Dieu;<br />

et il n'y aura pas d'injonction de rester sans rien faire pendant un jour de repos<br />

pour celui qui observe le sabbat tous <strong>les</strong> jours,<br />

c. <strong>à</strong> d. qui rend un culte <strong>à</strong> Dieu<br />

<strong>dans</strong> le Temple de Dieu qui est le corps de l'homme...'<br />

(Irenée : Démonstration de la prédication apostolique 96)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 24 -<br />

Note 1 : Exode = Page 18<br />

Voir également <strong>dans</strong> le livre de l'Exode :<br />

III-20 / VII-5/ IX-22 et 23 / X-12 et 21 / XIV-21.<br />

Note 2 : condamnation = Page : 18<br />

Une idée <strong>à</strong> retenir : lorsque Dieu (d'Amour) est condamné, le supplice<br />

l'immobilise <strong>dans</strong> la position de l'amour toujours offert : <strong>les</strong> deux mains<br />

étendues !<br />

Note 3 : Saint Luc = Page : 20<br />

Voir <strong>dans</strong> le présent volume le chapitre sur : Une cruche d'eau = XIV-13).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-29 <strong>à</strong> 39)<br />

Les bruits et le silence<br />

Le psaume XXII<br />

Fils de Dieu<br />

Sur l'absence de l'article<br />

Les synoptiques<br />

LES BRUITS ET LE SILENCE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 25 -<br />

VRAIMENT ... FILS DE DIEU<br />

_______________<br />

A la Croix, il y a, au temps de l'Avant-Mort :<br />

Ceux qui passaient blasphémaient<br />

Les grands-prêtres... avec <strong>les</strong> scribes bafouant disaient<br />

Les crucifiés-ensemble avec° lui insultaient<br />

.......<br />

Et une-ténèbre arriva (pendant trois heures).<br />

A la Genèse, il y a, au temps de l'Avant-Création :<br />

Le t o h u - b o h u le chaos<br />

Le t e h o m l' abîme<br />

Le h o s h e k le gouffre ténébreux<br />

Et la ténèbre, il l'appela nuit (Genèse I-5)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 26 -<br />

A la Croix, le silence de Dieu devient nuit, car le Néant est revenu comme au<br />

temps où la Parole n'avait pas encore parlé. Dieu (= Messie) est immobile cloué<br />

sur la Croix et il ne peut faire aucun mouvement de ses bras, de ses jambes.<br />

Alors Jésus se-taisait (cfr : XIV-61), mais le bruit est autour par ceux qui passent<br />

ou sont cloués comme lui. Le bruit incohérent règne avec des blasphèmes,<br />

des bafouements et des insultes. La nuit appelle la mort et l'anonymat sonore se<br />

focalise sur la dualité incohérente : Eloï... Elyahou ! Il crie son abandon et, par<br />

le même cri, il appelle Elie. Il crie la négation de l'Alliance et il veut<br />

l'accomplissement de cette même Alliance : Tu m'abandonnes et envoie-moi Elie<br />

= c'est le néant de la pensée, le néant de l'intelligence, le néant de la cohérence.<br />

Alors un quelconque homme agit et fait des gestes ordonnés, <strong>dans</strong> une logique<br />

humaine. L'homme court et va chercher l'éponge pleine de vinaigre. La<br />

cohérence est <strong>dans</strong> l'homme; elle est la revanche de son intelligence face <strong>à</strong><br />

l'absence de Dieu. L'homme construit un montage avec une éponge, un roseau,<br />

du vinaigre et il tend la structure nouvelle faisant ainsi monter vers le haut un<br />

liquide aigri (= le vin-aigre). L'homme va jusqu'au bout de son jeu-mystère pour<br />

une nouvelle création en disant, lui aussi, la parole : "Laissez...!". Mais Dieu,<br />

par un mot gravé <strong>dans</strong> le texte, relance une nouvelle origine du temps :<br />

" l a i s s a n t " .<br />

Il y a maintenant deux temps commençant <strong>à</strong> courir : le temps<br />

blasphématoire de l'homme et un temps qui est la Puissance(1), car elle<br />

s'impose par son silence : "Laissant une grande voix ...". L'expression est<br />

diffusée <strong>dans</strong> tout le texte et impose le silence <strong>à</strong> ceux qui passaient, aux grandsprêtres<br />

et aux scribes, aux crucifiés-ensemble et <strong>à</strong> tous ceux (= quelques-uns)<br />

qui étaient l<strong>à</strong> avec la dualité de leur entendre :<br />

" . . . s a b a c t a n i . . . E l i e !".<br />

Dieu impose le silence et supprime le souffle. J'ai entendu l'envol de l'Esprit :<br />

le mot hébreu 'ruah' qui est <strong>à</strong> la fois le vent, l'air déplacé, la respiration, l'ultime<br />

souffle de vie pour lequel le texte a écrit : "expira". Cet air qui coule comme<br />

une brise(2) a la Puissance de l'Infini; il déchire le rideau, non pas de bas en<br />

haut comme il devrait faire <strong>à</strong> cause de ce rideau pendu de haut en bas, donc tenu<br />

par le haut; le souffle ténu a eu la folle énergie de partir du haut et d'arracher ce<br />

rideau jusqu'en bas, mouvement semblable <strong>à</strong> celui de la nuée qui toujours<br />

descend.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 27 -<br />

C'est la Présence de Dieu, inclinant Sa nuée, parlant son 'ruah', créant la<br />

Création, lançant un nouveau temps, car après la ténèbre ou encore la Nuit<br />

venant au soir sur un monde de hoshek, de tehom, de tohu-bohu, il y a la<br />

lumière, nouveau matin, créée par le Souffle de Dieu. La déchirure est la<br />

nouvelle Parole Parlée et ils la virent, au grand jour, nettement, arriver "du haut°<br />

jusqu'en-bas" (XV-38).<br />

Les hommes voient et entendent. Les sons nouveaux viennent sur un monde<br />

d'insulte, de bafouement, de blasphème. Et il y a <strong>les</strong> mots nouveaux prononcés<br />

par l'homme :<br />

"Alethôs outos o anthrôpos uios Theou en"<br />

qui sont, en langue grecque, SEPT mot. Dans l'Ecriture (pour <strong>les</strong> juifs : la Tora)<br />

le chiffre 'sept' représente le serment. Cela a-t-il une signification, ici, pour ce<br />

centurion qui est officier donc, selon <strong>les</strong> règlements de Rome, a l'obligation<br />

d'être un non-juif ?<br />

Alors je me souviens : "... ne vous-inquiétez-pas-<strong>à</strong>-l'avance (de-)quoi vous<br />

parlerez, mais ce-quoi vous sera donné <strong>à</strong> cette heure-l<strong>à</strong>, parlez de-cette-chose-l<strong>à</strong>,<br />

car vous-mêmes n'êtes pas ceux qui parlent, mais l'Esprit-Saint." (XIII-11).<br />

Peut-être le centurion ne savait-il pas ce que signifie 'uios Theou' = Fils de<br />

Dieu. Peu importe : il l'a dit et c'est vrai = en-vérité ! Or, je sais que "en-vérité"<br />

est par la vérité (h: emeth) le Nom "de-Dieu" et je crois que 'cet homme' est<br />

l'Incarnation de Dieu, c. <strong>à</strong> d. le "Fils".<br />

Ainsi je suis fondu en cette double-dualité. Quand Dieu se fait homme, il fait<br />

sa promenade <strong>à</strong> la brise légère du jour. Il est la voix du murmure ténu sur <strong>les</strong><br />

lèvres de la mer. L'unité de Dieu y rencontre un couple de frères : Pierre et<br />

André, Jacques et Jean. Lorsque Dieu-homme arrive au moment du passage<br />

(= la mort humaine), il y a un homme étranger (= un non-juif) pour dire<br />

comment le Messie était <strong>à</strong> la fois Dieu et Homme par le couple de mots-frères :<br />

<strong>les</strong> deux Noms de Dieu<br />

/ <strong>les</strong> deux mots pour l'homme qu'il "était"(3).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LE PSAUME XXII<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 28 -<br />

Ayant entendu le SILENCE et ayant vu le rideau se déchirer par Son souffle<br />

divin, voix de Son silencieux murmure, que le lecteur revienne <strong>à</strong> la brutalité<br />

criante des juifs au psaume de David : Lema sabactani !<br />

Le psaume XXII est un grand cri de l'homme (= le psalmiste) abandonné par<br />

Dieu et, comme tous <strong>les</strong> cris, il s'anéantit lui-même <strong>dans</strong> l'outre-passement du<br />

bruit qui devient non-néant ou encore non-silence :<br />

"EL-I ! EL-I ! Lama ...<br />

"EL-I ! EL-I ! Lama asaphtani rahok mishouati<br />

Divre shaogati<br />

Elohay ! Ekra yoman ve-lo-taane ve layla<br />

ve-lo-DUMYA li..."<br />

Le psalmiste crie vers Dieu et il LUI donne deux NOMS, le deuxième étant<br />

l'extension du premier vers un hurlement désespéré :<br />

"EL-I ! EL-I ! Mon Dieu ! Mon Dieu !<br />

Pour-quoi m'as-tu abandonné ?<br />

Quel (énorme) écart entre mon salut<br />

et tout ce que je voudrais mettre <strong>dans</strong> mon cri !<br />

Elohay ! Grand - Dieu :<br />

C'est mon cri de ce jour !<br />

... et Tu ne réponds RIEN ?<br />

Même durant la nuit (= la ténèbre),<br />

ils ont fait 'pas-de-SILENCE' pour moi !"<br />

Le 'pas-de-silence', c. <strong>à</strong> d. l'anti-silence, ou encore le non-repos = 'h: lo-dumya'<br />

(avec la négation 'lo'), entraîne le psalmiste vers l'au-del<strong>à</strong> de son cri. Conservant<br />

la première syllabe de l'appel 'El-i = Dieu-mien', il élargit le 'i' <strong>à</strong> la diphtongue<br />

'hay' c'est <strong>à</strong> dire <strong>à</strong> la vie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 29 -<br />

Et voici que j'entends au tréfonds de moi le mot "Elohay" comme le cri<br />

sauvage "Ouai !" (voir Lexique). Le texte de Saint Marc me l'a offert par deux<br />

fois 'Ouai = malheur <strong>à</strong>...' = l'antinomie qui est la mort avec, en elle, le mot qui<br />

est la vie. Cri dérisoire de dérision, cri hurlant un hurlement désespéré de<br />

désespoir, "Ouai !" pour cet-homme-l<strong>à</strong> (cfr : XIV-21).<br />

Ainsi le 'pas-de-silence = h: lo-dumya' devient plus violent <strong>à</strong> cause de<br />

l'arrivée de la négation par le pré-mot 'h: lo'. Il y a plus de force <strong>dans</strong> un<br />

commandement (= la loi) négatif de : 'Tu ne feras pas...', que <strong>dans</strong> un ordre<br />

positif de 'faire' et le texte du psalmiste a noté combien l'homme abandonné<br />

tombe <strong>dans</strong> le non-silence, au cours de la nuit :<br />

"la nuit = pour moi : pas-de-silence".<br />

A la Croix, la nuit est une ténèbre venue pendant trois heures. Dieu "se-tait".<br />

Autour, partout, en face, il y a le 'pas-de-silence' des juifs et ils disent en<br />

évoquant le psaume du non-silence.<br />

Ce n'est pas un ensemble cohérent de paro<strong>les</strong>, de réflexions, de discours. C'est<br />

la volonté de créer <strong>dans</strong> le néant (= l'inverse du verbe 'h: bara' de Genèse I)<br />

l'incohérence d'un pas-de-silence jeté <strong>à</strong> la face de Dieu. Ils l'ont obligé <strong>à</strong><br />

l'immobilité en le crucifiant; ils l'obligent <strong>à</strong> entendre le pas-de-silence qui est<br />

bien autre chose que des paro<strong>les</strong> humaines et ils profitent de cette ténèbre qui est<br />

non-jour pour que l'homme sur la croix, <strong>dans</strong> son dernier instant de vie, puisse<br />

voir et entendre Son inversion, lui qui a dit au Grand Prêtre : "JE-SUIS" (XIV-<br />

62), voici qu'ils le disent être celui : 'je ne suis pas'.<br />

C'est pourquoi j'ai pleuré longuement en prenant conscience de cette arrivée du<br />

psaume XXII : <strong>à</strong> cet instant précis, il y a bien plus que le blasphème des mots<br />

'lema sabactani'. Il y a le non-néant qui est <strong>à</strong> la fois Hoshek avec Tehom <strong>dans</strong> le<br />

Tohu-bohu lancés en Trinité <strong>à</strong> la face du Messie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


FILS DE DIEU<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 30 -<br />

Au commencement ( l ' h u m a n i t é )<br />

<strong>à</strong> quatre : ceux qui passaient <strong>les</strong> crucifiés-ensemble<br />

(plénitude) (leurs mouvements) (leur immobilité)<br />

grands-prêtres et scribes<br />

<strong>à</strong> trois ou blasphémaient en-bafouant insultaient<br />

<strong>à</strong> cinq : en-disant disaient<br />

aboutissement ( l' incohérence des paro<strong>les</strong> humaines )<br />

r deux v o i r (pour) a v o i r - f o i<br />

<strong>à</strong> U N u n e t é n è b r e<br />

(la nuit = l'effacement = le néant)<br />

<strong>à</strong> trois (au bout de trois heures : plus de ténèbre)<br />

<strong>à</strong> U N une grande voix<br />

<strong>à</strong> deux Eloï ! Eloï !<br />

+ deux (c. <strong>à</strong> d. : deux mots en araméen)<br />

= incohérence Entendant (entendre David...)<br />

A Voyons si... (...et voir Elie)<br />

<strong>à</strong> U N quelqu'un<br />

<strong>à</strong> trois éponge + vinaigre + roseau<br />

= incohérence si Elie vient le dépendre...<br />

B (où est-ce <strong>dans</strong> l'Ecriture ?)<br />

A + B : le 'pas-de-silence' (du psaume XXII) =<br />

paro<strong>les</strong> non cohérentes<br />

Laissez... La négation de la cohérence de Dieu est introduite<br />

par le verbe laisser.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 31 -<br />

LAISSANT... Le Verbe rétablit la puissance du Silence.<br />

La foi de l'homme : ayant VU que...<br />

Le souffle de Dieu : ...criant ainsi... expiré<br />

la Parole de l'homme :<br />

VRAIMENT DE-DIEU<br />

CELUI-CI L' HOMME (était) : FILS<br />

SUR L'ABSENCE DE L'ARTICLE<br />

L'expression 'Fils de Dieu' vient trois fois <strong>dans</strong> le texte :<br />

I-1 Iesou Christou uiou Theou<br />

Le titre de l'ouvrage ne peut laisser aucune indétermination <strong>dans</strong> la traduction.<br />

Jésus le Messie est "Fils de Dieu", c. <strong>à</strong> d. du Dieu d'Israël.<br />

III-11 su ei o uios tou Theou<br />

"Toi, Tu es le fils de-le Dieu" : une parole dite par <strong>les</strong> esprits-impurs. Eux,<br />

ils emploient l'article tou.<br />

XV-39 alethôs outos o anthrôpos uios Theou en<br />

"En-vérité celui-ci l'homme était Fils de Dieu"<br />

ce qui est la formulation du titre du livre.<br />

Quelqu'un m'a dit : 'la langue grecque est une langue très précise et, lorsqu'elle<br />

ne détermine pas, c'est que l'objet dont elle parle est indéterminé et doit donc<br />

être traduit par 'un' et non pas par 'le'. Puis, il a pris comme exemple <strong>à</strong> l'appui de<br />

sa thèse : 'Vraiment, cet homme était fils d'un dieu'.<br />

Je lui ai répondu que l'omission de l'article est un sémitisme car le nom hébreu<br />

<strong>à</strong> l'état construit, c. <strong>à</strong> d. au cas que le latin appelle le génitif, ne prend pas<br />

l'article.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 32 -<br />

J'ai ajouté qu'il est des passages du texte de Saint Marc devant <strong>les</strong>quels<br />

l'exégète doit hésiter car il a le choix entre deux explications :<br />

a) l'auteur du texte étant un sémite, écrit un sémitisme. Ici cela revient <strong>à</strong><br />

écrire conformément <strong>à</strong> la coutume des juifs : 'uiou Theou'.<br />

b) le texte veut mettre <strong>dans</strong> une formulation inhabituelle une intention qui est<br />

la précision <strong>à</strong> analyser avec soin (c'est une façon d'avertir le lecteur). Ici, ce<br />

pourrait être l'explication suivante : le centurion est officier romain, sans aucun<br />

doute d'une culture non-sémitique. Il vient de (voir) la ténèbre puis le rideau<br />

déchiré; il sait que son chef direct (cfr : <strong>les</strong> versets XV-44 et 45) "connaissait<br />

que <strong>les</strong> grands-prêtres avaient livré Jésus en-raison-de jalousie" (XV-10) et que<br />

Pilate ne voyait pas ce que Jésus avait pu faire de "mauvais" (XV-14).<br />

Le centurion vit en face <strong>les</strong> événements qui se déroulent <strong>dans</strong> la ville sainte<br />

des juifs (= Jérusalem) <strong>à</strong> proximité de leur Temple, au moment de leur grande<br />

fête religieuse annuelle. Il rassemble le tout et, disant ce qu'il voit et entend, ne<br />

peut que conclure : en-vérité celui-ci l'homme était fils... dieu ! Peu importe qu'il<br />

veuille dire 'd'un dieu' ou 'de Dieu', le singulier signifie que ce dieu est UN ... et<br />

il ne peut s'agir que du Dieu (Unique) des juifs. C'est pourquoi la traduction a<br />

retenu "... Fils de-Dieu".<br />

Une question pourrait se poser de savoir si, <strong>dans</strong> la pensée du centurion, <strong>les</strong><br />

deux mots de 'fils' et 'dieu' doivent avoir une majuscule ou non. Il ne peut s'agir<br />

que du Dieu-Unique des juifs, peut-être pas encore vénéré par le centurion.<br />

Quant <strong>à</strong> Fils..., peut-être pourrait-on y voir la simple signification de 'serviteur',<br />

ou prophète, ou envoyé... mais : quel mot pourrait dire un centurion, <strong>à</strong><br />

Jérusalem, ce soir-l<strong>à</strong>, s'il ne voulait pas dire le mot 'MESSIE' lequel aurait pu<br />

provoquer une émeute ? Un officier, même d'armée d'occupation, n'était pas l<strong>à</strong><br />

pour susciter une révolte; le texte a bien su préciser comment Pilate a faitsatisfaction<br />

<strong>à</strong> la foule (XV-15) car il voulait éviter "l'émeute" (XV-7) et celle-ci<br />

couvait, puisque <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes l'avaient envisagée "car ils<br />

disaient : "Pas pendant la fête, de-peur-que sera un tumulte du peuple" (XIV-2).<br />

Le centurion n'a pas pu dire 'En-vérité celui-ci l'homme était le Messie de Dieu'.<br />

Alors, il a dit : "Fils de Dieu".<br />

Le lecteur reprendra cette méthode d'analyse pour aller en (III-11) et il y verra<br />

que <strong>les</strong> esprits-impurs criaient en disant : Toi, tu es le fils de-le dieu = d'un dieu<br />

unique venant s'opposer aux dieux de Sidon, de Tyr, de l'autre-rive du Jourdain,<br />

de l'Idumée ...?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LES SYNOPTIQUES<br />

Les trois textes grecs sont :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 33 -<br />

<strong>Mc</strong> XV-39 alethôs outos o anthropos uios Theou<br />

Mt XXVII-54 alethôs - - uios Theou en outos<br />

Lc XXIII-47 on-tôs o anthrôpos outos... dikaios en<br />

Le lecteur ira vers le texte sur Les évangi<strong>les</strong> synoptiques (tome IX) où il<br />

trouvera des traductions de ces trois textes faisant ressortir <strong>les</strong> différences fondamenta<strong>les</strong><br />

des trois formulations (voir pages 10, 15 et 21).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 34 -<br />

Note 1 : la Puissance = Page : 26<br />

La Puissance de la Parole s'impose par le silence qui est la non-parole, de<br />

même que, <strong>à</strong> la fin du sixième jour de la Création, le jour sept arrive comme un<br />

jour de non-création (= le non-travail). Dieu a la plus grande de toutes <strong>les</strong><br />

puissances : celle de limiter sa propre puissance.<br />

Note 2 : comme une brise = Page : 26<br />

Le lecteur se rendra au verset (XIV-61) : "Celui°-ci se-taisait"; il y verra le<br />

mot hébreu 'dom' qui impose le 'silence = h: damo'.<br />

Alors, il se remémorera Elie devant qui Dieu passa <strong>dans</strong> 'la voix du murmure<br />

ténu = h: qol demana daqqa' (I Rois XIX-12). Ce n'était ni 'un vent très fort', ni<br />

'un tremblement de terre', ni 'un feu', qui sont trois incohérences comme furent le<br />

tohu-bohu, le tehom, le hoshek. Dieu est <strong>dans</strong> la douce brise du Souffle de son<br />

Etre et le Silence qui passe est <strong>dans</strong> le mot demana comme il fut, en Saint Marc,<br />

<strong>dans</strong> le verbe grec 'siopaô = se-taire'.<br />

Note 3 : était = Page : 27<br />

Le temps du verbe le situe <strong>dans</strong> le temps de Dieu.<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-33 et 34)<br />

Introduction<br />

Les données<br />

Le psaume XXII<br />

Sur : 'arriver = ginomai'<br />

Sur : "eis ti"<br />

Sur : 'traduire = meth-ermeneuo'<br />

Sur : "o estin..."<br />

Sur : "eis ti" + la mémoire<br />

La sixième heure<br />

L'appel de Dieu<br />

Nouvelle lecture<br />

Annexe 1 : Les grands-prêtres<br />

Annexe 2 : Les scribes<br />

Annexe 3 : Sur la méthode exégétique<br />

INTRODUCTION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 35 -<br />

LEMA SABACHTHANI<br />

_______________<br />

C'est au verset (XV-37) que Jésus expira : "Est-accompli le moment..." (cfr : I-<br />

15). Moi aussi, j'ai assisté <strong>à</strong> tout le drame et voici le temps où "soudain, en<br />

regardant-autour, je ne° vis plus° ... (que) Jésus seul" (cfr : IX-8) sur la croix :<br />

"le corps" (XV-43) "déj<strong>à</strong> mort" (XV-44) ou encore "le cadavre" (XV-45).<br />

Toutes <strong>les</strong> personnes "qui passaient" (XV-29), ces "quelques-uns... qui étaientprésents"<br />

(XV-35), et "<strong>les</strong> grands-prêtres... avec <strong>les</strong> scribes" (XV-31), et "<strong>les</strong><br />

crucifiés-ensemble avec° lui" (XV-32) ... et "personne" (IX-8) ne parlait, car ils<br />

"craignaient" (XVI-8) (avec : craindre = se-taire).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 36 -<br />

Quelques instants avant la mort, "arrive un grand tourbillon" (IV-37) de bruits<br />

et le texte s'oblige <strong>à</strong> citer un débordement de paro<strong>les</strong> :<br />

XV-29 et 30 XV-36<br />

XV-31 et 32 XV-35<br />

XV-34 (+ quatre mots araméens)<br />

Seul, le verset (XV-37) rétablit le silence en "laissant une grande voix".<br />

L'écoute de la pentaphonie du texte me fait prendre conscience de la disparition<br />

de la Parole de Dieu <strong>à</strong> cause de ces paro<strong>les</strong> des hommes, sauf... et, ici, je prends<br />

acte d'une incohérence ! Toutes ces paro<strong>les</strong>, j'arrive <strong>à</strong> <strong>les</strong> comprendre lorsque je<br />

prends chacune <strong>à</strong> part; pourtant, el<strong>les</strong> sont incohérentes <strong>dans</strong> leur polyphonie<br />

(cacophonie) comme si chacune disait sa propre parole au même instant, <strong>à</strong> l'écart<br />

des autres. Les uns attendent Elie; l'autre joue avec son vinaigre. Ils voudraient<br />

qu'IL descende <strong>à</strong> moins que cet Elie ne vienne le dépendre. Les uns veulent voir<br />

pour pouvoir témoigner et ils appellent cela : avoir-foi. D'autres entendent. On<br />

bafoue, on blasphème, on insulte, il clame.<br />

en disant disaient.. disaient.. en disant<br />

(XV-29) (XV-31) (XV-35) (XV-36)<br />

As-tu remarqué, ô lecteur, la circularité ? Tous ces mots et ces dire, toutes ces<br />

paro<strong>les</strong> camouflent la Parole de Dieu. Il y a, en plus, le chiasme formé par ceux<br />

qui parlent :<br />

XV-29 ceux qui passaient.. en disant = legontes<br />

XV-31 <strong>les</strong> grands-prêtres avec <strong>les</strong> scribes disaient = elegon<br />

