Lune Bleue n°3

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INTERVIEW
Christopher Penczak
Propos recueillis par Dorian - Traduction Kamiko, Lunia
Tout d’abord merci à vous de nous
consacrer un peu de votre temps ! Nous
sommes heureux de contribuer à faire
connaître vos œuvres dans notre pays.
Pouvez-vous nous parler de votre
parcours spirituel ?
Je me considère comme un sorcier
moderne, tout d’abord, mais je
suppose que j’ai une définition assez
particulière d’un «sorcier».
Je suis partisan de suivre les
traditions païennes de nos ancêtres
en découvrant, dans le même temps,
comment elles peuvent s’adapter à
notre vie moderne. Je me considère
aussi bien comme un occultiste que
comme un mystique, cherchant à
expérimenter le divin tant par l’étude
que la dévotion.
Y-a-t-il des personnes qui ont fortement
influencé votre travail ?
Je dirais que la première et une de
mes plus notables influences fut ma
première professeur sérieuse, Laurie
Cabot, l’auteur du «Power of the
Witch».
Son approche scientifique de la
sorcellerie, lorgnant aussi bien du
côté de la Philosophie Hermétique
que de la Physique Quantique me fut
utile pour forger une compréhension
personnelle de la «magie». Je suis
par nature un homme incrédule et le
fait qu’elle m’encourage à me remettre
en question et à expérimenter me fut
bénéfique. Plutôt que se concentrer
sur l’aspect religieux, comme tant
d’autres, ou ritualiser simplement, elle
m’a appris à chercher le «pourquoi»
derrière la magie et c’est une approche
que j’utilise encore dans mon propre
enseignement et dans mes écrits.
J’ai aussi été énormément influencé
par Doreen Valiente et par la
magicienne Dion Fortune. En ce qui
concerne les auteurs modernes, je
suis aussi très influencé par Raven
Grimassi. Enfin, Robert Cochrane
compte aussi pour moi. Les lettres
de Cochrane sont empreintes de
sagesse mais c’est une sagesse que
je n’ai réussi à appréhender que tard
sur mon chemin spirituel.
Un de vos premier livres parle d’un sujet
peu souvent abordé dans la littérature
Païenne, puisqu’il qu’il s’agit de la
magie urbaine. Y-a-t-il vraiment une
magie urbaine spécifique ? Est-elle très
différente de la magie des campagnes ?
La magie reste la magie indépendamment
de la tradition ou de la période dans
laquelle elle s’inscrit, cependant
l’environnement, la culture ou la langue
contribue à notre compréhension de
la magie. Nous pourrions dire que la
première magie urbaine est apparue
dans les temples de la cité de Sumeria,
puisque cette magie était différente de
celle utilisée par les traditions culturelles
de chasseur-cueilleur.
La magie des carrefours, en Grèce
rurale, différait des traditions que l’on
trouvait dans les temples et les écoles
de mystères. Tous puisent à la même
force divine, cependant ils le font de
façon très différente. Où et comment
vous vivez affecte la perception
que vous aurez du divin et de votre
pratique de la magie.
Beaucoup de traditions spirituelles
qui virent le jour sous des latitudes
difficiles, comme les déserts du
Moyen-Orient, voient le divin comme
«dur» et la magie tirée de telles
traditions réside dans la supplication
dévote ou le commandement.
Celle issue des climats plus tempérés
voient souvent le divin comme
une lumière d’abondance, et leurs
attitudes magiques reflètent ce fait.
Beaucoup de païens modernes lisant
des livres, particulièrement ceux
publiés avant mon «City Magick»,
dépeignent un portrait idyllique d’une
pratique païenne au sein d’une forêt
profonde, près d’un cours d’eau, sur
une plage… C’est parfait si de tels
lieux vous sont accessibles, mais
le sacré est partout et vous pouvez
le trouver en pleine ville. Il y a des
courants d’énergie propres à la cité.
Il y a un esprit de la Ville. Il y a des
images archétypales dans la ville.
Toutes peuvent être utilisées pour
vous connecter à la magie du lieu où
vous vivez, que vous soyez ou non
près d’une agglomération.
Et si vous procédez ainsi, ces courants
magiques seront aussi efficaces que
si vous utilisiez des courants plus
traditionnels.
Quel est le but de votre série intitulée
«Le temple de la Sorcellerie» ?
La série «le Temple de la Sorcellerie»
est vraiment une extension des
manuels que j’utilise dans ma tradition,
en compagnie de mes étudiants. Le
concept est basé sur cinq degrés pour
les éléments, plutôt que la version
Traditionnelle britannique constituée
de trois degrés. Chaque degré traite
d’une «branche» différente de magie
et des mystères qui y sont affiliés,
selon mon point de vue.
Le Premier Degré, le Temple
Intérieur de Sorcellerie, traite de la
capacité psychique et des modèles
énergétiques qui se cachent derrière
la magie et la sorcellerie. C’est
l’expérience directe du «pourquoi»
de la magie, mais aussi de ce
qu’on trouve derrière la science et
la philosophie. Parce qu’il traite de
perception psychique, je le considère
grossièrement comme le début des
mystères des oracles, il ouvre vos
perceptions. Le Feu est l’élément
avec lequel nous allumons la flamme
sacrée qui nous permettra ensuite de
voir à l’aide de notre vue intérieure.
Le deuxième degré est le Temple
Extérieur de Sorcellerie. Il correspond
à ce que la plupart des personnes
s’imaginent lorsqu’elles pensent à la
Wicca moderne - le cercle magique,
la roue de l’année, les rituels à la lune
et les sortilèges. Je pense qu’une fois
que vous connaissez le «pourquoi»
derrière ces rites, ils prennent une
autre signification. Ils représentent les
mystères de la fertilité. Ils traitent de
la profusion des bienfaits de la Terre
mais aussi de la fertilité qui réside
en soi, et expliquent le mélange du
masculin et du féminin. Que ce soit
en nous ou avec l’autre, par le biais
du rituel. Chacun des éléments de
ce cours traite de la manifestation
et de la communion avec les forces
matérielles de la nature.