XV-34 Et.. Jésus clama (+ quatre mots araméens) = eboesen<br />

XV-35 quelques-uns des présents disaient = elegon<br />

XV-36 or quelqu'un en disant = legon<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 37 -<br />

La circularité est rigoureuse, mise en évidence par 'legontes ... legon' aux deux<br />

extrêmes, c. <strong>à</strong> d. par une évolution d'un pluriel vers un singulier : "quelques-uns<br />

... quelqu'un".<br />

Ce 'quelqu'un' est l'un de ceux qui étaient-présents; c'est aussi l'un de ceux qui<br />

passaient et avaient blasphémé contre lui : son réflexe avec l'éponge remplie de<br />

vinaigre n'est qu'un geste raisonné de blasphème !<br />

Or, si cette circularité est aussi précise, que veut dire le centre avec quatre<br />

mots d'une langue étrangère ? Jésus était le Messie "vers <strong>les</strong> villages de Césarée<br />

de Philippe" (voir VIII-29) et voici que le texte, au moment de la mort, semble<br />

dire au lecteur : moi, le texte, je ne crois pas "cet homme-ci que vous dites !"<br />

(XIV-71) ; il crie Eloï, mais hurle son abandon...<br />

LES DONNEES<br />

1.- Le texte en Saint Marc<br />

E I S t i ... = P O U R q u o i ... ...cette Parole :<br />

Elod Elod lema sabachthani ?<br />

XV-33 kai genomenes ôras ektes<br />

et étant-arrivée heure la-sixième<br />

skotos egeneto eph' olen ten gen<br />

une-ténèbre arriva sur entière la terre<br />

eôs ôras enates<br />

jusqu'<strong>à</strong> heure la-neuvième<br />

XV-34 kai te enate ôra<br />

et <strong>à</strong>-la neuvième heure<br />

eboesen o Iesous phone megale<br />

clama le Jésus (d'une-)voix grande<br />

E L O I E L O I L E M A S A B A C H T H A N I<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 38 -<br />

o estin meth-ermeneuomenon<br />

ce-qui est traduit :<br />

O Theos mou ! O Theos mou ! eis ti egkatelipes me<br />

Le Dieu de-moi Le Dieu de-moi Pour quoi as-tu-abandonné moi ?<br />

2.- Les deux textes en <strong>Mc</strong> / Mt<br />

<strong>Mc</strong> (kai genomenes) oras ektes skotos egeneto (eph' olen)<br />

Mt (apo de ) ektes oras " " (epi pasan)<br />

<strong>Mc</strong> ten gen eos oras enates (kai ) te enate ora<br />

Mt " " " " " (peri de) ten enaten oran<br />

<strong>Mc</strong> eboesen o Iesous phone megale<br />

Mt (an-) eboesen " " " " (legôn)<br />

<strong>Mc</strong> E l o i E l o i L e m a s a b a c h t h a n i<br />

Mt E l i E l i L e m a s a b a c h t h a n i<br />

<strong>Mc</strong> ( o) estin (meth-ermeneuomenon)<br />

Mt (tout) " - - -<br />

<strong>Mc</strong> (o Theos) mou (o Theos) mou (eis ti) egkatelipes me<br />

Mt ( Thee ) " ( Thee ) " (ina-ti) me egkatelipes<br />

3.- La citation du psaume XXII en grec<br />

Septante o Theos o Theos mou prosches moi<br />

<strong>Mc</strong> XV-34 o Theos mou o Theos mou<br />

Mt XXVII-46 Thee mou Thee mou<br />

Septante inati egkatelipes me<br />

<strong>Mc</strong> eis ti egkatelipes me<br />

Mt inati me egkatelipes<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Il apparaît aussitôt que :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 39 -<br />

Saint Marc ajoute "mou" au premier appel<br />

supprime 'prosches moi'<br />

transforme 'inati' en "eis ti"<br />

et garde <strong>dans</strong> l'ordre <strong>les</strong> deux dernier mots.<br />

Saint Matthieu transforme 'o Theos' en "Thee"<br />

comme <strong>Mc</strong> : ajoute "mou" au premier appel<br />

comme <strong>Mc</strong> : supprime 'prosches moi'<br />

néglige 'eis ti' et conserve "inati"<br />

mais inverse <strong>les</strong> deux derniers mots.<br />

Le lecteur prendra attention <strong>à</strong> ce que :<br />

1.- <strong>les</strong> deux appels, au commencement du psaume, sont :<br />

texte hébreu = "E l i ! E l i !"<br />

texte grec = "O Theos ! O Theos mou !"<br />

2.- la formule 'prosches moi' n'est pas <strong>dans</strong> l'hébreu. La translation en grec faite<br />

par <strong>Mc</strong> et Mt ne tient aucun compte de cette formulation qui reste propre au<br />

texte de la Septante.<br />

3.- le psalmiste crie, <strong>dans</strong> la partie du début du psaume, trois fois en tout son<br />

appel <strong>à</strong> Dieu :<br />

texte hébreu "E l i ! E l i ! ... Elohai...<br />

traduction mon Dieu ! mon Dieu ! ... mon Elohim...<br />

texte grec o Theos ! o Theos mou ! o Theos mou...<br />

LE PSAUME XXII<br />

texte hébreu : texte grec :<br />

au chef de chœur, pour la fin,<br />

sur (l'air de) la biche pour le secours<br />

au matin, du matin,<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 40 -<br />

Psaume de David Psaume de David<br />

Mon Dieu, Mon Dieu, O Dieu ! O Dieu mien !<br />

pourquoi te tiens-tu Regarde-moi :<br />

loin sans me secourir pourquoi m'as-tu délaissé ?<br />

sans écouter Loin de mon salut sont<br />

mes gémissements <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> de mes péchés<br />

Mon Dieu ! Mon Dieu !<br />

Je crie le jour, Je crierai pendant le jour<br />

tu ne m'exauceras pas et tu ne m'exauceras pas<br />

Je crie la nuit, et pendant la nuit.<br />

je n'ai point de repos. et ce n'est point <strong>à</strong> moi<br />

une folie.<br />

Et cependant tu es Mais tu habites <strong>dans</strong> un<br />

le Saint ! Sanctuaire,<br />

Et tu règnes au milieu<br />

des louanges d'Israël. Toi, la louange d'Israël.<br />

C'est en Toi qu'ont espéré nos pères, ils ont es-<br />

péré et tu <strong>les</strong> as délivrés. Vers Toi, ils ont crié et<br />

ils ont été sauvés et ils n'ont point été confondus.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SUR : 'ARRIVER = GINOMAI'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 41 -<br />

Au verset (XV-33) arrive par deux fois ce verbe grec sous deux formes<br />

différentes. J'ai aussitôt noté <strong>les</strong> emplois sous chacune des formes de ce mot<br />

dont déj<strong>à</strong> je connais la puissance théologique, afin d'amasser un trésor nouveau.<br />

1.- Analyse de 'genomenes'<br />

1 - I-32 (de nombreux malades) Or (comme) le soir était arrivé<br />

2 - IV-35 (et le vent s'apaisa) ... (comme) le soir était arrivé<br />

3 - VI-21 (Hérode) Et comme était arrivé un jour <strong>à</strong>-bon-escient<br />

4 - VI-35 (1° mult.) Et comme déj<strong>à</strong> une heure tardive était arrivée<br />

5 - VI-47 (la marche sur la mer) comme le soir était arrivé<br />

-------<br />

6 - XIV-17 (l'un de vous me livrera) comme le soir était arrivé<br />

7 - XV-33 (Jésus expira) et comme était arrivée (la) sixième heure<br />

8 - XV-42 (le centurion) Et comme déj<strong>à</strong> le soir était arrivé<br />

Le verbe 'genomenes' indique toujours l'arrivée d'un temps :<br />

le soir <strong>les</strong> démons de la nuit<br />

le soir <strong>les</strong> hurlements du vent<br />

<strong>à</strong>-bon-escient pour le crime d'Hérode<br />

une heure tardive c. <strong>à</strong> d. dont la place <strong>dans</strong> l'horaire quotidien est écrite avec un<br />

chiffre important, car textuellement il y a : une heure nombreuse. Et tous ces<br />

gens ont faim et sont <strong>dans</strong> un trouble physique grave.<br />

le soir <strong>les</strong> phantasmes de la nuit, <strong>dans</strong> un décor de vent.<br />

-------<br />

le soir voici que deux mots grecs convergent au même instant, alors<br />

qu'ils s'étaient évités jusqu'ici :<br />

ginomai = arriver<br />

para-didomi = livrer<br />

Allant vers le Lexique (au mot donner), le lecteur verra avec quel soin le verbe<br />

'livrer' évitait <strong>les</strong> lieux où gît genomenes. Or, voici arrivé le temps où il va être<br />

livré !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 42 -<br />

Comme par un effet de chiasme <strong>dans</strong> l'emploi de genomenes : deux soirs - le<br />

crime et l'heure tardive - deux soirs , le texte suggère que la série ordinaire des<br />

emplois de cette forme du verbe arriver doit être considérée comme close.<br />

Autre chose va se produire :<br />

(XV-33) la sixième heure.<br />

Pourquoi six ? Nombre parfait ? Harmonie des trois jours (XV-29), puis de six<br />

et de neuf (XV-33) ? Incohérence subite d'un temps hésitant entre cinq (=<br />

l'identité réelle du Messie) et sept (= le serment de l'Eternel) ? Une volonté du<br />

temps de ne pas théologiser l'heure, <strong>à</strong> l'instant précis où ce sont "<strong>les</strong> grandsprêtres...<br />

avec <strong>les</strong> scribes" (XV-31) qui monopolisent <strong>les</strong> formu<strong>les</strong> théologiques :<br />

Messie.. Roi d'Israël.. descendre... (Dieu, <strong>dans</strong> l'A.T. descend alors que Moïse<br />

monte !).. MAINTENANT (le mot de l'Alliance).. ?<br />

Ainsi "était arrivée la sixième heure", mais au septième emploi du mot<br />

genomenes, marquant ainsi - comme <strong>les</strong> six autres fois - au-del<strong>à</strong> d'un simple<br />

temps de souffrances et de phantasmes, le serment de Dieu d'être présent <strong>dans</strong><br />

ces temps d'errances et de déviations pour l'intelligence des hommes. La<br />

"ténèbre" peut venir, le verbe grec a su se mettre en scène pour préparer son<br />

arrivée.<br />

La conclusion viendra avec le soir, en (XV-42) "puisque (c'-)était la-<br />

Préparation, c'est <strong>à</strong> dire l'avant-sabbat". Ainsi arrive le soir d'un jour qui devait<br />

être veille d'un jour de fête et de joie... Or, la mort est présente par le cadavre sur<br />

la croix. Le verbe ginomai a bien rempli son rôle en se mettant sous la forme<br />

genomenes pour indiquer des temps de désespoir.<br />

2.- Analyse de 'egeneto'<br />

1 - I-4 (arriva Jean) Arriva Jean..<br />

2 - I-9 (et arriva Jésus) Et arriva en ces jours-l<strong>à</strong>..<br />

3 - I-11 (d°) Et une voix (arriva) hors des cieux..<br />

4 - II-23 (des épis..) Et lui arriva pendant le jour-du-sabbat<br />

5 - II-27 (..le sabbat) Le sabbat arriva en-raison-de l'homme<br />

6 - IV-4 (le semeur) il arriva pendant qu'il semait..<br />

7 - IV-10 (<strong>les</strong> parabo<strong>les</strong> ?) lorsqu'il arriva par° (être) seul..<br />

8 - IV-39 (et le vent s'apaisa) Et arriva un grand calme..<br />

9 - V-16 (le gérasénien) (ils) racontèrent comment (cela)<br />

était arrivé au démoniaque..<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 43 -<br />

10 - IX-3 (la Transfiguration) Ses vêtements arrivèrent resplendissants<br />

11 - IX-7 (d°) Et une nuée arriva..<br />

12 - IX-7 (d°) Et une voix arriva..<br />

13 - IX-26 (esprit sans-parole et sourd) ..il arriva tout comme mort°<br />

-------<br />

14 - XI-19 (le figuier desséché) Et, quand arriva le-soir°<br />

15 - XII-11 (parabole de la vigne) De-la-part-du Seigneur arriva celle-ci<br />

16 - XV-33 (Jésus expira) comme était arrivée (la) sixième heure,<br />

Une-ténèbre ARRIVA sur la terre..<br />

Il y a seize emplois. Une remarque préliminaire confirme la perfection de ce<br />

texte : un emploi est avec le mot 'soir°' et ce n'est pas l'habituel opsia (lequel est<br />

toujours conjoint <strong>à</strong> genomenes). De plus, opsios est un mot 'unique en N.T.',<br />

donc il ne se trouve nulle part <strong>dans</strong> quelque autre texte canonique chrétien.<br />

Les seize emplois de egeneto annoncent toujours un événement qui est<br />

venu par la volonté de Dieu :<br />

- Jean et Jésus envoyés par Dieu<br />

- la voix hors des cieux<br />

- le sabbat (trois fois)<br />

- <strong>les</strong> oiseaux dévorant le grain tombé le long du chemin<br />

- le Messie (seul)-<strong>à</strong>-seuls avec <strong>les</strong> Douze<br />

- un grand calme sur une mer déchaînée<br />

- deux mille porcs s'élançant <strong>dans</strong> la mer<br />

- ses vêtements resplendissants de blanc<br />

- une nuée recouvrant de son ombre<br />

- une voix hors de la nuée<br />

- un enfant tout comme mort°<br />

- un figuier desséché par lui-même<br />

- et, pour conclure, afin que le lecteur réalise :<br />

"de-la-part-du Seigneur...".<br />

A la fin, en apothéose de tous ces emplois en la forme egeneto, voici une<br />

ténèbre. En-vérité (cfr : XV-39), cette ténèbre arriva par le vouloir de Dieu.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


3.- Analyse de 'gegonen'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 44 -<br />

1 - V-33 (la femme au sang)<br />

Or la femme craignant et tressaillant et sachant ce qui lui était arrivé...<br />

2 - IX-21 (esprit sans-parole et sourd)<br />

Combien y a-t-il de temps (que ceci lui) arrive ?... Depuis l'enfance.<br />

3 - XIII-19 (l'abomination de la désolation)<br />

Car seront ces jours-l<strong>à</strong> d'une oppression telle qu'il n'en est pas arrivé de<br />

pareille ...<br />

4 - XIV-4 (la femme au parfum)<br />

Vers quoi est arrivée cette perte-ci de parfum ?<br />

Seulement quatre emplois. Donc il suffit d'appliquer <strong>les</strong> lois du texte :<br />

<strong>à</strong> trois : l'aboutissement inexorable: voici des jours terrib<strong>les</strong> tels qu'il n'en est<br />

jamais arrivé de pareils...<br />

<strong>à</strong> quatre : l'idée de plénitude doit projeter le lecteur bien au-del<strong>à</strong> de l'événement<br />

instantané du parfum perdu. Il est facile de dire l'allégorie ou mieux la prophétie<br />

avec parfumer (quatrième emploi = la plénitude du parfum) pour son corps et<br />

l'unicité d'emploi <strong>dans</strong> le N.T. du verbe 'g: murizô = parfumer', car l'action fut<br />

unique pour le Messie-Unique.<br />

Ainsi j'ai vu l'écart voulu par le texte entre deux mots trop différents : aromamuron<br />

= aromates/parfum, pour demeurer longuement sur une telle<br />

symbolique.<br />

4.- Synthèse :<br />

Aujourd'hui, j'ai simplement voulu rester très proche du texte. Le verbe est<br />

venu deux fois <strong>à</strong> proximité de la Croix afin de me dire l'heure de l'abomination :<br />

ginomai et d'authentifier le signe cosmique d'une ténèbre : egeneto.<br />

SUR : "EIS TI"<br />

Voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot 'vers'. Il y a deux emplois seulement de eis ti <strong>dans</strong><br />

tout le texte de Saint Marc :<br />

1 - XIV-4 (la femme au parfum)<br />

Vers quoi est arrivée cette perte-ci de parfum ?<br />

eis ti e apôleia aute tou murou gegonen ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 45 -<br />

2 - XV-34 (or Jésus expira)<br />

mon Dieu ! Vers quoi m'as-tu abandonné° ?<br />

O Theos mou ! Eis ti egkatelipes me ?<br />

Voici ce que dit Saint Matthieu aux deux passages corrélatifs de ceux-ci :<br />

Mt XXVI-8 : eis ti e apôleia aute ? = même texte.<br />

Mt XXVII-46 : Thee mou ! Inati me egkatelipes ? = ce qui correspond, <strong>à</strong><br />

une inversion près, au texte du psaume <strong>dans</strong> la Septante : 'inati egkatelipes me',<br />

mais avec la modification du vocatif : Thee mou, au lieu de 'O Theos ! O Theos<br />

mou.'<br />

J'ai dit quelle Présence (Shekinah) je vois <strong>dans</strong> chacune des prépositions 'eis'<br />

du texte de Saint Marc. Dans le cri de (XV-34), Dieu est présent : "eis ti" et ceci<br />

vient comme en négation du verbe abandonner°.<br />

(Saint Matthieu n'accorde aucune valeur particulière <strong>à</strong> la préposition eis et<br />

n'éprouve pas le besoin d'écrire la Présence de Dieu <strong>dans</strong> le cri.)<br />

SUR : 'TRADUIRE = METH-ERMENEUO'<br />

1.- En (XIV-4) "quelques-uns étaient <strong>à</strong> s'indigner entre eux-même :<br />

'Vers quoi est arrivée cette perte-ci...?<br />

Relisant <strong>dans</strong> le Lexique, au mot 'vers', la présentation du verset (XIV-4), voici<br />

que je m'arrête sur le mot 'g: mnemosunon = en souvenir' qui est arrivé en<br />

(XIV-9) <strong>à</strong> son seul emploi en Saint Marc. Ce mot est présent également en Actes<br />

(X-4) et en Saint Matthieu (XXVI-13), ce dernier emploi étant :<br />

Mt XXVI-13 lalethesetai kai o epoiesen aute<br />

eis mnemosunon autes<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


<strong>à</strong> comparer avec :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 46 -<br />

<strong>Mc</strong> XIV-9 kai o epoiesen aute<br />

lalethesetai eis mnemosunon autes<br />

et de-ce-que a-fait elle il-sera-parlé vers la-mémoire d'elle.<br />

Ainsi le mot mnemosunon en Mt est identique <strong>à</strong> celui de <strong>Mc</strong>. Je puis donc<br />

progresser <strong>dans</strong> l'analyse. Avec la femme au parfum, il y a :<br />

mnemosunon = mémoire + eis ti = vers quoi<br />

(unique en <strong>Mc</strong> et Mt)<br />

Et <strong>à</strong> la Croix, je trouve :<br />

en <strong>Mc</strong> (XV-34) un mot qui contient la mémoire + eis ti = vers quoi<br />

'g: meth-ermeneuo = traduire'<br />

en Mt ... autre chose...<br />

Le lecteur pourra voir <strong>dans</strong> le Lexique que ce long mot grec utilisé par <strong>Mc</strong><br />

vient trois fois seulement :<br />

<strong>Mc</strong> V-41 Talitha qoum, c'est-<strong>à</strong>-dire traduit : ...<br />

<strong>Mc</strong> XV-22 Golgotha c'est-<strong>à</strong>-dire traduit : ...<br />

<strong>Mc</strong> XV-34 Lema sabachthani c'est-<strong>à</strong>-dire traduit : ...<br />

J'ai dit comment <strong>les</strong> juifs avaient limité la traduction de leurs textes religieux<br />

hébreux <strong>à</strong> la seule langue grecque. Or voici que, <strong>à</strong> la Croix, des juifs usent de ce<br />

droit : afin que tous <strong>les</strong> hommes de culture grecque ne puissent ignorer, ils<br />

traduisent en grec <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> qui crient le désespoir au commencement du<br />

psaume. Or, le psalmiste est, avant tout, un homme. Ici, il a perdu tout espoir et<br />

il clame son abandon dès le début de son chant.<br />

A la Croix, <strong>les</strong> juifs disent : celui qui s'abandonne° <strong>à</strong> crier sa détresse le fait<br />

par une parole d'un psaume. Tout le monde civilisé grec sait que David est<br />

l'auteur des psaumes. En traduisant en grec, <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes<br />

lancent cette information, suprême injure :<br />

Erreur ! Signet non défini. celui que, par deux fois, vous appeliez le<br />

"Fils de David" (X-47 et 48), alors que vous quittiez la région de Jéricho,<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 47 -<br />

Erreur ! Signet non défini. celui que vous acclamiez comme celui de<br />

David <strong>à</strong> son entrée triomphale <strong>à</strong> Jérusalem (XI-10),<br />

Erreur ! Signet non défini. celui que vous "entendiez avec-plaisir"<br />

<strong>dans</strong> le Temple alors qu'il confirmait le Messie comme "Fils de David" (XII-<br />

35 et 37),<br />

voici qu'il crie son désespoir (sa déchéance ?) par des paro<strong>les</strong> de David !<br />

2.- Lecteur ! As-tu remarqué comme le verbe meth-ermeneuô est proche<br />

phonétiquement de mnemoneuô ? Tout acte de traduction engage la mémoire.<br />

C'est pour cela que j'ai lu, <strong>dans</strong> le verset (XV-34), la traduction en grec de 'lema<br />

sabachthani' comme renvoyant ma mémoire <strong>à</strong> un texte que David composa.<br />

3.- Saint Matthieu a repris fidèlement le texte de <strong>Mc</strong> pour son récit du flacon<br />

d'albâtre. A la Croix, il a négligé de reprendre eis ti et il a choisi de recopier le<br />

texte de la Septante avec inati. Quant <strong>à</strong> ce rapprochement entre deux mots grecs<br />

de la mémoire et de la tradition, suggérant la mémoire de David par son psaume,<br />

il n'en a pas voulu : il a simplement utilisé un mot différent très court et il a<br />

inversé l'ordre des mots...<br />

... et c'est pourquoi :<br />

' o estin methermeneuomenon ' (<strong>Mc</strong>)<br />

est devenu :<br />

tout' estin (Mt)<br />

SUR : "O ESTIN"<br />

En allant vers le Lexique consulter le verbe être, le lecteur prendra note des<br />

emplois suivants :<br />

1 - III-17 (<strong>les</strong> Douze)<br />

Boanerges o estin uioi brontes<br />

Boanergès fils du tonnerre<br />

1' - VII-2 (votre tradition)<br />

koinais chersin tout' estin aniptois<br />

souillées mains non-lavées<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


2 - VII-11 (d°)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 48 -<br />

qorban o estin dôron<br />

qorbân offrande consacrée<br />

3 - VII-34 (le sourd et bègue)<br />

Ephphatha o estin dianoichtheti<br />

Ephphata sois-réouvert<br />

-------------<br />

4 - XII-42 (une veuve)<br />

lepta duo o estin kodrantes<br />

deux-sous un quart-d'as<br />

5 - XV-16 (Roi des juifs !)<br />

au<strong>les</strong> o estin praitôrion<br />

palais le-prétoire<br />

Il notera ensuite :<br />

V-41 (Jaïre)<br />

Talitha koum o estin methermeneuomenon<br />

to korasion, soi...<br />

Talitha qoum jeune-fille...<br />

-------------<br />

XV-22 (ils le crucifièrent)<br />

Golgothan topon o estin methermeneuomenon<br />

kraniou topos<br />

lieu Golgotha lieu du-crâne...<br />

XV-34 (d°)<br />

Eloï.. lema.. o estin methermeneuomenon O Theos mou...<br />

Eloï..lema.. mon Dieu...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 49 -<br />

Le lecteur établira ensuite un classement des diverses citations, par exemple :<br />

1 Boanerges uios brontes = latin : (tonnerre)<br />

1' koinais a-niptois = grec<br />

2 qorban = m o t araméen<br />

3 ephphata = m o t araméen<br />

4 lepta kodrantes = latin : quadrans<br />

5 au<strong>les</strong> praitôrion = latin : praetorium<br />

--------------<br />

1" talitha koum formule araméenne<br />

2" Golgotha = m o t araméen<br />

3" Elôï.. lema.. formule araméenne<br />

Remplir ainsi des tableaux peut sembler long et fastidieux, mais, pour le texte<br />

de Saint Marc, c'est une manière d'opérer qui oblige peu <strong>à</strong> peu <strong>les</strong> mots <strong>à</strong> se<br />

révéler eux-mêmes. Ainsi, l'emploi référencé 1' présente la singularité de<br />

renvoyer du grec au grec, pour autant que :<br />

4 et 5 offrent des équivalences qui ont une signification latine =<br />

quadrans valeur d'une monnaie romaine<br />

praetorium le siège de l'état-major romain<br />

2 et 3 sont des mots araméens, recevant leur correspondant en grec.<br />

1 établit une relation complexe par le tonnerre, entre un nom propre (Boanerges)<br />

et un mot commun (le tonnerre).<br />

On remarque alors pourquoi le texte retient la formulation "o estin" pour 1-2-<br />

3-4-5, mais il diverge avec "tout estin" pour 1'.<br />

Ici, le lecteur se rappellera que Saint Matthieu a négligé 3" en (XV-34) pour<br />

accepter tout estin ce qui consacre un choix fondamentalement différent de celui<br />

fait (intentionnellement) par le texte de Saint Marc.<br />

Il reste trois références : 1"-2"-3" qui, toutes trois, sont écrites avec "o estin<br />

meth-ermeneuomenon". Dans le texte français (voir tome I), on a retenu :<br />

"c'est-<strong>à</strong>-dire traduit : ...". Je me prends maintenant <strong>à</strong> douter de cette 'traduction'<br />

car le verbe traduire signifie, au sens profond qui nous préoccupe : faire passer<br />

un ouvrage (un texte, une expression) d'une langue <strong>dans</strong> une autre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 50 -<br />

Par extension, il signifie aussi : 'expliquer, interpréter'. Il me faut donc,<br />

maintenant, reprendre l'analyse des emplois avec 'meth-ermeneuomenon' pour<br />

m'approcher du sens de ce dernier mot.<br />

a) 1" : (V-41)<br />

En correspondance de Talitha qoum, le texte offre : "jeune-fille, <strong>à</strong>-toi je-dis :<br />

réveille-toi". Si, <strong>à</strong> la limite, je dois admettre 'Talitha qoum = Fille, debout !', je<br />

crois comprendre que "soi lego..." serait un commentaire absent des mots<br />

araméens.<br />

b) 2" : (XV-22)<br />

J'ai étudié (voir Lectio divina par verset) le mot Golgotha. Il joue avec la<br />

Galilée et avec cette pierre ronde qui roule-auprès, roule hors et finalement a étédéroulée.<br />

Le crâne m'a surpris et semble importé <strong>à</strong> seule fin d'évoquer le lieu où<br />

l'Eternel (Béni soit-il !) s'est baissé pour ramasser un peu de terre desséchée et<br />

rouge de soleil afin de fabriquer l'homme. Ici encore, le lieu du crâne est un dire<br />

du texte et <strong>les</strong> autres évangélistes (Saint Jean et Saint Luc), en évitant le<br />

Golgotha, se mettent en retrait par rapport <strong>à</strong> l'interprétation donnée par le texte<br />

de Saint Marc.<br />

Traduction de 'meth-ermeneuomenon' :<br />

Poursuivant l'analyse, j'arrive en face du verbe 'ermeneuô = exprimer sa pensée<br />

par la parole, faire connaître, indiquer, exposer, traduire, interpréter' - et du<br />

préfixe 'meth- = avec(1), pour ...'.<br />

Ensemble, ils me donnent : 'avec-pour-interprétation' qui est moins entier et<br />

affirmatif que 'traduire' et devient une proposition d'explication, c. <strong>à</strong> d. la<br />

suggestion et l'offre pour la réflexion, mais sans vouloir imposer la concision<br />

stricte d'une traduction(2).<br />

Talitha qoum :<br />

Ainsi le commentaire me dit : "Jeune-fille, <strong>à</strong>-toi je-dis : Réveille-toi !" (V-41).<br />

Quelques années d'un autre temps m'apporteront l'affaire de Joppé. Il y avait une<br />

disciple appelée Tabitha, ce qu'on interprète par : gazelle... Elle tomba malade<br />

et mourut. Ils la lavèrent et la mirent <strong>à</strong> l'étage du haut... Les discip<strong>les</strong> qui avaient<br />

entendu que Pierre y était, envoyèrent deux hommes faire appel <strong>à</strong> lui : ne tarde<br />

pas <strong>à</strong> passer chez nous !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 51 -<br />

Pierre se leva, alla avec eux et, <strong>à</strong> son arrivée, ils le firent monter <strong>à</strong> l'étage du<br />

haut. Et toutes <strong>les</strong> veuves se présentèrent <strong>à</strong> lui en pleurant /=/ et il considère (le)<br />

tumulte et cel<strong>les</strong> qui pleuraient... (<strong>Mc</strong> V-38) /-/... Pierre <strong>les</strong> chassa toutes dehors<br />

/=/ mais lui, <strong>les</strong> ayant tous chassés (<strong>Mc</strong> X-40) /-/... Puis Pierre se retourna vers le<br />

corps et dit : Tabitha, lève-toi !... Il lui donna la main /=/ et ayant saisi la main<br />

(<strong>Mc</strong> V-41) /-/ Pierre la fit lever... et il la présenta vivante /=/ et elle marchait -<br />

car elle avait douze ans (<strong>Mc</strong> V-42).<br />

Ainsi ai-je relu ce passage des Actes (IX-36 <strong>à</strong> 41) où j'ai retrouvé l'ordre en<br />

forme de mot magique : 'Talitha ! = Lève-toi !', tel que Pierre (avec Jacques et<br />

Jean : <strong>Mc</strong> V-37) sut le redire après l'avoir entendu "<strong>à</strong> la maison° du chef-desynagogue".<br />

Le nom propre Tabitha (= araméen) voudrait suggérer, selon l'auteur des<br />

Actes, une gazelle (en araméen : tabi), jeune-fille qui est une disciple (grec :<br />

mathetria, emploi unique en N.T. <strong>à</strong> Actes (IX-36) : "A Joppé, il y avait une<br />

disciple appelée Tabitha").<br />

De même que l'on passe de 'mathetes' <strong>à</strong> 'mathetria', de même vient-on aussi de<br />

'tabi' <strong>à</strong> 'tabitha'.<br />

En Saint Matthieu :<br />

Profitant de cette ex-cursion avec une 'gazelle', je veux re-garder <strong>dans</strong> le texte<br />

de Saint Matthieu ce que deviennent <strong>les</strong> trois formu<strong>les</strong> en araméen référencées<br />

ci-dessus en Saint Marc sous <strong>les</strong> numéros 1"-2"-3".<br />

1" - Mt (IX-18 <strong>à</strong> 26)<br />

Il n'y a pas l'expression 'talitha qoum' qui ne se trouve qu'en <strong>Mc</strong> et nulle part<br />

ailleurs <strong>dans</strong> le N.T.<br />

2" - Mt (XXVII-33)<br />

kai elthontes eis topon legomenon Golgotha<br />

o estin kraniou topos legomenos.<br />

Et ils-viennent <strong>à</strong> un-lieu appelé Golgotha<br />

qui est 'du-crâne lieu' appelé.<br />

Le mot de Golgotha se trouve seulement, pour le N.T., en <strong>Mc</strong> (XV-22), Mt<br />

(XXVII-33) et Jean (XIX-17). Saint Luc connaît tout au plus le lieu-dit du crâne<br />

mais ignore le mot de Golgotha. Saint Paul l'ignore.<br />

3" - Mt (XXVII-46)<br />

lema sabachthani tout' estin Thee mou...<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 52 -<br />

Ainsi <strong>les</strong> trois emplois en <strong>Mc</strong> de la formule grecque "o estin meth-ermeneuomenon"<br />

sont remplacés en Mt par :<br />

(non rapporté) / o estin / tout' estin.<br />

Reprenant en outre <strong>les</strong> emplois référencés plus haut depuis 1 jusqu'<strong>à</strong> 5 pour le<br />

texte de <strong>Mc</strong>, on peut établir le tableau suivant :<br />

(Dans ce tableau, <strong>les</strong> mots en caractères gras sont uniquement <strong>dans</strong> le texte de<br />

Saint Marc et ne se trouvent nulle part ailleurs <strong>dans</strong> le N.T. :)<br />

--------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 53 -<br />

Saint M A R C Saint M A T T H I E U<br />

N° référence formule sujet référence texte grec<br />

1 III-17 o estin Boanerges X-2 <strong>à</strong> 4 - absent -<br />

1' VII-2 tout' koinais / XV-20 Mt utilise<br />

estin aniptois <strong>les</strong> deux<br />

mots de <strong>Mc</strong><br />

2 VII-11 o estin korban XV-5 - absent -<br />

3 VII-34 " ephphata ((XV-31)) - absent -<br />

----------<br />

4 XII-42 " deux sous/ - séquence<br />

1/4 d'as absente<br />

5 XV-16 " palais XVII-27 Mt ne parle<br />

prétoire pas du palais<br />

mais situe<br />

l'action <strong>dans</strong><br />

le prétoire<br />

1" V-41 o estin talitha IX-25 - absent -<br />

meth-erme qoum<br />

neuomenon<br />

2" XV-22 " Golgotha XXVII-33 o estin<br />

3" XV-34 " lema XXVII-46 tout' estin<br />

sabachthani<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


Conclusion :<br />

Il faut noter que :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 54 -<br />

aniptos = non-lavé - uniquement en Mt (XV-2O)<br />

et nulle part ailleurs en N.T.<br />

lepton = sou - uniquement en Lc (XII-59) et (XXI-2)<br />

et nulle part ailleurs en N.T.<br />

Golgotha = Golgotha - uniquement en Mt (XXVII-33)<br />

et en Jn (XIX-17)<br />

lema sabachthani = - uniquement en Mt (XXVII-46)<br />

et nulle part ailleurs en N.T.<br />

De toute cette analyse, on peut déduire que le texte de Mt :<br />

ne reprend pas <strong>les</strong> mots araméens de <strong>Mc</strong><br />

ne tient aucun compte de la formulation "o estin", ni de "o estin methermeneuomenon",<br />

celle-ci étant l'interprétation du texte, c. <strong>à</strong> d. du témoin de<br />

l'événement<br />

reprend certaines données lues en <strong>Mc</strong>, mais néglige divers détails de présentation...<br />

SUR : "EIS TI" + LA MEMOIRE<br />

Je note combien 'eis ti' et ce long mot évoquant la mémoire sont deux mots<br />

m'envoyant auprès de la femme au parfum. Le verbe ginomai s'y trouva<br />

également et il me dit : "Quelques-uns étaient <strong>à</strong> s'indigner entre eux-mêmes :<br />

Vers quoi est arrivé ... ?" (XIV-4)<br />

A la Croix, j'entends alors arriver le verbe ginomai pour deux emplois (=<br />

l'insistance pour réveiller ma mémoire) et je lis : il y a l<strong>à</strong> ceux qui passent et <strong>les</strong><br />

crucifiés-ensemble avec lui : des blasphèmes et des insultes; il y a aussi <strong>les</strong><br />

grands-prêtres avec <strong>les</strong> scribes qui sont <strong>à</strong> s'indigner en bafouant et en disant la<br />

langue théologique. Alors, ils disent : 'Voici ce qui est arrivé : Jésus clame d'une<br />

grande voix : Lema sabactani'...!<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 55 -<br />

Le texte, qui a entendu, décide d'insister afin que le lecteur comprenne; il<br />

présente tout d'abord son commentaire et c'est le mot 'meth-ermeneuomenon' qui<br />

veut dire : Souviens-toi !<br />

Puis il dit sa propre traduction en forme non-conforme au texte de la Septante :<br />

<strong>Mc</strong> : O Theos mou O Theos mou !<br />

LXX : O Theos O Theos mou !<br />

Il oublie 'prosches moi' et il glisse délicatement 'eis ti' au lieu de 'inati'... mais<br />

cet 'eis ti' est aussi <strong>à</strong> la femme au parfum, car c'est lui qui y eut l'honneur<br />

d'introduire le verbe ginomai.<br />

VERS QUOI CE VERBE 'ARRIVER' ? (XIV-4).<br />

Lecteur, tu vas alors poursuivre la question :<br />

VERS QUOI le verbe 'abandonner°' ...?<br />

En grec, il est écrit "eg-katelipes" (= Saint Marc), et Saint Matthieu l'a<br />

recopié, car il a vérifié qu'il est bien <strong>dans</strong> le texte de la Septante.<br />

Moi, je trouve étonnant que Jésus pût le dire ainsi, avec cette inversion, <strong>à</strong> la<br />

suite de 'inati'. Dieu-Homme qui va mourir ne se souviendrait-il plus du texte ?<br />

Vers quoi le texte de Saint Marc a-t-il pris le soin d'inventer 'eis ti' ? ... Un<br />

vouloir de l' Esprit ?<br />

Un texte, qui sait jouer :<br />

seize fois avec egeneto<br />

huit fois avec ginomai<br />

quatre fois avec gegonen<br />

et qui ne se trompe jamais <strong>dans</strong> un jeu si complexe,<br />

ne peut pas faire la grossière erreur de mal recopier trois mots grecs<br />

connus de tous depuis près de trois sièc<strong>les</strong>.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LA SIXIEME HEURE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 56 -<br />

Au-del<strong>à</strong> de la lecture raisonnée du texte, dépassant l'intelligence qui est une<br />

recherche de la cohérence de structure, il y a l'écoute musicale des mots.<br />

Revenant <strong>dans</strong> le texte grec tel qu'il est respecté <strong>dans</strong> le paragraphe initial<br />

(= <strong>les</strong> données) du présent chapitre et relisant comme sur un clavier d'orgue <strong>les</strong><br />

notes-mots du récit, voici que j'ai entendu : "... ektes skotos ...". Laissant<br />

s'effacer <strong>les</strong> voyel<strong>les</strong> qui sont, pour un sémite, l'interprétation de chaque mot<br />

bien par-del<strong>à</strong> l'ossature-charpente rigide des consonnes (= la racine du mot : son<br />

sens fondamental), je puis écrire encore !<br />

K T - S S K - T - S<br />

Voici deux mots accolés l'un <strong>à</strong> l'autre qui ont la même puissance en utilisation<br />

des consonnes. D'où ma question : quelle fréquence d'emploi et <strong>à</strong> quel<strong>les</strong> places<br />

<strong>dans</strong> le texte ?<br />

1.- 'ténèbre = g: skotos' a un emploi unique en Saint Marc. La racine grecque<br />

vient avec 'g: skotizô = s'enténébrer' au verset (XIII-24) pour une prophétie<br />

que Jésus dit en propre <strong>à</strong> Pierre, Jacques et Jean, accompagnés de André (= la<br />

mémoire, afin de prendre note et de retenir le discours pour <strong>les</strong> temps <strong>à</strong> venir).<br />

Cela se passait hors du Temple, "comme il était-assis vers la montagne des<br />

oliviers" (XIII-3). Il leur dit : "en ces jours-l<strong>à</strong>... le soleil s'enténèbrera et la lune<br />

ne donnera pas son éclat et <strong>les</strong> étoi<strong>les</strong> seront tombant hors du ciel et <strong>les</strong><br />

puissances qui sont <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux seront ébranlées" (XIII-24 et 25).<br />

La racine grecque de la ténèbre ne vient que deux fois <strong>dans</strong> le récit : l'annonce<br />

(= l'entendre) du phénomène cosmique et sa réalité (= le voir). Il n'y a pas trois<br />

emplois, car la ténèbre ne peut aboutir <strong>à</strong> réaliser quelque chose, puisque <strong>les</strong><br />

puissances <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux sont ébranlées.<br />

2.- 'sixième = g: oktos' a un emploi unique en Saint Marc. La racine grecque<br />

vient aussi avec 'g: ex = six' au verset (IX-2) pour un événement (= la<br />

Transfiguration) vécu en commun avec Pierre, Jacques et Jean, en l'absence de<br />

André (= la mémoire est inutile puisque tout est nouveau de ce qui arrive sur<br />

"une montagne élevée", Moïse et Elie étant présents comme témoins des temps<br />

de l'ancienne alliance).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 57 -<br />

"Et après SIX jours, Jésus prend-avec (lui) Pierre et Jacques et Jean et il <strong>les</strong><br />

emmène° vers une montagne élevée...". "Après six" = telle est l'expression<br />

stricte que le grec a voulu sculpter au début de la séquence afin de mettre en<br />

évidence le mot 'six' :<br />

kai meta emeras EX ... (IX-2).<br />

Il s'agit d'une règle de ce texte. Il y a l'événement qui vient une fois écoulé cet<br />

espace de temps de six jours. Lecteur ! Reporte-toi au texte et cherche, <strong>dans</strong> tout<br />

ce qui précède le verset (IX-2), pourquoi subitement il faut attendre six jours ?<br />

Est-ce alors une nouvelle création avec un Dieu qui déciderait de (travailler) le<br />

septième jour ? Peut-être, très simplement, un renouveau marqué par la lumière<br />

comme avec Yehi or ! = lumière sois !<br />

Le mot 'lumière = g: phôs' est très humble <strong>dans</strong> tout le texte de Saint Marc et<br />

ose pointer <strong>à</strong> peine <strong>à</strong> cause d'un feu, éclairant Pierre avec <strong>les</strong> soldats (XIV-54) et<br />

il ne vient nulle part ailleurs. Mais, <strong>à</strong> la Transfiguration, il y a l'action de la<br />

lumière par le blanc resplendissant que nul homme n'aurait su blanchir ainsi,<br />

blanc = matière du baptême de l'amour.<br />

J'ai vu une montagne élevée et j'ai entendu "après six", puis j'ai vu le blanc<br />

resplendissant.<br />

Mon sens, avec ses profondeurs,<br />

auparavant aveugle et sombre,<br />

en singulière excellence,<br />

donne lumière au Bien-Aimé !<br />

(frère Jean)<br />

Au lieu Golgotha, j'ai entendu <strong>à</strong> nouveau la racine de 'six': ...ektes... et j'ai su<br />

que la lumière reviendrait illuminer la gloire de mon "Bien-Aimé" (IX-7), même<br />

si auparavant il me fallait traverser, pendant trois longues heures, "cette oppression-l<strong>à</strong>"<br />

(XIII-24) du mot SKOTOS = la ténèbre !<br />

Dans le palais, il y a (un feu). Pierre lui aussi fut obligé de vivre cette<br />

oppression quand il "s'assit-ensemble avec <strong>les</strong> valets, en se chauffant, auprès de<br />

la lumière" (XIV-54), car il voulait voir et entendre.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 58 -<br />

Ce matin, <strong>à</strong> ma table de travail au coeur du scriptorium, je suis entouré par le<br />

noir de la nuit. Ma lampe éclaire car elle n'est ni sous le boisseau, ni sous le lit,<br />

mais sur le lampadaire (cfr : IV-21). Je suis très sensible <strong>à</strong> l'obscurité qui<br />

oppresse et au resplendissement de mon papier. Et voici que le texte s'illumine<br />

<strong>dans</strong> une circularité nouvelle :<br />

une montagne élevée après six...<br />

((centre :)) = de<strong>dans</strong>, <strong>dans</strong> le palais auprès de la lumière<br />

au lieu Golgotha sixième ... une ténèbre<br />

Du centre de ce chiasme, la chaleur irradie :<br />

O flamme d' amour, vive flamme<br />

qui me b<strong>les</strong>ses , si tendrement,<br />

au plus profond centre de l'âme !<br />

(frère Jean)<br />

Mais moi, en cette nuit profonde, j'ai entendu "après six...", car j'ai vu. Alors<br />

que <strong>les</strong> consonnes des mots<br />

... e K T e S ... S K o T o S ...<br />

jouent en moi un jeu de contrepoint, je sais que - par de-l<strong>à</strong> l'oppression de cette<br />

ténèbre - bientôt, <strong>dans</strong> <strong>à</strong> peine quelques heures, pour moi, au scriptorium, "tout<strong>à</strong>-fait<br />

au-matin" le soleil se lèvera° (cfr : XVI-2).<br />

L'APPEL VERS DIEU<br />

J'ai dit comment j'entends le texte de Saint Marc. Jésus clama d'une grande<br />

voix ! Eloï (..him)... Et quelques-uns... l'entendant, disaient : "Voici : il<br />

convoque Elie !", ce qui est entendu comme le cri : Elya...<br />

Le cri réel de Jésus est donc <strong>les</strong> premiers mots du psaume LXIII, toujours<br />

psaume de David :<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 59 -<br />

PSAUME de David, lorsqu'il était <strong>dans</strong> le désert de Juda :<br />

(hébreu :)<br />

Elohim ! Eli ata ! Asha ha-reka tsama leka...<br />

Elohim ! Tu es mon Dieu ! Mon âme a soif de Toi , ma chair soupire après<br />

Toi...<br />

(LXX :)<br />

O Theos ! O Theos mou ! Pros se ortrizo...<br />

Dieu ! Mon Dieu ! Je veille et j' aspire vers Toi, dès la lumière. Mon<br />

âme (= psuche) a soif de Toi. En combien de manières ma chair (= sarx)<br />

est pour Toi...<br />

Quel sens pour "mon Dieu !" ? :<br />

J'ai trouvé peu de renvois vers le livre de Moïse (la Tora). Cependant, j'ai<br />

entendu au Cantique de Moïse :<br />

'Je chante pour YHVH, ma force, mon chant : c'est le Seigneur (Yah) Il<br />

est pour moi le salut. Voil<strong>à</strong> : Mon Dieu (El-i), je le glorifie, l'Elohim de mon<br />

Père, je l'exalte.'<br />

(Exode XV-1 et 2).<br />

Ce Dieu que Moïse appelle Elohim et El-i est un Dieu qui incline vers<br />

l'homme son hesed, sa grâce et sa miséricorde. Mais lorsque Moïse en appelle<br />

directe-ment <strong>à</strong> ce même YHVH, il oublie de lui parler ainsi et il lui dit<br />

simplement<br />

'Dieu !' (= EL !).<br />

'Moïse crie contre YHVH et dit : 'Dieu ! (= EL), guéris-la donc !'.'<br />

(Nombres XII-13).<br />

Lorsque Dieu semble abandonner l'homme, le cri n'est plus 'EL-i' et<br />

Moïse dit le plus rude, le plus court, le plus bref, le plus rauque :<br />

'Dieu !' (= EL !).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 60 -<br />

Si le texte de Saint Marc est <strong>à</strong> l'accomplissement de l'A.T., et si le cri est El-i<br />

c'est qu'il y a encore un lien étroit entre Dieu-l'Eternel et Jésus en Croix sur le<br />

point de mourir. Le texte me le dit, puisqu'il profite de la langue grecque pour<br />

faire suivre le cri par la préposition "eis" qui est la Présence de Dieu.<br />

Ainsi, ai-je foi (= c'est pourquoi je proclame) que, <strong>à</strong> l'instant de ce verset (XV-<br />

34), Jésus clama d'une grande voix sans aucun abandon ni désespoir sa propre<br />

identité qui est celle de Dieu :<br />

Le mot "kai" :<br />

ELOHI(m)... EL-I A(ta)...!<br />

Prolongeant ma lecture avec le verset (XV-35), je rencontre aussitôt : "kai<br />

tines tôn parestekotôn akousantes elegon... = et quelques-uns de ceux qui<br />

étaient-présents, l'entendant, disaient : 'Voici: il convoque Elie !'."<br />

Le mot 'kai' est une conjonction qui unit des événements simultanés <strong>dans</strong> le<br />

temps. Pour des raisons de simple graphie, elle est traduite par 'et' mais elle<br />

signifie : pendant que..., alors que..., durant que...<br />

NOUVELLE LECTURE<br />

Ainsi, peu <strong>à</strong> peu, la scène se précise. Le texte m'a présenté par ordre d'arrivée :<br />

ceux qui passaient<br />

((centre :)) <strong>les</strong> grands-prêtres avec <strong>les</strong> scribes<br />

<strong>les</strong> crucifiés-ensemble.<br />

Comme par un effet de chiasme, le centre met en évidence ceux de la hiérarchie<br />

juive. Ils occupent beaucoup de place <strong>dans</strong> ce récit, car ils disent longuement<br />

un bafouement théo-(logique).<br />

"Arrive" le mot 'sixième', juste pour une ténèbre. Il est la prophétie qui annonce<br />

la lumière, alors que la ténèbre est le signe cosmique déj<strong>à</strong> présent.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 61 -<br />

XV-34 Et <strong>à</strong> la neuvième heure... : J'ai vu le texte écrire d'une façon nouvelle.<br />

"Une grande voix" clama; un brouhaha de cris, de gestes, de vinaigre aussi a<br />

bousculé le temps et "une grande voix" expira. Alors un centurion, "cet homme"<br />

de culture étrangère, (l'entendant) car il était "en-face-de-lui" et "ayant (tout) vu"<br />

osa substituer "Vraiment" <strong>à</strong> "Voici" puis, <strong>dans</strong> une phrase contenant SEPT mots<br />

(grecs), su dire ce qui est le SERMENT (= la promesse, l'alliance) d'Elohim.<br />

"ceux qui étaient-présents.....l'entendent; " lui qui était - présent, en-face-de-lui :<br />

il a vu "que, criant ainsi" : il a entendu, ... car eux qui étaient juifs ne pouvaient<br />

pas être en-face-de Dieu (cfr : Moïse et Elie <strong>dans</strong> l' A.T.).<br />

Alors, voici que Elohim (= Dieu) est en-face-du centurion (= l'homme) et,<br />

par un renversement de l'Ecriture, <strong>à</strong> cause de 'être-en-face-de', c'est la mort de<br />

Jésus, "Fils d'Elohim".<br />

Et, <strong>à</strong> la neuvième heure, j'ai écrit <strong>à</strong> nouveau le texte...<br />

en-face-du même texte grec :<br />

-------------><br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 62 -<br />

L E T E X T E d e S a i n t M A R C<br />

------------------------------------------------------------------------------<br />

XV-34 Et, <strong>à</strong> la neuvième heure,<br />

L E J E S U S<br />

clama (d'une-)grande voix ELOHI-<br />

...-(elod-lema-sabactani)<br />

c'est-<strong>à</strong>-dire traduit :<br />

mon Dieu mon Dieu vers quoi m'as-tu abandonné° ?<br />

XV-35 Et<br />

quelques-uns<br />

de-ceux-qui étaient-présents<br />

ayant entendu<br />

disaient :<br />

"Voici (I L) convoque ELIE"<br />

XV-36 Or, quelqu'un ayant couru<br />

et ayant rempli une éponge de vinaigre<br />

ayant posée-autour d'un roseau<br />

L U I donnait-<strong>à</strong>-boire<br />

en disant :<br />

"L A I S S E Z ! que-nous voyions<br />

si ELIE<br />

vient<br />

L E descendre."<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 63 -<br />

XV-37 Or J E S U S<br />

L A I S S A N T une grande voix expira.<br />

***** ************* ************** ******<br />

XV-39 Or le centurion<br />

que ainsi<br />

qui était - présent<br />

en-face°-de LUI<br />

voyant<br />

(I L) avait-expiré<br />

dit° : "EN - VERITE<br />

celui-ci l'homme était<br />

_______________<br />

F I L S d ' ELOHIM"<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 64 -<br />

ANNEXE 1 : LES GRANDS PRETRES<br />

A la croix, "sur le lieu Golgotha", ils se sont rangés <strong>dans</strong> un ordre en forme de<br />

chiasme :<br />

XV-29 ceux qui passaient<br />

XV-31 <strong>les</strong> grands-prêtres ... avec <strong>les</strong> scribes<br />

XV-32 <strong>les</strong> crucifiés-ensemble.<br />

J'ai dit comment <strong>les</strong> événements qui arrivent se sont aussi rangés <strong>dans</strong> un<br />

ordre en forme de chiasme :<br />

XV-33 le voir : la ténèbre arrivée<br />

XV-34 l'entendre : Eloï ... lema sabactani !<br />

XV-35 l'entendre : IL convoque Elie !<br />

XV-38 le voir : le rideau déchiré.<br />

Aux deux extrémités : l'événement cosmique.<br />

Au centre : <strong>les</strong> paro<strong>les</strong>-blasphèmes des juifs.<br />

Les deux circularités ainsi présentées m'incitent <strong>à</strong> prêter attention aux deux<br />

'centres' : "<strong>les</strong> grands-prêtres ... avec <strong>les</strong> scribes" ne seraient-ils pas ceux-l<strong>à</strong> par<br />

<strong>les</strong>quel <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> (XV-34) et (XV-35) seraient arrivées ?<br />

Pour leur participation <strong>à</strong> cette scène du Golgotha, <strong>les</strong> chefs de la hiérarchie<br />

religieuse des juifs disent longuement des paro<strong>les</strong> théologiques :<br />

sauver d'autres ... se-sauver =<br />

ce devrait être un Messie-Sauveur.<br />

le Messie (devrait être) Roi d'Israël<br />

(qu'il) descende (puisque toujours Dieu descend)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 65 -<br />

MAINTENANT =<br />

voici le temps pour que Dieu agisse au nom de l'Alliance.<br />

la croix =<br />

un châtiment romain, car toute condamnation <strong>à</strong> mort prononcée par un<br />

tribunal juif serait avec la lapidation : que Dieu, donc intervienne en aidant<br />

notre peuple contre l'armée d'occupation !<br />

afin que nous voyions =<br />

car étant d'Israël, nous devons voir afin que nous puissions témoigner...<br />

... et que nous-ayions-foi !<br />

Ce long texte raconte ce que <strong>les</strong> grands-prêtres, avec <strong>les</strong> scribes, disaient en le<br />

bafouant. Leurs paro<strong>les</strong> sont accordées avec leurs croyances et, évoquant "le<br />

Messie", el<strong>les</strong> disent leur attente. Ce sont des paro<strong>les</strong> juives en conformité avec<br />

l'Ecriture.<br />

Au cours du deuxième chiasme signalé plus haut, il y a la citation du psaume<br />

de David et la référence <strong>à</strong> Elie. Cette dernière est encore un renvoi <strong>à</strong> l'Ecriture.<br />

Je me suis demandé pourquoi, alors, <strong>les</strong> grands-prêtres avaient décidé de faire<br />

diffuser <strong>à</strong> la face du monde Son grand cri en lui faisant dire : "lema sabactani...<br />

tu m'as abandonné° !".<br />

Les psaumes sont des chants, des prières, des méditations; ce sont des poésies<br />

composées par un homme ((= le psalmiste)) selon <strong>les</strong> diverses situations où l'a<br />

mené sa vie. La tradition a rapporté : "psaumes de David" et, bien entendu, la<br />

référence <strong>à</strong> David, pour cette parole de David mise <strong>dans</strong> la bouche du 'fils de<br />

David' est comme la réponse <strong>à</strong> ce long développement du récit de la vie de Jésus.<br />

Depuis Jéricho, ceux qu'il précédait (X-32) et ceux qui le précédaient (XI-9)<br />

savent qu'il est Fils de David. Cela a été dit par Bar-Timée <strong>dans</strong> une dualité de<br />

paro<strong>les</strong> qui forment (encore) un chiasme :<br />

X-47 Fils de David<br />

X-47 J é s u s<br />

X-48 Fils de David.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 66 -<br />

Il y a plus; (en (XII-35), nous l'avons entendu, <strong>dans</strong> le Temple, affirmer que<br />

<strong>les</strong> scribes disent que le Messie est Fils de David. Les scribes sont, maintenant,<br />

au Golgotha, <strong>à</strong> côté des grands-prêtres et ceux-ci, <strong>dans</strong> leurs bafouements,<br />

citent "le Messie" (XV-32). Ils font ainsi une allusion indirecte mais bien<br />

affirmée <strong>à</strong> ce Messie qui doit être Fils de David.<br />

Lorsque l'auteur du texte de Saint Marc écrira que Jésus a clamé "d'une grande<br />

voix", il rapportera un bruit émergeant de tous ces brouhahas en blasphèmes,<br />

bafouements et insultes. Celui qui écrivit a demandé : Qu'a-t-il clamé ? Est-ce<br />

bien Elohim...? puis : Eli ...? Mais ceux qui étaient-présents, avec des scribes et<br />

des grands-prêtres, clameront la parole du psaume XXII et ils lanceront <strong>à</strong> la face<br />

du monde : l'homme sur la croix (romaine), descendant de David, s'est<br />

abandonné°, devant la mort, <strong>à</strong> clamer son imposture : Dieu l'a abandonné°<br />

(parole de David).<br />

A quoi ont donc servi <strong>les</strong> scribes, aux côtés des grands-prêtres ? J'ai re-gardé<br />

attentivement le texte : "... <strong>les</strong> grands-prêtres (aussi en le bafouant <strong>les</strong>-unsaprès-<strong>les</strong>-autres),<br />

avec des scribes...". La triple parenthèse met en évidence une<br />

pièce de texte incluse entre <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes : ceux-ci ne sont pas<br />

'<strong>à</strong> côté' car ils sont séparés par ces 'bafouements'. Les grands-prêtres viennent de<br />

décider d'assumer leurs responsabilités de grands-prêtres. Au verset précédent,<br />

d'autres qui passaient ont blasphémé Jésus. Le verbe blasphémer a un sens<br />

théologique et provoque l'intervention de ceux de la hiérarchie. Les grandsprêtres<br />

ont décidé de prendre AVEC eux (ce n'est pas <strong>à</strong> côté d'eux) <strong>les</strong> scribes<br />

car, quoique diront ceux-ci, ils vont bafouer et occuper ainsi, tous mais<br />

successivement, l'espace sonore. Ils vont se succéder "<strong>les</strong>-uns-après-<strong>les</strong>autres"<br />

afin que le bafouement soit continu : <strong>les</strong> scribes ne pourront rien dire !<br />

Il n'y a plus de raison ni de réflexion théologiques possib<strong>les</strong> : des mots<br />

théologiques sont lancés un peu au hasard et ces mots viennent <strong>les</strong>-uns-APRES<strong>les</strong>-autres<br />

remplir de bruits-bafouements la zone des brouhahas presque saturée<br />

déj<strong>à</strong> des blasphèmes de ceux qui passaient et des insultes des crucifiés-ensemble.<br />

Les scribes (= l'intelligence, <strong>les</strong> raisonnements) ne peuvent pas intervenir<br />

contre <strong>les</strong> bafouements (= l'emportement, <strong>les</strong> passions) des grands-prêtres.<br />

Pourtant,... ... parmi eux,<br />

il y avait un scribe qui se - taisait .<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 67 -<br />

L'homme était proche de la croix et avait entendu "correctement" (cfr : VII-<br />

35) la clameur de cette grande voix. Lui, il refusait l'idée du psaume XXII et il<br />

récitait pour lui-même le texte de l'Ecriture(3) :<br />

Alors, ils crieront vers YHVH<br />

et il ne leur répondra pas<br />

...............<br />

Eh bien ! Ce sera pour vous<br />

la nuit sans vision<br />

<strong>les</strong> ténèbres sans oracle<br />

Le soleil se couchera pour <strong>les</strong> prophètes<br />

Pour eux, le jour sera plongé<br />

<strong>dans</strong> l'obscurité<br />

Alors <strong>les</strong> voyants seront couverts de honte<br />

et <strong>les</strong> diseurs d'orac<strong>les</strong> seront confondus.<br />

Ils s'envelopperont tous la barbe<br />

car plus aucune réponse<br />

ne leur viendra de Dieu<br />

Lui, le scribe, il savait pourquoi <strong>dans</strong> le texte on avait écrit : "<strong>les</strong> prophètes =<br />

h: nebi-im". Non pas que le prophète lui-même appelât (forme active du verbe)<br />

en annonçant diverses choses et faisant des gestes-de-puissance, mais car le<br />

prophète "est-appelé" (forme passive du verbe) par Dieu. L'homme qui était l<strong>à</strong>,<br />

devant lui, crucifié, venait de "clamer d'une grande voix" sa confiance <strong>à</strong> Dieu.<br />

Lui, le scribe, il avait entendu 'correctement' : 'Elohim ! El-i a-ta(4) !' qui est<br />

toujours psaume de David(4) (par le Fils de David). Le crucifié n'était-il pas<br />

UN des prophètes, UN pour lequel Dieu venait de faire la ténèbre, le soleil<br />

couché, le jour plongé <strong>dans</strong> l'obscurité ?<br />

L'homme fut terrifié car il poursuivit, pour lui-même, la re-lecture du texte de<br />

l'Ecriture :<br />

Et pourtant, A CAUSE DE VOUS<br />

Sion sera champ qu'on laboure<br />

Jérusalem sera des ruines<br />

et la montagne de la Maison<br />

des hauts lieux de forêts !<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 68 -<br />

La Maison = le Temple La montagne = le mont Sion,<br />

La ville = Jérusalem = la ville de David.<br />

Et tout cela bientôt ... "sera des ruines".<br />

Dans une grande vision, l'homme imagina que SEUL le feu, celui tout <strong>à</strong> côté,<br />

"vers la géhenne = le feu inextinguible" (IX-43) viendrait un jour brûler la<br />

montagne de Sion et la terre deviendra comme sol qu'on laboure, comme elle<br />

fut au temps d'Arauna, avant l'achat du champ par "notre père David" (XI-10).<br />

A la neuvième heure, le soleil revint et le scribe entendit, <strong>à</strong> son côté, la voix<br />

d'un centurion romain :<br />

"En - vérité celui - ci l' homme Fils de - Dieu était !"<br />

Le scribe savait qu'un jour le feu détruirait TOUT mais, entendant cet officier<br />

romain, il témoigna sa foi : il fixa-son-regard sur lui et l'aima(5).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


ANNEXE 2 : LES SCRIBES<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 69 -<br />

A la croix, "sur le lieu Golgotha", ils ont été rangés presque un peu malgré eux<br />

<strong>dans</strong> un ordre en forme de chiasme :<br />

XV-29 ceux qui passaient,<br />

XV-31 ... avec <strong>les</strong> scribes,<br />

XV-32 <strong>les</strong> crucifiés-ensemble.<br />

Ces gens-l<strong>à</strong>, par leur comportement, posent une grave question : ils sont<br />

arrivés presque un peu malgré eux <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc "vers<br />

Capharnaüm, le jour-du-sabbat, vers la synagogue" (I-21) et le texte a voulu<br />

présenter une structure remarquable :<br />

(il-)enseignait... sur son enseignement... (en-) <strong>les</strong> enseignant...<br />

... non-pas comme LES SCRIBES (I-22).<br />

L'exégèse du mot scribe oblige <strong>à</strong> re-garder la dualité du singulier avec le<br />

pluriel : tous <strong>les</strong> emplois sont avec le pluriel, sauf en (XII-28 et 32) lorsque le<br />

Messie dit le Shema Israël <strong>dans</strong> le Temple. A cet instant unique, il y a "l'un des<br />

scribes" qui devient : "le scribe". Or, <strong>à</strong> la suite de cette séquence, il est<br />

remarquable de constater que plus jamais un ou des scribes ne seront seuls<br />

(voir le mot scribe <strong>dans</strong> le Lexique), car toujours il y a "<strong>les</strong> grands-prêtres" avec<br />

eux. L'ultime emploi du mot scribe est sur le Golgotha proche de la Croix. C'est<br />

aussi le seul pour lequel il y a un écart avec "<strong>les</strong> grands-prêtres" par une incise<br />

au moyen de leurs bafouements.<br />

Les dernières présences des scribes <strong>dans</strong> le texte sont <strong>les</strong> suivantes :<br />

XII-28 et 32 =<br />

"l'un des scribes" : Jésus dit le Shema Israël et le scribe répond.<br />

XII-35 et 38 =<br />

Jésus parle au sujet des scribes, mais ils ne sont pas présents.<br />

XIV-1 =<br />

"<strong>les</strong> grands-prêtres... et <strong>les</strong> scribes"<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 70 -<br />

XIV-43 =<br />

"de-la-part des-grands-prêtres et des-scribes et des-anciens"<br />

XIV-53 =<br />

TOUS <strong>les</strong> grands-prêtres et <strong>les</strong> anciens et <strong>les</strong> scribes<br />

XV-1 =<br />

"<strong>les</strong> grands-prêtres avec <strong>les</strong> anciens et <strong>les</strong> scribes et entier le Sanhédrin"<br />

XV-31 =<br />

"<strong>les</strong> grands-prêtres avec <strong>les</strong> scribes" (sur le Golgotha).<br />

Les anciens et le Sanhédrin ont disparu. Les scribes sont encore l<strong>à</strong>, mais<br />

relégués. Tout se passe comme si la parole du scribe en (XII-32) : "Bien<br />

MAITRE ! Tu as dit° EN VERITE..." avait été entendue par tous <strong>les</strong> grandsprêtres<br />

avec <strong>les</strong> anciens et entier le Sanhédrin et comme si eux tous ressentaient<br />

le danger que certains des juifs <strong>les</strong> plus doctes de Jérusalem se rallient, un<br />

prochain jour, <strong>à</strong> la doctrine de Jésus. Est-ce déj<strong>à</strong>, ici, comme l'annonce de ce qui<br />

se passera bientôt : "Alors quelqu'un du Sanhédrin, un pharisien appelé<br />

Gamaliel, Docteur de la Loi, précieux pour tout le monde, se leva... et dit :<br />

'Israélites ! Prenez garde <strong>à</strong> ce que vous allez faire de ces hommes (= Pierre et <strong>les</strong><br />

apôtres) ! ... Si l'entreprise ou l'œuvre (des apôtres) vient des hommes, elle se<br />

défera et, si elle est de Dieu, vous ne pourrez pas <strong>les</strong> défaire. Que jamais on ne<br />

vous trouve adversaires de Dieu ! '."<br />

(Actes V-34 <strong>à</strong> 39)<br />

Ami lecteur ! Ne sois pas surpris par ce passage des Actes : il était déj<strong>à</strong><br />

implicitement annoncé par ce très court passage du texte de Saint Marc :<br />

"... <strong>les</strong> grands-prêtres,<br />

aussi en le bafouant <strong>les</strong>-uns-APRES- <strong>les</strong>-autres...<br />

... AVEC <strong>les</strong> scribes... disaient..."<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 71 -<br />

ANNEXE 3 : SUR LA METHODE EXEGETIQUE<br />

Lecteur ! Vois comme cette exégèse peut paraître insolite ! Je viens d'évoquer<br />

un scribe. Bien entendu, la totalité de mon récit est inventée et cette lectio<br />

divina ne repose sur rien d'autre que d'imaginaire. Pourtant, j'ai été conduit <strong>à</strong> un<br />

certain verset des Actes où j'ai vu Gamaliel, docteur en l'Ecriture et membre du<br />

Sanhédrin, c. <strong>à</strong> d. scribe éminent, ou encore l'un des plus scribes de l'ensemble<br />

des scribes.<br />

Ce que j'avais ressenti <strong>à</strong> l'analyse du texte de Saint Marc est donc confirmé : il<br />

y a certains scribes ouverts <strong>à</strong> la réflexion et très conscients de l'importance des<br />

événements relatifs <strong>à</strong> Jésus le nazarénien.<br />

Si, <strong>à</strong> ce point du présent texte, je renverse ma lecture, c. <strong>à</strong> d. si je pars non pas<br />

du texte de Saint Marc, mais de celui des Actes, j'apprends que, <strong>à</strong> Jérusalem, il se<br />

trouve un scribe éminent du nom de Gamaliel qui, avec courage, dit<br />

publiquement sa pensée sur l'actualité récente de l'affaire 'Jésus'. C'est une<br />

donnée du texte des Actes et je sais, par ailleurs, la sincérité et la prudence de<br />

Saint Luc qui a toujours vérifié, avant de rédiger, <strong>les</strong> informations qu'il a pu<br />

recueillir : il n'écrit que lorsqu'il est certain de l'authenticité des faits.<br />

Il y a donc (texte des Actes), <strong>à</strong> Jérusalem, <strong>à</strong> la mort de Jésus, quelque scribe<br />

très docte profondément troublé par ce qu'il a vu ou entendu. Cette information<br />

peut me servir pour revenir vers le texte de Saint Marc et elle me place<br />

(automatiquement) <strong>dans</strong> le verset (XV-31) qui est la dernière présence des<br />

scribes, avec cette présentation si singulière et unique <strong>dans</strong> tout le livre de Saint<br />

Marc, puisqu'il y a :<br />

" ... ... ... AVEC <strong>les</strong> scribes".<br />

L'important n'est pas ce scribe que j'ai imaginé. Lui, il n'était qu'une<br />

formulation de récit sans valeur autre que de servir de support <strong>à</strong> toute ma<br />

réflexion. En science mathématique, semblablement, on utilise la méthode de<br />

raisonnement consistant <strong>à</strong> débuter en énonçant la proposition : 'supposons le<br />

problème résolu'. Ensuite, il y a lieu d'analyser toutes <strong>les</strong> con<strong>séquences</strong> de cette<br />

proposition et de voir si la cohérence de l'ensemble confirme la validité de<br />

l'hypothèse. Je n'ai rien fait d'autre que de supposer l'existence d'un scribe. Le<br />

texte des Actes m'a dit son nom : il s'appelle<br />

G A M A L I E L .<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 72 -<br />

Note 1 : avec = Page : 50<br />

Voir le chapitre consacré au mot 'g: meth- = avec'.<br />

Note 2 : traduction = Page : 50<br />

L'origine de ce mot repose <strong>dans</strong> le 'latin : trans = d'un lieu <strong>à</strong> un autre' et <strong>dans</strong><br />

'latin : ducere = faire passer'. Il pourrait donc sembler que la 'traduction' soit<br />

réservée <strong>à</strong> des choses concrètes car faire passer d'une vallée <strong>à</strong> une autre un<br />

ensemble de marchandises n'en change ni l'aspect ni la constitution. Appliquée <strong>à</strong><br />

un texte, la traduction devient 'version' (du 'latin : vertere = tourner') car le<br />

passage d'une langue <strong>à</strong> une autre implique un retournement de la culture de celui<br />

qui traduit.<br />

Dans mon texte, j'ai utilisé le mot 'traduction' comme la définition nouvelle<br />

(du mot ou du texte) selon la culture inhérente <strong>à</strong> la nouvelle langue. Tel mot<br />

araméen signifie telle chose en langue grecque (selon la pensée des grecs) et<br />

cette nouvelle signification pourrait aboutir <strong>à</strong> un sens (grec) différent du sens<br />

d'origine (en milieu sémite).<br />

J'ai écrit : 'avec-pour-interprétation' afin d'avertir que le sens vrai du mot est<br />

celui pour un juif parlant l'araméen; ce sens suggère quelque chose <strong>à</strong> un grec,<br />

d'où : l'interprétation, mais avec la liberté de comprendre plus ou moins. C'est<br />

pourquoi j'ai mis : proposition, suggestion, offre... mais sans imposer. En fait, la<br />

conclusion <strong>à</strong> laquelle j'ai été conduit est inverse de l'idée usuelle que l'on a d'une<br />

traduction. En Saint Marc, le mot araméen a un sens très précis et le mot grec<br />

(qui se veut être la traduction du mot araméen) n'est proposé que pour recevoir,<br />

ainsi, sa propre définition. Le mot grec n'a pas le sens habituel que lui donne<br />

un grec; il reçoit un sens nouveau qui est défini par le sens du mot araméen,<br />

sens qui est strictement conservé.<br />

Qorbân signifie quelque chose de précis pour un juif : c'est une offrande<br />

consacrée, donc que l'on ne peut plus modifier ni bouger sans blasphémer Dieu.<br />

Le mot grec mis en face prend alors cette totale signification d'offrande<br />

consacrée au Dieu-Unique. Les mots grecs de même famille doivent être<br />

regardés avec attention car ils restent <strong>dans</strong> la même enceinte de sens. Ce n'est<br />

donc pas la traduction de Qorbân en grec, mais la définition (avec ce nouveau<br />

sens) d'un mot grec posé comme équivalent du mot Qorbân.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 73 -<br />

Note 3 : le texte de l'Ecriture = Page : 67<br />

Cette citation et la suivante sont du chapitre III du livre du prophète Michée.<br />

(Voir ci-dessus Lectio divina pour le verset (XI-21) : Le figuier desséché).<br />

Note 4 : psaume de David = Page : 67<br />

C'est le début du psaume LXIII.<br />

Note 5 : et l'aima = Page : 68<br />

Vraiment, ce scribe était très près "de la Basileia de Dieu" (cfr : <strong>Mc</strong> XII-34).<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-34)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 74 -<br />

LEMA SABACHTHANI<br />

_______________<br />

1.- III-24 "si° un royaume est-partagé... contre lui-même..."<br />

III-25 "si° une maison est-partagée.. contre elle-même..."<br />

III-26 "si le Satan s'est levé contre lui-même..."<br />

Raisonnement :<br />

Si une quatrième formulation du même type arrive par la parole de Jésus,<br />

elle atteindra la Puissance et la détruira (= elle aura une fin - cfr : III-26).<br />

La parole de (XV-34) ne peut donc pas avoir été prononcée par Jésus-le-<br />

Messie... car : si elle avait été dite par Jésus, alors Dieu-Incarné (le Messie) ne<br />

pourrait "pas se-tenir" (cfr : III-26). Or c'est cela même que veulent suggérer <strong>les</strong><br />

grands-prêtres avec <strong>les</strong> scribes en faisant circuler un tel bruit.<br />

2.- La lexie :<br />

XIV-59 "Et pas°-même° ainsi, leur témoignage n'était égal."<br />

... peut être lue comme apportant le témoignage qu'il était impossible pour <strong>les</strong><br />

juifs de se mettre d'accord sur une-unique formulation contre Jésus. La haine<br />

qu'ils ont envers Jésus perturbe le fonctionnement de leur voir et de leur<br />

entendre. Leur intelligence est devenue incohérente et, face <strong>à</strong> un-unique<br />

événement, ils ne le perçoivent pas de la même façon : 'pas même ils ne peuvent<br />

témoigner de façon égale' (cfr : XIV-59).<br />

A la Croix, il va en être de même puisqu'ils ne peuvent pas se mettre d'accord<br />

sur le fait que Jésus ait lancé <strong>à</strong> Dieu le cri de l'abandon :<br />

XV-34 "Eloï ! Eloï ! Lema sabachthani...".<br />

En effet, d'autres ont entendu différemment et leur témoignage contredit le cri<br />

redoublé par Eloï, puisque eux disent l'avoir entendu appeler le prophète Elie, ce<br />

qui est la diphtongue inversée : Elia.<br />

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SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 75 -<br />

3.- Le lecteur prêtera attention <strong>à</strong> cette dernière exégèse, laquelle justifie la<br />

présence de la lexie (XIV-59). Si elle n'avait pas été ainsi provoquée, cette lexie<br />

n'aurait aucune raison d'être puisqu'elle n'apporte aucune aide au Grand Prêtre<br />

pour faire confirmer par l'ensemble des juifs la condamnation <strong>à</strong> mort de Jésus.<br />

4.- Pour <strong>les</strong> exégètes qui, depuis vingt sièc<strong>les</strong>, commentent (XV-34) en disant<br />

que Jésus a poussé le cri Lema sabachthani en un moment où son humanité<br />

l'avait amené <strong>à</strong> dépasser sa divinité (... ? ...), je dis :<br />

Considérons la lexie :<br />

XV-35 "Et quelques-uns de-ceux-qui étaient-présents,<br />

ayant-entendu disaient :<br />

'Voici : Il convoque Elie'.".<br />

Par ailleurs, en présence du Grand Prêtre, <strong>les</strong> juifs disent :<br />

XIV-58 "Nous, nous l'avons-entendu dire...".<br />

Ceux qui sont présents <strong>dans</strong> l'une et <strong>dans</strong> l'autre lexies sont donc des juifs qui<br />

entendent. Or, devant le Grand Prêtre, "leur témoignage n'était pas°-même°<br />

égal" (XIV-59) ce qui a pour sens qu'ils ne pouvaient pas se mettre d'accord sur<br />

le faux-témoignage qu'ils auraient dû porter contre Jésus (cfr : XIV-56 et 57). La<br />

cause en est qu'ils entendent mal. Le récit a su le dire durant la première partie<br />

de l'évangile : c'était au chapitre VIII. En (VIII-11), nous avons vu que "<strong>les</strong><br />

pharisiens sortirent et commencèrent <strong>à</strong> discuter avec lui en cherchant de-sa-part<br />

un-signe du ciel". J'ai écrit assez longuement <strong>à</strong> ce sujet un texte intitulé :<br />

Quelques juifs immobi<strong>les</strong> (Voir <strong>dans</strong> La structure de Saint Marc (tome VI) le<br />

chapitre sur Les juifs). Aussitôt après Jésus, "laissant" (<strong>les</strong> pharisiens) (cfr : VIII-<br />

13), "leur (= <strong>à</strong> ses discip<strong>les</strong>) recommandait en disant" ... :<br />

VIII-18 "Ayant des oreil<strong>les</strong>, vous n'entendez pas !".<br />

A fortiori, <strong>les</strong> pharisiens et autres juifs ne savent ni voir ni entendre. En (XV-<br />

58), ils disent leur entendre avec l'évocation du nom du prophète Elie (= c'est le<br />

cri avec Elia...hou). Comme leur entendre est partagé (cfr : XIV-59), ils disent<br />

aussi d'autres choses au sujet de Jésus et c'est :<br />

XV-34 "...lema sabachthani !".<br />

5.- Cette exégèse ne doit pas être regardée comme cherchant <strong>à</strong> assembler des<br />

morceaux disparates du texte de Saint Marc. Elle n'est que l'application et le<br />

respect de ce que j'ai énoncé ailleurs : Principe de Cohérence :<br />

Le texte de l'évangile de Saint Marc est écrit <strong>dans</strong> la COHERENCE.<br />

(Voir : Lecture païenne d'évangile (tome X) - page 222)<br />

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(XV-36 et 37)<br />

Du verset (XI-25)<br />

Lectio divina de (XV-36 et 37)<br />

Une grande voix<br />

DU VERSET (XI-25)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 76 -<br />

"LAISSEZ !..."<br />

_______________<br />

Voir Lectio divina par séquence (tome V) : Afin qu'aussi (votre Père...).. Dans<br />

ce verset, il y a le chiasme suivant :<br />

laissez = aphiete<br />

quelqu'un<br />

afin-que = ina kai<br />

votre Père<br />

laisse = aphe<br />

et je t'ai demandé, ô lecteur, de venir ici, aux versets (XV-36 et 37) pour<br />

entendre l'ultime présence du verbe 'g: aph-iemi = laisser'. Relire la note 7<br />

donnée en finale du chapitre : Afin qu'aussi.<br />

LECTIO DIVINA DE (XV-36 ET 37)<br />

Voici Jésus en croix et beaucoup de gens gravitent sur le lieu Golgotha. Il y a<br />

des changements <strong>dans</strong> la lumière du lieu et des bruits fort mêlés; le texte use de<br />

verbes insolites : "blasphémaient" (dernier emploi en XV-29) en "hochant"<br />

(emploi unique en XV-29) "leur tête" (dernier emploi en XV-29) "et en disant :<br />

"Oua ! ô°(-toi) (qui-)détruis" (dernier emploi en XV-29) "le Sanctuaire et qui le<br />

construis" (dernier emploi en XV-29)...<br />

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SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 77 -<br />

Je te laisse continuer, lecteur, afin que tu notes encore d'autres mots, afin que<br />

tu vives ainsi le texte en ton coeur (= en ton intelligence) et que tu t'approches<br />

du 'moment accompli' (cfr : I-15).<br />

La lumière revient car nous sommes <strong>à</strong> la neuvième heure et elle laisse la<br />

ténèbre. L'immobilité de ceux "crucifiés-ensemble avec° lui" et aussi "de-ceuxqui<br />

étaient-présents" va être laissée car voici "quelqu'un ayant couru". Pourquoi<br />

ce "quelqu'un" ? Le texte va suggérer sa réponse car ce "quelqu'un" court pour<br />

remplir une éponge de vinaigre. Tous se taisent, sans doute, car il faut<br />

maintenant (cfr : XV-32) "que nous-voyions" le geste de ce "quelqu'un" qui "lui<br />

donnait-<strong>à</strong>-boire". Il lui dit :"laissez = g: aphete...". Voici le même verbe déj<strong>à</strong><br />

rencontré au verset (XI-25) : "laissez si vous-avez quelque-chose contre<br />

quelqu'un" !<br />

Dans le verset (XI-25), il y a l'Amour de Dieu, sa Miséricorde et son infinie<br />

Bonté que j'ai lues <strong>dans</strong> ina kai = "afin qu'aussi votre Père qui <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux<br />

vous laisse aussi vos manquements".<br />

Maintenant, <strong>à</strong> la croix, il n'y a plus d' "ina kai" possible et le Père, <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

cieux, ne peut plus laisser <strong>les</strong> manquements de ce même quelqu'un qui, depuis<br />

le verset (XI-25), attendait pour voir ce que ferait Dieu dès qu'il lui enverrait le<br />

blasphème suprême "en disant : laissez = aphete".<br />

Alors Dieu LAISSE = O de Iesous APHEIS...<br />

Ami ! Avais-tu, lisant ce texte, déj<strong>à</strong> noté comment ce quelqu'un vient de (XI-<br />

25) pour lancer le défi le plus grand . Ce quelqu'un se disait : si celui qui est en<br />

croix a quelque chose contre moi, quelqu'un, qui viens avec mon éponge et mon<br />

vinaigre comme anti-mémoire de son voeu de nazir renouvelé devant la coupe<br />

au verset (XIV-25), alors, s'il est Messie (= la cohérence, la rigueur), il doit (<strong>à</strong><br />

l'ultime instant, juste avant sa mort) faire ce que sa parole se voulait être en<br />

vérité lorsqu'il disait "en priant laissez si vous avez quelque chose contre<br />

quelqu'u,..." (XI-25). Voyons donc si, face au vinaigre que je lui tends <strong>dans</strong><br />

cette éponge remplie, il osera laisser son voeu en annulant mon geste afin que<br />

(son) Père, qui <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cieux, lui laisse" (XI-25).<br />

Voil<strong>à</strong> ce que disait ce quelqu'un venu depuis (XI-25). Dieu entendit et "Jésus<br />

laissant... expira". Tu peux vérifier, désormais il n'y aura plus, <strong>dans</strong> la finale du<br />

texte de Saint Marc, le verbe aphiemi car, ce verbe 'laisser', Jésus l'expira avec<br />

lui : ce verbe ne sera plus.<br />

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SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 78 -<br />

Lecteur, j'ai entendu aussi ta question : tu me demandes s'il y aura encore<br />

"quelqu'un" <strong>dans</strong> le texte et s'il osera revenir ? Souviens-toi : "celui qui aura-foi<br />

(sait que des signes) accompagneront°" (XVI-16 et 17). Donc : ce quelqu'un ne<br />

peut plus revenir <strong>dans</strong> le texte, puisque Dieu l'a laissé (XV-37) et parce que Dieu<br />

a dit lui-même le verset (III-28) où il est écrit :<br />

PANTA APHETHESETAI = tout sera LAISSE<br />

Or, qui blasphèmera vers l'Esprit-Saint...<br />

OUK echei APHESIN eis ton aiôna ... (III-29)<br />

NON, il n'aura pas droit au verbe<br />

'LAISSER = aphiemi'<br />

<strong>dans</strong> le siècle-<strong>à</strong>-venir (quelle que soit son attente du 'moment accompli' annoncé<br />

au verset (I-15) par le Messie).<br />

Et maintenant (cfr : XV-32), tu sais, lecteur, pourquoi <strong>dans</strong> <strong>les</strong> versets (XV-<br />

36 et 37) il n'y a pas de place pour la formulation grecque ina kai.<br />

UNE GRANDE VOIX<br />

Mon exégèse serait inachevée si je ne te rappelais que le verbe 'laisser', jouant<br />

un si grand rôle en ce moment dernier de la vie humaine du Messie, a un<br />

complément d'objet direct <strong>dans</strong> la lexie (XV-37) :<br />

"Or, Jésus, laissant une grande voix (grec : phonen megalen) expira".<br />

a) Le verbe laisser engendre un sens de disparition, de suppression et<br />

d'effacement. Son complément direct ne doit donc plus revenir ultérieurement<br />

<strong>dans</strong> le texte <strong>à</strong> cause des lois du texte, il n'y aura plus de grande voix au-del<strong>à</strong> du<br />

verset (XV-37).<br />

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SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 79 -<br />

b) Dans la deuxième partie de cet évangile, il n'y a que deux fois l'ensemble<br />

"une grande voix" :<br />

XV-34 = le texte écrit : "Et, <strong>à</strong> la neuvième heure, le(1) Jésus clama<br />

(d'une-)grande voix (g: phône megale)...'... lema sabactani'."<br />

Longuement et minutieusement, jadis, j'ai étudié ce passage et j'ai conclu <strong>à</strong> ce<br />

que jamais le Messie ne prononça 'lema sabactani' car, <strong>à</strong> ce moment précis, il<br />

clama sa référence <strong>à</strong> Dieu-"Elohim" sous la forme entendue par <strong>les</strong> juifs présents<br />

:<br />

' E L O I ( - m ) '<br />

Au moment ultime sur la croix, Dieu en train de (mourir) d'une mort d'homme,<br />

a encore "quelque chose contre" ceux-l<strong>à</strong> qui ont faussement entendu et contre ce<br />

texte qui osa déformer sa clameur par "une grande voix" (XV-34). A l'instant<br />

dernier, conformément <strong>à</strong> SA parole du verset (XV-25), Dieu leur LAISSE<br />

aussi cette expression et le texte doit écrire "... Jésus LAISSANT UNE<br />

GRANDE VOIX ..."<br />

Ainsi, officiellement écrit pour tous, le texte efface(2) ce qui a été écrit en<br />

(XV-34). En laissant ((en effaçant)) "une grande voix", le texte efface<br />

((= annule)) <strong>les</strong> mots alors rapportés : " lema sabactani ".<br />

Désormais, il n'y aura plus de mot grec de la famille 'phone / -phoneô'.<br />

D'ailleurs, le coq aussi est devenu inutile... (voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot voix).<br />

_______________<br />

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SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 80 -<br />

Note 1 : le = Page : 79<br />

Lecteur :<br />

Tu constateras ici la présence de l'article défini 'o' :<br />

XV-34<br />

et te enate ôra eboesen O Iesous phone megale<br />

et <strong>à</strong>-la neuvième heure clama LE Jésus (d'une-)voix grande.<br />

Puis tu constateras qu'il fût semblablement écrit avec l'article défini :<br />

III-11<br />

Su ei o uios tou Theou<br />

toi tu-es le fils DE-LE Dieu<br />

car ce fut une parole des "esprits-impurs<br />

quand lui (= auton) ils-considéraient (et) tombaient-devant lui et<br />

criaient".<br />

La présence de l'article défini <strong>dans</strong> la lexie (XV-34) signifie : voici ce que<br />

crient <strong>les</strong> esprits-impurs des grands-prêtres (avec <strong>les</strong> scribes) alors qu'ils le considèrent<br />

(sur la Croix). La parole rapportée "Eloï ! Eloï ! Lema..." est aussi<br />

fausse que le fut la parole d'alors : "Tu es le fils de-le Dieu" (pour eux il n'est<br />

qu'un dieu païen spécifique des juifs) car une parole d'esprit-impur ne peut pas<br />

être la Parole de la Vérité de Dieu.<br />

Note 2 : le texte efface = page : 79<br />

Le lecteur se rappellera comment, <strong>à</strong> Gethsémani, la Parole de Dieu (= parole<br />

du Messie) avait semblablement annulé ce que le texte avait rapporté :<br />

le texte = (XIV-35) :<br />

"... il priait afin que, S'IL EST POSSIBLE, l'heure passe°..."<br />

Jésus = (XIV-36) :<br />

"Père ! TOUT (est) POSSIBLE POUR TOI !"<br />

_______________<br />

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(XV-35)<br />

Lecteur ! Rappelle-toi...<br />

Lecteur ! Rappelle-toi...<br />

Lecteur ! Relisons...<br />

Lecteur ! Chantons...<br />

Et le peuple murmura<br />

LECTEUR ! RAPPELLE-TOI...<br />

... de la mer Rouge !<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 81 -<br />

AUTOUR D'UN ROSEAU<br />

_______________<br />

En hébreu, ils disent : la mer des roseaux. Avec tous <strong>les</strong> enfants d'Israël,<br />

Moïse a chanté un cantique magnifique et toutes <strong>les</strong> femmes chantaient avec<br />

Marie, sa sœur, en s'accompagnant sur leurs tambours. Le texte écrit ensuite :<br />

'Moïse fit partir Israël de la mer des roseaux et ils sortirent vers le désert de<br />

Shour. Ils marchèrent trois jours <strong>dans</strong> le désert et ils ne trouvèrent pas d'eau. Ils<br />

arrivèrent <strong>à</strong> Marah (en hébreu, le mot veut dire 'amer') mais ils ne pouvaient pas<br />

boire <strong>les</strong> eaux de Marah, car el<strong>les</strong> étaient amères... Le peuple murmura contre<br />

Moïse en disant : 'Que boirons-nous ?'.<br />

Alors il cria vers YHVH et YHVH lui indiqua du bois. Il le jeta <strong>dans</strong> l'eau, et<br />

l'eau devint douce...<br />

(YHVH dit <strong>à</strong> Moïse :)<br />

Si tu écoutes bien la voix de YHVH ton Elohim, si tu prêtes l'oreille..'<br />

(Exode XV-22 <strong>à</strong> 26)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LECTEUR ! RAPPELLE-TOI...<br />

... du texte de Saint Marc !<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 82 -<br />

Nous avons entendu, ensemble, "une grande voix" qui clamait des mots<br />

diffici<strong>les</strong> <strong>à</strong> comprendre tels qu'ils furent rapportés par <strong>les</strong> juifs et <strong>les</strong> grandsprêtres<br />

avec <strong>les</strong> scribes :<br />

"Eloï ! ... El-Yah-(hou) ! ...".<br />

Mais, ensemble, toi et moi, nous avons prêté l'oreille <strong>à</strong> la voix du Messie,<br />

YHVH notre Elohim, et nous avons entendu : "Elohi(-m) ! El-i a-(ta) !" et c'est<br />

le commencement du psaume LXIII (Vulgate LXII).<br />

LECTEUR ! RELISONS...<br />

... le-début de ce psaume :<br />

"Psaume de David, alors qu'il était <strong>dans</strong> le désert de Juda..."<br />

Et déj<strong>à</strong> nous notons, <strong>dans</strong> ce titre, un rapprochement avec le lieu du verset<br />

(XV-34) en Saint Marc : le Golgotha, rocher aride, sol dénudé, sans eau, <strong>dans</strong> le<br />

royaume de Juda.<br />

Elohim, Mon Dieu c'est Toi !<br />

Je cherche dès la lumière<br />

Ma vie(1) a soif de Toi,<br />

Ma chair(2) aspire <strong>à</strong> Toi<br />

En une terre, déserte, altérée,<br />

sans eau.<br />

Et voici que bientôt la fin de la ténèbre arrive, et il va y avoir "la lumière".<br />

Puis il y aura la lumière éclatante du soleil et, avec le réveil, la vie continuera.<br />

Ici, au mont du Temple, la terre est "déserte, altérée, sans eau", mais IL vous<br />

précèdera en Galilée, en ce pays où l'eau est la vie offerte quand elle est mer de<br />

Galilée et la vie pleinement vécue quand elle coule en fleuve Jourdain.<br />

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LECTEUR ! CHANTONS...<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 83 -<br />

... ensemble le cantique (de Moïse) composé aussitôt après le<br />

franchissement(3) du roseau lorsque, vers l'autre rive, tous <strong>les</strong> ennemis<br />

deviennent anéantis :<br />

"Je chanterai YHVH, qui s'est couvert de GLOIRE"<br />

"Le Seigneur est ma force et l'objet de mon chant,."<br />

"car il est mon salut"<br />

"L'ennemi avait dit : Voici, je poursuivrai"<br />

"et quand je l'atteindrai, je prendrai tous ses biens."<br />

Et ils l'ont crucifié et partagé son bien.<br />

"Tu soufflas de ton souffle, la mer <strong>les</strong> recouvrit"<br />

Tu fus une ténèbre qui tous <strong>les</strong> couvrit.<br />

"Qui est comme Toi, parmi <strong>les</strong> dieux, YHVH ?"<br />

"Qui, comme Toi, majestueux en sainteté ?"<br />

Ta parole est louange et ton cri : vérité.<br />

Les cris de tous ces juifs : insultes et blasphèmes,<br />

un homme <strong>les</strong> ramassa <strong>dans</strong> l'éponge de vinaigre<br />

attachée au roseau !<br />

Puis l'homme t'injuria en tendant son roseau,<br />

mais tu t'en écartas<br />

comme tu écartas, jadis, tous <strong>les</strong> roseaux<br />

pour libérer ton peuple.<br />

Ton souffle avait ouvert un passage <strong>dans</strong> l'eau,<br />

ton peuple fut sauvé.<br />

Et quand le pharaon descendit <strong>dans</strong> la mer,<br />

tu soufflas de ton souffle : la mer <strong>les</strong> recouvrit.<br />

" Y H V H règne <strong>à</strong> jamais ! "<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 84 -<br />

Et ton souffle faisait onduler le rideau<br />

de ta Présence au Sanctuaire.<br />

Mais, comme <strong>les</strong> grands-prêtres, <strong>les</strong> scribes,<br />

<strong>les</strong> insulteurs, passaient et repassaient,<br />

de nouveau tu soufflas la force de ton souffle<br />

et le rideau du Sanctuaire fut déchiré en deux.<br />

Alors, sur tous ces gens !<br />

"soldats de pharaon,"<br />

"ses chevaux et ses chars,"<br />

grands-prêtres et hérodiens,<br />

scribes des pharisiens,<br />

"sur eux tous vont tomber la terreur et l'effroi"<br />

ils ne diront plus rien.<br />

Pourtant, il en fut un qui n'a pas pu se-taire.<br />

Le centurion parla : parole de V E R I T E.<br />

A TOI = GLOIRE ET PUISSANCE<br />

" Y H V H règne <strong>à</strong> jamais ! "<br />

(cfr : Exode XV-1 <strong>à</strong> 18)<br />

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ET LE PEUPLE MURMURA<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 85 -<br />

A peine délivré de la servitude de l'Egypte, 'le peuple murmura contre<br />

Moïse" (Exode XV-24). Cela devient vite une habitude pour eux (une tradition<br />

pour Israël ?) de récriminer lorsque <strong>les</strong> événements arrivent contraires <strong>à</strong><br />

l'attendu. Sous la direction de Moïse, voici un peuple libre qui arrive au désert<br />

de Sîn, entre Eylim et Sînaï : 'tous ceux de la communauté des fils d'Israël<br />

murmurèrent contre Moïse et contre Aaron' (Exode XVI-2) car ils regrettent<br />

<strong>les</strong> viandes et pains en abondance. La réponse de YHVH vint sous forme de<br />

manne car 'YHVH a entendu vos murmures que vous murmurez contre lui'.<br />

Pendant quarante ans ils mangèrent la manne. Ils quittèrent le désert de Sîn et<br />

campèrent <strong>à</strong> Raphidim, l<strong>à</strong> où 'il n'y avait pas d'eau <strong>à</strong> boire pour le peuple. Le<br />

peuple se querella avec Moïse' (Exode XVII-2 et 3). 'L<strong>à</strong>, le peuple eut soif d'eau<br />

et le peuple murmura contre Moïse' (Exode XVI-3).<br />

Arrivé <strong>à</strong> ce point de ma lecture, j'ai refermé le Livre de Moïse et j'ai écouté<br />

avec attention la voix de YHVH mon Elohim, car j'ai prêté l'oreille<br />

(cfr : Exode XV-26).<br />

Et c'est pourquoi, étant-présent en-face°-de lui, je vis <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> qu'il "clama<br />

d'une grande voix" (XV-34) :<br />

E L O H I (- m) ! E L I - A -(t a) !<br />

mais je remarquai que <strong>les</strong> grands-prêtres aussi avec <strong>les</strong> scribes le bafouaient<br />

en murmurant :<br />

lema sabachthani ... ... lema sabachthani !<br />

et ceux qui passaient, l'entendant, blasphémaient contre lui<br />

en murmurant :<br />

il convoque Elie ... ... il convoque Elie !<br />

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SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 86 -<br />

Note 1 : Ma vie = Page : 82<br />

Cfr : <strong>Mc</strong> (VIII-35), avec, en grec, le mot psuche.<br />

Note 2 : Ma chair = Page : 82<br />

Cfr : <strong>Mc</strong> (XV-38), avec, en grec, le mot sarx.<br />

Note 3 : le franchissement = Page : 83<br />

C'est <strong>à</strong> dire : la Pâque.<br />

_______________<br />

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(XV-36)<br />

Le texte<br />

Exégèse I<br />

Exégèse II<br />

Les lois du texte<br />

Une couronne épineuse (XV-17)<br />

Cracher-sur-lui (XIV-65)<br />

LE TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 87 -<br />

UNE EPONGE DE VINAIGRE<br />

_______________<br />

"Mais de plus, sur la croix, on lui donne <strong>à</strong> boire du vinaigre et du fiel"<br />

(Mt XVII-34 et cfr : Psaume LIX-22)<br />

'Ecoutez comment <strong>les</strong> prêtres du Temple ont donné la Révélation (c. <strong>à</strong> d. : ont<br />

été <strong>les</strong> instruments inconscients par <strong>les</strong>quels est 'arrivée' la Révélation) : Bien<br />

qu'il soit écrit : 'Quiconque ne jeûnera pas le jour du jeûne sera puni de mort', le<br />

Seigneur a donné (cet autre) commandement parce qu'il devait s'offrir lui-même<br />

(= l'agneau pascal)... en sacrifice afin que la préfiguration par Isaac (= le<br />

sacrifice offert par Abraham de son fils Isaac, celui-ci étant remplacé par le<br />

bélier = Dieu, au centre de Dieu (h: A - "Y" - L) offert sur l'autel (au mont<br />

Moriyah) fût accomplie. Que dit-il donc <strong>dans</strong> le prophète ? 'Qu'ils mangent du<br />

bouc offert, au jour du jeûne, pour tous <strong>les</strong> péchés'.'<br />

(Barnabé : Epître VII-3 et 4)<br />

Cette citation est extraite de 'Sources Chrétiennes - volume n° 172' (voir la<br />

note 4 de la page 129) avec ce commentaire : 'Le culte sacerdotal en était une<br />

prophétie puisque, lorsque l'on commande le jeûne pendant l'immolation du<br />

bélier, <strong>les</strong> prêtres ont l'ordre de le manger avec du vinaigre. Le bélier est donc le<br />

Christ abreuvé de vinaigre.'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


EXEGESE I<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 88 -<br />

1.- <strong>Mc</strong> (II-18) : Et on vient et on lui dit :<br />

' Or (tes) discip<strong>les</strong> <strong>à</strong> toi ne jeûnent pas '.".<br />

Juste avant d'écrire ce verset, le texte a fait intervenir, pour la première fois,<br />

l'ensemble des "pharisiens" et ceci, juste après avoir noté la remarque<br />

réprobatrice des "scribes des pharisiens" (II-16) avec le verbe 'manger' : voici<br />

que <strong>les</strong> pharisiens doivent constater comment Jésus "mange avec <strong>les</strong> pécheurs et<br />

<strong>les</strong> publicains". L'ensemble des pharisiens a fort bien entendu cette parole et ils<br />

transfèrent 'Jésus mange' en : "<strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de-Toi ne jeûnent pas !". Les<br />

pharisiens font ainsi une référence implicite (= non dite, mais évidente <strong>à</strong> l'esprit<br />

de tout juif connaissant l'Ecriture) au commandement :<br />

'Quiconque ne jeûnera pas le jour du jeûne sera puni de mort'<br />

(Lévitique XXIII-29)<br />

2.- Au jour du jeûne, c. <strong>à</strong> d. au jour des expiations, il y a un rituel avec <strong>les</strong> deux<br />

boucs : l'un, chargé des péchés d'Israël, est libéré vers le désert alors que l'autre<br />

est sacrifié (Lévitique XVI-1 <strong>à</strong> 34). Or, il est encore écrit :<br />

'Quant au bouc de l'expiatoire, Moïse fit des recherches <strong>à</strong> son sujet<br />

et voici qu'il avait été brûlé. Il s'irrita contre Eléazar... en disant : 'Pourquoi<br />

n'avez-vous pas mangé l'expiatoire...? ... Vous auriez dû le manger <strong>dans</strong> le<br />

Sanctuaire, selon ce qui m'a été ordonné'.'<br />

(Lévitique X-16 <strong>à</strong> 18)<br />

3.- Et encore :<br />

'Aucun laïc ne mangera d'une chose sainte'<br />

(Lévitique XXII-10)<br />

Cette citation a une double conclusion :<br />

a) pour <strong>les</strong> pharisiens : <strong>les</strong> discip<strong>les</strong> de Jésus sont de simp<strong>les</strong> laïcs (text. :<br />

'étrangers', c. <strong>à</strong> d. des gens du royaume du nord, alors que <strong>les</strong> pharisiens sont<br />

gens du sud, mais 'étrangers' porteurs en eux du judaïsme) et ils doivent jeûner le<br />

jeûne; d'ailleurs, <strong>les</strong> laïcs discip<strong>les</strong> de Jean ou des pharisiens jeûnent<br />

conformément <strong>à</strong> la loi (cfr : II-18).<br />

b) pour Jésus : "<strong>les</strong> fils des épousail<strong>les</strong>... ont l'époux avec eux" (II-19).<br />

Les discip<strong>les</strong> de Jésus sont discip<strong>les</strong> du Messie et doivent être considérés<br />

comme des prêtres (au sens juif de ceux servant au Temple). Ils ne sont pas<br />

visés par le commandement 'ne pas manger (= jeûner) d'une chose sainte'.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


EXEGESE II<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 89 -<br />

Il est un mot, <strong>dans</strong> l'évangile de Saint Marc, qui attend pour venir <strong>dans</strong> le texte<br />

que Jésus soit en croix, immobile, silencieux, après avoir clamé SA grande voix<br />

et ce mot, insolite, est celui de 'vinaigre = g: oxos' :<br />

"... et ayant rempli une éponge de vinaigre...".(XV-36)<br />

La note 4 (page 129) de S. Ch. n° 172 dit : '<strong>les</strong> prêtres ont l'ordre de manger (la<br />

chair du bélier immolé <strong>à</strong> yom kippour) avec du vinaigre'.<br />

Alors j'ai vu, <strong>à</strong> la croix, sur le lieu Golgotha, Jésus comme l'agneau fils du<br />

bélier qui jadis arriva au mont Moriyah, aux jours d'Abraham, d'Isaac et de<br />

l'ange du Seigneur. A Jérusalem, <strong>les</strong> soldats avaient du vin et, en (XV-23), ils<br />

l'ont "mêlé-de-myrrhe". "Or lui n'en prit pas". Est-ce du vin impur qui, aussitôt,<br />

va être transformé en vinaigre ? Celui qui va courir avec son éponge ne saura-t-il<br />

pas trouver du vin casher et sera-t-il obligé d'avoir recours au vin (impur, donc<br />

appelé vinaigre) des soldats romains ?<br />

Regardant intensément, j'ai vu <strong>dans</strong> ce vinaigre la boisson amère qui, au jour<br />

des expiations, doit accompagner la chair du bélier, un mets pour YHVH dont<br />

doivent manger Aaron et ses fils, <strong>les</strong> prêtres du Temple.<br />

Ainsi le verbe courir explique le vin-aigre des soldats romains apportant le<br />

'signe voulu par Dieu pour son "Fils" (cfr : I-11), agneau sacrifié pour la fête de<br />

Pâque, agneau 'Fils' du bélier (cfr : Genèse XXII-13).<br />

LES LOIS DU TEXTE<br />

Quoique le mot 'g: oxos = vinaigre' ne soit pas de même racine que le mot<br />

'g: oinos = vin', j'ai voulu <strong>les</strong> regarder ensemble car le vinaigre vient toujours<br />

physiquement par le vin.<br />

Si j'applique <strong>les</strong> lois du texte, je vois alors :<br />

II-22 quatre emplois : (voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot vin).<br />

XV-23 cinquième emploi : <strong>les</strong> soldats "lui donnaient du vin mêlé-demyrrhe".<br />

Par le vin refusé, Jésus montre sa pleine identité (nasir... Messie.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 90 -<br />

XV-36 sixième emploi : l'éponge de vinaigre. C'est <strong>à</strong> cause de l'Alliance<br />

passée jadis, au temps de Noé, que Dieu s'oblige <strong>à</strong> venir pour le sacrifice. Il est<br />

l'agneau immolé en la veille du grand sabbat marquant, <strong>à</strong> Jérusalem, la fête de<br />

Pâque. (Avec : pour Noé, une histoire de vin !).<br />

UNE COURONNE EPINEUSE (XV-17)<br />

'Prêtez attention :<br />

'Prenez deux boucs beaux et semblab<strong>les</strong> et offrez-<strong>les</strong>. Que le prêtre prenne le<br />

premier en holocauste pour <strong>les</strong> péchés'. (cfr : Lévitique XVI-7 et suivants).<br />

- Et que feront-ils de l'autre ?<br />

- 'L'autre, dit-il, est maudit'.<br />

Notez comment la préfiguration de Jésus est manifestée.<br />

- 'Crachez tous sur lui, parez-le, couronnez sa tête de laine écarlate et qu'ainsi il<br />

soit chassé vers le désert'.<br />

- Ceci fait, celui qui porte le bouc, l'emmène au désert, enlève la laine et la met<br />

sur un buisson de ce qu'on appelle ronce.<br />

(La tradition juive voulait que le ruban de laine rouge ayant servi <strong>à</strong><br />

couronner la tête du bouc soit partagée en deux, une moitié étant accrochée aux<br />

ronces sur le rocher, l'autre étant mise aux cornes du bouc. Or, de cette ronce)<br />

nous avons coutume d'en manger <strong>les</strong> baies lorsque nous en trouvons <strong>dans</strong> la<br />

campagne. Seuls <strong>les</strong> fruits de la ronce ont cette douceur.<br />

Qu'est-ce que cela signifie donc ? Prêtez-y attention : 'Le premier bouc est<br />

pour l'autel, l'autre est maudit' et c'est celui qui est maudit qui se voit couronné.<br />

C'est qu'ils le verront, quand viendra le jour, portant sur sa chair le manteau<br />

écarlate et ils diront : 'N'est-ce pas celui que jadis nous avons crucifié après<br />

l'avoir méprisé, percé et couvert de crachats ? En vérité, c'est celui qui se<br />

prétendait alors Fils de Dieu'.'<br />

(Barnabé : Epître VII-6 <strong>à</strong> 9)<br />

Alors <strong>dans</strong> Saint Marc j'ai lu : "... une couronne épineuse...", car <strong>les</strong> ronces<br />

aussi ont des épines.<br />

Puis j'ai encore lu : "... un manteau-de-pourpre...", car <strong>les</strong> fruits de la ronce<br />

donnent un jus de couleur pourpre lorsque nous <strong>les</strong> pressons.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


CRACHER - SUR LUI (XIV-65)<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 91 -<br />

'Crachez tous sur lui...<br />

N'est-ce pas celui que jadis nous avons couvert de crachats ?'<br />

Et aussitôt me revient <strong>à</strong> la mémoire :<br />

'Voici : j'ai tendu mon dos aux verges et mes joues<br />

aux gif<strong>les</strong>, mais mon visage, je l'ai tendu comme<br />

une pierre dure et je n'ai pas détourné mon visage<br />

de la honte du crachat.'<br />

(Isaïe L-6 et 7)<br />

_______________<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XV-38)<br />

Le rideau<br />

Le Sanctuaire<br />

Lettre d'Aristée<br />

En Saint Marc<br />

L'obscurité<br />

LE RIDEAU<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 92 -<br />

LE RIDEAU DU SANCTUAIRE<br />

_______________<br />

Voir au lexique pour y prendre acte que le mot 'g: kata-petasma = rideau'<br />

désigne une étoffe déployée DE HAUT EN BAS.<br />

LE SANCTUAIRE<br />

Voir au lexique <strong>les</strong> mots 'maison' et 'Temple'. Il faut rappeler :<br />

la maison = oikia un simple bâtiment, <strong>dans</strong> tout le texte.<br />

la maison° = oikos avec la Présence de Dieu.<br />

Ce mot vient jusque (XI-17).<br />

le Temple = ieron entre (XI-11) et (XIV-49).<br />

le Sanctuaire = naos au-del<strong>à</strong> de (XIV-49).<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


LETTRE D'ARISTEE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 93 -<br />

Je rappelle rapidement <strong>les</strong> faits : le roi Ptolémée, ayant désiré enrichir la<br />

bibliothèque d'Alexandrie, donne l'ordre d'y approvisionner <strong>les</strong> livres sacrés des<br />

juifs. Ces livres étant écrits en caractères inconnus des égyptiens, il faut <strong>les</strong> faire<br />

traduire. Ptolémée écrit au Grand Prêtre Eléazar, <strong>à</strong> Jérusalem, en offrant de<br />

rendre la liberté aux juifs encore esclaves en Egypte (plus de cent mille), puis il<br />

l'informe qu'il a décidé de faire exécuter la traduction des livres des hébreux<br />

<strong>dans</strong> la langue grecque. Il lui demande de mettre <strong>à</strong> sa disposition 'des hommes<br />

d'une vie exemplaire, des Anciens versés <strong>dans</strong> la connaissance de leur Loi,<br />

capab<strong>les</strong> d'en faire une traduction, six de chaque tribu' (39).<br />

Eléazar donne une 'digne réponse' (41) et Ptolémée fait préparer des cadeaux <strong>à</strong><br />

emporter par la délégation égyptienne auprès d'Eléazar. Suit une longue<br />

description pour la Table (des pains de proposition) et <strong>les</strong> cratères, avec de l'or,<br />

des pierres précieuses,..' d'une exécution magnifique, aussi honorable pour le roi<br />

donateur que pour le Grand Prêtre de qui relevait le Lieu Saint' (81).<br />

(J'arrête ici un instant ma lecture,. Un jour, Jésus s'était-assis "juste-en-face-de la<br />

salle du Trésor et il considérait..." (XII-41). Je ne puis m'empêcher de penser,<br />

avec lui, <strong>à</strong> cette Table en or massif, ciselée et incrustée de pierres si précieuses,<br />

montée depuis le pays de la servitude : l'Egypte ! La vraie Table, pour <strong>les</strong> pains<br />

de proposition, datant de Salomon, avait été détruite lors de l'anéantissement du<br />

premier Temple. Les juifs avaient construit une deuxième, plus simple... trop<br />

simple, peut-être ? Et David, quand il vint manger <strong>les</strong> pains de proposition (II-<br />

26), quelle table a-t-il vue ? Ainsi, Ptolémée offre-t-il une nouvelle Table,<br />

comme jamais il n'y en eut, ni avant, ni depuis.<br />

Aristée fut l'ambassadeur qui emmena, <strong>dans</strong> ses bagages, la Table, des<br />

cratères, des coupes, et de l'argent en numéraire (environ cent talents) pour offrir<br />

des sacrifices au Dieu du Temple de Jérusalem ainsi que pour <strong>les</strong> faux frais du<br />

voyage. Dans son rapport de fin de mission, (= la Lettre d'Aristée) l'auteur décrit<br />

rapidement la ville de Jérusalem. J'ai lu :)<br />

'Dès notre arrivée sur <strong>les</strong> lieux, nous pouvions contempler la ville, située au<br />

centre de toute la Judée, sur une montagne de grande altitude. Au sommet,<br />

s'élevait le Temple (g: to Ieron), qui avait tout <strong>à</strong> fait grand air. Trois enceintes de<br />

plus de soixante dix coudées de haut; en largeur et en longueur, el<strong>les</strong> étaient<br />

proportionnées aux dimensions de la maison° (g: ton oikon), le tout construit<br />

avec une magnificence et une profusion absolument extraordinaires.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 94 -<br />

Pour l'entrée et l'assemblage des montants qui l'encadrent, pour la solidité du<br />

liteau, manifestement on n'avait pas épargné la dépense.<br />

La façon dont le voile était installé rappelait tout <strong>à</strong> fait une portière. En<br />

particulier, l'étoffe était animée d'un mouvement continuel par l'air qui<br />

passait au pied, car le courant partant du sol se propageait <strong>à</strong> travers la partie<br />

souple de l'étoffe jusqu'<strong>à</strong> la partie tendue vers le haut : la chose était assez<br />

jolie et l'on avait de la peine <strong>à</strong> en détacher <strong>les</strong> yeux.<br />

Le bloc de l'autel était construit...' (83 <strong>à</strong> 88).<br />

((J'ai tenu <strong>à</strong> recopier ce texte très long. Aristée y décrit Jérusalem (une seule<br />

phrase) et le Temple (<strong>les</strong> enceintes et l'entrée : une phrase chaque fois). Mais,<br />

pour le voile (g: kata-petasma = le même mot utilisé par Saint Marc) Aristée<br />

décrit longuement et il précise l'ondulation de l'étoffe sous la brise légère<br />

soufflant du bas jusqu'en-haut°. La vision en était fascinante.))<br />

EN SAINT MARC<br />

Lentement, j'ai relu la lexie de Saint Marc :<br />

"Et le rideau..."<br />

Le même mot que pour Aristée, avec 'kata- = de haut en bas'. Cette<br />

étoffe, suspendue par le haut, descend vers le bas et elle me rappelle : "Une voix<br />

arriva hors des cieux" avec : "l'Esprit comme une colombe descendre..."<br />

(<strong>Mc</strong> I-10 et 11)<br />

"... du Sanctuaire fut-déchiré en deux..."<br />

Le verbe déchirer : "Il vit <strong>les</strong> cieux se déchirer"<br />

(<strong>Mc</strong> I-10)<br />

"... du haut jusqu'en bas."<br />

Le voile d'Aristée ondulait sous la brise, du bas vers le haut. Celui qui<br />

déchira n'a pu agir avec un vent si doux, habitué <strong>à</strong> onduler l'étoffe.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 95 -<br />

Ainsi : Dieu déchira le voile depuis le haut jusques-en-bas et Saint Marc<br />

écrivit : "kata-petasma ... ap' anôthen eôs katô(1) = (l'étoffe suspendue de haut<br />

en bas fut déchirée) du haut° jusqu'en-bas".<br />

Et voici : maintenant, je sais pourquoi cette insistance du texte de Saint Marc.<br />

Si le rideau avait été déchiré de bas en haut, cela aurait été un simple coup de<br />

vent, un peu plus fort que cette quotidienne brise. Dieu, quand il se manifeste<br />

aux hommes avec puissance, ne monte jamais : IL descend, comme la nuée sur<br />

le fleuve Jourdain, comme il fit sur l'Horeb en présence de Moïse.<br />

Conclusion :<br />

Je conclus : Saint Marc connaissait le texte d'Aristée, tout comme il connaissait<br />

<strong>les</strong> textes de la Bible hébraïque. Les mots sont des signes portant leur<br />

témoignage : ieron oikos katapetasma.<br />

Quant <strong>à</strong> Dieu : la brise légère qui ondulait l'étoffe était le témoignage de sa<br />

Présence. Il habita le Saint des Saints, jusqu'au jour où, déchirant du haut°<br />

jusqu'en bas le rideau, il quitta le Sanctuaire.<br />

L'OBSCURITE<br />

Dans le livre des Rois, j'ai rencontré un certain nombre de mots grecs que j'ai<br />

fréquentés <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc :<br />

'Lors de la construction du premier Temple, il advint que '<strong>les</strong> prêtres<br />

portèrent l'arche de l'Alliance VERS son lieu, <strong>dans</strong> l'oracle de la maison°<br />

(oikon), <strong>dans</strong> le Saint des Saints (ta agia tôn agiôn), sous <strong>les</strong> ai<strong>les</strong> des chérubins.<br />

Or il n'y avait rien autre chose <strong>dans</strong> l'arche que <strong>les</strong> deux tab<strong>les</strong> de pierre que<br />

Moïse y avait mises <strong>à</strong> l'Horeb quand le Seigneur fit Alliance avec <strong>les</strong> enfants<br />

d'Israël...<br />

Et il arriva (kai egeneto) que, quand <strong>les</strong> prêtres furent sortis du Sanctuaire<br />

(en ton agion), la nuée (nephele) remplit la maison° (oikon) et <strong>les</strong> prêtres ne<br />

pouvaient pas s'y tenir, ni remplir leur ministère <strong>à</strong> cause de la nuée, car la gloire<br />

(doxa) de YHVH (Kuriou) avait rempli la maison° (oikon)'.<br />

(I Rois VIII-6 <strong>à</strong> 12)<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 96 -<br />

'Alors Salomon dit : 'YHVH A DIT QU'IL HABITERAIT DANS<br />

L'OBSCURITE'.' (I Rois VIII-12 : ce verset existe uniquement <strong>dans</strong> la bible en<br />

hébreu, il manque <strong>dans</strong> la Septante).<br />

Le lecteur se rappellera du livre de l'Exode où, déj<strong>à</strong> pareillement, la nuée<br />

(nephele) vient remplir le Sanctuaire (= la maison° : oikon). En effet : après que<br />

Moïse eut donné la Loi <strong>à</strong> son peuple (après l'épisode du veau d'or), il leur dit :<br />

'(Que chacun) fasse ce que YHVH a commandé, c. <strong>à</strong> d. le tabernacle...' (Exode<br />

XXXV-10 et 11). Le récit utilise alors plusieurs <strong>chapitres</strong> pour expliquer le<br />

travail et il conclut : 'Après que tout fut achevé, la nuée (nephele) couvrit le<br />

tabernacle du témoignage et la gloire de YHVH le remplit... La nuée couvrait<br />

tout et la majesté de YHVH brillait car la nuée avait tout couvert... car la nuée de<br />

YHVH reposait pendant le jour au-dessus du tabernacle...'.<br />

(Exode XL-31 <strong>à</strong> fin)<br />

"Pendant le jour" : Dieu se manifeste en pleine lumière et ce n'est pas<br />

l'obscurité !<br />

Dans le texte de Saint Marc, il n'y a rien de spécial au Temple et la nuée ne<br />

vient qu'une seule fois (nephele) sur la montagne élevée de la Transfiguration<br />

(IX-7); le mot est au singulier... et il n'y a aucune obscurité, sinon un<br />

resplendissement de blanc, qui est 'lumière de lumière'. Le mot reviendra deux<br />

fois <strong>dans</strong> des paro<strong>les</strong> prophétiques de Jésus et il sera au pluriel : "g: en nephelais<br />

= <strong>dans</strong> <strong>les</strong> nuées" (XIII-26) et "g: meta tôn nephelôn = avec <strong>les</strong> nuées" (XIV-62).<br />

Pour la compréhension de cette dualité singulier-pluriel, se reporter au lexique<br />

pour le mot ciel = <strong>les</strong> signes viennent du ciel, et Dieu habite <strong>les</strong> cieux, lieux de la<br />

fin des temps.<br />

Ainsi, selon Salomon, 'Dieu voulut habiter l'obscurité'. Une longue nuit est<br />

descendue sur moi avec phantasmes, rêves et créations de l'imagination qui sont<br />

l'incohérence. Comment ce Dieu peut-il prononcer sa première Parole : 'Sois<br />

lumière !' en Genèse (I-3) et vouloir se cacher au fond d'une pièce obscure ?<br />

Or j'ai relu le texte avec attention : 'Et Salomon dit...' (verset 12). Est-ce une<br />

simple interprétation, par Salomon, de cette nuée tombée sur eux tous <strong>dans</strong> le<br />

Sanctuaire ? YHVH descend par sa nuée et donne le signe de sa Présence. Cela<br />

veut-il signifier, pour autant, que le Dieu Créateur (= la lumière) ait décidé<br />

d'habiter désormais <strong>dans</strong> l'obscurité et de rester confiné (= limité, borné, enfermé<br />

immobile) <strong>dans</strong> une pièce froide et noire, fût-elle appelée du titre majestueux de<br />

'Saint des Saints' ?<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 97 -<br />

David n'a pas osé construire un temple de pierre pour le Seigneur. Salomon, un<br />

des fils de David, a décidé de construire le Temple : 'Salomon envoya (une<br />

ambassade) <strong>à</strong> Hiram (roi de Tyr) disant : Vous savez le désir de David, mon<br />

père, et qu'il n'a pu bâtir une maison° (oikon) au Nom de YHVH-Elohim <strong>à</strong> cause<br />

des guerres qui le menaçaient de toutes parts jusqu'<strong>à</strong> ce que YHVH eût mis ses<br />

ennemis sous la plante de ses pieds. Mais maintenant YHVH-Elohim m'a donné<br />

la paix alentour et il n'y a plus d'adversaire et plus d'obstacle fâcheux. C'est<br />

pourquoi je pense <strong>à</strong> bâtir (oikodomosai) une maison° (oikon) au Nom de mon<br />

YHVH-Elohim (g: tô onomati Kuriou Theou mou), comme a parlé YHVH-<br />

Elohim <strong>à</strong> David mon père, disant : 'Ton fils que je mettrai <strong>à</strong> ta place sur ton trône<br />

sera celui qui bâtira une maison° <strong>à</strong> Mon Nom'.'.<br />

(I Rois V-2 <strong>à</strong> 5)<br />

Ainsi ai-je appris que le Temple de Salomon est d'abord le bâtiment bâti<br />

(oikodomesai ton oikon) par Salomon pour sa propre gloire : il est fils de David,<br />

mais surtout fils du ROI David et il a gagné maintes guerres, réduisant tous<br />

adversaires et aplanissant tous obstac<strong>les</strong>. Il fait construire le Temple, avec le<br />

Sanctuaire, et enferme l'Eternel au fond du Saint des Saints, <strong>dans</strong> l'obscurité,<br />

car Salomon avait donné des ordres : 'A l'entrée de l'Oracle, il fit de petites<br />

portes de bois d'olivier et des poteaux... et deux portes en bois d'olivier' (I Rois<br />

VI-31 et 32). Chacun sait la dureté du bois de l'olivier et sa solidité : Dieu ne<br />

pouvait pas sortir, ni la lumière entrer... par la porte, seule ouverture pour cette<br />

chambre, car il n'y est jamais question de fenêtre.<br />

Lecteur ! Voici la lumière de ce texte : Dieu-Créateur est Dieu de la lumière<br />

(Genèse I-3). Il refuse de s'enfermer <strong>dans</strong> une maison de pierre : 'Je n'ai pas<br />

habité <strong>dans</strong> une maison...mais JE marchais <strong>dans</strong> un tabernacle, <strong>dans</strong> un abri (g:<br />

en skene = le même mot est au récit de la Transfiguration au verset (IX-5) :<br />

faisons trois ABRIS)' (II Samuel VII-6). David entendit correctement et il n'a<br />

pas construit "ces grands bâtiments". Il acheta l'aire d'Arauna, il 'bâtit un autel <strong>à</strong><br />

YHVH et il offrit des holocaustes et sacrifices pacifiques' (II Samuel XXIVdernier<br />

verset). L'autel de David était en plein air, ce qui, <strong>dans</strong> ces pays, veut<br />

dire : en pleine lumière.<br />

Bientôt David va mourir et un fils de David, du nom de Salomon, remporte des<br />

victoires sur tous ses adversaires. Il se fait construire un palais et il met, <strong>à</strong> côté,<br />

le Temple qui est chapelle de son château. Au tréfonds d'un couloir, il y a un<br />

abri, sans lumière. Salomon y enferme son Dieu, en otage, garant des victoires<br />

futures.<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XV - 98 -<br />

Bientôt Salomon meurt. La royauté éclate, et Israël... Il faudra que Dieu vienne<br />

en son Messie, et Jésus sera crucifié.<br />

Sur le Golgotha, il n'y a pas la nuée, mais : "une-ténèbre", pendant trois<br />

longues heures... et Jésus expira (= la fin d'un souffle).<br />

Le rideau du Sanctuaire n'ondule plus sous la brise légère et, <strong>à</strong> la neuvième<br />

heure, la ténèbre s'éclaire : "Le rideau fut-déchiré en deux, du haut° jusqu'enbas",<br />

la lumière inondant le vide du Saint des Saints.<br />

Voici que tous <strong>les</strong> juifs peuvent voir le vide, l<strong>à</strong>, derrière ces deux<br />

morceaux de drap qui pendent, IMMOBILES, le long des deux battants en<br />

bois dur d'olivier.<br />

_______________<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : katô =<br />

Avec le-signe : trois fois la lettre 'ω' :<br />

ανωθεν εως κατω<br />

Jean-Marie GEORGEOT - " De Saint-Marc jusqu'<strong>à</strong> Tertullien " ( 1978 <strong>à</strong> 2004 )


(XVI-1 <strong>à</strong> 15)<br />

Avertissement<br />

Présentation<br />

I C I<br />

Le verbe 'considérer'<br />

Le texte<br />

Quelques sentiers<br />

Les 'restants'<br />

AVERTISSEMENT<br />

(UN TEXTE INSOLITE)<br />

_______________<br />

Le présent texte ayant été étudié en un temps où déj<strong>à</strong> existaient des textes sur<br />

le Calendrier (voir tome VIII) et sur le Messie (voir <strong>dans</strong> le tome VII le chapitre<br />

sur le Prophète), il sera bon de <strong>les</strong> consulter notamment afin de pouvoir aborder<br />

plus facilement l'analyse de l'expression "<strong>les</strong> restants" venant en (XVI-13).<br />

PRESENTATION<br />

Vers la fin du texte de Saint Marc, il est une partie qui a posé divers problèmes<br />

aux exégètes. Bien humblement et avec simplicité, je voudrais offrir quelques<br />

sentiers parmi d'autres. Tu y verras, lecteur, certaines dispositions ou structures<br />

de mots ou d'expressions. Je ne commenterai pas. Mais il faudra que tu notes :<br />

ceci est, encore, une méthode pour la lecture du texte. Tu pourras l'appliquer en<br />

d'autres endroits de l'évangile et tu te rappelleras que, une fois déj<strong>à</strong> pour 'lema<br />

sabactani' (voir <strong>dans</strong> le présent tome la lectio divina pour la séquence XV-33 et<br />

34), j'ai eu recours <strong>à</strong> une semblable méthode.


I C I<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 2 -<br />

1.- Alors que Jésus "s'est réveillé" (XVI-6), nous avons entendu "un jeunehomme...<br />

enveloppé d'une robe blanche" nous dire : "IL n'est pas I C I... IL vous<br />

précède vers la Galilée..." (XVI-6 et 7). Or <strong>les</strong> sentiers que je vais te proposer,<br />

lecteur mon ami, sont <strong>dans</strong> un texte qui pourrait sembler fort proche de<br />

Jérusalem !<br />

2.- Rien n'est dit du lieu, mais il y a : "s'étant-levé au-matin, premier (jour) du<br />

sabbat, il apparut d'abord <strong>à</strong> Marie Madeleine" (XVI-9). Or cette femme était<br />

venue, en ce même "matin", au monument° où Joseph avait déposé son corps et<br />

ce temps, le texte l'a défini identiquement : "au-matin, le (jour) un des sabbats"<br />

(XVI-2). Il y a bien l'identité du temps pour deux actions : la venue de Marie<br />

Madeleine au monument° et le lever de Jésus. Rien n'est dit du moment où Jésus<br />

apparut <strong>à</strong> Marie Madeleine... ni du lieu.<br />

3.- "Après ces-choses-l<strong>à</strong>", aux versets (XVI-12 et 13), il y a "deux, hors°d'eux";<br />

mais, ici encore, rien n'est dit du moment.<br />

4.- Et "finalement" (XVI-14), rien n'est dit du jour pour le repas des Onze... ni<br />

du lieu.<br />

Le seul indice pourrait venir par ces deux, hors°-d'eux "qui s'en-allaient-vers la<br />

campagne", expression <strong>à</strong> lire en face de celle pour Simon de Cyrène "qui venait<br />

de la campagne" (XV-21). Ainsi, la ville de Jérusalem est située <strong>dans</strong> l'un et<br />

l'autre textes.<br />

5.- Ces constats sont troublants. Sommes-nous toujours <strong>à</strong> Jérusalem (Marie<br />

Madeleine, <strong>les</strong> deux et le repas des Onze) ? Et si oui, que signifie la parole de<br />

(l'ange) voulant nous envoyer "vers la Galilée" (XVI-7) ?<br />

Ainsi certains exégètes ont-ils cru déceler un écart <strong>dans</strong> le texte et ils ont eu<br />

quelque difficulté pour en accepter l'authenticité au-del<strong>à</strong> du verset (XVI-8)<br />

quand <strong>les</strong> femmes "craignaient". Pourtant, la parole du jeune-homme enveloppé<br />

de sa robe blanche doit être regardée comme disant la fin d'un temps. En (XV-40<br />

et 41), il y avait "des femmes... parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> Marie-Madeleine... et Marie...<br />

et Salomé" et ces femmes "le suivaient et le servaient". La parole du jeunehomme<br />

doit s'entendre avec simplicité : vous, <strong>les</strong> femmes, si vous voulez, audel<strong>à</strong><br />

du verset (XVI-7) encore le suivre et le servir, retournez en cet endroit<br />

même où vous faisiez ainsi ((= vers la Galilée)) et continuez comme par le<br />

passé.<br />

Je lis le message du jeune-homme : l<strong>à</strong> où vous étiez <strong>à</strong> le suivre et <strong>à</strong> le servir, l<strong>à</strong><br />

vous serez toujours encore pour le suivre et le servir car, désormais, il est avec<br />

vous !


LE VERBE 'CONSIDERER'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 3 -<br />

1.- L'exégèse ci-dessus m'a été soufflée <strong>à</strong> cause d'un verbe : 'g: the-oreô =<br />

considérer'. Par trois fois ce verbe vient pour <strong>les</strong> femmes :<br />

XV-40 = Sur la croix, Jésus est mort. Beaucoup considèrent "de loin" et,<br />

parmi, il y a <strong>les</strong> trois saintes femmes. Le texte évoque, pour el<strong>les</strong>, la Galilée mais<br />

ajoute une expression insolite : "ET BEAUCOUP d'autres qui étaient montéesavec<br />

lui <strong>à</strong> Jérusalem" (XV-41). Cette expression vient du passé et n'apporte rien<br />

de plus au récit de ce qui se passe ICI. Pourquoi ?<br />

XV-47 = Marie Madeleine et Marie considèrent + un complément d'objet<br />

direct : "où° il avait été posé".<br />

XVI-4 = Les trois saintes femmes, le lendemain "au-matin", considèrent +<br />

une proposition complémentaire : "que la pierre a été dé-roulée". Au troisième<br />

emploi, l'action se trouve accomplie pour <strong>les</strong> trois femmes et parce qu'el<strong>les</strong> ont,<br />

par deux fois, déj<strong>à</strong> 'considéré', le fait une troisième fois de 'considérer' marque<br />

leur foi et fait que "la pierre a été déroulée, car elle était fort grande" (XVI-4)<br />

... Qui ? : leur foi ! bien entendu, car c'est leur comportement <strong>à</strong> considérer (=<br />

leur foi) qui est tellement grand que le troisième emploi oblige <strong>à</strong> ce constat : la<br />

pierre est déroulée.<br />

2.- Alors, lecteur, tu iras au verset (XVI-10) où tu verras que le texte évoque<br />

tous ceux-l<strong>à</strong> "qui s'affligeaient et pleuraient".<br />

Aux abords du monument°, ces deux verbes ne sont pas venus pour <strong>les</strong><br />

femmes. El<strong>les</strong> considèrent simplement et ne s'affligent point, ni ne pleurent.<br />

Aussi le jeune-homme peut leur dire, avec cette même simplicité pour leur cœur.<br />

"Il n'est pas ici (= ou encore : ce n'est pas ici que vous pouvez continuer <strong>à</strong> le<br />

suivre et <strong>à</strong> le servir) ... partez ! (= le verbe que jadis Dieu a dit <strong>à</strong> Abraham(1).)<br />

... Il vous précède vers la Galilée...".<br />

Il est venu de "Nazareth de la Galilée" (I-9), le royaume du nord ou royaume<br />

d'Israël. Il est mort, mais il s'est réveillé : ceci vient d'avoir lieu <strong>dans</strong> la ville du<br />

royaume du sud ou royaume de Juda. Ne croyez pas qu'il soit venu uniquement<br />

pour I C I . Il est venu pour tous puis il est parti "vers la Galilée", le royaume<br />

du nord ou royaume d'Israël.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 4 -<br />

L<strong>à</strong>, femmes, vous pouvez le suivre et le servir, comme par le passé. Vous<br />

n'avez pas <strong>à</strong> vivre, pour vous, un nouvel exil en venant I C I, nouvelle fuite loin<br />

de votre patrie comme firent jadis quelques-uns des dix tribus du nord.<br />

Alors <strong>les</strong> femmes comprirent toute l'histoire d'Israël, bien au-del<strong>à</strong> du récit<br />

immédiat présentant l'histoire d'un juif, assurément 'juste', mais inconnu,<br />

"cheminant le-long-de la mer de Galilée" (I-16), venu mourir tragiquement <strong>à</strong><br />

Jérusalem. Ceci, c'est un peu l'histoire du peuple juif venu de très loin <strong>dans</strong> le<br />

nord, descendu peu <strong>à</strong> peu, survivant en et par quelques-uns des RESTANTS de<br />

ce peuple, après que le nord eût été dévasté et détruit, après que <strong>les</strong> dix tribus<br />

eussent disparu.<br />

Les femmes ont compris. "El<strong>les</strong> ne dirent rien <strong>à</strong> personne..." car <strong>à</strong> qui, de<br />

Judée et des habitants-de-Jérusalem (cfr : I-5), auraient-el<strong>les</strong> pu parler pour se<br />

faire comprendre ?<br />

"... ET ELLES CRAIGNAIENT !" (XVI-8), car el<strong>les</strong> savaient que tous ces<br />

événements, Dieu a fait qu'ils arrivent au Nom de son Alliance. Le royaume du<br />

nord s'est abandonné <strong>à</strong> l'idolâtrie : il a disparu et il ne reste plus que quelques<br />

rares samaritains pas très loin de Sichem ... Le royaume du sud, lui aussi, a<br />

glissé vers l'idolâtrie et, aujourd'hui, il est sous le joug étranger (= <strong>les</strong> romains).<br />

Dieu est venu, en MESSIE, comme il l'avait promis. Un prophète comme toi : ce<br />

fut Jésus.<br />

Le jeune-homme, en disant aux femmes de retourner vers la Galilée (= le lieu<br />

d'où sont venus Pierre et André, Jacques et Jean, et Lévi, et <strong>les</strong> femmes, et<br />

"beaucoup" d'autres : XV-41), proclame ce message : le Messie n'est pas venu<br />

mettre un terme aux souffrances des judéens, ni afin de sauver seulement <strong>les</strong><br />

deux tribus survivantes du sud (avec, en plus, Lévi). Le Messie est venu pour<br />

tous, de toutes <strong>les</strong> nations, car il est l<strong>à</strong> pour vous au nord, vers la Galilée, votre<br />

patrie, et aussi pour "beaucoup" (cfr : <strong>à</strong> la Cène, en XIV-24) des gens de toutes<br />

nations (= de toutes origines, juifs et non-juifs), <strong>dans</strong> ce royaume du nord jusque<br />

<strong>dans</strong> l'outre-nord.<br />

Lecteur ! Ainsi, par cette lectio divina, es-tu en train de constater la puissance<br />

du verset (XVI-8) pour <strong>les</strong> femmes qui "s'enfuirent... car el<strong>les</strong> craignaient".<br />

Mais toi, lecteur, il te faut rester ICI car bientôt un mot va apparaître <strong>dans</strong> le<br />

texte, et ce sera son troisième et ultime emploi. Ce mot, je l'ai utilisé <strong>dans</strong> mon<br />

texte ci-dessus car, <strong>à</strong> lui seul, il est <strong>les</strong> deux tribus du sud. Il est, tout <strong>à</strong> la fois,<br />

"tout le pays (de) Judée et tous <strong>les</strong> habitants-de-Jérusalem" (I-5), et ce mot est :<br />

<strong>les</strong> R E S T A N T S (XVI-13).


LE TEXTE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 5 -<br />

Lecteur ! Voici le texte depuis (XVI-8) jusque (XVI-15) ...<br />

ET el<strong>les</strong> NE DIRENT°<br />

R I E N <strong>à</strong> PERSONNE<br />

car el<strong>les</strong> craignaient.<br />

Il apparut d'abord <strong>à</strong> Marie Madeleine<br />

de-chez qui<br />

Il avait chassé sept démons.<br />

Celle-ci s'en-étant-allée<br />

annonça <strong>à</strong> ceux<br />

qui étaient-arrivés avec lui<br />

qui s'affligeaient<br />

et qui pleuraient.<br />

Eux aussi entendu<br />

qu' il vit<br />

et<br />

qu' il avait été contemplé par elle,<br />

n'eurent-pas-foi.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 6 -<br />

Or après ces-choses-l<strong>à</strong><br />

<strong>à</strong> deux hors°-d'eux<br />

qui marchaient<br />

Il se manifesta sous une autre° forme<br />

(<strong>à</strong> eux)<br />

qui s'en-allaient-vers a campagne.<br />

Eux-aussi s'étant-éloignés<br />

annoncèrent aux RESTANTS<br />

Pas°-même° en-ceux-l<strong>à</strong>,<br />

ils eurent-foi-(que) non.<br />

((Or)) finalement<br />

qui étaient-<strong>à</strong>-table<br />

il se manifesta<br />

<strong>à</strong> eux <strong>les</strong> Onze<br />

et il insulta<br />

leur non-foi et<br />

dureté-de-cœur<br />

parce qu' ils avaient-eu-foi (que)<br />

non en ceux<br />

qui L'avaient contemplé<br />

R E V E I L L E.


Et il leur DIT° :<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 7 -<br />

(vous) en-allant - vers le monde tout-entier,<br />

QUELQUES SENTIERS<br />

PROCLAMEZ<br />

LE MESSAGE-DIVIN<br />

1.- En lisant la première, puis la dernière ligne, il y a :<br />

ne DIRENT° RIEN .. <strong>à</strong> personne<br />

<strong>à</strong> TOUTE LA CREATION.<br />

PROCLAMEZ le MESSAGE-DIVIN .. <strong>à</strong> TOUTE LA CREATION<br />

2.- Avec Marie Madeleine :<br />

Avec deux, hors d'eux :<br />

ils n'eurent-pas-foi<br />

ils eurent - foi (que) non<br />

Jésus insulta leur non-foi...<br />

parce que ils avaient eu-foi (que) non...


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 8 -<br />

3.- L'homme en blanc : "dites°... <strong>à</strong> ses discip<strong>les</strong>" =<br />

c'est l'ordre de dire°.<br />

El<strong>les</strong> ne dirent° rien = l'inutilité du verbe dire°.<br />

Marie Madeleine annonça : ce n'est pas... dire°<br />

<strong>les</strong> deux annoncèrent : ce n'est pas... dire°<br />

(Le verbe dire° ayant disparu du texte, Dieu Seul peut le ré-introduire :)...<br />

Jésus leur dit°...<br />

4.- Marie Madeleine s'en-étant-allée...<br />

deux hors°-d'eux marchaient s'en-allaient-vers = (centre du chiasme)<br />

s'étant-éloignés<br />

<strong>les</strong> RESTANTS étaient-<strong>à</strong>-table...<br />

5.- Marie Madeleine<br />

annonça <strong>à</strong> ceux qui avaient-été AVEC L U I<br />

Deux, hors°-d'eux,<br />

annoncèrent aux RESTANTS (sans l u i)<br />

I L = Jésus-réveillé ( L U I )<br />

insulta <strong>les</strong> ONZE<br />

qui étaient-<strong>à</strong>-table (sans l u i)<br />

(car leur repas est un rite d'ancienne alliance et concrétise sa disparition.)


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 9 -<br />

6.- Marie Madeleine<br />

s'en-étant-allée° (aucun complément de lieu)<br />

Deux, hors d'eux,<br />

s'en-allaient - V E R S . . .<br />

Jésus dit :<br />

(vous)-en-allant - V E R S . . .<br />

7.- "... d'abord... après ces-choses-l<strong>à</strong>... finalement..."<br />

8.- "... il avait été contemplé par elle<br />

sous une autre° forme<br />

ceux qui l'avaient contemplé..."<br />

9.- <strong>à</strong> personne<br />

vers la campagne<br />

vers le monde tout entier<br />

<strong>à</strong> toute la Création<br />

10.- craignaient / sept démons / s'affligeaient /<br />

pleuraient / n'eurent-pas-foi / eurent-foi (que)non /<br />

leur non-foi et dureté-de-cœur ...avaient-eu-foi (que) non<br />

11.- (deux fois :) 'annoncer' / 'contempler'<br />

"il se manifesta"


LES RESTANTS<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 10 -<br />

1.- Relire l'avertissement en tête du présent chapitre.<br />

2.- Voir <strong>dans</strong> le Lexique le mot abandonner et y prendre note des versets :<br />

IV-19 kai ai peri ta loipa epithumiai : désirer<br />

-------<br />

XIV-41 katheudete to loipon : dormir<br />

XVI-13 apeggeilan tois loipois : annoncer <strong>à</strong><br />

Ou encore :<br />

... désirs au sujet du reste<br />

dormez le reste<br />

annoncez aux restants<br />

et, en ces trois emplois, je lis un glissement, une déchéance, depuis le désir<br />

(inassouvi), jusque la fatigue (le sommeil) aboutissant aux restants qui "eurentfoi<br />

(que) non" (l'a-NEANT-issement).<br />

3.- Déj<strong>à</strong> j'ai dit que l'histoire du royaume du nord pouvait se résumer en : <strong>les</strong> dix<br />

tribus - la Samarie (et la Galilée, et le nord) - la non-référence <strong>à</strong> un document<br />

écrit face au paganisme menaçant - la diaspora (déportation).<br />

Quelques-uns se sont échappés vers le sud et iront en Judée. Ceci se passa peu<br />

après la déportation de ceux du nord (en l'an 722 avant J.-C.) et fut encouragé<br />

par Ezéchias : celui-ci 'envoya des missives(2) <strong>à</strong> tout Israël (= le nord) ainsi qu'<strong>à</strong><br />

tout Juda (= le sud). Il écrivit même des lettres <strong>à</strong> Ephraïm et <strong>à</strong> Manassé pour<br />

qu'on vienne <strong>à</strong> la Maison de YHVH (= le Temple) <strong>à</strong> Jérusalem afin de faire la<br />

Pâque en l'honneur de YHVH, l'Elohim d' Israël.<br />

... Alors <strong>les</strong> coureurs avec <strong>les</strong> lettres de la main du roi et de ses chefs s'en<br />

allèrent <strong>dans</strong> tout Israël...(et ils dirent :) 'Fils d'Israël ! Revenez <strong>à</strong> YHVH, Dieu<br />

d'Abraham, d'Isaac et d'Israël(3), pour qu'il revienne <strong>à</strong> ceux qui restent 'entre<br />

vous, <strong>les</strong> restants de la main des rois d'Assur'.' (= ceux qui n'ont pas été déportés<br />

par <strong>les</strong> rois d'Assur en 722 avant J.-C.).<br />

(II Chroniques XXX-1 <strong>à</strong> 6)


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 11 -<br />

4.- Relire le chapitre sur 'le calendrier' (voir tome VIII)<br />

5.- Restant (moi aussi) <strong>à</strong> Jérusalem au temps d'Ezéchias et relisant la missive<br />

envoyée au royaume du nord pour inviter <strong>à</strong> venir célébrer la Pâque de YHVH en<br />

Son Temple, voici que j'apprends comment 'le roi, ses chefs et toute l'assemblée<br />

de Jérusalem délibérèrent en vue de faire la Pâque au deuxième mois car ils ne<br />

pouvaient la faire en son temps, puisque <strong>les</strong> prêtres ne s'étaient pas rassemblés<br />

<strong>à</strong> Jérusalem.' (II Chroniques XXX-2 et 3)<br />

Or nous savons, ami lecteur, comment la fête doit être célébrée <strong>à</strong> jour fixe et<br />

qu'il est blasphématoire de vouloir en déplacer la date. Alors : 'Les coureurs<br />

(portant <strong>les</strong> missives du roi Ezéchias) passèrent de ville en ville au pays<br />

d'Ephraïm... mais on se riait d'eux et l'on se moquait d'eux.'.<br />

(II Chroniques XXX-10)<br />

Finalement, ceux de Juda avec quelques-uns venus de Manassé et de Zabulon<br />

firent leur fête de Pâque et des Azymes <strong>à</strong> cette nouvelle date et ils immolèrent 'la<br />

Pâque le quatorze du second mois'.<br />

(II Chroniques XXX-15)<br />

Ce fut une très grande fête et on immola 1.000 taurillons et 7.000 moutons,<br />

puis encore 1.000 taurillons et 10.000 moutons. 'Puis <strong>les</strong> prêtres et <strong>les</strong> lévites se<br />

levèrent : ils bénirent le peuple... (et, presque aussitôt après) ... <strong>les</strong> fils d'Israël<br />

offrirent en abondance <strong>les</strong> prémices du froment, du moût, de l'huile fraîche, du<br />

miel, de tout produit des champs. Ils apportèrent en abondance la dîme de tout...<br />

la dîme du gros bétail et du petit bétail... et ils <strong>les</strong> donnèrent tas après tas'. Le<br />

Grand Prêtre Azariah sut tirer la conclusion : 'Depuis qu'on a commencé <strong>à</strong><br />

apporter... on a mangé <strong>à</strong> satiété et l'on a eu beaucoup d'excédents'.<br />

Le roi d'Assur(4) sut également tirer la conclusion : il 'vint envahir Juda; il<br />

campa contre <strong>les</strong> vil<strong>les</strong> fortifiées ... et il avait l'intention de combattre contre<br />

Jérusalem'. Et Ezéchias paya avec l'argent du Temple.<br />

(II Chroniques XXX-23 <strong>à</strong> XXXII-3)<br />

Depuis longtemps, je me demande ce que devient la foi en YHVH, durant<br />

toute cette histoire ? Est-ce un simple épisode d'une série intitulée :<br />

"l'abomination de la désolation" (cfr : <strong>Mc</strong> XIII-14) ?<br />

Alors, je suis revenu en arrière, <strong>dans</strong> le texte de Saint Marc, <strong>à</strong> cet endroit où il<br />

fut question d'une vigne.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 12 -<br />

6.- Et j'ai lu l'annonce dite par le prophète Isaïe quelques années avant <strong>les</strong><br />

événements ci-dessus :<br />

Je vais chanter pour mon ami<br />

l a c h a n s o n<br />

de mon ami sur sa vigne.<br />

Mon ami avait une vigne...<br />

il la planta de raisin vermeil.<br />

Puis il bâtit une tour au milieu<br />

et y creusa également une cuve.<br />

Il espéra : elle donnerait de beaux raisins<br />

(mais elle produisit du verjus).<br />

E t m a i n t e n a n t ,<br />

habitants - de - Jérusalem<br />

et tout le pays (de) Judée,<br />

soyez donc juges entre moi et ma vigne !<br />

(Isaïe V-1 <strong>à</strong> 4)<br />

Peu après, le chant du prophète dit sa décision :<br />

...enlever sa haie<br />

...faire une brèche <strong>dans</strong> sa clôture<br />

...en faire un lieu saccagé<br />

...ni taillé, ni sarclé,<br />

...des ronces et des broussail<strong>les</strong>...<br />

(Isaïe V-5 et 6)<br />

"Les grands-prêtres et <strong>les</strong> scribes et <strong>les</strong> anciens" (<strong>Mc</strong> XI-27) écoutèrent la<br />

parabole de la vigne mais entendirent le cantique du prophète Isaïe. Ils pensèrent<br />

<strong>à</strong> 'Sennachérib, roi d'Assur' (II Chroniques XXXII-1) venu envahir le royaume<br />

de Juda et ils virent la cohorte romaine qui, elle aussi, était montée vers<br />

Jérusalem car (c')était la Pâque <strong>dans</strong> quelques jours. Alors, "ils cherchaient <strong>à</strong> le<br />

saisir; et ils craignaient la foule..." (<strong>Mc</strong> XII-12), cette même foule qui avait été<br />

si heureuse <strong>à</strong> l'occasion de la Pâque célébrée au quatorze du deuxième mois<br />

qu'elle avait apporté tas sur tas en prémices, nourritures, richesses...


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 13 -<br />

7.- Or, <strong>à</strong> quoi pensait la foule ? Lecteur ! N'oublie pas le début de l'évangile<br />

selon Saint Marc : "Arriva Jean celui-qui-baptise... Et s'en-allait auprès de lui<br />

tout le pays (de) Judée et tous <strong>les</strong> habitants-de-Jérusalem. Et ils étaient<br />

baptisés par lui <strong>dans</strong> le fleuve Jourdain." (I-4 et 5)<br />

As-tu bien noté que ces gens de Judée et de Jérusalem auraient pu se faire<br />

baptiser plus facilement <strong>dans</strong> <strong>les</strong> piscines de Jérusalem (h: miqva'ot) puisque<br />

nous savons, par le texte de Saint Marc (cfr : XIV-13) qu'il y a de l'eau :<br />

l'homme "en portant° une cruche d'eau" témoigne de l'existence des réserves<br />

d'eau. Rappelle-toi ! (voir Lectio divina pour la séquence VII-1 <strong>à</strong> 5 : 'un peu<br />

d'archéologie').<br />

Ces gens (du royaume de Juda) n'ont même plus la foi et ils n'hésitent pas <strong>à</strong><br />

aller <strong>dans</strong> le royaume du nord afin d'y recevoir un baptême nouveau.<br />

8.- Le texte de Saint Marc a su prendre note, avec une très grande précision :<br />

"Arriva Jean celui-qui-baptise (I-4)... Et arriva en ces jours-l<strong>à</strong> que Jésus vint (I-<br />

9)...". Ce sont <strong>les</strong> deux premiers emplois du verbe 'g: ginomai = arriver'.<br />

Alors que ceux du royaume du sud ont perdu la foi au point de venir chercher<br />

un baptême <strong>dans</strong> le royaume du nord, voici qu'un homme du royaume du nord<br />

arrive. Le récit va nous dire comment, plus tard, il finira <strong>dans</strong> le royaume du sud,<br />

<strong>à</strong> Jérusalem.<br />

9.- Etant venu <strong>à</strong> Jérusalem, Jésus y a subi le supplice par la mort la plus<br />

infamante : la crucifixion selon la loi romaine. Puis il s'est réveillé "au-matin,<br />

premier (jour) du sabbat" (XVI-9). Et voici que Jésus se manifeste d'abord <strong>à</strong><br />

Marie Madeleine, ou encore : Jésus prend <strong>à</strong> témoin une femme (le témoignage<br />

de la femme n'a aucune valeur, devant un tribunal juif) et, qui plus est : une<br />

femme du royaume du nord. Même "ceux qui avaient été avec lui" n'ont pas<br />

foi en ce qu'elle annonce. Après ces-choses-l<strong>à</strong>, "deux, hors°-d'eux" annoncent<br />

ce qu'ils viennent de vivre ; Jésus s'est donc manifesté, une fois encore, <strong>à</strong> des<br />

gens du royaume du nord. Mais "<strong>les</strong> RESTANTS... eurent-foi (que) non"<br />

(XVI-13).<br />

Qui sont-ils, ceux-l<strong>à</strong> que le texte appelle "<strong>les</strong> RESTANTS" ? Ce sont des<br />

discip<strong>les</strong> et des femmes qui, <strong>dans</strong> la Galilée, "le suivaient et le servaient et<br />

beaucoup qui étaient-montées avec lui <strong>à</strong> Jérusalem." (XV-41)<br />

Tous ces gens viennent du royaume du nord et ils n'ont pas hésité (parce qu'ils<br />

avaient-foi en lui) <strong>à</strong> monter <strong>à</strong> Jérusalem, capitale du royaume du sud.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 14 -<br />

A l'ultime moment, Jésus étant 'mort', ils refusent l'annonce de son réveil et ils<br />

s'apprêtent, par leur comportement, <strong>à</strong> faire comme "tout le pays (de) Judée et<br />

tous <strong>les</strong> habitants-de-Jérusalem" (I-5) qui n'hésitèrent pas <strong>à</strong> aller vers le nord<br />

vivre un signe de foi (= le baptême de Jean).<br />

D'ailleurs, il en est déj<strong>à</strong> "deux, hors d'eux, qui marchaient... (et) qui s'en<br />

allaient-vers la campagne" (XVI-12) ...pour y chercher un signe de foi ?<br />

Dès que <strong>les</strong> Onze vont se mettre-<strong>à</strong>-table (= l'expression désigne un repas <strong>dans</strong><br />

le rite de l'ancienne alliance), le Messie se manifeste et <strong>les</strong> insulte en quelques<br />

phrases qui résument la non-foi et la perfidie de ceux des deux royaumes (= <strong>les</strong><br />

douze tribus).<br />

10.- Ainsi ai-je compris pourquoi, <strong>à</strong> quelques mots de distance, viennent <strong>dans</strong> le<br />

texte deux mots que, jusqu'ici, j'avais supposés comme désignant le même<br />

groupe de personnes :<br />

<strong>les</strong> RESTANTS :<br />

<strong>les</strong> ONZE :<br />

ou le reste du royaume du nord<br />

venu avec lui, <strong>à</strong> Jérusalem,<br />

capitale du royaume de JUDA.<br />

ou ce qui... (reste) provisoirement<br />

du groupe des Douze, après la trahison<br />

de celui qui porte le nom... de JUDA.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 15 -<br />

Note 1 : Abraham = Page : 3<br />

Voir <strong>dans</strong> le tome VII le chapitre Prophète <strong>à</strong> la page 42 : La partition en deux<br />

royaumes (la référence <strong>à</strong> Abraham pour le royaume du nord).<br />

Note 2 : des missives = Page : 10<br />

L'événement se passa environ une vingtaine d'années après la chute du<br />

royaume du nord; Sennachérib envahira la Judée en l'année 701 avant J.-C.<br />

Note 3 : d'Israël = Page : 10<br />

Il faut noter que l'appel est lancé avec <strong>les</strong> mots qui sont le fondement de la foi,<br />

<strong>dans</strong> ce royaume du nord : Israël (car le nom : royaume d'Israël), Dieu<br />

d'Abraham, Isaac et Jacob, mais ce dernier est remplacé par le nouveau nom :<br />

"Israël". En effet, <strong>à</strong> partir de cette date, le roi de Jérusalem abandonne son titre<br />

de roi de Juda pour prendre celui de 'roi d'Israël'.<br />

Note 4 : le roi d'Assur = Page : 11<br />

C'est <strong>à</strong> dire : Sennachérib, fils de Sargon II.<br />

_______________


(XVI-15)<br />

Présentation<br />

Le sens de 'eu-aggelion'<br />

Au chapitre VIII de la Didachè<br />

Les autres emplois <strong>dans</strong> la Didachè<br />

Conclusion<br />

PRESENTATION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 16 -<br />

LE MESSAGE - DIVIN<br />

_______________<br />

Au verset (XVI-15) arrive le dernier emploi du mot 'g: eu-aggelion =<br />

Message-Divin'. Pourquoi avoir ainsi traduit ? L'habitude a été prise de<br />

translater directement le mot grec vers la langue française par le mot 'évangile' ...<br />

mais je n'ai pas voulu marcher "selon la tradition des anciens" (cfr : VII-5) car,<br />

désirant être <strong>dans</strong> le texte, en ce temps-l<strong>à</strong>, avec ses discip<strong>les</strong>, il n'existait alors<br />

pour moi aucun mot 'consacré' pour désigner cet écrit (de Saint Marc) dont le<br />

titre : "Arche tou eu-aggeliou Iesou Christou Uiou-Theou" (I-1).<br />

Il est difficile de se contenter d'un transfert, <strong>à</strong> quelques lettres près, vers le mot<br />

évangile car l'usage s'établira plus tard de désigner par ce nouveau mot grécisant<br />

des textes canoniques : Mt - Lc - Jn - <strong>Mc</strong>, puis d'autres textes dont certains<br />

hérétiques : évangi<strong>les</strong> de Pierre, Thomas, Philippe, Nicodème, Gamaliel, des<br />

hébreux, des égyptiens, ... La pluralité des emplois d'un mot en dégrade le sens<br />

et j'ai refusé. Il me fallait écrire un mot assez court, capable de s'intégrer au texte<br />

et ce fut : 'Message Divin'... car le message nécessite toujours des 'messagers'<br />

pour être proclamé, ouverture <strong>à</strong> l'humanité, ouverture aux hommes des nations.<br />

En fin de tous ces travaux d'exégèse, en face de tous ces résultats, qu'en est-il de<br />

cette traduction ?


LE SENS DE 'EU - AGGELION'<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 17 -<br />

Pardonne-moi, lecteur, d'écrire ici une égalité qui te semblera une évidence,<br />

mais permettra une explication détaillée. Considérons :<br />

EU - AGGELION = EU + AGGELION .<br />

J'ai longuement prié par chacune des deux parties du mot et j'ai noté <strong>les</strong> étapes<br />

par <strong>les</strong> définitions suivantes qu'il faut lire en relation <strong>les</strong> unes avec <strong>les</strong> autres :<br />

EU = bon - bien - beau - heureux - agréable - favorable - propice - utile<br />

et nécessaire -<br />

EU = vrai - solide - droit - strict - juste - exact - précis et achevé -<br />

AGGELO = dire - rapporter - faire le récit - faire le compte-rendu - porter une<br />

nouvelle - faire savoir - annoncer - publier - diffuser - aller en ambassade -<br />

médiatiser - proclamer -<br />

Ne cherche pas, ami lecteur, <strong>à</strong> disséquer chacun de ces mots pour n'en<br />

conserver que le marginal. Semblablement, si tu prenais <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> d'un âne<br />

(IX-42), la laine d'une brebis (VI-34), la bosse d'un chameau (X-25), des plumes<br />

de co-lombes (XI-15), des pattes de sauterel<strong>les</strong> (I-6), en y ajoutant la ruse des<br />

serpents (XVI-18), le grognement d'un grand troupeau de porcs (V-11) et<br />

quelques petits-chiens (VII-27), crois-tu que tu réussirais <strong>à</strong> faire (g: poieô) une<br />

des bêtes sauvages (I-13) de la Création que Dieu a créée (XIII-19) ?<br />

J'ai encore longuement prié, c'est <strong>à</strong> dire écouté, ce que me dit le texte de Saint<br />

Marc après toutes ces recherches. Le texte de Saint Marc est a u t r e ° que<br />

ceux de Saint Matthieu et de Saint Luc, que celui de Saint Jean. Ceux-ci sont<br />

vrais, car ils disent qui fut Jésus : le "(Fils de Dieu)" (I-1). Mais, <strong>dans</strong> le texte de<br />

Saint Marc, j'ai vu l'Inspiration comme d'une "autre° forme" (cfr : XVI-12) et<br />

cela me pousse <strong>à</strong> écrire :<br />

'g: eu-aggelion = Message - Authentique'


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 18 -<br />

...avec deux lettres majuscu<strong>les</strong> car ces lettres furent écrites avec ce même doigt<br />

qui jadis écrivit '<strong>les</strong> deux Tab<strong>les</strong> du Témoignage, tab<strong>les</strong> de pierre écrites du doigt<br />

de Dieu' (Exode XXXI-18).<br />

Ne crois pas, ô lecteur, que tu puisses en conclure <strong>à</strong> une non-authenticité des<br />

autres textes ! Que non pas : ils sont, quant <strong>à</strong> eux, des 'messages - authentiques',<br />

mais avec deux lettres minuscu<strong>les</strong> ayant été écrites comme avec des doigts des<br />

hommes.<br />

AU CHAPITRE VIII DE LA DIDACHE<br />

Dans mon écrit sur la Didachè, au paragraphe présentant le texte de son<br />

chapitre VIII, j'ai cité :<br />

D.VIII-2 = 'Ne priez pas non plus comme <strong>les</strong> HYPOCRITES, (g: os oi<br />

upokritai), mais comme le Seigneur vous l'a ordonné <strong>dans</strong> son évangile (g: os<br />

ekeleusen, o Kurios en tô euaggelio autou).'<br />

J'ai fait ma citation en fidélité avec la traduction publiée <strong>dans</strong> Sources<br />

Chrétiennes (N° 248 - 1978) et je faisais suivre ce texte par la lexie de Saint<br />

Marc :<br />

<strong>Mc</strong>. VII-6 = "Isaïe a bien prophétisé au sujet de vous, <strong>les</strong> HYPOCRITES<br />

comme il est écrit...".<br />

Et voici que je lis le texte de la Didachè avec une amplification, car le<br />

prophète Isaïe est cet homme grâce auquel est arrivé, <strong>dans</strong> le commencement du<br />

texte de Saint Marc, le pronom grec autou avec la Puissance de l' Incarnation de<br />

Dieu : "g: tas tribous autou = <strong>les</strong> sentiers de lui" (<strong>Mc</strong> I-3), alors que Isaïe avait<br />

écrit : 'tas tribous tou Theou emôn' (Isaïe XL-3) = <strong>les</strong> sentiers de Dieu (=<br />

Elohim). Le pronom autou y a pris la Puissance signifiant : l'Incarnation de<br />

KURIOS = YHVH. Aussi, je lis désormais la Didachè :<br />

D.VIII-2 = 'Ne priez pas non plus ... comme le Seigneur vous l'a ordonné <strong>dans</strong><br />

le Message - Authentique de AUTOU', ou encore : <strong>dans</strong> ce texte dont le titre<br />

apporta un mot nouveau : "EU-AGGELION" qui est la Révélation de autou.<br />

Mon renvoi de (D. VIII-2) vers <strong>Mc</strong>. (VII-6) y prend une brillance nouvelle. Il<br />

m'oblige <strong>à</strong> regarder quels sont, <strong>dans</strong> la Didachè, <strong>les</strong> autres emplois du mot 'euaggelion'.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 19 -<br />

LES AUTRES EMPLOIS DANS LA DIDACHE<br />

Les trois autres emplois de 'g: eu-aggelion' sont <strong>les</strong> suivants :<br />

D.XI-3 = (pour <strong>les</strong> apôtres) 'Pour <strong>les</strong> apôtres et <strong>les</strong> prophètes, selon le précepte<br />

de l'évangile, agissez de cette manière...'<br />

g: kata to dogma tou EUAGGELIOU.<br />

D.XV-3 = (précepte pour <strong>les</strong> frères) 'Reprenez-vous <strong>les</strong> uns <strong>les</strong> autres, non<br />

<strong>dans</strong> la colère, mais <strong>dans</strong> la paix, comme vous l'avez <strong>dans</strong> l'évangile et que<br />

personne ...'<br />

g: os echete en tô EUAGGELIO.<br />

D.XV-4 = (suite) 'Pour vos prières, vos aumônes et toutes vos actions, faites<br />

comme vous l'avez <strong>dans</strong> l'évangile de notre Seigneur'<br />

g: os echete en tô EUAGGELIO tou Kuriou emôn.<br />

Reprenant <strong>les</strong> quatre textes grecs, je vois :<br />

O Kurios en tô euaggeliô A U T O U D.VIII-2<br />

kata to dogma tou euaggeliou D.XI-3<br />

en tô euaggeliô D.XV-3<br />

....... en tô euaggeliô tou KURIOU emôn D.XV-4<br />

qui me rappelle :<br />

tas tribous tou THEOU emôn (Isaïe)<br />

Le (ou : <strong>les</strong>) auteur(s) de la Didachè serai(en)t-il(s) au courant de l'affaire<br />

de AUTOU(1) ?<br />

Et : comment dois-je traduire dogma en (D. XI-3) ? Cette lexie me paraît<br />

renvoyer <strong>à</strong> <strong>Mc</strong> (VI-7 <strong>à</strong> 13) : l'envoi en mission, l<strong>à</strong> où j'ai entendu : pas de pain,<br />

pas de monnaie-de-bronze. Le précepte (g: dogma) ne serait-il pas la Parole du<br />

Messie (cfr : au chapitre Le chemin, voir l'annexe sur <strong>les</strong> lois du texte au<br />

paragraphe trois dont le titre est ) = LE DOGME ?


CONCLUSION<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 20 -<br />

Ma lectio divina a-t-elle été trop loin ? Lecteur, tu regarderas <strong>les</strong> deux lexies<br />

de la Didachè (XV-3 et 4) et tu feras une nouvelle lecture de Saint Marc avec 'la<br />

paix' et avec '<strong>les</strong> prières'. Tu trouveras ainsi de nouveaux liens entre <strong>les</strong> deux<br />

textes.<br />

Ceci confirmerait que l'un et l'autre textes ont été écrits <strong>à</strong> quelques années<br />

d'écart <strong>dans</strong> des temps très voisins... peut-être vingt ou trente ans avant que ne<br />

commencent <strong>à</strong> circuler de nouveaux textes <strong>à</strong> qui la tradition, par souci de tout<br />

harmoniser, donna l'appellation d' "évangi<strong>les</strong>". Mais alors le mot 'g: euaggelion'<br />

aura changé de sens.<br />

_______________________________________________________________<br />

Note 1 : l'affaire de AUTOU =<br />

Voir la lectio divina pour le verset (I-3).<br />

_______________


Exégèse<br />

Remarque<br />

Annexe : l'avertissement de Jérémie<br />

EXEGESE<br />

SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 21 -<br />

(XVI-19)<br />

(UN SIGNE DU CIEL)<br />

_______________<br />

Plusieurs mois après avoir écrit un commentaire pour la Lectio divina au sujet<br />

du verset (XVI-19), je suis revenu <strong>à</strong> ce même verset lequel m'a beaucoup<br />

intrigué. Entre temps, j'avais étudié 'un-signe du ciel' (Voir la lectio divina pour<br />

la séquence VIII-11) où il est écrit : "Et <strong>les</strong> pharisiens SORTIRENT et<br />

commencèrent <strong>à</strong> discuter avec LUI en cherchant de-SA-part Un-Signe DU<br />

CIEL = g: semeion apo tou ouranou".<br />

Ici, en (XVI-19), il y a : "Donc le Seigneur... fut emporté°° VERS LE CIEL<br />

= g: EIS ton ouranon" avec, comme en (VIII-11), le singulier : 'le ciel'.<br />

Celui qui écrivit ce texte a dû avoir conscience du problème posé par le verbe<br />

au passif : 'fut emporté°°', car Jésus est Seigneur, Maître de toute chose, avec<br />

pleine Puissance. Le Messie étant Dieu-Incarné est, depuis toujours, sujet de tout<br />

verbe d'action. Il devrait y avoir : le Seigneur... s'éleva vers le ciel ! Mais alors,<br />

Jésus n'aurait-il pas paru faire, de cette façon, un-signe du ciel demandé par <strong>les</strong><br />

pharisiens ? Car le texte avait précisé : "... en cherchant de-sa-part : g: par<br />

Autou".<br />

L'expression ne peut passer inaperçue pour le lecteur qui SAIT, puisqu'il y a<br />

encore autou ! Les pharisiens demandent un signe par le Messie, du moins c'est<br />

le texte qui ose l'écrire en employant par autou.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 22 -<br />

Au chapitre XVI, Jésus, s'étant réveillé, est reconnu par le texte comme étant<br />

le MESSIE... Et le texte, qui a grande mémoire, ne veut pas utiliser de verbe<br />

actif pour ce signe que (seul) le Messie pouvait faire. Des hommes l'ont vu<br />

"être-emporté°° vers le ciel". Le texte prend soin de ne pas préciser : 'Jésus s'est<br />

élevé (= a emporté°° lui) vers le ciel' et la formulation retenue :<br />

a) évite le pronom "LUI",<br />

b) interdit tout commentaire (par VIII-11) tendant <strong>à</strong> voir, <strong>dans</strong> ce signe<br />

"du ciel", une réponse <strong>à</strong> la demande des pharisiens, ce qui amènerait <strong>à</strong> la<br />

conclusion immédiate : ce n'est qu'un faux-messie, puisqu'il blasphème le ciel<br />

(voir lectio divina pour VIII-11).<br />

Le texte tient pourtant <strong>à</strong> être précis et strict :<br />

a) il confirme que le vrai sujet du verbe 'emporter°°' est le Seigneur car il<br />

écrit : "le Seigneur... confirmait... par <strong>les</strong> signes qui accompagnaient°°" (XVI-<br />

20). Or, 'être-emporté°°' est "un-signe du ciel" (VIII-11).<br />

b) il fait suivre le verbe passif 'être-emporté°°' par un verbe actif dont le<br />

sujet est encore le Seigneur : "Il s'assit <strong>à</strong> droite de Dieu". Comme l'action se<br />

passe <strong>dans</strong> l'au-del<strong>à</strong> du ciel, elle n'est plus (un signe) visible par <strong>les</strong> hommes et le<br />

verbe peut être employé <strong>dans</strong> sa forme active.<br />

REMARQUE<br />

Cette exégèse établit une relation très intime entre <strong>les</strong> versets (XVI-19) et<br />

(VIII-11) et elle permet de comprendre la raison d'un passif inattendu pour le<br />

verbe d'action. L'Ascension du Seigneur est écrite, ici, pour la première fois et<br />

<strong>les</strong> Actes des Apôtres reprendront rigoureusement le même verbe. Ceci oblige <strong>à</strong><br />

s'interroger sur la connaissance qu'avait l'auteur (des premiers textes, au début<br />

des Actes) relativement au texte de l'évangile de Saint Marc.


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 23 -<br />

Certains affirment que <strong>les</strong> derniers versets de Saint Marc auraient une origine<br />

différente de celle du reste de son texte. Tout est possible, sauf <strong>à</strong> retenir le<br />

constat que le verset (XVI-19) est intimement lié <strong>à</strong> (VIII-11)... mais fait<br />

obligation d'écrire le verset (XVI-20) pour dire :<br />

a) le Seigneur a la maîtrise de l'AGIR : œuvrer /confirmer<br />

b) <strong>les</strong> signes n'existent en réalité que par leur ETRE d'accompagnement.<br />

Ainsi se manifeste une ultime circularité du texte :<br />

le Seigneur le passif = fut emporté°°<br />

l'actif = s'assit<br />

.......<br />

l'actif = oeuvrer/confirmer<br />

<strong>les</strong> signes le passif = accompagner<br />

Au centre : "ceux-l<strong>à</strong> ... étant SORTIS ..." et ce verbe est un-signe portant en<br />

lui confirmation de mon exégèse, car il renvoie <strong>à</strong> (VIII-11) : "Et <strong>les</strong> pharisiens<br />

SORTIRENT...".<br />

Eux, ils demandaient "un-signe du ciel", alors que "ceux-l<strong>à</strong> ... proclamèrent<br />

partout".<br />

Ami lecteur : vois comme cette exégèse, elle aussi, proclame par <strong>les</strong> signes<br />

du texte !


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 24 -<br />

ANNEXE : L'AVERTISSEMENT DE JEREMIE<br />

1.- Saint Marc :<br />

"Et <strong>les</strong> pharisiens sortirent et commencèrent <strong>à</strong> discuter avec lui,<br />

en-cherchant de-la-part-de lui un-signe<br />

zetountes par' autou semeion<br />

(venant) du ciel en-mettant-<strong>à</strong>-l'épreuve lui<br />

apo tou ouranou peirazontes auton.<br />

(Référence : VIII-11)<br />

2.-Constitutions Apostoliques :<br />

'... c'est pourquoi Jérémie vous avertit en ces termes :<br />

Ne marchez pas selon <strong>les</strong> voies des nations et ne tremblez pas<br />

devant <strong>les</strong> signes du ciel'.'<br />

g: ... kata tas odous tôn etnôn me POREUESTE kai apo tôn semeiôn tou<br />

ouranou me phobeiste<br />

(Référence : II-62/1 S.C. n° 320).<br />

3.- Jérémie :<br />

'Ainsi a parlé YHVH :<br />

'N'apprenez pas la voix des nations et ne vous effrayez pas des<br />

signes des cieux car ce sont <strong>les</strong> nations qui s'en effrayent'.<br />

g: ... kata ... etnôn me MANTANETE<br />

(mais, sur certains manuscrits, il y a : POREUESTE) kai apo tôn...<br />

(Référence : X-2)<br />

_______________


SEQUENCES <strong>Mc</strong> XVI - 25 -<br />

Au moment ultime de notre entretien<br />

<strong>à</strong> C é s a r é e l ' HEBREU m' a dit :<br />

« Si ensuite l' on m' interroge<br />

si l' on s' inquiète<br />

de ce que j'ai voulu dire<br />

je réponds<br />

que je n' ai pas voulu dire<br />

mais voulu faire<br />

et que ce fut<br />

l' intention de faire<br />

qui a voulu<br />

ce que j' ai dit°. »<br />

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